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Droit Administratif, II - Licence de droit, L2, S4

Droit Administratif
Partie 2 : Les activités administratives

Il existe 3 grandes catégories d’activités administratives :


- Réglementer l’activité des particulier et de l’administration elle-même ; le pouvoir réglementaire
- Maintenir l’orde public ; l’activité de police administrative
- Fournir des prestations aux administrés, matérielle ou non ; l’activité de service public

Il n’existe pas de séparation totalement étanche de ces activités. Ce sont des activités tournées toutes
vers l’intérêt général.
* Exemple : On doit envisager la notion de service public comme celle de la prestation rendue au usagers.
Et au sein d’un service public qui exerce une activité de service public, les organes dirigeants vont
avoir un pouvoir réglementaire pour organiser les services.
- Élargissement : Il existe une activité qui tend à prendre de l’importance et qui consiste à réguler le
fonctionnement de l’économie. L’administration n’intervenant pas directement dans l’activité du
marché, mais cherchant l’organiser.

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Titre 1er : Le pouvoir réglementaire

L’exercice du pouvoir réglementaire constitue la première grande activité du droit spécial de


l’administration. C’est à la fois une source du droit administratif et un activité de l’administration.
- Les actes réglementaires : Ils régissent les rapports administrés-administration ainsi que les rapports
administrés-administrés.
Ceux-ci sont pris à la fois au niveau national et à la fois au niveau local par les autorités déconcentrées et
décentralisées. Cela a été introduit par la réforme constitutionnelle de 1958 qui opère la séparation
nette entre règlement et loi.

Chapitre I - Le domaine du pouvoir réglementaire


Une des grandes innovations de la Vème République a été d’assigner à la Loi un domaine bien délimité,
notamment par l’article 34 de sa Constitution, et qui a instauré la notion de règlement autonome à
l’article 37 de cette même Constitution.
C’est une consécration théorique, car en pratique les IIIème et IVème Républiques l’avaient déjà consacré.
À partir de là il existe :
* un pouvoir règlementaire d’exécution des lois ; où il ne s’agit que de préciser les modalité
d’application de la Loi.
* et un pouvoir réglementaire autonome ; où la Loi n’intervient pas et où elle n’a pas à
intervenir.
=> Néanmoins il y a eu des débordements du pouvoir législatif hors de son domaine.
Ces débordements sont admis par la jurisprudence constitutionnelle, et le pouvoir réglementaire dispose
de moyens d’action pour remettre en cause les lois contrevenants aux articles 34 et 37 de la
Constitution (loi d’avant 58 : avis du CE ; après 58 : délégalisation par le CC).
=> Le Législateur ne peut autoriser le pouvoir réglementaire à intervenir dans une matière pleinement
législative au sens de l’article 34.

Chapitre II - L’exercice du pouvoir réglementaire


Il peut être répartie en différentes catégories :
- Pouvoir réglementaire générale
- Pouvoir réglementaire spécialisé

Section 1 - Le pouvoir réglementaire général


Prise de mesures applicables sur l’ensemble du territoire national. Il appartient au premier ministre et au
président de la République, et donne lieu à l’adoption de différent règlement.

§1 - Les décrets
Il appartient au Premier Ministre et au Président de la République et s’exerce sous la forme de décrets.
Mais les décrets ne sont pas forcement de nature réglementaire. Exemple : les actes de nominations.

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Décrets = actes administratifs, individuel ou réglementaire, pris par le Premier Ministre ou le Président de
la République.

A - Le Président de la République
Article 13 de la Constitution : Le Président de la République signe 2 types d’actes :
- Ordonnances
- Décrets délibérés en Conseil des ministres
CE, Meyet, 1992 : concernent tous les décrets, que leur adoption en Conseil des ministres soit
imposée ou non par la Constitution. Avant c’était seulement ceux imposés par la Constitution.
Le président ayant la maitrise de l’ordre du jour, il peut choisir les décrets qu’il signera lui-même et ceux
qu’il laisse au Premier Ministre.
La modification et l’abrogation des décrets revient également au Président de la République. Et cela
même si aucun texte ne prévoit que les décrets en cause soient délibérés en Conseil des ministres.
On aurait pu penser que ça relevait du Premier Ministre ; mais non. CE, 19 juin 2013.
=> A fortiori un décret signé en conseil des ministres par le Premier Ministre est illégal.

B - Le premier ministre
La compétence de principe en matière de pouvoir réglementaire général appartient au premier
ministre ; Article 21 de la Constitution : « Le pouvoir réglementaire appartient au premier ministre ».
- 90 à 95 % des décrets sont ainsi pris par le Premier ministre.
Mais dans les débuts de la Vème République que des décrets non délibérés en Conseil des ministres
soient signés par le Président de la République.
Doit on les considérer illégaux ? La réponse aurait du être OUI.
* CE, Sicard, 1962 : Mais pour des raisons de sécurité juridique le Conseil d’État a jugé que la
signature du Président de la République devait être considéré comme surabondante (sans incidence)
et ne pas aboutir à une annulation.
C’est une solution assez constructive.
Ces décrets du Premier Ministre signés par ce dernier et par le Président de la République sont
considérés comme étant pris par le Premier Ministre seul. Ce qui fait de ce dernier le seul compétent
pour les modifier ou pour les abroger. Les décrets modificatifs ou abrogatifs doivent être signés par le
Premier Ministre est pas nécessairement par le Président de la République, et ce quand bien même ce
dernier ait signé le décret initial.

§2 - Les différents types de règlements


A - Les règlements d’exécution des lois
Ils définissent les modalités et conditions d’application de la Loi, lorsque celle-ci ne les a pas prévue et
quelle n’est pas applicable sans elle.
- Ces règlements peuvent être pris sur invitation expresse du Législateur.
- Mais le pouvoir réglementaire peut également intervenir spontanément lorsque les mesures
d’application sont nécessaires.
Cela s’exerce à l’égard de toutes les lois ; aussi bien à l’égard des lois qui fixent les règles que à
l’égard de celles qui ne font que déterminer les principes généraux (Article 34 de la Constitution).

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L’exercice du pouvoir réglementaire d’exécution des lois n’est pas une modalité d’exercice du pouvoir
réglementaire ; c’est une obligation.
* CE, Commune de Montpellier, 2013 : le refus du Premier Ministre ou du Président est
sanctionné par le Conseil d’État ; annulation du refus qui obligera à prendre le décret.
Ces décrets d’application doivent par ailleurs être pris dans un délai raisonnable, compte tenu du degré
de complexité de la Loi.
* CE, Dame Veuve Renard, 1964 : Mais le fait que la Loi se heurte à des manifestations civiles ne
permet pas de différer l’adoption de mesure d’application. Sinon la responsabilité de l’État peut-être
engagée.
Cette solution est également applicable aux décrets qui renvoient eux-mêmes à des décrets ministériel.

La compétence du pouvoir réglementaire ne se limite pas aux premiers règlements d’application de la


Loi. C’est une compétence permanente. Tant que la Loi reste en vigueur le pouvoir réglementaire
dispose de la liberté d’adopter de nouvelles mesures, et de modifier ou d’abroger les anciennes.
Le Conseil d’État estime que le pouvoir réglementaire d’exécution des lois permettait d’étendre des
dispositions législative, à une matière quelle ne concernait pas initialement (cf CE, Meyet, 1992).
« Considérant, en deuxième lieu, que le pouvoir réglementaire ne peut, sans commettre d'illégalité, instituer des
infractions ou des peines qui relèvent du domaine législatif »

Exemple : La procédure de référendum est régit par des dispositions législatives ou réglementaires applicables
à d’autres consultations électorales.
C’est une solution audacieuse et constructive.
En revanche, le pouvoir réglementaire ne peut prendre des mesures d’exécution des lois portant sur des
matières qui relèvent du Législateur.

B - Les règlements autonomes


Ils sont moins nombreux et occupent un champ mois étendu que celui initialement prévu.
En vertu de la hiérarchie des normes ils sont soumis à la Loi et ne peuvent la méconnaitre.
* Ils ne peuvent méconnaitre une loi, exception faite des lois pré-1958 et avec l’avis du Conseil d’État.
Pour les lois post-1958, le seul fait que la loi soit hors du domaine législatif ne suffit pas à la rendre sans
effets. Il faut une saisine par le Premier Ministre du Conseil Constitutionnel qui doit délégaliser le texte.
Le refus du premier ministre de faire cette saisie n’est pas admis et peut faire l’objet d’un REP.

Ces règlements en tant qu’actes administratifs sont soumis au contrôle du juge.

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Section 2 - Le pouvoir réglementaire spécialisé


§1 - Le pouvoir réglementaire de police du Premier Ministre

Il n’existe toujours pas au jour d’aujourd’hui de dispositions constitutionnelles conférant à une autorité
de l’État le pouvoir de prendre sur l’ensemble du territoire des mesures de police administrative,
destinée à garantir l’ordre public.
=> C’est naturellement une anomalie.

Le Conseil d’État a comblé cette lacune dans CE, Labonne, 1919 en reconnaissant au chef de l’État un
pouvoir de police destiné à garantir l’ordre du public « en dehors de toutes habilitations législative et en
vertu de ses pouvoirs propres » (premier code de la route).
C’est un pouvoir réglementaire implicite (le terme autonome amènerait à une confusion avec ceux de
l’article 37). Sous la Vème République on l’a transféré au Premier Ministre, et non au chef de l’État qu’est
le Président et qui devrait en être le détenteur au sens de CE, Labonne, 1919.

* Au début de la Vème on s’est posé la question du maintien de cette solution.


Il pourrait relever de la Loi dans le sens où l’article 34 indique que les garanties fondamentales pour
l’exercice des libertés publiques relèvent du Législateur.
Mais le Conseil d’État, dans son arrêt CE, Association culturelle des israélites nord-africains de
Paris, 1979, à remis au Premier Ministre « le pouvoir d’édicter des mesures applicables sur l’ensemble du
territoire en vertu de ses pouvoirs propres » et « en dehors de toute habilitation législative ».

§2 - Le pouvoir règlementaire des ministres


En principe les ministres n’ont pas de pouvoir réglementaire, mais il existe des exceptions.
- Le principe
Pas de pouvoir réglementaire pour les ministres, même pour les affaires relevant de leurs attributions.
Le Conseil d’État dit non :
- Raison de droit : aucune disposition ne reconnaissant ça aux ministres.
- Risque de chevauchement de compétence entre les différents ministères, et source d’insécurité
juridique.

Mais les ministres ont tenté de contourner cette solution par le biais de circulaire.
Et le Conseil d’État à partir du milieu des années 50 a considéré qu’une circulaire comportant des
dispositions réglementaires, et ne se contentant pas de dire le droit tel qu’il existe est susceptible
d’annulation.
Les ministres peuvent exercer leur pouvoir réglementaire peuvent être habiliter à exercer le pouvoir
réglementaire par la Loi ou par un décret.
Exemple : Premier Ministre peut renvoyer l’application de ses décrets à un décret d’application d’un
de ses ministres.
Il a même été décidé qu’une partie des mesure d’application de la loi peuvent être déléguée par le
Président de la République ou le Premier Ministre à un ministre à la condition que ces mesures d’une
part présentent un caractère limité et que le décret les aient définies avec une précision suffisante.

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§3 Pouvoir réglementaire des institutions spécialisées


En vertu des textes, des institutions spécialisées peuvent être investit de pouvoirs réglementaires ; c’est
le cas des établissement publics, des autorités administratives indépendantes (CSA, …), des organismes
privés investit de missions de services publics
TC, Société Air France c. Époux Barbier, 1968 : Le Tribunal des conflits juge que le règlement
émanant d’une personne morale de droit privé gérant un service public industriel et commercial revêt
un caractère administratif, dès lors qu’il concerne l’organisation même du service public. Par suite, seules
les juridictions administratives sont compétentes pour apprécier la légalité de ce règlement.

§4 Pouvoir réglementaire des chefs de services


Le CE s’est aperçu très vite que le refus de l’accorder aux ministres pouvait être gênant.
Il leur a reconnu assez tôt un pouvoir réglementaire en qualité de chef de service. Cela leur empêchait
de pourvoir à l’organisation de leur service CE, Jamart, 1936.
Considérant «  même dans le cas les ministres ne tiennent d’aucunes dispositions législatives un pouvoir
réglementaire ils leur appartient, comme à tout chef de service, de prendre les mesures nécessaires au bon
fonctionnement de l’administration placée sous leur autorité ».
Il n’appartient donc pas qu’aux seuls ministres ;
- Préfets,
- Exécutifs locaux,
- Dirigeant d’établissement publics
(CE, Syndicat national des personnels administratifs de l’ONF - FO, 2010),
- Organe dirigeant des organismes privés responsable d’un service public
(CE, Ass, Fédération FO énergie et mines, 2013 : concernait EDF).

Il permet aux autorités qui en sont investit de fixer les modalités d’organisation et de fonctionnement
dont ils ont la responsabilité, par exemple en créant des organismes consultatifs interne au service, ou en
réglementant la situation des agents placés sous leur contrôle (cf CE, Dehaene, 1950)

CE, Liberté informatique santé, 2004 : ministre de la défense a compétence pour rendre obligatoire
certaines vaccination liées au risques et à la fonction militaire.

§5 Le pouvoir réglementaire des autorités locales


Ce pouvoir réglementaire leur est reconnu par l’article 72 de la Constitution, (Loi constitutionnelle du
23 mars 2003). Dans les conditions prévues par la Loi, les collectivités territoriales s’administrent
librement par des conseils élus et disposent d’un pouvoir réglementaire pour l’exercice de leur
compétence.
Le Constituant n’a voulu que confirmer une jurisprudence administrative et constitutionnelle constante.
Les collectivités territoriales peuvent exercer ce pouvoir pour la mise en œuvre de leur compétence.
Limite territoriale et matérielle, car c’est une compétence d’attribution.

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En revanche les collectivités territoriales doivent se conformer à la hiérarchie des normes. Elles ne sont
pas habiliter à prendre des règlements d’exécution des lois en principe, et le législateur ne peut leur
conférer cette compétence.
Sauf en deux hypothèses :
- Lorsque la Loi est suffisamment précise en la matière. Mise en œuvre mécanique de la Loi.
- Lorsque la Loi habilité expressément les autorités locales à définir les modalités d’application de la Loi
en vue de la adapter aux spécificités locales DC, 17 juillet 2002, Statut de la Corse.
(Voir à ce sujet : Avis du 15 avril 2012 du Conseil d’État)

Section 3 - Hiérarchie des règlements


- Au sommet les décrets du Présidents et du Premier Ministre.
Et entre les deux prime ceux qui sont pris après avis obligatoire du Conseil d’État.
- Puis viennent règlements qui sont pris sans avis ou avec avis facultatif du Conseil d’État
(indifféremment).
- Puis viennent les règlements d’application de ces décrets généraux. Ex : Arrêté ministériel.
- Puis viennent les autres.

Le pouvoir réglementaire par ordonnances : Habilitation législative du gouvernement à prendre des


mesures dans le domaine de la Loi. Juridiquement ce sont des actes réglementaire tant qu’il n’y a pas eu
de ratification parlementaire. Par conséquent ces ordonnances sont susceptibles de recours avant la
ratification et celui-ci est alors en mesure de vérifier :
* Si ces ordonnances respectent bien l’habilitation législative
* Si elles sont conformes aux principes généraux du droit

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Titre 2 : La police administrative


Vise au maintien de l’ordre public et n’a cessé de s’intensifier en terme d’importance au sein de
l’exercice du pouvoir réglementaire. C’est une notion péjorative liée à l’Ancien Régime où toutes les règles
régissant les conduites sociales sont assimilées à la police. On parlait alors d’État de police, ou d’État Policier.

Avec la Révolution, qui se veut une rupture, la police devient suspecte. Mais les contemporains de la
Révolution s’aperçoivent très vite que la liberté à besoin de discipline pour s’épanouir, la police
réapparait en tant qu’activité de protection de l’ordre libérale, c-a-d ordre tourné vers la protection des
libertés.

DC, 27 juillet 1982 : L’ordre public est un objectif de valeur constitutionnel dans la mesure ou son maintien
est nécessaire à la sauvegarde des principes et des droits ayant valeur constitutionnelle.

La police administrative hérite de deux caractères :


▪ Une activité conservatrice, en ce sens qu’elle n’a nullement comme objectif de
façonner un ordre nouveau.
▪ Une activité subsidiaire car elle n’a vocation à intervenir que pour pallier aux
carences de l’institution libérale et pour rétablir l’harmonie sociale que la liberté
de l’institution libérale ne peut réaliser à elle seule.
Cette notion de police administrative est éclipsée par la notion de service public.

Chapitre 1 : La notion de police administrative

Section 1 : La définition de la police administrative

Il faut la distinguer de la police judiciaire.


La police administrative est une activité, le personnel de police n’est qu’un des moyens parmi d’autre qui
sert le cas échéant à l’exercice de cette activité.
La police administrative n’est pas uniquement une activité préventive, mais ce peut être aussi une activité
curative ou répressive. Activité qui s’exprime par l’édiction de règles de droit comme une activité
matérielles.

Est une activité de police administrative l’activité de l’administration qui a pour but la
protection de l’ordre public. La police administrative se défini par sa finalité, et c’est elle qui permet
de l’identifier et fait sa spécificité. Mais ce n’est pas suffisant dans tous les cas.

§1 la finalité d’ordre public


Il n’y a de mesures de police que celles qui visent à maintenir l’ordre public. Aucun organe de la police
administrative ne peut prendre de mesure n’allant pas vers le maintien de l’ordre public.
Exemple : un maire ne peut sanctionner les atteintes à l’intégrité des animaux dans le cadre de ses pouvoirs
de police.

Cela a des conséquences du point de vue de la compétence.

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A) Distinction entre service public et police administrative


TC, Société Mona Parfum Holding, 2011 : Un maire met en place un système de télésurveillance sur
une partie de son territoire et confie la gestion de la surveillance à une entreprise spécialisée.
Des cambriolages ont lieu à raison de défaillance du service de surveillance.

Est-ce une activité de service public ou de police administrative ?


- Si police administrative c’est illégale, car on ne délègue pas la police, et cela relève du Tribunal
Administratif.
- Si c’est un service public industriel et commercial, cela relève de l’ordre judiciaire.

Pour le TC on est dans le cadre d’un SPIC.

CE, Mme Beaufils, 2009 : Accident sur une piste de ski on a le choix entre :
- Plainte sur le fondement de la mauvaise gestion des pistes, devant l’ordre judiciaire.
- Plainte sur le fondement de l’absence de mesures sécuritaires prises par le maire, devant le TA.

B) En présence de mesure de police ou de réglementation


Elles sont souvent proches. La sanctions vient tirer les conséquences d’un manquement à une règle visant
au maintien e l’ordre public. Alors que la mesure de police met fin ou prévient une atteinte à l’ordre
public.

* Les obligations procédurales ne sont pas les mêmes.


* Ce ne sont pas les mêmes autorités compétentes.
* Les pouvoirs du juges ne sont pas les mêmes ; pleine juridiction pour la sanction, alors qu’on a le
REP pour les mesures.

Exemple : CE, EURL Mandon, 2009 : un maire suspend la tenue d’un marché en raison de gène causée
au riverain. Mesure de police ou sanction ?
=> Le CE répond que c’est une mesure et non une sanction.

Autre exemple : la suspension du permis de conduire est considéré comme une mesure de police
administrative. Car elle vise à préserver la sécurité des autres usagers de la route. C’est le but d’ordre public
qui est preignant. Alors même que le retrait de points est une sanction pour le CE.

§2 Le contenu de l’ordre public


Il se conçoit principalement comme un ordre public matériel, constitué de :
- Sécurité
- Tranquillité
- Salubrité

A) La sécurité publique
Cela consiste à prévenir les dommages aux personnes et aux biens.
CE, Ville de Dièpe, 1972 : C’est au travers de ce but de sécurité publique que le CE a admis que le maire
en tant qu’autorité de police pouvait instaurer des voies piétonnières.
CE, Bouvet, 1975 : Cela va même jusqu’à englober la protection des individus contre eux mêmes.
Est jugé légal un décrets du Premier Ministre imposant le port de la ceinture de sécurité.

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B) La salubrité publique
Consiste à previre les infection, épidémies et troubles médicaux.
CE, Confédération départementale des chambres syndicales de débitants de tabac en France,
2007 : Le CE a admis le décret d’interdiction de fumer dans les lieux publics.

C) La tranquillité publique
Consiste à prévenir aux atteintes à la tranquillité de la population.
Exemple : Tapage nocturne, …

§3 Extension du domaine de l’ordre public au delà de la trilogie classique.


Il est classiquement matériel comme nous l’avons vu. Mais il englobe à présent un ordre public
immatériel.
Vedel : « L’ordre public est constitué par un certain minimum de conditions essentielles à la vie sociale ».
Ces conditions peuvent varier avec le temps, l’évolution des mœurs et de la société.
Emergence d’un ordre public immatériel fondé sur la moralité publique et sur la dignité de la personne
humaine.

A) La moralité publique
La poursuite d’un but de moralité publique est peu conforme à la conception traditionnelle de l’ordre
publique. Dans sa conception libérale la police administrative ne doit pas se transformer en police
des consciences. D’une part il n’est pas toujours aisé de démêler ce qui relève de l’ordre matériel et ce
qui relève de l’ordre moral.
D’autre part au sein de la société des exigences morales peuvent être aussi forte que celles
d’ordre matérielle. La police administrative est admise à poursuivre un but de moralité, seule
sont légales les mesures qui sont destinées à prévenir ou faire cesser un trouble grave des
consciences.
Il existe au sein de la société des exigences immatérielles qui relèvent de l’ordre public à degré
équivalent que la trilogie classique.
Néanmoins il faut que leur invocation reste modérée et que les exigences morales visées soit
universellement partagées.
Le but de moralité est légal dans deux types d’hypothèses :
- CE, Club sportif indépendant sportif châlonnais, 1924 : mesures de police interdisant un
match de Boxe est légale.
CE, Beaugé, 1930 : L’obligation de porter un peignoir de bain en dehors des lieus de bain sur
les stations balnéaires est légale.
- CE, Société des films Lutécia, 1959 : Les interdictions de projection de films décidées par
des maires sur le territoire de leur commune. Le CE a été saisie de plusieurs recours et admis la
légalité de telles mesures et a décidé que «  lorsque la projection du film est susceptible de
provoquer des troubles sérieux, ou d’être en raison du caractère immoral du film et de circonstances
locales préjudiciable à l’ordre publique ». Le CE a admis la validité de l’interdiction du film « Les
liaisons dangereuses ». La police du cinéma est en principe tenue par le ministre de la Culture,
c’est lui qui donne en principe un visa pour la diffusion des films en cinéma, mais malgré ce
premier filtre il a été admis le contrôle du maire.
o Il faut également des circonstances locales sensibles résultant de cette atteinte.
(CE, Ville de Salon de Provene, 1963).
o Le CE se montre stricte sur l’existence de circonstances locales. CE, Commune
d’Arqueil, 1997. Les messagerie rose ne sont admissibles comme objets d’interdictions.

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B) La dignité de la personne humaine

Valeur à laquelle on prête une attention soutenue. Un maire peut-il interdire spectacle au seul motif qu’il
portait atteinte à la dignité de la personne humaine avait simplement atteint à la conscience que l’on
peut avoir de la dignité humaine. Faire lancer un nain par des spectateurs et conduisant à utiliser comme
projectile une personne affectée d’un handicap physique et présenté comme telle. Arrêté municipaux
annulé par TA car aucune circonstances locales pour justifier une telle interdiction.
* CE, Ass, Commune de Morsang-sur-Orge, 1995 : « le respect du principe de la liberté du travail
et de celui de la liberté du commerce et de l’industrie ne fait pas obstacle à ceux que l’autorité de
police municipale interdise une activité même licite si une telle mesure est seule de nature à prévenir ou
à faire cesser un trouble à l’ordre public que tel est la cas en l’espèce eu égard à la nature de
l’attraction en cause ».

On peut considérer que lorsque le juge agit avec prudence il lui appartient de protéger les valeurs
auxquelles la société est attachée. Peu importe que la personne ai été consentante et rémunérée pour
ce faire, et cela même en l’absence de circonstances locales particulières. La dignité de la personne
humaines est un droit substantiel n’admettant pas de dérogations.

Le CE n’est pas isolé dans sa position, dans un arrêt CJUE, Société Oméga, 2004 la Cour Européenne
admet la possibilité d’interdire une activité économique pour des motifs d’ordre public en raison du fait
que cette activité porte atteinte à la dignité humaine.
CE, Ministre de l’Intérieur contre Association de la Solidarité des français, 2007 : interdiction de
la soupe au cochon. Soupe servie dans la rue et contenant du porc. Porter atteinte à la dignité des
personnes protégées.

Décision ayant trait à des demandes d’indemnité présentées par des détenus en raison du caractère
dégradent des conditions de leur détention, utilisation du principe de la dignité humaine.

Le CE par ordonnance du 9 janvier 2014 a cassé la l’arrêt du TA de Nantes contre la décision d’interdire
à Dieudonné de produire son spectacle. Cet arrêt du CE dispose dans ses motifs, une atteinte à la
dignité de la personne humaine « consacrée par la DDHC et sur la tradition républicaine française ».

Le principe de précaution est également en voie de se faire un chemin par le biais de la charte de
l’environnement.

§3 Les limites de l’ordre public général


A) L’esthétisme
L’esthétique : la limite est que la police administrative ne peut avoir attrait à l’esthétisme.
CE, Chambre syndicale des entreprise artisanale du bâtiment de haute Garonne, 1972 :
Le CE opère un revirement et considère à présent que l’esthétisme n’est plus un but de la
police administrative.
Le but politique ; les autorités de police ne peuvent fonder leur mesures sur la protection des tel ou
tel partie, ou limité l’activité de tel ou tel autre partie.
La portée de cette limite est relativisée car il existe des polices spéciales qui permettent aux autorités de
police de défendre la sureté de l’état et l’égalité républicaine.

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B) La protection de la sécurité économique

CE, Chaigmeau, 1975 : On ne peut pas utiliser le pouvoir de police administrative générale pour
assurer l’ordre public économique.
Le Premier ministre en effet avait décidé à la suite du premier choc pétrolier de 1973-1974, dans le
cadre de son pouvoir de police administrative générale, de limiter la vitesse en voiture pour faire des
économies de pétrole. Il fonde cette limitation de vitesse d’une part sur une volonté d’économiser le
carburant et d’autre part qu’en baissant la vitesse on limite les accidents. Ce deuxième objectif de
sécurité publique est bien un but de sécurité générale, en revanche s’il s’agit de limiter la vitesse
simplement pour les économies de pétrole alors ce n’est pas un but de police générale.

C) Le but politique
Des mesures peuvent toucher des activités politiques, mais pour les conséquences de ces dernières, sur
l’ordre public jamais pour leur agissement sur le fond. L’activisme politique est en principe insusceptible
de porter atteint à l’ordre public.

Section 2 : Distinction entre police administrative et judiciaire


A. L’intérêt de la distinction

Ordre contentieux : les litiges qui naissent de l’exercice de la police administrative relève de la justice
administrative. Les litiges qui naissent de la police judiciaire ressortent de la justice judiciaire.
Il y a des affinités entre les deux, des liens de parenté qui peuvent rendre la distinction difficile :
* Ce sont des parentés de buts quelque fois ; l’ordre public.
* C’est quelque fois également des parentés d’organes ; exemple des maires qui sont des autorités
de police judiciaire et de police administrative.
* Ce sont quelque fois des parentés de forme d’action.

Exemple : DC, 19 janvier 2006 : Les actes de police administrative doivent obligatoirement être placé sous
le ressort du juge judiciaire. Il s’agissait d’une loi qui prévenait et sanctionnait des actes terroristes.
La sanction relève de la police judiciaire, et on a étendu une disposition de police administrative à une de
police judiciaire. Cela permet de comprendre l’intérêt de la distinction.

=> L’identification de la collectivité responsable des deux types de police, et donc des dommages qui
peuvent résulter de leur exercice :
- La police administrative relève de plusieurs collectivités, état, département et commune ; en
cas de dommage la collectivité responsable est celle au nom de laquelle l’activité est exercée.
- La police judiciaire relève de l’État central et de lui seul.

Mais il y a des parentés entre les deux polices. Ces deux polices ont le même but : la préservation de l’ordre
public. Certaines autorités cumulent des pouvoirs de police judiciaire et administrative.

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B. Les critères de distinction


a. Le contenu du critère
Dégagé par Tribunal des Conflits et le Conseil d’Etat, dans deux arrêts ;
CE, Baud, 1951 et TC, Noualek, 1951.
Rendu sur les conclusions du même commissaire du gouvernement. Le critère de distinction dégagé
dans ces arrêts réside dans l’existence de relation entre l’activité et l’infraction.
* Si l’activité est en relation avec une infraction pénal, a pour objet d’empêcher qu’elle soit commise
et d’en réunir les preuves, c’est une activité de police judiciaire, (CE, Baud, 1951).
* Si au contraire l’activité est dépourvue de tout lien avec une infraction et s’inscrit dans le cadre
d’une action général de protection de l’ordre public, c’est une activité de police administrative,
(TC, Noualek, 1951).

TC, Devoselle, 1990 : Le placement dans une cellule de dégrisement se fait sans la présence d’un juge.
=> Une QPC est déposée contre cela : on oppose à cette disposition que c’est une sanction de police
judiciaire, et non une mesure de police administrative.
Le Conseil Constitutionnel décide que c’est une mesure de police administrative et non une sanction de
police judiciaire. Vise à garantir la salubrité et la tranquillité publique.

b. La mise en œuvre du critère de distinction


Il apparait que la jurisprudence conçoit la relation de l’activité avec l’infraction de manière large.
Il peut s’agir d’une relation avec une infraction déjà commise ou à commettre. Il peut aussi s’agir d’une relation
avec une infraction supposée ou supposée à tort.
Le juge adopte une méthode réaliste d’application du critère, il ne s’en tient pas aux apparences que
veut créer l’administration notamment.
Le juge n’hésite pas à considérer un acte comme relevant de la police administrative si telle est sa réalité.
- CE, Ass, Société Le Monde et Société Frampar, 1960 : Il y a une forme de détournement de
pouvoir. Il s’agit de saisit de journaux présentés comme visant à conserver des preuves relatives à une
infraction. On a en quelque sorte cherché à donner les prérogatives d’un acte de police judiciaire à un
acte de police administrative.
Le juge adopte une conception extensible de la notion d’infraction. Ce qui compte c’est de savoir si
l’agent qui est à l’origine avait en vue une infraction, a agit en considération d’une infraction.
=> Quand bien même il se serait mépris sur la réalité ou l'existence de cette infraction.

C’est ainsi que relève de la police judiciaire,


- non seulement un acte qui est en relation avec une infraction qui a été effectivement commise,
- mais également un acte qui est en relation avec une infraction qui est sur le point d'être
commise. Toutes les opérations qui visent à empêcher une infraction dont on est certain qu'elle
va être commise. Mais relève de la police judiciaire, les actes supposés, sans réalité effective.

- TC, Consort Tayenne, 1968 : Un passant attire l’attention d’un agent puis s’enfuit alors qu’il est
interpellé. L’agent tire et tue, alors qu’il n’aurait rien fait. C’est de la police administrative, il l’a fait en
prévention, il ne peut se réfugier derrière le statut d’un acte de police judiciaire qui comprend
l’existence d’une infraction.

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- TC, Demoiselle Motsch, 1977 : Le juge administratif ne qualifie pas une fois pour toutes certains
actes, notamment les saisies qui peuvent être judiciaires ou administratives. Le juge accepte qu’une
opération puisse changer de nature au cours de son déroulement. Il admet qu’une opération
initialement de police administrative se transforme du fait de circonstances particulières en une
opération de police administrative.
- TC, Société Le profil, 12 juin 1978 : Attaque d’un fourgon et succès des malfaiteurs.
Le préjudice a été considéré comme relevant essentiellement des conditions d’organisations et que
par conséquent l’action et la société relevait du Tribunal Administratif parce que dans son ensemble
l’opération devait être considérée comme une opération de police administrative. Mais à partir du
moment où il y a attaque, il s’agit de se défendre ; pourquoi ça ne relèverait pas du judiciaire ?
Il a été décidé qu’il fallait attribuer les dommages à l’organisation de la police administrative.

Section 3 : La dualité de la police administrative


* Générale ou spéciales
La police administrative ne forme pas un ensemble homogène.
La police administrative vise à assurer l’ordre public. La police administrative spéciale a des objets divers
et variés.
Elles se distinguent pas leurs fondements, les polices spéciales supposent des textes expresses les instituant.
Alors que la police générale relève de la nécessité, elle n’est pas prévue par un texte.
Les autorités peuvent varier. Les buts poursuivis sont différents. Les polices spéciales ont une finalité
propre qui ne peut être poursuivie par la police générale. Enfin les modalités d’exercice sont différentes,
les polices spéciales ont des procédures spécifiques.

§1 : La distinction entre police spéciale et police générale


Police spéciale se caractérise par le fait qu'elle a un champ d'application bien définie et qu'elle confère à
des autorités de police des compétences particulières.
Généralement elle bénéficie d'un pouvoir de sanction plus sévère que la police générale.
D'abord la police générale se distingue par son fondement. La police générale ne
nécessitait pas de consécration textuelle pour que ça légitimité à s’exercer soit admise.
Les polices spéciales doivent être fondées nécessairement sur un texte de nature législative.
Parce que la police administrative est susceptible de mettre en cause les garanties accordées aux
citoyens pour l'exercice des libertés publiques.

CE, Syndicat national des pilotes d’ULM, 1989 : Ces polices se distinguent par les autorités
compétentes, il arrive que les autorités de police spéciales ne soit investit d'aucune compétence de
police générale. Les polices spéciales se distinguent de la police générale par les buts qu'elles poursuivent,
et enfin la police spéciale se distingue en ce qu'elle est soumise à des règles de procédure qui sont
différentes, qui sont spécifiques, disposent parfois de prérogative plus importantes mais sont assujetties à
des contraintes procédurales que ne connait pas la police générale.

§2 : L’ordre public spécial


Ce sont les buts en vue desquels les autorités de polices spéciales sont habilitées à agir. Ils ne présentent
aucune homogénéité. Ces ordres publics particuliers ne sont pas nécessairement différent de l’ordre
public général, il arrive qu’ils se confondent avec l’ordre public général, mais ils se distinguent par les
compétences, les pouvoirs qui leurs sont dévolus et les procédures qui leur sont apposées.

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Ex : police du cinéma. La police spéciale du cinéma (Ministre de la Culture) été amené à prendre des
mesure visant la préservation de la police générale.
L’esthétisme n’est pas un but de police générale, mais c’est un but de certaines police spéciale. comme celle
du contrôle de la politique publicitaire.

Le plus souvent les polices spéciales ont pour but le maintien d’un ordre public spécifique. Pour le
cinéma il s’agit de la protection de la moralité publique et tous les intérêts généraux, arrêt Chabrol 8
juin 1979.
La police de la publicité et des enseignes lumineuses a pour but la protection de l’environnement et de
l’esthétique.

Section 2 : La répartition des compétences de police administrative


On distingue entre police général et spéciale

§1 Les autorités compétentes en matière de police administrative générale


Plusieurs niveaux géographiques.

A) Sur le plan national


Il n’existe toujours aucun texte qui attribue une compétence de police administrative à une autorité
quelconque. Dès le début du XXème la question se pose de savoir si en l’absence d’habilitation expresse
le chef de l’exécutif dispose néanmoins d’un pouvoir de police.
Le CE répond par l’affirmative, CE, Labonne, 1919 ; à propos du recours d’un automobiliste contre le
décret instaurant le code de la route. «  il appartient au chef de l’état en dehors de toute habilitation
législative et en vertu de ses pouvoirs propres de déterminer celles de mesures de polices qui doivent en tout
état de cause être appliquées sur l’ensemble du territoire » théorie des pouvoirs implicite. Les modifications
introduites par la Constitution de 1958 conduisent à se demander si la jurisprudence peut être
maintenue, cf Art 34 de la Constitution.
CE, Ass, SARL Restaurant Nicolas, 1960  « il appartient au premier ministre en vertu de ses pouvoirs
propres et même en dehors de toutes dispositions du législateur l’y habilitant expressément, d’édicter les
mesures de polices applicable sur l’ensemble du territoire  ». L’art 34 de Constitution ne retire pas au
gouvernement les pouvoirs de polices qu’il exerçait auparavant.

B) Le plan départemental
Il appartient au préfet pour assurer la sécurité publique sur les route nationales en dehors des
agglomérations, et il appartient au président du Conseil Général de prendre toutes mesures applicable
aux routes départementale en dehors des agglomérations, il agit alors au nom du département, en cas
de défaillance le préfet peut se substituer à lui.

CE, Girard, 1957 : les juges ont considéré qu’il appartenait au préfet de prendre une mesure de police
régissant le tir dans le cadre d’une chasse du fait que ces tirs étaient effectué du territoire d’une commune et
pouvaient atteindre le territoire d’une autre commune.

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C) Le plan communal
* La compétence de principe du maire :
Art L2112-1 : «  Le maire est chargé sous le contrôle du représentant administratif de l’État dans le
département de la police municipal et des actes de l’État qui lui sont relatifs ».
Il est chargé sous le contrôle administratif de l’état dans de département de la police municipale et de
l’exécution des actes de l’autorité supérieur qui y sont relatifs. Le maire exerce le pouvoir de police seul
sans contrôle du conseil municipal. Il exerce ce pouvoir tantôt comme exécutant des mesures prises par
les autorités supérieures, tantôt à titre initial. En règle général il agit au nom de la commune, il en va
autrement lorsqu’il assure l’exécution de mesures de sureté générale prescrite par le gouvernement, le
maire intervient comme autorité de l’État et en son nom dans ce cas.

* La compétence du préfet
- Pouvoir de substitution : Compétence de substitution au maire qui a omis de prendre des
mesures de police administratives nécessaires au maintien de l’ordre public. Quand la carence
de l’autorité municipale ne concerne qu’une seule commune, l’intervention du préfet doit être
précédée d’une mise en demeure, ce n’est pas nécessaire quand il s’agit de plusieurs
communes ou de l’ensemble des communes du Département. Le préfet est alors sensé agir
en vertu de son pouvoir de substitution, et au nom des communes défaillantes. Si le préfet
cause ainsi des dommages, c’est la responsabilité des communes qui est engagée. En
contrepartie le préfet est tenu d’exercer un pouvoir de substitution
- Pouvoir propre : Le préfet dispose de pouvoirs de police propres dans les communes où la
police est étatisée et dans les hypothèses de grands rassemblements occasionnels,. Il s’agit de
la plus part des communes qui comptent plus de 20 000 habitants et dans les chefs lieux de
Départements.
Auxquelles viennent s’ajouter les communes où la police est étatisée par voie de mesures
individuelles, dans les communes où la population dépasse les 20 000 individus seulement en
certaines saisons et dans les zones à fort taux de délinquance. Dans ces communes le préfet
assure le maintien de la tranquillité publique notamment en ce qui concerne les
rassemblements de personnes et les manifestations.

* Point sur les EPCI


Plus de 90% des communes sont dans un EPCI. Ces établissement se sont vu reconnaitre des
compétence de police administrative, qui sont généralement des police spéciales : police de
l’assainissement, des déchets, des gens du voyage, …
Il est loisible aux communes de transférer des compétences de police aux EPCI après un
accord de l’ensemble des maires de l’établissement acté par le préfet. Mais la jurisprudence
prescrit que les maires conserve leur pouvoir de police général, y compris sur les domaines
de police administrative transférés à l’EPCI.

§2 Les compétences de polices spéciales


Les titulaires sont divers et désignés par les textes qui instituent ces polices, il peut s’agir d’autorités qui
disposent déjà d’un pouvoir de police général, mais le pouvoir de police spécial du cinéma appartient au
ministre de la culture.
Les textes ne déterminent pas comment ces compétences peuvent s’articuler.

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Section 3 : La combinaison des compétences de polices administratives


Il peut arriver qu’un même problème, une même situation concerne plusieurs autorité voir même
plusieurs polices distinctes. C’est le concours des pouvoirs de polices, 3 hypothèses :

§1 La combinaison de compétences de polices générales


Le premier ministre ou les préfets adoptent une mesure qui est applicable à l’ensemble de leur
circonscription territoriale, les autorités à un échelon inférieur, c-à-d les préfets et les maires ou les
maires seuls, peuvent-elles prendre à leur tour des mesures portant sur le même objet ou ne peuvent
elle qu’appliquer les mesures ?
CE, Commune de Néris-Les-Bains, 1902 ; les titulaires du pouvoir de police général ne peuvent aller
à l’encontre des mesures prises par les autorités supérieur, ni en atténuer la rigueur ;
En revanche ces autorités inférieures ne peuvent qu’aggraver les mesures prises à l’échelon
supérieur si des circonstances locales particulières le justifient.
Exemple : Les limitations de vitesses ; le maire d’une commune peut décider d’imposer une limite
maximale de vitesse mais il faut des circonstances locales particulières (étroitesse des rues, proximité
d’une école, …). Et il ne peut fixer une limitation supérieure à celle imposée nationalement.

§2 La combinaison de compétences de polices générales et spéciales


La situation est complexe. Une police spéciale est instituée dans un domaine déterminé, mais l’autorité
chargé d’exercer cette police ne prend pas les mesures qui s’imposent ou les mesures prises sont
insuffisantes.
Les titulaires du pouvoir de police général peuvent-ils intervenir pour pallier cette carence ?
Oui en cas de circonstances locales particulières, ou de péril grave imminent.

CE, Commune de Rochecourt sur Marne, 2009 : justifie l’intervention du maire pour péril grave
imminent dans une situation de contamination de l’eau au nitrate.

A) L’admission du concours des pouvoirs de police


Encore une fois cela concerne par essence les pouvoirs du maire.
Le CE admet qu’une autorité de police générale puisse intervenir dans un domaine faisant l’objet d’une
police spéciale.
* Exemple : La police spéciale du cinéma qui existe nationalement n’empêche pas pour autant les maires
au titre de leur pouvoir de police générale d’interdire des projections de films
(CE, Société des films Lutécia, 1959 ; solution qui reste confirmée aujourd’hui).

* Exemple : La police spéciale de l’affichage ne fait pas obstacle à l’intervention d’autoritéL’a générales
(CE, Union des chambres syndicales d’affichages, 1978).

* Exemple : Il existe une police spéciale de l’aviation civile qui n’exclue pas la possibilité pour un maire de
règlementer la pratique de l’aéromodélisme.

Dans tous ces cas, la police générale doit :


- Intervenir pour poursuivre le but qui est le sien ; à savoir l’ordre public. C’est compréhensible dans le
sens où elle investie de pouvoir nécessaire à satisfaire ce but, et pas un autre.
- Intervenir que pour aggraver les mesures prises par l’autorité de police spéciale ou pour remédier
à leur absence ; et jamais pour en atténuer la rigueur.

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En résumé : l’intervention de la police générale est subordonnée à des conditions :


- L’autorité de police générale ne peut intervenir qu’en poursuivant ses buts et non ceux de la
police spéciale.
- L’autorité de police générale ne peut intervenir que pour prendre des mesures plus sévères que
celles de la police spéciale.
- L’autorité de police générale ne peut intervenir que si des circonstances particulières l’exigent,
notamment s’il existe un péril grave et imminent auquel il convient de porter remède de
manière urgentes.
CE, Commune de Ménat, 26 aout 2005  ; le maire de la commune n’est pas compétent pour
interdire la culture d’OGM des lors qu’il existe en la matière une police spéciale, il n’existait pas en
l’espèce de péril imminent justifiant son intervention.
La combinaison des compétences de police spéciale n’est pas possible, en principe elles sont séparées.

B) Le refus du concours
Le CE considérait que certain textes instituant une police spéciale devait être interpréter comme
excluant l’intervention de l’autorité de police générale.
Ainsi il ne faut pas que les textes instituant la police spéciale aient exclue l’intervention de la police
générale. CE, Société des établissements Satan, 1935, les textes qui instituent au profit du préfet une
police des gares et aérodrome excluent intervention de la police générale.
Le CE a admis avec plus de facilité que l’existence de certaines polices spéciales excluant l’intervention
de la police générale.
- CE, Ass, Commune de Saint-Denis, 2011 : Il s’agit de la police des réseaux de
télécommunications électroniques. Il s’agit de savoir si un maire par arrêt peut limiter l’implantation
d’antennes relais aux réseaux téléphoniques mobiles. Le maire prétendait poursuivre un but de
salubrité publique. Le CE répond que la police spéciale instituée dans la matière exclue
l’intervention de la police générale. Cela car l’exercice de la police générale ne saurait intervenir
sans le degré d’expertise requis par le sujet et dont dispose l’autorité de police spéciale. Le CE a
été amené à rejeter l’invocation du principe de précaution.
- CE, Commune de St-Pierre d’Irube, 2012 : Solution précédente confirmée.
- CE, Commune de Valence, 2012 : Police spéciale des OGM est également insusceptible de voir
l’intervention de la police générale ;
«  Considérant qu'il résulte de ces dispositions que le législateur a organisé une police spéciale de la dissémination
volontaire d'organismes génétiquement modifiés, confiée à l'Etat, dont l'objet est, conformément au droit de l'Union
européenne, de prévenir les atteintes à l'environnement et à la santé publique pouvant résulter de l'introduction
intentionnelle de tels organismes dans l'environnement ; que les autorités nationales ayant en charge cette police ont
pour mission d'apprécier, au cas par cas, éclairées par l'avis scientifique d'un organisme spécialisé et après avoir procédé
à une analyse approfondie qui doit prendre en compte les spécificités locales, y compris la présence d'exploitations
d'agriculture biologique, s'il y a lieu d'autoriser la dissémination d'organismes génétiquement modifiés par leur culture en
plein champ ; que, s'il appartient au maire, responsable de l'ordre public sur le territoire de sa commune, de prendre les
mesures de police générale nécessaires au bon ordre, à la sûreté, à la sécurité et à la salubrité publiques, il ne saurait en
aucun cas s'immiscer dans l'exercice de cette police spéciale par l'édiction d'une réglementation locale ; que ce motif
doit être substitué aux motifs de l'arrêt attaqué, dont il justifie sur ce point le dispositif ; »

Pour ces deux polices la solution du CE est radicale. S’agit-t’il d’une volonté de préserver les polices spéciales à
hauts degrés de spécificité ? Ou bien est-ce une tendance nouvelle amenant à faire évoluer l’ensemble de la
question des combinaisons des polices générale-spéciales ?
Cette tendance à l’exclusion de la police générale tend à être combattue lorsque un même agent est
investie des deux pouvoirs.
Exemple : Le maire peut agir au nom de la police générale en cas de péril imminent.

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§3 La combinaison des polices spéciales


Elles sont étanches les unes aux autres. Une police spéciale ne peut intervenir dans le domaine d’une
autre police spéciale. Elle doit donc rester dans les buts qui sont les siens et les procédures qui lui sont
assignées.

Chapitre 3 : Le régime des mesures de police administrative


Section 1 La gratuité des mesures de police
Elles sont gratuite car payées par l’impôt et ne peuvent faire l’objet de redevance, même par contrat elle
ne sont pas admises.
- CE, Mme Dantin de Vaillac, 1985 : Le mesures de lutte contre l’incendie ne peuvent faire l’objet
de redevances.
- CE, Ville de Toulouse, 2011 : Les mesures qui ne sont pas détachables de la police générale ne
peuvent faire l’objet de payement, quand bien même il se ferait par voie contractuelle.
- CE, Service Départemental d’Incendie et de Secours de Savoie, 2010 : Panne d’ascenseur
dans une copropriété, le SDIS peut demander une contribution aux frais en cas de circonstances
exceptionnelle.

Section 2 L’obligation d’exercer des mesures de police


§1 L’obligation d’édicter des mesures de polices
Les autorités de police on la possibilité, mais aussi l’obligation de le faire dans deux hypothèses :
- Elles doivent édicter les actes nécessaires à l’application des réglementation existantes.
= CE, Doublet, 1962 : Le préfet de Paris est tenu de prendre les actes nécessaires à la
réglementation édictée.
= CE, Ass, Marabou, 1972 : Le préfet de police de Paris est tenu de prendre les mesures
nécessaires au respect de la réglementation du stationnement et à son application.
= CE, Latty, 1976 : Un maire a l’obligation de faire respecter un réglementation prise par le
préfet relative à la tranquillité publique.

- Elles doivent adopter à titre initiale les mesures indispensables pour remédier à une situation
particulièrement dangereuse pour l’ordre public.
= CE, Rossy, 1982 : Le maire doit interdire les véhicule à moteur dans les jardins publics.
= CE, Lefebvre, … : Quand il existe un plan d’eau non aménagé mais fortement fréquenté, le
maire doit prendre les mesures nécessaires pour assurer l’accès à ce plan.

§2 L’interdiction de déléguer les compétences de police


Les collectivités publiques ont la liberté de gérer elles-mêmes leur service public ou de les déléguer. Mais
cette liberté comporte une limite dans l’impossibilité de déléguer un certain nombre de service public
considérer comme non-délégables. La mission de police relève par sa nature de cette idée de non-
délégable.
CE, Ville de Castelle … , 1962 : Impossibilité de déléguer le pouvoir de police par voie de
convention notamment.

Cette interdiction vaut aussi bien pour les police spéciales que pour les polices générales.
CE, Association les amis de la Terre Lebon, 1985 : reprise de l’énoncé.

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CE, Commune de Menton, 1994 : Le Maire ne peut confier l’encadrement d’agent


municipaux chargé de contrôler les infractions au stationnement à une personne privée.
Il en est de même pour la surveillance des baigneurs sur une plage.
CE, Ass, Mme Wajs et Monnier, 1996 : La surveillance des autoroutes ne peut être déléguée.
CE, 3 juillet 2013 : Une commune avait prévu que les agents de la police du stationnement
devait exécuter les directives d’un concessionnaire qui disposait d’un parc de stationnement.
On dit que la police est réfractaire au pouvoir contractuel. L’ordre public est une question
beaucoup trop importante pour pouvoir être déléguée.

CE, Commune d’Ostricourt, 1997 : Devait être annulé la délibération du conseil municipal
en tant qu’elle portait sur les missions de surveillance de la Ville confiées à la société média
sécurité dans les immeubles municipaux.
L’enlèvement des véhicules mal stationnés et la mise en fourrière peut-être déléguée. Car ce
sont des missions purement matérielles.
CE, Société Vigitel, 2009 : Cette limite de délégation pose des problèmes pour la
vidéosurveillance. La société Vigitel, société responsable d'un port de plaisance. Peut on confier
au concessionnaire l'aménagement et la gestion d'un réseau de télésurveillance par caméra et
gérer la transmission des alarmes dès lors que ce n'est pas lui qui constate et réprime les
infraction, on se trouve en présence d'un service public industriel et commercial.
TC, Société Mona parfum holding, 2011 : Il s'agissait de la défaillance d'un système de télé-
surveillance proposé par une commune pour les commerçants. Un des commerçants se fait
cambrioler et attaque la commune.

La délégation des taches matérielles de police administrative vient en particulier poser des questions sur
le domaine de la vidéosurveillance.
Loi du 18 juin 2014 : Autorise les attisants-commerçants de procéder à ces vidéosurveillance dans les
lieux particulièrement exposé au vol et au cambriolage.

DC, 10 mars 2011 (Loi LOPPSI) : Une loi ne peut procéder à une délégation telle que celle
condamnée par CE, Commune d’Ostricourt, 1997.
Il est donc interdit de confier des missions de surveillances générales visant à garantir l’ordre public, et ne
se limitant pas à la mise en place des installations mais à leurs exploitations.

Section 3 L’imprescriptibilité des mesures de polices


Cela quelque soit le temps écoulé depuis le fait initial produit.

* CE, Société Alusuisse Lonza France, 2005 : Police spéciale des installation classée ;
« à toutes époques » dès lors que s’y manifeste des dangers et inconvénients contre lesquels
les mesures de polices sont mise en œuvre.

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Section 4 Le régime de légalité des mesures de police

§1 : Les différents types de mesures de police


Le principe est celui du libre choix des moyens à utiliser pour remédier aux troubles ou aux risques de
troubles. Les autorités de police ont une large gamme de mesures de polices.

A) Les mesures autorisées


Elles peuvent être matérielles ou juridiques. Elles peuvent par ailleurs revêtir un caractère préventif.
Exemple : le port de la ceinture de sécurité ; les mesures de police peuvent aussi être répressives.

Lorsque ces mesures revêtent le caractère d’acte juridique, elles peuvent être de natures règlementaire,
c-à-d d’une forme de règlementation générale, mais aussi de nature individuelle.
Les mesures de polices peuvent consister en des interdictions pures est simples ou en des limitations.

B) Les mesures interdites


Deux types de mesures interdites :
- Le procéder du contrat est interdit, les autorités de polices doivent agir par actes unilatéraux,
CE, Association les amis de la terre, 1985 : Les mesures de police ne peuvent créer de
droit, dont pourraient se prévaloir les administrés. Les autorités de police doivent pouvoir à tout
moment modifier les mesures qu’elles ont prisent. L’autorité de police ne doit pas être liée.

- L’autorité de police ne peut utiliser le procéder de l’autorisation.


CE, Ass, Daudignac, 1951 : à propos de l’exercice de la profession de la photographie de
mœurs. Seul le législateur peut instituer un régime d’autorisation préalable. Parce que le juge
administratif considère que l’autorisation préalable recèle un risque d’arbitraire et de
discrimination.

§2 : Les conditions de légalité des mesures de police


Les mesures de police ont pour conséquence de porter atteinte aux libertés publiques. Mais l’essence
libérale veut que cette exigence du maintien de l’ordre public n’apporte pas plus de limites que
nécessaire aux libertés publiques ; c’est le juge administratif qui garantie cette juste proportion.
Mais ce doit être concilié avec la protection des libertés. Donc les mesure de polices sont soumises aussi
à des conditions spécifiques de légalité.

A. Les conditions générales de l’égalité de mesures de polices


Celles qui s’imposent à tous les actes de l’administration.
- Prises par les autorités compétentes.
- Doivent respecter les formes et les procédures requises, obligation pour l’autorité de police de
motiver expressément ses mesures individuelles, et respecter le principe de contradictoire avant
leur édiction.
- Elles doivent se conformer à l’ensemble des normes supérieures, en particulier au principe
d’égalité. Le principe du contradictoire ou encore des droits de la défense.
- Elles ne doivent pas être entachées de détournement de pouvoir.
- L’autorité de police doit faire en sorte de ne pas porter atteinte au libre jeu de la concurrence,
ne pas fausser la concurrence.
Avis CE, Société L et P publicité, 2000. «  Dès lors que l’exercice des pouvoirs de police est
susceptible d’affecter les activité de production de distribution et de service, la circonstance que les

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mesures de police ont pour objectif la protection de l’ordre public, n’exonère pas l’autorité investie de ces
pouvoirs de police de prendre en compte également la liberté de commerce et de l’industrie et les règles
de la concurrence. ».
Solution confirmée par CE, Syndicat de défense des conducteurs de taxis parisiens, 2007.

B. Les conditions de légalité particulières aux mesures de police :


La règle de nécessité et d’adaptation
Les mesures de police administrative doivent être rendues nécessaire au maintien de l’ordre public, et
doivent être adapté à ce qu’exige l’ordre public ; ni plus, ni moins.

1. La signification de la règle
Pour être légale la mesure doit être justifiée, c-à-d qu’il faut qu’en son absence il y ait une menace de
trouble, ou un trouble à l’ordre public. Il faut que la mesure soit proportionnée à l’importance du
trouble. L’autorité de police ne doit pas prendre des mesures plus rigoureuses et restrictives des libertés
que celles nécessaire.
Si l’autorité de police pouvait avoir recours à des mesures moins contraignantes, les mesures prises
seront jugées illégales.

- CE Benjamin, 1933 : René Benjamin avait été invité dans la ville de Nevers à donner une
conférence, M. Benjamin était un pourfendeur de l’école publique, le maire de Nevers craignant des
troubles venant des militants laïques interdit conférence.
Le CE annula cette mesure en estimant que «  l’éventualité des troubles alléguée par le maire de
Nevers ne présentait pas un degré de gravité telle qu’il n’a pu sans interdire la conférence maintenir
l’ordre en édictant les mesures de police qu’il lui appartenait de prendre ».

La mesure doit être proportionnée au risque et adaptée au trouble à l’ordre public.


Le CE considère comme justifiée l’interdiction de commerce ambulant à certaine place de la ville, pendant une
certaine période à une certaine plage de temps.

Cette règle de proportionnalité est également consacrée par le Conseil Constitutionnel :


DC 10 mars 2011 (2011-625) ; Etait contestée l'interdiction de déplacement de supporters sportifs.

Cette règle de nécessité et d'adaptation s'applique et est très protectrice des libertés.
C'est une nécessité absolue et pour autant le maintien de l'ordre public ne justifie pas d'aller au delà.
S'applique aux polices générales et police spéciales.
Exemple : C’est une règle qui a été appliquée à propos du décret qui interdit les produits Poppers.
CE, Société France conditionnement création, 2009.

Il faut que la solution soit justifiée, par un trouble ou une menace de trouble à l'ordre public.
Cette menace doit être réelle. CE, Commune de Montrouge, … : relatif au couvre feu à l'attention des
mineurs. La décision a été cassée car pas de faits local qui justifiaient la mesure.

Cela implique d'abord qu'elle soit nécessaire. Une mesure ne peut donc pas subsister si le trouble
n'existe plus. CE, Commune de Crégole, 2009.

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2. Les conséquences de la règle


C’est de rendre le plus souvent illégales les mesures d’interdictions qui sont générale et absolues.
- CE, Ville de Lille, 1983 : le CE considère illégale une réglementation qui rendait pratiquement
impossible le stationnement des nomades dans la ville.

Les mesures générales et absolues d’interdiction sont légales lorsqu’elles sont adaptées et constituent le
seul moyen de maintenir l’ordre public.
- CE, Leroy, 1968 : le CE juge légale l’interdiction absolue de l’exercice de la profession de
photographie de mœurs sur la portion de route menant au Mont St Michel.

Cette règle de nécessité et d’adaptation a pour conséquence de conférer au juge un pouvoir


particulièrement étendu, un pouvoir maximal de contrôle au juge administratif sur les mesures de police.
Le juge se substitue à l’administration et apprécie si elle pouvait agir comme elle l’a fait, contrôle
d’opportunité. Le juge contrôle la nécessité et l’adaptation de la mesure qui constitue une condition
essentielle de son opportunité.
Cette règle permet au juge de faire varier ses solutions et donc l’étendu des pouvoirs de police en
fonction des préoccupations sociales dominantes.
Exemple : domaine de la circulation et du stationnement et de l’agglomération.

3. La portée de la règle
Portée générale mais limitée. Elle ne s’impose qu’aux mesures de police qui portent atteinte à de
véritables libertés et non à de simple tolérance. Ex domaine des possessions sur les voies publiques.
La règle de nécessité et d’adaptation ne s’applique pas à toutes les mesures de police, notamment
certaines des mesures de police spéciale.

Il faut savoir aussi que le juge administratif a tendance à élargir, le cercle des activités qu'il considère
comme constitutive de liberté.
* Il fut un temps où le juge administratif ne soumettait à la règle de nécessité et d'adaptation
que les cérémonies ou processions traditionnelles. Il n'exerçait un contrôle maximum que sur
les mesures de police touchant à cela ; CE, Abbé Olivier, 1909.
* Mais par la suite il a abandonné cette solution et a étendu cette obligation aux cérémonies
non traditionnelles ; CE, Association internationale pour la conscience de Krisna, 1982.

4. La respect de la liberté du commerce et de l’industrie, ainsi que du droit à la concurrence

CE, Million & Marais, 1997 (GAJA) : dès lors que l’exercice du pouvoir de police administrative est
susceptible d’affecter des activités de production de distribution et de services, la circonstance que les
mesures de police ont pour objectif la protection de l’ordre public, ne dispense pas l’autorité de police de
l’obligation de prendre en compte la liberté du commerce et de l’industrie et les règles de concurrence.

Ce qui signifie que l’autorité de police lorsqu’elle prend des mesures en vue de protéger l’ordre public
doit veiller comme elle le fait pour les autres libertés, à concilier le respect de l’ordre public avec celui de
la liberté du commerce et de l’industrie et des règles de la concurrence.

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Ainsi l’autorité de police ne peut y porter des atteintes qui seraient disproportionnées par rapport à
l’objectif poursuivi.

Exemple : C’est ce qu’a fait le Conseil d’État ; CE, Syndicat union des professionnels du Narguilé, 2005 :
il a considéré que l’interdiction de fumer dans les lieux affectés à l’usage collectif porte une atteinte
proportionnée à la liberté du commerce de l’industrie, même en ce qui concerne les salons à narguilé. Ils
soutenaient que dans leur salon cette interdiction était disproportionnée.

Mais ce qu’il faut vérifier c’est que les mesures de police ne portent pas une atteinte excessive
aux règles de la concurrence, elle ne crée pas au profit de l’administration vraisemblablement au
profit d’une entreprise, une position dominante dont elle serait à même d’abuser.

Le Conseil d’État a rappelé cela dans un CE, Avis Société L et P publicité, 2000 :
=> La réglementation locale de l’affichage ne doit pas créer de position dominante sur un
marché, par exemple l’autorité de police ne peut pas limiter le nombre des emplacements
affectés à la publicité, si le bénéficiaire de l’autorisation de bénéficier de ces emplacements est
susceptible d’abuser d’une position qui serait dominante.
=> Solution de l’avis confirmée par le CE, Syndicat de défense des conducteurs de taxi parisiens, 2007.

Exemple : le tribunal administratif de Lyon dans un jugement de 2013 (TA Lyon, 6 juin 2013) a statué sur
le problème de savoir si était légale l’interdiction de la vente à emporter de boissons alcoolisées dans un
périmètre autour du Stade de Gerlan alors même qu’elle abouti à défavoriser le commerce ambulant, et
favoriser le commerce sédentaire = atteinte à la liberté du commerce et de l’industrie, et atteinte aux règles
de la concurrence.

Le TA a jugé l’interdiction valable : association des commerçants ambulants de la ville de Lyon. Les mesures
de police doivent respecter les règles de la concurrence, mais on aurait pu considérer que le caractère éminent
ferait en sorte de négliger ces libertés purement économiques, les mesures de polices doivent se combiner
harmonieusement.

C. L’obligation de prendre des mesures de police


L’autorité de police est obligée d’agir dans certains cas. Les autorités de police doivent prendre les actes
nécessaire à la mise en œuvre des règlementations existantes, qu’elle émane d’autorité supérieures ou
d’elle-même.

Les autorités de polices doivent également adopter à titre initial, en l’absence même de toute
règlementation préexistante, les mesures qui s’avèreraient indispensables pour remédier à une situation
particulièrement dangereuse pour l’ordre public.

- CE, Rossi, 1982 : consacre l’obligation pour le maire d’interdire la circulation d’un véhicule à moteur dans
un jardin public.

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TITRE 3 : Le Service public


Le service public occupe une place très importante dans la vie administrative, et dans la vie sociale
(connotation sociale mais aussi politique) que l’on retrouve dans la notion de défense du service public
=> service de qualité rendu par les services publics et accessibles au plus grand nombre.

Du reste, on retrouve à l’heure actuelle une notion de qualité des prestations du service public dans
l’effort qu’est fait par les services publics pour promouvoir cette qualité : ont été mis en place différentes
institutions, organismes, et différents systèmes de comptage permettant d’apprécier la qualité des services
publiques et jauger de la qualité.
Le service public revêt une très grande importance du point de vue juridique, et occupe une place
centrale en terme de droit administratif. A la fin du 19e et début 20e, la notion centrale du droit
administratif était celle de puissance publique, et avec l’école dite « du service public » dont le doyen était
Léon Duguit, on a assisté à un courant de pensée et d’analyse juridique qui tendait à faire du service
public le pivot du droit administratif, le pilier, ayant pour but le bien commun et la solidarité collective. La
doctrine de Léon Duguit: l’état est une vaste coopération de services publiques.
Le droit administratif était le droit du service public, et donc compétence absolue de la juridiction
administrative. Mais on s’est rendu compte que cette vision était trop absolue, trop absolutiste. Elle faisait
une place excessive au service public, et que la notion de service public n’était pas la seule à entraîner
l’application du droit administratif, il n’y avait pas d’adéquation entre le service public et droit
administratif.

* Cette vision du droit administratif a du être tempérée mais néanmoins la notion de service public
continue à jouer un rôle très important. sur le plan matériel on entend des prestations d’ordre
matériel ou intellectuel. Ils ont commencé par cerner la notion et de nous intéresser à la création, la
gestion, et au régime.

Chapitre 1 : La notion de service public


On a dit très souvent quel a notion de service public est une notion difficile à cerner, qu’elle a connu des
crises. Effectivement, elle a évolué, et son rôle également. Le service public ne recouvre pas toutes les
activités des personnes publiques. Par ailleurs on a découvert il y a quelques décennies que ce n’était pas
l’apanage des personnes publiques uniquement.
Par ailleurs il y a eu une évolution importante qui est à l’origine de ce constat de crise du service public :
il ne constitue pas une catégorie homogène : mais se compose des services publics administratifs (SPA)
et les services publics industriels et commerciaux (SPIC).

Section 1 : La définition du service public


Quand peut on dire que c’est une activité de service public ?
=> Il y a service public lorsque les autorités ont décidé qu’il revêtait ce caractère.
C’est ce qu’indiquait un commissaire du gouvernement dans ses conclusions (CE, Astruc, 1916).
- Dans le cas ou le législateur lui même a qualifié une activité de service public, à ce moment la il n’y a
qu’à se référer au texte, pour savoir que c’est un service public.
- Mais à défaut de qualifications par le législateur, les choses deviennes plus difficiles, il faut alors
rechercher dans les travaux préparatoires de la loi quelle a été l’intention du législateur et il interprète
la volonté du législateur et parfois cette interprétation n’est pas très convainquant.
- Simplement, il arrive que les travaux préparatoires soient totalement muets sur la question, il arrive
aussi qu’il n’y ait pas de travaux préparatoires si ça a été crée par un règlement, et dans ce cas

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l’intention du législateur ne peut résulter de travaux préparatoires. Pour identifier une activité de SP
on se réfère au texte (la loi).
Alors dans ces cas c’est au juge qu’il appartient de dégager les critères qui vont permettre
de reconnaître à une activité la qualité de service public. Les critères dégagés par le juge sont
assez simples : service public c’est une activité d’intérêt général qui est pris en charge par une
personne publique. Ces deux critères cumulatifs méritent quelques explications.

§I : Le service public : une activité d’intérêt général


Qu’est ce qu’une activité d’intérêt général ? Il y a des indices qui permettent de décider ou de déterminer, de
préjuger si une activité est d’intérêt général ou non.

A. Les éléments de définition de l’intérêt général


* L’intérêt général peut être défini par un premier élément, c’est un intérêt présentant un caractère
transcendant par rapport aux intérêts particuliers des personnes privées, c’est à dire qui excèdent les
intérêts privés.
Une activité ne peut être d’intérêt général si elle vise à la réalisation d’intérêt privés, quand bien même ils
soient collectifs (collectif est différent de transcendant).
Cela étant, il se peut qu’une activité ou une opération serve à la fois l’intérêt général et un intérêt
particulier, cela ne lui ôtera pas son caractère général ;
* CE, Ville de Sochaux, 1971 : rendu à propos d’une expropriation pour cause d’utilité publique, mais
elle n’est possible que si elle a un but d’utilité publique c’est à dire d’intérêt général. Cette expropriation
avait pour objet la réalisation d’une déviation destinée à améliorer la circulation, mais qui desservait à
l’intérêt de Peugeot, en l’espèce l’intérêt général était suffisant pour que cette activité ne soit disqualifiée,
mais uniquement par ce que l’activité servait à l’intérêt général en améliorant la circulation.

* L’intérêt général c’est d’autre part, un intérêt qui se distingue de l’intérêt purement patrimonial et privé
de l’administration. Le professeur Chapus a systématisé cette distinction en les répartissant en plusieurs
catégories :
==> Les activités de plus grands services : qui visent à servir les intérêts supérieurs de la collectivité,
tournés vers le service de la collectivité et qui sont les seules à être d’intérêt général.
==> Les activités de plus grands profits : qui sont tournées comme leur nom l’indique vers
l’exploitation par les personnes publiques des richesses dont elles disposent. C’est le cas par exemple du
domaine privé de la collectivité, il y a des villes qui disposent d’appartements, qui les louent et lorsqu’ils
ne sont pas à des fins sociales. Les communes exploitent les appartements dont elles sont propriétaires.

En 1986 on a assisté à une vague de nationalisation de banques, assurances (BPN, crédit lyonnais, … )
elles ont été nationalisées, leur activité n’était pas tendue vers la satisfaction des besoins supérieurs de la
collectivité mais vers des besoins de la collectivité.

B. Les applications de la définition


Les application de la définition montrent que la notion de service public est une notion évolutive, qui a
évolué toujours dans le même sens, celui d’une extension de son domaine. Certaines activités que l’on
ne pouvait pas soupçonner à l’époque sont maintenant des services publics de manière courante.
Exemple : les activités de spectacles ou des activités d’exploitation de cinéma, du palais du festival et
des congrès.
Dans l’arrêt CE, Astruc, 1916 ; il a été considéré qu’un palais Philharmonique n’était pas destiné à assurer
un service public ni à poursuivre un objet d’utilité publique.

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Les besoins de la population se développent et le CE s’adapte, comme par exemple des cinémas en
plein air dans les pays chauds : CE, Syndicats des exploitants cinématographes de l’Oranie, 1959
& CE, Ville de Cannes contre Ponce, 1988.

Ensuite a été considéré comme un service public un lâcher de taureaux, à caractère festif, à son rôle dans
le développement du tourisme dans l’arrêt TC, Laurent, 1985.
Il existe un service public des activités culturelles et touristiques, comme il existe un service public des
loisirs et du divertissement. Exemple : l’exploitation de remontes pentes est une activité de SP. Mais les
exploitants des Casinos sont pas considérés comme un service public, car il participent au développement
touristique des communes, avec une contribution.
- Il s’agit là d’une notion très extensive, et les exemples ne concernent que les activités qui sont venues
s’ajouter aux services publics fondamentaux que sont l’enseignement, les transports, la santé, la sécurité
sociale, mais également des activités de moindres importances, l’exploitation des plages, de camping.

* D’abord, ne sont pas considérées comme de service public les activités menées à des fins purement
patrimoniales ; le CE et le TC se sont toujours refusés à reconnaître à l’exploitation du domaine privé
des personnes publiques.
* Le domaine qui n’est pas affecté à l’usage du public ou a un service public font partie du domaine
privé : Exemple : tout le patrimoine forestier du service public est aussi le patrimoine immobilier loué à des
fins purement patrimoniales, tout ce qui n’est pas ouvert au public.
* De même se voit refusé le caractère de service public (de l’intérêt général) les activités qui ne
répondent pas à un véritable besoin de la population. La construction d’un parc de stationnement dans
un quartier qui était largement desservi par des transports publics : CE, Association Sauvons le square
Delestraint, 2007.

Le CE a eu à se prononcer sur la nature de l’activité d’un organisme privé sous forme d’association crée
par des professionnels qui consistait à fournir des services communs à ces professionnels en matière
d’étude, de formation, de recherche. Et on a pu considérer que cette activité était d’intérêt
général car elle servait à la promotion dune certaine industrie. C’était une activité qui était
exclusivement dirigée vers la satisfaction d’une profession et non pas d’une part indifférenciée de la collectivité.
=> CE, Syndicat mixte du pôle européen de la Plasturgie, 2009.

§2 : La prise en charge par une personne publique


Le fait qu’une activité soit d’intérêt général ne suffit pas à en en faire un service public, il faut que ça
soit pris en charge par une personne publique.
Cette prise en charge peut néanmoins revêtir deux modalités, elle peut être soit directe, soit indirecte.
Dans ce second cas, nous verrons que l’activité n’est pas exercée directement par une personne
publique mais par une personne privée. Les critères d’identification de ce critère, ont été précisé par
deux arrêts importants : CE, APREI, 2007 & CE, Commune d’Aix en Provence, 2007.

A. La prise en charge directe par une personne publique


La condition de prise en charge par une personne publique est rendue lorsque l’activité est exercée par
la personne publique elle même, ou encore par un établissement public qui a été crée à cette fin.
Il y a, à l’évidence, prise en charge directe, et il faut assimiler l’hypothèse par laquelle la personne
publique, va gérer le service par un organisme qu’elle a crée qui exerce pour elle l’essentiel de son
activité et sur lequel elle exerce un pouvoir de contrôle comparable à celui qu’elle exerce sur ses
propres services.

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C’est à dire que l’organisme est dépourvu de toute autonomie par rapport à l’activité, et en
est un simple prolongement.
On parle de gestion en régie, quand la personne publique exerce directement l’activité par ses propres
moyens et dans le second cas, le droit communautaire baptise de «  in-house  » et on parle en droit
français de « quasi-régie ».

B. La prise ne charge indirecte par une personne publique


C’est l’hypothèse dans laquelle l’activité n’est pas exercée par une personne publique mais par une
personne privée, en dehors du cas de quasi-régie. La jurisprudence admet depuis fort longtemps, depuis
la première moitié du siècle dernier que les organismes privés peuvent gérer les activités de SP, mais il
s’agit de savoir à quels indices on reconnaît que l’activité est prise en charge par une personne publique.
C-à-d que même si elle est pris en charge par une personne privée elle est assumée par une
personne publique.
La jurisprudence distingue deux hypothèses :
- Si la personne public a confié à une personne privée, elle a déléguée
- Si elle reconnait à une activité gérée par une personne privée un caractère de service public

1) La dévolution du service public par une personne publique à une personne privée
Une personne publique qui a la responsabilité d’un service ou d’une activité va, soit parce qu’elle le
décide ou les textes l’y contraignent, en confie l’exercice à une personne privée.
L’initiative de l’activité revient à la personne publique et il s’agit de savoir si cette activité est prise en
charge par la personne publique, si elle ne s’en détache pas.
La jurisprudence fait une sous distinction dans cette hypothèses :
- si c’est par voie de contrat
- ou par voie unilatérale

a) Par voie de contrat


C’est l’hypothèse la plus classique de dévolution de service public. Il faut que le contrat confère à
l’administration, à la personne publique, un pouvoir de contrôle et un droit de regard suffisamment fort
sur l’activité déléguée. Et tel ne sera pas toujours le cas. S’il n’existe pas de pouvoir de contrôle, si la
personne publique abdique, on ne pourra plus considérer qu’elle est prise en charge par la personne
publique.
Exemple : CE, Commune de Six-Fours-Les-Plages, 2011 : Cette commune réalisait habituellement un
festival de musique mondialement connu dénommé les “Voix du Gaou” et pendant des années la commune a
organisé ce festival qui s’est développé au fil du temps, qui a acquis une certaine renommée, et qui a acquis le
statut de SP, car c’était une activité participant à l’interêt général et pris en charge par une personne publique
puisque gérée directement par la commune. Mais finalement elle a décidé d’en confier l’organisation à une
société spécialisée, mettant à sa disposition un certain nombres de lieux, lui accordant une subvention non
négligeable, et la société en question se rémunérant pas le prix de places des différents spectacles et on a vu
si la société s’était vue déléguer un service public.
Le CE a considéré qu’elle n’était pas de service public, car elle n’avait conservé ni de droit de regard sur
le prix des places ni la programmation.
Il existe de nombreuses illustrations de ce type de solutions, par exemple à propos de la création d’un
cinéma en centre ville, mais là encore même problématique : jugement du 2 avril 2010 dans ce cas il
y avait certes une activité d’intérêt général mais pas de contrôle et donc aucune prise en charge par
la ville de Cannes.

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Dernier exemple : CAA de Nantes, Commune de Monte neuf, 12 juillet 2013 ;


Une commune achète un restaurant dans le domaine mégalithique des Pierres droites à valeur historique et la
cour a considéré que l’achat d’un bâtiment pour en faire un restaurant dans ce lieu touristique est d’intérêt
général car va contribuer à faire croitre l’attrait du lieu, la commune le donne à exploiter à une restaurateur,
elle ne soumet l’exploitant à aucun contrôle particulier.
L’activité de restauration exercée dans l’immeuble en question n’est pas une activité de service public car
la commune n’exerce aucun droit de regard.

b) L’identification du service public en l’absence de contrat


Si un texte crée un organisme et lui confère une certaine mission, la question est de savoir si l’activité de
cet organisme qui vient compléter l’activité, dans quelle mesure leur activité peut elle être considérée
comme de service public ? Il y a eu à ce propos une évolution jurisprudentielle qui conduit à distinguer
deux hypothèses :

==> Si la personne privée exerce son activité sous le contrôle de la personne publique et se voit
confiée des prérogatives de puissance publique, alors son activité est de service public.
CE, Narcy, 1963 : il s’agissait d’un centre technique des industries de la fonderie qui avaient été
spécialement chargé de promouvoir le progrès des techniques dans son secteur d’activité mais qui en
outre disposait d’un monopole qui avait le pouvoir d’exercer, de prélever des cotisations obligatoires
sur ses membres. Possibilité de percevoir des cotisations obligatoires, et dirigé par le conseil
d’administration nommé par le commissaire des tutelles.
Le CE constate que cet organisme était contrôlé par l’état et disposait de prérogatives de puissance
publique.

La question était de savoir si la disposition de prérogatives de puissance publique était réellement


nécessaire, cette question a été tranchée par CE, APREI, 2007 qui considère qu’un organisme privé
peut gérer une activité de service public même en l’absence de prérogatives de service public, et cela eu
égard à l’intérêt général de son activité, aux conditions de sa création, de son organisation et de son
fonctionnement, et aux obligations qui lui sont imposée et aux mesures prises pour vérifier que les
objectifs qui lui sont assignés sont bien atteints.
Et dans ces conditions le juge admet que l’organisme en question doit être considéré comme gérant d’une
activité de service public.

TC, Robin, 2009 : il s’agissait d’un GIE (Groupement d'Intérêt Économique) qui avait été constitué par l’État
avec le grand bureau Veritas et une société d’économie mixte, c’est à dire une société à capitaux
majoritairement public et pour partie privée.
Le Tribunal des conflits a considéré que ce GIE gère un service public en raison du caractère d’intérêt
général de son activité, de délivrer les certificats de navigabilité des avions civils et du fait qu’il était
l’unique opérateur agrée à cette fin, tout passait par lui dans cette matière, et était soumis à une contrôle
technique, administratif, et financier de l’État.

Solution inverse fournie par l’arrêt CE, Société UGC Ciné Cité, 2007 : il s’agissait de savoir si une
société d’économie mixte créant un complexe cinématographique agissait dans le cadre d’une mission de
service public.
Le CE considère qu’en l’absence de totale d’obligation imposée à la société d’économie mixte par la ville
et en l’absence de contrôle des objectifs qui lui auraient été fixé cette société n’est pas sensée gérer
un service public.

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Mais il y a une seconde méthode d’identification de service public : la reconnaissance du caractère de


service public aux activités des personnes privées.
Cette modalité d’identification du service public est issue de CE, Commune d’Aix-en-Provence, 2007 :
Le CE admet que peut constituer un service public une activité exercée par une personne privée,
qui en a pris elle même l’initiative, sans qu’une personne publique aie déterminé son contenu.
Dans ce cas il n’y a pas dévolution, mais l’activité revêt le caractère d’un service public si en raison de
l’intérêt général qui s’y attache et de l’importance qu’elle revêt aux yeux de la personne publique, celle
ci va exercer un droit de regard sur son organisation et le cas échéant lui accorder des financements.

TC, Société Axa France, 2014 : il s’agissait de la location d’un ensemble immobilier à l’association
locale d’aviron et donc la question était de savoir si l’association d’adhérents en question gérait une
activité de service public. Le Tribunal des Conflits considère que ça revêt un caractère de service public
mais il n’y a pas de droit de regard, et aucune définition par celle-ci d’obligations que l’association serait
tenue de respecter donc on est pas dans le cadre d’un contrat de ce type. Le Tribunal des Conflits
constate que malgré des aides importantes accordées à l’association, la ville n’exerce sur elle aucune
contrôle aucune droit de regard.

Section 2 : La distinction entre SPA et SPIC


Cette distinction répond à la crise du service public. Cette distinction trouve sa source dans un arrêt
rendu au début du siècle par le Tribunal des conflits.

§I : L’origine de la distinction entre SPA et SPIC


TC, Société Commerciale de l’Ouest Africain, 1921 = arrêt du Bac d’Eloka.
C’est une GAJA, une grande décision.

A. L’apport de l’arrêt du Bac d’Eloka


Ça vient d’un bac qui était exploité par la colonie de la cote d’ivoire et qui avait fait naufrage et on se posait la
question devant quelle juridiction devaient être formées les actions en réparation du litige et selon quelles
règles le litige devait être jugé.
Le Tribunal des Conflits penche en faveur de la compétence judiciaire et de l’application du droit privé,
au motif que la colonie exploitait son service de transports par Bac dans les mêmes conditions qu’un
industriel ordinaire.
Jusqu’à présent les services publics formaient une catégorie unique, homogène, soumis pour l’essentiel au
droit administratif sauf pour des actes de gestions courante. Ce recours à la gestion privée était
occasionnelle, l’innovation introduite par cet arrêt est de créer une catégorie particulière de service
public, soumise par principe au droit privé et dont le contentieux relève des tribunaux judiciaires.

Le TC ne qualifie pas ces SPIC comme des services publics ; mais comme des services.
Ce n’est que plus tard que cette qualification sera admise.
Cette distinction qui devait être dérogatoire (à l’origine) a trouvé une fortune inattendue.
Cela parce que l’État a été amené à intervenir dans des domaines de plus en plus large ;
La catégorie des services publics industriels et commerciaux est de plus en plus conséquente.

Cette dichotomie a pour conséquence que les SPIC sont soumis au droit privé et sous le contrôle du
juge judiciaire.

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Mais il faut toutefois observer une certaine érosion de la distinction pour trois raisons :
- Les SPIC font l’objet d’une sorte de publicisation de leur régime juridique. C’est le corollaire
d’une distinction trop tranchée et ne permettant pas de rendre compte des attentes juridiques.
- Le droit applicable au service public ne procède pas seulement de leur qualification
« d’administratif » ou « d’industriel et commerciaux ». Il faut également observer si le service en
question est assuré par une personne public ou s’il est délégué à un acteur privé.
- Selon certain auteurs il y aurait une réticence des juges à reconnaitre la qualification « d’industriel
et commerciaux » à un certain nombre de services qui devraient l’être.
CE, Desnoyer, 1974 : Marque un recul des SPIC.

=> Néanmoins la distinction reste à l’ordre du jour.

B. Les qualifications textuelle


Ils arrivent que des services soient expressément désigné comme des SPIC :
- Service de remonté mécanique des pistes de sky : Art L342-13 Code du tourisme
- Service de l’assainissement
Lorsque le législateur crée un établissement public, plus généralement, il se soucie de le qualifier soit
d’administratif, soit d’industriel et commerciaux.
Le problème est de savoir dans quelle mesure ces qualifications s’imposent au juge.
La jurisprudence distingue deux hypothèses :
* Le service public a été crée et qualifié par un texte réglementaire.
Dans ce cas le juge ne tient pas compte de manière décisive de sa qualification. Il vérifie, il
recherche quelle est la nature du service public géré par l’établissement qui est à l’origine du litige.
Parce que les établissements publics peuvent être à double visage et assuré à la fois un SPA et un
SPIC. Le juge peut même finir par aboutir à la conclusion que la qualification ne correspond pas.
c’est ce que l’on nomme les services publics à visages inversés.
Dans tout les cas le juge ne tient pas compte de la qualification mais de la nature du service mis en
œuvre.
* Le service public a été crée et qualifié par la Loi.
Le juge administratif est alors tenu par la qualification donnée, en vertu d’une solution dégagée par
TC, Époux Blanckman, 2004 et reprise par CE, Caisse centrale de réassurance, 2006. Ce
dernier considère que de manière générale et sans qu’il y ait à chercher la nature réelle du service,
en présence d’une qualification législative il va s’en tenir à elle.

C. Les critères jurisprudentiels


Ils s’appliquent dans les hypothèses précédentes et aussi dans le cas ou les textes restent muets.
- CE, Union syndicales des industries aéronautiques, 1956 : Pour cette jurisprudence, le juge
doit utiliser trois critères. À savoir le mode de financement, les modalités de fonctionnement et
l’objet du service.
- CE, Dame Maron, 1968 : Une dame est blessée en tombant dans un théâtre dont la lumière avait
été coupée à la suite d'un rappel. Le problème se posé de l'exploitation, constitue-t-elle une activité
industrielle et commerciale ou une préoccupation culturelle ?
Le commissaire du gouvernement faisait valoir que comme c'est un théâtre antique, le cadre avait autant
d'importance que les représentations qui servaient à mettre en valeur un élément du patrimoine.
Le Conseil dEtat reconnaît la compétence du juge administratif et on peut penser qu'il l'a fonde sur
le lieu de l’accident : ouvrage public.

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* Distinction de critères. Aucun de ces critères n’a de porté décisive ; il faut les combiner pour
aboutir à une solution.
* Distinction entre les activités naturels, de départ, et les activités accidentelles. On retrouve
dans cette distinction le contexte dans lequel a été dégagé la solution du Bac d’éloka. Un service de
police, de réglementation ; sera considéré comme un SPA.
TC, Crouzel, 1981 : à propos du service d’un aérodrome.

* Mode de financement du service.


- S’il est financé sur les redevances perçues sur les usagers en contreparties du service rendu ;
ce sera plutôt un SPIC.
- S’il est financé par l’impôt ; ce sera plutôt un SPA.

* Les modalités de fonctionnement du service.


- Si par son organisation, le service ce rapproche des schémas observables dans le privé ;
ce sera plutôt un SPIC.
- S’il s’en éloigne ; ce sera plutôt un SPA. Cela a été le cas d’EDF-GDF.

* La jurisprudence a tenté d’opérer un distinction en matière sociale et a voulu dégagé une catégorie de
services publics sociaux relevant du droit privé. C’est l’arrêt TC, Naliato, 1955.
Mais cette solution a été abandonnée par TC Gambini, 1983.
=> L’idée était que ces services étaient géré de la même façon que peuvent l’être les services privés.

Chapitre 2 : La création de services publics


L’administration est-elle obligée de créer ou maintenir des services publics ? et est-elle libre d’en créer de
nouveaux ?

Section 1 - L’obligation de créer ou de maintenir des services publics

§1- Les services publics constitutionnels

La nécessité de certain services publics nationaux découle de principe ou de règles de nature


constitutionnelle. DC 26 juin 1986 ; la décision ne précise pas quels sont-ils, mais juste qu’ils existent.
* Les services qui découlent de fonctions régaliennes ou de souveraineté.
Police, défense, justice, impôt, relations diplomatiques, …

Au delà de ces derniers, certains services de nature culturelle ou sociale sont considérés comme
obligatoires. D’autres sont jugé comme non-obligatoire au sens de la constitution : télévision, radio, …

* Quand un service public est constitutionnel, il ne peut-être supprimé qu’en vertu d’une
modification de la Constitution. Ce service ne peut pas être privatisé (mais cela n’empêche pas de
le voir délégué).
Exemple : de la Poste où le Conseil Constitutionnel n’a pas jugé anti-constitutionnel sa gestion par une
entreprise privé dans la mesure ou l’entreprise en question est sous la tutelle de l’État.

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§2 Les services rendus obligatoires par la Loi

Un certain nombre de services sont rendus obligatoires par les textes et sont à la charge en grande
partie des communes. Exemple ; assainissement, pompes funèbres, …

- Ces services doivent être maintenu tant que les lois les rendant obligatoires sont en vigueurs.
CE, Département des deux Sèvres, 2009 : Un département ne peut pas transférer un laboratoire
d’analyse vétérinaire à un autre département dans la mesure où ces laboratoires sont obligatoires par la Loi.

§3 Le maintien des services publics crée en dehors de toute obligation constitutionnelle ou


légale

* L’administration peut librement supprimer des services publics qu’elle a crée ?


La réponse du Conseil d’État est affirmative.
- CE, Vannier, 1961 : Les usagers d’un service public qui n’est pas obligatoire n’ont aucun droit au
maintien de ce service au fonctionnement duquel l’administration peut mettre fin lorsqu’elle l’estime
nécessaire.

* Mais le juge ne contrôle-t’il pas un minimum de tel suppression ?


Surement car le contrôle du JA ne cesse de se développer. le juge s’est déjà engagé dans cette voie,
concernant la suppression de lignes ferroviaires ;
- CE, Fédération nationale des associations des usagers des transports, 1991.

* Pour ce qui est des services publics crée par le législateur :


Préambule de 1946 « Tout bien ou entreprise qui acquiert les caractère d’un monopole de fait doit
devenir la propriété de l’État ».
Le Conseil Constitutionnel estime qu’on ne peut le supprimer qu’à partir du moment ou il perd son
monopole légal DC du 30 novembre 2006 sur GDF.

Section 2 - Le droit de créer des services publics


On parle ici des services non-prévu par les textes et sur initiative de l’administration.
Lorsqu’ils sont susceptibles de rentrer en concurrence avec les entreprises privées, alors cette liberté de
création trouve sa limite dans la liberté du commerce et de l’industrie.
C’est le sens du Décret d’Allarde de 1791.

On s’est posé la question de cette liberté de nationaliser sous le premier quinquennat de Mitterand.
On est allé dans un élargissement continu pour l’État de créer des services publics sous réserve que leur
intervention se fasse à armes égales du droit de la concurrence et ne porte pas atteinte à l’égalité entre
privé et public.

§1 l’évolution de création des services publics


A. Le socialisme municipale
La fin du 19ème a été marque part un essor des services publics municipaux en matière social et
sanitaire notamment. Le Conseil d’État a réagi à ce mouvement en disant que les collectivité ne pouvait
procéder à de telle création que dans des situations exceptionnelle CE, Casanova, 1901.

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B. Les décrets-loi de 1926

Élaborer en réaction aux besoins suscité par les conflits mondial passé. Le gouvernement pour pallier ces
déffaillance à décider d’autoriser les communes à exploiter directement les services d’intérêt général à
caractère économique. C’est un feu vert donné par deux décret-loi de cette année

C. La réaction du CE
CE, Chambre Syndicale du commerce de Neuvers, 1930 : «  les entreprises ayant un caractère
commercial restent, en règle générale, réservées à l'initiative privée et que les conseils municipaux ne peuvent
ériger des entreprises de cette nature en services publics communaux que si, en raison de circonstances
particulières de temps ou de lieu, un intérêt public justifie leur intervention en cette matière  ».
=> L’intervention public ne peut se faire qu’en cas de carence de l’initiative privée.

D. L’évolution de la jurisprudence
Le Conseil d’État va d’abord concevoir l’intérêt public, et l’intérêt public local de façon de plus en
plus large.
La Jurisprudence va également concevoir ne manière de plus en plus large la notion de carence
de l’initiative privée ; en la considérant quantitativement et qualitativement.
Les théâtres et cinémas municipaux, les terrains de camping, … ect.
CE, Ville de Nanterre, 1964 : Le conseil a admis la création d’un cabinet dentaire dans la ville de
Nanterre.

§2 - Les conditions actuelles de création des services publics


A. Les conditions de principe
CE, Ordre des avocats deux barreau de Paris, 2006 : Le CE distingue les conditions nécessaire à la
réalisation des missions des services publics. Ce sont des activités considérées par le CE comme non-
économiques. Elles échappent à ce contrôle et peuvent être créée librement par les collectivités
publiques.
- Le CE distingue les activités économiques que les personnes publiques souhaitent prendre en
charge indépendamment des missions de services publiques.
- Le CE ne subordonne plus de telle création à la carence de l’initiative privée. C’est en cela que
l’évolution est importante.

Exemple : CE, Département de la Corrèze, 2010 : Un service de télé-assistance des


personnes âgées nonobstant l’existence de tels services proposés par le privé. Le CE a jugé que
ce service répondait à un besoin.

Exemple : Département du Lot avait crée une société d’économie mixte qui avait pour mission
de gérer un service d’aide à domicile. Un association a formé un recours contre cela du fait que
elle existait déjà pour assuré cette mission.
Le JA a jugé que l’absence de carence de l’initiative privée ne vient pas ôter le caractère d’intérêt
public d’une telle création.

Le CE limite cette intervention par des exigences qu’il formule quant à ses modalités. Il estime qu’une
fois admise dans son principe la liberté d’intervention économique ne doit pas se réaliser suivant des
modalités telles, qu’en raison de la situation particulière dans laquelle se trouverait cette personne
publique par rapport aux autres opérateurs agissant sur le même marché, qu’elle fausserait le libre jeux
de la concurrence sur celui-ci.

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Les collectivités publiques peuvent davantage intervenir à conditions que ce soit sur les
mêmes modalités et obligation d'éligibilité avec les personnes privées. On est passé de
l'interdiction à la liberté et de la liberté à l'égalité. On en arrive à cette conclusion que la liberté du
commerce et d'industrie subsiste et qu'elle ne met plus de barrière à la création de service public.

B. Les régimes dérogatoires


1. Les activités non-économiques et non-marchandes des personnes publiques
Exemple : Le CE a estimé que « légifrance » assure une mission de service public liée à l’intérêt général et
pour lequel il appartient que l’État le prenne en charge.

Exemple : Partenariat publique-privé : Il existe un mission au sein du ministère des finances pour aider les
collectivités dans la préparation de tel contrats. L’ordre des avocat a attaqué la création de cette mission qui
vient empiéter sur leur marché.
=> Le CE a répondu que non ; car cela n’est pas marchand, c’est simplement une aide juridique.

Exemple : CE, Soc Sygmalis, 2014 : L’État a crée un site de comparaison des prix des carburants. Et il se
trouve qu’il existe un autre site privé rendant le même service. Le CE a écarté la requête au motif que l’État
n’exerçait pas une activité marchande mais ce contentait de révéler des informations qui doivent légalement
être publique. L’État n’a fait que faciliter l’information.

2. Les activités d’auto-prestations


Les activités que les personnes publiques prennent en charge pour subvenir à leurs propres besoins.
- CE, Société Unipain, 1970 : Fabrication de pain industriel contestait le fait qu’une boulangerie
militaire fournissait un établissement pénitentiaire. Le CE a répondu que l’administration est libre de se
fournir par ses propres moyens.
C’est également une solution retenue par le droit communautaire ; pour la CJUE l’administration peut
subvenir à ses besoins par le truchement d’un organisme sur lequel la personne public exerce un
contrôle analogue à celui exercé sur ses propres services et qui exerce la majorité de son activité pour
le compte de l’administration. On parle de service quasi-interne.

3. Les personnes publiques peuvent prendre en charge des activités économiques constituant
le complément utile de services publics existants
Exemple : la création d’une station service dans un parc de stationnement. CE, Delansore, 1959
CE, Syndicat national des agences de voyages, 2010 : une agence mixte grands le palais des
congrès s’était étendue dans ces activités de telle sorte à empiété sur les activités des agences.
=> Mais le CE a estimé que c’était un complément utile.

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Chapitre 3 : La gestion des services publics


Quelles sont les disponibilités des collectivités publiques pour gérer leurs services publics ?

Section 1 - Le choix du mode de gestion des services publics


CE, Commune d’Aix en Provence, 2007 : Le CE indique que lorsque les collectivités publiques sont
responsables d’un service public elle peuvent dès lors que la nature de ce service ne s’y oppose pas
en confier la gestion à un tiers.

§1 - Le principe de la liberté de choix


Les personnes publics peuvent décider de gérer en régie de déléguer la gestion à un tiers.
Sur le plan juridique le choix est purement discrétionnaire. Il s’agit d’une des rares décision que le juge se
refuse à contrôler. Les raisons du choix sont donc souvent politiques ou idéologiques.

§2 - Les limites de la liberté de choix


Elles sont au nombre de trois :
Il arrive que le texte impose certaine forme de gestion du service public, qui concerne des services
publiques particuliers. Ces textes peuvent intervenir en dépit de l’art 72 de la Constitution
consacrant le droit à la libre administration.
Il est des services publics non-délégables en vertu de leur nature. C’est le cas des missions
régaliennes de l’État. Exemple : les services fiscaux, la diplomatie, la justice, la défense, …
CE, Section, Ville de Menton, 1974.

À ça se rajoute un certain nombre d’activités qui ne peuvent faire l’objet de délégation en


raison de leur objet, de leur nature. Ils doivent être géré directement par la personne
publique qui en a la charge. Exemple : la surveillance des élèves, les chambres mortuaires, …

Le CE considère que les départements peuvent moduler les subventions accordées aux communes
pour la gestion de leur service public de l’eau et de l’assainissement selon que le services sont géré
en régie ou non. C’est un moyen potentiel de favoriser la régie publique de l’eau.

Section 2 - La gestion directe du service public ; la régie

C’est le mode de gestion du service public qui consiste pour la personne publique à assurer elle même
la gestion du service avec ses propres moyens et ses propres agents.
- La régie simple (ou directe) : le service se fond totalement dans la collectivité publique. Elle ne
dispose ni d’un budget propre, ni d’organe spécifiques. Ses dépenses et ses recettes sont inscrites
au budget général de la collectivité qui en a la charge, et les agents qui en assure le fonctionnement
sont les agents de la collectivité en question.
- La régie autonome : Elle ne dispose pas de la personnalité morale (comme la régie simple) mais
il y a plus d’autonomie. Organe de direction interne et budget propre. Les décrets-lois de 1926 ont
autorisé les collectivité à gérer sous cette forme leurs services économiques. On pensait alors que
cette évolution garantirait plus de souplesse. On a vu un certain nombre de ces entités se
transformer en syndicats mixtes.
Remarque : Il faut se méfier des appellation courantes qui s’approprient le terme de « régie », alors qu’elles
n’ont rien à voir avec cela.

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Section 3 - La gestion externalisée du service public


La collectivité peut-être amené à externaliser sa mission. C’est une conséquence de l’extension des
taches des collectivités publiques ; elles manquent donc de moyens et de compétences. La seconde
raison est celle qui vise à donner plus d’efficacité au service public en prenant des opérateurs externes à
la collectivité.
Cela prend la forme de la création de personnes publiques spécialisées. Des services publics distincts de
leur collectivité de rattachement :

* L’État crée des établissements publics. Lorsque les taches des collectivités publiques se sont
complexifiées, la Cour des comptes à alors parler de «  démembrement administratif  » pour
qualifier la multiplication de personnes morales.

* Regroupement d’intérêt public ; c’est une forme de partenariat public privé temporaire pour une
mission déterminée et pour un temps déterminé.

* Délégation du service public par voie d’habilitation unilatérale. C’est une forme d’externalisation
admise au 20ème siècle par le CE.
CE, Établissement Bezia, 1935, et CE Caisse primaire aide et protection, 1938.
Cette forme de délégation s’est trouvé limitée par CE, Commune d’Aix en Provence, 2007 :
la délégation du service publique ne doit pas se faire en principe par contrainte. Elle ne peut se
faire par voie d’habilitation unilatérale que si un texte le prévoit.

§1 - La notion de délégation de service public


Loi du 29 janvier 1993, « Loi Sapin » :
Le but était d’assainir les conditions d’attribution des contrats de services publics. La notion recourt ici
plusieurs catégories préexistantes de contrats ayant pour objet la gestion d’un service public.

A. définition de la notion de service public


C’est la jurisprudence qui a donné une définition la première. Il a fallu attendre 2001 pour que le
législateur s’y attaque.
* Dans la Loi de décembre 2001 : la DSP est définit comme un contrat par lequel une personne
morale de droit public confie une mission de service public dont elle a la responsabilité à un
délégataire privé dont la rémunération est substantiellement lié au résultat de l’exploitation du
service.
Le délégataire est alors chargé de construire les ouvrage ou d’acquérir les biens nécessaires au service.

- 1er point : Il faut un contrat. La Loi Sapin ne s’applique qu’au contrat, qui est un contrat administratif
en raison de son objet.
- 2nd point : Ce contrat comporte à la fois des clauses réglementaires et des clauses contractuelles.
- Les clauses contractuelles sont celles qui se rapportent exclusivement au rapport entre le
délégataire et l’administration.
- Les clauses réglementaires concernent l’organisation du service public et qui produisent des
effets sur les usagers du service public. Les usagers peuvent exiger de l’autorité déléguantes
qu’elle impose au délégataire le respect de ces clauses. Ils peuvent attaquer par la voie du REP le
refus de l’autorité déléguante de satisfaire à cette exigence.
CE, Syndicat des propriétaires et contribuables du quartier Croix de Siguey, 1906.
Et le CE a admis également que peuvent être attaqué directement par la voie du REP les clauses
réglementaires d’un tel contrat. CE, 10 juillet 1996 Cazeele.

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* Les parties au contrat :


- Le délégataire peut aussi bien être privé que public (c’est pas nécessairement un privé ; établissement
public ou autre, …). Et quand cette personne est publique elle est également soumise à la Loi Sapin.
- Une personne publique peut candidater à une délégation de service public à condition de ne pas
fausser le libre jeu de la concurrence par un arsenal de subvention, d’aide et de moyens spéciaux
pour assurer la délégation ;
CE, Compagnie méditerranéenne d’exploitation des services d’eau, 2000.

* La mission déléguée :
- Cette mission doit être une mission de service public. Cela peut paraitre bête mais c’est pas
forcement évident de le savoir. Il y a un contentieux assez conséquent sur le sujet.
Exemple : CE, Ass, Société Jean-Claude Decaux, 2005 : L’entreprise titulaire du contrat ne fait
que fournir les moyens de la mission de service public. Placarder les annonces publicitaires sans en
déterminer le contenu ; c’est pas une mission de service public, donc on est pas sous le coup de la Loi
Sapin.
Exemple : Le contrat par lequel un établissement hospitalier remet à un prestataire la gestion des
télévisions, lignes téléphoniques et internet à la disposition des patients. C’est une DSP. Pourquoi ? Parce
qu’il y a une obligation d’assurer à titre gracieux la diffusion de programme dans certaines zones
(chambres, …) ; CE, CHU de Rouen, 2014

* Il peut y avoir DSP alors même que le contrat ne porte que sur une partie du service. Il a été admis
qu’une commune pouvait déléguer la gestion de son service en eau potable pour une partie
seulement de son territoire.

* Pour qu’il y est DSP il faut une véritable dévolution au cocontractant :


- La collectivité passant contrat doit avoir à l’origine la responsabilité du service.
Il peut y avoir service public alors que l’activité a été crée par une personne privée, à son initiative.
C’est la collectivité qui le gère où le contrôle le service qui devient service public, mais on ne parle
alors pas de DSP, mais de contrat de subventionnèrent, aide ou autres.
- Il faut que le cocontractant ait une autonomie suffisante de gestion du service. Cette
collectivité reconnaissent cette autonomie

* Le mode de rémunération du cocontractant :


- Permet de distinguer la délégation de service public du marché public. Le marché public est
régi par le code des marché publics et la DSP est soumise à la loi Sapin. Il est donc primordial de
distinguer les deux.

* Délégation de service public :


- Il faut que la rémunération soit substantiellement liée à l’exploitation du service. Il faut un
lien entre le montant de la rémunération et les recettes de l’exploitation du service. Le Conseil
d’État a déjà admis 30% ; en fait il faut que cette part soit liée à l’équilibre du contrat.
Ce lien est évalué suivant la nature du service.

CE, Département de la Vendée, 2008 : Service de transport scolaire où 80% de la rémunération du


transporteur était payé par le département. Mais cette part dépendait et était calculée en fonction du nombre
d’individu transporté. Il s’agit donc d’une DSP. Ce serait un marché public si une somme forfaitaire était attribué
au transporteur quelque soit le nombre d’usagers.

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- Il faut que le cocontractant supporte une part significative des risques pris dans l’exploitation du
service. L’amenant à exercer sa délégation de façon déficitaire le cas échéant. Cela est confirmé par
le droit communautaire au travers la Directive 2014-23.

B. Les divers contrats méritant la qualification de DSP

1. La concession de service public


C’est l’archétype du contrat administratif. C’est un contrat de délégation de service public dans le cadre
duquel le cocontractant se voit confier non-seulement la gestion du service, mais également l’acquisition
des biens nécessaire à la gestion du service.
Exemple : construire une autoroute pi l’exploiter, construire un théâtre puis l’exploiter …
Mais il y a une sous catégorie : les concession de travaux public
Ce n’est pas très éloigné, mais cela se distingue de la Loi Sapin, c’est l’ordonnance de 2009, et cela
concerne les construction d’immobilier public et leur gestion.
Le CE estime qu’il faut s’intéresser à l’objet principal du contrat :
- si c’est la réalisation de l’ouvrage - Loi sapin
- si c’est la gestion de l’ouvrage - Ordonnance de 2009

2. L’affermage
Le fermier (non-agricole) n’est pas tenu de réalisé les travaux et d’acquérir les biens nécessaire au
service. Cela est fournit par la collectivité.
Exemple : les contrats d’autoroutes actuels.
Le délégataire a donc une redevance au titre de la remise des biens et services nécessaire de la gestion du
service une fois la DSP arrivée à son terme.

3. La régie intéressée
C’est une forme de gestion déléguée. la collectivité remet au régisseur l’ensemble des moyens du service.
La collectivité encaisse les recettes et s’acquitte des dépenses et le régisseur est rémunérée par une part
fixe et une part variable qui est fonction du résultat de l’exploitation du service.
Il s’agit de savoir si on peut encore considérer ces contrats comme des DSP. Mais CE a tranché en ce
sens (c’est l’arrêt qui a également considéré que 30% était une part substantielle).

Toutes ces caractéristiques ont été définies par la jurisprudence, ce qui explique que c’est encore en
évolution et qu’il existe de nombreux contrat « hybride », difficiles à classer.

§2 - Le régime des délégation de service publique

Les DSP sont soumises aux règles classique du contrat administratif, mais la Loi Sapin introduit un certain
nombre de règles spécifiques.

A. La passation des contrat de DSP


À l’origine le choix du délégataire était une décision purement discrétionnaire et non soumis aux règles
de la mise en concurrence. Cela donnait naissance à des situations portant atteintes à la morale.
La Loi Sapin y a mis un terme en imposant que l’attribution des DSP se fasse au terme d’une procédure
de mise en concurrence.

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1. Les règles communes à l’État et aux collectivités


- Passe par la publication d’un avis public d’appel à la concurrence. Dans une revue spécialisée.
Cet avis doit définir les grandes caractéristiques de la délégation et indiquer aux candidats
potentiels les délais impartis pour candidater. Il y a un modèle d’avis fait par arrêté ministériel.
Lorsque la délégation présente un intérêt européen il faut qu’un des support de diffusion
prenne un importance suffisante pour permettre à la concurrence internationale d’en prendre
connaissance ; CE, Cub et Keolis, 2009.
- Après tous les prestataires se présentant et ayant les capacités nécessaires doivent être retenu. On en
peut pas juste sélectionné les meilleurs.
- Ensuite les candidats se voient remettre un document détaillé des caractéristiques quantitatives et
qualitatives de la prestation à effectuer.
- Une fois reçu les offres du candidat ; la personne publique va engager des négociations avec les
candidats de son choix. Cette négociation doit se tenir dans des conditions assurant l’égalité de
traitement des candidats. Le CE estime que la personne publique ne peut pas apporter de
modifications profondes aux caractéristiques du contrat. Elle ne peut apporter que des adaptations
mineures.
CE, Société Dalkia, 2014 : La personne publique avait introduit dans le projet de convention
une clause prévoyant que dans l’hypothèse d’un recours le titulaire du contrat pourrait s’en
délier. Le CE s’y est opposé.

=> Mais le principe c’est que tout peut-être négocié. Le juge contrôle l’erreur manifeste d’appréciation
dans le choix du cocontractant ; ça reste un contrôle limité.

CCL : On a cherché à encadrer la procédure ; mais elle reste très souple.

2. Les règles propres aux collectivités territoriales


Avant l’engagement d’une procédure, l’assemblée délibérante de la collectivité devait se prononcer sur le
choix du mode de gestion du service public. Cette délibération peut notamment faire l’objet d’un
recours.
Il doit y avoir une commission spéciale de la délégation (élue à la proportionnelle) qui devra donner son
avis sur les candidats avant que l’exécutif de la collectivité engage les négociations.
Puis c’est à l’assemblée délibérante de choisir le délégataire du contrat et de décider de la conclusion du
contrat. Elle statue sur la base d’un rapport fournit pas l’exécutif de la collectivité. Ce rapport doit
présenter les caractéristiques essentielles du contrat ; elle peut tout à fait refuser le choix de l’exécutif.

B. Le contenu du contrat
- La Loi Sapin interdit la mise à la charge des paiements par le délégataire.
- La Loi Sapin n’autorise les droits d’entrée qu’à condition que ces derniers soient justifié dans le
contrat lui-même. Ils sont interdit dans les domaines de l’eau, des assainissements, et des ordures
ménagères.
- La Loi Sapin limite la durée du contrat. Il y avait des situations de favoritisme inacceptables. Quand un
contrat est conclu pour 50 ans, la concurrence en prend un coup. La durée doit être calculé en
fonction des prestations demandées au contractant et en fonction de la durée d’amortissement du
prestataire. Cela permet de remettre en cause périodiquement les DSP. Le JA exerce un contrôle de
l’erreur manifeste d’appréciation dans la durée de la délégation qui ne peut de toutes façons pas
dépasser 20 ans.

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Le CE estime que les délégations de service public conclue pour une durée de 30 ans, avant la Loi Sapin,
ne peuvent pas aller au-delà de 2015 (1995-2015 = 20 ans) ; CE, Commune d’Olivet, 2009.

Toujours en ce qui concerne la durée l’autre apport de la Loi Sapin a été de limiter rigoureusement les
possibilités de prolongation de la durée de DSP ;
- Pour un motif d’intérêt général ce sera 1 an.
- Lorsque le délégataire a été contraint de réaliser des investissements non prévus au
contrat initial et de nature à modifier l’économie de celui-ci, et ne pouvant être amorti
sur la durée du contrat à venir sans augmentation manifestement excessive du prix du service.
Mais il faut que ces investissement exigé par la collectivité soit indispensables à la bonne
exécution du service ou à l’extension géographique de son application.
* La Loi Sapin a exclue les délégations attribuées à des entreprises bénéficiants d’un monopole légal.
* Se trouvent également exclue les délégations attribuée à des organismes in-house, sur lesquels la
collectivités déléguantes exerce un contrôle analogue que celui exercé sur ses propres services.

Les collectivités publiques ne peuvent attribuer ces DSP à des sociétés d’économie mixtes.
Parce qu’il n’y a pas de différences suffisantes entre ces dernières et les entreprises privées.
Il existe un régime allégé pour les toutes petites DSP (n’éxcédant pas les 106 000 €, ou ne
durant pas plus de trois ans à 68 000€ l’année maximum). Elles ont des conditions allégées mais
qui restent semblables.

Le marché public vient également à confier à un titulaire la gestion d’un service public. Mais il se distingue
de la DSP du fait que le cocontractant n’est pas rémunéré substantiellement par les résultats de
l’exploitation du service mais est est rémunéré par une somme forfaitaire.
Cette différence de rémunération entraine une différence de régime juridique ; soumission au Code des
marchés publics et non à la Loi Sapin. Ce Code prévoit notamment des modes de passation différents et
des DSP et de manière générale plus contraignante.

Chapitre 4 : Le régime juridique des services publics


À quelle règles ces services publics se trouvent-t’ils soumis ? Il y a des règles d’application générale et des
règles particulières variant suivant la nature du service et la personne qui les gèrent.

Section 1 - Les lois du services publics

Elles ont été dégagées par l’administrativiste Louis Roland qui a donc systématisé les lois ou grands
principes qui sont applicables à l’ensemble des services publics. Elles constituent un fond commun.

§1 - Le principe de mutabilité
C’est celui qui confère des prérogatives à l’administration et le pouvoir de modifier unilatéralement
l’organisation et le fonctionnement du service public. Cela répond au besoin d’adaptation du service à
l’évolution du service public dans l’intérêt général aux fins de répondre aux besoins nouveaux des
usagers. Les usagers n’ont pas de droit acquis au maintien des conditions d’organisation et de
fonctionnement du service qui existaient au moment ou ils sont entré en relation avec le service.

L’usager a tout simplement droit à l’application des conditions d’organisations et de fonctionnement du


service public tant qu’elles sont en vigueur. Ils ont également le droit à ce que ces modifications soient
sans effets rétroactifs. CE, Journal L’Aurore, 1948.

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Vis-à-vis des agents du service, l’administration dispose du même pouvoir.


Elle peut modifier la situation de ses agents qui n’ont pas à être assuré du maintien des conditions
d’exercice de leur fonctions telles qu’elles étaient au moment de leurs entrées en fonction. Ce principe
de mutabilité connaît une application particulière en matière de contrat. Dans le cadre de ses contrats
l’administration a un pouvoir unilatéral de modification pour les adapter aux besoins du services.

§2 - Le principe de continuité
Historiquement lié au principe de service public. CE, Dame Bonjean, 1980 ;
Il prend valeur constitutionnelle DC, 25 juillet 1979 (concernant la radio-télévision).

Vis-à-vis des usagers ce principe oblige certains services d’administration à assurer que le service
fonctionne de manière permanente.
Exemple : le service de l'électricité, de police, service des établissements hospitaliers.

>> Ce principe impose pour tous les services qu'ils fonctionnent de manière régulière et qu'il soit
raisonnablement accessible aux usagers.
CE, Vincent, 1969 : le CE a été amené à censurer, les horaires d'ouverture d'un bureau de poste qui limitait
de manière abusive l'accès au service.

>> Le CE a été amené à disposer que la responsabilité de l’État peut être engagée si la continuité du
service n’est pas assurée ;
CE, Ministre des transport contre TAT, 1985 ; Victime de la grève de certains agents de la sécurité
aérienne, gestion des aéroports, qui avait occasionné des pertes importantes.

Vis-à-vis des agents cela à poser des problèmes pour concilier ce principe au droit de grève qui a lui
aussi valeur constitutionnelle du fait du préambule de la Constitution de 1946. La conciliation de ces
principes à amené à réglementer le droit de grève dans la fonction publique.
- Le législateur peut limiter le droit de grève pour assurer la continuité du service public.
* Par l’adoption de la Loi du 31 juillet 1963 qui définit certaine modalités de la grève dans les
services publics. C’est en réalité une législation très partielle qui vise à interdire les grèves
tournantes ou les grèves surprises.
* Le législateur est aussi intervenu pour régler des questions particulières. Il a été refusé le droit de
grèves à certains services ; police, armée, établissement pénitentiaire, …
Et pour d’autres services le législateur à imposé un service minimum rendu au usagers ;
La navigation aérienne, le droit d’accueil des élèves dans les écoles pendant les grèves, …
Dans toutes ces hypothèses le Conseil Constitutionnel vérifie que les atteintes portée au droit
de grève soient proportionnées.

* En plus de ce que le législateur impose comme limites aux droit de grève dans la fonction
publique, le juge administratif peut apporter des limitations aux droit de grève justifiées par le
maintien de l’ordre public ou par les besoins essentiels du pays.

L’autorité administrative peut en absence de législation apporté également des limites. CE, Jamar, 2013.

Ces interventions peuvent aller jusqu’à l’interdiction pure et simple du droit de grève, dans des cas plus
exceptionnels et plus ponctuels la jurisprudence admet que l’autorité administrative puisse réquisitionner
du personnel grévistes en cas de besoins criant et très grave.
CE, Fédération nationale de l’aviation civile, 1966.

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CE, Syndicat CFDT des postes et télécommunications du Haut-Rhin, 1980 : le CE a admis le


recours à des agences de travail temporaire. On était là dans un cas très spécifique ou une grèves des
postes commençait à poser de sérieux problèmes économiques.
On peut trouver une application un peu plus directe en matière de contrat qui est celle de l’imprévision qui
oblige l’administration à indemniser le cocontractant si l’économie du contrat en est absolument boulversé, s’il a
exécuté le contrat de manière continue.

§3 - Le principe d’égalité
Il s’agit à la fois d’un principe général du droit et d’un principe constitutionnel.
C'est un principe qui s'impose à l'administration dans ses relations aussi bien vis-à-vis des
usagers, des agents, un principe qui implique que les uns les autres soient traités de la même
manière, concerne l'accès au service, l'accès à l'emploi et le traitement dans le service.
C'est néanmoins un principe de portée relative. Il ne s'impose qu'à l'égard des personnes se
trouvant dans la même situation.
Formule du CE, «  ne s'oppose pas à ce que l'autorité investie du pouvoir réglementaire règle de
façon différente des situations différentes ni à ce qu'elle déroge à l'égalité pour des raisons d'intérêt
général pourvu que dans l'un ou dans l'autre cas la différence qui en résulte soit en rapport direct
avec l'objet de la norme qu'il établit ne soit pas manifestement disproportionné au regard des motifs
susceptible de la justifier » CE, GISTI, 2012.
Dans toutes les hypothèses les discriminations autorisées par le principe d'égalité doivent être en
rapport direct avec la règle.

LES DÉROGATIONS : Cela étant il est des hypothèses dans lesquelles l'administration est autorisée à
effectuer des différences de traitement :
>> Celle dans laquelle les personnes concernées trouvent dans des situations différentes.
Exemple : Une commune pourra décider d'appliquer des tarifs d'eau plus élevé pour le propriétaires
d'une piscine. De la même manière a accepté de pratiquer des tarifs dégressifs en raison des
tranches de consommation.

CE, Commune de Dreux, 1994 : a admis qu'une commune pouvait réserver l'accès à son école de musique
aux personnes ayant un lien avec la commune, soit parce qu'ils résident soit parce qu'elles y travaillent, soit
parce que les enfants y vont à l'école.
CE, Préfet d’Ariège, 1984 : De la même manière il est possible à une commune de pratiquer pour
prestations fournies par cantine des tarifs différents selon que les élèves sont domiciliés ou non dans la
commune.
CE, CCAS La Rochelle, 1989 : admet que l'accès soit différent selon les revenus à propos des services
publics sociaux (crèches).
et CE, Sect, Commune de Nanterre et Commune de Jeunevillier, 1997 : l'ont étendu aux services publics
à objet culturel ou récréatif (écoles musiques). Revenu sur sa position antérieure.

Aujourd’hui d'autres dispositions législatives autorise la fixation des tarifs des SPA facultatifs en fonction
des revenus des usagers. Exemple : En matière de distribution d'eau, loi du 29 juillet 1998 : possibilité
d'instituer des tarifs sociaux en matière de consommation d'eau avec une première tranche de consommation
gratuite au profit des personnes qui se trouvent en situation de vulnérabilité.

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MAIS :
CE, Commune de Romainville, 1987 : À l’inverse, n’est pas acceptable que les gestionnaire d’une
école de musique fasse la différence tarifaire entre les anciens et les nouveaux inscrits.
CE, Denoyez, 1974 : différenciation entre les habitants du département de la Charente et les autres
=> pas de différences de situations suffisantes pour que la discrimination tarifaire soit permise.
« La fixation de tarifs différents applicables pour un même service rendu, à diverses catégories d’usagers d’un
service ou d’un ouvrage public implique, à moins qu’elle ne soit la conséquence nécessaire d’une loi, soit qu’il
existe entre les usagers des différences de situation appréciables, soit qu’une nécessité d’intérêt général, en
rapport avec les conditions d’exploitation du service ou de l’ouvrage commande cette mesure »

DC, 12 juillet 1979 : Le Conseil Constitutionnel a estimé au regard de ce principe que la distinction tarifaire
tripartite prévue était justifiée concernant des péages.

>> Différence de traitement fondée sur une nécessité d’intérêt général,


à condition que les discriminations introduites ne soient pas manifestement disproportionnées par
rapport au but poursuivi.

CE, Raffi, 2009 : L’administration crée une différence de rémunération entre les praticiens hospitaliers à mi-
temps et à temps complet mais qui font le même travail => différence est elle légale ?
Oui répond le CE car les praticiens à temps complet n’ont pas le même accès que les praticiens à temps
partiel et il faut encourager les médecins hospitaliers à travailler à temps plein car ce sont eux qui
s’investissent le plus dans la vie hospitalière et il faut donc valoriser ce travail et cette implication :
C’est la condition pour une différence de traitement.

>> L’administration doit ou peut opérer des différences de traitement lorsque la loi le lui
impose ou autorise.
Sous réserve naturellement d’une QPC qui déboucherait sur la déclaration d’invalidité de la disposition
législative discriminatoire. Principe constitutionnel qui s’impose au législateur.
Si la loi prévoit, l'administration ne peut se voir reprocher la discrimination (CE, Denoyez, 1974).

§3 - Le principe de neutralité
Corollaire du principe d'égalité  : il interdit que le service soit assuré de manière différenciée selon les
convictions politiques ou religieuses, philosophiques des usagers et des agents.
Se combine avec bon nombre de libertés fondamentales : conscience, expression, réunion.
Depuis fin 1980 et les affaires dites du «  foulard islamique  » que sous l'angle de la laïcité, regain d'intérêt
concernant la principe de neutralité.
→ CE, Groupes autonomes de l'enseignement public, 1996 : Il interdit que les formulaires de
candidature à des concours ou emplois publics comportent des demandes de renseignement sur
opinions religieuses, syndicales ou politiques des intéressés.
CE, Rudent, 1985 : considère que portait atteinte à la neutralité de l’enseignement la possibilité pour
les élèves d’organiser des réunions à caractère politique.

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Nombreuses décisions qui consacrent aujourd’hui ce principe => le Conseil Constitutionnel n'a
pas permis aux officiers d'état civil d'invoquer la clause de concsience pour refuser les mariages entre
personnes de même sexe. DC, QPC, 2013.

La composante principale est constituée par le principe de laïcité : confère au principe de neutralité son
plus vif intérêt à l'heure actuelle.
Principe constitutionnel qui découle de l'article 10 DDHC : nul ne doit être inquiété pour opinions
religieuses tant qu’elles ne portent pas d'atteinte à l’ordre public.

a. Son application aux usagers du service public


Exemple : Le port d'insignes religieux par les élèves d'établissements publics d'enseignement => à cet égard
on a assisté à multiples péripéties qui se sont traduites par un Avis du CE de 1989 qui a fixé les grandes
lignes.
Puis des arrêts du CE qui ont par exemple annulés des règlements d’établissements scolaires interdisant le
port de signes religieux. En même temps, approbation du CE de mesures d’exclusion d’élèves qui refusaient de
quitter le voile islamique en cours d’éducation physique, ce port de voile étant incompatible avec cet
enseignement.

ABOUTI => Loi du 15 mars 2004 + Article L 141-5-1 Code de l’éducation qui interdit le port par
élèves collèges-lycées les signes ou tenues manifestant ostensiblement une appartenance religieuse.
Traduction législative de l'Avis du CE de 1989 = pression sur les usagers de différentes convictions.
CE, Ymaz, 1994 : la liberté d’expression de la croyance par des élèves ne doit pas porter atteinte aux
activités d’enseignement et ne doit pas permettre par conséquent d’arborer des signes religieux qui par
nature, dans les conditions ou elles sont portées présenterait un caractère ostentatoire et constituerait
un acte de pression, de propagande.
C’est une tentative de conciliation entre liberté religieuse des élèves et en même temps le soucis de
protéger la communauté éducative contre des actes jugés trop agressif et en même temps éviter que le
port de signes religieux perturbent le fonctionnement normal de l’établissement.
CE, Kherouaa, 1992 : Justifie d'exclusion d'une élève qui refusait de se dévoiler en éducation physique
pour le bon déroulement de l'enseignement.

Dérogation à l'obligation d'assiduité : le principe de neutralité tente de préserver liberté de


conscience et d’exercice de leur culte :
CE, Ass, Koen, 1995 : reconnaissance du droit pour les élèves de bénéficier d'autorisations d'absences
pour l'exercice d'un culte ou la célébration d'une fête religieuse aux conditions que ces absences :
- soient compatibles avec le déroulement de leurs études
- ne troublent pas l’ordre public dans les établissements concernés.

Série de décisions rendues également dans les établissements pénitentiaires pour les repas halal :
- La Cour d’Appel de Lyon avait estimé que si menus sans aliments strictement interdits au pratiquant
= liberté religieuse respectée.

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b. Son application aux agents du service public


Avis du CE, Demoiselle Marteaux, 2000 : témoignage d'une plus grande rigueur dans l'application du
principe de neutralité aux agents que dans son application aux usagers.
Le contenu du principe :
- les agents ne peuvent faire l'objet de discriminations ni en ce qui concerne leur accès et
traitement au sein du service
- les agents ne doivent pas exprimer leur conviction et idée dans le service par des signes
religieux notamment.
CA de Versailles, Abderahim, 2011 : a jugé justifiée la révocation d'un agent qui avait refusé de
renoncer au port du voile d'abord, puis bandana pour manifester son appartenance religieuse ;
Alors que l'agent en question recevait des parents en sa qualité d'assistante maternelle.

Le principe de neutralité et son corollaire le principe de laïcité s’applique à tous les services publics :
CDC, Mme X c. CPAM Seine-Saint-Denis, 2013 : Il s’applique également aux
organismes privés qui gèrent ces services.
La question était de savoir si ce principe de neutralité s’étendait aux organismes privés qui ne gèrent pas
des services publiques mais qui assurent des missions d’intérêt général.
Est-ce que ces organismes peuvent imposer à leurs salariés ce principe ?
En principe les organismes gérant de simples missions d’intérêt général ne sont pas soumises à ces
principes,
Mais l’employeur, conformément au Code du Travail, peut opposer des restrictions à la capacité des
agents à manifester leurs opinions dans deux hypothèses CDC, Ass pl, Crèche Babylou, 2014. :
- l’entreprise est une entreprise de conviction (poursuite d’un but philosophique ou religieux)
- les restrictions imposées aux salariés sont imposé par la nature de la tache à accomplir et sont
proportionnées aux buts recherchés ;

L’absence de dispositif permettant le port de vêtements ou de symboles religieux n’est pas une atteinte à la
liberté d’exercer sa religion. Il faut toujours regarder si les restrictions sont biens proportionnées avec les
buts recherchés.

Est ce que ces obligations s’impose aux bénévoles qui accompagnent la tenues du service public ?
TA de Montreuil, Madame Osman, 2011 : les parents d’élèves accompagnant les sorties scolaires
sont également soumis au principe de neutralité du service public.

Section 2 - Les parts respectives du droit privé et du droit public dans le régime des services
publics

L’état du droit se trouve sous la forme d’un échelle de publicisation du régime. Cela varie en fonction de
la qualité de la personne qui gère le service, et la nature du service.

§1 - Les SPA gérés par les personnes publics


C’est là que s’applique la proportion la plus importante du droit public.
Cela se manifeste par la soumission au droit public. La relation de ces services avec les usagés est une
situation légale est réglementaire. Soumis aux décisions prises par le service.

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TC, Berkani, 1996 : les personnels non-statutaires travaillant pour le compte d’un service public
administratif sont des agents publics quelque soit leur emploi. Auparavant il y avait une distinction bizarre.
Les actes unilatéraux de ces services sont également soumis au droit de la responsabilité administrative.
Il est une part de droit privé dans le régime de ces services.

§2 - Les SPIC gérés par une personnes publics


La proportion s’inverse et le droit privé est prédominant.
Les relations aves les usagers sont des relations contractuelles de droit privé.
CE, Sect, Établissement Campanon-Rey, 1961. Les contrat entre SPIC et usagers sont
toujours des contrats de droit privé, il ne peut y avoir de clauses exorbitante du droit privé
(comme dans les contrat administratif). Le juge compétent est le juge judiciaire.
Il en va ainsi alors même que le dommage a été causé par un travail public. Alors même que
normalement lorsqu’il y a travail public, il y a compétence du juge administratif ; c’est un des plus vieux
chef de compétence.
Le droit privé s’étend aux relations du service avec son personnel. Il n’y a que le chef de service et le
responsable de la comptabilité qui se voient reconnaitre le statut d’agent public.
CE, Arrêt Derobert Lafreygere, 1923 / CE, Sect, Jalenque de Labeau, 1957.

La responsabilité du service vis-vis des tiers est régit par le droit privé sauf lorsque le dommage trouve
son origine dans les travaux publics, solution contraire à celle applicable aux usagers.

MAIS : Ces SPIC peuvent néanmoins passer des contrats administratifs. Ils peuvent avoir un domaine public
soumis au droit public, les actes qu’ils prennent pour l’organisation et le fonctionnement du service sont des
actes administratif et il arrive que ces services alors même que leur personnel est de droit privé prévoient une
réglementation fortement inspirée de la réglementation de droit public.

§3 - Les SPA gérés par des personnes privés


C’est la nature su service qui justifie le maintien d’un noyau de droit public mais le statut du gestionnaire
explique que le droit privé soit prédominant dans l’application de ces services.
Sauf en ce qui concerne leurs actes unilatéraux qui sont pris dans l’exercice de prérogatives de
puissance publique et pour l’execution du service public.
Le second chef d’application du droit administratif concerne la responsabilité de ces services dans la
mesure où le dommage trouve sa cause dans l’exécution du service public et l’usage d’une prérogative
de puissance publique.
Pour qu’il y ait application du droit administratif il faut 2 éléments ; l’acte ou le dommage se rapporte à
l’execution du service public.

§4 - Les SPIC gérés par des personnes privés

Plus d’antagonismes.
Il n’y a qu’un seul type d’acte soumis au droit administratif : les actes réglementaire relatif à l’organisation
du service. TC, Compagnie Air France c. Époux Barbier, 1968.

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Partie 4 : Les actes administratifs


L’administration utilise les actes unilatéraux et les contrats.
L’acte unilatéral incarne l’idée de puissance publique.

Chapitre 1 : L’acte administratif unilatéral


C’est le procédé le plus caractéristique de l’administration, qui impose ainsi sa volonté. Ce n’est pas pour
autant spécifique du droit administratif, il existe en droit privé mais n’a pas la même ampleur.

Section 1 : La notion d’acte administratif unilatéral


Ils sont soumis à un régime spécifique et leur contentieux relève du juge administratif. Tous les actes
unilatéraux de l’administration ne sont pas des actes administratifs unilatéraux au sens strict, d’autre part
ces actes peuvent émaner d’autres personnes que des personnes publiques.
Il faut identifier ces actes et les classer.

§1 : L’identification de l’acte administratif unilatéral


Seuls les actes administratifs unilatéraux au sens strict peuvent faire l’objet d’un recours devant un
tribunal administratif. L’acte administratif unilatéral peut se définir comme un acte juridique de caractère
unilatéral émanant d’une autorité administrative et affectant l’ordonnancement juridique.

A. L’acte administratif, un acte juridique


Un acte juridique, donc une manifestation de volonté destinée à produire des effets de droit, il se
distingue des faits matériels, qui n’impliquent aucune manifestation de volonté de leurs auteurs.
En cela également l’acte unilatéral se distingue des actes matériels qui ne visent pas à produire des effets
de droit en dépit d’une certaine volonté. Il existe des agissements matériels assimilés à des actes
juridiques, à des actes unilatéraux. En vertu des textes le silence de l’administration s’analyse soit comme
un rejet de la demande soit comme une acceptation.
Il existe des décisions implicites de l’administration qui constituent des actes unilatéraux susceptibles de
recours.

B. L’acte administratif, un acte unilatéral


Il se distingue du contrat sur un critère clair mais qui soulève des difficultés.

1. Le critère de distinction
Il est recherché dans les relations entre l’acte considéré et ses destinataires. S’il a vocation à régir des
personnes étrangères à son adoption, s’il s’impose à des tiers sans leur consentement, il est unilatéral.
S’il procède d’un échange de consentement, d’un accord de volonté, et a vocation à régir les actions
réciproques entre ses auteurs il s’agit d’un contrat.
C’est un critère qualitatif.
Pour qu’il y ait contrat il faut qu’il y ait deux personnes, mais pour qu’un acte soit unilatéral il n’est pas
nécessaire qu’il émane d’une seule personne ou autorité.
Exemple : S’il existe une voie qui est limitrophe entre deux communes, il faut donc un arrêté commun.

2. La mise en œuvre de la distinction


Il y a des actes qui résultent d’un consentement mais sont assimilés à des actes unilatéraux.
- Les DSP sont des actes et des contrats au sens où ils résultent d’un échange de consentement.
D’un autre coté ces contrats de DSP comportent des clauses qui s’imposent aux usagers du

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service. Ces clauses présentent un caractère règlementaire parce qu’assimilables à des actes
unilatéraux règlementaires. CE, Cazeele, 1996.
- Les décisions unilatérales à caractères réglementaire pris en accord avec les représentants d’une
profession déterminée. CE, Hervouêt, 1977.
Exemple : convention entre caisse de sécurité sociale et les praticiens. La convention est
mise en vigueur par un arrêté ministériel. C’est un acte unilatéral qui s’impose aux
administrés et qui s’impose aux intéressés après leur accord.

C. L’acte administratif unilatéral, un acte de caractère administratif


Distinction importante car tous les actes unilatéraux de l’administration ne sont as administratifs. Or seul
l’acte administratif au sens strict relève du droit administratif, et relève du juge administratif. Les actes
privés de l’administration relèvent du droit privé.
Il faut distinguer selon que l’acte est pris par une personne publique ou privée.

1. Les actes émanent d’une personne publique


Quasi-totalité des actes à caractère administratif. Présomption d’administrative, prérogative de puissance
publique. Cette présomption n’est pas irréfragable.
* Pour les actes règlementaires, c-à-d à caractère général et impersonnel, sont toujours
administratifs. Il est logique que les actes pris en vertu de la prérogative de puissance publique
relèvent du droit administratif.
* Pour les actes individuels, c-à-d non règlementaire. Seuls sont administratifs ceux qui se rattachent
à l’exécution d’un SPA et constituent la mise en œuvre d’une prérogative de puissance publique. En
revanche les actes relevant de SPIC sont des actes de droit privés.

Un certain nombre d’acte pris par des personnes publiques sont des actes de droit privé.
- Les actes de gestion du domaine privé, c-a-d le patrimoine de l’administration qui n’est pas
affecté à un service public et qui n’est pas non plus ouvert à l’usage général du public. La gestion
du domaine privé n’est pas un service public pour le juge administratif.
> CE, Chaussey, 1963, notion d’acte relatif au domaine privé mais détachable de sa
gestion. Les actes de disposition sont détachables de la gestion, et donc revêtent un
caractère administratif.
> CE, Gaillard, 17 octobre 1980, le refus de vendre un bien du domaine privé est un
acte administratif. Ces solutions ne concernent que les actes individuels.
- Les actes individuels relatifs à la gestion des SPIC, pour usagers et agents, sont des actes de droit
privé.
- Les actes relatifs à des rapports de droit privé, c-a-d question de propriété privée ou droit civil,
cela à condition qu’ils ne mettent en œuvre aucune prérogative de de puissance publique.
Les solutions sont différentes pour les actes qui émanent des personnes privées.

2. Les actes émanant des personnes privées


Ces actes sont présumés de droit privé, cette présomption connait des exceptions. On sait que les
personnes privées investies de mission de services publics peuvent prendre des actes administratif,
CE, Mompeurt, 1942 et CE, Magnier, 1961.
Suivant que le service public est un SPA ou un SPIC l’acte est administratif ou de droit privé.

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a. Les actes relatifs à l’exécution d’un SPA


Ces actes sont administratifs si :
- Ils se rattachent à la mission de service public dont la personne privée est investie.
- Il faut qu’ils constituent la mise en œuvre d’une prérogative de puissance publique.
On s’est demandé si ces conditions étaient cumulatives, et s’il ne suffisait pas que l’acte se rattache à
l’exécution du service public. CE, APREI, 2007, considère que les deux conditions sont nécessaires.
Lorsqu’un acte revêt un caractère règlementaire et qu’il se rapporte à l’organisation du service il est de
prérogative de puissance publique, en dehors de ce cas la jurisprudence considère qu’il n’y a pas exercice
d’une prérogative publique.
Et donc pas d’acte administratif, chaque fois que l’acte a pour objet de régler des rapports internes à
l’organisme qui le prend. Il y a exercice d’une prérogative de service publique chaque fois que l’acte ne
concerne pas l’organisation ou le fonctionnement interne de l’organisme, mais son activité et qu’il
manifeste par lui l’exercice d’un certain pouvoir.
- Dans CE, Monpeurt, 1942 la décision du comité d’organisation qui déterminait les entreprises
autorisées à assurer certaines activités.
- Dans CE, Magnier, 1961 le groupement privé se voit reconnaitre le droit de fixer la participation
financière des agriculteurs à l’opération.

b. Les actes relatifs à l’exécution d’un SPIC


Les actes pris par ce type de personne dans le cadre de ce type de service sont pour la quasi-totalité de
droit privé.
Les seuls qui revêtent un caractère administratif sont les actes règlementaires, c-à-d général et
impersonnel, qui ont trait à l’organisation du service public : TC, Époux Barbier, 1968.

D. L’acte administratif : un acte affectant l’ordonnancement juridique


Il doit affecter l’ordonnancement juridique. Condition importante si l’acte ne la remplit pas, il est
insusceptible de recours devant le juge administratif.
1. Un acte affectant l’ordonnancement juridique
L’ordonnancement juridique est l’ensemble des règles juridiques qui déterminent la situation des sujets
de droit, leur confère des droits ou leur impose des obligations.
Un acte peut affecter cet ordonnancement juridique de 2 manières :
- Soit en le modifiant, en ajoutant ou retranchant des dispositions.
Exemple : une règlementation nouvelle, la nomination d’un fonctionnaire, l’octroi d’une autorisation …
- Soit en prenant une position au sujet de l’ordonnancement juridique. Les actes négatifs par
lesquels une administration rejette une demande sont considérés comme des actes
administratifs au sens strict.

2. Les actes unilatéraux n’affectant pas l’ordonnancement juridique


Certaines circulaires, les directives au sens national du terme, et les autres actes qui n’affectent pas
l’ordonnancement juridique.

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a. Les circulaires
Ce sont des actes par lesquels l’administration commente les textes législatifs ou règlementaires en
vigueurs les interpréter ou encore qui déterminent la manière dont l’administration entend les appliquer.
Instruction, note de service, circulaire ou même parfois directive.
Les circulaires sont importantes en pratique, c’est souvent sur la base des circulaires que
l’administration agit, plutôt que sur la base des textes qu’elles interprètent. Les circulaires sont
utilisées souvent par les ministres qui tentent de pallier l’absence de pouvoir règlementaire pour
l’édiction de mesures sous couvert de circulaire.
Les circulaires ont l’avantage d’éclairer les agents de l’administration qui applique les textes et les
administrés sur la signification des textes. Mais elles présentent également des inconvénients. Les
ministres et autorités administratives peuvent sous couvert de  simple interprétation des textes
tenter d’exercer un pouvoir règlementaire qu’ils ne détiennent pas.

Le juge tente de réaliser un équilibre entre le souci d’éviter que les administrés puissent attaquer
n’importe quelle circulaire et la nécessité de leur garantir un recours contre les circulaires qui en réalité
modifient l’ordonnancement juridique.
Dans un premier temps le juge distinguait entre les circulaires interprétatives et les circulaires
règlementaires :
- Les premières se bornaient à commenter les textes en vigueur sans rien y ajouter, les secondes
modifiaient l’ordonnancement juridique et donc étaient assimilables à un règlement. Les
premières n’étaient pas attaquables devant le juge administratif, car elles n’étaient pas
considérées comme de véritables actes administratifs.
- Les secondes étaient susceptibles de recours pour excès de pouvoir.
CE, Institution Notre Dame du Kreisker, 1964.

Dans un deuxième temps, le CE modifie sa jurisprudence avec CE, Mme Duvignères, 2002.
La distinction repose sur le caractère impératif ou non impératif de la circulaire :
- Si la circulaire n’a pas de caractère impératif, si elle n’impose rien, elle ne fait pas grief et ne peut
donc être attaquée.
- Si la circulaire a un caractère impératif, elle peut faire grief, elle peut être attaquée. Le juge
l’annulera si elle est entachée d’illégalité. Il en va ainsi même lorsque la circulaire se borne à
interpréter les lois et règlements en vigueurs.
Désormais une circulaire peut faire l’objet d’un recours alors même qu’elle est interprétative des lors
qu’elle confère à son interprétation un caractère impératif.
>> Mais ce n’est pas parce qu’une circulaire est impérative, qu’elle constitue un acte administratif
et qu’elle peut faire l’objet d’un recours qu’elle serra nécessairement illégale.

Une circulaire peut aussi être illégale parce qu’elle est prise par une autorité incompétente, parce qu’elle
méconnait le sens et la portée des dispositions de textes dont elle est censée assurer l’application, et elle
peut être illégale parce que les textes qu’elle commente ou met en œuvre sont eux même illégaux, et
qu’elle reproduit leur illégalité.

Un décret du 8 septembre 2008 impose que les circulaires soient publiée par mise à disposition du
public sur un site internet (circulaire.gouv.fr) toutes les circulaire qui ne sont pas publiées sur ce site sont
inapplicables à partir d’une certaine date.

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b. Les directives
Ce sont des actes à caractère général et impersonnel par lesquels un ministre ou chef de service fixe à
l’administration agissant sous leurs ordres une ligne de conduite dans un domaine où celle-ci dispose
d’un pouvoir discrétionnaire.
Les directives visent à donner à l’action administrative une certaine transparence, cohérence uniformité
propre à éviter les risques d’arbitraire ou de discrimination dans l’application d’une législation ou
règlementation.
Les directives ont pendant longtemps été confondues avec les circulaires règlementaires, or les
autorités qui prenaient ces directives étaient dans la majorité des cas dépourvues de pouvoir
règlementaire, en conséquences de quoi les directives étaient annulées ou déclarées illégales
pour absence de compétence de leur auteur.
Le CE a entreprit de dresser un statut sur mesures pour les directives.
>> CE, Sect, Crédit Foncier de France, 1970 et CE, Société Géa, 1973.
Les directives ne sont pas des actes règlementaires ni des actes impératifs. Donc des directives peuvent
être prises par des autorités dépourvues de pouvoir règlementaires, n’étant pas des actes impératifs ou
règlementaires elles ne peuvent faire l’objet de recours en annulation, et n’étant pas des actes
règlementaires impératifs elles ne lient pas complètement l’administration.
L’administration lors de la prise de décision doit procéder à un examen particulier du cas traité et peut
déroger à la directive si la situation particulière de l’administré concerné ou un motif d’intérêt général le
justifie.
Pour autant les directives ne sont pas dépourvues de tout effet, dès lors qu’elles sont publiées elles sont
opposables aux administrés, l’administration peut se fonder sur des directives pour justifier ses décisions,
les particuliers eux même peuvent se prévaloir des directives à l’encontre de l’administration.
Exemple : Lorsque l’administration leur fait application d’une directive les administrés peuvent
contester cette décision soit en invoquant le caractère illégal de la directive, soit en soutenant qu’ils se
trouvent dans une situation tellement particulière qu’il appartenait à l’administration d’y déroger.

c. Les autres mesures unilatérales n’affectant pas l’ordonnancement juridique


Les avis, propositions ou recommandations émises par l’administration. Elles ne sont pas obligatoires
donc n’entrainent pas d’effet de droit. Même chose pour les mises en demeure et les actes déclaratifs
qui constatent une situation de droit ou de fait.

§2 : La classification des actes administratifs unilatéraux


Plusieurs classifications possibles. Soit organique, c-à-d d’après la nature de la personne qui les prend, soit
formelle, soit matérielle.

A. La classification formelle
Deux types d’actes :
- Explicites, une majorité, le plus souvent écrits, pas soumis à un quelconque formalisme sauf
exception.
- Implicites, qui résulte du silence gardé par l’administration sur la demande d’un administré.
La règle de principe est que le silence vaut décision de rejet, le délai est en principe de deux
mois. Ce délai est fixé par la loi du 12 avril 2000 relative aux droits des citoyens dans leurs
relations avec les administrations, avant le délai était de 4 mois.
Un décret en CE peut fixer cependant des délais différents, soit plus long lorsque les décisions
sont complexes à prendre soit plus bref en cas d’urgence. Cette même loi prévoie que des

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décrets peuvent assimiler le silence à une décision implicite d’acceptation. Il faut que la décision
ait été demandée et que la demande soit complète.
La loi de 2000 règle l’hypothèse dans laquelle la demande de décision est adressée à
l’administration incompétente, il y alors une obligation de transmission spontanée à l’autorité
compétente.
Cette situation a une incidence sur le point de départ du délai, le délai de 2 mois court à
compter de la réception de la demande par l’autorité initialement saisie si la décision implicite et
de rejet, en revanche le délai court à partir de la réception par l’autorité compétente en cas de
décision implicite d’acceptation.

B. La classification matérielle
La distinction essentielle se situe entre les actes individuels (nominatifs) et les actes règlementaires
(impersonnel). Les actes individuels sont des actes qui comme leur nom l’indique visent des personnes
nommément désignées. Il peut s’agir d’actes collectifs, visant une multiplicité de personne.
Exemple : résultat d’un concours.
Les actes règlementaires sont des actes édictant une norme générale et impersonnelle, ils ne visent pas
des personnes déterminées.
Le critère de distinction est d’ordre qualitatif. Cette distinction est importante parce que les règles
d’entré en vigueur de ces actes ne sont pas les mêmes. Un acte individuel doit être notifié à leurs
destinataires alors que les actes règlementaires doivent être publiés.
Il existe une catégorie intermédiaire. Ces actes sont qualifiés de particulier ou de décision d’espèce, ce
sont généralement des actes qui se rapportent à une opération ou une situation particulière.
Exemple : la convocation à une élection, ou ouverture d’un concours, ou la déclaration d’utilité
publique prises dans le cadre des procédures d’expropriation.

Section 2 : Le régime de l’acte administratif unilatéral


Elaboration adoption et application des actes administratifs unilatéraux. Deux types de règles, soit elles
concernent le fond du droit, la légalité interne, analysées dans le cadre du principe de légalité, soit les
règles sur la légalité externe se rapportent au statut de l’acte.

§1 : L’élaboration des actes


Règles de compétence, de procédure et de forme.

A. Les règles de compétence


La compétence est l’aptitude des agents ou autorités administratives à prendre des actes au nom des
personnes qu’elles représentent, c-à-d le pouvoir conféré par le texte et la jurisprudence de prendre
certains actes.
* Les compétences sont réparties entre les autorités. La violation des règles de compétence est un
moyen d’ordre public, c’est-à-dire un moyen que le juge doit relever d’office alors même qu’aucunes
des parties ne l’a invoqué. Le vice d’incompétence ne peut faire l’objet d’une régularisation,
autrement dit la ratification par l’autorité compétente d’un acte qui a été pris par une autorité
incompétente n’efface pas l’illégalité dont l’acte est entaché.

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1. Les sources de la compétence


Deux sources :
- Les textes qui déterminent en règles générales les autorités compétentes pour prendre telle
ou telle décision.
- La jurisprudence joue un rôle qui consiste à combler les lacunes des textes, c’est la
jurisprudence qui a reconnu compétence au chef de l’exécutif pour exercer le pouvoir de police
sur le plan national (CE, Labonne, 1919), c’est la jurisprudence qui a reconnu au chef de
service un pouvoir règlementaire pour pourvoir à l’organisation et fonctionnement de ses
services (CE, Jamart, 1936).

>> Le parallélisme des compétences joue lorsque les textes désignent l’autorité compétente pour
prendre un acte mais sont mués sur celles qui sont compétentes pour prendre l’acte contraire, la
jurisprudence considère que c’est l’autorité qui a pris l’acte initial qui est compétente pour prendre l’acte
contraire.
Cela ne vaut que pour les actes exactement contraires à l’acte initial. Exemple : nomination/révocation.

2. La délimitation de la compétence
Elle revêt plusieurs modalités, 3 limitations :
- Matérielle : acte pris dans certains domaine, les autorités sont cantonnées à certains domaines.
Une autorité ne peut empiéter sur les compétences d’une autre autorité. Cloisonnement stricte
des compétences, un supérieur hiérarchique ne peut empiéter sur les compétences de ses
subordonnés, bien qu’il puisse annuler, ou ordonner ces décisions.
- Territoriale : chaque autorité se voie assigner un territoire à l’intérieur duquel il peut exercer
ses pouvoirs et dont il ne peut excéder les limites.
- Temporelle  : la compétence des autorités administratives est limitée à la durée de leurs
fonctions ou mandat. Un fonctionnaire avant d’être installé officiellement dans ses fonctions ne
peut pas prendre d’actes se rattachant à ses fonctions, de même les actes que l’autorité
prendrait après a fin de l’exercice de ses fonctions sont entachés d’incompétence.
>> Ces règles sont rigoureuses et la jurisprudence et les textes y apportent des aménagements
notamment pour faciliter l’action de l’administration, notamment les délégations de compétences. Une
délégation de compétence est un acte par lequel une autorité qui détient certaines compétences en
transfère la responsabilité à une autre autorité. Ces délégations existent dans toutes les collectivités, elles
peuvent revêtir 2 formes, pouvoir et signature. Elles sont soumises aux mêmes conditions mais ont des
effets différents.

3. Les aménagements de la compétence


La majorité de ces aménagements se font par voies de délégations. C’est une pratique admise par le
droit administratif et même nécessaire afin d’alléger la tache des autorités normalement compétentes.

a. Les conditions de la délégation


Une délégation soit remplir 4 conditions :
- Elle doit être prévue par un texte législatif ou règlementaire.
- La délégation doit avoir fait l’objet d’une publication, sinon les actes du délégataire sont illégaux.
- La délégation ne peut jamais être totale, elle ne peut porter que sur une partie des
compétences du délégant, c’est un principe général du droit, insusceptible de dérogation
règlementaire. CE, Chauvet, 1950.
- Elle doit être précise et claire.

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Un décret de 2005 règlemente les délégations de signature des membres du gouvernement.


La délégation de signature est donnée automatiquement à un certain nombre de hauts fonctionnaires
pour les actes relatifs aux affaires placées sous leur autorité. Le ministre peut mettre un terme à ces
délégations à tout moment.

b. Les effets de la délégation


Ils sont plus importants pour la délégation de pouvoir. La première différence concerne le bénéficiaire
de la délégation. La délégation de pouvoir est une délégation impersonnelle, c-à-d une délégation
accordée non pas à une personne déterminée mais au titulaire d’une fonction.
La délégation de signature est personnelle, accordée à une personne nommément désignée, la
délégation perd ses effets lorsque le délégataire change de fonctions.
* L’étendue du transfert de compétence varie également.
⇨ La délégation de pouvoir opère un véritable dessaisissement de l’autorité délégante, tant que
dure la délégation l’autorité délégante ne peut récupérer ses compétences et ne peut les
exercer en lieu et place de l’autorité délégataire.
⇨ La délégation de signature ne produit pas de dessaisissement, l’autorité délégante peut à tout
moment décider de prendre elle-même les décisions dont elle a délégué la signature.

Un autre aménagement des règles de la compétence consiste en l’expédition des affaires courantes.
> Théorie jurisprudentielle qui permet à un gouvernement démissionnaire d’accomplir les actes
nécessaires à la satisfaction immédiate des besoins de l’état dans l’attente de son remplacement.
Solution étendue aux autorités administratives dont les fonctions viennent à cesser sans qu’un successeur
ne soit désigné. En principe elles ne peuvent prendre les mesures strictement nécessaires à la continuité
du service public.

⇨ La suppléance et l’intérim sont des aménagements du principe.


Elles visent au remplacement d’une autorité qui pour une raison ou pour une autre se trouve
empêchée d’exercer ses fonctions.
- La suppléance correspond à l’hypothèse dans laquelle le remplacement de l’autorité défaillante ou
empêchée est prévu par un texte.
- L’intérim correspond au cas où le remplacement n’est pas prévu par un texte mais est décidé par le
supérieur hiérarchique de l’autorité remplacée.
Dans les deux cas les pouvoirs sont les mêmes sauf dispositions ou décisions contraires le suppléant et
l’intérimaire disposent de toutes les compétences de l’autorité qu’ils remplacent.

4. L’exercice de la compétence
Les autorités administratives ne doivent pas méconnaitre l’étendue de leur propre compétence.
Si les textes confèrent certaines compétences à une autorité celle-ci a l’obligation de l’exercer. Elle ne
peut s’y refuser ni de propos délibérés ni par suite d’une erreur sur la disposition de cette
compétence. Le juge administratif censure les autorités qui refusent de prendre une décision par ce
quelles croient par erreur qu’elles ne disposent pas de la compétence. L’hypothèse se trouve entachée
du vice d’incompétence qui ne peut être régularisé.
Les autorités administratives doivent exercer leurs compétences comme les textes le prévoient sans
conditions supplémentaires.
Elle ne peut lier sa compétence à une condition qui n’est pas prévue par les textes. Il n’y a pas de
question préjudicielle possible devant l’administration active. Cette règles s’applique dans les
circonstances suivantes  : il peut arriver que l’autorité administrative se trouve confrontée à une

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difficulté qu’elle ne peut trancher définitivement parce qu’elle ne relève pas de sa compétence.
L’administration doit quand même prendre sa décision sans que la difficulté soit tranchée, elle ne peut
sursoir à sa prise de décision.

B. Les règles de procédure


Double finalité : elles visent à permettre à l’administration de prendre ses décisions de la manière les
plus satisfaisantes, rationnelles et efficaces en ayant une pleine connaissance des dossiers qu’elles traitent.
Elles font en sorte que l’édiction des décisions respecte au mieux les droits des administrés.
Ces règles de procédures trouvent leur source dans la jurisprudence et dans les textes.
> Les textes relatifs à la procédure administrative non-contentieuse, depuis une trentaine d’années,
se sont multipliés :
- Loi de 78 qui consacre l’accès aux documents administratifs pour les administrés.
- Loi de 79 sur la motivation des actes administratifs
- Décret du 28 novembre 83 concernant les relations entre l’administration et les administrés.
Décret abrogé mais relayer par la :
- Loi du 12 avril 2000 qui en a repris en grande partie les dispositions.
Efforts d’unification et rationalisation de ces règles. Mais il n’existe toujours pas de véritable code de la
procédure administrative non contentieuse.
Il s’agit de rendre l’administration et son action plus transparente, et mieux protéger ainsi les intérêts des
administrés. Instaurer une démocratie administrative.
> La jurisprudence conserve cependant un rôle, elle est à l’origine de procédure, parmi lesquelles la
règle du parallélisme des procédures.
Parallélisme des procédures : Lorsque les textes décrivent la procédure compétente pour prendre un acte
mais non pour sa suppression, la règle est que la procédure applicable est la même que celle qui régit son
édiction sous deux réserve, si la procédure suivit pour l’édiction de l’acte était obligatoire (un décret pris après
avis facultatif du CE peut être supprimé par une décision prise sans avis du CE puisque facultatif), et si la
procédure suivie pour l’édiction de l’acte présente une utilité pour sa suppression.
La procédure consultative, la règle du contradictoire et l’examen particuliers des circonstances de l’affaire.

1. La procédure consultative
Il existe une multitude d’organismes dont les textes prévoient la consultation avant l’édiction de
certaines décisions. Dans ces hypothèses la validité de l’acte dépend de la régularité de la procédure de
consultation. La raison de cette administration consultative il s’agit pour l’administration de prendre ses
décisions en pleine connaissance de cause.

a. L’organisme consultatif
Il faut distinguer les règles applicables à l’Etat et ses EPA des règles applicables aux autres autorités, qui
sont jurisprudentielles.
Décret de 2006 (pour état) :
- Sauf disposition contraire de la Loi les commissions sont créées pour une durée maximale de 5
ans.
- En cas de consultation obligatoire la convocation des membres de l’organisme doit intervenir 5
jours à l’avance.

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- Pour que l’organisme rende un avis régulier il faut que le quorum, s’il n’est pas réuni lors de la
première séance de la commission une nouvelle convocation devra être faite et l’organisme
pourra statuer sans la condition de quorum.
- Il est impossible pour les membres de l’organisme qui ont un intérêt personnel à l’affaire de
participer à ces travaux, car l’avis de l’organisme ne remplirait les conditions d’impartialité.
- Si la commission qui doit être consulté n’a pas donné son avis dans un délai raisonnable,
l’autorité qui doit prendre la décision peut se dispenser de l’avis.

Il existe des règles jurisprudentielles dont sont issues les règles du décret.
- Un avis doit être donné par un organisme ayant une existence légale, c-à-d prévue par les textes et
régulièrement constitué.
- Il faut que les membres de l’organisme aient été convoqués à temps, pour prendre connaissance des avis
à donner.
- La condition de quorum est la moitié des membres plus un.
- Il ne faut pas que participe aux délibérations des membres étrangers à l’organisme ou des membres
dont l’impartialité ne serait pas garantie.
CE, Syndicats des sylviculteurs de Sud-Ouest, 2007.

b. Les conditions de la consultation pour avis


Quelques règles pour la consultation :
- Il faut que l’organisme soit véritablement consulté.
- Il faut que les membres de l’organisme se soit vu mettre à disposition une information complète
sur l’objet de la consultation.
- Il faut que l’avis soit demandé et rendu avant la prise de la décision, mais il est admis que
l’autorité compétente pour prendre la décision peut adopter celle-ci sans avis requis si
l’organisme consultatif ne le rend pas dans un délai raisonnable.

c. La portée de l’avis
* L’avis facultatif ; c-à-d un avis que l’administration n’est pas obligée de demander et n’est pas tenu de
le suivre. Elle peut même adopter une décision différente que celle qu’elle a soumise à l’organisme.
* L’avis obligatoire est un avis que l’administration est tenu de demander mais qu’elle n’est pas obliger
de suivre, toute fois si l’avis est défavorable l’autorité administrative n’a que deux possibilité, soit elle
suit l’avis de l’organisme, soit elle adopte le texte initial de sa décision, qu’elle a soumis à l’organisme.
Mais elle ne peut pas adopter une décision déférente de celle soumise et qui ne se conformerait pas
aux préconisations de celui-ci.
* L’avis conforme est un avis que l’administration est obligée de demander et qu’elle est tenu de suivre.
Si l’avis est défavorable à la décision l’administration sera tenue d’y renoncer, ou si favorable sous
réserves, l’administration ne pourra adopter la décision qu’a condition d’y introduire les modifications
préconisées.

2. L’examen particulier des circonstances de l’affaire


Procédure qui a vocation à s’appliquer lorsque l’administration dispose d’un pouvoir discrétionnaire. Elle
impose à l’administration préalablement à sa décision de procéder à un examen de chacun des dossiers
qui doit donner lieu à la décision. Pour que l’administration ne renonce pas à son pouvoir discrétionnaire.

3. Le respect des droits de la défense


Principe qui impose à l’administration de ne prendre certaines décisions qu’après avoir mis les
administrés destinataires de cette décision en mesures de présenter sa défense. Affaire de fiches qui se

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traduit par l’adoption de la loi du 22 avril 1905 consacrant le droit des fonctionnaires à la
communication de leur dossier préalablement à toute sanction disciplinaire (art 65).
« Tous les fonctionnaires civils et militaires, tous les employés et ouvriers de toutes administrations publiques ont
droit à la communication personnelle et confidentielle de toutes les notes, feuilles signalétiques et tous autres
documents composant leur dossier, soit avant d'être l'objet d'une mesure disciplinaire ou d'un déplacement d'office,
soit avant d'être retardé dans leur avancement à l'ancienneté. »
Principe qui se voit reconnaitre le caractère de principe général du droit (CE Trompier-Gravier, 1944
et CE, Aramu, 1945), puis caractère de PFRLR, donc valeur fondamentale et donc rejoint le droit à un
procès équitable, CEDH art 6-1.
C’est un droit qui s’applique également à procédure non juridictionnelle, CE Didier,1999.

Loi du 12 avril 2000 (art 24) les décisions individuelles dont la motivation est obligatoire en vertu de la
loi du 11 juillet 1979, ne peuvent être prise que après que la personne concernée n’ait été mise à même
de présenter ses observations écrites et à sa demande ses observations orales.
Exceptions :
- pour les demandes abusives, les situations d’urgence ou de circonstance exceptionnelles
- lorsque l’exercice des droits de la défense peut compromettre l’ordre public ou les relations
internationales
- lorsque des textes particuliers prévoient une procédure contradictoire présentant des garanties
équivalentes.
En dehors des décisions visées par la loi de 2000 il résulte de la jurisprudence que sont également visées
par le principe du contradictoires :
- les sanctions prisent à l’encontre des administrés
- les mesures qui sont prises en considération de la personne de l’administré
à condition qu’elle présente dans les deux cas un réel degré de gravité
Cela n’impose pas à l’administration d’obtenir de l’administré une défense mais juste de le mettre en
mesure de présenter ses observations.

C. Les règles de formes pour l’édiction des actes administratifs


Pas de support déterminé, même support verbal si la forme écrite n’est pas imposée. La décision doit
être signée par l’autorité compétente, avec le nom le prénom et la qualité de l’autorité signataire.
Tout acte a des motifs. La motivation c’est la mention expresse de ces motifs dans l’acte.

1. L’obligation de motivation
L’administration ne prend un acte que pour certains motifs, la motivation sert à faire figurer ces motifs
dans la décision elle-même.

a. Le champ d’application de l’obligation de motivation


Il fut un temps ou l’obligation n’était qu’une exception. La loi du 11 juillet 1979 change beaucoup de
chose.
La loi de 1979 n’instaure pas une obligation générale de motivation, mais impose cette motivation pour
un grand nombre de décisions, elle les énumère. Ce sont les décisions individuelles uniquement.
Parmi ces actes seules sont soumises à l’obligation deux catégories de décisions :
- Celles qui sont défavorables à leurs destinataires qui font partie d’une liste dressée par la loi, et ce
sont uniquement les décisions qui doivent être motivées.

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- Cette même loi impose en second lieu la motivation obligatoire des décisions individuelles qui
dérogent à une législation ou une règlementation générale.
La loi prévoie que quand une décision implicite de rejet est prise dans un cas où la décision
explicite aurait dû être motivée, l’administré destinataire de la décision a le droit de demander les
motifs de celle-ci dans le délai du recours contentieux et l’administration doit lui communiquer le motif
dans le délai d’un mois.
De plus il existe divers textes particuliers législatifs ou règlementaires qui prévoient l’obligation pour
l’administration de motiver certaines décisions  ; Exemple les décisions de dissolution des conseils
municipaux.
CE, Ass, Agence Maritime Marseille Frête, 1970 : les décisions prises par certains organismes
collégiaux à caractère professionnel ou para-juridictionnel doivent motiver leur décisions (jurisprudence
de faible application).

b. Les modalités de la motivation


- La motivation doit figurer dans la décision elle-même ou dans un document annexé à la décision elle-
même.
- Elle doit être concomitante de la décision, ni avant ni après.
- La motivation ne doit pas être stéréotypée, elle doit préciser de manière claire les raisons de fait et de
droit qui ont déterminé l’autorité compétente à prendre la décision concernée.
Cela peut faciliter le travail du juge.
Une décision non-motivée est illégale, et elle ne peut pas être régularisée par la fourniture a
posteriori des motifs de cet acte.

2. Le caractère écrit des actes administratifs

a. Les actes verbaux


Sauf dispositions contraires, l’administration peut très bien prendre ses décisions verbalement. La
difficulté est d’en donner la preuve après.

b. Les décisions implicites


Pendant très longtemps le silence garder par l’administration pendant un délai de 2 mois valait rejet.
Cela avait pour but de permettre aux administrés d’attaquer des décisions de rejet implicite et de ne pas
les laisser désarmer face à l’inertie de l’administration.
Ce principe a été inversé par la Loi du 12 novembre 2013 (habilitant le gouvernement à simplifier les
relations des administrés avec le Droit). À présent le silence de l’administration pendant deux mois vaut
acceptation.
Cependant cette Loi a apporté de multiples exceptions en raisons des risque qu’encourt l’administration.

Toute une série d’hypothèses où le silence continue à valoir rejet ;


- hypothèses ou la demande ne tend pas à l’administration de prendre un acte individuel.
- lorsque la demande ne s’inscrit pas dans une procédure prévue par un texte.
- en cas de réclamations ou de recours administratif.
- en cas de demandes à caractère financier.
- lorsque la demande concerne les relations administration-agents
- un décret en Conseil d’État peut prévoir des délais différents et créer d’autres exceptions.

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3. La signature des actes administratifs


Toutes décisions comporte outre la signature de son auteur la mention en caractère lisible la mention du
prénom du nom et de la qualité de celui-ci. Le CE estime que l’acte n’est illégale que lorsque il est
impossible d’identifier son auteur CE, Commune d’Auvers-Sur-Oise, 2009.
Mais le CE estime que la violation ne constitue pas un vice substantiel de nature à justifier l’annulation
lorsque l’auteur peut être identifier. CE, Société des Laboratoires Servier, 2009.

§2 : L’entrée en vigueur de l’acte administratif unilatéral

A. Le principe de non rétroactivité des actes administratifs


Principe général du droit (CE, Société du Journal L’Aurore, 1948) selon lequel l’administration ne
peut prendre des actes qu’elle rendrait applicable à des faits antérieurs à leur entrée en vigueur. Ce
principe ne peut disposer que pour l’avenir.
Ce principe fait l’objet d’aménagement, il peut être écarté par une loi, il cesse de s’appliquer lorsqu’il
s’agit pour l’administration d’appliquer une décision d’annulation d’un acte rendu par une juridiction
administrative, il n’exclue pas l’existence de texte d’application immédiate, il s’applique aux situations en
cours.

B. L’entrée en vigueur des actes réglementaires


Que lorsqu’ils ont fait l’objet d’une publicité.
Les modalités sont parfois fixées par les textes  ; à défaut de précisions des textes la règle est que la
publicité doit être adaptée au cercle des administrés qui méritent d’être informés.
Si la publicité n’est pas faite ou est insuffisante le délai du recours contentieux ne court pas
(et le règlement n’est pas applicable).
Un règlement non-publié n’est cependant pas dépourvu de toute existence ou effet juridique.
- S’il est connu par les administrés ceux-ci peuvent l’attaquer.
- D’autre part un acte règlementaire non publié peut faire l’objet d’adoption de mesures
règlementaires d’application. Ces mesures ne pourront entrer en vigueur qui si le règlement de
base entre en vigueur.
Ils n’entrent en vigueur que si les actes nécessaires à leur application ont été pris. En vertu du principe de
sécurité juridique certains actes ne peuvent entrer en vigueur qu’au terme de mesures transitoires.

C. L’entrée en vigueur des actes individuels


- Leur entrée en vigueur est déclenchée par leur notification lorsqu’ils sont défavorables aux
administrés qu’ils concernent.
- L’entrée en vigueur est liée à leur signature lorsqu’ils sont favorables aux administrés. Mais pour les
actes collectifs une publication peut-être prévue (résultats d’examens, …).
Le délai du recours contentieux n’est déclenché que par la notification par les intéressés, pour les tiers le
départ du délai de recours contentieux est la publication de l’acte.

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§3 : La fin des actes administratifs


« La sortie de vigueur des actes administratifs » - Chapus. Ils cessent alors d’exister et de s’appliquer.
- Soit la réalisation d’un certain événement, l’acte peut devenir caduc par disparition de son objet, la fin
de l’acte peut également résulter d’une décision de l’administration
- Soit l’abrogation qui consiste dans la suppression de l’acte pour l’avenir, soit le retrait qui consiste en la
disparition rétroactive de l’acte c-à-d sa suppression depuis son origine.
Laisser à l’administration une large maitrise de la règlementation en vigueur, lui imposer le respect de la
légalité et préserver le respect du commerce juridique.

A. L’abrogation
Les règles sont différentes selon qu’il s’agit d’acte règlementaire ou individuel.

1. Les actes règlementaires


Les actes réglementaires ne créent jamais de droits. Ils peuvent être abrogé à tout moment, il n’y a pas
de droit au maintien d’un règlement.
Il peut y avoir obligation de dispositions transitoires si sécurité juridique menacée.
L’arrêt CE, KPMG, 2006 : impose à l’administration de prévoir des mesures transitoires le cas échéant.
C’est plus un tempérament qu’une véritable limite à la capacité d’abroger les règlements.

2. Les actes individuels


Les solutions sont différentes selon que les actes sont ou non créateur de droit.
Les actes créateurs de droit sont des actes qui confèrent un avantage à certains administrés, ce peuvent
être des décisions négatives.
Les actes obtenus par fraude, ou dits inexistants c-a-d entaché d’une irrégularité d’une extrême gravité,
ou les actes de police, c-a-d précaire par nature, ou les actes déclaratifs.
- S’ils sont non-créateurs de droit et légaux ils sont abrogeable pour un motif d’intérêt général.
- S’ils sont non-créateurs de droit mais illégaux ils doivent être abroger et s’ils sont devenus
illégaux ils peuvent être abroger. CE, Association Les Verts, 1990.
- S’ils sont créateur de droit et légaux l’abrogation des actes est impossible.
- S’ils créateur de droit et illégaux son abrogation est possible sous certaines conditions, il est des
actes qui créent des droits intangibles dont l’attribution revêt un caractère définitif, l’abrogation
équivaudrait à un retrait, l’abrogation de tels actes ne peut intervenir selon jurisprudence que dans
un délai de 4 mois à compter de la prise de la décision : CE, Neuf Télécom, 2006.

Il est des actes qui ne créent des droits que sous réserves que leurs conditions d’applications perdurent.
>> Acte créateur de droits précaires
Exemple  : actes accordant une subvention. Ces actes peuvent être abrogés lorsque disparaissent les
conditions qui justifient leur adoption, CE, Portalis, 2008.
Le juge administratif estime que lorsque l’administration a commis une erreur sur ces conditions depuis
l’origine, elle ne peut l’abroger, CE, Sect, Coulibaly, 2009.
Les actes non créateurs de droit peuvent être abrogés à toutes époques.

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B. Le retrait
Question importante et complexe, en raison des effets qui s’attachent au retrait qui est la suppression
de l’acte avec des effets rétroactifs. Le retrait est soumis à des conditions plus strictes. La difficulté
vient de cette recherche entre la volonté du juge de permettre à l’administration de retirer les actes
illégaux et en même temps de préserver la sécurité juridique.
Equilibre difficile à trouver entre ces deux impératifs.

1. Le retrait des actes règlementaires


Il n’est pas possible en principe si le règlement est légal. Sauf dans un seul cas, lorsque le règlement légal
n’a fait l’objet d’aucunes applications. Seule exception admise au principe.
Si le règlement est illégal il peut être retiré mais uniquement dans le délai de recours contentieux, cad les
deux mois qui suivent sa publication. Tentative du juge qui combine la protection de la légalité et la
sécurité juridique. Il faut que le règlement illégal fasse l’objet d’un recours contentieux pour que
l’administration puisse retirer son règlement.

2. Les actes individuels


Les actes individuels se distinguent les uns des autres.
⇨ S’ils sont légaux le retrait est impossible.
⇨ Si l’acte individuel est illégal alors il fait faire à nouveaux des distinctions :
o S’il n’a pas créé de droit il peut être retiré à tout moment.
o Si au contraire l’acte individuel a créé des droits la solution est
complexe et a varié dans le temps.

L’évolution de la jurisprudence dans le temps :


>> CE, Dame Cachet, 1922 : le retrait de l’acte pouvait intervenir tant que celui-ci pouvait faire l’objet
d’une annulation contentieuse. Couplage du recours contentieux et du retrait de l’acte.
Il fallait pour que l’acte soit retiré qu’il soit illégal et qu’il ne soit pas devenu définitif, c-a-d
insusceptible d’une annulation contentieuse.
Les actes individuels pouvaient être retirés :
- soit dans le délai du recours contentieux
- soit parce que ce délai n’avait pas été déclenché du fait d’une mesure de publicité adéquate
- soit encore parce que dans le délai du recours contentieux l’acte avait été attaqué devant le
juge administratif et était donc susceptible d’annulation
Cette solution présentait un inconvénient, les actes individuels sont en règle général notifiés à leur
destinataire, mais ils ne sont pas publiés, et donc pas portés à la connaissance des tiers, en conséquence
vis-à-vis des tiers le délai du recours en contentieux qui ne peut être déclenché que par une mesure de
publicité ne court pas. Les tiers peuvent donc attaquer l’acte sans conditions de délai. L’administration
pouvait donc retirer ses actes rétroactivement sans condition de délai.
De cette manière l’administration avait la possibilité de retirer des actes plusieurs mois/années plus tard.

>> CE, Ternon, 2001 : (revirement de jurisprudence), il opère un découplage entre le délai de
recours contentieux et le délai de retrait des actes administratifs.
Désormais les actes individuels créateurs de droits ne peuvent, sauf dispositions législatives ou
règlementaires contraires, être retirés que dans un délai de 4 mois à compter de la prise de la
décision.

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La date est celle de la prise de la décision c-à-d la date de la signature de la décision. Postérieurement à
ce délai l’administration ne peut plus retirer l’acte que dans un cas que réserve l’arrêt, celui dans lequel le
bénéficiaire de l’acte en ferait lui-même la demande. Soucis de préserver la sécurité juridique.
Ces règles relatives au retrait impliquent une connaissance des règles de recours contentieux. Le délai de
recours contentieux est déclenché s’agissant d’un acte individuel par sa notification à son destinataire
(délai de 2 mois). Pour les tiers le délai de deux mois commence à courir à compter de la publicité de la
décision, or dans le cas des actes individuels il n’y a pas de publication.
La solution de l’arrêt Ternon ne met pas fin à toutes les difficultés, car elle ne concerne pas les décisions
implicites de rejet, notamment.

3. Les décisions implicites de rejet


Il n’y a pas de texte et l’arrêt Ternon n’en traite pas. S’il applique la solution de l’arrêt dame Cachet, selon
laquelle le retrait de l’acte est possible tant qu’il peut faire l’objet d’une annulation. Solution favorable au
destinataire de la décision.

4. Les décisions implicites d’acceptation


Les règles de retrait sont fixées par la loi d’avril 2000.
* Si la décision implicite d’acceptation a fait l’objet d’un recours son retrait est possible durant toute
la durée de l’instance.
* Si la décision a été publiée par exception et n’a pas fait l’objet de recours son retrait n’est possible
que dans le délai du recours contentieux.
* Si la décision ne fait pas l’objet d’une publication et d’un recours le retrait n’est possible que dans
les deux mois qui suivent la prise de la décision.

§4 : L’exécution de l’acte


Tant que l’annulation ou le retrait d’un acte administratif n’est pas prononcé, celui-ci est obligatoire
même s’il a fait l’objet d’un recours (le sursis à exécution relève de procédures spéciales strictes).
La suspension de l’acte n’est possible que si elle est demandée par le requérant et si se trouvent
réunies des conditions particulières. Les administrés se voient donc imposés l’acte et se voient
tenu à un devoir d’obéissance.
En cas de refus l’administration dispose de différents moyens pour soumettre les administrés. Elle peut
engager des poursuites pénales, il faut que le respect des décisions ait été érigé en infraction pénale.
Exemple ; R 610 5° punit de peine contraventionnelle les infractions aux décrets de police légalement faits.

L’administration peut avoir à sa disposition des sanctions administratives, mais il faut que des textes les
prévoient, il peut s’agir de sanctions pécuniaires.
* Il y a de multiples textes qui prévoient des sanctions administratives.
Exemple : le retrait du permis de conduire.

Les sanctions ne peuvent être prononcées que dans la mesure où les textes définissent les éléments de
l’infraction susceptibles de les justifier de manière suffisamment complète et précise. Les sanctions
doivent respecter le principe du contradictoire et être motivées, et leur prononcé est soumis à
l’exigence d’impartialité des personnes ou organisme qui les prononcent.

Le principe d’impartialité est un principe général du droit, CE, Ass, Didier, 1999 (GAJA) ce principe
existe même sans texte est simplement rappelée par l’article 6§1 de la CEDH.

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L’administration peut-elle procéder à l’exécution forcée de ses décisions  ? Uniquement dans des
circonstances particulières très strictes. L’administration peut recourir à la force lorsqu’elle y est autorisée
par une décision de justice.
Dans 3 hypothèses dégager par le TC, société immobilière Saint-Just, 1902 :
- Lorsque l’exécution forcée est autorisée par la Loi.
- Lorsqu’il y a urgence, « Quand la maison brule on ne va pas demander au juge l’autorisation d’y
envoyer les pompiers » commissaire du gouvernent Homieux.
- Lorsqu’elle ne dispose d’aucuns autres moyens pour obtenir l’exécution de sa décision.
Il faut qu’il n’y ait ni sanction pénales, ni autre procédé légal permettant à l’administration
d’obtenir obéissance à sa décision.

* La décision qui fait l’objet d’une exécution forcée doit elle-même trouver
sa source dans un texte précis
* L’exécution de la décision doit s’être heurtée à une résistance de la part
des administrés
* L’exécution forcée doit se limiter strictement à ce qui est nécessaire pour
obtenir l’exécution de la décision.

Si l’administration utilise irrégulièrement la force pour l’exécution de ses décisions elle engage sa responsabilité
et si l’exécution forcée porte atteinte à la propriété de l’administré ou à une liberté fondamentale elle
constitue une voie de fait, c-à-d un acte d’une gravité telle que l’administration en perd son privilège de
juridiction et que le contentieux de cet acte relève des tribunaux judiciaires.

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Chapitre 2 : Les contrats administratifs

Ce procédé est employé traditionnellement par l’administration mais revêt une importance pratique
considérable. L’administration à des fins traditionnelles pour se procurer les travaux, fournitures et
services dont elle a besoin.
Elle les utilise aussi pour gérer ses services publics, pour déterminer l’occupation de certains
de ses biens, pour régler ses relations avec les usagers de certains services publics.
Tendance à la contractualisation dans des domaines de plus en plus forte en partant de l’idée que les
politiques et le mesures sont plus facile à mettre en œuvre lorsqu’elles ont recueilli préalablement l’accord des
parties intéressées. Cela donne une multiplicité et diversité des contrats passés par l’administration. Mais ils
sont cependant toujours dominés par une distinction classique, ici entre contrat de droits privé de
l’administration et les contrats de l’administration.

Section 1  : La distinction entre contrats administratifs et contrats de droit privé de


l’administration
Deux types de contrats :
- contrat de droit privé soumis à un droit administratif spécial dont le contentieux relève
du juge administratif
- contrat administratifs

Deux critères de distinctions : organique et matériel.

§1 : Le critère organique du contrat


Pour qu’un contrat soit administratif il faut d’abord qu’y soit partie une personne publique, à défaut il
revêt un caractère de droit privé. Ce principe est solidement établit mais connait des exceptions.

I. Le principe : le caractère de droit privé des contrats passés entre personnes privées
Lorsqu’un contrat est passé entre deux personnes privées c’est en principe un contrat de droit privé.
C’est une règle à caractère législatif ; TC, Compagnie générale des entreprises de chauffage, 1989.
Seule une loi peut décider qu’un contrat entre personnes privées est un contrat administratif.
Ce principe revêt une force particulière puisqu’il s’applique à tous les contrats qu’ils aient pour objet
l’exécution d’un service public, ou que l’une des parties au contrat serait une société d’économie mixte.

II. Les exceptions au principe  : le caractère administratif de certains contrats conclus entre
personnes privées
Ces exceptions s’expliquent par l’évolution de l’action administrative et par la place de plus en plus
importante des personnes morales de droit privées.

A. Les exceptions d’origine jurisprudentielle


Deux ordres d’exceptions :

1. L’exception au critère organique fondée sur l’objet des contrats


TC, Société entreprise Peyrot, 1963 : cet arrêt décide que les marchés passés en vue de travaux
autoroutiers ou relevant de la voirie routière nationale revêtent un caractère administratif alors même

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qu’ils sont passé entre deux personnes privées en l’occurrence une société d’économie mixte
concessionnaire d’autoroute et une entreprise privée de travaux publics.
Cette solution se fonde sur l’objet du contrat, en l’occurrence le fait que la construction des routes
nationales revêt le caractère de travaux publics et appartient par nature à l’état. Cette dérogation au
critère organique s’explique par la nature des travaux en cours.

Solution étendue aux ouvrages d’arts voir les ouvrages accessoires situés hors de l’emprise même des routes et
autoroutes. Contrats ayant que partiellement des objets de travaux routiers et autoroutiers.
TC, Société d’économie mixte du tunnel de Saint Marie aux Mines, 1984 : La jurisprudence a
décidé qu’elle devait s’appliquer non seulement aux contrats passés par des sociétés purement privées
d’autoroute.
Elle connait toute fois une limite elle ne s’entend pas aux travaux qui ne concernèrent pas directement la
voirie routière ou autoroutière, CE, Société des autoroutes Paris Rhin Rhône, 1994.

2. Les exceptions fondées sur un critère relationnel


Exception fondée également sur la notion de mandat largement entendue. Elles ne reposent pas sur la
considération de l’objet du contrat mais sur la considération qu’il peut exister un lien entre l’une des
parties au contrat et une personne publique.

Ces exceptions revêtent deux modalités :


a. Le mandat express
Il arrive qu’une personne publique donne mandat à une personne privée pour agir en son nom et pour
son compte et donc pour passer les contrats nécessaires à l’accomplissement de son action.
Le mandat express ayant un effet de représentation le juge administratif considère que tout se passe
comme si en réalité la personne publique mandante était directement partie au contrat.
Le critère organique se trouve alors remplit.
Plusieurs textes de droit administratifs prévoient ce mandat, le plus important étant la loi relative à la maitrise d’ouvrage public.

b. Le mandat tacite
Ou mandat administratif.
Il correspond à une situation dans laquelle l’une des parties au contrat n’est pas liée à une personne
publique par un mandat en bonne et due forme mais entretien néanmoins avec celle-ci des relations
étroites qui conduisent à la considérer comme un simple intermédiaire de la personne publique.
Solution adoptée d’abord à propos de contrat de travaux passés par des concessionnaires
d’aménagement : CE, Sect, Société d’équipement de la région montpelliéraine, 1975
et TC, commune d’Albe, 1975 : les deux juridictions ont considérés que lorsque les sociétés concessionnaires
réalisaient des travaux entièrement financés par des personnes publiques qui devait être remis à celle-ci dés leurs
achèvement et lorsque celles ci se voyaient remettre les actions en responsabilité contre le constructeur les sociétés
concessionnaires devaient agir pour le compte de la personnes publique et ces contrats devaient revêtir le caractère de
contrat public.

CE, Sect, Dame Culard, 1976 : Solution reprise en dehors du cas de marché à propos de contrat de
prêt accordés par le crédit fonciers de France à des rapatriés d’outre mer sur des fonds publics dont
l’utilisation était contrôlée par l’état. Le CE en déduit que le crédit foncier de France institution privée ne
jouait qu’un rôle d’intermédiaire et agissait pour le compte de l’État.
La jurisprudence considère également que le critère organique se trouve remplit lorsque l’une des partie
privée au contrat est une association dite transparente, cad totalement maitrisée par une personne
publique. Arrêt 21 mars 2007, CE Commune de Boulogne Billancourt.

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B. Les exceptions d’origine législatives au critère organique


* En vertu d’un décret-loi du 17 juin 1938, les contrats d’occupation du domaine public passés par des
concessionnaires de service public sont des contrats administratifs alors même qu’ils ne mettent en
présence que des personnes privées.
* Le législateur a adopté une solution analogue dans une ordonnance du 15 juillet 2009 en qualifiant
de contrat public les concessions de travaux public alors même qu’elles seraient passées entre
personnes privées.

§2 : Le critère matériel


Elément matériel du contrat qui peut résulter soit d’une qualification légale soit de critères
jurisprudentiels.

I. Les qualifications légales

Certains contrat de l’administration voient leur nature déterminée par Loi, soit qualification pure et
simple de tels contrats administratifs, soit il remet son contentieux aux juridictions administratives, ce
dont on déduit que le contrat est administratif. Le législateur peut aussi en sens contraire.

A. Les contrats administratifs par détermination de la loi


Catégorie qui s’est enrichie récemment.
- Les marchés de travaux publics en vertu de l’art 4 de la loi du 28 pluviôse an VIII.
- Les contrats d’occupation du domaine public.
- Les contrats de vente d’immeuble de le l’Etat.
- Les concessions de travaux publics.
- Les baux emphytéotiques administratifs.
- Les contrats de partenariats.
- Les marchés publics. en vertu :
>> Le TC considérait que le fait qu’un marché soit soumis au code des marchés publics ne lui
conférait pas à lui seul le caractère de contrats administratifs : TC, commune de Sauve, 1999.
>> Le législateur modifie cette solution par la loi MURSEF, du 11 décembre 2001, loi qui
qualifie les marchés en application du code des marchés publics de contrats administratifs.
Avis du CE, Société MAJ blanchisserie de Pantin, 2002 ; tous les marchés qui sont passés en
application du code des marchés publics (c-à-d obligatoirement) et uniquement ceux sont des
marchés publics. Cette qualification ne s’étend pas aux contrats qui seraient soumis
volontairement par l’administration au code des marchés publics lors qu’elle n’y est pas tenu.

B. Les contrats de droit privés par détermination de la loi


Ils sont plus rares :
- Les contrats d’affermages
- Les baux ruraux des collectivités publiques
- Les contrats emplois solidarité lorsqu’ils sont conclus par une personne publique.

La loi du 28 pluviôse an VIII confère un caractère administratif à des marchés, le juge considère que
ces marchés doivent être passés par ou moins une personne public.

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II. Les critères jurisprudentiels


Il existe des critères de droit commun et des solutions qui y font exception.

A. Les critères de droit commun.


Il y en a 3 :
- La clause exorbitante du droit commun, traditionnel et longtemps exclusif.
- A partir des années 1950, le critère du service public.
- La soumission du contrat à un régime exorbitant du droit commun.
Ces critères sont alternatifs et non cumulatifs.

1. Le critère des clauses exorbitantes du droit commun


Un contrat est administratif s’il comporte des clauses exorbitantes du droit commun.
C’est une solution ancienne consacré par CE, Société des granites porphyroïdes des Vosges, 1912 :
les contrats de fourniture des pavés relève du droit privé parce que sont exécutés selon les règles et conditions
des règles des contrats entre particuliers. Il n’était soumis à aucune des clauses exorbitante du droit commun
des particuliers.

a. La notion de clauses exorbitantes


Des clauses que l’on ne retrouve pas dans les contrats entre particuliers, soit parce qu’elles y sont
impossibles soit parce qu’elles y sont inhabituelles.
IMPOSSIBLE => TC Cazautets, 1962  : une clause par laquelle l’administration consent à son
cocontractant une exonération fiscale.
INHABITUELLE => CE, Ass, Société du vélodrome du Parc des Princes, 1965 : une clause qui
confère à l’administration un pouvoir d’action unilatérale ou de contrôle étroit plaçant le cocontractant
dans une situation d’infériorité, comme la clause qui reconnait à l’administration le pouvoir de résilier le
contrat pour intérêt général sans qu’il y ait faute du cocontractant.
Ou pouvoir de contrôle sur les tarifs pratiqués par le cocontractant ou une clause qui permet d’exiger le
renvoie de certains membres de son personnel, ou les clauses qui imposent des obligations inspirées par des
motifs d’intérêt général.

b. Le jeu du critère de droit commun


Il suffit d’une seule clause exorbitante du droit commun pour que le contrat soit administratif.
Le fait que la clause exorbitante de droit commun soit entachée de nullité ne l’empêche pas de
conférer au contrat un caractère administratif.
>> Les contrats type, cahiers des charges, qui sont mis en œuvre par arrêtés ou décrets qui sont applicables à
un certain nombre de contrats administratifs.
On considérait que la seule référence du contrat à un cahier des charges type suffisait à lui
conférer un caractère administratif. Mais le CE est revenu sur cette jurisprudence et a considéré que
la référence à un cahier des charges ou contrat type ne confère au contrat un caractère administratif
que dans la mesure où ce contrat ou cahier de charge comportaient eux même une ou plusieurs clauses
exorbitantes de droit commun. CE, Commune de la Borce,1981.

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2. Le critère de service public


Pendant longtemps les contrats conclus pour l’exécution d’un service public n’étaient pas administratifs
de ce seul fait, ils ne l’étaient que dans la mesure où ils comportaient des clauses exorbitantes.
Jurisprudence modifiée dans les années 1950 à la faveur d’un mouvement de revalorisation du service public.
>> CE, Sect, époux Bertin, 1956 : le CE considère qu’un contrat est administratif du seul fait
qu’il a pour objet l’exécution même du service public sans qu’il y ait à rechercher s’il comporte
ou non des clauses exorbitante.

Le critère du service public devient donc autonome. Il est d’application plus facile que celui des clauses
exorbitante. Il a permis d’élargir considérablement la catégorie des contrats administratifs.
Le critère du service public échappe à la volonté des parties, à la différence de celui des clauses exorbitante.

La première application est constituée par les contrats qui ont pour objet de confier au cocontractant
l’exécution d’un service public ou au moins d’une partie de ce service.
Exemple : les délégations de services publics.

La seconde application est lorsque le cocontractant participe à l’exécution du service public et non à
la gestion du service public. Les contrats dont il s’agit sont les contrats d’engagement d’agent du service.
TC, Berkani, 1996 : est administratif le contrat liant les SPA à leurs agents quel que soit leur emploi.

* Les contrats sont le moyen pour l’administration de réaliser la mission de SP qui lui incombe.
CE, Sect, Consorts Grimouard, 1956. Contrat conclut entre l’Etat et les propriétaires de terrains
autorisant l’État à procéder sur leur terrain à une opération de reboisement.
* Les contrats ayant pour objet l’organisation du service sont des contrats passés entre deux entreprises
publiques en vue de coordonner leur mission de service, TC, Préfet d’Île de France, 1995.

Limite : Ce critère ne s’applique pas aux contrats par lesquelles l’administration se borne à se procurer
les moyens d’exécuter les services publics.
Il n’y a pas de hiérarchie entre ces deux critères. Mais il est plus facile d’appliquer le critère du service public
car il est plus large.

3. Le critère du régime exorbitant du droit commun


Il correspond à l’hypothèse dans laquelle le contrat ne comporte pas de clause exorbitante mais se
trouve soumis par des textes à un régime étant lui-même exorbitant du droit commun.
CE, Sect, Société d’exploitation électrique de la rivière du Sant, 1973 : il s’agissait de qualifier des
contrats conclus entre EDF et des producteurs autonomes d’électricité. En vertu des textes ces producteurs
étaient tenus de vendre leur production à EDF. Les textes imposaient qu’en cas de contentieux avant tout ils
devaient saisir le ministre compétent.
>> Ce critère est très peu utilisé.

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B. Les solutions jurisprudentielles particulières


Elles aboutissent à écarter les critères de droit commun.
- Les contrats conclus entre les SPIC et leurs usagers, ils sont invariablement de droit privé quel
que soit les clauses et leur objet. CE, Campanon Rey, 1961.
- Les contrats qui constituent l’accessoire d’un contrat administratif. Le contrat accessoire doit
lui-même être considéré comme administratif même s’il ne correspond pas aux critères des
contrats administratifs. CE, Sect, Société du crédit du Nord, 1972 :
Exemple : est administratif contrat conclu entre une banque et un office HLM, destiné à garantir
les obligations découlant d’un marché de travaux publics, cad d’un contrat administratif.
- Les contrats conclus entre personnes publiques.
Pendant longtemps ces contrats étaient soumis aux mêmes critères que les autres contrats. Il
pouvait donc se voir reconnaitre un caractère de droit privé s’il ne répondait pas au critère du
contrat administratif.
TC, UAP, 1983 par principe les contrats entre personnes publiques revêtaient un caractère
administratif sauf à ce que, eu égard à leur objet, il ne fasse naitre entre les parties que des
rapports de droit privé.
La jurisprudence ultérieure a montré que même lorsqu’il était relatif à des rapports de pur droit
privé il pouvait être administratif par application des critères de droit commun.

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Section 2 : Les principales catégories des contrats de l’administration


Exemple des contrats conclues en vue de promouvoir le développement de telle activité ou zones
géographiques. D’autre contrats sont emprunter au droit privé ou ont un pendant en droit privé, ex : la
vente, le louage et le prêt.
Principe de liberté contractuelle. Grande variété de contrat pour l’administration, mais limite car
l’administration ne peut recourir à des contrats qui aurait pour effet de la soustraire à des règles d’ordre
public qui s’imposent à elle, ex les règles de mise en concurrence de ses contrats.
Ceux qui dominent sont les DSP et les marchés publics ainsi que les contrats globaux.

§1 : Les marchés publics


Les contrats par lesquelles les personnes publics se procurent les travaux les fournitures et les services
sont-elles ont besoins.

A. Importance et source des marchés publics


Sur le plan économique les marchés publics représentent 10% du PIB.
Ils obéissent à un régime spécifique qui se caractérise par une obligation de publicité et de mise en
concurrence préalablement à leur passation. C’est le régime ancien qui remonte à des ordonnances du
début du XIXème. Pendant longtemps les marchés publics ont été les seuls contrats de l’administration à
être soumis à une obligation de mise en concurrence. A l’heure actuelle le régime du marché public a
deux sources, le droit communautaire (traités et deux directives, 31/03/04 et ... directive qui ne s’applique
aux marché d’un montant de 125 000 ou 193 000 euro hors taxes pour les marchés de fourniture et de
service, 4 840 000 € HT pour les travaux ) et le droit interne (le régime découle du code des marchés
publics qui succède à un certain nombre de textes, il précède les première directive communautaire
inspire largement le droit communautaire, le code en vigueur date de 2006)

B. La définition du marché public


1. La définition interne ou nationale des marchés publics
Au sens du droit interne, cad le code des marchés publics, les marchés publics se définissent par 3
éléments :
- Organique  : ce sont des contrats passés exclusivement par certaines personnes publiques,
l’état, ses établissements autres qu’industriels et commerciaux, les collectivités territoriales et
leurs établissements EPA et EPIC. Sauf si ces personnes privées agissent entant que
mandataire de personnes publiques elles même soumises au code.
- Matérielle  : contrats qui portent sur la réalisation de travaux, fourniture et service, ou une
combinaison. Ces catégories sont conçues de manière large.
- Financier  : mode rémunération du cocontractant. Ce sont des contrats conclus à titre
onéreux. Cela inclut toutes les formes de rémunération possible sauf la rémunération
substantiellement liée au résultat de l’exploitation d’un ouvrage ou d’un service et qui fait
peser sur le cocontractant une part significative du risque d’exploitation, mode propre au DSP.
La forme de rémunération la plus courante consiste au payement d’un prix par la personne
publique au titulaire du marché. Mais la qualification de marché public s’applique à d’autre
forme de rémunération. Mais il est indifférent que le contrat soit passé avec un opérateur
économique privé ou public.

2. La définition communautaire des marchés publics


Elle ne se distingue pas de la définition interne pour l’objet du contrat ou du mode de rémunération.
Mais elle se distingue sur le plan organique car les directives considèrent comme marché public ceux qui
sont passé non seulement par celle qui sont soumises aux codes des marchés et aussi aux autres
personnes.
Ordonnance du 6 juin 2005 qui étend le droit communautaire des marchés public au code des marchés
publics.

§2 : Les contrats globaux

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Depuis les années 2000 on assiste à l’apparition des contrats globaux qui permet de confier aux
cocontractants plusieurs missions à la fois. Ces contrats ont pour but d’accélérer la réalisation des
contrats dans des domaines où on manque d’équipement.
Ex  : contrat de construction conception, aménagement, entretient et maintenance d’immeubles (loi
Sarkozy). Ou contrat de partenariat qui sont définit par l’ordonnance du 17 juin 2004, «  contrats
administratif par lesquels une personne publique confit à des tiers pour une période déterminée en
fonction de l’a durée d’amortissement des investissement, un mission globale relative au financement de
bien immatériels, d’ouvrage ou d’équipement nécessaire au service public, à la construction et
transformation de ces équipement leur entretient, leur maintenance, leur exploitation ou gestion et le cas
échéant d’autre prestations de service concourant à l’exercice pour la personne publique de sa mission
de service public ». Le partenariat permet le financement par le cocontractant.

Section 3 : La formation des contrats administratifs


Elle obéie a des règles en partie commune au droit privée et qui trouvent leurs sources dans le code
civil ou leur équivalent dans la jurisprudence judiciaire. Régime marqué par un particularisme qui se
manifeste à travers de 3 éléments nécessaire à la conclusion du contrat.
- Un accord de volonté
- La détermination du contenu du contrat
- Le choix du cocontractant

§1 : L’accord de volonté


Le contrat administratif suppose un accord de volonté né d’un échange de consentement entre les
parties et exempt de vices. Néanmoins l’expression du consentement de l’administration obéit à
certaines règles spécifiques.

A. L’existence de l’accord de volonté


Pour que le contrat soit valablement formé il faut que les parties se soient entendues sur son objet, les
éléments essentiels et le prix, à défaut le juge considère que le contrat est nul. Les contrats peuvent
entre verbaux ou tacites.

B. Le consentement de l’administration
Il est fourni dans des conditions particulières.
Compétence de la personne publique qui passe le contrat, celle de la personne signataire et le processus
de formation du contrat.
Le contrat n’est valable que s’il est signé par l’autorité compétente de la personne publique qui le passe.
On retrouve donc les règles de compétence des actes unilatéraux. Le CE peut considérer comme nul un
contrat signé par un fonctionnaire dans la délégation de pouvoir était irrégulière, CE 7 mai 1954,
ministre des finances.
Processus complexe constitué par une chaine de décisions, ex : les contrats des collectivité territoriales,
ces contrats doivent avant d’être signé par l’exécutif être autorisé par l’assemblée délibérante laquelle ne
peut statuer valablement que si tous les éléments essentiels des du contrat à intervenir lui sont soumis,
de plus cette délibération doit être devenue exécutoire et pour cela doit avoir été transmise au contrôle
de légalité avant que la contrat soit signé. Si le contrat est signé avant que la délibération l’autorisant soit
transmise il est entaché de nullité, avis CE 10 juin 1996, Préfet de la Côte d’Or.
Cela vaut pour certains établissements publics.
Le processus est encore plus complexe dans le cas d’une mise en concurrence. D’autre décision s’ajoure
en amont, comme la sélection des candidats, le rejet de certaines offres.
Le consentement ne doit pas être vicié, pour être valide l’accord doit être exempt de vice, car le juge
administratif fait application aux contrats de la théorie des vices du consentement issue du C Civ, même
si en raison de la présence de l’administration les hypothèse de vice du consentement sont rares. Mais il
arrive que la théorie de vice soit appliquées, arrêt CE 19 janvier 1945, société des aéroplanes
Voisins : est entaché de nullité un contrat conclut sous l’empire de la violence.

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Le CE a fait l’application de la théorie du dol dans une affaire relative à des marchés de la SNCF, elle
avait été victime d’une entente entre les entreprises candidates. Marché nul en raison du dol mais la
SNCF pouvait se contenter de réclamer des dommages et intérêts. Le CE fait application de la théorie
du dol, CE 19 décembre 2007, société Canpenon Bernard.

§2 : Le contenu du contrat


La validité du contrat dépend également de conditions relatives à son contenu, que l’on retrouve en
droit privé. La cause du contrat, son objet et ses clauses

A. La cause du contrat
Cad la contrepartie ou le but en vue duquel le contrat a été conclu. Comme son homologue de droit
privé le contrat administratif doit reposer sur une cause, qui doit être licite. La théorie de la cause est
d’application peu fréquente en droit administratif, la présence de l’administration au contrat élimine de
nombreux risques. Un contrat est nul s’il est dépourvu de cause, cad si l’engagement de l’une des parties,
l’administration, n’était justifié par aucune contrepartie émanent de son cocontractant. CE 26
septembre 2007, OPHLM du Gard, chron. AJDA 2000, AJDA p. 575. Le département achète un
terrain viabilisé pour un montant de 930 000 €, et passe un marché avec son cocontractant initiale pour
la viabilisation du terrain. Pas de cause à l’engagement de l’administration.
La même solution est appliquée lorsque le contrat repose sur une cause illicite, cad entaché d’une sorte
de détournement de pouvoir. CE 25 novembre 1921, Savonneries Olive. L’administration avait
conclu un contrat avec les savonneries un contrat par lequel celle-ci s’engageait à verser une redevance
en contre partie du droit à importer des marchandises. Mais aucun texte ne prévoie une telle redevance.

B. L’objet du contrat
Le contrat doit préciser son objet, qui est un de ses éléments essentiels. L’objet du contrat doit être licite,
cad ne doit pas porter atteinte à l’ordre public ni aux bonnes mœurs, la règle est la même qu’en droit
privé. Les contrats de l’administration ne peuvent porter sur certains objets, tels que la police
administrative. La matière fiscale ne peut pas donner lieu en ppe à contrat. Il est interdit à l’administration
de renoncer à son pouvoir d’agir par la voie de décisions unilatérales soit en transférant à des tiers son
pouvoir de décision soit en prenant un engagement contractuel sur une décision unilatérale à venir. CA
30 septembre 1983, fédération départementale des associations de pêche de l’Ain,
l’administration avait confié à une personne privée le pouvoir de réglementé le droit de pêche et
d’accorder un droit de pêche aux différentes associations intéressées. CE considère que l’administration
ne peut s’engager par contrat vis à vis d’un administré soit à lui accordé un permis de construire soit à e
nommé en tant que fonctionnaire.

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C. Les clauses du contrat


En ppe l’administration est libre de faire figurer dans ses contrats les clauses de son choix. C’est une
illustration de la liberté contractuelle, déclarée applicable au personne publique par le CE dans un arrêt
Borg-Warner, 1998, avant que CC reconnaisse une valeur constitutionnelle, décision du 30
novembre 2006, loi relative au secteur de l’énergie.
Mais il y des clauses qui doivent obligatoirement figurer dans le contrat, celles qui précisent les éléments
essentiels de l’accord. Mais des textes de plus en plus nombreux imposent de faire figurer certaines
clauses dans les contrats concernés sous peine de nullité. En matière de DSP et marché publics les
contrats doivent comporter des clauses fixant leur durée.
Un grand nombre de ces clauses visent à préserver les intérêts de l’administration, mais plus largement
elles visent à éviter au maximum les aléas qui ne seraient pas couverts. Soucis de prévisibilité maximale
dans les rapports entre les parties.
Les contrats types, les modèles de contrat, les cahiers des clauses administratives générales ; les contrats
types sont mis en vigueur par arrêté et qui concernent les marchés publics essentiellement.
L’importance pratique de ces contrats est considérable car l’administration y soumet la plus part de ses
contrats. Ces contrats types ne revêtent pas de caractères obligatoires et ne sont applicables que si le
contrat s’y réfère et même dans cette hypothèse les parties contractantes peuvent déroger. Le juge
administratif indique qu’ils ne peuvent faire l’objet de recours direct en annulation.
Il y a des clauses prohibées, qui seraient considérées comme nulles si elles étaient introduites dans un
contrat. Ex  : les clauses concernant la police administrative, est interdite l’insertion dans les contrats
administratif les clause abusive au sens du code de la consommation qui seraient prévues au détriment
des usagés dans un contrat de DSP. Les clauses ne peuvent être abusives que dans les rapports entre
professionnel et non professionnel. CE 29 juin 2001, société des eaux du Nord. Il arrive également
que les textes relatifs à certains contrats prohibent de manière expresse certaines clauses. La loi Sapin
interdit d’insérer dans es DSP des clauses mettant à la charge du délégataire des prestations et des
payements étrangers à l’objet de la délégation. La clause de payement différé est interdite, elle permet à
l’administration de commander un bien et de ne payer ce bien qu’a tempérament.

§3 : Le choix du cocontractant


De tous les aspects de la formation des contrats administratifs, le choix du cocontractant est celui qui
présent le particularisme le plus accusé. En droit administratif le choix du cocontractant est libre
théorique en vertu du ppe de la liberté contractuelle. Mais ce ppe est vidé de sa substance du fait des
multiples atteintes qui lui ont été portées. Ces atteintes procèdent de ce que les principaux contrats
administratifs ne peuvent être passés qu’après une mise en concurrence qui détermine précisément le
choix du contractant. Cette obligation s’étend à des contrats de plus en plus en plus nombreux et elle
est de plus en plus minutieusement réglementé pour les plus importants d’entre eux, ex : les marchés
publics.

A. Le champ d’application de l’obligation de mise en concurrence


Le ppe qui demeure en vigueur est que les contrats administratifs n’ont pas à faire l’objet d’une mise en
concurrence en l’absence de textes ou de ppe juridiques imposant une mise en concurrence,
l’administration est libre de choisir ses cocontractants. Le CE a rappelé que ce ppe de non mise en
concurrence, CE section 3 novembre 2010, ville de Paris, association Paris Jean Boin.
L’occupation du domaine public n’a pas à faire l’objet d’une mise en concurrence. Cette règle vaut
également pour les contrats de vente de terrain des collectivités territoriales. Cette solution connait
toute série d’exceptions.
Cette obligation de mise en concurrence pour les marchés publics est traditionnelle en droit interne.
Cette obligation a été étendue à la vente d’immeuble de L’Etat, mais aussi les DSP, les concessions de
travaux publics, et d’aménagement. Obligation de mise en concurrence également par la CJUE par
application du ppe de transparence. Que la Cours de Justice a consacré dans un arrêt Telaustria, 7
décembre 2000. Cette obligation de transparence consiste à garantir en faveur de tout soumissionnaire
potentiel un degré de publicité adéquat permettant une ouverture de marché des services à la
concurrence, ainsi que le contrôle de l’impartialité de la procédure d’adjudication. Cette obligation de

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transparence est applicable à tous les contrats qui sont passés part des pouvoirs adjudicateurs qui ont
pour objet des travaux des fournitures ou de services, y compris lorsque ces contrats ont la forme de
concession sans qu’il soit nécessaire qu’ils portent sur un service public. Le CC a consacré l’existence
d’un droit commun de la commande publique dont les composants sont trois ppe auxquels le CC a
reconnu valeur constitutionnelle : liberté d’accès à la commande publique, égalité de traitement entre les
candidats et de transparence de procédure. Décision du 26 juin 2003 loi habilitant le
gouvernement a simplifié le droit.

B. Les modalités de la mise en concurrence, l’exemple des marchés publics


Lorsque des contrats sont soumis à concurrence mais que les textes ne prévoient pas la forme de cette
mise en concurrence, il appartient à chaque personne publique de déterminer les modalités de la mise
en concurrence dans le respect des principes indiqués par le CC. Pour les contrats les plus importants
les textes prévoient expressément les modalités selon lesquelles la mise en concurrence doit être
organisée. Pour les marchés publics cette règlementation se traduit de deux manières :
- Imposition du choix des procédures de passation.
- Définition du régime même de la procédure.

1. Le choix des procédures de passation des Marchés public (procédure de mise en


concurrence)
Le code des marchés publics prévoie plusieurs procédures et règlemente le choix de ces procédures.
Le choix dépend pour l’essentiel de la valeur du marché, infériorité ou supériorité au seuil
communautaire. Les seuils sont de 4 845 000€ HT pour les marchés de travaux, 193 000€€ HT pour les
marchés de fourniture des collectivités territoriales et 125  000€ HT pour l’état pour les mêmes
marchés.

a. Les procédures de mise en concurrence à partir des seuils communautaires


Les pouvoirs adjudicateurs, les personnes publiques qui passent les marchés, doivent recourir à des
procédures formalisées. La procédure de ppe est la procédure de l’appel d’offre. L’appel d’offre est une
procédure de publicité et de mise en concurrence au terme de la laquelle le pouvoir adjudicateur
attribue le marché au candidat qui a présenté l’offre la plus avantageuse, la caractéristique de cette
procédure est de ne pas autoriser la personne publique à négocier avec les candidats. L’appel d’offre
peut être soit ouvert, toute entreprise autorisée peut déposer une offre, toutes les offre déposées sont
prises en compte pour autant que les entreprises auteures aient les capacités, et l’appel d’offre restreint,
les entreprises font acte de candidature et l’administration sélectionne les candidats qui sont alors invités
à présenter leur offre.
Par exception il y a des procédures plus souples. La procédure négociée est la plus importante. Elle
permet à la personne publique, et l’oblige, à négocier avec les candidats les offres qu’ils ont remises. Il y a
deux modalités, elle n’est utilisable que dans des cas limitativement énumérés par les textes. Il existe
deux sortes de procédure négociées, soit avec publicité et mise en concurrence préalable, procédure qui
ne peut être utilisée que si le pouvoir adjudicateur publie un avis de marché et met en concurrence
plusieurs candidats, soit sans publicité et mise en concurrence préalable, cette procédure n’es admise que
dans des hypothèses très strictes, ex : en raison d’un brevet la prestation ne peut être réalisé que par un
seul opérateur, procédure également autorisé en cas d’urgence impérieuse due à des circonstances
imprévisibles.
Il y a aussi d’autres procédures, notamment la procédure du dialogue compétitif, lorsque l’administration
lance cette procédure elle ne sait pas ce qu’elle veut, elle connait ses objectifs mais ne sais pas par quels
moyens les atteindre. Procédure de dialogue qui permet de profiter des connaissances techniques des
candidats.
Les textes autorisent l’administration à recourir à la procédure adaptée pour certains marchés de
services pour lequel on a voulu une procédure souple en raison de leur objet, marché sociaux, sanitaire
ou formation. La procédure est librement définie par les pouvoir adjudicateurs.

b. Les marchés inférieurs au seuil communautaire

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Les personnes publiques sont libres de recourir à des procédures adaptées, ce sont des procédures de
publicité et de mise en concurrence dont les modalités ne sont pas définies par les textes. Elle doit
respecter les ppe fondamentaux de la commande publique eu égard ou en tenant compte de la nature
et des caractéristique du marché, du nombre et de la localisation des opérateurs économiques
susceptibles d’être intéressés et des circonstances de l’achat. CE 7 octobre 2005, région Nord-Pas
De Calais, choix du programmiste en vue de l’implantation de l’annexe du musée du Louvres à Lance.
Les personnes publiques peuvent s’inspirer des procédures formalisées. Les personnes publiques dans ce
cas peuvent ne pas faire de mise en concurrence en dessous d’un certain seuil, 4 000€.

c. Les marchés exclus du champ d’application du code


Ils ne sont pas soumis quel que soit leur montant ou procédure de concurrence du code. Liste limitative,
les marchés in house, contrats de location ou d’achat par l’administration d’immeuble existent, les
marchés de services financiers (les emprunts), l’achat d’œuvre d’art existantes ou d’objet d’antiquité…

2. Le régime des procédures de mise concurrence


Soit définit par les personnes publiques, soit précisé par les textes pour chacune des procédures
concernées. Procédures qui doivent être mises en œuvre dans le respect des ppe fondamentaux de la
commande publique, en cas de contentieux c’est ces ppe que le juge de réfère pour déterminer si la
procédure est régulière ou pas.

a. Les règles relatives à la définition de l’objet des marchés


Les personnes publiques doivent d’abord s’assurer que les marchés correspondent à leur besoins et les
définir de manière précise. La procédure peut être irrégulière si le volume des prestations est supérieur
au besoin, ou à quelle fin les mesures prises.
L’administration ne doit pas définir l’objet du marché par des spécifications techniques qui auraient un
caractère discriminatoire. L’administration ne peut exiger les produits d’une marque déterminée, ou si
pour définir le produit elle utilise une marque elle doit indiquer que le produit doit être de cette marque
ou équivalent. Elle ne doit pas imposer des exigences techniques qui ne sont pas nécessaires au besoin. Il
s’agit de préserver le plus large accès la commande publique.
Lorsqu’une opération comporte plusieurs prestation distinctes l’administration doit en ppe diviser ces
prestations en lots donnant lieu chacun la passation d’un marché distinct. Elle ne peut recourir à un
marché global que si la division en lots aurait pour effet de rendre l’exécution du contrat plus couteux
ou plus difficile.

b. La publicité préalable
Elément essentiel de la mise en concurrence. L’administration doit procéder à une publicité préalable
destinée aux opérateurs économique du lancement de se procédure de passation. C’est un avis d’appel
à la concurrence, qui est règlementé par le code des marchés. En deçà de 90  000€ l’administration
choisie le mode de publicité qu’elle souhaite, elle doit être suffisante. Entre 90  000€ et les seuils
communautaires, les personnes publiques doivent publier les avis soit dans un bulletin officiel destiné à
cet objet, BOANP, ou un journal d’annonce légale, ainsi que dans une revue spécialisé. Au-delà des seuils
communautaires il y a une double obligation, BOANP et journal officiel de l’UE, JOUE.
La publicité doit remplir certaines conditions, et fournir des renseignements exacts. Pour le JOUE et le
BOANP elle doit suivre un modèle d’avis. Elle est complétée par un règlement de la consultation qui
précise pour le candidat comment se déroulera la procédure de mise en concurrence. Le règlement de
la consultation est obligatoire, tout le monde doit de respecter.

c. La sélection des candidats


La personne publique doit écarter ceux qui ne présentent pas les capacités financières professionnelles
et techniques nécessaires pour exécuter les prestations.
L’administration demande certains renseignements, le personnel, le chiffre d’affaires… Il y a une liste
exhaustive de documents qui peuvent être demandés fixée par arrêté. Parfois la personne publique a

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des exigences. Elle peut annoncer que seules seront considérées les offres des entreprises ayant réalisé
un chiffre minimum de tant.
L’administration doit écarter ceux qui ne remplissent les conditions et ceux, en vertu du code, qui ne
sont pas en règles avec leurs obligations sociales ou fiscales ou encore qui ont fait l’objet d’une
condamnation pénale entrainant leur exclusion des marchés publics.

d. Le choix de l’attributaire du marché


Dans toutes les procédures l’administration doit attribuer le marché au candidat qui a présenté l’offre la
plus avantageuse, au regard de critère de jugement des offres qui doivent avoir été portés à la
connaissance des candidats dès le début de la consultation. Ces critères doivent être en rapport avec
l’objet du marché et doivent permettre d’identifier l’offre la plus avantageuse. Le code des marchés site
toute une série de critères possibles, ex : la qualité des prestations, le prix, valeur technique, esthétique.
Le ppe est que la personne publique doit retenir plusieurs critères elle ne peut retenir un critère unique
que s’il s’agit du prix et à condition que ce critère soit adapté à l’objet du marché, cad le marché porte
sur des prestations simple qui ne peuvent être distinguées que par le prix. Ces critères doivent être
pondérés dans le cadre des procédures (donner un poids à chaque critère) formalisées et leur
pondération doit être rendue publique. Dans le cas d’une procédure adaptée l’administration peut ne
pas pondérer les critères.

§4 : Le contentieux de la formation du contrat


Le contentieux de la formation des contrats c’est considérablement enrichit et transformée récemment.
Cette évolution a affecté les recours applicables à l’ensemble de contrat administratifs et les contentieux
spécifiques des contrats qui donnent lieu à une procédure préalable.

A. Le recours commun à l’ensemble de contrats administratifs


- Le recours pour excès de pouvoir contre les actes détachables des contrats administratifs.
Pendant longtemps les tiers n’avait pas la possibilité d’intenter un recours contre le contrat.
Mais en revanche il était admis que des tiers et les parties en cas d’intérêts, puissent attaquer
les actes détachables du contrat. CE arrêt Martin, 4 aout 1905, GAJA. Ce sont des actes qui
concourent à la formation de contrat. Ce peut être la décision d’attribution du contrat. Ex : la
signature du contrat, le CE considère que la signature du contrat révèle l’existence d’un
décision qui est détachable du contrat intellectuellement. La limite du contentieux est que
pendant longtemps l’annulation d’un acte détachable n’entrainait pas nécessairement
l’annulation du contrat. Le CE a estimé que l’annulation d’un acte détachable pouvait
entrainer la nullité du contrat lui-même si cet acte était en relation suffisamment direct, si
l’acte avait un influence directe sur la conclusion et si l’illégalité présentant un caractère
suffisant de gravité et si l’intérêt général ne faisait pas obstacle à ce que le contrat soit déclaré
nul. CE 21 février 2011, société Ophry, communauté d’agglomération de Clermont
communauté, qui offre au juge plusieurs alternatives en fonction de la nature et de la gravité
de l’illégalité commise. Il peut enjoindre à la personne publique de résilier le contrat pour
l’avenir. Si l’illégalité est gave le juge peut inviter les parties à résoudre le contrat à l’amiable,
cad le remettre totalement en cause. Si les parties ne s’entendent pas le juge peut enjoindre à
la partie le plus diligente de le saisir de nouveau afin qu’il détermine lui-même les modalités
de résolution du contrat. Cela peut être l’incompétence de la personne publique.
- Le recours en annulation et contestation de la validité du contrat. On distingue selon que le
recours est formé par des tiers et que le recours est formé par les parties.
o Les recours des tiers  : pas de recours en annulation ou en contestation des contrats.
Cette exclusion du recours en annulation des tiers contre le contrat qui explique toute
la jurisprudence permettant au tiers d’agir contre les actes détachables du contrat. Il
existe deux exceptions à cette solution. La première concerne les clauses
règlementaires des contrats qui sont assimilées à des règlements, cad des actes
unilatéraux. Cette solution découle d’un arrêt d’assemblée du CE 10 juillet 1976,
Cazeele. La seconde exception concerne les contrats de recrutement de certains

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agents publics qui ne se trouvent pas dans une situation différente des fonctionnaires
dont les actes de nomination peuvent faire l’objet d’un recours en annulation. Le CE
considère que lorsque le contrat de recrutement vaut nomination et qui renvoie à un
statut légal et réglementaire il n’y a pas lieu de faire de différence. CE Ville de Lisieux,
section 30 octobre 1998.
o Les recours des parties contractantes  : en cas de vice les parties peuvent agir en
annulation. Elles se voient reconnaitre classiquement un recours en nullité de leur
contrat qu’elles peuvent avoir intérêt à exercer si le contrat est vicié et qu’il ne leurs
convient pas. Mais possibilité encadrée par l’arrêt Commune de Béziers, section 28
décembre 2009, la solution se fonde sur l’exigence de loyauté des relations
contractuelles. Recours en contestation de la validité du contrat qui ne peut déboucher
sur l’annulation que si celui-ci a un contenu illicite ou s’il est entaché d’un vice d’une
particulière gravité tenant notamment aux conditions dans lesquelles les parties ont
donné leur consentement. Hormis ces cas d’illégalité le juge tenant compte de l’illégalité
commise et de l’objectif de stabilité des relations contractuelles devra opter pour une
autre solution, soit décider la poursuite de l’exécution du contrat sous réserve
d’éventuelles régularisations, soit prononcer la résiliation du contrat, avec un effet différé,
à condition que la résiliation ne porte pas une atteinte excessive à l’intérêt général. Dans
le même arrêt le CE considère en outre que lorsque la validité du contrat est invoquée
par la voie de l’exception à l’occasion d’un litige relatif à l’exécution du contrat, le juge
ne pourra considérer celui-ci comme nul et donc en écarter l’application que s’il est
entaché de l’une des illégalités précédentes et qui justifieraient son annulation. CE 12
janvier 2011, arrêt Manoukian, la violation des règles de mise en concurrence et de
publicité ne constitue pas un vice suffisamment grave pour que le contrat soit écarté.
- Le déféré préfectoral : le préfet dispose d’un droit de recours privilégié par la voie de déféré
qui constitue un forme de recours pour excès de pouvoir. Le préfet peut demander
l’annulation des actes détachables du contrat mais aussi celle de contrat lui-même. Le préfet
peut de plus assortir son recours annulation d’une demande de suspension de l’exécution du
contrat, demande à laquelle il sera fait droit dès lors que les moyens d’illégalités invoqués sont
sérieux et sans qu’il y ait nécessairement urgence à prononcer la suspension du contrat. Dans
le droit commun la suspension d’un acte n’est accordée que s’il y a urgence à interrompre son
exécution.

B. Les recours propres aux contrats soumis à concurrence


Sanction de la violation des obligations de mise en concurrence auxquelles certains contrats sont soumis.
Ils ont pour but de protéger les opérateurs économiques contre les atteintes aux règles de concurrence.
Ce qui explique leurs modalités et l’efficacité que l’on a voulu leur donner.

1. Le référé prés contractuel


Recours introduit en transposition d’une directive communautaire dite directive recours en matière de
marché public. C’est le premier recours contentieux vraiment efficace en matière de formation du
contrat.
Il confère au juge des pouvoirs importants, il peut, à la demande du requérant ou d’office, enjoindre à la
personne publique de se conformer à ses obligations, il peut suspendre la procédure de passation du
contrat ou l’annuler et tout ou en partie ou encore il peut supprimer les clauses du contrat qui
méconnaissent les obligations qui s’imposent aux personnes publiques en matière de publicité et de mise
en concurrence. Mais il peut encore s’abstenir de prendre ses mesures s’il estime en considération de
l’ensemble des intérêts susceptible d’être lésés que leurs conséquences négatives de ses mesures
pourraient l’emporter sur ses avantages.
Autre avantage du référé prés contractuel est qu’il est jugé en urgence, le magistrat à 20 jours pour
statuer à compter de l’introduction de la requête. De plus le contrat ne peut être signé à compter de la
saisine du tribunal et jusqu’à la notification au pouvoir adjudicateur de la décision de celui-ci.
L’ordonnance du juge des référés est simplement susceptible de pourvoi en cassation devant le CE.

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Ce référé est ouvert contre tous les contrats soumis à publicité et mise en concurrence et qui ont pour
objet l’exécution de travaux, la livraison de fournitures ou la prestation d’un service. Il s’applique dans au
marché publics et DSP.
Mais conditions : il est réservé à certains requérants, les représentants de l’état pour les marché locaux
et pour l’ensemble des marchés les personnes ayant un intérêt à conclure le contrat et qui ont été
lésées par le manquement invoqué, soit des candidats évincés soit des opérateurs économiques
empêchés de participer à la procédure en raison des irrégularités dont elle est entachée.
Et seuls peuvent être invoqués à l’appui d’un référé précontractuel des moyens tirés de manquements
aux obligations de publicité et de mise en concurrence.
Le référé doit obligatoirement être introduit avant la signature du contrat s’il est introduit
postérieurement le juge estimera qu’il se trouve dessaisi de ses pouvoirs. Le juge ne peut statuer si le
contrat est signé avant qu’il ne prenne sa décision, dans un premier temps on accord au juge la possibilité
d’ordonner à la personne publique de suspendre son exécution, et actuellement la règles applicable est
que la saisine du tribunal entraine l’interdiction de signer le contrat.
Le requérant ne peut obtenir satisfaction que si le manquement qu’il invoque l’a lésé ou a tété
susceptible de le léser. Si tel n’est pas le cas le juge rejet la requête alors même que la procédure est
entachée d’illégalité, CE section 3 octobre 2008, arrêt SMIRGEOMES. Avant cet arrêt n’importe
quelle irrégularité de procédure de mise en concurrence et de publicité entrainait l’annulation de celle-ci.
Désormais la procédure n’est annulée ou suspendue que si l’irrégularité fausse la concurrence ou léser le
candidat qui a présenté la requête.

2. Le référé contractuel
Comme le recours précédent il est d’origine communautaire, introduit par une ordonnance du 7 mai
2007, dans le code de justice administrative. Il concerne les mêmes contrats que le référé précontractuel
et peut être introduit par les même personnes. Il constitue une cession de rattrapage. Il ne peut être
formé qu’après la signature du contrat et à condition que le requérant n’ait pas introduit précédemment
un référé précontractuel. Il se distingue cependant par les irrégularités qu’il permet de sanctionner, elle
sont moins nombreuses qu’en référé précontractuel, elles sont limitativement énumérées et ne
concernent pour l’essentiel que l’absence des mesures de publicité requises et dans certaines conditions
la méconnaissance par les personnes publiques d’un certain délai qu’elle doit respecter en vertu des
textes entre le moment où elle notifie aux candidats évincés le rejet de leurs offres et la signature du
contrat.
Les sanctions prononcées par les juges consistent soit dans la nullité du contrat sauf si le prononcé de
cette nullité se heurte à d’impérieuses raisons d’intérêt général, soit résiliation future du contrat, soit
pénalités financières soit limitation de la durée du contrat. Le juge peut suspendre le contrat pendant la
durée de l’instance, mais il faut que les conséquences négatives d’une telle solution ne l’emportent pas
sur les avantages.
Il n’y a que deux type d’illégalités qui peuvent être invoquées.

3. Le recours en contestation de la validité du contrat


Recours créé par un arrêt d’assemblée du CE 17 juillet 2007, société Tropic travaux signalisation.
C’est un recours de plein contentieux ouvert aux seuls candidats évincés ce qui laisse supposer qu’il
concerne seulement les contrats faisant l’obligation d’une mise en concurrence. Recours ouvert contre le
contrat dans son ensemble ou contre certaines de ses clauses à condition que celles-ci soient divisibles
du contrat. Il peut être assorti d’une demande indemnitaire ainsi que d’une demande de suspension, qui
ne sera accueillie seulement s’il y a urgence et que les moyens invoqués sont sérieux. Ce recours doit
être formé dans un délai de 2 mois à compter de mesures de publicité appropriées cad au moyen d’un
avis qui mentionne à la fois la conclusion du contrat et les modalités selon lesquelles il peut être consulté.
Si le contrat est entaché d’illégalité le juge dispose d’une palette large de sanction qu’il doit utiliser en
fonction de la nature de l’illégalité et des conséquences qui en résultent. Il peut soit décider la poursuite
du contrat sous réserve de régularisations éventuelles, soit prononcer la résiliation du contrat ou
modifier certaines de ses clauses illégales, il peut se borner à accorder des indemnités et il peut enfin

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annuler le contrat totalement ou partiellement mais uniquement après avoir vérifié que une telle
mesures ne porte pas une atteint excessive à l’intérêt général ou au droit du cocontractant.

4. Les recours indemnitaires


Indépendament de recours précédents les candidats évincés d’une procédure de mise en concurrence
peuvent former un recours indemnitaire fondé sur l’irrégularité dont la procédure est entachée. Cela
suppose une chance d’emporte le contrat et l’existence d’une illégalité.
3 hypothèses :
- Le requérant n’avait aucune chances d’emporter le contrat.
- Si le juge considère qu’il n’était pas dépourvu de toute chance il lui accordera réparation des
frais engagés pour participer à la procédure.
- Si le requérant établit qu’il avait une chance sérieuse d’emporter le contrat il sera indemnisé
du bénéfice que lui aurait procuré le contrat s’il avait pu l’exécuter.
5. Les sanctions pénales
Délit dit de favoritisme, en fait délit est l’octroi d’avantages injustifiés, art 439 CP punit
d’emprisonnement et d’amendes les représentants qui se sont rendus coupables acte contraire aux
dispositions de textes qui ont pour objet de garantir la liberté d’accès et l’égalité des candidats dans les
marchés publics et les DSP.

Volonté du CE que soit remis trop facilement en cause par le prononcé de nullité soit des contrats soit
des procédures dans un objectif de stabilité et sécurisation de la relation contractuelle. Et extrême
diversification des mesures à la disposition du juge. On veut que le juge soit enfermé dans un choix
entre le rejet du recours et l’annulation.

Section 4 : L’exécution des contrats administratifs

On retrouve la même combinaison entre droit privé et droit administratif spécifique. D’un coté force
obligatoire du contrat, d’un autre coté prérogative importante de l’administration qui compensent des
avantages consentis au cocontractant au nom de l’équilibre financier du contrat. On peut dire que la
jurisprudence administrative recherche un équilibre dans cette exécution.

§1 : Les effets généraux du contrat


Art 1134 C Civ, le droit administratif considère que le contrat fait la loi des parties, force obligatoire du
contrat qi n’exclue pas la possibilité de modifier le contra e concluant des avenants.

A. La force obligatoire du contrat


Le contrat a une force obligatoire pour les parties et dans certains cas à des tiers.

1. La force obligatoire du contrat à l’égard des parties contractantes


Les parties sont liées par les clauses elles ne peuvent s’y soustraire unilatéralement sans encourir de
sanction ni engager leur responsabilité. Force renforcée par l’arrêt Commun de Bézier qui au nom de
loyauté et stabilité des relations contractuelles limite strictement les hypothèses dans lesquelles les
parties peuvent se délier de leurs engagements contractuels.

2. La force obligatoire vis-à-vis des tiers


2 hypothèses :
- Le contrat comporte des clauses règlementaires assimilées à de véritables règlements. Les
tiers y sont soumis, mais peuvent en exiger le respect par les parties contractantes. Ex : cas
des DSP. Arrêt Croix de Segay-Tivoli. Ces clauses se retrouvent principalement dans les SP,
mais aussi plus généralement dans des contrats qui portent dans l’organisation d’un SP, y
compris des marchés. Sont règlementaires les clauses qui concernent l’organisation et le
fonctionnement du service. Ne sont pas règlementaires les clauses qui concernent les
rapports purement financiers ou matériel entre l’administration et son cocontractant.

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- Cas de la stipulation pour autrui, l’une des partie prend un engagement vis-à-vis d’un tiers, le
tiers peut se prévaloir de la force obligatoire du contrat qu’il n’ pas signé. Les parties ne
peuvent prévoir une obligation à la charge d’un tiers.

B. La modification du contrat par avenants


Il ne s’agit pas d’une limite à la force obligatoire du contrat, car il s’agit d’une modification d’un commun
accord des parties. Les parties ne sont pas totalement libres de modifier à leur guise le contrat. Elles ne
disposent d’une totale liberté que si le contrat n’a pas à être mis en concurrence. Si le contrat est au
contraire soumis à une mise en concurrence préalable. La conclusion des avenants est encadrée assez
strictement de façon à ne pas remettre en cause les conditions de la mise en concurrence. Cette limite
se traduit en matière de marché public par une disposition du code des marchés interdisant de modifier
par avenant l’objet du contrat ou d’en bouleverser l’économie, cad lorsque l’avenant aboutie à
augmenter le montant du contrat dans une proportion variant entre 15 et 20%. La limitation des
avenants s’applique à l’ensemble des contrats de mise en concurrence. C’est ce qu’a jugé le CJUE, arrêt
Pressetext, 19 juin 2008, qui interdit les modifications substantielles du contrat par avenant. Dans un
avis de 2005 le CE, 19 avril, le CE considère comme illégaux les avenants aux DSP modifiant
substantiellement l’un leurs éléments essentiels. Notamment sa durée ou le montant des investissements.
Si ces limites sont franchies l’avenant est un nouveau contrat qui doit faire l’objet d’une mise en
concurrence.

§2 : Les prérogatives de l’administration


Le contrat administratif se caractérise aussi par l’importance des pouvoirs reconnus à l’administration
contractante. Cela s’explique par les besoins des SP auxquels les contrats sont liés et par le statut de
personne public de d’administration.

A. Les prérogatives de l’administration destinées à garantir la bonne exécution du contrat


Soit préventives soit répressives.
1. Le pouvoir de direction et de contrôle de l’administration
L’administration dispose d’un pouvoir de contrôle qui lui permet d’exercer un pouvoir de surveillance
général du contrat tout au long de son existence. Vérification, information et rappel des obligations.
L’exercice du pouvoir de direction conduit l’administration à s’immiscer dans l’exécution du contrat en
imposant certains choix ou comportement. Cela se traduit par une intervention dans la planification des
travaux. Imposition de certains procédés ou matériaux. Cela se traduit par l’émission des ordres des
services, que l’on retrouve généralement dans les DSP et les marchés. Ils sont écrits et numérotés et
doivent émaner de l’autorité compétente. La désobéissance constitue une faute grave qui peut
provoquer la résiliation du contrat. Mais si l’intervention l’administration cause un préjudice à son
cocontractant, celui-ci peut lui réclamer une indemnité. Il arrive que le contrat prévoie les modalités de
ce pouvoir de contrôle et de direction et les mesures que l’administration peut prendre dans le cadre de
son exercice. Lorsque le contrat ne prévoie rien l’administration dispose-t-elle d’un tel pouvoir  ? On
considère que l’administration dispose de plein droit du pouvoir de contrôle. Pour le pouvoir de
direction tout dépend de la nature du contrat, certains par nature suppose une pouvoir de direction, ex
DSP.

2. Le pouvoir de sanction
Il permet de punir le cocontractant pour la non-exécution ou mauvais exécution. 3 types de sanctions.
- Sanctions financières sous la forme de pénalités prévues essentiellement pour sanctionner le
non-respect des délais contractuels.
- La résiliation pour faute du contrat soit simple ou prononcer aux tords et risques du
contractants, qui doit suppor ter l’indemnisation de l’administration des dépenses
supplémentaires que lui aura occasionné l’achèvement des prestations du contrat initial.
- Sanction coercitive, et dénommé mise en régie dans les marchés de travaux et mise sous
séquestre dans les DSP. Cette mesure consiste pour l’administration à dessaisir provisoirement
son cocontractant de l’exécution du contrat et soit exécuté elle-même celui-ci elle-même

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avec le matériel du contractant soit à faire exécuter le contrat par une entreprise différente.
Cette sanction provisoire prend fin par la reprise du contrat par le contractant s’il en est
capable, soit parce que le contractant en est définitivement incapable et il y a résiliation. Dans
tous les cas de figure les frais occasionnés sont à la charge du cocontractant. Ses sanctions
existent de plein droit même dans le silence du contrat. Lorsque le contrat prévoie ses
sanctions l’administration peut les prononcer dans d’autres hypothèses que celle visées par le
contrat. Le juge les encadre. En ppe il n’y a pas besoin d’une autorisation du juge sauf dans les
contrats de longue durée qui nécessite des investissements importants, comme la concession
de SP. Solution écarté si le contrat prévoit que l’administration peut prononcer d’office ces
sanctions. L’administration doit faire précéder les sanctions d’une mise en demeure qui
mentionne les manquements reprochés, qui octroie un délai pour y remédier et qui spécifie la
sanction encourue. Les sanctions doivent être motivées en application de la loi du 11 juillet
1979. Si la sanction est irrégulière l’administration ne pourra en faire supporter au
cocontractant les conséquences onéreuses. Les sanctions coercitive et résolutoire doivent être
justifiées par une faute d’une particulière gravité, appréciation du juge ex : mauvaise exécution
technique, dépassement grave des délais… si la sanction n’est pas justifié le juge ne se
reconnait pas en ppe le droit d’annuler la sanction, sauf si elle consiste en la résiliation d’un
contrat de longue durée nécessitant des investissements importants. Le juge accorde des
dommages et intérêts au cocontractant victime d’une sanction injustifiée.

B. Les pouvoirs de l’administration sur le contenu et l’existence même du contrat


D’une part un pouvoir de modification unilatérale du contrat et pouvoir de résiliation en dehors de
toute faute du cocontractant.

1. Le pouvoir de modification unilatérale


C’est l’archétype des prérogatives de l’administration dans ce type de contrat. Elle permet donc à
l’administration de modifier les clauses du contrat, ce qui constitue une atteinte à la force obligatoire du
contrat. Fondé pendant longtemps arrêt du CE Compagnie française de tramway 21 mars 1910,
conclusion de Léon Blum. Le pouvoir de modification en l’absence de toute clause est consacré comme
une règle générale applicables aux contrats administratif, 2 févier 1983, union des transports publics
urbains et régionaux, RFDA n°0. En pratique ce pouvoir est prévu par le contrat. Il permet à
l’administrions de modifier les aspects administratif ou technique du contrat. 3 limites à ce pouvoir :
- La jurisprudence interdit à l’administration de modifier les clauses financières du contrat.
- Les modifications aboutissant à modifier l’objet du contrat sont prohibées.
- C’est un pouvoir qui donne lieu à contrepartie, en présence de modifications le cocontractant
a droit à l’indemnisation intégrale du préjudice causé par ces modification. Il est tenu de se
conformer à ces modifications.

2. Le pouvoir de résiliation unilatérale


Il permet à l’administration de mettre un terme à ses contrats en l’absence de toute faute de ses
cocontractants. Il s’agit d’un pouvoir exorbitant du droit commun qui doit être motivé par des raisons
d’intérêt général.
Il existe même sans stipulation expresse, il fait partie des règles générales applicables aux contrats
administratif, CE 2 mai 1958, Distillerie de Magnac-Laval. Le CE est aller jusqu’à juger qu’est
entachée de nullité toute clause qui ferait obstacle à l’exercice de ce pouvoir car cette cause serait
incompatible avec les nécessité du fonctionnement du service public, CE 6 mars 1985, Association
Eurolat crédit foncier de France.
Ce pouvoir n’est pas illimité, il doit être justifié par un motif d’intérêt général dont le juge vérifie la réalité
et le bien fondé et surtout la résiliation pour motif d’intérêt général ouvre au cocontractant un droit à
réparation intégrale du préjudice que la résiliation lui cause, cela couvre les dommages subit et le
bénéfice dont il est privé. Le contrat peut prévoir une clause fixant à l’avance le montant de l’indemnité
due en cas de résiliation pour motifs d’intérêt général. Cette clause est valable même si le montant de
l’indemnité prévue par le contrat venant à excéder le préjudice subi par e cocontractant. Le juge n’admet

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pas ce type de clause en cas de disproportion manifeste entre le montant de l’indemnité et celui du
préjudice, car dans ce cas l’indemnité risque d’empêcher pur des raisons financières la personne publique
de résilier le contrat, CAA Versailles Assemblée plénière 7 mars 2006, Commune de Draveil.

§3 : Droits et obligations des cocontractants


A. Les obligations des cocontractants
Elles découlent des clauses du contrat. Le cocontractant doit respecter les clauses du contrat, et il ne
peut s’y soustraire de son propre chef même si de son coté l’administration ne respecte pas ses
obligations contractuelle. On refuse au cocontractant le bénéfice de l’exception d’inexécution.
Le cocontractant doit respecter les ordres de services qui lui sont adressés. Il ne peut se prévaloir de ce
que ces ordres ne sont conformes aux clauses du contrat.
Il y a des obligations spéciales pour le cocontractant.
Obligation d’exécution personnelle du contrat, cad le cocontractant ne peut se substituer un tiers. Les
contrats prévoient généralement que son non-respect entraine la résiliation pour faute du contrat. Mais il
y a des tempéraments ; dans certains contrats, en particuliers dans les marchés de travaux et de services,
la loi autorise le cocontractant à sous-traiter une partie des prestations qui lui ont été confiées. Cette
sous-traitance ne peut qu’être partielle, elle est subordonnée à l’expectation par l’administration du sous-
traitant et l’agrément par elle des conditions de payement du sous-traitant. En toute hypothèse le
titulaire du marché demeure intégralement responsable de la bonne exécution du contrat y compris de
la part de celui-ci qui aura été sous-traité. Le cocontractant peut aussi céder le contrat à un tiers qui se
substitue simplement au cocontractant initial. La cession est admise par le droit interne sous réserve
d’une autorisation préalable de la personne publique contractant et à la condition que lors de la cession
le contrat ne se trouve pas modifié. Mais la cession fait problème au regard du droit communautaire il la
considère comme une modification substantielle du contrat impliquant sa remise en concurrence. Le CE
indique que la cession est possible sans modifications.
Obligation de respect des délais même lorsque le contrat ne prévoir pas de délais le juge considère que
le contrat doit être réalisé dans un délai raisonnable. Généralement les contrats prévoient des pénalités
de retard, qui sont des sommes forfaitaires mises à la charge du titulaire du contrat par laps de temps de
retard. Elles sont dues de plein droit à l’administration sans que celle-ci ait établie l’existence d’un
préjudice. Elles doivent toutefois être précédées d’une mise en demeure sauf si le contrat en prévoir la
dispense. Le juge administratif peut modérer les pénalités manifestement excessives. Ce pouvoir de
modération est prévu par l’art 1152 du C Civ, le CE accepte de l’appliquer dans un arrêt du 31
décembre 2008, OPHLM Puteau.
Obligation de bonne exécution technique des prestations. En cas de mauvaise exécution technique le
cocontractant voie sa responsabilité pécuniaire engagée devant le juge, résiliation en cas de degré grave
d’inexécution.

B. Les droits des cocontractants


Ils sont principalement de nature financière. Ils se traduisent par le droit au prix convenu dans le cadre
des marchés. Dans le cadre des DSP ils prennent la forme du droit à percevoir un droit de redevance
sur les usagers.

1. Le droit à rémunération du cocontractant


Soit perception de redevance soit perception d’un prix versé par l’administration. Ce prix est celui qui
est prévu par le contrat. Il est irrévocable, cad il ne peut être contesté ni par l’administration ni par le
cocontractant. Il est susceptible d’évolution dans deux cas :
- Lors que le contrat prévoie dans une clause de révision qui a pour but de faire évoluer le prix
en fonction de variation économique.
- Lorsque que le cocontractant réalise des prestations supplémentaires, et que le contrat a été
modifier. Mais la jurisprudence est stricte, elle reconnait un droit à indemnité au cocontractant
uniquement si les prestations supplémentaire lui ont été commandées par ordre de service
régulier. Si les travaux ont été réalisés sur ordre irrégulier, le cocontractant n’aura droit qu’à
l’indemnisation des dépenses engagée à l’exclusion de toute margé bénéficiaire et à condition

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que ces dépenses ai été utiles à l’administration, c’est l’application de la théorie de


l’enrichissement sans cause. Sauf dans l’hypothèse où les prestations supplémentaires été
indispensable à la bonne exécution des prestations contractuelles selon les règles de l’art.

2. Le droit à l’équilibre financier du contrat


Le but de l’équilibre financier du contrat qui repose sur des théories dégagées par le juge est de
protéger le cocontractant contre les aléas important qui pourrait affecter l’exécution du contrat, et qui
pourraient entrainer à son détriment un déséquilibre financier. C’est la contrepartie des prérogatives
exorbitantes.

a. La théorie des sujétions imprévues


Elle est la plus ancienne, et propre au marchés de travaux et a pour objet de reconnaitre au
cocontractant un droit à l’indemnité lorsque celui rencontre en cours d’exécution des difficultés qui
viennent à augmenter le cout du marché.
Les difficultés rencontrées par l’entrepreneur doivent revêtir un caractère matériel, elles sont liées à l’état
du sol, ou à un incident climatique. Elles doivent être exceptionnelles et imprévisibles lors de la
conclusion du contrat.
Ces difficultés doivent être extérieures aux parties contractantes. Cad aucune des parties ne doit être
en cause.
Lorsque ces conditions sont remplies l’entrepreneur a droit à l’indemnisation intégrale des coûts
supplémentaires occasionnés par les sujétions imprévues. Elles peuvent également justifier une
prolongation du délai.

b. La théorie de l’imprévision
Elle est ancienne aussi et d’origine jurisprudentielle. Elle impose à l’administration d’opposer une aide
financière à son cocontractant lorsque l’équilibre du contrat vient à être bouleversé à la suite
d’évènements imprévisibles lors de sa passation.
Le champ d’application de cette théorie est plus étendu que celui de la théorie des sujétions imprévue
car les faits d’imprévisions, cad les circonstances à l’origine de la situation, peuvent être diverses,
évènement climatique, phénomènes naturels, mais aussi évènement économiques, ou mesures prises en
dehors du contrat par l’administration contractante ou une autre, ou encore de troubles sociaux. Il n’y a
pas d’exclusive par ces faits. Mais ils doivent remplir certaines conditions. Ils ne doivent pas être
imputables au cocontractant. Les faits d’imprévisions doivent également ne pas avoir pu être prévus au
moment de la passation du contrat. Il faut que les faits d’imprévisions aient entrainé un véritable
bouleversement de l’économie du contrat, cad pas simplement une diminution du bénéfice, mais une
véritable perte du cocontractant dans l’exécution du contrat. Si ces conditions sont réunies le
cocontractant a droit à une indemnisation qui suppose une condition supplémentaire, le cocontractant
ne doit avoir interrompu à aucun moment l’exécution de son contrat. Cette indemnité couvre environ
90% de la perte enregistré par le cocontractant.
Lorsque le déséquilibre du contrat est définitif a jurisprudence reconnait à chacune des parties le doit
de saisir le juge pour lui demander de prononcer la résiliation du contrat avec indemnisation de l’une ou
l’autre de partie s’il y a lieu de façon à ce que l’administration ne soit pas tenu de supporter un
déséquilibre pendant des années. Mais les parties doivent ne pas avoir peu se mettre d’accord sur une
résiliation amiable. CE Compagnie des travaux de Cherbourg, 9 décembre 1952. CE 30 mars
1916, Compagnie générale d’éclairage de Bordeaux 30 mars 1916 crée la théorie de
l’imprévision.

c. Le fait du Prince
Cela désigne les mesures prise par l’administration contractante en une autre qualité ou à un autre titre
que celui de partie au contrat et qui affecte les conditions d’exécution de ce dernier. Cela vise à
reconnaitre un droit à indemnité au cocontractant.
Uniquement les mesures prise par l’administration cocontractant permettent l’application de cette
théorie. Ce peuvent être des mesures de police ou des mesures sociales. La théorie de fait du prince

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suppose en outre que la mesures incriminée affecte de manière précise et importante l’exécution du
contrat. Le fait du prince doit avoir été imprévisible lors de la passation du contrat.
Si les conditions son remplies le cocontractant a droit à une indemnisation totale du préjudice qui lui est
causé par le fait du prince.
Cette théorie est d’application peu fréquente.

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Partie 5 : La juridiction administrative

Le contrôle de l’administration est le corollaire nécessaire de sa soumission au droit. Il serait inutile


d’affirmer que l’administration doit respecter la légalité s’il n’y avait des moyens de l’y contraindre et de
la sanctionner en cas de violation. Il existe de multiples contrôles extérieurs à la juridiction administrative.
La juridiction administrative peut sanctionner l’administration financièrement en engageant sa
responsabilité lorsque un administré demande réparation, ou sous forme d’annulation de réformation
des actes illégaux.

Chapitre 1 : L’organisation de la juridiction administrative

Deux facteurs de la qualité de la justice administrative, son indépendance et son efficacité, qui se
confond avec rapidité.

Section 1 : L’évolution de la juridiction administrative


Plusieurs réformes qui se multiplient et s’accélèrent.

§1 : La naissance de la juridiction administrative


Le premier acte est la loi des 16 et 24 aout 1790 qui fait interdiction au juge judiciaire de connaitre des
litiges administratifs, cette loi n’a jamais été appliquée dans toute sa rigueur mais elle a eu pour effet de
consacrer l’existence d’un contentieux administratif échappent aux tribunaux judiciaire et elle est
toujours en vigueur, elle sert de fondement au ppe de séparation des autorités administrative et
judiciaires et à la répartition des compétences entre les deux ordres de juridiction. C’est pour cela que
lorsqu’une juridiction statue sur un litige de compétence elle vise la loi de 1790.
La loi ne crée cependant pas de véritable juridiction administrative, les litiges administratifs sont dans un
premier temps jugé par l’administration elle-même, c’est le système de l’administrateur juge. Système
abandonné en l’an VIII avec la création du CE et des conseils de préfectures qui sont les ancêtres des TA
mais qui constituent chacun à leur niveau des instances spéciale chargé de statuer sur le contentieux
administratif. Mais ils ne sont pas indépendants du pouvoir administratif. Les décisions du CE ne se rendu
qu’avec l’approbation du chef de l’état, c’est le système de la justice retenu.
Le passage à la justice délégué et donc l’acquisition par la juridiction administrative d’une véritable
indépendance de droit n’intervient qu’avec la loi du 24 mai 1872 que reconnait au CE de juger sans l’aval
du chef de l’état. De cette loi de 1872 le CC tire par une décision du 22 juillet 1980 le ppe
d’indépendance d la juridiction administrative.
Pendant la guerre d’Algérie il a annulé certaines ordonnances du chef de l’état.
Mais nombre important de réforme.

§2. Les réformes de la juridiction administrative


La plus importante est celle de 1953.

A. La réforme de 1953

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Elle concerne le CE est les juridictions du premier degré. C’était les conseils de préfectures qui étaient au
moins nominalement présidés par le préfet.
La réforme de 53 a pour objet d’élargir les compétences des conseils de préfecture, qui deviennent juge
de droit commun en premier ressort. Ils deviennent des Tribunaux Administratifs, et les modalités de
recrutements, les membres des TA doivent dorénavant être recruté par la voie de l’ENA  ; le CE n’est
plus juge de premier ressort que pour les affaires les plus importante et il est juge d’appel des tous les
jugements rendus par les TA.

B. La réforme de 1987
Réalisé par la loi du 31 décembre 1987. Son objet est de remédier à l’encombrement du CE. A la fin de
l’année de 1987 le stock d’affaire était de 25 000, le délai moyen de jugement était de 3 ans. Cela se
traduit par la création des CAA. Ces cours sont juges de droit commun en appel des décisions rendus
par les TA. Le CE est alors devenu pour l’essentiel juge de cassation des arrêts rendus par les CAA.
La réforme a eu un effet bénéfique sur le CE, mais elle n’a pas véritablement régler les problèmes
d’encombrement des TA et plus tard des CAA.

C. Les réformes ultérieures


Sur le plan formel il faut signaler la création en 2000 d’un code de justice administrative, par des décrets
du 2 mai. Il réunit en un ensemble unique les dispositions qui régissent l’organisation et le
fonctionnement de la justice administrative.
Sur le fond les réformes ont le but d’améliorer le rythme et l’efficacité.
Création de nouveau TA et CAA et augmentation du personnel de ces juridictions. Objet d’une loi
programme de 1995 et de 2002.
Augmentation substantielle de la liste des affaires pouvant être réglées par un juge unique en lieu et
place d’une formation collégiale qui jusqu’à présent demeurait le ppe. Président, deux assesseurs et un
commissaire du gouvernement.
Juge unique litige d’un montant inférieur à 10 000€, litiges concernant les permis de construire…
Possibilité très étendue d’autoriser de juge à rejeter par une simple ordonnance sans audience certaines
requête manifestement irrecevable. Possibilité étendue au règlement de série d’affaire, qui pose toute la
même question de droit à juger, alors qu’elle a déjà été tranchée.
Le législateur dote le juge administratif d’un pouvoir d’astreinte à l’administration, pour la forcer a
exécuté les jugements, loi de février 1995. Parallèlement a été réalisé une réforme profonde des
procédures de référé, permettant d’obtenir une décision en urgence, loi du 30 juin 2000. Le juge est
donc saisi en urgence et suspend l’exécution de l’acte attaqué. Ces procédures d’urgence sont courantes
et ouverte en matière judiciaire. Toutes ces réformes se sont aussi accompagnées d’efforts pour inciter
les justiciables à régler leurs conflits avec l’administration dans un cadre non contentieux, par voie de
conciliation. Ont été développées des procédures de conciliation et de transaction ou encore le recours
préalable administratif obligatoire, RPAO.
Le nombre d’affaire en instance à la fin de l’année 2008 environ 210 000 pour TA.
Ces réformes ont abouti à abréger le temps de jugement, environ 1 an en moyen. Mais trompeur car
cela comprend aussi les référés qui sont jugés en urgence.

Section 2 : L’organisation actuelle de la juridiction administrative

Elle est composée de deux types de juridiction, soit compétences spécialisées soit compétences
générales.

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Les juridictions à compétences spécialisées sont extrêmement nombreuses, environ 30. Ex les juridictions
ordinales, qui sont des instances disciplinaires, ou chambre régionales des comptes, ou encore des
commissions départementales des travailleurs handicapés. Tantôt elles contrôlent la légalité de certains
actes tantôt elles ont une fonction disciplinaire. Elles relèvent quasiment toutes du CE qui peut être saisi
soit comme juge d’appel, soit la plus part de temps comme juge de cassation.

§1 : Le Conseil d’état


Créé par la constitution de l’an VIII, il fait partie des masses de granites de Napoléon. Il occupe une place
centrale et domine les crises qu’il a connu.

A. La composition du CE
300 membres environ, dont 200 exercent leur service à l’intérieur du conseil les autres au sein
d’administrations, cabinets ministériels ou entreprises publiques…
On distingue les conseillers en service ordinaire et extraordinaire.
- Service ordinaires : il y 3 grades, les auditeurs recrutés par la voie de l’ENA, les maitres des
requêtes recruté au ¾ parmi les auditeurs et pour ¼ parmi les personnalités extérieures et
les conseillers d’état 2/3 issus des maitres des requêtes et 1/3 tour extérieur. Une partie de
ces emplois son réservés à des conseillers de TA et CAA. L’avancement se fait à l’ancienneté,
c’est une garantie d’indépendance.
- Service extraordinaires  : personnalité imminentes nommé en conseiller pour une durée
limitée, ils ne peuvent être affectée à une formation contentieuse.
Le CE est présidé par la 1er ministre. Mais la véritable responsabilité incombe au Vice-président.
Ils ne sont pas des magistrats au sens de la Constitution ils sont des fonctionnaires car ils ont une
fonction de conseil du gouvernement. Ils bénéficient d’un ppe d’indépendance et d’un système
d’avancement qui leur confère des garantie d’inamovibilité équivalent des celle des magistrats de l’ordre
judiciaire.

B. La structure interne du CE
Spécificité qui tient à la dualité d’attribution qui se reflet dans la structure interne.
Il y 6 section administratives ; qui ont pour fonction de conseiller ou aider l’administration dans sa tâche.
Intérieur finances travaux publics sociale, l’administration et section du rapport et des études. Fonction
consultative. Et la section de contentieux qui a pour fonction de juger les affaires contentieuses portées
devant le CE. Cette section est elle-même divisée en 10 sous sections. La sous-section et la formation
d’instruction de l’affaire elle prépare les dossiers etc… les jugements sont rendus en ppe par deux sous-
sections réunies, la sous-section d’instruction et une autre. Mais il existe des formations plus solennelles.
« La section du contentieux siégeant en formation du jugement », elle est constituée par le président de
la section du contentieux, 3 présidents adjoints, 10 présidents de sous-section et le rapporteur de
l’affaire. Un décret du 22 février 2010 prévoie la possibilité de faire juger certaines affaires par 3 ou 4
sous-sections.
La répartition des membre du CE obéit au ppe de la double appartenance. Ils sont affectés à la fois à la
section du contentieux mais aussi à une section administrative. Cela évite que les membres du CE qui
jugent se coupent des réalités administrative, réforme introduite en 1963 à la suite de la crise qui oppose
le CE au Président de la République. «  il faut que les membres du CE soient plongés dans une
atmosphère administrative ». Hauriout.
L’exigence d’impartialité de la juridiction administrative notamment imposée par la CEDH n’a pas remis
en cause ce système, si le juge et conseil de l’administration ont peut douter de son impartialité. La

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CEDH conduit à l’amender un décret du 6 mars 2008 indique que lorsque les sous-sections réunies
jugent, et ou lorsque la section du contentieux juge, elles ne sont plus complétées par des conseillers
venant des sections administratives.

C. Les attributions du CE

1. Attributions consultatives en matière administrative et législative


Le CE est le conseil du gouvernement et du parlement dans une certaine mesure. C’est un rôle plus
important que celui qu’il exerce en matière contentieuse. En vertu de l’art L 112-1 du code de justice
administrative il participe à l’élaboration et la confection des lois et des ordonnances. Il est saisi par le 1er
ministre des projets établis par le gouvernement. Depuis la réforme constitutionnelle du 23 juillet 2008, il
peut également être saisi par le président d’une des deux assemblées de proposition de loi, sauf si
l’auteur de cette proposition s’y oppose.
Le CE donne aussi son avis sur les projets de décret et autres textes qui lui sont soumis par la
gouvernement ou pour lesquels sa consultation est prévue par des dispositions constitutionnelle,
législative ou règlementaire. A ce titre le CE est obligatoirement consulté sur des projets de décrets qui
abrogent ou modifient des textes en forme législative.
Lorsqu’il est saisi le CE donne son avis et propose les modifications qu’il estime nécessaires, même du
point de vue de la rédaction.
Il peut aussi élaborer ces textes à la demande du gouvernement.

2. Les attributions juridictionnelle du CE


Il est la juridiction administrative suprême, d’après le CJA. Il exerce 3 sortes de compétences.
Il est compétent pour juger en 1er et dernier ressort des recours dirigés contre certaines décisions ou
contentieux u lui sont confiés en raison de leur importance particulière.
Par ex les recours contre les ordonnances du président de la république et ses décrets. De même pour
les actes règlementaires des ministres, et les circulaires et instructions de portés générale qu’ils prennent.
Ou encore les litiges concernant le recrutement ou la discipline des agents publics nommés par le
président de la république. Et certains contentieux électoraux, régionaux et au parlement européen.
Il est juge d’appel de certains contentieux. Depuis l’institution des CAA en 1987, le compétence du CE
en tant que juge d’appel se sont réduites. Elles se limitent désormais aux litiges relatifs aux élections
cantonales et municipales, jugements rendus par les TA sur renvoie de l’autorité judicaire.
Et les décisions rendus par les juridictions administratives spécialisées, sauf dispositions contraire de la loi
et aux décisions rendus par les TA en matières de référés liberté.
Le CE est seul compétent pour statuer sur les recours en cassation dirigés contre les décisions qui sont
rendues en dernier ressort par les juridictions administratives à commencer par celle des CAA, qui
peuvent faire l’objet d’un pourvoi en cassation. Cette compétence a été étendue par la création des
CAA. La loi du 1987 créant ces cours a en effet substitué les compétence antérieures du CE en tant que
juge d’appel des compétences de juge de cassation. Il y a donc trois degrés de juridiction.
Afin d’éviter que cette substitution de compétence laisse inchangé la charge de travail du CE, la loi a
institué un système de filtrage sous la forme d’une procédure d’admission des pourvois en cassation. Elle
est répartie entre les différentes sous sections. Les pourvois en cassation irrecevable ou qui ne sont pas
fondés sur un moyens sérieux sont rejetés sans motivation explicite. Seuls ceux qui échappent à ce 1er tri
font l’objet d’une instruction et d’un jugement selon une procédure normale.
Dans le cadre du contrôle de cassation le CE ne rejuge pas les faits qui sont laissés à l’appréciation
souveraine des juges du fond, sauf dénaturation. Mais le CE juge uniquement le droit, cad qu’il vérifie si la

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règle de droit a été correctement appliquée par le juge du fonds, ce qui lui permet d’assurer l’unité de la
jurisprudence administrative.
Pour autant le CE n’est pas dessaisi de toute possibilité de juger le litige au fond. En cas d’annulation de la
décision attaquée le CE a deux possibilités :
- Soit il renvoi le litige devant une autre juridiction de même nature que celle qui a rendu la
décision annulée.
- Soit dans un souci de bonne administration de la justice il règle lui-même l’affaire au fonds
pour ne pas faire trainer l’affaire.

3. La fonction régulatrice du CE
Pour permettre au CE de maitriser la jurisprudence, et éviter les divergence de solution entre les
différents TA et CAA, la loi de 1987 l’a dotée d’une compétence supplémentaire, elle prévoie en effet
qu’avant de statuer sur une requête qui soulève une question de droit nouvelle présentant une difficulté
sérieuse et se posant dans de nombreux litiges le TA ou la CAA qui se trouve confronté à cette
question peut transmettre le dossier de l’affaire au CE, qui examine la question soulevée dans un délai de
3 mois. Il indiquera par un avis dans quel sens il estime qu’il faut juger. C’est un avis contentieux, qui
permet de fixer immédiatement le sens de la jurisprudence.

§2 : Les CAA


Créées par la loi de 87
Il y en a 8. Le nombre de chambre varie en fonction de l’importance du nombre de contentieux qu’elle
a à traiter. Elles sont présidées par un conseiller d’état. Leur membres sont recrutés par l’essentiel par mis
les conseillers des TA. Elles sont compétentes pour reconnaitre de tous les appel formés contre les
décision des TA, à l’exception de ceux que la loi réserve au CE. Les cours peuvent également être
amenée à donner leur avis sur les questions de droit que leurs sont soumises par les préfets.

§3 : Les TA
A. L’organisation des TA
Il y en a 42 dont 31 en France métropolitaine. Ils sont divisé en chambres dont le nombre varie en
fonction de l’importance de tribunal. Les conseillers sont environ 600, ils sont en ppe recrutés par la voie
de l’ENA.
Corps uniques des conseillers dans une juridiction administrative, mais ils n’ont pas la qualité de magistrat
u sens de la constitution, même s’i en ont la fonction. Leur carrière est gérée par le CE. Ils bénéficient de
la même inamovibilité que les magistrats de l’ordre judicaire.

B. Les attributions
Ils sont juges de droit commun en premier ressort des litiges administratifs à l’exception de ceux qui
sont attribués en premier et dernier ressort au CE. Leurs décisions sont susceptibles d’appel devant les
CAA. Et ils exercent les mêmes fonctions consultatives que les cours à la demande du préfet.

C. La répartition des compétences entre les TA.


Le tribunal territorialement compétant est celui dans les ressort duquel l’autorité qui a pris la décision
attaquée, ou a signé le contrat litigieux a son siège. Cette règle sans exception entrainerait un
encombrement excessif du TA de Paris. Le ppe connait donc des aménagements. En matière de
responsabilité le tribunal compétent est celui dans le ressort duquel s’est produit le dommage. En

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matière contractuelle les parties peuvent choisir un autre tribunal que celui normalement compétent.
Dès lors que ce choix est antérieur à la naissance du litige et ne nuit pas à l’ordre public.

D. Le jugement des affaires


Les décisions des TA sont en ppe rendue en formation collégiale qui statue après que le rapporteur
public ait prononcé les conclusions.
Mais il y a une multiplication de contentieux susceptibles d’être jugé par un juge unique. Cette tendance
qui s’accompagne de la suppression des conclusions du rapporteur public risque de s’accentuer avec une
loi de simplification du droit qui prévoie d’étendre cette possibilité.
La formation de jugement est formée par 3 magistrat dont un président et le rapporteur public, qui
analyse objectivement l’affaire et propose une solution. Ces conclusions ne lient pas le tribunal qui peut
les écarter.

Section 2 : Le statut de la juridiction administrative


2 ppe.
§1 : Le ppe d’indépendance de la juridiction administrative
Il a été dégagé par le CC dans une décision du 22 juillet 1980, et consacré comme ppe fondamental
reconnu par les lois de la république. La loi dont il est issu est celle de 1872, qui met un terme à la justice
administrative retenue.
En vertu de ce ppe il n’appartint ni au législateur ni au gouvernement de censurer les décisions des
juridictions, d’adresser à celle-ci des injonctions ou de ce substituer à elles dans le jugement des litiges
relevant de leur compétence. Interdiction de s’immiscer dans son fonctionnement pour les autres
pouvoirs.

§2 : L’existence constitutionnel de la juridiction administrative


La constitution de 1958 fait état de l’autorité judiciaire mais à aucun moment de la juridiction
administrative. La question s’est posée de savoir si son existence posé un ppe constitutionnel. Si non une
aurait pu suffire à sa suppression. Une décision du CC le 23 janvier 1987, conseil de la concurrence,
conformément à la conception française de la séparation des pouvoir figure au nombre des ppe
constitutionnel celui selon lequel relève de la juridiction administrative l’annulation et la réformation des
décisions prises par les autorités administratives dans l’exercice de prérogative de puissance publique. »
Ce ppe constitue un PFRPLR. Si la juridiction administrative possède un domaine constitutionnellement
garantie elle ne peut être supprimée sans modification de la C°.
Le domaine de la juridiction administrative comprend le recours pour excès de pouvoir, mais aussi des
recours objectifs dit de pleine juridiction permettant au juge d’annuler ou de reformer des décisions
administratives. Cela comportement le contentieux fiscal, électoral…
Mais un certain nombre de matières ne font pas parties de ce domaine constitutionnel, car ils sont
réservés par nature et tradition à l’autorité judiciaire. Sauf les contentieux qui mettent en cause les
libertés individuelles. Le CC admet qu’il est possible dans un souci de bonne administration de la justice
d’attribuer à l’un ou l’autre ordre juridictionnel un bloc de compétences, cad l’ensemble du contentieux
relatif à une législatif ou règlementation. C’est ce qui est en cause dans la loi soumise au CC, relative à la
liberté de prix et de a concurrence, qui transfert l’application de cette loi au domaine judicaire. Mais il y
a des conditions à ces dérogation au domaine constitutionnel, elles doivent être précises, limitées et
justifiées. Ces dérogations aux domaines de compétence de la juridiction administrative ne peuvent être
le fait que du législateur. Cette décision coupe court à des débats sur la suppression des juridictions
administratives au profit d’une juridiction unique.

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Chapitre 2 : L’activité contentieuse de la juridiction administrative

§1 : La classification des recours devant la juridiction administrative


Le recours pour excès de pouvoir et le recours de pleine juridiction.
A. Le recours pour excès de pouvoir
C’est le recours par lequel une personne demande au juge d’annuler un acte administratif unilatéral en
raison de son illégalité. C’est donc l’instrument privilégié de contrôle de la légalité. Il se distingue du
recours de pleine juridiction par plusieurs caractéristiques. On dit que ce c’est «  un procès fait à un
acte ». Il ne soulève pas des questions de droit subjectif. Il ne se rapporte qu’a des problèmes de légalité
cad droit objectif. Si un acte n’est pas illégal il n’est pas annulé.
Ce recours tend exclusivement qu’à l’annulation de l’acte, le juge n’a qu’un pouvoir d’annulation. Cela
constitue l’instrument privilégié, qui permet d’imposer à l’administration de respect de la légalité. Il a un
statut privilégié, il est largement ouvert, il n’est pas nécessaire de se prévaloir d’un droit lésé, un simple
intérêt à agir suffit. L’existence du recours par excès de pouvoir est une ppe général du droit, auquel il ne
peut être dérogé que par la loi. Solution consacrée par l’arrêt du CE du 17 février 1950, Dame
Lamotte. Au terme de cet arrêt le recours pour excès de pouvoir ne peut être écarté que par une

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disposition législative absolument explicite. Le recours pour excès de pouvoir est d’ordre public, cad il est
impossible d’y renoncer à l’avance, et si requérant se désiste, il peut revenir sur son désistement à tout
moment de la procédure.

B. Le recours de pleine juridiction


C’est un contentieux composite. On parle de contentieux de pleine juridiction ou de plein contentieux.
Pour un part il s’agit d’un contentieux qui vise à protéger les droits subjectifs des administrés. Font partie
de la pleine juridiction le contentieux contractuel et celui de la responsabilité. Pour une autre part, le
contentieux de pleine juridiction se rapporte à des problèmes de droit objectif ou de légalité d’une
décision. Ce qui réunit les contentieux est que le juge administratif y procède des pouvoirs autre ou
allant au-delà de la simple annulation. Lorsque e recours de plein juridiction est formé contre une acte
unilatéral il possède le pouvoir de l’annuler ou de la réformer.
Il a été considéré comme accessoire et secondaire par rapport au recours pour excès de pouvoir. Mais
on a assisté à un développement notable du recours de pleine juridiction. A savoir de certain
contentieux qui relevait du recours pour excès de pouvoir ont été transformé en contentieux de pleine
contentieux, CE 16 février 2009, société Atom. Le juge peut annuler et rejeter le recours mais aussi
modifier dans le sens d’une réduction de la sanction instituée par la décision attaquée.

C. Les autre recours contentieux


Le recours en appréciation de légalité :
Question de légalité, mais distinct du recours pour excès de pouvoir. C’est d’abord un recours incident,
exercé sur renvoie de l’autorité judiciaire. De plus ce recours débouche sur une simple déclaration
d’illégalité de l’acte. Et il peut concerner aussi bien des contrats que des AAU.

Les recours intentés à des fins répressives, cad formé aux fins de faire sanctionner par le juge certaines
personnes. Notamment le contentieux de contravention des grades voiries, qui permet de faire
sanctionner les personnes qui ont porté atteinte à l’intégrité matériel du domaine public.

§2 : Le recours est l’acte par lequel le justiciable demande.


A. Les conditions de recevabilité du recours
Pour que le juge se prononce sur son bien-fondé, il faut que le recours soit recevable, cad remplisse des
conditions de recevabilité. Si le recours ne satisfait pas à cette condition le juge ne l’examine.
Si un recours est formé hors du délai de recours contentieux il est recevable, si la personne attaquée ne
le soulève pas.
1. Les conditions relatives au requérant
Il faut qu’il ait la capacité d’agir en justice ou doit être valablement représenté. Il faut qu’il ait un intérêt à
agir, ou un l’intérêt personnel à obtenir ce qu’il demande » Chapus.
Dans certains contentieux cela ne fait problème, en responsabilité et contrat dans lequel le requérant se
prévaut d’un véritable droit lésé.
Pour le recours pour excès de pouvoir c’est plus problématique. Le recours n’est pas ouvert à tous
justiciable. Les requérant doivent posséder un intérêt à agir ou un intérêt lui donnant qualité à agit.
Intérêt apprécié largement par la jurisprudence. I peut être matériel ou moral. Le juge n’exige pas que
l’intérêt dont le requérant se prévaut soit lésé de manière absolument certaine et directe, il se contente
d’un intérêt susceptible d’être lésé. Arrêt CE 14 février 58, Abisset, qui déclare recevable le recours
pour excès de pouvoir d’un amateur camping contre un acte qui interdit le camping sur le terrain d’un
commune dans laquelle il n’avait jamais été. Ou CE Dame Aziot, 28 mai 1971.

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L’intérêt à agir peut être collectif, CE 28 décembre 1906, Syndicat des patrons coiffeur de limoges.
Il est des qualités qui donnent automatiquement intérêt à agir, les contribuables des collectivités locales
ont intérêt à agir contre les mesures qui entrainent des dépenses à la charge de ces collectivités. De la
même manière les usagers d’un SP ont intérêt à agir contre les mesures relative à l’organisation et
fonctionnement de ce service, même lorsque le service est extrêmement vaste et concerne ma la
majorité de la population.

2. Les conditions relatives à la décision attaquée


a. La règle de la décision préalable
Pour être recevable le recours doit être exercé, formé ou dirigé contre une décision. La règle de la
décision préalable prend son sens dans les contentieux qui ne naisse pas d’une décision, comme le
contentieux de la décision. Dans le cas où le recours vise à obtenir une indemnité, l’administré ne peut
demander directement réparation au juge ; elle devra d’abord adresser sa demande à l’administration et
faire naitre ainsi une décision qu’elle attaquera si c’est une décision de refus.
C’est cette décision qui va lier le contentieux cette décision peut être expresse. Ou implicite, résultant
alors du silence gardé par l’administration pendant un délai de 2 mois, il existe cependant des
contentieux dans lesquels la règle de la décision préalable ne s’applique, notamment le contentieux de
travaux publics, dans lesquelles les victimes peuvent porter directement le recours directement devant le
juge.

b. Les décisions susceptibles de recours


Tout acte n’est pas susceptible de recours, notamment d’acte de recours pour excès de pouvoir. Les
actes ne modifiant pas l’ordonnancement juridique n’étaient pas susceptibles de recours. Le recours pour
excès de pouvoir ne peut être formé que contre les AAU, à l’exclusion des contrats. Il n’y a d’exception
à cette règle que lorsque le contrat est un AAU déguisé, notamment les clauses règlementaires de ces
contrats.

3. Les conditions de délai


Les recours contentieux doivent être en ppe formés dans un délai de 2 mois généralement.
a. Le champ d’application de la condition de délai
En ppe tous les recours sont soumis à des conditions de délai. Mais certains recours n’ont pas de
condition de délai. Il s’agit d’abord des actions en responsabilité pour les dommages de travaux publics.
Ou les décisions implicites de rejet en matière indemnitaire qui ne nécessitent pas de délai pour être
attaqué.
La victime d’un dommage qui demande réparation et n’obtient pas de réponse explicite peut intenter un
recours sans condition de délai.
Mais dans le cas du recours pour excès de pouvoir, le rejet implicite du recours administratif formé
contre un acte fait courir le délai de recours contentieux. Sont également dispensés de toute condition
de délai les recours contre les actes inexistant, cad les actes entachés d’une irrégularité illégalité
particulièrement grave.

b. Le point de départ du délai de recours contentieux


Il est toujours lié à l’information du requérant. L’idée est que le délai ne peut courir que a la condition
que les requérants potentiels aient pu avoir connaissance de la décisions les intéressant.
Mais ce point de départ varie en fonction de la nature de la décision attaquée. Selon le droit commun
jurisprudentiel il faut distinguer entre plusieurs catégories de décision, s’agissant des actes règlementaires

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le délai court à compter de la publication ou de l’affichage, si cette mesure est considérée comme
suffisante.
- Pour les décisions individuelles explicites il faut distinguer.
o L’égard des tiers. C’est la publication de l’acte qui ouvre le délai, car
c’est le seul moyen pour les tiers d’en voir connaissance.
o A l’égard des destinataires, c’est la notification de celle-ci qui déclenche
le délai de recours contentieux. A la condition que les délais et voies de
recours soient mentionnées dans la notification de la décision. Toutefois
par exception à cette solution, le délai de recours contentieux
commence à courir à compter de la publication pour certaines
décisions individuelles. Il en va ainsi des décisions qui concernent un
grand nombre de personnes, comme celles qui sont relatives au
recrutement ou à la situation de fonctionnaires ou agents publics.
- En ce qui concerne les décisions individuelles implicites, le délai commence à courir à
compter de l’expiration du délai de 2 mois aux termes duquel nait la décision implicite. Pour
que le délai commence à courir, il faut, cependant, que la demande formée par l’administré ait
fait l’objet de la part de l’administration d’un accusé de réception comportant certains
renseignements (date de la réception de la demande, date de la décision implicite, nature de
la décision et l’indication du service chargé d’instruire la demande). Si ces renseignements ne
sont pas donnés, le délai de recours de contentieux ne court pas. Ces mesures ont été
introduites par une loi du 12 avril 2000 afin de limiter les effets néfastes des requérants
ignorants de l’écoulement du délai.

c. Le calcul du délai
Les délais ne sont pas des délais francs, on ne compte ni le jour ne départ ni celui d’achèvement du délai,
il est calculé par mois et non par jours. Cad si une décision est publiée ou notifiée un 10 avril, le délai du
recours commence à courir le 11 avril à 0 heure, et vient à expiration le 11 juin à 24 heure. Si le dernier
jour du délai est un dimanche, un jour férié ou chômé, le recours est recevable jusqu’à la fin du premier
jours ouvrable suivant.

d. Le délai du recours contentieux est susceptible de prorogation


2 causes :
- Saisine d’une juridiction incompétente

- La formation d’un recours administratif


Le délai recommence à courir à compter de la décision de rejet implicite ou explicite du recours
administratif. La possibilité de former un recours est un ppe général du droit, cad toute décision peut
faire l’objet d’un recours administratif, hiérarchique gracieux. Pour qu’il y ait prorogation il faut que le
recours gracieux soit lui-même introduit, formé avant l’expiration du délai de recours contentieux.
La prorogation par recours administratif ne peut jouer qu’une fois. Lorsque le délai est prorogé par suite
d’une saisine de juridiction incompétente c’est le jugement par lequel elle se déclare incompétente que
lève la prorogation.

e. Les effets de l’expiration du délai


L’expiration du délai rend irrecevable tout recours, le requérant est dit forclos, cad il est frappé de
forclusion, la décision devient définitive, cad ne peut plus faire l’objet d’un recours ou d’une annulation.

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Une telle décision peut voir sa légalité contestée par la voie de l’exception. En ce qui concerne la matière
réglementaire l’exception d’illégalité est perpétuelle  ; l’illégalité d’un règlement pourra être invoquée à
tout moment à l’appui d’une recours d’une décision dirigé contre une mesure d’application de ce
règlement.
La possibilité d’invoquer l’exception illégalité est plus limitée en cas d’une décision individuelle. Elle ne
peut être invoquée que dans deux hypothèses :
- Une décision individuelle devenu définitive à l’appui d’un recours en réparation d’un
dommage causé par cette décision, arrêt CE Dubois, 1952.

- Les opérations complexes, un requérant peut ici invoquer l’illégalité d’une décision individuelle
devenu définitive lorsque celle-ci fait partie d’une chaine de décisions dont l’aboutissement est
constituée par l décision attaquée.

D. Les conditions relatives à la présentation du recours


Il peut être rédigé sur papier libre, mais il doit l’être en langue française, et doit permettre d’identifier le
requérant, il doit également pour être recevable comporter la copie de la décision attaquée, et il doit
contenir une demande précise, cad la conclusion. La requête doit enfin comporter également les raisons
de faits et de droit qui motive la demande du requérant, cad les moyens.
La requête peut être sommaire, mais si c’est le cas il faut qu’elle soit complété par un mémoire ampliatif
dans lequel le requérant développe les arguments précédemment développés de manière sommaire.
Certaines des irrecevabilités du recours peuvent faire l’objet de régularisation. Les régularisations
peuvent être à l’initiative du requérant soit à celle du juge qui a l’obligation d’invoquer les requérants à
régulariser leur requête dans tous les cas où l’irrecevabilité peut être couverte après l’expiration du délai
de recours contentieux. Il est des irrecevabilités qui ne sont pas régularisables, ex : irrecevabilité tirée de
l’expiration du délai de recours contentieux, ou l’intérêt à agir.

§2 : Le caractère non suspensif des recours


Le ppe est que l’exercice d’un recours en annulation ou réformation d’une décision ne suspend pas
l’exécution. C’est une conséquence d’une règle fondamentale du droit public d’après le CE, à savoir le
caractère exécutoire des décisions administratives, arrêt CE assemblée, 2 juillet 1982, Huglo et
autres. On ne peut fair l’économie de cette règles, cela aurait un effet chaotique. Mais cette règle risque
de rendre la justice inefficace ou inopérante. Il existe une procédure, ex procédure de sursis des acte
administratif, désormais référé suspension. Elle permet à un requérant d’obtenir en urgence la suspension
de l’exécution de la décision qu’il attaque. Cette procédure était soumise à des conditions strictes
jusque dans les années 2000. Elle ne pouvait concerner que la décision positive à l’exclusion des
décisions négatives, la décision concernée ne devait pas avoir été complétement exécutée. Et l’octroi du
sursis était subordonné une condition d’urgence, et à la démonstration par le demandeur de l’existence
de moyens sérieux de nature à justifier l’annulation de la décision contestée. Et enfin l’octroi était
également conditionné par le risque que l’exécution de la décision cause un préjudice difficilement
réparable, cad pas de réparation en argent possible. Le requérant devait avoir formé parallèlement un
recours en annulation. Le code de justice administrative, art L 521-1 et suivant, issu de la loi du 30 juin
2000, assouplie ces conditions en même temps qu’il rebaptise le sursis à exécution en référé suspension.
Les demandes de suspension sont désormais recevables aussi bien contre les décisions négatives que les
décisions positives. La condition relative à l’existence de conséquences ou préjudices difficilement
réparables est supprimée en tant que telle, il est en résulte que le sursis peut être prononcé alors même
que l’exécution de la décision aurait des effets purement financiers réparables en argent, CE section 19

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janvier 2001, confédération nationale des radios libres. La condition relative à l’existence de
moyens sérieux est remplacée par une formule plus souple qui vise un moyen propre à créer en l’état
de l’instruction un doute sérieux quant à la légalité de la décision contestée. La condition d’urgence est
maintenu mais précisée, elle est remplie lorsque la décision administrative contestée préjudicie de
manière suffisamment grave et immédiate à un intérêt public à la situation du requérant ou aux intérêts
que celui-ci défend. Cette urgence doit être appréciée de manière concrète, objective et en fonction de
l’ensemble des circonstances de l’espèce. Lorsque la décision dont la suspension est demandée est
négative le juge du référé suspension peut ordonner à l’administration de prendre les mesures
qu’impliquent nécessairement l’exécution de son jugement, CE 5 mars 2001, arrêt Saez, GAJA n°111.

Il existe un autre référé, le référé liberté prévue par l’art L521-2 du CJA, il permet au juge en cas
d’urgence d’ordonner toute mesure nécessaire à la sauvegarde d’une liberté fondamentale à laquelle il
aurait été porté une atteinte grave et manifestement illégale. Je juge doit se prononcer dans un délai de
48h. Les libertés en cause sont celles qui ont fait l’objet d’une reconnaissance ou protection par la C°,
conventions internationale ou la loi. Ce peut être une liberté collective ou individuelle, CE 18 janvier
2001, Commune de Venelles, GAJA. Le juge peut suspendre l’exécution de la décision contestée il
peut également adresser des injonctions à l’administration. Les mesures prises dans le cadre du référé de
liberté ont un caractère provisoire, elles ne préjugent pas de ce que sera par la suite à la décision du juge
du fonds lorsqu’il sera amené à se prononcer sur la demande d’annulation de la décision. Procédure qui
reste soumise à des conditions strictes.

Section 3 : L’instruction de litiges


C’est la phase du procès au cours de laquelle le juge prépare sa décision en s’informant sur toutes les
données de faits et de droit du litige. Il prend connaissance des écrits entre les parties, cad des mémoires,
introductif d’instance pour le requérant, en défense de l’administration, auquel me requérant peut
répondre par un mémoire en réplique, deuxième mémoire en défense de l’administration … Le juge
peut demander à l’administration de lui remettre tout dossier ou document de nature à l’éclairer sur les
circonstances de l’affaire et il peut demander à l’administration de lui fournir les motifs de fait et de droit
justifiant la décision attaquée. Le juge en déduit que les allégations du requérant sont fondées, CE
assemblée 28 mai 1954, Barrel et autres, GAJA. Le juge peut également ordonner des mesures
d’instruction soit d’office soit à la demande des parties, comme la visite des lieus, ordonner l’audition de
témoins et diligenté des expertises. Cette procédure a 3 caractéristiques :
- Elle est essentiellement écrite. Si les parties sont admises à présenter des observations lors
de l’audience, elles doivent être brèves.
- C’est une procédure contradictoire, cad une procédure doit tous les éléments qui servent
de base au jugement doivent avoir été préalablement soumis à la discussion des parties.
- C’est une procédure inquisitoire, cad elle est entièrement dirigée par la juge, il règle les
échanges de mémoire entre les parties, il fixe les délais d’instruction, il décide d’ordonner ou
pas des mesures d’instructions.

Section 4 : L’intervention du rapporteur public, ex commissaire du gouvernement


Il était le commissaire du gouvernement, institution spécifique des juridictions administratives. Il n’était pas
un représentant du gouvernement, pas une sorte de procureur, mais un membre de la juridiction ne
faisant pas partie de la formation de jugement et qui au terme d’une analyse des circonstances de fait et
de droit du litige était appeler à se prononcer en toute objectivité et impartialité sur la solution à

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apporter au procès. Son intervention reste considérée comme un gage de qualité de la juridiction
administrative. Il lit ses conclusions à l’audience. CEDH, Kress contre France, 7 juin 2001, GAJA,
considère que l’institution du commissaire du gouvernement méconnaissait le droit à un procès équitable
qui implique que les parties puissent prendre connaissance de toutes pièces ou observations soumises
au juge fusse par un magistrat indépendant. La présence du commissaire du gouvernement lors du
délibéré de l’affaire, car elle était susceptible d’influence la décision à intervenir. Donc le législateur a
procédé à des réformes successives. Le commissaire du gouvernement devint le rapporteur public. Les
textes ouvrent aux parties le droit de connaitre le sens des conclusions du rapporter public juste avant
l’audience. Les textes introduisent également la possibilité pour les parties de présenter de brèves
observations après le prononcé des conclusions. Devant les TA et CAA le rapporteur public ne participe
plus aux délibérés. Devant le CE, le rapporteur public assiste au délibéré sans y prendre part. Si une
partie en fait la demande, il peut ne pas être présent au délibéré. Le CE est la juridiction qui détermine
de sens de la jurisprudence il est apparait important que le rapporteur public ait eu connaissance des
délibérés. Le dispositif est jugé conformes aux exigences de la CEDH. Question de la pérennité du
rapporteur public en raison de la volonté du législateur de dispenser un nombre d’affaires important de
conclusion du rapporteur public afin d’alléger la tâche des juridictions et d’accélérer le cours de la justice.

Section 5 : Le jugement


§1 : Le contenu du jugement
Il est fonction des obligations du juge et de ses pouvoirs.

A. Les obligations du juge


Il a en premier lieu l’obligation de répondre à toutes les conclusions, cad à toutes les demandes des
parties. Il doit de même examiner tous les moyens invoqués par les parties, on dit qu’il ne peut statuer
infra petita. Il est autrement des moyens, si l’examen d’un seul d’entre eux suffit à lui faire obtenir gain de
cause notamment suffit à entrainer l’annulation de la décision. Cette règle de l’économie des moyens
s’applique dans ce cas et qui se traduit par l’expression «  sans qu’il soit besoin d’examiner les autres
moyens ». Le juge a l’obligation de ne pas statuer ultra petita, il ne doit pas accorder au requérant des
mesures qu’il n’a pas sollicité et doit juger l’affaire sur la base de seuls moyens qui sont invoqué par les
requérants ou parties défenderesses. Cette obligation est tempéré par l’existence de moyens d’ordre
public, cad es moyens que le juge est tenu de relevé d’office, alors que les parties ne les ont pas
invoqués. Ex moyen tiré de l’incompétence de l’auteur de l’acte. Il existe une série de moyens que le juge
doit vérifier à chaque recours. Si le juge découvre l’existence d’une moyen d’ordre public non invoqué, il
doit communiquer ce moyen au parties au litige et les inviter à présenter leurs observations à son sujet.
C’est une illustration du ppe du caractère contradictoire de la procédure, si le moyen d’ordre public n’est
pas soulevé le jugement est illégal.

B. Les pouvoirs du juge


Les pouvoirs varient selon le type de recours. Si le juge est saisi d’un recours par excès de pouvoir il ne
peut faire autre chose qu’annuler la décision attaquée, totalement ou partiellement.
En plein contentieux le juge peut prononcer des annulations, accorder des indemnités, voir dans certains
cas modifier la décision qui lui est déférée. L’annulation peut être rétroactive, cad l’effet de l’indécision
attaquée sont effacée, CE Rodière, 1925, « les actes annulés sont censé n’avoir jamais existé ». Cela
impose à l’administration d’effacer tous les effets passés de l’acte. Le juge est sensible à la trop grande
radicalité des effets des annulations et à la nécessité dans laquelle c’est trouvée l’administration de faire
appel de plus en plus souvent pour résoudre des situations inextricables à des lois de validation, CE 11
mai 2004, Association AC, GAJA, consacre le ppe de la modulation des effets des annulations dans le

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temps. Le juge est autorisé à décider que tout ou partie des effets passé de l’acte pourrait être
considérés comme définitifs. Le juge peut également décider que l’annulation de l’acte ne prendra effet
que dans le futur à une date que le juge détermine, voir que l’annulation ne produira aucun effet si
l’administration reprend la décision annulée de manière régulière. Mais conditions à cette subordination,
conditions que l’effet rétroactif de l’annulation emporte des conséquences manifestement excessives en
raison tant des effets que l’acte à produit ou des situations qui ont pu se constituer que de l’intérêt
général pouvant s’attacher à un maintien temporaire de ses effets.

§2 :L’exécution des jugements


Obligation absolue d’exécuter le jugement qui la condamne pour la partie perdante. Elle ne peut s’y
soustraire pour des motifs d’opportunité. Elle dispose d’un délai raisonnable pour s’y conformer, fonction
de la complexité des mesures à prendre pour l’exécution. Les recours contre la décision n’ont pas d’effet
suspensif. Soucis du législateur de facilité l’exécution des décisions de justice par l’administration. Jusqu’au
débat des années 1980 le juge ne pouvait ni adresser des injonctions à l’administration ni la condamner à
des astreintes. Le CJA prévoit que sur demande des requérants le juge peut préciser les mesures que
l’administration doit prendre pour exécuter sa décision  ; ces précisons peuvent revêtir deux formes,
lorsque la décision rendue à l’encontre de l’administration implique nécessairement une mesure
d’exécution dans un sens déterminer, le juge prescrit cette mesure et peut assortir éventuellement ces
prescriptions d’une astreinte. Lorsque que le jugement implique que l’adoption d’une décision après une
nouvelle instruction, la juridiction prescrit que la nouvelle décision intervienne dans un délai détermine
sous astreinte le cas échéant. Indépendamment de ces procédures le CJA permet au justiciable victime
d’un refus d’exécution d’une décision rendue en sa faveur de demander que soit fixées des mesures et
un délai d’exécution de la décision et que soit prononcer une astreinte à l’encontre de l’administration.

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