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Pinloche, Auguste (1856-....). Fourier et le socialisme. 1933.

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FQURIER
ET LE

SOCIALISME

LIBRAIRIE FELIX ALCAN


LIBRAIRIE PEUX ALCAN

RÉFORMATEURS SOCIAUX
Collectionde textesdirigéepar C. BOUCLÉ
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FOURIER
pM B. POBMM
Unvotumein-S'teu. M »
DMatttntme ttrie:
AtbMtdtMaa.ptfMARCSAKQNtER.jt~ptrE.VAMOCtVBJDe.
C<MdOK<t, par P.BUtSSOM. tMMmxHt,par PAUL~QMCom.
EatMHn.ptfS.CHAM.ÉTY. par 0. L~acK.
MoatMqatMt,
Ft<M<Oa,par MAX'ME LBROY. PMttdhM.pM C. BOUCLE.
Chaque volume !n-8* écu M
AptMMM:
LOtth NMC -~NMHOMM PMqMMf J..J. nattWMN etc.

HISTOIRE DE LA PHILOSOPHIE
e~rÊMM
BRÊNZR
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ProfetMarà la PMtdtéd« LeMfttdt t'U*iw<MM
VehmMia-f (t4XM)
TomeF. L'AaMqaMet )tMoy<*At<,< wot. !n-<L M
Tome t" partie. L* PMtMOpMtModWM.XV! et XVnf
SMet. 1 voL ïa~L «
Tom~/y. ? partie. La PMoMpM<ModtHM.XIX- et XX'
Siècla. !nd<Mg<n<nd.t~LM. «
C<t<MvM<eoBV<ad )MMi«<Mda~M)~~W~ ea<MMOt!t
Tome Fasc. t. Introduction. Période heMenlowe H <
Fase. 2. Période heMenittiqMeettrotnaiM. K
Fowc.S.Le Moyen Age et la RMdMMCt. K
Tome H.–FMc. t. Le Dix-SeptièmeSieeie. 2$
F<t:c.2. Le Dix-HuitièmeSiedte. 2f
Fasc. 3. Le Dix-NeuvièmeSiècte. Périodedes <y~.
tèmet(t800-t890). K
Fasc. 4. Le X!X* Siècle après tMO. Le XX'
Siède. Index geatnH. M <
Ftn d'une tdftt de docu~enH
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FOURIER

ET LE SOCIALISME

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J~9
OUVRAGESDU MÊMEAUTEUR

Ltte"* P"Mq"<' de *MgMatHMadt. (Coun élémentaire<t Cours sdpé-


hew). 3 vpt. PMit. H. Didier, i889-t893.
La Ct~oMt~VoddhBphrdMwtMNctMSeMe, Leipzig KiinthMdt.
taot.
Vee~MMM <t]fatOto<tq)M ~!tmMd.<nMtah <t hM~ t~MMttt, 1 vat.
Puis, H. Didier, i8M.
Lt!M~Mntd~)TMWM~ba<a~MhaMWMMtX~I~)~kh~t voLaerp~
Parh, A. Coâaet Cie, 1890.
Ottwa~ eewfCtMt~ ~f Mcad~oM~ /fOtfetM.

HwtMt Pthctp~t CMtWMt péd~<t<tqM<(TnMtuction),XIHet 400


· p.,
PMh.P.AtcM. <aM.
OtMMeMed~ PUhMU)fQp~~)M,494 p., 2*.M.,Leipzig Pr. Bnmdttet-
ter, 1914.
r~t~on) t<M< <t< rnwmtttinn nf MmMirttf-nF*–rr*-Tr XIVet
306 p., Londonmd New-YoA,Scdbnet't So<M,1901.
f~~MbnietrEtMwMMp~Mh~e<M~hn~M~2nS~~<d,P~H~ 1
P. AkM, t902. (Edition ifMçMe du pftcMent) <
0<tt~<~e~tfetM~~r Me~AnM ~< ~et~MM <t~f<hw« ~M<tt~~

CtMMMtwt~MtMdt <<SyattM OtttMMMt, PMit, H. Diditf, 1902.


LttM~~PédtjM~ <M MMptMvtwtMtM,PMit, H. Didier, 2'éd.,
88p.,t927.
VeewbwMM ptf n<Mt<do h LMgM hMC~~ avec 6~00 tigMMtet M
VouMt~ Méotottq~ 572 p~ PMh.LMomwe, 1923.
BtyMOtoththMWMtdMch d~ D«<<<ctMStMd*$ nebtt Biider-W~-
terbuch (ZM~~MC~e~m~o~M< tMM<~<f<&t ~<M~M <tB<<M~,
WM ~&~ d< S.700~p~M). "M p., 2' édit. Paris, LttoMMt,t93ÛL
nh)tn< 0 romani îrm[~ et t)M<t<httMMtHd, 832 p., tenMt
t3~xt0, Paris, LtMUMe,1931.
A. MNLOCHE
PtttwM HttMtMM t tt F«<dMdtt LtMMt LNh
MftttM C<t«<Mt<) HetMMM t i ÉM~Petyttt~t~M
L<m)<étt<i<iAct<t~~M
FMXome
et t Act~~MW4tt StM~CM~~MiMet BM)tMWtt
Mt-hM eant~M~t~ d< t'Afod~ie Reytte d<t T<om

FOURIER

ET LE

SOCIALISME

PARIS
LIBRAIRIE FÉLIX ALCAN
10$, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, io8

i~53

T«t< droite de tftd action, de repfodaction et d tdtpttttM rttefvtt


pour tous p*yt.
Les pMMe*euentielles de cette étude ont paru
dus La MMMeMe
/!<CMe,N" du )5 Jmviet an 15 Août 1933.
INTRODUCTION

A PROPOS DU CENTENAIREDU PHALAKSTÈREDE FOURIER


(tB3~tM2)

C~~M et vous <f~MffrM.

Pour tous ceux, et ils sont tégion que !a crise actuelle


surprend et déconcerte, parce qu'ils ignorent sans doute la
loi de périodicité des secousses économiqueset paraissent notam-
ment avoir oublié la parabole des vaches grasses et des vaches
maigres, nous ne regrettons pas d'avoir été amené, à l'occa-
sion du centenaire du Phalanstère de Fourier, à ouvrir un
moment le grand livre du passé, trésor inépuisable de la sagesse
et des erreurs humaines, avec la conviction d'y trouver, comme
on les trouve toujours quand on veut s'en donner la peine, l'expli-
cation du présent et les enseignementsqui en découlentnécessai-
rement pour l'avenir.
Or, il y a cent ans, les nations civilisées souffraient précisé-
ment d'une crise ou pluôt d'une longue série de crises particu-
Mèrementgraves (1), tantôt locales, tantôt européennes, parfois
même mondiales,mais toujours dues à des causes générâtes ana-
logues. Les crises de ce genre n'étant dans leur ensemble que des
symptômes chroniques de l'état latent de déséquilibre profond
qu'on désigne sous le nom de social, il n'est pas téméraire
d'affirmer, les mêmescauses produisant toujours les mêmeseffets,
que celle dont l'humanité souffre aujourd'hui si cruellementétait
inévitable tôt ou tard (2). Tout au plus a-t-elle été précipitée et
naturellement aggravée par le cataclysme de la guerre mondiale.

en 1803,t8os,t8o7,t8a6,!8M,sansremonterauxcrises
(<) Notamment
à peuprèspermanentes
de la Révolution.
(2) On sait que Ëngets le collaborateur de Kart Marx, -excellait à prédire
ces crises, et avait nct< nment prédit avec exactitude celle de t847. H avait.
e< etfet, tignale, en i84S, qu'après la vive prospérité du com'nerce et de l'in-
dustrie qui suivit t'annee 1842, une crise surviendrait < au ~< tard ew t847,
$ tNTROOUCnON

Mais si les archives de la parole, qui n'existaient pas encore,


n'ont pu enregistrer les sons de voix émouvantsde ceux qui atofs
se lamentaient tout autant que nous-mêmes aujourd'hui, les ar-
chives de l'Histoire écrite nous ont heureusement conservé, sous
une forme non moins sùre et peut-être plus complète et moins
fragile, les,,aveux et les conseils d'hommes singulièrementclair-
voyants et sensibles aux maux de l'humanité, et par-dessus tout
d'une sincéritéet d'un désintéressementabsolus noble phalange
en tête de laquelle précisémentse détache la grande et belle figure
de Charles Fourier.
H sufU de parcourir ces pages saisissantes, que l'on croirait
écrites d'hier, pour se convaincre que jamais le mal social, avec
l'ensemble de ses conséquences si menaçantes pour l'avenir de
notre civilisation,n'avait été décrit et étudié dans ses causes pro-
fondes avec autant de soin et d'exactitude, ni avec un désir p~ut
ardent et plus désintéressé d'en trouver le remède (1). Aussi
avons-nous pensé que la réédition des plus essentiels de ces
matériaux, qu'on connait trop peu, ne pouvait être en aucune
circonstance plus opportune et plus instructive qu'en ce moments
Mais avant de laisser parler eux-mêmes ces apôtres passion-
nés du bien social, dont les idées, à un siècle de distance, ont
besoin d'être présentées d'après un plan qui tienne compte de ce
recul et du chemin qu'elles ont parcouru depuis, il nous a paru
nécessairede retracer d'abord à grands traits, en nous plaçant au
point de vue spécial de cette étude, l'historique du puissant mou-
vement qu'ils ont créé et d'en exposer les résultats acquis jusqu'à
ce jour
Aussi nous proposons-nous, après avoir donné dans cette
Introduction un bref compte rendu de la commémoration du cen-

qui ~«wwt «* MC~<M< « ttt /tMW«f <e«<M ~fM~<M et il t«f


tMit < <<t< << ot~~ft du etKfMft obligerait <t f~eetMw o« ~ttt A d<t ttMww~
~KtttXM, <MM d JM tMMMfMMCt~M Ea tS$a eeeeré il t'eaot~aeiMiM~t
de la )<Mte<Mde M prophétie. (MMx et Eage)t, M<t)M/M~ MOM)MMtM«, p.
n ee faut pas oublier que Engett fut pM Bafet, disciple de reeeeexMwte <<*<-
voit SiMwadi (~73-! 84~), qui aeM a M«< tme MttyM eneofe M~Ond~M
classique des <fMM par <wf~fe<f<t~ett, ~« <t«r<n)M ~M «<MM~,~w eMoM~t, «<.
(V. Charles Andler, CotMOMMtatf~<f<tt)MtM/M<~ee<tt<mt<n<<~ JMt~t << Htt~t,
P. 9<) Voir ea6o la très remarquable de<cnptiee da pheacmene p<riedtq<tt de*
etMew économiques, MMi que des remèdes propetea pour ces eh<e~ et de<
eoMeqMeace* parfois hearemet qu'elles peuvent avoir, d<m* te Pf~fM <<'N~
<Mow ~Rh~Mt de Paul Leroy-BetuMot. chapitre VII.
(*) K<d MMx ie reeeeaMt hM m<tne <M< Mt JMaH*/M<<«)MWtt«n«~
(V. ci-après, p. t66.)
tNTMDUCTtON 7

tenaire du Phalanstère, qui nous a fourni l'occasion de ce travail,


d'aborder dans une première partie le sujet essentiel de notre
étude, c'est-à-dire < Fourier et la Réforme MCM~e ce qui
noM amènera tout naturellement à parler d'abord de l'homme
lui-même, puis de son œuvre, dont nous exposerons l'ensemble
doctrinal et les résultats. Puis, dans une seconde partie, inti-
tulée < Les 7'cjc~~ nous reproduirons, sous forme d'extraits.
les parties essentielles des textes originaux, tant de lui que de
sea collaborateurs et disciples, dans lesquels les idées fourié-
ristes ont trouvé leur expression la plus complète et la plus sug-
gestive. Enfin, nous ferons suivre ces < Textes fouriéristes »
d'une reproduction analogue des « Fc~M morxMfcs les plus
caractéristiques, dont la connaissance est indispensable pour
faciliter la comparaison, qui s'impose, entre les doctrines du
grand réformateur social français et celles de ses successeurs
allemands, arrivées de nos jours au degré de développementque
l'on sait. Enfin, une troisième et dernière partie sera consacrée
Al'examen des conditions reconnues nécessaires par Fourier lui-
même pour le succès de son plan de réforme sociale, et à la
conclusion.

LA COMMÉMORATIONDU CENTENAIRE

Les H, 12 et 13 Septembre derniers, a été commémorésans


bruit et sans publicité, le Centenaire de la première tentative pha-
!anstérienne de Fourier dans la commune de Condé-sur-Vesgre
(canton de Houdan), où devait s'élever, loin de toute aggloméra-
tion humaine et dans l'entourage immédiat de la nature, la cité
idéale destinée dans sa pensée à réaliser ses rêves de réforme de
la société.
Ce fut, en effet, en t832, sur le territoire de cette petite loca-
Mté située sur la lisière occidentale de ta forêt d'Yveline, que
Pourier, aidé de quelques amis, obtint de deux propriétaires, Bau-
det-Dulary et Devay, la concession de cinq cents hectares de
terrain pour y bâtir uneville nouvelle,appelée par lui < le Phalans-
(1), où le travail et l'utilisation de ses produits seraient

<<<-
(ou J~MOtf
(t) P~<MM~f< PMe~). c'Mt-à-dtre
<<* siègede la P~-
i«t~wMetMf~ motformépar Fouriert t'!M~fdesmotaMte<MM< ~~<
~fW~ ttc.
8 INTRODUCTION

basés sur le principe de l'association. Défrichementd'anciennes


landes de bruyères, boisement, culture, constructions telle fut
t'œuvre hardie des fondateurs, qui n'eurent malheureusementpas
la joie de pouvoir réaHserle plan primitif, faute de capitaux suffi-
sants (malgré les efforts généreux de ceux qui y laissèrent une
partie de leur fortune), faute de voies de communicationrapides
et surtout de personnel approprié. Leurs successeurs,qui durent
modifierà plusieurs reprises la forme du groupement et l'empla-
cement du siège social (aujourd'hui Ménage Sociétaire de la Co-
lonie), connurent des fortunes diverses. Mais ils ne perdirent
jamais le souvenir du généreux effort d'un des plus nobles et des
ptus<. vigoureuxgénies po<uremployer l'expression de Miche-
let, qui se soient consacrés à la tâche ardue de faire le bonheur
de l'humanité.
C'est à ce sentiment de pieuse reconnaissancequ'est due t'im-
tiative de cette commémoration, qui se dérouta dans la phts
grande simplicité et la plus stricte intimité, et dont le program-
me comprenait, outre une très instructive conférence faite par
un des membres du Ménage Sociétaire, M. Pascal Guébin, une
intéressante exposition rétrospective de documents divers (ou-
vrages, portraits, autographes, etc.), relatifs à l'histoire du
mouvementfouriériste. (1).

LE RÊVE ET LA RÉAUTÉ

A quoi bon, dira-t-on, rappeler le souvenir d'un des plus


lamentables échecs que l'histoire des réformes sociales ait eu à
et qui, loin
d'ajouter à la gloire de Fourier, n'a eu
enregistrer,
que trop souvent pour effet de rendre sceptiques ceux que la

puissance de ses arguments aurait peut-être pu convaincre ?


< Ce nom de Phalanstère nous dit en effet Charles Gide, < est
à peu connaisse le public de <'n*'tvre de
près la seule chose que
Fourier, et il a suffi, pour imprimer sur le système tout entier, je

(t) Nous avons le devoir de rappeler ici la part active prise par M. Pascal
Guébin, conjointement avec feu son père, Louis Guébin (1854-1933), administra-
teur de la Colonie Sociétaire (de t0t5 1030), à l'organisation de cette commé-
moration, qui fut le point de départ de cette étude, et de lui exprimer tous aow
remerciements pour les précieux renseignements hiatoriq~e* qu'il nous a si obli-
geamment fournis à cette occasion, et qui constituent !a partie essentielle du
résuma ci-dessus.
INTRODUCTION 9

ne sais que! cachet d'étrangeté et de mystère. J'ai entendu plus


d'une fois des bourgeois prononcer ce mot avec une sorte d'épou-
vanté Et l'on verra plus loin combien d'autres sottises furent
répandues à ce sujet par les adversaires peu loyaux du grand
réformateur.
L'œuvre immense de Fourier, heureusement, n'est pas toute
dans le Phalanstère mais ce rêve ne doit pas nous faire perdre
de vue la réalité, c'est-à-dire méconnaître la valeur de ses idées
qu'il eut le seul tort, dans son ardeur impatiente et enthousiaste,
de vouloir mettre en pratique avant d'en avoir les moyens et qui,
elles, ont survécu. Pourquoi ? Parce qu'elles intéressaient le sort
de l'humanité tout entière, et t'intéressent encore plus que jamais,
précisément aux heures troublées que nous traversons.
C'est justement cet~e réatité qu'il importait de tirer de
l'oubli, et te moment ne pouvait être mieux choisi, nous te répé-
tons, pour rappeler ce qu'a été la partie réelle, non utopique, de
t'œuvre de Fourier, et extraire de l'immense chaos où s'enche-
vêtrèrent tant de belles et fécondesidées avec tant de conceptions
bizarres et parfois enfantines (1), celles qui ont survécu et qui,
ayant résisté grâce à leur vigueur à l'épreuve du temps, et ayant
déjà donné des résultats pratiques d'une importance indiscutable,
méritent d'être méditées et de continuer à être appliquées dans
la mesure des possibilités.
Décembre t9j2.

(t) < Je vous dcc!are écrivait Le Moyne à Lechevalier en t8j3, c que


toute* les fois que je parle de Fourier, je diatingue Fourier le génie ja~t et
l'ourier le ~rfttc <<raT'a~<tMt. (H. nour~in, ~<M<r)~f,p. 369.)
PREMIÈRE PARTtE

50CÏAM
MUMML ET LA BLtFOBLMB
PREMtÈRE PARTtE

FOURIER ET LA RÉFORMESOCIALE

L'HOMME
Savte, aoncamctèM

VIE ET MORT DE FOURIER. CAUSES PRÉCOCES DE SA VOCATION.


SON HORREURDU MENSONGEET DE LA DÉLOYAUTÉ. SON
SERMENT D'ANNIBAL A L'AGE DE SEPT ANS. SES NOMBREUSES
OBSERVATIONSPERSONNELLESSUR LE COMMERCEET SES ABUS.
SES CURIEUSESPRÉDICTIONS.

Avant d'exposer t'œuvre, il convient de présenter l'ouvrier,


dont Charles Gide nous a laisséle saisissant instantané que voici
< Petit employé de magasin, < sergent de boutique comme
il se désignait tui-même, la plus grande partie de sa vie s'est
écoutée dans les emplois les plus obscurs, et le reste a été
absorbé par la publication de quatre ou cinq énormes volumes
et la préparation de beaucoup d'autres qui n'ont jamais vu le
jour. Homme exact, ponctuel, méticuleux, poussant l'amour de
la symétriejusqu'à la manie, d'une probité à toute épreuve, d'une
charité inépuisable, d'un entêtement que rien ne pouvait vaincre
ou, si vous préférez, d'une foi que rien ne pouvait ébranter, ne
connaissant d'autre passion que cette des fleurs, dont il avait
rempli sa chambre et à travers lesquelles les visiteurs ne parve-
naient pas à se frayer un passage, ayant toutes les manies des
vieux garçons, ou pour mieux dire des vieilles demoiselles, en
particulier cette des chats, dont il avait rempli sa cour et auxquels
il distribuait des repas à heure fixe n'ayant pas ri une seule fois
et trouvé mort un beau matin dans la chambre d'un hôtel garni,
telle fut la vie et la mort de Charles Fourier. (1)
Charles Fourier, quatrième et dernier enfant d'un négociant
(t) Ch.Gide,Pf~Mtw Fcwf~f,r. S
J4 LHMME

Me, marchand de draps à Besançon, ruiné pendant la Révolution,


était né dans cette ville le 7 avril 1772, et mourut à Paria le
10 octobre 1837, pauvre et méconnu de la foule. Son ami et
disciple Pellarin nous a laissé de ses derniers momentsun tableau
aussi simple qu'émouvant < Jamais le malade, lôrs même qu'il
était à toute extrémité, ne voulut consentir à ce que personne
demeurât auprès de lui pour le veiller. !1 s'y opposait de toute la
force de sa volonté, qu'il conserva, ainsi que son intelligence,
en pleine intégrité jusqu'à son dernier moment. c J'aime à etre
seul disait-il, < je ne veux pas donner de la peine pour moi
On l'avait quitté à minuit, le 9 octobre, présentant une tégére
apparence de mieux. Lorsqu'on pénétra dans sa chambre le len-
demain, à cinq heures du matin, il avait cessé d'exister. H fut
trouvé vêtu de sa redingote, agenouillé et appuyé au bord de son
lit. 11s'était éteint en faisant un effort pour y rentrer. M. Conai*
dérant le replaça dans son lit ensuite Mme Vigoureux qui, la
première parmi les femmes, avait compris la parole phalansté-
rienne, vint fermer les yeux du mort. (1)
< Chose inouïe c' :st à l'Age de cinq ans (2) qu'il faut
remonter pour trouver dans sa tète l'origine de la grande Révé-
lation qu'il a faite au monde, et dont les développementsont été~
le labeur de toute sa vie Nous l'avons souvent entendu raconter
comment, frappé pour la première fois de la fausseté des rela-
tions commerciales, dans une occasion où il fut puni par aes
parents pour avoir dit <a véritit il avait fait à cinq ans, contre
le commerce,le strment <f~nnM. Qui a bien connu le génie et
le caractère de Fourier le trouve déjà tout éntier, caractère et
génie, à cet âge.
< Ce serment, qu'il a si bien tenu, est l'origine de sa décou-
verte car c'est en cherchant les moyens d'introduire la vérité et
la loyauté dans le mécanismecommercial,qu'il arriva plus tard à
l'Associationagricole, à la grande loi S~o~~3), et à l'immortel
théorème des attractions prpporrtonMMMaux <fMMn~M.(4).

(<) Ch.PtUtha,~ttM tt~f<~Mt"<,tSM,p. 53.


(~) Sept ans, d'après Fourier tui-meme (voir p. ts).
(3) Voir p. to:.
(4) Paroles prononcées sur la tombe de Fourier par V. CoeMd~Mt. Voir
plus loin sur les Attractions (~MtûMtMM~ et t<td««n~Mt) dont Fourier ten~tM
la toi, pp. t$ et 9t <qq. Oa Mtt que la statue etevet à FeMHef « 'S<t <M h
boulevard des Bati<aoMe<. place Clichy, à Paris. porte cette UMcWpti«t Lot
~Mfac«e~ tpttt ~fo~ethcttu~MM ttMrD<r<<M' f~ ~nt <~<tn~ ~< MtfXtMtt~.
VIE ET CARACFÉREDE FOURIER

Ecoutors maintenaht Fourier tui-même sur les causes pré-


coces de sa vocation
< On m'enseignait au catéchisme et à t'écote qu'il ne fallait
au magasin pour m'y
jamais mentir; puis on me conduisait
de bonne heure au noble métier du mensonge ou art de
façonner
la vente. Choqué des tricheries et des impostures que je voyais,
tirer à part les marchands et les leur révéler. L'un d'eux,
j'aMais
dans sa plainte, eut la maladresse de me déceler, ce qui me valut
une ample fessée. Mes parents, voyant que j'avais du goût pour
ne
la vérité, s'écrièrent d'un ton de réprobation < Cet enfant
vaudra jamais rien pour le commerce En effet, je conçus pour
fit
lui une aversion secrète et je fis, à sept ans, le serment que
Annibal contre Rome je jurai une haine éternette au commerce.
On m'y enrôla bon gré mal gré. Entraîné à Lyon par t'appât d'un
et arrivé à la porte du banquier Scherer où l'on me
voyage,
serais
conduisait, je désertai en pleine rue, déclarant que je ne
marchand. C'était refuser l'hymen aux marches de l'autel.
jamais
On m'y ramena dans Rouen, où je désertai une seconde fois. A
la fin, je ftéchis sous le joug, et j'ai perdu mes belles années dans
les ateliers du mensonge,entendant partout retentir à mes oreilles
ce sinistre augure < Bien honnête garçon 1Ilne vaut rien pour
le commerce En effet, j'ai été dupé, dévalisé dans tout ce que
Mais si je ne vaux rien pour pratiquer le com-
j'ai entrepris.
merce, je vaudrai pour le démasquer.
Voici comment il nous raconte ailleurs une observation qui
l'amena à constater un des plus graves abus du commerce
< Une pomme déctare-t-it en t820, < devint pour moi,
comme pour Newton, une boussole de calcul. Cette pomme,digne
de célébrité, fut payée 14 sous par un voyageur qui dînait avec
moi chez le restaurateur Février à Paris. Je sortais alors d'un
où des et encore supérieures en qualité et
pays pommes égales
en grosseur se vendaient un demi-liard, c'est-à-dire plus de cent
de
pour quatorze sous. je fus si surpris de cette différence prix
entre pays de même température, que je commença!à soupçonner
un désordre fondamental dans le mécanismeindustrie!. (1).
Quelques années plus tard, en t799, nous le trouvons à Mar-
seille, chargé par la maison de commercede Lyon, dans laquelle
il était employé, d'une mission qui eut une influencedécisive sur

~t o~tM~f~,t. 1.p. <?


(t) Fourier,i8M.P«MMa('<Mt
L'HOMME

mer
sa découverte. H s'agissait de faire jeter secrètement à la
une cargaison de riz que ses patrons avaient, par une odieuse
!aissé plutôt que de le verser sur la place
spéculation, pourrir
pendant une famine qui avait précédé, parce qu'ayant presque
seuls tous les grains qui approvisionnaient le pays, ils s'étaient
crus plus intéressés à maintenir la cherté. (1).
A ce fait devaient s'en ajouter beaucoup d'autres, dont M. Hu-
bert Bourgin a réuni les plus essentiels dans sa remarquablethèse
sur Fourier, et qui trouvent tout naturellement leur place ic.
< En 1808, il constate les bénéfices énormes de négociants
en coton à la suite de manœuvres d'agiotage.
< En 1810, la récotte de vin est abondante en Languedoc,
mais les propriétaires sont presque frustrés au profit des acca-
pareurs.
< En 1812, les farines sont, à leur tour, accaparées à Paris.
< En 1825, après dix ans de paix, le commerce est subite-
ment dans un état de stagnation générale le marché est encom-
bré, il y a méventeet e refoulement pléthorique
< En 1828, il se produit une panique dans les pays de
trop belle récolte fait craindre la baisse
vignobles, parce qu'une
des prix.
< Ainsi conclut M. Bourgin, < les observations s'ajou-
tent l'une à l'autre, et finissent par donner du sujet une
du commerce
image riche et précise déjà les maux et les vices
l'incertitude
apparaissent en relief l'accaparement, l'agiotage,
des prix, le défaut d'équilibre entre la producion et la consom-
mation, et, comme conséquences,la faillite et la ruine. (2).
Citons encore quelques traits qui achèveront de faire con-
naître le caractère de Fourier. D'abord sur sa bonté, un trait
entre mille, qui la montrese manifestant dès les premières années
de sa vie
< Pendant une partie de sa vie d'écolier, Fourier avait pris
l'habitude de partir pour la classe emportant dans une de ses
le pain de son déjeuner, et il avait soin d'en prendre un
poches
solide morceau,quoiqu'il ne fût pas grand mangeur. Il y joignait,
suivant l'occurrence, un morceau de viande froide enveloppée
dans du papier, ou toute autre chose aussi portative. Qu'il ftt le

(t) Ch. Pellarin, Notice ~opf~ 'N39. P.


(~) H. Bouftin, Powft~, p. 54.
VIE ET CARACTÈRE
DE FOURIER 17

repas du matin différemmentdu reste de la famille, cela, chez


lui, n'avait paru étrange à personne, d'autant que ce n'était pas
la seule singularité qui pouvait être remarquée dans sa manière
d'agir habituelle. Mais un beau jour, lorsqu'il eut quitté Besançon
pour la première fois, un pauvre infirme,qui stationnait à quelque
distance de la maison de ses parents, vint chez eux demander le
petit monsieur, et s'il était malade ou absent. Lorsque l'on com-
prit qu'il voulait parler du jeune Charles, on lui dit qu'il était
parti. Là-dessus, le pauvre de se lamenter. Hétas son déjeuner
de chaque jour s'en était atté avec te < petit monsieur». La
famille se chargea de continuer le bienfait qui lui était ainsi
revête. (1)
Sur sa naïveté d'inventeur
< Commetous les inventeurs, il passa sa vie à attendre quel-
que capitalistequi eût assez d'argent et surtout assez de confiance
pour être disposé à tenter un essai de son système, II avait même
fait annoncer naïvement qu'il serait chez lui tous les jours, à
partir de midi, pour recevoir ceux qui voudraient lui apporter
les fonds nécessaires. Et pendant vingt ans ce trait vous
peindra l'homme il ne manqua jamais de rentrer chez lui au
coup de midi, pour être prêt à recevoir ce visiteur, qu'il attendait
toujours et qui jamais n'est venu (2)
Sur son opinion optimiste sans réserves à l'égard de la nature
humaine
< .Ainsi donc, excellence de la nature humaine tette que
Dieu l'a faite, acceptation de tous les penchants qu'elle porte
avec elle voità le point de départ de Fourier, sa donnée pre-
mière et fondamentale. De là il est conduit à s'interdire la
contrainte, comme moyen légitime d'action sur les hommes. Ce
n'est que par l'attrait, le charme, qu'il s'oblige à leur faire accom-
plir leur tâche dans la Société, mais dans une Société autrement
organisée que la nôtre où le devoir est presque toujours pénible,
où la pratique du bien et sacrifice sont presque une seule et
mêmechose.
< Les paroles de Jeau-Paul que j'ai citées en tête de la bio-
graphie de Fouler < De toutes les fibres qui vibrent dans t'âme
< humaine, il n'en coupait aucune, mais il les accordait toutes

(t) Ch. Pellaria, Ibid.,p. sa.


(a) Ch. Gide, f.M Pro~ttM de fowtMf, p. 6.
la LHOMME
admirablement à ce socialiste et ne
ces paroles s'appliquent
entièrement qu'à lui seul. Il serait impos-
sauraient s'appliquer
sible de mieux caractériser que par elles la philosophie phalans-
térienne. (1).
de curieuses, citées encore par
Enfin, une poignée prédictions
Charles Gide <
a affirmé, ce qui a beaucoup fait rire
< C'est Fourier qui
1808 bientôt, on pourrai dans une
alors c'était en que
le matin de Marseille,déjeuner à Lyon et
même tournée, partir
dîner le soir à Paris.
le
< C'est Fourier qui a annoncé comme prochain percement
< des canaux »,
de l'isthme de Suez et de celui de Panama, par
navires pourraient passer et qui
disait-il, < où les plus grands
a annoncé la formation d'immenses armées industnelles, compo- de
exécuter à la surface du globe
sées de milliers d'hommes, pour
travaux d'utilité publique, notamment la transformation
grands mort il y a
du grand désert d'Afrique. Le capitaine Roudaire,
au début de ses travaux pour creuser une mer
quelques années, de l'écote pha-
en
intérieure Tunisie, était justement un disciple
lanstérienne.
< C'est Fourier qui a annoncé que l'on pourrait un jour, par
et des reboisements intelligents, arrêter
une culture appropriée
et des vents, et
les inondations, régulariser le régime des pluies
modifier par là le climat d'un pays quelconque.
< C'est lui qui a annoncé, fort justement, à mon avis, que
encore barbare de nos jours, devait se transformer
l'agriculture, là était la
en horticulture, arboriculture et pisciculture, et que
solution de la plupart des difficultés de l'heure présente. (2).
eut le courage, au début du siècle der-
Tel fut l'homme qui
bien avant Saint-Simon et Proudhon, de
nier, par conséquent
au problème social, que la grande Révolution,créant
s'attaquer et
un ordre social nouveau, avait laissé tout entier à résoudre,
dont les bouleversementspolitiques et territoriaux de la première
du siècle ne firent que compliquer et reculer la solution.
partie
(.) Ch.Pellarin,/M.. p. <o.Voirct-tpr~.p. <<.
etc., p. 7. A ceux .ue cel div<~p'ephM<. pourraient
(2) Gide. Pf.~<
faire Munr.ou. r.pp.U.ro.. que Rottf Bacon, M navires
< que der machine. pourraient être eoMtndt~ pour faire archer
pitot.rapidement que
~.pid.m~t ~t. une galère P<t
qu. toute d. <t~emt.t .K.t
c..ttf.!re d<. vo.hMt.
l'on r~~ construire ciel q~d~
b~. voitures
pilote pour les cliriter que pourrait dwement
19

Il.

L'OEUVRE
A. L'ÉCOLE FOLWÉR7.S7E OU ~OC/~T~/RE

Malheureusement,il fallut longtemps aux idées de Fourier


faire leur chemin, tant à cause du caractère utopique d'un
pour
certain nombre d'entre elles que de la terminologieabstruse qui
de
en rendait la compréhension particulièrement laborieuse et
toutes les formes qui, de l'aveu mêmede Pellarin, < repoussaient
son
la plupart des lecteurs par leur étrangeté Aussi, bien que
mouvements, cQt paru
premier ouvrage, la Théorie des quatre
dès 1808, ce ne fut qu'à partir de 1832 qu'elles commencèrent
à se répandre dans le public, grâce au concours actif de quelques
ardents de la première heure, parmi lesquels ses géné-
disciples
et
reux amis Muiron et Mme Clarisse Vigoureux, et d'écrivains
conférenciers de talent comme Victor Considérant (1), Jules
Lechevatier et Transon, ces deux derniers saint-simoniens
notables convertis au fouriérisme, qui s'en firent les zélés
en fondant un journal hebdomadaire intitulé Le
propagateurs
pouvantcircuit avecune incroyable viteue,MMle .ecour,d'aucunanimal
enfinqu'ilne seraitpu impoMible de fairede. machines qui.parle moyen
dansl'air 1 la manièrede. oiaeau~. Et Emer-
d'ânepaired'ailes,voleraient
son,qui rappelaitau milieudu XIX* sièclecescurieusesprophète déplorait
quele secretdecesinventions fût re.téenMveti avecBacon.(EmerMn.
G. Bell.London,P. ~.) Qu'eût-U dit .'H avaitv<cude nos jour,?1
Comment expliquer ces mystérieuses visionsde raven.rehe. des homme,à
quiren ne peutrefuserle ~eniet
en t8M. A peine sorti du
(t) Né à Satin, (Jura) en t8os. mort à Paris et avait publié dt,
eettete. il ,'etait déjà montre un ardent disciple de Fourier
~sdan. le M~f~ artide de.tin~ a fai~con.aitTetathé.n.
de
.eeietaire. Admia à t'Ecote Polytechnique en t8a6, puis <teve ne l'Ecole d'ap-
du <enie. et cessa de 'e
plication de Meta, il devint rapidement capitaine ses cama-
montrer un inlassable propa,ateur des idée, phatan,teriennea parmi et
rader Ayant demiMionne pour se livrer tout entier t cette propagande
Mconder te, efforts de Fourier, avec lequd U était etrottement tte d'amitié, illa
devint après la mort du Maitre le chef reconnu de l'école. Convaincu que il
forme du gouvernement importait peu au succès des reforme, fouriéristes, mat,
M tint avec ,on ecote conatammenta t'ecart de la politique iu~u'en .848.
M fit élire représentant
après la révolution M rallia tincèrement à ta République.
du peuple dam le département du Loiret et .iegea a ta nouvelle Montagne.
il fut dcpotte et *e
Ayant pris part au mouvement insurrectionnel de juin,
phalanstérienne, non Mn,
réfugia en Belgique où il poursuivit M propagande sociétaire au Texas, où il
succès. C'e,t ta qu'il conçut M tentative de Colonie
et où il resta malgré
émigra avec Mme Considérant et M mère Mme Vigoureux,
aoa échec, vivant de la vie des coton,, jusqu'en t869.
20 L ŒUVRE

Phalanstère ou La Réforme Industrielle (1) car, à leurs yeux,


la question sociale était essentiellementla question de la réforme
industrielle. A ces premiers pionniers vinrent se joindre succes-
sivementcomme collaborateurs des disciples ardents de Fourier,
tels que Pellarin, son futur biographe, ancien saint-simonien
également, Baudet-Dulary, Paget, Pecqueur, Le Moyne, Jules
Duval, Cantagrel, dont l'action propagandiste, tant par la parole
que par !es écrits, fut des plus remarquables et des plus fécondes.
« Aucune autre école socialiste dit avec raison Warschauer,.
« n'a fait preuve d'une activité littéraire aussi intense. » (2).
A~atheureusement La Phalange, qui avait succédé au Phalanstère
en 1836, et dont les écrivains étaient divisés entre eux au point
de vue politique et religieux, devait être entraînée dans des polé-
miques, soit contre les conservateurs et les cléricaux, soit contre
les socialistes des autres écoles. D'autre part, malgré une propa-
gande très active organisée dès la fin de 1832 par les premiers
disciples de Fourier dans plusieurs villes de France et de l'étran-
ger, et même plus tard, sous l'impulsion de Considérant, de nun
moins actives campagnes nettement démocratiques et socialistes,
l'Ecole continua d'être considérée comme < bourgeoise et
n'atteignit pas le peuple. (3).
Quoi qu'il en soit, l'Ecole fouriériste ou sociétaire était fondée
et devait se maintenir en pleine activité jusqu'au seuil de la
période de réaction marquée par l'établissement du second
Empire.

En attendant les textes où Fourier et ses disciples parleront


eux-mêmes,et qui trouverontleur meilleure place à la fin de cette
étude, nous allons essayer de résumer ici à grands traits l'oeuvre
fouriériste.

(t) La Pha'aM~rf devint en tS~ô La ~ha/attpt, et en t843 La Mt0cra<tf


~<!<-</t<7M<qui ceMa de paraître en 1849. Ces publications ne devaient ettt
reprises que beaucoup plus tard. à deux reprises et tout des noms nouveaux
Aa Science ~octa~ (t 867-! 870) et La ~<*MOM«<Mt (t888-!898), qui a'eareBt
d'ailleurs qu'une action de ptm en ptut restreinte. En t86i, Juiew Dav~ tïtit
fonde f.'BcMCMMtt /fawcaM, qui casa de pM<dtre en t8<6.
(2) Morria Friedberg. Z/tM//wM~ Charles FcMf~' "r le <nMtWttM<t<
social contemporain Ctt France, Marcel Giard, Paris, !9~6, p. 8.
(3) H. Bourgin, Fourier, p. 400.
LA !X)CTR?NESOCIÉTAIRE 21

li. LA DOCTR/~VE~OC/ET~/RE

1. Partie Critique ef Descriptive

LE MAL SOCIAL. LE FLÉAU DE LA CIVILISATION

!t importe avant tout de noter dans quel sens tout à fait par-
ticulier Fourier emploie le mot de Civilisation, qui pour lui est
de la période sociale dans laquelle l'humanité est
caractéristique
entrée au sortir de la ~Of~c c'est donct'état dans lequel nous
sommes actuellement, nous et la plus grande partie de
Europe.(1).
C'est au sortir de cette période que l'humanité entrerait dans
la phase supérieure qu'il appelle Garantisme, caractérisée par
de l'ordre nouveau, c'est-à-dire de l'Ordre socié-
l'organisation
taire, qui doit faciliter la régularisation et l'établissement des
solidarités et garanties commerciales,ainsi que la régularisation
de la production et de la consommation.
Or, cette Civilisation,fléau inévitableet passager (2), est à ses
le
yeux la principale cause du mal social qui se manifeste par
plus grave désordre économique(paupérisme, crises chroniques,
nous donnent la
chômage et grèves), et dont lui et ses disciples
description avec une exactitude et une ampleur sans précédents.
Cette description venait à son heure, au moment où non seu-
lement la France, mais presque toute l'Europe et les Etats-Unis
eux-mêmes souffraient d'une nouvelle crise, succédant à beau-
coup d'autres, dont ils s'efforcèrent de montrer le caractère social

(t) Onsait queGuizotdenniMaitla civilisation< !a meilleureorganisation


de*relationssocialest. Cequipourlui était !e prêtentn'étaitpourFourier
quel'avenir.
<'<pénible f~'MH~
(~) Condorcet déclare de son coté < <~«' ce ~"MMpc on~'M.f
.t<'<tct<'grossière à /a< de c't~'JO~oM des peuples éclairés << libres, tt'Mt point
MtMJ~fa~O" <<<l'espèce humaine, MOMtttt~ crise nécessaire <~MJ.M Mt<!fC<t~
~ta<<«~~ vers son ~f/~<'MM<MM< a~o/M (Tableau historique des Progrèt
f~W< ~<tM<tt« II' <<~M<.) Et l'on sait que, pour lui, <: la perfectibilité de
<'totn~~ M< indéfinie (lbid., X* époque). Turgct avait déjà exprimé ton<.
< La genre tuttMMtt
temps auparavant une opinion analogue en ces termes
considéré dt~ttM son origine, paroil aux y~M-fdM ~t~O~ «M tout ttMMMM~,
fM<UM
qui, htt-tMMK, e COtH'M~chaque tfxftMjM ion enfance et JM progrès. Z.a
dM p«t~ ~«oMtttt, par des <fHa«fM de e~Mtt <t d'agitation, tHare~~ <CM/<M<
~tCt~M 0 PM ~~t< t~f~ MXf ~~C<t<Mt ~M pf<Mt~ t. (~ DMCMM~«f
Pfepr~ «MCM~ fM~nt <mtHaM, cité par PeUarin, ~MfM et M. i.t«fA
CL Maurice I~MM, ~M CetM~tOtM txMKM~M'w tocM~M d. C~at~M
P~tf~ P. 74 )
22 LA DOCTRINESOCIÉTAIRE

et universel, qui mettait en jeu l'existence même de la société


Crises interminables,la société diviséeen deux classes ennemies,
menaces continuelles de révolutions, guerre dans l'Etat, guerre
dans la famille, guerre partout tout prouve, concluent-ils, que
< la gangrène s'est mise aux nations
Puis vient la )o' ne liste de ce que Fourier appelle les c d~-
gfdcM des industrieux s autrement dit les misères des travail-
leurs, qui sont privés par la Civilisationdes droits naturels de
l'homme, et surtout du droit au travail et de la liberté, non pas
politique, mais sociale, qui en outre ne sont pas protégés contre
les tristes conséquencesde la maladie et de la vieillesse, et enfin
sont le plus souvent frustrés du produit de leur travail au profit
d'un maître qui en prend tout le bénéfice.
< La société appuyait de son côté Transon, < ne souffre
pas seulement du désordre économiqueet social,elle souffreaussi
du désordre morat (!).

LES CAUSESDU MAL SOCIAL

CAUSES GÉNÉRALES. CAUSES PARTICULIÈRES. LE COMMERCE


ET SES ABUS

< H ne suffit pas de crier contre le vice, le crime, le mal il


faut aller aux causes sociales des vices, des crimes, du mat.
t: y a à ce mal des causes générâtes, et des causes particu-
lières.
CAUSES GÉNÉRALES.Les causes générâtes sont fimmobi-
~M~nc, ou arrêt dans le progrès du mouvementsocial, qui produit
la stagnation, fatale à l'organisme social comme à tout organis-
me, où elle engendre la corruption la surproduction, résultat
d'un développement exagéré de l'industrie par rapport aux
besoins sociaux la centralisation ~Mr~M~, qui transforme les
capitales en gouffres où se développe le ftéau de t'o~K~c, et
fait dédaigner l'agriculture les progrès de la /~eo~ et des
systèmes d'extorsion et leurs conséquences banqueroute indi-
recte, anticipation sur l'avenir et art de le dévorer enfin tes
progrès de l'esprit mercantile vices et crimes du commerce,

(<) H. BetM~it.
PMtft~,p. t3t.
LE MALSOC'A). B

contre lequel les gouvernements sont impuissants fré-


agiotage
nésie du jeu, xcando~s industriels et f inanciers.
En outre, la forme sociale actuelle favorise le développement
social
de f orcesnégatives qui appauvrissent et affament le corps
t* en engendrant d'innombrables forces improductivesou même
franchement destructives, telles que les armées, qui engloutis-
sent des milliards, tout l'appareil judiciaire, les douanes, le fisc,
les discoureurs de toute sorte, philosophes,sophistes, les contro-
versistes politiques,les oisifs, et bien d'autres 2" en engendrant
l'im-
des corporations parasites telles que toutes les bandes de
mense armée mercantile 3" en rétrécissant la source des riches-
ses sociales par le défaut absolu d'organisation appropriée des
industries productives de toute sorte, y compri: f'ndusfnc agri-
et
cole, d'où le morcellement à l'infini, facteur de c&mp:ication
d'incohérence,et l'abaissement de la production par rapport aux
forces employées 4" en établissant, sous le nom de libre con-
de
currence, des divergences dintéréts qui entretiennent un état
permanent à l'intérieur de la nation. C'est la guerre indus-
guerre
trielle et la guerre commerciale,qui sont le plus souvent l'ori-
de la militaire, et qu'il faudrait en conséquence com-
gine guerre
mencer par supprimer. (1).
CAUSES PARTICULIÈRES.Une des plus importantes causes
des forces pro-
particulières réside dans le mauvais aménagement
ductives, d'où rétrécissement de la puissance de production agri-
cole et industrielle, par suite de l'incohérence, du désordre, du
défaut d'association, du morcellement et du gaspillage des
moyens d'action. Ces inconvénients sont aggravés par les dé-
fauts de l'éducation sociale, qui empêchentd'employer chacun là
où il convient.
Parmi les autres causesgraves de décadence, il faut encore
citer le déboisement, qui contient le germe Je la décadence
matérielle par la détérioration des forêts et des ctimatures qu'il

()) Fourier reproche, en effet, aux Miat-Mmoaient d'avoir voulu tupphmef


h tUtftt militaire, Mat avoir *OBt<à Mppnmtf d'abord la guerre iaduttnetle
<t la
et t* <u<n< commefeitte.
Ow~t,pp. ett ~t e*e~«ttMM< JM ~«ur w~
58-59.). n(P~< ~atttt
Sil8lDtltt outu, pp. 58-59.). Il est intéressant
iBt<f<MMtde Ion accordMr
noter ton
de noter sur ce
cepoint,
point.
«MMMaur bien d'autre*, avec Condorcet, qui prophétisait < Pft ~M,
~< MtttMtfftt~ M ~Mt~f<~< tMt/<tur :<t<M t~f<-<M«~Perdre ~f~~r
~«Mtf ~M0t)~<<f «HW nMMf tM<te~ ~~M ~t <M
tttfteMf (TtM~ttt <M Pf~~t ~~W' ~t~o«t, X* épeaae.) Voir MMi
)'. 4t. nnte 4.
24 LA DOCTRtNESOCIÉTAIRE

entraîne après lui et les emprunts fiscaux, qui contiennent le


germe de la décadence politique en contribuant puissamment à
la formation de la féodalité industrielle. Les emprunts fiscaux,
qui obèrent les nations, sont une conséquenceforcée des guerres
antérieures, et une cause inévitablede nouvellesguerres par l'ap-
plication des ressources qu'iis créent à l'augmentation incessante
des armements, où rivalisent les nations arrivées à l'apogée de ta
civilisation.
Ces circonstances, jointes à la propriété du gouvernement
rfprcscn/o~/ d'être très dispendieux et à d'autres causes encore,
produisent le régime ruineux des emprunts et des grandes dettes
nationales, qui tend à réduire à zéro la propriété ordinaire en en
faisant passer les véritables titres entre les mains des grands
capitalistes prêteurs, et à livrer à leur envahissementle sol tout
entier.

LE COMMERCE ET SESABUS. Fourier a tenu son serment


d'Annibal contre le commerce en en dénonçant impitoyablement
les abus, auxquels il attribue une part prépondérante dans le
déséquilibre économique et dans les maux dont souffre l'ordre
social. Lui et ses collaborateurs s'étendent longuement, en effet,
sur la description des vices et des crimes du co/n/ncrce et des
maux qui en sont la conséquence, sur les méfaits de la liberté
du commerce, enfin sur le fléau des intermédiaires, trop nom-
breux, véritable armée de p~Mf/M commerciauxqui, s'interpo-
sant au delà du nombre nécessaire entre le producteur et le
consommateur, rançonnent sans pitié l'un et l'autre. Toutefois,
ils déclarent hautement qu'ils n'en veulent pas au commerçant
tui-même, qui ne fait que subir les inconvénientsd'une organi-
sation sociale défectueuse et a très souvent droit à l'estime des
honnêtes gens. Mais cela ne les empêchepas de reconnaître dans
l'esprit mercantile, qui a envahi toutes les classes de la société,
une des plus graves causes du mal social, et d'y voir le prélude
de la féodalité industrielleet mercantile, < millefois plus odieuse
que l'ancienne féodalité nobiliaire et dernier stade de la phase
socialed'où nous aspirons à sortir.
Enfin, les conséquencessociales particulièrementnéfastes de
rindustrialisme poussé à outrance, et par conséquent du MOd'K-
nisme, n'ont pas davantage échappé à des observateurs aussi
LASCIENCE
SOCIALE 25

clairvoyants,qui ont associé ces deux éléments au mercantilisme


dans le même dossier d'accusation des maux dont souffre la
société.
<QU) NOUSSAUVERA?~

< !t est impossible affirment-ils, < de méconnaître l'avenir


fatal réservé aux Civilisationseuropéennes si quelque changement
heureux ne vient pas s'opérer dans leur constitution intime.
< Mais qui fera face à cette décomposition ? QUI Nous
SAUVERA ?
Certes, ce n'est ni la Métaphysique,c si vaine, si creuse avec
ses ballons pleins de vent. ni la Politique < avec ses sabres,
ses canons, ses révolutions, ses émeutes, et ses victoires
sanglantes remportées sur ses émeutes, ses budgets, ses
emprunts et ses dettes à milliards, ses disputes sans fin. » ni
la Afora~ < avec ses prédications surannées et ridicules comme
celles du pédant sermonnant l'enfant qui se noie. et qui, après
trois mille ans de prétentions à établir le règne de la vertu, n'est
arrivée qu'à faire ridiculiser et persécuter la vertu même
ni t'~cono/me po/~uc < ce dernier enfant de la philosophie,
enfant bâtard, caduc à peine éclos, et menteur comme sa mère,
l'Économie politique, cette science de la richesse des nations.
qui meurent de faim 1
< Ce ne sera rien de tout cela ce ne sera rien de ce qui
rêve, de ce qui ment, de ce qui bouleverse, de ce qui agonise ou
de ce qui est enterré. Ce ne sera rien du passé
Ce sera un moyen nouveau, une science neutre.
C'est cette science nouvelleque Fourier apporte à l'humanité.

Il. Partie Conitructive

LA SCIENCE SOCIALE. LE PROBLÈMESOC!AL


PosmoN DUPROBLÈME. La recherchede ces moyens cons-
titue tout le problème social. Elle suppose nécessairement une
analyse préalable du mal et de ses causes, d'abord le diagnostic
et l'étiologie, avant d'instituer le traitement. Nous avons vu plus
haut avec quel soin les apôtres de la nouvellescience ont pro-
cédé à cette analyse, d'où il ressort clairement que toutes ces
c<MMSpeuventse résumer en une seule, parfaitement caractérisée
M LASOEKCBMCMm

par Pellarin la non-concordancede la f ormesociale avec les


dispositions naturelles de l'homme.
L'homme et la f ormeMCM~, tels sont, en effet, les deux
fermes ~M s'agit de faire concorder.
Voilà donc le problème posé. Voyons maintenant comment
Fourier en entrevoit la solution.
Pour lui, comme pour Rousseau,et même pour Descartes (t).
l'hommeest naturellement bon. Ayant constaté surabondamment
par ailleurs que la forme sociale était indubitablementntOMpe~,
il en conclut qu'il serait vain de chercher à agir sur l'homme pour
changer sa nature, comme on l'a toujours fait jusqu'ici. C'est
donc sur la forme sociale qu'il faut agir comme le seul des deux
ttrmes qui soit fondamentalementet essentiellementmodifiable,
pour l'approprier aux dispositions naturelles de l'homme.
Toute la psychologieet la sociologiede Fourier découlentde.
ce principe.
< Dt <e«<« <~</'&«< t<tt tt~ttt ~tM <t~
AttOMMM,il M'<MC~tt~tt «t«t<M, OMM <«
«'eo~etttowtM.
t J)~PAC~(a).
LESPASSIONS. Pour lui, en effet, l'élément essentiel, t'été-
ment actif de la nature humaine, c'est la passion. Mais il s'agit t
de bien savoir quel sens il donne à ce mot. < Dans le *ncnde
nous dit à ce sujet Considérant, < on donne souvent au mot
fOM~onune acception mauvaise, parce que ta Civilisationa pour
effet d'ouvrir à la passion bien plus d'essors subversifs que d'es-
sors harmoniques. Ici le mot de passion sera pris dans une
acception tout à fait scientifiqueet indépendante de la moralité
des actes qu'elle provoque. La /MM~n, c'est la conséquence
immédiatede t'état de t'être qui t'éprouve. L'acte ne vient qu'après
la passion il est volontaire, la passion ne l'est pas. La passion
est une force, c'est la force motrice de la nature humaine c'est
ttte qui stimule et met en mouvementnos forces intellectuelleset
musculaires c'est d'elle que proviennent,bons bu mauvais, tout
nos acts en première source. La théorie de la destinée sociate
consiste surtout à produire la loi naturelle de l'utile emploi des
forces passionnelles. » (3).

(<) < No, ~TfMft <0tt<~.f <<<<tt<« df tftf~ /<f<'tt<i'<< 't«< 'MWt tt<t<~
wdwit. t (Deecarta. Prificipes II. la PAilorophit, cité Lune, ibid., p. 18S.)
(a) Ci«
t par Ch. re!ttfia
pM Pft<«'t~<m t«< dt h Mo~Mph~
P~Me~t~, cité dep~fFoafitf. Voir p. ttt;)
Fourier. Vo!f y.
(3) DMhtt~ <ecM~, t. ï. p. ;t.
THÉORIE FOURIÉRISTE DES PASSIONS 27

Loin donc de combattre ou de contrarier les passions, il fau-


dra au contraire, dans l'ordre nouveau, s'attacher à les satisfaire
et à les utiliser pour le bien social. Une fois l'homme débarrasse
des entraves que la civilisation a entassées autour de lui, h
société s'organisera d'ette-mémepour le plus grand bien de tous
par le libre jeu des passions.
< L'Associationvéritable repose sur ta < mécaniquedes pas-
de
sions qui n'a aucun rapport avec les visions morales
fraternité mécaniser n'est pas concilier, mais utiliser récipro-
quement des discords et des antipathies la morale veut changer
les hommeset leurs passions la mécaniquesociétaire les emploie
tels qu'ils sont. (1).
L'ATTRACTION PASStONNEU.E (2). < L'Attraction passion-
nelle est l'impulsion donnée par la nature antérieurement à la
tfftcxion et persistante, malgré l'opposition de la raison, du
devoir et du préjugé. Nous comprendrons donc, sous cette dési-
sur l'homme,
gnation, l'ensemble des attraits naturels qui agissent
des penchants, des passions primitives qui sont un résultat de
son organisation même.
< L'Attraction passionnelle,sur laquelle repose le principe de
l'Association, est entre les mains de Dieu une baguette enchan-
tée qui lui fait obtenir par amorce d'amour et de plaisir ce que
< hommene sait obtenir que par la violence. (3)
C'est en vertu de cette attraction que, dans le régime soc~-
librement selon
~ff ou harmonien, les individus se grouperont
leurs affinités, qu'entre ceux qui s'aiment d'amitié ou d'amour,
entre ceux qu'unissent des liens de filiation naturelle ou élective,
se feront, selon les voies de la nature, les compensations que
s'éta-
réctame la justice. Entre les plus riches et les moins riches

(.) Fourier, P'~ c~t'a~~ det <~ wM ~MM


p. cité par H. nounpa. P<w~. p. ,83. "<'« J Ct. Coadorcet [C«MH
un principe tënërat. che. les loi. <r«:<n'< de voutoir. dan. les imhtutioat.
tirer parti da pr<jm< dM vices, plut6t que de la di~p<f eu dt la réprimer.
de t'etcuptf plus souvent da moy~t de dénaturer i'hematt. d'exalter. d<<tf<f
sa sensibilité, que de perfectionner. d'épwftf la tMtiMtioM <t la p<eehM<t
qai <eat te produit a<<«M~ de M ceMtitutioa morale erreun celui produites par
l'erreur ptu* <eneftte de regarder comme l'homme de la nature que leur
tf
olrait Mttt actuel de la civiMMtioa, c'est-à-dire t'homme corrompu par
toeiatet t.
p~u~et. par les intérêt* cie. pM<ioa<fMtteet. et par la btbttudet
(T~~t ~t«eft~~ <M Pf~< ~W< twoMMt,!V <peqM.)
(<) Ou ~Mte'M* comme Fourier l'appelle te«v<*t.
(J Fourier. cité par Pellarin, N<'<t<-<-
~~e~h~f~. p 67
M LA SCIENCE SOCIALE

blit le perpétue! courant d'une libéralité universelle,qui affermit


l'unité et soutient l'harmonie. La < répartition équilibrée
s'achève dans l'enthousiasme social. (1).
L'ATTRACTION INDUSTRIELLE.L'organisation de la Pha-
tange devra également s'attacher à créer l'attraction industrielle,
grâce à laquelle il y aura toujours des travaux attrayants pour
tous. < Et si l'on pouvait prévoir que les chardons et les ronces
attireront plus activementau travail que les vergers et les fleurs,
il faudrait abandonner vergers et fleurs, et leur préférer chardons
et ronces. (2).
L'IDÉALA POURSUIVRE.C'est donc l'idéal d'une société
nouvelle et parfaite que Fourier va poursuivre désormais sans
relâche, d'après ces principes, secondé par ses vaillants disci-
ples, < dût-on même dit l'un d'eux, (Victor Considérant),< ne,
l'atteindre jamais
La poursuite de cet idéal qui se confond avec la recherche
de la solution du problème social, constitue également l'objet de
la science sociale science absolument nouvelle, pour laquelle,
ajoute encore Considérant, < il ne s'agira point de se trouver
d'accord avec telle autorité, telle croyance, telle idée reçue il
s'agira seulementde se trouver d'accord avec le bon sens
Mais, pour cela, il faudra de toute nécessité < s'affranchir
du joug des formes connues et partir de principes opposés à
ceux qui ont eu cours jusqu'ici, car on ne peut espérer d'arriver
autrement que < par une voie nouvelleà des résultats nouveaux
Ainsi nous est annoncée,dès le début, la rupture de la science
nouvellementpromulguée avec tout le passé philosophique.

~t) H. Bourse. fcwf~f, p. ~sS.


(a) Fouher, T'oW~ de <'t«n<f MMtt~jfM~, t. 3. p. 4: Cf. H. BoMftie.
fcttn~f, p. 397.
LA RÉFORMESOCIALE 29

LA RÉFORMESOCIALE
18 y a donc lieu d'entreprendre, d'après les principes qui
viennent d'être exposés, une transformation radicale et complète
de la société. Mais cette transformation doit s'effectuer sans rien
renverser, sans rien briser aussi sera-t-elle essentiellementpro-
gressive et pacifique.
Mais il faut bien se persuader que les < coutumes futures
de l'ordre sociétaire seront longtemps impraticables, par obsta-
cles matériels. (1) < Le passé, en effet, ne se refait pas au gré
de l'homme, et si la volonté de l'homme égaré et faisant fausse
route croit pouvoir appliquer de vive force au mal des remèdes
empiriques, elle se brise bientôt contre la force des choses. (2).

PRINCIPES
GÉNÉRAUX
L'ORDRE NOUVEAU. L'ordre nouveau, que Fourier appelle
aussi le Garantisme (3), ne peut naître que d'un état de choses
qui aura pour résultat d'identifierl'intérêt individuel avec le col-
lectif, celui-ci devenant boussole et gouvernail de l'intérêt indi-
tK~.
LARICHESSE SOCIALE. La première des conditions que doit
remplir une bonne organisation sociale, c'est d'une part de pro-
duire la plus grande somme possible de richesses, afin que tous
les membres du corps social sans exception puissent en profiter,
et d'autre part d'éviter l'emploi de tant de travail et de puissance
humaine à ne rien produire ou à détruire autrement dit chercher
le moyen d'augmenter la richesse sociale.Voilà le point de départ
d'une saine politique,qui doit avoir pour objectif l'aisance sociale.
LA UBERTÉET LAQUESTION ALIMENTAIRE.La liberté est
un mot vide de sens tant que le peuple n'aura pas conquis le
bien-être et sera asservi par la puissance de ceux dont il dépend
par le travail et le salaire.
La question alimentaire est en effet primordiale. A tel point
que Lissatte a pu dire que la question sociale, au fond, se rame-
nait à une < question de ventre Fourier avait reconnuavant lui,

(1) H. Bourrin,foMn~,p. 292.


(2) V. Contid~rant. Voir p. s 7.
(3) Voir p. t03. et H. Destrem, /.o Future C<ttt<)~<<tOMde France, résumé
par Alhaiza. ~t<or<~«~ l'Ecole Sociétaire, pp. 99 aqq.
30 LARÉFORME
SOCtALE

sous une forme non moins pittoresque,que c si le peuple «c~evt


est conduit par le fouet,le peuple libre est conduit par la gueule
et qu'il ne faut pas oublier que < peuple ~ontMjc a besoin de
ranger trois /OMpar jour a (t).
Rien ne sera donc fait, et < l'absurdité est générale tant qu'on
n'aura pas su remédierau plus scandaleux des désordres sociaux.
à la pauvreté a (2).

L'OROANISATION SOCIALE. L'ÉQAUTÉDANSLE B)EN-ÊTRC


SOCIAL. Mais dans une société bien organisée, tout le monde
doit être heureux, même le riche. L'erreur où sont tombés nos
philosophesciviHsés,c'est de croire qu'il faut seulementtravaHter
au bonheur des pauvres sans rien faire pour les riches. On est
bien loin des voies de la nature quand on ne travaille pas pour
tous a < N'y a-t-il donc pour le soulagement des pauvres
d'autre moyen que de prendre sur les riches ? Ne serait-il pas
temps d'essayer la science qui augmente la fortune des riches
et du fisc, double et triple leur revenu, tout en procurant aux
classes ouvrières une grande aisance, une retraite décente ? (3).

L'ANTAOONISME DESCLASSES. En effet, la division de ia


société entre deux catégories, celle qui possède.et celle qui ne
possède pas, entretient un antagonisme de classes qui est nette-
ment contraire au bien social. L'ordre nouveau réalisera la fusion
des trois classes (riche,moyenne,pauvre), c'est-à-dire la suppres-
sion du prolétariat, et par là, la paix sociale.

SUBORDINATION DUCOMMERCE A L'AORtCULTURE.tt est


d'une extrême importance, aux yeux de Fourier, que le commerce,
élément parasite, soit subordonné à l'agriculture, source première
de la fortune sociale.
EQUILIBRE DE LAPRODUCTION ET DE LACONSOMMATION.
U importe aussi d'établir < la proportion du nombre de consom-
mateurs avec les forces productives autrement dit, de mainte-
nir autant que possible la balance entre la consommationpt la
production.

(t) Fourier, La /a«w MM~r~. T. a, p. 7S<.Cf. Bout<tB.FetMWpp. t<t-t~.


(a) Fourier, TT~M'M ~M<fwtttWt'tMttM, pp. <7!-a7<.Cf. Bo<tf<ie.'M.
T. t. pp. <<t-4'<. Cf. BattW. p. '?<
()) Fourier, La /<MtW/<td<M<fw,
UKtVEMELLE
L'AN«C)AT)ON 3t

LIMITATION DE LAPOPULATION. Cette nécessité entraine


celle de limiter la population, si l'on veut éviter la production de
< fburmitières sans proportion avec les moyensd'aisance gène-
rale s.
LACOMMUNE BASEDEL'ÉDIFICE SOCIAL. < Napoléon avait
pour opinion que la réforme sociale doit reposer sur une bonne
organisation de la Commune.L'organisation de la Communeest,
en effet, la pierre angulaire de t'édifiée social, quelque vaste et
quelque parfait qu'il soit. C'es~donc par elle que doit commencer
la réformesociale
La Commune,véritableatelier de production <~de consomma-
tion, doit être indépendante de toute forme politique.

L'ASSOC!ATtONUNIVERSELLE
Tout le système positif de Fourier repose sur l'organisation
de l'Association ou Régime sociétaire, tant pour la production
que pour la consommationau point de vue matériel, et de môme
pour toutes les relations sociétaires.
L'Associationdoit être universelle,et ne se mêter ni de poli-
tique, ni de morale, ni de religion.
C'est par l'Associationseulementqu'on obtiendra les résultats
suivants suppression des <n~f~n~o~M; suppression de la
domesticité suppression du M/oWor;suppression des c~es
du chdmage;la vie rendue plus feclle, le travail plus attrayant,
car, ainsi qu.; !'a dit Rousseau,< on travaille bien et joyeusement
quand on ttavaitte pour soi.
DISTINCTION ENTREL'ASSOCIATION ET LA COMMUNAUTÉ.
L'Association,où chacun garde sa personnalité et sa liberté indi-
~dMcM< < s'oppose au stupide et révoltant régime de la Commu-
nauté dont l'essence est l'égalité absolue, c'est-à-dire < la
confusion la plus complète, l'injustice la plus tranchée et l'absur-
dité la plus palpable qui se puisse imaginer
C'est l'Association< où tous les caractères, toutes les volontés,
tous les intérêts seront développés,harmonisés,contrastés, engre-
nés, équilibréspar l'essor de la liberté individuelle,qui constitue
fordre ou régime sociétaire.
ORQANtSATtON DE L'AsSOCtATtON. LA COOPÉRATION.
L'AssOCIATION AORICOLEOU PHALANGE. Dans le régin.e socié-
32 L'ASSOCIATIONUNIVERSELLE

taire, < il y a concours de chacun à la production suivant ses


moyens donc coopération, < et rétribution de chacun propor-
tionnellementà son concours il y a stricte équité, il y a pros-
périté, il y a Association. Cette association peut être pour com-
mencer de 100, 200, 300 familles et plus. Le travail y est orga-
nisé de manière à < donner un libre essor à toutes les vocations
il est donc ofrroyon/. C'est l'organisation que Fourier appelle
sériaire, qui consiste à < diviser, alterner, varier, combiner,
engrener les uns par les autres travaux et plaisirs, de telle sorte
que le développementde tous les caractères humains et naturels
s'effectue pour le bonheur de l'individu et de la MC~.
La coopération < s'adapte à peu près à tout à la production
et à la consommation,au crédit et à l'habitation, à l'enseignement
et à t'élude. La coopération compte avec le temps, et le devenir
lui parait aussi estimable que t'crrc, comme dirait t'Atte-
magne (!).
L'Association agricole, par laquelle doit débuter la science
sociale, consisteà <associer en travaux de culture, ménage, fabri-
que, éducation, etc., quatre cents familles inégales, pour opérer.
l'explnitation combinée d'une lieue carrée de terrain C'est le
seul moyende parer aux < graves inconvénientsdu morcettement
de la propriété et de la production Le groupement établi de
cette manière dans chaque communeconstitue la Phalange son
abri sera le Phalanstire.
Ce que Fourier appelle l'exploitation combinée,c'est l'exploi-
tation collective,avec ses avantages visibles, opposée à l'exploi-
tation morcelée, infinimentplus onéreuse. Car il saute aux yeux
qu'un seul grenier pour trois cents familles, par exemple, sera
infinimentplus économiqueque trois cents petits greniers épar-
pillés. Et ainsi de même pour tous les autres frais d'exploitation
manutention, personnel, matériel, etc. C'est dans ce sens qu'on
peut affirmer < que le procédé d'Associationréunit et concentre
les avantages des deux exploitations, la petite et la grande, tout
en paralysant leurs défauts, puisqu'il a puissance de mettre en
jeu l'esprit de propriété du travailleur, et qu'il place le travailleur
dans les circonstances unitaires, si favorables, des grandes opé-
rations d'ensemble

(t) Jules Duval, Au ~ec<~tt P~fm, p. «6. Cf. Beu?~a, PeMiM. p. 4<<,
acte 4. Voir sur la Coopération l'intéressante étude de E PoitMa Pa«W~,
Pzrit. Fe)ix Alcan, )93~.
LA REPARTmoN. L')NO)nE!~Ë. L'ASSURANCE
SOCtALR 33

PROBLÈME DE LA RÉPARTITION. Ici se pose < l'effrayant


problème de la juste répartition des produits du travail, dont il
appartient à la science sociale de trouver la solution, car celle-ci
n'est < au pouvoir d'aucune révolutionet d'aucune forme gouver-
nementate
Toute production nécessite le concours de trois éléments que
Fourier appelle les trois /ocu/r~ industrielles, et qui sont le
Capital, le Travail et le Talent. !t faut donc trouver < une combi-
naison sociale qui satisfasse à cette condition importante
tfestimer ~M rapports du Capital, du 7'rorc~ et du 7'o/<'n~</<
chacun des sociétaires avec la production générale, d'opérer
ensuiteentre eux la répartition du produit total d'après ces bases
ce qui se réduit à une simple question d'arithmétique Fourier
propose provisoirement d'attribuer une proportion de 5/t2 au
travail manouvrier,de 4/12 au capital actionnaire et de 3/12 au
talent (connaissances théoriques et pratiques), proportion qui
pourra d'ailleurs varier suivant te" circonstances.
CONTRE L'!ND!QENCE.En outre, pour prévenir t indigence
provenant de l'incapacité ou de l'impossibilité de travail, il est
assuré à chaque sociétaire pauvre un minimumd'existence, com-
prenant la nourriture, le vêtementet le logement individuel, ainsi
que l'accès aux Rallespubliques où ont lieu les fêtes et spectacles
de la Phalange.
L'ASSURANCE SOCIALE. L'attocation de ce minimum cons~oc
le droit à l'assurance que Fourier
sociale, définit ainsi < L'assu-
rance est le régime de sagesse. Toute société fondée sur d'autres
bases que l'obligation solidaire de la masse pour les biens de
l'individu n'est qu'un chaos d'injustice et d'égoïsme (t). Le
régime sociétaire aura d'ailleurs pour résultat, grâce a l'attraction

()) A/<MM<'n~, La r<t0/a~< sept-oct. )8~8. f. tXS. Cf. Couffin. Ff~<r)fr.


p. ~~4. note 4. Condorcet avait déjà reconnu explicitement dans t'<Mt«~<M(e~
<te'e~ le moyen de < dt't~Wt~ <~ ~et<« h < cause tt~Ma~ d'«t<)<
~ta<n«'t f< do tKM~~ ~Mt tM~tmc~t0t< Cf~tf la <'<a~M/<t ~t«< HC~tt~ ~<
~t<Mactive de MM ~oct~j t, et cela < ~t o~~oMH< ~aM~d d <Mt-~M«', ~t
M<Mfa<t<d cf<M<qui aMf'Mt <a tt~~« MM<~c<M<~produit par ~M <<tr<~<'f,
ttMM attf~Ctt~ celles der tttdtMdtM qui, /«M<M< ttt~tM t«'f'7' <)M<t-
f~<t <Mt«t mott~ft d'avoir tMOttt J'tM recueillir le /fwt< t. etc. Et il prtvoh
t'octrui de cette compcnMtion aux veuve* et aux otThetin*. pour le plus grand
bien de < la <MJ~ <'<t<t d, la t~f«<M, ~M't~ ~<tr~<t)CHt ff<~ fWtM~
périodique d'Mtt grand MOttt~r~ <f~ /<MM)M~,j<M<rc<<~t< ~MtatMatttt <~ ce~-
rM~<tottft d, ttM~f~ t. (T'at~MM <<M~o~t, etc. X* époque.)
34 L'ASSOCtATtOM
UKtVEMZLLB

industrielle, de rendre le travail préféraMe à l'assistance, ce qui


est le remède le plus sûr contre l'oisiveté volontaire et la pa-
resse (t).

INDIVIDUELLE.LE CAPITAL. LE SALARIAT


LAPROPRtÉTÉ

Le mode de répartition qu'on vient de voir assure à chacun


la propriété du produit de son travail, de son capital, de son
talent.
H présente en outre le grand avantage d'introduire le capital,
valeur représentative obtenue par le travail et le talent, accumule
efforts
par t'économie,comme moyen de concourir à de nouveaux
faits par le travail et le talent pour obtenir de nouvelles richesses
et de nouveaux produits, c'est-à-dire de nouveaux capitaux, et.
par conséquent faire servir le capital comme moyen d'accroisse-
menu de la propriété individuelleet ~c<o~.
11ne s'agit donc pas de détruire la propriété comme on en a
accusé calomnieusement Fourier, mais au contraire de t'établir
sur des bases équitables,échappant à toute critique, contrairement
à ce qui a eu lieu jusqu'à présent. Seuls, les innombrable?poro-
sites qui vivent aux dépens de la Société et qu'it voudrait voir
éliminer, peuvent trouver à redire à ce système, qui exige une
collaboration effective de chacun à la production de la richesse
collective,dont il est assuré d'avoir sa part, proportionnellement
au concours qu'il aura apporté.
Le système saint-simonien < heurte la raison et la nature
avant tout parce qu'ii < anéantit l'esprit de propriété, qui est la
voie des bonnes mœurs et de l'émulation industrielle s. (2).
SUPPRESSION DUSALARIAT. Enfin, et ce n'est pas le moins
des résultats à attendre de ce régime, on peut mainte-
important
nant entrevoir la possibilité de transformer tous les salariés à
consé-
t égat des capitalistes, en propriétairés co-intéressés, par
salariat.
quent d'arriver à la suppression du
Rien ne peut favoriser davantage la /MMMdes classes, qui
doit être le but principal de la réforme sociale.

Mow~ MM~nW, p. 34. Cf. Bect~~w~


JVoMMaM P. M!.
(t)
<<M~'ur M<~< ~'tt~tMCtt
(~) Ft~M « C<KtWe<<MM'M O~M, p. 6t.
L'HÉR'TACE.L'ÉDUCATtONSOCIÉTAIRE 3S

L'HÉRtTAOE

< Ce qui est acquis personnellement étant personnellement


transmissible ou donnable, on ne voit pas quelle raison pourrait
le maître d'une chose d'en disposer à son gré, et il faut
empêcher
tout craindre pour la liberté des vivants là où la volonté des
morts ne serait pas respectée
Seulement il y a lieu de modifier le mode de transmission
se
héréditaire actuel, en laissant à l'individualité ia liberté de <
continuer dans les quatre directions de la soctaM~, déterminées
les sortes de sentiments dont tous les hommes sont
par quatre
susceptibles <M!Mf,om~, parent, ambition s.
son gré quatre
Ainsi, dans le régime sociétaire, chacun fera à
de son bien conformément à ces quatre directions. Tel sera
parts
n'est plus t'~nro~ simple
t'Mnro~ nouveau ou composé, qui
de l'ordre /<W!tMot.

SOCtÉTAtRE
L'EDUCATION

L'EDUCATION UNITAIRE, égaie pour tous et n'ayant de direc-


est
tion que par le choix, l'option, la vocation de chaque individu,
en résumé le seul moyen d'abolir les privilèges de la naissance,
sa nais-
ou plutôt de ramener chacun au véritable privilège de
au de son caractère. A cela toutes les
sance, développement
se
classes de la société sont, à leur temps, disposées. Chacun
classera ainsi lui-même par l'essor spontané de ses vocations;
entraîné par
chacun s'élèvera par ses propres efforts, enlevé,
l'attraction sociale.
L'EoucATtON SOCIÉTAIRE sera donc avant tout unitaire, c'est-
tous
à-dire égate pour tous, et intégrale, c'est-à-dire embrassant
les détails du corps et de l'Ame.(1).
Elle poursuivra non moins la perf ection intégrale du corps,
est méthodiquement estropié dans le domaine civilisé, que
qui à la
la perfection ~ro~ de resprit, par l'union de la pratique
théorie et l'enchainementde toutes les connaissances.
avait aussi proclamé le principe d. r~tM d'm.tniction et
(,) Condorcet
le plu. propre à
tracé te.trMdM U~M du programme qui lui paraiuait
de tout et que
<'<~M«'M<<'<'< w e~M,
de w<Mf pour ~<Mt< d~~t'
libre ~t M«"~ /<
XJ~ devoirs,
w~ ~<<~ ~~< Pour
M~ f~ (TeN~ JM Pf. été. X' ep<«ïae.)
~f.~
36 L'ASSOCIATIONUNIVERSELLE

L'EDUCATION PUBLIQUE ET L'ÉDUCATION DE FAMILLE. Y


a-t-il état social sans idées communeset générales ? Y a-t-il des
idées communessans éducation publique ? L'éducationde famille,
c'est l'éducation dans la sphère la plus étroite où l'homme puisse
se trouver resserré c'est l'éducation de l'ignorance et de
t'égotsme.
< L'éducation publique est en même temps l'unique ressource
de la majorité des citoyens c'est l'éducation du peuple, c'est
l'éducation de la classe nombreuse et pauvre, et par le bienfait
d'une association grossière, elle procure mêmeaux privilégiés et
aux riches des avantages qu'à nul prix ils ne pourraient avoir
chez eux
Il faut lire d'un bout à l'autre, car eUe ne peut guère se
résumer, la remarquable description de t'éducation des gens
bien élevés dans notre état social, éducation qui est le privilège
d'une petite minorité. < Pour tous les autres, pour !'immense
majorité, pour le peuple, l'abandon, l'abrutissement, tous les
fléaux de la nature déviée et inculte. Au milieu de tant de vices
et de douleurs, on ne sait lequel préférer, ou de l'extrême nommé
la haute classe, ou de l'extrême nommé la &OM<classe. Ce sont
deux rouages également nécessaires de l'horloge qui mesure à
l'homme ses heures d'épreuves sur terre. (Voir Textes, p. 155.)

DIVERSES
INSTITUTIONS SOC!ÉTAiRE
DURÉOtME

Les institutions nouvelles du régime sociétaire sont Les


armées Industrielles, composées par des éléments de plusieurs
phalanges se prêtant mutuellement assistance pour les grandes
entreprises d'intérêt commun ou la réparation de grandes catas-
trophes telles qu'incendies, inondations, etc.
Les comptoirs communaux, véritables maisons de commerce
et de manutention agricole et coopérative, avec grenier, jardin,
cave, cuisine et manufacture communales,en mêmetemps qu'en-
trepôts faisant des avances de fonds au, consignateur
Les f ermesd'asile, sortes de maisons communales où tout
indigent c trouverait bonne nourriture et travail varié à option,
< et qui se chargeraient également des <n/frmc$moyennantquel-
ques centimes additionnels fournis par le cantons
Enfin les banques rurales, exploitant chacune ~n petit canton,
et dont l'ensemble se subdiviserait en arrondissements affermée
LE PHALANSTÈRE 37

l'autorisation de consentir des prêts à 6 sur


le
par fisc, avec
tiers de la valeur de l'objet consigné, au lieu des 12 à
les deux
24 les usuriers de campagne, et de rece-
exigés par petits
voir des dépôts à titre de caisses <fcpa~n<?.
Founer voyait dans ces deux dernières institutions le meilleur
d'obtenir d'une part la disparition de l'indigence (!), et de
moyen
l'autre la suppression des usuriers, si néfastes à la petite pro-
priété rurale.
LE PHALANSTÈRE

C'est dans le Phalanstère ou Manoir de la Phalange, que


sur
devaient se trouver réunies toutes les institutions basées
de
l'Associationet destinées à établir parmi les hommes le règne
la Société
l'Harmonie, nom que Fourier se plait à donner à
au monde nouveau, qu'il voudrait fonder. C'est là que
nouvelle,
dont il
devait se faire < l'essai en petit, sur une lieue carrée
est si souvent question dans ses écrits et ceux de ses collabora-
la démonstration pratique de ses théories. < Une
teurs, pour
élément de secondordre, serait le centre d'un certain nombre
ville,
Ces villes se grouperaient elles-mêmes en satel-
de Phalanges.
en
lites autour des villes plus considérables, et ainsi de suite,
les capitales des nations, jusqu'à la capitale unique
passant par
du Globe, centre de relations de l'Unité sphérique. » (2). Nous
cet
avons dit pourquoi cet essai ne pouvait réussir, et combien
ou mieux dire cet avortement (3) attrista son exis-
échec, pour
(t) Voir p. 25.
~cc~ .?oc~< Paris, t8o4. P. ~4. Cet ouvrage,
(~ Alhaiza, ~M«'r~M
M recommande par ra
trop peu connu, aussi intereMMt que eoatcieacieMX,
vateMrhUtoriquett critique. .t.{ t .<
mêmcs du rtndu de t AMemUée générale des
(3) D'après les termes compte
actionnaires de la future société (.833). < il '"rait eu à vrai d.rear.~Mt.
il n'y avait pas eu d'essai ». (H. Bourgin, ~W~. p. 388). D'après Mr. Baudet-
fureat perdus daM
Dulary, !e généreux donateur des terrains, a à 300.000 fr. tard par leurs
cette entreprise. Les bâtiments qui subsistèrent furent appelés plus
fondateurs Colonie JS'o<<< et le groupement de personnes qui continuèrent
de l'occuper A/<'MO~ ~octc~ Voici ce que dit de ce groupement ~e dernier
Rénovation < La théorie de Fourier n'yy
journal phalanstérien qui ait pan!. f.a traces dans la
est plus qu'un souvenir respecté qui a cependant laissé d'atmabtca
économique
forme du langage et des manièret. et aussi dans une organisation
avec un minimum de dt-renses
prodtitant un maximum d'avantages matériels
Voir MMi t'interettante des-
(.898 T. M. n* 97). Cf Bourgin, Fowf~f, p. 43~.
un de M* membres les phM
cription du M~e~ Sociétaire, fonde en '836 par
les Libret Entretient de jan-
importante Loui. Guébin (Cf. p. 8, note t). dans
Le P~a~rf de Co~r-FM~f, étude posthume
vier toto. Paris, et ennn
d'Eugène Fosse, puhtiée tout récemment dans te Af<t"~J ~MM'co'M (août-sep-a
Guébin
temb~e <933\ avec utiti-'atinn d''<ne cnnfércnc<- faite par M. Pascal
t~ Colonie en toa6.
M L'tDÉE
REUOËUSE
CHEZ
FOUR(BR
tence. Mais cela ne diminua en rien sa toi dans la réalisation, tôt
ou tard, de son beau rêve de régénération de l'humanité, ni ton
ardeur à poursuivre sans relâche, soutenu par ses vaillants
adeptes, la propagation de sa doctrine et de ses idées. Et des
socialistes marquants, tels que Jean Jaurès, ont encore, suivant
l'expression de Mr. Bourgin, conservét'ébtouissementtaissé dans
leur esprit par ce rêve merveilleux(1).
Le Phalanstère sombra, mais la pensée dont il devait être
l'expression concrète survécut. Le rêve, ou si l'on veut, fMfop~
s'évanouit, comme tous les rêves, commetoutes les utopiec; mais
la réalité indestructible, elle, subsista et subsiste encore, plus
vivace et plus puissante chaque jour, dans un monument autre-
ment solideet grandiose, on vient de le voir et on le verra encore
mieux dans la suite, que celui qu'il aurait voulu voir s'élever de
terre et dont il reste à peine quelques murs en ruine sur le <err~
toire de Condé-sur-Vesgre. 1
L'essai qui ne pouvait réussir en petit sur une lieue carrée a
réussi en grand sous toutes les formes où il pouvait réussir, dans
tous les pays civilisés depuis cent ans, pour le plus grand bien
de la société, vengeant ainsi Fourier, plus que les plaidoiries tes
plus éloquentes, des sarcasmes dont il fut si injustement abreuvé
de son vivant, et lui donnant des droits indiscutablesà la recon-
naissancedes peuples. Sans doute il teste encore beaucoup à fair-
et il restera toujours beaucoup à faire, n'est-ce pas le propre de
tous les progrès humains ? Mais le mouvementest parti, et rien
ne l'arrêtera désormais.

L'IDÉE RELIGIEUSECHEZ FOURIER


Fourier est un croyant. Pour lui, s'ii est < absurde de ne pas
croire en Dieu, il n'est pas moins absurde d'y croire à demi, de
penser que sa providence n'est que partielle, qu'il a négligé de
pourvoir à nos besoins les plus urgents, comme celui d'un ordre
social qui fasse notre bonheur Or; comment cet ordre social
pourrait-il exister en dehors de la toi de l'attraction universelle
qui règne dans toute la nature ? Comment admettre que Dieu
se soit trompé en fondant le régime social de t'homme < sur la
contrainte, tandis qu'il fonde sur l'attraction celui des animaux
libres, castors, abeilles, guêpes, fourmis, etc ?\* Si Dieu veut
(.) Voirp. 48.
L'tDtE REUQtEUSE CHEZ FOURIER 3~

la justice et le bonheur des hommes,c il faut que l'attraction et


des
k libre essor qui règnent dans son mécanisme d'harmonie
mondes planétaires dominent aussi dans le mécanismed'harmonie
sociale serait absurde que Dieu c ait créé les passions, les
élémentsde mécaniquesociale, sans nous ménager quelque moyen
d'employer utilementces matériaux (1)
Le Credo religieux du fouriérisme peut se résumer dans ces
significatives < Croire que Dieu est bon, croire que
paroles
l'homme est bon, croire que la forme sociale est vicieuse, croire
faut corriger la société et non pas la nature de l'homme
qu'il
Certains fouriéristes même ne craignaient pas de se déclarer
du Christ < Nous sommes disciples du Christ, nous
disciples
demandons ce qu'il réclamerait s'il renaissait à notre épo-
nous faisons dans la science sociale
que (2). < Chaque pas que
est un pas qui nous ramène au christianisme, au christianisme
du Messie et des apôtres, non pas à celui des modernes phari-
n'en tirent
siens, qui font de l'Evangile une lettre morte ou qui
d'autre enseignementque le fatalisme et la nécessité du mat. (3).
socia-
On ne sera pas surpris, après ce qui précède, que le
lisme chrétien se soit rattaché en grande partie au fouriérisme.
nou-
Fourier dut pourtant se défendre de vouloir fonder une
d'être un de ces messies du X!X* siècle dont on a
velle religion,
innovations
tant parlé. < Je considère dit-il à ce sujet, < les
comme des brandons de discorde, et, ma tâche étant
religieuses
de concilier tous les partis par le bienfait du quadruple produit,
ré-
de l'industrie attrayante et de la mécanique des passions, je
à toute méthode qui provoquerait du trouble et qui m'assi-
pugne
milerait aux agitateurs. (4).
nouvelle, il voulut cependant,
S'il ne créa pas une religion
le fatalisme et la résignation sont insuffisants
considérant que
le sort de l'humanité sur terre, donner à la religion
pour améliorer
inconciliable avec
pistante un nouvel objet, qui n'était nullement
à l'adoration des hommes cet objet,
ceux qu'elle proposait

Cooti-
<t) Fourier cité ?M H. Uou~a. Fourier, pp. ~89-~0. pMtim. Dain,
T~ < P. 47 «M par H. B~ F.~ P. 44..
d~ sociétaire.
< M trouva à t. MNioth~ de la C.~
H~)~. ?~
F< << f cM par H. Dour-
(a) HtM~Mt.. <~<
f~f~f. p. 440. note S
< ~M' ~.<~M. ibid.
(j) Ht.n<qu. D~<~< ~M.~
(~) I.< /<t«M 7~M< t. p. 457.
40 COSMOPOLITISME
ET PAC'FtSMEDE FOURIER

c'était la société elle-même. Dans la phalange sociétaire, < les


hommes pourront voir le beau passionnel, dire qu'ils ont vu Dieu
en personne et dans toute sa sagesse, car qu'est-cè
que l'esprit,
la sagesse de Dieu, sinon l'harmonie des passions, leur
dévelop-
pement complet sans aucun conflit et en accord aussi parfait que
celui d'un excellentorchestre ? Ce bel œuvre est le seul
qui puisse
donner aux humains une idée de la gloire et de la
sagesse de
Dieu. Ainsi naîtront et grandiront ensemble < l'enthousiasme
pour Dieu, auteur d'un si bel ordre social, et la philantropie ou
amour de tout le genre humain (1).
< Tout en ne s'occupant pas de religion nous dit son dis-
ciple Lechevalier,< M. Fourier veut donner aux hommesce qui,
mieux que toutes les religions connues, leur fera comprendre,
aimer et pratiquer la volonté de Dieu. Et cette idée de Dieu est
sans cesse présente dans ses écrits, dans sa pensée il la
pro-
clame de la manière la plus éclatante mais il se contente d'y
croire, d'y puiser de la foi pour son travail. C'est en réalisant
pour les hommesle bonheur social, et non par des schismesméta-
physiques, qu'il espère amener l'humanité à sa religion vraiment
naturette, à la foi en t'universaHtéde la Providence.s (2).

COSMOPOLITISMEET PACIFISME DE FOURIER


LE PoURtÉRtSME
ET LASoCtÉTÉDESNATIONS
tt va sans dire que Fourier, dont le rêve était de voir < le
globe entier ne composer qu'une seule nation, n'avoir qu'une
seule administration (3), était un grand pacifiste. Mais son
cosmopolitisme,anticipant sur l'avenir, ne t'empêchait pas néan-
moins de s'intéresser à la situation pol tique de l'Europe con-
temporaine, et de voir dans un < triumvirat continental s com-
prenant la France, l'Angleterre et !a Russie, la Prusse devant
être compriméeet l'Autriche rendue incapable d'agir, le seul
moyen d'établir la paix universelle. (4). Pourtant il se défie de
l'Angleterre, dont la France est < k paittasse éternel dans la
politique coloniale et maritime Si bien que, en voulant lutter
contre la marine anglaise, elle ne se rend pas compte qu'elle
(t) Courier.T'~er~ /'MMt~
wtttt~w~ t. 3, pp.47$et ;~j
(j) E~f~ «<rla ~t~Mff~f<a/<).. tsç. t!it))ioth~)uc)*Colonie
~~tt'-
«~. dt
(j) ~Mft <tt ~t~ ~t. MVÔ«. Mt XH.
(<) ~wMMttt~ ~M oM<MMeW«.t. p 3. t< H. B<wwMt. F~f~f, p tjt.
4'
COSMOPOLITISMEET PACIFISMEDE FOURIER

< s'escrime sans succès contre un même obstacle Et d'autre


il redoute le < tartarisme c'est-à-dire le militarismeà la
part
s'étend sur l'Europe. Sans doute il existe bien un
moscovite,qui
< droit politique un droit des gens mais ce n'est qu'une chi-
mère et un mensonge, une < épouvantable fausseté il n'y a
des intérêts en présence. < Dans les relations extérieures ou
que
on ne voit d'autres règles que la perfidie et la
diplomatiques,
violence,bien fardées de belles paroles selon l'usage civilisé. (1).
ne
On voit que le cosmopolitismeet le pacifisme de Fourier
sur les à prendre vis-à-vis de cer-
l'aveuglent pas précautions
taines nations trop dominatrices. L'internationalisme socialiste
théoriquement s'autoriser de ses opinions sur la ma-
qui pourrait
la même
tière, n'a malheureusement pas toujours observé
prudence.
Plus perspicace heureusement, c'est encore un fouriériste,
Victor Considérant, le chef de l'école après la mort du maître,
dès 1839, avait déclaré que la France était tout indiquée
qui,
< non en sub juguant
pour la missiond'établir la paix européenne,
les nations, mais en organisant leur aMod~on pour laquelle
i: proposait, en t84t, le nom d'Unité fédérale des Nations (2)
Mieux encore, il avait entrevu que < cette osMdo~M ne poMM~
la com-
avoir de chances de durer que si les nations qui devaient
étaient des démocraties, capables au besoin de lever en
poser
commun une armée intetnationale contre les Autriches, les Rus-
cette ne comptait pas, <
ses l'Allemagne à époque
commun (3).
jamais elles osaient violer le droit
Telle fut la puissante contribution du fouriérisme au magni-
mouvement commencé dès le xvuf siècte (4) et qui, se
fique

(!) Ibid.
B«M d<-/« /< r~<.M. cd.8)~. p..t"i. cM yar Mofh. Fncd-
(~)
C~. F<MM~ w tt.~tM't~t ~et~ MK~MM'
bt<t (L~<"M
~«M, tçaô, p <oj).
teecede <d!ttoa des
(3) Pe<t<ttM CAt~~ (que l'auteur tppeU< lui-même
~«tWMMtM de fOMi<f). tM
MMfttoat pMi&que<ceatenMt dMt let O'~ft
par M. PfitdbMg. <M.
les émouvants tppeh
(4) Oa ce saurait notamment oublier, entre Mtret. de.t U -CM Mmb!<
d. Co.dMce< M f~w d. la rMd* Me. <t. la paix,
< f.M ~M~tM
epportua de rappeler ici quelques pMMtew eMentiet*
M~f~. WMM<~ *< ~<W< <<~0«f ~J)r-MM ~f ioap t< <<~
HC~W, <<~ A f. P~Tt ~.M /M~ ~M
W~. t < M«f~<
~~M, CMMM ~f~
~Wttt ~M~ <M~ff« ~WM ~~M Kt~~ <M ~M eett~MMMM
42 FOURIER ÉMANCIPATEUR
DE LA FEMME

déroulant dès lors sans interruption après un trop long sommeil,


devait aboutir aux grandes organisations de toute aorte en faveur
de la raix créées depuis un siècle, jusques et y compris la Société
J~ ~or~n~ actuelle. (1).

FOURIER ÉMANCtPATEURDE LA FEMME


LA CONDITION DE LAFEMMEDANSL'ORDRE SOCIAL ET DAKB
1.'ORDRE soCtÉTAtRE. Fourier a été aussi le grand promoteur
du mouvement émancipateur de la femme au Xtx*siècle c'est
même lui, comme l'a fait remarquer Mme Maria Cheliza, qui a
trouvé le terme de féminisme pour désigner ce mouvement(2).
< En thèse générate déctare-t-it, < les progrès sociaux et
changements de Période s'opèrent en raison du progrès des
femmesvers la liberté, et les décadences d'ordre social s'opèrent
en raison du décroissementde la liberté des femmes
Il est d'ailleurs convaincu< que la femme, en état de liberté,
surpassera l'homme dans toutes fonctions d'esprit ou de corps,
qui ne sont pas l'attribut de la force physique
!t dép!ore avec Rousseau de voir des hommes envahir jus,
qu'aux minutieuses occupations de la couture et de la plume,
tandis qu'on voit des femmess'escrimer aux pénibles travaux de
la campagne et de l'industrie. Pourquoi aussi la société rabaisse-
t-elle la femme,< d'après l'autorité de Mahometet de J.-J. Rous-
seau, à n'être destinée qu'aux plaisirs de l'homme, et au subal-
terne emploi de soigner le pot-au-feu et de ressarcir les culottes
d'un époux ?
Toute l'éducation tend à ravaler les femmes aux besognes
inférieures,et à en faire des esclaves moraux.

~f~ht~M <o«< ~«J Meyot tttOMttttMf ~ttf M~tt~tt~ ttt'th ~<ww<t<


d~fd~f la <<!f~ <M<t ~<MMtM< < DM «M~ttttCtM,MMOMT ««tttt~M
CM ces ~e~~ ~<tMT ~f~ttMMe, qui ont C«'W~ loisir ~,<MM~Mf~ttM <t
<<M<ttt~<~tn~M~M, atC~fOMt proorii de MM<~<<~f<tM~M M«M<M i
pt~ffM <t*~ ~w~M, cetttttM <t~<M~Mt< <~fe<M «t t~otttw
<-Ma<f0~t<~<)-<f<MM~Mt<MW ~tMttttttt~Mttt f~«~< (M~M<, ~WtM)t~M)MO<
<Mt~p e~retf~ «tf w < dont «tt~t ~t <tt<M «tt<!MM.t
(Tableau <<<~ Pre~rM. etc., X* période.) Voir <mMip. aj, note i.
(t) Voir dans la très iat<re«Mte ttadt de M. Morrit Priedherz dt<<
ci~eMm t'expo<<dét<u!'<du mouvementpMi6<t< proveqe< par le fewrieritmt.
deat la riche dceatntatttiea nous a permit de prêter qadq!M< peh~ !mpe~
tMt< de ce bref re<«tB<.Voir tUMi AihtiM. ~t~on~wt ~ee* p. t4t.
~<
(a) Sambuc, ~oct~Mt ~e<tft~, p. tS:. Voir tMd., pp. ~4.~0~. rezpe-
t< tre< deeMmentede cet auteur intihtie Pewf~ ~AxMtMOtt,dam te~tt
43
)NFLUBNCEDELAFEMMEDANSLASOC)ÉTÉ

< Dans la Plonge, il sera réservé aux femmes une moitié


dans les branches lucratives < Les femmes, en Asso-
d'emploi
ciation, reprendront bien vite le rOle que la nature leur assigne,
ie rôle de rivales et non de sujettes du sexe masculin
< n'est pas possible de nier la différence caractérieUe de
l'homme et de la f emme Parler d'égalité avec l'homme, c'est
ne rien dire du tout, ou plutôt c'est tendre à la confusion. < On
l'a dit souvent, la femme qui ressemble à l'homme est une sorte
de monstruosité sociale et inversement. Le danger de cette
et serait une inversion de nature dans les
égalité vague mystique
deux sexes. < Je vois l'homme qui s'amollit et s'effémine, et la
virago qui ~onMMMc
LESORTDELAVIRGINITÉ ctVtUSÉE. Fourier s'étend longue-
en
ment encore sur l'asservissementauquel la femme est soumise
dans la société civilisée, où la jeune fille est < une mar-
général
chandise exposée en vente à qui veut en négocier l'acquisition».
marie
Minsiste sur le sort malheureux de la jeune fille qui ne se
elle en a le désir, et sur le caractère mercantile et
pas quand
immoralde la plupart des mariages dans la société civilisée.
INFLUENCE DE LA FEMME DANSLASOCtÉTÉ. On ne peut
nier l'influence exercée par la femme dans la société.
cependant
< C'est d'elle que l'homme reçoit de l'approbation ou du btâme;
souvent on
c'est elle qui distribue la gloire, c'est pour elle que
et assez
veut t'acquérir. Ceci explique deux faits bien connus
mal appréciés, l'ascendant de la femme sur le grand homme,
On dit
et la suprématie morale qu'elle exerce en tout état social.
<M les MœM~, et ce proverbe a un grand sens.
que ~mmM a pu,
la femme, jusqu'ici demeurée passive et subatternisée,
Ainsi,
sur elle, se faire une grande part dans
le
malgré joug qui pesait
des coutumes et des institutions politiques de
le mouvement
Elle a été, elle est encore la reine de l'opinion
chaque peuple. vient
< A cette action indirectede la femme,l'ordre sociétaire
son intervention directe et immédiate dans toutes les
ajouter
fonctions industrielles, selon l'aptitude qui lui est propre
la femme désormais se livrer à tout travail
Grâce à lui, pourra
avec sa nature et conquérir ainsi son individualité et
compatible
il ~.t.. notamment queCo.d.n:.tavaitd~ r~ rentièredestruction
«M~W~ '"M~M M<<~<~ ~t~
~T~ (T-M~. da ~<~ etc.,X' <P<W.)
44 L'AMOURLIBRE ET LE MARtACELIBRE. L'ADOPTtON

son indépendance sociale. < Ainsi la femme cessera d'être


inféodée à l'homme. Désormais elle gagne sa vie, elle a rang
social. (t).

L'AMOUR LIBREET LE MARIAGE LIBRE. L'égalité entre les


deux sexes une fois admise, il n'y avait plus de raisons, à ses
yeux, pour leur refuser cette égalité en amour et dans le mariage.
Aussi Fourier n'a-t-il aucune hésitation à admettre l'amour libre
et le mariage libre. On devine comment cette conclusion fut
accueillie par la société de son temps, dont l'opinion se résume
dans ce mot caractéristique de Proudhon, le grand égalitaire, le
niveleur impitoyable des conditions < P/Mf~ prisonnière que
courtisane (2).
Il importe toutefoisde faire remarquerque si Fourier, toujours
d'une implacable logique dans ses déductions doctrinales, n'avait
pu faire autrement en exprimant pour la première fois (en 1808)
son opinion sur la conditionsocialede la femme(3), que d'aboutir
à une pareille conclusion, il avait cependant cru devoir, en
1822 (4), critiquer vivementl'intransigeance impatiente des saint-
simoniens,qui, ayant aussi réclamé l'émancipation de la femme, <
voulaientnon moins logiquementrendre absolument libre l'union 1
des deux sexes. < Ils ignorent disait-il, < qu'avant de rien
changer au système établi en relations d'amour, il faudra bien
des années pour créer plusieurs garanties qui n'existent pas t. Et
parmi ces garanties, il cite < d'abord l'extirpation complète dei
maladies syphilitique et psorique par tout le globe
Enfin, nous ne pouvons passer sous silence l'opposition de
son plus fidèle disciple, Considérant, qui ne fut jamais en
désaccord avec lui que sur cette seule et unique question.

L'ADOPTION. En revanche Fourier prône l'adoption, qui


devra être une des pratiques les plus fréquentea du régime socié-
taire. Par elle, chaque famille peut s'enrichir de tous les individus
que la sympathie a rapprochés des membres de cette famille. La
familles'étend ainsi au-detà de toute limite; elle donne satisfac-

(<).Cf. Beaftia, .~tM~HM


Met~MW,
pp.<t-yt.
(t) Proudhon, /<MWM~tH~tt<Mur ~fo~fM<MfM, p. yt.
(j) rt~Of~ des ~W<t~<<MCM~~Mt~<M,pMttm.
(4) P~p~ ~< e~toWatettMM~~M <<MMr «wf~ ~«<~MH<~ ~< Ott~t, p. ;t.
Cf. Beaftit, F~M~f, p tBt
LES RESULTATSACQUIS

et
tion aux sentiments affectueux que suscite la vie complexe
du
active de la Phalange, et devient ainsi l'instrument puissant
bien commun.

LES RÉSULTATSACQUIS
des solutions du
suffit de jeter un coup d'œit sur l'ensemble
social Fourier pour constater que, parmi
problème proposées par
sociaux réalisés ou tentés depuis un siècle, il n'en
les progrès
directement aux
est guère qui ne se rattachent plus ou moins
de Fourier. Principe de l'Association
théories et aux propositions
toutes les activités de la vie
Universelle, c'est-à-dire englobant
des Sociétés
sociale, réalisé plus ou moins par l'organisation
la production, la
de toute sorte, ayant pour objet
coopératives
la réor-
consommation, l'habitation, etc., et d une façon générale
et de l'industrie (1), et par les
ganisation de l'agriculture
leurs formes, la
Sociétés d'assurances sous toutes y compris
des droits de f/tommc droit au
mutualité principes généraux
de subsistance
travail, droit à l'assistance (2) droit au minimum

Citons seulement parmi cetlea qui .ubwtent encore d< nos jour. et en
(t )
t'B~f~~ Z.M~.r< <o.d<e cn .838 par un disciple dt Fou-
pleine pro.pénK. fondé par
de Guise (A.
ri<r. te peintre en b~m<Ht. Leclaire, t. ~h«~ ~~<
t'i.du.tHt! fouriériste Cod:. <848. tt la < Société
~fN<K.h< f<<~ fondée à Paris, également en .848 (Sitge M<at actuel.
du
rue des Troit-Bornet). toute* trois basées sur le principe de tzMoct.moa
Ttafa~ du C~M et du T~~tt. Nou< retevom dM'< la liste des ouvrages du
fondateur du Pa~'< le titre tuivant. qui prouve nettement la parfaite confor-
mit< de son programme avec les idéct de Fourier AfM~o/t~ sociale f< <M~-
CtOhott du e<~t~ et du ~<<"<, extinction du ~aM/'ffUMf par la ce««'CMh<Mt
du droit <t<t<tt~ J~ /<MNMau tt~at~ <'<<<wdroit J~ <rwe~~t~ ~arUc~~t
aM.r &<<-M ~f~t<c<«"t. (.Mt«)MM <ocM~, Paris t88o.) Enta l'on ne
saurait oublier ici l'action prépondérante exercée pendant la longue et btcnfat-
Mnte cnrri<re par Charte* Gide, qu'on a pu appeler avec raison < le ~efitaMt
coustructeur de la doctrine coopérative en France (B. Lavergne, Les Coo~<
fo<'t~< coMJOMt~ahM. p. 48. cité par M. Morris Friedbert. Z.t~
cha-
ÇA. fown~f, etc., p. t47. Voir dans ce dernier ouvrage te trè< remarquable
pitre intitule f.< Cee~att~t, pp. tao-'SS).
imerita
(a) RappetoM que le droit au travail et le droit à l'assistance furent
i<m< la Conttitution dt t848 août la forme <uivante
« ART. 7. Le droit au travait est celui qu'a tout homme de vivre en travait-
lant. La aeciéte doit, par tew moyens productifs et ~eaeramt dont eUe diapott.
«! INPLUENCESSUBtES PAR FOUMM

et à foMM~HMsociale, droit à la co-propriété des fruits du tra-


vail selon la part proportionnelle de la co~faf~n fournie,
~~f~ cFw/e politique des dtux sexes, associations pOMf?
paix, Société des ~Vo~ons, tous ces progrès sociaux, quds
qu'en aient été les réalisateurs ou les partisans et à quelque secte
socialistequ'ils appartiennent, ont été conçus, annoncés ou entre-
vus d'abord par Fourier. Mais il faut savoir gré à ses collabo-
rateurs et disciples les plus actifs du service qu'ils ont rendu à
lui-mêmeet à l'humanitéen clarifiant, pour les propager sous une
~ormeà la portée de tout le monde, ce bloc précieux d'idées géné-
ïeuses et fécondes qui, sans eux, eussent risqué de rester à tout
jamais inconnueset par conséquent perdues pour le bien de la
cottectivité humaine.

!V.
INFLUENCES5UBIE~ PAR FOURIER
FOURIER
QUtAPAtT ?
Le fait que quelques-unes des idées proctamées par Fourier
tussent déjà vu le jour avant lui (1), ce qui n'a rien de
surprenant novum M~ soie n'en!ève rien à leur valeur,

et qui feront ortaniaea ultérieurement. fournir du travail aux hommea vatidea


qui ne peuvent t'en procurer autrement. Aaï. 9. Le droit t t'aaaiatanee ea<
celui qui appartient aux enfant* abandonnât, aux in&nnet et aux wieittarda, de
recevoir de l'Etat de* moyem d'exiater Et quêta qu'aient pu être parfois tea
tortw des indigents. Fourier reproche sévèrement t ta Politique d'être aeute
aeurde aux malheureux qui t'implorent, alors que la nature et ta religion oubtient
tout )et torts de t'homme dit moment où il revient aoua leur bannière. (H. Bew-
gin, L~ ~oetaJKttt~~eft~tat~, p. ta.)
(t) Hafattu la recherches minutieuaeaet patientea de Mr. Hubert Bournin.
pour lui trouver des preeuraeura dana certaina doctrinaires de la Révolution tell
que Babeuf, père ~u cotteetiviame, Roland de la Platière et quelques autrea.
dont eertainea ideea pr<aentent en effet de frappaata analegica avec tea aiennta.
maia qu'il ne paraît pal avoir connues, ni utitiaeea directement. (Voir H. Beurzin.
Hh~ «f ~< <e«fCM<<~Fe«Mf, Paria, '90$),
On ne peut meconnattre cependant le rapport viaiMe de quetouea-tMMa d<a
théories eeaentieUeade Foufier, ae«nnm<nt ter la pefftedMM i*d<<hi<4<
l'humanité et le aort heureux qui t'attend, sur le fenJniamwet Mf le parMt))~
avec cella de Condorcet, qu'U ae pouvait !gnoMf,~hat que le preuw<nt
certains rapprochemeata que nous avons )<tM!ea a l'occasion de cta diNereatt
aujeta au cours de cette étude.. Voir auaai MaMiee LanaM. C'MM~«en< ')tM*.
~e~e~ refa~M Ct. ~MM~f, tea<, pp.) y!) eq
41
INFLUENCEDE FOURIER SUR LE SOCtADSME

et résutte simplement,comme le démontre très oien Mr. Bourgin,


de coïncidencesévidemmentcurieuses, mais nullementprobantes,
étant donné leur manque de précision et surtout les divergences
très sensibles qui prouvent nettement t'indépendance de Fourier
vis-à-vis de ses prédécesseurset des saint-simoniens,ses contem-
porains.
Tout ce qu'on peut en conclure avec Mr. Bourgin, c'est que
la Révolutionet même un peu avant, tes idées en question,
depuis dans
étaient < dans l'air commeon dit, et cela particulièrement
resta
le milieu lyonnais, où vécut de bonne heure Fourier, et qui
et de perturbation
longtemps, on le sait, un foyer d'agitation invrai-
sociales incessantes, et qu'il serait par conséquent bien
à
semblable qu'il eût échappé à leur action, et particulièrement
a
cette de L'Ange, important révolutionnairelyonnais. < Qui /o~
tui-même
Fourier ? s s'est demandé aussi Michelet.Et il répond
Nulle
< Ni L'Ange, ni Babeuf Lyon, seul précédent de Fourier.
plus que dans cette ville, il n'y avait de rêveurs utopiques.
part son successeur
Là parurent.les premiers socialistes, L'Ange et
et toute
Fourier. Le premier, en t793. esquissait le phalanstère
avec la
cette doctrine d'association dont le second s'empara
du Et cette conclusion a été ratifiée par Jean
vigueur génie
Nous ne pouvons donc mieux faire que de nous y
Jaurès (1).
rallier.

V.
INFLUENCE DE FOURIER
SUR LE SOCIALISME EN GÉNÉRAL

comme
La première influence des doctrines de Fourier fut,
école
noua t'avons vu, de précipiter la chute du saint-simonisme,
et entrepreneurs
constituée par un véritable corps d'ingénieurs
la des
industriels, gros brasseurs d'affaires soutenus prr puissance
On sait en outre que tes saint-simoniens avaient mis
banques (2).

(.) H. Beew. Ht'~t FM)~<Paht t905.p. S3


tMfc~ <<€
Voir <
rBM<" r~M~~ A<FatMtFtWM'Wt(s*Ed.,Paris t93o).de
(~)
M.C~fMty
48 'NFL'JENCEDE FOURIERSUR LE SOCIALISME

la sociétéen défiancecontre tes novateurs quels qu'ils fussent, en


plaçant leur idéal social, au point de vue doctrinaire, dans l'abo-
lition de la propriété privée et de l'héritage (t), déjà prêchée par
Robert Owen, au profit de l'Etat monopolisateur de toute la
production et grand collecteur de la richesse sociale, et qu'ils
avaient encore la bizarre prétention de réformer la sociétésur les
bases d'une véritable religion nouvelle, avec une hiérarchie théo-
cratique dirigée par un grand prêtre, sorte de pape tout-puissant,
tel fut le rôle d'Enfantin, investi des pouvoirs souverains
dans le nouvel état industriel.
Cette condamnation du saint-simonismedevait être soulignée
plus tard par Lamartine lui-même,au profit du fouriérisme,dans
tes termes suivants < Le fouriérisme, idée plus vaste, plus pro-
fonde tque le saint-simonismeJ, plus animée d'une pensée imma-
térielle, s'était étendu à la mesure d'un apostolat et s'était élevé
à la hauteur d'une religion de la société par la foi et par le talent
de ses principaux apôtres. Cette secte ne se présentait point
comme une subversion de la société existante, mais comme une
grande expérincntation d'une société régénérée,demandant seule-
ment, avec une respectueuse tolérance pour tes droits acquis,
place dans la discussion pour ses théories, place sur le sol pour
ses épreuves. Elle n<:voulait point contraindre, eHe voulait con-
vaincre (2).
Et, de nos jours encore, des socialistes de l'envergure de
Jean Jaurès ont, suivant l'expression de M. Bourgin, conservé
< ï'ébtouissement laissé dans leur esprit par ce rêve < On
pressent que l'humanité pourra aisément, quand elle le voudra,
renouvelerle monde matérielet la structure même des idées selon
une loi supérieure de justice et de joie. La Révolution sociale
pétrira d'une main souveraine et rapide la matière déjà assouplie
par la science, et des cités neuves surgiront pour t'ébtouissement
des hommes (3).
A partir du moment où le saint-simonisme avait disparu de
la scène, les idées fouriéristes, matgré leur part d'utopies, en
sommemoins dangereuses que celles des saint-simoniens,exercè-

sur Fourier,p. 48.


(1)Pellarin.Noticebiographique
(~) Lamartine, Histoire de la /?~'o/M<MMde '848. 3* <d.. Paris. )!< T. ).
p. 308. Cf. H. Boargia. F<MM~f,p. 474. "cte 3.
(3) Jean Jaurèt, P<M de <r<~ (L<t Petite R~wM'~f, )7 avril <9co). Cf.
Pourra, ~Mtft~, p. s'7.
INFLUENCE
DEFOURIER
SURLESOCIALISME 49

rent une influencecontinue indéniable sur le développementdu


socialisme, moins peut-être par leur valeur pratique, qui avait
besoin du temps et des retouches de l'expérience pour pouvoir
s'affirmer, que par leur valeur critique, universellementreconnue
par les différentes sectes socialistes, y compris le socialisme
chrétien, le proudhonismeet le marxisme malgré de sérieuses
divergences, qui toutes profitèrent largement du puissant mou-
vement réformiste que le fouriérismeavait inauguré.
Ecoutons les voix mêmes des porte-parole les plus autorisés
du socialismesur l'action profonde exercée par l'école fouriériste
et son prestige grandissant à partir du jour où elle fut constituée.
C'est d'abord Benoît Malon et les théoriciens du socialisme
intégral montrant que le fouriérisme était < une des doctrines
constitutives uu socialismeuniversel (1). c La froide raison
remarque l'historien du socialisme, < trouvera dans le système
de Fourier beaucoup à redire, le propre du génie est d'être
inégat mais l'on reconnaîtra que, même dans ses divagations,
Fourier reste grand. Jamais cerveau humain ne conçut plus bril-
lante utopie, et jamais utopie r.e fut émaittée de plus de vérités
partiettes. Et plus loin encore c Sans doute il y a des scories
dans t'œuvre de Fouriercommedans t'œuvre de tout homme,sans
doute il manque à la scienceet à la logique. Mais que de lueurs
de génie dans ces créations utopiques Que d'immortellesdécou-
vertes psychologiqueset sociales (2).
Puis c'est Paul Malgrani reconnaissant en Fourier < le grand
précurseur du socialisme scientifique moderne, le premier qui
ait prédit et analysé le mécanismedu régime capitaliste, et qui
le premier formula cette revendication du ~nuM de salaire
aujourd'hui inscrite dans le programme du Parti ouvrier /ranfa~
et de tous les partis socialistes organisés (3).
Et enfin Jean Jaurès < Fourier était un homme d'un admi-
rable génie. Lui tout seul avait la force de concevoirla possibilité
de tout un ordre nouveau. Oh lorsque je relis ces pages.
quelle admiration pour ce grand socialiste (4). c Le trait
de génie de Fourier fut de concevoirqu'tt était possible de remé-

(t) H. Bourgin,
fo«W<f,
P.478.
(:) Benoît Malon, Ah~f' d« jocta/'J~. t8S2, pp. 83. sqq. et !M-ti«. V. H.
Bourgin, FoMn~f, p. 478.
(3) H. Bourgin, FoMf«'f, p. 479, note 8.

(4) Jean Jaufèt, Le Travail, t~ot, ;<)'. '6 sqq. Cf. nourgin, FoMD~r. p. 479.

4
M INFLUENCEDE FOURIER SUR LE SOCIALISME

dier au désordre, d'épurer et d'ordonner le système social sans


l'accrois-
gêner la production des richesses, mais au contraire en
sant (1).
On peut donc affirmer sans crainte avec M. Bourgin que
toutes tes parties de la doctrine de Fourier ont agi sur tes théori-
ciens du socialisme (2), à quelque doctrine qu'ils appartiennent,
et qu'et es ont réettement exercé, < dans le sens rc/or~~
coopératif, socialiste, une action sur tes esprits peu soucieux de
raffinements théoriques (3). Aussi est-ce à juste titre que cet
< hommede génie ainsi que l'ont appelé successivementMiche-
let, Paul Leroy-Beaulieu,Jules Simon, Jean Jaurès, fut non seu-
lement reconnu par Engels et Bebel comme< précurseur du so-
cfo~~ contemporain mais encore proclamé par Victor Consi-
dérant, son successeur comme chef d'école, et Arnold Ruge,
collaborateur et ami de Karl Marx, le < p~ du socialismeM~n-
renchérit encore
tifique fnodernc épithète sur laquelle Marx
plus tard en l'appelant te < patriarche du Socialismt » (4).
Toutefois, est à présumer que l'opinion sévère de Fourier
et de ses disciples vis-à-vis de la politique en générât, opinion
tels que
partagée par d'autres grands théoriciens du socialisme
Saint-Simon, Pecqueur, Louis Blanc, Proudhon, et le soin avec
leur confiance dans
lequel ils s'en tinrent éteignes, mettant toute
la puissance du principe de l'Association et de la Coopération
libres sous toutes leurs formes pour la réalisation des réformes
dans
nécessaires, et n'admettant l'intervention de l'Etat que
certains cas, ont pu contribuer à leur aliéner la sympathie de
certains socialistes militants, plus politiciensque socialistes dans
le sens absolu du terme, peu enclins à admettre qu'il puisse
exister un socialismequelconque en dehors de l'action politique.
au
Et Jaurès lui-même,un jour, ne put s'empêcher de reprocher
indiffé-
Parti ouvrier français de s'être taissé gagner par cette
de
rence < Nous accusons», disait-il, < le Parti ouvrier français
à des formes politiques une doctrine d'indiffé-
professer t'égard si
rence qui aboutirait bientôt à la destruction de la République,
cette doctrine n'était combattue par l'instinct invinciblementrépu-
la tradition invinciblement républicaine des travail-
blicain, par
!3'.
(.) Jeta Jaurès,B««~ w<tM~.P. '4' Cf.Bcufti~fMfW, P.
(~) H nour~in.'M., p. 496.
(3) ;M.. p. 466.
(4) Maurice lansac. Les CMe~'eM. etc., p. a.
FOURIERET LE MARXISME 5t

leurs de France. A quoi le Parti socialiste français répondit


dans sa déclaration de principes de 1902 c Le Parti socialiste
défend dans la République un moyen nécessaire de libération et
d'éducation. Le Socialismeest essentiellement républicain (t).
Enfin, l'on ne peut nier l'action visible du fouriérisme sur de
nombreux hommesd'Etat parmi ceux qui se sont succédé depuis
1848 jusqu'à nos jours, et qui y ont trouvé sans doute, comme
le fait remarquer M. Friedberg, < des idées neuves ou, en tout
cas, des confirmationsde leur propre pensée (2). Et c'est avec
non moins de raison que Mr. Lansac, poussant plus loin la pré-
cision, fait remarquer de son côté qu'on ne peut s'empêcher de
<econna!tredans le Garantisme (3) de Fourier < le programme
des partis radicaux et radicaux-socialistes (4).
Quoi qu'il en soit, la question de savoir si tes moyens politi-
ques sont tes meilleurs, ou tes seuls possibles, pour obtenir la
réalisation des réformes socialistes qui s'imposent, sort du
domaine de notre étude, purement objective et documentaire,
notre ambition se bornant à tracer à grands traits l'histoire des
idées de Fourier, sans nous inquiéter, sauf pour la signaler en
passant, de la confusion qui s'établit trop souvent dans l'esprit
du public entre le socialisme doctrinal proprement dit, qui veut
bien
simplementet d'une façon absolument désintéresséefaire le
de t'humanité par la liberté et pour la liberté, et le socialisme
de
politique militant, autoritaire, forcément difficile à dissocier
l'esprit et des intérêts de parti.

FOURIER ET LE MARXISME
Le marxisme lui-même, par t'intermédiairede Veitling et de
Pecqueur (5), connut et utilisa t'œuvre du fouriérisme, dont le
en
Afon</MKcommunisfe de 1848 fait expressément mention
louant surtout sa valeur critique. Nous avons déjà dit que Marx
et ses principaux collaborateurs reconnaissaient en Fourier le
précurseur, le patriarche du socialisme contemporain (6). Engeh

(t) jMrtt. ~W~ t/Mt<< Ci.


Lo Pf<t<t~<<t~Mf. 8 wtctnbre <9<'o.
p. s' note i.
Bourtin,F<M<tt~f,
(~) Morris Fnedbert. /< p. 98.
(:t) Voir p. to~.
(4) Lei CcMc~~hett~. etc., p. tes.
(5) V. Ch. Andter. CeM~~tfatt~ dw ~attt/~« cetXtttttttK~.
(6) Voir p. s".
52 INFLUENCEDE FOURIERSURLE SOCIALISME

et Bebel n'hésitaient pas à reconnaître Fourier commeprécurseur


du socialismecontemporain.Enfin il n'est pas sans intérêt de rap-
peler expressément que le marxisme a emprunté au fouriérisme,
qu'il traitait dédaigneusement, en 1848, de socialisme < critico-
utopique certains articles importants de son programme de
transformation sociale, notamment la réunion de l'agriculture
au travail industriel, l'idée des armées industrielles, celle des
ateliers nationaux, et le principe de l'éducation publiqueet gra-
tuite à tous les degrés, unitaire et intégrale, c'est-à-dire à la fois
manuelleet intellectuelle.
Aussi Mr. Lansac a-t-il pu affirmer sans crainte d'être contre-
dit ces deux ventés, qui ne sont que la constatation de deux
faits également évidents < La partie constructivede Marx est
nettement phalanstérienne et c On ne peut rien comprendre à
/'œuyrc de Karl Marx si l'on ne connait pas la f iliationfouriériste
de ses principales conceptions» (1). Et d'autre part M. Bouglé
a parfaitement résumé toute cette question des emprunts marxis-
testes dans l'observation suivante c Dans le Marxisme, puis-
sante synthèse, on peut soutenir que le Fouriérismeest incorporé
aussi bien que le Saint-Simonisme.Marx, en éclipsant ses de-
vanciers, les utilise. !t fait vivre leur pensée, pourrait-on dire,
en la faisant oublier » (2).

Mais il est du plus haut intérêt aussi, à un point de vue plus


général, d'observer les curieuses déviations subies par la grande
idée commune du socialisme, qui est à n'en pas douter de
vouloir faire pratiquement le bonheur de l'humanité (3), selon

(t) MauriceLansac,/.M C'<"tc<Mj,etc.,pp. t~6et tt4. Voirdan<Je


étudela trèsprohante
chapitreII de cetteexcellente de cesafnr.
dcmoMtration
mationt.
(a) ~acto/~MM /~a"fo«. A. Colin, t~ p. <;t6. Voir tUMi tout Je développe-
ment suivant (pp. '36 )38) où j'ot~t )unnncuse"'en< exposés les raj.j~'rt'. ~ntre
le Marxisme et Je Socialisme frnn<n)!<. Dan!. c<' petit vo'o'"e qui reprf'cntt un
énorme et très utile travai) de svntheae historique. Mr. Hougt< a rendu un nou-
veau et tignatc service à la science Mciototique en exposant magistra e'nent t<
bilan des trois grand* systèmes snciatttïes français du x)x' siècle. rejtfcsc) tc<
par la < trinité Mciati*te française Saint-Simon, Fourier, Proudhon.
(3) « Toutes les doctrrf ror)~tf« f't~r<- )7f-ntf four'criste. < partent
d'une hase commune l'insufficance actuelle de-! r'cheMe!< produites par )'.ict'\ ité
humaine et l'injustice de leur rc)'art t'nn. (/.o ~<'M<~fo~f ~<t<Y'~«< cit/r par
H. Bourgin, tb.. p. 4.~s rntc <). t 'Ancri.)t)c "'c'" charge de nous montrer
comment on peut corrifter « )')Tm'<;)ncf d("* richf~'f j'roduit' )'nr )'art'vit<
humaine mais e )e n'a )'a* t'nrnrt- fait rcttf ~<'r"nn~trntion. malheureusement,
en ce qui concerne < t'iniu<<tic<'de leur r~t'nrt'tinn »
FOURIER ET LE MARXISME M

de
qu'elle a passé par le creuset de l'esprit français ou par celui
l'esprit allemand (1). Et pour cela, rien n'est plus instructif que la
comparaison des doctrines fouriéristes, qui ont marqué une si
avec les
profonde empreinte sur le socialismefrançais en générât,
doctrines marxistes, qui, faisant feu de tout bois et ne s'embarras-
sant pas des scrupules c critico-utopiques» d'un Fourier, ont pris
une extension si rapide et une prépondérance si exclusive dans
toute la partie orientale de l'Europe et au-detà, en tant qu'ex-
pression ultime du socialisme intégral allemand.
Le parattète entre ces deux tendances, qui se partagent à
l'heure actuelle toute l'humanité anxieuse de l'avenir, s'établit
aisément commesuit
Pour Fourier, la transformation de la société est nécessaire,
ne
urgente, sans doute, mais il dit expressément,et ses disciples
cessent de le répéter, qu'elle doit être progressive et pacifique,
donc obtenue par la persuasion, ou pour employer son langage,
la
par la loi de l'attraction universelle, qui seule peut imposer
discipline collective volontairementconsentie, condition sine qua
non de toute réforme sociale. Cette nansformation, en outre, ne
doit être réalisée qu'à la suite d'expériences partielles d'abord,
être indépen-
généralisées ensuite s'il y a lieu. Enfin, elle devra
dance de la politique.
< Le progrès social dit très bien Lechevalier,e doit résulter
l'éducation de l'opinion publique » (2). Et ailleurs Consi-
dérant On ne refera jamais une société avec les décrets. On ne
décrète pas les faits intimes, l'organisation moléculairequi détcr-
w~nel'état d'une société » (3).
lutte des classes sera abolie, et du même coup la paix
La
trois classes (riche, et
sociale par la f usion des
réalisée, moyenne
du système de l'Association universelle,
pauvre), qui doit résulter
soumis à la loi de l'attraction universelle découverte par Fourier et
de la coopération sociale, dans lequel chaque travailleur devient

te D~o'r. dénon-
(<) < Rouanet. ancien éditeur du journal du faM~j~
de la peatee
~Mt dM< une t<fie d'article* en tM7. le caractère Md-fnmçait
de Marx et demandait un retour à la tradition locialilte française (Pinn.
f.~ ~eetftt~t ~cewcttt'fM M Ff<mM dt~ww tSyo, t9'3. P. t3, cM par M. Fried-
berz. ttt~, p. $7).
(a) J. Lechevalier, ~o~M ~M dfcfnM~ ft~tfN~atM~, etc.. Le P<)<<t'«~
T. PP 73 *<!< Cf, Bourtin, FoMn~f, p. 456.
(3) ~tfw~ Monde, 89.
54 tNFLUENCEDE FOURIER SUR LE SOCIALISME

associé et co-propriétairt du produit du ~woM collectif, ce qui


entratne nécessairementla suppression du salariat.
Le fouriérisme distingue soigneusementle régime de l'Asso-
ciation, qui assure le maintien de la M~ individuelleet de la
propriété privée, de celui de la Communauté,basé sur le principe
absurde de t'~o~ absolue.
La propriété acquise par le travail est en effet sauvegardée en
tant que co-propriété sociétaire <ndh'<dMcMe, répartie proportion-
nettementà l'apport de chacun en capital, en travail et en talent.
Le capital de chacun est donc maintenu et garanti par la collecti-
vité, ce que Fourier considère commeune condition indispensable
de la liberté individuelle.
s'ensuit que l'héritage est également maintenu, sauf certai-
nes modificationsdans le sens de la liberté.
Enfin tes grandes idées traditionnellesde la Société /?e~M,
morale,droit, famille, nationalité, sont respectées.
La tendance du fouriérisme est donc, en résumé, cette d'un
socialismefédéralistt, favorable à la fois au consommateuret au
producteur, et en tout cas, radicalement opposé à tout commu-
n~Me.
Le sentiment qui domine cette doctrine, c'est invariablement,
on le voit, l'amour thumanité (t) son objectif la paix
socialt.

Le marxisme, au contraire, dont le Maniftstt communistede


Marx et Engels nous donne t'évangite, commencepar dénoncer la
doctrine fouriériste de la ~om/o~M~on pacifique de la Société
comme une utopie. II veut cette transformation immédiate (2) et
violente, par la destruction de la classe bourgeoise propriétaire,
dont se chargera le prolétariat triomphant, donc par la révolution
et la conçue du pouvoirpolitlqut. La lutte d~ classes sera pous-
sée en attendant avec la dernière énergie sous .forme de guerre
civile latente, jusqu'à ce que ce résultat soit obtenu. Ainsi seule-
ment sera réalisée la paix socialt.

(.) < En effet, comme diMit Mr. Gide, oa da <rMd< eMeitaemertt qui M
d<Meat de t'CMVfede FaeritT. c'at que la pahMect créatrice tient de i'tmeM.
femme dMM la nature fM *w«w M< tto~tMMXM /~t~ ~ttt«<nKt <
d~tfttt~ t~tt~M~tt (M. Fritdbtfg. tM., p. <t).
(<) Marx a cependant reconnu plus tard, contrtiMa~at à Eagd*. qM'UfM-
dr*it Meore < de ton~t dét<ti< peur r<<JtMfcette transformation. V. Andier.
tt«.,p. <3t.
FOURIER ET LE MARXISME 53

Au lieu de l'Association MH~erM~et de la Coopérationlibre


du régime sociétaire pour la production,l'exploitation et la répar-
tition des richesses sociales, qui laissent à l'individu toute sa
personnalité et sa responsabilité, sera établie la centralisation
entre les mains d< FE~ de tous tes produits et instruments de
production, et tout l'ensemble de la vie sociale sera soumis au
régime du communismeintégral, basé sur l'égalité absolue.
Conséquence Abolitionde la propriété privée et du capital,
que Fourier considérait, au contraire, commeles conditions indis-
pensables de la liberté individuelle.
Quant aux idées traditionnelles de religion, de m~o~c, de
droit, de famille, de n~tono~, elles disparaissent naturellement
par suite de la rupture radicale avec le régime social traditionnel.
Tels sont tes buts et tes moyens déclarés du communisme
marxiste.
Le sentiment qui dominetoute cette doctrine n'est autre, on le
voit, que la haine, dirigée contre quiconquen'y souscrit pas inté-
gralement. Et le mot d'ordre des masses populaires tancées à
l'assaut de l'ennemi se confond avec le cri de guerre à outrance
qui termine et résume le Manifeste c LE COMBAT OULAMORT,
LALUTTE SANQUtNAtRE OULENÉANT

Si nous avons choiside préférencele fouriérismecommepoint


de comparaison avec le marxisme,ce n'est pas que nous mécon-
naissions l'importance de l'appoint apporté au socialismeactuel
par les deux autres grands courants réformistesdu XtX*siècle, le
saint-simonisme avec ses tendances collectivistes étatistes, et le
proudhonisme anti-étatistc et précurseur du /~foM~e syndi-
caliste (t). Ce n'est même pas parce que nous nous sentions peut-
être plus porté vers t'ittustre < sergent de boutique » par nos
propres souvenirs de < garçon de boutique ayant connu comme
lui toutes tes duretés du prolétariat commercial, et plus tard, le
sort réservé à l'intrus, malgré tes promesses des Droits de
l'Homme, qui ose encore se frotter aux fils barbelés de certaines
citadelles de privilégiés sociaux et braver l'hostilité innée de tout
bourgeoisisme,même universitaire,qui n'aime pas à être dérangé
dans ses combinaisons, misèresoubttées personnellementdepuis

(<) V.BoegM,
5'eM~Mttw/~Mc<tt~ t. Voir)M.HM
< Bilandu Proudhonume
AtméBerthod. Pf~dt~t
P~e~M ~<la ~e~<M tt A.Berthodet Guy-Grand,
du ~t«~.
~<<*t<M«pttWttM<K
M INFLUENCEDE FOURIER SUR LE SOCIALISME

longtemps, mais qui, ~ocKï~ncnr, et c'est le seul point qui im-


porte, retombent sur leurs auteurs, et ne font que grossir un
dossier déjà trop chargé l `
Non si nous avons donné la préférence au fouriérisme pour
établir une comparaison avec le marxisme,c'est surtout parce que
nous y avons trouvé, harmonieusementfondu dans une note pro-
fondément humaine qu'on sent rarement au même degré chez
les théoriciensdu socialisme,un ensembled'idées et de sentiments
remarquablementcohérent malgré tes délicieusesutopies, bien
innocentes, dont il était ennuagé, mais qui devaient se dissiper
d'elles-mêmes avec le temps monument imposant édifié par
une pensée créatrice d'une puissance et d'une logique exception-
nelles, pensée qui domine de très haut, plus que cette des autres
chefs d'école de son siècle, tout le mouvementsocial qui s'est dé-
veloppé sans arrêt depuis lors jusqu'à nos jours. Et qui pourrait
contester que l'objectif constant de Fourier, s'il n'eut pas le bon-
heur de le réaliser de son vivant, constitue cependant le plus bel
idéat que l'on'puisse rêver l'ambitionde faire, sans la martyriser
et l'atomiser, le bonheur de l'humanité ? (1).
Nous sommes d'autant plus heureux, pour toutes ces raisons,
des circonstances qui nous ont permis de faire spontanément ce
choix avant d'avoir connu l'opinion de M. Bougté et d'avoir goûté
ainsi doublement la satisfaction de nous rencontrer avec lui
quand il cite le service rendu par Ch. Gide lorsqu'il a remis en
tumière < tes thèses maitresses du Fouriérisme, présenté comme
une doctrine à la fois rédemptrice et conciliatrice s pouvant
encore donner satisfaction à un < socialismeréaliste collaborant
avec un radicalismesocialisant (2).

(t) a Plui fCtpect~MewdM< leurs i!tu<ioM que lei hommes actueh da*t
teuft calcula, cet esprits geaefeox tutt*ieat coura~eutemeet pour ua ordre <cd<tt
où la justice pftMdtMit à la «ttcitt <<a<r*i<1 ét t'en m fitit.~
<[ N'emMat-itt apporté qu'un imperceptible trtda de Mbte au monument de
t'tvemr qui doit abriter le bonheur de tous, a'euMent-Ut fait qu'tvei.ter «
memtnt dans ua cotuf cette sympathie pour la justice et t* vente, tb auraient
bien employé la minute qui août ut accordée d*a< cet ia&ai MM limita et
tous pMMat ai ftpidemeat. (MtdMnt ABCetet,t/« ~<t da PafM t8~4 A
tM4, citée pM Ch. Pellarin dMt aoa dMcourt au htaquet du te4* <tt««wf«Mw
<MK<~ da fc«n~. V. la brocLare pubtite <ouwce denuer titr~ par la Ubrtiriw
des Scieace< Secitlet, P~nt, tBy6, p. s8.)
(a) ~eM/uwt~ /~<MfaM,pp. !37-!38.
CONCLUS~ S7

VI.

CONCLUSION

Le passé «~ « f~/<M<~<Mew f'~ottt'M~,


et jt ve~ t'~oM~ ~«f~ et /atj<Mt<
vive force
/atKM fOM<tcroit pouvoir e~~tt~f
<« reol det ftMtM~ «H~Hf'~Mtt, elle ts
tMM~t contre <a force dM choses.
V. CoNS!Di~A!tt.

Où tend le SociaMame?

Il importe donc maintenant, laissant de côté pour un moment


toute question de technique sociologiqueet politique, pour nous
en tenir aux questions de doctrine pure, de savoir de quel côté
évoluera le socialisme, c'est-à-dire s'il acceptera cette attitude
< rédemptriceet conciliatrices et restera dans les voies de la tra-
dition française et de la méthode cartésienne (1) dont Fourier
nous parait, parmi tes grands sociologuesdu XtX*siècle, le repré-
sentant le plus étevéet par conséquentle plus qualifié, celui dont
et
le souffle puissant et généreux a le plus profondémentpénétré
enflammétes esprits vraiment épris d'idéat et d'amour de l'huma-
ou se laissant embrigader par une minorité militante,il
nité, si,
suivra jusqu'au bout dans leur application rigoureusementlogique
la voie rigide des spéculations marxistes, se contentant pour l'hu-
la
manité des basses aspirations matériettes,réduisant en un mot,
sociale, suivant le mot de Lassalle, à une <:question de
question
ne connais-
ventre», et n'écoutant que les inspirations de la haine,
la
Mnt pour réaliser son programme,d'autre méthodeque cette de
d'autre tactique que la destruction d'une classe de la
t~nce,

(.) <tJemepersuadai qu'iln'yauraitvraiment qu'unparti.


pointd'apparence
t~ier fit deMci.de réformerun Etat,en y changeant toutdèslesfondements,
tt ea le renversant pourle redreMer (Descartes, Dw<w< la M~~<).
rourierse réclametui-meme de la méthodede Départe. < B< ~<'M«
d~ r<t«f<M-<'<Mt
m~tM<n~ "« ~enMWt<t<y< <<"~ f<c~~ d, OM-
~~t<w F<MM~
e~M, <<M~ M~n~tM~eMMjM ~M <~<e"<<Me~. (f.<t
7<tdtM<W~,t. II, p. '94).
'& INFLUENCEDE FOURIER SUR LE SOCIALISME

Société et des gains sociaux, trop faibles encore sans doute, mais
appréciab)es cependant, lentement amassés au cours des siècles
par le labeur et les progrès de l'esprit humain.

Où va l'Humamté ?

De la réponse à cette première question dépend la réponse à


la seconde Où vo f~M~nont~? Car au fond les deux n'en font
qu'une, étant donné l'impossibilitéde revenir en arrière.
Or, il est visible que l'humanité est arrivée à un tournant, ou
plutôt à un carrefour où, la voie suivie jusqu'à présent par le pro-
grès social bifurquant tout-à-coup dans deux directionsnettement
opposées, il lui faut de toute nécessité choisir cette des deux
qu'elle entend suivredésormais.Sera-ce donc cettede la consffMC-
tion progressive,forcément lente, et surtout pacifique, recomman-
dée par Fourier, d'un meilleur édifice sociat, dont beaucoup de
parties déjà existent ou prennent forme chaque jour sous nos
yeux, ou cette de la destruction violenteet systématique d'institu-
tions existantes consacrées par tes siècles, ou nouvelles déjà en
plein essor, déclaréesarbitrairement mauvaisesou non viables par
tes oracles du marxisme telles par exemple l'Associationuni-
< ~cM~et la Coopération soc~o~, basées sur le respect de ia
liberté et des droits <~ fïn~w~M convergeant avec !M< géné-
ro/ ? Bref, choisira-t-elle définitivementcette dernière direction,
prônée par le marxisme, qui aboutit fatalement au n~~Mf
égalitairt de la société, c'est-à-dire à l'abolition de toute MM-
dualité, de toute liberté et de toute propriété, conformément au
régime que nous voyons en ce moment imposé au malheureux
peuple russe, en retard de plusieurs siècles ?
!t parait impossible heureusement que des hommes qui veu-
lent rester dignes de ce nom, du moins dans la partie occidentale
de l'humanité, puissent hésiter un seul instant sur la route à choi-
sir et laisser déchirer la charte des Droits J< f~o~nmc léguée par
la grande Révolutionaux peuples de la terre. Sans doute, la route
du progrès est longue et ardue, mais on ne peut plus dire désor-
mais incertaine, car aujourd'hui tout s'accélère, te bien commele
mal et tes miracles quotidiens de la M~nc<Let aussi ose-
rons-nous ajouter, pour ne pas être infidèle à 1 esprit de Fourier,
de la bonté humaint, ne nous permettent pas d'admettre que
CONCLUSION M

<- -ti~– JL–~M~


les progrèa de la science MC~e fassent seuls exception cette
à
tôt.
Le momentest venu pour ceux qui ont l'oreille des peuples et
franche-
qui veulent Bincerementle bien de l'humanité, de parler
ment et d'avoir le courage de lui dire

HUMANtTÉ, TON SORT EST ENTRE TES MAINS 1


DEUXIÈME PARTIE

LES TEXTES
DEUXIÈME. PARTIE

LES TEXTES

I. TEXTES FOURIÉRISTES
K. B. Tout les textes reproduits tous ce titre sont exclusivement extraits
de* auteurs de t'Ecote fouriériste. et la tource en est indiquée à la fin de
chaque extrait avec les abréviation* euivante*
F. B., (= FoutttM, cité par H. Bourgin, f.<' ~ocM~HM Sociétaire, !903.
P. )
C., (= Victor COKStDittAtfr,D~t'H~ ~M<e/ t. t, '834, p.)
L. (= Ju)e< LzcHtvAUtt. BtMdM sur la ~o~c~ Socials, t83~. p.)
P., (= Charte* Ptujmut, Notice biographique w C~offM FoMn~f. t839.
p. ~.).

a) Le Mat Social
LA C!V!L!SAT!ON
ETAPESPARCOURUES PARL'HUMANITÉ. Le mot CIVILISA-
T!ONsera emptoyé ici commecaractéristique de la période sociale
dans laquelle t'humanité est entrée au sortir de la BARBARIE
c'est t'état dans lequel nous sommes, nous et la plus grande
partie de l'Europe.
La CIVILISATION est un progrès par rapport à la SAUVAGERIE
et à la BARBARIEmais c'est encore une société incohérentepleine
de maux et de misères. Nous donnerons aux sociétéscombinées
de l'avenir, fécondes en biens et en richesses, le nom générique
d'HARMONIE. La civilisation et toutes les périodes historiques
connues, ont pour base étroite le ménage /onM~ la société
la
harmonique aura pour large base la Phalange industrielle, ou
Commune sociétaire, dont nous déterminerons tes lois. (C., 48).
DELACIVILISATION
DUMOUVEMENT
FORMULE
La OvtUSAïtONelle-mémese divise historiquementen quatre
phases, qui sont
PREMIÈRE Enfance (Féodatité patriarcale et nobiliaire).
PHASE.
DEUXIÈME PHASE.Adolescence(Privilèges communaux. Cul-
ture des sciences et des arts. Système représentatif. i:!usions en
64 TEXTES FOURIÉRISTES

liberté. Apogée de cette phase Art nautique, chimie expérimen-


tale. Déboisements,emprunts fiscaux).
TROISIÈME PHASE.Déclin (Esprit mercantileet fiscal. Compa-
gnies actionnaires. Monopole maritime. Commerce anarchique.
Illusions économiques).
QUATRIÈME PHASE.Caducité (Féodalité industrielle. Illusions
en Association).
(Extrait <<"ToMMMtracé par PeMU~ ~t t8o8).

C'est au sortir de la quatrième phase qu'on entrerait dans la


aussi Har-
phase supérieure ou Garantisme, que Fourier appelle
monie, caractérisée par l'organisation de l'Ordre sociétaire, qui
faciliterait la régularisation et l'établissement des solidarités et
Produc-
garanties commerciales,ainsi que la régularisation de la
tion et de la Consommation.(C., 211, résumé).
Quant à la Civilisation d'où nous allons sortir, je démon-
trerai qu'elle n'est qu'un fléau passager dont la plupart des globes
sont affligés pendant leurs premiers âges; qu'elle est pour te
la dentition
genre humain une maladie temporaire, comme est
l'enfance qu'elle s'est prolongée deux mille trois cents ans
pour
de trop, par l'inadvertanceou l'orgueil des philosophes,qui dédai-
gnèrent toute étude sur l'Association et l'Attraction enfin que
les sociétés sauvage, patriarcale, barbare et civiliséene sont que
des sentiers de ronces, des échelons pour s'élever à un meilleur
Ordre social. (F. B., 39).
Sous le rapport du sort qu'elle fait à l'homme, la Civilisation
doit amener pavillon et s'humilier devant la Sauvagerie. J.-J.
Rousseau l'avait bien confessé et prouvé, lui, dans son fameux
Discours à !'Académie de Dijon. Aussi a-t-il été fort maltraité
par les sophistes qui, de son temps, chantaient la perfectibilité.
Rousseau n'eut qu'un tort, et ce fut à l'influencede la philo-
et de la morale qu'il céda, sans l'apercevoir, quand il
sophie
il
proposa une rétrogradation au lieu d'invoquer un progrès
manqua de foi en Dieu et de croyance à l'avenir de l'humanité.
(C., 158).
LA SOLIDARITÉ HUMAINE

!t est une vérité trop obscurcie et qu'il convient de rappeler


c'est que les hommessont vraiment splidaires les uns des autres,
c'est que le bonheur ne peut être atteint par quelques-uns tandis
DESCRtPTtON DU MAL SOCIAL M

que les autres, tandis que la masse souffre. En quelque position


que vous vous trouviez, quelque favorisés que vous puissiez être
par le sort, il y aura toujours une sommeconsidérable de choses
que vous sentirez vous manquer.
Solidarité entre tous les individus, entre toutes les classes,
entre tous les peuples, voilà ce que crie incessammentla grande
voix de l'histoire. Voilà l'enseignement que révèlent ces grands
fléauxqui moissonnentles populations,et ces révolutionsqui bou-
leversent les fortunes et les existences.
Qui que vous soyez, et surtout si les besoins du cœur sont
chez vous prédominants, si chez vous le foyer des sentimentsest
actif, un mur d'airain s'élève, en Civilisation, entre vous et le
bonheur
Ce n'est point enfin par rapport aux affections privées seule-
ment, qu'il faut apprécier les inconvénientsde la société actuelle.
II y a un immensedanger pour les intérêts publics, pour les droits
et les pouvoirs publics à laisser subsister plus longtemps l'in-
cohérence industrielle et sociale.
Les chancesde révolutionsdésastreuses ne sont pas épuisées.
(P., 168).

DESCRIPTION DU MAL SOCIAL


CARACTÈRE SOCIAL ETUNIVERSEL DELACRISE. tt est facile
de voir que l'état actuel de la France est une Civilisationde troi-
sième phase fortement cramponnéeencore aux illusions et dispu-
tes démocratiques de deuxième phase, ce qui complique la posi-
tion et augmente le danger de la crise. La force des choses, le
mouvementindustriel assis sur la libre concurrence, nous pous-
sent vers la quatrième phase. Or, il s'agit de nous élever, avec
les ressources et tes instruments que nous possédons, à une
période supérieure, sans passer par les infamies sociales de la
quatrième phase et voilà que la Civilisation, tirée en sens
opposés, s'arrête sur un volcan, et y croupit en engendrant mille
caractères odieux. Cet état de choses est extraordinairement cri-
tique, et comme il est, à peu de différence près, celui de toute
l'Europe, il est très sensé de dire que l'existencede la Civilisation
Européenne est fortement compromise.(C., 220).
TEXTES FOURIÉRISTES

ET HNCLRtE t)ESGOUVERNEMENTS. On a mis


LESCRISES
un véritable acharnement à méconnaître tes symp-
longtemps
tômes visibles du mal social on se bouchait les yeux pour
ne pas voir c'étaient d'insignes vanteries de prospérité publique,
et de solennels mensonges. Aujourd'hui,les hommes politiques,
eux-mêmes conviennent du mal il a fallu
les gouvernants
cela choc violent ouvrît les abîmes de douleur et
pour qu'un
souterraines
de misères que notre société recèle en ses couches
les hautes terres fussent inondées et que ces
i! a fallu que
comme
hommes eussent à voguer au milieu du catacytisme
les habitants de l'arche diluvienne.Eh bien vous croiriez qu'ils
aux
cherchent à se rendre compte des phénomènes, à remonter
à et à mettre en jugement la forme sociale elle-
causes, suspecter
la constitution intime de la société ? Point c'est avec
même,
franche qu'ils
la plus incroyable légèreté ou la niaiserie la plus
mcnre-r-~
traitent le pourquoi des choses. c Pourquoi feou
c Parce que la nature a horreur du vide. »
Mn.s les
< Pourquoi l'eau ne monre-r-eMedans les pompes que jusqu'à
trente-deux ptcds ? < Parce que fa norure n'a horreur dM
trente-deux pieds. » Ces raisonnements de
vide que jusqu'à
donnent la mesure de ceux de nos hommes
l'ancienne physique
en fait de science sociale encore ne prennent-ils pas
politiques
la d'en faire même de cette force d'ordinaire
toujours peine
ne sont pour
leurs élucubrations sur les désordres et les misères,
Entre tous ces
eux qu'un texte d'accusation contre leurs voisins.
c'est à qui rejettera toute la faute sur les
partis politiques, de porter
autres comme s'il était à la puissance d'aucun parti
remède à pareille maladie Eh dites-nous donc, dites donc, par-
dites donc ce que vous avez par devers vous pour la guénr ?
tis,
!ts ne s'expliqueront pas là-dessus, je vous le jure.
Ecou-
Ce n'est pas une plaie politique,c'est une plaie sociale
retentir aussi
tez là-bas, par delà le détroit n'entendez-vouspas
ce cri Détresse Et plus
à la tribune d'Angleterre, grand
Etats-Unis, dans cette république modèle, dans
loin encore, aux
de nos candides républicains, c'est encore le même
cet Eldorado
Le crédit y est bouleversé voilà les ban-
mot Détresse public
en débâcle voilà aux prises le commerceet le peu-
ques pleine voilà
La voilà déjà dans sa décadence, la
ple, Nick et Jackson. en terres
vieille cette nation d'un siècte Elle est riche pourtant
67
DESCRIPTION DU MAL SOCIAL

et fécondes sur lesquelles elle peut s'étendre elle jouit de


vierges
ces formes républicaines qu'on nous veut donner pour une mer-
veilleuse panacée. Ce sont des présidents qui la gouvernent et
non pas des rois, ces grands croquemitainesde la philosophie
Mais elle a comme la France, comme l'Angleterre, une industrie
un commerce anarchique. Elle est comme la France
anarchique,
so-
et l'Angleterre en pleine Civilisation, c'est-à-dire dans une
ciété où tout est morcellementet désordre.
Ce n'est pas le tableau de l'état de la France que j'ai tracé
tout à l'heure, c'est le tableau de la société civiliséearrivée à un
certain point de maturité. Ce tableau, je le répète, est exact et
fidèle, et quand enore toutes les bouches ne s'ouvriraient pas
l'affirmer, le bruit des révolutions qui éclatent partout où la
pour
Civilisation a atteint cette époque de sa vie, suffirait bien pour
nous en convaincre car elles parlent assez haut 1. (C., 108 sqq.).
La gangrène s'est pourtant mise aux nations on la voit, on
la sent, et il n'y a plus pour l'arrêter ni foi, ni loi, ni sentiment
des gou-
social, ni religion, et tout est guerre et division 1 Guerre
des
vernants et des gouvernés, guerre des partis entre eux, guerre
de contre l'argent,
propriétaires et des prolétaires guerre l'argent
de
du travail contre le travail, du talent contre le talent guerre
l'individu contre la masse et de la masse contre l'individu guerre
dans l'Etat, guerre dans la famille, guerre partout. < Om/K
< regnum in se divisum peribit Tout royaume divisé périra.
(C., 128).
DÉSORDRE MORAL DE LA SOCIÉTÉ. Les signes généraux
ont la chute de l'Empire romain, se reproduisent
qui marqué
chez nous avec une frappante ressemblance. La dissolution s'est
mise dans toutes les parties du corps social les lois n'ont
de on les décrie et on les méprise, comme
plus puissance,
on méprise et comme on décrie ceux qui les font. Les révolu-
tions se succèdent avec une effrayante rapidité, sans qu'il soit
au pouvoir d'aucune main d'en clore t'abîme les nations s'obè-
rent et courbent de plus en plus le dos sous 1e fardeau des
dettes publiques. Les constitutions, les chartes, les gouverne-
ments n'ont pas, l'un dans l'autre, dix années de durée moyenne
les peuples sont frappés de l'esprit de vertige et d'erreur qui
leur fait prendre pour moyens de soulagement, des moyens
vaines et cruelles agitations
qui ne peuvent que perpétuer de
68 TEXTES
FOURtÈRtSTES

et accroître leurs tourments. n'y a plus de respect pour


aucun pouvoir social toute croyance est abolie toute majesté
est vilipendée, celle des nations comme celle des rois. Et les
besoins vont se multipliant avec le luxe des riches et la misère
des classes pauvres puis, riches et pauvres, âpres au gain, se
ruent et se culbutent sur les routes étroites qui mènent à la tof-
tune et de ces routes, les plus courtes sont réputées les me'
leures.
n'y a plus d'affections larges et de pensées sociales
l'amour de la patrie n'est plus qu'un nom qui sert à décorer des
La
intrigues de parti, à étiqueter des cabales ambitieuses. Révo-
lution et l'Empire ont absorbé presque tout l'esprit national la
lutte de la Restauration et 1830 ont usé le reste. !t n'y a plus de
faculté, d'activité, de puissance que pour conquérir de l'argent.
De l'argent de l'argent Tout se vend, les hommes et les
consciences,comme denrées de halle, et moins cher que le reste
car un hommequi s'est vendu sept fois peut se revendre encore
et vous en voyez qui travaillent à se faire une réputation de talent
et de vertu, qui font au public étalage et montre de probité et de
conscience,dans le but industriel de hausser leur titre de com-
merce, d'augmenter leur valeur vénate c'est véritablement la
traite des blancs, c'est la conversion des peuples au culte du
Veau-d'Or (1)
Des agioteurs, des joueurs de bourse, sont devenus les arbi-
tres de la destinée des nations ils accumulentdes fortunes mons-
trueuses, prélevéessur les sueurs et le sang des peuples en moins
de temps qu'il n'en fallait aux proconsuls romains pour dépouiller
leurs provinces et leurs concussions sont réputées honnêtes et
vous ne trouverez
tégates Dans la capitale du monde civilisé,
de temple où loge Dieu, ni de palais que protège un pouvoir
plus
il n'y a plus que des casernes, une bourse, et la sen-
respecté
tine de la rue de Jérusalem, l'hôtel de Police (C., 125 sqq.).

MtsÈREsDESTRAVAILLEURS.Dans la longue liste de ce


Fourier les e disgrâces des industrieux que nous
que appelle
il faut
appelons aujourd'hui les « misères des travailleurs
noter la répugnance industrie!<e et privation de la prérogative

le motcélèbrede Schitter < C<Mf~W dit H~M


(t). Rappelons
le monde
l'argentgouverne )1
ee
LES CAUSES DU MAL SOC!AL

abeilles, etc. qui, éprouvant attraction


des animaux, castors,
le travail, trouvent leur bonheur dans cette industrie qui
pour
fait le supplice du civilisé.
sa
Souffrance anticipée au futur, ou faculté d'entrevoir pour
de misères
vieillesse, dans un avenir lointain, un accroissement
sans aucun moyen d'y échapper.
Dénué de tout dans le cas de maladie, il n'a pour asile que le
triste hôpital, que 1<:compagniedes moribonds,où souventencore
on refuse de l'admettre.
le souvent, le fruit de ses peines est pour un maître
Enfin, plus
n'a aucune participation au produit de son
et non pour lui, qui
labeur. (F. B., 37).
LES SERVICES DOMESTIQUES.Nous abordons ici le sujet
le plus important en Harmonie (1) domestiqre, l'accord pas-
le
sionné (2) des serviteurs avec les maîtres, l'art d'exciter
dont
dévouement respectif entre les deux classes. Est-il un art
la Civilisationsoit plus éloignée ? ou pour mieux dire, n'est-elle
avec tout accord des inégaux, notamment celui
pas antipathique branche
aes maîtres et des valets ? On va voir comment cette
en
d'unité domestique, si impraticable dans l'état actuel, s'établit
essor
Association sans aucune sagesse politique, et par le seul
des passions.
des
Rien n'est plus opposé à la concorde que l'état actuel
dasses de domesticitéet de salariés. En réduisant cette multitude
la Civilisation impose
pauvre à un état très voisin de i'esclavage,
des chaînes à ceux qui semblent commander
par contre-coup
ouverte-
aux autres. Aussi les grands n'osent-ils pas se divertir
riche
ment dans les années où le peuple souffre de la misère. Le
aux servitudes individuelles comme aux collectives. Tel
est sujet
homme opulent est souvent parmi nous l'esclave de ses valets.
(P. B., 105).

LES CAUSES DU MAL SOCIAL


voilà
H ne s'agit pas de crier contre le vice, le crime, le mal
devrait
tantôt trois mille ans qu'on le fait en vain, et la morale

(<) Voir pp. 6j et 64.


buttant de l'attraction /.<M~<< Voir pour le
~) C'Mt-i-d'fc
de ce terme p. *7
70 TEXTESFOURIÉRISTES

être enrouée. H faut aller aux causes sociales des vices, des
crimes, du mat et enleverces causes. S'en prendre aux effets sans
remonter aux causes, c'est œuvre de folie, c'est vouloir arrêter la
meule d'un moulinavec la main, au lieu d'arrêter, en baissant ta
vanne, l'eau qui la fait mouvoir.(C., 60).

CAUSES GÉNÉRALES

Les immobilistessont une secte aussi ridicule que Sesrétro-


~fo~ofcu~. Le mouvementsocial répugne à t'état stationnaire
il tend au progrès il a, commet'eau et l'air, besoinde circuler
il se corrompt par la stagnation aussi ne connaît-on rien de
plus vicieux que tes Chinois, nation la plus immobilistedu globe.
COMMENT SE PRODUISENT LESCRISES. LASURPRODUCTION ET
SESINCONVÉNIENTS.Si une société languit trop longtemps
dans une période ou dans une phase, la corruption s'y engendre,
comme dans une eau qui croupit.
Nous ne sommes que depuis un siècte en troisième phase de
Civilisation,mais dans ce court espace de temps, la phase a mar-
ché très rapidement, à raison du progrès colossal de l'industrie
de sorte qu'aujourd'hui la troisième phase excède sa limite natu-
rehe. Nous avons trop de matériaux pour un échelonsi peu avan-
cé, et ces matériaux n'ayant pas leur emploi naturel, il y a sur-
charge et malaise dans le mécanisme social. De là résulte une
fermentation qui le corrompt elle y développe un grand nombre
de caractères malfaisants, symptômes de lassitude, effets de la
disproportion qui règne entre nos moyens industrielset l'échelon
subalterne auquel ils sont appliqués. Nous avons trop d'indus-
tries pour une civilisation si peu avancée, retenue en troisième
phase elle est pressée du besoin de s'élever au moins en qua-
trième de là naissent tes caractères d'exubérance et de détério-
ration dont je vais énumérer tes plus saillants.

EFFETSDE DÉGÉNÉRATION ÉVIDENTE. En réptique aux


jactances de perfectionnement, je vais signaler des effets de
dégénération évidente, et pourtant très réocents.
Centralisation poMtçuc. Les capitales transformées en gouf-
fres qui absorbent toutes les ressources, attirent tous tes riches à
l'agiotage, et font dédaigner de plus en plus l'agriculture.
DUMALSOCtAL
LESCAUSES

de la /~M~re, des systèmes d'extorsion, banqueroute


Progrès
art de dévorer l'avenir. Necker, en 1788,
indirecte, anucipations,
annuel aujourd'hui
ne savait où prendre 50 millions de déficit
non 50, mais 500 millions au budget de 1788.
on sait ajouter pas

à la Elles dégénèrent en habitude,


Atteintes propriété.
les de révolution qui deviennentrègle pour les par-
par prétextes le imi-
a l'Espagne et Portugal
ti, suivants la France confisqué.
méthode parce qu'il n'y a aujourd'hui
tent et cette prévaudra,
assuré désordre. Celui-ci est un caractère d'en-
de progrès qu'au
grenage en Barbarie.
déni indirect de justice au pauvre,
Dépravation judiciaire, et la
la subdivision des propriétés
accroissementdes procès par
lois de en plus impuissantes. Elles sont
complication des plus
un fournisseur pillant de son aveu 76 millions
muettes devant
le Elissando qui a volé un
elles sont inflexibles pour pauvre
chou il est condamné à mort.
discordes fomentées par l'ignorance de la
Guerre intestine,
ne sait inventer aucun moyen de conciliation.
Politique sociale,qui introduits le
Hérédité du mal, coutumed'adopter les vices par
tels les loteries, les jeux publics et autres
parti vaincu, que
moyens odieux de la fiscalité.

mercantile. Agiotage érigé en puissance


Progrès de resprit
envahit tout le fruit de l'industrie, entre en
qui se rit des lois,
d'autorité avec les gouvernements, et répand partout ta
partage
frénésie du jeu. .A~.
falsification tolérée,
Scandales industriels. Progrès de la
d'abondance abandon des récol-
fréquence des crises dépressive,
bénéfice de vente des futailles, entraves à la
tes sur pied pour le
réunis qui grèvent
charité par l'exigence des percepteurs de droits
les donateurs. (F. B., 30 sqq.).

EST CONTRAIRE AUX BÉRETS


LA FORME SOCIALE ACTUELLE
ET DES NATIONS ELLE APPAUVRIT FT
GÉNÉRAUX DES INDIVIDUS
AFFAME LE CORPS SOCtAL

10 En engendrant et nécessitant de nombreusescorporations


72 TEXTES POURtÉRtSTES

et catégories franchement improductives,ou franchement adon-


nées à la destruction des richesse les or/nées les scMs~nno~M
de tout genre les corps respectifs de magistrature, justice, p<
lice, gendarmerie, etc. tes tégions de la douane et du /~c les
philosophes, sophistes et conrroyefo~~espolitiques tes oisifs,
et bien d'autres
2" En engendrant et nécessitant des corporations parasites
ruineuses et démoralisatrices, comme sont toutes tes bandes de
l'immense armée mercantile
3° En rétrécissant dans une proportion incalculablela source
des richesses sociales, par le défaut absolu d'organisation des
industries productives agricoles, manufacturières, de science,
d'éducation générale, etc., défaut qui porte au plus haut degré
le MORCELLEMENT, la complication,l'incohérencedans toutes ces
industries, ainsi que dans l'emploi social des hommes et des
facultés, et diminue considérablementleurs produits
4° En établissant dans toutes tes relations industrielles sous
le nom de libre concurrence,et dans toutes tes relations sociales
sous mille noms différents, une divergence des turereU qui met
en état de guerre flagrante, tes unes contre tes autres, toutes les
catégories qu'on peut former dans la nation qui fait jaillir entre
les individus des hostilités sans nombre, et ouvre aux passions
une multiplicitéd'essors subversifs
5° En manquant d'un procédé d'INDUSTRIE ATTRAYANTE dont
l'absence change pour l'homme le travail en supplice, et perpétue
fatalement l'indigence, l'oppression, la fourberie, l'esclavage, les
maladies, l'abrutissement, tes troubles, tes révolutions,et tous les
ftéaux civitisés. L'absence d'un procédé d'industrie arrroyonre
diminue encore considérablementla production, en éteignant du
travail tous ceux qui peuvent s'en affranchir, en multipliant les
chômages, les pertes de temps, et plongeant l'ouvrier dans l'ennui
et le dégoût.
Ainsi, ces forces humaines qui, bien ordonnées, produiraient
du bien-être à en inonder tous tes membresde la société, n'abou-
tissent qu'à l'appauvrissementet à la misère des masses, à t'ÉTt-
s)E du corps social. (C., 115).

LES DROtïs NATURELSDE L'HOMME. -L- La Civilisation, en pri-


DUMAL
LESCAUSES SOCIAL 73

~ant l'homme de ses sept droits naturels (1), ne lui donne jamais
consentis. Demandez à un malheureux ouvrier sans
d'équivalents
s'il
travail et sans pain, pressé par le créancier et le garnisaire,
«'aimerait pas mieux jouir du droit de chasse et de pêche, avoir
commele Sauvage des arbres et des troupeaux? tt ne manquera
d'opter pour le rôle du Sauvage. Que lui donne-t-on en équi-
pas
valent ? Le bonheur de vivre sous la charte. L'indigent ne peut
se contenter de lire la charte en place de diner c'est insulter
pas
a sa misère que de lui offrir pareille compensation. tt s'estime-
rait heureux de jouir, comme le Sauvage, des sept droits et de
ta liberté il ne la trouve donc pas dans l'ordre civilisé. (F. B.,
89).
LE DROITAUTRAVAIL. L'Ecriture nous dit que Dieu con-
damna le premier hommeet sa postérité à travailler à la sueur de
son front, mais il ne nous condamna pas à être privés du travail
d'où dépend notre subsistance. Nous pouvons donc, en fait de
droits de l'homme, inviter la Philosophie et la Civilisation à ne
nous a laissée comme
pas nous frustrer de la ressource que Dieu
et châtiment, et à nous garantir au moins le droit au
pis-aller
élevés.
genre de travail auquel nous avons été
Le travail est un droit cumulatif, résultant des quatre droits
cardinaux, chasse, pêche, cueillette et pdtu~. Le travail est donc
droit hyper-cardinal, comprenant les quatre branches de travaux
auxquels nous avons droit naturel.
Nous n'aurons l'équivalent des quatre droits cardinaux que
dans un ordre social où le pauvre pourra dire à ses compatriotes,
sa Phalange natale e Je suis né sur cette terre, je réclame
radmission à tous les travaux qui s'y exercent, la garantie de
l'avance des instruments
jouir du fruit de mon labeur je réclame
nécessaires à exercer ce travail et de la subsistance en compen-
sation du droit de vol que m'a donné la simple nature ». Tout
Harmonien,quelque ruiné qu'il puisse être, aura toujours le droit
d'aller tenir ce langage à son pays natal, et sa demande y trou-
vera plein accueil.
l'humanité vraiment de ses
Ce ne sera qu'à ce prix que jouira

dans l'état actuel, n'est-ce insulter le pauvre que


droits mais pas

tont « Cueillette, ~«fr. f<t<w< ~c~. h~


(<) Les sept droits naturels
tttt~~f~. t~ fj)r~rt<'«f, <fttOMf'<tt<-f (C, t;4)
74 TEXTES FOURtÉRtSTES

de lui assurer des droits à la souveraineté,quand il ne demande


oisifs ?
que le droit de travailler pour tes plaisirs des
Nous avons donc passé des siècles à ergoter sur tes droits de
l'homme, sans songer à reconnaître le plus essentiel, celui du
travail, sans lequel tes autres ne sont rien. Quelle honte pour
des peuples qui se croient habiles en politique sociale Ne doit-
on pas insister sur une erreur si ignominieuse, pour disposer
humain à étudier le mécanisme sociétaire qui va rendre à
l'esprit
l'homme tous ses droits naturels, dont la Civilisation ne peut ni
ni même admettre le principal, le droit au travail ?
garantir,
(/M., 90).
CAUSES PARttCUUÈRES

CAUSES DEDÉCADENCE LE DÉBOtSEMENT ET LESEMPRUNTS


FISCAUX. Le déboisement contient le germe de décadence ma-
térielle par la détérioration des climatures qu'il entraîne après
lui. Les emprunts f iscauxcontiennent le germe de la décadence
de la féoda-
politique en contribuant puissamment à la formation
lité industrieile.
Ces deux germes de décadence sont la conséquenceinévitable
des deux phases précédentes en effet, l'opposition croissante
des intérêts individuels avec l'intérêt général, livre évidemment
le sol, considéré en masse, à une culture anarchique. Le déboise-
ment des hauteurs, qui produit l'effritement des montagnes et la
dénudation des pentes, est l'expression la plus saillante de ce
désordre, parce que ces effets ruinent complètement le régime
des eaux en détruisant les agents que la nature emploie pour
soutirer d'une manière continue t'humidité de l'atmosphère. Le
déboisement poussé jusqu'à l'excès où la Civilisation l'a conduit
de nos temps est la plus large manifestation de l'absence d'un
l'ordre naturel et
plan général de culture, du bouleversementde
convenable d'exploitation il est de plus un germe de détériora-
tion des climatures, ainsi que nous aurons à le prouver ptcs tard.
Les emprunts fiscaux qui obèrent tes nations sont rigoureu-
sement aussi la suite des troubles et des guerres de deuxième
se sont
phase. Quand les nations se sont élargies, lorsqu'elles
constituées et qu'elles sont arrivées près de l'apogée de ia Civili-
sation, on conçoit que les ressources que leur ont fournies jus-
les sciences et la grande industrie, sont par elles, et à
que-là
l'envi tes unes des autres, employées à la guerre. Dès lors les
LES CAUSES DU MAL SOCIAL

s'étendent sur une très grande échelle, tes armées aug-


guerres de même,
mententincessamment le pied de guerre et le pied paix
très onéreux ces causes, jointes à la propriété du
deviennent
d'être fort dispendieux, et d'autres
MMtWM~n< représentatif ici,
encore très importantes, qu'il serait trop long de consigner
le des emprunts et des grandes dettes natio-
produisent régime
nales. (C., 184-186).
MERCANTtLE ET FISCAL. L'accroissement de la
L'ESPRtT
nobiliaire la puis-
richesse des industrieux a tué la féodalité
elle
sance sociale ne repose plus sur le blason et tes parchemins,
sur Les moyens d'arriver à la fortune sont l'in-
repose l'argent. de
commerce et les places du gouvernement. L'esprit
dustrie, le
va donc être l'esprit mercantileet fiscal. (C., 190).
t'époque
EMPRUNTS. Que se passe-t-il quand le
LE RÉOtME DES
fait des emprunts? C'est la nation qui paie
gouvernement revenus de son
annuellement les arrérages, en prélevant sur les
la rente de la dette. Posséder des rentes
sol et de son industrie,
c'est donc des actions sur l'ensemble de la
sur l'Etat, posséder
française, sur le grand atelier de production national.
propriété les fon-
la dette augmente, toutes propretés
Ainsi, à mesure que
le revenu
cières diminuent proportionnellementde valeur, puisque
dit,
de la propriété est partagé entre le propriétaire proprement
rentier, le propriétaire général, le propriétaire
le
et propriétaire
le titre de est hypothéqué sur l'ensemble des
dont propriété
richesses nationales.
à réduire à
Le régime des emprunts tend donc évidemment
les mains des
zéro la propriété ordinaire, à faire passer entre
les véritables titres de la propriété,
grands capitalistes prêteurs voit que cette
à leur envahissement le sol tout entier. On
à livrer
est toute à l'avantage des grands possesseurs de la
disposition et h~uts
richesse, et principalement des financiers, banquiers
des pirates improductits. A
commerçants, c'est-à-dire grands
la France devient de plus en pK<s la
mesure que la dette croît,
sur la propreté
fermière de ces messieurs. C'est sur l'industrie,
et sur qu'ils prélèvent leurs ventes,sans
territoriale l'agriculture
le
avoir à s'inquiéter eux-mêmes de la rentrée, car gouvernement
avec son administration, ses garnisaires et son armée
s'en charge
(C., 233).
6 TEXTES FOURIÉRISTES

LESFORCES IMPRODUCTIVES. Les Parasites domestiques


1" Les trois quarts des femmes de la ville et moitié de celles de
la campagne,par absorption aux travaux du ménage et à la com-
plication domestique. Aussi leur journée n'est-elle estimée, en
économisme,que le quint de cette de l'homme.
2" Les trois quarts des enfants, pleinement inutiles dans les
villes et peu utiles dans tes campagnes, vu leur maladresse et
leur malfaisance.
3" Les trois quarts des domestiques de ménage, non cultiva-
teurs, dont le travail n'est qu'émet de complication, surtout en
cuisine, et la moitié des valets d'écurie, valets de luxe et travaux
de luxe, qui, n'étant nécessaires que par suite du morcellement
industriel, deviennent superflus en Association (1).
Ces trois classes composant le ménage forment une division
à part dans la série des parasites. Elles cesseront d'y figurer dans
l'état sociétaire où la répartition judicieuse, l'emploi opportun
des sexes et des services réduiront au quart ou au quint le nom-
bre de bras qu'emploie aujourd'hui l'immense complication des
ménages morcelés ou familles incohérentes.
Les parasites sociaux. 4" Les armées de terre et de mer,
qui distraient du travail la plus robuste jeunesse et la plus forte
somme d'impôts, disposent la dite jeunesse à la dépravation, en
la forçant à sacrifier à une fonction parasite tes années qu'elle
devrait employer à se former au travail dont elle perd le goût
dans t'état militaire.
L'attirail d'hommes et de machines qu'on appelle armée est
employée à ne rien produire, en attendant qu'on l'emploie A
détruire. Cette deuxième fonction sera relatée plus loin. Nous
n'envisageons ici l'armée que sous le rapport de stagnation.
5" Les tégions de régie. On voit la seule douane absorber en
France 24.000 hommes ajoutons-y les droits réunis et autres
armées de commis, gardes-champêtres, gardes chasses,
espions, etc., s;ntin toutes administrations complicatives, comme
celles de finance et autres qui sercnt inutiles dans un ordre où
chaque phalange paiera tous tes impôts à jour fixe et sur simple
avis du ministre.
6* La franche moitié des manufacturiers réputés utiles, mais
.qui sont improductifs relativement, par la mauvaise quatité des

(t ). C'Mt à dire dans te fé~ime sociétaire.


LES CAUSES DU MAL SOCIAL 77

d'excellencegéné-
objets fabriqués objets qui, dans l'hypothèse
rale, réduiraient l'usé et la fabrication à moitié de la déperdition
actuelle, et souvent aux trois quarts dans les travaux entrepris
à
pour le gouvernement que chacun s'accorde duper.
7" Les neuf dixièmes des marchands et agents commerciaux,
sociétaire effectue ce
puisque le commerce véritable ou méthode
de service avec le dixième des agents qu'y emploie la
genre
complication actuelle.
8" Les deux tiers des agents du transport de terre et de mer,
sont mat à propos compris dans la classe d)' commerce,et
qui
celui de transport
qui, au vice de transport compliqué, joignent
aventureux, notamment sur mer, où leur impéritie et leur impru-
dence décuplent les naufrages.
souvent
Plaçons dans cette catégorie la contrebande, qui
aboutit à décupler la somme des mouvementset agents qu'em-
le direct. On a vu des étoffes, pour aller de
ploierait transport
Douvres à Calais, passer par Hambourg, Francfort, Bâle, et
faire 500 lieues pour 7, le tout pour l'équilibre du com-
Paris
metce et de la perfectibilité.

Les parasites accessoires. 9" Les chômeurs légaux, acci-


dentels et secrets, les gens inertes, soit par manque d'ouvrage,
récréation par exemple ceux qui poussent au double
Mit par
tes concessions légales, chômant saint lundi, le plus ruineux de
tous tes saints, car il est festoyé 52 journées par an dans les
villes de fabrique.

Dans le chômage, il faut porter en compte la station acci-


dentelle. Si le maître s'éloigne, les ouvriers s'arrêtent s'ils
voient passer un homme ou un chat, les voilà tous en émoi, mat-
tres et valets, s'appuyant sur la bêche et regardant pour se délas-
ser 40 fois, 50 fois par jour, ils perdent ainsi 5 minutes. Leur
semaine ressort à peine à quatre journées pleines. Que de chô-
mage sans l'attraction industrielle
10" Les sophistes, et d'abord les controversistes (légistes).
Le tableau des controversistes et sophistes s'étendrait bien plus
loin qu'on ne pense, à ne parler que de la jurisprudence qui sem-
ble un sophisme excusable supposons que l'ordre sociétaire
contestations actuelles, et que-
n'engendre pas le vingtième des
7g TEXTESFOURIERISTES

terminerce peu de différends, il ait des moyens aussi expé-


pour
ditifs que les nôtres sont complicatifs il en résulte que les dix-
neuf vingtièmesdu barreau sont parasites, ainsi que les plaideurs,
les témoins, les voyages, etc.
11 Les <~</s,gens dits commeil f aut,passant leur vie à ne
rien faire. Joignons-y leurs valets et toute la classe qui les sert.
On est improductifen servant des improductifs,comme tes solli-
citeurs dont on a compté jusqu'à 60.000 dans la seule ville de
Paris. Colloquons ici tout le monde électoral.
Les prisonniers sont une classe d'oisiveté forcée tes malades
encore mieux. On ne verra pas chez les Harmoniens(1) natifs,
le dixième des malades qu'on voit en Civilisation.Ainsi, quoique
la maladie soit un vice inévitable, il est susceptible de correc-
tions et de réductions énormes. Sur dix malades, il y en a neuf
enlevés mal à propos au travail, par effet du régime civilisé
neuf qui dans l'état sociétaire, seraient bien portants, n'en
déplaise aux médecins.
12" Les scissionnaires, gens en rébellion ouverte contre l'in-
loteries et les
dustrie, les lois, les mœurs et usages. Tels sont les 1
maisons de jeux, vrais poisons sociaux, les chevaliers d'industrie,
les femmes publiques, les gens sans aveu, les mendiants, les
le nombre tend
filous, les brigands et autres scissionnaires,dont
en-
moins que jamais à décroître, et dont la répression oblige à
tretenir une gendarmerie et des fonctionnaires également impro-
ductifs. (F. B., 41-45).

Disons que la société actuelle a besoin de ses armées impro-


ductives qu'il faut que les nations fournissent et nourrissent pour
des
leur défense qu'elle perd par conséquentpour la production
sont
richesses, de grandes forces intellectuelleset physiques qui
dans l'inaction quand elles ne sont pas employées à détruire.
Notre budget de la guerre est de quatre cents millions quatre
à six cents millions que produirait l'industrie de nos quatre
d'un
cent mille soldats voilà pour la France une perte annuelle
milliard environ, et cela encore en temps de paix. (C., 59).

MAUVAIS AMÉNAGEMENT DESFORCESPRODUCTIVES.Mais


si notre Civilisationpèche par cela qu'elle enfante et même orga-

(i) Voirt<)'63et 64.


79
LES CAUSES DU MAL SOCIAL

ou destructives,
aise des légions essentiellement improductives
entachée d'un vice bien plus capital encore, car elle ne
elle est
sait tirer des forces qu'elle emploie à la production,qu'une quan-
mêmes forces
tité de richesse très petite par rapport à ce que les
et les relations
donneraientdans un ordre de choses où l'industrie
commercialesseraient organisées.
désor-
Mais qui déjà ne peut sentir combien l'incohérence,le
la non-combinaison, le défaut d'association, le morcelle-
dre,
individuelle et
ment de l'industrie, livrée aujourd'hui à l'action
de toute dépourvue d'ensemble, sont des
dépourvue organisation,
la de la production, perdent et
causes qui rétrécissent puissance
nos moyens d'action ? Le désordre n'enfante-t-il pas
gaspillent
comme l'ordre <*t la bonne gestion enfantent la
la pauvreté,
richesse ? L'incohérence n'est--ellepas une cause de faiblesse,
comme la combinaison est une cause de force ? Or, qui peut
scien-
dire que l'industrie agricole, domestique, manufacturière,
et les commerciales, sont organi-
tifique, artistique, opérations
sées aujourd'hui dans la Commune et dans l'Etat ? Qui peut
sont
dire que tous les travaux qui s'exécutent dans ces domaines
des vues d'ensemble et de prévoyance qu'ils sont
subordonnés à
faits avec économie, ordre et entente ? Qui peut dire encore que
notre sociétéa puissance de développer,par une bonne éducation,
ses membres;
toutes facultésque la nature a données à chacun de
chacun d'eux aux fonctions qu'il aimera't, qu'il sau-
d'employer
le plus
rait le mieux faire, qu'il ferait par conséquent avec
d'avantage pour lui et pour les autres ? (C., 62).
la terre,
Ce ne sont pas les moyens d'action qui manquent
des
les capitaux, l'industrie, la puissance des machines, des arts,
la question gît
sciences, les bras, l'intelligence sont là. Toute
dans l'organisation de l'industrie c'est une combinaison qu'il
de destinée,
faut proposer et essayer c'est la grande question
ou de malheur, de richesse ou de misère, et
question de bonheur
à l'heure qu'il est, de vie ou de mort pour les sociétés
peut-être
modernes.
Car les sociétés modernes ont atteint dans le mouvementqui
de
les entraîne un point de maturité tel, qu'il n'est plus possible
dans laquelle
se faire illusion sur la valeur de la forme sociale
il n'est de méconnaître l'avenir fatal
elles vivent plus possible
SO TEXTES POURtÉRtSTES

réservé aux Civilisations européennes si quelque cnongem~~


heureux ne vient pas s'opérer dans leur constitution intime.
Nous ne sommes plus au temps où ceux-là seuls dont le génie
était élevé et le regard perçant, entrevoyaient les dangers qui
menacent les nations européennes à ces temps où Montesquieu
disait e Les sociétés civiliséessont atteintes d'une maladie de
d'un vice intérieur, d'un venin secret et caché ».
langueur,
Alors les masses et le monde pensant étaient tout à l'espé-
rance l'aurore de la révolution semblait l'aurore du bonheur,
il semblait que tout le mal venait du poids féodal sous lequel la
nation courbait son dos depuis des siècles, et qu'elle n'avat: qu'à
ce fardeau pour marcher debout, forte et vigoureuse il
jeter
édifice
semblait, en vérité, qu'il suffisait de renverser le vieil
social pour que les peuples fussent bien logés 1

comme l'âge
Puis, après toutes ces œuvres de destruction,
d'or n'était pas réalisé sur la terre, comme les peuples ne jouis-
les
saient pas encore d'un grand bonheur, on imagina de fouiller
de
arsenaux des temps passés; on demanda aux républiques
leurs
Rome et d'Athènes leurs souvenirs, leurs traditions et
mœurs on essaya leurs poses et leurs allures, on essaya jusqu'à
leurs habits, on porta leurs tuniques et l'on chaussa leurs cothur-
nes. Tout cela parce que les législateurs des peuples avaient
étudié le latin dans Tite-Live, le grec dans Thucydide, parce
avaient cœur, au collège, la prosopopée de Fa-
qu'ils appris par
Si on les eût nourris de Pastorales de Florian et de
bricius. y
monter la tête avec ces rengaines grecques et
Gesner sans leur
des buco-
romaines, ils eussent peut-être alors essayé de réaliser
cela n'étant encore vanité, mensonge ou
liques. Et tout que
tout cela n'eut qu'un instant instant bien court
monstruosité,
un grand
mais terrible, et que l'humanité doit regarder comme
Le ne se refait pas au gré de l'homme, e<t
enseignement. passé
et si la ~onre de l'homme égaré et faisant fausse route
effet, remèdes empi-
croit pouvoir appeiquer de vive force au mal des
elle se brise bientôt contre la force des choses. (C., HT).
riques,
Notre système agricole d'exploitation morcelée, subdivisée
au villageois un esprit de rébellion à toute
par familles, inspire dix pas e.
mesure tendant au bien. Aussi voit-on le mal faire
tandis çue bien en fait d peine un. Le déchaussement
avant,
LE COMMERCE 8t

des
des montagnes, le tarissement des sources, la dégradation
forêts et des climatures, tous ces fléaux vont croissant le per-
fectionnement ne règne que dans les écrits académiques.
(F.; B., 99).
LE COMMERCE

QU'EST-CE QUELE COMMERCE ? C'est le mensonge avec tout


son attirail, banqueroute, agiotage, usure et fourberie de toute
espèce. (F. B., 47).
La fonction du commerce consiste à servir de lien entre le
et le consommateur, à faire arriver à la portée du
producteur
second les objets créés par le travail du premier. Le commerce
d'ailleurs rien par lui-même à la quantité ni à la qualité
n'ajoute de
du produit. Multipliez tant au'il vous plaira les agents
ou de la négociation, il ne sera pas ajouté par leur fait
fec/Mnge
vous
la valeur d'une obole à la richesse sociale. Tous ceux que
aurez en plus du nombre nécessaire pour remplir la fonction
définie ci-dessus, seront des parasites sociaux, gens vivant aux
du Savait d'autrui, sans que leur travail à eux-mêmes
dépens
en rien à la Société. Qu'il y ait vingt épiciers dans une
profite
tocatité où quatre magasins de ,ce genre suffiraient amplement,
il n'en résultera absolument aucun avantage pour la population
d'une manière ou d'une autre, supportera néanmoins les frais
qui,
des seize établissementsde trop, et ceux peut-être de l'enrichisse-
ment d'une partie Je ces marchands inutiles.
Mais le parasitisme n'est pas le seul vice du commerce.Cons-
en
titué commeil est en Civilisation,le commercese trouve oppo-
sition directe d'intérêt avec le producteur et le consommateur.
intérêt est d'acheter à bon marché du premier et de revendre
Son
le plus cher possible au second c'est-à-dire qu'il doit déprécier
de son mieux le travail de l'un et exploiter les besoins de l'autre,
les dominant tous les deux en outre par l'avantage des capitaux
ainsi dire.
et par la nécessitéqui les lui asservit à heure fixe, pour
ce les fraudes et les malversations sans nom-
Voilà qui explique
croissent naturellement partout avec le
bre du commère, qui
Il ne faut pas d'ailleurs confondre le
nombre des commerçants.
commerceavec les industries productives,t'ogr<cuffureet la f abri-
tt est même à remarquer que les malversations de celles-ci,
que.
ti"u que sous
telles qu'altérations de produit et de qualité, n'ont
<
82 TEXTESFOURIÉRISTES

l'influencede l'esprit mercantile, à l'instigation du commerce le


plus souvent et pour ses convenances les sophistications opé-
rées par les agents commerciaux,au contraire, réagissent de la
manière la plus fâcheuse sur la production. S'il se fabrique, par
exemple, tant de vins frelatés dans le commerce,qui donc est le
premier à en souffrir, si ce n'est le vigneron, les débouchés que
devaient trouver les produits de son industrie ~t usurpés par
ces drogues de la composition du commerce? Je passe sous
silence les lésions causées à la santé du peuple par suite de ces
manœuvres coupables et de beaucoup d'autres inspirées égale-
ment par la cupidité mercantile.
Jugeons par les résultats si le commerce(et nous y compre-
nons la banque qui est le commercede l'argent) ne jouit pas de
quelques singuliers privilèges. tt étève à lui seul plus de fortunes
que toutes les autres professions ensemble. Objectera-t-on qu'il
entraîne aussi des revers plus fréquents ? Mais ces revers retom-
bent en grande partie par la banqueroute sur les autres profes-
sions, tandis que le succès de ses opérations hasardeuses tourne
au profit du commerçant tout seul. (P., 88).
r
f
LE COMMERÇANT HONNÊTE N'ESTPASEN CAUSE. Allons,
boutiquier, calme-toi 1 ne t'agite pas ainsi derrière ton comptoir
ne tourmente pas dans tes mains ton aune qui n'a pas la longueur
voulue, ne brise pas ton poing dans ta balance boiteuse las 1
calme-toi. ce n'est pas à toi qu'on en veut des vices du vaste
système dont tu es un membre bénin ce n'est pas toi qui as
organisé la société, boutiquier !t serait aussi déraisonnable de
s'en prendre à toi de tous ces maux, que de la guerre au soldat.
Le soldat désire la guerre, tu désires la vente, et vous avez raison
tous les deux dans votre sphère. Vends, et tiens-toi en repos
dans cette société-ci, ta conscience peut être tranquille. Si tu
spolies, il n'est pas non plus que tu ne sois spolié, toi, et comme
consommateur,et de mille autres manières.Car nous vivonsdans
un monde où les hommes se spolient à peu près par tous les
points où ils se touchent. (C., 95).

J'ajoute que, moi qui appartiens à l'armée, je n'en dis pas


moins que la guerre est un odieux fléau. J'ajoute encore que le
commerçant qui ne s'est laissé jamais aller aux séductions cor-
ruptrices, aux influencesdémoralisatrices,aux occasions si nom-
LES VICES DU COMMERCE 83

breuses dont il est environné, le petit commerçant surtout qui


s'est conservé franc et loyal, peut se dire, tête haute, plus hon-
nête, plus probe et plus éprouvé que n'importe quel saint du
paradis. C'est un homme éprouvé par le fer et par le feu. (C., 77).
LE PARASITISME COMMERCIAL.J'ai observé que nos usages
emploientfréquemmentcent personnes à un travail qui en exige-
rait à peine deux ou trois si l'Associationexistait, et qu'il suffirait
de vingt hommes pour approvisionner le marché d'une ville où
se rendent aujourd'hui mille paysans. Nous sommes, en fait de
mécanismeindustriel, aussi neufs que des peuplesqui ignoreraient
l'usage des moulins, et qui emploieraient cinquante ouvriers à
triturer le grain que broie aujourd'hui une seule meule. La super-
fluité d'agents est partout effrayante et s'élève communémentau
quadruple du nécessaire dans tous les emplois commerciaux. tt
y a dans la seule France un million d'habitants (1) enlevés à la
culture et aux fabriques par l'affluenced'agents que crée la Libre
Concurrence.(F. B, 57-58).

LES VICES DU COMMERCE

Tous les individusse rangent dans une ou plusieurs des trois


catégories de Producteur, Consommateuret Commcr,:anr.Or, il
est évident que l'intérêt du commerçantest en lutte avec celui du
consommateuret du producteur. Le même objet qu'it a intérêt à
vous vendre cher en effet, et dont il vante outre m~ure la qualité,
n'a-t-il pas eu intérêt à l'acheter à bon m. rché ï*uproducteur qui
l'a créé ? ne l'a-t-il pas déprécié dans leurs transactions?
Ainsil'intérêt du corps commercial,collectivernentet individuelle-
ment envisagé, est en opposition avec t'intérêt du producteur et
du consommateur,c'est-à-dire du corps Mno~tout entier. (C., 7t).
Le Corn nerce n'est utile que pour servir les besoins de la
production et de la consommation il doit être le valet des deux
autres branches, et non le maître qui leur fait la loi, comme i!
arrive aujourd'hui. (C., 74).

LA LtBERTÉ DU COMMERCE

Entraînés par t'appat de former une nouvelle secte, les Eco-

(t). < Feerier était encore loin de compte1 w ajoute Gide <o citant ce pas-
M<e. < Aujourd'hui Je nombre des commerçant8,c'ctt-i-dire des intermeditiret,
t'etève à 4.600.0001 (Pfe~Mw fa«rt~f. t894, p. tt).
84 TEXTES FOUR!ÉR)STES

nomistes traitèrent la Politique Commercialeen courtisans et non


en philosophes, et de là est venu leur inexcusable dogme qui
admet la liberté des opérations commerciales, le dogme laissez
faire les marchands, laissez libre cours à toutes leurs intriguer
d'agiotage, d'accaparement, d'usure, et à toutes les menées par
lesquelles ils se poussent respectivement dans les folles entre-
prises et les banqueroutes. Le Commerce n'est qu'un forban
industriel qui, sans missionavouée, s'est emparé de la gestion du
produit social, et tyrannise, rançonne les producteurs et les con-
sommateurs entre lesquels il se trouve placé. !t emploie à cela
quelques capitaux, sans doute, mais le forban aussi empt~'e ses
capitaux, son navire, ses soldats et sa science pour détrousser
les navigateurs. La politique commercialene nous a appris jus-
qu'à ce jour qu'à capituler avec les forbans mercantiles comme
certaines puissances avec les Algériens, en leur envoyant chaque
année des présents. On les laisse faire, on les amadoue, parce
qu'on ne veut pas les déttuire mais c'est faire preuve de nullité
politique, et les marchands, les Algériens, les Bédouins et autres
forbans ne demandent pas autre chose, sinon qu'on les laisse
taire. (F.; B., 28 2" Erreurs dogmatiques).

Les financiers soutiennent l'Etat comme la corde soutient le


pendu. (MONTESQUIEU C., 223).
LA LIBRECONCURRENCE.Partout la Libre Concurrenct
élève à l'infini le nombre des marchands et agents commerciaux.
Dans les grandes cités comme Paris, on compte jusqu'à trois
mille épiciers, quand il en faudrait à peine trois cents pour suf-
fire au service habituel. La profusion d'agents est la même dans
les bourgades telle petite ville, qui reçoit aujourd'hui dans le
cours d'une année cent voyageurs de commerceet cent colpor-
teurs, n'en voyait peut-être pas dix en t788, où t'on ne manquait
pourtant ni de subsistances, ni de vêtements à des prix très mo-
dérés, quoique les marchands ne s'élevassent pas au tiers du
nombre actuel.
Cette multiplicitédes rivaux tes jette à l'envi dans tes mesures
tes plus folles et les plus ruineuses pour le Corps Social car
tout agent superflu est un spoliateur de la Société, dans laquelle
il consommesans rien produire.
Quand vous connaîtrez la Concurrence Sociétaire,vous serez
LES VICES ET LES CRtMESDU COMMERCE 85

convaincuque le Commerce pourrait s'exercer avec le quart des


France
agents qu'il emploieaujourd'hui, et qu'il y a dans la seule
un million d'habitants enlevés à la culture et aux fabriques par
l'affluence d'agents que crée la Libre Concurrence. C'est donc
la subsistance de
pour la seule France une perte annuelle de
Econo-
quatre millions d'habitants, par suite d'une erreur des
mistes. (F. B, 57).

L'ACCAPAREMENT. L'accaparement est le plus odieux des


crimes commerciaux,en ce qu'il attaque toujours la partie souf-
frante de l'industrie. S'il survient une pénurie de subsistances ou
denrées quelconques, les accapareurs sont aux aguets pour ag-
existants,
graver le mal, s'emparer des approvisionnements
arrher ceux qui sont attendus, les distraire de la circulation, en
rareté et
doubler, tripler le prix par des menées qui exagèrent la
illusoires.
répandent des craintes qu'on reconnaît trop tard pour
Ils font dans le corps industriel l'effet d'une bande de bourreaux
irait sur le champ de bataille déchirer et agrandir les plaies
qui
des blessés. Ils ont pourtant trouvé des prôneurs parmi cette
classe de savants qu'on appelle économistes, et rien n'est plus
respecté aujourd'hui que l'accaparement et l'agiotage, qu'on
appelle en style du jour la spéculation et la banque parce qu'il
est indécent de nommer les choses par leur nom.
Un résultat fort bizarre de l'Ordre civilisé, c'est que si l'on
comme
réprime directementdes classes évidemmentmalfaisantes,
celles des accapareurs, le mat devient plus grand, les denrées
deviennent plus rares, et l'on s'en est assez conv-uncu sous le
conclure aux philosophes
règne de la Terreur. C'est ce qui a fait
fallait laisser faire les marchands. Plaisant remède contre
qu'il
un mat que de l'entretenir parce qu'on ne connaît aucun antidote
H fallait en chercher, et jusqu'à ce qu'on en eût découvert, on
devait condamner leurs tripotages au lieu de les vanter on devait
de les réprimer (la
provoquer la recherche d'un procédé capable
ConcurrenceSociétaire). (F. B., 58).

MÉFAITS DU COMMERCE

LA DISTRACTION DE CAPITAUX, L'ABONDANCE DÉPRESS!VE. On


voit les capitaux affluer chez la classe improductive les ban-
de ne savoir que
quiers et marchands se plaignent fréquemment
M TEXTES FOURIÉRISTES

faire de leurs fonds ils en ont à 3 quand le cultivateur ne peut


pas en avoir à 6 it est réduit à traiter avec des gens d'affaire
qui, prêtant à 5 nominalement, perçoivent réellement 16 et
17 par les charges accessoireset indirectes. Tout l'argent est
concentré dans le commerce,vampirequi pomne le sang du corps
industriel, et réduit la classe productive livrer à l'usurier.
Par suite, les années d'abondance devienne.L un ftéau pour l'agri-
culture une disette commenceà obérer le laboureur, comme on
l'a vu en 1816 l'abondance de 1817 vient consommersa ruine,
en le forçant à vendre les grains subitement, et au-dessous de la
valeur réelle, pour satisfaire ses créanciers. Ainsi le mécanisme
distrait tous les capitaux pour les concentrer dans le com-
qui
merce réduit par contre-coup l'agriculture à gémir de l'abon-
dance de denrées dont elle n'a ni vente, ni consommation,parce
ne
que, la consommationétant inverse, la classe qui produit par*
et les
ticipe pas à cette consommation. Aussi les propriétaires
cultivateurs sont-ils réduits à désirer les fléaux, grêles et getées
on a vu en 1828 l'épouvantb dans tous les pays vignobles, en
une abondanct
juin, où ils craignaient une bonne récolte, et
dépressivt.
Ne suffirait-il pas de ces monstruositéspolitiques,pour prou-
ver que le système actuel du commerceest un monde à rebours,
comme tout le mécanisme civilisé? (F. B, 50).

CRIMES DUCOMMERCE. Je n'entreprendrai pas une défini-


tion des 32 crimes du Commerce.Je préluderai à l'analyse de 3
seulement, pour faire entrevoir que l'analyse du mécanismecom-
mercial est une branche d'étude absolument neuve et omise dans
tous ses défaits par tes économistes.
10 L'estimation arbitraire. –Lorsqu'une denrée est mise en
vente par le producteur ou détenteur quelconque, on n'a nulle
sur la juste estimation de valeur qu'il lui attribue. Tout
garantie
cultivateur vous dira en vendant le Me et le v n de son cru qu'ils
sont de bonne qualité et cependant il existe du mauvais bté et
du mauvais vin, qui péricliteront, feront mauvais emploi et ne
les achète. Si la
rempliront pas tes vues du consommateur qui
vérité existait dans les relations commerciales, tout objet mis en
vente serait soumis à une appréciation antérieure qui indiquerait
très en détail ses qualités bonnes et mauvaises, et qui éclairerait
en peut espé-
pleinement l'acheteur sur le genre de service qu'il
LES VtCES ET LES CRIMES DU COMMERCE
t:t
classe, le de qualité et la valeur que tient
rer, et sur la degré
Tous ces renseigne-
cette denrée parmi celles de même espèce.
obtenir, sont laissés à la discrétion d'un
ments, si importants à
d'exagérer les mérites et atténuer
ne
vendeur, qui manque jamais
de sa denrée. Il s'abuse tui-mëme sur la valeur
ou farder les vices
comme un père sur les qualités de ses enfants.
de ce qu'il possède,
c'est-à-dire d'hé-
De là naît l'incommodecoutume de marchander,
et enfin débuter dans un marché par
siter, contester, déprécier,
de démarches parasites qui naissent de la défiance,
une multitude
la de vérité dans l'indica-
et qui seraient épargnées par garantie
valeurs. Ainsi le problème à
tion des degrés, emplois et premier
la vérité dans le Commerce est celui
résoudre pour introduire
intermédiaire et d'équité garantie. Ce n'est pas
d'une estimation
à et l'opération qui y pourvoit n'est
un problème facile résoudre,
exécuter la première, quoique le problème
pas celle qu'on peut
ni le vendeur
soit le premier en ordre. Observons seulement que
l'acheteur ne doivent évaluer la denrée dont ils traitent ils
ni
de
sont tous deux juges dans leur propre cause et suspects partia-
remet
tité ou tout au moins d'illusion. La méthode civilisée qui
aux débats du vendeur et de l'acheteur, fait inter-
l'évaluation
et ne peut pro-
venir précisément ces deux éléments de fausseté
duire que la fausseté.
~crotSMHf, la coutume de réduire autant que
2" L< salaire
de l'ouvrier et de fonder sur son extrême misère
possibt"!= salaire
de
le succèsdes manufactures, qui prospèrenten raison l'appau-
de l'ouvrier.Quoi de plus pauvre que les artisansdes
vrissement
manufactures, tant en Europe que dans t'inde et en
fameuses
effet du mécanisme c ivilisé pour que l'indus-
Chine1 Singulier
il faut l'ouvrier qui l'exerce arrive à une
trie prospère, que
extrêmemisère.
décroissant naît de l'évaluation arbitraire qui éta-
Le salaire
le
blit la coutume de marchander, fixer sans intermédiaire prix
résulte que chaque
~u travail comme celui du produit, d'où il
de l'ouvrier qu'il
manufacturier tend à fixer au plus bas le salaire
Dans les sociétés heureuses, le mécanisme, tout opposé
dirige.
tend à élever le prix du travail et diminuer les fatigues
au nôtre,
comme cet effet a lieu sur tous les points, la con-
de l'ouvrier et,
résultat d'améliorer
currence entre deux fabriques a pour premier
M TEXTES FOURtÉRtSTES

le sort de leurs artisans en raison de l'activité de leurs rivalités,


effst très incompréhensibledans l'ordre actuel.
Un résultat bizarre du salaire décroissant est que tous ceux
qui font des inventionséconomiquessont des ennemis de f huma-
nité. (F. B, 53).
L'ARMÉE MERCANTILE

C'est bien un autre impôt que l'impôt gouvernemental.celui


que pr~ve le commerce sur les peuples c'est bien une autre
armée que l'armée de guerre, cette innombrable armée mercan-
tile, toujours en campagne pour rançonner et cosaquer, acheter
et vendre 1 Et quelle différence? Ici, on paie de sa personne
et de son sang, ici on gagne des blessures, de rares et sobres
récompenses? Ici gloire, noblesse, ambition, dévouement et pa-
trie 1 Là, argent, fraude, argent, argent et argent 1

L'ESPRITMERCANTILE

L'esprit mercantile souffle dans toutes tes veines du corps


sf:iat la corruption et fégoïsme il ronge, corrode et détruit
l'esprit national il fomente tous tes sentiments bas, égoïstes et
pervers il détrône tout ce qui est noble et grand il mesure à
l'aune et pèse à la balance de son comptoir l'art et la poésie il
ne comprend que tes livres en parties-doubles, il ne comprend
l'homme que commeune machine qui compte, suppute, addition-
ne et retranche. Sa tittérature, c'est la lettre de change et le
billet à ordre sa stratégie, c'est la hausse et la baisse ses
coups d'état sont des coups de commerce son épée c'est l'aune
ses prisonniers de guerre sont à Ste-Pétagie (t) sa victoire c'est
l'absorption de la fortune des peuples sa déroute, c'est la ban-
queroute son honneur, c'est fardent sa gloire, c'est l'argent 1
(C., 89).
Nous avons pu juger dernièrement jusqu'à quel point l'esprit
mercantile étouffe tout sentiment, dégrade l'homme, et le fait
infâme. Lorsque le ftéau était sur Paris, lorsque le chotéra semait
par jour quinze cents morts, et récoltait par nuit quinze cents
cadavres, et surtout des cadavres de pauvres comme on
sait, eh bien 1lessubstances réputées préservatrices de la

pfitonpourdettes.
(t). Ancienne
L'INDUSTRIALISMEET LE MACHINISME 89

le le chlorure de chaux et autres drogues, dont


peste, camphre,
le commerce prévoyant avait empli ses magasins, s élevèrent,
la
t'étevèrent de prix en proportion de l'intensité du mat et de
terreur de la population. Il en est qui furent vendues à olus du
les
centuple de leur valeur réelle et beaucoup de boutiquiers,
ser-
pharmaciens entre autres, savaient que ces drogues qui leur
vaient à rançonner riches et pauvres, à commercer de peur, de
mort et de choléra, ils savaient qu'elles étaient sans nulle vertu
contre le mat. Le pauvre, le pauvre vendait son pain, et ouvrait
la porte au ftéau et le prix d<:ce pain tombait dans la banque
avide, dans la barathre mercantile.(C., 91-92).
Tout est devenu vénal. L'esprit mercantile, qui a tout envahi,
a succédé à l'esprit libéral, comme celui-ci avait succCJéà l'esprit
il leur a succédé et les a vaincus. tt a soufflé
chevaleresque
t'égoïsme, sous toutes ses faces, indi-
partout t'égoïsmc. Jamais
viduel et national, n'a été aussi général qu'il ne l'est aujourd'hui.
Et qui l'ignore, puisque loin de rougir de son égoïsme, chacun
s'en honore, s'en glorifie ? On le porte au grand jour, on l'étalé
sur sa poitrine comme une décoration. C'est dans t'égoïsme que
l'on fait consister toute vertu, toute sagesse < Ne vous occupez
des autres, casez-vous, faites fortune. » Voità le conseil
pas
le homme, il est jugé d'après cette maxime, et
que reçoit jeune
ce
si, emporté par une générosité natt'relle à son âge, il néglige
l'on appelle sa corner pour des spéculations d'une nature
que
élevée et sociale, il se voit accusé de fol.e et mis au ban
large,
de la raison et du siècle (C., 127).
mercantile doit former le catactcre saillant de la troi-
L'esprit
sième phase de Civilisation. Cette phase prépare déjà manifeste-
de
ment l'invasion de la f éodalitéindustrielle, qui sera caractère
la dernière époque comme la féodalité nobiliaire était caractère
de la première.(C., 193).

L'INDUSTRIALISMEET LE MACHINISME
société est-ce donc ta, cette Société qui appelle sur
Quelle tes a'e-
o'hommes. leur dit < Venez,
un point des milliers ~ui
voici un salai! pour vous et vos
liers sont ouverts, enfarts
à un travail, et qui, quand elle .~s a machinisés,
qui tes façonne familles dans le
a enfoncé toutes tes radnes de leurs
quand elle
90 TEXTES FOURIÉRISTES

même sol, quand elle leur a créé de fortes habitudes, quand elle
les a étroitement renfermés dans leur sort fatal comme d ns un
cercle de fer, leur dit ators « H n'y a plus pour vous que demi-
salaire, quart de salaire il n'y a plus pour vous de salaire car
il n'y a plus de travai! Quelle société est-ce là ? (C., 261).
Ainsi, à partir du moment où la Civilisation, ayant affranchi
politiquement les industrieux du joug nobiliaire, entre en plein
dans le développement de l'industrialisme et du mercantilisme,
deux catégories tendent à se former avec des caractères plus tran-
chés de jour en jour la catégorie de ceux qui ont, et la caté-
gorie ~e ceux qui n'ont pas. Il arrivera bien que des individus
sortiront des rangs prolétaires ou bas-industriels, et entreront
dans les rangs de la haute propriété et de la haute industrie
comme aussi des individus de cette classe tomberont en se rui-
nant dans la classe inférieure mais ces exceptions n'infirment
nullement la règle générale. (C. ,192)..

VERSLA FÉODALITÉ INDUSTRIELLE. Décidément nous pre-


nons l'Angleterre pour modè)e nos ingénieurs, nos ministres
vont lui demander des renseignements, nous nous mettons à sa
suite, et nous plaçons toute notre gloire à l'imiter. Mais que vous
dit la science ? Elle vous dit que cette industrie gigantesque a
pour principe essentiel la concentration du sol et des capitaux
dans un petit nombre de mains. Et que vous crie t'expérience ?
Elle vous crie que le résultat de toutes ces merveilles c'est l'op-
pression des classes inférieures, c'est le rétablissement de la féo-
dalité, ou plutôt l'établissement d'une féodalité nouvelle, féoda-
lité mercantile, plus odieuse et plus honteuse mille fois que celle
des anciens jours. (Abel TRANSON, cité par C., p. 223).

b) Le Problème Social

MÉRITEDE FoupiER. On ne nous accusera pas, nous qui


affirmons qu'il y a un remède au mal, de nous faire illusion sur
sa profondeur nous prouvons bien, certes, que nous connaissons
l'énormité des misères, que nous avons entendu et compris toutes
les voix de douleur. Personne, avant Fourier, n'a porté la sonde
aussi avant dans la plaie personne n'a promené d'une main
aussi savante, aussi sûre, le scalpel sur ic corps social je crois
91
LE PROBLÈMESOCIAL. QUI NOUS SAUVERA?

suffisamment au lecteur, et lui avoir donné ainsi


ravoir prouvé
de confiance qu'il était possible de lui offrir.
!e meilleur gage
si eu le bonheur de lui rendre cette partie critique
Or, j'ai
si suis parvenu à lui inspirer foi au
claire et compréhensive je
nous a guidés à travers les écueils de l'ancien monde,
pilote qui sur le même
nous pouvons nous considérer comme embarqués
et faisant voile ensemble vers un nouveau continent.
bâtiment,
des misères la Civilisation avec une si
L'horreur qu'engendre
fécondité, donnera désir aux hommes dont le cœur
prodigieuse n'ait pas
est droit et la volonté bonne, que le génie de Fourier
de décou-
fait fausse route, et qu'en le suivant dans son voyage
les destinées humaines, nous abordions à des
verte à travers
sont hideuses celles que nous venons de
plages aussi belles que
côtoyer.
le vent et voguons jus-
Donc, larguons les voiles, prenons
sans nous mutiner comme jadis, sur la mer Atlan-
qu'au bout,
le stupide équipage que conduisait Colomb (C., 285).
tique,

« QUI NOUSSAUVERA
?

donc fera face à cette décomposition ? QUI Nous SAU-


Qui
VERA?
si vaine, si creuse
Certes, ce ne sera pas la Métaphysique,
sur les idées
avec ses ballons pleins de vent, ses dissertations
sensation d'odeur
innées ou non, cognition de la perception de la
ses triplicités phé-
de rose avec sa conscience, son moi humain,
avec ses systèmes sensuatistes ou spiritualistes, ses
noménales
écossaises, allemandes, indoues, chinoises, et
théories anglaises,
que sais-je encore ses
la avec ses sabres, ses canons,
Ce ne sera pas Politique,
ses victoires sanglantes
révolutions, ses échafauds, ses émeutes et
sur ses émeutes, ses constitutions qui ne const.tu-nt
remportées
ses ses quasi-légitimités, ses budgets, ses em-
rien, légitimités, ses
et ses dettes à milliards, ses lois et ses 'protocoles,
prunts
disputes sans fin 1
entendu, que toute espèce de mal a sa
H est bien aujourd'hui,
chose on veut absolument que la chose
source dans la politique
ressortisse d'elle. C'est qu'aussi, c'est un si bon thème Top-
à que celui-ci « Le peuple est réduit à la
position p~ohraser
les Et quand on vous jure sa
misère par gouvernements
92 TEXTESFOUR!ÉRtSTES

parole d'honneur que c'est le gouvernement qui est cause que le


peuple meurt de faim, qu'auriez-vous à dire si vous étiez de son
bord?
En conscience, à quelque parti que vous apparteniez, dites,
n'est-ce pas à casser les bras ou à faire crever de rire ?
Ce ne sera pas la Morale avec ses prédications surannées et
ridicules comme celles du pédant sermonnant l'enfant qui se
noie la Morale qui ne sait plus sur quelle base se poser, et qui,
après trois mille ans de prétentions à établir le règne de la vertu,
n'est arrivée qu'à faire ridiculiser et persécuter la vertu même 1
Ce ne sera pas l'Economie politique, ce dernier enfant de la
Philosophie enfant bâtard, caduc à peine éclos, et menteur
comme sa mère l'Economie politique, cette science de la ri-
chesse des nations. qui meurent de faim Cette Science enfin,
déjà réduite à confesser elle-même publiquement son /gnoranc<
et son impuissance
Ce ne sera rien de tout cela ce ne sera rien de ce qui rêve,
de ce qui meut, de ce qui bouleverse, de ce qui agonise ou de ce
qui est enterré.
CE NE SERA RIEN DU PASSÉ 1
Ce sera un moyen nouveau, car tout ce qui a été est mauvais
et sans pouvoir ce sera un moyen nouveau qu'il faut chercher
sur des routes non battues, s'il n'est pas découvert, ou
mettre à l'épreuve, s'il l'est.
Et ceci prouve qu'on ne doit pas s'insurger contre une idée
nouvelle, parce qu'elle est nouvelle (1) car il n'y a qu'une idée
nouvelle qui puisse nous sauver.
Ceci prouve encore qu'il est temps d'écouter la voix qui
depuis
trente ans prêche dans le désert, étouffée qu'elle est sous les
mille voix des crieurs publics et des charlatans. (C., 128-13!).

LA POLITIQUE

Les modernes, à force de compiler les rêveries des anciens,


ont épousé leurs préjugés, et notamment le plus ridicule, celui de
fonder le bien sur les soins du gouvernement. Jamais les civili-
sations anciennes ou modernes n'ont imaginé une mesure qui ne

(t). < Le dernierdes torts qu'onpardonneest celuid'annoncerdes veritet


nouvelles.(Jugement de Thomasdansl'Elogede Descartes).On voità quel!es
oppositionsdevaitse heurterConsidérant,
non moinsque Fourier.
LA POLITIQUE 93

sur tes Ignorent-ils pourtant que l'Admi-


reposât gouvernements.
nistration civilisée, en quelque sens qu'on l'organise, préfère son
bien à celui du peuple ? A quoi ont abouti ces théories
propre
servi les
qui prétendaient modérer les gouvernements ? Qu'ont
et autres
responsabilités de ministres, tes contre-poids d'autorité
vides de sens ? L'essai de ces visions scientifiques n'a
paroles
servi qu'à nous convaincre que la nature du mécanisme civilisé
force à rétablir bientôt les abus que l'on essaie de bannir. La
Civilisation étant une plaie sociale pour le Globe, les vices lui
sont nécessairement comme le virus est essentiel à la conservation
d'un ulcère. Vos réformes, confiées aux soins des gouvernements,
ne font qu'enraciner les abus. Après bien des déchirements, vous
tombez sous leur joug, et vous ne gagnez à cette lutte que la
conviction d'un asservissement insurmontable. (F. B., 9).

IMPUISSANCE DESMOYENS POLITIQUES. Ne VOyez-VOUS pas


l'effet de notre mécanisme politique, agissant sur un état social
les intérêts, intérês d'ambition
qui maintient l'hostilité entre tous
comme intérêts d'argent dès qu'une opinion, dès qu'un homme
pour ainsi dire, ne se trouvent plus au pouvoir, ils
quelconque,
deviennent par cela même et immédiatement révolutionnaires
sous une forme ou sous une autre.
C'est-à-dire qu'en poursuivant leurs vues propres, et de la
nouvelle position ou les place un changement de gouvernement
ou de ministère, ils travaillent avec ou sans intention au renver-
sement du pouvoir. Et cela, chose plaisante sous prétexte ordi-
nairement de le restaurer ou de le raffermir. Toujours est-il que
le pouvoir ne marche jamais bien chez nous qu'au gré de ceux
naturelle de la folle prétention
qui l'ont en mains. Conséquence
de chacun à établir l'ordre et la liberté par les moyens politiques.
Comment voulez-vous avec de tels étén.ents, avec une dispo-
sition générale des esprits vis-à-vis du pouvoir quel qu'il soit,
tout à fait comparable à celle d'écoliers vis-à-vis du maître, au-
les plus sages mêmes sont toujours prêts à faire niche à
quel
l'occasion comment voulez-vous, dis-je, parvenir à fonder quel-
chose de durable, à donner quelque repos à la société, tra-
que
vaillée du haut jusques en bas par mille causes actives de décom-
position ? (P., 170).

SERVICE LA POLITIQUE AURA-T-ELLE RENDU AU GENRE


QUEL
94 TEXTESFOURtÉRtSTES

HUMAIN
? Elle avait deux vices sociaux à combattre 1° la
pauvreté qui afflige les individus 20 les révolutions qui menacent
et renversent les empires.
t ° La pauvreté. Que votre pacte social est admirable pour
assurer les jouissances aux riches et l'impunité à leurs crimes 1
Qu'il est impuissant pour fournir aux pauvres la subsistance, le
travail et la protection contre ses spoliateurs Quelles mesures a
prises la Politique pour garantir à l'indigent ses droits naturels ?
Et par ces mots droits naturels (Sur les droits naturels, cf. pp. 72-
73), je n'entends pas les chimères connues sous le nom d? liberté,
égalité. Le pauvre n'aspire pas si haut il ne veut pas être l'égal
des riches, il se contenterait bien de vivre à la table de leurs
valets. Le peuple est encore plus raisonnable que vous ne voulez
i! consent à la soumission, à l'inégalité, aux servitudes, pourvu'
que vous avisiez au moyen de le secourir quand les vicissitudes
ou les perfidies sociales l'auront privé de son industrie, réduit à
la famine, à l'opprobre et au désespoir. C'est alors qu'il se trouve
abandonné de la Politique. Qu'a-t-elle fait pour lui assurer dans
les revers, non pas des secours, mais seulement l'exercice de son
travail habituel d'où dépend sa subsistance ? Partout le peuple'
et même la classe polie fourmillent d'infortunés qui demandent
vainement de l'occupation, tandis que leurs semblables vivent
sans inquiétude dans la fainéantise et l'abondance. Pourquoi la
Politique persifle-t-elle ces malheureux en leur donnant des droits
à la souveraineté, tandis qu'ils ne demandent que des droits à la
servitude, que le droit de travailler pour le plaisir des oisifs ?
Les indigents, direz-vous, ont eu des torts dans leur jeunesse.
Quel tort ont eu des millions d'enfants qui souffrent la faim et le
froid ? Quant aux pères, la plupart sont tombés dans le malheur
par excès de ptobité et de contiance, car les gens conhants sont
les seuls qui se ruinent en' Civilisation. D'autres sont tombés dans
la pauvreté par suite des révolutions que les philosophes ont pro-
voquées. Mais quand les indigents seraient coupables d'impré-
voyance, la Politique est-elle justifiée de les délaisser et de ne pas
leur fournir le travail qui leur est familier ? Voyez-vous que la
nature interdise la chasse au sauvage, parce qu'il a épuisé ses
provisions après quelques jours d'indolence ? Voyez-vous que la
religion repousse le pécheur parce qu'il est resté dans l'impéni-
tence ? Non, la nature et la religion oublient tous les torts de
L'ÉCONOMIEPOLITIQUE 95

l'homme du moment où il revient sous leur bannière la Poh-


tique seule est sourde aux malheureux qui l'implorent.
2° Les Révolutions. Si la Politique n'a pas pu pourvoir au
salut des individus froissés par le pacte social, a-t-elle mieux
assuré le salut des empires ? Accusons-la maintenant sur les
révolutions dont les peuples sont victimes. C'est ici que s'accu-
mulent les symptômes de votre infirmité sociale. Parlons de la
la nature, qui fait
fragilité de vos œuvres et du persiflage de
écrouler vos merveilles au milieu de leur éclat. (F. B., 11).
Ceux qui poursuivent le bonheur social par la route de la
politique et des transformations constitutionnelles poursuivent
une chimère et rêvent une utopie il n'y aura peur l'avenir, tant
restera dans cette voie, que des luttes, des révolutions et
qu'on
des convulsions analogues à celles du passé. (C., 34).

QUESTIONS SOCIALES ET QUESTIONS POLITIQUES

Les questions sociales proprement dites, quand on les oppose


aux questions politiques, comprennent plus spécialement l'ensem-
bie des faits caractérisant l'état, la nature et l'économie de la
société la constitution de la propriété et de l'industrie le déve-
et des lumières
loppement du bien-être, de la liberté positive
de l'intelligence, de la moralité et des publiques vertus en un
mot, généralement les relations des hommes et des peuples entre
eux, indépendamment de la question des formes passagères et
des systèmes actuels de leurs gouvernements divers. (CoNS)DÉ-
RANT,Manifeste de la Démocratie pacifique, t. 1, ? 44. Cf. Bour-
gin, FOURIER,p. 437, note 4).

L'ECONOMIE POLITIQUE

L'Economie politique est la plus neuve de toutes les sciences,


et c'est pourtant celle qui va prendre aujourd'hui le pas sur
toutes les autres. Elle a été fort timide jusqu'à ce jour elle a
trembté devant le Commerce, qu'elle doit abattre. Ainsi le lionceau
qui ne sent pas encore sa force fléchit longtemps devant celui
qu'il pourrait dévorer. Bientôt, lorsque l'Entrepôt fédéral (1) aura
aboli jusqu'au nom de Commerce, on sera confus de cette timi-

(<) Que Fourier appelleaussi Comptoircommunal,Entrepôt concurrent.


Voir )')).t34-'37.
96 TEXTESFOURIÉRISTES

dité qui tient la politique sociale prosternée aux genoux des


marchands.
L'Economie politique a débuté par de grandes erreurs c'est
une fatalité commune aux sciences que de payer pendant quel-
ques siècles tribut à l'erreur. L'aînée de toutes, l'astronomie,
s'égara pendant plusieurs mille ans dans des visions systéma-
la vérité.
tiques jusqu'au jour où Copernic lui ouvrit les routes de
Comment la cadette, l'Economie politique, s'étonnerait-elle
d'avoir payé son tribut commun ? Mais l'erreur n'est point blâ-
à
mable, l'obstination seule est un crime. Ceux qui ont prétendu
l'infailiibilité, comme les anciens papes, sont devenus un objet
de risée. Est-ce au xvm" siècle que des philosophes renouvelle-
raient pareille prétention ? Des inventions heureuses viennent
sciences. Le hasard,
d'âge en âge renouveler la face de quelques
se joue des lumières humaines, livre les plus bettes décou-
qui
vertes à des ignorants, quelquefois même à des enfants, témoin
ces deux bambins de Middelbourg qui, en jouant avec des verres,
inventèrent la lunette et le télescope et devinrent les guides de
l'astronomie. Même bizarrerie a lieu aujourd'hui. C'est un bon
aux éco-;
simple qui vient remonter et éclairer la science, indiquer
nomistes l'issue du dédale où ils sont égarés. Quel sujet de joie
eux Le plus beau jour pour une science et pour ceux qui la
pour
cultivent, c'est le jour où une découverte inattendue leur ouvre
les voies de la célébrité, c'est-à-dire de la vérité, sans laquelle
toutes les renommées ne sont que fumée passagère. Que sont
devenues les réputations de Ptolémée et autres astronomes ? Ils
ont passé et Copernic est resté. Que sont devenues les visions
des anciens sur le mouvement ? Tous les systèmes, depuis Aris-
tote jusqu'à Descartes, sont trépassés il n'est resté que Newton
et l'attraction.
Et quelle science n'a pas des siècles d'erreur à déplorer?
Combien les botanistes ont-ils perdu de mille ans avant d'en
venir aux vérités les plus simples, comme le système sexuel de
Linné ? Ainsi les corps de savants les plus respectables ne sont
d'illustres victimes dévouées au néant et à l'oubli des races
que
et les
futures, jusqu'à ce que la vérité daigne leur prêter appui
initier à ses mystères.
Sous ce rapport les économistes auront joui d'une singulière
ils n'auront passé qu'un siècle dans le dédale où
prérogative
L'ÉCONOME POLITIQUE 07

tant d'autres sciences ont perdu p!usieurs mille ans (et moi qui
les en tire, quels droits n'ai-je pas à leur reconnaissance ?).
Les erreurs des économistes peuvent se classer en deux bran-
ches erreurs cabalistiques et erreurs dogmatiques.
1" Erreurs cabalistiques (1). Je passerai très brièvement
sur celles-ci. J'en parle plutôt pour les indiquer que pour les cri-
tiquer, car elles tiennent aux faiblesses humaines qui sont de
tous les temps. Je chercherai donc plutôt à justifier l'égarement
qu'à les condamner.
Lorsque l'Economie politique prit naissance chez les moder-
nes, le commerce était déjà puissant et révère les Hollandais
avaient déjà amoncelé des tonnes d'or, ils possédaient le secret
d'acheter et vénaliser les cours avant qu'on eût ouï parler des
Economistes bref, le Commerce était un géant et l'Economie
politique n'était qu'un pygmée. Quand elle entra en lice avec lui,
déjà les ports fourmillaient d'armateurs opt'tents, déjà les capi-
tales étaient remplies de ces banquiers à grands falbalas, qui sont
dans l'intimité des ministres et traitent le corps diplomatique. On
ne pouvait plus, comme dans l'antiquité, faire du commerce un
objet de risée les coffres-forts sont ce qu'il y a de plus respec-
table en Civilisation, surtout dans notre siècle.
Dès lors l'Economie politique fut réduite à débuter d'autant
plus humblement avec le Commerce qu'il n'y avait chez ses au-
teurs ni appui de la fortune, ni doctrine établie. Elle avait tout à
créer l'antiquité n'avait laissé sur le commerce que des ricane-
ments qui ne sont pas des dogmes. Il fattut donc s'isoler de la
belle antiquité, et les pauvres Economistes, abandonnés à eux-
mêmes, durent adopter des dogmes modestes et timides comme
il convient à quelques savants inconnus qui, pour leur entrée dans
le monde, ont à lutter contre les Crésus du siècle.
L'issue d'un tel combat ne pouvait être douteuse. L'Economie
ne fit qu'une ombre de résistance. L'honneur en est dû à Quesnay,
chef de la secte française. tt essaya de faire entendre la vérité, il
mit en avant des dogmes qui tendaient à subordonner Com-
merce aux intérêts de l'Agriculture. Mais la cabale anglaise, qui

(ï). Relatives à la Cabaliste, nom donné par Fourier dans sa théorie des
passions à l'une d'entre elles, qu'il définit ainsi < Sentiment de l'émulation,
goût de l'intrigue, principe et âme des dissidences, des coteries. Elle est pour
l'esprit humain un besoin si impérieux, qu'à défaut d'intriguea réçUcs il en
cherche avidement de factices au jeu, au théâtre, dans les rom.ut<. t (P,~4).
98 TEXTES FOURtÉRtSTES

était vendue au Commerce, l'emporta à l'aide de quelques intri-


à entrer en
gues religieuses. La philosophie, qui commençait
son parti elle
guerre avec le sacerdoce, avait besoin de fortifier
prudent de s'allier avec les coffres-forts et de caresser le
jugea
Commerce, qui commençait à jouer un grand rôle. En consé-
char du Com-
quence, les Economistes s'attelèrent à l'envi au
merce. Ils le proclamèrent infaillible comme les anciens papes.
Ils déclarèrent que le négociant, dans ses opérations, ne pouvait
en consé-
jamais s'écarter des voies du bien public, et devait;
les dogmes furent ac-
quence, jouir d'une absolue liberté. Tous
commodés à ce paradoxe. La renommée n'eut plus assez de voix
et
pour prôner les trafiquants. On vit les Raynal, les Voltaire,
tout ce qu'il y avait de plus marquant dans la philosophie s'age-
nouiller devant le veau d'or, qu'ils méprisaient en secret car
de Londres qu'il
quand Voltaire dédiait sa Zaïre à un marchand
accablait de fades compliments, il n'était p~s plus sincère qu'en
dédiant son Mahomet au pape Benoist. Voltaire était tui-même
consommé dans les ruses mercantiles il excellait à tromper tes
libraires. H savait donc bien quelle estime est due au bel art du
trafic. (F. B, 21-26).
2° Erreurs dogmatiques. (Voir pp. 83-84 LA LIBERTÉDU
COMMERCE).
c) La Science Sociale
H faut donc agir en affaires de relations sociales comme on
a fait quand on a constitué les sciences positives il faut dépla-
cer les termes du problème et prendre la contre-marche pour
arriver à la solution.
La science sociale doit être constituée de toutes pièces, avec
des observations et des faits, sans plus tenir compte de tous les
de la philosophie, que les Copernic, tes Galilée, les
systèmes
des croyances
Képler, les Newton et autres, n'ont fait compte
accréditées jusqu'à eux chez les astrologues et les alchimistes.
En attendant, qu'il me soit permis ici d'établir en fait que
tous les procédés sociaux sortis de l'arsenal philosophique, lois
et systèmes, reposent sur des bases essentiellement fausses, puis-
qu'ils sont contradictoires entre eux, variables et flottants.
Il ne s'agira donc point, pour constituer la science sociale,
telle
de se trouver d'accord avec telle autorité, telle croyance,
99
LA SCIENCE SOCIALE. LE PROBLÈME SOCIAL

idée reçue il s'agira seulement de se trouver d'accord avec le


bon sens ce sera même un bon augure que de partir de prin-
car on pourra
cipes opposés à ceux qui ont eu cours jusqu'ici,
résultats nouveaux.
espérer d'arriver par une voie nouvelle à des
ainsi dès le début, la rupture de la science que
J'annonce
nous promulguons, avec tout le passé philosophique, en déclarant
ne trouvera point dans la théorie sociétaire les moyens de
qu'on
mauvaise en soi, et
perfectionner la société actuelle, qui est
de législation, de morale ou de religion ne
qu'aucun procédé
encore Dieu et ses saints
pourrait jamais rendre bonne, quand
viendraient travailler avec nos hommes d'Etat.
Il est donc entendu que nous allons taiiïer en plein drap,
construire de toutes pièces une organisation nouvelle, quitte à
voir ensuite si elle est réalisable, et si son application n'offre pas
les plus grandes facilités, par cela même qu'elle favorise chacun
dans sa cupidité comme da~s son cœur. (C., 14-16).

PosmON DU PROBLÈME

!MFOSS!B!UTÉ DE RÉSOUDRE UNEQUESTION MALPOSÉE. Les


devant une ques-
plus grands efforts de l'esprit humain échouent
tion mal posée. Quand on cherchait à lier entre elles les obser-
vations astronomiques, en partant de cette supposition que la
terre était le centre de notre système planétaire, des hommes de
génie entassaient infructueusement dans leurs explications ingé-
nieuses et compliquées, courbes sur courbes, épicycloïdes sur
était mal posé, et les
épicyctoïdes le problème astronomique
savants eussent persisté dix mille ans dans cette voie que pen-
dant dix mile anc ils eussent fait une tâche vaine comme celle
des Danaïdes. Celui-là, au contraire, qui vint dire simple-
ment « Au lieu d'admettre en principe que la terre est un astre
immobile et central, avisons à examiner s'il ne se pourrait pas
faire qu'elle marchât elle-même comme nous voyons marcher tes
autres planètes cetui-tà, par un simple déplacement dans tes
sur
termes du problème astrono:nique, rendit facile une solution
la sagacité des philosophes s'était et se serait encore
laquelle
inutilement exercée pendant des siècles. Cetui-tà fonda la science
qui jusque-là n avait pas existé.
Cet exemple et mille autres du même genre que t'en pourrait
a
extraire des annales des sciences prouvent que l'esprit humain
tOO TEXTESFOUR!ÉRtSTES

toujours été arrêté et acculé entre des absurdités et des impossi-


bilités, toutes et quantes fois qu'il a voulu résoudre des questions
mal posées. prouve aussi que sitôt que les questions sont
posées comme elles doivent l'être, les solutions deviennent faciles.
C'est une vérité reconnue par tous les hommes qui cultivent le
domaine des sciences exactes elle est évidente à leurs yeux
comme un axiome. Malheureusement, ceux qui ont la prétention
de faire de la science sociale et politique, n'ont pas même l'air de
s'en douter. (C., 12).

COMMENTFouptER POSE LE PROBLÈME. L'homme et la


forme sociale, voilà les deux termes qu'il s'agit de faire concorder.
Pour y parvenir, deux voies peuvent être tentées, suivant
celui des termes que l'on admet commander l'autre agir sur
l'homme pour changer sa nature 2t la plier aux exigences de la
forme sociale ou bien, considérant la forme sociale comme le
seul des deux termes qui soit fondamentalement et essentielle-
ment variable, l'approprier aux dispositions naturelies de
l'homme.
Fourier a retourné le problème. Négligeant l'action sur
l'homme, qui aurait pour but de changer son immuable nature.
de s'attaquer à ses invincibles penchants, il la reporte tout en-
tière sur la forme sociale qu'il se propose d'adapter précisément
à cette nature de l'homme. (P., 57, 61).

DÉTERM!NAT!ON D'UN BUT SOCIAL

Quand on veut faire un voyage, il est bon, avant de partir,


de savoir où l'on doit aller quand on entreprend une opération
industrielle ou militaire, il est bon encore d'avoir fait un plan
en toutes choses, enfin, ii convient d'avoir un but.
Mais si, dans les affaires grandes et importantes surtout,
c'est folie de marcher au hasard et d'aller toujours sans s'être
vers un but
proposé un but, n'y a-t-il pas folie aussi à se diriger
but incer-
qui n'est pas exactement précisé et déterminé, vers un
tain, imaginaire et flottant, vers un but qui n'est qu'un mot vague
et non défini ?
N'est-ce pas folie par conséquent de s'entremettre aux affai-
res politiques et sociales, d'y souffler froid ou chaud, de vouloir
placer son opinion comme un poids dans la balance, lorsqu'on
LE PROBLÈME SOCIAL. )DÉAL D'UNE SOCIÉTÉ ~Ot

ne peut pas dire exactement, nettement et comptètemer. voici


ce que je veux, voici ce que je propose ?

tous
Quant à nous, membres d'une Ecole sociale qui s'accroît
les jours, nous ne serons confondus avec aucun parti politique,
car nous présentons une théorie où tout est décrit et donné, but
et moyen. Nous savons ce que nous voulons. (C., 17 et 20).

NÉCESSITÉD'UNETRANSFORMATION RADICALEET COMPLÈTE


LE LASOCIÉTÉ. Veut-on dire que le moyen d'arri 'er à mieux
est d'améliorer la société actuelle, de per f ectionner es f ormes
existantes ? tt y a alors erreur et grave erreur car si elle est
et
mauvaise, cette société, si elle repose sur des bases fausses
décevantes, il faut cesser de songer à améliorer et perfectionner
ce qui est mauvais en soi Ce n'est plus de perfectionnement
faut mais bien de transformation radicale et com-
qu'il parler,
plète. faut s'affranchir du joug des formes connues, et poser
le problème, indépendamment des combinaisons particulières
dans lesquelles l'homme se trouve placé sur la terre en l'année
1834. La seule condition que l'on ait à s'imposer, et je prie
note cette restriction, la seule condition nécessaire pour
qu'on
l'avenir soit rattaché au passé, c'est que tous les intérêts ac-
que
reconnus. (C., 12).
quis soient respectés, tous les droits
La Théorie nouvelle n'est hostile à aucun intérêt elle ne ren-
verse pas, elle ne brise pas, mais elle transforme elle se prête,
C'est
sans danger pour l'état social, à l'expérience et à l'essai.
d'une
même d'un essai sur une très petite échelle, sur un territoire
demi-lieue carrée de terrain, que doit lui venir sa puissance d'en-
en pre-
vahissement c'est à l'expérience que nous en appelons
mier et dernier ressort. (C., 21).

tDÉALD'UNESOCIÉTÉ. Comme un jugement quelconque


nous allons esquisser d'abord
exige toujours une comparaison,
tout
en peu de lignes un idéal de société, un ordre de choses où
serait pour le mieux, /o<npm<~ parlant. Notre hypothèse, en
admettant si l'on \eut qu'elle ne pourrait se réaliser que dans un
très reculé, nous servira du moins à reconnaître par com-
temps
les défauts des organisations sociales qui en diffèrent,
paraison
et à rechercher les dispositions par le moyen desqueiles on s'en
102 TEXTESFOURtÉRtSTES

rapprocherait le plus vite et le plus sûrement. Cette méthode,


qui consiste à faire d'abord le roman du b'en-être universel, pour
découvrir ensuite les conditions de ce bien-être, peut paraître à
quelques gens un procédé bizarre et plus voisin des domaines de
l'imagination que de ceux de la science je les préviens toutefois
que c'est là le procédé général de solution pour tous les problè-
mes en mathématiques, où l'on suppose toujours de prime abord
le problème résolu, pour en couver les conditions et la clef.
Construisons donc par la pensée, sur un globe quelconque, une
société dans laquelle les causes sociales du mal n'existeraient
pas, et où l'humanité n'emploierait son activité et sa puissance
ses
qu'au développement des éléments utiles au bonheur de
membres. (C., 22).

NOUVELLE.
DE CETTEORGANISATION
TABLEAUDESRÉSULTATS

Paix générale, bonnes relations entre les nations


inté-
Organisation de tous les travaux utiles Harmonie des
rêts individuels et collectifs
Développement de toutes les facultés
Fusion df; toutes les classes
Liberté parfaite de l'individu au sein de l'ordre généra!
ATTRACT!ON INDUSTRIELLE ET UN)TÉ D'ACTION.

Tel serait le tableau qu'offrirait cette société normale. bien


différente de la nôtre. (C., 41).

!) n'y aurait plus de pouvoir ayant à ses ordres une armée,


une gendarmerie, une police il n'y aurait plus de despotisme
ni d'usurpations possibles, ce qui toujours est à craindre pour
les nations, tant qu'elles sont obligées de fabriquer des sabres
car c'est un destin inévitable pour les moutons d'être tondus,
aussi longtemps qu'il leur faudra des bergers ayant chiens,
houlettes et ciseaux, ces bergers s'appetassent-its rois, présidents
ou consuls.
U n'y aurait plus <p guerres ni de discordes intestines dans
ce monde modèle ainsi, en dehors des relations administratives
dont j'ai parlé, il ne resterait plus que les opérations productives
des richesses, les travaux domestiques agricoles, manufacturiers,y
scientifiques, artistiques. (C., 27).
NOUVEAU '03
LE GARANTISME OU L'ORDRE SOCIAL

cela est vrai, il est rigoureusement vrai aussi de


Or, si tout
les efforts de l'homme sur cette terre sublunaire, notre
dire que
:e moment la troisième planète à partir du
terre à nous, pour
doivent concourir à rapprocher, autant qu. possible, notre
soleil,
sociale de cette organisation typique, dût-on n.cme
organisation
ne l'atteindre jamais. (C., 42).

Le Garantisme ou l'Ordre Social nouveau (1)


cf)
la période qu'il s'agit
DÉFINITIONDU GARANTISME. C'est
doit succéder à la Civilisation, période qui ferait
d'organiser et qui
des garanties,
une application sociale et compta du système
dont nous possédons aujourd'hui quelques germes remarquables.
(C., 182).
PRINCIPES GENÉRAUX

L'ordre à la Civilisation ne
L'ORDRE NOUVEAU. opposé
naitre d'un état de choses qui aura pour résultat
peut que
de telle
t" D'identifier l'intérêt individuel avec le collectif,
ne rr~~r son ~n~ que dans
manière que M~u puisse
les opérations profitables à la masse entière
De classer l'intérêt collectif en boussole de l'individuel, de
2"
ne tcnde l'intérêt collectif, d~c~
manière que l'ambitieux qu'à
individuel. (F., B., 155).
gouvernail de l'intérêt
L'AssOCIATION HARMONIENNE. < Tenir
CONDITIONS DE
tous les intérêts, donnel un libre essor à toutes les
compte de ..s uns
vocations diviser, alterner, varier, combiner, engrener
les autres, travaux .t plaisirs, de telle sorte que le dévelop-
par
de tous les caractères humains et naturels s'effectue pour
pement
le bonheur de M~u et de la soc<e~. (L., 211).
L'Associa-
BIENFAIT MORAL ET SOCIAL DE L'ASSOCtATtON.
matériel seulement ne peut produire qu'une
tion dans l'ordre
l'homme est destiné dans l'ordre
des bienfaits auxquels
partie
association humaine, c'est celle des carac-
sociétaire la véritable
n'est autre chose que l'art de tirer partt
tères. L'art d'associer pas

0~ ~c.c<<- ou harmonien, Ordre


Ordre
(,) (;<
3.5) sont des t~ synonymes dans le langage de
~<. (voir PP.
Fourier et de ses diaciptes.
TEXTES FOURIÉRISTES

infinies de caractères, en identité et en contraste, en


,s nuances
en antipathie. (L., 215).
:cord et en discord, en sympathie et
"ASSIONNELS. La propriété des g~p<-
LES RALLIEMENTS
d'absorber t'~s~
rents ou ralliements passionnels, c'est
discordes individuelles dans les accords des masses.
t les
F. B, 280).
L ORDRESOCtÉTAtRE. BASÉSURLA LIBERTÉINDIVIDUELLE.
ordre sociétaire l'Association où tous les carac-
jous nommons
toutes les volontés, tous les intérêts, seront développés,
ères,
équilibrés par l'essor de la
tarmonisés, contrastés, engrenés,
essor sera tout aussi favorable au bon-
iberté individuelle qui
société bonheur de l'individu lui-même.
leur de la qu'au
nut caractère ne peut avoir le droit de
Dans un pareil ordre,
caractères au sien chaque caractère est un
amener les autres
invariable, sui qui cherche à se lier, à s'ordon-
type fixe, generis,
ses contrastes ou ses sympathies. Le musi-
ner, à s'accorder avec
ne en ramenant tous les sons à un
cien harmoniste compose pas
les données de !'ouïe, il les combine, tes
son type il prend
ainsi doit se co~o~r une association d'hommes.
accorde
·
le classement spon-
Association par la liberté individuelle et
260-261).
tané voilà le but que nous nous proposons. (L.,

L'ATTRACTION PASSIONNELLE

<*<f~tJt'- "< t~ dewx


7'r~a.< d.ab/~
~r'~ /(! ttf ~0<c<0"'<
J. i<ECHEVAI.!<t.

Voir pp. 19
DE L'Al~RACTtON PASStONNELLE.
DÉDNtTtON
et 20.
LE TRAVAU.
APPLICATIONDES PASStONSA L'INDUSTRIE.
de ce
ATTRAYANT L'industrie, dans la plus large acception
de l'activité de l'homme ayant
mot, comprend tous les emplois
d'assurer ou d'embellir son existence. Elle est vrai-
pour objet
destinée de l'homme sur la terre c'est par elle que ce
ment la
son domaine
roi de la création est appelé à faire régner dans
réclament
l'ordre et t'abondancc. Voyons donc quelles conditions
L'ATTRACTION PASS!ONNELLE. L'ORDRE SÉRtAtRE t05

dans le mode d'exercice de l'industrie, dans l'organisation du


travail et des travailleurs, les passions que nous avons reconnues
former le clavier passionnel de l'homme, pour qu'elles soient
mises en jeu, peur qu'elles trouvent essor et satisfaction dans
l'exercice de cette même industrie. (P., 77.)

Puisque maintenant nous avons reconnu )e~ puissances aux-


quelles l'homme obéit spontanément, avec plaisir et bonheur pour
tui-mëme, tâchons d'arranger les choses de manière à n'avoir à
réclamer de lui que par l'intermédiaire de ces puissances et sous
l'empire de leur influence vraiment magnétique, toute l'activité
dont la société a besoin de sa part pour être riche, florissante et
prospère. Cette condition qui transforme en plaisirs la plupart
des travaux utiles, et seule résout par cela même la question de
liberté si mal comprise encore après tant de débats, ne peut
s'obtenir que dans l'organisation désignée par Fourier sous le
nom de sÉRtEs DE GROUPES. (P., 76.)
LES GROUPESET LES SÉR)ES OU L'ORDRESÉRtAtRE. Le
groupe, envisagé sous '.j rapport de l'industrie, est la réunion
d'un certain nombre de personnes pour l'exercice d'une fonction.
II faut que cette réunion soit parfaitement libre et résu)te seule-
ment des sympatrnes qui existent entre ces différentes personnes
et de leur inclination ou passion commune pour le travail qu'il
s'agit d'accomplir ensemble. Les défaits de celui-ci se répar-
tissent entre les membres du groupe suivant les goûts et les
aptitudes de chacun. Il y a de la sorte une responsabilité propre
pour chaque membre mais il se trouve en même temps affranchi
de toutes les parties du travail qui ont pour lui peu ou point
d'attrait il peut se reposer de la confection de celles-là sur des
coopérateurs pleins de zèle et intéressés comme lui au succès
de l'ensemblc.
La série est l'affiliation de tous les groupes opérant sur une
même branche de travait, comme serait la culture d'un fruit, par
exemple. De ce rapprochement des groupes dans la ~r/e naît
entre eux une émulation ou rivalité qui double leur ardeur (Caba-
liste ou jE~a~c). L'effet passionné sera d'autant plus sûrement
et plus vivement produit, qu'il y aura plus d'analogie entre les
produits de deux groupes voisins, et qu'il pourra ainsi s'établir
entre eux plus de termes de comparaison. De là le principe d'or-
106 TEXTES FOURtÈRiSTES

donner les groupes d'une série par nuances très rapprochées,


autrement d'en former une échelle compacte.
Les sénés enfin doivent être en certain nombre et engrenées
de telle sorte qu'elles offrent aux travailleurs la faculté de passer
d'une série à une autre, c'est-à-dire de changer d'occupation au
moment où ils sentent leur ardeur se ralentir pour le genre de
travail auquel ils étaient d'abord livrés (Papillonne ou Alter-
de toutes, est celle qui
nante). « Cette passion, la plus proscrite
produit l'équilibre sanitaire la santé est nécessairement lésée,
si l'homme se livre douze heures chaque jour, pendant des mois
et des années, à un travail uniforme qui n'exerce pas successive-
ment toutes les parties du corps et de l'esprit. La variété des
fonctions et la brièveté des séances ont encore l'avantage de
ce qu'il y aurait d'ex-
multip!ier les liées affectueux, de corriger
clusif dans l'esprit de corps, enfin de faciliter l'accord des asso-
ciés sur le point capital de la répartition des bénéfices. (P.,
78.) (!).

LA RICHESSE SOCIALE ET SA RÉPARTITION


r

CONDITIONS QUEDOIT REMPLIRUNEBONNEORGANISATION.


La première des nombreuses conditions que doit remplir une
bonne organisation sociale, c'est de produire la plus grande som-
me possible de richesses, afin que ces richesses refluant sur toutes
les têtes, donnent à tous les individus du corps social les moyens
r
de satisfaire aux besoins et aux exigences variées de leur
et bien
ture afin que la vie soit pour tous un banquet splendide
misérable
servi, et non comme aujourd'hui, une table pauvre et
où les convives affamés s'arrachent entre eux les morceaux.
Ainsi la première critique que nous ferons de ta Civilisation
une
actuelle, consistera à prouver que son organisation emploie
de travail et de puissance humaine a ne rien
grande quantité
produire ou à ~e/nure. (C., 56.)

JI faut d'abord à chercher un moyen d'augmenter


s'occuper

ou j<<f'<ff de Fourier dans


(t) Voir l'cxposé détaillé du système des séries des deux
V. Considérant, Destinée Sociale, t. I!I. et lc tableau comparatif
et celle de tt*
méthodes. celle de l'industrie sociétaire (Méthode o«rayaft~).
dustrie morcetée (Méthode f~~aM~). reproduit par A!haiM. f7M«M~<M
~Bco~ Sociétaire, p. 4 S
DES RICHESSES SOCIALES t07
PROBLÈME DE LA RÉPAR-rmON

dans une haute proportion, la richesse sociale. Voilà le point de


départ d'une saine politique.
Hé bien sur cette question même de la richesse générale.
comme partout ailleurs, vous trouverez encore la politique du
siècle en défaut. Où en est-elle ? A des rognures de budget.
Diminuer l'impôt, prendre aux uns pour donner aux autres,
élever ceux-ci, abaisser ceux-là voilà où l'on en est, voilà tout
ce que l'on sait dire et l'on se bat, et l'on s'injurie et l'on se
tue, pour cette politique de déplacement.
Ce n'est pas cela. Au lieu d'user le temps et la vie à
s'arracher des lambeaux, il faut aviser à désobstruer les sources
des richesses et organiser l'industrie, les travaux domestiques.
et manufacturiers, tous les travaux qui produisent ces
agricoles
richesses.
La France, si l'on rcpartissait également son revenu annuel
sur ses trente-deux millions et demi d'habitants, donnerait pour
chacun une valeur de onze sous à consommer par jour. Elle est
donc misérable et dénuée en présence de ce fait avéré, plus
les raisonnements du monde, il
puissant à lui seul que tous
faut songer à augmenter le produit dans une haute proportion.
Voilà le premier problème humain et social que la science
doit résoudre, et cette solution n'est au pouvoir d'aucune révo-
tut'on et d'aucune forme gouvernementale.
Et ceci n'est pas tout à la combinaison qui aurait puis-
sance de quadrupler, par exemple, le revenu annuel d'une nation,
on doit en outre imposer la condition de répartir ce revenu entre
tous les ayants-droit car c'est encore une opinion ridicule de
mesurer le bien-ctre d'une nation à son revenu seulement, sans
une minorité de pirates sociaux,
s'inquiéter s'il est absorbé par
sur
industriels, mercantiles, etc. ou s'il reflue équitablement
toutes les têtes. (C., 298-300).

PROBLÈMEDE LA RÉPAKTmo~ DES K!CHLSSES SOCIALES.


la se fait sentir au sein d'une Société où d'heu-
Quand pénurie
reuses relations existent entre les hommes, aussitôt l'harmonie
se disloque, t'égoïsme hostile paraît, la guerre commence.
Si la table est pauvre et misérable, les convives auront faim;
une
ils seront mal disposés les uns à l'égard des autres c'est là
108 TEX1ESFOURIÉRISTES

loi de nature que rien ne peut détruire. Que sera-ce si les uns
savourent des mets délicats, et que les autres, à côté, n'aient que
des os à ronger ?
Ceci ne signifie pas que tous les convives appelés au banquet
de la vie doivent être mis à égale ration, et que cette égalité
soit une condition d'harmonie. Ceci veut dire seulement qu'il faut
une proportion suffisante des biens et des avantages sociaux,
pour que chacun soit assuré et pourvu du nécessaire, avec certi-
tude de pouvoir monter sur l'échelle sociale en proportion de ses
services bien et dûment constatés. Ce principe peut être rendu
sensible par de nombreux exemples en voici un, entre mille que
peut fournir la Civilisation elle-même
C'était une belle armée, la Grande-Armée que Napoléon con-
duisit au cœur de la Russie. H y avait là quatre cent mille hom-
mes, chefs et soldats, formant un corps aussi compact et d'une
aussi forte union qu'on en puisse voir en Civilisation. H y avait
un sentiment de nationalité et de gloire qui s'étendait comme un
réseau sur ce grand corps. Puis, le soldat sentait qu'il pouvait
devenir caporal, le caporal sous-officier, et ainsi de suite jusqu'au
général de division, qui avait à gagner le bâton de maréchal, et
le maréchal un trône, car Napoléon en donnait. Hé bien
c'est un fait généralement vrai, que le soldat n'en voulait pas à
son capitaine parce que celui-ci avait une solde plus forte le
capitaine ne prenait pas non plus son colonel en haine pour
cause analogue. C'était accord et discipline, amour du colonel
et du capitaine pour leurs hommes, et dévouement de ceux-ci au
capitaine, au colonel, à l'armée.
Ce!a dura tant que l'Aigle fut victorieuse, tant que le tambour
battit la charge, tant que les soldats eurent des souliers, des
capotes, du pain et de l'eau-de-vie tant que l'armée fut appro-
visionnée.
Oui, et qu'advint-il au retour de Moscou ? que se passa-t-il
quand l'armée cessa de recevoir le nécessaire quand les com-
munications furent rompues quand ils furent là, ces braves, sans
souliers, en haillons, sous la dent de la faim, au milieu des nei-
ges. des glaces et des déserts, mordus sous le ciel du nord par un
froid de trente degrés ? Ce qui se passa, vous le savez tout
fut rompu et brisé plus de camaraderie, plus de gaîté, plus
SUPRÉMATIE NÉCESSAIRE DE L'ACRtCULTL'RE 109

d'affection ni de dévouement et dans les cœurs, pour toutes ces


choses, un égoïsme hideux et cruel.
On en voyait un de la compagnie qui tombait raide et gelé
on ne songeait qu'à se disputer les lambeaux de sa capote. On
tuait son camarade de lit pour une place au feu on crevait le
ventre à coups de sabre aux vivants pour s'y réchauffer les pieds.
Je n'invente pas, moi lisez l'histoire de la débâcle, et écoutez
les vieux. On se battait pour une poignée de chenevis c'était la
pénurie dans toute sa force, et l'égoïsme dans toute sa hideuse
énergie.
Hé bien quand on eut retrouvé des cantonnements, quand
la fidèle Pologne nous eut donné du pain, quand elle eut ranimé
et réchauffé nos débris, les sentiments revinrent aux cœurs, la
discipline se rétablit, et, sous ce rapport du moins, tout fut
comme devant
Elargissez cet exemple, interrogez-te, et avec lui mille autres
du même genre que vous fournissent l'observation et l'histoire,
et vous reconnaîtrez que le développement harmonique des sen-
timents sociaux demande à s'asseoir sur une large base de riches-
ses sociales. (C., 290-293).

SUPRÉMATIE NÉCESSAtRE DE L'AGRICULTURE

Si le Commerce, selon Quesnay, ne joue qu'un rôle parasite,


si l'Agriculture est l'unique source de la fortune sociale, il s'ensui-
vrait qu'on devrait limiter les bénéfices et les extorsions du Com-
merce, et l'astreindre à des garanties envers l'Agriculture dont
il est 'c cc'T'mis. Telle est la règle du système que j'exposerai,
et c'est le but ou seraient parvenus Quesnay et ses disciples s'ils
eussent été conséquents avec eux-mêmes. Je ne sais quelle in-
trigue les amollit et les paralysa ils se bornèrent à faire du bel
esprit sur leur propre système sans chercher aucun moyen d'exé-
cution. En partant d'un bon principe, qui est la suprématie de
l'Agriculture, ils en vinrent à conclure plaisamment que le Com-
merce doit jouir d'une entière liberté. C'est comme si l'on disait
les officiers sont les supérieurs, mais il faut que tes soldats soient
libres de faire tout ce qui leur plaira, sans prendre aucun ordre
des officiers. (F., B., 29).
110 TEXTES FOURIÉRISTES

du Commerce qu'un
L'Agriculture n'a contre les ma:/ersations
seul recours l'Association. (P., 89).

RÉDLCHON DELAPOPULATION. MODÉRAHON DE LAFÉCON-


t,( rÉ. Enfin, l'on n'aurait rien fait encore < si le régime sériairt
de population
(1) avait, comme le régime morcelé, la propriété
les
ittimitée, produisant des fourmiticres sans proportion avec
d'aisance généra:e. « Se fondant sur une foule d'analo-
moyens
la nature et même sur quelques faits d'obser-
gies que présente
vation que présente la société, l'auteur de la théorie sociétaire
fait entrevoir comment la fécondité dans l'espèce humaine sera
contenue dans de justes bornes sans emploi d'aucun moyen coer-
citif, sans violation d'aucune loi naturelle. (P., 128).

L'ASSOCIATION UNIVERSELLE

Bur PRINCIPAL. Notre but principal est l'établissement de


l'Association intégrale des individus, des classes et des peuples.
(C., Bases de la Philosophie positive, p. 84.)

CARACTÈRE DE LA CONCEPTION DE FOURIER. Elle est vrai- r


ni
ment universelle. Si elle prétend ne se mêler ni de politique,
de morale, ni de religion, ce n'est pas qu'elle s'ignore elle-même;
c'est tout simplement que M. Fourier, en commençant par l'Asso-
ciation agricole, commence véritablement par le commencement.
(L., 156).

AssoCtATtONou MORCELLEMENT ? tt faut discuter d'abord


ou de l'Association ou du
lequel est vœu et nature de l'homme,
nous
morcellement industriel. Su. cette question, l'expérience
même
démontre t° que l'homme redouble d'émulation et passe
on
subitement de l'apathie à l'activité, lorsque devient associé
ses
en voit chaque jour la preuve dans le commerce 2° que
amour de l'ordre s'il devient pro-
goûts séditieux se changent en
un agitateur une fois ins-
priétaire effet facile à observer chez
d'insur-
tallé dans un hôtel et pourvu d'un million, il ne veut plus
de même du
rection, plus de droits imprescriptibles. Il en est
salarié devenu fermier ou chef d'atelier il désire le bon ordre.

(t) Voirp. t05.


L'ASSOOADON tt!
H suit de ces indices que, pour amener tous les hommes, toute
la masse du peuple à l'émulation industrielle et à l'amour de
l'ordre, il faut inventer un régime où chacun, même le plébéien
Je plus pauvre, soit associé et propriétaire. Voilà ce que nous
dit la nature industrielle, si nous voulons l'observer et non pas
/'tm~tnc/ (F., B, 92.)
L'INDUSTRIE SOOÉTAtREET L'tNDUSTRiE MORCELÉE. L'/n-
dustrie, dans la plus large acception de ce mot, comprend tous
les emplois de l'activité de t'homme ayant pour objet d'assurer
ou d'embellir son existence. Elle est vraiment la destinée de
l'homme sur la terre c'est par elle que ce roi de la création
est appelé à faire régner dans son domaine l'ordre et l'abon-
dance. (P., 77).

L'/ndus/r/c, d'après la définition que nous avons donnée de ce


mot, embrasse le travail do.nestique, agricole, manufacturier,
commercial, les fonctions de l'enseignement, l'étude et l'emploi
des sciences et des beaux-arts. Nous pourrions ajouter le travail
administratif, sn tant qu'il n'est pas appliqué à la guerre, fait
anormal, symptôme de subversion qui doit disparaître dans
l'ordre social harmonique. Mais pour bien distinguer sa théorie
des prétentions de certains réformateurs qui s'attaquent toujours
à l'administration, Fourier omettait à dessein cette branche, celle
de toutes qu'il importe le moins et qu'il est le moins urgent de
réformer car malgré quelques abus dont a~ez de gens, Dieu
merci, s'occupent (à tort et à travers le plus souvent), elle est
de beaucoup, par son organisation centralisée et hiérarchique.
la moins imparfaite des industries dont la bonne gestion importe
au bien-être de tous. Les plus influentes sous ce rapport sont
sans contredit et dans l'ordre suivant
l'industrie domestique ou ménage 2° l'industrie agri-
cole 3" l'industrie commerciale 4° l'industrie manufacturière.
C'est donc à bien organiser celles-ci qu'il faut s'appliquer
d'abord. (P., 80).

< ne peut exister que deux méthodes en exercice d'industrie


[agricole 1 t'état morcelé ou culture par familles isolées, telle
que nous la voyons ou bien l'état sociétaire, culture en nom-
breuse réunion, qui connaîtrait une règle fixe pour répartir équi-
tablement à chacun selon les trois facultés industrielles CAPITAL,
112 TEXTES FOURIÉRISTES

P., 80). [Voir ci-après RÉPARTI-


TRAVAILet TALENT.. (F.,
TION].
N'EST PAS LACOMMUNAUTÉ. L'essence de la
L'ASSOCIATION
dans une pension,
Communauté, c'est l'égalité. Dans un couvent,
de soldats, il a communauté de nournture,
dans une escouade y
c'est-à-dire, égalité pour tous.
de logement, de régime,
Owen a de réunir dans un même édifice deux ou
M. imaginé
o ivriers tisserands, tissant tous du matin au soir, man-
trois mille
même table la même nourriture, mettant en commun
geant à la droit qu'à des
tous leurs biens et tous leurs efforts, et n'ayant
Voilà la Communauté, t' et par conséquent
parts égales.
la coi.iptète. l'injustice la plus tranchée, et
la confusion plus
se imaginer. Cela, je le
l'absurdité la plus patpabte qui puissent
la Communauté Communauté des biens, Commu-
répète, c'est
travaux on dit même que ta Communauté devrait
nauté des
une conséquence logique
être poussée plus !oin encore. et c'est
et nécessaire du principe des Owenistes. (C., 356).
l'idée de la Commu-
Au reste, ce qui condamne sans appe:
c'est n'a jamais reçu nulle part une applicahor
nauté, qu'elle
ne fût forcée jama.s
même partiette, sans que cette application
n'a subsisté un effet de discipline ou de
Communauté que par
d'une loi ou d'une idée religieuse, etc.
misère, par le despotisme
Voilà ce qu'il ne faut pas oublier. (C., 358).
au et révoltant régime de la
L'c~~ s'oppose stupide
Communauté et de t' de la fraternité agraire, philosophi-
et Ici, il y a concours de chacun à la production
que républicaine.
suivant ses moyens, et rétribution de chacun proportionnelle-
il a stricte équité, il v a prospérité, il y a
ment à son conçois y
Association.
est si absurde, qu'on pense bien qu'aucun
La Communauté
soumettrait librement. Quel est celui qui serait
paysan ne s'y
ou assez pour apporter deux, trois, dix
assez niais philosophe
devrait recevoir que part
fois plus que son voisin, quand il ne
égale dans les bénéfices ? (C., 362).
à mentionner en réponse
L'iwFGAUT~ C'est une propriété
H suffirait d'une ombre d'égalité,
aux chimères philosophiques.
des fortunes, anéantir l'effet de la bie~-
d'un rapprochement pour
des sociétaires ne possédait une grande for-
veillance. Si aucun
L'ASSOCIATION 113

tune, aucun ne voudrait abandonner son excédent aux enfants


et aspirants pauvres. Chacun pressé par le besoin de gain, se
trouverait lésé d'être classé au 3*ou 4e lot. ït y aurait de toutes
parts conflit de cupidité, qui étoufferait les germes de générosité.
H est donc bien important qu'une Phalange soit composée de
gens très inégaux en fortune comme en autres facultés. La Pha-
lange où les inégalités seront le mieux graduées atteindra le
mieux à la perfection d'Harmonie en répartition et autres rela-
tions.
suit de là que le rapprochement de fortunes tant prôné par
les sophistes est la disposition la plus contraire à la nature de
l'homme. L'inégalité extrême, la richesse colossale chez les uns
et nulle chez les autres, est un des puissants ressorts d'Harrnonie,
sauf la garantie du minimum, base de toute concorde en régime
sociétaire. (F. B., 96).

RÉPARTITION PROPORTIONNELLE ET LIBERTÉINDIVIDUELLE.


Ainsi, dans la phalange, point de communauté, point de pêtc-
mêle, point d'égalité.
Si Pierre a apporté un capital double de celui qu'a fourni
Paul, Pierre touchera sur le lot du capital un revenu double de
celui de Paul, et cela sera justice.
S'il est constant que Paul a travaillé trois fois plus que
Pierre, Paul aura sur le lot du travail une part qui vaudra trois
fois celle de Pierre, et cela sera justice.
Si les rapports de leurs talents sont comme les nombres un
et quatre, leurs parts, sur cette troisième faculté, seront dans le
rapport de un à quatre, et cela sera encore justice. [Voir ci-
après RÉPARTmON}.
Et il y aura justice en tout cela, parce qu'il n'y aura pas eu
égalité, mais proportion.
Et s'il y avait eu égalité de rétribution, il y aurait eu au con-
traire monstrueuse in justice.
Puis, Pierre et Pau! et tous les autres se logeront comme
ils l'entendront, en consultant leur goût et la rotondité de leur
bourse, dans un appartement de luxe ou dans un logement mo-
deste et de même ils dîneront à vingt sous ou à dix francs par
tête seulement l'un et l'autre et tous, seront dix et vingt fois
mieux traités pour la même dépense, dans le régime sociétaire,
qu'ils ne l'auraient été dans le régime morcelé. H y aura donc
8
114 TEXTES FOURtÉRtSTES

facilité
dans le régime combiné, pour chacun, beaucoup plus de
à satisfaire ses goûts individuels, qu'on ne peut en rencontrer
la
dans le régime civilisé ce qui signifie rigoureusement que
mé-
liberté individuelle, très restreinte dans la Communauté du
dans l'Association du grand
nage morcelé, est extrêmement large
Af~nage phalanstérien.

deviennent dès lors les accusations de Communauté, de


Que
de de destruction de l'individualité, et
confusion, pêle-mêle,
de la nature humaine que l'on adresse étourdiment
d'ignorance
et
à ce régime d'Association, à ce régime qui, seul, peut gatantir
au plus grand avantage de l'individu et
développer largement,
heure
de la masse, l'individualité, froissée pour chacun à chaque
de la vie, dans le régime civilisé ? (C., 365-367).

DÉDNmoN DE LAHBERTÉ. Revenons-y, la liberté vraiment


naturelle n'est point cette fiction de politique négative, cette
contre l'oppression, objet de tous les vœux
garantie personnelle
avan-
et de tous les combats des hommes et des peuples les plus
de notr~ Cette querelle interminable de l'autorité et
cés temps.
la du catholicisme r
de la liberté, de la monarchie et de république,
son De
et du libéralisme est l'agonie de la civilisation ce sera
L'humanité va passer outre et vaquer dans la paix et
Profundis.
l'harmonie à ses travaux, à ses plaisirs.
les
La liberté, c'est la vie, c'est le développement de toutes
du et de l'âme, la jouissance du globe et de la
énergies corps
terrestre donnée à l'homme comme le mobilier de sa
création
sainte demeure. (L., 260-261).
D'un autre
LA UBERTÉSANSLE BiEN-ÈTREN'EXISTEPAS.
sera un mot vide de sens tant que le
côté, la liberté toujours
n'aura pas conquis le bien-être. Tant qu'il restera dénué,
peuple
dont il dépend
en effet, il sera toujours sous la puissance de ceux
so-
maiériellement par le travail et le salaire. Tant que l'aisance
d'hommes
ciale n'existe pas, le peuple n'est qu'un vaste troupeau
les classes supé-
incultes, grossiers et toujours exploités par
rieures qui le tondent. Tout cela est indéniable. (C., 296).
la plus
La liberté individuelle sera garantie de la manière
et la illimitée, précisément par le fait de la combinaison
large plus
L'ORGANISATION SOCIÉTAIRE DE LA PRODUCTION tt3

intime des intérêts, et de la convergence sociétaire la plus par-


faite. La société affranchit chaque individu de toute dépendance
individuelle. Chacun vit par soi-même, c'est pour cela que chacun
vit. (C., 376).

LA VIE DE FAMILLEDANSLE RÉG!MESOC!ÉTA!RE. nt


s'agit pas non plus de détruire la vie de famille. < Mais,
reprend-on, c vous avez beau dire, l'homme répugne à la vie de
Communauté il tient aux sentiments de famille. Sa liberté lui
est plus chère que tous les autres biens réunis. Vous détruisez la
famille, vous détruisez la liberté, vous détruisez l'individualité,
vous détruisez, vous détruisez, vous détruisez (C., 340).
II est faux que nous proposions de détruire /o famille en
faisant ainsi qu'ils disent, de quatre cents familles une seule
f amille.
Nous savons fort bien que les affections de famille sont
distinctes des autres affections de notre nature mais nous vou-
tons ordonner et combiner les travaux du ménage et autres
que les diverses familles, très souvent opposées d'intérêts, exé-
cutent aujourd'hui d'une façon anarchique et fort dispendieuse.
Une famille et un ménage sont choses très différentes. Dans
l'ordre actuel, chaque famille a son ménage ce ménage, c'est,
puisqu'il faut l'expliquer à ces Messieurs, une cuisine, une cave,
un grenier et tous les ustensiles nécessaires aux fonctions du
travail dit travail domestique. Mais les marmites, les casseroles
et toute la batterie de cuisine la lèchefrite grasse, l'écumoire,
le tourne-broche, le pot-au-feu le cuvier à lessive et le linge
sale les ustensiles, les travaux et les détails du ménage, ne sont
point nécessaires à la constitution de la Famille de là ne dépend
nullement l'affection réciproque de ses divers membres, que
divisent fort souvent, au contraire, les ennuis sans nombre atta-
chés, de nature, à l'insipide ménage. Vous avez vu sans doute
comme moi, lecteur, des gens aimer beaucoup leurs enfants, et en
être tendrement aimés, bien qu'ils prissent leur dîner OMres-
iaurant et qu'ils fissent blanchir en ville.

L'ORGANISATION SOCIÉTAIRE DE LA PRODUCTION

L'AsSOCIATION AGRICOLE. Etant donné les graves inconvé-


nients du morcett~'nent de la propriété et de la production, le
~Q FOURIÉRISTES
TEXTES

résume ainsi Associer en travaux de culture, mé-


problème se
éducation, etc, quatre cents familles inégales,
nage, fabrique,
combinée d'une lieue carrée de terrain.
pour opérer l'exploitation d'Association
Il est facile de comprendre que le procédé
les des deux exploitations, la petite
réunit et concentre avantages
leurs défauts, puisqu'il a puis-
et la grande, tout en paralysant
en l'esprit de propriété du travailleur, et
sance de mettre jeu
travailleur dans les circonstances unitaires, si favo-
qu'il place le
d'ensemble. (C., 335).
rables, des grandes opérations
sent le besoin d'un régime qui rende le villageois
Chacun
des et qui établisse l'unité d'action.
docile aux leçons agronomes,
de expérimentales c'eût été
L'on parlait, yil a deux ans, ~-n~
!t faut opérer sur les passions et
encore un avortement politique.
un de faire coïncider, en
sur l'industrie à la fois, trouver moyen
à instant, l'intérêt personnel du villageois
tous détails et chaque
avec l'intérêt co~ec~. (F. B, 99).
des masses
LE R~GtMESOCIÉTAIRE. C'est l'art d'associer
300 familles de fortunes inégales, exerçant combt-
de 100, 200,
d'industrie et
nément les deux genres agricole-manufacturière,
tout terres, numéraire ou autre, en actions
représentant capital,
rétribuées d'un dividende proportionnel. (F. B., 98).
négociables
soc.ÉTA.RE. En épargnant la complica-
L'ORGANISATION
trois cents personnes au marché
tion de vente, l'abus d'envoyer
faire trois cents négociations au lieu d'une
au lieu d'une seule,
la complication d'emploi. Si
seule, on épargne du même coup
trois mille de blé à trois autres can-
un canton vend quintaux
les soins de moutnre et de manutention ne s'étendront pas
tons,
cents mais seulement à trois. Ainsi après avoir
à neuf ménages,
renou-
sur la vente les 99/100-' du travail distributif, on
épargné
la gestion du consommateur.
vellera cette épargne sur l'emploi et
fois répétée des 99/100
Ce sera donc une économie deux
1
et combien en opérera-t-on de semblables
les économies sociétaires sont
Observons, à ce sujet, que
de mode composé, comme celle-ci qui, à l'épar-
presque toujours celle des frais
du vendeur, ajoute par contre-coup
gne des frais
du consommateur.
au Les trois cents ménages villa-
Passons des grains liquide.
et d'ordinaire avec
caves cuveries, soignées
geois ont trois cents
L'ORGANISATION SOCIÉTAIRE DE LA PRODUCTION tt7

autant d'ignorance que de maladresse. Le dommage est bien pire


encore dans les caves que dans les greniers, la manutention du
liquide étant beaucoup plus délicate et plus chanceuse que celle
du solide.
Une Phalange, soit pour ses vins, soit pour ses huiles et lai-
tages, n'aura guère qu'un seul atelier. La cave en pays de vigno-
ble, contiendra tout au plus une dizaine de cuves, au lieu de trois
cents.

Quant aux futailles, il suffirait d'une trentaine de foudres, au


lieu d'un millier de menus tonneaux qu'emploient tes trois cents
familles civilisées. !t y aurait donc, outre l'économie des 9/t0'
sur l'édifice, une économie de !9/20" sur la tonnellerie, objet
très coûteux et doublement ruineux pour nos cultivateurs sou-
vent avec de grands frais, ils ne savent pas maintenir la salubrité
dans les vaisseaux de leurs caves, et exposent le liquide à la
corruption, par mille fautes qu'éviterait ta gestion sociétaire.

Les trois cents greniers qu'emploient aujourd'hui trois cents


familles de villageois (15 à 1.600 habitants) seraient remplacés
par un grenier vaste et satubre, divisé en compartiments spéciaux
pour cnaque denrée et même pour chaque variété d'espèce. On
pournit s'y ménager tous les avantages de ventilation, de sic-
cité, d'échauffement, d'exposition, etc., auxquels ne peut songer
un villageois car souvent son hameau tout entier se trouve mal
placé pour la conservation des denrées. Une Phalange au con-
traire. choisit un local favorable, soit pour l'ensemble, soit pour
les détails, caves, greniers, etc.
Les frais de ce vaste grenier, en construction, murs, charpen-
tes, couverts, portes, poulies, surveillance d'incendie, garantie
d'insectes, etc. coûteraient à peine le !0°~ de ce que coûtent les
trois cents greniers de villageois, bornés à un seul étage, quand
on pourrait en faire trois sous un même couvert. Le grenier
sociétaire n'emploierait que dix portes et ferrements là où nos
villages emploient trois cents portes ainsi de tout le reste.
C'est surtout dans les précautions contre l'incendie, t'épizoo-
tie et les dégâts que le bénéfice deviendrait colossal. Toute mesure
de sûreté générale est impraticable parmi 300 familles civilisées.
~g TEXTES FOURIÉRISTES

malveillantes.
les unes trop pauvres, les autres maladroites ou
in-
Aussi voit-on chaque année, l'imprudence d'un seul ménage
tous les
cendier toute une bourgade, infecter contagieusement
bestiaux du pays. (F. B., 110-113).

LA COMMUNE BASE DE LA RÉFORME SOCIALE

Commune est la pierre angulaire de l'édi-


L'organisationde la
vaste et quelque parfait qu'il soit. (C., 29).
fice social, ~<~u<'
Nous avons reconnu que l'industrie, les travaux agricoles, ma-
nufacturiers, scientifiques,etc. sont les instruments générateurs
éléments
des richesses nous avons remarqué, en outre, que ces
des richesses se trouvent dans la Commune la
générateurs
de de la richesse sociale n'est donc et
question l'augmentation
autre chose celle de la bonne organisation des
ne peut être que
travaux de la Commune.(C., 305).
La Commune,je l'ai déjà dit, et par les déplorables rêve-
c'est
ries politiques qui courent, on ne saurait trop le répéter,
fondement
l'atelier de production et de consommation, c'est le
de l'édifice, c'est ce que l'on doit songer à réorganiser d'abord,
si l'on veut réorganiser la société. Par quelles raisons soutien-
drait-on le contraire ?
radicalement la politique positive de la
Ce principe sépare
court les rues, colportée par les feuilles de toutes
politique qui
les nations
les couleurs, de cette politique qui prétend régénérer
des de formes gouvernementales ou adminis-
par changements
le fera-t-on
tratives. Un peuple sauvage qui est eu république,
à t'ne supérieure en lui donnant purement une
passer période
mais un peuple
monarchie, ou réciproquement? Certes non
deviendra civilisé si on lui fait adopter l'industrie, si
sauvage
des arts,
on l'initie aux découvertes des sciences, aux procédés
et
si sa hutte devient maison, si son krâal devient village,
cela aussi
cela quelle que soit la forme de son gouvernement,
si son administration et ses lois sont entre les mains d'un
bien
d'un de république ou de trois consuls. Voilà qui
roi, président
est caractéristique. (C., 308).
une
Ainsi la Commune de notre société idéale présenterait
de toutes les fonctions qui y seraient exécutées. Son
organisation
LA COMMUNE BASE DE LA RÉFORME SOCIALE 119

territoire tout entier, avec ses cultures, ses ateliers et ses fabri-
ques, serait considéré comme domaine d'un seul homme tous
les services y seraient réglés, et marcheraient sous la direction
d'une administration intérieure centrale, composée des plus capa-
bles nommés par les ayants droit, pour présider à la manœuvre.
La régence nantie de la confiance de la population, aurait d'ail-
leurs intérêt d'honneur et intérêt pécuniaire à tenir savamment
le gouvernail, car les produits du canton seraient rétribués à
chaque individu propo/'ï~ne//c/n~ à son concours à la pro-
duction dans ce système modèle, en effet, on aurait trouvé un
moyen de répartir les bénéfices entre tous les sociétaires, non pas
également, ce qui serait absurde, mais au prorata de la mise
particulière de chacun, en Cap~ en 7'rara~, et en Talent, esti-
mée d'après un mode régulier, fixe et mathématique. (C.. 39).

LA COMMUNE CENTRED'ORGANISATION DE LA PRODUCTION.


Or ces travaux, où s'opèrent-its ? où se produisent et se con-
somment les richesses ? où vit l'agriculteur, le manufacturier, le
savant, l'artiste ? Dans la Commune. La Commune est donc
l'atelier social, l'élément atvéotique de la province, de la nation,
de la société générale.
La science sociale doit donc débuter par produire une orga-
nisation de tous les travaux qui s'exécutent dans l'atelier social,
dans la Commune.
On conçoit, en effet, qu'une théorie d'organisation commu-
na!e ne demande qu'une lieue carrée de terrain, au plus, pour
être mise à l'essai. On peut aès lors faire des expériences sans
compromettre l'Etat on n'a plus à craindre de bouleverser une
nation, comme l'ont fait si vainement et si souvent déjà les expé-
riences tentées sur de vastes empires par la poétique et la philo-
sophie. (C., 310-311).

Napoléon, dont le sens droit et positif faisait si bien justice


des bavarderies et des abstractions politiques des avocats et des
idéologues, et qui se plaisait à répéter < Que tout ce qui n'est
pas fondé sur des bases physiquement et mathématiquement
exactes, doit être proscrit par la raison Napoléon, dis-je
c'est chose qui vaut bien la peine qu'on en prenne acte, avait
pour opinion que la réforme sociale doit reposer sur une bonne
organisation de la Commune. !t dicta, en 1800, à son frère Lucien,
TEXTES FOURIÉRISTES
IrV

une note d'où l'épigraphe mise en


ministre de
alors l'Intérieur,
et où il exprimait positivement
tête de ce paragraphe est extraite,
n'était distrait par la guerre, il
que s'il
la F~c. les Communes. C'est ainsi, ajoutait-il,
périté de de sa poule au
entendait faire, lorsqu'il parlait
que Henri IV Et, après avoir si-
il n'eût dit qu'une sottise
pot autrement
effets vicieux de !eur organisation, il ajoutait
gnalé plusieurs
encore elle en
attractive de la population,
« La Commune doit être
serait répulsive. d'arrêter
devoir d'un ministre de l'Intérieur est
cLpremier
e
la dans ces 36 mille membres
un tel mal qui porterait gangrène
du grand corps social. mal,
veut arrêter un grand
< La première condition, lorsqu'on
et les circonstances.
cest d'en bien constater la gravité faire établir
l'Intérieur commencera par
Ainsi le ministre de de
ta situation des 36 mille Communes
u.. inventaire général de
France.. (C., 318). i

RÉPARTITION DES PRODUITS DU TRAVAIL

DE LA RÉPARTITION. Enfin nous arrivons


LE M~c,MSME
à problème d'établir une justice
à l'objet principal, l'effrayant
harmonie dans le partage des ben.hces et
éclatante, une pleine
chacun, selon ses trois facultés
une rétribution satisfaisante pour
,n~M<;tM TRAVAIL,CAPITAL,TALENT.(F..B, t20).
des produits du travail hu-
Or, voici pour que la répartition
soit satisfaisante et sociale il faut que, confor-
main légitime,
axiome d'éternelle justice, elle donne à chaque
mément à un
au concours par lui apporté à
individu une part proportionnelle évidence.
encore de la plus prochaine
~ch./Cecie.t
sont les moyens par ksquels on peut
Donc, examinons quels
cette recherche est des plus tat.)es,
concourir à la production
en effet
se mettre en mesure de créer des
sensible que, pour
~Hest
des instruments de travail, des avances
produits, il faut des terres, choses que nous compren-
en denrées ou numéraire, etc. toutes
drons sous la désignation de Capital mettre en valeur
11est sensible au même degré que, pour
i' faut agir sur lui par le Travail
le Capital,
RÉPAR.'mON DES PRODUITS DU TRA\A)L 121

3" Il est sensible enfin que l'action du Travail sur un Capital


donné, deviendra d'autant plus productive qu'elle sera conduite
avec plus de Talent.
Le Capital, le Travail et le Talent sont donc les trois puis-
sances, les trois /o'cM/fMindustrielles de l'homme, ses trois modes
de concours à la production. D'où il suit rigoureusement, en
bonne et loyale justice, que celui qui apporte dans une entreprise
quelconque un Capital, doit être rétribué pour cet apport, comme
aussi celui qui fournit son rrafa~, commeencore celui qui four-
nit son Talent la répartition pour chaque individu dans l'entre-
prise à laquelle il prend part, doit donc être proportionnelle à son
concours à la production, estimé en raison com~'sc~ de quan-
tité de Capital, de Travail et de Talent qu'il aura fournie.
Ainsi, dans cette entreprise, dans cette Association indus-
trielle, l'ensemble des produits doit être partagé entre tous les
sociétaires intéressés, entre tous les ayants droit, proportionnel-
lement pour chacun aux trois modes de concours.
Donc il faut que la combinaison sociale que nous cherchons,
satisfasse à cette condition importante d'estimer les rapports
du Capital, du Travail et c/~ T~o~n~de chacun des sociétaires,
avec la production ~encra/c d'opérer ensuite entre eux la répar-
tition du produit total d'après ces bases ce qui se réduit dès lors
à une simple question d'arithmétique.
Voilà le principe de la vraie répartition sociale aucun être
intelligent sous le soleil n'en peut nier fruité et la clarté.
(C., 298-301).
ApPUCATtCN. Après avoir évalué, en monnaie courante,
les terres, machines, matériaux, meubles et fournitures quelcon-
ques apportées par chaque sociétaire, on les représente, ainsi
que tes capitaux versés, par 1.728 actions transmissibles et hypo-
théquées sur les meubles et immeubles du canton, sur le terri-
toire, les édifices, troupeaux, ateliers, etc. La régence délivre à
chacun des actions ou coupons d'action, en équivalent des objets
qu'il a fournis. On peut être sociétaire sans être actionnaire on
peut aussi être actionnaire extérieur sans être sociétaire exer-
çant. Dans le deuxième cas, on n'a pas le droit sur les deux
portions de revenu affectées au travail et au talent.
Le bénéfice annuel, après inventaire, est divisé en trois por-
tions inégales et rétribué
122 TEXTES FOURIÉRISTES

5/!2 au travail manouvrier


4/12 au capital actionnaire
3/12 aux connaissances théoriques et pratiques.
chacun peut, selon ses facultés, participer aux trois classes
de bénéfice cumulative ment ou séparément.

LE MINIMUM. Comme chargée de la comptabilité, la régence


fait à chaque sociétaire pauvre l'avance de vêtement, nourriture
et logement d'une année. On ne court aucun risque à cette
avance, car on sait que les travaux que le pauvre exécutera par
attraction et partie de plaisir excéderont en produit le montant des
avances à lui faites, et qu'après inventaire, la Phalange en solde
de compte sera débitrice de toute la classe pauvre à qui elle aura
fait cette avance de minimum qui comprend
La nourriture aux tables de 3' classe, à cinq repas par jour
Un vêtement décent, et les uniformes de parade et de travail,
ainsi que tout l'attirail industriel de culture et de manufacture
Le logement individuel d'une chambre avec cabinet, et l'accès
aux salles publiques, aux fêtes de 3" classe et aux spectacles en
3"' loges. (F. B., 115).

EXEMPLESDE RÉPARTITION. Alcippe est un des riches


actionnaires telle somme dont il tirait en Civilisation 3 à 4
12 à 15
(revenu des domaines), lui rendra dans la Phalange
se!on les aperçus d'inventaire, si on parvient à s'accorder en ré-
partition. Il lui importe donc d'opiner pour la justice distributive,
et de repousser toute mesure qui lèserait une des trois facultés.
Si à titre de fort capitaliste il veut faire allouer moitié du produit
aux capitaux, par exemple capital 6/12, travail 4/12, talent
les
2/12, les 2 classes nombreuses qui n'ont à percevoir que sur
deux autres facultés, Travail et Talent, seront mécontentes
l'attraction se ralentira, le produit et les accords diminueront, et
dès la troisième année le lien sociétaire se dissoudra. Alcippe
voit que pour son intérêt même il faut fixer la répartition comme
il suit capital 4/12, travail 5/12, talent 3/12. Calculée sur ce
revenu quadruple de celui
pied elle donnera encore à Alcippe un
avait en civilisation elle garantira en outre le contente-
qu'il
ment des deux classes peu fortunées et le maintien du lien socié-
taire. Alcippe incline d'autant mieux pour cette justice, qu'il a
lui-même bon nombre de lots à percevoir, dans diverses séries,
BASES DE LA RÉPARTITION TRAVAIL, CAPITAL, TALENT 123

sur le Capital et le Talent car les plaisirs, tels que chasse,


pèche, musique, art dramatique, soin des fleurs, des volières, sont
payés comme le travail des champs et des vignes. En outre, il a
formé beaucoup de liaisons amicales avec la classe des non capi-
talistes il la protège, il veut que justice lui soit rendue.
Dans ce cas, la cupidité, qui l'aurait poussé à voter un lot
de moitié pour le capital, se trouve contre-balancée par deux
impulsions honorables ce sont l'affection qu'il a conçue pour
les divers sociétaires des séries qu'il fréquente, et où il a de plus
des lots de travail et de talent à percevoir, puis la conviction de
trouver son intérêt dans l'intérêt collectif, dans le contentement
de la phalange entière, dans le progrès de l'attraction indus-
trielle source de richesse à venir.
Jeannot n'a point de capitaux, point d'actions opinera-t-i!
à favoriser la faculté de travail aux dépens du capital ou du
talent ? faire adjuger en proportion de travail 7/12, capital
3/12, talent 2/12 ? Ici l'impulsion dominante est pour favoriser
le Travail, au préjudice des deux autres facultés, Capital et
Talent. Tel serait l'avis de tout civilisé pauvre le paysan dit
c'est moi qui produis tout il croit de bonne prise tout ce qu'il
vole au seigneur qui, de son côté, se croit en droit de tout ravir
au paysan. Tel est l'équilibre des passions dans l'état civilisé,
une lutte de pillage et d'astuce, nommée perfectibilité.
En Harmonie, le pauvre Jeannot pensera bien différemment.
Sa plus forte impulsion est de favoriser le travail, puisqu'il n'a
rien à prétendre sur les dividendes alloués au capital mais deux
autres impulsions viennent contre-balancer cet essor brut de la
cupidité. Jeannot a des lots à prétendre sur le talent il brille
dans certaines parcelles de divers travaux il lui convient que le
talent conserve ses droits. D'autre part, il connaît l'importance
des capitalistes dans une phalange, les avantages que le pauvre
tire de toutes leurs dépenses, la participation aux spectacles
gratuits, aux voitures et chevaux, aux repas de corps, aux des-
sertes de tables riches, aux adoptions industrielles pour ses
enfants lors même qu'il ne saurait pas apprécier le fruit de
toutes ces chances de bénéfice, il l'apprendrait dans la compa-
gnie des 40 groupes qu'il fréquente les corporations ne se
trompent pas sur leurs intérêts.
Ces deux impulsions disposent Jeannot à ménager le Talent
124 TEXTES FOURtÉRtSTES

et le Capital, et à se réduire de 7/12 à 5/12 sur le lot du Travail,


réduction, qui, tout balancé, tourne à son avantage, car it ne peut
être heureux qu'en soutenant h phalange et l'attraction, qui péri-
cliteraient du moment où le Capital et le Talent seraient mal rétri-
bués. Ici la cupidité brute, la passion dominante, qui chez nous
absorberait tout, se trouve pondérée par deux contre-poids, deux
les-
impulsions favorables au Talent et au Capital, facultés sur
comme chez
quelles Jeannot a le moins de prétentions. C'est,
la double
Alcippe, l'influence de deux forces extrêmes balançant
influence de la force moyenne.
Les ~/ormon~ns des trois classes, riche, moyenne o~ pauvre,
sont constamment enchaînés à ces vues de justice, par impulsions
de deux intérêts collectifs luttant contre la rapacité déraisonnée
aucune
qui, chez les civilisés, ne rencontre aucun contre-poids,
chance de bénéfice fondée sur !e soutien de l'intérêt général, sur la
justice distributive.
Observons que le pauvre, en Harmonie, a de nombreuses
chances de fortune il n'est point découragé comme nos salariés
au rôle de maître il
qui n'entrevoient aucun moyen de s'élever
a l'espoir de voir ses enfants parvenir à de hautes dignités, par
ta science, ie talent, la beauté, les alliances monarcaleb il a une
la caisse
petite fortune croissante du fruit de ses économies que
de dépense, parce
d'épargne reçoit écu par écu il ne fait pas
qu'il est bien nourri et bien vêtu aux frais de la Phalange qui lui
fournit tous les habits de travail, et trois uniformes de parade
les trois saisons il ne songe pas comme nos ouvriers à fré-
pour
trouve à ses cinq
quenter la guinguette et le cabaret, parce qu'il
dès
repas excellente chère, vins à option, joyeuse compagnie
tors, il économise, et place en coupons d'action tout le bénéfice
lui reste après le paiement de son compte de frais il est petit
qui
il a l'esprit de propriété, le droit de vote en divers
propriétaire,
donc pas
conseils, et de suffrage en toutes élections il ne peut
ressentir d'aversion pour tes riches qu'il fréquente, dont il a sans
cesse à se touer, et dont il espère devenir l'égal. Sans cet espoir
d'avènement à la fortune, la vie devient un fardeau pour l'homme.
(P. B.,122-199).
RÉTRtBUT!ON DES TRAVAILLEURS INTELLECTUELS, Dans
l'ordre sociétaire, le grand artiste, le grand industriel, le grand
il peut
savant, est délivré de toute entrave, de toute direction
BIENFAITSDF L'ASSOCIATION 125

t'abandonner à tous les accidents de sa nature individuelle. Per-


sonne ne vient lui demander compte ni de ce qu'il veut faire, ni
de ce qu'il doit faire il n'a pour excitant que son désir de gloire,
de bonheur, de richesse, que son irrésistible force d'expansion
il s'abandonne à l'élan créateur de son inspiration. Qu'il reste
silencieux deux ou trois ans, qu'il s'éloigne de toute espèce de
fonction, il est libre, parfaitement libre mais le jour où il vient
apporter à l'humanité le fruit de son travail, il trouve partout un
jury compétent, organisé pour lui donner sa rétribution et sa
récompense. (L., 247).

BIENFAITS DE L'AssoCIATION

C'est aussi l'Association qui peut introduire dans l'Agriculture


la division du travail, ce principe de la plupart des progrès indus-
triels. C'est elle encore qui, réunissant les avantages de la grande
et de la petite culture, dispose de tous les moyens de la première
et de tous les stimulants de la seconde, dont le plus puissant est
esprit de propriété. « On travaille bien et joyeusement a dit
Rousseau, « quand on travaille pour so/. Or, tous tes travail-
leurs, dans notre Phalange sociétaire, savent que leur rétribution
sera proportionnée au bénéfice générât ils ont à ce titre, aussi
bien que le capitaliste lui-même, intérêt à la prospérité de l'entre-
prise et une part en quelque sorte dans toutes les propriétés qui
en dépendent. Chacun d'eux apportera donc partout t'œi) et les
soins du maître. Le tort qu'on ferait à la masse, on se le ferait à
toi-même. Si ce n'était pas assez de ce motif contre les tentations
du vol, il y en aurait un autre dans la difficulté de cacher et d'em-
ployer le fruit du larcin. S'il d y avait pas de recéleurs, dit-on
communément, il n'y aurait pas de voleurs. L'axiome admis, il
faut admettre que le vol est supprimé par le fait de l'établisse-
ment du phalanstère. (P., 90).
LE TRAVAILATTRAYANT DANSL'ORDRESOCIÉTAIRE. Fourier
veut que le travail y devienne attrayant même pour les animaux,
< car dit-il, « dans le Phalanstère, tout le monde doit être heu-
reux, même les bêtes
Et même les riches faut-il ajouter, car Fourier se préoccupe
aussi bien du bien-être des riches, préoccupation rare assurément
chez un socialiste.
« L'erreur où sont tombés nos philosophes civilisés dit-il,
126 FOL!K'ÉR)STES
TEXTES

< c'est de croire qu'il faut travailler au bonheur des pauvres sans
rien faire pour les riches. On est bien loin des voies de la nature
Les Prophéties d<
quand on ne travaille pas pour tous. (GIDE,
Four:er, p. 25).
ECONOMIES RÉAUSÉESPAR LE MÉNAGESOCtÉTA!RE. De
même qu'un seul édifice, le Phalanstère aura remplacé avanta-
commodité et
geusement, sous tous les rapports de salubrité,
même économie, les deux ou trois cents laides masures de nos
cuisine et
villages ou bourgs de même, au lieu de 300 feux de
de 300 ménagères, on n'a plus que 4 ou 5 grands feux, et une
douzaine de personnes expertes préparant des services de divers
car l'Associa!ion,
degrés assortis à plusieurs classes de fortune
fort différente de la Communauté, admet partout les inégalités,
ce qu'elles peu-
qu'elle utilise en même temps qu'elle leur ôte tout
vent avoir de blessant aujourd'hui. ït y a des salles manger
communes offrant des tables de trois prix au moins, graduées
suivant les âges ou les autres convenances, au gré des commen-
saux mais chacun est libre, quand bon lui semble de prendre
son repas chez soi, en famille ou solitairement. L'épargne, qui
tient surtout à la préparation culinaire en grand, reste la même.
Elle n'est guère moindre sur les autres branches du travail do-
au plus
mestique. A 300 greniers, 300 caves, placés et soignés
mal, l'Association substitue un seul grenier, une seule cave bien
dixième des
placés, bien pourvus d'attirail et n'occupant que le
agents qu'exige la gestion morcelée.
Sous le rapport du temps quelle économie que celle qui, pour
la France seulement se multiplierait par le chiffre de six ou sept
millions de ménages qui existent dans ce pays, et qui emploient
à peu près tout le temps d'un nombre moins égal de personnes
Ces six millions de ménages isolés, convertis en 18 ou 20 mille
dans
grands ménages combinés, réduiraient le travail domestique
la proportion de 6 à 1 pour le moins. Ce travail n'exigerait donc
plus que le temps d'un million de personnes. (P., 84).
LE RETOURA LATERRE. La nécessité du retour des capitaux
à l'agriculture est proclamée. On rappelle les salariés de la ville
aux champs. La question commence à devenir si vulgaire que
les académies s'en occupent. (L., 249).
DUSALARIAT.
SUPPRESS!ON n'y a plus de salariés il ne
RÉSULTATS GÉNÉRAUX DE L'ASSOCIATION t27

reste que des associés, et ainsi l'accord de l'intérêt individuel


avec l'intérêt général se trouve rigoureusement et
mathématique-
ment réalisé.
Hors de cette disposition, c'est-à-dire quand le revenu du Ca-
~o~sre peut croître en même temps que celui du Travailleur peut
rester stable ou décroître, il est évidert qu'il y a nécessairement
divergence des intérêts, et par suite c~/s/on et discordance
sociale. !t y a en même temps spoliation et vol manifestes,
quels
que soient les phrases et les sophismes dont on puisse colorer
le vol et la spoliation.
Ainsi
Point d'instruction, de liberté, de bonheur ni d'harmonie so-
ciale, sons une grande augmentation de richesses
Point de justice, ni d'ordre, ni d'harmonie, ni de
convergence
aes intérêts, si ces richesses ne sont pas réparties aux ayants-
droit, proportionnellement au concours de la production de telle
sorte que l'enrichissement des uns ne puisse pas
correspondre i
l'appauvrissement des autres, mais qu'au contraire, les augmen-
tations et diminutions se fassent sentir proportionnellement et
simultanément sur toutes les têtes.
Toute politique qui ne prend pas ces deux conditions
pour
point de mire est nécessairement vaine, étroite et absurde. (C.,
303-304).

RÉSULTATS GÉNÉRAUX DE L'AsSOCIATION. Ainsi donc


Suppression des intermédiaires
Suppression de la domesticité
Suppression du salariat
Suppression des crises et des chômages
La vie rendue plus tacite
Le travail plus attrayant
Tous ces grands changements pourraient être la
conséquence
de !'4ssocïor/on. N'est-ce pas lui prêter trop de vertus ?
Elle en a plus encore qu'on ne peut le rêver. Lorsque Fourier,
dans une heure de recueillement solennel, écrivait cette
phrase
< Aujourd'hui, jour du Vendredi-Saint, j'ai trouvé le secret de
l'Association universelle », il ne disait pas une vaine parole, et
cette grande loi, en effet, était destinée à transformer le monde.
(Ch. CtDE, Les Prophéties de Fourier, p. 28).
t2~ TEXTES FOUR!ÉR!STES

FUSIONDESTROISCLASSES. Les trois classes de la société


moyenne et pauvre) se fusionneront dans le régime socié-
(riche,
taire. Ne croyez point cependant qu'il soit ici question de la per-
de ces trois classes nous ne parlons que du moyen de
pétuation
il
les associer immédiatement. Dans l'action même de la société,
se tormera un mouvement perpétuel de mutation, d'abaissement
dans
et d'élévation, une migration constante des classes les unes
les autres mais il y aura toujours des degrés dans la richesse,
et la classification primitive est bien celle des trois classes
dén-
riche, moyenne, pauvre. Le point capital, c'est l'abolition
nitive du prolétariat par l'avance à chaque sociétaire d'un mi-
nimum en toute chose, nourriture, logement, moyens de travail.
Ce minimum est la condition sine qua non de l'Association et
chacun trouve par son travail te moyen de rembourser l'avance.
(L., 240).

LA PAIXSOCIALE. La paix sociale Si l'Association par-


venait à l'assurer, par là se trouverait réalisée encore la dernière
et la plus belle des prophéties de Fourier, celle à laquelle il
il revient sans cesse,
croyait avec la foi la plus vive et sur laquelle
à ce point qu'il avait déjà baptisé sa société nouvelle du no~
d'Harmonie.
« Le secret de l'union des intérêts est dans l'Association. Les
trois classes, une fois associées et unies d'intérêt, oublieront les
feront dis-
haines, d'autant que les chances du travail attrayant
les fatigues du peuple et le mépris du riche pour les
paraître
séduisantes.
inférieurs, dont ils partageront les fonctions devenues
sans
Là finira la jalousie du pauvre contre les oisifs qui récoltent
avoir semé il n'existera plus ni oisifs ni pauvres, et les antipa-
thies sociales cesseront avec les causes qui les produisent.
(Ch. GIDE,Les Prophéties de Fourier, p. 21).

LA PROPRIÉTEET LE CAPITALDANSLE RÉGIMESOCIÉTAIRE

IL NES'AGITPASDEDÉTRUIRE LAPROPRIÉTÉ. < VOUSvoulez


s'écrient tout d'abord ceux qui n'ont pas compris, < détruire ta
C'est une monstruosité < Eh qui vous parle
propriété ?
de cela ?. La propriété est-elle détruite quand te propriétaire
d'une ferme prend un fermier auquel il concède tiers ou moitié
du revenu de ses terres, pour les faire valoir ou quand, après
LA PROPRIÉTÉ ET LE CAPITAL DANS LE RÉOME
SOCIÉTAIRE t2~

une évaluation réciproque de sa


valeur, le fermier la prend à
loyer ?. Eh bien qrand, après une évaluation réciproque des
valeurs du canton entier, la Phalange
exploitera unitairement le
canton, et en deviendra la fermière générale quand le
produit
du canton sera doublé, quintuplé,
décuplé. par suite des écono-
mies et de la bonne gestion de la grande
exploitation, les pro-
priétaires seront-ils dépossédés, parce qu'ils tireront de leurs
titres de propriété des valeurs doubles et
quadruples de leurs
revenus actuels ? (C., 338).
L'ESPRIT DE PROPRETÉ. L'esprit de
propriété est le plus
fort levier qu'on connaisse pour électriser les civilises on
peut
sans exagération estimer au double
produit le travail du pro-
priétaire, comparé au travail servile ou salarié. On en voit
chaque
jour les preuves de fait des ouvriers d'une lenteur et d'une mala-
dresse choquante lorsqu'ils étaient à
gages, deviennent des phé-
nomènes de diligence dès
qu'ils opèrent pour leur propre compte.
On devrait donc, pour premier
problème d'économie poli-
tique, s'étudier à transformer tous les salariés en
propriétaires
co-intéressés. (F., Association domestique,
p. 466).
LE DROt-r DE PROPRIÉTÉ. On voit combien
nous sommes
éloignés, non seulement de sacrifier le droit de propriété, mais
encore de lui porter aucune atteinte, tt ne
s'agit point pour nous
de prendre aux uns pour donner aux
autres, de réduire la portion
du riche dans le but, ou plutôt sous le
prétexte d'augmenter celle
du pauvre, suivant la méthode révolutionnaire de tous les
temps.
tt s'agit d'obtenir, au moyen de la combinaison des
forces pro-
ductives, un accroissement de richesse auquel toutes les classes
participeront, qui procurera aux unes le bien-être qu'elles n'ont
jamais connu, et aux autres de nouveaux moyens de
jouissance.
< Toute fortune quelle qu'elle soit sera
accrue. Quiconque a au-
jourd'hui terre, industrie et revenu obtiendra, par le fait de l'asso-
ciation, un revenu plus considérable. Et cela est de toute
car le capital étant, aussi bien justice,
que le travail et le un des
éléments essentiels de la production, il est de toute
justice qu'il
participe dans une proportion quelconque à t'accroissement de la
richesse. (Am. PAGET,Introduction à l'étude de la
science so-
ciale). (P., 123).
LA COPROPRIÉTÉ
SO~ÉTAtRE. Dans l'industrie combinée,

9
)[-;XTLS FOURIÉRISTES
130 -1

-~r:~ divisées en parcelles fort


des actions populaires,
part à l'une à la régence, et va s'ins-
Il porte ses moindres épargnes en
petites. Il devient propriétaire,
d'action.
crire pour un dix-millième dire nos palais, nos
entier, pouvant
infiniment petit, du canton des bénéfices,
et participant à l'ensemble
magasins, nos trésors,

en Harmonie, produit beaucoup sans


Une action territoriale,
elle ne se perdre ni par vol ni par éga-
ni risque peut
placement
la étant constatée sur triple
rement, ni par incendie, propriété
de de la Phalange et dans
dans deux corps logis
registre placé n'étant valables que
Les transmissions
un des congrès voisins. aucun risque de
il ne court
titulaire enregistrée,
par adhésion du même de tremblement de terre
larcin, égarement, incendie, pas les placés en
registres
car un tremblement n'engloutirait jamais
ni la transcription qui est au congrès provincial.
divers lieux, dans ce nouvel
mobile
Le Capital est donc complètement
~t;
ordre, quoique placé à gros
de révolution ou fraude ne peut compromettre,
qu'aucune chance De là vient que les
et qu'on peut réaliser à l'instant sans frais. synonymes en Har-
deviennent
rôles dc propriétaire et capitaliste
mome.

ne peut, dans aucun cas, faire banqueroute,


Une Phalange La
ses ateliers, ses troupeaux.
emporterson territoire, son palais, les ravages des éléments,
contre
contrée est assureur solidaire d'Harmonie, d'où
ou six ans
réduits après cinq
qui seront bien Les incendies seront
=H- des excellentes
de chose, par suite
de même réduits à très peu
ce nouvel ordre domestique.
dispositions de

perdre sur une branche d'exploitation,


Une Phalange peut à l'ou-
procéder
comme une nouvelle ~r.t=ai~ hasar-
à actionnaire toute entreprise
vrage, elle notifie chaque mine ou autre tentative qui sort du
fouille de
deuse, manufacture, connues. L'actionnaire est
habituelles et
cercle des opérations
ses actions, ou de s'isoler de l'entreprise qui
libre de réaliser tout en conservant ses
II peut donc,
n'obtient pas sa confiance.
LE CAPITALISME DANS LE RÉGIME SOCIÉTAIRE t3j

actions, se borner aux chances ordinaires, dans ce cas il gagne-


rait dividende plein, lors même que la Phalange
gagnerait moins
par insuccès d'une nouveauté.
Mais une Phalange en masse, dirigée par son
Aréopage d'ex-
perts, ses Patriarches, ses Cantons vicinaux, et autres gens exer-
cés, n'est pas sujette à l'imprudence comme un particulier, et
pour peu qu'une tentative industrielle soit aventureuse, comme la
fouille d'une mine, on a soin d'en diviser le risque entre un
grand
nombre de Phalanges, consulter longtemps, faire assurer, etc.
Quant aux risques de fourberies, il n'en peut exister aucun
en Harmonie. (F. B., 93-96, passim).

CONSTITUTION DU CAPITALINDIVIDUEL. La propriété en


Association consiste pour chacun (homme,
femme, ou enfant)
dans la portion du revenu sociétaire qui lui est dévolue
par le
vote de tous, aux divers titres qu'il a pu
acquérir par son talent
et son travail dans les groupes et séries.
Une fois cette part touchée, l'individu, après avoir
acquitté
les dettes de sa consommation sur le compte
général de la pha-
lange, est maître de disposer de ce qui lui reste, il capitalise. Le
capital représente ainsi la valeur matérielle d'un travailleur
c'est la manifestation extérieure de sa personnalité. Voilà
pour-
quoi nous avons dit qu'abolir le capital c'était abolir l'individua-
lité, et pourquoi nous avons présenté la propriété individuelle
comme le plus sûr garant de la liherté.

LE CAPITALGARANTIE DE LA LtBER-rÉ. Un individu n'est


pas libre tant qu'il ne peut pas, à un moment donné, réaliser la
valeur de sa personne dans la société et s'en aller avec son
bagage
et sa fortune, là où il lui convient de vivre et de travailler. Celui-
'd n'est pas maître de sa personne dont le
passé, le présent et
l'avenir dépendent d'une fcnction dans une hiérarchie.
(L., 99).
LE CAPITALISME DANSLE RÉGtMESOOÉTAtRE. Introduire
le capital, valeur représentative obtenue
par le travail et le talent,
accumulée par l'économie, comme moyen de concourir à de
nou-
veaux efforts faits par le travail et le talent
pour obtenir de nou-
velles richesses et de nouveaux
produits, c'est-à-dire de nouveaux
capitaux. Et par conséquent, faire servir le capital comme
moyen
d'accroissement de la propriété individuelle et
sociale
Etendre à tous les individus le
moyen de concourir indi-
132 TEXTES FOtJRtÈRtSTES

leur aux travaux de la société où ils ne


rectement par capital
ou bien ne voudraient pas intervenir directement et
pourraient
de leur personne
consiste à
Universaliser la vraie condition sociétaire, qui
et talent
recevoir la part selon la mise en capital, !ravail
social
Ordonner les choses de manière que tout emploi
la profite à l'individu de manière
du capital, pour production,
la consommation, profite à
que toute dépense individuelle, pour
la masse
com-
Etabt" l'association de telle sorte que le producteur,
de sa chose, tende à augmenter la consommât~ de
me vendeur
le consommateur tende à ménager la produc-
toute denrée, et que
tion comme acheteur de sa propre chose
Ics
Faire que t'égoïsmc de chacun se dissémine sur tous
intérêts de l'association, de manière qu'au moment où quelqu'un
le lot de
voudrait faire pencher la balance du côté du capital,
son avidité
frara~ à percevoir dans une autre série maintienne
d'un lot de
en équilibre avec ene-même, tout comme la chance
lots
talent le retient et t'empêche d'avantager les deux premiers
au détriment du troisième
Maintenir ainsi chacun dans la justice distributive envers
autrui par un profit direct pour soi-même.
Telles sont tes solutions sur la propriété dans le régime
d'association.
TRAVAIL
Dans cet ordre, le CAprrAL entre en ti~ne avec le
social la répar-
et le TAt.ENTcomme mode de concours au but
au Talent.
tition est proportionnelle au Travail, au Capital et
(L., t0t-t02).
vouloir détruire
C'est donc une immense aberration que de
la faculté de capitaliser. (L., 105).

LE PEUPLEPROPRtÉTAtRE ET CONSOMMATEUR. Rendre le


propriétaire et conso~a/cur, tel sera l'un des premiers,
peupte Là
l'un des pt'ts beaux résultats de l'Association lrarmonieune.
travaux habi-
le peuple obtiendra une large rétribution pour ses
haut payées.
tuels, puisque les professions de nécessité sont très
trouvera toute facilité, toute économie pour sa consommation,
tout sera administré en régie sociétaire. !t pourra se
puisque
à de frais tes plaisirs tes plus brillants tous ses
procurer peu
L'HÉRHACE 133

faculté d'amasser, de
vices, tous ses désordres seront détruits. La
sera développée en lui et, les actions de la pro-
capitaliser,
sociale se divisant en parcelles très minimes, il deviendra
priété
facilement propriétaire. (L., 242).

L'HÉRUAC~:

LÉGr'tMnb DE L'HÉKH-AGE. Ce qui est acquis personnel-


Et recon-
lement est personnellement transmissiblc ou <W~
naissez que c'est ici le véritable développement de t'individuatite,
rétribution sacer-
de la propriété, complètement anéantie par la
dotale (saint-simonienne). (L., 242).

La transmission héréditaire est pourtant quelque chose d'aussi


inhérent à l'indépendance individuelle que le <roit de posséder
et de jouir pendant ta vie on ne voit pas quelle raison pourrait
lc maître d'une chose d'en disposer à son gré et il
empêcher
volonté
faut tout craindre pour la liberté des vivants là ou la
tient
des morts ne serait pas respectée. Au reste, la loi d'héritage
à des considérations plus élevées et fondamentalcs.
Nous croyons que la propriété dans son origine directe est
le fruit de la volonté et du travail de t'homme. la mani-
toujours
a donc
festation extérieure de sa personnalité. Tout fait humain
dans la propriété une renexion matérielle.

MAtNTH:N Dh LA PMOt~'ÉTÈFAMILIALE. La /t~/f est un


fait humain et social aussi nécessaire que ~n~ elle repré-
individuette.
sente le développement généalogique de la souche
maintien de
Le travail de la famille se résout en propriété. Le
de la famille
la propriété familiale est la condition du maintien
consanguine. (L., 107).

L'HHKtTAGLcoAU'osÉ. Or. tous les hommes, sans excep-


tion, sont susceptibles d'amour, d'amitié. d't~M~. f/c' ~t't-
indi-
la vie est une série de relations avec des groupes ou des
vidus pour le développement diversement nuance de ces quatre
passions.
L'individualité de chacun se compose donc de ses liens avec
toutes les personnes qui lui touchent par ces quatre côtés de la
TEXTES FOURIÉRISTES

doit néces-
nature humaine. Au moment de la mort, l'individualité
de la
sairement chercher à se continuer dans les quatre directions
sociabilité. Ainsi, en association, chacun fait, à son gré, quatre
parts de son bien.
Une part va aux parents de tous les ordres voilà l'héritage
ancien.
ceux avec
Une autre part va aux continuateurs en industrie, à
le défunt a été en liens corporatifs de travail et d'ambition
qui de
voilà l'héritage saint-simonien, avsc la t'berté individuelle
l'investiture de moins. Une autre part va aux
plus, et pontificale
c'est le don testamentaire, gage d'amitié, de souvenirs, de
amis,
reconnaissance.
Une autre part est dévolue aux relations amoureuses.
donner,
A chacun quatre issues naturellement ouvertes pour
recevoir
à chacun quatre chances naturellement offertes pour
voilà l'héritage compo~, et non plus t'rogc simple de l'ordre
familial. (L., 110).

INSTITUTIONS DU GARANTISME

établisse-
LES ARMÉESINDUSTRIELLES. A mesure de leur
les se mettraient en rapport les uns avec les
ment, phalanstères
autres. Les plus avancés en organisation sociétaire prêteraient
moins. Ils se
assistance à ceux de leur voisinage qui le seraient
relieraient, en outre, non seulement par des systèmes d'échange
de leurs mais surtout par la
ou de vente réciproques produits,
à des travaux d'utilité commune. Voilà le premier
coopération
tard exécuter
élément des armées industrielles qui devront plus
défriche-
les grandes entreprises de déssèchements de marais,
de
ments de déserts, reboisements de montagnes, encaissements
ou
fleuves et rivières, constructions de routes et de canaux,
sur point pour la
tien encore se porter rapidement quelque
d'une catastrophe, telle qu'incendie, inonda-
téparation grande
tion, tremblement de terre, etc. (P., 132).

LE COMPTOIRCOMMUNAL ACTIONNAIRE, maison de commerce


et faisant des
et de manutention agricole, exerçant l'entrepôt
à des
avances de fonds au consignateur. Ledit comptoir affecté
de jardin,.
subdivisions de 1.500 habitants au moins serait pourvu
INSTITUTIONS DU GARANTISME 135

cave, cuisine et manufactures communates au


jardin, grenier,
moins deux.
du comptoir
Je ne veux qu'indiquer les principaux avantages
communal actionnaire qui aurait, entre autres propriétés, celles
de
Réduire de moitié la gestion domestique des ménages pauvres
et même des moyens
de
Payer à jour fixe, par anticipation et sans frais, les impôts
la commune
Avancer des fonds au cours le plus bas à tout cultivateur dont
les domaines présenteraient garanties
Procurer à chaque individu toutes les denrées indigènes ou
des béné-
exotiques au plus bas prix poss~/<?, en /'a//ronc/!<sson~
fices intermédiaires que font les marchands et agioteurs
Assurer en toute saison des fonctions lucratives à la classe
soit à
indigente, des occupations ~ar~cs, et sans excès ni sujétion,
la culture, soit aux ateliers.
L'établissement dont il s'agit, le Garants/ne communal, a été
pressenti en sens général et en sens partiel.
Tentative en sens générât on sentit le besoin de secourir la
classe pauvre des campagnes lorsqu'on réserva, sous te nom de
communaux, des bois et des pâturages affectés au pauvre comme
au riche. H est reconnu que c'est une opération mal entendue,
le dévaste les communaux, et qu'ils sont gérés au
que pauvre
mal. On a donc, dans cette opération d'utilité générale, man-
plus
qué le moyen de secourir le pauvre.
On a bien mieux échoué dans les tentatives partielles comme
les banques territoriales et autres compagnies qui, feignant de
secourir t'agricu!ture et le petit propriétaire, ont été convaincues
d'usure vexatoire, de prêt à 17 pour 100 l'an. Le génie actuel
n'est fécond qu'en ce genre d'inventions.
Ces divers secours et cent autres seraient fournis par le Comp-
toir communal actionnaire. Supposons-le formé sans nous arrêter
aux détails d'organisation. C'est un vaste ménage qui épargne au
un petit champ
pauvre tous ses menus travaux. Ce pauvre possède
et une petite vigne mais comment peut-il avoir un bon grenier,
une bonne cave, de bonnes futailles, des instruments et des
commu-
agencements suffisants ? H trouve le tout au Comptoir
nal il peut y déposer, moyennant une provision convenue, son
t36 FOUR!ÉRtSTE5
TEXTES

grain et son vin, et recevoir une avance de 2/3 de la valeur pré-


sumée. C'est tout ce que désire le paysan, toujours forcé de ven-
dre à vil prix au moment de la récolte. H ne craindrait pa*. de
12 aux usu-
payer l'intérêt d'une avance il ie paie toujours à
ners il bénira le Comptoir qui lui avancera à 6 l'an, taux de
commerce, en lui épargnant les frais de manutention car un
sans
petit cultivateur se trouvera payé au Comptoir pour faire
fournitures l'ouvrage qu'il aurait fait gratuitement chez lui, avec
frais de fournitures. En effet
!t a consigné au Comptoir sa récolte, vingt quintaux de grain
et deux mnds de vin, ce n'est pas lui qui fournit les sacs, les
futailles, les chariots et animaux pour conduire au marché sa
récolte faite et consignée, il travaille à journée pour le Comptoir,
et il se trouve payé tout en soignant son blé et son vin qui gagnent
en valeur car on les réunit à une masse de grain, à un foudre
de même qualité on peut même lui épargner les soins de cuverie,
et recevoir sa vendange selon les évaluations d'usage.
Le travail pour garantir le grain des rats et charançons et
pour manutentionner quatre ou cinq foudres ne s'élève qu'au
dixième de ce qu'il serait dans une foule de petits ménages dont
le Comptoir emploie accidentellement les plus pauvres dans ses
greniers, caves, jardins et ateliers. Ils ne peuvent en aucun temps
bénéfice d'autant
y manquer d'occupation, et c'est pour eux un
de
plus notable qu'en consignant au Comptoir ils ont beaucoup
de cuisine
temps de reste, par épargne de manutention et même
car ils obtiennent, lorsqu'ils ont consigné des denrées, un crédit
imitent nos petits mé-
quelconque à la cuisine communale, et
les frais.
nages qui prennent chez le traiteur pour épargner
Le Comptoir s'approvisionne de tous les objets de consom-
mation assurée étoffes communes, denrées de première néces-
sité et drogues d'emploi habituel. En les tirant des sources, il
leur en exhiber
peut les donner à petit bénéfice aux consignateurs,
les comptes d'achat et de frais. Ces avantages sont autant d'amor-
ces à la consignation si te Comptoir est bien organisé, il doit en
moins de trois ans métamorphoser tout le système agricole en
demi-association car il sera recherché du riche comme du pau-
vre tout riche briguera l'avantage d'y être actionnaire votant
le petit consignateur non actionnaire y aura, en séance de Bourse,
voix consultative sur les chances de vente l'actionnaire opinera
sur les ventes et achats. (F. B., 179-182).
INSTITUTIONS DU GARANTISME 137

On trouve ici triple accord avec le gouvernement


t" Perception facile de l'impôt. Les Comptoirs, arrivés à leur
pleine organisation, le lui payent à jour fi.e et en masse. L'admi-
nistration épargne les frais de perception qui, en France, peuvent
s'élever pour les campagnes à 100 millions sur 140. Les Comp-
toirs fournissent de l'emploi aux agents fiscaux retirés et cumu-
lant leur pension avec le bénéfice des nouvelles fonctions.
2" La cessation de l'indigence et du vagabondage. Les Comp-
toirs ont des moyens d'occuper lucrativement et agréablement
tout le peuple, de lui procurer une douce existence et de subvenir
aux besoins des infirmes il ne reste ensuite à secourir que les
pauvres des villes.
3° L'accroissement du produit. !t sera démontre que cette
organisation l'éléverait pour le moins à moitié en sus, et que la
France, au Heu de 4 milliards et demi, en produirait 7 par entrée
en Garantisme. Ce serait servir les vues de tous les Gouverne-
ments. (F. B., 185).

L'ENTREPÔTCONCURRENT. En résumé, un système com-


merciat conforme à la vérité se fondera sur les trois procédés
suivants
Evaluation intermédiaire,
Propriété directe,
Vérité garantie,
complètement opposés, comme on le voit, à la méthode civilisée
que nos économistes ont prônée parce qu'ils n'en connaissaient
pas d'autre.
Les innovations que l'Entrepôt concurrent opère sur les sys-
tèmes politiques permettront de réduire les armées de terre au
tiers du nombre ~ctuet. C'est encore une économie qui ne sera
pas médiocre.
II faut ajouter d'autres bénéfices
t" Retour au travail productif, culture et fabrique, de toute ta
masse de douaniers, agents de droits réunis, octrois, et produit
effectif du travail de ces agents redevenus emphyés utiles
2' Retour au travail productif de 2/3 de la jeunesse em-
ployée habitueHement dans les armées et la marine militaire, et
d'un bon nombre de la marine marchande, qui fera une grande
economie d'expéditions et déplacements
3" Retour au travail productif des 9/10 des familles com-
~g TEXTES FOUR'ÉR'STES

devenues inutiles, parce que l'Entrepôt concurrent.


merçantes le
emploiera à peine
pour sa gestion extrêmement simplifiée,
dixième des fourmilières qu'occupe le commerce mensonger
4° Retour au travail productif des immenses capitaux qu'em-
l'Entrepôt concurrent, loin d'avoir
ploie le commerce, parce que
de en a toujours une masse énorme à offrir, au
besoin capitaux,
et aux entreprises garanties
plus bas prix, à l'agriculture
5" Bénéfice de la vérité pratique, dont l'existence abrégera
de diverses opéra-
souvent de 9/10 et même de 99/100 les frais
tions aujourd'hui entravées par la fausseté
trou-
6" Bénéfice des développements que l'industrie générale
vera dans les relations directes
toutes les mers par
7° Bénéfice de la libre circulation sur
la cessation de tous les monopoles maritimes.
le lecteur s'écrier que ce sont
Sur cette perspective, j'entends
en voir la preuve.
là des rêves magnifiques, mais qu'il faudrait
en sommes aux préludes et annonces et
Sans doute, mais nous
aux Les annonces peuvent sembler des visions,
non pas preuves.
bientôt on verra la véritable vision c'est le système
mais que
sur le globe les quatre éléments du malheur'
civilisé, qui organise
sous tous les inventés par nos pré-
et qui les perpétue systèmes
tendus savants. (F. R. 187-189).

de franchir les détails, je trans-


LA FERME D'ASILE. Obligé
le lecteur à l'époque où les f iscales,
porterai
auraient consistance, et commenceraient à opérer
d'asile, pris à
direction du rrinistre de l'intermédiaire,
grandement, sous la
où elles de leur but, qui est de rendre le
l'époque approcheraient
fier d'être admis à la ferme, aussi fier de cette
peuple heureux,
de son sort philo-
nouvelle condition qu'il est confus aujourd'hui
sans de ses légions d'enfants à
sophique, de sa chaumière pain,
il est de donner le fouet quand ils demandent du pain.
qui obligé
coûterait-il à la ferme d'asile pour opérer cette méta-
Qu'en
rien améliorations faciles, comme
morphose ? Presque quelques
des enfants, les tentes ou dais mo-
les salles d'éducation petits
de les avances en uniforme
biles, fournis aux groupes jardiniers,
Ces bagatelles, jointes
de travail bien remboursées sur le produit.
de nourriture saine et copieuse et de vie insouciante,
à l'avantage
amener toute la classe gênée à détester ses petits
suffiraient pour
INSTITUTIONS DU GARANTISME t3~

la ferme, en lui ven-


manèges moraux, demander l'admission à
dant leurs lambeaux de champs.
Dès leur début, ces fermes extirperaient l'indigence dans les
aucun mendiant n'obtiendrait d'aumônes chacun
campagnes
lui répondrait < Allez à la ferme d'asile où tout indigent trouve
bonne nourriture et travail varié à option. Quant aux infirmes,
la ferme s'en chargerait moyennant quelques centimes addition-
nels fournis par le canton d'environ 2 à 3.000 habitants.
tt ne resterait aucun risque de disette la ferme aurait des
en silos, en greniers aucun gouvernement ne
approvisionnements
redouterait les famines la restauration des climatures et des
forêts serait assurée, en ce que la consommation de bois serait
très diminuée et le vol de bois en même proportion quelques
100 pauvres familles
poêles remplaceraient les feux de 50 et de
le vol
prodigues du bois qu'elles volent dans les communaux,
étant l'occupation des paysans pauvres, des petits ménages si
chers à la morale.
On aurait dans tout canton une grande affluence de volailles
et bestiaux, de bons légumes et de bons fruits par le jardin et la
ferme d'asite pour l'agrément de ses ouvriers, elle s'adonnerait
au soin des jardins et étables, de préférence aux travaux de
en petit la plupart des
grande culture. Enfin on verrait naître
biens que j'ai décrits dans l'abrégé de l'Association.
Le plus remarquable des avantages serait la chute du com-
merce. Toutes les fermes d'asile se concerteraient par entremise
du ministre et des préfets, pour se passer des négociants, faire
leurs achats et ventes directement les unes chez tes autres ettcs
auraient abondance de denrées en vente, car elles tiendraient
entrepôt pour les petits cultivateurs ou propriétaires qui, n'ayant
ni bons greniers, ni bonnes caves, ni valets nombreux, dépose-
raient volontiers à la ferme, sauf modique rétribution pour les
frais de manutention et vente. D'ailleurs le propriétaire, en ver-
sant à l'entrepôt, recevrait des avances à un prix modique, et
serait dispensé par là des ventes prématurées qui avilissent les
denrées.
Dès lors, tous les amis du commerce, les légions de mar-
chands se trouveraient dénués, comme des files d'araignées qui
dans leur toile, faute de moucherons, quand une fer-
périssent
meture exacte en interdit l'entrée. Cette chute de marchands serait
t40 TEXTES FOURIÉRISTES

effet de libre concurrence, car on ne les empêcherait pas de tra-


les
fiquer mais personne n'aurait confiance en eux, parce que
fermes d'asile et leurs agences provinciales présenteraient des
com-
garanties suffisantes de vérité. Les vertueux amants du
merce n'auraient d'autre ressource que de sonner la retraite, en
l'anar-
déplorant le bon. temps du mensonge, les beaux jours de
chie philosophique ou liberté mercantile sans concurrence car la
licence mercantile n'a aucune concurrence, il n'existe de lutte
qu'en fourberie ce sont toujours les plus fourbes qui réussissent
le mieux. (F. B., 189-192).

LA BANQUERURALE. L'ensemble des banques exploitant


chacune un petit canton, soit 1.200 âmes, se subdiviserait en
arrondissements dont la ferme serait concédée par le fisc. Les
ver-
petits usuriers de campagne, qui prêtent à 12 et 24 p. ICO
raient avec douleur la banque prêter à 6 deux tiers de la
valeur de l'objet consigné, le troisième tiers payable à la vente,
sauf provision sur la manutention, à laquelle tout consignateur
pauvre pourrait être employé comme salarié.
Si ces banques étaient organisées en mode rapproché du
Comptoir, on y trouverait
1 L'avantage d'extirper et prévenir l'indigence dans toutca
les campagnes, au moyen d'un jardin et d'une fabrique annexés
à l'édifice, et fournissant aux agents pauvres des occupations
convention
agréables et variées. On pourvoirait les infirmes par
avec les banques
3° Opérer en plein un bien qu'on a si vainement rêvé, la res-
tauration des forêts, conservation des pentes et sources
3° Etablir en tout canton une caisse d'épargne où l'on rece-
vrait, aux conditions d'usage, les petites sommes du pauvre, en
lui procurant dans l'intérieur de l'édifice, délassements et repas
aux jours de chômage, pour le détourner des vicieuses habitudes,
cabaret, etc.
4° Se ménager, par la correspondance des banques avec le
ministère, une influence contre les menées d'accaparement, fluc-
tuations du prix des denrées, extorsions du commerçant
5° Epargner les poursuites contre le petit contribuable, pour
qui les banques rurales feraient l'avance d'impôts, vu les moyens
le
qu'elles auraient de se récupérer par son travail à journée,
déoôt de ses petites récoltes, et même l'affermage de ses terres
LE PHALANSTÈRE BASE DE LA RÉFORME SOCIALE 141

6° Placer avantageusement 300.000 individus, environ 15


par banque rurale actionnaire
7" Faire verser 300.000.000 fr. à la caisse d'amortissement;
car chacune des 20.000 banques rurales actionnaires fournirait
au moins 15.000 fr. de cautionnement, total 300.000.000 y com-
pris celui des régents supérieurs.
C'est ainsi qu'une politique initiée au calcul du mouvement
social et de ses effets futurs saurait s'emparer à temps des ger-
mes de mal et les transformer en voies de bien, au lieu d'aban-
donner l'industrie à la rapacité individuelle dite concurrence mer-
cantile. (F. B., 195).

NÉCESStTÉ D'UNE EXPÉRtENCE LOCALE

Nous irons par une /oft'/ahoM inftniment petite


J une métamorphose tn/tMt~tCMtgrande.

FoutUM.

TRANSFORMATION PACIFIQUE DELASOCtÉTÉPARL'APPLICATION


DUPROCÉDÉSÉRIAIREOU PHALANSTÉRtEN. Ce que demandait
Fourier, ce que demandent pour sa théorie ceux qui en poursui-
vent la réalisation, c'est une e~rc~n'c locale dont nous avons fait
connaître les conditions. Personne, cependant, n'aura l'idée qu'il
s'agisse pour eux uniquement de monter quelque part, à l'aide
de procédés plus ou moins ingénieux, une bonne entreprise indus-
trielle ne devant avoir d'ailleurs aucune influence sur le milieu
social ambiant. Cette possibilité d'être essayée en petit, sur moins
d'une lieue carrée de terrain (la quarante millième partie de la
France environ) sépare tranchément la théorie sociétaire de toutes
ces constitutions politiques qui s'imposent d'emblée à tout le
peuple elle ouvre aussi à la science sociale une voie nouvelle,
la même qui a si bien réussi aux sciences physiques, la voie expé-
rimentale. Mais pour si prudente et modeste que se montre la
théorie sociétaire, quant à son mode de première application, elle
n'en aspire pas moins, je l'avoue, à la conquête du monde entier
et cela sans violence sans contrainte d'aucune espèce, ni envers
qui que ce soit, mais toujours par le moyen de son grand prin-
cipe l'ATTRACTION. (P., 130).
FEXTES POUR'ÉRtSTES

LE PHALANSTÈRE

Le mot Phalanstère désigne l'habitation qui remplacera pour


la Phalange lcs masures isolées du village morcelé.
de la pro-
H faudrait insister sur la nouvelle constitution
et sur les avantages qu'elle garantit au possesseur et au
priété
non-possesseur actuels des richesses.

AVANTAGES DUSYSTÈME PHALANSTÉRtEN Suppression du


salaire. Plus de chômage industriel. Suppression des im-
426, passim).
pôts indincts. (C., 377, 379, 421,
EXTRAVAGANCES SUR LE PHALANSTÈRE. Dieu sait les
t'en fait dans le monde à cette question c Qu'est-
réponses que
c'est
ce donc que ce système de M. Fourier ? Qu'est-ce que
ce Phatanstére ? Pour un qui répond « Je ne sais pas s,
que
il en est
ou qui vous explique raisonnablement ce qu'il en sait,
n'est pas
mille qui vous diront des extravagances inouïes. Et ce
tout de dire, on écrit.
c'est
Le Courrier Français apprendra à ses abonnés que
teufr
c une confrérie de moines civils qui mettent en commun
molles jouis-
travail et leur industrie, et qui veulent déranger les
sances des propriétaires oisifs (Courrier Français, 28 septem-
bre 1833).

Dix autres journaux imprimeront aussi que le Phalanstère


est un régime de Communauté.

< Le Phatanstére ?..


< C'est une maison d'une lieue carrée pour loger cinq
mille personnes à la fois.
sais de
«- Pour en loger cinq cent mille, vous dis-je, je le
bonne part.
« C'est la Communauté des biens, des femmes et des
enfants.
en
c C'est un système pour changer l'eau de la mer
limonade gazeuse.
« On y apprivoisera les baleines et les requins.
« On y mangera, de rigueur, vingt-cinq livres de nourri-
ture par jour
LA VIE AU PHALANSTÈRE

c On chassera la lune, qui est morte, pour la remplacer


par cinq jeunes lunes de toutes les couleurs
Et mille autres jolies définitions du même goût. (C., 343-344).

LA VIE AU PHALANSTÈRE. Pour le genre de vie, liberté


entière à tout le monde sans exception et si t'en peut dire que
vivre à sa gu'se, suivant ses goûts, suivant même ses fantaisies,
c'est être vraiment chez soi, où jamais serait-on plus chez soi
qu'au Phatar stère ? (P., 125).

Substituer à la famille, comme centre de production et de


consommation, des réunions comprenant trois cents ou quatre
cents familles, c'est-à-dire environ 1.800 personnes associées
en travaux de ménage, culture et fabrique voilà ce que Fourier
L'existence de la famille comme lien civil, religieux et
propose.
la
d'affection, ne reçoit d'ailleurs aucune atteinte par suite de
combinaison proposée et celle-ci non seulement n'exige pas
mais a besoin
l'égalité des fortunes dans les familles à associer,
au contraire d'une série d'inégalités sous ce rapport. (P., 66).

LA DOMESïtCtTÉDANSLE PHALANSTÈRE. Le valet même


jouit dans l'Harmonie d'une complète indépendance, quoique
tes riches y soient servis avec un empressement et un dévoue-
ment dont on ne peut pas trouver l'ombre en Civilisation. Expli-
quons cet accord.
Aucun sociétaire dans l'Harmonie composée n'exerce la
domesticité individuelle et pourtant le plus pauvre des hommes
a constamment une cinquantaine de pages à ses ordres.
Nous donnons bien ce titre à ceux qui servent tes Rois on
le doit à plus forte raison à ceux qui servent une Phalange
car elle est un Dieu agissart.
C'est donc servir Dieu que de servir une Phalange collecti-
est
vement et c'est ainsi qu'en Harmonie le service domestique
cette branche pri-
envisagé. Si on ravalait comme aujourd'hui
mordiale d'industrie, l'équilibre passionnel deviendrait impos-
sible.
A cet ennoblissement idéal du service, on joint l'ennoblisse-
ment réel, par la suppression de dépendance individuelle qui
avilirait un homme en le subordonnant aux caprices d'un autre.
(P. B., 105-106).
TEXTES FOURIÉRISTES

e) La Femme

ET CONDITION DE LA FEMME DANSLA SOC.ÉTÉACTUELLE


RÔLE
les sociaux et changements de
En thèse générale progrès
vers la liberté,
Période s'opèrent en raison du progrès des
d'ordre social s'opèrent en raison du décrois-
et les décadences
sement de la liberté des femmes.
vicissitudes poHtiques
D'autres événements influent sur ces
cause aussi rapidement le pro-
mais il n'est aucune qui produise
social le changement du sort des i~mmes.
grès ou le déclin que
fermés nous ren-
seule adoption des sérails
J'ai déjà dit que des sérails
Barbares, et la seule ouverture
drait en peu de temps
les Barbares à la Civilisation. En résume, l'extension
ferait passer
est le général de tous progrès
des privilèges des femmes principe
sociaux. (F. B., 71).

l'éducation actuelle et l'esprit servile qu'elle .ns-


Si j'accuse
comparativement à d'autres sociétés
pire aux femmes, je parle à force d~
de dénaturer leur caractère
où il deviendra inutile atte.~
le rôle distingué où elles pourront
préjugés. Je leur indique surmonté l'influence de
de celles qui ont
dre d'après l'exemple le lien
que nécessite
Féducation et résisté au système oppressif
ces femmes ont su prendre leur essor,
con.ugat En signalant qui
Marie Thérèse, jusqu'à celles de nuan-
comme
depuis les viragos, suis fondé
les Ninon et les Sévigné, je
ces radoucies, comme
état de liberté, surpassera l'homme dans
à dire que la femme en
ou de corps, qui ne sont pas l'attribut
toutes fonctions d'espr.t
de la force physique. (/ 63).
la Civilisation c'était aux
C'est sur les femmes que pèse
est aujourd'hui leur existence ? Elles
femmes à l'attaquer. Quelle où l'homme
même dans l'industrie,
ne vivent que de privations, de la couture
minutieuses occupations
a tout envahi jusqu'aux
voit des femmes s'escrimer aux
et de la plume, tandis qu'on
N'est-il pas scandaleux de
de la campagne.
pénibles travaux devant un bureau, et
voir des athlètes de trente ans accroupis
velus une tasse de café, comme s'il
voiturant avec des bras vétilleuses
femmes et d'enfants pour vaquer aux
manquait de
o4).
fonctions des bureaux et du ménage ? (/
RÔLE ET CONDITION DE LA FEMME DANS LA SOOÉTÉ ACTUELLE 145

Je ne conteste pas que, dans l'état actuel, il ne soit nécessaire


d'amortir chez les femmes le penchant à la gloire, l'inclination
aux grandes choses, la convoitise des dignités. Une femme civi-
lisée n'étant destinée qu'à soigner le pot-au-feu et ressarcir les
culottes d'un époux, il est bien forcé que l'éducation lui rapetisse
l'esprit et la dispose au subalterne emploi d'écumer le pot et
ressarcir les vieilles culottes. Ainsi, pour disposer l'esclave à
l'abrutissement, on lui interdit les études qui lui feraient appré-
cier son abjecte condition en outre on lui défend les vertus
selon Aristote, qui ne voit pas qu'aucune vertu puisse convenir
à un esclave. est une foule de vertus que la philosophie ne
juge pas convenable au sexe.
Un mari opposera les besoins de son ménage, la nécessité de
fixer l'épouse aux soins domestiques, tandis que l'époux vaque
aux affaires extérieures.
De tels arguments ne sont pas applicables à t'état sociétaire,
où le ménage simplifié par la combinaison générale des travaux,
n'emploie guère qu'un 8e des femmes qu'il absorbe aujourd'hui.
On pourra donc cesser d'avilir ce sexe par une éducation servile.
(lbid., 65-66).

S'il était vrai, d'après l'autorité de Mahomet et de J.-J. Rous-


seau, que la femme ne fût destinée qu'aux plaisirs de l'homme
ou au service du pot-au-feu, la loi de contraste émulatif, base
du système d'équilibre passionnel, serait donc méconnue en rcfa-
tions domestiques et en éducation ? Sur quoi s'établirait la riva-
lité, si les garçons ne se voyaient pas, à égalité d'âge surpassés
par les filles dans diverses carrières, beaux-arts et autres ? On
n'obtiendrait pas du sexe masculin la politesse, ta déférence
pour les femmes. Il sera nécessaire qu'elle règne déjà chez une
moitié de l'enfance, afin de lui donner le change sur les motifs
de cette courtoisie qu'elle verra générale chez les adolescents.
Sans ce contraste de mérite entre les filles et les garçons
en bas-âge, il n'existerait pas de contre-poids à la rudesse natu-
relle du sexe mâle, au penchant des petits garçons à mépriser
l'autre sexe. Les filles seraient pleinement découragées, et les
garçons sans émulation, si l'on ne ménageait pas à chaque sexe
en bas-âge des carrières d'illustration spéciale et des titres au
respect de l'autre.
!0
TEXTES FOUR'ÈRtSTES
tt<J

est la véritable destination du sexe fémi-


Cette concurrence
nin. (Ibid., 66-67).
on en fait des esclaves moraux dans l'ado-
Dans l'enfance
à au sot orgueil en ne cessant
lescence on les pousse l'intrigue,
de leurs c~rmes~ on les
de leur vanter le pouvoir passager
au talent d'asservir l'homme on vante leur
excite à l'astuce,
avec Diderot que, pour leur écnre. il faut
frivolité, en disant avec la
« tremper sa plume dans l'arc-en-ciel, et saupoudrer

poussière des ailes de papillon et de pap.Hon~?


le fruit de ces fadeurs d'arc-en-ciel
Quel est
en sont car si on ne découvre pas la
Les deux sexes dupes
des femmes, on manque par contre-coup cette
destinée sociale
de civilisation e~t fermée à t un des sexes,
des hommes. Si l'issue
elle l'est également à l'autre (Ibid., 67-68).
aux femme, qu'elles n'ont p~ d'âme
Les Turcs enseignent
d'entrer au paradis. Les Français leur
et ne sont pas dignes
n'ont génie, et ne sont pas faites
persuadent qu'elles point de
aux factions éminentes, aux palmes scientifiques.
pour prétendre des formes gros- 1
C'est la même doctrine saul la différence
Occident, et s'affublant chez nous de
sières en Orient, polies en
du sexe fort, son monopole
galanterie pour masquer l'égoïsme
et de pour le bien duquel il faut rapetisser
de génie pouvoir,
la nature veut les reléguer aux
les femmes, leur persuader que suffira
du ménage, fonctions auxquelles
fonctions subalternes
l'enfance dans l'état sociétaire.
et les Staël n'étaient pas des écumeuses de pot,
Les Sévigné
les Catherine. Voilà les femmes en
non plus que les Elisabeth et
la destination du sexe faible, et la concur-
qui on peut entrevoir succès, dès qu'il sera
exercera avec plein
rence du génie qu'il
non de servir, mais de rivaliser
rendu à sa nature, qui est, pas
culottes des philoso-
~emme non pas de ressarci. les vieilles
en Harmonie sociétaire leur fatras de
confondre
nhes mais de industriel et l'avilis-
le morcellement
400.000 bouquins, prêchant
sement des femmes.
de fadaises politiques, le sexe qu'ils
Pour prix de ce ramas
le jugera, dans l'Harmonie,
ne j~e bon qu'à écumer p.
Dom Japhet, le pot sur la tête,
.rser, comme à
't de l'homme, dégradé et
3.000 ans l'étude
pour avoir .~nq'.e
LE SORT DE ).~ \')RG)N)TE CtVtUSÉt' 147

finalement bou-
perverti la femme, entravé et faussé l'enfant, et
leversé le monde social par des visions de liberté qui n'aboutis-
sent qu'à opprimer le sexe féminin tout entier, et l'immense
majorité du masculin. (Ibid., 68-69).

AVILISSEMENT DESFEMMESEN CIVILISATION. Peut-on voir


une ombre de justice dans le sort qui leur est dévolu La jeune
fille n'est-elle pas une marchandise exposée en vente à qui veut
en négocier l'acquisition et la propriété exclusive ? Le consente-
ment qu'elle donne au lien conjugal n est-it pas dérisoire et forcé
son enfance ?
par la tyrannie des préjugés qui l'obsèdent dès
On veut lui persuader uu'ette porte des chaînes tissées de fleurs
mais peut-elle se faire illusion sur son avilissement, même dans
les régions boursouflées de philosophie, telles que l'Angleterre,
où les hommes jouissent du droit de conduire leur femme au
marché, la corde au cou, et la livrer comme une bête de somme
à qui veut en payer le prix ? Sur ce point, notre esprit public
est-il plus avancé que dans ces siècles grossiers où certain con-
cile de Mâcon, vrai concile de Vandales, mit en délibération si
les femmes avaient une âme et l'affirmative ne passa qu'à une
majorité de trois voix (F. B., 69).

LE SORTDE LAVtRGtNtTEovtusEH. Quet encouragement


trouve une fille décente à conserver sa virginité au delà de 20
ans ? Si elle est pauvre, chacun ta badine sur ce qu'elle consume
sa belle jeunesse à attendre un acheteur, et qu'avec sa candeur
elle n'enjôlera pas les épouseurs, tous bons arithméticiens sa-
chant que les vertus ne sont pas des provisions pour le ménage.
Elle ne pourra donc séduire qu'un sexagénaire, qui, en compen-
sation de son grand âge, excusera le défaut de dot. Brillant
même
espoir pour une fille jeune et sage Elle ne trouvera pas
un homme de moyen âge sa beauté deviendra un sujet d'atarme
aux yeux des
pour tout prétendant exigeant sur la fidétité. Ainsi,
partis de 40 à 50 ans, la beauté et la vertu ne compenseront
point le crime d'être sans dot.
Jouit-elle d'une honnête fortune ette sera pendant long-
temps l'objet d'un sordide négoce entre les courtiers et entre-
metteurs de mariages, puis enfin livrés à quelque homme pétri
de vices, qui aura le poids de l'or en sa faveur.
Si elle chôme dix ans sans L'poux.e)k' est en butte au persi-
t48 TEXTESFOURIÉRISTES

Dès qu'elle atteint 25 ans, on commence à gloser


flage public.
sur sa virginité comme denrée suspecte, et, pour prix d'une
elle recueille, à mesure qu'elle
jeunesse passée dans les privations
avance en âge, une moisson de quolibets dont toute vieille fille
est criblée injustice bien digne de la civilisation elle avilit le
elle
sacrifice qu'elle a exigé ingrate comme les républicains,
le dévouement des jeunes filles par des outrages et des
paie
vexations. Faut-il s'étonner, après cela, qu'on ne trouve chez
toute demoiselle, tant soit peu libre, que le masque de chasteté,
le simulacre d'une obéissance dont toute vierge serait punie
que
dans sa vieillesse par l'opinion même qui exige le sacrifice de sa
belle jeunesse au préjugé ?

Eh quand on garantirait à la fille décente un mariage pour


prix de sa chasteté, sera-ce une récompense
réette ? y a
l'on risque fort de ren-
plus de mauvais maris que de bons, et
contrer un mari brutal, quinteux, joueur, débauché c'est volon-
tiers le ~ort d'une honnête fille, qui a rarement assez de finesse
leur délicatesse
pour discerner les hypocrisies de ses prétendants,
la dupe.
fardée, dont une femme un peu manégée ne sera point
tt n'est donc pour une fille chaste et sans fortune d'autre
à force de travail une
perspective que de gagner avec peine et
chétive nourriture, s'ensevelir dans ses belles années, se priver
des délassements qui lui sont offerts, se consumer en austérités
de toutes espèces pour l'honneur du préjugé. Si l'on considère
cette fâcheuse condition des véritables vierges, il faut avouer
la fille pauvre et vivant avec peine de son travail, ne
que jeune
mère infirme, est bien excu-
pouvant pas suffire à nourrir une
sable quand elle écoute celui qui fait briller l'or à ses yeux.
(Ibid, 71-73).
L'AMOURET LE MARIAGE. Le mariage semble inventé pour
astucieux et séduc-
récompenser les pervers plus un homme est
à l'opulence
teur, plus il lui est facile d'arriver par le mariage
et à l'estime publique.
tout à coup une immense fortune pour la peine
Acquérir
une jeune demoiselle, c'est un résultat si plaisant
d'exploiter
à tout luron qui sait faire ce coup de
que l'opinion pardonne
partie.
LE FÉMtNtSME DE FOURIER 149

Un riche mariage est comparable au baptême par la prompti-


tude avec laquelle il efface toute souillure antérieure. (Ibid, 73-74,
passim).

EMPLOIDESFEMMES DANSLAPHALANGE. Dans la Phalange,


il sera réservé aux femmes une moitié d'emploi dans les bran-
ches lucratives on devra éviter de les reléguer comme parmi
nous aux fonctions ingrates, aux rôles serviles que leur assigne
la philosophie, qui prétend qu'une femme n'est faite que pour
écumer le pot et ressarcir les vieilles culottes.
Les femmes, en association, reprendront bien vite le rôle que
la nature leur assigne, le rôle de rivales et non pas sujettes du
sexe masculin. faut veiller à ce que cet effet s'opère d'embtée
dans la Phalange d'essai à défaut l'on verrait son mécanisme
chanceler sur divers points. (Ibid., 175).

L): FÉMtN!SME DE FOURIER

H n'est pas possible de nier la différence caractérielle de


/o/nf7!~ et de la f emme.Se tenir, en parlant de la femme, dans
des termes abstraits d'égalité avec t'homme, c'est ne rien dire du
tout, ou plutôt c'est tendre à la confusion or, en ce cas, confon-
dre, c'est dénaturer. On l'a dit souvent, la femme qui ressemble
à l'homme est une sorte de monstruosité sociale t'homme qui
affecterait les mœurs et les habitudes de la femme ne serait pas
moins étrange. Quel serait donc le danger de cette égalité vague
et mystique prêchée par le saint-simonisme ? ni plus ni moins
qu'une inversion de nature dans les deux sexes. Je vois l'homme
qui s'amollit et s'effémine, et la virago qui s'/tO/n~OMc.
Dans le système de M. Fourier la vocation spéciale de l'hom-
me et de la femme est très rigoureusement déterminée. Voyez
si la nature n'est pas prise sur le fait. L'homme domine entière-
ment la femme dans toutes tes relations d'ambition et d'amitié,
mais, par contre, la femme est supérieure à t'homme, elle le
dirige, elle le gouverne dans tes affections d'amour et de fa-
mille. Chez l'homme ce sont les passions sociales qui prédomi-
nent les passions individuelles chez la femme. L'un est le roi
des nations, l'autre la reine du cœur. L'accord formé entre t'hom-
me et la femme est analogue à l'accord musical les deux tou-
ches s'harmonisent sans se confondre, l'une est majeure, l'autre
TEXTES FOURIÉRISTES
t ~f~J

et nature obtient ou perd sa supériorité


est mineure, chaque
Est-il besoin
et les divers travaux.
suivant les divers groupes
sur des distinctions qui éclatent au premier aspect
d'insister
sexuelle, la génération, Dieu n'a-t-
Dans la fonction éminemment des d~
la plus précise les rapports
it point fixé de la manière dans toute
se réfléchir et se produire
sexes, tels qu'ils doivent
fonction sociale ? C'est n.~ féconde et c'estetlatoute la
femme
ce seul fait toute la morale
qui porte. H y a dans
politique. (L., 194-195).
L'O~DRL SOO~TAtWt:
RÔLE Dh LA FEMME DANS

sans difficulté l'influence que l'homme


Chacun reconnaît
de ou du blâme de la femme c'est elle qu.
reçoit l'approbation
c'est elle que souvent on veut l'acquérir,
distribue la gloire, pour
le d'enthousiasme
c'est d'elle du moins qu'on la reçoit avec plus
en ce qui touche t'homme
soit que, désintéressée personnellement
ait facilement le secret de ses qualités
sous ce rapport, elle plus
soit disposée par sa nature propre aux
et de ses défauts que,
individuelles, elle saisisse avec plus de délicatesse et 1
avions
touches diverses du cœur et du caractère soit enfin
de tact les le
union morale et physique avec l'homme
qu'élevant dans son de l'in-
aux limites extrêmes et mystérieuses
sentiment individuel
seule à l'être qu'elle att.re comme
timité, elle puisse permettre
le libre épanchement de son âme. Ceci
moitié de lui-même,
connus et assez mal appréciés, l'ascen-
bien
explique deux faits morale
sur le ho.nme, et la suprématie
dant de la femme grand
les
tout état social. On dit que les femmes font
qu'elle exerce en Ainsi la femme, jus-
et ce proverbe a un grand sens.
~fs,
et subalternisée, a pu, malgré le joug
qu'ici demeurée passive dans le mouvement
se faire une grande part
qui pesait sur elle, de chaque peuple
des coutumes et des institutions politiques
du domestique, un.
elle n'a pas été seulement le palladium foyer
la famille elle a été, ellc est encor.
sorte de dieu-pénate pour
A cette action indirecte de la femme, l'ordre
la reine de l'opinion.
son intervention directe et .mmed.atc
sociétaire vient ajouter lui
fonctions industrielles, selon l'aptitude qui
dans toutes les
de l'homme
Elle ne sera plus le juge passif des travaux
propre. et voudra être
sa à t'œuvre commune,
elle apportera aussi part
son tour l'homme celui-ci, en face du sexe opposé,
jugée à par
1~'
PLACE DF LA FF.MMf. DA\S LE GARANTtS.\U;

lui ont
etrouvera sans doute la finesse et le tact qui jusqu'ici
faute d'occasion de développement. Nous n'avons plus
nanqué,
le de t'hommc venant au milieu du tournoi
.eutement spectacle
les de la femme assise autour de
-ecevoir applaudissements
et descendant la femme aura aussi ses
'arène n'y jamais
d'honneur t'émutation entre individus du même sexe
:hamps
et pour régulateur rémutation entre les
iura pour complément
la riva-
deux sexes, levier plus puissant et moins dangereux que
industrielle de
lité entre personnes identiques. Quant à l'aptitude
la femme, on ne saurait la contester, vu les nombreux exemples
nous citer dans tous les genres. Ce qui s'est mani-
que pourrions
festé sans le secours de l'éducation et malgré tous les obstacles
moraux et matériels se développera avec éclat, lorsque t'éduca-
de
tion sera la même pour chaque sexe. L'action de la moitié
les
l'humanité perdue, ou contrariée jusqu'ici, viendra doubler
fruits du travail sociétaire et même il surgira de la rivalité des
sexes ajoutée à leur concours un nouvel accroissement toutes
choses qu'il est difficile de préciser et de calculer sans paraître
tomber dans t'exagération. (L., 341).

PLAC). DE L.A FEMME DANS LE OAKAMtSME

Les travaux domestiques, qui absorbent dans Ics ménages


morcelés tout le temps et tous les soins de la femme, n'exigeant
être exécutés en grand dans les fermes, qu'un nombre
plus, pour
les femmes peuvent s y
beaucoup moins considérable d'agents,
leur
livrer à des occupations de toute industrie compatible avec
nature et comme d'ailleurs les occupations de ménage sont.
dans la ferme, des /onc~ons rétribuées, il résulte de ces nou-
;)
velles dispositions que déjà le travail de la femme commence
devenir directement lucratif pour elle. C'est ainsi que la femme
marche dés lors à la conquête de son <n~t~, de son /n~-
sociale c'est ainsi qu'eile cesse d'être inféodée à
pendance
t'hommc et contrainte par position d'échanger orcc lui obéis-
sance contre protection. Désormais elle ~agnc sa r«?. elle a ra
.s
social clle engage dans la société pour son propre compte,
son Travai) et son Talcnt elle a place par ette-mêmc et
Capital,
ette-même, et n'est plus seulement comme aujourd'hui dans
pour
le monde une annexe de son mari. Puis, comme elle s'appartient
dès lors par le fait, ce fait se traduit dans la législation et le
152 TEXTES FOUR'ÉRtSTES

la femme à
mariage, au lieu d'être un contrat d'inféodation de
l'homme, devient un contrat d'union volontaire, qui n'implique
une communauté de biens et n'investit plus le mari de la
plus
libre avec
régence des biens communs c'est un contrat d'union
convenir à
garantie réciproque de dissolution quand il cesse de
l'un des contractants. La femme est hors de tutelle. Ceci prouve
clairement que le divorce n'est point un caractère appartenant
réellement à la Civilisation, mais bien au Goran~sme. (C., 214).

f) L'Education

CRITIQUE DE L'ÉDUCATtON MORCELÉE

Quels sont les traits principaux du caractère de t'enfance,


tel qu'il se développe sous nos yeux ? D'abord la passion des
utile. Ce qui tombe sous
jeux et l'aversion pour toute industrie
sa main, l'enfant se fait un cruel plaisir de le briser, de le lacé-
rer, de le dénaturer, comme pour se venger d'être lui-même
dénaturé. A son activité sans frein, à la sève de vie qui bouittonne
dans son jeune corps, il faut un aliment toujours renouvelé
à cette nature vierge de sophismes et ignorant la contrainte, il
faut son entière et pleine satisfaction. Eh bien là où il sent que
la nature lui offre avec abondance sa végétation, son air libre
et vivifiant, ses animaux que la force humaine doit gouverner
ou détruire, il trouve un mur élevé qui le sépare de toute la
création, un domicile bourgeois où il doit vivre emprisonné, un
livre devant lequel il doit demeurer passif et duquel il va recevoir,
à large dose d'abstractions, une science qa'il ne désire pas
encore et qu'il n'accepte que comme inutile dépôt. Nature contra-
riée, nature viciée ne pouvant user de sa force, il en abuse.
Obtient-il un instrument d'industrie il ne s'en sert que pour
détruire ce qui l'entoure, et souvent il l'emploie contre lui-même.
de
Que, par hasard ou par malice, il trouve ou dérobe la clé
l'office que l'industrieuse économie de la ménagète aura garnie
d'abondantes provisions, il ne se contentera pas de donner satis-
faction à sa gloutonnerie s'il est sûr de n'être pas découvert,
il cherchera à mettre partout le désordre. Laissez-le courir libre
dans un jardin feuilles ou fleurs, fruits verts ou fruits mûrs, il
cueillera et ravagera d'estoc et de taille.
L'FDUCAHON. CR'TtQUE DE L'EDUCATtON MORCELÉE 153

Ainsi le petit destructeur est en guerre ouverte avec l'écono-


mie et l'industrie qui veulent le traiter en ennemi il les paie
d'un juste retour.
Tout esclave hait son maître et fait expier par le ridicule
et par la malice, qui est l'arme du faible, l'empire qu'on s'arroge
sur sa destinée. Haine et raillerie envers les supérieurs, voilà
encore les sentiments que nous retrouvons dans le cœur de tous
les enfants c'est le droit naturel de l'éducation. Sous ce rap-
port, les maîtres eux-mêmes ne peuvent suivre les conséquences
de leurs propres principes leurs sentiments et leurs actes se
ressentent de leur contradiction avec ce qui est involontairement
ils préfèrent l'enfant espiègle ou personnel à celui qui se laisse
mouvoir sans volonté, ou prend des habitudes opposées à son
âge.
Qui se ressemblent s'assemblent, qui souffrent ensemble se
liguent ensemble contre les auteurs de leurs maux communs. !t
y a entre les enfants une ligue, une fronde perpétuelle, une sainte
alliance contre les docteurs et les moralistes, une conspiration
spontanée pour faire le mal toute leur puissance d'association
se concentre pour la malfaisance leur énergie anémique prend
un essor subversif. Et d'autre part pourtant, avec quelle solennité
ils se concertent entre eux combien leur point d'honneur est
susceptible et délicat comme ils savent maintenir l'unité de
leur petite corporation ils n'ont besoin pour cela ni de codes
ni de législateurs ils ont la religion naturelle de la camaraderie.
C'est là leur véritable moteur c'est précisément celui qui a été
négligé, méconnu, et, qui pis est, comprimé dans presque tous
les systèmes d'éducation. (L., 345-347).

Cinq forces opposées et antagonistes viennent briser l'unité


de la vie, changer l'essor naturel de la volonté elles se dis-
putent l'enfant comme une proie. Les professeurs, les parents,
les camarades, les valets, le monde. L'enfant, encore tout neuf
à la vie, est remis aux mains des éducateurs ceux-ci, sans trop
s'inqu'éter de pratiquer ce qu'ils enseignent, ayant soin le plus
souvent d'isoler leur vie de celle des étéves, parce que les faits
et les actes viendraient sans cesse donner un démenti à leurs
paroles, affublés de tout l'appareil des vertus antiques et moder-
nes, prêchent la frugalité, la continence, le mépris du luxe et
TEXTES FOURIÉRISTES
154

de saines
des richesses, t-obéissance, la concorde. La tête remplie
cœur de toute l'émotion qu'on s'est évertue
doctrines, et le gros
en lui, ie catéchumène arrive au milieu de ses cama-
de produire
Là et le précepte marchent ensemble on lui
rades. l'exemple
la malice, le mépris des professeurs on lui
prêche la ruse et
décernée aux plus
vante tes jeux et les plaisirs il voit la gloire
aux adroits la palme du mérite donnée à la force
rebelles, plus
à la souplesse et à la vigueur dans les exercices
physique, de
de lui on ne s'entretient que de friandises,
partout autour
de récréations souvent même il entend à son
promenades, il a
oreille la corruption qui s'exhale en impudiques paroics
se tenir ferme dans son propos, il cède malgré lui à l'entrai-
beau
ou, s'il résiste, c'est l'injure qu'on lui
nement des camarades,
Au comme à la prison, les héros ne sont pas
réserve. collège
ceux qui obéissent à la r~, mais bien ceux qui l'enfreignent
avec audace ou avec adresse.
le collège
Aux jours de vacances et de repos, t'enfant quitte
la on iui a la tempérance, il voit le luxe ou
pour famille prêché
il n'entend
le désir du tuxe on ne veut pas qu'il songe à l'argent,
des rentes et des revenus de telle ou telle famille od
parler que
celui que
lui parle vérité, le mensonge est sur les lèvres de tous
on lui commandait de respecter ou de caresser, absent on
présent
on le déchire on exige de lui travail, et au moment où
le btâmc,
à et mère sont déjà prêts pour le bal ou
il retourne l'étude, père
le
le spectacle le père, après avoir tout le repas critiqué gouver-
et fait de la révolutionnaire entre la poire et le
nement politique
ses fils à l'obéissance envers ses supérieurs la
fromage, exhorte
se au miroir recommande à sa fille la modes-
mère en regardant
déclame contre l'amour de la toilette et des colifichets.
tie,
fuit d'insipides
Souvent, ennuyé de rester au salon, l'enfant
des habitudes guindées, un langage au-dessus de sa
régents,
une conversation sans intérêt pour lui il se réfugie à
portée,
Là il devient maître, ou du moins plus libre là
l'antichambre.
s'efforce de l'im-
il trouve des mœurs opposées à celles dont on
il les qu'elles sont plus voi-
prégner, et ces mœurs préfère, parce
ruse et malice.
sines des siennes ce sont des mœurs d'esclaves,
de t'inférieur et du supérieur. Tous ceux qui se sont
antagonisme
de l'éducation des enfants doivent avoir remarqué leur
occupés
la cuisine et les domestiques, l'enfant
attrait tout par~.cutier pour
Df: ).'F.DLCATiO\ i'LRDQtH t55
\ECESS)TP.

est attiré par la passion dominante du jeune âge, la gourman-


ser-
dise et dans les domestiques, il aime des compagnons de
et des de misère, des gens livrés comme lui
vage compagnons
à des travaux qui leur répugnent, et comme lui privés de toutes
jouissances.
Touchons à la plus flagrante de toutes tes contradictions, au
dénouement de la comédie pédagogique. En sortant du cottègc
on fait son entrée dans le monde. Dans le monde ? L'enfant n'y
était donc pas encore venu ? Depuis seize ou vingt ans qu'il est
la réalité par
né, il n'a compté pour rien. !t fallait le préparer à
une vie factice pour arriver au monde, il lui fallait passer par
te cloître, qui est la constante négation de la vie mondaine.
l'éducation
Qu'arrive-t-il ? C'est qu'au moment où l'on croirait
finie, elle recommence elle recommence avec toutes les er-
du
reurs, toutes les douleurs de l'imprévoyance, tous les désordres
et de la lutte. Au bout de quelques années, heurté,
mensonge
illusions
froissé, htasé, on parvient à détruire ce qu'on appelle tes
de la jeunesse, et à les échanger contre l'expérience précoce.
c'est-à-dire qu'on remplace les sophismes de la morale de dé-
vouement par les sophismes de la morale d'égoïsme. Si l'homme
succombe, se déprave, il réussit si, tant bien que mal, il demeure
fidèle aux principes dont les livres lui ont donné l'enseignement,
il s'isole, le succès lui échappe, il arrive à la misanthropie, au
dédain dans les deux cas, lutte et douleur, malheur et misère.
Et voilà pourtant, dans notre état sooat, l'éducation ues
bien étcvés, le privilège d'une petite minorité Pour tous
gens
les autres, pour l'immense majorité, pour le peuple, l'abandon,
l'abrutissement, tous les fléaux de la nature déviée et inculte. Au
milieu de tant de vi:es et de douleurs on ne sait lequel préférer,
ou de t'extrcme nommé la /!uufc classe, ou l'extrême nommé
basse classe. Ce sont deux rouages également nécessaires dc
heures d'épreuve sur terre.
l'horloge qui mesure à t'hommc ses
(L., 355-357).

NÉCESSITÉ DE L'EDUCATION PUBUQLE

Y a-t-il état social sans idées communes et générâtes ? y


a-t-il des idées communes sans éducation publique ? L'édu-
cation de famille, c'est l'éducation dans la sphère la plus étroite
156 TEXTES FOURIÉRISTES

où l'homme puisse se trouver resserré c'est l'éducation de l'igno-


rance et de l'égoïsme.

L'éducation publique a toujours été et sera toujours, partout


où il y aura société, la dernière puissance que le gouvernement
s'efforcera de maintenir, et en même temps l'unique ressource de
la majorité des citoyens c'est l'éducation du peuple, c'est l'édu-
cation de la classe nombreuse et pauvre et, par le bienfait d'une
association grossière, elle procure mcme, aux privilégiés et aux
riches, des avantages qu'à nul prix ils ne pourraient avoir chez
eux. (L., 351, 352).

L'EDUCATION HARMONIENNE OU SOCtÉTA'RE

En toute opération d'Harmonie, le but n'est autre que l'unité.


Pour s'y élever, l'éducation doit être intégrale composée.
Composée, formant à la fois le corps et t'âme elle ne remplit
aujourd'hui aucune de ces deux conditions.
Intégrale, c'est-à-dire embrassant tous les détails du corps
et de l'âme, introduisant la perfection sur tous les points.
La politesse générale et l'unité de langage et de manières ne
donne à
peuvent s'établir que par une éducation collective, qui
l'enfant pauvre le ton de l'enfant riche. Si l'Harmonie avait,
comme nous, des instituteurs de divers degrés, pour les trois
clauses, riche, moyenne et pauvre, d(s académiciens pour les
des magisters pour les
grands, des pédagogues pour les moyens,
à
pauvres, elle arriverait au mcme but que nous, !'incompatibitité
des classes et à la duplicité de ton, qui serait grossier chez les
les riches.
pauvres, mesquin chez les bourgeois, et raffiné chez
Un te! effet serait gage de discorde générale c'est donc le pre-
mier vice que doit éviter la politique harmonienne elle s'en
toute pha-
garantit par un système d'éducation qui est un pour
bon ton.
lange et pour tout le globe et qui établit partout l'unité de
Les Harmoniens s'aiment entre eux autant que les Civilisés
se détestent la Phalange se considère comme une seule famille
bien unie or il ne peut convenir à une famille opulente qu'un de
ses membres soit dépourvu de l'éducation qu'ont reçue les autres.
(F. B., 139).
Le système s'éloigne en tout sens du régime civilisé
L'ÉDUCATION UNITAIRE ET tNTÉGRALE 157

1" La Phalange établit deux divisions principales dans les


fonctions, afin de laisser un libre essor aux divers caractères.
C'est l'opposé du régime civilisé, où chaque instituteur, chaque
législateur veut assujettir tous les caractères à un même régime,
qui pourtant varie d'une école à l'autre.
2° Ici les enfants ne seront élevés ni par les pères ni par les
précepteurs, mais par eux-mêmes, par la seule rivalité des divers
partis.
3" Concurrence émulative entre les sexes, même dans les
âges au-dessous de la puberté.
4" L'esprit de corps dirigé au bien.
5° Perfection intégrale du corps qui est méthodiquement
estropié dans le système civilisé. La coutume d'exercer un seul
travail ne donne de force qu à une partie du corps aux dépens de
toutes les autres qui restent débiles et imparfaites, vice qu'on
évite par le fréquent alternat des fonctions, même chez les en-
fants, qui varient leur travail de 2 en 2 heures, et plus souvent
encore.
6" Perfection intégrale de l'esprit, par l'union de la pratique
à la théorie et l'enchaînement de toutes les connaissances. L'en-
fant civilisé ne trouve dans l'éducation qu'il reçoit aucun de ces
avantages. On fait de lui un théoricien sans pratique on se borne
à un genre d'études et souvent celui pour lequel il a le moins de
perchant, d'aptitude. Sa jeunesse est un long tourment. Celle de
l'entant sociétaire est une chaîne de fleurs.
7° Facilité et succès de la vertu. L'ordre sociétaire n'enseigne
point aux enfants à aimer la vertu il la leur rend aimable par
le charme attaché aux fonctions diverses. (/ t4!-t43).
L'EDUCATION UNITAIRE. L'éducation sociétaire sera avant
tout unitaire. Fourier fait mieux que de demander le développe-
ment moral, intellectuel et p/!)'s/<yucde chacun il veut que l'édu-
cation soit COMPOSÉE, c'est-à-dire formant à la fois le corps
bt t'âme !NTÉGRALE, c'est-à-dire embrassant tous les détails
du corps et de l'âme. (L., 264).

L'éducation unitaire, égale pour tous et n'ayant de direction


spéciale que par le choix, l'option, la vocation de chaque individu,
est en résumé le seul moyen d'abolir tes privi!èges de la nais-
TEXTES FOURIÉRISTES
~g

chacun au véritable pnvttège de sa


sance, ou plutôt de ramener
au de son caractère. A cela toutes les
naissance, développement
à leur temps, disposées elles sont
classes de la société sont,
sous de l'attraction. Dans
toutes malléables et faciles, l'impulsion
au de dire de l'homme Cereus
l'ordre subversif, permis poète
nous disons Cereus
in vitium flecti dans l'ordre harmonique,
ne doit violenter
in attractionem /~c~. Celui qui prétend associer
les riches les pauvres. Trouvez un pro-
personne, pas plus que
sociétaire les hommes et les et. sses diverses
cédé qui, prenant
société actuelle, ouvre à tous, suivant leur volonté, toutes
de la
en science, industrie et beaux-arts. Chacun se clas-
les carrières
chacun
sera lui-même par l'essor spontané de ses vocations
l'attraction
s'élèvera par ses propres efforts, enlevé, entraîné par
sociale. (L., 241) (t).

~) Les Philosophes

nom de je ne comprends que les auteurs


Sous le philosophes,
économistes
des sciences incertaines, ks politiques, moralistes,
avec l'expé-
et autres dont les théories ne sont pas compatibles
la fantaisie des auteurs. On se
rience et n'ont pour règle que
donc, lorsque je nommerai les philosophes, que je
rappellera
de ceux de la classe incertaine et non pas
n'entends parler que
des auteurs des sciences fixes. (F. P., 29).

/t) L'Exempte des Etats-Unis

est à l'état le plus avancé, c'est-à-


Les où la Civilisation
pays
et le système commercial ont reçu
où l'industrie, les sciences
dire
ces pays, comme
simultanément les plus grands développements,
sont aussi les plus encom-
et la France, par exemple,
l'Angleterre
meurt-de-faim de toute espèce.
brés de pauvres, de
de prolétaires,

trouvera une analyse critique très exacte et très complète de la


(,) On
harmonienne dans le mémoire pour le diplôme d'études
thconc t-Fducation
Un aspect d<- la '<- de
supérieures de philosophie intitulé
Paris .~). de M. Ed~nd Dolique, dont la conclu-
"nuscrit. « H représentait
ion formulée c.nunc suit nous apparaît de toute justesse
la
n.oins ..uc nous, sur ces points et sur bien d'autre
et opt.nus intrépide,
Contemplateur ravi de sa propre .nvcntion
empiriques. et génératrice
suciate lui paraissait trop merveilleusement .r.~n.cuse
~~hinc
divine et que rHan.on.cn qu'il
d~r~ de h.nhcur pour douter qu'cHe.fùt
donne, t
t.t!):.it tut d.tns tous ses traits l'hommc réellement
L'EXEMPLE DES ETATS-UN~. LES RÉVOLUTIONS DE L'AVER 159

Il serait absurde de contredire ce fait en citant les Etats-Unis,


car ils ont de la place et sont maintenant en train de s'étendre
mais patience ils recèlent tous les germes des progrès à faire
pour nous rattraper (1). (C., 249).

<) Les Révotutions de l'avenir

La révolution du siècle dernier a été faite pour des droits


des
politiques et des principes plus ou moins abstraits, par
Avocats, des Marchands, des Idéologues, gens dont les habitudes
et les mœurs premières étaient douces et polies, contre des Sei-
C'était une querelle
gneurs, des Princes, un Clergé, une Cour.
entre des classes élevées, policées, instruites. Cette révolution a
produit 93.
Les révolutions de l'avenir seraient faites pour des droits
la Civili-
positifs, des intérêts vivants, par des populations que
sation a laissées dans un état inculte, grossier et demi-sauvage.
Ce serait dans toute sa nudité, la guerre de celui qui ne possède
résumerait toutes
pas contre celui qui possède. Cette guerre-tà
les autres. En présence d'un pareil avenir il n'y a pas eu
d'or des Révolutions
paradoxe à dire que 93 serait l'âge
modernes. (C., 256).

~\rn\.u~ ''t'i ti n\t.titt)~~r~t)un~n')n~"<t~d' ):[(t<)c


<)uand
i~u<'rci.)K' ()r<t.t'us (C.
t6û TEXTES MARXISTES

II. TEXTES MARXISTES

a) Le Manifeste Communiste (Extrait) (1)

PRÉFACEDESAUTEURS

L'idée fondamentale qui traverse le Atonie, c'est que la


économique et la différenciation sociale des hommes
production
résulte d'elle avec nécessité,
qui, à chaque époque de l'histoire,
forment la base de l'histoire politique et intellectuelle de cette
C'est aussi que, depuis la dissolution de l'ancienne pro-
époque.
commune du sol, l'histoire entière a été une histoire de
priété
luttes de classes, de luttes entre classes exploitées et exploiteuses.
et dirigeantes, à quelque degré de développement social
dirigées
les autres parvenues. Cette
qu'elles fussent d'ailleurs les unes et
lutte est parvenue maintenant à une phase où la classe expioitée
et opprimée (le prolétariat) ne peut plus s'affranchir de la classe
sans affranchir à tout
exploiteuse et oppressive (la bourgeoisie),
la société entière de toute exploitation, de toute oppres~
jamais
la
sion et de toute lutte de classes. Cette idée fondamentale est
propriété unique et exclusive de Marx. (p. 8).

LES LUTTES DE CLASSES

Toute l'histoire de la société humaine jusqu'à ce jour est


l'histoire de luttes de classes.
Homme libre et esclave, patricien et plébéien, baron et serf,
maître artisan et compagnon, en un mot oppresseurs et oppri-
conflit incessant,
més, dressés les uns contre les autres dans un
tantôt
ont mené une lutte sans répit, une lutte tantôt masquée,
une lutte qui chaque fois s'est achevée soit par un
ouverte
bouleversement révolutionnaire de la société tout entière, soit par
la destruction des deux classes en conflit.
Aux époques de l'histoire qui ont précédé la nôtre, nous
à près partout la société offrir toute une organisation
voyons peu
de classes distinctes, et nous trouvons une hiérarchie
complexe
de rangs sociaux multiples. C'est, dans l'ancienne Rome, les
1848,traduitpar Ch.Andler,
(i) Marxet Engeti,Le ManifestecoM~MMM~,
1901.
LE MANIFESTE COMMUNISTE 161

patriciens, les chevaliers, la plèbe, les esclaves au moyen âge


les seigneurs, les vassaux, les maîtres artisans, les compagnons,
les serfs, et presque chacune de ces classes comporte à son tour
une hiérarchie particulière. (p. 20).

La Société moderne, la société bourgeoise née de l'écroule-


ment de la société féodale, n'a pas aboli les antagonismes de
classes. Elle n'a fait que substituer des cesses nouvelles, de
nouvelles possibilités d'oppression, de nouvelles formes de la
lutte à celles d'autrefois.
Notre âge, l'âge de la bourgeoisie, a néanmoins un caractère
particulier il a simplifié les antagonismes de classes. De plus
en plus, la société tout entière se partage en deux grands camps
ennemis, en deux grandes classes directement opposées la
bourgeoisie et le prolétariat. (p. 2!, § 3).
La tâche du Manifeste communiste était d'annoncer la dé-
chéance inévitable et imminente de la vropriété bourgeoise. Mais
en Russie, à côté d'un capitalisme Qji se développe avec une
hâte fébrile, à côté de la propriété toncière bourgeoise à peine
constituée, nous trouvons un communisme rural de la terre qui
occupe plus de la moitié du territoire.
Maintenant, la communauté paysanne russe, le mir, où se
retrouve, dans une forme à vrai dire très décomposée, la primi-
tive communauté rurale du sol, permet-elle de passer directe-
ment à une forme communiste supérieure de la propriété fon-
cière ? Ou bien lui faudrait-il subir d'abord la dissolution qui
apparaît dans le développement historique de l'Occident ? Voilà
question.
La seule réponse qu'on y puisse faire aujourd'hui est celle-ci
c S'il arrive que la révo)ution russe donne )e signal d'une révo-
lution ouvrière en Occident, de façon que les deux révotutions se
complètent, le communisme foncier de la Russie actuelle, le mir
russe actuel pourra être le point de départ d'une évolution com-
muniste ï'. Londres, le 21 Janvier 1882. (p. 11).
La puissance gouvernementale moderne n'est autre chose
qu'une délégation qui gère les intérêts communs de la classe
bourgeoisie tout entière. (p. 23).
Les prolétaires ne pourront conquérir les forces productives
sociales qu'en abolissant les méthodes par lesquelles jusqu'ici il
tt
162 MARX'STES
TEXTES

était fait une de revenu, et par conséquent il leur faudra


leur part
Les pro-
abolir tout le régime existant de répartition des revenus.
n'ont rien à qui leur appartienne. Ils ont à
létaires sauvegarder
toutes les privées et toutes les
détruire, au contraire, garanties
sauvegardes privées qui existent. (p. 38, § 28).
n'est pas dans
La lutte du prolétariat contre la bourgeoisie
mais elle sera dans sa forme, une lutte nationale. !t
son fond,
vienne à bout
faut évidemment que le prolétariat de chaque pays
d'abord de sa propre bourgeoisie.
du dévelop-
En décrivait ainsi les phases les plus générales
nous avons suivi la guerre civile plus ou
pement prolétarien,
dans la société actuelle jusqu'au point où il éclate
moins latente
ouverte, et où, par l'effondrement violent de
en une révolution
la bourgeoisie, le prolétariat fondera sa domination. (p. 39, § 30);
de
11 devient manifeste que la bourgeoisie est incapable
désormais la classe dirigeante de la société et d'im-
demeurer
comme une loi impérative, les conditions de
poser à la société,
de régner,
son existence de classe. Elle est devenue incapable
la subsistance qui
car elle ne sait plus assurer à ses esclaves
réduite à les
leur permette de supporter l'esclavage. Elle en est
nourrir au lieu
laisser tomber à une condition où il lui faut les
le
d'être nourrie par eux. La société ne peut plus vivre sous règne
c'est-à-dire que l'existence de la bour-
de cette bourgeoisie
n'est plus compatible avec la vie sociale. (p. 40).
geoisie
de la
Nous avons vu plus haut que la première démarche
ouvrière serait de constituer le prolétariat en classe
révolution
régnante, de conquérir le régime démocratique.
arracher
Le prolétariat usera de sa suprématie politique pour
à à la bourgeoisie tous les capitaux, pour centraliser
peu peu
constitué en
entre les mains de l'Etat, c'est-à-dire du prolétariat
les instruments de production, et pour accroître
classe dirigeante,
au plus vite la masse disponible de forces productives.
de début,
Il va de soi que cela impliquera, dans la période
et aux condi-
des infractions despotiques au droit de propriété
mesures devront être
tions bourgeoises de la production. Des
sans doute paraîtront insuffisantes et auxquelles on
prises qui
s'en tenir, mais qui, une fois le mouvement com-
ne pourra pas
nouvelles et seront indispen-
mencé, mèneront à des mesures
LE MANIFESTE COMMUNISTE t63

xabtes à titre de moyens pour révolutionner tout le régime de


production. Ces mesures, évidemment, seront différentes en des
pays différents. Cependant les mesures suivantes seront assez
généralement applicables, du moins dans les pays les plus
avancés
t° Expropriation de la propriété foncière; affectation de la
rente foncière aux dépenses de l'Etat.
2° Impôt fortement progressif.
3° Abolition de l'héritage.
4° Confiscation des biens de tous les émigrés et rebelles.
5° Centralisation du crédit aux mains de l'Etat par le moyen
d'une banque nationale constituée avec les capitaux de l'Etat et
avec un monopole exclusif.
6° Centralisation des industries de transport aux mains de
!'Etat.
7" Multiplication des manufactures nationales, des instru-
ments nationaux de production défrichement et amélioration
des terres cultivables d'après un plan d'ensemble.
8" Travail obligatoire pour tous organisation d'armées in-
dustrielles, notamment en vue de l'agriculture.
9° Réunion de l'agriculture et du travail industriel prépa-
ration de toutes les mesures capables de faire disparaître pro-
gressivement la différence entre la ville et la campagne.
t0° Education publique et gratuite de tous les enfants. Abo-
lition des formes actuellement en usage du travail des enfants
dans les fabriques. Réunion de l'éducation et de la production
matérielle, etc.
Quand, par la marche des choses, les différences de classes
auront disparu, quand la production entière sera concentrée entre
les mains des individus associés, les pouvoirs publics perdront
leur caractère politique. Le pouvoir politique, à vrai dire, est le
pouvoir organisé d'une classe en vue de l'oppression d'une autre
classe. Le prolétariat qui, dans sa lutte contre la bourgeoisie,
opérera nécessairement son unification de classe, qui, par une
révolution, s'érigera en classe dirigeante, et, en sa qualité de
classe dirigeante, supprimera violemment les conditions anciennes
de la production, aura du même coup, et avec ces conditions de
!a production, supprimé les conditions mêmes qui amènent l'an-
TEXTES MARXISTES

l'existence des classes elles-mêmes, et il


tagonisme de classe,
ôtera ainsi à sa propre suprématie ~ractère d'une suprématie
de classe. (pp. 53-54, §§ 52-54).

LE SPECTRE DU COMMUNISME

est hantée par un spectre, le spectre du commu-


L'Europe
de la vieille Europe, le pape et le
nisme. Toutes les puissances
et Guizot, radicaux de France et policiers d At-
tsar, Metternich
se sont liguées dans une sainte croisade pour traquer
lemagne,
ce spectre. jj.
n'ait pas été décrié
Qu'on cite un parti d'opposition qui
communiste ses adversaires au pouvoir, qu'on
comme étant par
qui n'ait pas retourné l'accusation de
cite un parti d'opposition
comme une marque infamante, et contre les hommes
communisme
avancée, et contre ses adversaires des partis
d'opposition plus
de réaction.
D'où il faut tirer une double teçon.
est recon-
C'est d'abord que, dès aujourd'hui, le communisme
nu pour une puissance par toutes les puissances européennes
est temps pour les communistes
C'est ensuite qu'il grand
aux du monde leurs vues, leurs buts,
d'exposer ouvertement yeux
du spectre
leurs tendances, et d'opposer à la légende puérile
un manifeste authentique du parti lui-même. (p. 19).
communiste
DES COMMUNISTES. Dans la pratique les com-
DbFtNmoN
fraction la résolue des partis ouvriers
munistes sont donc la plus
donne une impulsion
de tous les pays, celle qui sans trêve leur
la masse prolétarienne
nouvelle Dans la théorie, ils ont sur
donne l'intelligence des conditions, de la marche
t'avantage que
et des résultats généraux du mouvement prolétarien.
est le même que pour
Le but immédiat pour les communistes
les autres prolétariens la constitution du prolétariat
tous partis
de la domination bourgeoise, la con-
en classe, le renversement
par le prolétariat. (p. 42, §§ 34-35).
quête du pouvoir politique

LES CRISESCOMMERCIALES

commerciale entraîne chaque fois non seulement


Toute crise
d'une bonne part des produits qui viennent
l'anéantissement
de forces productives
d'être créés, mais encore la destruction
LE MANIFESTECOMMUNISTE !M

antérieurement acquises. Une crise c'est le déchaînement d'une


in-
épidémie sociale que tous les âges antérieurs eussent jugée
sensée, d'une épidémie de surproduction. Brusquement, la société
se trouve ramenée à un état momentané de barbarie. C'est comme
si une famine, une guerre générale de destruction venaient lui
couper brusquement les moyens d'existence. L'industrie, le com-
merce paraissent anéantis, et pourquoi ? Parce que cette société
a trop de civilisation, trop de moyens d'existence, trop d'indus-
trie, et trop de commerce.
Quels sont les procédés dont use la bourgeoisie pour sortir
de ces crises ? Le premier, c'est d'anéantir par la force une
multitude de forces productives. Le second, c'est de conquérir
des marchés nouveaux et d'exploiter plus à fond les marchés an-
ciens. A quoi donc se réduisent ces procédés ? On le voit c'est
à préparer des crises encore plus formidables et qui touchent
à plus d'industries à diminuer encore les moyens qu'on a de
prévenir ces crises.
Ainsi les armes dont la bourgeoisie s'est servie pour abattre
la féodalité se retournent à présent contre ette-mcme. (pp. 29-30).

LE MACHINISME

Le développement du machinisme et la division du travail


ont enlevé toute indépendance au travail des prolétaires et du
même coup le travailleur ne peut plus prendre goût à son travail.
H est devenu un simple appendice de la machine, et on ne lui
demande que la manœuvre la plus simple, la plus monotone, la
coûte
plus facile à apprendre. Pour avoir des ouvriers, il n'en
guère plus aujourd'hui que la dépense de ce qu'il leur faut pour
vivre et pour se perpétuer. Or, le prix d'une marchandise (et le
travail est une marchandise) équivaut aux frais qu'il en coûte
de la produire. C'est pourquoi, à mesure que le travail devient
plus rébarbatif, le salaire diminue. (p. 31).

LE SALARIAT

La condition sans laquelle il n'y a pas de capital, c'est le


salariat. Le salariat tient uniquement à la concurrence des
ouvriers entre eux. Mais le progrès de l'industrie, dont la bour-
geoisie, sans préméditation et sans résistance, est devenue l'agent,
au lieu de maintenir l'isolement des ouvriers par la concurrence,
166 MARXtSTES
TEXTES
Ainsi le
amené leur union révolutionnaire par l'association.
même de la grande industrie détruit dans ses
léveloppement
des pro-
ondements le régime de production et d'appropriation
luits où s'appuyait la bourgeoisie. Avant tout la bourgeoisie
et la
produit ses propres fossoyeurs. La ruine de la bourgeoisie
rictoire du prolétariat sont également inévitables. (p. 40, § 32).

CRtTtCO-UTOPtQUE
ET LE COMMUNISME
LE SOCIALISME
FOURIER,OWEN
SAINT-SIMON,

Les systèmes à proprement parler socialistes et communistes,


dans
ceux de Saint-Simon, de Fourier, d'Owen, etc., surgissent
la première période de la lutte encore incomplètement engagée
le et la bourgeoisie. On l'a ci-dessus décrite.
entre prolétariat
(Voy. Bourgeois et prolétaires, §§ 19-21).
l'anta-
Les inventeurs de ces systèmes discernent nettement
l'action des éléments dissolvants qui tra-
gonisme des classes,
dans la classe
vaillent la classe dominante. Ils ne discernent pas,
le mouvement politique qui
prolétarienne, l'énergie autonome,
lui sont propres.
va de
Comme le développement de l'antagonisme de classe
avec le de l'industrie, ces hommes ne trou-
pair développement
vent pas réalisées non plus les conditions de l'émancipation pro-
donc en d'une science sociale, de
létarienne. Ils se mettent quête
lois sociales, capables de créer ces conditions.
leur inventi-
A l'activité sociale absente, ils suppléèrent par
ils
vité personnelle aux conditions historiques de l'émancipation,
des conditions imaginaires à l'organisation
suppléèrent par
lentement et spontanément mûri à la vie de
d'un prolétariat
ils une organisation de la société labo-
classe, suppléèrent par
future
rieusement enfantée par eux. Toute l'histoire universelle
en pratique de
se réduit par eux à la propagande et à !a mise
leurs plans de société.
tl est logique ercore qu'ils repoussent toute action politique,
arriver
et toute action révolutionnaire notamment. Ils prétendent
des voies Des expériences faites en
à leur but par pacifiques.
et dès lors nécessairement manquées, doivent fournir
petit,
dont la force persuasive frayera le chemin au nouvel.
l'exemple
évangile social.
LECAPITAL '6T

Ces descriptions imaginaires de la Société future surgissent


en un temps où le prolétariat, n'ayant atteint qu'à un développe-
ment fort imparfait, n'a lui-même de sa position qu'une notion
imaginaire. Eites disent son premier et instinctif effort vers une
transformation universelle de la société.
Mais il y a, dans ces écrits socialistes et communistes, des
la
parties critiques. Ils s'en prennent aux fondements mêmes de
société existante. !!s ont amoncelé des matériaux merveilleuse-
ment propres à éclairer les ouvriers. Quant à leurs propositions
ten-
positives touchant la société future, par exemple celles qui
dent à abolir l'antagonisme entre les villes et les campagnes, à
abolir la famille, l'entreprise privée, le salariat, à proclamer l'har-
monie sociale, à transformer l'Etat en une simple administration
de la production, elles signifient simplement qu'il faudrait faire
à
disparaître l'antagonisme des classes. Or, cet antagonisme,
peine commençant, ces systèmes n'en peuvent connaitre encore
Les proposi-
que les débuts où il n'a pas encore de forme précise.
tions qu'ils formulent n'ont donc qu'un sens purement utopique.
Le socialisme et le communisme critico-utopique ont une im-
portance décroissante à mesure que l'importance du mouvement
historique va s'agrandissant. A mesure que la lutte de classes
s'engage et dessine ses lignes de bataille, cet effort de l'imagi-
nation pour s'élever au-dessus de cette lutte, et pour l'enrayer,
est pratiquement plus stérile et théoriquement moins justifiée.
A beaucoup d'égards les fondateurs de ces systèmes sont des
révolutionnaires authentiques. Mais, pour la raison qu'on vient
de dire, leurs disciples ne manquent jamais de former des
sectes réactionnaires. (pp. 67-69, §§ 7t-74).

b) Le Capital (Extrait) (1)


LA COOPÉRATION

Quand p!usieurs travailleurs fonctionnent ensemble en vue


d'un but commun dans le même procès de production ou dans
des procès différents mais connexes, leur travail prend la forme
coopérative. (Concours de forces), (Destutt de Tracy, t. c., p. 78).
De même que la force d'attaque d'un escadron de cavalerie
ou la force de résistance d'un régiment d'infanterie diffère essen-

tr*d.Roy.
(t Karl Marx.Z.<C<t~<U,
TEXTES MARXISTES
~Qg
tOO

déployées iso-
tiellement de la somme des forces individuelles,
des cavaliers ou fantassins, de même la somme
lément par chacun
d'ouvriers isolés diffère de la force méca-
des forces mécaniques et
dès qu'ils fonctionnent conjointement
nique qui se développe indivise, qu'il s'agisse
simultanément dans une même opération
un fardeau, de tourner une manivelle
soulever
par exemple de A View of the Art
ou d'écarter un obstacle. (E.-G. Wakefield
of Colonization. London, 1849. p. 168). ~n
résultat du travail commun
Dans de telles circonstances le
le travail individuel, ou ne le serait
ne pourrait être obtenu par
de temps ou sur une échelle tout à~t
qu'après un long laps les forces produc-
réduite. H s'agit non seulement d'augmenter
mais de créer par le moyen de la coopération
tives individuelles,
nouvelle ne fonctionnant que comme force
une force
for raising a co:.ege of collée
industry.
(John Bellers Proposais
London, 1696, p. 21), (p. 141).
TROISIÈME PARTIE

L'AVENIR
DES DOCTRINES FOURIÉRISTES
TROtStÈMEPARTIE

L'AVENIR DES DOCTRINES FOURIÉRISTES

Maintenant que nous avons laissé Fourier et ses disciples


ils
exposer eux-mêmes l'essentiel des doctrines dans lesquelles
ont mis toute leur foi pour la réalisation d'une société meilleure,
et qui étaient restées trop longtemps couvertes du voile de l'oubli,
la partie la plus importante de notre tâche nous paraît terminée.
Des textes aussi pleins de vérités et aussi éloquents portent leur
conclusion en eux-mêmes, et il appartient à chacun d'en tirer
l'intéressent plus
l'enseignement qu'il désire sur les points qui
particutièrement.

TOUTES LES SOLUTIONS PROPOSÉES PAR FOURIER


RÉAUSABLES
SONT-ELLES ? POSTULATS
SES DEUXPRINCIPAUX
H reste cependant encore une question qu'il nous paraît
se la posera
impossible d'éluder, puisqu'aussi bien chacun
inévitablement. Cette question, la voici toutes les solutions
proposées par Fourier et ses disciples sont-elles également
réalisables, et le sont-elles dès maintenant ? Car il faut penser
à l'impatience légitime des millions d'êtres humains qui souffrent
de la mauvaise organisation actuelle de la société et voudraient,
comme tout malade, pouvoir espérer le soulagement immédiat
de leurs maux.
d'écarter délibé-
Ayant pris soin, dès le début de cette étude,
rément nous en avons averti le lecteur toute la partie
nettement utopique de t'œuvre de Fourier, nous sommes bien à
l'aise pour affirmer tout d'abord qu'aucun des postulats retenus
dans notre exposé ne peut rentrer dans cette catégorie la longue
liste des gains sociaux réalisés depuis un siècle sous l'influence
serait au surplus une
plus ou moins directe du fouriérisme en
preuve déjà suffisante.
H en est deux toutefois, et non des moins importants, dont
la réalisation pourrait paraître particutièrement problématique
dans l'état actuel des choses et des esprits, et semblent pour
L'AVENIR DU FOUR'ÉR'SME

Il
cette raison de nature à soulever de sérieuses objections. s'agit
comme
des deux conditions primordiales que Fourier considère
le succès de la réforme qu'il
particulièrement indispensables pour
on l'a vu
propose et qui sont, comme
avec le
t° L'identification complète de l'intérêt individuel
collectif
du
2° L'exclusion a~so~tc de la politique (au sens courant
dans la recherche et l'application des moyens propres d
mot)
nette
remédier au mal social, autrement dit la separar~n très
des questions politiques et des questions sociales.
On
Ces deux conditions sont-elles donc irréalisables a priori ?
se le demander, car jamais les conflits constants entre les
peut
intérêts particuliers aussi bien des individus que des groupe-
ments corporatifs (syndicats, etc.) et l'intérêt collectif n'ont
d'une part aussi peu en voie de s'apaiser, ni, d'autre
paru,
la aussi peu disposée à abandonner son rôle
part, politique
souvent néfaste, dans tf domaine des questions
tyrannique, trop
sociales.
même pas posé la question c'e~t
Cependant Fourier ne s'est
ne
donc qu'il ne la jugeait pas opportune, c'est-à-dire qu't!
à l'impossibilité de réaliser ces deux conditions
croyait pas
Car s'il l'avait admise un seul instant, c'eût été
prémisses.
et conséquent l'effondrement de tout son système.
négation par
surtout
Et cela, nous ne pouvons l'admettre plus que lui,
encore moins que de s~n temps, devant les résultats
aujourd'hui,
un siècle.
impressionnants déjà obtenus depuis

LA SOLUTION DU PROBLÈME EST DANS L'ASSOCIATION


UNIVERSELLE
DE L ASSOCtATtON
UNIVERSELLE DÉF!N!TtON
de com-
Suivons donc sa pensée jusqu'au bout pour tâcher
comment il a envisagé la solution de ces deux étém~b
prendre
indéniable
fondamentaux du problème social, dont la difficulté
à titre les les plus entreprenants et en
peut inquiéter juste esprits
lui.
eût arrêté certes de moins hardis et de moins convaincus que
tout simplement, croyons-
Or, son silence même à ce sujet prouve
n'a douté un seul instant que cette difficulté,
nous, qu'il pas
dans l'applica-
comme toutes les autres, dût trouver sa solution
la découverte
non de son universel principe de l'Association, dont
L'ASSOCtATtON UNtVERSEU.E 173

constitue la principale originalité de son système et son immortel


titre de gloire.
Mais c'est ici qu'il importe de bien comprendre ce qu'il entend
par ce mot magique d'Association, nouveau « Sésame, ouvre-
toi )t capable d'accomplir de telles merveilles.
n ne s'agit plus, en effet, de l'association au sens ordinaire
et restreint du mot, c'est-à-dire de la réunion momentanée ou
même permanente, comme les anciennes corporations, pour des
fins étroitement limitées et surtout pratiques, d'intérêts matériels
particuliers, commerciaux, financiers, professionnels ou autres,
mais de l'Association au sens le plus large et le plus élevé du
mot, qu'il a appelée pour cette raison l'Association t~rcrs~c
ou intégrale, fondée elle-même sur l'Attraction ~nhc'rs< et
que Victor Considérant a si bien définie comme but général de
l'école fouriériste quand il a dit « Notre but général est l'éta-
blissement de l'Association intégrale des individus, des classes et
des peuples ».
Sans doute l'Association ainsi entendue n'cxctut aucune des
sortes d'associations ordinairement comprises sous ce nom, et
l'on sait quel rote important Fourier, ne perdant jamais de vue
les réalisations pratiques et « commcn(-an/ t'enra~c/nc~ par ie
commencement comme l'en a justement loué Lechevalier,
d attribué aux associations de toutes sortes ayant pour objet,
par exemple, la production et la consommation sous toutes leurs
formes, donc agricoles, industrielles, coopératives, mutualistes,
bancaires, etc. On peut donc dire que, loin de les exclure, elle
les comprend toutes. Mais, au iieu de voir dans chacun de ces
groupements temporaires un seul objet particulier, indépendant.
parfois même exclusif de tous les autres et le plus souvent d'inté-
rét privé, il les rattache tous, et c'est là qu'est le trait de génie, à
un principe supérieur celui de l'intérêt ~~r~/ ou c~'c~ qui
3'élève alors au rang d'intérêt social, puisqu'il s'agit de la société.
ou, ce qui revient au même, de t'humanite.

DESDEUXPRINCIPAUX
EXAMEN DE FOURIER
POSTULATS

PREMIERPOSTULAT L'!DENT)F)CAT!ON DE L'!NTÉRËTINDIVI-


DUELAVECLE COLLECTIF. Fourier est ainsi amené tout natu-
fettement, avec sa logique habitucHe, à déclarer que « l'ordre
~o/~Mu ou comme il l'appelle aitteurs « l'ordre /!0/'n!on/cn
L'AVENIR DU FOUR'ÉR'SME

naitre que <f~


fondé sur le principe de l'Association « ne peut
état de choses qui aura pour résultat
de telle
< 1° D'identifier l'intérét individuel avec le collectif,
l'individu ne puisse trouver son bénéfice que dans
manière que
les opérations prof itables à la masse entière
~n~du~,
« 2° De classer l'intérêt collectif en boussole de
devenu
de manière que l'ambitieux ne tende qu'à l'intérét collectif,
~ot~ernû~ l'intérét individuel
sociale converge, on
Ce principe fondamental de la réforme
le voit, avec celui de la solidarité universelle, proclamé également
Pellarin dans cette belle paraphrase de la définition de Con-
par
« Solidarité entre tous les individus, entre toutes les
sidérant
entre tous les voilà ce que crie incessamment la
classes, peuples,
voix de l'histoire. Voilà l'enseignement que révèlent ces
grande
moissonnent /e'- populations et ces révolutions
grands fléaux qui
existences
qui bouleversent les jortunes et les

POSTULAT LA QUESTION S OCIALE SA RACINEDANS


SECOND
SOCIALEET NONDANS1,'ORGANISATION POLITIQUE,
L'ORGANISATION
NÉCESStTÉ DE SÉPARER LES QUESTIONS SOOALE3DES
D'OÙ LA
POLITIQUES. De là au second postulat de Foune~,
QUESTIONS
dans les questions socia-
celui qui vise l'exclusion de la politique
Car cette conviction profonde, chez lui, de
les, il n'y a qu'un pas.
de subordonner en tout Hn~ t-n~w~ à l'intérét
la nécessité
ne suffit-elle à expliquer le soin avec lequel il re-
collectif, pas
toute intervention de la politique dans
pousse systématiquement
d'ordre social, n'ayant que trop souvent constaté
les réformes
l'incurie et l'impuissance des gouvernements
l'incompétence,
soient. même les mieux intentionnés, chaque fois qu'ils
quels qu'ils
au fond, parce qutt
ont voulu s'en mêler ? N'est-ce pas aussi,
non la science très uti!e et
a reconnu que la politique, pas
de ce no~ (écrit par lui alors respec-
très n~bte qu'on appelle
illustrée les plus grands
tueusement avec un grand P), et qu'ont
mais qu'on appelle ainsi
nen~urs tous les temps, l'application
de certaines théories et méthodes variant avec les
couramment,
se d.srutent
tendances et les intérêts des différents partis qui
dans la majeure partie des
le pouvoir (1), était incapable,

au sens courant de ce mot dit très j~tement M.


< politique de l'écolesociétairesur ce
Lansacen conclusionde son des
analy~se théories
science socia1~, celle qui doit faire
branche de la
point c n'est donc qu'une
RÔLE ET DEVOIRS DU POUVOIR POLITIQUE 175

cas, de faire triompher précisément le principe de l'intérêt col-


lectif sur l'intérêt individuel, autrement dit de l'intérêt général
sur les mille ~nrerefs particuliers, dont la défense ne constitue que
trop souvent l'objet principal du mandat des corps é!us ?
Ecoutons encore ce que dit Considérant à ce sujet, après
avoir affirmé que < la question sociale a sa racine dans l'organi-
sation sociale et non dans l'organisation po~f<çuc < Ceux qui
poursuivent le bonheur social par la route de la politique et des
transformations constitutionnelles poursuivent une chimère et
/c~cn~ une utopie il n'y aura pour l'avenir, tant qu'on restera
dans cette voie, que des luttes, des révolutions et des convulsions
analogues à celles du passe (1).
La politique, au sens courant du mot, étant ainsi résolument
écartée par Fourier et son école comme inapte et même trop sou-
vent nuisible à la solution des problèmes sociaux, il n'est pas
étonnant qu'il concentre, ici comme ailleurs, toute sa foi et tout
son espoir dans les vertus de l'Association pour concilier ces
antinomies apparentes c'est ce qu'il n'a cessé de proclamer et
de démontrer, et ses disciples après lui, comme on l'a vu au
cours de cette étude. Et les progrès considérables réalisés depuis
un siècle par l'esprit d'association, sous toutes les formes pos-
sibles (coopération, mutualité, assurances, etc.) et surtout en
deno~s de la politique, progrès déjà constatés avec fierté par
Considérant en 1834 comme des < germes remarquables de
l'ordre social nouveau encore à l'état embryonnaire, semblent
bien prouver que le < maître du socialisme ne s'est pas trompé
et qu'il serait vain de chercher ailleurs une solution du problème
social, sous quelque face qu'il se présente.

RÔLE ET DEVOIRS DU POUVOIR POLITIQUE


ACCORD DE CONDORCET ET DE FOURIER SUR CE POINT

H reste pourtant aux gouvernements, c'est-à-dire au pouvoir


politique proprement dit, un champ d'action .issez vaste pour
contribuer efficacement a~ bien de la Société. Et il est curieux
de constater sur ce point, comme sur celui des rapports qui lient
!'individu à la société, le plein accord des idées de Fourier,

sonnaitreà la Sociétéles conditionsr6~u!ièresde son fonctionnement


dans
la formesocialeprésente (LesConceptions, etc. CharlesFourier,p. 67).
(t ) ~.tftttt~ Sociale,p. j4.
t76 L'AVENIR
DUFOURIÉRISME
coïncidence ou non, peu importe, avec celles de Condorcet,
qui expose ainsi le rôle réservé à la puissance publique
« Comment, dans cette effrayante complication d'intérêts qui
lient la subsistance, le bien-être d'un individu isolé au système
général des sociétés. comment, dans ce chaos apparent, voit-on
néanmoins, par une loi générale du monde moral, les efforts de
chacun pour lui-même servir au bien-être de tous, et malgré
le choc extérieur des intérêts opposés, l'intérêt commun exiger
que chacun sache entendre le sien propre et puisse y obéir sans
obstacle ?
« Ainsi l'homme doit pouvoir déployer ses facultés, disposer
de ses richesses, pourvoir à ses besoins avec une liberté encore.
L'intérêt général de chaque société, loin d'ordonner d'en restrein-
dre l'exercice, défend au contraire d'y porter atteinte, et, dans
cette partie de l'ordre public, le soin d'assurer à chacun les droits
qu'il tient de la nature est encore à la f ois la seule politique
utile, le ~eul devoir de ta puissance sociale et le seul droit que
la volonté générale puisse légitimement exercer sur les individus.
« Mais ce pr/nc/pe une f ois reconnu, il reste encore à la
puissance publique des devoirs à remp~r. Et Condorcet énu-
mère en détail les mesures qu'il appartient à la dite puissance
publique d'établir pour remplir ces devoirs, dans l'ordre com-
mercial, dans l'ordre financier, dans l'ordre économique, ainsi
que « les travaux, les établissements, les institutions utiles à la
société générale (1), qu'elle doit établir, diriger ou surveiller et qui
suppléent à ce que tes volontés personnelles et le concours des
intérêts individuels ne peuvent faire immédiatement, soit pour
les progrès de l'agriculture, de l'industrie, du commerce, soit
pour prévenir, pour atténuer les maux inévitables de la nature
ou ceux que des accidents imprévus viennent y ajouter (2).
Ainsi sont déjà indiquées nettement, par Condorcet lui-même,
tes limites de l'intervention utile de l'Etat, qui seront celles mêmes
observées par Fourier et sont loin de constituer, comme on l'a
f~it parfois avec exagération, une doctrine pouvant se confondre
avec le socialisme d'Etat. (3).

(<) Nous dirions aujourd'hui la collectivité.


(2) Tableau des Pro~f~ etc., IX' époque.
(3) Certaines d~c~ration'! des premiers fouriéristes ont pu donner lieu i
cette confusion, par exemple lorsque la D~Moc'ra<:c Pacifique puhliait des affir-
mations comme celles-ci < Le socialisme d'JS'ot n'est que la première cbaM~<
NÉCESSITÉ D'UNE ÉDLCAT)ON DE L'OPtNtON PUBLIQUE 177

N'est-il pas rassurant, pour l'avenir des idées de réforme


sociale de Fourier, de voir deux tels esprits, observateurs égale-
ment clairvoyants du présent, se rencontrer précisément sur ces
deux parties essentielles du problème social, qui en apparaissent
les plus jrgentes à la fois et les plus difficilesà résoudre, avec
cette seule différence que Fourier, poussant encore plus loin,
entend appliquer tout de suite à l'avenir cette c loi générale du
monde ~tora/ qui fait serv< < les efforts de chacun pour lui-
même consciemment ou non, < au bien-être de rous et
« exiger par l'intérêt commun que chacun entendre le sien
propre pour en faire la base du monde nouveau qu'il espère
établir ? Ccmment pourrait-on douter encore de la solidité des
bases d'un édificejetées par de tels bâtisseurs, dont la rencontre,
même si elle n'était que for uite, ne serait qu'une garantie de
plus ?

LE PROGRÈS SOCIAL DOIT RÉSULTER DE L'ÉDUCATION


DE L'OPINION PUBLIQUE

Est-ce à dire que nous soyons près de voir se réaliser ce


double progrès, ce qui, à l'heure actuelle, semblerait presque
un miracle, d'une évolution assez accentuée de la mentalité
collective vers la sagesse pour opérer la fusion complète des
~r~rs particuliers dans l'intérêt collectif, et, comme corollaire
indispensable, t'o~~co~on politique, au sens courant du
mot, dans le domaine social ? Non hélas 1 nous n'en sommes
pas encore t Nousne sommespas encore, pour parler le langage
de Fourier, entrés dans la période du Coronf/s/nf, qui doit
succéder à celle de la Civilisation. Nous ne sommes pas encore
en Harmonie, puisque c'est précisément là ce monde nouveau
qu'il nous propose d'organiser. Et ce serait avoir bien peu compris
ce grand esprit que de lui prêter un espoir aussi chimérique,qui
C'estle ~oct< <<<a<
du~c'~MM~'«'7'~e (= le fouriéname). <~ MMt
(les fouhérittM)MOMMOftj
~afttCM~~f~tt~<tf<M<tjM«o« of~aHMOhoft
~j
~araM<tM MCta/M (Vol. XIV, tSs'. P. 204, cité par Friedher~. f/m~M~e~
tic. p. ~4.) Maia il <uf6t d'avoir bien compris ce que Fourier appe!ait pa~att-
tMtt~ pour vuir combien l'idée de r~wetohott, qui en était la base, était
incompatible a'-ec la conception état'ste, qui caractérise le socialisme d'Etat
actuel. Les fouri<riat« du <~c!e dernier voyaient timplemcnt dana ce qu'ils
appelaient te < <oc<aJtj~~ d'Btot une protection, une aide, ou même une colla-
boration éventuelle de la puissance publique comme celle dont il ett questioa
d-deMM. mai: nullement une tbMrptioa generalitee de touta lu activité.
tocitiet par rEtat
ta
L'AVENtR DU FOURtÉRtSME
.~g

une de la nature des hommeset des choses


supposerait ignorance
de ses disciples proteste.
contre laquelle toute son œuvre et celle
abondent dans leurs écrits, où ils ne cessent de nous
Les passages
s'en étonner? que la route à parcourir
avertir, comment
Il nous suffira d'en citer un qui résume
sera longue et difficile.
tous les autres et répond à nos légitimes préoccupations en
route inconnue et si hérissée d'obstacles la
projetant sur cette la suivre < Le progrès
lumière qui doit nous permettre de
en effet Lechevalier,< doit résulter de l'éduca-
déclare
On ne pouvait indiquer avec
tion de l'opinion p~~9~
vérité et une plus lumineuse concision umque
une plus grande
on compter pour chercher au moins
moyen sur lequel puisse
si lointain.
à atteindre le but désiré, encore

D EVRA PORTER L'ÉDUCATION DE L'OPINION


SURQUOI
D'UNEDISCIPLINE COLLECTIVE
PUBLIQUE NÉCESSITÉ
< éducation de l'opinion
Mais sur quoi devra porter cette
sinon sur cette notion de l'intérêt collectif
publique justement
si si faible encore, mais non
dont nous avons parlé longuement,
conséque~
inexistante quoi qu'on dise, et qu'il s'agirait par
de fortifier et de développer chez les générations
avant tout,
car n'est-elle pas la clef de voûte de tout
présentes et à venir
le système social nouveau ?
la notion de l'intérêt collectif, si faiblement
Non seulement
soit en apparence, n'est pas inexistante, comme
répandue qu'elle nier qu'elle ait déjà fait,
nous venons de le dire, mais on ne peut
sérieux depuis la Révolution. Elle existait
en réalité, de progrès
et de tout temps, mais se confondait
même déjà antérieurement ou même
celle des intérêts de la monarchie,
naturellement avec tantôt
tantôt pour le plus grand bien,
seulement du monarque,
mal de la société existante. Le souverain ayant
pour le plus grand le est devenu
de et de nombre, problème
changé de forme, place restent les mêmes
évidemmentplus compliqué, mais les données
car il faut avant tout que la société vive.
obstacle gît donc, on ne saurait trop le rappeler,
Le grand
toute naturelle chez l'homme, de 1
dans la prédominance,
mobile de tous ses actes, qui n'est qu'une
personnel, principal
conservation et dont il est en conséquence
forme de l'instinct de Ni la
dans un tel problème.
impossible de f~re abstraction
NÉCESSITÉ D'UNE DISCtPUNE COLLECTIVE t79

morale, ni les religions n'ont réussi à diminuer comme il l'aurait


fallu l'influence trop souvent exagérée et néfaste, pour le bien
commun, de cet instinct primitif nettement opposé, en état
actuel de la civilisation, à l'intérét collectif, qui est d'ordre plus
élevé, sans faire appel à la puissance, presque surnaturelle, de
la ~r/u. Mais elles n'ont pu davantage empêcher que la vertu,
par son essence même, ne soit toujours que l'apanage d'une étite.
donc d'une minorité, et que, par conséquent, l'immense majorité
des hommes restent asservis au mobile inférieur de l'intérêt
particulier. Comme on ne peut espérer que la morale et les
religions puissent jamais obtenir plus de succès dans ce sens
qu'elles n'en ont obtenu depuis trois mille ans et plus, il faut
donc, tout en continuant d'admirer la vertu là où elle est assez
forte pou' dominer l'intérêt personnel et d'en souhaiter le rayon-
nement ic plus puissant possit-'e, se résigner à reconnaître que,
sans renoncer pour cela au puissant concours de la morale et de
la religion, le moyen le plus sûr, le levier le plus efficace pour
agir sur la majeure partie des individus est encore et sera
vraisemblement toujours l'intérêt personnel. Suivant la belle
théorie de Fourier, il faudra donc traiter l'égoïsme comme les
autres passions, c'est-à-dire fur~scr au profit de l'intérêt
général, au lieu de chercher vainement à le réprimer ou à le
combattre. De sorte que l'un des principaux objets de l'éducation
de fop/n<on publique réclamée par Lechevalier, devra être de
faire pénétrer dans l'esprit des individus cette vérité si bien
exprimée par Condorcet et par Fourier, à savoir que l'intérêt
personnel de chacun n'existe qu'en fonction de l'intérêt collectif
et inversement, et, d'autre part, de créer en eux la conviction que
cette vérité entraîne, comme conséquence inévitable, la néces-
sité d'une discipline collective, volontaire, c'est-à-dire acceptée
!'ar tous, s'imposant aux groupements non moins qu'aux indivi-
dus, discipline sans laquelle aucune amélioration de l'état social
~e saurait être envisagée.

Faut-il appuyer cette affirmation par des exemples ? Un seul


entre cent, pris dans l'actualité, suffira peut-être, en raison de
la gravité du fait sur lequel il s'appuie. On sait en effet que le
principe des coopératives de consommation est de faire profiter
le consommateur seul des bénéfices qu'elles peuvent réaliser. Or,
tgO L'AVENIR DU FOURtÉRtSME

n'a-t-on pas vu tout récemment, chez nous, triompher dans t<


la conception, diamétralement opposée, de certains des
pratique
dans
premiers théoriciens du marxisme en France, qui voyaient
la coopération de consommation < une puissante auxiliaire de
leur tactique révolutionnaireà condition que les coopérativescon-
sacreraient une forte partie de leurs bénéfices à des oeuvres de
propagande soc<ohsfe (1), et le mécontentementprovoqué par
cette révélation retomber lourdement sur l'ensemble des coopé-
ratives, en leur faisant perdre certaines immunités fiscales jus-
nuire davantage
qu'alors dûment justifiées? (2). Rien ne pouvait
à l'expansion de l'idée coopérative, si mal comprise encore dans
tp public malgré les merveilleux résultats positifs déjà obtenus.
Sans doute l'idée de la coopération elle-mêmen'est pas atteinte,
au fond, par cette violation regrettable des deux principes tuté-
laires fondamentaux de Fourier, subordination constante dM
~.tc~fs particuliers à n/ifcr~ collectif, et exclusion de la poli-
tique, dont nous avons démontré plus haut et dont ceci dé-
montre encore mieux peut-être l'étroite connexité. Mais il ne fau-
drait pas beaucoup de faits de ce genre pour la tuer dans l'esprit
du public et réduire à néant toutes les espérances que sa réali-
sation avait pu faire concevoirpour l'amélioration de notre orga-
nisation sociale.

Plusque jamais donc on peut affirmer que l'éducation de


ropt/ïton publique devra commencer avant tout par l'établisse-
ment de cette discipline collective dont nous venons de parler,
s~ute force capable de vaincre les obstacles que les intérêts parti-
culiers et la politique peuvent opposer, et opposeront encore
ta
longtemps, il faut s'y attendre, à la marche du progrès. C'est
surtout une question de temps et de volonté, nullement insoluble
par conséquent a priori. Le jour où chacun aura conscience que
son propre bonheur, com~e celui de la société, dépend de lui
et de lui seul, et non d'une formule magique comme celles dont
le grisent plus que jamais les marchands d'orviétan et les affamés
de pouvoir qui veulent avant tout capter son bulletin de vote,

/M., p. t4<.
(t) LanMC.
(2) Voir les dernier. dchatt parlementaires à l'occasion du budget de tM<,
o& il a été dûment établi que certaine* coopératives de coatommttio)* tTt4tt<
ttftement alimenté le. caiMCt électorales d'un parti.
PAR FOURIER 181
NÉCESSITÉ D'UN 'DÉAL. L'IDÉAL PROPOSÉ

eux-mêmes à la domination de l'intérêt <na<wauei,


donc asservis
résolu.
ce jour-tà le problème social sera bien près d'être

lointain sans doute Mais les idées marchent sans


jour le veuillent
les lois de la nature, que les hommes
arrêt, suivant
lentement
ou non, et la vérité finit toujours par triompher. Trop
assurément. Mais la nature, pas plus ici que dans
à notre gré,
ne avec le temps. D'ailleurs, comme
l'ordre physique, compte
Considérant < on ne décrète pas les
nous le fait remarquer
intimes, l'organisation moléculaire qui détermine l'état
faits
Le passé ne
d'une soctere. Et ailleurs il précise davantage <
volonté de l'homme
se refait pas au gré de l'homme et si la
route croit pouvoir appliquer de vive
égaré et faisant fausse
au mal des remèdes empiriques, elle se brise bientôt contre
force
la force des choses tt ne faut donc pas s'étonner que les
accélérées
transformations des sociétés ne puissent toujours être
de nos désirs, mais ce n'est pas là une raison pour
au gré
renoncer à les poursuivre.

Conformément encore aux idées de Fourier, qui s'opposent


au nouveau
à toute contrainte, la discipline collective nécessaire
à devra être volontaire, comme nous venons de
progrès accomplir si bien
te dire, c'est-à-dire s'exercer, selon la conception française
Condorcet, < avec une liberté enfere liberté qu'il
exprimée par
est de l'intérêt de la société et du devoir de la puissance publique
droits naturels,
de garantir et de protéger au même titre que les
un
et non de restreindre ou d'opprimer ce qui suppose dévelop-
culturel auquel ne sont pas encore parvenus de nos jours
pement
croyant aller plus vite, ont commis l'erreur
certains peuples qui,
telles ou telles mesures sociales, par la force
grave d'imposer reculer indéfini-
ou même par ta violence,et n'ont fait ainsi que
ment tes solutions mêmes qu'ils voulaient hâter.

Les raisons ne manquent donc pas, on le voit, pour partager


de Fourier dans le succès de la noble mission qu'il
ta confiance
de rendre l'humanité plus heureuse
a si courageusemententreprise
l'établissement d'une société meilleure, objet que Considé-
par sans
rant nous présente comme un idéal à poursuivre désormais
fdâche, < dût-on même ne l'atteindre jamais
182 L'AVENIR DU FOURIÉRISME

NÉCESSiTÉ D'UN IDÉAL. L'tDÉAL PROPOSÉ PAR FOURIER

« L'ordre des choses idéales est co~tfM~MM ~tottd~HOMf«'<


qui n'est point réalisé, mais qui n'est point ttM~OJttb~.s
OBEfMANN. cité par CowttoitAtrr

L'Idéal Le voilà prononcé ce grand mot qui électrise les


uns et décourage les autres, suivant qu'ils sentent ou non la
nécessité d'un but élevé au-dessus des contingences matérielles
et quotidiennes, d'une foi active dans la nécessitéet la possibilité
d'un avenir meilleurdéjà sur cette terre, conditionssans lesquelles
on ne peut concevoiraujourd'hui la marche continuede l'activité
humainevers le progrès, aussi bien pour les sociétés que pour les
individus.
Or, nous entendons chaque jour les esprits chagrins et timorés
ctamer qu'il n'y a plus d'idéal, depuis que celui des religions,
placé dans l'au-delà, et qui a suffi si longtemps à l'humanité,
semblene plus pouvoir satisfaire à ses aspirations de plus en plus
terrestres et de plus en plus impatientes, et avoir ainsi perdu
sa force d'action propulsive sur un nombrede plus en plus grand
d'indi. idus.
Bien que Fourier se soit défendu d'avoir voulu être, comme
le voulaient quelques-uns de ses contemporains,un de ces messies
du xtx" siècle dont on a tant parlé, et qu'il ait pris le sage parti
de ne pas mêler la religion à ses spéculations sociologiques,
nous avons vu que, loin de l'écarter comme l'on fait mala-
droitement d'autres théoriciens du socialisme, mais considérant
aussi que « le fatalisme t~ la résignation sont insuffisants pour
améliorerle sort de l'humanité sur rc/re il pensa au contraire
lui donner < un nour~ objet, qui n'était nullementinconciliable
avec ceux qu'elle proposait à l'adoration des hommes C~r
objet, nous dit-il, c'est la société elle-même. Quel homme de
progrès pourrait ne pas voir là un idéal digne d'être poursuivi,et
le trouver inférieur à n'importe quel autre ? Et par quoi propo-
serait-il alors de le remplacer ?

IMMOBILISMEOU PROGRÈS ? CONCLUSION

Le fait qu'un idéal, par sa définition même, ne pourra jamais


être atteint, ne saurait donner raison à ceux que cette idée seule
semble frapper de paralysie, à ceux que Fourier appelle tes
).~MOB!HSMEOU PROGRÈS? CONCLUSION 183

c immobilistes ennemis de toute action et par conséquent de


tout progrès. A ce compte, aucun idéal parmi ceux qui ont conduit
l'humanité jusqu'à présent ne saurait trouver grâce. Fermons
donc les oreilles à leurs objurgations décourageantes et écoutons
la grande leçon de foi dans le progrès et d'espérance dans
l'avenir de l'humanité que nous donne l'immortel auteur du
Tableau des Progrès de l'esprit humain, lorsqu'il parle du
tableau qu'il voudrait encore tracer, < celui de nos espéran. 's,
des progrès qui sont réservés aux générations futures et que
la constance des lois de la nature semble leur assurer <
faudrait dit-il, c y montrer par quels degrés ce qui nous
paraitrait au~ourd'/tUt un espoir chimérique doit successivement
devenir possible et même facile pourquoi, malgré les succès
passagers des préjugés et l'appui qu'ils reçoivent de la corrupf(0/!
des gouvernements et des peuples, LAVÉRITÉSEULEDOITOBTENIR
UNTRIOMPHE DURABLEpar quels ~ens la nature a indissoluble-
ment uni les progrès des lumières et ceux de la liberté, de la vertu.
du respect pour les droits naturels de l'homme comment ces
seu!s biens réels, si souvent séparés qu'on les a mente crus incom-
patibles, doivent au contraire devenir inséparables dès l'instant
où les lumières auront atteint un certain terme dans un plus
grand nombre de nations à la /o<s. Cette réunion s'étant
déjà opérée dans la classe entière des hommes éclairés, on ne
compterait plus dès lors parmi eux que des amis de rhumanité,
occupés de concert d'en accélérer le perfectionnement et le
oonneur (!).

Nous nous en tiendrons à cette conclusion car nous n'en


saurions trouver de meilleure, ni qui puisse plus exactement
s'accorder avec la pensée de Fourier.

(t) Condorcet, Tableau, etc., Préambule. On voit que la n<ceattt< du contour*


des différentes nations pour la solution des questions sociales c'a pal tchapp~
à cet esprit ti profondement clairvoyant.
Mers qu'on sonde cieux qu'on révèle
Chacun de ces chercheursde Dieu
Prend un infinisur son aile,
Fulton le vert, Herschell le bleu,
Magellan part, Fourier s'envole
La foute ironique et frivole
Ignore ce qu us ont rêve,
Les voit tomber dans l'étendue,
Et dit C'est une âme perdue
Foule, c'est un monde trouvé.
VICTOR HUGO.

ta br'fhirc de
t. L'~<nn<< Terrible. L't Pt<-cut:cu't. ~Ep<gt*phe dt
Ch. Petttnn /0~* ~rtn~Cff/rc ft<tta/ de F<ur<fr. Pttit. )~7h
TABLE DES MATIÈRES

INDEX ALPHABÉTIQUE

BIBLIOGRAPHIE
TABLE DES MATIÈRES

INTRODUCTION
A propos du Centenaire du Phatans'ère <'e Fourier, 5. La commé-
moration du Centenaire, 7. Le rêve et la réalité, 8.

PREMIÈRE PARTIE

FOURIER ET LA RÉFORME SOCIALE

t L'HOMME.Sa vie, son caractère, 13.


Il. L'ŒUVRE.
A. L'ÉCOLE FoiRtÉRtSTE OU SOCIÉTAIRE. 19.

B. LA DOCTRINE SOCIÉTAIRE.

1. = P~rtM critique « ~«cftp<.p<t. Le mal social. Le ftéau de la


Civilisation, 21. Les causes du m<t social. Causes générâtes.
Causes particulières. Le Commerce et ses abus, 22. Il Qui nous
«ïu~ra?", '25.
2. Paf<t< C<MM<fnc<<M, LA SCIESCESOCIALE. Le PROBLÈME
sooAL, 25. Théorie fuuriéris'c des passi.'ns, '26. L'Attraction
paMt'onne/~ 27. L'rac/<on industrielle. L'idéal à poursui-
vre, 28. LA RÉFORMESOCIALE.Pr/nc~M généraux. L'ordre
nouveau. La richesse sociale. La liberté et la question alimen-
taire. L'organisation sociale, 29. L'égalité dans le bien-être
social. L'antagonisme des classes. Subordination <<uCommère'*
à l'Agriculture. Équilibre de la production et de la consomma-
tion, 30. Limitation de la population. La Commune basedet'édi-
Rcesoc'at, 31. L'AssoctATtONuNnERSELLE.– Distinctif l'entre
l'Association et la Comtounauté. Organisation de t'Associa'ion.
La Coopération. L'\ssociat<on agricole ou Phalange, 31. Pro-
blème de la répartition. Contre l'indigence. L'Assurance sociale,
33. La propriété individuelle. Le Capital. Le sa/arta~. Suppres-
aion du salariat, ~4. L'héritage. L'éducation ~o<a< 35. Insti-
lution, diverses du rc~t~e sociétaire, 36. Le Phatanstère, 37.
L'tDÉEREUCtEtJSR CHEZFOURIER.38. COSMOPOLITISME ET PACI-
MSMEDE FouRtEp. Le Fouriér)sme et la Société des Nations.
40. FOURIERÉMANctpATEUR DE LA FEMME.La condition de la
femme dans l'ordre social et dans l'ordre sociétaire, 42. Le sort
188 TABLE DES MATIÈRES

de la virginité civilisée. Influence de la femme dans la société,


43. L'amour libre et le mariage libre. L'adoption, 44,
HI LES RÉSULTATSACQUIS,45.
IV. SUBIESPAR FOURIER.QUI A MïT FouMER?,
INFLUENCES
46.
V. INFLUENCEDE FOURIERSUR LE SOC!AUSMEEM GÉMÉ.
RAL, 47. FOURIER
ETLEMARXISMI- 51.
CONCLUSION. Où tend le socialisme?, 57. Où va l'humanité?,
58.
DEUXIÈME PARTIE

TEXTES
L
TEXTESFOURÏÉRtSTES
a) Le mai Meial LA CtviLisATt'N. Etapes parcourues par
1 humanité. Formule du mouvement de la Civilisation, 63. La M/<-
~ar<~ humaine, 64. DEscRUTto~DUMALSOCIAL, 65. Caractère
social et universel de la crise. Les crises et l'incurie des gouverne-
ments, 66. Désordre moral de la société, 67. Misères des travail-
leurs, 68. Les services domestiques. Lns CAUSES ou MALsoctAL,
69. Causes ~n~ra/e<. (comment se produisent les crises. La'
surproduction et ses inconvénient~. Enets de 'tégénération évidente,
70. La forme sociale est contraire aux intérêts généraux des indi-
vidus et des nalions, 7t. Les droits naturels de t'homme, 72. Le
droit au travail, 73. Causes particu'ières. Causes de décadence
le déboisement et les emprunls fis anx, 74. L'esprit mercantile
et fiscal. Le régime des emprunts, 75. Les forces improductives,
76. Mauvais aménagement des forces productives, 78. LE CoM-
MERCE. Qu'est-ce que le Commerce?, 8t. Le commerçant, honnête
n'est pas en cause, 82. Le parasitisme commercial. Les MCMdu
Commerce. La liberté du Commerce, 83. La libre concurrence, 84.
L'actaparement. Méfaits du Commerce. La distraction de'apitaux,
l'abondance dépressive, 85 Crimes du Commerce, 86. L'armée
mercantile. L'esprit mercantile, 88. L'tNDUSTRtAUSMHETLBMACHi-
NïSME, 89. Vers la féodalité in~ustriette, 90.
Le preUeme social. Mértte de Fourier, 90. Qu! Moue
aALVERA?",9t. LA pouTtQUH,92. Impuissance des moyens
politiques Quel service la pulitique aura-t-elle rendu au genre
humain?. 93. 0'<M/<o~ssociales et questions po!itiques. L'Eco-
~OM!EPOUTÏQUE, 95.
c~ La MKMe Mdaie, 98. POsITION DU PROBLÈME. !m-
de résoudre une question mal posée, 99. Comment
possibilité
TABLEDES MATIÈRES t8~

Fourier pose le problème. De/er~tna~on d'un but socral, 100.


Nécessité d'une transformation radicale et complète de la Société
Idéal d'une Société, 101. Tableau des résultats de celle organisation
nouvelle, 102.
d) Le GtTMtMaM M l'Ordre social netveaw Dénnition du
Garantsime. Principes ~en<T~u.c. L'Ordre nouveau. Conditions
de l'Associalion harmonienne. B entait moral et social de l'As-
socialion, 103. Les rattiements assionnels. L'ordre suciétaire,
basé sur la liberté individuelle, 103. L'Attraction passionnelle.
Définition Application des passions à l'industrie. Le travail
attrayant, 104. Les groupes et les séries ou l'Ordre sériaire, 105.-
La richesse sociale e~sa r<Qr/t/<on, 106. Problème de la réparti-
tion des richesses sociales, 107. Suprématie nécessaire de l'Agri-
cc//ure. 109. L'AssoctATtONUNIVERSELLE.But principal. Carac-
tère de la conception de Fourier. Association ou morcellement ?,
HO. L'industrie sooétaire et l'industrie m"rce!ée, 111. L'Associa-
tion n'est pas la Communauté. L'inë~aHté, 112. Répartition pro-
portionnelle et liberté individuelle, 113. Définition de la liberté. La
liberté sans le bien-être n'exige pas, 114. a vie de fami ledans le
régime sociétaire. L'organisation sociétaire de la production,
115. Le régime sociétaire. L'organisation sociétaire, 116. La
Commune <.o<ede la re/orme sociale, 118. La CoMmune centre
d'organisation de la production, 119. Répartition des produits
du travail. Le mécanisme de la répartition, 120. Application, 121.
Le minimum. Exem les de répartition, 122. Rétribution des tra-
vailleurs intellectuels, 124. Bienfaits de l'Association. Le
travail attrayant dans l'Ordre sociétaire, 125. Economies r~ atisées
par le Ménage sociétaire. Le retour à la terre. Suppression du
salariat, 126. Résultats généraux de l'Association, 127. Fusion des
trois classes. La paix sociale. La propriété et le capital dans le
r~nH«oc<e~<nre, 128. L'esprit de p opriété. Le droit de propriété.
La copropriété sociétaire, 129. Constitution du capital individuel.
Le capital garantie de la liberté. Le capitalisme dans le régime
aoc'-étaire, 131. Le peuple propriétaire et conso mateur, 132.
L'héritage. Légitimité de l'héritage. Maintien de la propriété
familiale. L'héritage composé, 133. tNSTrruTto~sDUGAXANTtSME.
Le Comptoir communal actionnaire, 134. L'Entrepôt concurrent,
t37. La Ferme d'asile, 138. La Banque rurale, 140. Nécessité
af'une expérience locale, 141. Transformation pacifique de la
'tociété par l'applicalion du procédé sériaire ou phalanstèrien.
JLePhalanatére. Avantages du système ohatanstérien. Extrava-
gances sur le Phalanstère, 142. La vie au Phatansfère. La domesti-
cité dans le Phalanstère, 143.
!90 TABLE DES MATIÈRES

?~ La Femme. Rôle et condition de la femme dans la société


admette. 144. Avilissement dus femmes en Civilisation. Le sort de
la virginité civilisée, 147. L'amour et te mariag' 148. Emploi des
femmes dans la Phalange. Le Féminisme de Focr~r, 149, Rote
de la femme dans l'Ordre soc'étaire, i5<). Place de la femme dans
le Garantisme, 151.
L ÊdacttMn Critique de l'éducation morcelée, 152. Né-
cessitf de l'éduca'ion publique, 155. L'éducation harmonienne
ou sociétaire, 156. L'éducation unitaire, 157.
Les paiIeMpBM,158.
Leiempte des Êtah-Unn. 158.
Les rtveiatieat de tvenir 159
Il. TEXTES MARXISTES
a) Le Manifeste cemmanitte" Préface des auteurs. Les
luttes de classes, 160. Le spectre du communisme. Les crises com-
merciales. Le machinisme. Le salariat. Le socialisme et le com-
munisme critico-utopique Saint-Simon, Fourier, Owen, 164-166.
Le "C<p!ttt" La Coopération, 167.

TROISIÈME PARTIE

L'AVENIR DES DOCTRINES FOURIÉRISTES

Toutes les solutions proposées par Fourier sont-elles réatis~-


bles ? Ses deux principaux postulats. 171. La solution du pro-
blème est dans 1 ~ssoc~/ton un<tw.s<e. Définition de l'/4sxoc<a/<on
Hn<t'er$e//e, !72. Examen des deux principaux postulats de Fou-
rier. Premier postulat l'identification de /'<n/er<?/individuel avec le
collectif, 173. Second postulat la question sociale a racine dans
l'organisation sociale c~ non dans /'or~Qmso/<on politique, d'où /Q
nécessilé de séparer les questions sociales des questiona ~o~t'~UM,
174. Rôle et devoirs du pouvoir politique. Accerd de Condorcet et
de Fourier sur ce point, 75. Le progrès social doit ré-uller de
l'éducation de l'opinion publique. Sur quoi doit porter l'éducation
de l'opinion publique. Nécessité d'une discipline collective volon-
taire, 178. Nécessité d'un idéal. L'idéal proposé par Fourier.
Immobilisme ou progrès? Conclusion, 182.

VICTORHuco. "~t'.s Pr~cMrscura 184.


INDEX ALPHABETIQUE
NOMS PROPRES
DES MATIÈRES TRAITÉES ET DES
CITÉS DANS CE VOLUME

85 t
Bien-être ~ociai 30
Abondance dépressive 50
85 BLANCt (Louis)
Accaparement humaine 59
44 Bontét
Adoption 52, 55, 56
22, 71, 85 BOUCLÉ
1 (C.)
Agiotage 54, 160-167
(Prépondérance 1Bourgeoisie
Agriculture 56
de H 30. 109 Bourgeoisisme
i
ALHAtZA(A.) 29, 37, 106 BOURGIN 1 (Hubert) 16, 37,
29 46, 47, 50
Alimentaire (Question) 100
53 But social
Amérique
Amour et mariage 148
44 Cabaliste 97
libre 37
ANCELOT(M") 56 Caisses d'épargne
160 CANTAGREL 20
A~DLER(Charles) 6, 5t. 54,
social 71 Capital 33, 34, 55, 128, 131
Appauvrissement
Armée mercantile 23, 72 Travail, Talent [fa-
Armées industrielles 36, 134 cultés industrielles 1 33,
Armements · 24 54, 121, 124, 132
45 de Marx 167
Assistance (Droit !')à Capital (Le),
Association 27, 54, 103 Capitalisme. V. Capitai.
110 Centralisation étatiste 55
agricole 31, 70
de 103, 125 politique 22,
(Bienfaits l')
harmonienne,univer- CHARLÈTY
CHÈHZA(M-" Maria) 42
selle.. 31, 55, 103, n0.
127, 132 Chômage 21, 31, 77
39
Association (Résultats gé- Christianij'.tc
127 Civilisation 21, 63
néraux de l')
Assurance sociale 33, 46 Classes (Antagonisme des) 167
Attraction industrielle. 28, 77 30, 54, 55, 160,
27 Classes (Fusion des) 34, 54, 128
passionnelle 46, 55
de
universelle (Loi l') Collectivisme étatiste.
38, 53 Colonie Sociétaire 8, 37
Commerçant honnête
46 honnête. 82
"z
BABEUF
BACON(Roger) 18 Commerce (Abus, vices, mé-
85 faits et crimt:= du) ~4,
Banque 81, 83, 85
Banques rurales 36, 140
Barbarie 21, 63 Commerce (Liberté du) 24, 84
BAUDET-DULARY 7, 20, 37 83,
t 31, 112
BEBEL 50 Communauté
55i 31, 118
BERTHOD(Aimé) Commune
Communisme 164, 166
Bibliothèque de la Colonie 160
Sociétaire 39, 40) Communiste(Manifeste) 54,
192 '~<DEX
ALPHABÉTtQUE
~ottont~ 20
Comptoir communal 36, 95, 134 (L') français
t52-t58
Concurrence (Libre) 23, 72, 85 EEducation
sociétaire. V. En- de famille M
trepôt concurrent 84 de l'opinion publique t78
CONDÉ-SUR-VESGRE 7, 38 harmonienne ou so-
CONDORCET 21, 23, 27, 33, ciétaire 35, 156
35
35, 41, 43, 46, 175. 181, 183 EEducation intégrale
152
CONSIDÉRANT (Victor) 14, morcelée
20, 28, 41, 44, 53, 57, publique 36, 155
sociale 23
t06, t73. 175, 181, 182
Consommateur.V. Produc- sociétaire.. 35, 156
teur. unitaire 35, !57
Constitution de 1848 45 tEgaUté 30.55.58. 112
Contrebande 77 t
EMERSON 10
Coopération. 31, 46, 50, 54, t
Emprunts fiscaux 24, 74, 75
55, 58, 167 t
Enfantin 48
Coopératives (Sociétés) 45. 180 f
ENGELS 5, 50, 51, 54. t60
Copropriété sociétaire 129 iEntrepôt concurrent ou fé-
Cosmopolitisme de Fourier 40 déra! 95, 137
Crises commerciales ou éco- Etatisme, Etat monopolisa-
nomiques 5, 21, 31, 65, teur 48, 50, 55, t7t
(?.70. 164 Etats-Unis 21, 60. t58
Exploitation combinée 32
Déboisement 23, 74 morcetée 32
Décadence, dégénération so-
ciale 70, 74 Facuttés industrielles 33, t2t r
Démocratie (Aa) Pacifique ratifications 7!'
20, 53, 95, 176 FamiHstére 45, 53
DESCARTES 26, 57 Famine 54
Désordre moral 67 (Vie de) aociétaire 115
Destinée sociale [de Consi- Fécondité (Modération de la) UO
dérant] 63, 175 Fédéraiisme syndicaliste 55
DESTREM 29 Féminisme de Fourier. 42, 140
DEVAY 7 Femme (La) dans l'ordre
DIDEROT 146 social !44-!48
Discipline coitective 178, (La) dans l'ordre
180. 181 sociétaire 43, !4M5t
Doctrine sociétaire 21 Féodatité industrielle et mer-
Doctrines (Avenir des) fou- cantile 24
riéristes 171, 183 Ferblantiers (Ouvriers) r~M-
DouQUE (Edmond) 158 n~ 45
Domesticité, domestiques Fermes d'asile 36, t3<
31, 69, 76, 143 expérimentâtes 116
(Services)
Droit 54 Financiers 84
au travai! 22, 73 Fiscatité. V. Emprunts 22, 7t
Droits de r~oynync 56, 58t Forces productives 23, 78
Droits de l'individu, droits improductives 23, 78
naturels. 22, 58, 72, 73, 94t FOSSE (Eugène) 3Ï
DUVAL(Jules) 20, 32 FRtEDBERQ(Morris) 20, 41, 51

Ecole fouriériste ou socié- Oarantisme ou Ordre social


taire 19, 299 nouveau 2!. 29, 5!. 64,
Economie politique 25, 92, 955 03, 134
H<MXALPHABtt1QU* tM

50
Oarantisme communal 135 JAURÈS(Jean) 38, 48. 49,
JEAN-PAUL !7. 26
GtDE (Charles) 8, 13, 17 71
18.54, 56, 127 Jeux publics
7t
OODtN 45 Judiciaire (Dépravation)
Jurisprudence 77
Gouvernement représentatif 24
Gouvernements 66 48
21 LAMARTINE
Grèves L'ANGE 47
GUÈBtN(Louis) 8, 37
8, 37
LANSAC (Maurice). 21, 26,
(Pascal) 46, 51, 52, !74
Guerre [commerciale,indus- LASSAU.E 57
trielle, militaire] 23
LECHEVAUER t9. 40, 53.
Guerre intestine 71 104, t73, !78
GUtZOT 21 LECL\)RE(Entreprise) 53
GUY-GRAND 55 77
Légistes
LE MOYNE 9, 20
Haine 54, 55, 58 LEROY-BEAL'HEU (Paul) 6, 50
Harmonie. 37, 63, 64, 69, Liberté 22, 29. 3t. 54, 55,
78, 113, 123, 124, 128, 58. 113, 114, 131
130, 158 Liberté du Commerce. V.
Harmonien (régime) 27, Commerce.
103, 124 Loteries 71
HENNEQUIN 39
Héritage 35, 133 Machinisme 24.89. 165
HUGO(Victor) 184 MAHOMET 42, 145
49
Humanité 54, 58, 59, 63 MALGRANI (Paul)
49
MALON(Benoît)
Matsociat. 21, 22, 63, 65, 69
Idéal social 28, 101, 182
182 Manifeste communiste. 43,
Immobilisme 22, 51, 54, 160
Improductifs, improductives Mantes /?~pu6/<co~ 37
(forces) 23, 76
33. 36, 37. 94 Mariage civilisé 43
Indigence libre 44
Individu. Individualité 58 54, 160
MARX (Karl) 6, 50, 51,
Industrialisme 24, 89 Marxisme 51
Industrie [agricole, com- Mécanique des passions 27, 39
merciale, domestique, ma- Ménage Scctc~rc 8, 37, 126
nufacturière, morcelée, so- Merccntit'sme [Armée mer-
ciétaire] 111 mercan-
cant:te, esprit
Industrie attrayante 72 22, 23, 24,7t. 7". 88
112 tile]
1
hérité Métaphysique 25, 91
Infirmes 36 MICHELET 8.47. 50
Influences subies par Fou- Minimum de subsistance
rier 4P 33, 45. H3. 12-, 128
Instinct de conservation 178 Monopolisation étatiste 48, 55
Institutions fouriéristes ou MONTESQUtEU 84
sociétaires. [V. aussi Morale 25.3!. 54, 92
Oarantisme.] 36. t34 Morcellement 23, 110
Intérêt [collectif ou généra!. MUIRON 19
individuel, personnel] 29, Mutualité 45
58, 74, n6, 172, 174,
178. 179 NAPOLÉON 31, 108, 119
IntennédiairM 24, 31 Nationalité 54
t04 )NMXALPHABÉTtQUE
cié-
Nations (Association, Socié- 1 aommatton
sommation 24, 30, 31.
Unité fédérale des) 33, 54, 81-83
té, 115
32.34, 40, 4t Production
I agricole
183
NEWTON 1
Progrès social 53, t77. 182.
Nivellement égaUtaire 58 Prolétariat
1 30, 55, 128, 160-167
Prophéties de Fourier 17. 127
OBERMANN 182 Propriété 34, 71, 128-132
77 familiale 133
Oisifs
PROUDHON 18, 44, 50, 55
Opinion publique (Educa- 26
tion de l') 53, !73 Psychologie de Fourier
Ordre nouveau [ou socié- mal posées 99
taire]. (V. aussi Garan- Questions
C41 politiques 95
tisme.) 13.21,29.
sociale 30 sociales 95, 174
Organisation
OWEN (Robert), Owcnistcs Radicalisme sociatisant 57
48, 112, 166 104
Ralliements passionnels
Réforme Industrielle (La)
Pacifisme de Fourier 40 20
20 [journal]]
PAGET Réforme snciate 29, 34
Paix sociale 30, 54, 128 sociétaire. 27, 31,
universelle Régime
°
36, 116
Papillonne 106
do- Religieuse (L'idée) chez Fou-
Parasites commerciaux, ricr
mestiques, sociaux 24, 31. 39. 54
RcHRinn
72, 76, 77, 81, 83 Rénovation (La) [journa!]
Parti ouvrier français 49, 50 20, 37
Passions 27
Répartition des produits du
Paupérisme, pauvreté. 21, travail 33. 113, 120-124, 132
30, 94 Répartition de la richesse
PECQUEUR 20.50, 51 sociale 29, 106, 107
PELLARIN.. 19, 20, 26, 56, 184 Responsabilité individuelle. 55
Personnalité 53 Résultats acquis 45
Peuple propriétaire et con- Révolutions 95, 159
sommateur 132 Richesse sociale 29, 106, 107
Phalange 31, 32, 113, n7, ROLAND DE LAPLATtÈRR 46
125, 130 ROUANET 53
Phalange (La) [journal]. 20 RoussEAU(J.-J.) 26, 42, 64, M5
Phalanstère.. 5, 7, 32, 37, RuGE(Arnold) 50
142, 143
Phalanstère (Le) [journal].' 20 Saint-Simon, saint-simonis-
Philosophes 158 me. !8. 23, 44, 47, 48,
PtRON 53 50, 52, 55, t66
PossoN (E.) 32 Satain's, salariat 31, 34,
Politique.. 25, 31, 01, 92- 54,87. 165
95, 172, 174-176 SAMBUC 42
Population (Limitation de Sauvage 73
la) 31 Sauvagerie 63
Postulats (Principaux) de SCH!LLER 68
Fourier 171 Science sociale 25. 28. 98, 141
Problème social 25, 28, 90, 99 Science sociale (La) [jour-
Producteur et consomma- nal] 20
teur, Production et con- Scissionnaires 78
ETBtBUOQRAFH'E
ALPHABÉTIQUE
)NMX tt5
Syndicalisme 55
Sértaire (Loi, ordre, organi-
sation, procédé) 14, 32,
105, 106, 141 Talent [faculté industrielle1
SÈVIGNÈ(M" de) 146 33, 121, 124, 132
50 Terre (Retour à la) 126
SIMON(Jules) 63
SISMONDI 6 Textes fouriéristes
marxistes 160
Sociales (Questions).. 95, 174
Socialisme 47-51,57, 166 TRANSON(Abei) 19, 22, 90
d'Etat.. 48, 50, 176 Travail [faculté industrielle]
fédéraliste 54 33, 121, 124, 132
Socialismes français [de C. Travail agréable, attrayant
Bouglé] 52 28, 31. 32, 72, 104, 125
Sociétaire (Colonie, Ecole, Travail (Droit au) 22, 45, 73
Ménage, Ordre, Régime). Travailleurs (Misères des). 22
Travailleurs intellectuels 124
V. ces mots.
Turgot 21
Société (Transformation pa-
cifique de la) 54, 141
Société des Nations 32, 34, Unité spnenque 37
40. 41 Usuriers 37
Sociologie de Fourier 26
VEITLING 51
Solidarité humaine, univer-
selle 64, 174 VIGOUREUX (M"' Clarisse)
77 14, 19
Sophistes 43
Sources de Fourier 46, 47 Virginité civilis~T~~
85 VOLTAGE 98
Spéculation
STAËL(M-* de) 146
22, 70 WARSCHAUER 20
Surproduction

BIBLIOGRAPHIE DU FOURIERISME

Cette Bibliographie se trouve très complète particulièrement


dans les ouvrages de H. BcuRON, Fourier (thèse), Le Socialisme
Sociétaire, MORRISFR!EDBERG, L'Influence de Ch. Fourier sur le
mouvement social contemporain en France, et MAURICELANSAC,
Les Conceptions méthodologiques et sociales de Ch. Fourier, cité!)
au cours de cet ouvrage.
ACHEVÉ D'IMPRIMER
BN NOVEMBRE1933
PAR GASTON CAG~IARD
CHATEAU-THIERRY
Originn: M ~ou'wur
~F Z *?-1!0-a
B~UOTHÊQUE
NATIONALE

CHÂTEAU
de
SABLÉ
1989

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