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Université Sultan Moulay Slimane

Faculté des Sciences et Techniques de Beni-Mellal


Département de Mathématiques
A. ABBASSI

Cours Analyse II
Chapitre I: Intégrales de Riemann et calcul des primitives
Première version:
Décembre, 2017

FST Beni-Mellal.
2

1. Fonction en escalier
Définition 1. Soit [a; b] un intervalle fermé borné de R ( 1 < a < b < +1). On appelle
subdivision d’ordre n de [a; b] une suite …nie strictement croissante de points de [a; b] :

n = (x0 ; x1 ; :::; xn ) telle que: a = x0 < x1 < ::: < xn = b:

…gure 1

Remarque 1. Pour un nombre donné n, il existe une in…nité de subdivisions de [a; b].

Définition 2. 1) On appelle le pas d’une subdivision n = (x0 ; x1 ; :::; xn ) de [a; b], le nombre
positif h = max (xk xk 1 ).
1 k n
2) Soient 1;n et 2;n deux subdivisions de [a; b]. On dit que 1;n est plus …ne que 2;n si tous
les points de 2;n sont inclus dans 1;n .
b a
Exemple 1. Lorsque le pas h est constant, h = , la subdivision n = (a; a + h; a +
n
2h :::; b = a + nh) qui en résulte est dite régulière.

Définition 3. Une fonction f : [a; b] ! R est une fonction en escalier s’il existe une subdivi-
sion (x0 ; x1 ; :::; xn ) et des nombres réels c1 ; c2 ; :::; cn tel que pour tout indice k 2 f1; 2; :::; ng on
ait:
8x 2]xk 1 ; xk [; f (x) = ck ;
et f (a); f (x1 ); :::; f (b) sont des nombres réels quelconques.

Autrement dit, f est une fonction constante sur chacun des sous-intervalles de la subdivision,
voir …gure (…gure 2) ci-dessous,

…gure 2

Définition 4. L’intégrale d’une fonction en escalier f sur un intervalle [a; b] est le réel
Rb
a
f (x)dx, dé…nie par:
Z b X
n
f (x)dx = ci (xi xi 1 );
a i=1
où le réel ci est la valeur de la constante que prend la fonction f sur le sous-intervalle ]xi 1 ; xi [.
Rb
Exemple 2. 1) Si f = 1 sur [a; b], alors a f (x)dx = b a.
— — — – CHAPITRE I: INTÉGRALES GÉNÉRALISÉES OU IMPROPRES — — — — — — 3

…gure 3
2) La partie entière est une fonction en escalier.
3) Une fonction nulle, sauf en un nombre …ni de points de [a; b], est également une fonction en
escalier sur [a; b] et son intégrale est nulle (…gure 4).

…gure 4

2. Fonction intégrable au sens de Riemann


Définition 5. La somme de Darboux inférieure (resp. supérieure) d’une fonction
f : [a; b] ! R relativement à une subdivision n = (x0 ; x1 ; :::; xn ) est dé…nie par:
X
n
S n
(f ) = (xi xi 1 ) inf f (x);
x2[xi 1 ;xi ]
i=1
X
n
resp. S +n (f ) = (xi xi 1 ) sup f (x):
i=1 x2[xi 1 ;xi ]

…gure 5
b a
Exemple 3. Dans le cas particulier d’une subdivision régulière de pas h = , la somme
n
P
n
de Darboux inférieure est S n (f ) = h inf f et la somme de Darboux supérieure s’écrit:
i=1 [xi 1 ;xi ]
P
n
S +n (f ) = h sup f .
i=1 [xi 1 ;xi ]
4 A. ABBASSI

Remarque 2. Soient n et m deux subdivisions de [a; b] avec m plus …ne que n. On a


alors
(1) S n
(f ) S m
(f ) et S +n (f ) S +m (f );
ainsi, on forme une suite croissante de sommes de Darboux inférieures et une suite décroissante
de sommes de Darboux supérieures. Pour le démontrer, il su¢ t de prendre dans un premier
temps m = n + 1 et ensuite passer par récurrence sur n.

Définition 6. On suppose à présent que la fonction f : [a; b] ! R est une fonction bornée
quelconque. On dé…nit les deux nombres réels:
Z b
I (f ) = supf (x)dx tel que est une fonction en escalier véri…ant f g;
a

pour I (f ), on considère toutes les fonctions en escalier, avec toutes les subdivisions possibles,
qui restent inférieures à f . On prend l’aire la plus grande parmi toute ces fonctions en escalier.
Z b
+
I (f ) = inff (x)dx tel que est une fonction en escalier véri…ant f g;
a
+
pour I (f ), on considère toutes les fonctions en escalier, avec toutes les subdivisions possibles,
qui restent supérieures à f . On prend l’aire la plus petite parmi toute ces fonctions en escalier.

Remarque 3. Puisque f est bornée, alors


Zb
(b a) inf f f (x)dx (b a) sup f;
[a;b] [a;b]
a

par conséquent, les deux ensembles considérés dans la dé…nition ne sont pas vides.

Proposition 1. 1) Si on note Sa;b l’ensemble des subdivisions de [a; b]. On a:


I (f ) = sup S n
(f ) et I + (f ) = inf S +n (f )
n 2Sa;b n 2Sa;b

= lim S n
(f ) = lim S +n (f ):
n!+1 n!+1

2) On a toujours:
I (f ) I + (f ):

En e¤et, les inégalités (1) assurent le premier point. Le second découle directement de la
dé…nition 6.

Définition 7. Une fonction bornée f : [a; b] ! R est dite intégrable au sens de Riemann si
I (f ) = I + (f ). On appelle alors ce nombre l’intégrale de Riemann de f sur [a; b] et on le note
Z b
f (x)dx.
a

Exemple 4. 1) les fonctions en escalier sont intégrables sur tout intervalle borné.
2) les fonctions continues monotones sont intégrables.
3) la fonction (
1 si x 2 Q; et x 2 [a; b]
f (x) =
0 si x 2
= Q; et x 2 [a; b]
— — — – CHAPITRE I: INTÉGRALES GÉNÉRALISÉES OU IMPROPRES — — — — — — 5
n’est pas intégrable au sens de Riemann.
En e¤et, si une fonction en escalier avec f alors 0. Par contre si f alors
+ +
1. On en déduit que I (f ) = 0 6= I (f ) (I (f ) = 1). Donc f n’est pas intégrable au sens
de Riemann.

Théorème 1. Si f : [a; b] ! R est continue, alors f est intégrable sur [a; b].

Preuve 1. La fonction f est continue sur le compact [a; b], elle y est donc à la fois bornée et
uniformément continue, donc

8" > 0; 9 > 0; 8x; x0 2 [a; b] / jx x0 j < ) jf (x) f (x0 )j < ":

Pour " > 0, on peut construire une subdivision n = fx0 = a < x1 < ::: < xn = bg telle que
xi xi 1 < et ceci pour tout i 2 f1; 2; :::; ng.
Pour chacun des indices i 2 f1; 2; :::; ng, notons par mi (resp. Mi ) la borne inférieure de f
sur le compact [xi 1 ; xi ] (resp.la borne supérieure). Comme les deux bornes sont atteintes, ils
existent yi ; zi 2 [xi 1 ; xi ] tels que:

mi = f (zi ) et Mi = f (yi );

donc
0 Mi m i ", car jyi zi j < jxi xi 1 j < ;
| {z }
donc
X
n X
n
+
S n
(f ) S n
(f ) = Mi (xi xi 1 ) mi (xi xi 1 )
i=1 i=1
X n
" (xi xi 1 )
i=1
"(b a):

D’où, pour tout " > 0;

0 I + (f ) I (f ) S +n (f ) S n
(f ) "(b a):

Comme la quantité I + (f ) I (f ) ne dépend pas de ", on en déduit que I + (f ) I (f ) = 0.


Donc f est intégrable sur [a; b].

corollaire 1. Toute fonction continue par morceaux sur [a; b] est Riemann intégrable sur
[a; b].

Théorème 2. Si la fonction f : [a; b] ! R est monotone, alors f est intégrable sur [a; b].

Preuve 2. Supposons que f est décroissante sur [a; b]. Alors f est bornée puisque pour tout
x 2 [a; b]; f (b) f (x) f (a):
Pour une subdivision quelconque n = fx0 = a < x1 < ::: < xn = bg de [a; b], notons par mk
et Mk les bornes inférieures et supérieures de f sur [xk 1 ; xk ]; puisque f est décroissante alors
nécessairement:
mk = f (xk ), et Mk = f (xk 1 ):
6 A. ABBASSI

On a alors
X
n
S +n (f ) S n
(f ) = (Mk mk )(xk xk 1 )
k=1
X
n
= (f (xk 1 ) f (xk ))(xk xk 1 )
k=1
max (xk xk 1 )(f (a) f (b)):
1 k n

Soit " > 0, en choisissant une subdivision n de pas au plus égal à ", c-à-d
max (xk xk 1 ) ";
1 k n
on a
S +n (f ) S n
(f ) "(f (a) f (b));
d’où pour tout " > 0,
0 I + (f ) I (f ) S +n (f ) S n
(f ) "(f (a) f (b));
donc
I + (f ) = I (f ):
La fonction f est donc Riemann intégrable sur [a; b].

3. Propriétés de l’intégrale
Proposition 2. (Relation de Chasles)
Soient a; b et c trois réels véri…ant a < c < b, si f est intégrable sur les deux intervalles [a; c] et
[c; b], alors f est intégrable sur [a; b] et on a:
Z b Z c Z b
f (x)dx = f (x)dx + f (x)dx:
a a c
Ra
Remarque 4. 1) a f (x)dx = 0; a 2 R:
Rb Ra
2) a f (x)dx = b
f (x)dx; a < b deux réels.

Proposition 3. (Croissance de l’intégrale)


Soient a et b deux réels véri…ant a < b, f et g deux fonctions intégrables sur [a; b]:
Z b Z b
si f g alors f (x)dx g(x)dx:
a a
En particulier,
Z b
si f 0 alors f (x)dx 0:
a

Proposition 4. (Linéarité de l’intégrale)


Soient f et g deux fonctions intégrables sur [a; b]. Pour tous réels et ; on a:
Z b Z b Z b
( f (x) + g(x))dx = f (x)dx + g(x)dx.
a a a
— — — – CHAPITRE I: INTÉGRALES GÉNÉRALISÉES OU IMPROPRES — — — — — — 7
Proposition 5. (produit de deux fonctions)
Soient f et g deux fonctions intégrables sur [a; b], alors f g est une fonction intégrable sur
[a; b].

Proposition 6. (Majoration de l’intégrale)


Si f est intégrable sur [a; b], alors jf j est intégrable sur [a; b] et on a:
Z b Z b
j f (x)dxj jf (x)jdx:
a a

Attention, si jf j est intégrable, alors rien ne nous assure que f est intégrable, sauf si jf j = 0.
En e¤et, la fonction (
1 si x 2 Q; et x 2 [a; b]
f (x) =
1 si x 2
= Q; et x 2 [a; b]
n’est pas intégrable sur [a; b].Mais sa valeur absolue ( jf j = 1 ) est intégrable sur [a; b].

Proposition 7. Soient f et g deux fonctions intégrables sur [a; b], alors


1
inf(f; g) = (f + g jf gj) ;
2
et
1
sup(f; g) = (f + g + jf gj) ;
2
sont intégrables sur [a; b].
Cas particulier: si f est intégrable sur [a; b], alors f + = sup(f; 0) et f = sup( f; 0) sont
intégrables sur [a; b].

4. Inégalité de Cauchy-Schwarz et Minkowski


Proposition 8. (Inégalité de Cauchy-Schwarz)
Si f et g sont deux fonctions intégrables sur [a; b], on a l’inégalité:
Z b Z b 1
2
Z b 1
2
2
j f (x)g(x)dxj f (x)dx g 2 (x)dx :
a a a

Preuve: Soit 2 R, étant donné que la fonction f + g est intégrable sur [a; b], alors (f + g)2
est intégrable sur [a; b] :
Z b Z b Z b Z b
2 2 2
0 (f + g) (x)dx = f (x)dx + 2 (f:g)(x)dx + g 2 (x)dx:
a a a a
Le discriminant du trimôme ci-dessus est donc négatif ou nul, c-à-d:
Z b 2 Z b Z b
0 2
= (f:g)(x)dx f (x)dx g 2 (x)dx 0
a a a

Proposition 9. (Inégalité de Minkowski)


Si f et g sont deux fonctions intégrables sur [a; b], on a l’inégalité:
Z b 1
2
Z b 1
2
Z b 1
2
2 2
(f (x) + g(x)) dx f (x)dx + g 2 (x)dx :
a a a
8 A. ABBASSI

5. Théorème de la moyenne
5.1. Formule de la moyenne pour une fonction intégrable.

Théorème 3. Soit f une fonction intégrable sur [a; b] et soient m = inf f (x) et
x2[a;b]
M = sup f (x). Alors, il existe 2 [m; M ] tel que:
x2[a;b]
Z b
f (x)dx = (b a) ;
a

est appelée valeur moyenne de f sur [a; b].

Preuve 3. La fonction f est intégrable, donc elle est nécessairement bornée, ce qui assure
l’existence de m et M .
On a pour tout x 2 [a; b]; m f (x) M ,
donc Z b
m(b a) f (x)dx M (b a)
a
i.e. Z b
1
m f (x)dx M:
(b a) a
Z
1 b Rb
Posons = f (x)dx, on a bien le résultat a
f (x)dx = (b a) , avec 2 [m; M ].
(b a) a

5.2. Formule de la moyenne pour une fonction continue.

Théorème 4. Soit f une fonction continue sur [a; b], alors, il existe c 2 [a; b] tel que:
Z b
I= f (x)dx = (b a)f (c):
a

Preuve 4. D’après le théorème précédent, 9 2 [m; M ] tel que I = (b a) avec 2 [m; M ].


Comme f est continue, le théorème des valeurs intermédiaires assure l’existence de c 2 [a; b] tq
= f (c).
D’où I = (b a)f (c).

5.3. Généralisation de la formule de la moyenne.

Théorème 5. Soient f et g deux fonctions intégrables sur [a; b] et soient m = inf f (x) et
x2[a;b]
M = sup f (x), si g garde un signe constant sur [a; b], alors 9 2 [m; M ] tel que:
x2[a;b]
Z b Z b
(f:g)(x)dx = g(x)dx:
a a

De plus, si f est continue sur [a; b], alors 9c 2 [a; b] tel que
Z b Z b
(f:g)(x)dx = f (c) g(x)dx:
a a
— — — – CHAPITRE I: INTÉGRALES GÉNÉRALISÉES OU IMPROPRES — — — — — — 9
Preuve 5. Supposons que g 0 sur [a; b].
On a 8x 2 [a; b] M g(x) f (x)g(x) mg(x);
donc Z Z Z
b b b
M g(x)dx f (x)g(x)dx m g(x)dx:
a a a
Si
Zb Zb
g(x)dx = 0 ) f (x)g(x)dx = 0;
a a
Z b
f (x)g(x)dx
a
Sinon, on pose = Z b
,
g(x)dx
a
on a Z Z
b b
2 [m; M ] et (f:g)(x)dx = g(x)dx:
a a

6. Primitive d’une fonction


6.1. Dé…nition.

Définition 8. Soit f : I ! R une fonction dé…nie sur un intervalle I quelconque. On dit


que F : I ! R est une primitive de f sur I si F est une fonction dérivable sur I véri…ant
F 0 (x) = f (x) pour tout x 2 I.

Exemple 5. Soit I = [0; +1[,


g: I!R
p ;
x! x
alors,
G: I!R
2 3
x ! x2
3
est une primitive de g sur I.
Pour tout c 2 R, G + c est également une primitive de g.

6.2. Primitives des fonctions usuelles. Soit c une constante réelle, le tableau ci-dessous
décrit les primitives de quelques fonctions les plus utilisées ainsi que leurs domaines de dé…ni-
tions.

R x R
e dx = ex + c sur R ch(x)dx = sh(x) + c sur R
R R 1
cos xdx = sin x + c sur R dx = arctan x + c sur R
R R 1+x12
sin xdx = cos +c sur R p dx = arcsin x + c sur ] 1; 1[
R n n+1 R 11 x2 p
x dx = xn+1 + c sur R où n 2 N p
2 dx = ln(x + 1 + x2 ) + c sur R
R 1 R 1+x p
dx = ln jxj + c sur R p 1 dx = ln(x + x2 1) + c sur ]1; +1[
R x x2 1
sh(x)dx = ch(x) + c sur R
10 A. ABBASSI

6.3. Applications: limite de suite, approximation d’intégrale. La somme de Dar-


boux d’une fonction f dont la limite, lorsque f est intégrable, coïncide avec la valeur de
l’intégrale, peut être utilisée pour le calcul de certaines limites de suites numériques. Les
deux exemples ci-dessous illustrent cette utilité:

Exemple 6. Calculons, si elle existe, la limite de suite réelle (un )n2N dé…nie par:
X
n
1 1 1 1
un = = + + ::: + :
k=1
n+k n+1 n+2 2n

Nous pouvons écrire un sous la forme:


1 1 1 1
un = 1 + 2 + ::: + n
n
1+ n 1+ n
1+ n

1X 1
n
=
n k=1 1 + nk
aX
n
b k
= f( )
n k=1
n
1
avec f (x) = 1+x , b = 1; a = 0 et n1 est le pas de la subdivision régulière n = (0; n1 ; n2 ; :::; 1)
de l’intervalle [0; 1].
Comme la fonction f est continue sur [0; 1] elle y est donc intégrable et
8 R1
< 0 f (x)dx = limn!+1 un
R R 1
: 01 f (x)dx = 01 dx = [ln(1 + x)]10 = ln 2;
1+x
On en déduit que (un )n est convergente et qu’elle converge vers ln 2.

Exemple 7. Soit (un )n2N une suite dé…nie par:


X
n
k
un = cos :
n k=1
n

Posons a = 0; b = ;
f : [0; ] ! R
x ! cos x
.
Comme f est continue sur [0; ] donc
Z
lim un = f (x)dx
n!+1 0
= 0:

De même, pour la suite (wn )n dé…nie par:

1X
n
k
wn = sin :
n k=1 n
— — — – CHAPITRE I: INTÉGRALES GÉNÉRALISÉES OU IMPROPRES — — — — — — 11
On a
Z
1
lim wn = sin xdx
n!+1 0
2
= :

Remarque 5. La somme de Darboux est aussi utlisée pour donner une valeur approchée aux
intégrales dont on ne peut pas calculer la valeur exacte:
Rb
S +n (f ) et S n (f ) sont des approximations de a f (x)dx appelées méthodes des rectangles.
S +n (f ) + S n (f ) Rb
est une approximation de a f (x)dx appelées méthodes des trapèzes.
2

7. Intégrale indé…nie
Théorème 6. Soit f une fonction Riemann intégrable sur [a; b], alors elle est aussi intégrable
sur [a; x], pour tout x 2 [a; b], ce qui permet de dé…nir l’application:

F : [a; b] ! R
Rx ;
x ! a f (t)dt
qui véri…e:
(i) F est continue sur [a; b] et même lipschitzienne.
(ii) Si f a une limite l au point c de [a; b], alors F est dérivable au point c et F 0 (c) = l.
(iii) Si f est continue sur [a; b], alors F est dérivable sur [a; b] et a pour dérivée f .
(iv) F est l’unique primitive de f sur [a; b] qui s’annule au point a:

Preuve 6. La fonction f est intégrable, donc nécessairement bornée, soit M = sup jf (t)j
t2[a;b]
(i) La relation de Chasles appliquée aux points a x y t donne
Z y
jF (y) F x)j = j f (t)dtj
x
Z y
jf (t)jdt
x
M jy xj:

Ceci montre que F est lipschitzienne de rapport M sur [a; b] et donc elle y est continue.
F (x) F (c)
(ii) Nous allons donc étudier la limite: lim où c 2 [a; b];
x!c x c
soit x 6= c dans [a; b], nous avons
8
Rx
< F (x) F (c) = 1
> f (t)dt;
x c x c c
> 1 Rx
: l= ldt:
x c c
Puisque lim f (t) = l , alors
t!c

8" > 0; 9 > 0; 8t tel que 0 jt cj jx cj ) jf (t) lj "


12 A. ABBASSI

nous avons
Z x
F (x) F (c) 1
j lj = (f (t) l)dt
x c x c c
Z x
1
jf (t) lj dt
x c c
"

ceci pour " quelconque, ce qui montre que F est dérivable en c et F 0 (c) = l.
(iii) Si f est continue sur [a; b] elle a pour limite f (c) en tout point c de [a; b], et donc d’après
ii), la primitive F est dérivable pour tout c 2 [a; b] et on a F 0 = f , donc F est une primitive
de f sur [a; b].
iv) On a F (a) = 0, donc c’est l’unique primitive de f qui s’annule en a.
En e¤et,
Soit F et G deux primitives de f qui s’annulent en a, on a

8x 2 [a; b]; F (x) = G(x) + c où c 2 R;

en particulier, pour x = a, on aura F (a) = G(a) + c = 0 ) c = 0


donc F = G.

8. Procédés généraux pour la recherche de primitives


8.1. Intégration par parties.

Théorème 7. Soient u et v deux fonctions de classe C 1 sur un intervalle [a; b], pour tout
x 2 [a; b], on a:
Z x Z x
0 x
u(t)v (t)dt = [u(t)v(t)]a u0 (t)v(t)dt:
a a

Preuve 7. on a (uv)0 = u0 v + uv 0

Remarque 6. L’intégration par parties est souvent utilisée pour trouver une éventuelle formule
de récurrence lorsque la fonction à intégrer dépend de l’entier n.
R
Par exemple, soit In = 02 sinn (x)dx où n 2 N et n 2

Z
2
In = sinn (x)dx
0
Z
2
= sin(x) sinn 1 (x)dx;
0

on pose
(
u0 (x) = sin(x); v(x) = sinn 1 (x);
u(x) = cos(x); v 0 (x) = (n 1) sinn 2 (x) cos(x);
— — — – CHAPITRE I: INTÉGRALES GÉNÉRALISÉES OU IMPROPRES — — — — — — 13

Z
2
n 1
In = [ cos x sin (x)]02
cos(x)(n 1) sinn 2 (x) cos(x)dx;
0
Z
2
= (n 1) (1 sin2 (x)) sinn 2 (x)dx;
0
= (n 1)In 2 (n 1)In :

Finalement,

8n 2; nIn = (n 1)In 2 :

8.2. Changement de variable.

Théorème 8. Soit f une fonction continue et dé…nie sur un intervalle borné I et ' : J ! I
une fonction bijective de classe C 1 de I sur l’intervalle J. Pour tout a; b 2 J, on a:
Z '(b) Z b
f (x)dx = f ('(t))'0 (t)dt:
'(a) a

Si F est une primitive de f; alors F ' est une primitive de (f '):'0 .

Preuve 8. les deux fonctions f et ' sont dérivable, donc leur composée est également dérivable.
La formule de dérivation de la composée de deux fonctions F ' est

(F ')0 (t) = F 0 ('(t)):'0 (t); t 2 [a; b];


= f ('(t)):'0 (t); t 2 [a; b];

donc, F ' est une primitive de t ! f ('(t)):'0 (t). Pour les intégrales, on a:
Z b
f ('(t))'0 (t)dt = [(F ')(t)]ba
a
= F ('(b)) F ('(a))
Z '(b)
= f (x)dx:
'(a)

R
Exemple 8. Calculons la primitive F = tan(t)dt
on a
Z
sin(t)
F = dt;
cos(t)

notons par '(t) = cos(t), on a donc '0 (t) = sin(t);


donc
Z
'0 (t)
F = dt
'(t)
14 A. ABBASSI
1
si f désigne f (x) = ; x 6= 0 )
x
Z
F = '0 (t)f ('(t))dt
Z
= f (x)dx, où x = '(t) ie dx = '0 (t)dt:

= ln jxj + c, c 2 R
= ln j'(t)j + c
= ln j cos(t)j + c, c 2 R

8.3. Primitives d’une fonction rationnelle. Pour intégrer les fonctions rationnelles du
x+
type: f (x) = 2 , avec ; ; a; b; c 2 R, a 6= 0 et ( ; ) 6= (0; 0), on distingue trois cas
ax + bx + c
possibles du dénominateur.
1er cas: Le dénominateur ax2 + bx + c possède deux racines réelles distinctes x1 < x2 ,
la fonction f s’écrit:
x+
f (x) = :
a(x x1 )(x x2 )
Donc
A B
f (x) = + , avec A; B dans R:
x x1 x x2
On a donc Z
f (x)dx = A ln jx x1 j + B ln jx x2 j + c, c 2 R;

sur chacun des intervalles ] 1; x1 [; ]x1 ; x2 [; ]x2 ; +1[

2x + 3
Exemple 9. Soit f (x) = 2 , le dénominateur x2 +3x+2 admet deux racines x1 = 2
x + 3x + 2
et x2 = 1,
la fonction f s’écrit sous la forme:
1 1
f (x) = + ;
x+1 x+2
par conséquent,
Z
f (x)dx = ln jx + 1j + ln jx + 2j + c; c 2 R; sur ] 1; 2[; ] 2; 1[; ] 1; +1[.

2eme cas: Le dénominateur admet une racine double x0 2 R


Alors:
x+
f (x) =
a(x x0 )2
il existe deux nombres A; B de R tels que:
A B
f (x) = + ;
(x x0 )2 x x0
— — — – CHAPITRE I: INTÉGRALES GÉNÉRALISÉES OU IMPROPRES — — — — — — 15
…nalement,
Z
A
f (x)dx = + B ln jx x0 j + c; c 2 R sur chacun des intervalles ] 1; x0 [; ]x0 + 1[.
x x0

x+4
Exemple 10. Le dénominateur de la fraction rationnelle f (x) = a une racine
x2 2x + 1
double x0 = 1.
La fonction se décompose sous la forme:
5 1
f (x) = 2
+ ;
(x x0 ) x x0
donc,
Z
5
f (x)dx = + ln jx 1j + c; c 2 R sur chacun des intervalles ] 1; 1[; ]1 + 1[.
x 1

3eme cas: Le dénominateur ax2 + bx + c ne possède aucune racine réelle.


u0
Dans ce cas on réécrit la fonction f en faisant apparaître un terme du type et un autre du
u
1
type 2 , dont on sait intégrer.
v +1
x+1
Exemple 11. Soit f (x) = 2 ,
2x + x + 1
1
(4x + 1) 14 + 1
f (x) = 4
2x2 + x + 1
1 4x + 1 3 1
= 2
+ 2
;
4 2x + x + 1 4 2x + x + 1
d’un côté, le premier terme a pour intégrale la quantité suivante:
Z Z 0
4x + 1 u (x)
dx = dx où u(x) = 2x2 + x + 1
2x2 + x + 1 u(x)
= ln(2x2 + x + 1) + c; c 2 R:
D’un autre côté, le deuxième s’écrit comme suit:
1 1
=
2
2x + x + 1 2(x + 14 )2 + 78
8 1
= 2 :
7 p4
7
(x + 14 ) +1

On pose v(x) = p4 (x + 14 ), donc dv =


et p4 dx
7 7
Z p Z
1 8 7 1
2
dx = 2
dv
2x + x + 1 7 4 v +1
2 4 1
= p arctan p (x + ) + c, c 2 R:
7 7 4
Finalement,
Z
1 3 4 1
f (x)dx = ln(2x2 + x + 1) + p arctan p (x + ) + c, c 2 R.
4 2 7 7 4
16 A. ABBASSI

8.4. Primitives des fonctions trigonométriques.


8.4.1. Primitives d’un produit en cosinus et sinus. Pour calculer l’une des intégrales in-
dé…nies suivantes:
Z
sin(ax + b) cos(cx + d)dx;
Z
sin(ax + b) sin(cx + d)dx
Z
ou cos(ax + b) cos(cx + d)dx;

on utilise les formules trigonométriques classiques:

2 sin cos = sin( + ) + sin( );


2 cos cos = cos( + ) + cos( );
2 sin sin = cos( + ) cos( );
R
Exemple 12. Donner la primitive de cos(4x) sin(3x)dx.
Z Z
1
cos(4x) sin(3x)dx = (sin(7x) sin(x))dx
2
1 1
= cos(7x) + cos x + c; c 2 R
14 2
On peut aussi utiliser la méthode de la linéarisation faisant intervenir la fonction exponentielle:
e eix ix
sin(x) = ;
2i
eix + e ix
cos(x) =
2
1
Exemple 13. On montre que cos4 (x) = (cos 4x + 4 cos 2x + 3), donc
8
Z Z
1
cos4 (x)dx = (cos 4x + 4 cos 2x + 3)dx
8
1 1 3
= sin 4x + sin 2x + x + c); c 2 R
32 4 8
8.4.2. Primitives d’un polynôme en cosinus et sinus. Chercher les primitives d’un polynôme
R
en cosinus et sinus revient à calculer des intégrales sous la forme I = sinp (x) cosq (x)dx,
p; q 2 N. Nous distinguons trois cas:
1er cas: un des deux exposants est impaire.
Supposons par exemple que p est impaire: p = 2p0 + 1; p0 2 N
0
sinp (x) cosq (x)dx = sin2p (x) cosq (x)(sin(x)dx)
0
= sin2p (x) cosq (x)d(cos x)
0
= (1 cos2 x)p cosq x;

d’où Z
0
I= (1 t2 )p tq dt où t = cos x.
— — — – CHAPITRE I: INTÉGRALES GÉNÉRALISÉES OU IMPROPRES — — — — — — 17
Exemple 14.
Z Z
3 2
I1 = sin x cos xdx = sin x sin2 x cos2 xdx
Z
= (1 cos2 x) cos2 x sin xdx

après avoir e¤ectué le changement,


(
y = cos x
;
dy = sin xdx
on obtient:
Z
I1 = (1 y 2 )y 2 dy
Z
= (y 2 y 5 )dy
1 3 1 5
= y + y + c; c 2 R
3 5
1 1
= cos3 x + cos5 x + c; c 2 R
3 5
2eme cas: les deux exposants sont impaires.
Supposons par exemple que
p = 2p0 + 1; p0 2 N;
q = 2q 0 + 1; q 0 2 N
donc,
0 0
sinp (x) cosq (x)dx = sin2p (x) cos2q (x)(sin(x) cos(x)dx)
0 0 sin(2x)
= sin2p (x) cos2q (x) dx
2
p0 q0
(1 cos 2x) (1 + cos 2x) 1
= ( d(cos 2x))
2 2 4
d’où Z
1 t 0 1 + t q0
I= ( )p ( ) dt, où t = cos 2x
2 2
eme
3 cas: les deux exposants sont paires.
p = 2p0 ; p0 2 N;
q = 2q 0 ; q 0 2 N
par suite,
Z
I = sinp (x) cosq (x)dx
Z
0 0
= cos2 x)p cos2q xdx;
(1
R
après développement, on obtient des intégrales de la forme cosn xdx.

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