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Voyage en absurdie: les rankings des universités

Chaque semaine, « Le Soir » publie une chronique de Carta Academica sur un sujet
d’actualité. Cette semaine : les rankings mondiaux et l’irruption des indicateurs de
performance dans le monde de la recherche mettent en péril l’avenir de l’Université.

Bruno d’Alimonte.

Par Le comité de Carta Academica*


Le 29/08/2020 à 09:00

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D urant la période estivale et sa diète de nouvelles « juteuses » les médias font


leurs choux gras des classements. C’est l’époque où l’on désigne le footballeur de
l’année, l’acteur le mieux payé au monde, l’homme (c’est rarement une femme) qui
a amassé la plus grosse fortune, et d’autres classements encore. C’est aussi l’époque
où, chaque année depuis 2003, le Shanghai Ranking Consultancy publie les
« Shanghai Rankings ». L’édition 2020, publiée le 15 août, a classé Harvard
University en numéro un, et deux universités belges (UGent et KULeuven) dans les
100 premiers.
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Deux universités belges dans le top 100 mondial
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referer=%2Farchives%2Frecherche%3Fdatefilter%3Dlastyear%26sort%3Ddate%

Les médias se sont jetés sur ce classement. Certains ont même été jusqu’à titrer
« Harvard est la meilleure université au monde, UGent la meilleure université
belge ». Et les recteurs des universités belges qui ont progressé par rapport à leurs
concurrentes de bomber le torse par communiqués interposés. Ils se taisent, par
contre, dans toutes les langues lorsqu’ils régressent.

Comparaison n’est pas raison


Il est évidemment absurde de penser qu’une université puisse être « la meilleure du
monde », ou que « l’université X serait meilleure que l’université Y ». Chaque
université remplit des fonctions multiples et se donne des objectifs propres.
Comparer la très bonne recherche en biologie de l’une avec l’excellente qualité de
l’enseignement en anthropologie de l’autre n’a dès lors aucun sens. Et vouloir
rassembler ces caractéristiques vastes et diversifiées dans un chi re unique, comme
en rêvent les obsédés de la gouvernance par les chi res, est presque une atteinte à
l’intelligence humaine et à la dignité de l’université.

Rappelons d’abord qu’il existe plusieurs classements des universités qui sont publiés
chaque année par diverses institutions spécialisées. Les plus connus sont ceux du
Times Higher Education (THE), Shanghai, Leiden, Quacquarelli Symonds (QS),
U-Multirank. Les classements issus de ces diverses institutions sont tous di érents,
car les critères utilisés le sont. Ainsi, le dernier classement du THE, tout aussi
« réputé » que celui de Shanghai, a comme podium Oxford, California Institute of
Technology, puis Cambridge ; Harvard s’y classe 7e et la première belge est la
KULeuven. Catastrophe donc : les journaux qui ont clamé que Harvard est la
« meilleure » université au monde, et UGent la meilleure en Belgique, nous ont
trompés. Oui, bien entendu, car tout dépend des critères utilisés par ces instituts de
classements.

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