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d’al-Hawārī al-Miṣrātī
1
Un de ses étudiants, cAbd al-ʿAzīz ibn ʿAlī ibn Dāwud al-Hawārī al-
Miṣrātī1, qui a suivi ses cours pendant cette période, obtient l’autorisation de son
maître d’illustrer les définitions, propositions et algorithmes contenus dans le
Talkhīṣ par des exemples numériques appropriés. Il en résulte al-Lubāb fī sharḥ
talkhīṣ ‘acmāl al-ḥisāb, le premier d’une longue liste de commentaires du
Talkhīṣ écrits tout au long des siècles et utilisés dans les madrasas d’abord
d’Occident, puis d’Orient 2. Malgré toutes les recherches effectuées, al-Hawārī
al-Miṣrātī reste mystérieux car peu d’informations le concernant nous sont
parvenues.3
Dans al-Lubāb, l’auteur suit pas à pas le texte du Talkhīṣ, le recopie
paragraphe par paragraphe, chacun de ces paragraphes étant suivi d’un exemple
numérique illustrant son contenu. Al-Hawārī al-Miṣrātī emprunte parfois des
paragraphes de Rafc al-ḥijāb, contenant des propositions et des exemples
numériques, sans toutefois les rapporter explicitement à cet ouvrage. En fait, dès
la préface, il justifie la composition de son livre par l’absence d’exemples
numériques dans Talkhīṣ, considérant leur nombre réduit et insuffisant dans Rafc
al-ḥijāb ; il laisse ainsi entendre implicitement qu’il puise autant de problèmes
de Rafc al-ḥijāb que nécessaire, mais que l’essentiel de son travail consiste à
inventer des exemples originaux.
1
Dans les différents manuscrits consultés, les orthographes des prénoms et des kunias
relatifs à notre auteur varient : “al-Hawāzī” à la place de “al-Hawārī” ou “Dāwūd” à la
place de “Dāwud” et al-Misrātī, avec “s”, à la place de “ṣ”.
2
Les commentateurs du Talkhīṣ dont on a retrouvé les traités sont al-Ghurbī (avant
1349), al-Mawāḥidī (avant 1382), Ibn Zakariyyā (m. 1403-4), Ibn Qunfudh (m. 1407-8),
al-ʿUqbānī (m. 1408), Ibn Haydūr (m. 1413), Isaac ben Solomon Ibn al-Aḥdab (m.
1430), Ibn Majdī (m. 1447), al-Ḥabbāk (m. 1463), al-Qalaṣādī (m. 1486) et Muḥammad
al-Ghazzī (16e s.). D’autres auteurs se sont inspirés du Talkhīṣ pour écrire des manuels
d’arithmétique et d’algèbre : Ibn al-Hāʾim (m. 1412), Ibn Marzūq (m. 1438), Ibn Ghāzī
(m. 1513), al-Wansharīsī (m. 1548-9) et Ibn al-Qādhī (m. 1616).
3
En effet, al-Hawārī lui-même n’est pas mentionné dans les travaux biographiques
d’Ibn Qunfudh (d. 1508), al-Wansharīsī (d. 1512), al-Shanshāwunī (d. 1578), ni dans des
bio-biographies importantes, la première apparition du nom d’al-Hawārī est associée
au Talkhiṣ d'Ibn al-Bannā dans la rubrique que lui réserve Ḥājjī Khalīfa (m. 1657)
dans Kashf al-ẓunūn ʿan asāmī al-kutub wa-al-funūn; mais il n’indique aucune date
pour le décès de notre auteur. La date généralement proposée pour le décès d’al-
Hawārī nous paraît incertaine car le premier à la situer aux environs de 745 H/1344,
Ismac īl al-Baghdādī (m. 1920) ne présente aucune justification pour ce choix. Cette
date est reprise par tous ses successeurs. Notre seule certitude est qu’al-Hawārī était
vivant en 1305.
2
Bien que terminé4 en 1305, al-Lubāb surprend car on n’y trouve aucune
référence explicite aux premières œuvres d’Ibn al-Bannāʾ. En effet, ni al-Uṣūl
wa’l-muqaddimāt fī’l-jabr wa’l-muqābala, ni al-Maqālāt al-arbaaʿ fi l-cadad ne
sont cités explicitement par al-Hawārī al-Miṣrātī ; une inspection attentive des
contenus montre qu’aucun emprunt de ces deux livres n’apparaît dans Lubāb,
alors qu’ils contiennent une multitude d’exemples numériques se rapportant à
l’algèbre pour le premier, et à l’arithmétique des entiers, des fractions et des
radicaux pour le second. Est-ce à penser qu’après sa maladie, Ibn al-Bannāʾ ne
se réfère plus dans ses cours à ses écrits mathématiques achevés avant cette
maladie ? Est-ce que ces écrits dédiés à des personnalités de l’ancien régime
almohade auraient été mal vus par les nouveaux dirigeants mérinides ? On
pourrait aussi expliquer ce silence sur des ouvrages de haut niveau par la
polémique que l’on découvre chez certains de ses successeurs concernant la
paternité douteuse de ces textes qui auraient été empruntés par Ibn al-Bannāʾ à
ses maîtres. En tout cas, quelle qu’en soit la raison, al-Hawārī al-Miṣrātī ignore
ces deux ouvrages.
Présentation de l’ouvrage
Pour l’édition et l’analyse du Lubāb, nous avons privilégié le manuscrit de
Médine qui est le plus vieux manuscrit connu actuellement. 5
4
En tenant compte de l’introduction du manuscrit, Djebbar et Aballagh avaient encadré
la date d’achèvement de la rédaction du traité entre 1302 et 1305. En fait, nous avons
découvert que la date exacte est indiquée à la fin du manuscrit de Médine : le 18 Dhū al-
Qaʿda de l’année 704 de l’Hégire, correspondant au 12 juin 1305.
5
Les manuscrits utilisés sont :
- Madina, collection Ḥikmat 2856. 63 ff, 16 lignes par page, 16 x 21 cm. Copie date
du 18 Rabia I, 746H (= 19 juillet 1345).
- Istanbul, Bibliothèque Süleymaniye, Collection Şehit Ali Paşa 1977/2, ff. 54a-
103b. Copie datée du 20 Ramadan 880H (= 11 Janvier 1476 à Constantinople).
- Oxford, collection Marsh 378/3, ff. 109a-162a. Copie date de 1444 d’après
Woepcke.
- Tunis, Bibliothèque Nationale de Tunis, manuscrit n° 9940. 32 ff., 22 x 26 cm, 29
lignes par page. Copie date du 4 Jumada II, 1082 (= 8 Octobre 8, 1671 à Damas).
Manuscrits connus, mais non utilisés dans cette étude:
- Madrid, Escurial MS 953/1, ff. 2b-79a
- Madrid, Escurial MS 948/2, Copie date de 867H/1462
- London, India Office MS 770/3 ff. 19b-69b. Copie date de 856H/1452
- Rabaṭ, Bibliothèque Générale MS Q846, 69 ff.
- Rabaṭ, Bibliothèque al-Ḥassīniyya MS 2186/2, 97 ff. Incomplete.
3
al-Lubāb est caractérisé par la simplicité et la clarté des exemples
numériques et algébriques accompagnant les concepts, définitions, propositions
et procédures énoncées dans le Talkhīṣ. A chaque définition ou règle, al-Hawārī
propose un exemple numérique facile à reproduire par le lecteur. Par
exemple, pour chaque type de multiplication, il explicite les étapes de
l’algorithme à partir d’un exemple numérique simple et utilise deux
couleurs (le rouge et le noir) pour différencier le résultat des données.
Nous avons constaté qu’al-Lubāb contient des figures illustrant les
opérations sur les nombres ou les fractions utilisant l’écriture symbolique
maghrébine pour les entiers et les fractions ; par contre, les représentations
symboliques sont totalement absentes dans les chapitres consacrés aux radicaux
quadratiques et à l’algèbre. L’auteur suit en cela son maître Ibn Bannā’ qui
n’utilise pas de représentation symbolique dans Rafʿal-ḥijāb ni dans Kitāb al-
uṣūl wa l-muqaddimāt fī l-jabr wa l-muqābala. Il faudra attendre le commentaire
du Talkhīṣ par al-Mawāḥḥidī pour voir réapparaître les symboles et notations
maghrébines pour les radicaux et les expressions algébriques. Les copistes non
mathématiciens du Lubāb sont perturbés par l’agencement des opérations et
n’arrivent pas à les reproduire correctement. Seuls Ibn Ghāzī (m. 1513) et
Şeker Zāde (m. 1787) offrent des figures claires et satisfaisantes.
al-Hawārī s’encombre rarement d’explications philosophiques ou
linguistiques qui risqueraient d’alourdir son texte, il cherche au contraire
l’efficacité. C’est, pensons-nous, ce qui explique la longévité de cet
ouvrage, illustrée par sa présence remarquée en accompagnement du
Talkhīṣ, dans de nombreux livres regroupant des collections de manuscrits.
4
Munā où l’on trouve cette phrase : « Ibn al-Bannā’ dit : ‘le but de ce livre est de
résumer les techniques de calcul’, jusqu’à : ‘et ses structures’ ».
Par contre, al-Hawārī al-Miṣrātī reproduit intégralement le texte du Talkhīṣ
en le découpant de telle manière qu’il puisse isoler chaque définition importante,
chaque proposition significative et également l’intégralité de chaque procédure
de calcul. Cela lui permet d’intercaler une explication ou un exemple numérique
susceptible de fixer dans l’esprit du lecteur le thème traité.
Ibn al-Aḥdab et al-Qalaṣādī procèdent de même tout en effectuant un
découpage plus détaillé du texte du Talkhīṣ allant jusqu’à isoler une expression
ou même un mot pour l’expliquer dans un registre linguistique, grammatical ou
religieux.
En recopiant le texte du Talkhīṣ, al-Hawārī précède chaque emprunt par la
lettre ṣād – qui tient lieu d’abréviation pour maṣdar (texte d’origine) – et le fait
suivre par la lettre shīn – qui est la première lettre de sharḥ (commentaire) –
début des ajouts d’al-Hawārī . Ces compléments sont de quatre types :
5
numériques et de problèmes résolus qui constituent l’essentiel de sa contribution
scientifique. Ainsi Al-Hawārī évite la compilation systématique des œuvres
d’Ibn al-Bannā’ comme le fait al-Mawāḥḥidī ou l’utilisation du Talkhīṣ comme
« un prétexte ou un fil conducteur permettant à leur auteur d’exposer à leur
manière, parfois en critiquant sévèrement Ibn al-Bannā’, les thèmes traités par ce
dernier et d’autres qu’il avait délibérément abandonnés. Parmi ces traités très riches
on peut citer le Tamḥīṣ (…) d’Ibn Haydūr et le Hāwī (…) d’Ibn Majdī. »
(Djebbar-Moyon, p. 83)
8
Les symboles et notations pour les radicaux et les expressions algébriques sont
absents des commentaires du Talkhīṣ composés par Ibn Haydūr et Ibn al-Hā’im,
mais se trouvent dans ceux d’al-Mawāḥidī, d’al-c Uqbānī, d’ibn Qunfudh, d’Isaac
Ibn Salomon, d’al-Qalasādī, d’al-Qatrawānī, d’Ibn Majdī et d’Ibn Ghāzī.
6
Table 1 : Emprunts par al-Hawārī dans al-Lubāb à l’ouvrage Rafc al-ḥijāb9
Chapitres Thèmes Al-Lubāb Rafc al-ḥijāb
Les entiers Ordres d’un nombre 68: 19 – 69: 1 212: 9-10
Définition de la suite géométrique 73: 7-9 214: 3-5
Définition de la suite arithmétique 73: 17-19 214: 13-15
214: 18 –
La suite de nombres la plus connue 73: 24
215:1
Nature des sommes d’entiers
Additions 74: 4-8 226: 4-7
consécutifs
Règle générale pour l’addition des
78: 14-18 220: 8-12
termes ayant des différences connues
Somme d’une suite dont le premier
82: 1-3 228: 13-16
terme n’est pas 1.(*)
Soustractions répétées. (*) 85: 19 – 86: 8 245: 2-9
Exemple numérique de soustractions 245: 10 –
86: 9 – 87: 14
répétées 247:2
La preuve par 7 appliquée à la
92: 15-16 248: 11-12
multiplication des fractions
Soustrac-
Exemple numérique de la règle
tions 92: 17 – 93 : 5 248: 13-17
précédente
Exemple de la preuve par 7 appliquée à 248: 18 –
93: 15-21
la division des fractions 249:4
Exemple de la preuve par 7 appliquée à
94: 5-12 249: 5-11
la dénomination des fractions
Multiplica
Deux types de multiplications 95: 3-14 255: 3-12
-tions
263: 4 – 264:
Deux types de divisions. (*) 117: 9-15
8
Divisions Recherche du plus petit commun
122: 11-14 266: 15-18
diviseur
La simplification 123: 4-8 267: 1-5
Dénomina La moins connue des dénominations.
124: 10-13 267: 11-14
-tions (*)
Les Exemples de recherche du numérateur 272: 14–
135: 9 – 137: 12
fractions des différents types de fractions 273:19
9
Les références renvoient d’une part aux pages et lignes d’al-Lubāb (2013) édité
par Abdeljaouad et Oaks et d’autre part à celles de Rafc al-ḥijāb (1999) édité par
Aballagh. Certaines définitions ou procédures incluses dans Rafc al-ḥijāb semblent être
considérées par al-Hawārī comme faisant partie du Talkhīṣ, sans pour autant figurer dans
le texte édité par le professeur Souissi, nous les avons marqués par une étoile (*).
7
Règle pour la répétition des
soustractions avec la particule « wâw » 141: 10-12 275: 8-9
accompagnant « illa ». (*)
Règle pour la répétition des
142: 12-17 275: 14-15
soustractions sans la particule « wâw »
Exemple des règles précédentes 143: 4 275: 3-5
Règle d’ajonction d’un entier à une 276: 16 –
145: 10 – 146: 2
fraction 277:3
Règle de simplification d’une fraction 146: 5-7 277: 4-6
Exemple de division de fractions 153: 18-20 279: 15-16
Types de conversions d’une fraction en 157: 2 et 9-11 et 279: 18
une autre 158 : 4 280: 1 et 8-9
280: 1-7 ;
Exemples de conversions d’une 157: 3-8 et
10-12 et 16-
fraction en une autre 157: 12 – 158: 3
18
Définition de carré exact (majdhûr) et
163: 3-4 283 : 3-4
carré non exact (ghayr majdhûr) (*)
Exemples de carrés exacts et non 163: 5-8
283: 6-11
exacts 163: 15 – 164: 2
Les Conditions indiquant l’absence d’une 164 : 3-14 et 283: 8-11 et
radicaux racine carrée exacte 165 : 3-16 285: 2-6
Exemples de calculs approchés de 283: 11 –
169: 8 – 170: 5
racines carrées 284:9
Définition de toules types de binômes 287: 19–
173: 14–176:10
et d’apotomes 288:19
Propriétés des quatre nombres
196: 16 – 197: 3 294: 3-9
proportionnels
La méthode des deux plateaux (de la
198: 3-4 297: 17-18
balance) est de nature géométrique
Les 2e matière d’aborder la méthode (règle
203: 12 – 204: 2 298: 13-19
rapports et exemple numérique)
Problème de rencontre : Trois hommes 205: 5 – 206: 2 299: 1-14 et
veulent acheter un cheval 206: 9 – 207: 5 299: 15-20
Problème de volailles : 40 oies, poules 299: 21–
207: 6 – 208: 17
et tourtereaux 300:22
Exemple d’une addition d’espèces
219: 2-3 313: 3
hétérogènes
Exemple d’une addition d’une espèce
L’algèbre 219: 5-6 313: 4-5
exceptée hétérogène
Trois exemples d’additions d’espèces
219: 8-13 313: 6-11
exceptées homogènes
8
Dans al-Lubāb, il y a 339 exemples et problèmes numériques résolus dont
33 sont empruntés à Rafʿ al-ḥijāb (cf. Table 2).
10
Ibn al-Yāsamīn 1993, p. 136-144.
9
Mais, le plus surprenant est de découvrir qu’Ibn Ghāzī n’a pas hésité à
reproduire à partir d’al-Lubāb plus de 113 séquences (textes, exemples et
problèmes) non contenues dans Rafc al-ḥijāb, sans les attribuer ni
explicitement ni implicitement à al-Hawārī11. Nous ne pensons pas que cet
‘oubli’ soit accidentel, il est délibéré sachant qu’Ibn Ghāzī cite les titres des
autres ouvrages dont sont issus des emprunts.
al-Hawārī
(Médine
46a)
11
Dans son édition de Bughyat al-ṭullāb, Mohamed Souissi (1983) ne signale pas les
emprunts d’Ibn Ghāzī à al-Hawārī.
10
Ibn Ghāzī
(Library
of
Congress
62a)
Table 5 : Les équations algébriques chez al-Hawārī, puis chez Ibn Ghāzī
al-
Hawārī
(Médine
56b)
Ibn Ghāzī
(Library
of
Congress
90a)
11
résolution de problèmes numériques et algébriques, et sur le caractère
absolument original de ce travail qu’on ne trouve dans aucun autre manuel
connu. Des textes et des problèmes illustrent presque tous les feuillets du
manuscrit et sont attribués à plusieurs auteurs, dont Ibn al-Hā’im (m . 1412) ;
Ibn Haydūr al-Tādilī (m. 1413) ; Ibn Majdī (m. 1446), al-Qalasādī (m. 1486),
Sibt al-Māridinī (m. 1506), Bahā al-Dīn al-cĀmilī (m. 1622) et Muhammad
Bakīr al-Yazdī (m. 1637); mais le traité le plus cité est al-Lubāb. Nous avions
montré que la mention « min al-Lubāb » se rapportait sans aucun doute à
l’ouvrage de cAbd al-cAzīz al-Hawārī al-Miṣrātī et nous avions identifié plus
111 occurrences.
Les deux thèmes (la preuve par 7 et les calculs sur les radicaux), traités par
al-Hawārī et choisis ci-dessous, permettent de noter l’apport personnel de
l’auteur.
12
Si a : b = c , on calcule a’, b’ et c’ tels que :
a’ ≡ a (mod 7) , b’ ≡ b (mod 7) et c’ ≡ c (mod 7).
La vérification consiste à comparer le produit b’×c’ et a’. S’ils sont conformes
(mod 7), l’auteur écrit « le résultat est a’ ».
( + ) :
=
:
=
×
=
=
=3+
Le quotient 3 + a pour numérateur 19 ≡ 5 (mod 7) et pour dénominateur 6.
Multiplions le numérateur 5 de la fraction par le numérateur 1 du diviseur : ,
il en résulte : . Or, = et 10 ≡ 3 (mod 7). Alors 3 est le résultat <de la
preuve>.
a pour numérateur 38 et l’on a bien : 38 ≡ 3
Par ailleurs, le dividende
(mod 7). Trois est donc bien le même résultat <de la preuve>.
Dans le chapitre traitant des opérations sur les fractions, al-Hawārī procède
de la manière indiquée par Ibn al-Bannā’ dans Talkhīṣ, mais termine chaque
calcul par l’indication du résultat de la preuve par 7 sans expliciter la procédure
appliquée, comme le montre le tableau suivant (table 7).
Table 7 : Preuve par 7 dans les opérations sur les fractions dans al-Lubāb
Type Al-
Preuve par 7 Notations modernes pages
d’opération Lubāb
“Sa réponse est 5”
× ×
+ = +
=
Somme de
fractions
“”وجوابھا بخمسة
147
=
4
31960 ≡ 5 (mod 7)
13
“Sa réponse
اال
×
×
Soustrac- – = –
s’épuise” 147-
=
tion de
“”وجوابه يطرح 148
3
fractions =
2562 ≡ 0 (mod 7)
= “Sa réponse est 1”
! ×
“”وجوابه بواحد = 149
1443 ≡ 1 (mod 7)
Multipli-
cation de
“Sa réponse est 2”
fractions
×
“”وجوابه باثنين = = =1+ 150
= 1
660 ≡ 2 (mod 7)
“Sa réponse est 4”
× ×
: = : = =
=
“”وجوابه بأربعة 151
760 ≡ 4 (mod 7)
3
3+
Division de
اال
“Sa
fractions
! ( - ×
réponse ) : =
:
=
s’épuise” 151-
× ×
“”وجوابه يطرح = :
152
!
455 ≡ 0 (mod 7) =
14
- A la fin du chapitre trois, traitant de la division, al-Hawārī intercale une
règle de calcul énoncée dans Talkhīṣ, concernant les multiples et les parties
d’irrationnels quadratiques intervenant dans les opérations. En fait, al-
Hawārī a déjà illustré dans les chapitres précédents cette règle par des
exemples numériques.
Ce sont là les deux formules proposées par Ibn al-Bannā’ dans Talkhīṣ.
Après les avoir reproduites, al-Hawārī passe directement aux exemples
numériques :
Pour le cas r ≤ n : √20 ≈ 4 + et √54 ≈ 7 + .
15
×
c’est-à-dire : : (19 + ) = = .
On soustrait
de la racine 9 + , il reste : 9 +
.
2
Ainsi (9 + ) = 92 + est plus proche de 92 que (9 + )2 = 92 + .
Conclusion
Bien que n’étant qu’un modeste manuel d’accompagnement du Talkhīṣ
d’Ibn al-Bannā’, al-Lubāb d’al-Hawārī a été utilisé, tout au long des siècles qui
ont suivi, comme un outil pédagogique performant. Les nombreuses copies
manuscrites d’al-Lubāb fī sharḥ talkhīṣ ‘acmāl al-ḥisāb qui existent
actuellement dans plusieurs bibliothèques (Istanbul, Le Caire, Madrid, Médine,
Oxford, Rabat, Tunis, Téhéran, …) montrent que ce traité avait accompagné
l’enseignement du Talkhīs tout au long des siècles jusqu’à la fin du XIXe, tant
dans l’Occident musulman qu’en Orient, sans que son auteur reçoive la
considération scientifique qu’il mérite.
Le renouveau des mathématiques maghrébines dans l’Empire ottoman a
permis de redécouvrir «Le Talkhīṣ d’Ibn al-Bannā’, d’après le commentaire
d’al-Miṣrātī », d’en faire des copies et de le prescrire comme manuel
d’enseignement, comme le prouvent la copie utilisée à Istanbul par Şeker-
Zāde et le programme officiel, publié en 1875 dans le cadre de la réforme des
études de l’université al-Zaytūna de Tunis12.
Bibliographie
Aballagh M. & Djebbar A. (2001), Ḥayāt wa muʾallafāt Ibn al-Bannāʾ. Rabat:
Publications de la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines.
Abdeljaouad M. (2011), “Şeker-Zāde (m. 1787) : Un témoignage tardif d’utilisation des
symboles mathématiques maghrébins inventés au 12e siècle”. in: Actes du 10ème
Colloque Maghrébin sur l'Histoire des Mathématiques Arabes (Tunis, 29-30-31
mai 2010). pp. 7-32. Tunis: Association Tunisienne des Sciences Mathématiques.
12
On y note en particulier la présence d’Al-Lubāb d’al-Hawārī parmi les quatre
ouvrages de mathématiques devant être étudiés au cycle supérieur, les trois autres
étant :
• Bughyat al-ṭullāb wa sharḥ munyat al-ḥussāb d’Ibn Ghāzī.
• Sharh tadhkirat al-Tūsī. Un commentaire d’al-Sayyīd sur un traité d’astronomie
d’al-Tūsī.
• Tahrīr al-Tūsī li maqālat Uqlīdis. Un exposé des Eléments d’Euclide.
16
al-Baghdādī Ibrāhīm Bāshā (1951), Hadiyat al-c ārifīn. ‘Asmā’ual-mu’allifīn wa
āthār al-musannifīn, Istanbul.
al-Ḥaṣṣār, Abu Bakr, Kitāb al-bayān wa’l-tadkhār fī ṣanʿat ʿamal al-ghubār (v. 1175),
Al-Hawārī al-Misrātī (2003), al-Lubāb fī sharh talkhīṣ aʿmāl al-ḥisāb, Abdeljaouad M.
& Oaks J. (eds.), Tunis: Association Tunisienne de Didactiques des
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Djebbar A. (1990), Mathématiques et Mathématiciens dans le Maghreb médiéval (IXe -
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18
Annexe 1 : Al-Lubāb d’Al-Hawārī (Livre I, 3e partie: Sur les radicaux)
Al-
Thèmes
Hawārī
√10 ; ; 10 ; √10
(Rafc al-ḥijāb 279: 15-16)
163
Entiers ne possédant pas de racine carrée: 341 ; 461 ; 75 ; 185 ; 46 ; 326 ; 10 ;
164-
500 ; 30000 ; 425 ; 266 ; 349.
165
(seules les règles sont énoncées dans (Rafc al-ḥijāb 284 : 14 à 285: 6).
√625 = 25
166-
167
√20 ≈ 4
; √54 ≈ 7
; √92 ≈ 9 ≈ 9
; √12 ≈ 3
167-
168
√625 = 25 ; √729 = 27.
169-
(Rafc al-ḥijāb 283: 13 à 284: 9) 170
√100 = 10 ; = ; 12 = 3
170
=
171
10 ≈ 3 ; 10 ≈ 3 ; ≈
171-
172
5 + √3 ; √5 + √3 ; 5 – √3 ; √5 – √3 . (Rafc al-ḥijāb 289: 19) 173
Binômes: 5 + √21 ; 5 + √45 ; √18 + √10 ; 2 + √2 ; 5 + √72 ; √7 + √8 174
8 + √60 = √5 + √3 175
8 − √60 = √5 − √3 8 ± √55 = 5 ± 2
175-
; 176
7 ± √112 = 85
± 1
√32 ± √14 = 24 ±
; 176
7 ± √30 = 3 + 4
± 3 − 4
;
176-
3 ± √20 = √5 + 2
± √5 − 2
177
19
√80 à √684 → Ajouter √5 à 4 ;
Ajouter
20
par (5 + √3)(5 – √3)) = 22 ; résultat: 2 –
.
Diviser 10 par (3 – √7)
√ → Multiplier 10 par (3 + √7)) et diviser the produit
par (3 – √7)(3 + √7)) = 2 ; résultat: 15 – √175.
13b 23b
35a
59b
21