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Fiche n° 1 : introduction aux institutions européennes

I. La notion d’institutions européennes

A. Définition d’institution

Institution = établies par la volonté humaine dans un but donné. Possède une certaine permanence (EX d’un
Etat établi par une constitution et permanent puisque stable).
Institution juridique = réalités établies par le droit au service d’une finalité spécifique. Institutions mécaniques 1
(groupe de règles) ≠ institutions organismes (groupements, organisations).
Dans l’ordre international : traité entre états pour remplir une ou plusieurs fonctions internationales.

Organisation internationale = association d’état constituée par traité dotée d’une constitution et d’un organe
commun. Elle possède une personnalité juridique distincte des Etats membres. C’est un sujet de droit dérivé, ou
secondaire (primaire ou originaire = Etat).

Organisations universelle (tous les Etats peuvent y participer) ≠ régionales (pas tous les Etats)
Organisations internationales générales (plusieurs domaines d’activité) ≠ organisations internationales sectorielles (un
domaine spécifique)
Organisations de coopération intergouvernementale ≠ intégration supranationale

B. Définition d’Européen

Approche géographique = continent Europe



Approche fonctionnelle = pays pouvant être hors Europe mais traitant de questions sur le continent européen

II. Histoire

A. Les premiers projets ambitieux d’organisation de l’Europe

L’idée d’organisation européenne remonte à plusieurs siècles (empire romain, empire carolingien, empire
napoléonien et IIIème Reich) par une unification du continent par la violence.

Au Moyen-âge, forme d’unification par la formation de grandes université avec une sorte de conscience
européenne (même programme, même langue, même manière d’enseigner). Sully propose de diviser l’Europe en 15
Etats de force égale pour éviter la domination de l’un sur l’autre et prévoit à leur tête un conseil de représentant aux
pouvoirs d’arbitre et une armée européenne pour régler les litiges. Montesquieu, Voltaire, Kant ont évoqué l’unification
européenne, de même que Victor Hugo ou le Comte de Saint-Simon.

B. Des concrétisations initialement très circonscrites : les commissions fluviales

Les commissions fluviales son les premières organisations européennes notables. Elles ont un caractère
purement technique et règlent le trafic fluvial et les problèmes qui y sont liés. La convention de Mannheim de 1821
instaure la seule commission fluviale qui subsiste et gère le passage sur le Rhin.

Les premières organisations universelles sont le télégraphe et la poste

C. L’institutionnalisation du continent européen après la seconde guerre mondiale

A l’issue de la première guerre mondiale, la création d’une Europe unie s’avère nécessaire. Le Comte
Coudenhove-Kalergi préconise la création d’une pan-Europe qui veut favoriser l’interdépendance technique pour
permettre l’interdépendance politique.

En Septembre 1929, le président du conseil Aristide Briand préconise la mise en place d’un lien fédéral entre
les états européens qui échouera à cause du mot fédéral qui veut dire perte de souveraineté. A la fin de la seconde
guerre mondiale on remet au goût du jour l’idée d’une Europe unie par la paix et les droits de l’homme. Deux facteurs
permettent cette prise de conscience : le cas de l’Allemagne à museler de l’intérieur et le schéma bipolaire de la
guerre froide qui coupe l’Europe en 2.
Les organisations européennes prolifèrent et s’unissent (ONU en 1945, UNESCO en 1946, GATT (ancêtre de
l’OMC) en 1947…).

Des organisations sectorielles se développent dans chaque camp avec l’UEO et l’OTAN ainsi que des
organisations politiques comme la Convention Européenne des Droits de l’Homme (1949) et économique comme
l’OECE (1948) devenue OCDE. Plus tard on ajoute les communautés européennes : la CECA (1951), la CEE et
EURATOM (1957).

Dans le bloc de l’Est, le COMECON est le reflet de l’OECE. Le CAEM veut coordonner l’économie des états
membres et l’économique planifiée sur le fondement de la logique de division du travaille. 2

D. Le grand chambardement

L’URSS, en 1988, grâce à Gorbatchev évolue sur les plans politique, économique et idéologique. L’URSS se
désengage progressivement de ses pays satellites en révisant le pacte de Varsovie en Juillet 1989. Cette révision
permet aux états de choisir leur structure et empêche les autres états de s’ériger en juge ou arbitre. Les pays satellites
s’engagent dans la voie de la libéralisation et de la démocratisation :

La Pologne en Juin 1989 donne la majorité au syndicat Solidarnosc qui devient le premier chef du
gouvernement non communiste en Aout 1989.
La Hongrie en Octobre 1989 voit le parti socialiste de rénover à tel point qu’il meurt et renait de ses
cendre. En 1990 un gouvernement libéral est élu par des élections démocratiques
9 Octobre 1989 = chute du mur de Berlin puis 3 Octobre 1990 = réunification de l’Allemagne
Décembre 1989 : un opposant à l’ancien régime, Vaclav Avel devient président de Tchécoslovaquie
Décembre 1989 : Ceausescu meurt dans une rébellion sanglante en Roumanie

Dans tous ces cas, la démocratisation permet la mise en place du multipartisme politique, d’élection libre et
l’évolution vers une économie de marché, c’est la libéralisation économique.

Les pays satellites de l’URSS se renomment PECO, le COMECON et le pacte de Varsovie disparaissent le 28
Juin 1991 et en Juillet 1991 ce qui provoque la chute de l’URSS. Après cette chute se crée la CEI sur de nouvelles
bases politico-économiques qui regroupe les pays de l’Est. D’autres organisation comme le conseil des Etats de la mer
Baltique créé en 1992 regroupe 11 Etat d’Est et Ouest et permet la coopération économique, commerciale, politique,
environnementale, de santé publique. L’organisation de coopération économique de la mer noire est créée en 1992
grâce à la Turquie pour développer les échanges commerciaux et culturels de la région mais certains de ses Etats sont
en conflit.

L’OTAN perd sa raison d’être puisque le bloc soviétique a disparu mais se recycle. Les communautés
européennes se transforment en Union Européenne en 1992. La CSCE créée en 1975 et qui réunit les pays des deux
blocs pour la détente se transforme en OSCE (Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe). C’est ainsi
qu’on aboutit au schéma actuel.

III. Présentation des organisations européennes en fonction de leur nature juridique

Les organisations européennes sont très diverses :

Composition : micro-organisation (Benelux) et méga-organisations (OSCE à 57 états membres)


Structure organique : très étoffée (UE) ou très peu institutionnalisée (AELE)
Compétence : limitée à ce que les Etats membres acceptent de leur connaître, c’est l’aptitude
juridique à intervenir dans tel ou tel domaine. On a les sujets de droit international secondaires. Ils
peuvent avoir une compétence très large (UE) ou sectorielle (OTAN).

Elles ont deux méthodes d’exercice du pouvoir

La coopération intergouvernementale qui ne remet pas en cause la souveraineté des Etats où les
décisions sont prises à l’unanimité
L’intégration supranationale implique un réaménagement des souverainetés. Ces organisations
sont plus contraignantes et le vote se fait à la majorité qualifiée.
Fiche n°2 : Organisations intergouvernementales

I. Les organisations à compétence économique

A. L’Organisation Européenne de Coopération Economique (OECE), devenue OCDE

L’OECE a été créée pour gérer l’aide économique du Plan Marshall des Etats-Unis à l’Europe proposé le 5 Juin
1945, ce plan n’étant accordé qu’à la condition où une communauté d’entraide européenne était créée.
3
L’Organisation Européenne de Coopération Economique (OECE) est créée par le traité de Washington signé le
16 Avril 1948. Elle comprend les 18 Etats de l’Europe de l’Ouest et est une organisation européenne d’un point de vue
géographique.

Elle doit développer l’aide américaine en limitant les restrictions des domaines commerciaux et en
coordonnant la politique économique pour stabiliser la monnaie. L’OECE est donc une organisation de coopération
intergouvernementale.

Son organe directeur est le conseil qui réunit les ministres des affaires étrangères et ceux de l’économie et
des finances de chacun des Etats membres. Il prend ses décisions à l’unanimité. Il est complété par des comités
consultatifs, techniques et un secrétariat général.

L’OECE ne remplit pas toutes ses missions mais gère bien l’aide américaine puis se transforme en OCDE.

L’Organisation de Coopération et de Développement Economique (OCDE) entre en vigueur le 30 Septembre


1961 après la signature d’une convention. Elle a la même structure organique que l’OECE mais subit 2 changements :

Composition de l’organisation : accueille le Mexique, le Japon, la Nouvelle-Zélande, l’Australie.


Aujourd’hui, 10 membres sur 34 ne sont pas européens et l’organisation n’est plus géographique.
N’aide plus les pays de l’Europe de l’Est mais les pays en développement.

B. L’Association Européenne de Libre Echange de 1960 (AELE)

L’Association Européenne de Libre Echange (AELE) est créée pour concurrencer la Communauté Economique
Européenne (CEE). En 1951, on a la CECA, en 1957 la CEE et la CEEA sont créées entre 6 Etats fondateurs (France,
Benelux, Allemagne, Italie) et le Royaume Uni refuse d’en faire partie. La CEE voulait mettre en place un marché
commun sur le principe de l’union douanière.

Le Royaume-Uni a peur d’une atteinte à sa souveraineté et fait trois propositions pour essayer de
contrebalancer les organisations dont il a peur. Les deux premières sont refusées, la troisième donne naissance à
l’AELE :

Zone de libre échange alternative à la communauté qui inclurait les Etats de l’OECE
Zone de libre échange incluant la CEE
Zone de libre échange avec les Etats de l’OECE qui ne font pas partie de la CEE = AELE

L’AELE est fondée par la convention de Stockholm le 3 Mai 1960. Elle comprend le Royaume-Uni, la Suisse,
l’Autriche, le Danemark, la Norvège, le Portugal et la Suède.

L’Association Européenne de Libre Echange possède un secrétariat général, un conseil composé des
représentants des gouvernements qui se réunit 2 fois par ans pour prendre des décisions à l’unanimité.

Très tôt, l’AELE subit des concurrences. Entre 1973 et 1995, 5 des 7 pays fondateurs rejoignent la CEE (ne
reste plus que la Norvège et la Suisse puis l’Islande depuis 1970 et le Lichtenstein en 1991).

L’AELE a toujours une dimension de coopération commerciale. Elle a développé des liens avec l’Union
Européenne dans l’Espace Economique Européen (EEE créé le 13 Janvier 1993) qui amoindri son rôle.
II. Les organisations à compétence militaire

A. L’Union de l’Europe Occidentale (UEO)

L’union occidentale se transforme en Union de l’Europe occidentale absorbée par l’union européenne. Elle
est créée par demande des Etats Européens et obligation des Etats Unis à cause de l’échec de la communauté
Européenne de Défense (CED). Les Etats Unis demandent d’y inclure les perdants de la seconde guerre mondiale.

L’UEO est née de la modification du traité de Bruxelles de 1948 par les accords de Paris du 23 Octobre 1954.
Elle est née de la volonté politique des 7 Etats Européens (5 de l’UEO + Allemagne + Italie). C’est une organisation 4
militaire de composition strictement Européenne. Elle comporte une assemblée parlementaire qui n’a pas de pouvoir
décisionnel.

L’OTAN fait de l’ombre à l’UEO puisqu’elle compte les Etats-Unis, plus crédibles. On assiste à une mise en
sommeil de l’UEO pendant 30 à 40 ans. Elle est ravivée dans les années 90 car désignée comme le bras armé de
l’Union Européenne créée en 1992 par le traité de Maastricht. A partir de 1997, l’Union Européenne prend les
missions de Petersberg à l’origine attribuées à l’UEO. En Décembre 1999, l’Union Européenne se substitue
complètement à l’Union de l’Europe Occidentale et en 2000 prend des capacités institutionnelles grâce à un Comité de
Politique et de Sécurité (COPS), à un comité militaire de l’Union Européenne (CMUE) et l’état major de l’Union
Européenne.

L’union européenne a donc aujourd’hui à sa disposition au moins 60 000 hommes qu’elle peut développer en
60 jours. Elle peut mener ses propres opérations civiles ou militaires (appelées opérations de gestion de crise).

L’UEO perd de sa pertinence mais détient toujours la défense mutuelle, que n’a pas l’Union Européenne.
Cette compétence est inutile puisque l’OTAN existe. Le traité de Lisbonne du 1er Décembre 2009 retire à l’UEO cette
dernière compétence. L’Union de l’Europe Occidentale est donc dissoute le 30 Juin 2011.

B. Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN)

L’OTAN est créée par le Traité de l’Atlantique Nord ou Traité de Washington signé entre 12 Etats dont 10 sont
Européens (les 5 de l’UEO : France, Royaume-Uni, Benelux + Danemark, Islande, Norvège, Portugal + USA et Canada). Il
est créé pour une alliance de défense mutuelle et pour renforcer la défense de l’Europe de l’Ouest.

A la signature de la Convention d’Ottawa le 20 Septembre 1951, l’OTAN devient une véritable organisation
internationale dotée de la personnalité juridique et de différents organes :

Les organes civils sont le conseil de l’Atlantique Nord (organe suprême qui décide de la
stratégie de l’OTAN dont les membres se réunissent deux fois par an), comités et groupes
d’expert (travail préparatoire) et secrétariat général.
Les organes militaires sont un comité militaire, état-major militaire et un commandement
militaire par région (chargé de coordonner les forces armées mises au service de l’OTAN et
de diriger les opérations militaires).

Lorsque la guerre froide prend fin après 1989, l’OTAN semble inutile. Pour ne pas disparaitre, l’organisation
s’est maintenue et a développé ses fonctions. Au début des années 1990, elle prend en compte les évolutions
historiques et géographiques. Le Sommet de Londres entre 1990 et 1991 permet la déclaration sur l’alliance de
l’atlantique nord rénovée. En Novembre 1991 : on voit apparaître un nouveau concept stratégique en plusieurs points :

Défense mutuelle
Gestion des crises
Développement de la coopération avec les Etats tiers de l’ancien bloc soviétique

L’OTAN est passée d’une alliance défensive à une organisation politico-militaire de coopération en matière de
sécurité.

Dès 1990, au sommet de Londres, l’OTAN « tend la main » aux anciens pays d’Europe de l’Est grâce à la
disparition, en 1991 du pacte de Varsovie. L’OTAN crée le Conseil de Coopération de l’Atlantique Nord (COCONA) qui
aide au renforcement des relations avec les pays d’Europe de l’Est et de Russie. Le COCONA se transforme en Conseil
de Partenariat Euro-Atlantique qui réunit 50 Etats.
L’OTAN s’élargit plusieurs fois :

Fin de la guerre froide : Grèce et Turquie (1952), Allemagne (1955), Espagne (1982)
1999 : Pologne, Hongrie, République Tchèque après un accord de 1997
2002 : nouveau principe d’adhésion concrétisé en 2007 pour 7 Etats (Bulgarie, Roumanie,
Slovaquie, Slovanie, trois Etats Baltes)
1er Avril 2009 : Croatie et Albanie

L’OTAN prend soin de renforcer ses relations avec la Russie dès Mai 1997 grâce à l’Acte Fondateur de la
Relation OTAN-Russie qui met en place un conseil conjoint permanent. En Mai 2002, le Conseil OTAN-Russie associe 5
plus étroitement encore la Russie pour éviter sa marginalisation. La relation se dégrade en 2008 lors du conflit en
Géorgie et s’améliore en 2010. En 2014, la Russie révise sa doctrine pour désigner l’OTAN comme son aide face aux
menaces.

III. Les organisations à vocation politique

A. Le conseil de l’Europe

1. L’établissement du conseil de l’Europe

Des débats préalables ont lieu au congrès de La Haye du 7 au 10 Mai 1948 qui rassemble 800 personnalités
issues de milieux très divers. Ils débattent d’une future organisation parlementaire et 2 tendances s’opposent :

Les fédéralistes : prônent l’établissement immédiat des Etats-Unis d’Europe avec une
logique supranationale et une souveraineté populaire au niveau européen
Les unionistes : veulent une organisation classique respectueuse de la souveraineté des
Etats (organisation intergouvernementale)

Le résultat est un compromis entre volontés, pour les fédéralistes on crée une assemblée parlementaire, pour
les unionistes on soutient les gouvernements qui œuvrent dans le sens d’une Europe Unie sans perspective fédérale.

Le Statut du Conseil de l’Europe est signé le 5 Mai 1949 à Londres et entre en vigueur le 3 Aout 1949. Il
comprend 10 Etats Ouest-Européens (5 Etats de l’UO : France, Royaume-Uni, Benelux + Irlande, Italie, Danemark,
Norvège, Suède). Il met en place une organisation internationale de coopération intergouvernementale.

Le premier objectif est de promouvoir les principes de liberté et de prééminence du droit. Le second objectif
est de favoriser le progrès économique et social des Etats membres. Le Conseil de l’Europe est compétent dans les
domaines économique, social, culturel, scientifique, juridique et administratif. Il n’est pas compétent dans le domaine
de la défense.

Ce conseil de l’Europe comporte une assemblée parlementaire qui représente les peuples européens mais
n’est que consultatives. Le comité des ministres regroupe les ministres des affaires étrangères des Etats membres ce
qui répond à la logique intergouvernementale et qui est seul habilité à prendre les décisions. Il comprend un
secrétariat général, un congrès des pouvoirs locaux et régionaux, une cours européenne des droits des l’homme et un
commissaire aux droits de l’homme.

2. Les évolutions

A partir de 1989, le Conseil de l’Europe subit des évolutions quantitatives (élargissement) et qualitatives. Un
Etat, pour adhérer au Conseil de l’Europe doit être démocratique, européen (au sens large) et respectueux des droits
de l’homme. Le conseil de l’Europe accueille quand même les anciens Etats de l’Est pour les aider à atteindre les
standards démocratiques.

Aujourd’hui, les Etats membres sont au nombre de 47. Pour adhérer, ils ont dû s’engager à ratifier une liste
de convention, modifier les aspects litigieux de leur législation ou de leur constitution et organiser la réforme de leur
système judiciaire. Le conseil de l’Europe met en place des procédures de suivi et peut exclure un Etat qui n’évolue pas
ou ne respecte pas ses engagements, ce qui n’a jamais été fait.
Sur le plan qualitatif, le conseil de l’Europe augmente l’importance donnée à la Convention Européenne des
Droits de l’Homme. Il crée un commissaire aux droits de l’Homme qui publie des rapports sur le respect des droits de
l’Homme par les Etats membres. Il crée aussi un développement de programmes de coopération au bénéfice des Etats
membres ayant adhéré après 1999 pour les assister dans leurs réformes juridiques et politiques.

3. La convention européenne des droits de l’homme

Pour unifier les droits de l’homme pour l’ensemble des habitants du continent européen, grand but du conseil
de l’Europe, il faut proclamer textuellement les droits de l’homme (Convention Européenne des droits de l’homme) et
mettre en place un mécanisme de contrôle (Cours Européenne des Droits de l’Homme). 6

Tout de suite après le congrès de La Haye de 1948, le Conseil de l’Europe met en place une commission
d’étude chargée de préparer un avant projet. La deuxième étape est le dépôt devant l’assemblée parlementaire le 5
Septembre 1949 du projet par Pierre-Henri Teitgen. Le comité des ministres valide ce projet. La troisième et dernière
étape est la ratification par les Etats membres du conseil de l’Europe le 4 Novembre 1950. La convention entre en
vigueur le 3 Septembre 1953 et est complétée par des protocoles.

Les droits protégés sont essentiellement civils et politiques. Ils sont reconnus aux individus à protéger contre
l’Etat, quelque soit leur origine à partir du moment où il se trouve sous la juridiction d’un des Etats membres.

L’instauration d’une cours de justice destinée à garantir le respect des droits de la convention est
compliquée car elle peut condamner les Etats dans une logique supranationale en heurtant leur souveraineté. Les
Etats réticents souhaitent un contrôle traditionnel par publications de rapports sans conséquences juridiques.

Le système avant 1998

L’initiative appartient à l’Etat parti (requête étatique) ou à un particulier (requête individuelle) mais seulement
si l’Etat en question en accepte le principe. Ces requêtes individuelles ne peuvent aboutir que si l’Etat a fait une
déclaration spécifique précisant qu’il accepte les requêtes individuelles à son encontre. La procédure implique trois
organes et trois étapes :

Intervention de la Convention Européenne des droits de l’homme qui examine la


recevabilité de la requête et rechercher une solution amiable. Si la solution amiable
n’aboutit pas, la cours fait un rapport au comité des ministres qui a un délai de trois mois
pour y réfléchir.
Saisine de la cours européenne des droits de l’homme qui n’est possible que si l’Etat
incriminé avait accepté la compétence de la cours. Si oui, elle prononce un arrêt et peut,
éventuellement, exiger des dommages et intérêts.
Si la cours n’est pas saisie dans les trois mois, le comité des ministres composés de
représentants des Etats partis se prononce. Cette étape relève d’une logique politique.

Cette procédure a également des lacunes évidentes :

Requête individuelle fonction du bon vouloir des Etats partis


Compétence de la cours facultative
L’individu lui-même ne peut saisir directement la cours
Comité des ministres avec un représentant de l’état poursuivi tranche le litige si la cours
n’est pas saisie (majorité des cas).

Le système après 1998

Il y a 16 protocoles à la convention des droits de l’homme, les 11 et 14 sont les plus importants.

Le protocole 11 supprime les clauses facultatives, met fin à la compétence du comité des ministres pour
apprécier s’il y a violation ou non de la convention. La procédure est entièrement entre les mains de la Cours
Européenne des Droits de l’Homme. Le système a été victime de son succès puisqu’un individu peut maintenant saisir
directement la cours, le nombre de saisine a explosé ce qui rend nécessaire une réforme de l’organisation.

Le protocole 14 entre en vigueur en 2014 et change la composition et la structure de la cours, les modes de
saisine, les conditions de recevabilité du recours et les caractéristiques de l’arrêt rendu par la cours.
La cours est composée de 47 juges élus par l’assemblée parlementaire du conseil de l’Europe pour 9 ans. La
cours a plusieurs formations :

Juge unique : sert à écarter le plus rapidement possible les requêtes manifestement
irrecevables.
Le comité de trois juges : se prononce sur la recevabilité d’une requête pas manifestement
irrecevable et statue sur le fond quand la jurisprudence est claire. Les décisions sont prises
à l’unanimité ou renvoyées à la chambre de 7 juges.
Chambre de 7 juges : si aucune décision n’a été prise par un ou trois juges. Peut se
prononcer sur la recevabilité et le fond. Elle seule se prononce sur les requêtes étatiques. 7
Chambre de 17 juges : tranche définitivement l’affaire. Aucun juge de la chambre des 7 ne
peut y siéger sauf son président.

Depuis 2011, la cours peut être saisie par un Etat parti en saisissant la cours de tout manquement aux
dispositions de la convention par une autre partie contractante. C’est le recours objectif. Ils sont très rares (vingtaine
depuis 1959).

Les requêtes individuelles se font sans condition de nationalité, par une personne seule ou un groupement
de particulier qui doit être victime de la violation. Le recours est subjectif.

Pour former un recours devant la cours européenne, il doit y avoir épuisement préalable des voix de recours
internes et dans les 6 mois après la date de décision interne définitive. Pour les requêtes individuelles, elles ne doivent
pas être anonymes, viser la protection d’un droit contenu dans la convention européenne des droits de l’homme et
moins de deux ans après la décision finale.

La décision de la cours européenne est adoptée à la majorité des juges présents. Ces arrêts ne sont que des
constatations mais la cours peut accorder à la victime une satisfaction équitable sous forme d’indemnité mais elle ne
peut pas mettre fin à la violation.

Les arrêts ont force obligatoire et un mécanisme de surveillance de l’exécution des arrêts de la cours est mis
en place et effectué par le comité des ministres. Le comité des ministres peut vérifier dans quelles mesures l’état a
appliqué l’arrêt et constater solennellement sa désobéissance. C’est une pression politique d’une efficacité limitée.

B. L’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE), anciennement CSCE

En 1973 a été créée la Convention pour la Sécurité et la Coopération en Europe à l’origine du gouvernement
soviétique lors de la conférence d’Helsinki qui a réuni les 33 états européens, les Etats-Unis et le Canada. L’URSS
voulait faire reconnaître aux états occidentaux sont découpage territorial établit en Europe depuis la fin de la seconde
guerre mondiale. En Aout 1975, la déclaration d’Helsinki est signée par 35 Etats mais n’est pas contraignante
juridiquement. Elle comprend :

La reconnaissance officielle du tracé des frontières par l’URSS


La sécurité en Europe (coexistence pacifique entre les Etats sur le continent)
La coopération des Etats dans les domaines publics, économiques et environnementaux
Une dimension humaine avec le développement des droits de l’homme

La Communauté de Sécurité et de Coopération en Europe (CSCE) est une structure formelle et non
permanente issue de la déclaration d’Helsinki qui permet une forme de consultation et de dialogue entre les 2 blocs.
Les 12, 20 et 21 Novembre 1990, les Etats de la CSCE adoptent la charte de Paris pour une nouvelle Europe qui
rénove la CSCE et est un préalable à l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE).

La charte de Paris prend en compte le renouvellement idéologique des pays de l’Est et élargit le champ
d’application de la CSCE (économie, environnement, culture, armement, gestion des crises). Le dispositif, plus
développé et étoffé devient en Décembre 1994 l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE),
une organisation internationale qui n’a pas la personnalité juridique. L’OSCE a de nombreux organes :

Sommet de chef de l’état ou du gouvernement qui se réunit tous les 2 ans pour déterminer
les grandes orientations politiques
Organes de décision Le conseil des ministres des affaires étrangères de chaque état qui se réunit tous les ans
pour donner corps aux décisions du sommet des chefs de l’Etat
Le comité des hauts fonctionnaires qui se réunit tous les trois mois et prépare les réunions
du conseil des ministres
Le conseil permanent qui adopte les décisions et les consultations politiques. Il se réunit
une fois par semaine.
Organe de délibération
L’assemblée parlementaire composée de 317 membres des parlements nationaux qui
incarne le principe démocratique. Elle adopte des recommandations et des résolutions
Organes spécialisés sur certaines questions traitées par l’organisation
Bureau des institutions démocratiques et des droits de l’homme
Organes annexes Centre de prévention des conflits
8
Organisation pour la sécurité et la coopération européenne pour la liberté des médias
Haut commissaire
Organe de juridiction Cours de conciliation et d’arbitrage

L’OSCE peut missionner des hommes et commander des opérations dans les pays membres en situation de
crise. Elle peut suivre la transition politique et démocratique en surveillant les cessés le feu. Elle ne possède pas de
moyens militaires. Elle a été inefficace en Géorgie (2008) et en Ukraine (2014).

C. Communauté des Etats Indépendants (CEI)

La CEI est née entre 1991 et 1993 grâce à la chute de l’URSS. C’est une communauté d’Etats indépendants
ouverte aux autres pays d’Europe de l’Est. Ils signent l’accord de Minsk le 8 Décembre 1991. Le 21 Décembre 1991,
11 Etats supplémentaires concluent le protocole d’Alma-Ata par lequel ils adhèrent à l’accord de Minsk. Les trois Etats
Baltes ont refusé d’y adhéré. La Géorgie a adhéré en 1993 après beaucoup de réticences et s’en est retirée en 2008.
Aujourd’hui, il y a 9 Etats membres (Russie, Azerbaïdjan, la Biélorussie, la Moldavie, le Kazakhstan, le Kirghizstan,
l’Ouzbékistan, le Tadjikistan).

Cette communauté veut atteindre 5 objectifs :

Coordination des politiques économiques pour créer une union douanière économique et
monétaire
Coordination des politiques étrangères
Espace défensif commun
Coopération en matière de sécurité intérieure
Coopération dans d’autres domaines

Les organes de la CEI sont assez semblables à ceux de l’OSCE

Conseil des chefs d’Etat (sans les chefs de gouvernements)


Conseil des chefs de Gouvernement qui se réunit 4 fois par ans et se prononce par
consensus (changement)
Conseil des ministres des affaires étrangères (Idem)
Conseil consultatif de coordination qui exécute la mise en œuvre des décisions
(changement)
Assemblée parlementaire (idem)
Différents organes compétents dans l’économie, le monétaire et les douanes : comité
économique, banque de règlement interétatique, tribunal économique

La CEI détient le record des décisions jamais entrées en vigueur à cause de la crainte d’une nouvelle
domination russe.
Les institutions européennes à logique supranationale

I. Les communautés européennes

A. Le lancement de l’expérience communautaire

1. La déclaration Schuman

Déclaration Schuman = discours prononcé le 9 Mai 1950 qui est l’acte de naissance de la construction 9
communautaire.
La construction européenne doit assurer la paix en Europe par l’union des Etats. C’est une méthode
innovante et progressiste. On l’appelle méthode des « petits pas ».
Schuman se base sur le Charbon et l’Acier, bases de l’industrialisation et secteurs menacés et vise la
France et l’Allemagne, principaux adversaires des deux guerres mondiales.

2. La CECA (1951), la CEE et la CEEA (1957)

6 Etats membres fondateurs : Allemagne, Italie, Belgique, Pays-Bas, Luxembourg (Benelux), France.

La CECA (Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier) instituée par le traité de Paris et entrée en
vigueur le 23 Juillet 1952. N’existe plus aujourd’hui.
Double objectif :
assurer un développement rationnel de la production du charbon et de l’acier
moderniser les conditions de production
instituer un marché commun dans le domaine du charbon et de l’acier avec une logique supranationale
4 institutions qui respectent les principes et orientations proposés par la déclaration Schuman
Haute autorité commune (adopte la majorité des actes contraignants pour les Etats membres
et les entreprises du secteur du charbon et de l’acier)
Conseil des ministres (associé à la prise de décision)
Assemblée parlementaire (parlementaires issus des parlements nationaux sans pouvoir
législatif)
Cours de justice qui fait respecter le droit dans la CECA

La CECA connait très vite un grand succès grâce à la méthode des petits pas. Elle s’étend à d’autres
domaines et la CED (Communauté Européenne de Défense) est imaginée mais jamais entrée en vigueur.

Conférence de Messine en 1955 relance la construction communautaire


Traités de Rome signé le 25 Mars 1957 créent la CEEA (Communauté Européenne de l’Energie Atomique
= EURATOM) et CEE (Communauté Economique Européenne) pour tous les domaines sauf ceux de la
CECA et de la CEEA.
Double objectif de la CEEA :
Assurer le développement de l’Energie Atomique
Devenir autonome par rapport aux USA

CEEA :
Limitée aux questions de l’énergie nucléaire à des fins civiles
Comporte une agence disposant du monopole d’achat des matières nucléaires qui achète et
revend auprès d’utilisateurs potentiels
Mêmes institutions mais répartition des pouvoirs différente
France s’en détourne
CEE veut créer un espace économique unifié grâce à
L’établissement d’un marché commun
2 volets de l’union douanière
 Libre circulation à l’ensemble des facteurs de production qui donne naissance au
régime des 4 libertés (libre circulation des marchandises, services, capitaux,
voyageurs).
 Mise en place de politiques communes dans les secteurs de politique de concurrence,
politique agricole commune, politique commerciale commune, politique des transports
La CEEA a eu du mal à s’imposer parce que la France s’en est détournée pour se doter d’un arsenal nucléaire
militaire. EURATOM existe toujours mais ne sert à rien

B. Les caractéristiques de l’intégration communautaire

1. Schéma institutionnel sophistiqué

Chaque institution représente une légitimité particulière :

Le conseil des ministres : légitimité étatique 10


Haute autorité puis commission : légitimité intégrative Impliqués ensemble
Assemblée parlementaire : légitimité démocratique
donc forte légitimité
Cours de justice : légitimité juridictionnelle

2. Un processus de décision original

Le processus de décision conduit à l’adoption des actes communautaires (directives, règlements, décisions)
et présente deux caractéristiques importantes :

Recherche de l’équilibre institutionnel


Commission a un rôle décisionnel et un pouvoir d’initiative. Elle saisit le conseil qui ne peut pas
s’autosaisir.
Le parlement européen est co-législateur avec le conseil

Triangle institutionnel = commission conseil parlement

Faveur accordée au principe majoritaire au sein du conseil : actes adoptés à la majorité qualifiée

3. Un dispositif normatif contraignant et judiciairement sanctionné

Dans le cadre du conseil de l’Europe : conventions adoptées mais doivent être ratifiées par tous les membres
pour être contraignantes.

Dans le cadre des communautés : possibilité pour les institutions communautaires d’adopter 3 types d’actes
(règlements, directives, décisions) qui sont obligatoires et immédiatement contraignants sans que les Etats ne doivent
les recevoir dans leur ordre juridique national.

La cours de Justice des communautés Européennes a des compétences larges et des pouvoirs réels. Sa
juridiction est obligatoire, ses avis et arrêts sont contraignants. Elle est aidée par les juges nationaux.

Les actes sont obligatoires pour tous les Etats membres alors qu’ils n’ont pas forcément voté en leur faveur
et les actes des Etats-membres doivent être en conformité avec le droit communautaire = Logique d’intégration
supranationale

C. Les premiers élargissements

Au nord :

Royaume-Uni refuse d’abord et crée une organisation concurrente : l’AELE. La CEE fonctionne mieux
que l’AELE et le Royaume-Uni devient candidat en 1961 mais la France (De Gaulle) s’oppose à son
adhésion. Il entre dans la CEE le 1er Janvier 1973 avec l’Irlande et le Danemark qui avaient lié leur
candidature à celle du Royaume-Uni
La Norvège a subit les mêmes problèmes que le Royaume-Uni mais n’a pas ratifié le traité
d’adhésion soumis au référendum en 1973 puis en 1995.

Au Sud :

La Grèce a signé un accord avec la CEE en 1961 mais subit la Dictature des colonels jusqu’en 1974
ce qui suspend la possible adhésion. Elle adhère le 1er Janvier 1981
L’Espagne a fait une demande dès 1962 mais subit la dictature de Franco jusqu’en 1975. Elle
adhère en 1986
Le Portugal est soumis au régime de Salazar entre 1932 et 1976, fait une demande en 1977 et
adhère 1986.

D. La réforme des traités fondateurs opérés par l’acte unique européen en 1986

Une nouvelle commission européenne est mise en place en 1985 et recense tous les obstacles encore
existants : physiques (contrôle aux frontières), fiscaux (taxes), techniques (différentes règles selon les Etats). La
commission prévoit 276 mesures.

L’Acte Unique Européen (AUE) contient deux types de dispositions : 11

Ensemble destiné à compléter ou réviser les traités communautaires avec trois groupes de
dispositions :
Dispositions relatives à la réalisation effective d’un marché intérieur pour le 1er Janvier
1993
Etats transfèrent de nouvelles compétences en créant 3 politiques :
Cohésion économique et sociale
Environnement
Recherche et développement technologique
Amélioration des pouvoirs du parlement européen, étendue du vote à la majorité qualifiée
au sein du conseil
Coopération politique européenne : logique intergouvernementale par unanimité et consensus

Dualité au sein de la construction européenne

II. L’évolution du modèle initial entre coopération et intégration : l’Union Européenne

A. La création de l’Union Européenne

1. La portée du Traité de Maastricht

Le traité de Maastricht de 1992 est un traité de révision et un traité constitutif. Il modifie les trois traités
initiaux :

Crée de nouvelles compétences communautaires et de nouvelles politiques : CEE inutile, devient CE


Renforce le vote à la majorité qualifiée, le rôle du parlement et crée la procédure de codécision

Traité constitutif car il crée l’Union Européenne compétente dans certains domaine particuliers qui ne
relèvent pas des compétences communautaires (Politique Européenne de Sécurité Commune PESC et Coopération en
matière de Justice et Affaires Intérieures JAI).

2. La structure en piliers de l’Union européenne

On a donc trois organisations internationales : CECA, CE et CEEA, une organisation politique PESC et une
organisation de coopération JAI :

Le premier est un pilier communautaire, comprend tous les traités et les trois communautés.
Le deuxième pilier comprend la PESC qui établit une politique étrangère de défense commune.
Le troisième pilier comprend la JAI et permet aux états de coopérer dans les domaines de
l’immigration, l’asile, la coopération judiciaire, policière…

A partir de 1992, l’Union Européenne oblige à adhérer systématiquement aux trois piliers. On a donc entre
tous les états des principes et valeurs en commun grâce à l’action d’institutions communes.

On a donc des institutions communes : commission, parlement (symboles de la logique d’intégration avec rôle
très réduit dans les piliers 2 et 3), conseil, cours de justice (rôle très limité dans le pilier 3 et aucune compétence en
matière de PESC). 12

3. Les traités d’Amsterdam et de Nice et les élargissements

Les traités de Nice et d’Amsterdam n’ont pas créé de nouvelles entités.

Le traité d’Amsterdam (1997) change le nom du 3ème pilier : Coopération Policière et Judiciaire en matière
pénale (CPJP) qui passe dans le premier pilier.

Le traité de Nice élargit les domaines soumis au vote à la majorité qualifiée, proclame la charte des droits
fondamentaux de l’Union Européenne.

Le quatrième élargissement concerne l’Autriche, la Finlande, la Suède qui appartenaient à l’AELE. Ils
adhèrent le 1er Janvier 1995 (UE à 15 Etats).

Le cinquième élargissement passe de 15 à 27 Etats membres et se fait en 2 vagues :

1er Mai 2004 : Chypre, Malte (îles), 3 pays baltes, Hongrie, Pologne, Slovénie, Slovaquie, république
tchèque (anciens PECO)
1er Janvier 2007 : Bulgarie, Roumanie

B. La refonte de l’Union

1. L’échec du traité établissant une constitution pour l’Europe

La procédure d’élaboration du traité établissant une constitution pour l’Europe :

D’habitude élaboré par une conférence intergouvernementale préalable composée de


représentants des Etats membres auxquels s’ajoutent quelques représentants de la commission.
Ici, avant la CIG, convention sur l’Avenir de l’Europe avec :
15 représentants des Etats membres (1 par Etat) Ne devait proposer que des articles,
2 représentants de la commission européenne propose un texte complet validé par la
30 représentants des parlements nationaux
conférence internationale.
16 membres du parlement européen
Le contenu est profondément novateur :

Réorganisation spectaculaire des traités constitutifs


Met de côté le traité sur la CEEA
Réunit le traité de l’Union Européenne (TUE) et le Traité instituant la Communauté (TICE)
Européenne en un traité : le traité constitutionnel
Fait disparaitre la communauté européenne
Il ne reste que l’Union Européenne
Président fixe du conseil européen
Ministre des affaires étrangères de l’Union Européenne 13
Généralisation de la procédure de co décision

Ce traité subit un destin tragique car il n’est pas ratifié par tous les Etats partis puisque la France et les Pays-
Bas refusent sans vraiment se justifier. A cause de craintes non justifiées et d’un vocabulaire trop fédéral.

2. La refonte opérée par le traité de Lisbonne et les élargissements

Le traité de Lisbonne a eu une élaboration traditionnelle (pas de Convention sur l’Avenir de l’Europe). Les
chefs d’Etat et de gouvernement des Etats membres ont repris le précédent traité en en changeant les termes.

Le contenu est moins novateur

Modifications sur la forme


Communauté Européenne disparait
Union Européenne acquiert la personnalité juridique
Ne fusionne pas le traité sur l’union européenne (TUE) et le traité sur la communauté
européenne (TCE) qui devient traité sur le fonctionnement de l’union européenne
Charte des droits fondamentaux acquiert une valeur juridique contraignante, la même que
le Traité sur l’Union Européenne (TUE) et le Traité sur le Fonctionnement de l’Union
Européenne (TFUE) et l’ensemble forme le droit primaire de l’Union Européenne
Modification sur le fond
Président fixe du conseil européen
Haut représentant de l’union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité = Haut
Représentant, en fait, ministre des affaires étrangères de l’union
Nouveau système de majorité qualifiée
Nouvelle extension de la procédure de codécision
Procédure législative ordinaire
CPJP communautarisé donc régie par la méthode supranationale

Le traité de Lisbonne est soumis à la ratification dans les 27 Etats membres. Seule l’Irlande passe par la voix
référendaire (obligation nationale) qui refuse le traité. On fait donc, pour l’Irlande, des dérogations qui permettent au
traité d’être accepté. Il entre en vigueur le 1er Décembre 2009.
Aujourd’hui, on est sous l’empire du traité de Lisbonne, du Traité sur l’Union Européenne et du Traité sur le
Fonctionnement de l’Union Européenne. La Communauté Européenne, la Communauté Européenne du Charbon et de
l’Acier n’existent plus. L’Union Européenne s’est substituée à la Communauté Européenne.

Il y a un nouvel élargissement et des élargissements futurs :

Croatie le 1er Juillet 2013


Turquie officiellement candidate depuis 1999 (officieusement depuis les années 60)
L’Islande candidate depuis 2010 a retiré sa candidature le 12 Mars 2015
L’ancienne République Yougoslave de Madédoine (ARYM) depuis 2005 14
Monténégro depuis 2010
Serbie depuis 2012
Albanie depuis 2014
Bosnie-Herzégovine et Kosovo sont des candidats potentiels, pas officiels.

C. Structure institutionnelles de l’Union Européenne après le traité de Lisbonne

1. Le conseil européen

! Il ne faut pas confondre conseil européen et conseil de l’Europe, distinct de l’Union Européenne.

Les membres du conseil européen sont :

Chef d’exécutif de chaque Etat


Président de la commission
Président du conseil européen
Haut représentant assure la cohérence au sein de l’union européenne. Nommé par les chefs d’Etat
ou de gouvernement. Il est à la fois vice-président de la commission, chargé des affaires étrangères,
président du conseil des affaires étrangères, participant aux réunions du conseil européen.
Président du conseil tournant, assurée par un Etat membre qui change tous les 6 mois + président
fixe élu par le conseil européen pour 2 ans et demi. Il prépare les travaux du conseil européen,
facilite le consensus et représente l’union sur la scène internationale.

Le conseil exerce 3 fonctions :

Fonction d’impulsion car il participe au développement de l’Union en déclenchant la procédure de


révision des traité et permettant la procédure d’adhésion.
Fonction d’orientation politique pour les politiques communautaires et la PESC.
Fonction d’instance d’appel dans la Coopération Policière et Judiciaire en Matière Pénale (CPJP) et
dans l’adoption d’acte pour laquelle il peut essayer de mettre fin à un éventuel blocage.

2. Le triangle institutionnel

a. La commission de l’Union Européenne

La commission est un organe collégial de 28 commissaires (1 par Etats membres) désignés pour un mandat
de 5 ans.

Le nombre de commissaire est compliqué à gérer. Les grands Etats membres ont accepté de n’en avoir qu’un
après le traité d’Amsterdam. Le traité de Lisbonne prévoit un nombre de commissaire équivalent à 2/3 du nombre
d’Etats membres (19 commissaires sauf si le conseil européen change ce nombre à l’unanimité. On a donc toujours 28
commissaires.

Depuis le traité de Maastricht, le président de la commission est le premier désigné par le parti qui obtient le
plus de sièges au parlement européen parmi des candidats proposés par le conseil Européen.

Les Etats membres désignent les personnes qu’ils envisagent de nommer membres de la commission, d’un
commun accord avec le président de la commission. La commission dans son ensemble est soumise à l’approbation
du parlement puis nommée par le conseil à la majorité.
Le Haut Représentant est choisi par le conseil européen avec l’accord du président de la commission.

La commission a 4 fonctions principales :

Rôle décisionnel sauf en matière de PESC : quasi monopole de proposition des textes législatifs
Fonction d’exécution : exécute le budget de l’union, met en œuvre les actes législatifs et adopte les
actes d’application, les règlements et les directives
Fonction de gardienne des traités. Elle a un rôle dans la procédure de recours en manquement
qu’elle déclenche si elle estime qu’un état membre n’a pas respecté le droit de l’union. Elle peut
demander une punition financière à la cours (amende forfaitaire ou astreinte). 15
Fonction internationale sauf en matière de PESC : assure la représentation extérieure de l’union,
négocie les accords internationaux mais ne peut pas prendre la décision seule

b. Le conseil de l’Union

Le Conseil de l’Union Européenne est composé d’un représentant de chaque membre au niveau ministériel.
C’est un organe intergouvernemental habituel dans les organisations internationales.

Il comprend 10 formations différentes présidées par le ministre de l’Etat en charge de la présidence du


conseil et les Etats membres envoient le ministre le plus pertinent. La formation affaires étrangères est l’exception, elle
est présidée par le Haut-Représentant de l’Union.

Le conseil a trois fonctions :

La principale fonction est un pouvoir décisionnel : il adopte les actes législatifs de l’Union. Il partage
ce pouvoir avec le parlement européen. Il vote à la majorité qualifiée à 55% des membres du conseil
qui représentent 65% de la population. Une minorité de blocage doit comporter 4 Etats membres.
Fonction budgétaire : vote le budget de l’union avec le parlement
Exécution des actes dans certains cas spécifiques.

c. Le parlement européen

Depuis 1979, les parlementaires sont élus au suffrage universel direct par les ressortissants des Etats
membres pour 5 Ans. Ils sont au nombre de 751, dont 74 élus en France. Le parlement est dirigé par un président. Il
exerce sa fonction législative à travers des commissions parlementaires.

Les différents parlementaires siègent par groupes politiques. Ils ne représentent pas le pays dans lequel ils
ont été élus. On trouve le PPE (Parti Populaire Européen) et le SetD (Socialiste et démocrates). Pour constituer un
groupe politique, il faut au moins 25 députés élus dans au moins un quart des Etats membres.

Le parlement a trois fonctions :

La fonction législative : il participe à l’adoption des textes. Depuis le traité de maastricht, il participe
grâce à la procédure de codécision, peut s’opposer à l’adoption d’un texte ou l’amender. Avec le
traité de Lisbonne, la procédure de codécision devient la procédure législative ordinaire. Le
parlement est devenu avec le traité de Lisbonne une co-autorité budgétaire
Le parlement a une fonction de contrôle politique sur la commission européenne (censure de la
commission, pouvoir d’investiture de la commission, élit le président de la commission, approuve
l’ensemble des commissaires).

La procédure législative :

La commission élabore un texte, le transmet au parlement et au conseil qui décident des termes
communs après une navette puis qui le vote. La commission l’exécute.
3. La cours de justice de l’union

! Il ne faut pas confondre cours de justice de l’union européenne, cours européenne des droits de l’homme et
cours du conseil de l’Europe

La cours de justice de l’Union Européenne siège au Luxembourg et est composée de 3 juridictions : la cours
de justice, le tribunal de l’Union Européenne, le tribunal de la fonction publique de l’Union Européenne.

La cours de justice Européenne assure le respect du droit dans l’application et l’interprétation des traités sur
lesquels repose l’union européenne. La cours de justice et le tribunal peuvent être saisis pour constater les violations 16
du droit de l’union.

Ces voies de recours sont ouvertes aux institutions de l’Union Européenne, aux Etats membres et aux
particuliers sous certaines conditions. Ces voies de recours permettent de sanctionner toute violation des droits de
l’union :

Recours en manquement contre un Etat


Recours en annulation contre un acte
Recours préjudiciel qui permet d’établir un dialogue entre le juge administratif national et le juge de
la cours.

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