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Filières SM et SMIA
Semestre 2
Chapitre 1 Intégrales de Riemann
x0 x1 x2 x3 x4 x5 x6 x0 x1 x2 x3 x4 x5 x6
Une fonction est intégrable au sens de Riemann si et seulement la différence des aires Σ+ et Σ− tend vers 0 quand le pas
de la subdivision, c’est-à-dire la largeur des rectangles considérés, tend vers 0. La méthode d’exhaustion est sous-jacente
à ce procédé.
Nous travaillerons dans ce chapitre sur une classe de fonctions beaucoup plus simples que celles étudiée dans l’intégrale
de Riemann : les fonctions continues par morceaux. Ce sera amplement suffisant pour pourvoir traiter une large variété de
problèmes. Vous généraliserez ces résultats en spé lors de l’étude des intégrales impropres à des fonctions pas forcément
continues par morceaux.
En particulier, pour un segment [a, b] et une fonction f : [a, b] → R+ positive, nous nous attacherons dans ce chapitre à
517
répondre aux deux questions suivantes.
a b
1 Quelle condition imposée à f pour que l’aire délimitée par sa courbe dans un repère orthonormé soit bien définie ?
2 Comment calculer cette aire ?
Nous allons tout d'abord donner la dénition d'une subdivision associée à un intervalle
fermé borné [a, b].
Dénition: Une subdivision σ d'un intervalle I = [a, b−] est une suite nie strictement
croissante x0 < ... < xn d'éléments de I telle que x0 = a et xn = b.
h = sup0≤i≤n−1 (xi+1 − xi ).
Il est facile de constater que, pour l'exemple précédent, le pas est b−a
n
.
Dénition: Une fonction f : I = [a, b] → IR est dite en escalier s'il existe une
subdivision σ : x0 , ..., xn de I telles que la restriction de f à ]xi , xi+1 [ soit une constante
ci pour 0 ≤ i ≤ n − 1.
On dit alors que la subdivision σ est associée à f .
Remarques: 1- Il n'y a pas de conditions portant sur les valeurs que prend la fonction
f aux diérents points xi pour 0 ≤ i ≤ n.
2- Si f est en escalier alors f ne prend qu'un nombre ni de valeurs.
3- Si σ est une subdivision associée à f alors toute subdivision σ 0 plus ne que σ est
également associée à f .
Exemple: La fonction f dénie par f (x) = E[x], partie entière de x, est une fonction
en escalier sur tout intervalle fermé borné.
Nous sommes à présent en mesure de dénir l'intégrale d'une fonction en escalier sur
un intervalle I = [a, b].
Dénition: L'intégrale d'une fonction en escalier sur I = [a, b] est le réel noté I(f, σ)
déni par
n−1
X
I(f, σ) = (xi+1 − xi )ci .
i=0
Démonstration: Si σ0 est une autre subdivision associée à f , plus ne que σ alors
I(f, σ) = I(f, σ 0 ).
Il sut de remarquer que si ]xi , xi+1 [ est un intervalle associé à la subdivision σ alors il y
a une suite d'éléments xi1 < ... < xini de σ 0 avec xi1 = xi , xini = xi+1 et telle que
[xi , xi+1 ] = [xi1 , xi1 +1 ] ∪ ... ∪ [xini −1 , xini ].
Par conséquent, si ci est la constante associée à σ sur l'intervalle ]xi , xi+1 [ alors
ini −1
X
(xi+1 − xi )ci = (xj+1 − xj )ci .
j=i1
En remarquant que f prend la même valeur ci sur tous les intervalles ]xi1 , xi1 +1 [, ..., ]xini −1 , xini [,
puis en faisant varier i de 0 jusqu'à n − 1 et en sommant, on retrouve alors I(f, σ 0 ).
Ensuite si σ et σ 0 sont deux subdivisions quelconques de I = [a, b], alors en considérant
σ” = σ ∪ σ 0 (σ” est à la fois plus ne que σ et σ 0 ) et en utilisant ce qui précède, on obtient
I(f, σ”) = I(f, σ) et I(f, σ”) = I(f, σ 0 ) par suite I(f, σ) = I(f, σ 0 ).
Propriétés:
1. Relation de Chasles: Si c est un élément de I = [a, b], a < c < b, alors
Z b Z c Z b
f (x)dx = f (x)dx + f (x)dx.
a a c
Remarques:
1. Si f est une fonction en escalier positive alors
Z b
f (x)dx ≥ 0.
a
4. Si f est en escalier sur I et si k est un réel positif vériant |f (x)| ≤ k sur I alors
Z b
| f (x)dx| ≤ k(b − a).
a
(On remarquera que si σ est associée à f alors la même subdivision σ est associée à |f |.)
Dans ce qui suit, f désigne une fonction dénie sur un intervalle fermé borné I = [a, b]
et à valeurs réelles.
Dénition: On dit que f est intégrable au sens de Riemann si pour tout réel ε > 0,
il existe deux fonctions en escalier g et h sur I vériant
Z b
g ≤ f ≤ h et (h − g)(x)dx ≤ .
a
Il est utile de noter que si f est une fonction intégrable sur I alors f est bornée.
Pour dénir l'intégrale d'une fonction intégrable f , on note E− l'ensemble des fonctions
en escalier ϕ vériant ϕ(x) ≤ f (x) ∀x ∈ I, et E+ l'ensemble des fonctions en escalier ψ
vériant ψ(x) ≥ f (x) ∀x ∈ I.
De même, on note
Z b Z b
A− = { ϕ(x)dx, ϕ ∈ E− } et A+ = { ψ(x)dx, ψ ∈ E+ }.
a a
f étant bornée, les parties A+ et A− sont non vides. De plus, tout élément de A+ est un
majorant de A− et tout élément de A− est un minorant de A+ .
Posons
α = supA− , et β = infA+ , alors on a α = β.
En eet, l'hypothèse α < β signierait que pour tout couple de fonctions en escalier
ϕ et ψ telles que ϕ ≤ f ≤ ψ , on aurait
Z b
(ψ − ϕ)(x)dx ≥ (β − α)
a
Dénition: Z b
f (x)dx = I− (f ) = I+ (f ).
a
Démonstration: Soit ζ une fonction monotone sur I . On suppose par exemple que
ζ est décroissante et on choisit la subdivision donnée par x0 = a et xi = a + i b−a
n
pour
1 ≤ i ≤ n. On note Mi la limite à droite de ζ en xi pour 0 ≤ i ≤ n − 1 et mi la limite
à gauche de ζ en xj pour 1 ≤ i ≤ n. On considère les deux fonctions en escalier g et h
dénies par
g(x) = mi+1 et h(x) = Mi pour x ∈]xi , xi+1 [, 0 ≤ i ≤ n − 1.
On rappelle que les valeurs prises par g et celles prises par h aux points xi de la subdivision
n'ont pas d'importance pour la suite. On a alors g ≤ ζ ≤ h et
n−1 n−1
Z b
b−a Z b X b−a
mi+1 et
X
g(x)dx = h(x)dx = Mi
a i=0 n a i=0 n
et par suite Z b
b−a
(h − g)(x)dx ≤ (M0 − mn )
a n
Proposition: Les fonctions continues sur un intervalle fermé borné I = [a, b] sont
intégrables sur I .
Démonstration: On rappelle que si f est continue sur [a, b] alors f est uniformément
continue sur [a, b]. En d'autres termes
∀ε > 0 ∃η > 0 |x − x0 | < η ⇒ |f (x) − f (x0 )| < ε
Il est facile de voir que g et h sont deux fonctions en escalier sur [a, b] qui vérient à partir
d'un certain rang convenable n, g ≤ f ≤ h et ab (h − g)(x)dx = 2ε(b − a). Par suite, f est
R
intégrable.
Sommes de Riemann:
Proposition: Soit f une fonction continue sur [a, b], alors la suite (un )n dénie par
n
f (a + i b−a ) Z b
(b − a) tend vers
X
n
un = f (x)dx.
i=1 n a
Exemples:
n Z 1
k
tend vers
X
1. 2
x dx.
k=1 n 0
n
k2 Z 1
tend vers x2 dx.
X
2. 3
k=1 n 0
Remarque: La classe des fonctions continues sera par la suite étendue à une classe
plus large formée par les fonctions dites réglées.
A ce stade, il serait utile de donner un exemple d'une fonction non intégrable. La
fonction dite "indicatrice des rationnels" qui vaut 1 en tout nombre rationnel et 0 en tout
nombre réel non rationnel est non intégrable sur tout intervalle [a, b] avec a < b. En eet,
il n'est pas possible pour cette fonction de trouver deux fonctions en escalier g et h qui
vérient Z b
g ≤ f ≤ h avec (h − g)(x)dx < ε, ∀ε > 0,
a
car la densité de Q
I dans IR impliquera que forcément on a
et donc on aura Z b
(h − g)(x)dx ≥ (b − a).
a
Avant d'étendre les propriétés des intégrales établies pour les fonctions en escalier aux
fonctions intégrables, nous allons donner une caractérisation des fonctions intégrables qui
facilitera les démonstrations.
Conséquence: Z b Z b
f (x)dx = limn→+∞ ϕn (x)dx.
a a
En eet, il sut d'écrire
Z b Z b Z b
0≤ f (x)dx − ϕn (x)dx ≤ θn (x)dx.
a a a
La fonction f + g est clairement intégrable et les deux suites (ϕn + ϕ0n )n et (θn + θn0 )n sont
telles que:
Z b
0 ≤ f + g − (ϕn + ϕ0n ) ≤ θn + θn0 et (θn + θn0 )(x)dx tend vers 0,
a
Maintenant, si λ est un réel donné, on peut supposer que λ > 0, il est facile de se conva-
incre que les deux suites (λϕn )n et (λθn )n conviennent pour la fonction λf et la propriété
2 découle alors de la même propriété mais cette fois pour les fonctions en escalier.
Relation de Chasles: Si f est une fonction intégrable sur I alors pour tout réel c
vériant a < c < b, on a
Z b Z c Z b
f (x)dx = f (x)dx + f (x)dx.
a a c
Démonstration: Si (ϕn )n et (θn )n sont deux suites associées à f , alors chaque élé-
ment de ces suites vérie la relation de Chasles. Puisque ac ϕn (x)dx tend vers f (x)dx,
R Rc
a
Z b Z c Z b
ϕn (x)dx = ϕn (x)dx + ϕn (x)dx,
a a c
Autres remarques:
1. Si f et g sont deux fonctions intégrables qui vérient f ≤ g sauf en un nombre ni de
points, alors ab f (x)dx ≤ ab g(x)dx.
R R
2. Si f et g sont deux fonctions intégrables qui ne dièrent qu'en un nombre ni de points
alors ab f (x)dx = ab g(x)dx.
R R
Disons simplement qu'on écrit la relation de Chasles après avoir susamment divisé
l'intervalle [a, b] ( en chaque point où f et g dièrent) et de se rendre compte que sur
chaque intervalle f et g sont alors égales (ou f ≤ g selon le cas) sauf peut être aux ex-
trémités, mais alors les valeurs prises par les fonctions en escalier correspondantes en ces
extrémités n'ont pas d'importance quant aux valeurs des intégrales.
Théorème: Si f est une fonction continue positive vériant f (x)dx = 0 alors f est
Rb
a
la fonction identiquement nulle.
Remarque: On pourra plus tard établir ce résultat de façon plus simple en utilisant
une primitive de f .
Proposition: Si f est intégrable sur I = [a, b], alors |f | est intégrable sur [a, b] et on
a Z b Z b
| f (x)dx| ≤ |f (x)|dx.
a a
Démonstration: Notons (ϕn )n et (θn )n deux suites de fonctions en escalier associées
à f , il est alors aisé de vérier qu'on a
||f | − |ϕn || ≤ |f − ϕn | ≤ θn .
|ϕn | étant aussi une fonction en escalier, ceci prouve que |f | est intégrable. D'autre part,
puisque Z b Z b
| ϕn (x)dx| ≤ |ϕn (x)|dx
a a
alors par passage à la limite, on obtient
Z b Z b
| f (x)dx| ≤ |f (x)|dx.
a a
Corollaire: Si f et g sont deux fonctions intégrables sur [a, b] alors les deux fonctions
sup(f, g) et inf(f, g) sont également intégrables sur [a, b].
Pour cela il sut de se rappeler les formules
1 1
sup(f (x), g(x)) = (f (x)+g(x)+|(g−f )(x)|) et inf(f (x), g(x)) = (f (x)+g(x)−|(g−f )(x)|).
2 2
Autre conséquence: S'il existe un réel k positif vériant |f (x)| ≤ k ∀x ∈ [a, b] alors
Z b
| f (x)dx| ≤ k(b − a).
a
Z b
En particulier, on a | f (x)dx| ≤ [supx∈[a,b] |f (x)|](b − a).
a
Proposition: Si f et g sont deux fonctions intégrables sur [a, b] alors leur produit f g
est aussi intégrable sur [a, b].
|(f g − ϕn ϕ0n )(x)| = |(f − ϕn )(x)g(x) + ϕn (x)(g − ϕ0n )(x)| ≤ αθn (x) + βθn0 (x).
αθn + βθn0 étant une fonction en escalier qui vérie les bonnes propriétés. Il est alors aisé
de déduire deux suites de fonctions en escalier qui correspondent à la fonction f g . On a
donc le résultat.
Remarque: Ces inégalités deviennent des égalités lorsque f (ou g) est nulle ou bien
lorsque f et g sont proportionnelles. C'est à dire qu'il existe un réel k pour lequel
g(x) = kf (x) ∀x ∈ I .
Avant de passer aux primitives et au calcul de certaines d'entre elles, nous allons faire
des remarques nales quant aux fonctions intégrables.
En plus des fonctions en escalier, des fonctions monotones et des fonctions contin-
ues, il y a une classe plus large de fonctions intégrables constituée par les fonctions dites
réglées. Ce sont les fonctions qui peuvent être approchées uniformément par des fonctions
en escalier, ou autrement dit, ce sont les fonctions qui sont limite uniforme de fonctions
en escalier. Les fonctions continues ont cette propriété.
Mais on se gardera de croire que les fonctions intégrables sont les fonctions réglées.
En eet, il s'avère que les fonctions réglées admettent toutes une limite à droite et une
limite à gauche en tout point de I = [a, b] et le contre exemple suivant donne une fonction
intégrable mais non réglée.
1
f (x) = sin si x ∈]0, 1], et f (0) = 0.
x
On peut alors montrer que f n'admet pas de limite à droite de 0 mais que f est tout de
même intégrable sur [0, 1].
Nous allons établir deux formules dites de la moyenne. La seconde formule, qui est
plus dicile à démontrer, sera utilisée au chapitre suivant pour établir la règle d'Abel.
Première formule de la moyenne: f et g étant deux fonctions intégrables sur [a, b].
On suppose de plus que g est positive sur [a, b]. Si on note
alors on a Z b Z b Z b
m g(x)dx ≤ f (x)g(x)dx ≤ M g(x)dx.
a a a
Si de plus f est continue sur [a, b], il existe c ∈ [a, b] tel que
Z b Z b
f (x)g(x)dx = f (c) g(x)dx.
a a
D'après le premier point, ab f (x)g(x)dx est une valeur intermédiaire pour la fonctin F .
R
Soient f et g deux fonctions intégrables sur [a, b], on suppose que f est positive et
décroissante sur [a, b] et on note f (a+) la limite à droite de f en a. Alors il existe un
point c ∈ [a, b] tel que Z b Z c
f (x)g(x)dx = f (a+) g(x)dx.
a a
On a Z b n
X
f (x)g(x)dx = ci [G(xi ) − G(xi−1 )].
a i=1
L'idée est de factoriser non pas par les ci mais par les G(xi ). On peut écrire:
n
X n−1
X
ci [G(xi ) − G(xi−1 )] = G(xi )(ci − ci+1 ) + cn G(xn ) − c1 G(x0 ).
i=1 i=1
c1 étant bien entendu la limite à droite de f en a. Nous avons donc bien prouvé que
a f (x)g(x)dx est une valeur intermédiaire de la fonction H . La conclusion découle aisé-
Rb
ment.
Nous allons établir que ab hn (x)g(x)dx tend vers ab f (x)g(x)dx, et le fait que ab f (x)dx
R R R
soit une valeur intermédiaire résultera de la même propriété pour hn qui est cette fois-ci
en escalier. Plus précisément, on a :
Z b Z b
b−a
fn ≤ f ≤ hn , et par suite (f − fn )(x)dx ≤ (hn − fn )(x)dx = (f (a) − f (b))
a a n
Si on note k un majorant de |g| sur [a, b], alors
Z b Z b
b−a
| [f (x)g(x) − fn (x)g(x)]dx| ≤ k (f − fn )(x)dx ≤ k (f (a) − f (b)).
a a n
La limite à droite de a pour la fonction fn étant égale à la limite à droite de a pour la
fonction f , par passage à la limite, on aura bien
Z b
mf (a+) ≤ f (x)g(x)dx ≤ M f (a+).
a
Chapitre 2 Primitive de fonctions intégrables
Pour toute fonction f intégrable sur [a, b], on considère l'application F dénie par
Z t
F (t) = f (x)dx.
a
Clairement, on a F ( v) − F (u) = f(x)dx et F vérie les propriétés suivantes:
Rv
u
Exemples: Z
1 ax
ax
Z
dx
e dx = e + c, = ln|x − a| + c.
a x−a
Z
1
Pour n 6= −1, (x − a)n dx = (x − a)n+1 + c.
n+1
Z
dx 1 x
2 2
= arctan + c.
x +m m m
on a F 0 (t) = f (ϕ(t))ϕ0 (t) et G0 (t) = f (ϕ(t))ϕ0 (t), par suite F et G ont même dérivée. De
plus, on a F (a) = G(a) et donc F (x) = G(x) pour tout x ∈ [a, b], en particulier pour x = b.
Applications: Z
dt
= ln(|lnt|) + c
tln(t)
peut s'obtenir en considérant la fonction ϕ dénie par ϕ(t) = ln(t).
Z
dt Z
2dt
=
ch(t) e + e−t
t
Grâce à la formule de changement de variable, on peut établir que si f est une fonction
paire, respectivement impaire, dénie sur un intervalle de la forme [−a, a] alors
Z a Z a Z a
f (x)dx = 2 f (x)dx, respectivement f (x)dx = 0.
−a 0 −a
Si f et g sont deux fonctions de classe C 1 sur I = [a, b] il est facile d'établir la formule
Z b Z b
f 0 (x)g(x)dx = [f (x)g(x)]ba − f (x)g 0 (x)dx.
a a
Z
(sinx)ex dx
s'obtient en eectuant deux intégrations par parties successives.
P et Q étant deux polynômes de degrés respectifs n et m. On sait que Q(x) peut être
factorisé de la manière suivante (selon le nombre de racines réelles et de racines complexes)
p q
Q(x) = πi=1 (x − ai )ki πj=1 (x2 + bj x + cj )lj .
où E est un polynôme de degré n − m (avec la convention que le polynôme est nul si son
degré est négatif.)
Nous voyons donc qu'il sut d'être capable de déterminer des primitives pour les
fractions rationnelles de la forme
Z
dx Z
βx + γ
r
, et dx,
(x − a) (x + bx + c)s
2
Le premier type d'intégrale ne pose aucun problème. Pour le second, nous allons
d'abord détailler la méthode dans le cas s = 1 puis nous le ferons dans le cas général.
On écrit x2 + bx + c sous sa forme canonique x2 + bx + c = (x + 2b )2 + c − b4 puis on fait le
2
La première ne pose pas de problème particulier alors que pour la seconde, nous avons
besoin d'établir grâce à la formule d'intégration par partie une relation de récurrence entre
Z
dx Z
dx
In = 2 n
, et In+1 = .
(x + 1) (x + 1)n+1
2
Exemple 2. Z
dx
(x + 1)2 (x2 + 1)2
On décompose en éléments simples
1 a b cx + d ex + f
= + + 2 + 2 .
(x + 1)2 (x2 + 1)2 x + 1 (x + 1) 2 x + 1 (x + 1)2
Pour obtenir b, on multiplie les deux memnbres par (x + 1)2 puis on donne à x la valeur
1. Ceci conduit à b = 1/4. Ensuite, pour avoir e et f et compte tenu du fait que la
décomposition dans IR résulte de la décomposition dans C I , on multiplie par (x2 + 1)2 et
on remplace x par i. L'identication des parties réelle et imaginaire conduit à e = −1/2
et f = 0. On obtient la relation a + c = 0 en multipliant par x et enfaisant tendre x
vers +∞. Enn en donnant à x les valeurs 0 puis 1, on a deux égalités additionnelles
a + b + d + f = 1 et 8a + 4b + 8c + 8d + 4e + 4f = 1. On déduit de tout ce qui précède
et par conséquent,
1 1/2 1/4 (−1/2)x + 1/4 −(1/2)x
= + + + 2 .
(x + 1)2 (x2 + 1)2 x + 1 (x + 1) 2 2
x +1 (x + 1)2
D'où enn,
Z
1 1 1 1 1 1
= ln|x+1|− (x+1)−1 − ln(x2 +1)+ arctan x+ (x2 +1)−1 +K.
(x + 1)2 (x2 + 1)2 2 4 4 4 4
où R est une fraction rationnelle à deux variables. Dans ce cas, le changement de variable
t = tan(θ/2) permet de ramener la recherche d'une primitive d'une fraction rationnelle
trigonométrique à une primitive d'une fraction rationnelle à laquelle s'appliquera la méth-
ode ci-dessus. Notons que si t = tan(θ/2), alors on a les relations suivantes
1 − t2 2t 2dt
cos(θ) = 2
, sin(θ) = 2
, et dx = .
1+t 1+t 1 + t2
Exemple: Pour calculer Z
dθ
,
1 + 3cos(θ)
on pose donc t = tan(θ/2), et on obtient
Z
dt 1 Z dt Z
dt
2
= √ [ √ + √ ].
2−t 2 2 2−t 2+t
Après intégration , on a
√
Z
dθ 1 2+t
= √ ln| √ | + K.
1 + 3cos(θ) 2 2 2−t
Pour la forme Z √
R(x, ax2 + bx + c)dx,
on transforme l'expression ax2 +bx+c sous la forme α(X 2 +A2 ), α(X 2 −A2 ) ou α(A2 −X 2 )
(avec α > 0) selon le signe de b2 − 4ac. On utilise alors pour changement de variable la
fonction sh, ch, sin ou cos selon le cas. Bien évidemment, les relations sin2 x + cos2 x = 1,
ch2 x−sh2 x = 1 permettront de se débarasser de la racine carrée et de ramener la question
à la recherche de primitive d'une fraction rationnelle.
Les cas à envisager sont les intervalles de la forme ]−∞, a] , [a, +∞[ ,
]−∞, +∞[, [a, b[ , ]a, b] , ]a, b[ . Comme ]−∞, +∞[ = ]−∞, a] ∪ [a, +∞[ ,
]a, b[ = ]a, c] ∪ [c, b[, et que les situations ]−∞, a] et ]a, b] sont similaires
à celles des intervalles [a, +∞[ et ]a, b] , on se limitera à l’intervalle [a, b[ et
nous travaillons sur la droite réelle achevée R, ce qui permet d’écrire b = +∞.
Dans tout ce chapitre, nous retrouvons les principes et les méthodes déjà
vues dans le cadre des séries numériques.
Exemples 3.1 :
1
1. La fonction est localement intégrable sur ]−∞, 0[ et ]0, +∞[ .
x
1
2. La fonction est localement intégrable sur ]−∞, −1[ , ]−1, 1[ et
1 − x2
]1, +∞[ .
3. Toute fonction continue sur I est localement intégrable sur I. Par
exemple, la fonction x 7−→ ln x est localement intégrable sur ]0, +∞[ .
4. oute fonction monotone sur I est localement intégrable sur I.
5. Toute fonction continue par morceaux sur I est localement intégrable
sur I.
6. La fonction f égale à 0 si x est rationnel et 1 si x est irrationnel n’est
pas localement intégrable.
Quand une intégrale ne converge pas, on dit qu’elle diverge (ou elle est
divergente). La nature d’une intégrale généralisée est le fait qu’elle converge
ou qu’elle diverge.
3.2.2 Exemples
∫ 1 dx ∫ +∞ dx
1. Les intégrales généralisées 0
√ et 0
sont convergentes.
x 1 + x2
1
En effet, La fonction x 7−→ √ est continue sur ]0, 1] . Elle est donc
x
localement intégrable sur cet intervalle.
D’autre part, ∫ 1
dt [√ ]1
lim √ = lim 2 t = 2.
x−→0 x t x−→0 x
∫ 1 dx
Donc, 0 √ est convergente.
x
1
De même, la fonction x 7−→ est localement intégrable sur [0, +∞[
1 + x2
car elle est continue sur cet intevalle. Comme
∫ x
dt π
lim 2
= lim [arctan t]x0 = ,
x−→+∞ 0 1 + t x−→+∞ 2
∫ +∞ dx
alors 0
est convergente.
1 + x2
∫ +∞ dx
2. L’intégrale 1
est divergente car la fonction
1+x
∫ x
dt
dt = [ln (t + 1)]x1 = ln (x + 1) − ln 2,
1 1+t
3.2.3 Remarques :
1. Il est inexact d’écrire
∫ +∞ ∫ X
f (t)dt = lim f (t)dt.
−∞ X−→+∞ −X
∫ +∞ dt
• 1
converge ⇔ α > 1.
tα
∫ 1 dt
• 0 α converge ⇔ α < 1.
t
Démontrons la première proposition.
Pour tout x ∈ [1, +∞[ , on a
∫ x ln x si α = 1,
dt
F (x) = =
1 t
α
1 ( −α+1 )
x −1 si α ̸= 1.
1−α
On voit que lim F (x) existe si et seulement si α > 1. Donc, l’intégrale
x−→+∞
∫ +∞ dt
généralisée 1 est convergente si et seulement si α > 1. En faisant le
tα
1 ∫ 1 dt
changement de variables x = dans 0 α , et en utilisant ce qui précède, on
t t
∫ 1 dt
démontre que 0 α converge si et seulement si α < 1.
t
Exemple 3.2 (Intégrales de Bertrand) :
∫ +∞ dt
• ∀a ∈ ]1, +∞[ , converge ⇔ α > 1.
a
t (ln t)α
∫a dt
• ∀a ∈ ]0, 1[ , converge ⇔ α > 1.
0
t (ln t)α
Démontrons la première proposition. Soit a > 1 et x ∈ [a, +∞[ . On a
∫ x ∫ x ∫ x
dt d (ln t)
G(x) = α = α = d (ln t) (ln t)−α
a t (ln t) a (ln t) a
[ln ln t]xa = ln ln x − ln ln a si α = 1,
=
1 [ ]x 1 [ ]
(ln t)−α+1 a = (ln x)−α+1 − (ln a)−α+1 si α ̸= 1.
1−α 1−α
∫ +∞ dt
Donc, lim G(x) existe si et seulement si α > 1. Par conséquent, a
x−→+∞ t (ln t)α
converge si et seulement si α > 1.
1 ∫ a dt
En faisant le changement de variables x = dans 0 , et en utilisant
t t (ln t)α
∫ a dt
ce qui précède, on démontre que 0 converge si et seulement si α > 1.
t (ln t)α
Remarque 3.1 On peut déduire les conditions nécessaires et suffisantes de
convergence des intégrales généralisées de Bertrand à partir de celles des in-
tégrales de Riemann en faisant le changement de variable x = ln t.
que lorsque les deux intégrales généralisées du second membre sont conver-
gentes.
Preuve.
Il suffit d’utiliser la linéarité des intégrales sur l’intervalle [a, x], x ∈ [a, b[
et de passer à la limite.
Remarque 3.3 La réciproque est fausse.
∫ +∞ 2dx
Par exemple, 2 est convergente, mais on n’écrira pas
1 − x2
∫ +∞ ∫ +∞ ∫ +∞
2dx dx dx
= − ,
2 1 − x2 2 1−x 2 1−x
car les deux intégrales du second membre sont divergentes.
Preuve.
Comme lim f (x) = l existe, on peut prolonger f par continuité en b en
x−→b
posant
f (x) si x ∈ [a, b[ ,
fe(x) =
l si x = b.
Pour tout x ∈ [a, b[ , on a
∫ x ∫ x
F (x) = f (t)dt = fe(t)dt.
a a
∫ 1 sin x sin x
1. 0
dx est convergente. En effet, la fonction x 7−→ est conti-
x x
sin x
nue sur ]0, 1] et lim = 1. Donc, d’après la proposition précédente,
x−→0 x
∫ 1 sin x
0
dx est convergente.
x
∫1 x−1 x−1
2. 1/2 dx est convergente. En effet, la fonction x 7−→ est
ln x [ [ ln x
1 x−1
continue sur , 1 et lim = 1. Donc, elle est prolongeable par
2 x−→1 ln x
continuité en 1.
∫1 x−1
Par conséquent, d’après la proposition 3.3, 1/2 dx est conver-
ln x
gente.
∫ 1 ex − 1 − x ex − 1 − x
3. 0 dx est convergente. En effet, la fonction x −
7 →
x2 x2
ex − 1 − x 1
est continue sur ]0, 1] et lim = . Donc, d’après la propo-
x−→0 x2 2
∫1 e −1−x
x
sition précédente, 0 dx est convergente.
x2
Preuve.
Pour tout y > x, on a,
∫ y ∫ x ∫ y
F (y) − F (x) = f (t)dt − f (t)dt = f (t)dt ≥ 0,
a a x
car f est positive. Donc F est croissante et par conséquent admet une limite
finie, quand x tend vers b, si et seulement si elle est majorée.
Proposition 3.5 :
Soit f et g deux fonctions positives et localement intégrables sur [a, b[ .
On suppose que pour tout x ∈ [a, b[ , 0 ≤ f (x) ≤ g(x). Alors,
∫b ∫b
(i) a g(t)dt converge =⇒ a f (t)dt converge,
∫b ∫b
(ii) a
f (t)dt diverge =⇒ a
g(t)dt diverge.
Preuve. ∫b
Supposons que a g(t)dt est convergente. Pour tout x ∈ [a, b[ , on a
∫ x ∫ x ∫ b
0≤ f (t)dt ≤ g(t)dt ≤ g(t)dt ≤ M.
a a a
D’où (i) .
L’assertion (ii) se déduit par contraposé.
Exemples 3.3 :
∫ +∞ cos2 (x)
1. 0
dx est convergente.
1 + x2
cos2 (x)
En effet, la fonction f : x 7−→ est continue sur I = [0, +∞[ .
1 + x2
Donc localement intégrable sur cet intervalle. Le seul problème est au
voisinage de +∞. Pour tout x ∈ [0, +∞[, on a
cos2 (x) 1
0≤ 2
≤ .
1+x 1 + x2
∫ +∞ dx
Or, 0
est convergente car
1 + x2
∫ +∞ ∫ x
dx dt x π
= lim = lim [arctan(t)] 0 = .
0 1 + x2 x−→+∞ 0 1 + t2 x−→+∞ 2
∫ +∞ cos2 (x)
Donc, 0
dx est convergente.
1 + x2
∫ 1 dx
2. 0
est divergente. En effet, soit x ∈ ]0, 1] . On a,
sin x
0 < sin x < x.
D’où,
1 1
> > 0.
sin x x
∫ 1 dx
Or, 0
diverge car
x
∫ 1
dt
lim = lim [ln t]1x = +∞.
x−→0 x t x−→0
∫ +∞ dx
Donc, 0
est divergente.
sin x
Remarque 3.4 :
La proposition 3.5 reste appliquable si on a l’inégalité 0 ≤ f (x) ≤ g(x) sur
[c, b[ avec c ∈ [a, b[ (c’est à dire au voisinage de b). Il suffit de couper l’in-
tégrale généralisée en deux intégrales : une non impropre sur [a, c] et l’autre
impropre sur [c, b[ et d’appliquer la proposition 3.5 sur [c, b[ .
Preuve.
Posons ∫ n+1
vn = f (x)dx.
n
Puisque f est décroissante, pour tout entier k ≥ a et pour tout x ∈ [k, k + 1],
on a
f (k + 1) ≤ f (x) ≤ f (k).
En intégrant les dernières relations entre k et k + 1, nous obtenons
f (k + 1) ≤ vk = f (k).
Preuve.
f (x)
Prouvons (i). Puisque lim = l > 0, il existe c ∈ [a, b[ tel que pour
x−→b g(x)
l
tout x ∈ [c, b[ , on ait (prendre ε = )
2
l 3l
g(x) ≤ f (x) ≤ g(x).
2 2
D’où (i) à partir de ces inégalités et la proposition 3.4.
Démontrons (ii). Par hypothèse, il existe c ∈ [a, b[ tel que pour tout x ∈ [c, b[ ,
on ait (prendre ε = 1)
0 ≤ f (x) ≤ g(x).
D’où (ii) à partir de ces inégalités et la proposition 3.5
Corollaire 3.1 :
Soit f et g deux fonctions positives et localement intégrables sur [a, b[ .
∫b ∫b
Si f (x) v g (x), alors a f (x)dx et a g(x)dx sont de même nature (toutes
b
les deux convergentes ou toutes les deux divergentes).
Preuve.
Evident (prendre l = 1 dans la proposition 3.7).
C
• (Riemann), C ∈ R+ ,
xα
M
• (Bertrand), M ∈ R+ .
x (ln x)α
√
∫ 1 sin x
Donc, d’après le corollaire 3.1, 0 dx est convergente.
x
2. La fonction f (x) = e−x est positive et localement intégrable sur [0, +∞[ .
2
∫ +∞ dx
D’autre part, lim x2 e−x = 0. Comme 2
2
2
converge (Riemann
x−→+∞
∫ +∞ x−x2
α > 1), on déduit de la proposition 3.7 que 2 e dx est convergente.
1
ln(cos )
3. La fonction f (x) = x est localement intégrable sur [2, +∞[ et
ln x ∫ +∞
négative sur cet intervalle. Au lieu d’étudier 2 f (x)dx, on va étudier
∫ +∞
2
−f (x)dx (car −f (x) ≥ 0 sur [2, +∞[). On a
[ ]
1 1 1
ln(cos ) ln 1 − 2 + o( 2 )
x 2x x 1
−f (x) = − v − v = g(x).
ln x +∞ ln x +∞ 2x2 ln x
La fonction g est intégrable sur [2, +∞[ car sur cet intervalle,
1 1
0≤ ≤ .
2x2
ln x ln(2)x2
∫ +∞
Par application du corollaire 3.1, on déduit que 2 −f (x)dx est conver-
∫ +∞
gente. Par suite, l’intégrale généralisée 2 f (x)dx est convergente.
Exemple 3.4 :
∫ +∞ cos x
L’intégrale généralisée 1 dx est absolument convergente. En effet,
x2
pour tout x ≥ 1, cos x
1
0 ≤ 2 ≤ 2.
x x
∫ +∞ dx
Comme 1 est convergente (Riemann α > 1), on déduit, en utili-
x2 ∫ +∞ cos x
sant le critère de majoration, que 1 2 dx est convergente. Donc,
∫ +∞ cos x x
1
dx est absolument convergente.
x2
Proposition 3.8 (condition suffisante d’intégrabilité) :
Soit f une fonction localement intégrable sur [a, b[ à valeurs dans K (K = R
ou C).
∫b
Si a f (x)dx est absolument convergente, alors elle est convergente et on
a ∫ b ∫ b
f (x)dx ≤ |f (x)| dx.
a a
Preuve. Puisque
|Re f | ≤ |f | et |Im f | ≤ |f | ,
il suffit de prouver la proposition pour une fonction à valeurs dans R. Soit f
une fonction réelle. Posons
Exemple 3.5 :
∫ +∞ sin x
Montrons que 1 √ dx est absolument convergente. Notons que la fonc-
x x
sin x
tion f (x) = √ ne garde pas un signe constant au voisinage de +∞. Par
x x
ailleurs, nous avons
sin x 1
√ ≤ √
x x x x.
∫ +∞ dx ∫ +∞ sin x
Or, 1 √ est convergente. Donc, 1 √ dx est absolument conver-
x x x x
gente et par conséquent convergente.
Remarque 3.7 :
La fonction x 7−→ |f (x)| est positive. Donc, les critères de convergence rela-
tifs aux fonctions positives peuvent être utilisés pour montrer qu’une intégrale
est absolument convergente.
3.4.2 Intégrale semi convergente
3.4.2.1.Définition.
Soit f une fonction localement intégrable sur [a, b[ à valeurs dans K
∫b
(K = R ou C). On dit que a f (x)dx est semi convergente si :
∫b
(i) a f (x)dx converge,
∫b
(ii) a
|f (x)| dx diverge.
3.4.2.2 Exemples
∫ +∞ sin x
0
dx est semi convergente. Montrons d’abord que l’intégrale est
x
sin x
convergente. La fonction f (x) = se prolonge par continuité à l’origine.
x
∫ 2π sin x
Donc 0 dx est convergente. D’autre part, à l’aide d’une intégratin par
x
parties, on déduit que pour tout X ≥ 2π,
∫ [ ]X ∫ X
X
sin x 1 − cos x 1 − cos x
dx = + dx.
2π x x 2π 2π x2
D’où,
∫ ∫ kπ ∫ π
kπ sin x
dx ≥ 1 |sin x| dx =
1
sin tdt =
2
.
x kπ (k−1)π kπ 0 kπ
(k−1)π
D’où, par sommation,
∫
nπ sin x ∑n
dx ≥ 2 1
.
x π k=1 k
0
∑
n 1 ∫ +∞ sin x
La série est divergente. Donc, 0 dx est divergente. Par consé-
k=1 k x
∫ +∞ sin x
quent, l’intégrale 0 x dx est semi convergente.
Démonstration: Si l'intégrale est convergente, alors pour toute suite (xn )n conver-
gente vers b, la suite (vn)n dénie par vn = axn f(t)dt tend vers ab f (t)dt. Inversement, si
R R
(xn)n et (yn )n sont deux suites convergentes vers b, les suites (F (xn ))n et (F (y n ))n sont
nécessairement convergentes vers la même limite.(Sinon on pourrait construire à partir
de (xn )n et de (yn )n une autre suite (zn )n convergente aussi vers b mais pour laquelle
(F (zn))n serait divergente.)
Proposition 3.10 :
Preuve.
On a
lim F (x) = A.
x−→b
ε
Donc, ∀ε > 0, ∃Xε tel que x ∈ [Xε , b[ =⇒ |F (x) . A| ≤
2
Soit maintenant deux réels u et v tels que u ∈ [Xε , b[, v ∈ [Xε , b[ et u < v.
Alors, on a
ε ε
|F (u) − A| ≤ et |F (v) − A| ≤ .
2 2
En vertu de l’inégalité triangulaire, on déduit que
∫ v
|F (v) − F (u)| = f (x)dx < ε.
u
Montrons que (ii) =⇒ (i) .
Soit (xn ) une suite de [a, b[ convergeant vers b.
∀ε > 0, ∃nε , n > nε =⇒ xn > Xε.
∫ xm
n > nε et m > nε =⇒ |F (xn ) − F (xm )| = f (x)dx < ε.
xn
Cela montre que la suite (F (xn )) est de Cauchy dans K. Puisque K est
∫b
complet, la suite (F (xn )) est convergente. Donc, a f (x)dx converge.
Remarque 3.9 :
Le critère de Cauchy est surtout utile dans les questions théoriques.
Exemple 3.6 ∫:
+∞
Montrons que 0 ex sin x dx est divergente. Soit n ∈ N et x ∈ [2nπ, 2nπ + 1] .
On a x sin x ≥ 0. Donc, ex sin x ≥ 1 et
∫ 2nπ+1 ∫ 2nπ +1
e x sin x
dx ≥ dx = π.
2nπ 2nπ
sont convergentes.
Exemples 3.4 :
Les intégrales impropres
∫ +∞ ∫ +∞
sin x cos x
dx et √ dx,
0 x 1 x
sont convergentes.
∫ +∞ sin x
1
dx est semi convergente, donc convergente (cf : exemple 3.2).
x
∫ +∞
sin x cos x
(1 + ε(x)) dx,
1 x2
est absolument convergente car ∃A > 1 tel que pour tout x > A,
sin x cos x
(1 + ε(x))≤ 2.
x 2 x2
∫ +∞ sin x
On conclut donc que 1
dx est convergente.
x + cos x
Equations diérentielles.
Chapitre 4
Pour bien aborder ce chapitre
En plus de la physique où de nombreux phénomènes sont régis par des équations
diérentielles, d'autres domaines comme la biologie et l'étude des populations (dans un
modèle "prédateur-proie" par exemple) font appel aux équations diérentielles. C'est
un domaine qui connait un grand développement motivé par des questions non encore
résolues. En fait, on sait résoudre très peu d'équations diérentielles. Les équations
linéaires à coecients constants, certaines équations linéaires à coecients non constants
et les équations à variables séparables font partie de celle qu'on sait résoudre.
L'objectif de chapitre est de donner les techniques nécessaires pour la résolution de
certaines équations relativement simples. Tout d'abord, on précise ce qu'on entend par
"équations diérentielles" et par solutions d'une équation donnée vériant certaines con-
ditions initiales. En particulier, on étudiera les équations homogènes, de Bernoulli et de
Ricatti.
I. Dénitions et vocabulaire
Dénitions Soit n ∈ IN , n ≥ 1, on appelle équation diérentielle d'ordre n et
d'inconnue la fonction y toute relation de la forme
y (n) (x) = f (x, y(x), y 0 (x), ..., y (n−1) (x)), (∗)
avec les conditions initiales y(x0 ) = y0 , y 0 (x0 ) = y1 , ...., y (n−1) (x0 ) = yn−1 , (∗∗)
où f est une fonction dénie sur une partie de IRn+1 , (x0 , y0 , ..., yn−1 ) est vecteur xé dans
IRn+1 et l'inconnue est une fonction y de classe C n dénie sur un intervalle ouvert de IR
contenant x0 .
On appelle solution de cette équation toute fonction y de classe C n dénie sur un
intervalle ouvert contenant x0 et vériant l'équation (*) ainsi que les conditions initiales
(**).
La solution est dite maximale si l'intervalle ouvert est maximal. Autrement écrit, si
on ne peut pas trouver une autre solution qui prolonge y .
est une solution qui vérie la condition initiale y(0) = 0. Il s'agit de la solution maximale
qui vérie la condition initiale donnée car elle est dénie sur IR.
du second ordre avec, dans ce cas, f (x, y(x), y 0 (x)) = cos y(x) + y 0 (x) 1+x
1
2 . Il n'est pas
Nous allons dans le paragraphe suivant étudier certaines formes particulières d'équations
diérentielles du premier ordre.
est dite à variables séparables si elle peut être ramenée à la forme suivante
g(y(x))y 0 (x) = h(x)
Cette solution est dénie sur l'intervalle ouvert sur lequel la fonction a est dénie et con-
tinue.
Remarque Si y est une solution d'une équation diérentielle linéaire du premier ordre
ssm, alors ou bien y est la solution identiquement nulle ou bien y ne s'annule en aucun
point.
Le théorème suivant permet de résoudre les équations diérentielles linéaires du pre-
mier ordre avec second membre et à coecients constants.
Théorème Soit y0 une solution particulière de l'équation avec second membre, alors
y est solution de l'équation avec second membre si et seulement si (y − y0 ) est solution de
l'équation sans second membre.
d'autre part, si y est une solution quelconque de l'équation avec second membre, y vérie
Pour avoir une solution particulière de l'équation avec second membre, la méthode de
la variation de la constante est d'une grande utilité.
Par suite, on a K(x) = b(x)e− a(x) dx dx et il sut de trouver une seule fonction K
R R
On peut noter que, dans la forme donnée, l'équation diérentielle n'impose pas la condition
x 6= 0. Pour la résoudre, on peut noter que c'est une équation diérentielle linéaire du
premier ordre dont l'équation ssm associée à variables séparables
y 0 (x) 1
=− .
y(x) x
Cette forme suppose x0 6= 0 et y0 6= 0, et la résolution donne les solutions
1
y(x) = K K étant une constante qui dépend des conditions intiales.
x
La solution de l'équation complète est
1 1 2
y(x) = K + x (∗)
x 3
Cette solution est dénie sur IR∗+ ou IR∗− selon la condition initiale.
Maintenant, si on cherche une solution z qui vérie la condition initiale z(0) = 0, on
remarque que cette solution ne peut pas être identiquement nulle sur un voisinage de 0.
Par conséquent, il existe x0 voisin de 0 tel que z(x0 ) = k0 6= 0. Ici encore, l'idée est
de choisir (x0 , k0 ) comme condition initiale. On peut conclure que z coincide avec une
solution de la forme (*) sur un intervalle ouvert contenant x0 . Comme précédemment,
ces deux solutions coincident sur IR∗+ si on suppose x0 > 0. Or ceci est impossible car z
est de classe C 1 , par suite elle doit admettre une limite nie à droite de 0 ce qui ne serait
pas vrai. Ainsi, il n'existe pas de solution répondant à la condition initiale (0, 0).
On peut construire une innité de fonctions de classe C 1 qui vérient cette condition ini-
tiale de la façon suivante: On pose y(x) = 2x2 + x si x ≥ 0 et y(x) = Kx2 + x si x ≤ 0,
où K est une constante arbitraire. Il faut remarquer de la fonction proposée est bien de
classe C 1 .
Exemples
x2 y 0 (x) = y 2 (x) + xy(x) + x2
est une équation homogène. En eet, elle peut être ramenée à la forme
y 2 (x) y(x)
y 0 (x) = + + 1,
x2 x
dans ce cas, f est la fonction vériant f (t) = t2 + t + 1, ∀x ∈ IR.
Après simplication, le changement de variable précédent permet d'obtenir
α0 (x) 1
α0 (x)x + α(x) = α2 (x) + α(x) + 1 c'est à dire 2
= .
α (x) + 1 x
D'où α(x) = tan(ln|x| + K), et par suite, y(x) = x tan(ln|x| + K).
4. Equations de Bernoulli
Ce sont les équations diérentielles du premier ordre de la forme
y 0 (x) + a(x)y(x) + b(x)y n (x) = 0, avec n ≥ 2,
5. Equations de Ricatti
Ce sont les équations diérentielles du premier ordre de la forme
où a et b sont deux constantes réelles et c une fonction supposée continue sur un intervalle
ouvert de IR. c est le second membre de l'équation.
Théorème Soit y0 une solution particulière de l'équation avec second membre, alors
y est solution de l'équation avec second membre si et seulement si (y − y0 ) est solution de
l'équation sans second membre.
z 0 (x) + az(x) = 0
y(x) = −Ke−ax + K0 ,
K0 étant une nouvelle constante d'intégration. Nous avons bien établi le théorème dans
le cas où b est nul. En eet, dans ce cas, les deux solutions réelles sont λ1 = −a et λ2 = 0.
z 0 (x) + λ2 z(x) = 0,
et pour le choix γ = λ2 on
z 0 (x) + λ1 z(x) = 0.
On obtient, comme solution générale, respectivement
Il faut remarquer pour nir que −λ1 et −λ2 sont les deux racines réelles de l'équation
caractéristique.
Il reste à étudier le cas ∆ = a2 − 4b < 0. Dans ce cas nous avons deux racines
complexes conjuguées pour l'équation
α2 − aα + b = 0,
où, cette fois-ci, λ1 et λ2 sont les deux racines complexes conjuguées de l'équation
γ 2 − aγ + b = 0
Remarque Il faut noter que nous avons bien déterminé toutes les solutions possibles
pour les équations diérentielles linéaires du second ordre à coecients constants sans
second membre et nous avons par la même occasion obtenu la proposition suivante.
Proposition L'ensemble des solutions d'une équation diérentielle linéaire du second
ordre à coecients constants est un espace vectoriel sur IR de dimension 2 dont une base
est {y1 , y2 } avec:
y1 (x) = eλ1 x , y2 (x) = eλ2 x si on a deux racines réelles distinctes λ1 et λ2 .
y1 (x) = eλ0 x , y2 (x) = xeλ0 x si on a une racine double λ0 .
y1 (x) = cos(βx)eαx , y2 (x) = sin(βx)eαx si on a deux racines complexes conjuguées
α + iβ et α − iβ .
y(x) = K1 ex + K2 e−2x .
Pour compléter l'étude, il reste à ajouter une solution particulière de l'équation avec
second membre. Pour cela, on va adapter la méthode de la variation de la constante aux
équations linéaires du second ordre.
De plus, comme il sut de trouver une solution particulière, nous allons imposer une
restriction. Nous allons chercher une solution particulière de la forme
avec la condition
K10 (x)y1 (x) + K20 (x)y2 (x) = 0.
Maintenant, si on cherche y 0 (x), y”(x) puis on reporte dans l'équation (*), on obtient
l'équation
K10 (x)y10 (x) + K20 (x)y20 (x) = c(x)
où c(x) est le second membre de l'équation diérentielle. Nous avons donc à résoudre le
système suivant
K10 (x)y1 (x) + K20 (x)y2 (x) = 0
K 0 (x)y 0 (x) + K 0 (x)y 0 (x) = c(x)
1 1 2 2
Si on note
y1 (x) y2 (x)
W (y1 , y2 )(x) = det 0 ,
y1 (x) y20 (x)
alors on déduit
−y2 (x)c(x) y (x)c(x)
K10 (x) = et K20 (x) = 1 .
W (y1 , y2 )((x) W (y1 , y2 )(x)
On cherchera alors à trouver une primitive K1 et une primitive K2 .
Remarques 1. On peut noter que dans chacun des trois cas possibles, le wronskien
des fonctions correspondantes ne s'annule en aucun point.
µf (x) + νg(x) = 0 ∀x ∈ IR ⇒ µ = ν = 0,
alors
W (f, g)(x) 6= 0, ∀x ∈ IR.
En eet, supposons qu'il existe x0 ∈ IR tel que W (f, g)(x0 ) = 0. Alors les vecteurs
f (x0 ) g(x )
u1 = 0 et u2 = 0 0
f (x0 ) g (x0 )
Nous avons aussi obtenu que le wronskien de deux solutions s'annule en un point si et
seulement si il s'annule partout.
Nous savons d'après l'exemple précédent que la solution générale de l'équation ssm est
Dans ce cas, on a
W (y1 , y2 )(x) = 1.
D'après la méthode de la variation de la constante, et après calcul, on doit résoudre
cos(x)
K10 (x) = −1, et K20 (x) = .
sin(x)
On obtient alors
K1 (x) = −x, et K2 (x) = ln|sin(x)|.
Une solution particulière de l'équation avec second membre est
1. Si le second membre est une fonction polynôme P , on cherche une solution partic-
ulière sous la forme d'un polynôme de même degré, ou de degré le degré de P augmenté
de 1 ou de 2 selon que b est non nul, que b est nul et a est non nul ou que b est nul et a
est nul aussi.
P (x)eγx ,
où P est polynôme de degré quelconque, on cherche une solution particulière sous la forme
R(x)eγx ,