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Introduction
Délimitation de la notion
Comment délimiter une telle notion qui pose tant de problèmes et crée
tant de querelles qu'elle ne donne presque jamais lieu à une
interrogation national au bac ? Qu'est ce qui existe en elle et peut-être
dans nos pays pour faire en sorte qu'il soit devenu si difficile ? Pour certains
c'est le sacré qui caractérise la religion or le sacré Kadosh en hébreu
imparfaitement traduit par « élu » renvoie à ce qui est mis à part, ce qui
doit faire l'objet d'une distinction particulière.
L'existence de ce sacré est destinée ainsi précisément à montrer qu'il
existe des limites et des valeurs. Il montre que tout ne peut pas être mis
sur le même plan ni traite de manière équivalente. Cela ne signifie pas qu'il
faut établir des privilèges. Cela signifie qu'il ne faut pas traiter de la
même manière ce qui est différent soit par essence soit tout simplement
par culture ou nature.
Pour permettre une meilleure compréhension entre Les peuples faut-il écarter
la religion du débat public ou du public ? C'est la thèse soutenue par Spinoza
dans son Traité théologique et politique. Elle donnera lieu à la laïcité. Cette
laïcité est-elle en crise ? Est-elle encore d’actualité ? Ne faut-il pas la rénover et
l'adapter à notre époque ?
Quels sont les rapports que la religion entretient avec la science ? Le discours
scientifique a-t-il remplace le discours religieux ? Faut-il nécessairement
opposer l'un a l'autre ou doit-on comme Averroès le pensait associer la raison
et la religion (L'Islam et la raison) ? Pourquoi les Anciens ignoraient-ils le terme
de religion inventé par Les Romains ? Peut-on vivre sans religion ou au contraire
peut-on être heureux dans la religion ? La religion est-elle une invention des
puissants afin de mieux opprimer les plus faibles ou bien est-ce le la condition
du salut d'une vie ?
Toutes les guerres qui existent aujourd'hui dans le monde contemporain sont
liées de manière directe ou indirecte a la religion. Comment expliquer ce
phénomène alors que l'on assiste dans le même temps a une montée à la fois du
rejet de la religion par certains et un désir de plus grand chez d'autres de
spiritualité ? Une spiritualité laïque peut-elle s’envisager ?
Comment expliquer le sentiment de rejet que ressentent toutes Les
communautés aujourd'hui ? Les croyants s'estiment incompris. Il en est de
même de ceux qui ne croient pas et qui considèrent que la religion
occuperait une place trop grande dans nos sociétés.
Pour permettre le dialogue inter-religieux, devons-nous enseigner à chacun
la religion de l'autre afin
D’entrer dans ce que certains appellent une laïcité dynamique dans
laquelle au lieu de craindre la différence de l'autre celle-ci est perçue
comme une richesse pour chacun ?
Pour Freud, la religion est bien une illusion car elle aide Les hommes à
vivre. Elle leur permet de supporter la dure réalité de l'existence. Dans un
de ces texte, il a cependant écrit :
Dans mon écrit, l'Avenir d'une illusion, ii s'agissait beaucoup moins des
sources les plus profondes du sentiment religieux que, bien plut6t, de ce
que l'homme de la rue entend par religion...Cette providence, l'homme
de la rue ne saurait se la représenter autrement que sous les traits d'un
père rehausse jusqu'au grandiose... L'ensemble est si manifestement
infantile, si éloigne du réel qu'il devient douloureux pour celui qui se
voudrait ami des hommes de se dire que la grande majorité des humains
ne pourra jamais dépasser cette conception de la vie. S. Freud, Le
malaise clans la civilisation, Trad. B. Lortholary, Seuil 2010, p.59
Le Dieu de la Bible se présente comme « celui qui est ». Il est celui qui
n'a pas de nom mais qui renvoi à l'être et au soi. Curieusement ce soi et
cet être ne peuvent cependant être vu de face car ils entrent dans le monde
du « sacré » et du monde qui est à part. Seuls ceux qui sont admis
peuvent toutefois l'entendre ; ce qui sera le cas des Prophètes de toutes les
religions dites du Livre Judaïsme, christianisme, Islam).
Comment interpréter ces passages religieux qui interdisent à L’homme
d'être face au Divin ? Faut-il les relier au mythe de la Caverne de Platon
dans lequel l'auteur soutient que rares sont ceux qui voient la vérité en
face et doit-on ajouter a ceci le fait qu'en plus pour avoir ce privilège une
grande humilité est nécessaire ?
Dans le Traite théologique et politique, Spinoza rappelle qu'une des plus
grandes qualités du prophète Moise est l'humilité. Qu'est-ce que
l’humilité ? C'est le lien avec l'humus qui est la partie la plus vivante de la
terre et qui permet la vie. L'humilité ce n'est pas le fait d'être écrasé mais
d'accepter qu'il y ait un lien entre ciel et terre. La religion permet-elle ce
lien et si oui par quel organe ?
Serait-ce le cœur ?
Pour Pascal, le cœur a des raisons que la raison ignore et cette foi ne
peut être, en effet, perçue que par le cœur. On croit ou on ne croit pas.
Certes Pascal propose aux hommes de faire un pari : si Dieu n'existe pas
et que je crois je ne perds rien mais je perds tout s'il existe vraiment et
que je me refuse à le croire écrit-il dans ses Pensées. La religion permet
ainsi de relier avec le monde et avec l'harmonie de celui-ci. Elle permet
surtout de mettre en contact avec l’essentiel et avec ce qui est éternel. Le
Dieu de la Bible prend d'ailleurs parfois le nom d'Eternel. La religion relie
ainsi l'homme, être à mi-chemin entre l'animal et le divin, être entre-deux
proche de ce qui pourrait l'élever ou au contraire rabaisser, réduire. C'est
ce que pense Kierkegaard. Selon Lui,
Ill. N'y aurait-il pas deux types de religions ; une qui libèrerait et
une qui opprimerait ?
Comment distinguer la religion qui libère de celle qui opprimerait ?
Les trois grandes religions dites monothéistes se sont toutes construites
contre un dogme qu'ils critiquaient : les juifs, comme l'écrit la Genèse,
sont apparus avec la figure d'Abraham lorsque ce dernier rejette le culte
des idoles de son père. Ensuite le christianisme se construit pour
échapper aux interprétations de la Bible juive par les Pharisiens devenus
majoritaires chez les enfants d'Israël et l'Islam se constitue lorsque le
Prophète Mahomet est appelé pour rappeler un message qui aurait été
obscurci par les précédents monothéismes.
Tous les fidèles d'une foi pensent que certaines croyances sont
dénaturées et que la leur est la seule qui soit digne d'être suivie et
entendue. Souvent, celle-ci se construit contre une autre foi. Lorsque
d'autres difficultés viennent s'ajouter à ces désaccords théologiques,
ceux-ci se transforment parfois en guerres. Mais faut-il opposer les
différentes religions entre elles, le problème ne vient-il pas plutôt de la
pratique religieuse elle-même ? C'est la thèse du philosophe Henri
Bergson.