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Échos d'Orient

Un témoignage oriental en faveur de la primauté et de l'infaillibilité


du Pape, au VIe siècle
Sévérien Salaville

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Salaville Sévérien. Un témoignage oriental en faveur de la primauté et de l'infaillibilité du Pape, au VIe siècle. In: Échos
d'Orient, tome 13, n°82, 1910. pp. 171-172;

doi : https://doi.org/10.3406/rebyz.1910.3852

https://www.persee.fr/doc/rebyz_1146-9447_1910_num_13_82_3852

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TÉMOIGNAGE ORIENTAL EN FAVEUR DE LA PRIMAUTÉ & DE L'INFAILLIBILITÉ DU PAPE AU VIe S. I71

les effets qu'ils ont entre les mains. Ils de notre propre main et scellé de notre
l'ont payé des biens de leur Congrégation, cachet.
et, grâce à leurs labeurs et à leurs fatigues, Ecrit le Ier juillet 176 1 .
cet emplacement est devenu un waqf pour Athanase Dahan,
le Dieu Très-Haut, faisant partie des métropolite de Beyrouth.
possessions de cette Congrégation et de ses [L. S.]
waqfs, et servant à l'accomplissement des jadis év. de Saïda,
L'humble
aujourd'hui
Basilemétr.Jelghaf,
de Beyrouth.
bonnes œuvres, à l'instruction des enfants
et à toutes les œuvres dirigées du côté de [L. S.]
Dieu et des âmes. C'est pourquoi il ne métropolite
L'humbleimmédiat
Ignace (Sarrouf),
de, Beyrouth.
noms; appartient nullement, pas plus qu'à
nos successeurs, de contrecarrer leurs [L. S.]
œuvres en quoi que ce soit, si ce n'est en Cette pièce ne fut d'aucune utilité aux
ce qui est, personnellement, du ressort de Chouérites; Sarrouf resta maître de la
notre autorité dans les affaires chapelle de la procure, en dépit même du
ecclésiastiques. patriarche qui s'était entremis en faveur
Et en foi de notre consentement des religieux.
volontaire, légitime et constant, nous leur avons (A suivre.) Paul Bacel,
livré ce σάκκον que nous avons signé Syrie. prêtre du rite grec.

UN TÉMOIGNAGE ORIENTAL

EN FAVEUR DE LA PRIMAUTÉ

ET DE L'INFAILLIBILITÉ DU PAPE AU VF SIÈCLE

On sait que les littératures orientales la manière la plus explicite la primauté


chrétiennes autres que la littérature et l'infaillibilité doctrinale du Pontife
grecque, trop longtemps inexplorées, romain. H se trouve dans une lettre adressée
viennent, depuis quelques années, grâce par Jean, patriarche de Jérusalem (575-
aux savants de tous pays, compléter et 593), au catholicos d'Albanie (1).
parfois corriger ou rectifier nos Le patriarche Jean nous est connu par
connaissances historiques. La vérité catholique Moschus (2) et surtout par l'historien
n'a rien à redouter des nouveaux textes Evagre. Ancien moine du célèbre couvent
mis au jour; bien plutôt peut-elle être des Acémètes, près de Chalcédoine, il
assurée de trouver parmi eux de quoi occupa la chaire de Jérusalem de l'année
rendre plus éclatantes les preuves en sa 575 à l'année 593. Sa mort est le dernier
faveur. Nos lecteurs nous sauront gré de événement que mentionne Evagre, qui
leur montrer par un exemple combien termine à cette même année 593, la
cette assurance est fondée. Cet exemple, douzième du règne de l'empereur Maurice,
nous l'empruntons à une publication son Histoire ecclésiastique (3). Quant à
arménienne qui date déjà d'une quinzaine
d'années, mais sur laquelle on n'a pas (1) Karapet Vardapet, Lettre de Jean,
attiré toute l'attention qu'elle mérite. Il patriarche de Jérusalem (5y5-5g3) au catholicos
d'Albanie (en arménien). Etchmiadzin, 1896.
ne s'agit de rien moins, en effet, que (2) Moschus, Praturn spirit, c. cxxxiv; Migne,
d'un texte du vie siècle, sans doute écrit P. G., t. LXXXV1I, col. 2997.
(3) Evagre, Hist, eccl., 1. V, c. xvi ; Migne,
originairement en grec, mais retrouvé P. G., t. LXXXVI, col. 2825, et 1. VI, c. xxiv,
seulement en arménien, et affirmant de col. 2884. Cf. LeQuien, Orienschr.,t. 01,0)1.242-246.
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l'Albanie, ce terme désigne ici l'Albanie Quant à nous, c'est-à-dire à la sainte


du Caucase, province située dans la région Eglise, nous avons la parole du Seigneur
orientale de la chaîne caucasique, sur Ta qui a dit à Pierre, chef des apôtres, en lui
mer Caspienne, et correspondant à peu donnant la primauté de la foi pour
près aux parties de la Géorgie russe raffermissement des Eglises : « Tu es Pierre (en
arménien : Vem) et sur cette pierre {vem)
appelées aujourd'hui Shirvan, Leghistan et je bâtirai mon Eglise, et les portes de
Daghestan. Christianisée de bonne heure, l'enfer ne prévaudront point contre elle. »
cette province formait un évêché autocé- A ce même Pierre il a donné les clés du
phale dont le chef portait le titre de ciel et de la terre ; c'est en suivant sa foi que
catholicos et résidait probablement dans jusqu'à ce jour ses disciples et les docteurs
la capitale du district, l'ancienne Albana, de l'Eglise catholique lient et délient; ils
peut-être la moderne Derbend. Que le lient les méchants et délient de leurs chaînes
patriarche jérosolymitain ait eu des ceux qui font pénitence. Tel est surtout le
relations avec cette lointaine communauté, il privilège de ceux qui, sur le premier Siège,
n'y a pas lieu de s'en étonner, puisque très saint et vénérable, sont les successeurs
Jérusalem possédait certainement au de Pierre, sains dans la foi et, selon la
parole du Seigneur, infaillibles (en
vie siècle un certain nombre de moines arménien : anskhal, an = in, privatif, skhal
géorgiens. Une colonie de ces moines ou skhalakan = faillible) (1).
avait fondé, aux portes de la Ville Sainte,
On ne saurait désirer une affirmation
le couvent de Sainte-Croix, qui garde
plus explicite de la primauté romaine et
encore aujourd'hui d'intéressants vestiges
du magistère infaillible qu'exercent sur
de ses anciennes origines. 11 est tout
naturel que les rapports du patriarche toutes les Eglises les successeurs de saint
Pierre. 11 faut savoir gré à M. Karapet
avec ces religieux venus d'Albanie en
Palestine l'aient amené à entrer en relations Vardapet, qui, nous l'avons dit, appartient
à l'Eglise grégorienne et n'est donc pas
épistolaires avec leur catholicos du
des nôtres, de l'impartialité scientifique
Caucase.
dont il a fait preuve en publiant cette
Un Arménien-Grégorien, M. Karapet
attestation si claire de la doctrine
Vardapet, a trouvé dans un manuscrit
catholique.
ancien le texte arménien d'une lettre du S. Salaville.
patriarche Jean au chef de la communauté Constantinople.
autocéphale des bords de la mer
Caspienne. Il a édité ce texte en 1896, à (1) Voici la traduction latine de ce passage, telle
Etchmiadzin, en y joignant une que la donne, dans la Zeitschrift für katholische
Theologie (re livraison de 1910, p. 219), le
introduction qui, entre autres choses, démontre R. P. Hurter, S. J., auquel ce texte a été
la parfaite authenticité de cet intéressant communiqué par le R. P. Aristacès Vardanian, Méchita-
document. Cette version arménienne d'un riste : Nos tarnen, sancta scilicet Ecclesia,
dominicain habemus vocem quœ dixit Petro. Aposto-
écrit probablement rédigé d'abord en lorum capiti, dans ei primatum fidei firmitatis
grec, mais qui ne nous est pas parvenu Ecclesiarum : Tu es Petrus (armen. : Vem) et
dans cette langue, remonte, affirme le super hanc pelram {vem) œdificabo Ecclesiam
meant, et portœ {inferi) non prœvalebunt adversus
savant éditeur, à l'époque même où fut earn {Matth. xvi, 18), eut et claves cœli et terrœ
composée la lettre, c'est-à-dire à la fin dédit, Petro; cujus fidem ad hoc usque tempus
du vle siècle. sequentes discipuli ejus et doctores catholicœ
Ecclesiœ alligant atque solvunt, malos alligant et
Or, au cours de son épître, le patriarche solvunt a vinculo agentes pœnitentiam ; in prin-
Jean fait à son correspondant la cipiis vero sanctœ et primse et venerabilis Sedis
ejus successores sani in fide, infallibiles secundum
déclaration suivante, que nous livrons sans dominicain vocem (armen. : anskhal, aïs = in,
commentaire à la méditation de nos lecteurs : skal aut skhalakan = fallibilis).

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