Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
On sait bien que le XIIIe siècle a été l’âge d’or de la littérature copte
d’expression arabe, et que celle-ci témoigne une érudition aux larges hori-
zons, ouverte aux différentes traditions linguistiques et religieuses, tant an-
ciennes que plus récentes ou contemporaines1. Les sommes théologiques,
évidemment, illustrent le mieux cette vérité2. Deux de leurs auteurs font
d’ailleurs le point sur leurs lectures, ou sur les bibliothèques auxquelles ils
ont eu accès, en leur consacrant des chapitres propres: ch. 2 du Maómû‘
uúûl al-dín (MUD) d’al-Mu’taman Isüâq Ibn al-‘Assâl, rédigé vers 1265, et
ch. 7 du Miúbâü al-ÿulma (MZ) d’Abû al-Barakât Ibn Kabar, resté plus ou
moins incomplet avant sa mort en 13243.
Préparant, de notre côté, l’édition partielle du Kitâb al-Burhân (KB)
d’Ibn al-Râhib (IR)4, nous aimerions présenter déjà les résultats de notre
the Fifth International Congress of Coptic Studies (Washington, D.C. – August 1992), vol. 2, ed.
D. JOHNSON, Roma 1993, pp. 443-462; ID., La Renaissance copte arabe du Moyen Âge, in The
Syriac Renaissance and Others, ed. H. TEULE et al., Leuven 2001 (Eastern Christian Studies, 9),
pp. 311-340.
2 A. SIDARUS, Encyclopédisme et savoir religieux à l’âge d’or de la littérature copte arabe
d’ouvrages par rapport à l’inventaire bibliographique établi par l’auteur. Mais on note, en sens
contraire, l’absence de quelques-uns parmi les figurants de celui-ci; voir WADI, Sources MUD
& Dirâsa, pp. 184-189. Sur ces deux sommes, voir les détails sous les sigles respectifs.
4 Il s’agit pour le moment des chapitres logiques préliminaires, QQ. 1-8, pour la collection
Studi e Testi, publiée par la Bibliothèque Vaticane. Nous espérons délivrer par la suite les QQ.
41-43 sur la Christologie, à laquelle les quaestiones préliminaires offrent, dans une large
mesure, une introduction logique et terminologique. Les chapitres sur la théodicée (28-40),
inspirés directement par l’œuvre d’un théologien musulman comme nous le verrons tout de
suite, ont été confiés à Zeus Wellnhofer, dans le cadre d’une thèse de doctorat à la Freie
Universität Berlin. Nous aimerions le remercier ici pour l’envoi de matériel bibliographique
qui nous manquait sur place. L’étude et édition du reste du KB demeurent ouvertes à qui s’y
intéresserait.
Miscellanea Bibliothecae Apostolicae Vaticanae, XVII, Città del Vaticano 2010, pp. 127-163.
5
SIDARUS, pp. 97-135 (ch. 5). Cette étude servira, du reste, de référence à l’édition elle-
même, pour ne pas surcharger les notes critiques et même l’introduction générale.
6 À part SIDARUS, Ibn al-Râhib, voir EI XII (Supp., 1982), pp. 396a-397a. Nous préparons
de plus une longue notice pour le vol. 3 de CMR (2011), où nous donnons compte de nouvelles
découvertes, de même que des nouveaux travaux sur l’auteur et son œuvre.
7 Pour le détail, voir ch. 6 sur la transmission manuscrite du KB dans SIDARUS, pp. 137-
182. Depuis lors, d’autres copies secondaires ont pu être repérées en Égypte ou à Ýûr ‘Abdín,
sans qu’on puisse les consulter ou en avoir des copies. C’est le cas de même du premier origi-
nal conservé à S. Antoine!
8 L’écrivain mal connu, Faraó-Allâh al-Aæmímí (XIIIe/XIVe s.), reproduit ce sous-titre
pour intituler sa collection canonique, elle aussi, semble-t-il, plagiée (GCAL II, pp. 427-428, §
129). D’après l’unicum de Paris, BnF arabe 25, elle porte le titre de Óâmi‘ al-qawânín al-
mukmala min al-qawânín al-muhmala.
9 Voir sur tout cela: A. M. MAKHLOUF, ‘Burhân’ — a Word on a Journey from the Heart to
the Mind and Back, in ParOr 30 (2005), pp. 281-296; G. ENDRESS, The Defense of Reason: The
Plea for Philosophy in the Religious Community, in Zeitschr. für die Gesch. der Arab.-Islam.
Wissenschaften 6 (1990), pp. 1-49. Dans les milieux coptes, il y avait déjà trois autres ou-
vrages au même titre qui circulaient: un de Pierre évêque de Malig (XIIe siècle), un autre
A. SYNOPSE DU CONTENU
Écritures Saintes
Bien que nous ayons affaire à une somme religieuse, la Bible n’en
constitue pas la source principale. Elle est certes souvent citée, en guise
de confirmation (à l’usage des chrétiens?)10, mais elle ne représente guère
une source première d’inspiration, du moins pour la partie doctrinale qui
nous intéresse ici en premier lieu, exception faite pour ce qui tient des
croyances chrétiennes particulières où le discours rationnel ne peut pas
tellement aider.
À part quelques épisodes notoires de l’A.T., comme le récit de la créa-
tion (Gn 1-2) ou du choix de David comme messie-roi (1 Sm 16, 7-13),
et quelques versets de psaumes, c’est le N.T. que l’auteur invoque le plus
souvent: une demi-centaine de citations, le plus souvent référencées (en
marge) d’après le système de division interne copte. S. Jean et S. Paul
sont de loin les auteurs les plus cités, manifestement à cause du caractère
sapientiel ou philosophique de leurs écrits.
[1] Comme apocryphe, plusieurs extraits de l’Apocalypse d’EZRA (Es-
dras IV) sont transcrits, à la suite d’autres tirés de celle de «Jean l’Évan-
géliste» (Abûøâlamsís, ch. 6), dans la dernière quaestio sur le Jugement
dernier, à propos du Huitième Millénaire ou Parousie du Christ. Elle figure
sous le titre de Nubuwwat ‘Izrah al-Imâm/al-Nabí (fol. 227v).
Il faut encore découvrir si la version en cause correspond à celle supposé-
ment d’origine copte, car il existe de ce texte trois versions arabes, en plusieurs
recensions, d’origine syriaque, grecque et copte. Il faut actualiser à présent les
données de GCAL II, pp. 219-221 (§ 51.2), dans les termes suivants.
L’une des version d’origine syriaque a été étudiée et éd./tr. par Adriana
DRINT, The Mount Sinai Arabic Version of IV Ezra, Leuven 1997 (CSCO 563-
564 = Scr. Ar. 48-49); ID., Some notes on the Arabic Versions of IV Ezra and the
Apocalypse of Baruch in MS Mt. Sinai Arabic Codex 589, in ParOr 24 (1999), pp.
165-177.
D’après les catalogues locaux non publiés, il y aurait plusieurs mss. dans les
couvents coptes: S. Antoine, Anba Bichoï, Dayr al-Muüarraq. Pour S. Macaire,
ms. 391 (Hagiogr. 25), voir le catalogue de U. ZANETTI, pp. 57-58.
De longs extraits de ce texte figurent dans un contexte similaire dans MUD
61, 24-46; 65, 13-16; 70, 43, mais ni l’éditeur ni le traducteur ne se prononcent
sur le caractère de la version employée.
Études et présentations récentes sur le texte en général (versions orientales
comprises): J.-C. HAELEWYCK, Clavis Apocryphorum Veteris Testamenti, Turn-
hout 1998 (Corpus Christianorum), pp. 131-138 (nº 180). Un fragment copte sa-
hidique (ch. XIII, 30-46) y est relevé en p. 135; A.-M. DENIS & J.-C. HAELEWYCK,
10
Dans les parties à caractère philosophique, ces citations forment souvent des gloses
marginales (üawaší), sinon de véritables additions de la 2ème ou 3ème édition.
Écritures Saintes
WADI, Sources MUD, p. 232 & Dirâsa, p. 185. De même dans MZ, pp. 287-296: parmi la ving-
taine de Pères de l’Église, on ne trouve que deux cités: Athanase et Cyrille, mentionnés en 9ème
et 10ème position — à part Antoine le Grand et Shenute d’Atripé, en 15ème et 16ème position!
13 Noter l’article de J.-M. SAUGET sur la structure de la collection arabe des Discours
(1998).
[4] GRÉGOIRE DE NYSSE, parfois désigné comme «le frère de Basile» par
IR même, est cité plusieurs fois dans la longue Q. VII sur la Nature.
D’abord dans Q. VII/1 (fol. 23v), une assertion tirée d’un Kitâb al-Óadal,
certes non authentique, signalé dans GCAL I, p. 334 (§ 88.6) sur la base du
témoignage unique de cette citation.
Puis, dans Q. VII/2, à la suite d’une série de définitions de la Nature
selon Yaüyâ Ibn ‘Adí (infra § 15), nous avons d’autres fort brèves (fol. 23v-
24r) extraites du K. al-Abwâb fí al-ýabí‘a, version arabe du De natura homi-
nis de Némésius d’Émèse, qui lui est attribué. On y reviendra, en traitant
de cette figure (§ 11).
Au même ouvrage appartient le passage de Q. III/2 attribué au Nazan-
zien, comme vu plus haut.
Tradition de langue copte: CopEnc, pp. 1184b-1185a (T. ORLANDI); voir aussi
les références figurant dans CPG/S 3149, 3184, 3192 etc.
Tradition arabe: GCAL I, pp. 332-335 (§ 88); BAAC II, p. 33; MZ, p. 290 (nº
5) + p. 292 (nº 8 Dialogus de anima cum Macrinam = CPG 3149); MUD passim.
17 CPG 2302; CopEnc, p. 459 (R.-G. COQUIN); GCAL I, pp. 606-608 (§ 171).
scala ecclésiastique de Jean de Samannoud, plus deux autres scalae — IR met à profit trois
récits hagiographiques coptes. Il semble difficile de postuler que ces quatre textes aient été
bilingues, car on ne connaît presque pas de manuscrits bilingues hors de la liturgie et des
écrits philologiques. MZ, p. 292 (nº 10e) mentionne, sans détail, ce K. al-Kunûz.
24 Sur la tradition copto-arabe en particulier, voir Kh. SAMIR, Origen in the Coptic Arabic
418-420 (§ 118). Il faut se reporter maintenant aux différents travaux de Youhanna Nessim
Youssef (Melbourne). — Dans le chapitre sur les auteurs chrétiens dans MUD (1, 10), Sévère
figure à côté d’Athanase! Pourtant, aucune œuvre de lui n’est citée dans le corps de l’ouvrage.
Même chose pour Dioscore qui, par contre, n’est même pas mentionné dans le ch. 1! Et GRAF
(GCAL I, pp. 416-417, § 116) indique peu de choses à son compte. MZ, p. 293 (nº 11) cite bien
Sévère, mais non Dioscore!
(au pluriel!), qui ouvre la première citation comme telle, renforce la sus-
picion exprimée dans le cas antérieur qu’il s’agit des adeptes de Nestorius.
Nous ne savons pas de même si ce triple extrait a été emprunté à l’une des
sources suggérées plus-haut, ou bien s’il appartient à la même source du groupe
des trente autres arguments (ici, tantôt nukta, tantôt šubha!) des Nestoriens
(toujours lil-Nasýûr…) qui suivent (milieu du fol. 217r et suivants) et sur les-
quels nous nous arrêterons en parlant d’Abû al-Faraó Ibn al-Ýayyib (§ 17).
[9] Parmi les Pères de l’Église dont les œuvres ont été extraites dans Q.
XVI, sur l’Eucharistie, IR transcrit, en cinquième position (fol. 72r-74v ),
un traité de JEAN DAMASCÈNE, le dernier Père grec — d’époque islamique
déjà (vers 675-760), d’où son nom arabe: Yannah ibn Manúûr ibn Saróûn
(Sergius). Mais IR ne va pas chercher ce texte à l’ouvrage original, l’Expo-
sitio fidei (CPG 8043); il le trouve tel quel dans un manuscrit copié par
al-As‘ad Ibn al-‘Assâl (infra § 14). En effet, cet extrait copto-arabe repré-
sente un cas exceptionnel28, car la consultation des ouvrages de référence
n’indique guère que l’ouvrage en question ou l’auteur lui-même aient été
suffisamment connus des Coptes. Le Damascène n’est mentionné ni dans
MUD ni dans MZ, encore moins dans la fameuse anthologie du XIe siècle,
Kitâb I‘tirâf al-Âbâ’29.
Cet extrait a été déjà présenté par SAMIR Kh., Al-As‘ad Ibn al-‘Assâl copiste de
Jean Damascène à Damas en 1230, in Orientalia Christiana Periodica 44 (1978),
pp. 190-194. Un an plus tard, dans la même revue, nº 45, pp. 166-170, partant
de ce témoin, il a étudié la forme du nom propre: Yannah, dans l’onomastique
arabo-copte30.
Alors que GRAF (GCAL I, pp. 378-379) doute de l’authenticité de l’attribution,
Bonifaz Kotter (Abtei Scheyern, Allemagne) a pu identifier le texte comme cor-
respondant au ch. 86 de l’Expositio, lequel a circulé en grec séparément; BAC,
28Par ailleurs, IR cite Yûüannâ al-Dimašqí (sic) par deux fois dans KT, ch. 4 & 39, mais
sans indications précises et sous une désignation donc différente de celle du KB comme nous
le verrons tout de suite.
29 GCAL II, pp. 378-379 (§ 104); BAC 3 (1979), pp. 64-67; BAAC I, pp. 35-36. Noter l’éd.
anonyme du Dayr al-Muüarraq, 2002 (Min Maæýûýât D.M., 9), à partir de 3 mss. dudit
monastère.
30 Invalidation du témoin toponymique par R.-G. COQUIN, Un monastère de l’Épiphanie
dans le Delta d’Égypte, in Bull. de l’IFAO 87 (1987), pp. 121-123. On notera que le nom arabe
devrait avoir été lu avec imâla (Yanneh), leçon qui se rapproche de la forme copte invoquée.
D’un autre côté, on observe la forme hors de la sphère copte ou copto-arabe. D’abord, l’émi-
nent copiste copte a trouvé le traité en question à Damas! Et puis, GRAF signale, dans GCAL
I, p. 433 (§ 121 fine), un palimpseste du IXe/Xe siècle, où l’index réfère le texte d’un certain
«Yannah al-Ruhâwí» (Jean d’Édesse).
2/2-3 (1978), pp. 10. Voir son éd./tr. dans Schriften des Johannes von Damaskos,
II, Berlin / New York 1973 (Patristische Texte und Studien, 12), pp. 191-19831.
L’Expositio a été traduite en arabe et est bien connue des milieux melkites;
voir: GCAL I, pp. 377-378 (§ 103) & II, pp. 43-45 (§ 10.4-6) + 57-58 (§ 16.10-11);
HMLEM III/1 (1983), pp. 276-279 + 281. Dans la note de BAC relevée plus haut,
SAMIR Kh. confirme la correspondance, mais remarque que le version du KB
diverge considérablement de celle de l’abbé Antoine de S. Siméon (Xe siècle),
présente dans quatre mss. formant une double famille. Dans le même vol. de
BAC, en annonçant le travail d’édition du texte arabe (pas encore conclu !), M.
Abras (Rome), indique huit mss. au total transmettant le texte du Damascène,
parmi lesquels, celui de Vat. ar. 178 (XIIIe-XIVe s.) représenterait «une tradition
différente»32.
Sur l’auteur dans la tradition arabe et sa relation avec l’islam en général, à
part la notice de la GCAL déjà citée, voir la plus récente mise au point de R.F.
GLEI, John of Damascus / Johannes Damascenus, in CMR I, pp. 295-301. Voir de
plus les références signalées dans CAB I, pp. 157-158, et l’ouvrage important,
ignoré par GLEI, de J. NASRALLAH, Manúûr ibn Saróûn alias Jean Damascène,
Jounieh 1991 (Al-Fikr al-masíüí bayna al-ams wal-yawm, 6)33.
31 Double trad. ital. de l’ensemble du volume à partir de ce texte par A. SICLARI – S. RINALDI
(Parma 1994) et V. FAZZO dans nº 142 de la Collana di Testi patristici (Roma 1998).
32 BAC 2/2-3 (1978), p. 3. Si ce ms. s’avérait être d’origine égyptienne, il pourrait bien être
de la même famille que l’archétype du KB, sinon l’original même, si jamais le ductus se révélait
être du type as‘adí (infra § 14).
33 Remaniement arabe de Saint Jean de Damas: Son époque, sa vie, son œuvre, Harissa
35 Nous verrons plus bas (§ 27) que les citations d’Ammonius qui figurent dans la même
à Grégoire le Thaumaturge (CGP 1773 spuria), dont une double version arabe, l’une d’elle
attribuée abusivement à Aristote ou encore à Avicenne et plus tard traduite en persan! Il n’y
a pas lieu de développer ici cet aspect. Voir en tout cas la récente étude et édition de Rüdiger
Arnzen, Aristoteles’ De Anima: Eine verlorene spätantike Paraphrase in arab. und pers.
Überlieferung, Leiden 1998 (Aristoteles Semitico-Latinus, 9).
37 MORANI, Tradizione manoscritta (cité quelques lignes plus bas), pp. 104-114.
38 Notice concernant Isüâq b. Üunayn. En vérité, il y aurait 4 versions différentes et la
version en question serait plutôt de son père.
avaient été établies par MORANI, Tradizione manoscritta cit., p. 95, puis corrigées tour à tour
par SAMIR, Némésius cit., p. 109 et WADI, Sources MUD, p. 229, n. 11. Nos indications seraient
à présent les plus complètes!
40 Données qui se conjuguent parfaitement avec celles rassemblées par SAMIR dans À
propos CPG, p. 189 (ad nº 3550), et en général dans Versions arabes cit.
Heritage in Egypt, in Medieval Encounters 2 (1996), pp. 4-14. Nous sommes gré à l’auteur de
nous avoir procuré une copie de son travail.
43 SIDARUS, Essai sur l’âge d’or cit., p. 459; repris et modifié dans Renaissance cit., p. 329.
44 Au contraire de ce qui se passe dans MUD; voir WADI, Sources MUD, pp. 232-233 &
[14] Du reste, l’un des célèbres AWLÂD AL-‘ASSÂL, AL-AS‘AD ABÛ AL-FARAÓ
HIBAT-ALLÂH — connu pour un ductus propre, le æaýý as‘adí — lui a fourni
quand même une série de sources copiées (ou remaniées?) par lui-même,
qu’il aurait trouvées, le plus souvent, à Damas. Nous regroupons ici-bas
les données en question, mais non sans souligner qu’elles complètent nos
informations sur les intérêts intellectuels de l’aîné des frères ‘assâlides,
tels qu’évoqués par le simple inventaire de ses ouvrages transmis par les
manuscrits. Bien plus, c’est grâce aux indications éditoriales précises four-
nies par IR que nous sommes en mesure de situer un peu mieux dans le
temps son activité littéraire.
Partant du traité sur l’Eucharistie de Jean Damascène, que nous avons
vu plus haut (§ 9), Samir avait pu indiquer l’année 1230 (627 A.H.) comme
la date la plus ancienne que nous connaissions à ce propos46. Mais comme
Dirâsa, pp. 186-187. Sur la théologie à cette époque, voir SIDARUS, Renaissance cit., pp. 318-
319; première version dans Essai cit., pp. 454-456.
45 SIDARUS, pp. 114-115. On notera que les Canons d’Ibn Turayk, le 70ème patriarche
(1131-1145), ont été entre-temps édités et analysés par Anýûniyûs ‘Azíz Mínâ, Beyrouth –
Rome 1993, 2 vols. (Patrimoine arabe chrétien / al-Turâõ al-‘arabí al-masíüí, 12-13). Sur
l’évêque Michel, voir Sidarus, Pré- Renaissance cit., pp. 198-199.
46 SAMIR, Al-As‘ad Ibn al-‘Assâl copiste cit. ad § 9.
note qu’à l’une ou l’autre exception près, les éditions de texte annoncées dans cette contribu-
tion n’ont pas pu voir le jour.
50 Il s’agit du § 4 du ch. 1, lequel étudie la figure et les œuvres du personnage d’après le
témoignage des «auteurs arabes chrétiens». Or tous ces auteurs (et ouvrages collectifs) sont
coptes! D’origine copte de même, s’avèrent la plupart des mss. qui transmettent son œuvre.
retiendra qu’Ibn Kâtib Qayúar et al-Úafí Ibn al-‘Assâl ont fait des épitomés de
certains de ses ouvrages, et que ce dernier s’en est amplement inspiré dans sa
propre production théologique, comme ses deux frères du reste. Dans MUD,
par exemple, ses travaux sont cités ou transcrits une vingtaine de fois et dans
des chapitres entiers: PLATTI, Yaüyâ Ibn ‘Adí cit., pp. 36-46 (analyse détaillée à
transférer maintenant à l’éd. de WADI). Pour le cas d’Ibn Kabar, MZ, voir de
même PLATTI, Yaüyâ Ibn ‘Adí cit., pp. 47-50.
Compléments de bibliographie sur l’auteur et son œuvre: EI XI, pp. 266a-
267a (G. ENDRESS, 2005); DAIBER I, pp. 958-959 (nº 9359-65; add. in Supp., p.
301) & II, pp. 543-545 + Supp, p. 422; CAB I, pp. 172-173 & II, p. 298; COQUIN,
pp. 71-72; BAAC I (1990), pp. 14-22; BAC 3 (1979), pp. 45-63 & 4 (1980), pp.
100-105; RESCHER, pp. 130-134 (§ 29; logique en particulier).
Ajouter: E. PLATTI, YbA, réflexions sur le Kalâm musulman, in StChrArHerit.
(2004), pp. 177-197. Une autre étude de C. BAFFIONI dans le même volume col-
lectif est mentionnée plus bas (elle comporte des indications bibliographiques
supplémentaires!). Voir de plus la thèse de Maîtrise inédite de Nevine Mounir
Tawfiq (Dép. de Philosophie, Fac. des Lettres, Univ. du Caire, vers 2002).
À part les récentes éditions de textes indiquées plus bas, noter: E. PLATTI, La
Grande Polémique anti-nestorienne de YbA., 2 tomes, Louvain 1981-82 (CSCO
427-28 + 437-38 = Scr. Ar. 36-37 + 38-39).
Dans KT, Partie I, on trouve cité un K. al-Burhân qui lui est attribué (GCAL
nº 30; ENDRESS, nº 8.18; BAC 4, §§ 471-74); nous donnons plus d’informations
sur cet ouvrage dans l’article sur cet ouvrage-là51.
Dans la Q. VII sur la Nature, la 2ème section commence (fol. 23v) par
51 Voir plus haut note 11.
52 GRAF signale dans GCAL (p. 240) que des citations se trouvent aussi dans QQ. XVI-XIX,
d’après un épitomé d’Ibn Kâtib Qayúar. C’est un lapsus, car il s’agit en réalité de MUD 16-19,
comme cela avait été déjà repéré par PLATTI, op. cit., p. 34, n. 134.
une citation sur la notion en cause due au même auteur sans indication de
source. Platti l’a identifiée comme provenant du traité Fí al-mawóûdât53.
Édition à partir d’un ms. d’Istanbul, avec traduction turque, par M. TÜRKER,
Yaüyâ Ìbn-i ‘Adí’nin varlåklar üakkåndaki makalesi, in Ankara Üniversitesi Dil ve
Tarih-Coórafya Fakültesi Dergisi, 17 (1959), pp. 145-157. Nouv. éd. dans la com-
pilation de Saübân Khulayfât, Maqâlât YbA al-falsafiyya, Amman 1988, pp. 266-
27954. Voir de plus: PLATTI, op. cit., 87-91; C. BAFFIONI, «The Concept of ‘Nature’
in YbA (A Comparison with the Ikhwân al-Safâ’)», in StChrArHerit. (2004), pp.
199-204 (l’auteure ne connaît pas l’exposé dont il est question ici!).
53 PLATTI, op. cit., p. 47. Le traité correspond au nº 5.11 de l’inventaire D’ENDRESS. Nous
avons relevé un passage identique au ch. 12 du K. Manfa ‘a d’IBN AL-FAùL, trad. de Graf, p. 63
(infra § 19). En effet, les deux auteurs se réfèrent à Aristote, Phys. II, 1, d’après les données du
même Graf.
54 Non consulté; cf. DAIBER, nº 9361.
55 M. N. SWANSON, ‘Our Brother the Monk Eustathius’: A ninth-century Syrian Orthodox
Theologian known to Medieval Arobophone Copts, in Coptica 1 (2002), pp. 119-140. Voir aussi
la synthèse du même auteur dans CMR I, pp. 907-910.
56 GCAL II, pp. 312-313, § 99.5. SAMIR Kh. en a donné des extraits dans deux revues égyp-
tiennes entre 1976 et 1984; SWANSON, ‘Our Brother the Monk Eustathius’ cit., p. 123, n. 15.
57 SWANSON s’appuie, entre autres, sur deux travaux académiques réalisés sous son orien-
tation. Il nous a informé dernièrement que l’attribution de l’ouvrage à Ibn al-Muqaffa‘ doit être
rejetée: le K. al-Bayân daterait de la fin du XIe siècle.
58 SAMIR Kh., As’ila fí al-Qurbân al-muqaddas li-SbM …, in Úadíq al-Kâhin, 17/I (Maadi
le Ta‘díd ârâ’ al-nâs fí al-ittiüâd wa-üuóaóuhum (14 ch.), qui nous est connu
des milieux coptes, notamment des Awlâd al-‘Assâl, dont on a souligné les
relations avec IR.
Voir là-dessus GCAL II, pp. 172-173 (§ 51.10). Comme bien observé par
GRAF, il n’est pas sûr que toutes les citations en question de MUD appartiennent
à ce traité. Nous ne pouvons pas nous arrêter ici sur les alternatives avancées.
Notons seulement que, dans le 2ème groupe de citations, il ne s’agit guère du ch.
8 de l’original, mais du 8ème principe (aúl) de l’ouvrage d’al-Úafí Ibn al-‘Assâl que
son frère al-Mu’taman dit transcrire (les références au MUD sont à actualiser
d’après la liste ici-bas).
copte du XIIIe siècle), Intr., éd. crit., trad. fr. et lexique, Rome 1982 (Thèse de doctorat inédite,
Pontificia Universitas Gregoriana, XXXVII + 595 pp.); BUÝRUS AS-SADAMANTÍ, Introduction sur
l’Herméneutique / Al-Muqaddima f í al-Tafsír, éd./trad. P. VAN DEN AKKER, Beyrouth 1972
(Recherches, N.S. – B: Orient Chrétien, 1); A. SIDARUS, Un exégèse copto-arabe du 7e/XIIIe siè-
cle: B. S. et son Traité…, in Bibliotheca Orientalis 35 (1978), pp. 21a-25a.
IBN BUÝLÂN semble bien avoir été melkite. Philosophe et médecin, il est a
été le disciple d’Ibn al-Ýayyib et, vers le milieu du siècle, a entrepris un
long voyage qui l’a mené jusqu’au Caire, à la fin de 1049, puis à Constan-
tinople, dans l’année tragique du schisme entre Romains et Byzantins
(1054), avant qu’il ne se retire dans un monastère à Antioche, où il est
meurt après 1063.
IR transcrit le traité sur l’Eucharistie commandité justement par le
patriarche Michel Cérulaire, en pleine dispute avec les Romains sur la
question (!). Il suit immédiatement (fol. 75r-87v) celui d’Eustathe le Moine
dont nous venons de parler. Et c’est précisément à partir de ce témoin indi-
rect que GRAF a fait connaître ce texte à partir des trois mss. du Vatican du
KB, texte qui se trouve conservé dans au moins deux autres manuscrits.
G. GRAF, Die Eucharistielehre des …, in Oriens Christianus 35 (1938), pp. 44-
70 + 175-191. — Sur l’auteur en général, voir: GCAL II, pp. 191-195 (§ 55); EI
III, pp. 763a-764b (J. SCHACHT, 1968); GAS III (1970), passim; Ullmann I (1970),
pp. 157-158.
Noter la nouv. éd. du Taqwím al-úiüüa / Tacuini sanitatis par H. ELKHADEM
(Leuven 1990). Traductions récentes de deux maqâma-s par J. DAGHER et G.
TROUPEAU, chez Geuthner: Le banquet des prêtres & Le banquet des médecins
(Paris 2004 & 2007).
65 GCAL II, pp. 59-60, § 17.15. Les extraits pourraient venir du ch. 9 ou 65.
66 GCAL II, p. 64, § 28 fine.
67 Du même auteur, voir la notice publiée dans la même année, dans Proche-Orient
Chrétien 33 (1983), pp. 143-159; elle doit reproduire ce qu’il dit dans son manuel.
68 Symptomatique de la curiosité scientifique de notre auteur est le fait d’aller lire, sans
préconcept, les ouvrages produits par les coreligionnaires d’autres confessions, même si au
départ il sait qu’ils défendent une doctrine théologique différente sinon opposée. En
l’occurrence, il y a rencontré matière pour étayer ses propres positions quant à la Nature
unique, sans nécessité de trop altérer ou émonder le texte.
Auteurs musulmans
Ce n’est guère pour leur œuvre spécifique qu’IR cite les coryphées de la
philosophie musulmane: Farâbí, Ibn Sínâ, Øazzâlí. En fonction de ses pré-
occupations théologiques apologétiques, ce sont leurs ouvrages de logique
qui l’intéressent, tout comme les manuels tardifs de cette discipline, ceux
de Faær al-Dín al-Râzí, de Æûnóí et d’al-Zayn al-Kašší.
Dès Q. I/1 sur le composé (murakkab/mu’allaf; fol. 4v), ces auteurs
sont mentionnés en bloc, avec leurs ouvrages respectifs, comme défen-
dant — «ainsi que d’autres» (wa-øayruhum), ajoute IR! — le syllogisme
suivant dont il rejette la validité: «Tout corps est composé, et tout composé
est créé, donc tout corps est créé» (kullu óism mu’allaf wa-kullu mu’allaf
muüdaõ fa-kullu óism muüdaõ)69.
Dans les questions suivantes II et III, on trouve plusieurs propositions ou
syllogismes logiques introduis par des formules génériques type (qíla/yuqâl)
fí al-manýiq, qâla al-mutaqaddimûn/muta’aææirûn et expressions semblables
[21] Nous nous arrêterons sur chacun de ces auteurs, mais disons tout
de suite que ce n’est que dans les ‘Uyûn al-üikma du célèbre ABÛ ALÍ IBN
SÍNÂ (Avicenne), mentionnés en première position70, que nous avons trou-
vé ledit passage littéralement — du moins jusqu’à nouvel ordre. En vérité,
c’est à cet auteur et à ce manuel exclusivement que recourt IR ailleurs dans
sa somme (toujours dans sa 1ère partie sur la logique), que ce soit explici-
tement ou non71. Dans la Q. V sur l’Hypostase, quelques propositions de
l’ouvrage sont citées à la suite d’autres d’Ibn ‘Adí (supra § 15), mais aussi
dans une glose marginale exclusive à la dernière «édition» du KB (fol. 21r).
Ceci nous montre bien l’intérêt qu’avait IR pour ce manuel. Du reste, on
trouve le médecin-philosophe du XIe siècle souvent cité dans la théodicée,
même si via al-Faær al-Râzí72.
Nous rappellerons que l’ouvrage est un classique, ayant été traduit au
Moyen Âge latin sous le titre de Fontes sapientiae. Ibn al-‘Assâl aussi le cite
plusieurs fois dans MUD73.
prétend pas, certes, que son corps ait été éternel ante quo.
70 En fait, dans deux des trois témoins (mss. A et C). Il figure en deuxième position après
le Mûóiz de Khûnóí (v. infra), dans B qui, pour ces débuts de KB, représente — rappelons-le
— un témoin de la première rédaction!
71 Parmi ces dernières, p. ex., nous trouvons quelques-uns des passages cités sans indica-
tion de source.
72 Il est évident qu’IR est éclectique en utilisant la somme théologique de Râzí (infra § 26).
73 WADI, Sources MUD, p. 235 & Dirâsa, p. 188, § 27. Pourtant, les mentions ou citations
font partie, en général, d’ouvrages étrangers à Ibn al-‘Assâl, qui se trouvent intégrés dans sa
somme.
Ibn Sínâ, ‘Uyûn al-üikma (Avicennae Fontes Sapientiae), éd. ‘A. R. BADAWÍ,
Le Caire: IFAO, 1954 (Mémorial Avicenne, 5), p. 5. Nouv. éd. ou simple rééd.
Beyrouth 1980. Étude avec trad. allem. par M. MUTHREICH, Theoretische Grun-
dlagen im Gottesbegriff bei Avicenna, Giessen 2000 (Thèse; cf. DAIBER, Supp., p.
214, nº 6576/1). Trad. lat. DAIBER, nº 458 (reprint signalé dans Supp., p. 17)74.
À son tour, l’ouvrage est devenu un classique, ayant été traduit, lui aussi,
en latin au XIIe siècle sous le titre d’Intentiones philosophorum; voir DAIBER, nº
3511; cf. nº 3514 (s.v. M. ALONSO, où il s’agit en fait d’une traduction largement
établie à partir de la version latine); cf. de même le nº 465, avec le reprint signalé
dans Supp., p. 18.
Mais là encore, la question de l’authenticité à été soulevée sous le prétexte
que ce manuel représente, en définitive, une mise en arabe remaniée du Dâneš-
nâme d’Avicenne; voir entre autres G. G. HANNA, Die Hochscholastik um eine
Autorität ärmer, in Festschrift für Hermann Heimpel, Göttingen 1972, vol. II, pp.
884-899. Mais comme il a été soutenu de différents côtés, ce constat n’infirme
en rien l’attribution à Øazzâlí. Disons seulement qu’à côté du témoignage de
la traduction latine, qui a été réalisée assez tôt après la parution de l’ouvrage
arabe, nous avons celui de Faær al-Dín al-Râzí, sur lequel nous reviendrons tout
de suite, et d’IR enfin.
nach meist ungedruckten Quellen, Münster 1910 (Beiträge zur Gesch. der Philo-
sophie des Mittelalters, VIII/7), p. 76.
l’Arba‘ín cité une fois hors de la théodicée, à savoir une brève assertion tirée du ch. 15, dans
une note marginale de la «3e éditon» (fol. 4v), ajoutée postérieurement dans le ms. représent-
ant la «2e édition» (pour la portion en cause).
78 Chrétiens d’Occident inclus; voir A. CORTABARRIA, La connaissance des textes arabes chez
Raymond Martin, in Islam et Chrétienté du midi (XIIIe-XIVe s.), Toulouse 1983 (Cahiers de
Fanjeaux, 18), pp. 279-300, ici p. 285. Rappelons l’impact de ce plus grand arabiste du M.A.
chrétien sur ses confrères dominicains, Thomas d’Aquin inclus… Voir à ce propos le travail
de Ìskenderoólu mentionné tout de suite.
Données éparses dans GCAL II (cf. vol. V-Index, p. 134b) et dans Graf, Jaüjâ
ibn ‘Adí cit. Pour MUD, où Râzí s’avère être l’auteur musulman le plus apprécié
et son K. al-Arba‘ín, à côté d’autres, souvent cité, voir WADI, Sources MUD, pp.
235-236; Dirâsa, p. 188, § 27. En Orient syriaque, Barhebraeus dit bien de lui,
dans ses Annales (année de son décès 606/1209), et va jusqu’à le comparer à
Origène!79
Après l’apparition de l’excellent article de G.C. ANAWATI dans l’EI I, pp. 770a-
773b (1963), plusieurs études d’ensemble et de détails ont vu le jour; voir: SIDA-
RUS, p. 135, n. 45; DAIBER I, pp. 275-276 (nº 2734-2742); II, pp. 122-123; Supp.,
pp. 86-87 + 336-337. Anawati lui-même a repris son article dans FDR: Éléments
de biographie, in Mélanges Henri Massé, Paris 1963, pp. 1-10 (version arabe dans
Mélanges Taha Husayn, éd. ‘A. R. BADAWI, Le Caire 1962, pp. 193-234).
Notre personnage a été mis en honneur ces derniers temps. Nous signalons
en particulier la récente monographie de Roger ARNALDEZ, FDR, commentateur
du Coran et philosophe, Paris 2002 (Études musulmanes, 37), et l’étude compa-
rative de Muammer Ìskenderoólu, FDR and Thomas Aquinas on the Question
of the Eternity of the World, Leiden 2002 (Islamic Philosophy, Theology and
Science – Texts and Studies, 48). Voir de plus les pub. online de ‘Adi SETIA, The
theologico-scientific research program of the mutakallimun: Intellectual histori-
cal context and contemporary concerns with special reference to FDR (déc. 2005)
& Atomism versus hylomorphism in the kalam of FDR: A preliminary survey of
the Matalib al-‘Aliyyah (déc. 2006).
de l’école qui porte son nom, Hišâm ibn al-Üakím ou même le tradition-
niste Ibn Hišâm. Ces mentions toutefois n’indiquent pas des références
directes d’IR. Il s’agit d’auteurs figurant dans la somme de Râzí, comme
c’est le cas de même de citations fortuites d’Ibn Sínâ et plus systématiques
des propres Maqâúid de Øazzâlí, ici en tant que représentant éminent des
aš‘arites. Comme nous le disions plus haut, notre théologien persan déve-
loppe ses idées en contrepoint aux différentes écoles du kalâm.
Par ailleurs, nombreux sont les auteurs arabes musulmans auxquels
IR a eu recours, directement ou indirectement, pour son KT — que ce soit
pour la partie astronomique et calendaristique (Khwârizmí, Ibn Yûnus,
Bírûní) ou pour la partie historique (Ýabarí ou ses succédanés).
80 Ms. fol. 32r. L’emploi de cet attribut aurait été courant vers la fin de l’École d’Alexandrie;
voir D. SAFFREY, Le chrétien Jean Philopon et la survivance de l’École d’Alexandrie au VIe siècle,
in Revue d’études grecques 67 (1954), pp. 396-410, ici p. 396, n. 3.
[29] Juste avant ce traité (fol. 205r fine à 205v), figurent des extraits sur
les «trois puissances» dans l’homme, tirés du ch. 2 d’un écrit arabe attri-
bué à HERMÈS LE SAGE (Hirmis al-Üakím al-fâ¬il) sous le titre de K. Mu‘âta-
bat al-nafs («De castigatione animae»). Il avait été longuement transcrit,
sous le titre alternatif de Risâlat al-Ma‘âní, dans Q. VII, section 23 (fol.
32v-33r): ch. 4, 5 et 9.
La nature et l’origine de cet écrit sapientiel, contenant 14 chapitres, ne
81 GRAF (GCAL II, p. 410) affirme qu’IR aurait tiré les citations en question du K. al-
Manfa ‘a de ‘Abd-Allâh Ibn al-Fa¬l, mis à profit ailleurs dans KB (supra § 19). Cet ouvrage in-
tègre des passages de l’ouvrage némésien attribué à Grégoire de Nysse, comme nous l’avons
dit plus haut; pourtant, nous n’avons pas trouvé nos citations dans les extraits traduits par
GRAF, de l’œuvre en cause. Signalons que la trad. angl. de SHARPLES – VAN DER EIJK (2008) de
l’œuvre némésienne originale, signalée plus haut, indique systématiquement les sources ou
les parallèles helléniques de ces citations d’Ammonius.
82 L’ouvrage a été entre-temps édité, traduit et analysé par M.C. LYONS - J.N. MATTOCK, K.
al-aóinna li-Buqrâý: On Embryos, Cambridge 1978 (Arabic Technical and Scientific Texts, 7).
sont pas encore bien établies. Certains admettent une origine néoplatoni-
cienne, hermétique ou manichéenne grecque, d’autres pensent à un au-
teur arabe du IXe siècle imbu de ces courants. Intitulé alternativement K.
Mu‘âðalat ou Zaór/Raóz al-nafs, et attribué parfois à Platon et d’autres fois
à Aristote, sa transmission manuscrite est majoritairement chrétienne.
GCAL I, p. 389; EI III, pp. 479b-481a (M. PLESSNER; rééd. de la 1ère éd.!).
Références complémentaires in: SIDARUS, p. 127, n. 34. Voir de plus DAIBER I, pp.
406-407 & II, pp. 185-186, ainsi que l’analyse de J. KROLL, Die Lehre des Hermes
Trismegistos, in Beiträge zur Gesch. der Philosophie im MA, Münster 1994 (Texte
und Untersuch., XII/2-4), pp. 390-405 (= Anhang: Die arab. Schrift…).
L’écrit a été plus d’une fois édité et traduit, la dernière édition en date
étant celle de ‘Abd al-Raümân Badawí, Al-Aflaýûniyya al-muüdaõa / Neoplato-
nici apud Arabes, Le Caire 1955 (Islamica, 19), pp. 51-116 (rééd. Koweit 1977).
Elle est loin d’être définitive pour diverses raisons, dont l’existence des manus-
crits additionnels que nous listons ici-bas, certes tardifs. Pour la transmission
textuelle indirecte, à part le KB, qui représente un bon témoin, il y a le bref
extrait du ch. 13 qu’on trouve dans MUD 5, 3183.
Et pour clore la question de la réception copte de ce traité hermétique, on
signalera la référence qu’en fait Ibn Kabar dans MZ, p. 297, et celle de Sâwírus
Ibn al-Muqaffa‘ mentionnée il y a peu sous Ammonius. On y ajoutera ce qui est
passé en matière d’hermétisme, en général, dans la littérature de langue copte:
CopEnc, pp. 1223b-1224a (C.W. GRIGGS); Jean-Pierre MAHÉ, Hermès en Haute-
Égypte, II, Québec 1982, pp. 33-34 (Codex VI de Nag Hammadi).
Les nouveaux mss. apparus, à notre connaissance, après l’édition de Ba-
dawí, et non recensés dans les manuels de référence ci-haut mentionnés, sont:
1) Florence, Biblioteca Medicea Laurenziana, Or. 426 (garchouni, fol. 99r-
139v); PLATTI, Yaüyâ Ibn ‘Adí cit. ad § 15, p. 26 (note transcrite ipsis verbis dans
BAC 4, 1980, § 488).
2) Wâdí al-Naýrûn, Dayr al-Suryân, Mayâmir 212.2 (olim Lâhût 80, fol.
122v-166v); consultation personnelle.
3) Beyrouth, American University of Beirut, 185.1 (a. 1843); cat. online.
4) Ýûr ‘Abdín, texte signalé dans un ms. de miscellanées commençant par le
Livre de la Colombe de Barhebraeus et se trouvant à Mardin; cat. mss. d’Omid et
Mardin, par Mar AØNÂÝIYÛS IFRÂM I BARSAUM, Saydnaya 2000, p. 176.
5) Bagdad, Dayr al-Muæalliú; SABÂNÛ, Hirmis al-Üakím cit., p. 18;
6) Tyr, Bibliothèque privée non identifiée; ibidem84.
Hirmis al-Üakím bayna al-ulûhiyya wal-nubuwwa: Hirmis mâ nusiba ilayhi wa-mâ kutiba
‘anhu (Damas-Beyrouth: Dâr Qutayba, 1423/2002), pp. 17-68. L’auteur plagie pratiquement
les éditions de BADAWI et de BARDENHEWER en les remaniant à sa volonté!
84 En page 19, Sabânû parle de douze mss. qui auraient servi de base à son édition; pour-
tant, il ne signale que ces deux spécimens en addition aux sept utilisés dans l’édition de
BARDENHEWER. Par pure coïncidence, si l’on joignait à ce total de neufs mss. les trois addition-
nels de la double édition de BADAWI, aucunement signalée (!), on aurait le total de douze!? On
aura noté certes que presque tous les mss. de notre nouvelle liste sont d’origine chrétienne.
85 A. SIDARUS, Un débat sur l’existence de Dieu sous l’égide prétendue d’Alexandre le Grand,
Tradition through Seven Centuries from Pseudo-Callisthenes to Suri, Leuven 2010 (Mediaevalia
Groningana New Series, 13), pp. 58-73; ID., The Arabic Alexander Romance in the tradition of
Pseudo-Callisthenes [The Coptic Arabic Quzmân Version], ed./tr. with introd. (forthcoming
2011). Informations fournies aimablement par l’auteure.
87 Nous attendions la parution de l’ouvrage susmentionné pour conclure la rédaction de
notre étude.
* * *
En tout cas, l’œuvre de Nušû’ al-Æilâfa Abû Šâkir Ibn al-Râhib illustre
bien, à notre avis, l’ambiance culturelle et intellectuelle de la société égyp-
tienne du XIIIe siècle, en même temps que le mode d’intégration de la
communauté copte et de ses penseurs dans ce courant national.
88 EI cit. n. 6, p. 396b.
BAAC I = Bibliographie des auteurs arabes chrétiens, in BAC 6 (1990), 2ème pagina-
tion (52 pp.; compléments au vol. II de GCAL).
BAAC II = Idem, in BAC 7 (1992), pp. 11-84 (compl. à GCAL I: Apocryphes,
Patrologie et Hagiographie).
BAC = Bulletin d’Arabe Chrétien, 7 vols., Louvain 1976-9289.
CAB = Herman G.B. TEULE – V. SCHEPENS, Christian Arabic Bibliography, in Journal
of Eastern Christian Studies, I = 1990-95: 57 (2005/1-2), pp. 129-174; II = 1995-
2000: 58 (2006/3-4), pp. 265-299.
CMR = Christian-Muslim Relations: A Bibliographical History, ed. D. THOMAS
& B. ROGGEMA, Leiden – Boston 2009 ss. (The History of Christian-Muslim
Relations, 11 ss.)
CopEnc = The Coptic Encyclopedia, ed. Aziz S. ATIYA, 8 vols., New York 1991.
COQUIN = R.-G. COQUIN, Langue et littérature arabes chrétiennes, in Christianismes
orientaux: Introduction à l’étude des langues et des littératures, éd. M. ALBERT et
al., pp. 35-106, Paris 1993 (Initiations au christianisme ancien, 5)90.
CPG = Maurice GEERARD et al., Clavis Patrum Graecorum, 7 vols., Turnhout
1983-2003 (Corpus Christianorum). [Références aux numéros d’ordre des
ouvrages]91.
CSCO = Corpus Scriptorum Christianorum Orientaliun.
DAIBER = Hans DAIBER, Bibliography of Islamic Philosophy, Leiden – Köln – Boston
1999 (Handbuch der Orientalistik – 1. Abteilung, 23).
Supp. = Supplement (2007; vol. 89).
DPhA = Richard GOULET (dir.), Dictionnaire des philosophes antiques, plusieurs
vols. (avec Suppléments concomitants). Paris 1989 ss.
EI = Encyclopédie de l’Islam, nouv. éd. (version franç.), 12 vols., Leiden – Paris
1954-200592.
GAL = Carl BROCKELMANN, Geschichte der arabischen Literatur, 2e éd., 2 vols., Lei-
den 1943-49.
S = Supplementbände, 3 vols., Idem 1937-4293.
GAS = Fuat SEZGIN, Geschichte des arabischen Schrifttums, I ss., Leiden 1967 ss.
GCAL = Georg GRAF, Geschichte der christlichen arabischen Literatur, 5 vols., Città
del Vaticano 1944-53 (Studi e Testi 118, 133, 146-47, 178).
89 Nous renvoyons parfois aux numéros d’ordre des paragraphes (§) qui divisent les no-
tices et informations.
90 Pour ce qui est de la littérature, un précieux complément bibliographique de la GCAL.
91 Il est toujours nécessaire de consulter le Supplément (1998) de même que le vol. III-A
(J. NORET, 2003) pour la période pertinente. Pour les versions arabes, voir aussi SAMIR, À pro-
pos CPG.
92 Nous signalons autant que possible la date, non du volume mais des fascicules où les
articles figurent.
93 On ne manquera de rappeler que le Supplément se rapporte à la 1ère éd. (1909), alors
que la 2e éd. de l’ouvrage principal a été adaptée à celui-là.
94 Les vols. signalés par b sont ceux de l’apparat critique de l’édition. Nous renvoyons aux
stitue le ch. 7 (amplement annoté par l’éditeur). On peut consulter aussi l’édition et traduction
(un peu défectueuse) de W. RIEDEL, Der Katalog der christl. Schriften in arab.r Sprache von Abû
’l-Barakat…, in Nachrichten der Königl. Gesellschaft der Wiss. zu Göttigen – Phil.-Hist. Klasse 5
(1902), pp. 635-706. Plus de détails sur cette somme dans Sidarus, Encyclopédisme cit., pp.
354-56 + 358.