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Royaume du Maroc

FEUILLE DE ROUTE POUR Quelques pistes


de réflexion
LE DECONFINEMENT…

Par Hassan CHOUAOUTA Rabat, le 03 mai 2020


Expert en développement stratégique et durable
Directeur de bureau d’études en conseil stratégique (Impact Plus)
Président de l’association AMEDE (www.amede-maroc.ma)
Membre fondateur du groupe de compétences dans le domaine de
développement durable
Email : chouaouta@gmail.com
Table des matières

I. Contextualisation .......................................................................................................................2

II. Déconfinement économique et secteurs prioritaires .............................................................3

II.1. Analyse des impacts et interactions sectorielles .........................................................4

II.2. Analyse multicritères des secteurs ..............................................................................7

III. Mesures et étapes de déconfinement ................................................................................... 12

III.1. Phase de préparation - d’ici le 20 mai 2020 ..............................................................12

III.1.1. Les règles qui resteront en vigueur : ...................................................................12

III.1.2. Le déconfinement économique : secteurs prioritaires ........................................12

III.1.3. Capitalisation sur les acquis des mesures prises ..................................................13

III.1.4. L’appui économique (ménages et activités) ........................................................13

III.1.5. Services de la santé .............................................................................................14

III.1.6. De la reprise de l’enseignement ..........................................................................14

III.1.7. De l’allégement des restrictions sociales .............................................................14

III.2. Phase de 2 : du 20 mai au 21 juin 2020 ....................................................................14

III.3. Phase de 3 : du 22 juin au 22 juillet 2020 .................................................................16

III.4. Phase 4 : après le 22 juillet .......................................................................................16


I. Contextualisation

Le confinement instauré par le Gouvernement et les autorités publiques au moment


opportun a permis d’éviter le pire : selon le ministre de la santé, au moins 6000 vies ont été
sauvées grâce aux mesures prises pour faire face à la propagation de cette pandémie.
Les mesures de résistance prises sont nécessaires et urgentes mais ne peuvent pas s’inscrire
dans la durabilité (2 à 4 mois au maximum). La prolongation de l’état d’urgence jusqu’au 20
mai 2020 aura sans doute des répercussions économiques.
La batterie des mesures économiques prises par le Gouvernement au profit des entreprises
(fiscales, échelonnement des crédits…) et des couches socialement vulnérables (avec ou
sans Ramed…) est louable et mérite toute l’admiration.
Ces mesures de résistance sont nécessaires et urgentes mais ne peuvent pas s’inscrire dans
la durabilité (2 à 4 mois au maximum). La prolongation de l’état d’urgence en 20 mai 2020
aura sans doute des répercussions économiques.
Si le Maroc a gagné la première ronde, ou limité au moins les conséquences (notamment en
termes de limitation de la pandémie et de gestion sanitaire de la situation), la deuxième
semble difficile et complexe. En effet, elle mérite d’être pensée et ses axes de résistance ou
de secours doivent être bien identifiés.
Dans le contexte actuel, tous les efforts devraient être centrés sur la stabilisation de
l’économie en puisant dans les ressources le plus intelligemment possible.
Le déconfinement économique est une partie de la solution et devrait être progressif et
concerté puisqu’il est aberrant de penser que le retour à la normale soit dans les mois
proches.
Ce déconfinement économique devrait être préparé et accompagné par d’autres mesures
liées notamment à la santé, la sécurité, l’aide sociale…
La présente note propose quelques pistes et actions pour la feuille de déconfinement. Ladite
note n’a pas prétention d’aboutir un plan d’actions exhaustif et détaillé, mais plutôt de
fournir sur la base des analyses que nous avons effectuées quelques exemples et modèles
d’actions et qui peuvent être développées et approfondies par les parties prenantes
concernées.
Elle tente d’apporter quelques éclairages sur les secteurs prioritaires pour un
déconfinement ciblé, progressif et présentant moins de risques sanitaires et économiques.
A travers cette contribution, je remplis ma fonction positive dans ce contexte difficile en
soumettant l’analyse objet de cette note (avec les données disponibles) à un débat collectif
et participation des autorités et organismes à prétention économique, scientifique, sociale
et sécuritaire et des experts, surtout stratèges et économiques.
Il est à préciser que le déconfinement graduel et ciblé ne peut être envisagé que si les
indicateurs liés à la pandémie sont encourageants – tels que la diminution du nombre
d’hospitalisations journalières ou l’aplatissement de la courbe des décès liés au virus.
La non disponibilité d’un vaccin efficace implique que le virus sera toujours parmi nous dans
les prochains mois ce qui présente un risque pour la population.
Les mesures strictes de confinement sont maintenues jusqu’au 20 mai. Cependant, il est
temps d’entamer la réflexion sur le processus de déconfinement.
Evidemment, l’élargissement du testing et du tracing jouera un rôle prépondérant pour
assurer le déconfinement dans les meilleures conditions possibles.
Le dépistage doit être disponible à toutes les personnes qui présentent des symptômes de
contamination, celles exposées au virus de par leur profession et les personnes exposées au
virus après un contact intense avec une personne infectée.

II. Déconfinement économique et secteurs prioritaires

En cette période de crise générale, la réponse à apporter doit tenter d’atténuer les impacts
sur les secteurs prioritaires tels que l’agriculture, l’agroalimentaire, le transport et le
commerce extérieur par rapport aux importations vitales à l’économie marocaine.
L’enjeu est d’assurer une résistance, une continuité de création de valeur tout en empêchant
qu’un secteur soit détaché du corps économique. Pour ainsi dire, la priorité doit être donnée
aux secteurs vitaux dont la santé touche directement toute l’activité marocaine, tout en
protégeant ceux émargés d’un chaos.
Il est important de comprendre qu’une économie est un tissu arborescent et entrelié, avec
des points et axes principaux et d’autres secondaires qui sont à leur tour vitaux pour une
micro-économie, et ainsi de suite.
Un impact très négatif généré par un secteur marginalisé peut devenir problématique pour
la continuité d’autres, et ce, indirectement.
A cet effet, il est primordial de s’assurer que le circuit économique ne manque point de
liquidités et ce, en faisant en sorte que toutes les stratégies au court et moyen terme soient
au profit de la circulation des fonds et le maintien des flux commerciaux microscopiques
entre les différents citoyens afin que chacun puisse s’assurer son équilibre.
La logique stipule que ce rythme de production implique un besoin de consommer nos
réserves, ceci dit, la priorité doit également œuvrer de façon à ce que les capitaux ne soient
ni bloqués ni exportés.
Puisqu’un nombre très important de travailleurs ne pourra résister très longtemps au
confinement : nature de travail qui nécessite le contact ou le déplacement, il est impératif
de sensibiliser la société que cette situation de crise ne peut être théoriquement dépassée
que si tous les citoyens sont vaccinés, et que la situation post-crise ne peut être
théoriquement dépassée que lorsque l’économie aura repris et récupéré.
Le Maroc doit impérativement, éviter de sous-estimer cette épidémie et les répercussions
de la résistance que nous vivons aujourd’hui.
Les grands chantiers de relance économique doivent être initiés dans les meilleurs délais.
Pour le déconfinement économique, nous avons mené une analyse qui apporte quelques
éclairages sur les secteurs prioritaires.
L’analyse a été faite e deux étapes :
1. La première porte sur une évaluation globale des impacts et des interactions
sectorielles : liens et causes à effets entre les secteurs (Cf. graphes ci-dessous);

2. La deuxième est une analyse multicritère approfondie des secteurs et activités.

II.1. Analyse des impacts et interactions sectorielles

Les impacts et les inerties sur les dynamiques sectorielles sont synthétisés dans les graphes
ci-dessous. Ils présentent un cadre théorique permettant de voir comment les secteurs
s’impactent mutuellement.
L’approche consiste à donner une notation (de 1 à 10) à un secteur selon son impact et son
interaction avec les autres secteurs (Cf. figure 1).
Les secteurs générant le plus d’impact sont ceux qui ont le nombre de points le plus élevé
(partage d’impacts) : le commerce, l’industrie, l’agriculture, le transport des marchandises,
les finances, la construction et les services (Cf. graphe n° 2).
Ceux qui subissent le plus d’impacts sont présentés dans le graphe n° 3.
Ces secteurs méritent toute l’attention pour un déconfinement.
Finances et Communication/ Transport des Transport hors Responsabilité en
IMPACT → Agriculture Commerce Pêche Construction Hébérgement Restauration Services Industrie
assurances information marchandises marchandises impacts
Agriculture 8 1 2 5 3 2 10 2 8 2 6 49
Commerce 3 5 7 5 1 2 8 5 7 3 8 54
Pêche 1 4 1 2 1 2 7 1 5 1 4 29
Construction 1 6 1 6 2 2 2 4 8 2 8 42
Finances et assurances 6 7 3 6 2 3 2 3 4 3 5 44
Communication/information 1 5 3 1 3 3 2 6 4 2 4 34
Hébérgement 2 4 2 2 2 1 2 3 3 2 2 25
Restauration 2 4 5 1 1 1 4 3 4 2 2 29
Services 2 5 2 4 5 4 3 3 5 4 5 42
Transport des marchandises 6 6 4 6 4 2 1 5 4 2 8 48
Transport hors marchandises 3 4 3 2 4 1 3 3 2 3 3 31
Industrie 6 6 3 6 6 4 3 4 7 7 2 54
Partage d'impact 33 59 32 38 43 22 28 48 40 58 25 55

Figure n°1 : Impacts intersectorielles


Figure n° 2 : Secteurs générant le plus d’impacts

Figure n° 3 : Secteurs co-subissant les plus d’impacts


II.2. Analyse multicritères des secteurs

Le choix des secteurs prioritaires pour un déconfinement a été fait sur la base d’une analyse
multicritère pour s’assurer que ceux sélectionnés représentent un fort potentiel en termes de
relance économique et qui sont susceptibles d’induire des impacts tangibles.
Cette analyse sert à prioriser les secteurs selon leur potentiel de déconfinement avec le moins de
risques. Elle vise à expliciter un ensemble cohérent de critères pour permettre de justifier le choix
des secteurs prioritaires.
Elle permet ainsi de comparer les secteurs sur une base méthodologique commune et objective et
de prioriser ceux qui se prêtent à un déconfinement.
Pour la réalisation de cette analyse, 15 critères d’évaluation ont été retenus.

1. Nombre de déclarés à la CNSS


Ce critère vise à évaluer le secteur selon le nombre de déclarés à la CNSS. Les données clés du
rapport d’activités de la CNSS pour l’année 2018 ont été exploitées ce classement
(répartition des déclarés par secteur en nombre et en pourcentage).
2. Nombre global d’emploi
Ce critère reflète l’importance du secteur en termes d’emploi. Des investigations ont été menées
pour rechercher le nombre d’emploi par secteur (bases de données officielles : ministères et
association professionnelles.
3. Système de financement
Ce critère se rapporte aux moyens et ressources financières mobilisés ou mobilisables au profit du
secteur : i) l’existence d’un fonds dédié, ii) l’existence d’un programme d’appui par l’état mais
aussi à iii) des financements internationaux et effets catalyseurs ou d'entrainement.
4. Contribution à la création de la richesse
Il s’agit d’évaluer l’importance du secteur dans l’économie nationale notamment à travers sa
contribution au PIB national.
5. Part du secteur dans les exportations
Il s’agit d’évaluer l’importance du secteur à travers sa contribution aux exportations (en valeur
ajoutée).
6. Nombre d’entreprises dans le secteur
Ce critère se rapporte au nombre d’entreprises actives dans le secteur concerné. Les données du
HCP, de la CNSS, du ministère de l’Industrie et des études sectorielles (toutes officielles) ont été
exploitées pour ce classement.
7. Effectif par entreprise (moyenne)
Idem pour le critère n° 6, des investigations ont menées pour le nombre d’employés par entreprise
dans le secteur concerné.
8. Milieu de travail
La distinction a été faite selon le milieu de travail. Un milieu ouvert (air libre) est mieux noté et se
prête mieux à un déconfinement : agriculture, pêche, construction dans les chantiers…
9. Possibilité de travailler en shift
Ce critère se rapporte à la possibilité de maintenir l’activité avec des shifts (sessions de travail)
exceptionnels ou deux shifts pour favoriser les conditions du strict respect de la sécurité et de
distanciation.
10. Possibilité de fonctionnement / capacité
Ce critère porte sur la possibilité de fonctionnement de l’activité ou du secteur en sous capacités :
moins de 25%, 50 à 75 %...
11. Mesures de distanciation et de prévention
Ce critère vise à évaluer si le secteur ou l’activité se prête à la mise en place des mesures de
distanciation et de prévention (facilement réalisable, faisable avec quelques contraintes ou difficile
à mettre en œuvre).
12. Ressources et matière premières
Une évaluation des secteurs a été menée sur la base de la disponibilité locale de la matière
première pour son fonctionnement ou de son dépendance étrangère (importation).
13. Secteurs nécessitant les contacts physiques
Il s’agit dans ce critère d’évaluer si le secteur concerné nécessite des contacts massifs (souk par
exemple) ou peu de contacts / maitrisés (transport des marchandises).
14. Dépendance saisonnière de la valeur ajoutée du secteur
Ce critère vise à évaluer si la valeur ajoutée du secteur dépend des saisons du printemps et de l’été
(besoin d’interventions urgentes).
15. Urgence pour le maintien dans un état de confinement
Ce critère porte l’évaluation de l’urgence (selon le degré d’urgence) pour le maintien de l’activité
dans le secteur concerné dans un état de confinement : agriculture, commerce…

Chaque critère a été subdivisé en sous-critères (Cf. matrice ci-dessous). Ces critères et sous-critères
ont été retenus dans une logique de cohérence et d’adaptabilité au contexte national et la situation
actuelle.

La proposition de ces critères, des sous-critères et leur pondération a nécessité un grand effort
intellectuel et conceptuel.

Pour la pondération des critères la formule suivante a été utilisée : N = PI x Ni

N - représente la note attribuée à chaque critère et sous critère ;

PI - représente le poids donné au critère : 15 critères cités dans la matrice,

Ni - représente la pondération des sous critères – une note de 0 à 5 :

Très favorable :5
Favorable :4
Moyenne :3
Peu favorable :2
Défavorable :1
Très défavorable :0
L’analyse a concerné 12 secteurs et activités (nomenclature utilisée par la CNSS) et a permis
d’identifier les secteurs prioritaires pour un déconfinement ciblé et progressif.
Le secteur qui se prête à un déconfinement est celui qui une note la plus élevée. L’évaluation globale
est présentée dans le graphe ci-dessous.

Classement des secteurs pour un déconfinement selon l'urgence et le risque

156
144

124 120
113

93 90 86
76
58
44
39

Figure 4 : Classement des secteurs pour le déconfinement


Sur la base de cette analyse, les secteurs prioritaires pour un déconfinement sont :
1. L’agriculture,
2. L’industrie,
3. Le commerce,
4. Le transport des marchandises,
5. La construction,
6. Les finances et assurances,
7. Et les services.

Le détail de l’évaluation multicritère est présenté dans le tableau ci-dessous.


Les mesures organisationnelles à mettre en place pour le déconfinement de chaque secteur doivent
être élaborées et concertées avec les parties prenantes concernées.
Tableau 1 : Analyse multicritères
Secteur / activités Finances et Communication/i
Agriculture Commerce Pêche Construction Hébérgement Resturation Services Transport Industrie Autres
assurances nformation
Critères d'évaluation / pondération Pi Ni Pi x Ni Ni Pi x Ni Ni Pi x Ni Ni Pi x Ni Ni Pi x Ni Ni Pi x Ni Ni Pi x Ni Ni Pi x Ni Ni Pi x Ni Ni Pi x Ni Ni Pi x Ni Ni Pi x Ni
1. Nombre de déclarés à la CNSS 10 6 10 6 3 5 3 3 2 12 6 12 4

1.1. Sup à 20 % 4 3 12

1.2. 10 ≤ n ≤ 20 % 3 2 6 2 6 4 12

1.3 5 ≤ n < 10 % 2 5 10 3 6 2 4

1.4 Inférieur à 5% 1 3 3 5 5 3 3 3 3 2 2
2. Nombre d'emploi global 10 20 20 6 9 4 3 6 2 6 6 12 3
2.1. Sup à 1 million 4 5 20 5 20 3 12 0

2.2. 500 000 ≤ n ≤ 1 million 3 3 9


2.3. 100 000 ≤ n < 500 000 2 3 6 3 6 0 3 6 3 6
2.4. moins de 100 000 1 4 4 3 3 2 2 0 3 3

3. Financement 6 5 10 18 6 22 6 6 6 0 6 14 20 6

3.1. Existence d'un fonds dédié 2 5 10 3 6 2 4 4 8 3 6 4 8


3.2. Existence d'un programme ou plan de financement de
l'Etat 2 0 3 6 1 2 4 8 3 6 2 4 3 6

3.3. Existence des financements internationaux et effets 2 3 6 3 6 3 6 3 6 0 3 6 2 4 3 6 3 6


cataliseurs ou d'entrainement
4. Contribution au PIB 10 12 8 0 8 0 0 3 2 6 8 20 0
4.1 Plus de 15 % 4 5 20
4.2 10 ≤ n ≤ 15 % 3 4 12
4.3 5 ≤ n < 10 % 2 4 8 4 8 3 6 4 8
4.3 2 ≤ n < 5 % 1 3 3 2 2
4.3 Mois de 2 % 0 2 0 2 0 2 0 2 0
5. Part dans les exportations 10 15 3 3 0 0 0 0 0 3 3 8 0

5.1 Plus de 15 % 4
5.2 10 ≤ n ≤ 15 % 3 5 15
5.3 5 ≤ n < 10 % 2 0 4 8

5.3 2 ≤ n < 5 % 1 3 3 3 3 3 3 3 3
5.3 Mois de 2 % 0 2 0 2 0 2 0 1 0 1 0 0 2 0
6. Nombre d'entreprises 10 6 16 0 16 4 0 6 6 9 6 6 3
6.1 Plus 30 000 4 4 16 4 16

6.2 10000 ≤ n <30000 3 3 9


6,3 5000 ≤ n < 10 000 2 3 6 3 6 3 6 0 3 6 3 6 0
6,4 1000 ≤ n < 5000 1 0 4 4 0 0 0 0 3 3
6,5 moins de 1000 0 2 0 0 0 3 0 0 0 0 0 0
7. Effectif par entreprise (moyenne) 7 3 0 3 3 8 3 3 0 3 8 0 0
7.1 moins de 10 0 0 3 0 0 0 0 0 4 0 0 0 3 0 3 0
7.2 10 ≤ n < 50 1 3 3 0 3 3 3 3 3 3 3 3 0 3 3 0 0 0
7.3 50 ≤ n <100 2 0 0 0 0 4 8 0 0 0 0 4 8 0 0
7.4 Plus 100 4 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0
8. Milieu de travail 2 10 6 10 8 0 0 0 0 4 8 8 0
8.1 Espace ouvert ( air libre) 2 5 10 3 6 5 10 4 8 0 0 0 0 2 4 4 8 4 8 0
8.2 Espace confiné (fermé) 0 0 0 0 0 5 0 3 0 3 0 3 0 0 0 0 3 0
9. Possibilité de travailler en groupe (shift) 6 8 2 5 4 10 9 6 6 3 6 10 3
9.1. Une seule équipe 1 0 0 5 5 4 4 0 0 0 3 3 0 3 3
III. Mesures et étapes de déconfinement

Les phases proposées dépendent de l’évolution de la situation sanitaire du pays.

III.1. Phase de préparation - d’ici le 20 mai 2020

III.1.1. Les règles qui resteront en vigueur :

Les règles instaurées et recommandées par les autorités compétentes (ministère de l’Intérieur
et ministère de la Santé…) doivent être maintenues :

 Déplacements avec autorisations ;


 Limitation des contacts entre personnes ;
 Obligation du port des masques ;
 Respect des distances de sécurité ;
 Réflexes adéquats en matière d’hygiène, appelés aussi « gestes-barrières ».

Sur le plan communication, il serait souhaitable de concevoir des capsules chocs : un


témoignage de 2 min d’une personne ayant contaminé un des membres de sa famille et a
abouti à son décès.

III.1.2. Le déconfinement économique : secteurs prioritaires

Le déconfinement des secteurs et des activités doit être fait sur la base d’un certain nombre
de critères ciblés avec la possibilité de fixer quelques horizons.
Un comité interministériel est à mettre en place pour valider l’analyse multicritère proposée
(matrice ci-dessous avec éventuel développement d’autres critères ou sous-critères).
Pour le secteur industriel, cette matrice peut être utilisée (avec adaptation de quelques
critères) pour la sélection des sous-secteurs et des branches d’activités prioritaires (les
données dont je dispose sont assez génériques et globales et donc, ne permettent pas une
évaluation plus approfondie : données disponibles au ministère de l’Industrie).
Le comité proposera une première mouture d’un projet global de ciblage des secteurs et
activités à prioriser.
Le ministère de l’Industrie, en concertation avec les associations professionnelles
concernées, élaborera des guides de bonnes pratiques qui serviront de référence pour un
redémarrage économique progressif dans des conditions saines et sures pour tous les
citoyens.
Les autorités locales et le ministère de la santé auront un rôle déterminant pour le suivi du
risque épidémique.
Pour les secteurs et activités objet de déconfinement, les employeurs doivent mettre en
place les moyens de protection aux travailleurs : masques, respect des distances de sécurité
et des mesures d’hygiène...
III.1.3. Capitalisation sur les acquis des mesures prises

L’effort déployé en termes de confinement est à consolider et à ne pas remettre en cause


par un retour trop précipité à l’état normal.
Les prochaines étapes (déconfinement partiel, sectoriel ou même régional) doivent être
bien planifiées (avec analyse de tous les risques pour chaque mesure).
Le comité interministériel peut s’appuyer notamment sur les données des aides apportées
par le Gouvernement (CNSS, Ramed et non Ramed).
Ces données doivent être consolidées : situation familiale, secteurs et branches d’activités,
répartition régionale… (un registre est à concevoir : base de données avec une application
facilitant le traitement).

III.1.4. L’appui économique (ménages et activités)

La batterie des mesures économiques prises par le Gouvernement au profit des entreprises
et des couches socialement vulnérables mérite toute l’admiration.
Le maintien de ces mesures pendant dans toute la période de confinement est à examiner
cas par cas :
Liste CNSS : la mesure d’appui stipule que tous les salariés déclarés en février, en arrêt
d'activité, d'une entreprise en difficulté, bénéficieront d'une indemnité forfaitaire mensuelle
de 2.000 dirhams, des allocations familiales et des prestations de l'assurance maladie. Cet
appui sera apporté par le Fonds spécial pour la gestion de la pandémie du coronavirus.

Cette mesure sera reconduite pour mai 2020 mais devrait être appliquée seulement aux
entreprises et activités en arrêt pour le mois de juin 2020.

Les données sur la couverture sociale (rapport d’activités 2018) et celles à consolider (enquête
HCP, enquête CGEM, données sur les aides en mois de mars – avril) doivent être exploitées
pour un meilleur ciblage de cette forme d’appui.

Pour rappel (rapport CNSS précité) :


 Nombre d’entreprises affiliées : 234 000;
 Nombre de salariés déclarés : 3,74 millions ;
 62 % des entreprises déclarés ont moins de 4 salariés ;
 86 % des entreprises déclarés ont moins de 10 salariés ;
 Les entreprises déclarant plus de 10 salariés ne représentent que 14 %.

Liste Ramed : exploiter les données à propos des bénéficiaires de cette ligne d’appui. C’est
également une occasion pour la mise à jour de cette liste. Dans le monde rural et urbain,
plusieurs personnes non éligibles bénéficient de cette mesure.
L’exclusion des activités objet de déconfinement à partir du mois de juin est à étudier.

Préparation du lancement des commandes publiques et des appels d’offres avec veille sur la
transparence (Cf. note adressée par l’AMEDE à Monsieur le Chef du Gouvernement).
Fonds Zakat (par anticipation même de l’année prochaine) : à étudier. Ce fonds sera destiné
exclusivement au secteur de la santé avec des mécanismes de transparence. Ce fonds peut
être créé pour une période limitée afin de contribuer à la mise à niveau des infrastructures
hospitalières de notre pays.
Congé annuel : mécanismes à mettre en place pour la consommation d’une partie par les
fonctionnaires et également le secteur privé afin de se préparer à la relance en mois juillet-
septembre.
III.1.5. Services de la santé

L’épidémie a généré une pression sans précèdent sur les services de la santé, tant au niveau
de la médecine de première ligne que les hôpitaux.
Le ministère de la santé et les professionnels (médecins généralistes et spécialistes,
cliniques…) sont appelés à étudier, tout en continuant à offrir les meilleurs soins aux
personnes infectées par le Covid-19 et en élargissant graduellement et de façon sécurisée
l’accès aux soins de santé généraux et spécialisés.

III.1.6. De la reprise de l’enseignement

Les cours à distance devraient être renforcés avec plus d’engagement de la part des
enseignants du secteur public et privé. Tout le corps des enseignants doit être mobilisé pour
relever ce défi.
Le ministère de l’Education nationale élaborera un plan de reprise progressive des cours
avec une réouverture dès le 25 mai.
La planification se fera par niveau et devra donner la priorité à ceux couverts par des
examens nationaux et régionaux.

III.1.7. De l’allégement des restrictions sociales

Les autorités compétentes sont appelées à étudier l’allégement progressif des restrictions
liées aux déplacements et sorties des citoyens.
III.2. Phase de 2 : du 20 mai au 21 juin 2020

1. Les règles de base citées ci-dessus seront reconduites (Cf. III.1.1).

2. Le Gouvernement, les autorités compétentes et les professionnels travailleront


ensemble afin de procurer à chaque personne autorisée à se déplacer au moins une
protection en tissu normé.
Avec près de 7.6 millions de ménages et les personnes autorisées à travailler
(administrations, services, secteurs visés par le déconfinement), le nombre de masques
à mettre sur le marché national est de 7 à 9 millions par jour (on suppose qu’une partie
des marocains utilisera un masque une fois tous les deux jours).
Les masques chirurgicaux réservés aux professionnels de soins de santé devront être
disponibles en quantité nécessaire.
3. Le télétravail reste la règle. Il sera permis de pallier l’impossibilité de respecter les
distances de sécurité par le biais du respect d’une série de recommandations sanitaires,
dont le port du masque.

4. Les secteurs qui font l’objet de déconfinement seront accompagnés par d’autres
mesures :
Par exemple, dans le domaine de la construction, le certificat de déplacement doit porter
le nom du chantier, le lieu, le numéro d’autorisation, la signature du chef du chantier ou
du promoteur, le nom de l’ouvrier ou du cadre (avec n° CIN)…
A l’instar de la fiche utilisée pour les aides, le promoteur ou le chef du chantier (et
également le maalam pour les particuliers) intégrera les données à la fin de chaque
semaine sur les ouvriers mobilisés).

Ces données (sur les autres activités objet de déconfinement) peuvent être exploitées
pour :
 Le suivi de l’état des activités par secteur et branche,
 Les déplacements,
 La comparaison avec les données de la CNCC, Ramed…

Ces données sont également de nature à aider dans la prise de décision par rapport aux
mesures de reprise des activités dans les entreprises, le bon fonctionnement des
transports publics, ou encore l'accompagnement des secteurs les plus impactés par le
confinement (restauration, hébergement, évènementiel, culture, tourisme…).

5. En milieu de travail (public ou privé), les mesures de protection doivent être mises en
place.

6. Maintenir et renforcer la communication sur le COVID-19 : l’intérêt du respect des


distances de sécurité et des mesures d’hygiène.

7. Transport en commun (bus et transport personnel) : le déconfinement de quelques


secteurs ou activités engendra inévitablement une hausse de l’usage des transports en
commun. Pour maitriser les risques, il est conseillé de :

 Veiller à se déplacer par ses propres moyens (motocycle, vélo, voiture, etc.) afin de
laisser la priorité aux personnes qui ont le plus besoin des transports en commun ;
 Le recours au transport du personnel pour les industriels ;
 Organiser les lignes de transport pour les bus (mettre à disposition plus de bus pour
les lignes les plus fréquentées).

8. Le ministère de l’Education nationale mettra en œuvre son plan de reprise des cours et
des examens.

9. Allégement des restrictions des déplacements :


 Les déplacements entre villes sont soumis à autorisation ;
 Les citoyens sont autorisés à exercer la marche et les activités sportives mais
individuellement ou à de deux au maximum (à des horaires qui peuvent être fixés :
6h à 10 h par exemple);
 Autoriser la présence des personnes aux enterrements (directement dans les
cimetières) ;
 Réouverture des grandes mosquées (possibilité de distanciation /cette disposition
est assujettie à une décision du ministère de tutelle après avis du Conseil des
Oulemas : la prière peut commencer directement après l’appel (‫لذان‬ ‫; )ا ا‬
 Autoriser les sorties des enfants avec leurs parents (avec prise de toutes les mesures
de distanciation) ;

10. La fermeture de quelques lieux et l’interdiction de quelques activités sont,


malheureusement, à maintenir :
 Mariages et fêtes ;
 Salles de sport ;
 Meeting et conférences (plus de 20 personnes) ;
 Cafés et restaurants,
 Etc.
III.3. Phase de 3 : du 22 juin au 22 juillet 2020

Si les conditions sanitaires s’améliorent, l’Etat peut décider l’ouverture de toutes les activités
industrielles et commerciales avec quelques exceptions. Cette réouverture s’envisagera
impérativement sous conditions. Celles-ci seront définies en concertation avec les secteurs et
les autorités locales concernées.

Les exceptions concernent les professions impliquant des contacts physiques directs comme
les salons de coiffure.
L’ouverture des cafés et restaurants peut être examinée à la lumière de l’évolution de la
situation.
Les fêtes (mariages…) semblent des activités à risques si la situation n’est pas stabilisée.
Les autorités examineront également les modalités d’approvisionnement pour l’Aid Adha
(prévu le 31 juillet ou le 1er août).

III.4. Phase 4 : après le 22 juillet

Pour cette phase, plusieurs points devront être examinés :

 Les modalités de réouverture éventuelle et progressive des restaurants, des hôtels et des
cafés. Ceci devra se faire sous des conditions strictes.
 Les différentes activités estivales comme les voyages à l’étranger, les campings, les
attractions et les locations touristiques : une décision doit être prise d’ici le 21 juin 2020.
 L’autorisation de l’organisation des événements de masse de type « festivals ».

‫وهللا خير حافظا وهو ارحم الراحمين‬

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