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LES ROQYAS A LA LUMIERE DE LA CROYANCE SUNNITE

DC ALI IBN NOUFAY AL-ILYANI


CH 3 LES ROQYAS SONT-ELLES FIGEES ? CONCERNENT-
ELLES TOUS LES MAUX ?
Il n’y a pas de doute que le Messager d’Allah (s) a enseigné à sa communauté beaucoup de
roqyas utiles du Coran et des invocations, et a cité des nombres et des manières dans la roqya,
le raqi et le temps et nous les mentionnerons.

Ce qui est ainsi il n’est pas permis d’y ajouter ou diminuer ou modifier son temps. Par
exemple, si le Messager d’Allah (s) a dit sept fois, il n’est pas permis de le rendre 13 ou
autre ; s’il a dit au début de la nuit en se couchant, on ne peut pas le changer en après-midi ou
l’heure d’asr, car augmenter ou diminuer ici revient à corriger le Messager (s) alors qu’il ne
parle pas selon ses passions, je sacrifierais pour lui mon père et ma mère. Par contre si une
personne expérimente une roqya non enseignée par le Messager (s) et voit son utilité et
qu’elle ne comporte aucun interdit légal de la liste qui sera citée, il semble – et Allah est plus
savant – que c’est autorisé pour les raisons suivantes :

D’abord se soigner avec les roqyas est de même nature que se soigner avec les remèdes
naturels composés d’herbes et autres qui se basent sur l’expérience humaine et les gens
profitent les uns des autres. C’est comme l’agriculture et l’industrie qui ne se basent pas sur
les connaissances reçues du Messager d’Allah (s). Muslim rapporte et authentifie selon
Moussa Ibn Talha selon son père qui dit : je suis passé avec le Messager d’Allah (s) par des
gens en haut des palmiers. Il dit : « Que font ces gens ? » Ils dirent : ils le fertilisent, ils
mettent le mâle avec la femelle pour le fertiliser. Le Messager d’Allah (s) dit : « Je ne crois
pas que ça serve à quelque chose ». Ils furent informés de cela et le laissèrent. Le Messager
d’Allah (s) en fut informé et dit : « S’ils y trouvent une utilité qu’ils le fassent. J’ai juste eu
une impression alors vous n’avez pas à suivre mes impressions, mais si je vous dis une chose
venant d’Allah prenez, car je ne dis pas une chose fausse venant d’Allah Puissant et
Majestueux » (Muslim et Nawawi 15/118).

Anas, qu’Allah soit satisfait de lui, rapporte que le prophète (s) passa par des gens qui
fertilisaient les dattiers. Il dit : « Même s’ils ne le font pas, les dattes seraient bonnes ». Les
dattes sortirent dures et sèches. Il repassa et dit : « Mais qu’ont vos dattes ? » Ils dirent : tu as
dit que c’est inutile de les fertiliser. Il dit : « Vous connaissez mieux vos affaires de ce bas
monde » (même source). Ceci montre que la vie matérielle : médecine du corps, agriculture,
industrie, etc., s’apprend de l’expérience et des efforts de recherche humains et ce que le
Messager (s) a informé dans ce domaine sans revenir dessus est vrai car le Messager a parlé
des roqyas et de plusieurs médicaments et toutes ses paroles sont vraies. Ses paroles sur la
médecine ne sont pas comme ses paroles sur la fertilisation car il (s) n’est pas resté sur sa
position concernant la fertilisation. Ibn Hajar dit dans le commentaire de ce hadith rapporté
par Boukhari : « La graine noire est un remède contre toute maladie sauf la mort » : Khatabi
dit : « de toute maladie » est une parole générale qui vise un objet particulier, car il n’est pas
dans la nature d’aucune plante de rassembler les éléments dont le corps a besoin pour
neutraliser toutes les maladies ; la signification est que c’est un remède de toute maladie
provoquée par l’humidité. Abou Bakr Ibn Arabi dit : « Chez les médecins, le miel est plus
susceptible que la graine noire d’être un remède de toute maladie ». Pourtant il y a certaines
maladies qui vont empirer par le miel, donc si la parole d’Allah sur le miel : « Il contient un
remède pour les gens » signifie le plus souvent et le plus général donc la graine noire doit être
interprétée de la même façon. D’autres dirent : il (s) prescrivait le médicament en fonction de
l’état du malade. Il se peut que sa parole sur la graine noire était pour une maladie de nature
froide, donc « de toute maladie » veut dire : de ce genre dont il est sujet. Cette façon de
limiter le sens par le contexte est très répandue, et Allah sait mieux. Cheikh Abou Mohamed
Ibn Abi Jamra dit : les gens ont parlé de ce hadith et ils ont restreint sa portée générale avec
les paroles des médecins et des gens d’expérience ; mais cela est évidemment faux car la
médecine est basée sur l’expérience et les conjectures et il vaut mieux croire celui qui ne parle
pas par ses envies (Fath 10/122). Je dis : que ces paroles d’Ibn Abi Jamra sont judicieuses ;
dans ce sens va le hadith rapporté et authentifié par Boukhari selon Abou Saïd, qu’Allah soit
satisfait de lui : un homme vint au prophète (s) et dit : mon frère a mal au ventre. Il dit :
« Donne-lui du miel ». Il revint une deuxième fois et il dit : « Donne-lui du miel ». Il revint
une troisième fois et il dit : « Donne-lui du miel ». Il revint encore et dit : je l’ai fait. Il dit :
« Allah a dit vrai et le ventre de ton frère a menti, donne-lui du miel ! » Il lui donna et il guérit
(Boukhari et Fath 10/119). De là on voit que ce que le Messager (s) a enseigné comme
médicaments et roqya passe avant l’expérience, et ce qu’il n’a pas dit (s) il est possible de
l’apprendre de l’expérience humaine tant qu’il n’y a pas un empêchement légal, comme nous
verrons dans les critères de la roqya correcte.

Deuxièmement, plusieurs hadiths montrent que le Messager (s) a approuvé des sahabas qui
ont pratiqué des roqyas qu’ils ont appris d’un autre que lui quand il a vu qu’elles ne
contiennent pas de chirk :

1) Muslim rapporte et authentifie selon Ibn Jourayh : Abou Zoubayr m’a raconté avoir
entendu Jabir Ibn Abdallah dire : le Messager d’Allah (s) autorisa à la famille de Hazm la
roqya du serpent. Abou Zoubayr dit : j’ai entendu Jabir Ibn Abdallah dire : un scorpion piqua
l’un d’entre nous alors que nous étions assis avec le Messager d’Allah. Un homme dit : Ô
Messager d’Allah, je fais la roqya. Il dit : « Quiconque parmi vous peut aider son frère, qu’il
le fasse » (Muslim et Nawawi 14/186).

2) Awf Ibn Malik Alachjaï dit : nous faisions la roqya avant l’Islam et nous dîmes : Ô
Messager d’Allah, qu’en dis-tu ? Il dit : « Exposez-mois vos roqyas, il n’y a pas de mal dans
les roqyas tant qu’il n’y a pas de chirk » (même source 14/187). Ceci prouve que la roqya
apprise par expérience est permise tant qu’elle ne contient pas de chirk car le Messager
d’Allah (s) n’a pas dit à Awf Ibn Malik : « Qui t’as appris la roqya ? » ni : « Tu n’as pas le
droit de prendre une roqya autrement que du Livre et de la Sounna », et il n’est pas autorisé de
ne pas expliquer sur le champ donc s’il n’était possible d’apprendre la roqya que par la
révélation il (s) ne leur aurait pas demandé de réciter leurs roqyas qu’ils utilisaient avant
l’islam. Il y a aussi ce qu’Abou Dawoud rapporte selon Chifa Bint Abdallah : le Prophète (s)
entra alors que j’étais chez Hafsa et dit : « Enseigne-lui cette roqya de la plaie comme tu lui as
appris la lecture » (Soutien de l’Adorateur 10/373).
Hakim rapporte ce hadith avec une histoire : un ansari fut atteint d’une plaie et on lui dit que
Chifa Bint Abdallah fait la roqya de la plaie. Il alla la voir et lui demanda de lui faire la roqya.
Elle dit : par Allah, je n’ai plus fait la roqya depuis que je suis musulmane. L’ansari alla chez
le Messager d’Allah (s) et lui rapporta ce que Chifa avait dit. Le Messager d’Allah (s) appela
alors Chifa et lui dit : « Récite-moi », elle la récita et il dit : « Fais-lui la roqya et enseigna-la à
Hafsa comme tu lui as enseigné à lire » (Mustadrak, répond aux critères de Boukhari et
Muslim, Dhahabi dit de même et Albani l’authentifie au n°178).
Cette histoire montre que Chifa connaissait la roqya de la plaie depuis avant l’Islam et le
Messager d’Allah (s) l’a autorisée à la pratiquer car elle ne contient pas de chirk. Certains
savants expliquent que le but du Messager (s) en disant : « Enseigne-la à Hafsa » est la
plaisanterie car la roqya de la plaie que les femmes connaissaient est : « La nouvelle mariée
fait la fête *** Elle se teint les cheveux et met du noir dans ses yeux *** Elle fait tout ce qu’il
y a à faire *** Mais elle ne désobéit pas au mari » et le Messager (s) a voulu lui faire un
reproche car elle avait divulgué un secret qu’il lui avait confié (Awn Almaboud, commentaire
d’Abou Dawoud 10/373 et Nihaya d’Ibn Kathir 5/120). Cette interprétation est rejetée par
cette histoire car Chifa avait arrêté de faire la roqya jusqu’à ce que le Messager (s) lui autorise
quand un homme des ansar lui demanda la roqya. Il ressort qu’elle a une vraie roqya contre la
plaie et pas juste des paroles de plaisanterie. Ainsi Muslim rapporte selon Anas Ibn Malik au
sujet de la roqya : « Il a autorisé la roqya pour le poison, la plaie et le mauvais œil » (Nawawi
et Muslim 14/184). Il y a donc des vraies roqya connues par expérience pour la plaie et pas
juste des plaisanteries, connues avant l’Islam et acceptées par le Messager (s) car exemptes de
chirk. Muslim rapporte aussi selon Anas, qu’Allah soit satisfait de lui : « Le Messager d’Allah
(s) a autorisé la roqya pour le mauvais œil, le poison et la plaie ». Donc les gens connaissaient
la roqya contre la plaie sans que le Prophète (s) ne l’ait enseigné, et comme elle ne contenait
pas de chirk, il (s) a autorisé de l’enseigner. Mais la parole du sahabi, qu’Allah soit satisfait de
lui : le Messager d’Allah (s) a autorisé indique que le meilleur est de laisser les roqyas sauf
par le Livre d’Allah et la sunna authentique. Pour cela Ibn Attine, qu’Allah lui donne Sa
miséricorde, dit : « Les savants de la oumma déconseillent (karaha) les roqyas autres que par
le Livre d’Allah ». Rabi dit : j’ai interrogé Chafii sur la roqya et il dit : « Il n’y a pas de mal à
faire la roqya par le Livre d’Allah et par le dhikr connu ». Il dit : « Les gens du Livre peuvent-
ils faire roqya aux musulmans ? Il dit : « Oui, s’ils font la roqya avec ce qui est connu du
Livre d’Allah et de l’invocation d’Allah ». Dans Muwatta : Abou Bakr dit à la juive qui faisait
la roqya à Aïcha : « Fais-lui la roqya avec le Livre d’Allah ».
Al-Maziri dit : il y a divergence quant à demander la roqya aux gens du Livre : certains
l’autorisèrent et Malik le déconseilla (makrouh) par crainte que ce soit des paroles déformées
du Livre. Ceux qui l’autorisèrent répondirent qu’il est peu probable que ce soit déformé car
c’est comme la médecine (Nawawi 10/67) : celui qui ne maîtrise pas ne sait pas dire la roqya
et celui qui maîtrise n’accepte pas de la déformer pour préserver son efficacité. Je dis : si nous
acceptons la roqya des païens idolâtres d’avant l’Islam tant qu’elle ne contient pas de chirk et
que l’expérience a prouvé son efficacité, les gens du Livre sont prioritaires ! Il se peut que
leurs roqyas proviennent du Livre non déformé car il n’y a pas d’intérêt à déformer la roqya
comme l’intérêt de déformer la croyance et les lois ; au contraire s’ils déforment la roqya son
utilité disparait donc leur intérêt matériel est plutôt de la conserver et Allah le Très Haut sait
mieux.

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