Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
I. Contextualisation .......................................................................................................................2
En cette période de crise générale, la réponse à apporter doit tenter d’atténuer les impacts
sur les secteurs prioritaires tels que l’agriculture, l’agroalimentaire, le transport et le
commerce extérieur par rapport aux importations vitales à l’économie marocaine.
L’enjeu est d’assurer une résistance, une continuité de création de valeur tout en empêchant
qu’un secteur soit détaché du corps économique. Pour ainsi dire, la priorité doit être donnée
aux secteurs vitaux dont la santé touche directement toute l’activité marocaine, tout en
protégeant ceux émargés d’un chaos.
Il est important de comprendre qu’une économie est un tissu arborescent et entrelié, avec
des points et axes principaux et d’autres secondaires qui sont à leur tour vitaux pour une
micro-économie, et ainsi de suite.
Un impact très négatif généré par un secteur marginalisé peut devenir problématique pour
la continuité d’autres, et ce, indirectement.
A cet effet, il est primordial de s’assurer que le circuit économique ne manque point de
liquidités et ce, en faisant en sorte que toutes les stratégies au court et moyen terme soient
au profit de la circulation des fonds et le maintien des flux commerciaux microscopiques
entre les différents citoyens afin que chacun puisse s’assurer son équilibre.
La logique stipule que ce rythme de production implique un besoin de consommer nos
réserves, ceci dit, la priorité doit également œuvrer de façon à ce que les capitaux ne soient
ni bloqués ni exportés.
Puisqu’un nombre très important de travailleurs ne pourra résister très longtemps au
confinement : nature de travail qui nécessite le contact ou le déplacement, il est impératif
de sensibiliser la société que cette situation de crise ne peut être théoriquement dépassée
que si tous les citoyens sont vaccinés, et que la situation post-crise ne peut être
théoriquement dépassée que lorsque l’économie aura repris et récupéré.
Le Maroc doit impérativement, éviter de sous-estimer cette épidémie et les répercussions
de la résistance que nous vivons aujourd’hui.
Les grands chantiers de relance économique doivent être initiés dans les meilleurs délais.
Pour le déconfinement économique, nous avons mené une analyse qui apporte quelques
éclairages sur les secteurs prioritaires.
L’analyse a été faite e deux étapes :
1. La première porte sur une évaluation globale des impacts et des interactions
sectorielles : liens et causes à effets entre les secteurs (Cf. graphes ci-dessous);
Les impacts et les inerties sur les dynamiques sectorielles sont synthétisés dans les graphes
ci-dessous. Ils présentent un cadre théorique permettant de voir comment les secteurs
s’impactent mutuellement.
L’approche consiste à donner une notation (de 1 à 10) à un secteur selon son impact et son
interaction avec les autres secteurs (Cf. figure 1).
Les secteurs générant le plus d’impact sont ceux qui ont le nombre de points le plus élevé
(partage d’impacts) : le commerce, l’industrie, l’agriculture, le transport des marchandises,
les finances, la construction et les services (Cf. graphe n° 2).
Ceux qui subissent le plus d’impacts sont présentés dans le graphe n° 3.
Ces secteurs méritent toute l’attention pour un déconfinement.
Finances et Communication/ Transport des Transport hors Responsabilité en
IMPACT → Agriculture Commerce Pêche Construction Hébérgement Restauration Services Industrie
assurances information marchandises marchandises impacts
Agriculture 8 1 2 5 3 2 10 2 8 2 6 49
Commerce 3 5 7 5 1 2 8 5 7 3 8 54
Pêche 1 4 1 2 1 2 7 1 5 1 4 29
Construction 1 6 1 6 2 2 2 4 8 2 8 42
Finances et assurances 6 7 3 6 2 3 2 3 4 3 5 44
Communication/information 1 5 3 1 3 3 2 6 4 2 4 34
Hébérgement 2 4 2 2 2 1 2 3 3 2 2 25
Restauration 2 4 5 1 1 1 4 3 4 2 2 29
Services 2 5 2 4 5 4 3 3 5 4 5 42
Transport des marchandises 6 6 4 6 4 2 1 5 4 2 8 48
Transport hors marchandises 3 4 3 2 4 1 3 3 2 3 3 31
Industrie 6 6 3 6 6 4 3 4 7 7 2 54
Partage d'impact 33 59 32 38 43 22 28 48 40 58 25 55
Le choix des secteurs prioritaires pour un déconfinement a été fait sur la base d’une analyse
multicritère pour s’assurer que ceux sélectionnés représentent un fort potentiel en termes de
relance économique et qui sont susceptibles d’induire des impacts tangibles.
Cette analyse sert à prioriser les secteurs selon leur potentiel de déconfinement avec le moins de
risques. Elle vise à expliciter un ensemble cohérent de critères pour permettre de justifier le choix
des secteurs prioritaires.
Elle permet ainsi de comparer les secteurs sur une base méthodologique commune et objective et
de prioriser ceux qui se prêtent à un déconfinement.
Pour la réalisation de cette analyse, 15 critères d’évaluation ont été retenus.
Chaque critère a été subdivisé en sous-critères (Cf. matrice ci-dessous). Ces critères et sous-critères
ont été retenus dans une logique de cohérence et d’adaptabilité au contexte national et la situation
actuelle.
La proposition de ces critères, des sous-critères et leur pondération a nécessité un grand effort
intellectuel et conceptuel.
Très favorable :5
Favorable :4
Moyenne :3
Peu favorable :2
Défavorable :1
Très défavorable :0
L’analyse a concerné 12 secteurs et activités (nomenclature utilisée par la CNSS) et a permis
d’identifier les secteurs prioritaires pour un déconfinement ciblé et progressif.
Le secteur qui se prête à un déconfinement est celui qui une note la plus élevée. L’évaluation globale
est présentée dans le graphe ci-dessous.
156
144
124 120
113
93 90 86
76
58
44
39
1.1. Sup à 20 % 4 3 12
1.2. 10 ≤ n ≤ 20 % 3 2 6 2 6 4 12
1.3 5 ≤ n < 10 % 2 5 10 3 6 2 4
1.4 Inférieur à 5% 1 3 3 5 5 3 3 3 3 2 2
2. Nombre d'emploi global 10 20 20 6 9 4 3 6 2 6 6 12 3
2.1. Sup à 1 million 4 5 20 5 20 3 12 0
3. Financement 6 5 10 18 6 22 6 6 6 0 6 14 20 6
5.1 Plus de 15 % 4
5.2 10 ≤ n ≤ 15 % 3 5 15
5.3 5 ≤ n < 10 % 2 0 4 8
5.3 2 ≤ n < 5 % 1 3 3 3 3 3 3 3 3
5.3 Mois de 2 % 0 2 0 2 0 2 0 1 0 1 0 0 2 0
6. Nombre d'entreprises 10 6 16 0 16 4 0 6 6 9 6 6 3
6.1 Plus 30 000 4 4 16 4 16
Les règles instaurées et recommandées par les autorités compétentes (ministère de l’Intérieur
et ministère de la Santé…) doivent être maintenues :
Le déconfinement des secteurs et des activités doit être fait sur la base d’un certain nombre
de critères ciblés avec la possibilité de fixer quelques horizons.
Un comité interministériel est à mettre en place pour valider l’analyse multicritère proposée
(matrice ci-dessous avec éventuel développement d’autres critères ou sous-critères).
Pour le secteur industriel, cette matrice peut être utilisée (avec adaptation de quelques
critères) pour la sélection des sous-secteurs et des branches d’activités prioritaires (les
données dont je dispose sont assez génériques et globales et donc, ne permettent pas une
évaluation plus approfondie : données disponibles au ministère de l’Industrie).
Le comité proposera une première mouture d’un projet global de ciblage des secteurs et
activités à prioriser.
Le ministère de l’Industrie, en concertation avec les associations professionnelles
concernées, élaborera des guides de bonnes pratiques qui serviront de référence pour un
redémarrage économique progressif dans des conditions saines et sures pour tous les
citoyens.
Les autorités locales et le ministère de la santé auront un rôle déterminant pour le suivi du
risque épidémique.
Pour les secteurs et activités objet de déconfinement, les employeurs doivent mettre en
place les moyens de protection aux travailleurs : masques, respect des distances de sécurité
et des mesures d’hygiène...
III.1.3. Capitalisation sur les acquis des mesures prises
La batterie des mesures économiques prises par le Gouvernement au profit des entreprises
et des couches socialement vulnérables mérite toute l’admiration.
Le maintien de ces mesures pendant dans toute la période de confinement est à examiner
cas par cas :
Liste CNSS : la mesure d’appui stipule que tous les salariés déclarés en février, en arrêt
d'activité, d'une entreprise en difficulté, bénéficieront d'une indemnité forfaitaire mensuelle
de 2.000 dirhams, des allocations familiales et des prestations de l'assurance maladie. Cet
appui sera apporté par le Fonds spécial pour la gestion de la pandémie du coronavirus.
Cette mesure sera reconduite pour mai 2020 mais devrait être appliquée seulement aux
entreprises et activités en arrêt pour le mois de juin 2020.
Les données sur la couverture sociale (rapport d’activités 2018) et celles à consolider (enquête
HCP, enquête CGEM, données sur les aides en mois de mars – avril) doivent être exploitées
pour un meilleur ciblage de cette forme d’appui.
Liste Ramed : exploiter les données à propos des bénéficiaires de cette ligne d’appui. C’est
également une occasion pour la mise à jour de cette liste. Dans le monde rural et urbain,
plusieurs personnes non éligibles bénéficient de cette mesure.
L’exclusion des activités objet de déconfinement à partir du mois de juin est à étudier.
Préparation du lancement des commandes publiques et des appels d’offres avec veille sur la
transparence (Cf. note adressée par l’AMEDE à Monsieur le Chef du Gouvernement).
Fonds Zakat (par anticipation même de l’année prochaine) : à étudier. Ce fonds sera destiné
exclusivement au secteur de la santé avec des mécanismes de transparence. Ce fonds peut
être créé pour une période limitée afin de contribuer à la mise à niveau des infrastructures
hospitalières de notre pays.
Congé annuel : mécanismes à mettre en place pour la consommation d’une partie par les
fonctionnaires et également le secteur privé afin de se préparer à la relance en mois juillet-
septembre.
III.1.5. Services de la santé
L’épidémie a généré une pression sans précèdent sur les services de la santé, tant au niveau
de la médecine de première ligne que les hôpitaux.
Le ministère de la santé et les professionnels (médecins généralistes et spécialistes,
cliniques…) sont appelés à étudier, tout en continuant à offrir les meilleurs soins aux
personnes infectées par le Covid-19 et en élargissant graduellement et de façon sécurisée
l’accès aux soins de santé généraux et spécialisés.
Les cours à distance devraient être renforcés avec plus d’engagement de la part des
enseignants du secteur public et privé. Tout le corps des enseignants doit être mobilisé pour
relever ce défi.
Le ministère de l’Education nationale élaborera un plan de reprise progressive des cours
avec une réouverture dès le 25 mai.
La planification se fera par niveau et devra donner la priorité à ceux couverts par des
examens nationaux et régionaux.
Les autorités compétentes sont appelées à étudier l’allégement progressif des restrictions
liées aux déplacements et sorties des citoyens.
III.2. Phase de 2 : du 20 mai au 21 juin 2020
4. Les secteurs qui font l’objet de déconfinement seront accompagnés par d’autres
mesures :
Par exemple, dans le domaine de la construction, le certificat de déplacement doit porter
le nom du chantier, le lieu, le numéro d’autorisation, la signature du chef du chantier ou
du promoteur, le nom de l’ouvrier ou du cadre (avec n° CIN)…
A l’instar de la fiche utilisée pour les aides, le promoteur ou le chef du chantier (et
également le maalam pour les particuliers) intégrera les données à la fin de chaque
semaine sur les ouvriers mobilisés).
Ces données (sur les autres activités objet de déconfinement) peuvent être exploitées
pour :
Le suivi de l’état des activités par secteur et branche,
Les déplacements,
La comparaison avec les données de la CNCC, Ramed…
Ces données sont également de nature à aider dans la prise de décision par rapport aux
mesures de reprise des activités dans les entreprises, le bon fonctionnement des
transports publics, ou encore l'accompagnement des secteurs les plus impactés par le
confinement (restauration, hébergement, évènementiel, culture, tourisme…).
5. En milieu de travail (public ou privé), les mesures de protection doivent être mises en
place.
Veiller à se déplacer par ses propres moyens (motocycle, vélo, voiture, etc.) afin de
laisser la priorité aux personnes qui ont le plus besoin des transports en commun ;
Le recours au transport du personnel pour les industriels ;
Organiser les lignes de transport pour les bus (mettre à disposition plus de bus pour
les lignes les plus fréquentées).
8. Le ministère de l’Education nationale mettra en œuvre son plan de reprise des cours et
des examens.
Si les conditions sanitaires s’améliorent, l’Etat peut décider l’ouverture de toutes les activités
industrielles et commerciales avec quelques exceptions. Cette réouverture s’envisagera
impérativement sous conditions. Celles-ci seront définies en concertation avec les secteurs et
les autorités locales concernées.
Les exceptions concernent les professions impliquant des contacts physiques directs comme
les salons de coiffure.
L’ouverture des cafés et restaurants peut être examinée à la lumière de l’évolution de la
situation.
Les fêtes (mariages…) semblent des activités à risques si la situation n’est pas stabilisée.
Les autorités examineront également les modalités d’approvisionnement pour l’Aid Adha
(prévu le 31 juillet ou le 1er août).
Les modalités de réouverture éventuelle et progressive des restaurants, des hôtels et des
cafés. Ceci devra se faire sous des conditions strictes.
Les différentes activités estivales comme les voyages à l’étranger, les campings, les
attractions et les locations touristiques : une décision doit être prise d’ici le 21 juin 2020.
L’autorisation de l’organisation des événements de masse de type « festivals ».