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VULGARISATION SCIENTIFIQUE: LES REVUES EN LIGNE

Mônica Macedo-Rouet, Jean-François Rouet, Isaac Epstein, Pierre Fayard

C.N.R.S. Editions | « Hermès, La Revue »

2004/2 n° 39 | pages 61 à 68
ISSN 0767-9513
ISBN 2271062454
Article disponible en ligne à l'adresse :
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Mônica Macedo-Rouet
Unité de recherche en sciences de l’information et du document, université Lyon 1
Centre de recherche en sciences de la communication, université Metodista de São Paulo

Jean-François Rouet
Laboratoire langage et cognition, CNRS
Université de Poitiers

Avec la participation de
Isaac Epstein
Centre de recherche en sciences de la communication, université Metodista de São Paulo
Comité scientifique de la chair Unesco-Umesp pour le développement régional
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Pierre Fayard
Laboratoire de recherche sur l’information et la communication scientifique et technique
Université de Poitiers

VULGARISATION SCIENTIFIQUE :
LES REVUES EN LIGNE

Introduction

Les publications en ligne représentent aujourd’hui un potentiel pour la vulgarisation scientifique. En


simplifiant le processus de publication, en diminuant les contraintes de temps et d’espace et en créant des
nouvelles formes d’interaction à distance, les publications en ligne multiplient les informations et les
documents disponibles (Fayard et Arboleda, 2001). Elles pourraient ainsi faciliter un modèle de
communication plus ouvert à la discussion et au débat (Friedman et al., 1999 ; House of the Lords, 2000 ;

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Miller, 2001) et plus contextuel, à travers la mise en relation de plusieurs sources d’information au moyen
des liens associatifs (Trench, 2000).
Cependant, les technologies hypermédias, sur lesquelles sont basées les publications en ligne, posent
des problèmes d’utilisation. Les différents modes possibles d’organisation des informations, d’indexation
du contenu et de présentation hypermédia, peuvent conduire à la désorientation et à la surcharge cognitive,
à moins que le lecteur ait des bonnes connaissances sur les méthodes de recherche et d’évaluation des
sources d’information (Joulain et Labasse, 1998 ; Trench, 2000). En général, lire et comprendre des
documents hypermédias demande une bonne maîtrise des outils techniques et du langage écrit (Rouet,
2000). Mais les hypermédias peuvent aussi faciliter la réalisation de certaines tâches, dans des contextes
précis et selon le profil de l’utilisateur (Dillon et Gabbard, 1998 ; Chen et Rada, 1996 ; Ghitalla, 2000).
Ainsi, en dépit des problèmes observés, certains auteurs affirment que les publications en ligne sont une
option intéressante pour la vulgarisation scientifique, eu égard à la plus grande vitesse de diffusion et aux
moindres coûts de distribution de l’information (Eveland et Dunwoody, 2001).
Plusieurs arguments plaident en faveur du développement de telles revues. D’une part, elles ont pour
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vocation de réaliser des dossiers à sources multiples, et peuvent donc bénéficier des possibilités d’intégration
multimédia et hypertextuelle. D’autre part, elles ont des coûts de production élevés et auraient intérêt à
passer à un mode de diffusion numérique, réputé plus économique. Comment se présentent alors aujourd’hui
les versions en ligne des revues de vulgarisation scientifique ? Sont-elles aussi lisibles, voire meilleures que
les publications imprimées ? Dans cet article, nous montrons d’abord une analyse comparative des versions
imprimées et en ligne d’un ensemble de revues et, ensuite, les résultats d’une étude expérimentale sur la
lisibilité d’un dossier de vulgarisation.

Versions en ligne des revues de vulgarisation

Dans une recherche récente, Macedo (2002) a comparé les versions papier et en ligne de 34 revues
de vulgarisation scientifique de différents pays, par exemple, La recherche et Sciences et Avenir (France),
Galileu et Superinteressante (Brésil), Scientific American (EU) et New Scientist (GB). Selon la quantité de
textes reproduits et de compléments (par exemple, des textes complémentaires) présents sur la version en
ligne, les revues étaient classées sur une échelle qui variait de « simple fiche technique » à « substantielle »
(revue qui présente des articles en ligne, accompagnés de compléments). Cette analyse a montré que la
majorité des revues avaient des versions en ligne sommaires, voire de simples sites de promotion publicitaire
de la version imprimée. Seuls 14 titres présentaient des versions pouvant être qualifiées de substantielles.
Macedo (2002) a cherché à évaluer la qualité des contenus mis en ligne par les revues de vulgarisation
scientifique. Pour cela, une grille de recommandations a été élaborée à partir des recherches psycho-
ergonomiques (par exemple, Caro et Bétrancourt, 1998 ; Nielsen, 2000). Ces dernières, au nombre de 34,
incluaient entre autres des aspects relatifs à la représentation du contenu (par exemple, « fournir un menu

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de navigation le plus complet possible ; inclure des informations sur les sources ») et à la disposition du
texte (par exemple, « utiliser un espace blanc, plutôt que la tabulation, pour séparer les paragraphes »).
Cette grille a été appliquée à six dossiers hypertextuels issus des revues présentant des versions en ligne
substantielles. Les dossiers, en versions papier et hypertexte, provenaient des revues La Recherche, Scientific
American, New Scientist, Sciences et Avenir, Galileu et Superinteressante.
Les résultats de l’analyse ont montré que les conditions de lisibilité des hypertextes de dossiers des
revues de vulgarisation scientifique étaient, en général, médiocres. Aucun des hypertextes analysés ne répondait
de façon satisfaisante aux recommandations : ils en respectaient moins de la moitié. Les principaux
problèmes se trouvaient dans la structuration des menus hypertextes, qui ne représentaient pas de manière
appropriée les caractéristiques des documents (absence d’auteur, date, taille, etc.), ni les relations entre
texte principal et textes secondaires. Il était difficile de percevoir, d’après le menu, la forme, la taille et le
nombre de documents du dossier.
Par exemple, dans le dossier « Retrouvez votre ancêtre Cro-Magnon » (Sciences et Avenir, 650,
avril 2001 et [http://www.sciencesetavenir.com/encouverture/]), les textes étaient présentés en une liste
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simple, non hiérarchique, sans aucun élément d’information sur les caractéristiques des documents, sauf
une icône signifiant « texte ». La version papier présentait une hiérarchie claire des documents, représentée
par des éléments graphiques (par exemple, encadrés, type et taille des polices) et par la taille des documents,
facilement visible quand on parcourait les pages de la revue. Dans la version hypertexte, cette hiérarchie
entre documents était beaucoup moins perceptible.
Sur l’ensemble des six dossiers, la navigation entre les documents était facilitée par la faible multilinéarité
de ces hypertextes (presque tous respectent le principe ergonomique qui consiste à n’offrir qu’un nombre
limité de liens par page). D’un autre côté, le manque d’informations sur les liens rendait difficile de savoir
ce qu’ils comportaient et pourrait entraîner le phénomène connu comme la sensation de ne pas savoir « ce
qu’il y a derrière la porte » (Gordon et al., 1988), associé à un problème de désorientation. Dans le cas des
dossiers analysés, il y avait peu d’aides à la navigation et le lecteur devait faire des inférences à partir d’indices
rares et ténus.
Par exemple, dans le dossier « Safeguarding our water » (Scientific American, 284(2), février 2001 et
[http://www.sciam.com]) un menu à gauche du texte indiquait les documents qui le composaient. Le titre
« related articles » (articles en relation) nommait d’autres documents disponibles sur le même thème. Mais
des encadrés, qui apparaissaient au milieu du dossier dans la version imprimée, n’étaient accessibles que
depuis certains articles. Ainsi, le menu ne donnait pas une vue de l’ensemble des documents formant le
dossier.
L’analyse des dossiers de vulgarisation a montré que peu de principes ergonomiques permettant
d’améliorer la lisibilité des hypertextes sont suivis par les revues. La plupart des hypertextes sont de qualité
médiocre, n’offrant pas des conditions adéquates à la lecture sur écran d’un dossier complexe, formé par
de multiples documents. Face à ce résultat, nous nous sommes demandé si l’hypertexte entraînerait des
difficultés de compréhension chez les lecteurs et si les différences par rapport à la version papier pourraient
ne pas être significatives. Pour cela, nous avons mis en place une étude expérimentale, suivant des méthodes
de psychologie cognitive (Britt et al., 1996 ; Dee Lucas, 1996 ; Eveland et Dunwoody, 2001), où nous avons

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comparé la performance des lecteurs, en termes de compréhension, perception de la charge cognitive,


satisfaction et attention dispensée aux documents, d’un même dossier en versions papier et hypertexte (cf.
Macedo-Rouet et al., 2003).

Lisibilité d’un dossier – étude expérimentale

Le dossier choisi pour cette étude était « La pilule de la discorde », publié par la revue Superinteressante
(Brésil), en avril 2001. Il traitait de la mifépristone (principe actif de ladite « pilule de l’avortement », plus
connue en France sous le nom de RU486) et du débat sur la légalisation de l’avortement au Brésil. Le
dossier était formé par 12 documents (entre autres, un reportage et deux infographies, des témoignages…).
Dans la version hypertextuelle, on présentait les mêmes documents que dans la version imprimée. Cependant,
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à la différence de celle-ci, le document principal (reportage) apparaissait à la suite d’un menu de titres,
qui donnait accès aux documents complémentaires (infographie, encadrés, etc.). Les titres des documents
étaient les mêmes que ceux de la version imprimée, mais le menu ne donnait pas d’autres indications sur
le document. La figure 1 montre la première page du dossier, dans les versions papier et hypertexte.

Revue Superinteressante

L’analyse de lisibilité du dossier « La pilule de la discorde » a révélé un certain nombre de problèmes.


Par exemple, l’infographie sur le développement du fœtus (qui servait à présenter les moments qui
marquent, pour diverses cultures et religions, le début de la vie humaine) était présentée, dans la version
hypertexte, avec une animation et le texte était affiché en des très petites polices. Un autre problème était
l’intégration entre document principal et documents secondaires. Sur la version papier, le lecteur trouvait

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des renvois aux encadrés dans le texte du reportage (par exemple, « voir tableau à la page 52 »). Ces renvois
avaient été supprimés du texte sur la version hypertexte et le lecteur ne disposait plus des liens explicites
présents dans la version papier.
À partir de cette analyse nous avons formulé une série de prédictions concernant la compréhension,
la charge cognitive et la satisfaction subjective liées à l’utilisation de l’une ou l’autre des versions. La principale
hypothèse était que la version en ligne entraînerait une plus faible compréhension du dossier, en particulier
des documents secondaires, en raison de la moins bonne visibilité de ces derniers.

Méthode

Cinquante-neuf étudiants en journalisme ont participé à l’expérience dans le cadre d’une séance de
travaux dirigés optionnelle. L’âge, le niveau de scolarité et la catégorie socio-économique de ces étudiants
correspondaient à celles du public-cible de Superinteressante.
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L’expérience comportait deux séances de travail. Dans la première séance, les étudiants ont répondu
à un questionnaire (QCM) d’expérience sur le Web (un exemple de question est : « Depuis quand utilisez-
vous Internet ? ») et de connaissances sur le thème, avec des questions tirées du dossier. Dans la deuxième
séance, ils ont lu le dossier et, ensuite, ont répondu à un questionnaire de compréhension (avec des
questions du premier questionnaire, reprises et modifiées, et de nouvelles questions), de perception de
charge cognitive (8 items, jugés sur une échelle de Likert en 5 points), de satisfaction (4 items sur la même
échelle), d’estimation d’importance et d’attention portée aux documents (échelle de Likert en 5 points).
Par exemple, les étudiants devaient dire s’ils étaient d’accord avec la phrase « Il était difficile de savoir
quel était le contenu et la taille de tous les textes du dossier. » (perception de charge cognitive).
Les participants ont été distribués aléatoirement dans trois groupes : hypertexte (G1), papier (G2) et
contrôle (G3). L’expérience Web et les connaissances initiales des participants étaient équilibrées sur les
groupes. G1 et G2 ont eu 30 minutes pour lire le dossier et ensuite ont répondu à un questionnaire de
post-test. G3 a d’abord répondu aux questions de compréhension du post-test, ensuite a lu le dossier et
enfin a répondu aux autres questions. Le post-test consistait en une série de 22 questions sur la perception
de charge cognitive (Eveland et Dunwoody, 2001), la compréhension du reportage et des documents
secondaires, la satisfaction avec le matériel, la perception d’importance et l’attention dispensée aux
documents.

Résultats

Y a-t-il des différences de compréhension entre les lecteurs de la version papier et les lecteurs de la
version hypertexte ? Nos résultats quantitatifs, avec analyse de variance, fournissent une réponse positive
à cette question. Nous avons trouvé une performance significativement plus faible de G1 (hypertexte) en
comparaison avec G2 (papier), en ce qui concerne la compréhension des documents secondaires (47 %

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et 68 % respectivement, F (1,29) = 8.01, p < 05). Ainsi, les lecteurs de l’hypertexte donnaient moins de
bonnes réponses à des questions telles que : « Lesquelles des religions suivantes disent que la vie commence
à la conception ? » (réponse donnée sur l’infographie du développement du fœtus). En revanche, la
compréhension du document principal (reportage) était aussi bonne dans les groupes hypertexte et papier
(80 % et 77 %, respectivement, F < 1). Il est possible que les lecteurs de l’hypertexte aient dédié plus de
temps à la lecture de ce document, au détriment des autres, atteignant ainsi une aussi bonne compréhension
de ce document que les lecteurs du papier. Mais nous n’avons pas de données pour confirmer directement
cette hypothèse.
L’attention portée sur les documents variait significativement selon le type de document. Tous les
participants dispensaient plus d’attention au texte du reportage et moins aux documents secondaires (F
(1,44) = 89.53, p < 05). La version (papier ou hypertexte), par contre, n’a pas eu d’effet statistiquement
significatif et n’a pas non plus interagi avec le type de texte (F < 1).
La perception de charge cognitive était en général très basse (entre 20 et 40 %), tandis que la satisfaction
était haute (supérieure à 80 %). Cependant, la version a eu un effet significatif sur la charge (F (2,44) = 6.99,
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p < 05). G1 indiquait des niveaux de charge significativement plus hauts que G2 et que G3. Par exemple,
quand on leur demandait de juger l’affirmation « Il était difficile de lire les tableaux et l’infographie », les
lecteurs de l’hypertexte indiquaient des degrés de concordance beaucoup plus forts que les lecteurs du
papier et du groupe contrôle. Par contre, ces deux groupes n’étaient pas significativement différents (F < 1).
Aucun des groupes ne se différenciait sur l’échelle de satisfaction (F < 1).

Discussion

Les résultats montrent un avantage significatif de la version papier en ce qui concerne la compréhension
et la charge cognitive. Cela paraît corréler directement avec l’effort demandé par l’hypertexte pour la lecture
et la consultation des documents, surtout en ce qui concerne les graphiques et tableaux. Les résultats suggèrent
qu’il n’est pas adéquat d’inclure dans un hypertexte à textes longs des graphiques et des illustrations très
détaillées ou avec des animations. Ils suggèrent aussi que disposer les textes en menu n’est pas une bonne
option (du moins quand le menu est pauvre en informations sur les liens). Intégrer l’infographie dans le
texte principal est probablement mieux pour aider le lecteur à mettre en relation les contenus.
Notre expérience montre aussi que la « charge cognitive » ne va pas nécessairement de pair avec la
« satisfaction », puisque tous les participants ont exprimé une forte satisfaction, tandis que la charge était
faible, mais variable d’un groupe à l’autre. Il n’y a pas de refus a priori de la technologie, mais les utilisateurs
éprouvent des difficultés au moment de lire et comprendre un dossier multidocumentaire complexe sur
le support numérique.

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Conclusion

Il est possible de présenter des contenus de vulgarisation scientifique sous forme électronique. Le
support ne s’oppose pas en soi aux formes rhétoriques de la vulgarisation, et l’on trouve déjà quelques
exemples de publications en ligne substantielles. Les utilisateurs ne montrent aucun rejet de la technologie.
Cependant, les défauts de lisibilité ont des répercussions sur la compréhension du contenu et la perception
de la charge cognitive. Pour attirer un lectorat, ces revues devront prendre un soin tout particulier à la
qualité de lisibilité des hypertextes. La production d’hypertextes lisibles et compréhensibles pourrait
ouvrir un marché important pour les revues, à mesure que les écoles et les universités mettront des
équipements performants à la disposition des étudiants.
De futures expériences sur la lisibilité des hypertextes combinant des mesures de charge cognitive et
de satisfaction devraient faire avancer les connaissances sur les effets des hypermédias.
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