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RAPPORT D'ACTIVITÉ

2014-2015
SOMMAIRE
Éditorial .................................................................................................................................................................................................. 3

BILAN D’ACTIVITÉ .................................................................................................................................................. 7

CHIFFRES CLÉS DE L’ACTIVITÉ .......................................................................................................................... 14

DATES CLÉS DE L’ACTIVITÉ ................................................................................................................................. 16

L’INSTITUTION ......................................................................................................................................................... 19
Les missions .................................................................................................................................................................................. 20
L'organisation ............................................................................................................................................................................... 22

LA MISE EN ŒUVRE DES MISSIONS .................................................................................................................. 29


Observation des usages et encouragement au développement de l’offre légale .................................... 30
Protection des droits, information et sensibilisation ................................................................................................ 52
Régulation des mesures techniques de protection .................................................................................................. 93
Rencontres, contributions et partage d’expertise ..................................................................................................... 97

CONCLUSION : REGARD SUR CINQ ANNÉES D’ACTIONS .......................................................................... 101

ANNEXE 1 : ORGANISATION ET GESTION INTERNE ...................................................................................... 111


Gestion des ressources humaines ...................................................................................................................................... 112
Gestion de la connaissance ................................................................................................................................................... 116
Gestion immobilière .................................................................................................................................................................. 118
Moyens de la Haute Autorité ................................................................................................................................................ 119
Présentation du compte financier 2014 .......................................................................................................................... 124

ANNEXE 2 : INDICATEURS PRÉVUS PAR DÉCRET ......................................................................................... 127

ANNEXE 3 : VEILLE INTERNATIONALE ............................................................................................................ 141

Glossaire ................................................................................................................................................................................................. 163


Hadopi Éditorial 3

ÉDITORIAL
PAR MARIE-FRANÇOISE MARAIS, PRÉSIDENTE DE L'HADOPI

Ce cinquième rapport annuel d’activité de l’Hadopi


est le dernier de mon mandat, qui s’achèvera dans
quelques semaines, mais il est surtout le premier.

Le premier à ne pas tomber au milieu d’un champ de


bataille. Le premier à ne pas allumer ou éteindre une
polémique. Le premier lors duquel l’institution n’a pas
besoin de se défendre dans un trop long procès en
légitimité, pas besoin de lutter pour la survie de ses
missions, pas besoin d’expliquer qu’elle n’est ni le
soldat des ayants droit, ni le fils caché de la Quadrature
du Net.

Remplacée, supprimée, transférée, asphyxiée, l’Hadopi


a tenu bon. Elle n’a jamais dévié de son objectif de
rétablir l’équilibre entre la protection de la création et
la diffusion culturelle sur Internet, par le plus grand
nombre, et pour le plus grand nombre. Mieux, elle
fonctionne bien : depuis sa création, le piratage sur les
réseaux pair-à-pair a baissé significativement, et ses
travaux prospectifs ont inspiré des solutions pour étendre cette action au streaming et au
téléchargement direct illicites. L’offre légale a connu des progrès importants, notamment dans
le secteur de la musique, qui a été pionnière et du jeu vidéo, qui se réinvente régulièrement.
La photographie et le livre sont chamboulés, mais de nouveaux modèles éclosent tous
les jours. L’audiovisuel, quant à lui, prend la mesure de la révolution en cours. Soutenu
avec conviction, parfois aiguillonné quand cela s’impose, il s’adapte, tout en veillant à
préserver le fragile équilibre de notre modèle de financement de la création. Enfin, grâce à
un effort résolu et déterminé, grâce à des travaux de recherche et d’observation rigoureux
et indépendants, notre connaissance et notre compréhension des enjeux ont connu des
progrès majeurs, qui bénéficient à toutes les parties prenantes.

Il reste beaucoup à faire, et l’Hadopi ne s’octroie pas tout le mérite de ces évolutions, mais
elle y a pris sa part.

Personnellement, je retiens trois faits saillants de ce cinquième exercice de la Haute Autorité.


Premièrement, je retiens de cette année la capacité de l’Hadopi à rester en mouvement,
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à proposer des solutions concrètes et innovantes,


à faire évoluer ses outils pour rester en prise avec
les enjeux numériques et culturels, en dépit d’une
situation lourdement contraignante budgétairement
et fragilisée politiquement. Elle a conservé l’audace, la
créativité et le dynamisme qui la rendent si atypique,
et adapté la conduite de ses missions aux acquis de
son expérience.

Nous avons développé les actions qui font de notre


mission d’encouragement au développement de l’offre
légale un véritable recours pour les consommateurs ;
nous avons dépassé la procédure de labellisation des
offres légales pour recenser de nombreuses offres
culturelles et traiter, au cas par cas, les demandes
des consommateurs qui ne parviennent pas à trouver
légalement les œuvres qu’ils recherchent sur Internet.

Nous avons ciblé la réponse graduée pour mieux


accompagner les utilisateurs manifestement de bonne
foi et concentrer l’action de la procédure sur les cas
les plus critiques de négligence caractérisée.

Nous avons recentré l’exercice de notre mission


d’observation sur la conduite de travaux de recherche,
par nature inédits ; retenus pour des conférences
internationales de recherche ou publiés dans des revues scientifiques de référence, ces
travaux sont neutres. Ils ne se limitent pas à l’analyse du « piratage » ou du « partage », mais
dépassent ces clivages sémantiques et politiques pour comprendre et décrire les usages.

En matière de régulation des mesures techniques de protection nous avons martelé la


nécessité de respecter l’équilibre entre la protection de la création et sa diffusion. L’exercice
de cette mission ouvre ainsi la voie à davantage d’interopérabilité, ce qui me semble
être la clé de beaucoup de contraintes qui subsistent encore. Si les experts ont parfois
des difficultés à définir ce qu’elle recouvre, les particuliers l’éprouvent chaque jour ; ils y
conditionnent souvent leurs usages culturels numériques.

Deuxièmement, l’Hadopi est parvenue à ce que ses missions, toutes ses missions, soient
reconnues, sans les hiérarchiser, les opposer ou en oublier la moitié. C’est peut-être un détail
pour vous, mais pour moi ça veut dire beaucoup ! Martelé durant cinq années, le message est
enfin passé : les missions d’encouragement au développement de l’offre légale, de protection
des droits et de régulation des MTP, mises en œuvre sur un socle d’observation des usages
culturels en ligne, sont complémentaires et se renforcent mutuellement. Le Gouvernement
et le Parlement l’ont souligné cette année à diverses reprises, et nos interlocuteurs l’ont
compris. C’est une reconnaissance des efforts passés mais surtout un gage d’efficacité
pour l’avenir, car c’est conjointement que ces missions pourront continuer à être mises en
œuvre de façon optimale. Cette reconnaissance conforte un dialogue rétabli avec tous
les interlocuteurs de l’Hadopi : les internautes, les créateurs, les diffuseurs, les acteurs
institutionnels, les intermédiaires techniques. Ces « réconciliations » ne sont pas dues à un
changement d’orientation de la Haute Autorité comme on a voulu le faire croire ici et là, mais
Hadopi Éditorial 5

au contraire, à la constance, à la persévérance - peut-être devrais-je dire à l’acharnement


- avec lequel le Collège, la Commission de protection des droits et les agents de l’Hadopi
ont maintenu le cap : la recherche d’équilibre, le dialogue et l’indépendance.

Enfin, je retiens de cette cinquième année les échos de plus en plus fréquents entre l’action
de l’Hadopi sur le terrain culturel et les enjeux liés au développement du numérique qui
rythment l’actualité. Chaque jour, la Haute Autorité essaie d’apporter des réponses aux
questions que soulève l’exploitation - parfois très lucrative - de contenus culturels par des
acteurs qui ne les ont ni créé, ni acheté. Ces questions, auxquelles la culture est confrontée
quotidiennement – notamment l’équité fiscale, la pérennité des modèles de financement,
la responsabilité des intermédiaires - se posent de façon plus pressante dans tous les
secteurs de nos économies. Car, chaque jour, je constate que l’entreprise de transport de
personnes qui soulève tant de polémiques ne possède pas de véhicules, que le géant du
e-commerce dont le nom évoque les quarante voleurs n’a aucun stock, que l’entreprise
qui secoue l’hôtellerie mondiale ne détient aucun logement. Ainsi, le secteur culturel est le
laboratoire d’une évolution qui transforme toute la société et ses acteurs sont les explorateurs
des opportunités de demain.

Ces échos sont autant d’invitations à continuer le travail engagé par l’Hadopi. Au moment
où mon mandat s’achève, comme celui de Mireille Imbert-Quaretta, à qui j’adresse mes
remerciements amicaux pour le travail de titan qu’elle a accompli, la Haute Autorité peut
devenir un recours indépendant, un tiers de confiance et un observatoire d’excellence.
Elle a toutes les cartes en main : un budget certes limité, mais conforté, un dialogue rétabli
avec ses interlocuteurs, et surtout l’expérience, l’expertise et l’énergie de ses agents. J’ai le
sentiment qu’ensemble, nous avons mené ce frêle esquif à bon port, avec un cap clair et
un équipage solidaire. J’y fais escale, et je souhaite à tous bon vent et bonne mer.
BILAN D’ACTIVITÉ
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À cet égard, la période du 1er juillet


2014 au 30 juin 2015 couverte
par ce rapport d’activité a été
marquée par un dialogue étroit
avec le Parlement, à travers
quatre auditions budgétaires par
les rapporteurs de l’Assemblée
nationale et du Sénat sur les
crédits dont relève l’Hadopi dans
le cadre de l’examen de la loi de
finances pour 2015, mais aussi à
travers une Mission d'information
sur l’Hadopi, créée à l’initiative de
la Commission de la culture, de
l’éducation et de la communication
du Sénat, et par une Commission
d’enquête sur le bilan et le contrôle
de la création, de l'organisation,
de l'activité et de la gestion
En juin 2015, la Haute Autorité geant des travaux complémen- des Autorités administratives et
pour la Diffusion des Œuvres et taires, dans le prolongement des indépendantes. L’ensemble de ces
la Protection des droits sur Internet pistes explorées dès 2012 sur travaux parlementaires assure un
(Hadopi) a achevé sa cinquième le streaming et le télécharge- contrôle qui constitue le corollaire
année d’activité. Durant l’année ment direct illicites ; indispensable de l’indépendance
écoulée, elle a poursuivi la mise de l’Hadopi, et qui permet de
en œuvre de ses missions, en orien- ■■ la recherche de solutions mettre en exergue les conditions,
tant son action selon trois priorités concrètes aux difficultés rencon- notamment budgétaires, dans
stratégiques : trées par les utilisateurs pour lesquelles l’institution met en œuvre
accéder aux œuvres culturelles ses missions.
■■ le positionnement de l’institution numériques, à la fois en explo-
en «tiers de confiance », par la rant les possibilités offertes par
poursuite et l’approfondissement la régulation des mesures tech-
du travail d’expertise indépen- niques de protection et en orien- Observer les usages
dante de l’Autorité, dans tous tant la mission d’encouragement numériques et mettre en
ses domaines d’intervention, afin au développement de l’offre lumière les spécificités
d’apporter aux pouvoirs publics légale vers des actions qui favo- sectorielles
et aux parties prenantes un éclai- risent l’accès aux œuvres.
rage fiable, objectif et rigoureux Les travaux d’observation de
sur les problématiques actuelles, La Haute Autorité a mis en œuvre l’Hadopi constituent le socle sur
notamment en matière de lutte ces priorités en privilégiant, comme lequel l’institution bâtit ses orien-
contre la contrefaçon commerciale par le passé, une approche de tations stratégiques. Ils apportent
et concernant les exceptions au dialogue (via des partenariats des clés de compréhension rigou-
droit d’auteur ; avec diverses institutions, comme reuses et objectives sur les usages
le Défenseur des Droits), de prag- culturels des internautes en France
■■ l’enrichissement de son action matisme (en veillant à mettre en et comblent ainsi une lacune
en matière de protection du œuvre des actions qui répondent importante.
droit d’auteur sur Internet, aux besoins des citoyens, des inter-
à la fois en améliorant l’ef- nautes, des enseignants, etc.) et de Cette année, ces travaux reflètent
ficacité de la procédure de transparence (à travers le contrôle notamment la stabilité du taux de
réponse graduée et en enga- du Parlement notamment). consommateurs de produits cultu-
Hadopi Bilan d’activité 9

rels dématérialisés, mais aussi la un « avant et un après ». Il appa- Une étude de l’Hadopi sur les
stabilité du pourcentage d’inter- raît que, face aux fermetures de perceptions et les usages du livre
nautes français qui déclarent avoir services illicites, l’offre légale peut numérique indique notamment que
des pratiques illégales, exclusives apparaître comme une alternative, 11 % de la population française de
ou mixtes (18 %) – plus faible néan- sous réserve qu’elle soit facile 15 ans et plus est lectrice de livres
moins, dans le cas de la musique. d’accès, simple à utiliser et qu’elle numériques, et elle révèle que l’en-
réponde aux attentes des consom- trée dans le livre numérique se fait
Les freins à consommer des biens mateurs en termes de contenus. le plus souvent par opportunité,
culturels de manière licite identifiés via le terminal de lecture.
les années précédentes persistent : En 2014-2015, la musique reste le
le prix jugé trop élevé, le manque type de bien culturel dématérialisé Une étude sur le jeu vidéo dématé-
d’attrait pour le contenu de l’offre, le plus consommé, avec un rialisé met notamment en exergue
et le poids des habitudes pèsent sur taux d’accès licite très élevé. le fait que la croissance du marché
les choix des internautes, qui conti- Les livres/BD et les jeux vidéo du jeu vidéo est désormais majori-
nuent à privilégier l’accès gratuit, bénéficient eux aussi d’un taux tairement portée par la distribution
de manière générale et pour tous de consommation licite important. dématérialisée. Le jeu vidéo a su
les types d’œuvres. La consommation licite de films multiplier les modèles économiques
varie selon le mode d’accès : en et adapter ses sources de revenus
Les travaux d’observation streaming, elle représente la moitié aux usages des joueurs, allant de
menés par l’Hadopi reflètent des actes renseignés, tandis qu’en l’offre entièrement payante à entiè-
également la part grandissante téléchargement, les pratiques sont rement gratuite. Cette étude révèle
des usages éphémères, où les majoritairement illicites. Les séries également que la question du pira-
fichiers téléchargés ne sont jamais sont davantage consommées tage dans le secteur du jeu vidéo
archivés, qu’ils soient consommés en licite en streaming, grâce s’est complexifiée et dépasse le
ou non. Sur Internet, les œuvres notamment à la télévision de problème de la circulation de copies
tendent de plus en plus à être rattrapage, tandis que les usages illicites. Avec la dématérialisation,
consommées mais à ne plus être illicites prédominent pour le il a pris de nombreuses formes,
conservées par les internautes. téléchargement. comprenant un risque, tant pour
Le stockage tend à laisser place la défense de la création que pour
à l’usage, ce qui renforce encore Pour approfondir ces éclai- la protection des données person-
l’importance d’une mesure fine, rages, l’Hadopi a complété ces nelles et la sécurité informatique
rigoureuse et objective de ces travaux par des études spéci- des utilisateurs.
usages. fiques à certains secteurs culturels.
Au-delà des grandes tendances Ces travaux d’observation sont enri-
Une étude relative aux décisions et des évolutions qu’elle reflète, chis par des travaux de recherche,
de justice permet de comprendre la mission d’observation de qui apportent des résultats inédits,
la perception et donc les éven- l’Hadopi permet ainsi d’identifier systématiquement évalués par des
tuelles répercussions de ces des spécificités sectorielles, qui pairs impartiaux. Cette année, la
décisions (telles que le blocage peuvent apporter des enseigne- thèse co-encadrée par la Haute
ou la fermeture de plateformes) ments utiles aux autres secteurs Autorité et Télécom ParisTech qui
sur les usages des internautes. culturels : bien que les modèles porte sur les échanges et flux des
Elle montre notamment que économiques et le développement biens culturels sur Internet a abouti
les mesures de fermeture et de des usages numériques diffèrent à la publication de trois articles de
blocage apparaissent comme des évidemment d’un secteur à l’autre, recherche.
moments de rupture, mais à des la compréhension des probléma-
degrés divers. Si les mesures de tiques spécifiques à un domaine
blocage sont peu identifiées par permet de mettre en perspective
les participants, la fermeture de les difficultés que traverse un autre
sites constitue en revanche un secteur, et de rechercher des pistes
point d’ancrage temporel, créant d’adaptation.
10

Ces travaux tendent notamment Encourager le ■■ la mise en œuvre de la


à prouver que YouTube est désor- développement de l’offre fonctionnalité qui permet aux
mais plus utilisé comme moyen de légale et favoriser l’accès utilisateurs de signaler sur
diffusion d’objets culturels que pour aux œuvres offrelégale.fr les œuvres qu’ils
partager des vidéos personnelles. ne parviennent pas à trouver
Durant l’année écoulée, l’Hadopi a légalement en ligne. En un an,
Les recherches réalisées sur poursuivi la mise en œuvre de la plus de 750 œuvres ont été
un annuaire de liens populaire stratégie d’encouragement au déve- signalées. Malgré l’absence de
démontrent l’existence de « big loppement de l’offre légale adoptée dispositif de communication,
uploaders ». Au nombre de 10, fin 2013, pour surmonter les diffi- l’Hadopi continue de recevoir
ceux-ci fournissent à eux seuls cultés identifiées et apporter des 25 signalements par mois en
81 % des liens vers des contenus, solutions concrètes aux internautes. moyenne, ce qui lui permet à la
qui concentrent 75 % des clics des fois de renseigner les internautes
utilisateurs de l'annuaire. Les axes de travail retenus cette qui la sollicitent et de sensibiliser
année se concentrent ainsi sur la les acteurs culturels aux attentes
Enfin, l’Hadopi a engagé un travail question de l’accès aux œuvres en des utilisateurs. Le cinéma et la
de diagnostic qui repose sur renseignant les consommateurs télévision représentent à eux seuls
une analyse multicritères, pour sur la disponibilité des œuvres, 80 % des œuvres signalées, ce
apporter un éclairage complet sur en informant les ayants droit sur qui reflète le fait que les œuvres
l’état et l’évolution de la culture l’indisponibilité des œuvres ou sur audiovisuelles sont parmi les plus
numérique. Une fois le cadre les difficultés rencontrées pour y consommées en dématérialisé
conceptuel posé, ces travaux accéder, et en animant un réseau (avec respectivement 37 % et
consisteront à évaluer les effets d’acteurs clés qui contribuent à 38 % d’internautes français en
de différents stimuli (arrivée de la encourager l’accessibilité des ayant consommé au cours des
VOD par abonnement, essor du œuvres culturelles (entrepreneurs, 12 derniers mois) ;
crowdfunding, etc.) sur l’état de ayants droit, plateformes, établis-
la culture en ligne. sements culturels, etc.). ■■ la poursuite de l’expérimentation
visant l’ouverture en open data
L’ensemble de ces travaux, portés Ainsi, au-delà de la labellisation et des métadonnées d’offres de VOD
à l’attention du public et de toutes du référencement des offres label- et de SVOD afin de renforcer la
les parties prenantes, apporte un lisées sur offrelégale.fr, l’institution visibilité des œuvres en ligne.
éclairage sur les effets des actions a poursuivi : Dans le prolongement de cette
de lutte contre le piratage et sur démarche, un partenariat noué
les conditions nécessaires pour un ■■ l’élargissement du périmètre des avec l’école d’ingénieurs ETNA a
développement de l’offre légale offres culturelles observées à l’en- donné lieu à l’organisation d’un
qui réponde aux attentes des semble des plateformes pouvant code camp(1) en février  2015.
internautes. En cela, ils permettent être regardées comme étant Une mise à jour des données,
d’asseoir les orientations de légales, au-delà des offres label- à l’occasion de laquelle deux
l’Hadopi sur des bases rigoureuses lisées, afin de mieux refléter la nouvelles plateformes ont été
et actualisées. Plus largement, richesse de l’offre culturelle en intégrées, a été réalisée en
ils contribuent à la réflexion des ligne et de suivre son évolution. juin 2015, et l’Hadopi travaille
pouvoirs publics et des acteurs Au 30 juin 2015, l'Hadopi recense désormais à l’extension de ce
culturels pour protéger les droits et 418 services culturels en ligne sur dispositif à l’offre légale de livres
encourager la diffusion des œuvres. offrelégale.fr, et apporte ainsi une numériques. Cette démarche
large information sur l’offre cultu- ouverte, destinée à ce que tous
relle sur Internet en France ; les acteurs intéressés puissent s’en

(1) Sessions de travail et d’entraînement à la pratique du codage informatique dans un cadre collaboratif
Hadopi Bilan d’activité 11

étroite collaboration avec des pas le fonctionnement des logiciels


incubateurs spécialisés dans les pair-à-pair les mesures concrètes
domaines culturels, tels que le 104, à prendre pour faire cesser les
le Cube, Créatis, Paris&CO, Creative réitérations, à savoir désinstaller
Valley, Paris Musiques. le logiciel s’il n’est utilisé que pour
pirater des œuvres protégées.

L’action pédagogique de la
Protéger les droits, lutter Commission s’exerce également au
contre le piratage et quotidien à travers les explications
sensibiliser à la création complémentaires qu’elle donne
numérique aux personnes qui la contactent
à chaque étape de la procédure.
L’année 2015 marque la cinquième
année de mise en œuvre de la Si la majorité de ces personnes
procédure de réponse graduée, sont des particuliers, certaines
depuis la création de la Haute structures professionnelles
Autorité par les lois des 12 juin peuvent aussi faire l’objet d’une
et 28 octobre 2009. Entre le procédure de réponse graduée,
1er octobre 2010, date d’envoi des notamment lorsqu’elles mettent
premières recommandations, et leur accès à Internet à disposition
saisir et développer des projets, le 30 juin 2015, la Commission de de tiers (société privée, association,
participe ainsi à la visibilité de protection des droits de l’Hadopi collectivité territoriale, etc.).
l’offre légale sur Internet. a adressé 4  897  883 premières La Commission a poursuivi son
recommandations et 482  667 action d’accompagnement en
Par ailleurs, l’Hadopi a amorcé en deuxièmes recommandations aux faveur de ces professionnels pour
2014 un cycle de sensibilisation titulaires d’abonnement à Internet les aider à mettre en place les
à l’entrepreneuriat culturel dont l'accès a été utilisé à des fins mesures techniques permettant
auprès d’un public d’étudiants de contrefaçon. de prévenir l’utilisation de leur
et de « startuppers ». En effet, la connexion Internet à des fins de
sensibilisation des entrepreneurs Au cours de l’année 2015, les contrefaçon. Elle s’appuie également
à la création de services culturels demandes d'identification auprès sur ces professionnels pour qu’ils
innovants est également un levier des Fournisseurs d’Accès à Internet relaient auprès de leurs utilisateurs
permettant de favoriser l’émergence sont passées de 30 % à 50 % des son message de sensibilisation au
de plateformes culturelles et de saisines qui lui ont été transmises respect du droit d’auteur.
répondre aux attentes des utilisateurs. par les ayants droit. Cette hausse
Des formats innovants ont été testés, lui a permis d’envoyer davantage Lorsque la pédagogie mise en
comme le «  speed diagnostic », de premières et de deuxièmes œuvre dans le cadre des premières
qui réunit des porteurs de projet recommandations accentuant ainsi phases de la procédure de réponse
et des professionnels spécialistes la pédagogie auprès d'un nombre graduée ne permet pas de faire
du financement d’entreprise. Des accru d'internautes. cesser les manquements, la
entrepreneurs ont également pu Commission peut transmettre le
présenter leur projet devant des La Commission a en outre dossier à la justice dès lors qu'aucun
publics nombreux, notamment à décidé cette année de mener motif légitime n'est justifié. Au
l’occasion de l’événement CréART’UP une campagne de sensibilisation 30 juin 2015 et depuis mars 2012,
ou lors du forum « Entreprendre dans auprès de certains internautes elle a ainsi transmis 361 dossiers
la culture ». ayant déjà reçu un mail de première aux procureurs de la République.
recommandation. Cette campagne
Comme l’année précédente, l’Ha- vise à expliquer aux titulaires
dopi a continué à travailler en d’abonnement qui ne connaissent
12

L’augmentation du nombre de ■■ et les procédures successives, l’Hadopi a engagé un ensemble de


saisines identifiées en 2015 a permis dans lesquelles l’abonné a déjà projets visant à mettre l'expertise
d’accroître également l’activité liée été destinataire de plusieurs de l'institution au service des
à la troisième phase de la procédure premières, voire de plusieurs initiatives relatives à la lutte contre
de réponse graduée, dans la mesure deuxièmes recommandations(*). la contrefaçon commerciale, et à
où les dossiers sont « enrichis » enrichir son action en matière de
de plus nombreux faits de mise L’expérience de la mise en œuvre protection des droits.
à disposition d’œuvres protégées. de la réponse graduée a permis
de distinguer trois types de Les travaux engagés couvrent
comportement parmi les titulaires l’ensemble de la chaîne de diffusion
d’abonnement, peu nombreux, qui des contenus contrefaisants : la
se retrouvent en troisième phase recherche (moteurs de recherche,
de la procédure : sites de liens, etc.), l’accès
(hébergement, UGC, etc.), et la
■■ les « passifs » qui ne prêtent consommation (stream ripping,
pas attention aux recomman- tutoriels, etc.). Ils distinguent
dations reçues, ne retirent pas les écosystèmes manifestement
les lettres recommandées, ne dédiés à la contrefaçon de certains
prennent aucun contact avec écosystèmes périphériques, légaux,
l’Hadopi et ne prennent aucune mais régulièrement utilisés par
mesure permettant d'éviter les les consommateurs à des fins de
réitérations ; contrefaçon.

■■ les « indécis » qui prennent des ■■ par exemple, pour accompagner


mesures, telles que la suppression la mise en œuvre de la charte
des œuvres de la bibliothèque de des bonnes pratiques dans la
partage après chaque téléchar- publicité pour le respect du droit
gement ou la sensibilisation de d’auteur et des droits voisins,
leurs proches, mais qui s’avèrent signée le 23 mars dernier sous
Au cours de l’année écoulée, la insuffisantes pour faire cesser l’égide du ministère de la Culture
Commission a transmis 246 dossiers les manquements ; et de la Communication, l’Hadopi
aux procureurs de la République. a décidé d’approfondir son
Cette augmentation du nombre de ■■ les « calculateurs » qui mettent en expertise technique et juridique
transmissions résulte également des place des mesures de contourne- sur l'identification des sites
critères de notification mis en place ment après avoir reçu une recom- massivement contrefaisants, afin
par la Commission en 2014 afin de mandation pour échapper au de pouvoir apporter son éclairage
sélectionner les dossiers les plus dispositif de réponse graduée, et son concours éventuel aux
graves : comme l'installation d'un nouveau parties prenantes. Il s’agit, dans
logiciel pair-à-pair ou en atten- un premier temps, d’élaborer une
■■ ceux dans lesquels on constate dant l’expiration du délai légal méthodologie et de définir les
l’utilisation de plusieurs logiciels pour réitérer. critères qui peuvent aider à lister
pair-à-pair, ainsi que la mise à avec rigueur des sites et services
disposition de nombreuses En complément de la procédure contrevenants.
œuvres de types différents de réponse graduée, mise en
(musique, film, série, spectacle œuvre par la Commission de ■■ l’institution a également engagé
vivant) ; protection des droits, le Collège de des travaux d’analyse sur l'accès

(*) Voir page 81


Hadopi Bilan d’activité 13

via les moteurs de recherche, Réguler les mesures en situation de handicap et les
d’autre part sur la diffusion de techniques de protection organismes agréés. Le cas d’un
contenus via les sites UGC. et veiller au bénéfice éditeur qui ne dépose pas ses
effectif des exceptions fichiers à la BnF a notamment
■■ enfin, elle continue à développer été signalé, et l’hypothèse d’une
son expertise dans le prolonge- En mai 2013 et février 2014, la saisine de l’Hadopi par certains
ment des réflexions engagées les Haute Autorité a été saisie de de ces organismes agréés sur
années précédentes en matière deux demandes d’avis relatives cette problématique de refus de
de retrait durable des contenus à l’exception de copie privée des transmission est envisagée.
contrefaisants. programmes télévisés reçus par
l’intermédiaire d’un décodeur. Après Enfin, compte tenu de ses
La protection des droits passe un important travail d’analyse et compétences en matière
également par une meilleure de consultation, le Collège de d’observation des usages et de
connaissance du droit d’auteur, une l’Hadopi a considéré dans son régulation de mesures techniques
maîtrise technique de l’environne- avis du 11 septembre 2014 que, de protection, l’Hadopi a été
ment numérique, et une compré- malgré le fait que des limitations auditionnée par la Mission
hension des enjeux liés à la créa- à la copie puissent être justifiées, d'information de la Commission des
tion culturelle. Ainsi, depuis 2012, notamment afin de réduire le affaires culturelles et de l’éducation
l’Hadopi anime des ateliers d’in- risque de contrefaçon sur Internet, de l’Assemblée nationale sur le
formation et de sensibilisation à les restrictions ne doivent pas bilan et les perspectives de trente
la création numérique destinés excéder ce qui est nécessaire pour ans d’exception pour copie privée
au jeune public et à la commu- limiter un tel risque. À cet égard, le 9 avril 2 015. À cette occasion,
nauté éducative. Ils visent à il a considéré que des limitations à la demande de la Mission
informer élèves et enseignants privant les copies privées de toute d'information, elle a notamment
sur les grands principes du droit interopérabilité avec d’autres analysé les études d’usage et les
d’auteur, encourager les usages lecteurs que l’enregistreur ayant barèmes qui servent à établir les
responsables sur Internet, sensi- réalisé la copie, et empêchant la montants de la rémunération pour
biliser à la richesse culturelle en conservation des copies en cas copie privée.
ligne et initier les élèves à la créa- de changement du décodeur,
tion numérique. Durant l’année apparaissent excessives.
écoulée, 17 sessions de création
et 4 événements dédiés ont été Dans ce contexte, il a invité les
réalisés, permettant de sensibiliser opérateurs à proposer à leurs
763 jeunes et 17 équipes pédago- clients, dans un délai raisonnable,
giques. Les ateliers sont désormais une faculté de copie privée des
menés de façon privilégiée avec programmes télévisés qui leur
différents types de partenaires, permette de réaliser des copies
comme le Défenseur des Droits durablement conservables et
et le Festival d’Avignon. disposant d’une interopérabilité
suffisante pour l’usage privé du
L’ensemble de ces ateliers de sensi- copiste. L'Hadopi a également
bilisation reflète les attentes du jeune souligné que devait être fournie
public et de la communauté éduca- une information précise sur les
tive, notamment la formation aux possibilités d'usage des copies
possibilités de diffusion de contenus réalisables avec chaque matériel.
et leur légalité, mais également l’ap-
prentissage des nouveaux usages Par ailleurs, l’attention de l’Hadopi
liés au numérique, et l’utilisation a été attirée sur les difficultés
optimale des supports numériques. d’accès aux œuvres auxquelles se
trouvent confrontées des personnes
14

CHIFFRES CLÉS
DE L'ACTIVITÉ AU 30 JUIN 2015

Protection des droits

50 % 4 897 883 482 667


de saisines premières deuxièmes
des ayants droit recommandations recommandations
traitées en juin 2015

2 221
délibérations de la
Commission concernant
400 424
échanges avec les
226
des procédures de professionnels
abonnés concernés
réponse graduée, ont bénéficié
(courrier, téléphone,
dont 361 transmissions d’un suivi spécifique
courrier électronique)
au procureur de la
République
Hadopi Bilan d’activité 15

Diffusion des œuvres

418 7 851 6
services recensés secteurs représentés signalements pour
sur offrelégale.fr (musique, vidéo, jeu des œuvres
ateliers « culture
dont 90 suggérés vidéo, logiciel, livre introuvables
& entreprenariat »
par des internautes numérique, image,
et 9 labellisés crowdfunding)

Relations avec le public

17
opérations de
51 000 17 000 1 530
sensibilisation visites par mois
visites par mois abonnés
auprès en moyenne sur
en moyenne sur sur le compte
de la communauté www.offrelégale.fr,
www.hadopi.fr Twitter
éducative et des 42 billets publiés @InsidOpi
collégiens/lycéens

Expertise

6 2 700 4
ressources
travaux de recherche documentaires études publiées
engagés (études, articles depuis juillet 2014
de recherche, etc.)
centralisés dans une
base de connaissance
16

DATES CLÉS DE L’ACTIVITÉ

11 septembre
2014 15 octobre 2014
11 septembre
4 août 2014 2014 Proposition de
Organisation
nouvelles actions
d’une table ronde
Publication de la 5
e Avis relatif à de protection des
« Impact du
vague du baromètre l’exception de droits basées sur
streaming sur les
« Usages » de copie privée des l'approbation des
pratiques et usages
l’Hadopi programmes conclusions du
du consommateur »
télévisés rapport de Mireille
au MaMA
Imbert-Quaretta
de mai 2014

25-26 novembre
17-19 octobre 2014
2014 23 octobre 2014 4 novembre
2014 Organisation de
Intervention à la 1re édition de
Publication de
Beyrouth lors du Mise en ligne de la « CréART’UP –
l’étude
Séminaire régional première version du l’entrepreneuriat
« Perceptions et
audiovisuel et premier catalogue culturel étudiant »
usages du livre
cinéma de l’Afrique VOD open data en partenariat avec
numérique »
du Nord et du multiplateformes Créatis, Paris&Co,
Moyen Orient la MIE et la ville de
Paris
Hadopi Bilan d’activité 17

4-5 décembre 18 décembre 3-9 février 2015


2014 2014 20-23 mars 2015
Organisation d’un
Publication code camp sur la
Participation à Participation
de l’étude sur valorisation des
l’International au Salon du Livre
« Le Jeu vidéo métadonnées VOD,
IP Summit de de Paris
dématérialisé » en partenariat avec
Bruxelles
prep’ETNA

25 mars 2015 22 avril 2015


27 avril 2015
Présentation
Participation Mise en place avec
au forum
9 avril 2015 de l’article de
le Défenseur des 3 juin 2015
recherche « A
« Entreprendre droits du projet
Lancement de Bird's Eye View
dans la culture », « Parlons jeunes », Audition par
la campagne de on Wawacity :
organisé par le initié par le Réseau la Mission
sensibilisation au Characteristics
ministère de la des Défenseurs des d'information du
fonctionnement des on Contents and
Culture et de la enfants européens Sénat sur l’Hadopi
logiciels de partage Files » lors de
Communication (ENOC) et soutenu
la 1re conférence
(DGMIC) à Paris, à la par la Commission
internationale de
Gaîté lyrique européenne
l’IEEE sur le big data
L'INSTITUTION
20

LES MISSIONS
• attribuer aux offres propo-
sées par des personnes
dont l’activité est d’offrir un
service de communication
au public en ligne, un label
permettant aux usagers de
ce service d’identifier claire-
ment le caractère légal des
offres ; et veiller à la mise en
place, à la mise en valeur et
à l’actualisation d’un portail
de référencement de ces
mêmes offres ;

• évaluer les expérimentations


conduites dans le domaine
des technologies de recon-
naissance de contenus et
de filtrage, par les concep-
teurs de ces technologies,
les titulaires de droits sur les
L’article L. 331-13 du code de la à l’article L. 331-23 du CPI, la œuvres et objets protégés
propriété intellectuelle (CPI) investit Haute Autorité est notamment et les personnes dont l’acti-
la Haute Autorité de trois missions : en charge de : vité est d’offrir un service de
communication au public en
■■ une mission d’encouragement au • publier des indicateurs du ligne ; rendre compte dans
développement de l’offre légale développement de l'offre son rapport annuel des prin-
et d’observation de l’utilisation légale, qu'elle soit commer- cipales évolutions constatées
licite et illicite des œuvres et des ciale ou non, et d’observation en la matière, notamment pour
objets auxquels est attaché un de l'utilisation, qu'elle soit licite ce qui regarde l’efficacité de
droit d’auteur ou un droit voisin ou illicite, des œuvres et des telles technologies ;
sur les réseaux de communica- objets protégés par un droit
tions électroniques utilisés pour la d'auteur ou par un droit voisin • identifier et étudier les moda-
fourniture de services de commu- sur les réseaux de communi- lités techniques permettant
nication au public en ligne. Au cations électroniques, dont la l’usage illicite des œuvres
titre de cette mission détaillée liste est fixée par décret ; et des objets protégés par
Hadopi L'institution 21

un droit d’auteur ou par un ■■ une mission de régulation et • d'un règlement des différends
droit voisin sur les réseaux de de veille dans le domaine des dès lors qu’une MTP empêche
communications électroniques mesures techniques de protec- l’interopérabilité ou restreint le
et proposer, le cas échéant, des tion (MTP) et d’identification des bénéfice de certaines excep-
solutions visant à y remédier œuvres et des objets protégés tions précitées ;
dans son rapport annuel. par un droit d’auteur ou un droit
voisin. Au titre de cette mission • d’une saisine pour avis concer-
■■ une mission de protection des détaillée aux articles L. 331-31 et nant toute question relative à
œuvres et objets protégés par suivants du CPI, la Haute Autorité : l’interopérabilité des MTP ou
un droit d’auteur ou un droit voisin toute question relative à la
à l’égard des atteintes à ces droits • veille à ce que les mesures mise en œuvre des excep-
commises sur les réseaux de techniques n’aient pas pour tions listées par le code de la
communications électroniques conséquence du fait de propriété intellectuelle(2).
utilisés pour la fourniture de leur incompatibilité mutuelle
services de communication au ou de leur incapacité d’in- ■■ par ailleurs, l'Hadopi dispose
public en ligne. Cette mission teropérer, d’entraîner dans d'une compétence réglementaire
inclut notamment la « réponse l’utilisation d’une œuvre des en ce qu'elle détermine les moda-
graduée », mise en œuvre par la limitations supplémentaires lités d’exercice des exceptions
Commission de protection des et indépendantes de celles précitées et fixe notamment le
droits, et régie par les articles expressément décidées par les nombre minimal des copies auto-
L. 331-24 et suivants du CPI. La titulaires d’un droit d’auteur ou risées dans le cadre de l’excep-
réponse graduée est un dispositif d’un droit voisin ; tion pour copie privée, en fonc-
pédagogique d'avertissement tion du type d’œuvre ou d’objet
ayant pour objet de rappeler • veille à ce que la mise en œuvre protégé, des divers modes de
aux titulaires d’un abonnement des mesures techniques de communication au public et des
dont l'accès à Internet a été utilisé protection n’ait pas pour effet possibilités offertes par les tech-
pour télécharger ou mettre à de priver les bénéficiaires niques de protection disponibles.
disposition une œuvre protégée de certaines exceptions au Ce pouvoir réglementaire s’exerce
leur obligation de surveillance droit d’auteur et droits voisins au terme d’un délai raisonnable
de cet accès (article L. 336-3). énumérées au 2° de l’article au cours duquel les titulaires de
En cas de manquement réitéré L. 331-31 du CPI, lesquelles droits peuvent prendre les dispo-
à cette obligation, après l’envoi recouvrent les exceptions dites sitions utiles pour concilier les
de deux recommandations, de copie privée, d’enseignement mesures techniques de protec-
la Commission peut saisir le et de recherche, de conservation tion et l’exercice effectif des
procureur de la République au titre par les bibliothèques et exceptions.
de la contravention de 5e classe de établissements assimilés, ainsi
négligence caractérisée dans la que les exceptions de procédure
surveillance d'un accès à Internet. et sécurité publique, de dépôt
La sanction maximale encourue légal et en faveur des personnes
est une amende de 1 500 euros handicapées.
pour un particulier. Ce dispositif
n’exclut nullement la faculté pour Pour la mise en œuvre de cette
les ayants droit d’initier une action mission, l’Hadopi peut être saisie
fondée sur le délit de contrefaçon. dans le cadre :

(2) Reprenant les préconisations formulées par l’ARMT dans son rapport annuel de l’année 2008, le législateur jugeant « opportun de prévoir […] une
possibilité de saisine pour avis, afin de répondre à une demande réelle de clarification et d’orientation de la part des différents acteurs », a souhaité
renforcer le rôle de la Haute Autorité en prévoyant une procédure de saisine pour avis indépendante de toute procédure de règlements de différends.
22

L'ORGANISATION

D e gauche à droite : Bernard TRANCHAND, Jean BERBINAU, Alain LEQUEUX, Denis RAPONE, Marie-François MARAIS (Présidente du Collège),
Christian PHELINE, Didier MATHUS. Absents : Anne-Elisabeth CREDEVILLE, Franck RIESTER

La Haute Autorité est composée notamment : l’attribution du label à table et financier, le compte finan-
d’un Collège et d’une Commission des offres de services de communi- cier et l’affectation des résultats. Ce
de protection des droits. Les cation au public en ligne permettant même article prévoit que certaines
missions confiées à la Haute Autorité aux usagers de ces services d’identi- délibérations du Collège sont prises
par le législateur sont exercées fier leur caractère légal, la publication après avis de la Commission de
par le Collège, sauf disposition des indicateurs mentionnés à l'article protection des droits.
législative contraire (article L. 331-15 L. 331-23 du CPI, les saisines pour
du CPI). Le Président du Collège est avis en matière d’interopérabilité des L’article L. 331-16 du CPI prévoit pour
le Président de la Haute Autorité. mesures techniques de protection et la composition du Collège :
de bénéfice de certaines exceptions
au droit d’auteur et aux droits voisins ■■ ’une part, la nomination de
d
Le Collège et les règlements de différends sur quatre membres titulaires du
les mêmes sujets, les recommanda- Collège et leurs quatre suppléants
Aux termes de l’article R. 331-4 du tions de modifications législatives respectivement membres de la
CPI, le Collège délibère ainsi sur ou réglementaires, les demandes Cour de cassation, de la Cour
« toutes les questions relatives à la d’avis adressées à la Haute Autorité, des comptes, du Conseil d’État,
Haute Autorité » ce qui comprend le budget annuel, le règlement comp- et du CSPLA(3), chacun désigné,

(3) Conseil supérieur de la propriété littéraire et artistique.


Hadopi L'institution 23

dans les mêmes conditions, électroniques, de la consomma-


par la présidence de chacune tion et de la culture et pour les
de ces institutions, puis nommés deux autres désignées respec-
par décret ; tivement par le Président de
l’Assemblée nationale et le
■■ d’autre part, la nomination de cinq Président du Sénat.
membres du Collège parmi des
personnalités qualifiées, ne dispo- Le 2 juillet 2014 un décret portant
sant pas de suppléants, nommés nomination de trois nouveaux
par décret et qui sont pour trois membres a été publié au Journal
d’entre elles désignées sur propo- Officiel.
sition conjointe des ministres
chargés des communications

Composition et mandats des membres du Collège au 1er janvier 2015

MEMBRES MODE DE DÉSIGNATION DURÉE DU MANDAT

Marie-Françoise MARAIS Titulaire Désignés par le Premier 6 ans (décret


Président de la Cour de du 23 déc. 2009)
Dominique GARBAN Suppléant cassation

Denis RAPONE Titulaire Désignés par le Vice- 6 ans (décret


Président du 1er juillet 2014)
Dominique CHELLE Suppléante du Conseil d’État

Christian PHELINE Titulaire Désignés par le Premier 6 ans (décret du


Président de la Cour des 6 janvier 2012 et décret
Sylvie TORAILLE Suppléante comptes du 11 janv. 2013)

Anne-Elisabeth CREDEVILLE Titulaire Désignés par le Président


du Conseil supérieur de 6 ans (décret
la propriété littéraire et du 6 janvier 2012)
Jean-Pierre DARDAYROL Suppléant artistique

Jean BERBINAU Titulaire Désignés sur 6 ans (décret


proposition conjointe du 23 déc. 2009)
des Ministres chargés
Bernard TRANCHAND Titulaire des communications 6 ans (décret
électroniques, de la du 1er juillet 2014)
consommation et de la 6 ans (décret
Alain LEQUEUX Titulaire culture du 1er juillet 2014)

Franck RIESTER Titulaire 6 ans (décret


Désignés par le Président du 23 déc. 2009)
de l’Assemblée nationale
Didier MATHUS Titulaire et le Président du Sénat 6 ans (décret
du 6 janv. 2012)
24

La Commission de
protection des droits

Conformément aux dispositions


de l’article L. 331-17 du CPI, les
membres de la Commission de
protection des droits et leurs
suppléants sont nommés par
décret. La durée du mandat des
membres de la Commission de
protection des droits est de six ans.

De gauche à droite : Dominique GUIRIMAND, Mireille IMBERT-QUARETTA (Présidente de la


CPD), Jean-Baptiste CARPENTIER

ORIGINE DE LA
MEMBRES DURÉE DU MANDAT
DÉSIGNATION

Mireille IMBERT-QUARETTA Titulaire Désignés par le Vice- 6 ans


Président du Conseil (décret du
Jean-François MARY Suppléant d’État 23 décembre 2009)

Dominique GUIRIMAND Titulaire Désignées par le Premier 6 ans


Président de la Cour de (décret du
Stéphanie GARGOULLAUD Suppléante cassation 29 janvier 2014)

Jean-Baptiste CARPENTIER Titulaire Désignés par le Premier 6 ans


Président de la Cour des (décret du
Paul-Henri RAVIER Suppléant comptes 6 janvier 2012)

Le Président sation des services, après avis du (L. 331-19 du CPI). À ce titre, et
Collège. Il signe tous les actes rela- dans le cadre des règles générales
Marie-Françoise Marais a été élue tifs à l’activité de la Haute Autorité fixées par le Collège, le Secrétaire
Présidente de la Haute Autorité sous réserve des compétences de général a qualité pour gérer le
par les membres du Collège en la Commission de protection des personnel (article R. 331-14
janvier 2010. droits. Il présente les comptes de du CPI). Le Président peut lui
la Haute Autorité au contrôle de déléguer sa signature (article
Le Président convoque en applica- la Cour des comptes. R. 331-11 du CPI).
tion de l’article R. 331-2 du CPI les
membres du Collège à des séances La Haute Autorité dispose de Contrôle démocratique
dont il fixe l’ordre du jour. services placés sous l’autorité Outre le rapport qu’elle remet
de son Président. Un Secrétaire chaque année au Parlement et
L’article R. 331-9 du CPI confère général, nommé par ce dernier, celui sur les Autorités publiques
au Président autorité sur l’en- est chargé du fonctionnement et indépendantes dotées de la
semble des personnels de de la coordination des services personnalité morale annexé au
l’Hadopi. À ce titre, il fixe l’organi- sous l’autorité du Président projet de loi de finances de l’année
Hadopi L'institution 25

auquel elle contribue, l’Hadopi des missions ». Il estime que les ■■ La rapporteure pour avis
informe fréquemment les élus de missions de la Haute Autorité de la Commission de la
ses travaux et elle est régulièrement « doivent faire l’objet d’un finan- culture, de l’éducation et de
auditionnée par diverses instances cement adéquat permettant leur la communication du Sénat,
parlementaires. Il s’agit à la fois de réalisation. » Mme Colette Melot, a auditionné
partager avec la représentation l’Hadopi le 5 novembre 2014.
nationale les constats et les ■■ Le rapporteur pour avis de la Dans son rapport pour avis(7),
analyses tirés de la mise en Commission des affaires culturelles elle estime que « les économies
œuvre des missions, notamment et de l’éducation de l’Assemblée réalisées dans le passé combinées
des travaux d’observation et de nationale, M.  Rudy Salles, a avec les prélèvements sur le
l’expérience de terrain, et de rendre auditionné l’Hadopi le jeudi fonds de roulement ont jusque-là
compte de son action. 9 octobre 2014. Lors de l’examen assuré un équilibre financier selon
de son rapport pour avis(5) en des conditions qui ne sont pas
Le contrôle budgétaire annuel Commission, il a souligné « que soutenables à terme ».
Dans le cadre de l’examen l'Hadopi est aujourd’hui exsangue,
parlementaire du Projet de loi avec un budget bloqué à 6 millions La Mission d'information sur
de Finances (PLF) pour 2015, d’euros » et il a estimé que « si la l’Hadopi
l’Hadopi a été auditionnée par les situation continue, l’institution court Par ailleurs, une Mission
quatre rapporteurs budgétaires à la catastrophe. La faiblesse de d'information sur l’Hadopi(8) a
de l’Assemblée nationale et du son budget lui interdit de remplir été créée par la Commission
Sénat sur le programme n° 334 les missions que le législateur lui de la culture, de l’éducation et
« Livre et industries culturelles » a confiées ». de la communication du Sénat
de la Mission « Médias, livres et en avril  2015. Les rapporteurs
industries culturelles » dont relèvent ■■ Le rapporteur spécial de la de cette mission, Mme Corinne
ses crédits. Commission des finances du Bouchoux et M. Loïc Hervé, se sont
Sénat sur la Mission « Médias, déplacés à l’Hadopi le 3 juin 2015.
■■ Le rapporteur spécial de la livres et industries culturelles », Ils ont rencontré la Présidente de
Commission des finances de l’As- M. François Baroin, a auditionné l’Hadopi, Marie-Françoise Marais,
semblée nationale, M. Jean-Marie l’Hadopi le 3 novembre 2014. la Présidente de la Commission
Beffara, a auditionné la Haute Dans son rapport(6), il estime de protection des droits, Mireille
Autorité le 22 juillet 2014. Dans à propos de la subvention de Imbert-Quaretta, ainsi que l’équipe
son rapport(4), il évoque « une la Haute Autorité pour 2015 de direction, des agents, et les
situation financière critique » et il que «  la persistance de ce instances représentatives du
considère que « l’asphyxie finan- traitement budgétaire rigoureux personnel. À l’issue de quatre mois
cière progressive de l’Hadopi […] pourrait peser sur la capacité de de travaux, le rapport d’information
n’est pas une solution tenable l'Hadopi à mener à bien ses a été adopté le 8 juillet 2015.
et porte préjudice à l’ensemble différentes missions  » ;

(4) Rapport de la Commission des finances sur le projet de loi de finances pour 2015 (n°2260) – Annexe n°32 http://www.assemblee-nationale.fr/14/
budget/plf2015/b2260-tIII-a32.asp.
(5) Avis de la Commission des affaires culturelles sur le projet de loi de finances pour 2015 (n°2261) – Tome VII : Médias, livres et industries culturelles
http://www.assemblee-nationale.fr/14/documents/index-rapports.asp.
(6) Rapport général sur le projet de loi de finances pour 2015 (n°108) – Tome III : Les moyens des politiques publiques et les dispositions spéciales
http://www.senat.fr/rap/l14-108-319/l14-108-3191.pdf.
(7) Avis sur le projet de loi de finances pour 2015 (n°112) – Tome IV – Fascicule 3 : Médias livre et industries culturelles : livres et industries culturelles
http://www.senat.fr/rap/a14-112-43/a14-112-431.pdf.
(8) La Hadopi : totem et tabou – Rapport d’information de M. Loîc Hervé et Mme Corinne Bouchoux, fait au nom de la Commission de la culture, de
l’éducation et de la communication (n°600), 8 juillet 2015, http://www.senat.fr/rap/r14-600/r14-600.html.
26

Tout en faisant le constat de moyenne d’âge s’établit à 36 ans ■■ Il note que « la question de la
certaines faiblesses, dont l'insti- au 31 mai 2015, ce qui constitue réussite effective de la réponse
tution a pris connaissance avec la un exemple unique au sein des graduée constitue un sujet
plus grande attention et dont elle Autorités publiques indépendantes. complexe autour duquel se cris-
souhaite pouvoir tirer toutes les Votre Mission d'information, lors de tallisent aujourd’hui les antago-
conséquences, ce rapport souligne son déplacement à l'Hadopi, a été nismes d’hier » et relève que,
la nécessité du maintien de la Haute heureusement frappée par cette « depuis la mise en place de la
Autorité, qu'il considère comme un exception et par le dynamisme des réponse graduée, le nombre de
instrument essentiel d'une poli- équipes qui semblait en découler ». téléchargements d’œuvres proté-
tique publique de lutte contre le gées a sensiblement diminué  » ;
piratage et la protection du droit Il relève également que la Haute
d'auteur. Il formule également Autorité, depuis sa création ■■ Il considère que la labellisation
des appréciations très positives, a souffert d’une «  asphyxie des offres légales et leur référen-
notamment à l'égard des agents de budgétaire progressive » et que cement sont des outils « insatis-
l'Hadopi, dont l'implication et l'ex- « la dégradation des conditions faisants, ni valorisants commer-
pertise sont saluées. matérielles et sociales entrave la cialement, ni attractifs auprès
capacité de l'institution à mettre du public » tout en reconnais-
Le rapport évoque ainsi le dyna- en œuvre ses missions légales et sant que leur mise en œuvre
misme des personnels : ne peut se poursuivre en 2016 ». a connu des « progrès indé-
niables » grâce à « un véritable
« Près des deux tiers des agents Concernant la façon dont les tournant dans les méthodes de
sont des femmes  ; l’équipe de missions de la Haute Autorité sont travail de l’institution  » ;
direction elle-même est à 62,5 % mises en œuvre, il dresse un bilan
féminine (25 % dans la fonction nuancé et contextualisé : ■■ Il salue « l’initiative, heureuse, de
publique d’État). En outre, la développer une action ciblée à
Hadopi L'institution 27

destination de la communauté La Commission d’enquête sur la réalisation d’études permettant


éducative et du jeune public, pour les Autorités administratives de déterminer l’impact réel de la
les sensibiliser au droit d’auteur indépendantes rémunération pour copie privée sur
et à la création numérique de Comme toutes les Autorités admi- le marché des matériels et supports
façon positive et non-anxiogène, nistratives indépendantes, l’Hadopi de copie ».
en les mettant en situation de a été auditionnée le 8 juillet 2015
créateurs » tout en regrettant par la Commission d’enquête du
« un cruel manque de moyens  » ; Sénat sur le bilan et le contrôle
de la création, de l’organisation,
■■ Il estime que la mission de de l’activité et de la gestion des
régulation des mesures Autorités indépendantes(9).
techniques de protection « est
parfaitement utile et justifiée » Ces auditions permettent d’assurer
mais qu’« elle demeure, au regard un contrôle parlementaire régulier
des résultats présentés, rarement sur les réalisations et le fonctionne-
mise en œuvre, comme l'Hadopi ment de la Haute Autorité, ainsi que
elle-même le déplore  » ; sur les conditions dans lesquelles
elle met en œuvre ses missions.
■■ Il souligne, tout en notant que En cela, ce contrôle constitue le
ses travaux ont pu parfois être corollaire indispensable de l’indé-
l'objet de critiques nourries, le pendance de l’Hadopi.
fait que « l'expertise largement
reconnue de l'Hadopi l'a conduite Audition par la Mission
à produire des travaux de grande d'information de la
qualité, reconnus comme tels en Commission des affaires
France comme à l'international » culturelles et de l'éducation
en matière d'observation des de l'Assemblée nationale
usages culturels en ligne licites L’Hadopi a été auditionnée le 9 avril
et illicites.   2015 par la Mission d'information au
titre de ses compétences en matière
■■  Enfin, il émet des propositions d’observation des usages et de
pour que le maintien de l'Hadopi régulation de mesures techniques
s'accompagne d'une adaptation de protection. Au cours de son
de ses missions, d'une moder- audition l’Hadopi a pu réaffirmer
nisation de sa Gouvernance et l’importance de la prise en compte
de moyens de fonctionnement des usages tant dans la fixation
suffisants. des barèmes que dans la définition
du périmètre de la copie privée ;
Sa contribution figure en annexe
du rapport de la Commission,
qui préconise notamment
que soit confié à une Autorité
administrative indépendante le soin
« d’homologuer les barèmes par

(9) Commission d’enquête sur le bilan et le contrôle de la création, de l’organisation, de l’activité et de la gestion des Autorités administratives indé-
pendantes http://www.senat.fr/commission/enquete/autorites_administratives_independantes.html
LA MISE EN ŒUVRE
DES MISSIONS
30

OBSERVATION
DES USAGES
ET ENCOURAGEMENT
AU DÉVELOPPEMENT
DE L’OFFRE LÉGALE

OBSERVER ET COMPRENDRE LES USAGES

La consommation des internautes français » a été (1 511 internautes interrogés), une


d’œuvres culturelles sur conduite du 5 au 19 mai 2014. représentativité obtenue grâce à
Internet Les précédentes vagues ont été la méthode des quotas (sur sexe,
conduites en décembre  2011, âge, CSP, région d’habitation et
5e vague du baromètre octobre 2012, mai et octobre 2013. fréquence de connexion à Internet),
« Usages » et une vérification de la qualité
La 5e vague du baromètre « Hadopi, Cette étude, dont la réalisation des résultats (redressement léger,
usages de biens culturels sur a été confiée à l’institut IFOP, vérification statistique, etc.).
Internet : pratiques et perception repose sur un large échantillon
Hadopi La mise en œuvre des missions 31

Une base de tendances stables


Après une légère baisse enregistrée
en octobre 2013, et déjà rencon- Parmi les produits ou services culturels suivants, le(s)quel(s) avez-
trée en octobre 2012, le taux de vous déjà personnellement consommé(s) de façon dématéria-
consommateurs de produits lisée sur Internet, au cours des 12 derniers mois ? À quelle fréquence
culturels dématérialisés retrouve consommez-vous sur Internet des produits ou services culturels ?
le niveau qu’il avait en mai 2013
(69 % contre 67 % en octobre 2013
et 71 % en mai). 80%

La musique (43 %) demeure le


produit culturel le plus consommé 60%

sur Internet. En baisse en


octobre 2013, les vidéos (36 %) et
40%
les logiciels (20 %) retrouvent leur
niveau de consommation mesuré
il y a un an. Les livres (20 %) sont 20%
quant à eux, en progression pour
la première fois depuis 2011. La
consommation de séries TV, photos 0%
et jeux vidéo demeure stable. Déc. 2011 Oct. 2012 Mai 2013 Oct. 2013 Mai 2014
BU1 BU2 BU3 BU4 BU5

Consommation illicite
Exclusifs illicites Mixte (licites/illicites) ST Illicites Exclusifs licites
18 % des internautes français ont
Total Consommateurs de biens culturels dématérialisés)
déclaré avoir des pratiques illicites,
exclusives ou mixtes, taux similaire à
celui enregistré en mai 2013 (17 %). Source : Hadopi - IFOP, août 2014, baromètre biens culturels et usages d’Internet : pratiques et
perceptions des internautes français (BU5 synthèse)

Au regard des sites consultés (en


déclaratif), la consommation illicite
continue à concerner surtout les Gratuité sécurité, que ce soit du paiement,
vidéos/films (24 %) et les séries TV La consommation gratuite prévaut ou vis-à-vis des risques de virus,
(26 %). Le recours à des sites illi- toujours largement sur la consom- arrive toujours en seconde posi-
cites est plus bas pour la musique mation payante, et ce, quel que soit tion mais baisse légèrement depuis
(5 %), ce qui correspond aussi au le type de bien culturel concerné, octobre 2013 (49 % contre 55 %).
développement d’autres modes de aussi bien chez les internautes ayant
consommation, comme la copie déclaré des usages illicites que ceux Dans le cas de près de la moitié des
d’œuvres diffusées gratuitement ayant dit avoir des usages licites internautes français (47 % contre
en streaming (« stream ripping »). exclusifs. Cependant, si la musique, 53 % des consommateurs ayant
les photos et les séries TV sont les des usages licites), la conformité
Sécurisation de l’accès Internet plus consommées de façon gratuite, avec la loi est la première moti-
84  % des internautes français les jeux vidéo et les livres donnent vation incitant à consommer de
ont conscience de la nécessité davantage lieu à un acte d’achat. manière légale. Pour les internautes
de sécuriser leur accès Internet. ayant des usages illicites, le premier
Cette bonne connaissance se Perception, freins critère cité est l’aide aux jeunes
retrouve dans la hausse du taux et motivation artistes/producteurs/développeurs
de connexion Wi-Fi sécurisée, Pour plus de la moitié des inter- (40 % en hausse de 6 points par
en augmentation par rapport à nautes français (55 %), le respect rapport à octobre 2013), à égalité
mai 2013 (72 % contre 66 %). des droits d’auteur est le prin- avec le respect des auteurs et des
cipal avantage de l’offre légale. La créateurs.
32

Lorsqu’on leur demande quels sont Méthodologie Sur ces 8 155 consommateurs de
pour eux les freins à consommer La méthodologie employée est biens culturels, 7 836 ont accepté
des biens culturels de manière licite, celle des carnets de consommation, de prendre part à l’étude. Au
les internautes ayant des usages illi- c’est-à-dire des questionnaires bout des sept jours consécutifs
cites invoquent toujours en premier en ligne à renseigner de façon d’enquête, 5 985 personnes avaient
le prix trop élevé (70 %), devant le quotidienne, durant sept jours correctement rempli l’ensemble des
manque d’attrait pour le contenu consécutifs, chaque participant carnets de consommation. Ces 5 985
de l’offre (48 %), à quasi égalité devant y noter sa consommation répondants sont représentatifs
avec le poids des habitudes (47 %). journalière de musiques, films, des consommateurs de bien
séries, jeux vidéo, et livres/BD culturels. La représentativité a
Carnets de consommation – dématérialisés. été assurée à la fois au travers du
2e vague recrutement sur quotas et au final
Dans le cadre de sa mission 12 256 internautes âgés de 15 ans par un redressement sur la base des
légale d’observation des usages, et plus ont été interrogés lors de la critères de sexe, âge, région et CSP.
l’Hadopi a confié à l’institut Opinion phase de recrutement. Parmi ces
Way la conduite d’un « carnet répondants, ont été sélectionnés Résultats
de consommation  » des biens les 8 155 consommateurs de biens D’une façon générale, les résultats
culturels dématérialisés sur Internet, numériques dématérialisés, c’est- illustrent l’importance du streaming,
employant un questionnaire à-dire consommant au moins une employé par 84 % des consomma-
similaire à celui utilisé pour la fois par an en streaming ou en teurs pour accéder à des œuvres
première vague de l’étude conduite téléchargement l’un des produits culturelles.
en 2013. Son objectif est d’évaluer suivants : musique, film, série TV,
le volume de la consommation livre/BD, jeu vidéo. Si près d’un sondé sur deux (45 %)
de biens et services culturels déclare avoir un abonnement, ils ne
dématérialisés sur Internet. sont que 14 % à en avoir un payant.

Mode d'acquisition des biens culturels durant la semaine de référence

Consommateurs Consommateurs
streaming téléchargement

(nb d'actes Payant par (nb d'actes Payant par


décrits par abonnement àPayant Gratuit par Gratuit sans Non décrits par abonnement àPayant Gratuit par Gratuit sans Non
l'unité abonnement abonnement renseigné l'unité abonnement abonnement renseigné
semaine) semaine)

6% 2% 13% 77% 2% 6% 18% 13% 62% 1%


TÉLÉCHARGEMENT

13849 2294
STREAMING

8% 8% 13% 70% 1% 7% 13% 14% 65% 1%


2798 1295

4% 1% 10% 83% 2% 8% 3% 12% 76% 1%


6448 1477

6% 24% 13% 56% 1% 9% 24% 14% 52% 1%


909 512

- - - - - 9% 21% 7% 62% 1%
- 478
Hadopi La mise en œuvre des missions 33

Par ailleurs, 62 % des internautes ripping », qui permettent de en streaming en moyenne) et pour
interrogés n’achètent pas du télécharger les contenus diffusés les séries TV (4,4 épisodes en
contenu culturel dématérialisé à en streaming. moyenne).
l’unité. Ainsi, une part importante
des consommateurs n’a jamais Le pair-à-pair représente 9 % des La musique reste le type de bien
consommé de façon payante. usages de téléchargement de culturel dématérialisé le plus
Pour autant, 31 % de ceux qui musique. consommé (en taux de pénétration
n’ont jamais payé se disent prêts comme en volume), réussissant
à le faire (et sont dans ce cas Concernant les films, en streaming, à garder un taux d’accès licite
davantage favorables à un achat leur consommation licite représente très élevé, de par la domination
à l’unité (61 %)). la moitié des actes renseignés, du marché par quelques acteurs
tandis qu’en téléchargement, les majeurs tels que YouTube, Deezer,
La musique est de loin le bien culturel pratiques sont majoritairement iTunes ou encore Spotify.
le plus consommé (en moyenne illicites. Côté séries, elles sont
plus de 31 titres en streaming davantage consommées en licite Les livres/BD et les jeux vidéo
et 8 en téléchargement). Cette (streaming) grâce notamment à bénéficient eux aussi d’un taux
consommation élevée s’explique la télévision de rattrapage, tandis de consommation licite impor-
par un accès par titre, et rejoint de que les usages illicites prédominent tant, porté également par quelques
façon similaire la consommation de pour le téléchargement. L’attrait acteurs clefs :
séries, par épisode. pour les contenus internationaux
est particulièrement marqué, et ■■ la consommation licite de livres/
De manière générale et pour tous pratiquement exclusif pour le BD se retrouve principalement
les types d’œuvres, l’accès gratuit téléchargement. sur des plateformes proposant
est privilégié. Le paiement concerne leur propre liseuse électronique
un peu plus le téléchargement, avec Contrairement aux autres biens comme Amazon et son Kindle
une préférence pour l’achat à l’unité. étudiés, pour les livres et bandes ou la Fnac et la Kobo, iTunes
dessinées numériques, les œuvres étant aussi très souvent cité
Typologie des usages par bien francophones sont consommées probablement grâce à la lecture
La consommation de musique de façon importante. La consom- sur smartphones et tablettes ;
se fait majoritairement via des mation de livres/BD dématérialisés
plateformes majoritairement se fait davantage par le biais de ■■ les jeux vidéo sont téléchargés
gratuites. La plateforme d’échange plateformes licites qu’illicites, avec soit via le système d'exploitation
de vidéos YouTube est devenue le Amazon en tête. du support pour les jeux en
point d’accès le plus utilisé pour mobilité (Apple store/iTunes et
la consommation de musique en Enfin, la consommation de jeux Google Play en tête), soit par des
ligne, que ce soit pour le streaming vidéo se fait majoritairement de acteurs incontournables des jeux
ou le téléchargement. La forte façon licite et gratuite. Les deux sur PC : les éditeurs comme EA
représentation de cette plateforme principaux systèmes d'exploitation avec Origin et la plateforme phare
au titre du téléchargement peut arrivent en tête des plateformes qu’est Steam.
trouver différentes explications : employées, illustrant l’importance de
la consommation de jeux en mobilité. Le livre numérique
■■ la consommation à l’unité
effectuée sur YouTube (un Principaux enseignements Présentation de l’étude
acte correspond à un titre), par Quel que soit le type d’œuvre Dans le cadre de sa mission
opposition à des consommations consommée, l’accès gratuit est privi- légale d’observation, l’Hadopi
comprenant potentiellement légié par les internautes français. et le Groupement pour le
plusieurs titres, comme sur iTunes développement de la Lecture
ou sur Deezer ; L’accès en streaming est privilégié, Numérique (GLN) ont conduit une
principalement pour la musique étude exploratoire sur les usages
■■ les pratiques de « stream (32 morceaux de musique écoutés et perceptions du livre numérique.
34

Cette étude, réalisée par partager les livres numériques. est également apparu que l’entrée
l’institut d’études IFOP, associe Cette étude a également pour dans le livre numérique se fait le
méthodologies qualitatives et objet d’étudier les perceptions plus souvent par opportunité,
quantitatives. Elle s’appuie sur des des lecteurs/utilisateurs et leurs via le terminal de lecture. C’est
groupes qualitatifs menés auprès attentes vis-à-vis de l’offre de livres notamment le cas pour 46 % des
de lecteurs de livres numériques numériques, les leviers et freins lecteurs d’e-books. Pour ceux-ci,
occasionnels et réguliers et sur un éventuels au développement de 32 % ont essayé le livre numérique
échantillon national représentatif la lecture de livres dématérialisés car ils possédaient déjà une tablette
des lecteurs de livres numériques dans leurs différentes composantes, ou un smartphone, et 14 % ont
de 15 ans et plus. et enfin les pratiques licites/illicites commencé après s’être vu offrir
associées aux livres dématérialisés. une liseuse ou livre numérique.
L’objectif de cette étude était En outre, il ressort également que
d’étudier les usages et attitudes Grands enseignements de l’expérience de lecture numérique
des lecteurs à l’égard du livre l’étude est très dépendante de l’appareil de
numérique. À savoir, quels Parmi les principaux enseignements, lecture utilisé et du genre de livres
terminaux sont utilisés pour il est notamment ressorti que le lus, opposant une consommation
lire des livres numériques, dans taux de pénétration (10) était de plus de lecture-loisir (romans/liseuse,
quelles circonstances la lecture d’un Français sur 10, avec 11 % de la etc.) globalement satisfaisante et
a-t-elle lieu, et quels sont les population française de 15 ans et une consommation professionnelle/
moyens de se procurer et de plus lectrice de livres numériques. Il scolaire (plutôt sur ordinateur)
qui pose davantage de difficultés
(lecture superficielle et fatigante
notamment).
L'appareil le plus utilisé pour lire en format numérique est
la tablette tactile. L'appareil offrant l'expérience de lecture Concernant l’offre légale et
jugé la plus satisfaisante est la liseuse. l’expérience d’achat, l’étude
a révélé que les niveaux de
NOTE GLOBALE UTILISATION satisfaction étaient distincts selon
DE SATISFACTION DÉCLARÉE le profil de lecteur numérique.
7,2/10 Tablette 28 % 37 % Ainsi, la consommation des livres
numériques fait le plus fréquemment
la part belle au gratuit même si les
6,6/10 PC portable 23 % 33 %
deux-tiers des lecteurs numériques
déclarent avoir acheté au moins un
7,8/10 Liseuse 21 % 24 %
e-book au cours des douze derniers
mois. Concernant l’offre numérique
6,6/10 Smartphone 17 % 26 %
payante, celle-ci s’avère adaptée
à un lectorat équipé et/ou aux
6,4/10 Ordinateur fixe 11 % 17 %
goûts « grand public » (littérature
générale, notamment) mais
74 % des lecteurs lisent sur un seul appareil contre 26 % sur moins en phase avec la recherche
plusieurs, notamment chez les gros lecteurs. Le smartphone d’ouvrages plus spécialisés (livres
est davantage utilisé en complément d'un autre terminal. scientifiques, sciences humaines,
etc.) plus difficiles à trouver et

(10) Pour la lecture du taux de pénétration, il est important de tenir compte de la définition qui a été donnée au cours de l’étude :
- du « livre » : étaient inclus « tous types de livres : les romans mais aussi les livres pratiques ou d’art de vivre, les livres de poésie, les livres profession-
nels ou scolaires, les bandes dessinées, les mangas ou les livres pour enfants…
Hadopi La mise en œuvre des missions 35

perçus comme plus chers. Quoi qu’il toujours plus dématérialisée. plus simplifié, « studio > joueur ».
en soit, indépendamment du genre, Les enseignements tirés de cette La distribution licite se concentre
le seuil psychologique d’achat est étude peuvent nourrir la réflexion sur quelques acteurs majeurs, quel
évalué à 10 ¤ par les lecteurs, la pour tous les autres secteurs de que soit le support de jeu concerné
dématérialisation du support la création culturelle. (par exemple : Google Play et App
rendant difficile la valorisation Store pour les smartphones, Steam
du contenu. Le jeu vidéo comme source pour le PC, etc.).
d’inspiration économique pour
Pour ce qui est des usages illicites la création dématérialisée La perception du prix juste aux
et des pratiques de partage, 34 % La croissance du marché du jeu yeux des joueurs est perturbée :
des lecteurs déclarent y avoir eu vidéo est désormais majoritaire-
recours afin de se procurer leurs ment portée par la distribution ■■ par les réseaux officiels de
livres numériques souvent ou de dématérialisée : revente de clefs d’activation qui,
temps en temps. Les motifs invo- par l’usage fréquent de promo-
qués pour cet accès illicite sont ■■ 90 % des jeux sur PC sont distri- tions, tirent les prix vers le bas ;
notamment le prix, la perception bués en dématérialisé ;
d’une offre parfois limitée et le poids ■■ par les revendeurs de clefs
des habitudes. Enfin, le partage de ■■ 47 % des joueurs français jouent d’activation non officiels, formant
livres numériques entre lecteurs à des jeux distribués en ligne ; un « marché gris ».
est une pratique assez répandue
puisqu’ils sont 46 % à déclarer en ■■ 71 % des joueurs en ligne jouent Ces derniers concurrencent de
fournir à d’autres personnes. à des jeux en free-to-play, acces- manière déloyale les revendeurs
sibles gratuitement dont une officiels mais s’enracinent dans
Le jeudi 18 décembre 2014, la Haute partie du contenu peut donner le paysage de l’offre de jeux
Autorité a présenté cette étude au lieu à un paiement. dématérialisés (20 % des joueurs
cours du 26e atelier du CLIC France en dématérialisé y ont déjà eu
(Club Innovation & Culture France) Le jeu vidéo a su multiplier les recours) : certains bénéficient d'une
consacré à l’« Édition muséale et modèles économiques et adapter notoriété plus importante que des
patrimoniale : gérer la transition/ ses sources de revenus aux usages sites de distribution indépendants.
migration numérique ». des joueurs, une population
aujourd’hui hétérogène aux profils
Le jeu vidéo et attentes variées vis-à-vis de l’ex-
périence de jeu : ainsi, ce ne sont
Présentation de l'étude pas moins de sept modèles écono-
En septembre/octobre 2014, l’Hadopi miques qui coexistent aujourd’hui,
a conduit une grande étude allant de l’offre entièrement payante
comprenant une phase de à entièrement gratuite.
cadrage économique et une phase
quantitative sur la dématérialisation Impact de la dématérialisation
des jeux vidéo, son impact sur sur la distribution :
l’offre légale et les usages illicites. raccourcissement de la chaîne
Cette étude, dont la réalisation a de valeur et concentration de
été confiée à l’IFOP, a été réalisée l’offre licite autour de quelques
avec l’appui du Syndicat National acteurs majeurs
du Jeu Vidéo (SNJV). Il semblait La chaîne de valeur de l’industrie est
en effet pertinent de se pencher fortement marquée par la déma-
sur la façon dont le secteur du térialisation. Elle s’est raccourcie,
jeu vidéo, par essence davantage passant d’un modèle «  studio
adapté à une diffusion digitale, > éditeur > distributeur > détail-
appréhende une distribution lant > joueur » à, dans le cas le
36

dans un jeu téléchargé, vol de


coordonnées bancaires sur
Consommation payante un site de jeux, utilisation de
66¤ de dépense moyenne sur 12 mois pour les jeux en ligne payants leur compte pour acheter des
jeux/objets à leur insu, achat
80
d’une clé d’activation qui ne
fonctionne pas, obtention d’un jeu
70
différent de celui téléchargé, vol/
60 66€ disparition d’item, vol/disparition
57€ 58€ d’un jeu dans sa globalité) ;
50

40
38€ ■■ ceux qui ont eu recours à trois
30
31€ ou quatre pratiques illicites en
20 ligne ont déjà été victimes d’un
10 préjudice dans 71 % des cas.
0
Free- Payants Payants Payants Total jeux Partenariat RENATER
to-play par à l'unité par en Le partenariat établi entre la Haute
catalogue abonnement ligne
payants Autorité et le Réseau National
de télécommunications pour la
Source : Hadopi - IFOP, décembre 2014, Le Jeu Vidéo Dématérialisé (infographie) Technologie, l’Enseignement et
la Recherche (RENATER) a pour
objectif notamment de classifier
Des usages illicites qui vont ■■ le téléchargement de copies et quantifier les usages du réseau
au-delà de la question des illicites de jeux persiste et RENATER. Une première étape
copies illicites d’œuvres concerne 30 % de joueurs en avait permis de réaliser un état
La question du « piratage » s’est ligne. Jeuxtorrent.com est un de l’art des différents algorithmes
complexifiée et dépasse le problème site plus connu des joueurs en existants ainsi que des travaux
de la circulation de copies illicites. ligne français que certains sites de recherche précédents sur les
Avec la dématérialisation, il s’est des plus grands éditeurs (par « machine learning(11)  ». Début
diversifié et a pris de nombreuses exemple : Battle.net, Origin ou 2014, une première expérience
formes, comprenant un risque, peut- Uplay) ; avait permis de pointer les limites
être plus latent mais à ne pas mini- des algorithmes retenus et de
miser pour autant, qu'il s'agisse ■■ 13 % des joueurs déclarent avoir développer un nouvel algorithme
de la défense de la création et du joué sur des serveurs parallèles d’apprentissage destiné à être utilisé
soutien de l’offre légale comme de non officiels. dans le cadre de ce partenariat.
la protection des données person-
nelles des utilisateurs. Avec la dématérialisation, les La seconde phase du partenariat
joueurs peuvent être victimes des vise à permettre une mise en œuvre
Auparavant cloisonnées à l’utilisa- pratiques illicites : à échelle réelle de l’algorithme. Une
tion de copies de jeux illicites et version plus stable et plus efficace a
aux consoles pucées, de nouvelles ■■ 31 % des joueurs en ligne ont déjà été développée afin de commencer
pratiques illicites sont apparues avec été victimes d’un préjudice lié aux une période de test sur le réseau
la dématérialisation (serveurs paral- jeux dématérialisés (piratage d’un RENATER.
lèles, vol de compte de jeu, etc.). compte de jeux, virus contenu

(11) Les « machine learning » font partie du domaine de l’intelligence artificielle, permettant par un processus d'apprentissage à un algorithme d’évo-
luer afin de remplir des tâches complexes (dans le cas présent identifier, classifier et quantifier des usages).
Hadopi La mise en œuvre des missions 37

Les stratégies d’accès de plateformes) sur les usages l’a montré la décision de blocage
aux œuvres et le rôle des des internautes. Cette démarche de nombreuses plateformes de
intermédiaires qualitative a pris la forme de streaming en novembre 2013(12).
six « focus groups » (cinq à huit Par ailleurs, il est apparu au cours
Étude relative aux décisions de participants par groupe), où d’études précédemment conduites
justice les participants sont amenés à par l’Hadopi, que la fermeture
Dans le cadre de sa mission échanger librement autour de leurs de Megaupload avait été un fait
d’observation des usages, pratiques et de leurs perceptions. particulièrement marquant pour les
l’Hadopi a réalisé en juin  2014 Cette méthodologie favorise consommateurs ayant des usages
une étude qualitative auprès de l’expression des interviewés et illicites, certains évoquant à cet
consommateurs ayant des pratiques permet d’obtenir des échanges égard le « deuil d’une génération(13) »
illicites de consommation de dynamiques, garantissant la richesse (étude sur les « digital natives »,
musique, séries télévisées et/ou des informations qui en découlent. publiée en février 2013). Il semblait
films. Le but de cette étude était donc intéressant d’interroger les
de comprendre la perception et Plus de deux ans après la fermeture consommateurs ayant des usages
donc les éventuelles répercussions de Megaupload et Megavidéo, les illicites sur leur perception de
des décisions de justice (telles mesures de blocage et de fermeture l’impact que ce genre de mesures
que le blocage ou la fermeture sont toujours d’actualité, comme a eu sur leurs usages.

Évolution des usages de consommation illicite selon les participants

AVANT… … APRÈS

LE TEMPS LA GÉNÉRALISATION FERMETURE


DES SPÉCIALISTES AU GRAND PUBLIC ET BLOCAGE LA JUNGLE

P2P/torrent essentiellement Téléchargement (direct) Une période de flou où les Prédominance


puis usage massif du streaming consommateurs sont déboussolés. du streaming
Ils recherchent partout et essaient
toutes les alternatives : retour au
PtoP, tests d'autres sites de
téléchargement direct et de
streaming, tests d'offres licites…

« LA PRÉHISTOIRE » « L'ÂGE D'OR » « LE BLACK-OUT » « LA JUNGLE »

« Là on parle de 56k, Kazaa, « Avec l'ADSL je suis passé au « Vide / Flou / le deuil » « C'est sans foi ni loi
Limewire » Streaming, c'était vraiment facile, (14/18 / non utilisateurs) ; côté sites… en fait
(25-39 / utilisateurs) rapide… » (25-39 / utilisateurs) ; « On ne sait plus à qui se vouer ! » y'en a plus mais on
« MegaUpload, DP / Séries » (18-24 / utilisateurs) sait pas grand-chose
(18-24 / utilisateurs) sur eux »
(18-24 / utilisateurs)

(12) TOI Paris, 28 novembre 2013, http://www.legalis.net/spip.php?page=jurisprudence-decision&id_article=3935


(13) Source : Hadopi, février 2013, Perceptions et pratiques de consommation des « Digital Natives » en matière de biens culturels dématérialisés
38

Perception des dispositifs


de fermeture et de blocage
Les mesures de fermeture et de
blocage apparaissent comme
des moments de rupture, mais
à des degrés divers. Concernant
les mesures de blocage, celles-ci
sont assez peu évoquées ou
identifiées par les participants.
Tout d’abord parce qu’elles sont
la plupart du temps assimilées
à des fermetures, et qu’une
certaine confusion règne auprès
des internautes sur la distinction
entre les deux. Ensuite, la présence
fréquente de sites miroirs prenant
le relais brouille les repères des
internautes, qui ne constatent pas
le blocage effectif des plateformes.
En outre, ces mesures sont souvent
jugées inefficientes et davantage
préjudiciables pour le propriétaire Perception de leur impact sur Perception de leur impact sur
du site que pour l’internaute « l’offre illicite » les usages
lui-même, qui trouvera de toute À la suite de la fermeture de la Il existe aujourd’hui un sentiment
façon une autre source illicite. galaxie Mega, de nombreux sites d’insécurité pour les consomma-
illicites ont émergé, comblant ainsi teurs. Ils observent que nombre de
La fermeture de Megaupload le vide laissé. Pour les utilisateurs, sites disparaissent aussi vite qu’ils
constitue en revanche un point le sentiment dominant est celui de sont apparus, donnant un aspect
d’ancrage temporel, créant un l’apparition d’une offre foisonnante aléatoire ou éphémère à ces offres
« avant et un après ». Aux yeux et fragmentée, qui s’est largement illicites. Ils déclarent également
des participants, cet événement démultipliée, mais marquée par une qu’une concurrence acharnée opère
a marqué un tournant dans la lutte concurrence de plus en plus accrue entre les plateformes, où tous les
contre les pratiques illicites, tant par entre ces « nouveaux venus ». On coups bas seraient permis faisant
son envergure que par sa visibilité, est ainsi passé de l’ère du « site naître chez eux une impression
le bruit médiatique de cette déci- réflexe » à un mode d’entrée avec d’anarchie. Ceci est complété par
sion étant particulièrement iden- recherche par nom d’œuvre plus le sentiment d’avoir affaire à un
tifié. De fait, cela a déstabilisé les nom d’accès dans les moteurs de univers de plus en plus opaque,
usages quotidiens et a redessiné recherche. où les sites feraient le maximum
l’écosystème des utilisateurs qui pour passer entre les mailles du
ont vu leurs pratiques évoluer. En parallèle, les participants esti- filet et éviter de subir le même sort
Après une période de flou, les inter- ment qu’il y a eu un nivellement que Megaupload. Cette situation
nautes se sont sentis déstabilisés vers le bas, avec une offre qui, si a ainsi deux conséquences princi-
et, après s’être trouvés dans une elle a donc augmenté en nombre pales : tout d’abord, les consom-
logique attentiste ou de temporisa- de sites, est considérée comme mateurs se déclarent peu fidèles à
tion, ils ont pu se tourner vers une nettement moins qualitative pour ces sites, jonglant de l’un à l’autre
offre licite, avant de rebondir vers ce qui est des contenus. En consé- et, la plupart du temps, ne retenant
l’illicite pour la plupart d’entre eux. quence, certains évoquent parfois même pas leur nom ; également,
une forme de nostalgie à l’égard de ce sentiment d’un monde « sans
l’ère Megaupload, qui est perçue foi ni loi » accentue les possibilités
comme un véritable âge d’or. de croissance pour une offre licite.
Hadopi La mise en œuvre des missions 39

En effet, cette dernière a été citée SpeedyShare présente notamment a été obtenue de façon automa-
spontanément parmi les « outils » des fichiers audio et vidéo dans tique au moyen d’un des champs
de lutte contre la consommation des proportions homogènes alors d'étude de l'intelligence artificielle
illicite. Face au « chaos » laissé que les vidéos sont au contraire appelé l’apprentissage automatique
par la fermeture de Megaupload/ largement prédominantes sur (machine learning en anglais).
Megavideo sur le marché des RapidGator et 1Fichier. La nature
modes d’accès illicites, l’offre légale des biens les plus représentés Parmi les principaux enseignements
peut apparaître comme une alterna- varie également. Sur RapidGator de cette recherche, il est
tive, sous réserve qu’elle soit facile par exemple, les vidéos pornogra- notamment ressorti que les trois
d’accès, simple à utiliser et qu’elle phiques représentent près de la catégories les plus représentées
réponde aux attentes des consom- moitié des contenus vidéo, alors dans l’échantillon sont les médias
mateurs en termes de contenus. qu’elles sont beaucoup moins repré- avec 29,5  % des vidéos de
sentées sur SpeedyShare. Les jeux l’échantillon (parties ou intégralité
Travaux de recherche et thèse vidéo, quant à eux, sont beaucoup d’émission télé, de documentaire,
La thèse « Study and Measurement plus présents parmi les logiciels de rencontres sportives, etc.),
of Digital Culture Goods over hébergés sur 1Fichier que parmi les séries avec 25,9 % (bande-
Internet » rédigée par Nan Zhao, ceux identifiés sur RapidGator. annonce, partie ou intégralité d’un
co-encadrée par la Haute Autorité épisode de série) et la musique
et Télécom ParisTech qui porte Cependant, il reste notable que de avec 12,9  % (clips musicaux,
sur les échanges et flux des biens manière générale, la proportion concerts, etc.). Ces résultats sont
culturels sur Internet a abouti cette de contenus issus des industries toutefois à interpréter avec la plus
année à la publication de trois culturelles est importante. Parmi grande prudence, notamment
articles de recherche. Ceux-ci ont les contenus vidéo de 1Fichier en ce qui concerne la catégorie
été publiés dans des revues scien- (62 %) on trouve 24 % d’épisodes des séries car il ne s’agit que très
tifiques internationales à comité de de séries complets et 7 % de films rarement d’épisodes complets de
lecture pour les deux premiers, et en intégralité. À cela s’ajoute 4 % séries « grand public ». Néanmoins,
présenté en conférence scientifique de parties d’épisodes de séries et cela tend à démontrer que YouTube
internationale pour le troisième. 22 % de parties de films alors que est de plus en plus utilisé comme
parmi les 21 % de contenus audio moyen de diffusion d’objets
Le premier article de recherche, présents sur RapidGator, 75 % sont culturels, plutôt que pour partager
intitulé « Exploring Cyberlockers des albums complets, tandis que des vidéos personnelles.
Content », publié dans l’International parmi les 12 % de logiciels présents
Journal of Multimedia and Image sur SpeedyShare, 21 % sont des Ce travail de recherche tend
Processing (IJMIP)(14), présente une jeux vidéo. également à prouver l’existence de
classification des contenus présents la « longue traîne » sur YouTube,
sur les plateformes d’hébergement Le deuxième article publié dans un nombre extrêmement restreint
RapidGator, SpeedyShare, 1Fichier l’International Journal of Distributed de vidéos totalisant l’immense
et Megashare en fonction de leur Systems and Technologies (IJDST)(15) majorité des vues. Ce phénomène
format et de leur type. s’intitule « Exploring Video Sharing peut d’ailleurs être amplifié par le
Websites Content With Machine système de suggestion des vidéos
Ce travail de recherche révèle Learning ». Il présente une classi- de YouTube (les vidéos les plus vues
des différences significatives fication des contenus de YouTube sont mises en avant, accroissant
dans les finalités d’usages réser- et analyse la répartition des caté- ainsi encore le nombre de vues).
vées à ces différentes plateformes. gories et leurs popularités. Celle-ci

(14) Nan Zhao, Loïc Baud, Patrick Bellot. Exploring Cyberlockers Content. International Journal of Multimedia and Image Processing (IJMIP), 2014, pp.1-12
(15) Nan Zhao, Loïc Baud, Patrick Bellot. Exploring Video Sharing Websites Content With Machine Learning. International Journal of Distributed Systems
and Technologies (IJDST), 2014, pp.1-10
40

Enfin, le dernier article a lui été les clics des utilisateurs du forum
accepté et présenté au First mais dans un ordre différent. Les
IEEE International Conference on films concentrent 25,3 % des clics
Multimedia Big Data. Il s'intitule des utilisateurs tandis que les livres
« A Bird’s Eye View on Wawacity : numériques en concentrent 23,9 %
Characteristics on Contents and et les séries 19,9 %.
Files » (16). Il présente une analyse
des caractéristiques de l’annuaire Durant les trois années de sa réali-
de liens Wawacity ainsi que des sation, cette thèse a ainsi exploré
contenus référencés par cet différents écosystèmes de consom-
annuaire. Cette analyse repose sur mation et d’échanges de biens
une méthode statistique utilisée culturels. Les travaux menés durant
en économétrie. cette recherche ont été reconnus
par la communauté scientifique. Ils
Ce travail nous apprend égale- ont notamment contribué à mettre
ment que les contenus référencés en évidence certaines propriétés de
par Wawacity sont principalement ces écosystèmes inconnues jusque-
des séries (22,4 %), des livres numé- là, et ont permis une avancée
riques (22 %) et des films (21 %). méthodologique certaine.
Ce triplet se retrouve aussi dans

ANALYSER ET VALORISER L’OFFRE LÉGALE

Analyser l’économie illégale et créent ainsi de la valeur Il n’en reste pas moins qu’une partie
culturelle sur Internet et la dont ne profitent pas les titulaires importante de cette consommation
répartition de la valeur des droits des œuvres consommées. gratuite est une consommation
illégale. Les travaux de l’Hadopi
Travaux sur l’économie Les différentes vagues du baromètre révèlent en outre que les diverses
numérique et la valeur « Usages », conduit de manière méthodes de consommation illégale
Les pratiques illégales de annuelle par l’Hadopi, mettent sont très variées et connues des
consommation de biens culturels systématiquement en exergue utilisateurs. De plus, les mêmes
dématérialisés reposent sur un qu’environ 80 % des consommateurs travaux montrent que les utilisateurs
véritable écosystème, constitué de déclarent consommer « le plus s’adaptent rapidement et font
services intermédiaires qui rendent souvent ou exclusivement évoluer leurs pratiques si besoin.
possible cette consommation en gratuitement » des biens culturels Ces observations confrontent ainsi
permettant aux consommateurs dématérialisés, avec quelques la diversité et la rapidité d’évolution
d’accéder à des œuvres variations selon le bien considéré(17). des méthodes de consommation
illégalement mises à disposition. Bien sûr, la gratuité n’est pas illicites aux méthodes, par nécessité
Ces intermédiaires tirent un profit forcément synonyme d’illicite, ni moins évolutives, mises en œuvre
financier de cette consommation même d’absence de rémunération. pour réduire ces usages.

(16) Nan Zhao, Soufiane Khoudmi, Loïc Baud, Patrick Bellot. A Bird’s Eye View on Wawacity : Characteristics on Contents and Files. BigMM 2015 The
First IEEE International Conference on Multimedia Big Data, Apr 2015, Beijing, China. pp.1-4, 2015
(17) Étude baromètre Usages « BU5 » réalisée en mai 2014 auprès d’un échantillon national représentatif de 1 511 internautes français âgés de 15 ans et plus.
Hadopi La mise en œuvre des missions 41

Il existe ainsi un déséquilibre, qui chantier a été lancé concernant d’apparaître comme une référence
semble durablement établi tant « 
l’établissement de critères incontournable en la matière.
les habitudes de consommation communs et l’évaluation de la
semblent être fortement ancrées, culture numérique ». Une importante revue de littérature
entre la perte des titulaires de droits a été entreprise afin d’identifier
et les gains des intermédiaires de Ce thème, qui en l’état se trouve à les principales références sur la
la consommation illégale. Pour sa phase de diagnostic, se justifie question de la culture mêlant des
évaluer au mieux ce déséquilibre par le constat que, dans le domaine sources issues aussi bien de la
et prévoir ses futures évolutions, de la culture, la majeure partie des philosophie, que de la sociologie
l’Hadopi a choisi d’étudier les indicateurs de référence se limite ou l’économie. Ce travail s’est
habitudes de consommation et souvent au reflet des données également étendu à des champs
leurs effets sur les flux financiers de marché, là où une approche plus pratiques par le biais d’auteurs
de l’industrie culturelle et ceux des plus globale incluant l’ensemble plus spécialisés sur les politiques
intermédiaires de l'offre illégale. des critères pertinents pourrait culturelles ou sur les questions liées
apporter un éclairage plus riche. au numérique.
Pour cela, l’Hadopi a décidé de
travailler en partenariat avec Il est en effet apparu que peu voire Ce travail devrait donc permettre
un laboratoire d’excellence aucun article ou travail de recherche de définir très précisément le
de recherche sur la culture ne traite de la culture en y incluant champ d’application et d’expertise
numérique et une unité de l’intégralité des angles possibles, des travaux à venir, mais également
recherche universitaire en sciences et plus particulièrement lorsqu’il de répondre à la question qui appa-
économiques. Le premier de ces s’agit de la culture numérique. raît comme centrale, à savoir ce
partenariats vise à comprendre C’est donc vers ce type d’approche que le numérique peut apporter à
de quelle manière la qualité méthodologique globale, prenant la culture, et en quoi une éventuelle
(design, simplicité, diversité du en compte l’ensemble des critères « culture numérique » se distingue-
catalogue, etc.) de l’offre illégale pertinents, que l’Hadopi a décidé rait de la « culture traditionnelle ».
peut influer sur le comportement de s’orienter.
de consommation des internautes. Travaux à venir
Cette compréhension permettra de Une première phase a ainsi été Une fois cet effort de définition
pouvoir anticiper l’attractivité des entamée, consistant à définir achevé, et à partir de celle-ci,
offres de type PopCorn Time par et poser le cadre conceptuel l’Hadopi a prévu de compléter ses
exemple. Le second partenariat, qui devrait servir par la suite à recherches par une l’élaboration
vise, quant à lui, à analyser les appréhender la culture numérique. d’une liste de critères pertinents
effets de l’acte de copie illégale Pour ce faire, un état de l'art relatifs à la culture numérique. Cette
sur le comportement des créateurs. pluridisciplinaire a été entrepris logique s’inspire pour partie de
Seront notamment évalués les sur ces questions. Ce travail ce qui a pu être fait dans d’autres
impacts sur leur productivité et commence par une réflexion domaines, comme l’économie et le
leur créativité. sur la notion de culture, afin développement, par exemple par
d’obtenir une définition complète la Commission Stiglitz(19) en cher-
Travaux sur l’établissement et synthétique de ce terme, chant à développer une « réflexion
de critères communs et recouvrant l’ensemble de ses sur les moyens d'échapper à une
l’évaluation de la culture acceptions. L’Hadopi est repartie approche trop quantitative, trop
numérique des travaux de Kroeber et al.(18), comptable de la mesure de nos
Dans le cadre des travaux de afin de fonder sa démarche sur performances collectives ». Ce type
la Haute Autorité, un nouveau ce travail de 1952 qui continue de travail sera ainsi amené à servir

(18) Culture : A Critical review of Concept and Definitions, A. L. Kroeber, Clyde Kluckhohn, Wayne Untereiner, 1952
(19) Rapport de la Commission sur la Mesure de la Performance du Progrès Social, Joseph Stiglitz, Jean-Paul Fitoussi et Al., 2009
42

de base afin d’établir la méthodo-


logie qui sera exploitée par la suite.
Évolution
500 des plateformes recensées par secteur
Ce travail sera complété par une
étude plus spécifique de ce qui a
7 7 7
été produit dans le domaine culturel, 400 18 18 19
par le biais d’une analyse comparée 30 30 28

des travaux de référence évaluant 6


17
le secteur. Il s’agira d’étudier aussi 300 27
bien les travaux issus des sciences 185 185 188
humaines que les travaux plus prag-
matiques ayant servi de base pour 200
146

la mise en place des principaux indi-


cateurs utilisés actuellement par les 54 54 53

acteurs de la filière. Cette phase 52


100
devrait aboutir à l’identification des 76 76 82
52
critères d’évaluation apparaissant
comme les plus pertinents. 37 42 42 41
0
Déc. 13 Juin 2014 Déc. 2014 Juin 2015
Exploitation des résultats
À ce stade d’avancement, bien
qu’il semble encore trop tôt pour Musique VOD & SVOD TV de rattrapage Livre numérique

savoir comment les résultats de Jeu vidéo Photo Crowdfunding


ces travaux seront précisément
exploités, l’Hadopi envisage,
une fois le cadre conceptuel
posé, d’évaluer les effets de Améliorer la visibilité de à l’ensemble des plateformes
différents objets (arrivée de la l’offre légale pouvant être regardées comme
VOD par abonnement, essor étant légales, afin de mieux rendre
du crowdfunding, etc.) pour Chiffres clés de la labellisation compte des caractéristiques de
l’établissement de critères Entre le 1er  juillet 2014 et le l’offre culturelle et de ses évolutions.
communs et l’évaluation de la 30 juin 2015, l’Hadopi a attribué
culture numérique. quatre nouveaux labels et cinq Le travail de recensement des
renouvellements. Dans le cadre services culturels en ligne pouvant
Il est également envisagé que de la nouvelle stratégie en être regardés comme étant légaux
soient publiés périodiquement matière d’encouragement au s'est appuyé sur une méthodologie
les indicateurs sélectionnés développement de l’offre légale présentée sur le site offrelégale.fr. Il
(comparés, pondérés, etc.) accom- qu’elle met en œuvre depuis 2013, repose sur un recensement effectué
pagnés de notes d’analyse. À l’Hadopi continue à labelliser les par des organismes publics et des
terme, ceci permettra donc de plateformes qui en font la demande, organisations professionnelles
suivre et observer leur évolu- tout en dressant un recensement partenaires, et sur une phase
tion dans le temps. La finalité de plus général des offres culturelles d’étude et de catégorisation
cette étape est de permettre à pouvant être regardées comme effectuée par l'Hadopi.
l’Hadopi de contribuer à l’analyse étant légales.
sectorielle de la culture et plus Statistiques/Observatoire de
spécifiquement de son versant Le recensement des offres l’offre
numérique. culturelles Au 30 juin 2015, l'Hadopi a recensé
Le Collège de l’Hadopi a initié 418 services culturels en ligne sur
un élargissement du périmètre le site offrelégale.fr. S'agissant
des offres culturelles observées de la répartition des services
Hadopi La mise en œuvre des missions 43

■■ mars 2016 : livraison par l’OHMI


d’une boîte à outils aux états
Répartition du recensement par secteur (total 418) membres et déploiement des
agrégateurs locaux ;
2%
■■ février 2017 : déploiement global
de l’agrégateur européen redi-
10% Livre rigeant vers les agrégateurs
locaux.
Photo
13%
Jeux vidéo L’objectif final de l'Observatoire
45% européen des atteintes aux droits
VOD & SVOD
de propriété intellectuelle, est
TV de rattrapage de permettre la mise en place
19% d’un moteur de recherche de
Musique
contenus européen, mais pour
7% 4% atteindre cet objectif final, il
faut d’abord établir un réseau
européen d’agrégateurs. C’est
dans ce cadre que l’OHMI a invité
l’Hadopi en juin 2015 à Alicante afin
par types de contenus culturels, a également permis d’apporter de faire un retour d’expérience sur
elle est fortement dominée par une information large sur l’offre offrelégale.fr. L’initiative anglaise
le secteur du livre numérique culturelle sur Internet en France. Thecontentmap a également fait
(45 %). La VOD représente 20 % l’objet d’une consultation.
des plateformes recensées et la Un portail européen de l’offre
télévision de rattrapage représente légale L’expérience de l’Hadopi et des
13 %. Avec 41 offres de musique en L’office d’harmonisation du initiatives britanniques permettent
ligne, le secteur représente 10 % marché intérieur (OHMI) est à chaque État membre de choisir
des services recensés sur le portail. entré en contact avec l’Hadopi entre la mise en place d’un portail
en décembre 2014 afin d’obtenir d’initiative privée ou publique et de
Il est important de noter que la plus d’informations sur la mise réfléchir à la façon d’apporter ce
quantité de plateformes dans un en place du portail offrelégale.fr, type d’information au grand public.
secteur culturel n’est pas forcément sur le plan technique, juridique et Une documentation complète rela-
révélatrice de la santé du secteur en organisationnel. En effet, l’OHMI tive à offrelégale.fr a été transmise
question. Le secteur de la musique souhaite créer un agrégateur à l’OHMI afin de contribuer à la
en ligne est à une phase plus européen redirigeant vers les conception du cahier des charges
avancée de maturation, entraînant agrégateurs d’offre légale locaux. du futur agrégateur. Des réunions
une forte concentration du marché, Pour permettre le développement de travail seront programmées en
ce qui n’est pas encore le cas d’agrégateurs locaux, l’OHMI veut 2015 et en 2016 afin de finaliser cet
du secteur du livre numérique, mettre à disposition des pays un agrégateur et l’Hadopi a déjà été
fortement représenté en ligne par kit d’installation. approchée par les ministères de la
des librairies. culture portugais et lituanien afin
Étapes clés : de les aider dans la conception de
La mise en place du recensement leur futur portail.
des plateformes pouvant être ■■ octobre 2015  : validation du cahier
regardées comme étant légales des charges par l’observatoire ;
a certes augmenté l’intérêt des
professionnels pour le label ■■ décembre  2015  : développement
Offre Légale Hadopi, mais elle de l’agrégateur européen ;
44

Encourager la disponibilité
des œuvres
Statut des signalements
Signalement des œuvres
introuvables
L’an passé, l’Hadopi initiait une
126
nouvelle fonctionnalité permettant
aux utilisateurs de renseigner une
liste publique d’œuvres introuvables 163
légalement en ligne. Cette mise en
place poursuivait un triple objectif :
378
■■ proposer un service utile aux
consommateurs en leur apportant 88
des réponses spécifiques sur
les raisons de l’indisponibilité 0 50 100 150 200 250 300 350 400
de certaines œuvres (choix du
créateur, territorialité des droits, Œuvres indisponibles Œuvres disponibles
chronologie des médias, absence
Œuvres en consultation Recherches en cours
de distributeur intéressé, etc.) ;

■■ inciter les internautes à se rendre Source : Statistiques signalement au 30 juin 2015 - Hadopi
sur des plateformes légales
lorsque les œuvres signalées
sont disponibles ; d’œuvres (films, musique, n’est au stade de « recherche en
séries TV, jeux vidéo, livres) cours ». 420 œuvres sont, quant
■■ sensibiliser les ayants droit au et permet aux internautes de à elle, au second stade défini
sujet des œuvres signalées par préciser un certain nombre de comme « en consultation » (54 %).
les internautes. spécificités (mode de lecture Enfin, 200 œuvres ont le statut
souhaité, présence ou non de « disponibles » (26 %) et 152 œuvres
En un an, plus de 750 œuvres ont MTP, haute définition, version « indisponibles » (20 %).
été signalées(20). Malgré l’absence de originale, etc.) ;
plan de communication, le dispositif Un processus en trois étapes
continue de rencontrer un certain ■■ une liste publique des œuvres afin de traiter les demandes
succès : ce sont en moyenne 25 signalées indiquant leur des utilisateurs :
signalements par mois qui sont statut (recherche en cours, Étape 1 : modération des signalements
encore reçus aujourd’hui par en consultation, disponible, Dans un premier temps, chaque
l’Hadopi. indisponible) et intégrant les signalement fait l’objet d’une modé-
réponses reçues de la part des ration afin de vérifier l’existence de
En pratique, le dispositif se carac- ayants droit. l’œuvre et l’exactitude des champs
térise par : renseignés. Ces œuvres sont
Différents statuts permettent ensuite validées et apparaissent
■■ un formulaire de signalement à chaque utilisateur d’évaluer alors sur le site avec pour statut :
accessible en ligne. Il couvre l’avancée de la recherche. Ainsi « recherche en cours ».
l’ensemble des catégories au 30 juin 2015, aucune œuvre

(20) Plusieurs œuvres ont fait l’objet de plusieurs signalements, ce qui explique la différence entre le nombre de signalements et le nombre
d’œuvres signalées.
Hadopi La mise en œuvre des missions 45

Étape 2 : recherche de la disponi-


bilité des œuvres
La disponibilité des œuvres Type d'œuvres signalées au 30 juin 2015
signalées est vérifiée. Dans le
cas où celles-ci seraient déjà
disponibles en version numérique 5%
sur des plateformes pouvant être 13%
regardées comme étant légales, les Musique

plateformes proposant l’œuvre sont


1% Cinéma
alors indiquées. Lorsque les œuvres 33%
sont effectivement introuvables, Télévision

une recherche des ayants droit est Ebook


effectuée pour chaque signalement.
48% Jeu vidéo

Étape 3 : consultation des ayants


droit
Lors de cette troisième phase,
l’ayant droit est identifié grâce à
des bases de données disponibles Source : Statistiques signalement au 30 juin 2015 - Hadopi
publiquement (base SACEM,
registre du CNC par exemple) et
est invité à préciser les éventuelles
raisons de l’indisponibilité de des 12 derniers mois). La musique Chaque œuvre signalée par les
l’œuvre. Les réponses des représente quant à elle 14 % des internautes a fait l’objet d’une
ayants droit sont publiées sur œuvres recherchées. enquête spécifique : est-elle bien
le site offrelégale.fr, permettant indisponible ? En quelle année a
d’apporter une réponse aux Les internautes ont la possibilité de été diffusée l’œuvre ? Quel est son
utilisateurs. Dans le cas où l’œuvre préciser le mode de lecture souhaité pays d’origine ? Quel est le genre
n’a pas d’exploitation au format (streaming ou téléchargement), une de l’œuvre signalée  ? Existe-t-il
numérique, le statut de l’œuvre est version spécifique (VF ou VOST) une version numérique physique
alors modifié en « indisponible » ainsi que toute autre précision dans (DVD ou Blu-ray) présupposant
et un message est envoyé aux un champ libre. Ce champ a d’ail- davantage de facilité à la rendre
utilisateurs ayant signalé cette leurs souvent été utilisé pour expli- disponible en dématérialisé ?
œuvre comme introuvable. quer les recherches que l’internaute
a effectuées avant de constater Ces recherches ont permis de
Analyse du dispositif, un an l’indisponibilité de l’œuvre. dégager des tendances quant aux
après sa mise en place types d’œuvres recherchées par
Le cinéma et la télévision(21) repré- Exemple de commentaire  : « j'ai les internautes.
sentent à eux seuls 81 % des œuvres passé mon temps à chercher ce film,
signalées, ce qui correspond aux je sais qu'il existe une version sous- Œuvres cinématographiques
observations faites par l’Hadopi, les titrée, puisque la semaine dernière Les internautes semblent être à la
films et séries TV étant parmi les il est passé au cinéma […]. C'est un recherche d’œuvres récentes qu’ils
œuvres les plus consommées en film espagnol, mais je ne parle pas ne peuvent trouver pour des raisons
dématérialisé (avec respectivement espagnol, donc je voudrais acheter de chronologie des médias. Plus
37 % et 38 % d’internautes fran- une version sous-titrée, même si ce étonnant, il se dégage un intérêt
çais en ayant consommé au cours n’est que pour quelques heures ! » certain pour des films anciens.

(21)Par télévision, on entend séries TV, émissions, spectacles télévisuels.


46

À titre d’exemple, les films sortis


en salle entre 1950 et 1980 consti-
tuent à eux seuls 32 % des films Répartition des films signalés par période de production
signalés.

Une forte proportion des films 7%


14% <1950
signalés (44 %) sont des films
français, en ce sens où ils ont 1950-1980
7%
été produits par des sociétés 1980-1990
françaises. En rapprochant ce 5% 32%
1990-2000
chiffre des statistiques sur l’année
de sortie en salles des films 2000-2005
signalés, il apparaît clairement 18% 2005-2010
que les internautes ne trouvent
pas de films français de répertoire, 17% 2010-2015
très rarement représentés sur les
plateformes de VOD.

Œuvres télévisuelles Source : Chiffres cumulés des œuvres signalées, par date de sortie en salle – juin 2015
Sur les 252 œuvres télévisuelles
signalées (c’est-à-dire séries TV,
téléfilms, dessins animés, etc.), la
proportion d’œuvres provenant
des États-Unis est très forte
(56 %). Cette statistique diffère Origine des films signalés
par rapport aux signalements
d’œuvres cinématographiques.
Elle indique que les internautes 50
sont demandeurs de séries TV
américaines(22), ce qui avait été 40 43%
observé dans l’étude Carnets de
consommation de juin 2014. 30
31%
Comme pour le cinéma, les 20
internautes ont fait part de leur
volonté de regarder des séries 15%
10
dites « anciennes », c’est-à-dire
datant d'avant 1990. 6% 5%
0
France Amérique Europe Asie Autres
Préexistence des œuvres en du Nord (hors
DVD/Blu-ray France)
L’Hadopi a souhaité connaître
l’existence de ces œuvres signalées Source : Statistiques des films signalés par zone géographique de production - juin 2015
en format numérique sur support
physique. Ainsi, pour chaque
œuvre, une recherche dédiée

(22) Notamment Game of Thrones, Grey’s Anatomy et Pretty Little Liars.


Hadopi La mise en œuvre des missions 47

a été effectuée afin de savoir si


l’œuvre avait déjà fait l’objet d’une
numérisation (DVD/Blu-ray). Date de sortie des séries TV signalées

De façon très claire, il est apparu


que le taux d’œuvres disponibles
en VOD était très inférieur au taux 19%
<1990
d’œuvres disponibles en DVD.
En considérant l’ensemble des 34% 1990-2000
films signalés par les internautes
depuis mars 2014, 26,6 % des 10% 2000-2005

films sont disponibles en VOD 2005-2010

alors qu’ils sont disponibles 7% 2010-2015


en DVD à hauteur de 71 %.
Cette statistique est encore
30%
plus marquante s’agissant des
séries TV (respectivement 17,1 %
de disponibilité en VOD contre
75,9 % pour le DVD). Source : Focus sur les 187 séries TV signalées – juin 2015

Au vu des entretiens téléphoniques


effectués avec des titulaires
de droit en charge d’œuvres
signalées par des internautes,
le coût de la numérisation des Statistiques des séries TV signalées par zone de production – juin 2015
œuvres en VOD, et le budget à
consacrer par les ayants droit
pour adapter le format à chaque
150
plateforme de diffusion, semblent
contraindre les producteurs à ne 142
120
numériser qu’une partie restreinte
de leur catalogue. Cependant,
cette différence de disponibilité 90
entre la VOD et le DVD pourrait
expliquer les éventuelles carences 60
de catalogue mises en avant par
47
les internautes. En effet, lorsque 30
l’on demande aux internautes 31
17 15
français ayant des pratiques illicites 0
les raisons pour lesquelles ils ne France Amérique Europe Asie Autres
se tournent pas vers une offre du Nord (hors
France)
respectueuse du droit d’auteur(23),
le problème de l’offre (manque de
disponibilité, manque de contenus
récents, impossibilité de trouver
ce qu’ils recherchent, etc.) arrive

(23) Etude baromètre Usages « BU5 » réalisée en mai 2014 auprès d’un échantillon national représentatif de 1 511 internautes français âgés de 15 ans et plus.
48

en seconde position avec 48 % des


arguments avancés, juste derrière
la problématique du prix. Disponibilité DVD & VOD des films signalées à l'Hadopi

Autres secteurs 100%


103 œuvres musicales ont fait
l’objet d’un signalement, parmi
80%
lesquelles une majorité provenant
de catalogues de majors. Les
œuvres signalées proviennent le 60%
plus souvent d’éditions étrangères
(par exemple japonaise) ou
40%
d’éditions réservées à la presse, ce
qui explique l’absence de ces titres
sur plateformes de musique en 20%
ligne. 38 livres numériques ont enfin
été signalés par les internautes.
0%
Principaux enseignements <1950 1950 1980 1990 2000 2005 2010
Par rapport à l’année précédente, le 1980 1990 2000 2005 2010 2015
taux de réussite dans l’identification
des ayants droit s'est nettement Taux de films disponibles en VOD Taux de films disponibles en DVD/Blu-Ray
amélioré. Des procédures ont été
mises en place afin de réduire le Source : Statistiques signalement au 30 juin 2015 - Hadopi
temps de réponse aux internautes.
Au 30 juin, aucune œuvre signalée
n’est en étape 2 « recherche en
cours ».
Disponibilité DVD & VOD des séries TV signalées à l'Hadopi
Le taux de réponse des ayants
droit est faible, ce qui explique le 100%
nombre de signalements en étape
3 « consultation en cours ». Il s’agit
80%
majoritairement d’ayants droit
étrangers n’ayant pas nécessai-
rement une bonne connaissance 60%
des actions de l’institution. Il est
toutefois important de noter que
40%
des contacts opérationnels ont
pu être noués avec de nombreux
ayants droit, ce qui a présenté 20%
l’avantage de fluidifier le traite-
ment des signalements.
0%
<1990 1990 2000 2005 2010
Le nombre de signalements 2000 2005 2010 2015
étant devenu assez important,
des rendez-vous vont être
organisés avec des ayants droit, Taux de séries disponibles en VOD Taux de séries disponibles en DVD/Blu-Ray

diffuseurs et distributeurs, à partir


des enseignements tirés des Source : Statistiques signalement au 30 juin 2015 - Hadopi
Hadopi La mise en œuvre des missions 49

signalements, afin d’enrichir leur


réflexion sur la numérisation et la
mise à disposition de leur offre de Type de musiques signalées
contenus.

Expérimentation visant 6%
l’ouverture de catalogues
sectoriels d’œuvres en open data
En mars 2014, l’Hadopi lançait un 38% Autoproduit
appel à expérimentation visant
l’ouverture des métadonnées Catalogue Major

associées aux catalogues des Indépendant


diffuseurs, afin de permettre 56%
leur réutilisation, susceptible de
renforcer la visibilité des œuvres
en ligne. Compte tenu des enjeux
relatifs à la disponibilité des œuvres
audiovisuelles, l’expérimentation
s’est concentrée dans un premier
temps sur les offres de VOD et
de SVOD. de réutilisations (commerciales ou Réutilisation du fichier par les
non) : la Licence Ouverte proposée développeurs
L’objectif de cette expérimenta- par data.gouv.fr. Un partenariat noué avec l’école
tion est d’encourager la réutili- d’ingénieurs ETNA a donné lieu à
sation la plus large possible des Six plateformes(24) ont répondu l’organisation d’un « code camp(26) »
métadonnées relatives aux cata- favorablement à l’appel et se sont en février  2015. Dix groupes
logues des diffuseurs au travers engagées à mettre à disposition un d’étudiants ont travaillé à la
de projets innovants (moteur de certain nombre de métadonnées réalisation d’un projet sur la base
recherche par œuvre, moteur de relatives à leur catalogue en du fichier XML mis en ligne. Parmi
recommandation, etc.) ou d’outils open data selon un schéma de ceux-ci se trouve un projet de
existants (agrégateurs de l’offre). métadonnées commun. véritable moteur de recherche
de l’offre légale, agrégeant toutes
Une consultation des plateformes Une première version a ainsi été les disponibilités des films en VOD.
participantes a permis d’évaluer mise en ligne en novembre 2014. Ce projet devrait d’ailleurs quitter
la faisabilité technique d’une telle L’actualité liée à cette mise en ligne la sphère étudiante puisque ses
ouverture (choix du format, du a généré 2 200 visites uniques sur fondateurs ont décidé de se lancer
schéma de métadonnées, modalités le site blog.offrelégale.fr. Le fichier, dans l’aventure entrepreneuriale.
d’export, etc.). L’engagement au format XML, a également été
des plateformes participantes a téléchargé 62 fois sur la plateforme D’autres « hackathons »(27) devraient
également porté sur le choix d’une publique data.gouv.fr(25). être organisés pour sensibiliser les
licence attachée à ces métadonnées étudiants et les porteurs de projet
permettant d’envisager tous types à la valorisation de l’offre légale.

(24) Arte, Carlotta, Imineo, Jook Video, Univers Ciné et Vodeo.


(25) Dans la foulée de la mise en ligne du fichier par l’Hadopi, un internaute a développé une application disponible sur Windows Phone, permettant
de trouver la disponibilité sur des services légaux de films et de documentaires.
(26) Session de plusieurs jours où des développeurs participent à des conférences, des ateliers et travaillent à la réalisation d’un projet de façon collaborative.
(27) Événement où des développeurs se réunissent pour faire de la programmation informatique collaborative, sur plusieurs jours.
50

Principaux enseignements Rapprocher les acteurs de diffusion de biens culturels en ligne


La mise en ligne d’un fichier l’offre légale restent faibles.
comprenant les métadonnées des
catalogues VOD des diffuseurs Les ateliers culture L’objectif de ces ateliers est double :
en open data a suscité l’intérêt & entrepreneuriat ■■ rapprocher les diffuseurs et les
des développeurs ainsi que des Dans le cadre de l’approche ayants droit des porteurs de
étudiants. Les projets nés de cette adoptée par le Collège projets culturels ;
expérimentation soulignent l’intérêt concernant la mission d’appui au
croissant des porteurs de projet développement de l’offre légale, ■■ permettre aux créateurs
pour l’offre légale. Une nouvelle l’Hadopi a amorcé en 2014 un cycle d'appréhender les opportunités
génération de sites devrait ainsi de sensibilisation à l’entrepreneuriat liées aux modèles économiques
voir le jour, proche des usages et culturel auprès d’un public étudiant innovants et de saisir les
proposant un catalogue le plus et de « startuppers ». En effet, la contraintes réglementaires
exhaustif possible. sensibilisation des entrepreneurs (chronologie des médias,
à la création de services culturels décret SMAD(28), prix unique
La dimension open data retenue innovants constitue également du livre, etc.) ou contractuelles
lors de la mise en place de un levier permettant de favoriser (négociations avec les ayants
l’expérimentation a pu être l’émergence de plateformes droit afin d'accéder à leurs
confortée dans les échanges menés culturelles et de répondre catalogues).
avec de nombreux acteurs de aux attentes des utilisateurs.
l’écosystème. Les résultats obtenus Les différentes structures Les ateliers proposés croisent
montrent que l’ouverture des d'accompagnement (incubateurs, les retours d'expérience
métadonnées permet l’émergence accélérateurs et pépinières) et d'entrepreneurs, les points de
de nombreux projets mettant en associations professionnelles vue d'ayants droit et l'éclairage
lumière l’offre légale existante, (France Digitale, Irma) rencontrées d'experts sectoriels. Chaque
source de croissance pour le précisent que, bien que la atelier se compose d'un panel
marché de la VOD. dynamique entrepreneuriale d'intervenants complémentaires
soit une réalité, les créations à même d'apporter un retour
L’Hadopi travaille désormais à d'entreprises spécialisées dans la d'expérience sur la base d'une
l’extension de ce dispositif au
livre numérique. Les internautes
soulignent en effet le manque
de visibilité de l’offre légale de THÉMATIQUE DATE
livres numériques et il paraîtrait
intéressant qu’un moteur de Les métadonnées comme outil de promotion Juillet 2014
de la musique, en partenariat avec Paris Musiques 50 participants
recherche français puisse mettre
en avant l’ensemble de cette offre, Table ronde – Impact du streaming sur les pratiques Octobre 2014
sans privilégier aucun service de et usages du consommateur, au MaMA 100 participants
diffusion. Des réunions de travail
CréART’UP – l’entrepreneuriat culturel étudiant,
ont été organisées avec des Novembre 2014
en partenariat avec Créatis, Paris&Co, la MIE 200 participants
organismes sectoriels, tels que et la ville de Paris
Dilicom et le GLN afin de déterminer Code camp - valorisation des métadonnées VOD, Février 2015
les participants à l’expérimentation en partenariat avec prep’ETNA 40 participants
ainsi que la structure du schéma
de métadonnées qui sera publié Mars 2015
Pitchs projets culturels, en partenariat avec la DGMIC 50 participants
en open data.

(28) Services de médias audiovisuels à la demande


Hadopi La mise en œuvre des missions 51

présentation suivie d'échanges se rendre compte du niveau de Cette initiative a été renou-
avec les participants. professionnalisme des startups velée dans le cadre du forum
dans le cadre de CréART’UP et qui « Entreprendre dans la culture » et
En 2015, l’Hadopi s’est concentrée ont manifesté une grande attention s’est désormais imposée comme
sur la pérennisation des événements à chaque événement culturel. un rendez-vous incontournable de
qui ont rencontré leur public l’année l’entrepreneuriat culturel étudiant.
précédente et sur la création d’évé- Les incubateurs au centre du La ville de Paris a d’ailleurs annoncé
nements faisant la part belle à l’expé- dispositif qu’elle financerait en grande partie
rimentation. Les rendez-vous dédiés Comme l’année précédente, l’édition 2015 de CréART’UP.
aux étudiants et aux entrepreneurs l’Hadopi a continué de travailler
n’ont pas manqué cette année et avec des incubateurs spécialisés
l’Autorité a privilégié les échanges dans les domaines culturels, tels que
concrets favorisant l’évolution des le 104, le Cube, Créatis, Paris&CO,
projets. Des formats innovants Creative Valley, Paris Musiques.
ont été testés, comme le « speed Les tables rondes et ateliers de
diagnostic », instant de rencontre travail qui ont pu s’y dérouler ont
entre des professionnels spécialistes permis à des professionnels de
du financement ou de la stratégie se rencontrer et de concrétiser
et des porteurs de projet désireux leurs projets, notamment dans le
de faire un état des lieux, pendant cadre de l’expérimentation relative
30 minutes. Des entrepreneurs aux métadonnées culturelles, en
ont également pu présenter leur partenariat avec l’ETNA.
projet devant des publics toujours
plus nombreux, à CréART’UP ou Focus sur CréART’UP
au forum « Entreprendre dans la La première édition de
culture ». CréART’UP s’est tenue à Paris
les 25 et 26 novembre 2014. Cet
Les étudiants et les événement, co-organisé par la
associations, en demande Maison des Initiatives Étudiantes
d’informations (MIE), le Connecteur Étudiants
Le public des «  startuppers » Entreprises de Paris Région Lab
est souvent sollicité pour des (PRIL), Hadopi et Créatis, avait
événements traitant de structuration pour but d’encourager la réflexion
juridique, de construction de modèle du public étudiant sur les formes
économique ou de financement d’entreprenariat dans la culture, au
privé. Le public étudiant, de plus en travers de plusieurs conférences,
plus poussé par le corps enseignant tables rondes, présentations de
à se lancer dans l’aventure projets et ateliers. Il s’agissait
entrepreneuriale, souhaite en également de les sensibiliser sur
savoir davantage sur la création de les différents dispositifs existants
services musicaux ou de VOD qu’ils pour les encourager à passer à
utilisent au quotidien. Ce public a l’action.
été très réactif à chaque fois que
l’Hadopi a organisé un événement. Pendant deux jours, plus de
C’est ainsi que l’ETNA et la Haute 200 personnes ont assisté à des
Autorité se sont rencontrés pour présentations de projets, des tables
créer un format commun autour rondes et des ateliers de travail et
des métadonnées publiées en 31 projets ont bénéficié d’un « speed
open data. Il en va de même diagnostic » avec un professionnel
pour les associations qui ont pu du secteur culturel.
52

PROTECTION DES DROITS,


INFORMATION
ET SENSIBILISATION

LA MISE EN ŒUVRE DE LA PROCÉDURE DE RÉPONSE GRADUÉE

Partie préliminaire : Rappel sur au développement des pratiques Ce mécanisme de prévention confié
la mise en œuvre de la réponse illégales de téléchargement et de à la Commission de protection des
graduée depuis 2010 mises à disposition sur Internet, droits de l’Hadopi rappelle au titu-
en privilégiant d’autres voies que laire d’une connexion à Internet son
La procédure de réponse les poursuites pénales devant les obligation de veiller à ce qu’elle ne
graduée en bref tribunaux correctionnels pour des soit pas utilisée pour télécharger ou
La réponse graduée est un faits de contrefaçon. mettre à disposition sur les réseaux
dispositif pédagogique créé par le pair-à-pair des œuvres protégées
législateur en 2009 pour répondre par le droit d’auteur.
Hadopi La mise en œuvre des missions 53

Le procureur de la République qui


LES TROIS ÉTAPES DE LA PROCÉDURE décide des poursuites éventuelles
n’est saisi par la Commission qu’en
cas d’échec de la phase pédago-
gique de la réponse graduée.
La première étape de la procédure de réponse

1 graduée est matérialisée par l'envoi d'une


recommandation à l'adresse mail de l'abonné
communiquée par son fournisseur d'accès.
À travers la réponse graduée, qui
s’inscrit en amont d’une procédure
pénale, l’Hadopi participe ainsi à
la sensibilisation d’internautes, de
plus en plus nombreux, au respect
du droit d’auteur.

En cas de renouvellement des faits dans les 6 mois L’activité de la Commission de

2
qui suivent l'envoi de la première recommandation, protection des droits
la Commission peut adresser à l'abonné une
deuxième recommandation à la fois par voie Depuis septembre  2010, la
électronique et par lettre remise contre signature.
Commission de protection des
droits est chargée, au titre de la
mission de protection des œuvres
et objets auxquels est attaché un
droit d’auteur ou un droit voisin, de
la mise en œuvre de la procédure
En cas de réitération dans les 12 mois suivant la de réponse graduée définie par les
date de présentation du courrier de deuxième articles L. 331-24 et suivants du
recommandation, la Commission peut adresser

3
code de la propriété intellectuelle.
à l'abonné une notification l'informant que ces
nouveaux faits, commis à partir de sa connexion,
sont passibles de poursuites pénales sur le
fondement de la contravention de « négligence
caractérisée ».

In fine, la contravention de négli- recommandation(30). Il encourt


gence caractérisée(29) sanctionne le alors une amende maximale de
titulaire d’abonnement à Internet, 1 500 euros (ou 7 500 s’agissant
qui n’a pas empêché l’utilisation d’une personne morale), alors que
de sa connexion à des fins de le délit de contrefaçon est puni
contrefaçon dans l’année suivant de 3 ans d’emprisonnement et
la présentation de la deuxième 300 000 euros d’amende.

(29) Article R.335-5 Code de la propriété intellectuelle.


(30) Article « La contravention de négligence caractérisée à la lumière de la mise en œuvre de la procédure de réponse graduée », La semaine juri-
dique JCPG 2012, Doctr. 591.
54

Schéma de la procédure de réponse graduée

CPD

Saisine de l’Hadopi
CPD(31)
Vérification des éléments Fournisseur d’Accès
transmis par les ayants droit à Internet
Constatation Demande
des faits par les d’identification
ayants droit du titulaire de
Rédaction l’abonnement
d’un procès verbal à Internet
par les ayants droit

Envoi d’une
recommandation par
voie électronique
1ère recommandation (mail) dans les 2 mois

En cas de nouvelle constatation des faits


+ dans les 6 mois suivant la date d’envoi de
la première recommandation, envoi d’une
deuxième recommandation par mail et par
lettre remise contre signature.
2nde recommandation

En cas de nouvelle
constatation des faits
dans les 12 mois suivant Délibération
la date de présentation de transmission
CPD au procureur
+ de la deuxième
recommandation, envoi La CPD peut
d’un mail et d’une lettre Examen décider de
remise contre signature, par la CPD transmettre les
Lettre de notification constatant les faits de dossiers à la justice
négligence caractérisée. en cas d’échec de la
Ce courrier informe phase pédagogique
l’abonné que ces faits de la réponse
sont susceptibles de graduée.
poursuites pénales.

(31) CPD : Commission de protection des droits


Hadopi La mise en œuvre des missions 55

Les saisines de la Commission protocole pair-à-pair utilisés, le nom à la fois les informations sur les
Ce sont les organismes de défense du Fournisseur d’Accès à Internet faits constatés qui lui ont été
professionnelle ou les sociétés du titulaire de l’abonnement et la communiquées par les ayants
de perception et de répartition date et l’heure des faits. droit et l’identité du titulaire de
des droits, principales victimes l’abonnement, communiquée par
des contrefaçons des œuvres, Depuis juin  2010, l’ALPA(34), la le FAI(39). Ces données transmises
qui saisissent essentiellement la SACEM/SDRM(35), la SCPP(36) et via des interconnexions sécurisées
Commission de protection des la SPPF(37) sont autorisées par la sont enregistrées dans le système
droits de constats de faits de mise CNIL à collecter 25 000 adresses d’information de la Commission,
à disposition d’œuvres protégées IP par jour pour les transmettre prévu par le décret du 5 mars
sur des réseaux pair-à-pair(32) . La à la Commission. En pratique, 2010(40), dans des conditions de
Commission peut également agir la Commission a reçu près de nature à assurer la protection de
sur la base d’informations qui lui 100 millions de saisines depuis la ces données personnelles.
sont transmises par le procureur mise en place de la réponse graduée.
de la République. Au moment de la mise en place de
L’identification des titulaires la réponse graduée, la Commission
Ces saisines sont établies par les d’abonnement par la disposait d'un système d’informa-
agents assermentés des ayants droit, Commission tion « prototype », développé en
qui recherchent les contrefaçons Lorsqu’elle est valablement saisie, 2009, aux fins d'expérimentation
d’œuvres protégées sur les la Commission de protection des avant la création de l’Hadopi, limité
réseaux de pair-à-pair au moyen droits demande aux Fournisseurs dans ses capacités de traitement
de l’empreinte unique de l’œuvre. d’Accès à Internet (FAI)(38) l’identité et destiné à être remplacé par le
Ils collectent les adresses IP(33) des du titulaire de l’accès à Internet système d'information « cible » en
accès à Internet à partir desquels utilisé pour mettre à disposition fonction des enseignements tirés
ces fichiers ont été illicitement mis à les œuvres protégées par le droit de la période d'expérimentation(41).
disposition et enregistrent un extrait d’auteur. Pour ce faire, elle lui
du fichier contrefaisant (« le chunk »). communique l’adresse IP et la date Ce système d’information a été
Ces informations sont consignées et l’heure des faits figurant dans mis en place en mars 2012 et a
dans un procès-verbal crypté, qui le procès-verbal. permis d’augmenter sensiblement
contient également des précisions le nombre de demandes
sur l’œuvre mise à disposition, sur la À réception de la réponse, la d’identification adressées aux
titularité des droits, le logiciel et le Commission est la seule à détenir FAI et par voie de conséquence,

(32) Article L. 331-24 alinéa 1 du code de la propriété intellectuelle.


(33) IP : pour « Internet Protocol ».
(34) L’ALPA : Association de lutte contre la piraterie audiovisuelle.
(35) SACEM/SDRM : Société des Auteurs Compositeurs et Éditeurs de Musique/Société pour l’administration du Droit de Reproduction Mécanique des
auteurs.
(36) SCPP : Société Civile des Producteurs Phonographiques.
(37) SPPF : Société Civile des producteurs de Phonogrammes en France.
(38) Orange, Bouygues, Free, SFR, Numéricâble ainsi que les opérateurs virtuels comme Darty.
(39) Décisions du Conseil Constitutionnel du 29 juillet 2004 concernant la loi « informatique et libertés » et du 10 juin 2009 concernant la loi « Hadopi 1 »
(40) Décret 2010-236 du 5 mars 2010 relatif au traitement automatisé de données à caractère personnel autorisé par l’article L. 331-29 du CPI dénommé
« système de gestion des mesures pour la protection des œuvres sur Internet ».
(41) Le marché conclu en juillet 2009 pour la mise en place du système d’information prototype de la réponse graduée prévoyait un nombre de demandes
d’identification limité à 100 saisines par jour.
- Ce volume est passé à 1 000 saisines par jour par avenant en date de novembre 2009.
- Un nouvel avenant conclu en décembre 2010 a permis d’augmenter le volume de saisines traitées à 15 000 par jour.
56

Évolution du traitement journalier des saisines par paliers

50 000
50 000

40 000
40 000
35 000

30 000
30 000
25 000

20 000
20 000
15 000

9 750 10 000
10 000 6 500 7 500
4 500
2 000
450
0
Sept. Oct. Janv. Fév. Mars Mai Juin Avril Oct. Fév. Fév. Mars Avril Juin
2010 2010 2011 2011 2011 2011 2011 2012 2012 2015 2015 2015 2015 2015

Paliers décidés par la commission en fonction Paliers décidés par la commission après
du contrat et des avenants du marché du système la mise en place du système d'information
d'information prototype de la réponse graduée cible de la réponse graduée

le nombre de recommandations. la mise en place de la réponse les dossiers les plus graves à la
Ce nouveau système est paramétré graduée en septembre  2010. justice. Si l’abonné fait déjà l’objet
pour traiter 200  000 saisines En réponse, les FAI ont adressé d’une procédure de réponse
par jour calendaire, permettant à la Commission 15,6 millions graduée, l’identification d’un
ainsi, non seulement de traiter d’identifications, ce qui porte nouveau manquement complète
théoriquement l’ensemble des le taux global d’identification le dossier, permet d'envoyer une
saisines actuellement déposées par des adresses IP à environ 87 %. deuxième recommandation et
les ayants droit, mais également de L’augmentation des identifications de transmettre, le cas échéant,
faire face à une augmentation du permet de conforter l’efficacité le dossier au procureur de
nombre des saisines adressées par de la réponse graduée : la République. Au terme de
ces derniers ou par de nouveaux la procédure, ces dossiers
ayants droit. ■■ en renforçant la sensibilisation. contenant un plus grand
Cette augmentation permet nombre de faits ont permis à
En juin 2015, la Commission a décidé d’envoyer plus de recomman- la Commission de dégager des
de passer à 50 000 demandes d’iden- dations. Si l’abonné identifié est critères de gravité(42) fondés sur
tification par jour, ce qui permet de inconnu dans le système d’infor- les comportements des titulaires
traiter 50 % des saisines reçues, avec mation de la réponse graduée, d’abonnement. Sont ainsi
l’objectif d’en traiter à terme 100 %. la Commission peut lui adresser privilégiées, les transmissions
une première recommandation ; de dossiers comportant le plus
Au total, la Commission a envoyé d’avertissements (en cas de
plus de 18 millions de demandes ■■ en faisant apparaître davantage procédures successives), ou le
d’identifications aux FAI depuis les réitérations pour transmettre plus grand nombre d’œuvres

(42) Cf infra présentation des critères mis en place par la Commission. p.64
Hadopi La mise en œuvre des missions 57

mises à disposition ou de logiciels Les envois de recommandations. Dans le même


utilisés. recommandations aux titulaires temps, le nombre de titulaires
d’abonnement d’abonnement à Internet sur l’en-
Il n'est guère contestable que ■■ Depuis octobre 2010, la Commission semble du territoire français, est
le traitement de l'ensemble des a envoyé 4  897 883 premières passé de 21,3(43) à 26,2(44) millions.
saisines serait de nature à affiner
tant la typologie des comporte-
ments que les critères de gravité
des faits et ce, en faisant appa- Nombre d'avertissements envoyés pour chaque étape de la procédure de
raître la persévérance des manque- réponse graduée depuis 2010
ments de la part d'un petit nombre
d'abonnés, insensibles aux rappels 1re ÉTAPE : 4 897 883
pédagogiques et dont les actes
relèvent de la justice pénale. 2e ÉTAPE : 482 667
3e ÉTAPE : 2 712

Répartition des premières recommandation par département sur la période 2010-2015

Région parisienne

> 70 000 recommandations


envoyées

Entre 30 000
et 70 000 recommandations Guadeloupe Guyane
envoyées

Entre 16 000
et 30 000 recommandations
envoyées La Réunion Martinique

< 16 000 recommandations


envoyées

(43) Observatoire trimestriel des marchés des communications électroniques en France – 4 e trimestre 2010 - résultats définitifs – ARCEP
« Le nombre d’accès Internet à haut et à très haut débit (xDSL, câble et autres technologies) atteint 21,3 millions à la fin de l’année 2010. ».
(44) Selon les chiffres de l’Autorité de Régulation des Communications Électroniques et des Postes (ARCEP), le nombre d’abonnements à Internet
haut et très haut débit en France était de 26,2 millions au 1 er trimestre 2015 – « Marché du haut et du très haut débit fixe, observatoire du marché des
communications électroniques de l’ARCEP ».
58

Ces premières recommandations


sont envoyées par voie électronique
aux titulaires de l’abonnement à Envoi des premières recommandations depuis 2010
Internet depuis lequel des faits de
contrefaçon ont été constatés. Elles 2 000 000
les informent qu’une ou plusieurs 1 648 402
œuvres protégées (musique ou
1 500 000
film, par exemple) ont été mises 1 336 634

à disposition depuis leur accès à


Internet et les invitent à prendre les 1 000 000
mesures nécessaires pour que leur 682 525
759 387

connexion ne soit plus utilisée à de


470 935
telles fins. Enfin, elles les orientent 500 000
également vers l’offre culturelle
légale accessible depuis le site
0
Internet de l’Hadopi. 2010 2011 2012 2013 2014
2011 2012 2013 2014 2015
Depuis la mise en place de la
réponse graduée et dans la suite de Il s’agit très majoritairement de mais qu’il peut être communiqué
l’augmentation des identifications, particuliers(45), qui souhaitent au destinataire à sa demande.
le nombre de premières recomman- uniquement connaître le titre L’Hadopi a proposé, dans un
dations a augmenté chaque année. de l’œuvre concernée. précédent rapport annuel, de
modifier cette disposition afin
■■ À réception de la première recom- Le législateur a prévu que le nom d’ajouter cette information dans
mandation, comme à chaque étape, des œuvres ne figure pas dans les recommandations(46).
le titulaire de l’abonnement peut les recommandations envoyées,
faire valoir ses observations et
obtenir des informations. Depuis la
mise en place de la réponse graduée,
l’Hadopi a ainsi reçu plus de Typologie des contacts pris avec la Commission de protection des droits(47)
400 000 contacts, toute phase
confondue, des destinataires de
recommandations. Questions sur la procédure de réponse
graduée et son fonctionnement

La mise en place en février 2013 30% Observations d'abonnés qui confirment


du formulaire sur le site Internet 1% que leur connexion a été utilisée

de l’Hadopi permettant aux 42% à des fins de téléchargement

abonnés de contacter directe- Observations faisant état de mesures prises


pour prévenir de nouveaux faits
ment la Commission de protec- (désinstallation d'un logiciel de partage,
tion des droits par voie électro- paramétrage de la box, etc.)

nique a considérablement facilité Contestations par l'abonné de


les échanges, renforçant ainsi 27% sa responsabilité en tant que titulaire
de l'abonnement
encore la pédagogie vis-à-vis des
internautes. C’est aujourd’hui la
voie la plus utilisée.

(45) Selon le reporting du centre d’appel externe de la Commission, 92.8 % des appels téléphoniques reçus entre avril 2013 et juin 2015 proviennent
de particuliers.
Hadopi La mise en œuvre des missions 59

Plus les abonnés sont à une étape


avancée de la procédure, plus
ils contactent l’Hadopi pour Envoi des deuxièmes recommandations depuis 2010
formuler des observations afin
qu’elles soient prises en compte 147 570 148 944
150 000
par la Commission avant une
éventuelle transmission de
120 000
leur dossier au procureur de la
République.
90 000 82 256 83 299

L’Hadopi accuse systématiquement


réception des observations des 60 000
abonnés et les aide à comprendre
les faits et la procédure. Elle 30 000 20 598
leur explique également le
fonctionnement des logiciels 0
de partage et les mesures 2010 2011 2012 2013 2014
2011 2012 2013 2014 2015
permettant de sécuriser leur
accès à Internet pour prévenir
de nouveaux manquements. pouvoir envoyer davantage de l’ordinateur est connecté à Internet.
deuxièmes recommandations. Ils leur expliquent que pour mettre
■■ Si de nouveaux faits sont fin à ces mises en partage, ils
constatés dans les six mois qui La Commission a également peuvent désinstaller le logiciel
suivent l’envoi de la première lancé, en avril  2015, comme ou supprimer ces œuvres de la
recommandation, le titulaire annoncé dans le précédent bibliothèque de partage. L’objectif
de l’abonnement peut recevoir rapport annuel(48) une campagne est de donner une information
une deuxième recommandation, de sensibilisation sur le fonction- précise et adaptée aux titulaires
qui est envoyée par mail et par nement des logiciels de partage d’abonnement très en amont,
lettre remise contre signature. en envoyant des lettres simples pour éviter que les dossiers dans
Dans le cas contraire, lorsqu’au- aux personnes qui n’ont pas pris lesquels une seule œuvre est mise
cune réitération n’est constatée, contact avec l’Hadopi et pour à disposition à de multiples reprises
la procédure de réponse graduée lesquelles on constate qu’une ne passent en deuxième, voire
prend fin. même œuvre est de nouveau mise troisième phase de la procédure(49).
à disposition sur Internet, avec
Au cours de l’année 2013-2014, le même logiciel, malgré l’envoi L’accompagnement spécifique
la Commission de protection des d’une première recommandation. des professionnels
droits a externalisé la gestion et Dans le même souci d’adapter la
l’envoi des deuxièmes recom- Ces courriers informent les pédagogie aux problématiques
mandations, passant d’envois abonnés que le paramétrage par rencontrées par les destinataires
par lettre recommandée avec défaut de ce type de logiciel met à de recommandation, la Commission
accusé de réception à des envois disposition les œuvres protégées a souhaité, dès la mise en
par lettre remise contre signa- qui ont été téléchargées, parfois place de la réponse graduée,
ture, pour diminuer les coûts et depuis longtemps, dès lors que proposer un accompagnement

(46) Cf infra : « 4- Permettre de faire figurer dans la recommandation le contenu des œuvres visées par celle-ci » p.67
(47) Chiffres issus du reporting du centre d’appel externe de la Commission de protection des droits entre avril 2013 et juin 2015
(48) Rapport annuel 2013-2014 p.22
(49) Cf infra La campagne de sensibilisation sur le fonctionnement des logiciels de partage. p.70
60

dédié aux professionnels. Car, hôtel, d’une école, d’un foyer de sensibilisation à relayer auprès
si la majorité des procédures d’accueil qui met sa connexion à de leurs utilisateurs. Au-delà de ces
de réponse graduée concerne disposition de clients, d’élèves ou outils, la Commission propose aux
des particuliers, des structures de personnes hébergées. professionnels qui présentent des
professionnelles reçoivent aussi problématiques plus spécifiques
des recommandations (sociétés La Commission est contactée (grands groupes hôteliers, pres-
privées, associations, collectivités par des professionnels dès les tataires d’accès à Internet, par
territoriales, etc.). premières phases de la procédure exemple) ou qui mettent leur accès
de réponse graduée (exemple  : à Internet à disposition d’un public
Les professionnels sont soumis, au petites et moyennes entreprises particulier (étudiants, par exemple),
même titre que les particuliers, à mettant leur accès à Internet à un accompagnement adapté, qui
l’obligation de faire en sorte que leur disposition de leurs salariés). s’inscrit dans la durée.
accès à Internet ne soit pas utilisé
à des fins de contrefaçon(50), mais Pour leur permettre de prévenir de Au 30 juin 2015, 226 structures,
cette obligation s’inscrit dans un nouvelles utilisations de leur accès appartenant à des secteurs très
contexte spécifique dans la mesure à Internet à des fins de contrefaçon, diversifiés, ont ainsi bénéficié de
où ils mettent leur accès à Internet la Commission propose à tous les ce suivi personnalisé.
à la disposition d’utilisateurs. Cela professionnels des solutions tech-
peut être le cas par exemple d’un niques adaptées et des messages

Typologie des professionnels faisant l'objet d'un accompagnement

Organisations professionnelles 3
Restaurants 6
Prestataires de services informatiques 9
Centres d'accueil / Foyers 11
Professionnels de la location immobilière 15
Associations 20
Prestataires techniques d'accès à Internet 22
Professionnels de l'hôtellerie 27
Sociétés privées mettant une connexion à disposition de ses utilisateurs 29
Professionnels de l'enseignement / Organismes de formation 41
Administrations publiques et collectivités territoriales 43

0 10 20 30 40

(50) Article L. 336-2 du code de propriété intellectuelle.


Hadopi La mise en œuvre des missions 61

Dans le cadre de cet accompagne- La troisième phase de la lesquels plusieurs logiciels ont
ment spécifique, plusieurs types procédure de réponse graduée été installés pour télécharger ;
d’actions peuvent être initiés : Un titulaire d’abonnement faisant
l’objet d’une procédure de réponse ■■ d’autre part, la Commission
■■ des réunions avec les profes- graduée passe en troisième phase sélectionne les dossiers des
sionnels. L’Hadopi met à leur lorsqu’une réitération est constatée abonnés, qui ont fait l’objet de
disposition son expertise pour dans l’année suivant la présentation plusieurs procédures de réponse
analyser l’architecture de leur de la deuxième recommandation. graduée successives. Il s’agit
réseau et échanger sur les Ce fait est dès lors susceptible de procédures concernant des
mesures techniques de protec- de constituer la contravention de abonnés qui ont déjà reçu une
tion de leur accès à Internet et négligence caractérisée, punie première ou une deuxième
leur paramétrage ; d’une peine d’amende d’un montant recommandation et pour lesquels
maximum de 1 500 euros pour les la précédente procédure a été
■■ élaboration d’outils de sensibilisa- personnes physiques et 7 500 euros clôturée à l’issue du délai de
tion des utilisateurs en collabora- pour les personnes morales. réitération (six mois après l’envoi
tion avec la structure concernée de la première recommandation
(message d’information dans la À ce stade, chaque dossier fait ou un an après la présentation
newsletter par exemple) ; l’objet d’une instruction individuelle de la seconde)(51). La Commission
et d’un examen par la Commission considère que ces abonnés ont
■■ des interventions auprès des de protection des droits. Le titulaire reçu plus d’avertissements que
utilisateurs qui utilisent les accès d’abonnement est informé, par les autres, que la pédagogie
à Internet mis à leur disposition lettre recommandée, qu’en raison a montré ses limites et que
par ces professionnels pour des faits qui lui sont reprochés, leur comportement justifie la
leur expliquer les enjeux de la il est susceptible d’être poursuivi transmission de leur dossier à
protection du droit d’auteur pénalement. Au 30 juin 2015, la la justice. Par ailleurs, au cours de
(interventions dans des écoles Commission de protection des l’année écoulée, la Commission
d’enseignement supérieur ayant droits a ainsi envoyé 2 712 lettres a constaté pour la première
reçu des recommandations par de notification en ce sens. fois, que des abonnés dont un
exemple). dossier avait déjà été transmis
Les cinq années de mise en œuvre au procureur de la République
Au-delà d’agir auprès des titulaires de la réponse graduée ont permis à étaient de nouveau susceptibles
de l’abonnement et de faire en la Commission de mettre en place d’être poursuivis pour une
sorte d’éviter les réitérations, ces des critères pour sélectionner, au nouvelle contravention de
différentes actions permettent à la stade de la troisième phase, les négligence caractérisée. Elle a
Commission de toucher l’ensemble dossiers les plus graves du point signalé cette circonstance en
des utilisateurs de leur réseau. de vue de la contravention de transmettant le nouveau dossier
Le professionnel qui reçoit les négligence caractérisée : au procureur de la République.
recommandations est un véritable
relais de la pédagogie développée ■■ d’une part, la Commission
par l'Hadopi. privilégie les dossiers dans
lesquels il y a le plus grand
nombre d’œuvres protégées
mises à disposition et dans

(51) La Commission est en mesure de constater l’existence de ces procédures successives dans la mesure où les délais de conservation des données
personnelles, prévus par le décret du 5 mars 2010 sont plus longs que les délais de réitération. Elle peut ainsi conserver en mémoire l’existence d’une
procédure clôturée, ayant fait l’objet d’une première recommandation, pendant 14 mois et l’existence d’une telle procédure ayant fait l’objet d’une
deuxième recommandation, pendant 21 mois.
62

De la première recommandation à la délibération de la Commission de protection des droits

Deuxième Délibération
recommandation Lettre de de la Commission
notification de protection des droits
Première Présentation
recommandation de la deuxième Dernier fait
recommandation notifié Instruction des dossiers

- Analyse juridique des dossiers


6 MOIS - Examens techniques
- Convocation à une audition
12 MOIS
- Demandes complémentaires

Délai de prescription de l’action publique : 1 an

Délais de réitération Actions de la CPD Délais de prescription

Lorsqu’elle notifie les faits au titu- En pratique, la très grande majo- Ce formulaire permet au titulaire
laire d’abonnement, la Commission rité des titulaires d’abonnement ne d’abonnement à la fois de mieux
peut le convoquer à une audition. pouvait se déplacer à une audi- comprendre les faits qui lui sont
En juin 2011, lors de la mise en place tion dans les locaux de l’Hadopi, reprochés ainsi que les mesures à
des premières notifications, la mais un grand nombre d’entre prendre pour prévenir de nouveaux
Commission convoquait systémati- eux faisait des observations(52). manquements, et de formuler des
quement les titulaires d’abonnement Dans un certain nombre de cas, observations qui seront prises en
en troisième phase pour recueillir des membres ou des agents de compte lors de l’examen de son
leurs observations. Ces auditions la Commission se sont déplacés dossier par la Commission.
avaient également une dimension en province pour procéder aux
pédagogique, elles permettaient auditions. Compte tenu de ces La Commission convoque les
aux abonnés de mieux comprendre échanges, la Commission a progres- professionnels et les personnes
les faits et les mesures à prendre sivement remplacé les auditions morales qui mettent à disposi-
pour empêcher de nouvelles mises par l’envoi d’un formulaire destiné tion du public une connexion à
à disposition d’œuvres protégées aux particuliers faisant l’objet d’une Internet. Les problématiques qu’ils
par le droit d’auteur. procédure de réponse graduée. rencontrent sont plus complexes

(52) 43,5 % des titulaires d’abonnement avaient formulé des observations au cours de la troisième phase de la réponse graduée au 30 juin 2014, rapport
annuel 2013-2014 p.79.
Hadopi La mise en œuvre des missions 63

que celles des particuliers et ces


échanges peuvent conduire à la
mise en place d’un accompagne- Délibérations de la Commission de protection des droits dans le cadre
ment adapté(53). de la procédure de réponse graduée

La Commission se réserve enfin la 687


possibilité de convoquer les autres
600 561
titulaires d’abonnement lorsque
l’instruction du dossier le justifie.
Par ailleurs, les titulaires d’abon-
400
nement ont toujours la possibilité 323
289
de solliciter une audition et dans 179
ce cas, elle est de droit(54). 200

Certaines procédures nécessitent 18 24


66
14
des investigations complémentaires 0 18 41
parce qu’elles posent question 2011-2012 2012-2013 2013-2014 2014-2015
au regard de la titularité de
l’abonnement, ou encore en cas Non transmissions

de co-titularité de l’abonnement. Transmissions directes après notification


Des demandes complémentaires Transmissions après une délibération de non transmission
sont alors adressées au Fournisseur
d’Accès à Internet afin d’apporter
des éléments de preuve
supplémentaires sur l’identification environ 16 % des dossiers en troi- Le titulaire de l’abonnement est
de la personne concernée par la sième phase. avisé que tout nouveau fait dont la
procédure. Commission serait saisie donnerait
La Commission dispose, aux termes lieu à ré-examen de son dossier
Au terme de l’instruction du dossier de l’article L. 331-25 du code de et à son éventuelle transmission
et des constatations de l’agent la propriété intellectuelle, d’un au procureur de la République. Et
assermenté de la Commission, pouvoir d’appréciation sur les lorsque malgré les avertissements
celle-ci délibère et constate les suites à donner à ses constatations. répétés, de nouveaux faits sont
faits susceptibles de constituer Elle décide soit de transmettre constatés, la Commission transmet
une contravention de négligence le dossier au procureur de la la procédure au procureur de la
caractérisée ou le cas échéant, un République, soit de ne pas le République, sauf motif légitime
délit de contrefaçon(55). transmettre lorsqu’elle constate que dûment attesté. C’est également le
la pédagogie fonctionne encore et cas lorsqu’un abonné, destinataire
Depuis la mise en place de la en particulier lorsqu’elle n’est plus de plusieurs lettres de deuxièmes
réponse graduée, la Commission saisie de faits après l’envoi de la recommandations, n’a formulé
a pris 2 221 délibérations concer- lettre de notification. aucune observation.
nant des procédures en troisième
phase, dont 361 délibérations de Les délibérations de non Ainsi, la transmission d’une procé-
transmission au procureur de la transmission ne mettent pas fin à dure à la justice n'intervient que
République, ce qui représente la procédure de réponse graduée. lorsque la pédagogie mise en œuvre

(53) cf supra « suivi des professionnels », p.59.


(54) Article R. 331-40 du code de la propriété intellectuelle.
(55) Articles L. 331-21 et L. 331-21-1 du code de la propriété intellectuelle.
64

par la Commission n’a pas permis mesure pour empêcher de Dans tous les cas, la Commission
de faire changer le comportement nouveaux faits de mise à disposi- avise de cette transmission les
de l'abonné et n’a pas pu empê- tion à partir de leur accès à Internet ayants droit à l'origine de la procé-
cher le renouvellement des faits. et ne contactent pas l’Hadopi ; dure(58) ainsi que la personne
concernée par celle-ci.
La Commission traduit, dans les ■■ ceux dont le comportement peut
faits, l’objectif assigné par le Conseil paraître hésitant ou indécis, qui Les suites judiciaires données
Constitutionnel dans sa décision ont pris certaines mesures après aux procédures de réponse
du 10 juin 2009 à la procédure de réception des recommandations graduée
réponse graduée, à savoir : « dans (par exemple. en réduisant ou Depuis 2012, date des premières
l’intérêt d’une bonne administration en arrêtant de télécharger, ou transmissions de procédures à
de la justice, de limiter le nombre en sensibilisant leurs proches la justice, 82 procureurs de la
d’infractions dont l’Autorité judi- sur les risques liés à l’utilisation République ont déjà été saisis de
ciaire sera saisie. »(56) d’un logiciel pair-à-pair), mais procédures de réponse graduée
pas de manière suffisamment contre 58 l’année dernière. Cela
Depuis la mise en œuvre efficace pour faire cesser les représente plus de la moitié des
de la réponse graduée, les manquements ; procureurs de la République de
décisions de transmission sont France(59).
progressivement plus nombreuses ■■ ceux qui ne changent pas de
et interviennent plus rapidement. comportement, voire mettent en Au cours des enquêtes
Cette augmentation est liée non place des mesures de contourne- diligentées par les procureurs,
seulement à la montée en charge ment pour tenter d’échapper au les titulaires d’abonnement sont
de la procédure à toutes les phases dispositif de la réponse graduée. systématiquement auditionnés en
(traitement de 50 % des saisines, La Commission a ainsi constaté particulier pour recueillir leur identité
hausse des envois de premières et des comportements de « calcu- complète(60) mais également leurs
deuxièmes recommandations en lateurs », par exemple l’appa- observations lorsque ces abonnés
2015), mais également à la mise en rition d’un nouveau logiciel n’ont pas pris contact en amont
place en 2014 de critères visant à pair-à-pair après l’envoi d’une avec la Commission de protection
sélectionner, en troisième phase, recommandation. des droits. Ces auditions réalisées
les dossiers les plus graves. par les services de police ou de
Chaque dossier transmis au procu- gendarmerie ont pu également
Ces critères s'appuient sur la typo- reur de la République comprend la être l’occasion de poursuivre
logie des comportements apparus délibération de la Commission de la pédagogie en demandant à
chez les titulaires d’abonnement en protection des droits, un procès- l’abonné de s’engager à mettre
troisième phase de la procédure verbal récapitulatif reprenant l’en- en place les mesures nécessaires
de réponse graduée(57) : semble de la procédure, ainsi que pour empêcher de nouveaux faits
toutes les pièces utiles du dossier de téléchargement depuis leur accès
■■ ceux qui demeurent indifférents, et notamment l’examen technique à Internet.
passifs, face à la procédure dont de l’élément matériel de l’infrac-
ils font l’objet : ils ignorent les aver- tion à partir de l’extrait d’œuvre Si les suites de la procédure ne sont
tissements, ne prennent aucune contenu dans la saisine. plus du ressort de la Commission,

(56) Décision n°2009-580 DC, considérant 28.


(57) Ces comportements ont été dégagés à partir d’un examen des dossiers de troisième phase réalisé et présenté dans le rapport annuel 2013-2014. P. 79.
(58) Article R. 331-43 du code de la propriété intellectuelle.
(59) Il y a 164 procureurs de la République près des tribunaux de grande instance.
(60) Les données d’identification communiquées à la Commission de protection des droits par les Fournisseurs d’Accès à Internet ne comportent pas
la date, le lieu de naissance, ni la filiation de l’abonné, nécessaires à l’obtention de l’extrait de son casier judiciaire.
Hadopi La mise en œuvre des missions 65

celle-ci peut néanmoins être solli- pour faire en sorte que leur abonne- prononcées se situe entre 50 euros
citée par les services d’enquête ment ne soit plus utilisé à l’avenir à et 1 000 euros, assorties ou non
ou les procureurs. Il peut s’agir de des fins de contrefaçon. La procé- de sursis(63).
demandes d’éclaircissements sur dure est ensuite classée sans suite
la procédure, d’avis sur les obser- par le procureur de la République. Un dispositif qui fait des
vations formulées par le titulaire de En sens inverse, la Commission a émules à l’étranger(64)
l’abonnement, en particulier sur les eu connaissance de décisions de La réponse graduée n’est pas un
mesures prises pour sécuriser sa renvoi devant le tribunal de police, exemple unique de mécanisme
connexion, ou enfin de demandes prises par exemple à la suite du d’avertissement des internautes
visant à savoir si la Commission a été non-respect de l’engagement pris pour les sensibiliser sur les faits
saisie de nouveaux faits postérieu- par le titulaire de supprimer le logi- de contrefaçon de droit d’auteur
rement à la transmission du dossier. ciel de partage qui était installé sur sur Internet. Il existe désormais,
son ordinateur. dans d’autres pays, des méca-
S’agissant des suites judiciaires nismes similaires de protection
décidées par les procureurs de la Lorsque le procureur de la des droits d’auteur.
République, la Commission n’est République décide de poursuivre
pas toujours tenue informée. l’auteur des faits, il dispose de Le dispositif de réponse graduée
Depuis 2012, 51 décisions ont plusieurs voies procédurales : français est le fruit d’une recherche
été portées à sa connaissance. d’équilibre entre les droits et libertés
Ces décisions interviennent en ■■ la composition pénale(61) ; des internautes et des titulaires de
moyenne un peu moins d’un an droit d’auteur, tant au regard de la
après la transmission des dossiers, ■■ la procédure simplifiée de l’or- place laissée au juge, que du rôle
compte tenu des enquêtes et des donnance pénale(62) ; joué par la puissance publique.
délais de traitement des procédures
et de citation devant les tribunaux. ■■ l’audience devant le tribunal de D’autres États se sont inspirés
police. La Commission est repré- du dispositif de réponse graduée
À l’issue de l’enquête, les procureurs sentée lors de ces audiences afin français notamment le Canada, les
de la République ordonnent parfois d’apporter des précisions sur la États-Unis, la Nouvelle-Zélande et
des rappels à la loi, mis en œuvre procédure et sur les aspects tech- Taïwan. Selon la tradition juridique
par les enquêteurs ou par les délé- niques du dossier. des États, ces mécanismes ont été
gués du procureur. Ces décisions mis en place soit par la loi soit sur la
peuvent intervenir lorsque les titu- Les condamnations tiennent base d’un accord contractuel entre
laires d’abonnement expliquent, en compte de la situation personnelle les ayants droit et les Fournisseurs
audition, ne pas avoir été diligents des abonnés, de leur comporte- d’Accès à Internet.
au cours des premières phases de ment, de leurs ressources et de
la réponse graduée mais s’engagent leurs antécédents judiciaires. Ainsi, Ces dispositifs ont été conçus
à prendre les mesures nécessaires l’échelle des peines d’amende comme une phase pédagogique

(61) Dans le cadre de la composition pénale : Le titulaire d’abonnement se voit proposer le paiement d’une amende ou une autre mesure comme par
exemple la réalisation d’un stage de citoyenneté. S’il l’accepte, la composition pénale éteint l’action publique.
(62) L’ordonnance pénale est une procédure écrite dans laquelle le procureur propose une amende, que le juge de police valide. Le titulaire d’abonne-
ment dispose d’un recours contre cette décision, l’opposition.
(63) Pour rappel le décret n° 2013-596 du 8 juillet 2013 a supprimé la peine complémentaire de suspension de l’accès à Internet qui sanctionnait égale-
ment la contravention de négligence caractérisée.
(64) En France, un mécanisme s’inspirant explicitement de celui de la réponse graduée de l’Hadopi a été proposé par La Commission Nationale
Consultative des Droits de l’Homme (CNCDH), dans un avis sur la lutte contre les discours de haine sur Internet du 12 février 2015. Parmi les mesures
recommandées figure un dispositif consistant à graduer les réponses apportées aux discours de haine sur Internet, en envoyant des avertissements
aux internautes, responsables de discours haineux, pour les informer de l’infraction commise et des sanctions encourues. (recommandation n°13).
66

préalable à d’éventuelles actions En 2013, la Commission a préco- 2- Allonger le délai pendant


en justice engagées par les ayants nisé des mesures législatives ou lequel les procureurs de
droit ou à d’éventuelles sanctions réglementaires visant à renforcer la République peuvent
contre les internautes. l’efficience de la procédure(66). transmettre des faits de
Dans la mesure où ces proposi- contrefaçon à l’Hadopi
Dans un premier temps, ils visent tions sont toujours d’actualité, elles Les procureurs de la République
à rappeler aux internautes la loi et sont reprises ci-dessous. Il convient peuvent transmettre des procédures
les éventuelles sanctions encou- de préciser que l’une d’entre elle relatives à des faits de contrefaçon
rues, via l’envoi d’avertissements. a déjà fait l’objet d’un décret en à la Commission afin qu’elle mette
juillet 2013. en œuvre la réponse graduée. À
Les éventuelles actions en justice la suite de la dénonciation de faits
ou sanctions n’interviennent qu’en Les propositions d’évolution de contrefaçon par les ayants
cas de réitération, à l’issue de diffé- législative et réglementaire droit, des procureurs ont décidé
rentes étapes (lesquelles sont plus afin d’optimiser la procédure de transmettre ces dossiers à
ou moins strictement définies selon l’Hadopi, lorsque l’auteur des
les pays). Certains dispositifs, à 1- Permettre aux auteurs de faits de contrefaçon n’avait pas
l’instar de la France, comportent saisir directement l’Hadopi été identifié ou qu’ils souhaitaient
une dominante de sensibilisation L’article L. 331-24 du code de la ordonner un rappel à la loi plutôt
et intègrent également une dimen- propriété intellectuelle réserve que de poursuivre ces faits devant
sion de promotion de l’offre légale actuellement la possibilité de saisir le tribunal correctionnel.
(Australie, Royaume-Uni, Suisse)(65). l’Hadopi aux seuls agents asser-
mentés et agréés désignés par les Dans la mesure où la Commission
Examen des évolutions de la organismes de défense profession- ne peut être saisie de faits de plus
procédure de réponse graduée nelle régulièrement constitués, de six mois(67), il est en pratique
L’expérience de mise en œuvre les sociétés de perception et de difficile pour les procureurs de
de la réponse graduée a conduit répartition des droits et le Centre diligenter une enquête avant
la Commission à réfléchir sur des National de la Cinématographie et d’envisager de privilégier la voie
évolutions éventuelles de la procé- de l'image animée. de la réponse graduée.
dure existante.
Or, l’Hadopi est régulièrement solli- Afin de permettre de recourir plus
Récemment, des travaux ont été citée par des auteurs qui constatent largement à ce mode d’alternative aux
conduits par la Commission, à la mise à disposition sur les réseaux poursuites, le délai pendant lequel le
l’occasion de la Mission d'infor- pair-à-pair de leurs œuvres et procureur de la République pourrait
mation sénatoriale sur l’Hadopi, souhaitent pouvoir demander à saisir la Commission pourrait être
afin d’examiner quelles seraient l’Hadopi de mettre en œuvre la prolongé à un an, il correspondrait
les possibilités de passer à un procédure de réponse graduée. au délai de prescription en matière
système de sanction adminis- La Commission propose de modi- contraventionnelle.
trative ou d’amende forfaitaire fier l’article L. 331-24 du code de
dans une organisation juridique la propriété intellectuelle pour 3- Permettre la communication
constante. Ces travaux ont été permettre aux auteurs de saisir du port source dans les saisines
communiqués à la Mission d'in- directement l’Hadopi, en s’appuyant adressées à la Commission
formation sénatoriale. sur un constat d’huissier, comme Les saisines adressées à la
en matière de contrefaçon. Commission comportent l’adresse

(65) Cf Annexe n° 3, Tableau de synthèse des « Dispositifs applicables aux internautes partageant des œuvres sur Internet ». Cette synthèse résulte
des travaux de veille internationale de l’Hadopi cf p.140.
(66) Rapport annuel 2012-2013, p.71 et suivantes.
(67) Article L. 331-24 aliéna 3 du code de la propriété intellectuelle.
Hadopi La mise en œuvre des missions 67

IP de l’accès à Internet utilisé et l’Hadopi aux titulaires d’abonne- sont les Fournisseurs d’Accès à
l’heure à laquelle les faits ont été ment dans le cadre de la procédure Internet qui acheminent les mails
constatés pour permettre l’identi- de réponse graduée ne divulguent de recommandation.
fication du titulaire d’abonnement. pas le nom des œuvres mises à
disposition. Pour simplifier le dispositif, la
Les Fournisseurs d’Accès à Internet, Commission pourrait prendre
qui doivent faire face à une pénurie Malgré l’ajout du nom du logiciel en charge l’envoi des mails de
d’adresses IP, peuvent pratiquer le pair-à-pair utilisé dans les nouvelles recommandation directement aux
« nattage », c’est-à-dire partager recommandations pour leur abonnés. Pour cela, il est préconisé
une adresse IP entre plusieurs permettre de comprendre les faits de modifier l’article L. 331-25 du
abonnés et ont alors besoin des à l’origine du manquement, la majo- code la propriété intellectuelle.
références du « port source »(68) rité des personnes qui contacte
pour identifier le titulaire de la Commission, après la réception 6- Transmettre les réponses
l’abonnement. d’une recommandation, le fait pour aux demandes d’identification
obtenir le nom des œuvres télé- sur des supports numériques
Les délibérations de la Commission chargées ou mises à disposition à compatibles avec le
Nationale Informatique et Libertés partir de leur connexion à Internet. système de traitement de la
(CNIL) des 10 et 24 juin 2010 Elle ne comprend pas la raison pour Commission de protection des
autorisent déjà les ayants droit laquelle cette information ne figure droits
à collecter et à transmettre à la pas dans la recommandation et la Cette proposition faite dans
Commission le numéro de port. raison pour laquelle elle est obligée le rapport annuel 2012-2013 a été
La Commission préconise donc de faire une démarche particulière prise en compte par le décret
de modifier l’annexe du décret du pour l’obtenir. n° 2013-596 du 8 juillet 2013 qui
5 mars 2010 pour l’autoriser à traiter a facilité les échanges entre la
le numéro de port source utilisé. Une modification législative visant à Commission et les Fournisseurs
inclure le nom des œuvres concer- d’Accès à Internet (FAI), en
Cette modification serait d’au- nées par le manquement dans la particulier les FAI dit « virtuels »,
tant plus utile qu’elle permettrait recommandation serait de nature qui ne disposent pas de ressources
par ailleurs aux professionnels, à satisfaire les usagers sans porter techniques propres et utilisent
qui mettent des accès à Internet atteinte à la confidentialité des celles d’autres fournisseurs d’accès.
à disposition de tiers, d’identifier échanges dans la mesure où tant
l’utilisateur final à l’origine des faits le destinataire de la recomman- L’article R. 331-37 du code de
de mise à disposition pour le sensi- dation que celui du courrier de la propriété intellectuelle a été
biliser sur l’enjeu et les impacts des réponse à la demande de détail modifié par l'article 1 du décret
faits de contrefaçon qu’il a commis. d’œuvre sont toujours les titulaires pour prévoir la transmission des
de l’abonnement. identifications à la Commission au
4- Permettre de faire figurer moyen de dispositifs numériques
dans la recommandation le 5- Confier à l’Hadopi la charge compatibles avec son système de
contenu des œuvres visées par d’acheminer directement les traitement, lorsque ces échanges
celle-ci recommandations n’interviennent pas par le biais
L’article L. 331-25 du code de la En application des dispositions d’une interconnexion avec le
propriété intellectuelle prévoit que de l’article L. 331-25 du code système de traitement automatisé.
les recommandations adressées par de la propriété intellectuelle, ce

(68) Le port permet sur un ordinateur donné de distinguer différentes applications ou connexions. Un port est identifié par son numéro compris entre
0 et 65 535. Le port source d’une connexion est le port utilisé par l’ordinateur en question pour cette connexion et le port destination est celui utilisé
par l’ordinateur auquel le premier est connecté.
68

L’action de prévention de
la contrefaçon au cours
de l’année écoulée Demandes d'identification envoyées aux Fournisseurs d'Accès
à Internet
L’augmentation du nombre
des titulaires d’abonnement
793 500
ayant reçu des messages 800 000 760 870
d’avertissement 705 000
700000
Les identifications de saisines 600 000
520 402
en hausse 495 000

Au cours de l’année écoulée, du


500000
400 134
1er juillet 2014 au 30 juin 2015, la 400 000

Commission de protection des


300000
droits a reçu 19,8  millions de
200 000
constats portant sur des faits
de mise à disposition d’œuvres 100000
protégées par le droit d’auteur sur
0
les réseaux pair-à-pair. 44 % de ces Janv. Fév. Mars Avril Mai Juin
constats concernent des œuvres 2015 2015 2015 2015 2015 2015
audiovisuelles et proviennent de
l’ALPA et 56 % concernent des
œuvres musicales et proviennent
des trois ayants droit représentant ■■ en effet, le nombre des abonnés déjà reçu une première ou
le secteur de la musique, la SACEM/ à Internet continue à croître en une deuxième recommandation
SDRM, la SCPP et la SPPF. France. Selon les chiffres de ou ceux qui sont en troisième
l’Autorité de Régulation des phase de la procédure et peuvent
Poursuivant son objectif de traiter Communications Électroniques et donner lieu à une transmission
à terme l’ensemble des saisines des Postes (ARCEP), le nombre à la justice.
reçues, la Commission a décidé d’abonnements à Internet haut
au premier semestre 2015 d’aug- et très haut débit en France était ■■ la Commission a ainsi observé,
menter progressivement de 30 % de 26,2 millions au 1er trimestre au cours du premier semestre
à 50 % le nombre de saisines trai- 2015(69), contre 24,9 millions au 2015, que le taux de création de
tées, pour lesquelles la Commission 31 décembre 2013(70). nouveaux dossiers était relati-
adresse des demandes d’identifica- vement stable par rapport aux
tion de l’adresse IP de la connexion Au cours des premiers mois de années précédentes, dans un
à Internet utilisée aux Fournisseurs l’année 2015, les identifications contexte d’augmentation du
d’Accès à Internet. reçues des fournisseurs d’accès nombre de saisines traitées. Ce
ont donné lieu à la création de constat conforte l’intérêt et l’uti-
Cette hausse du traitement des nouveaux dossiers, éligibles à lité, après cinq années de la mise
saisines participe au déploiement de l’envoi d’une première recom- en œuvre de la procédure, de la
la pédagogie de la réponse graduée mandation dans 31 % des cas. poursuite de la phase pédago-
car elle permet d’identifier de Les 69 % de saisines identifiées gique de la réponse graduée
nouveaux titulaires d’abonnement restantes viennent alimenter notamment auprès des nouveaux
à Internet pour les sensibiliser : les dossiers des abonnés ayant titulaires d’abonnement à Internet.

(69) Marché du haut et du très haut débit fixe, observatoire du marché des communications électroniques de l’ARCEP
(70) Supplément du rapport d’activité - ARCEP.
Hadopi La mise en œuvre des missions 69

L’augmentation du nombre de
premières recommandations
L’augmentation du nombre des Nombre de premières recommandations envoyées entre le 1er juillet
saisines identifiées a permis d’en- 2014 et le 30 juin 2015
voyer entre le 1er juillet 2014 et le
30 juin 2015 1 648 402 premières 250000
231000

recommandations(71) aux titulaires


d’abonnements utilisés à des fins de 200000 185449
176791
téléchargement ou de mise à dispo- 159500

sition d’œuvres protégées sur les 150000 131022 132000 133000


réseaux pair-à-pair. L’augmentation 120000 116000
90000
de 23 % du nombre de premières 100000 90000 83640

recommandations par rapport à


la période précédente a peu d’im- 50000
pact budgétaire, dans la mesure
où cet avertissement est envoyé 0
Juil. Août Sept. Oct. Nov. Déc. Janv. Fév. Mars Avril Mai Juin
par mail(72).

La limitation du nombre de
deuxièmes recommandations Nombre de deuxièmes recommandations envoyées entre le 1er juillet
La Commission n’a pas pu réper- 2014 et le 30 juin 2015
cuter dans les mêmes proportions
l’augmentation des saisines identi-
25000
fiées sur le nombre des envois de
21400
deuxièmes recommandations(73),
20000
en raison des contraintes budgé-
taires. Ainsi entre le 1er juillet 2014
15000 14300 14300
et le 30 juin 2015, la Commission a 12350
13450
11069 11672
10884 11166
envoyé 148 944 deuxièmes recom- 10317
10000 9018 9018
mandations, ce qui représente une
hausse de près de 1 % par rapport
5000
à l’année précédente(74).

0
Juil. Août Sept. Oct. Nov. Déc. Janv. Fév. Mars Avril Mai Juin

(71) Article L. 331-25 du code de la propriété intellectuelle : “Lorsqu'elle est saisie de faits susceptibles de constituer un manquement à l'obligation définie à l'ar-
ticle L. 336-3, la Commission de protection des droits peut envoyer à l'abonné, sous son timbre et pour son compte, par la voie électronique et par l'intermé-
diaire de la personne dont l'activité est d'offrir un accès à des services de communication au public en ligne ayant conclu un contrat avec l'abonné, une recom-
mandation lui rappelant les dispositions de l'article L. 336-3, lui enjoignant de respecter l'obligation qu'elles définissent et l'avertissant des sanctions encourues
en application des articles L. 335-7 et L. 335-7-1. Cette recommandation contient également une information de l'abonné sur l'offre légale de contenus culturels
en ligne, sur l'existence de moyens de sécurisation permettant de prévenir les manquements à l'obligation définie à l'article L. 336-3 ainsi que sur les dangers
pour le renouvellement de la création artistique et pour l'économie du secteur culturel des pratiques ne respectant pas le droit d'auteur et les droits voisins.”.
(72) 1 336 634 premières recommandations avaient été envoyées entre le 1 er juillet 2013 et le 30 juin 2014.
(73) Article L.331-25 alinéa 2 du code de la propriété intellectuelle : “En cas de renouvellement, dans un délai de six mois à compter de l'envoi de la recommanda-
tion visée au premier alinéa, de faits susceptibles de constituer un manquement à l'obligation définie à l'article L. 336-3, la Commission peut adresser une nouvelle
recommandation comportant les mêmes informations que la précédente par la voie électronique dans les conditions prévues au premier alinéa. Elle doit assortir
cette recommandation d'une lettre remise contre signature ou de tout autre moyen propre à établir la preuve de la date de présentation de cette recommandation.”
(74) 147 570 deuxièmes recommandations avaient été envoyées entre le 1er juillet 2013 et le 30 juin 2014.
70

La campagne de sensibilisation La lettre de rappel adressée à ces Les échanges avec les titulaires
sur le fonctionnement des abonnés, dès la première phase de d’abonnement
logiciels de partage la procédure, leur donne des expli-
Parallèlement, et pour poursuivre cations sur le fonctionnement des Les demandes et observations
son action pédagogique en parti- logiciels pair-à-pair et les moda- des abonnés
culier à l’égard des abonnés qui lités pratiques de désinstallation Au cours de l’année écoulée, 125 888
ne connaissent pas le fonctionne- de ceux-ci, lorsqu’ils sont unique- abonnés ont contacté l’Hadopi, après
ment des logiciels de partage, la ment utilisés pour télécharger ou la réception d’une première, d’une
Commission a lancé une campagne partager des œuvres protégées deuxième recommandation ou d’une
de sensibilisation à leur égard. par le droit d’auteur. lettre de notification les informant
Comme annoncé dans le précédent que leur dossier était en troisième
rapport annuel(75), la Commission a La lettre simple permet aussi de phase et qu’ils étaient susceptibles
envoyé, entre le mois d’avril et le toucher les abonnés qui n’ont pas d’être poursuivis pénalement.
30 juin 2015, 17 325 lettres simples reçu ou pas lu le mail de première
aux titulaires d’abonnement ayant été recommandation. L’objectif de la ■■ Si à chaque étape de la procédure
destinataires d’une première recom- Commission est de faire en sorte les titulaires d’abonnement
mandation par mail, lorsqu’elle a été que ces dossiers, qui sont les moins peuvent formuler des demandes et
saisie de nouveaux faits de mise en graves, n’aillent pas jusqu’à la troi- des observations, la Commission
partage concernant la même œuvre. sième phase de la procédure en a cependant remarqué que les
permettant aux abonnés, peu au abonnés prennent davantage
En effet, la Commission a constaté fait de l'utilisation d’Internet, de contact avec elle lorsque leur
au cours de ses échanges avec des prendre rapidement toute mesure dossier est à une étape avancée
titulaires d’abonnement que certains pour éviter le renouvellement des de la procédure.
d’entre eux ne comprenaient pas mises à disposition des œuvres illé-
pourquoi un nouveau manquement galement téléchargées.
leur était reproché alors qu’ils avaient
cessé d’utiliser leur logiciel pair-à-
pair pour télécharger des œuvres
protégées.

Ces personnes ne connaissent pas Taux de contact global des titulaires d'abonnement par phase
le fonctionnement de la plupart des
logiciels pair-à-pair, qui consiste
à mettre à disposition de façon
continue les fichiers préalablement
téléchargés dès lors qu’elles sont
1re Phase
toujours connectées à Internet. Elles
ignorent ainsi que les faits constatés
5,60 %
depuis leur accès à Internet sont des
mises à disposition d'œuvres proté-
2e Phase
gées qui peuvent avoir eu lieu au
21,36 %
moment de leur téléchargement mais
également après celui-ci, tant que
le logiciel demeure installé sur leur 3e Phase
ordinateur, même s'il n’y a pas eu de 45,51 %
nouveau téléchargement.

(75) Rapport annuel 2013-2014. P.72.


Hadopi La mise en œuvre des missions 71

En troisième phase, la
Commission incite les abonnés
à faire valoir leurs observations Mode de contact utilisé par les abonnés pour formuler des observa-
avant l’examen de leur dossier en tions ou adresser des demandes
vue d’une éventuelle transmis-
sion de celui-ci au procureur de
la République. Ainsi, 549 titulaires
d’abonnement sur les 1 214 passés
en troisième phase au cours de 22,97%
l’année écoulée ont pris contact
avec la Commission. Contacts par mail

1,96% Contacts par courrier


■■ Comme les années précédentes,
Contacts par téléphone
la majorité des demandes et des
observations a été reçue à la 75,07%
Commission par mail. La part des
appels téléphoniques reste non
négligeable et celle des courriers
postaux, marginale. En troisième
phase, les titulaires d’abonnement
font le plus souvent valoir leurs
observations par le biais du formu-
laire joint à la lettre de notification. Qualifications des contacts téléphoniques(76)

■■ S’agissant du contenu des


observations, les échanges 0,29% 2,57%
téléphoniques avec le centre 6,25% Question sur le détail
des œuvres
d’appel de la Commission, entre
7,77% Question sur le contenu
le 1er juillet 2014 et le 30 juin de la recommandation
2015 montrent que les titulaires
Question sur le logiciel indiqué
d’abonnement appellent d’abord dans la recommandation
pour comprendre pourquoi ils 21,93% Questions sur sa connexion
28,59%
ont reçu une recommandation à Internet

(demandes relatives au contenu Actions menées

de la recommandation et Question sur l'offre légale


notamment au nom des 7,23% ou le droit d'auteur

œuvres téléchargées ou mises Conteste

à disposition, au logiciel utilisé et 25,36%


Transfert d'appels
à la connexion à Internet) et pour
savoir quelles sont les mesures
à prendre pour ne pas recevoir
de nouvelle recommandation. Ils
font également état des mesures
qu’ils ont prises pour éviter le En troisième phase, plus de 80 % au cours de l’année en remplissant
renouvellement des mises à des titulaires d’abonnement qui ont le formulaire d’observations, ont
disposition illégales. pris contact avec la Commission reconnu que leur accès à Internet

(76) Source : Centre d’appel Phone city sur la période de juillet 2014 à juin 2015.
72

avait bien été utilisé à des fins de


téléchargement ou de mise à dispo-
sition d’œuvres protégées et ont En cas de présence sur votre (vos) ordinateur(s) du (des) logiciel(s)
déclaré avoir désinstallé le ou les de partage mentionné(s) dans la notification l’(les) avez-vous
logiciels pair-à-pair utilisés. désinstallé(s) ?

Exemples d’observations :
« Je dois vous avouer que suite à
8%
la première recommandation je ne
me suis pas inquiété mais après le 6%
deuxième courrier j’ai désinstallé 5% Oui
eMule et je me suis tourné vers
1% Non
µTorrent c’est tellement facile de
cliquer sur un fichier et de pouvoir Ne se prononce pas

le regarder gratuitement. À récep- A un autre logiciel


tion du troisième courrier, là, j’ai eu
peur et j’ai décidé de désinstaller 80% N'a pas le logiciel précisé
dans la notification
µTorrent car à cause de mes erreurs
je ne veux pas que ma famille soit
inquiétée ».

« Nous avons décidé de désins- Source : résultats obtenus à partir des contacts troisième phase entre les 1er juillet 2014 et 30 juin 2015
taller tous les programmes de télé-
chargement installés sur les ordi-
nateurs (a-Mule, µTorrent). Nous
nous sommes abonnés à Deezer ».
Avez-vous mis en place des mesures pour sécuriser votre accès Wi-Fi ?
57 % ont en outre indiqué avoir
sécurisé leur connexion Wi-Fi
(notamment par la mise en place 5%
d’une clé WPA2(77)). 11%

Oui
Exemples d’observations :
« Après avoir reçu l’accusé de récep- Non
tion, j’ai renouvelé la protection
Ne se prononce pas
Wi-Fi WPA2 ainsi que procédé à 27% 57%
l’installation d’un second anti-virus Autre

avec mises à jour ».

Enfin, près de 12 % d’entre eux


ont déclaré spontanément avoir
sensibilisé leur entourage sur les
téléchargements illégaux. Source : résultats obtenus à partir des contacts troisième phase entre les 1er juillet 2014 et 30 juin 2015

(77) Wi-Fi Protected Access. Protocoles de sécurité pour les réseaux locaux sans fil, WPA et WPA2 visent à sécuriser l’échange de données en cryp-
tant ces dernières. Le WPA2 constitue le protocole le plus abouti à l’heure actuelle. Il peut requérir des mises à jour matérielles et logicielles si votre
boîtier de connexion ou votre ordinateur sont anciens.
Hadopi La mise en œuvre des missions 73

Enfin, à chaque étape de la procé- enregistrées dans le système qui recense des plateformes pouvant
dure, des titulaires d’abonnement d’information, de faire en sorte que être regardées comme étant légales,
s’adressent à la Présidente de la les titulaires d’abonnement puissent permettant d’écouter de la musique,
Commission de protection des recevoir les avertissements et que de regarder des films ou des séries,
droits, responsable du traitement les poursuites pénales éventuelles de lire des livres, trouver des jeux
de leurs données personnelles au soient dirigées contre le véritable vidéo et des photos.
regard de la loi du 6 janvier 1978 titulaire de l’abonnement.
relative à l’informatique et aux Pour poursuivre son action
libertés(78), pour solliciter la recti- Il importe de rappeler que pédagogique au delà des échanges
fication de leurs données dans l’Hadopi a été créée, notam- avec les titulaires d’abonnement, la
le système d’information de la ment, dans un souci de protec- Commission met en ligne sur le site
réponse graduée. tion des données personnelles www.hadopi.fr des fiches pratiques,
des titulaires d’abonnement qui expliquent les mesures qui
La majorité de ces demandes faisant l’objet d’une procédure peuvent être prises pour éviter
concernent les adresses mail de réponse graduée (79). Aussi, que les accès à Internet ne soient
communiquées par les Fournisseurs la Commission attache-t-elle utilisés à des fins de contrefaçon.
d’Accès à Internet (FAI), qui ne sont une importance particulière à
plus utilisées par les abonnés. Dans la protection de ces données. Ainsi, une fiche de présentation
ce cas, la Commission conseille Au mois de janvier 2015, elle a des principales fonctions de
au titulaire d’abonnement de informé la Commission Nationale paramétrage des « box Internet80) »
s’adresser directement à son FAI de l’Informatique et des Libertés (boîtiers de connexion) a été
pour qu’il actualise les informations (CNIL) d’une erreur d’identification publiée cette année. La plupart des
le concernant. répétée d’un Fournisseur d’Accès box de technologie récente offre
à Internet à l’égard d’un abonné un socle commun de paramétrage
Dans les autres cas, et notamment dont le dossier avait été transmis qui peut permettre au titulaire de la
lorsque le destinataire de la recom- par la Commission à la justice. connexion à Internet de prendre des
mandation indique ne pas être le mesures pour contrôler l’utilisation
véritable titulaire de l’abonnement, Les informations de sa connexion par des tiers.
une demande complémentaire est communiquées aux abonnés
adressée au FAI afin de procéder La Commission de protection des Une seconde fiche présente le fonc-
à une vérification des informations droits accuse systématiquement tionnement des logiciels pair-à-pair
initialement communiquées par réception des observations qui lui sont et explique, pour le cas où ces logi-
celui-ci à la Commission. adressées par les titulaires d’abon- ciels seraient uniquement utilisés
nement. Elle leur apporte des infor- à des fins de téléchargement ou
Entre le 1er  juillet 2014 et le mations complémentaires et adap- de mise à disposition d’œuvres
30  juin 2015, 343 demandes tées à leur situation sur les mesures à protégées par le droit d’auteur, les
complémentaires ont été adressées à prendre pour empêcher que leur accès procédures de désinstallation. La
l’ensemble des FAI, soit à la demande à Internet ne soit de nouveau utilisé Commission a en effet constaté
d’un abonné soit à l’initiative de pour représenter, mettre à disposition dans ses échanges avec les titu-
la Commission, à l’occasion de ou reproduire des œuvres protégées laires d’abonnement que certains
l’instruction des dossiers. par un droit d’auteur. d’entre eux confondaient la procé-
dure de désinstallation du logiciel
Ces demandes permettent à la Ils sont également invités à avec la suppression du raccourci
Commission d’actualiser les données consulter le site www.offrelégale.fr, permettant d’y accéder.

(78) Loi 78-17 du 6 janvier 1978.


(79) Décision du Conseil Constitutionnel du 10 juin 2009 n°2009-580.
(80) http://hadopi.fr/sites/default/files/fiche_parametrage_box_vdef_2.pdf.
74

Comment paramétrer une « box » ?


Comment régénérer sa clé de protection WPA2 Le filtrage Mac (liste noire et liste blanche)
(Wi-Fi Protected Access) L’adresse MAC est l’identifiant du matériel associé
Protocoles de sécurité pour les réseaux locaux sans à la carte réseau d’un appareil. C’est un numéro
fil, les WPA et WPA2 visent à sécuriser l’échange de unique défini par les constructeurs et composé de
données en cryptant ces dernières. Pour se connecter douze caractères hexadécimaux. Deux périphériques
au boîtier de connexion via le Wi-Fi, l’utilisateur n’ayant pas la même carte réseau ne peuvent donc
devra renseigner la clé (suite de caractères alpha- pas avoir la même adresse MAC. Il est alors possible
numériques) dans l’interface de son appareil. Le d’organiser un filtrage des périphériques en les iden-
WPA2 constitue le protocole le plus abouti à l’heure tifiants par leur adresse MAC.
actuelle. Il peut requérir des mises à jour matérielles
et logicielles si votre boîtier de connexion ou votre Le filtrage MAC permet de renforcer la sécurité de
ordinateur sont anciens. votre réseau. Par défaut, cette fonction est désac-
tivée. L’activation du filtrage MAC permet d’autoriser
Deux possibilités de récupérer une clé : uniquement les périphériques dont les adresses Mac
sont renseignées à se connecter au réseau Wi-Fi
■■ Un numéro à lire sur une étiquette boîtier de (liste blanche) ou d’interdire la connexion de certains
connexion et à reporter sur le « point d’accès » appareils spécifiquement désignés (liste noire).
du réseau.
Désactiver le Wi-Fi communautaire (hotspot)
■■ Un bouton (physique ou virtuel), à la fois sur le La mise en place d’un hotspot, ou point d’accès
boîtier de connexion et le point d’accès du réseau. Wi-Fi communautaire, ouvert permet un accès
libre à une connexion gratuite et facile sur tous les
Comment masquer son réseau Wi-Fi autres boîtiers de connexion du même FAI. La fonc-
Masquer son réseau Wi-Fi permet de ne pas faire tion hotspot est en général activée automatique-
apparaître son nom dans la liste des réseaux Wi-Fi ment par défaut, de sorte que tous les boîtiers des
disponibles sur n’importe quel périphérique. Cela clients d’un même FAI ont un rôle de bornes d’accès
permet à votre boîtier de connexion de ne plus être Wi-Fi. Si vous ne souhaitez pas partager une partie
visible et ainsi de restreindre les connexions exté- de votre connexion avec les autres abonnés, vous
rieures sur votre réseau. Il faut le saisir à la main pouvez désactiver votre hotspot depuis votre espace
une première fois pour y connecter un périphé- client. Attention car en général si vous désactivez la
rique (ou que ce périphérique ait déjà été connecté fonctionnalité sur votre boîtier de connexion, vous
à ce réseau Wi-Fi avant qu’il ne devienne masqué). ne pourrez plus bénéficier du service lorsque vous
Dans la plupart des panneaux de configuration des êtes en déplacement.
box il faut cliquer sur l’onglet Diffusion du SSID,
le désactiver puis valider les changements. Dès Planificateur Wi-Fi
lors, le réseau est Wi-Fi est invisible à moins d’en Cette option permet de définir les plages horaires
connaître le nom. pendant lesquelles le Wi-Fi du boîtier de connexion
sera activé. La gestion de cette option permet de
définir des règles différentes pour chaque jour de la
semaine ou pour une période d’absence prolongée
(congés). Dans le cadre du contrôle parental, vous
pouvez ainsi gérer les plages horaires de connexion
Internet sur les ordinateurs, tablettes, téléphones
portables de votre foyer.
Hadopi La mise en œuvre des missions 75

Désinstallation d’un logiciel pair-à-pair


En tant que titulaire d’un accès à Internet, vous - sélection du programme à supprimer, puis cliquer
pouvez recevoir un avertissement de l’Hadopi pour sur modifier/supprimer et le cas échéant confirmer
mise à disposition sur Internet d’une œuvre via un la suppression et suivre les instructions pour conti-
réseau pair-à-pair, si celle-ci est protégée par un nuer la désinstallation
droit d’auteur.
■■ Windows Vista : menu Démarrer - panneau de confi-
Le système pair-à-pair (« peer to peer » en anglais, guration - programmes - désinstaller un programme
ou P2P en abrégé) permet à plusieurs ordinateurs - clic droit sur le nom du programme à désins-
de communiquer entre eux via un réseau en y parta- taller, puis cliquer sur "Désinstaller/Modifier" et
geant des objets tels que par exemple des fichiers. suivre les différentes étapes demandées
L’utilisation d’un tel système se fait à l’aide d’un
logiciel spécifique (exemple : BitTorrent, µTorrent, ■■ Windows 7 : menu Démarrer - panneau de confi-
eMule, Vuze, Shareaza, etc.), qui permet le partage guration - programmes et fonctionnalités - clic
de fichiers. En fonction de sa configuration ce type droit sur le nom du programme à désinstaller, puis
de logiciel peut mettre à disposition automatique- cliquer sur "Désinstaller" et confirmer
ment des fichiers téléchargés.
■■ Windows 8 : dans le champ "Rechercher", taper
"programmes" - paramètres - ajouter ou supprimer
Si vous n’utilisez le logiciel de partage qu’à des
des programmes - sélectionner le programme
fins de téléchargement ou de mise à disposition
à désinstaller, puis cliquer sur "Désinstaller" et
d’œuvres protégées par le droit d’auteur, nous vous
suivre les instructions
conseillons de le désinstaller.
Si votre version de Windows ne s'y trouve pas,
La procédure de désinstallation d'un logiciel dépend veuillez consulter l'aide fournie avec votre système
du système d'exploitation installé sur votre ordinateur, d'exploitation.
et de la version de celui-ci. Les systèmes d'exploi-
tation les plus couramment installés sur les ordina-
Désinstallation sous MAC
teurs personnels sont Windows, Mac OS X et Linux.
Si aucun désinstalleur n’a été fourni avec le logiciel,
Désinstallation sous Windows la procédure à suivre est la suivante :
1re étape : vous devez déterminer la version
1re étape : ouvrez le dossier « Applications » et
de Windows sous laquelle fonctionne votre
recherchez le programme à désinstaller
ordinateur
2e étape : glissez l’icône du logiciel jusqu’à la
■■ Ouvrez le menu Démarrer
Corbeille
■■ Dans le champ de « Rechercher les programmes
et les fichiers » du menu, saisissez « winver » (pour 3e étape : videz la Corbeille pour supprimer les
« Windows Version »), puis validez par la touche fichiers de manière définitive (clic droit sur la
« Entrée » sur votre clavier Corbeille, sélectionnez « vider la corbeille »
puis validez)
■■ Une fenêtre « A propos de Windows » apparaît
sur votre écran. Elle vous indique la version de Désinstallation sous Linux
votre système d'exploitation.
Les modalités d'installation et de désinstallation sur
■■ Fermez cette fenêtre en cliquant sur OK Linux dépendent de la distribution Linux que vous
utilisez. Utilisez le package manager correspondant.
2e étape : En fonction de la version de Windows
choisissez la procédure appropriée parmi les Si vous rencontrez des difficultés à mettre en œuvre
propositions ci-après. les procédures décrites ci-dessus, ou si les explica-
tions vous paraissent insuffisantes, nous vous invi-
■■ Windows XP/2000 : Poste de travail - panneau de tons à rechercher des compléments d’information
configuration - ajout/suppression de programmes sur Internet.
76

La sensibilisation des L’action de la Commission a suivi de leur taille (exemple, grande


internautes via les les deux axes mis en place au cours entreprise, administration, etc.),
professionnels titulaires des années précédentes(81) : de leur activité (ex. : prestataire de
d’abonnement hotspot) ou du profil des utilisa-
■■ apporter des réponses et des teurs de leur connexion (exemple :
Modalités de sensibilisation outils adaptés aux professionnels étudiants). Entre le 1er juillet 2014
des professionnels qui font l’objet d’une procédure et le 30 juin 2015, 79 nouveaux
Au cours de l’année écoulée, de réponse graduée et prennent suivis ont été ouverts.
la Commission a poursuivi son contact avec la Commission. Ils
action à l’égard des profession- ont été 2 334 à s’adresser à la
nels pour que les accès à Internet Commission entre le 1er juillet
qu’ils mettent à la disposition de 2014 et le 30 juin 2015, quelle
tiers ne soient pas utilisés à des que soit l’étape de la procédure
fins de contrefaçon. Elle fait ainsi de leur dossier.
de la « pédagogie au carré », en
s’appuyant sur les professionnels ■■ mettre en place un suivi spéci-
pour qu’ils sensibilisent à leur tour fique pour les professionnels qui
l’ensemble des utilisateurs de leur ont des problématiques parti-
accès à Internet. culières au regard de la procé-
dure de réponse graduée, du fait

(81) Cf supra : L’accompagnement spécifique des professionnels. p.59


Hadopi La mise en œuvre des missions 77

Outils de sensibilisation

Je suis un professionnel et je viens de Les idées reçues des professionnels


recevoir une recommandation : les bonnes
questions à se poser Penser que l’utilisateur est responsable de l’uti-
lisation faite de la connexion :
■■ Qui sont les utilisateurs autorisés à se connecter C’est le titulaire de l’accès à Internet qui a l’obli-
à mon accès/réseau Internet ? gation de veiller à ce qu’il ne soit pas utilisé à
des fins de contrefaçon (article L. 336-3 du code
■■ Comment les utilisateurs se connectent à mon de la propriété intellectuelle). Il est donc l’unique
réseau (filaire, Wi-Fi) ? responsable au regard de la contravention de négli-
gence caractérisée. Le cas échéant, l’utilisateur
■■ Quelles mesures ont été mises en place pour pourra se voir reprocher un délit de contrefaçon.
limiter la connexion à mon accès/réseau aux
seuls utilisateurs autorisés ? Se croire protégé des lois « Hadopi » par le
respect des dispositions concernant la lutte
■■ Quelles mesures techniques ont été mises en contre le terrorisme :
place pour prévenir l’utilisation de mon accès L’article 5 de la loi du 23 janvier 2006(82), qui
à Internet à des fins de contrefaçon ? impose aux personnes qui offrent au public une
connexion à Internet de conserver les données
■■ Ai-je déjà sensibilisé mes utilisateurs sur la bonne de connexion pour les besoins de la recherche,
manière d’utiliser la connexion à Internet que constatation et poursuite d’infractions pénales,
je mets à leur disposition ? ne permet pas au titulaire de l’abonnement de
s’exonérer de sa responsabilité au regard de la
■■ Quelles solutions et quels outils sont à ma dispo- contravention de négligence caractérisée.
sition pour prévenir de nouveaux manquements ?

(82) Loi n° 2006-64 du 23 janvier 2006 relative à la lutte contre le terrorisme et portant dispositions diverses relatives à la sécurité et aux contrôles
frontaliers.
78

Les bons réflexes

Installer un portail captif d’authentification techniques afin d’éclairer les internautes sur les
L’identification de l’utilisateur, si elle ne suffit aspects techniques et juridiques entourant la
pas à protéger le titulaire de l’abonnement, gestion et l’utilisation d’un accès à Internet.
permet d’éviter les connexions non autorisées
et de dissuader les usages illicites. Filtrages
Différents types de filtrages peuvent être installés
Sensibiliser les utilisateurs au respect des pour limiter le risque d’une utilisation illicite de
droits d’auteur et droits voisins sur Internet l’accès à Internet :
L’Hadopi propose sur son site Internet des
messages de sensibilisation à installer sous forme ■■ Filtrage de contenus basé sur une liste de mots,
de pop-in sur un portail captif ou à proposer de formules clés ou de sites interdits ou sur
aux clients afin qu’ils les utilisent dans leurs une liste blanche limitative des sites autorisés.
chartes informatiques, contrat de location et/
ou établissements. ■■ Filtrage applicatif visant à éviter le partage via
des logiciels pair-à-pair.
Orientation des utilisateurs vers le site
offrelégale.fr ■■ Filtrage des ports non indispensables à la
Le site offrelégale.fr recense les plateformes simple navigation Internet et/ou aux services
proposant une offre d’œuvres en télécharge- de messagerie (selon la politique de sécurité
ment licite (musique, films, jeux vidéos, livres, de la structure).
photographies), gratuit ou payant.
Ces recommandations d’ordre technique ne seront
Consultation des fiches bonnes pratiques du efficaces que si un bon paramétrage est opéré et
site Hadopi mis à jour régulièrement et s’accompagne d’une
L’Hadopi propose sur son site Internet des fiches sensibilisation des utilisateurs du service.

Pour compléter ces outils existants, de réponse graduée et les mesures l’Hadopi est en cours d’élaboration.
une rubrique dédiée aux profession- à mettre en place pour faire en sorte Il sera diffusé par le ministère à
nels sur le site Internet de l’Hadopi qu’une connexion à Internet mise à 1 000 entités diplomatiques et
est en cours d’élaboration. disposition de locataires ne soit pas consulaires et 40 000 agents de
utilisée à des fins de contrefaçon. ces entités.
Des exemples d’actions Un message de sensibilisation
menées avec des élaboré conjointement par la Des rencontres ont été organisées
professionnels fédération et l’Hadopi a été diffusé avec des prestataires techniques,
L’Hadopi a été invitée lors d’une à l’ensemble des 47 000 adhérents dont l’activité est d’installer
journée technique de l’université de la fédération. des hotspots Wi-Fi pour des
de rentrée de la fédération Gîtes professionnels mettant des accès
de France, en novembre 2014, Un message de sensibilisation à Internet à disposition du public
pour sensibiliser les directeurs rédigé conjointement par le (hôtels, résidences, campings,
départementaux sur la procédure ministère des Affaires Étrangères et organismes de formation, etc.).
Hadopi La mise en œuvre des missions 79

L’Hadopi encourage ces prestataires


à proposer à leurs clients des
mesures techniques appropriées
aux usages de leurs utilisateurs
et à leur diffuser des outils de
sensibilisation.

A été organisée avec l’Association


des paralysés de France, au mois
d’octobre 2014, une présentation
du dispositif de protection du
droit d’auteur, en particulier de la
procédure de réponse graduée, des
mesures permettant de prévenir
les téléchargements et mises à
disposition illicites ainsi que de
l’offre légale, afin que l’association
puisse relayer ces messages auprès
de ses salariés, adhérents, usagers
et bénévoles, soit environ 70 000
personnes.

Une intervention de l’Hadopi a été


mise en place dans le cadre de la En septembre prochain, l’Hadopi Cette recherche d’équilibre se
formation de deux promotions participera au forum de rentrée traduit dans la mise en œuvre du
d’officiers de gendarmerie de au côté du CROUS de Paris dispositif, tant par la Commission
l’École de Melun pour leur présenter pour sensibiliser directement les de protection des droits à travers
le dispositif de réponse graduée et étudiants sur la protection du droit ses décisions de transmission des
les autres outils de lutte contre la d’auteur, la réponse graduée et procédures à la justice, que par
contrefaçon de droit d’auteur sur l’offre légale. Un kit pédagogique les procureurs de la République
Internet. Cette présentation a été sera également distribué à dans les suites judiciaires données
l’occasion d’évoquer les enjeux de l’ensemble des 6 000 étudiants à ces procédures, mais également
la régulation des comportements résidents dans les structures du dans leur décision de saisir la
illicites sur Internet. Elle devrait être CROUS de Paris à la prochaine Commission notamment aux fins
reconduite pour les prochaines rentrée universitaire. de mise en œuvre de la réponse
promotions. graduée.

L’Hadopi a été invitée, en L’action de la Commission La troisième phase de la


février 2015, à l’assemblée générale de protection des droits en procédure de réponse
d’une association proposant du matière pénale graduée et la transmission des
Wi-Fi pour des professionnels et dossiers aux procureurs de la
des particuliers situés dans une La procédure de réponse graduée République
zone blanche en Basse Normandie. repose sur un équilibre entre
Son intervention a été l’occasion pédagogie mise en œuvre auprès La notification des dossiers
de présenter, aux adhérents de des titulaires d’abonnement afin les plus graves au sens de la
l’association, le dispositif et les de dépénaliser les faits les moins contravention de négligence
enjeux de la procédure de réponse graves d’atteinte au droit d’auteur caractérisée
graduée et de la protection du droit et répression des comportements Au 30 juin 2015, 15 544 dossiers
d’auteur sur Internet. les plus graves. comportaient des réitérations dans
l’année suivant la présentation de
80

la deuxième recommandation, soit


précisément 3,2 % des personnes
destinataires d’une deuxième Les différents types de dossiers notifiés en troisième phase
recommandation. Ce chiffre est entre le 1er juillet 2014 et le 30 juin 2015
relativement stable par rapport à
l’année dernière puisqu’au 30 juin
2014, 15 522 dossiers se trouvant en 4%
deuxième phase de la procédure
comportaient des réitérations,
soit 4,6 % des destinataires de Dossier ayant fait l'objet
deuxième recommandation. de plusieurs procédures successives
42%
Dossiers comportant plusieurs œuvres
Au cours de l’année écoulée, la et plusieurs logiciels

Commission a augmenté le nombre


54% Dossiers dans lesquels l'abonné
des dossiers instruits en troisième est une personne morale
phase et poursuivi sa stratégie
mise en œuvre depuis le mois de
juin 2014 visant à sélectionner les
dossiers les plus graves.

Ainsi, entre le 1er juillet 2014 et


le 30 juin 2015, 1 205 lettres de
notification ont été adressées
à des titulaires d’abonnement œuvres cinématographiques, rappel des règles de délais). Dans
faisant l’objet d’une procédure séries télévisées, spectacles la plupart des cas, ces dossiers
de réponse graduée pour les vivants). Plus précisément, comportent également de
informer que de nouveaux faits de ces dossiers comprenaient en nombreuses œuvres différentes.
contrefaçon avaient été constatés moyenne deux logiciels et six
depuis leur accès à Internet dans œuvres différentes, certains
l’année suivant la présentation de dossiers pouvant comprendre
la deuxième recommandation et jusqu’à 22 œuvres différentes.
qu’à ce titre ils étaient susceptibles
d’être poursuivis pénalement. Cela ■■ 42 % des dossiers notifiés sont
représente une hausse de 55 % par des procédures successives,
rapport à l’année précédente(84). pour lesquelles les titulaires
d’abonnement ont déjà été
■■ 54 % des dossiers notifiés destinataires de plusieurs
au cours de l’année écoulée premières, voire de deux
comportaient plusieurs logiciels deuxièmes recommandations
pair-à-pair, de nombreuses pour des faits de mise à
œuvres différentes ainsi qu’une disposition commis en dehors des
grande variété́ dans le type délais de réitération(85) (ci-après
d’œuvres mises à disposition une présentation de deux
(œuvres musicales, albums, exemples de procédure avec

(84) 776 dossiers passés en troisième phase, entre le 1 er juillet 2013 et le 30 juin 2014.
(85) Les procédures successives correspondent à des dossiers dans lesquels les délais d’envoi de recommandations sont dépassés mais dans lesquels
les délais concernant les données personnelles ne sont pas atteints.
Hadopi La mise en œuvre des missions 81

Procédures successives dans lesquelles l'abonné a reçu plusieurs premières recommandations

14 novembre 2013 : 13 décembre 2013 : 4 juillet 2014 :


17 janvier 2013 : faits éligibles à une envoi de la présentation 15 mars 2015 :
envoi 1ère deuxième 1ère deuxième 1ère de la 2ème faits éligibles à une
recommandation recommandation recommandation recommandation lettre de notification

PREMIÈRE DEUXIÈME
PROCÉDURE PROCÉDURE

DATE THÉORIQUE PURGE DE LA PREMIÈRE PROCÉDURE,


DÉLAI DE 14 MOIS : 17 MARS 2014

Date des faits Envoi de Date de Date des faits


Date d’envoi 1ère éligibles à une la deuxième présentation éligibles
recommandation : deuxième 1ère 1 recommandation :
ère de la 2ème à une lettre
17 janvier 2013 recommandation : 13 décembre 2013 recommandation : de notification :
14 novembre 2013 4 juillet 2014 15 mars 2015

DATE THÉORIQUE PURGE DE LA PREMIÈRE PROCÉDURE,


DÉLAI DE 14 MOIS : 17 MARS 2014
82

Procédures successives dans lesquelles l'abonné a reçu plusieurs deuxièmes recommandations

11 avril 2014 :
faits éligibles à une
deuxième 1ère
24 novembre 2012 : recommandation 22 octobre 2014 :
18 juin 2012 : présentation envoi de la 2ème 17 mars 2015 :
envoi 1ère de la 2ème 22 mai 2014 : recommandation faits éligibles à une
recommandation recommandation envoi de la lettre de notification
deuxième 1ère
recommandation

PREMIÈRE DEUXIÈME
PROCÉDURE PROCÉDURE

DATE THÉORIQUE PURGE DE LA PREMIÈRE PROCÉDURE,


DÉLAI DE 21 MOIS : 24 AOÛT 2014

Faits éligibles Envoi de la Faits


Date d’envoi 1ère Présentation Envoi de
à une deuxième 1ère éligibles
recommandation : de la 2ème la 2ème
deuxième 1ère à une lettre de
recommandation : recommandation : recommandation :
18 juin 2012 recommandation : notification :
24 novembre 2012 22 mai 2014 22 octobre 2014
11 avril 2014 17 mars 2015

DATE THÉORIQUE PURGE DE LA PREMIÈRE PROCÉDURE,


DÉLAI DE 21 MOIS : 24 AOÛT 2014

Après presque cinq ans de mise en ■■ que de nouvelles configura- deux nouvelles premières, avant
œuvre de la réponse graduée, la tions voient le jour, par exemple d’envoyer une nouvelle deuxième
Commission après avoir observé des dossiers dans lesquels la recommandation.
l’apparition de procédures succes- Commission a déjà envoyé
sives, constate : trois premières recommanda-
tions, un dossier dans lequel
■■ que le nombre de ces procédures la Commission a envoyé une
augmente de façon constante ; deuxième recommandation puis
Hadopi La mise en œuvre des missions 83

L’augmentation des
délibérations de transmission
de dossiers à la justice Délibérations de transmissions de la Commission de protection
Entre le 1er juillet 2014 et le 30 juin des droits
2015, le nombre de délibérations
de transmission a sensiblement
augmenté. 200
169
Sur l’ensemble de l’année,
la Commission a décidé de 150
transmettre 245 dossiers aux
procureurs de la République, ce qui
porte à 361 le nombre cumulé des 100
transmissions depuis la première 76
intervenue en 2012.
50
Cette hausse s’est accélérée au
cours des six premiers mois de
l’année 2015, le nombre de déli- 0
Juillet Janvier
bérations de transmissions ayant
Décembre Juin
augmenté de plus de 122 %, par 2014 2015
rapport aux six derniers mois de
l’année 2014.

Cette augmentation du nombre de le nombre de délibérations prises délibération de non transmission,


transmissions résulte de plusieurs par la Commission que ce soit contre 36 % lors du dernier rapport
facteurs, tous intervenus en amont aux fins de non transmission ou annuel.
de la délibération : de transmission ;
Au stade de la délibération, la
■■ la mise en œuvre de la procédure ■■ la mise en place par la Commission, en vertu de l’article
de réponse graduée depuis Commission depuis un an de L. 331-25 du code de la propriété
bientôt cinq ans permet, à travers critères pour traiter en priorité intellectuelle, dispose d’un pouvoir
l’apparition des procédures des dossiers les plus graves, d’appréciation sur les suites à
successives, de révéler des au stade de la troisième phase réserver à la procédure de réponse
comportements réfractaires à de la procédure. Au moment graduée :
la pédagogie ; de l’examen des dossiers, la
Commission constate que les ■■ ainsi, elle décide de ne pas
■■ l’augmentation du nombre de comportements de ces abonnés transmettre le dossier au
saisines identifiées permet de sont les plus réitérants. parquet si elle constate que
repérer davantage de réitérations. les faits de mises à disposition
Ainsi, la Commission constate de La Commission a également relevé illicites d’œuvre protégée depuis
plus en plus de nouvelles réité- que parallèlement à l’augmenta- l’accès à Internet de l’abonné ont
rations postérieures au passage tion du nombre de transmissions, cessé ou lorsque les titulaires
en troisième phase, justifiant le délai de traitement des procé- d’abonnement ont fait état de
une transmission du dossier à dures avait également tendance mesures prises afin d’éviter
la justice ; à se réduire. Ainsi, 58 % des déli- toute nouvelle utilisation de leur
bérations de transmission ont été accès à Internet à des fins de
■■ l’augmentation du nombre de prises directement après l’envoi de contrefaçon. 687 délibérations
dossiers instruits en troisième la lettre de notification, sans avoir de non transmission ont été
phase a un effet mécanique sur préalablement fait l’objet d’une adoptées au cours de l’année
84

écoulée (86). Pour les raisons cessé, la Commission prend une a estimé, même en l’absence
précédemment évoquées, la délibération de transmission à la de faits postérieurs au passage
part de ces délibérations tend justice. En outre, la Commission a en troisième phase et compte
à diminuer. Elle est passée de transmis 14 dossiers concernant tenu de l’absence d’observation
90 % sur le nombre total des des procédures successives dans de la part de ces abonnés, que
délibérations prises par la lesquelles les abonnés avaient leur comportement ne relevait
Commission en 2013-2014, à été destinataires de deux lettres pas de la pédagogie et justifiait
85 % en 2014-2015. de deuxième recommandation de transmettre directement
remise contre signature et que leur dossier au procureur de la
■■ En revanche, lorsque les faits ces avertissements avaient été République.
de mise à disposition n’ont pas dépourvus d’effet. La Commission

Transmission d’un dossier à la justice

• Envoi de la lettre de notification par lettre remise contre signature


• Echanges éventuels avec le titulaire de l’abonnement (audition, courrier,
mail, appel téléphonique)
INSTRUCTION
DU DOSSIER EN • Constatation technique par procès verbal, vérification que le « Chunk »
(extrait d’œuvre sous forme de code) de la saisine est bien un extrait du fichier
TROISIÈME
contrefait disponible sur les réseaux pair à pair
PHASE

• Examen du dossier et délibération de transmission de la Commission


DÉLIBÉRATION de la protection des droits
DE LA
TRANSMISSION
DE LA CPD

• Procès-verbal récapitulatif de la procédure qui reprend l’ensemble des faits


qui ont été constatés
• Délibération de transmission - le cas échéant, délibération de non transmission -
CONSTITUTION procès-verbal de constatation technique relatif à l’extrait d’œuvre - saisines -
DU DOSSIER copies de la première et deuxième recommandation ainsi que de la notification -
TRANSMIS AU CD contenant les saisines notifiées et informations plus générales (copie du
PROCUREUR DE rapport d’expertise de David Znaty - glossaire - textes en vigueur - chiffres clés
LA RÉPUBLIQUE de la réponse graduée - Hadopi en bref)

• Envoi du dossier au procureur de la République territorialement compétent


• Envoi d’un avis de transmission au titulaire de l’abonnement
ENVOI
• Envois d’avis de transmission aux ayants droit concernés
D’AVIS DE
TRANSMISSION

(86) Les abonnés sont alors systématiquement avisés que si une nouvelle mise à disposition était constatée dans l’année, leur dossier serait réexa-
miné par la Commission aux fins de transmission. Cf supra. p.79.
Hadopi La mise en œuvre des missions 85

Les suites judiciaires portées


à la connaissance de la
Commission en 2014-2015 Exemple de jugement : donnait lieu à l’envoi d’une
Au cours de l’année écoulée, 26 lettre de notification en
nouvelles décisions de justice ont Le Tribunal de police de décembre 2013 pour l’informer
été portées à la connaissance de Bordeaux a, par jugement en que ces faits étaient suscep-
la Commission. date du 16 avril 2015, déclaré tibles de poursuites pénales.
un titulaire d’abonnement
Pour la première fois, l’une d’entre coupable de négligence carac- Malgré ces avertissements,
elles a été rendue par la voie de térisée pour avoir manqué à trois nouveaux faits étaient
comparution sur reconnaissance son obligation de sécurisation constatés en mars et juin 2014
préalable de culpabilité (équiva- de sa connexion à Internet et et la Commission de protec-
lent français de la procédure de l’a condamné à une amende tion des droits décidait de
« plaider coupable »). Le procureur de 300 euros. transmettre la procédure au
a préalablement requalifié les faits procureur de la République
de négligence caractérisée dont il Cet abonné avait reçu une en octobre 2014. Au total,
était saisi en délit de contrefaçon première recommandation douze faits de mise à dispo-
dans la mesure où cette voie procé- en novembre 2012, à la suite sition étaient constatés sur la
durale n’est possible qu’en matière de la mise en partage, via sa connexion de cet abonné au
délictuelle(87). connexion à Internet, de la moyen du logiciel pair-à-pair
série « Engrenage ». « µTorrent ».
La Commission s’est également
rendue à plusieurs audiences Moins de six mois après, deux Au cours de l’enquête dili-
devant les tribunaux de police, nouvelles mises à disposition gentée par le procureur de la
notamment devant le tribunal de des films « Alex Cross » et République près le tribunal de
police de Bordeaux (voir ci-contre), « Light », constatées à partir grande instance de Bordeaux
portant à 27 le nombre total d’au- de sa connexion, donnaient comme à l’audience, le titulaire
diences auxquelles elle a été lieu à l’envoi d’une lettre de d’abonnement déclarait télé-
présente depuis 2013. deuxième recommandation charger des films, depuis son
au mois d’avril 2013. accès à Internet, avant d’aller
Les saisines de la Commission les voir au cinéma ou de les
de protection des droits de Enfin, la mise à disposition acheter en DVD.
faits de contrefaçon du film « Zero Dark Thirty »
Entre le 1er juillet 2014 et le 30 juin
2015, la Commission a été saisie
de douze procédures portant sur
des faits de contrefaçon par des Les procureurs, qui apprécient les correctionnel. La procédure de
procureurs de la République aux modalités de la poursuite, peuvent en réponse graduée s’apparente dans
fins de mettre en œuvre la réponse effet décider de saisir la Commission, ce cas à une mesure alternative aux
graduée(88) et d’une information s’ils estiment que des avertissements poursuites.
relative à une procédure portant pédagogiques envoyés dans le
sur des faits similaires, le parquet cadre de la procédure de réponse Une fois la saisine reçue, la
demandant à la Commission de graduée sont plus adaptés, au vu Commission de protection des
lui donner toute appréciation utile des faits de contrefaçon commis, droits en examine la recevabilité
pour éclairer sa décision. qu’une poursuite devant un tribunal et procède à l’identification du

(87) Article 495-7 du code de procédure pénale.


(88) Article L.331-24 alinéa 2 du code de la propriété intellectuelle.
86

titulaire de l’abonnement par le biais le système d’information de la procédure diligentée à la suite d’une
du Fournisseur d’Accès à Internet. réponse graduée. Un dossier a plainte en contrefaçon concernant
Ces faits peuvent alors soit donner fait l’objet d’une délibération de la mise en ligne d’une œuvre
lieu à la création d’une nouvelle transmission en contrefaçon, deux protégée sur une plateforme de
procédure, soit alimenter un dossier autres dossiers ont été notifiés en partage et de visionnage de vidéos,
de réponse graduée déjà existant. troisième phase mais n’ont pas été sans l’autorisation de l’auteur. Le
Dans les deux cas, cela pourra transmis à ce jour au procureur procureur a sollicité l’Hadopi afin
entraîner l’envoi d’avertissements de la République, en l’absence de savoir si elle était informée des
à l’égard de l’abonné ainsi identifié de réitération. Enfin, un autre faits concernés par la procédure ou
et l’information du procureur de la dossier a fait l’objet d’une première de tout fait similaire concernant la
République. Dans les dossiers qui recommandation. société en cause, lui faire connaître
ont été transmis à la Commission ses observations, et de solliciter son
cette année, les saisines reçues La Commission de protection des expertise sur les plans technique
du procureur de la République droits a également été saisie pour et juridique, afin de déterminer
sont venues alimenter des avis par le procureur près le tribunal les infractions susceptibles d’être
dossiers déjà existants dans de grande instance de Paris d’une constituées en l’espèce.

LES TRAVAUX RELATIFS AUX INTERMÉDIAIRES ET AUX SITES ET SERVICES


CONTREFAISANTS
Le Collège de la Haute Autorité a 15 février 2013, d'autre part, des ment en ligne afin que ceux-ci aient
adopté le 11 septembre 2014(89) une conclusions du rapport élaboré à leur disposition un outil d'iden-
délibération aux termes de laquelle par cette dernière en mai 2014 tification opérationnel, fiable et
il a décidé la mise en place d'une dans le cadre de la mission que indépendant, leur permettant de
stratégie de protection des œuvres lui avait confiée la ministre de la ne plus offrir leurs services aux
sur Internet adaptée aux nouvelles Culture et de la Communication sites listés et ainsi d'assécher les
atteintes dont elles font l'objet via sur les moyens opérationnels de revenus de ceux-ci.
des sites massivement contrefai- prévention et de lutte contre la
sants. Cette décision s'est inscrite contrefaçon en ligne(90). Dans la conduite de cette action,
dans le prolongement, d'une part, l'Hadopi a initié une dizaine de
des réflexions engagées par l'insti- Le Collège a en effet estimé que rencontres avec des ayants droit
tution sur les actions possibles en l'Hadopi pouvait utilement, dans le qui ont donné lieu à des échanges
matière de lutte contre le streaming cadre de sa mission d'observation, nourris lui donnant des clés de
et le téléchargement direct illicites, s'attacher à établir une liste de sites compréhension des contraintes
qui avait conduit la Présidente de massivement contrefaisants, une et problématiques spécifiques à
l'Autorité à confier à Mireille Imbert- telle liste lui apparaissant suscep- chaque secteur culturel et, ainsi,
Quaretta une mission sur le sujet tible d'être prise en compte par les d'approfondir son expertise tech-
ayant donné lieu au rapport du acteurs de la publicité et du paie- nique et juridique dans le domaine.

(89) Délibération n°2014-04 du 11 septembre 2014 relative à la protection des œuvres et objets auxquels est attaché un droit d’auteur ou un droit voisin
à l’égard des atteintes à ces droits commises sur les réseaux de communications électroniques.
(90) Rapport « Outils opérationnels de prévention et de lutte contre la contrefaçon en ligne », remis à la ministre de la Culture et de la Communication
par Mireille Imbert-Quaretta, mai 2014.
Hadopi La mise en œuvre des missions 87

Elle a ainsi conçu une méthodologie


basée sur une grille d’analyse
regroupant un ensemble d’éléments
d’observation et de critères
permettant de qualifier un site
manifestement contrefaisant.

Le choix des éléments et critères


s’est dans un premier temps fait
à partir de connaissances et
recherches internes à l’institution.
Le résultat de ces recherches a
ensuite été enrichi et confronté à la
réalité du terrain lors des échanges
avec les ayants droit de différents
secteurs culturels.

La grille d'observation qui en résulte


n'est ni spécifique à un secteur
culturel, ni à un certain type de site
ou service, ce qui implique que les profondeur de leur environnement et contrefaçon sur YouTube, principale
critères et observations à prendre en de leurs interconnexions éventuelles. plateforme diffusant des contenus
considération peuvent être variables générés par les utilisateurs (User
en fonction du contexte analysé. Par À la suite de la signature en Generated Contents).
conséquent les critères de la grille mars 2015 par les acteurs de la
ne sont pas cumulatifs pour pouvoir publicité et les ayants droit d'une En effet, si cette plateforme propose
qualifier un site comme contreve- charte destinée à mettre en œuvre des outils de lutte contre les
nant ; pas obligatoires dans leur l'approche "follow the money", l’Ha- contenus illicites (avec Content ID et
ensemble ; pas pondérés les uns dopi est en mesure techniquement ses méthodes de finger printing), il
par rapport aux autres. et opérationnellement, compte tenu apparaît que s’y trouvent également
de l'expertise acquise au fil des des moyens de promotion de
Différentes sources peuvent être discussions et réflexions engagées consommation apparemment non
retenues pour renseigner les avec les ayants droit, de prendre une autorisée tels que :
éléments d’observation de la grille. part active dans le suivi et la mise
Il s’agit d’une part d’informations en œuvre du recensement des sites ■■ présence de liens adjuvants
accessibles ou disponibles publi- contrevenants prévu par la charte. menant vers du contenu appa-
quement – mais pas nécessairement La Haute Autorité est également remment contrefaisant ;
gratuitement – comme le contenu prête à formuler des propositions
d’un site, les informations WHOIS, méthodologiques d’enrichissement ■■ présence de tutoriels présentant
les estimations d’audience, l’éco- du processus existant. des méthodes de contournement
système dans lequel il s’insère etc., de l’Hadopi ou expliquant
d’autre part d’informations venant comment accéder à des contenus
des ayants droit, en particulier Observation des sur des sites pouvant être
concernant la mise à disposition détournements à des fins regardés comme contrefaisants.
de contenus sans leur autorisation. de contrefaçon sur des
plateformes UGC À partir de ce constat, l’Hadopi
Au-delà de l’analyse des sites a mis en place en avril 2015 une
eux-mêmes, la robustesse et la Afin de compléter ses travaux et procédure visant à se rapprocher
pérennité de la qualification sont réflexions, l’Hadopi s’interroge sur des usages, en observant
enrichies par une analyse plus en les détournements à des fins de les résultats tels qu’accessibles
88

à l’utilisateur dans le cadre de la présence de tutoriels, souvent sont pas monétisés, malgré une
potentielles recherches sur YouTube. réalisés par des internautes dési- audience conséquente (888 521
Il faut noter que des changements reux de faire partager leur retour vues et 6 122 998 vues à date de
peuvent s’opérer entre le moment d’expérience aux autres, et pouvant l’observation).
de l’observation et la publication de traiter de sujets très variés (beauté,
l’analyse des résultats ; la plateforme dessin, programmation, utilisation Lors de cette première analyse,
peut supprimer des contenus non d’un logiciel en particulier, etc.). Il il a été observé que les cinq
autorisés, des plateformes illicites existe ainsi sur la plateforme des films récents recherchés (trois
peuvent changer de nom, etc. tutoriels de contournement du récemment sortis en DVD/
Ainsi, les résultats ne concernent dispositif Hadopi, ou permettant Blu-ray et deux encore diffusés
qu’un instant donné et peuvent d’accéder ou de télécharger des en salles lors de l’observation) ne
évoluer dans le temps (nombre films gratuitement de manière illi- sont pas présents en entier sur la
de résultats différents, qualité des cite, qu’il convenait d’inclure dans plateforme. Les résultats présents
résultats différents, adjonction ou l’observation. sur la première page renvoient
suppression de publicités, etc.). principalement vers des contenus
Résultats autorisés (bandes annonces,
Monétisation d’œuvres Les premiers résultats ont pu mettre extraits, interviews voire service de
apparemment mises en ligne en évidence : VOD), vers des contenus différents
sans autorisation de celui recherché, et vers des
Cette observation vise à identifier ■■ que les contenus observés ayant vidéos anodines (image fixe, extrait,
si des œuvres audiovisuelles (films un rapport avec des œuvres etc.) mais contenant un lien (réduit,
complets avec un fort nombre de audiovisuelles et apparemment ne permettant pas d’identifier le
vues, films en cours d’exploitation en mis en ligne sans autorisation site sur lequel il redirige) vers une
salle, œuvres récemment sorties en (films complets, vidéos contenant plateforme tierce proposant le film
DVD/ Blu-Ray et tutoriels) mises à un lien vers un service de en téléchargement ou en streaming.
disposition de façon apparemment streaming/ téléchargement Aucune de ces vidéos redirigeant
illicite sont monétisées (présence de direct « illicite ») ne sont pas vers un service extérieur à YouTube
publicité) par la plateforme. Cette manifestement monétisés par n’est monétisée.
étude a été effectuée sur l’ensemble la présence directe de publicité.
des recherches réalisées. Ces liens renvoient vers des services
■■ que les plateformes « illicites » se apparemment contrefaisants
Présence de liens adjuvants servant de YouTube pour acquérir demandant a minima une création de
Cette étape de l’observation repose de l’audience fonctionnent compte pour visionner le film, acte
sur la recherche de liens présents soit toutes selon un schéma similaire peu engageant pour un utilisateur
sur la vidéo, soit dans le descriptif de (nécessité a minima de créer un averti. Plusieurs plateformes
la vidéo, renvoyant vers des plate- compte pour visionner le film reviennent de manière récurrente,
formes et/ou offres « illicites ». Cette recherché), et ne sont pas des parfois sous un nom différent, mais
observation a été effectuée sur l’en- services majeurs d’accès illicite à avec un design identique.
semble des recherches réalisées (films des œuvres audiovisuelles.
complets avec un fort nombre de Les vidéos de tutoriel sont en
vues, films en cours d’exploitation en ■■ qu’en revanche, les vidéos revanche très nombreuses et
salle, œuvres récemment sorties en de tutoriels rencontrées sur souvent monétisées. Ainsi :
DVD/ Blu-Ray et tutoriels). les manières de contourner
l’Hadopi sont en majorité (25 sur ■■ sur 18 vidéos de tutoriel présentes
Présence de tutoriels 40) monétisées, les publicités sur la première page de résul-
Il semblait pertinent de ne pas présentées incluant celles pour tats pour contourner l’Hadopi,
limiter l’étude à l’analyse des résul- des marques connues. 6 étaient monétisées ;
tats de recherche de films complets.
En effet, les plateformes UGC Ainsi, les deux films disponibles en ■■ sur 20 vidéos de tutoriel
sont aussi très populaires pour français et complets observés ne présentes sur la première page
Hadopi La mise en œuvre des missions 89

de résultats pour télécharger Principes généraux du la période des cinq semaines


de manière illicite des films, 12 protocole d’observation.
étaient monétisées ; La collecte des données à analyser
a été réalisée sur une période de S’inscrivant dans la durée, cette
■■ sur 20 vidéos de tutoriel deux mois, de mi-mai à mi-juillet étude pourra être reconduite
présentes sur la première page 2015. Cette collecte s’est déroulée régulièrement afin d’évaluer les
de résultats pour accéder de en deux temps : effets des efforts annoncés par les
manière illicite à des films en moteurs de recherche dans leur
streaming, 13 étaient monétisées. ■■ la première étape de ce protocole lutte contre la contrefaçon en ligne.
consiste à recenser de façon
hebdomadaire les sorties de
Étude de la visibilité de films en salle ou en DVD. Pour
l’offre audiovisuelle illicite chacun des films, le périmètre
dans les moteurs de de ce recensement s’étend sur
recherche une période de cinq semaines
allant de deux semaines avant
Dans le cadre d’un travail la semaine de sortie du film
d’observation qui a débuté en jusqu’à deux semaines après
mai 2015, l’Hadopi a voulu étudier la celle-ci. On obtient ainsi pour
visibilité de l’offre « illicite » d’œuvres chaque semaine la liste des titres
audiovisuelles sur les trois moteurs de films qui seront observés.
de recherche les plus utilisés en Sur la base de cette liste, les
France. moteurs de recherche sont
interrogés hebdomadairement
En effet, selon les résultats et leurs résultats sont collectés.
d’une étude CSA pour l’Hadopi Les recherches sur ces moteurs
datant de novembre 2012, plus sont effectuées sur l’expression
d’un français sur deux souhaitant « [TITRE DU FILM] film ». Les
regarder un film sur Internet utilise résultats des trois premières
un moteur de recherche pour le pages sont enregistrés pour
trouver. Par conséquent, une analyse.
éventuelle présence de liens vers
des sites contrefaisants et leur ■■ la seconde étape, encore en
positionnement dans les résultats cours, consiste à analyser les
de recherche pourrait contribuer résultats retournés par les
à détourner les internautes de moteurs de recherche. Pour
l’offre légale. cette étape, une classification
manuelle des sites a été effectuée
L’Hadopi a donc mis en place un sur les résultats. À partir de
protocole de collecte et d’analyse cette classification, l’analyse des
visant à estimer de façon régulière résultats permettra d’estimer le
le nombre et la position des sites nombre et la position de liens
pouvant être considérés comme pointant vers des sites proposant
contrefaisants dans les résultats un accès non autorisé à des
retournés par les moteurs de œuvres audiovisuelles. Pour
recherche lors d’une requête que chacun des films, cette analyse
pourrait faire un utilisateur qui permettra également d’évaluer
cherche à visionner un film. l’évolution du nombre de liens
et leur positionnement dans les
moteurs de recherche pendant
90

L’INFORMATION ET LA SENSIBILISATION

L’information au vote du public et ouvertes ou pistes de réflexion. Par


aux commentaires et permettent ailleurs, d’autres contenus sont
L’Hadopi, en tant qu’institution de présenter un large panel des également régulièrement proposés,
dédiée aux usages culturels sur possibilités existantes à ce jour comprenant à la fois la publication
Internet, a assez logiquement pour les utilisateurs. Un moteur de de nouvelles plateformes recensées,
privilégié une communication en recherche comportant des critères mais également la mise en ligne
ligne, multipliant les approches variés permet de cibler la recherche d’interviews de différents acteurs
et les points de contact avec ses de chacun et de l’aiguiller au mieux de l’écosystème culturel numérique.
différents publics (grand public, vers les offres de son choix. Le blog présente également les
professionnels, journalistes), au nouveaux partenariats mis en place
travers de différents sites et via Par ailleurs, deux autres projets et se fait le relais au quotidien de
l’utilisation des réseaux sociaux. ont vu le jour au cours de la vie de l’Hadopi, conjointement
l’année 2014 afin de renforcer avec les différentes publications
Sites actuellement exploités l’accessibilité et la visibilité de sur les réseaux sociaux.
par l’Hadopi l’offre légale. Le premier, mis en
Le site hadopi.fr est la porte d’entrée place en mars 2014, concerne le À ce jour, l’institution est
institutionnelle sur Internet de la signalement d’œuvres introuvables. principalement présente via le
Haute Autorité. Il est la plus grande L’autre projet, mis en place fin 2014 réseau Twitter. Un compte sur un
source de trafic pour l’institution concerne l’expérimentation visant outil de publication et d’organisation
avec 497 000 visiteurs de juin 2014 l’ouverture de catalogues sectoriels d’information regroupant plus de
à juin 2015. La plateforme présente d‘œuvres en open data, hébergé sur 400 plateformes recensées est
notamment l’institution et permet offrelégale.fr. L’engouement suscité également en place, ainsi qu’un
de répondre aux interrogations par ce projet s’est caractérisé compte sur un site communautaire
des visiteurs. Ainsi, les personnes par un fort trafic à chaque de visionnage de vidéos reprenant
ayant reçu une recommandation publication y ayant trait, et laisse les différentes vidéos réalisées par
peuvent suivre leur dossier en ligne à penser que la problématique, l’institution. Le compte Twitter de
et interroger au besoin les agents en plein essor, intéresse et motive l’institution compte un peu plus
vis-à-vis de cette notification. au développement d’initiatives de 1  500 abonnés et s’attache
L’Hadopi met par ailleurs en ligne diverses, notamment la création à présenter les activités et
différentes fiches pratiques à d’applications. publications de l’Hadopi, et relaie
destination du grand public et des les signalements ayant trouvé une
professionnels, s’agissant à la fois Autres outils de réponse favorable et présentant
de questions techniques, d’identité communications une disponibilité des œuvres sur
numérique ou de l’offre légale, qui Le blog de l’Hadopi, également une ou plusieurs plateformes. Le
fait à ce jour l’objet d’un site dédié. hébergé sur offrelégale.fr, concentre compte sert également de relais
Le site offrelégale.fr, remplaçant les différentes actualités relatives à aux questions des internautes et aux
le site pur.fr, a été mis en ligne en la vie de l’institution, en particulier différentes sollicitations d’abonnés.
décembre 2013 et a attiré en 2014 l’organisation d’ateliers culture &
un peu plus de 200 000 visiteurs. entreprenariat d’une part et les
Dédié comme son nom l’indique à la ateliers de sensibilisation d’autre
promotion de l’offre légale en ligne, part. En effet, des comptes rendus
ce site regroupe en particulier plus de ces événements sont réalisés
de 400 offres en ligne pouvant être afin de présenter les conclusions
regardées comme étant légales. et déroulés de ces journées et de
Ces plateformes sont soumises pouvoir en tirer des enseignements
Hadopi La mise en œuvre des missions 91

La sensibilisation de rayonner sur le jeune public L’initiation à un univers culturel


par son truchement ; par un professionnel de la
Les ateliers à destination création
du jeune public et de la ■■ informer les élèves sur les Lors des ateliers destinés au
communauté éducative grands principes du droit jeune public, une partie pratique
La volonté de pédagogie de la d’auteur, encourager les usages complète la partie théorique. Elle
Haute Autorité se concrétise depuis responsables sur Internet, vise à initier les élèves à la création
2012 par la réalisation d’ateliers sensibiliser à la richesse culturelle numérique de façon ludique et
d’information et de sensibilisation en ligne et initier les élèves à la interactive. Dans ce cadre, un ou
destinés au jeune public et à la création numérique. des professionnels de la création et
communauté éducative. Ils visent de la diffusion en ligne sont invités à
à informer élèves et enseignants Contenu des ateliers faire découvrir leur secteur culturel
sur les grands principes du droit et les mécanismes de la création
d’auteur, encourager les usages L’information sur le droit auxquels ils participent.
responsables sur Internet, d’auteur et la création
sensibiliser à la richesse culturelle Les ateliers d’information et de
en ligne et initier les élèves à la sensibilisation sont composés d’une
création numérique. Durant l’année partie théorique, et d’une partie
2014, 17 sessions de création et 4 pratique, possiblement réalisée en
événements dédiés ont été réalisés, collaboration avec un professionnel
permettant de sensibiliser 763 de la création.
jeunes et 17 équipes pédagogiques.
La partie théorique vise à apporter
Dans le prolongement des aux équipes pédagogiques et
actions déjà menées auprès de aux élèves un éclairage clair et
la communauté éducative et accessible sur le droit d’auteur
du jeune public, et notamment et les mécanismes de la création.
après le succès des actions de Elle permet d’encourager l’esprit
sensibilisation co-organisées critique pour promouvoir des
avec le CLEMI (91) dans le cadre usages culturels en ligne avertis
de la Journée du Direct ® ou de et responsables.
la Semaine de la Presse et des
Médias dans l’école ®, les ateliers Liste des principaux thèmes
d’information et de sensibilisation présentés lors des ateliers :
sont poursuivis pour : L’auteur et l’œuvre ; Les grands
principes du droit d’auteur et la
■■ apporter aux enseignants, aux diversité de ses applications sur
documentalistes et au personnel Internet ; La protection du droit
d’encadrement culturel des infor- d’auteur ; L’Hadopi et ses missions ;
mations pour enrichir et sécu- Les exceptions au droit d’auteur ; Les
riser leurs activités numériques, modes de diffusion, de protection
de même que des ressources et de partage des œuvres ; Les
pour sensibiliser leurs élèves aux licences libres ; Le domaine public ;
usages responsables sur Internet. La création culturelle, ses acteurs
L’accent sera particulièrement et son financement ; Les modes de
mis sur cette cible à l’avenir, afin diffusion sur Internet.

(91) Centre de Liaison de l’Enseignement et des Médias d’Information.


92

DATE ET THÉMATIQUE PUBLIC

Atelier créatif autour des ressources libres et de la mise en ligne réalisé sur 10 élèves
Juillet 2014 OpenOffice, avec une banque d'images librement réutilisables et modifiables. du primaire
Mise en ligne sur le blog de l'école.

Animation d’un atelier d’information et de sensibilisation, au droit d’auteur, 10 directeurs


à la mise en ligne de ressources et à la réponse graduée auprès de et chargés de
l'Association des Paralysés de France. projet de l'APF

Octobre Animation d’un atelier d’information et de sensibilisation au droit d’auteur, à 30 collégiens


2014 la mise en ligne de ressources à Paris (Collège François Couperin)

Stand d'information à l'Open World Forum et animation d'un atelier créatif Un groupe d'élèves
sur le droit d'auteur, les nouveaux usages en numérique et la mise en ligne de lycée et 130
d'œuvres visiteurs sur stand

80 collégiens
Paris (Lycée Bergson, Collèges Pierre de Ronsard et François Couperin) et lycéens

Participation à la Journée du Direct à la Gaîté Lyrique. Animation d'un atelier


Novembre créatif en trois volets : photographie retouchée, Vine et création d'un court- 120 élèves du
2014 métrage personnalisé, avec mise en ligne sur la chaîne primaire au collège
YouTube de l'événement

Rencontre avec une classe de L3 Arts du Spectacle de l'Université d'Amiens, Un groupe


présentation théorique sur le droit d'auteur dans le cadre d'un cours sur la d'étudiants de L3
condition de la création théâtrale en France

Animation d'un atelier créatif au cours d'une journée "Cube Family" parents- Un groupe d'élèves
enfants : création d'un court-métrage personnalisé sur tablette avec de primaire
accessoires (Issy-les-Moulineaux)
Décembre
2014
Participation à la semaine citoyenne du Collège "connecté" Georges Charpak
à Goussainville : animation d'ateliers d’information et de création sur le droit 150 collégiens
d’auteur et la mise en ligne de ressources
(textes et images).

Rencontre avec un groupe de documentalistes et professeurs intéressés


Janvier 20 professeurs/
par les nouveaux usages, et animation d'un atelier sur le droit d'auteur, la
2015 documentalistes
diffusion de ressources et la réponse graduée.

Stand sur le Salon du Livre (square jeunesse) pour le lancement du concours


Bookin', ciblant le jeune public. Animation d’un atelier d’information et de 120 visiteurs -
sensibilisation au droit d’auteur, à la mise en ligne de ressources et au droit à 30 collégiens
l'image en collaboration avec le CLEMI auprès d'une classe de collégiens de
Seine-Saint-Denis.
Mars
2015

Dans le cadre de la Semaine de la Presse et des Médias dans l'École du


CLEMI, animation d'ateliers d’information et de création sur le droit d’auteur 60 lycéens
et la mise en ligne de ressources au lycée Bougainville (Meaux)
Hadopi La mise en œuvre des missions 93

RÉGULATION
DES MESURES TECHNIQUES
DE PROTECTION

AVIS RELATIFS À L’EXCEPTION DE COPIE PRIVÉE


DES PROGRAMMES TÉLÉVISÉS

En mai 2013 et février 2014, la satellite. Les auteurs des saisines les copies réalisées sont soumises à
Haute Autorité a été saisie de ont fait part à l’Hadopi du fait que des restrictions d’usage au moyen
deux demandes d’avis relatives l’enregistrement des programmes de mesures techniques de protec-
à l’exception de copie privée des télévisés n’est possible qu’à partir tion. L’exception de copie privée
programmes télévisés reçus par de l’enregistreur (PVR) intégré au des programmes télévisés, telle
l’intermédiaire d’un Fournisseur matériel de réception de la télévi- qu’elle résulte des articles L. 122-5,
d’Accès à Internet (FAI) et par sion qui leur est fourni, et de ce que L. 211-3, et L. 331-9 du code de
94

la propriété intellectuelle, et pour les lire sur d’autres matériels de télévisés qui leur permette de
laquelle est acquittée une rému- lecture (ordinateur, tablette, etc.) réaliser des copies durablement
nération compensant le préjudice et dans d’autres lieux. Ces restric- conservables et disposant d’une
subi par les ayants droit, protège tions limitent ainsi l’interopérabilité interopérabilité suffisante pour
la faculté pour les téléspectateurs de la copie ; de même que la possi- l’usage privé du copiste. Cet avis
de réaliser des copies pour leur bilité de la conserver, notamment souligne une nouvelle dimension
usage privé. en cas de changement d’opérateur. plus qualitative de la copie privée.
Dans cet avis, il est précisé
Ces saisines ont fait l’objet de Dans son avis du 11 septembre que la mise à disposition d’un
consultations complétées par 2014, le Collège de l’Hadopi a dispositif technique permettant
des consultations écrites ciblées considéré que malgré le fait que la réalisation de telles copies n’a
(distributeurs de services audio- des limitations à la copie puissent pas à être gratuite lorsqu'elle
visuels, éditeurs de programmes être justifiées, notamment afin de requiert l’utilisation de moyens
audiovisuels, ayants droit, asso- réduire le risque de contrefaçon sur de copie additionnels. L'Hadopi
ciations de consommateurs, Internet, les restrictions ne doivent a enfin souligné que devait être
constructeurs, fournisseurs de pas excéder ce qui est nécessaire fournie une information précise sur
systèmes de contrôle d’accès). pour limiter un tel risque. À cet les possibilités d'usage des copies
égard, il a considéré que des réalisables avec chaque matériel.
L’instruction a révélé que les copies limitations privant les copies privées
numériques des programmes télé- de toute interopérabilité avec Dans la continuité de cet avis, le
visés reçus par ADSL ou par satellite d’autres lecteurs que l’enregistreur Collège de l’Hadopi a convenu
font l’objet de restrictions d’usage ayant réalisé la copie, et empêchant d’échanger avec les principaux
qui limitent notamment l’intero- la conservation des copies en cas distributeurs de services audio-
pérabilité et la conservation des de changement du fournisseur, visuels afin d’effectuer un tour
fichiers. En effet, le téléspectateur apparaissent excessives. Dans ce horizon des principales démarches
ne peut généralement lire les copies contexte il a invité les opérateurs effectuées par les distributeurs de
qu’il réalise qu’à partir du maté- à proposer à leurs clients, dans télévision payante dans la mise en
riel qui les a réalisées : autrement un délai raisonnable, une faculté œuvre de l’avis de l’Hadopi.
dit, il ne peut pas, sauf exception, de copie privée des programmes

TRAVAUX RELATIFS AU BÉNÉFICE DE L’EXCEPTION EN FAVEUR DES


PERSONNES HANDICAPÉES
L’attention de l’Hadopi a été ouverts au public (bibliothèques, riques des œuvres imprimées.
attirée sur les difficultés d’accès associations, etc.), aux fins de leur Celle-ci joue le rôle de centralisa-
aux œuvres auxquelles se trouvent consultation strictement personnelle teur via une plateforme appelée
confrontées des personnes en situa- sur des supports adaptés par des PLATON (PLAteforme de Transfert
tion de handicap. personnes atteintes d’un handicap. des Ouvrages Numériques). À la
suite de la demande de la BnF, l’édi-
L’exception dite « handicap » prévue Afin d’assurer l’effectivité de l’ex- teur a alors deux mois pour lui trans-
par l’article L. 122-5 7° du CPI, ception, le législateur a prévu, mettre le fichier numérique (article
permet, sans autorisation préalable toujours à l’article L. 122-5 7°, que R. 122-20 du CPI).
ni rémunération des ayants droit, ces mêmes personnes morales et
la reproduction et la représentation établissements ouverts au public L’objectif de l’exception est de
d’œuvres protégées par des peuvent demander, via la BnF, la proposer aux personnes en situa-
personnes morales et établissements transmission des fichiers numé- tion de handicap une offre de
Hadopi La mise en œuvre des missions 95

lecture la plus proche possible de refus de transmission pourrait adaptés ». Le but est que les
de celle offerte au grand public. être envisagée. fichiers transmis aux associations
En effet, faute d’intérêt commer- et bibliothèques puissent être
cial direct, les titulaires de droit Afin de mieux garantir l’effectivité réellement exploités et adaptés
publient rarement leurs œuvres sur de cette exception, l’avant-projet par eux. Ainsi par exemple le
des formats adaptés aux personnes de loi relative à la liberté de la PDF constitue bien un « format
atteintes d’un handicap visuel. En création, à l’architecture et au ouvert » et répond donc bien
mai 2013, la production annuelle patrimoine, prévoit des dispositions aux prescriptions de la loi, mais
de publications adaptées ne repré- visant à améliorer l’applicabilité il n’est pas rapidement adaptable
sentait ainsi que 3,5 % de l’offre de l’exception dite « handicap » en braille (ou autre format
« grand public »(92). transposant ainsi le Traité de accessible) par les bibliothèques
Marrakech de l’OMPI des 17 au et autres associations, introduit
L’Hadopi, chargée de veiller au 28 juin 2013. l’obligation pour les associations
bénéfice effectif de cette exception et bibliothèques qui ont adapté
en présence de mesures techniques Cet avant-projet : les fichiers transmis sous forme
de protection, s’est également ouvre l’exception aux personnes
■■ numérique, de les déposer
vue octroyer une compétence qui en raison de déficiences auprès de la BnF. Ainsi la BnF,
particulière. En effet, l’article des fonctions motrices, pourra disposer de tous les
L. 331-34 du CPI précise que physiques, sensorielles, mentales, ouvrages d’ores et déjà adaptés
« Les personnes morales et les cognitives ou psychiques, par les associations en version
établissements ouverts au public sont empêchées « d’accéder à numérique. Le but est d’éviter les
visés au 7° de l'article L. 122-5 qui l’œuvre ». Auparavant, l’exception doublons et de contribuer à élargir
réalisent des reproductions ou des ne couvrait que les personnes la gamme de livres accessibles.
représentations d'une œuvre ou dont le taux d’incapacité était
d'un objet protégé adaptées aux supérieur à un taux fixé par ■■ permet l’échange entre les
personnes handicapées peuvent décret. La suppression de ce associations et bibliothèques
saisir la Haute Autorité de tout taux a pour but d’élargir le françaises des formats adaptés,
différend portant sur la transmission périmètre des bénéficiaires de ainsi que l’échange transfrontalier
des textes imprimés sous la forme l’exception afin de l’étendre aux entre entités agréées sous
d'un fichier numérique. » « DYS » (dyslexie(93), dyspraxie(94), condition de réciprocité de
dysphasie(95)). l’exception et sous réserve de la
L’attention de l’Hadopi a été conclusion d’un accord entre ces
attirée sur les difficultés d’accès ■■ remplace l’obligation de la entités précisant notamment les
aux œuvres auxquelles se trouvent BnF de tenir à disposition les conditions de mise à disposition
parfois confrontés les organismes fichiers numériques des œuvres des formats adaptés.
agréés. Il a ainsi été remonté transmises par les éditeurs
notamment le cas d’un éditeur qui dans un « standard ouvert » par Cet avant-projet de loi dont les
ne dépose pas ses fichiers à la BnF. l’obligation pour les éditeurs de avancées sont notables pourrait
transmettre à la BnF leurs fichiers être utilement complété via une
L’hypothèse d’une saisine de l’Hadopi à la demande des associations et simplification et un allégement
par certains de ces organismes bibliothèques « dans un format des procédures et modalités de
agréés sur cette problématique facilitant la production documents contrôle existants en confiant

(92) Ministère de la Culture et de la Communication, Inspection générale des affaires culturelles, C. Meyer Lereculeur, « Exception handicap au droit
d’auteur et développement de l’offre de publication accessibles à l’ère numérique », 5 septembre 2013.
(93) Difficulté d'apprentissage de la lecture et de l'orthographe, en dehors de toute déficience intellectuelle et sensorielle, et de tout trouble psychiatrique.
(94) Chez l'enfant, tout retard important du langage.
(95) Les enfants dyspraxiques présentent des difficultés à planifier et à coordonner leurs gestes, ceux-ci étant lents, maladroits.
96

à l’Hadopi le soin de veiller à la


bonne application de l’obligation
de transmission pesant sur les
éditeurs et au bon accomplissement
des échanges. Ceci permettrait de
faciliter le travail d‘utilité publique
des organismes agréés plutôt que
de faire peser sur eux le poids trop
lourd de démarches ou de recours
administratifs à l’encontre d’éditeurs
ne remplissant pas leurs obligations.

PROSPECTIVE

Forte de son expérience, l’Hadopi restrictions apportées à l’usage Cette modernisation pourrait porter
a d’ores et déjà formulé un certain des œuvres qu’ils acquièrent  : à la fois sur l’amont et l’aval de la
nombre de préconisations pour interopérabilité des films ou des procédure de régulation.
mieux exploiter la mission de régu- logiciels, possibilités de copie
lation de mesures techniques de privée des programmes télévisés, En amont, elle gagnerait à être
protection et répondre au besoin perception de régression de élargie en termes de saisine,
d’une régulation souple qui est certains usages par le passage en offrant aux organisations
toujours d’actualité. En effet, bien du monde physique ou codé en de consommateurs la possibi-
que le recours aux mesures tech- analogique aux technologies de lité de saisir l’institution, comme
niques de protection soit peu l’ère numérique. en permettant à l’institution de
usité dans le domaine musical, s’autosaisir.
le recours à de telles mesures est L’existence d’un régulateur
toujours assez répandu dans le indépendant spécifiquement En aval, elle devrait à la fois
domaine audiovisuel et du livre dédié à préserver l’équilibre entre permettre à l’institution d’accéder à
numérique. protection des œuvres et usages l’ensemble des informations néces-
des utilisateurs est donc plus que saires (l’article R. 331-65.-I. du CPI
L’Hadopi a pu constater dans jamais un véritable enjeu. Il appelle prévoyant déjà les conditions affé-
ses différents travaux (chantier cependant une modernisation rentes à la protection du secret des
« Exceptions au droit d’auteur », des outils prévus par la loi afin de affaires) à l’exercice de ses missions,
mission de veille, instructions pouvoir répondre effectivement à et assurer la mise en œuvre des
des saisines, entretiens, relations la mission et aux attentes qu’elle mesures qu’elle aurait prises, en
avec les abonnés) que nombre crée auprès des utilisateurs. la dotant de pouvoirs de mise en
d’utilisateurs mettent en avant les demeure voire d’injonction.
Hadopi La mise en œuvre des missions 97

RENCONTRES,
CONTRIBUTIONS
ET PARTAGE D’EXPERTISE
sur Internet, suscitent un vif intérêt
au sein de ces institutions.

Pour ces raisons, l’Hadopi est


très identifiée auprès de ses
homologues étrangers, elle
entretient des relations étroites
et fréquentes avec plusieurs
d’entre eux (notamment avec
les institutions compétentes de
Grande-Bretagne, d’Italie, des
États-Unis, du Japon et de la Corée)
et elle participe à de nombreuses
rencontres multilatérales et
bilatérales, quasi-exclusivement à
l’invitation d’institutions étrangères.

En 2014 – 2015, l’Hadopi a


partagé son expertise avec
divers interlocuteurs en France
et à l’étranger, à l’occasion de
Pionnière dans son domaine des initiatives à l’étranger (plus rencontres sectorielles, de réunions
lorsqu’elle a été créée en 2010, ou moins directement selon leurs internationales, d’auditions et
l’Hadopi fait l’objet d’une traditions juridiques et la place qu’y d’entretiens bilatéraux.
attention particulière de la part occupe l’intervention publique), non
des institutions homologues ou seulement en matière de protection
comparables à l’étranger. Elle des droits mais aussi en matière
entretient des relations étroites d’encouragement au développe-
avec ces institutions, à la fois pour ment de l’offre légale.
présenter son action, pour partager
son expertise et pour échanger sur Enfin, les travaux d’observation de
les problématiques relatives à ses l’Hadopi, parce qu’ils contribuent à
domaines de compétence. combler une importante carence
de données et d’analyse fiables et
Ainsi, plusieurs dispositifs mis objectives sur les enjeux relatifs à la
en œuvre par l’Hadopi inspirent circulation des œuvres culturelles
98

CONFÉRENCES ET RENCONTRES INTERNATIONALES

Entre le 1er juillet 2014 et le 30 juin ■■ à l’International IP Summit récente étude qualitative sur
2015, l’Hadopi a notamment parti- (décembre 2014) les perceptions des décisions
cipé, à titre d’exemples : L'Hadopi est intervenue lors de justice (de type fermeture et
de la 9e édition du IP Summit, blocage) par les consommateurs
■■ au séminaire régional une conférence internationale ayant des pratiques illicites. Elle
« Audiovisuel et cinéma de sur l'avenir de la propriété a également exposé la stratégie
l’Afrique du Nord et du Moyen intellectuelle en Europe organisée de protection des œuvres sur
Orient ». à Bruxelles en décembre 2014 Internet adaptée aux nouvelles
Invitée à Beyrouth en par le think-tank indépendant atteintes dont elles font l'objet
novembre  2014, l’Hadopi a Premier Cercle. Cet événement via des sites massivement
présenté ses missions, ses réunissait des députés européens, contrefaisants qu'elle a décidé
travaux et son fonctionnement, des directeurs de la Commission de mettre en œuvre en
et a échangé sur les enjeux liés européenne, des Autorités septembre dernier sur la base
au piratage et à la diffusion des nationales, des organisations du rapport Outils opérationnels
œuvres dans cette région avec européennes et internationales, de prévention et de lutte contre
des agents du réseau culturel des chercheurs ainsi que des la contrefaçon en ligne de Mireille
français à l'étranger, venus du juristes et des praticiens de la Imbert-Quaretta.
Maroc, de Tunisie, du Qatar, du propriété intellectuelle. A cette
Liban, d'Algérie, d'Égypte, des occasion, l'Hadopi a présenté
Territoires Palestiniens, des les enseignements tirés de son
Émirats Arabes Unis, de Jordanie expérience et de ses travaux
et de Bahreïn. d'observation, notamment sa

RENCONTRES SECTORIELLES

L’Hadopi a participé à diverses


rencontres sectorielles, par
exemple :

■■ rencontres cinématographiques
de Dijon (16-18 octobre)

■■ participation aux 8e Assises


de la convergence des médias
(décembre 2014)

■■ rencontres européennes de
l’ADAMI (avril 2015)
Hadopi La mise en œuvre des missions 99

RENCONTRES BILATÉRALES

L’Hadopi a maintenu les contacts de la propriété intellectuelle, en perception et de répartition des


privilégiés qu’elle entretient avec collaboration avec le Bureau de droits ont présenté à leurs interlo-
diverses institutions publiques la coopération du ministère de cuteurs les dispositions juridiques
étrangères depuis sa création. la Justice français ; et les modalités techniques de la
procédure de réponse graduée.
Par exemple : ■■ en juin 2015, elle a accueilli une La Haute Autorité a également
délégation coréenne composée présenté ses travaux d’ob-
■■ en novembre  2014, l’Hadopi de dirigeants de la Korea servation et leurs principaux
s’est entretenue avec une Copyright Commission et du enseignements, ainsi que ses
délégation chinoise, composée bureau coréen de l’IFPI. À cette actions de sensibilisation et
de deux magistrats et d'un occasion, l’Hadopi mais aussi d’encouragement au dévelop-
universitaire, spécialistes du droit l’ALPA et diverses sociétés de pement de l’offre légale.

AUDITIONS ET CONTRIBUTIONS

L’expertise de l’Hadopi sur les l’éducation a décidé la création pour copie privée sur le marché
usages culturels en ligne, sur d’une Mission d'information des matériels et supports de
l’environnement numérique et sur portant sur le bilan et les copie ».
la protection des droits sur Internet perspectives de trente ans
a été sollicitée à plusieurs reprises d’exception pour copie privée. ■■ Participation de l’Hadopi à
en 2014 – 2015, notamment : L’Hadopi a été auditionnée une rencontre européenne en
le 9 avril 2015 par la Mission juin 2015 à Alicante à l’initiative
■■ audition de l’Hadopi par d'information au titre de ses de l’Office d’Harmonisation
la Commission Nationale compétences en matière du Marché Intérieur (OHMI).
Consultative des Droits de d’observation des usages Sollicitée par l’OHMI, en
l’Homme en novembre 2014 sur et de régulation de mesures partenariat avec le ministère de la
la recherche d'améliorations et techniques de protection. Au Culture et de la Communication
solutions à la fois techniques et cours de son audition l’Hadopi et le CNC, l’Hadopi a apporté
juridiques pour améliorer l'ef- a pu réaffirmer l’importance aux participants issus de tous
ficacité de la lutte contre les de la prise en compte des les États membres son retour
propos racistes, antisémites et usages tant dans la fixation des d’expérience sur la création
xénophobes sur Internet ; barèmes que dans la définition du portail offrelégale.fr sur
du périmètre de la copie privée ; le plan technique, juridique
■■ audition devant la Mission Sa contribution figure en annexe et organisationnel, dans la
d'information de la Commission du rapport de la Commission, perspective de la création d’un
des affaires culturelles et de qui préconise notamment agrégateur européen de l’offre
l’éducation de l’Assemblée que soit confié à une Autorité légale.
nationale portant sur le bilan et administrative indépendante le
les perspectives de trente ans soin « d’homologuer les barèmes
d’exception pour copie privée. par la réalisation d’études
Le bureau de la Commission permettant de déterminer
des affaires culturelles et de l’impact réel de la rémunération
CONCLUSION :
REGARD SUR CINQ
ANNÉES D’ACTIONS
102

La Haute Autorité a été créée au fort au service public et à la accords de l’Élysée et voulue
terme d’un long processus légis- recherche de l’intérêt général, propre par le législateur, s’incarne dans
latif français et européen, initié en à toutes les institutions publiques, et la conduite d’actions en faveur
2001 par la directive DADVSI et à en faire régulièrement la preuve de l’offre légale d’une part et de
conclu par les lois du 12 juin et du par des actes concrets (prise en la protection des droits d’autre
28 octobre 2009. considération équilibrée des intérêts part. Elle se manifeste aussi tout
divergents, transparence sur les particulièrement en matière de
Dans le prolongement de ces actes réalisés par l’administration, régulation des Mesures Techniques
travaux, la Haute Autorité a mise en œuvre dès 2011 d'une de Protection (MTP), pour parvenir
commencé à déployer son activité politique open data d'ouverture à concilier la protection des œuvres
en 2010, au fur et à mesure de des données publiques, etc.). et le bénéfice effectif des exceptions
l’adoption des 14 décrets nécessaires au droit d’auteur. Ainsi, la Haute
à son fonctionnement, ce qui a L’indépendance Autorité s’est toujours attachée à
permis la mise en œuvre de la L’indépendance de l’Hadopi se mettre en œuvre l’ensemble des
réponse graduée dès octobre 2010. manifeste et s’incarne à travers missions qui lui sont confiées par
toutes ses missions, et à l’égard de la loi. Lorsqu’elle a dû restreindre
Cinq ans après, au moment où toutes les formes de pression. Cette ses moyens compte tenu de la
une page s’apprête à être tournée indépendance, qui repose notamment contrainte budgétaire, le Collège
avec la fin des mandats de Marie- sur une capacité d’expertise et la Commission de protection des
Françoise Marais, Présidente propre, est une caractéristique droits ont unanimement choisi de
du Collège et de l’Hadopi, et de essentielle de la Haute Autorité. faire porter les efforts de réduction
Mireille Imbert-Quaretta, Présidente Si elle a parfois été une source de des dépenses sur l’ensemble de ses
de la Commission de protection difficultés, notamment en matière missions, de façon homothétique.
des droits, un regard sur les de coopération institutionnelle,
premières années de l’institution elle est également un atout majeur La notoriété
permet de mettre en lumière les pour lui permettre d’être crédible Acquise dès sa création (voire avant
caractéristiques, les réalisations auprès de ses interlocuteurs et même qu’elle ne soit mise en place),
et les difficultés rencontrées par pleinement objective dans ses travaux la notoriété de l’Hadopi la distingue
l’Hadopi depuis sa création. d’observation. L’indépendance de d’institutions comparables : dans
l’Hadopi, adossée à sa capacité un sondage conduit en octobre-
Au-delà des paramètres propres à d’expertise, pourrait lui permettre novembre 2010, l’Hadopi arrivait en
chacune de ses missions, plusieurs de jouer un rôle de «  tiers de tête des citations spontanées parmi
facteurs structurent toutes les confiance » dans divers domaines, les organismes publics associés à
actions de l’Hadopi. Certains notamment pour accompagner « la régulation d’Internet » en étant
facteurs contribuent à la fois aux des initiatives en matière de lutte citée par 32 % des internautes,
difficultés et aux succès de l’Hadopi. contre la contrefaçon commerciale devant la CNIL (8 %) ; le CSA (2 %) ;
Ils constituent des « marqueurs », et en matière d’exceptions au droit l’ARCEP et l’ARJEL (1 %). Tour-à-
qui ont façonné l’institution, et d’auteur. Enfin, l’indépendance est un tour un atout et une faiblesse, cette
composent aujourd’hui son « ADN ». « état d’esprit », ancré dans l’action notoriété conditionne son action
de la Haute Autorité, et auquel les de façons diverses et contrastées.
Le service public et l’intérêt agents sont très attachés.
général La jeunesse
Contrairement à la plupart des La recherche d’équilibre La jeunesse est une caractéristique
institutions publiques, l’Hadopi C’est l’orientation majeure de de l’institution, à la fois en raison de
doit aux circonstances polémiques l’institution, qui est chargée de sa création récente et du rôle pion-
qui ont entouré sa création d’avoir mettre en œuvre des missions nier qu’elle joue par rapport à ses
été l’objet de procès en légitimité complémentaires et de concilier interlocuteurs internationaux. Elle
particulièrement virulents. Cette des droits et des attentes parfois caractérise également ses équipes,
situation l’a conduite à développer contradictoires. La recherche avec une moyenne d’âge de 36 ans
un attachement particulièrement d’équilibre, reflétée par les au 30 mai 2015.
Hadopi Conclusion 103

Les facteurs de difficultés la mission budgétaire Médias, livre contrefaçon et des exceptions au
et industries culturelles. La stabilité droit d’auteur.
Les difficultés politiques et de sa subvention (6 millions d’euros
institutionnelles avant gel) entre 2014 et 2015 se La souplesse, la réactivité et le
Dans le prolongement des débats traduit en réalité par une nouvelle travail de terrain
qui ont marqué sa création, et diminution de ses ressources, d’une Compte tenu de sa jeunesse, de son
avant même d’avoir pu déployer part en raison de l’augmentation rôle de pionnier et de son domaine
pleinement son action, l’institution du taux de gel des crédits (de 7 % d’intervention, directement associé
a fait l’objet de vives critiques et à 8 %) mais aussi compte tenu de aux pratiques des internautes,
d’annonces (de suppression ; de l’assèchement de ses disponibilités l’Hadopi a noué un dialogue avec tous
remplacement ; de transfert) qui en fonds de roulement. En 2015, les acteurs de son écosystème dès sa
ont incontestablement imprimé l’insuffisance des ressources de création. Ce dialogue a rapidement
leur marque sur son image, ses l’Hadopi entrave la mise en œuvre permis d’identifier certaines
réalisations et ses relations avec ses de ses missions et pèse lourdement limites et difficultés (par exemple
interlocuteurs. Selon un sondage sur son fonctionnement. en matière d’encouragement au
CSA conduit en juillet  2014, développement de l’offre légale)
38 % des personnes interrogées Les facteurs de réussite et de rechercher des solutions
pensaient que l’Hadopi avait été pour surmonter ces obstacles.
supprimée et 21 % qu’elle avait été La complémentarité des Cette démarche de dialogue a
absorbée par un autre organisme. missions également permis d’identifier des
Seul 32 % du panel interrogé savait La complémentarité des missions besoins importants, par exemple en
qu’elle existait encore de façon de l’Hadopi, toujours irriguées matière de sensibilisation au droit
indépendante. Ces difficultés ont par sa mission d’observation, d’auteur et aux usages numériques
conduit une partie significative de est un atout opérationnel qui lui au sein de la communauté éducative,
l’opinion publique à penser que la permet de s’adapter efficacement ce qui a incité l’Hadopi à proposer
Haute Autorité était ou allait être et de surmonter les difficultés, aux académies et aux établissements
supprimée, ce qui a évidemment notamment grâce aux compétences scolaires l’élaboration conjointe de
altéré l’effet pédagogique de pluridisciplinaires qu’elle implique. modules pédagogiques et d’ateliers
son action. Ce contexte politique Ainsi, la complémentarité de la d’information et de sensibilisation
et médiatique a compliqué mission d’encouragement au auprès des enseignants, du
et parfois rendu impossible développement de l’offre légale personnel encadrant et des élèves.
certains partenariats : de façon et de la mission d’observation a Enfin, ce travail de terrain permet à
compréhensible, les réticences permis de dépasser les limites du l’Hadopi d’être en prise directe avec
liées à la perception de l’Hadopi référencement des offres labellisées les problématiques propres à chaque
dans l’opinion conjuguées avec en recensant les offres pouvant secteur culturel, et de rechercher des
des doutes quant à sa pérennité apparaître comme étant légales, solutions adaptées aux difficultés
ont retardé, compliqué et parfois ce qui a permis de mieux refléter spécifiques qu’ils rencontrent.
empêché diverses coopérations la richesse et la diversité de l’offre
institutionnelles. culturelle en ligne. De la même L’expertise
façon, la complémentarité entre Acquise grâce à ses travaux
La contrainte budgétaire la mission de protection des droits d’observation, à l’expérience et
Entre 2011 et 2014, les ressources de et la mission de régulation des MTP au travail de terrain, l’expertise
l’Hadopi ont été divisées par deux a permis d’engager des travaux de la Haute Autorité est devenue
(de 11,4 M¤ à 5,5 M¤) et ses dépenses croisés sur le stream ripping, un atout majeur, et un important
ont diminué de 36 % (de 13,8 M¤ à une pratique qui accompagne facteur de réussite. La connaissance
8,7 M¤). Cette trajectoire budgétaire le développement important des usages, la maîtrise de
est sans commune mesure avec le des usages de streaming et qui l’environnement technique et le
traitement budgétaire réservé aux soulève des interrogations quant savoir-faire juridique de l’institution
autres Autorités indépendantes et à sa qualification juridique au constituent le socle sur lequel
aux autres organismes relevant de regard des nouvelles formes de l’Hadopi définit ses orientations
104

et met en œuvre ses actions. Internet et anticiper les pratiques L’exigence de prospective et
L’expertise assure la crédibilité illicites émergentes ; de pragmatisme
des travaux de l’Hadopi, y compris ■■ dans le cadre de la réponse

auprès de ses détracteurs ; elle ■■ sensibiliser les internautes et graduée, l’analyse de la typologie
permet à l’institution d’être notamment les titulaires d’abon- des abonnés a permis d’ajuster la
effectivement indépendante, en nement pour les encourager à mise en œuvre de la procédure ;
étant en capacité de comprendre changer leurs pratiques et les lorsqu’ils ont reçu une première
par elle-même les enjeux et les responsabiliser dans l’utilisation recommandation, les abonnés
problématiques auxquels elle est de leur accès Internet ; qui paraissent manifestement
confrontée ; elle fait connaître les de bonne foi mais peu à l’aise
initiatives de la France dans ce ■■ contribuer à la bonne admi- avec les nouvelles technologies,
domaine et elle donne à l’Hadopi nistration de la justice avec la peuvent désormais recevoir
la capacité de jouer un rôle de tiers mise en œuvre d’une procé- une lettre simple de rappel
de confiance indépendant pour dure de prévention des faits de pédagogique ;
sécuriser et éclairer diverses actions contrefaçon.
conduites par d’autres acteurs dans ■■ les travaux d’observation ont
ses domaines de compétences. Approche retenue conduit la Haute Autorité
Une démarche pédagogique qui à travailler dès 2011 sur le
vise à sensibiliser le plus grand streaming et le téléchargement
L’analyse des actions par nombre d’internautes : direct, à contribuer au rapport
mission sur «  les outils opérationnels
■■ sensibiliser les titulaires d’abon- de lutte contre la contrefaçon
L’un des défis relevés par l’institution nement : à chaque étape de la commerciale » de Mireille Imbert-
a été d’assurer en même temps le procédure de réponse graduée, Quaretta, puis à engager, à
lancement accéléré de ses missions l’Hadopi donne toutes les droit constant, de nouvelles
et sa propre construction interne. informations nécessaires aux initiatives complémentaires de la
Il a fallu près de deux années pour abonnés afin de leur permettre réponse graduée (méthodologie
permettre à l’institution d’être de comprendre les faits qui leur de recensement des sites
pleinement opérationnelle (création sont reprochés et de prendre manifestement contrefaisants
des procédures, organisation les mesures nécessaires à la ou « listes noires », analyse des
et réglementation internes, sécurisation de leur accès à contenus illicites sur YouTube, etc.).
recrutements, etc.). L’existence du Internet (ces mesures peuvent
prototype de système d’information être utiles au-delà du droit d’au- Défis rencontrés
a heureusement permis de lancer teur, par exemple la sécurisation La protection des droits repose sur
de façon anticipée la réponse de leur connexion participe à la l’effectivité des dispositifs mais aussi
graduée (dès septembre  2010) protection des données person- sur la diffusion d’un message clair
et d’accompagner sa montée en nelles échangées via leur accès dans l’opinion publique. En cela, son
régime en 2011 tout en explorant la à Internet) ; efficacité repose notamment sur
mise en œuvre des autres missions les messages politiques envoyés à
sous la direction du Collège de ■■ sensibiliser les utilisateurs d’accès l’opinion par les pouvoirs publics.
l’Hadopi, mais ce n’est que début à Internet mis à disposition par
2012 que l’institution a été en mesure des professionnels (hôtel, entre- Regard sur la mise en œuvre
d’assumer pleinement la mise en prises, collectivités territoriales, de la mission de protection des
œuvre de l’ensemble de ses missions. etc.) : dans le cadre de la réponse droits
graduée, l’Hadopi accompagne La protection des droits d’auteur sur
Protection des droits ces professionnels qui relaient Internet repose sur la combinaison
le message de sensibilisation au de plusieurs outils, qui traduisent
Objectifs poursuivis droit d’auteur auprès des usagers. l’équilibre recherché par l’institution.
lutter contre toutes les formes
■■ La sensibilisation des internautes et
d’atteinte au droit d’auteur sur l’encouragement au développement
Hadopi Conclusion 105

de l’offre légale accompagnent ■■ apporter aux pouvoirs publics travaux ne s’est focalisé sur les
les actions de lutte contre la et aux acteurs intéressés usages des internautes français.
contrefaçon – de la valorisation des (ayants droit, association de
bonnes pratiques (implication des consommateurs, plateformes, ■■ faire reconnaître l’indépen-
intermédiaires) aux actions pénales etc.) des données pertinentes, dance et l’impartialité  : les
– qui ne relèvent pas toutes de la rigoureuses et objectives sur travaux qui ont été menés ont
Haute Autorité. Compte tenu des ces usages de biens culturels été soumis à la communauté
travaux déjà développés lors des sur Internet, et ce face à une et validés par les pairs. Cette
exercices précédents, l’institution exploitation parfois partisane ouverture avait pour but de
a fait de ce deuxième volet une (et souvent polémique) de permettre à la Haute Autorité
priorité en 2015. Elle a notamment données arides (statistiques, de s’assurer de la pertinence
engagé des travaux relatifs à : modèles mathématiques, etc.) de ses travaux et également
par diverses parties prenantes. de permettre aux interlocu-
■■ l’élaboration d’une méthodologie teurs de l’Hadopi de vérifier
d’analyse en vue de contribuer à Approche retenue par eux-mêmes l’impartialité
dresser des « listes noires » de sites une
■■ exigence scientifique 
: des travaux. Leur transparence
et services contrevenants, et la la Haute Autorité privilégie et leur pertinence ont permis
coopération avec les intermédiaires les travaux de recherche, qui à l’Hadopi d’être reconnue
de l’écosystème concernés apportent des résultats inédits comme experte (invitations à
(publicité, paiement, mais aussi systématiquement évalués par des conférences scientifiques
éventuellement techniques etc.). des pairs impartiaux ; comme le « Digital Economy
workshop on Digital Media
■■ l’analyse de la diffusion de ■■ un protocole spécifique pour Markets and the Modernisation
contenus contrefaisants via les observer les usages. Ce proto- of Copyright in the EU » orga-
moteurs de recherche et les sites cole est une combinaison de nisé par l’un des instituts de
dont le contenu est généré par méthodes qualitatives, de recherche de la Commission
les utilisateurs, éventuellement méthodes quantitatives pour le européenne ou la conférence
copié par d’autres. point de vue social et humain « Copyright and technology »
des usages et des méthodes de de Londres ; sollicitation par
■■ la poursuite des réflexions recherche en informatique pour des chercheurs – université de
engagées en matière de les mesures de ceux-ci sur les Zurich, le Centre de Recherche
retrait durable des contenus différents canaux (annuaires en Économie et Statistique
contrefaisants quant à ses de liens, services de streaming, de l’INSEE, la Paris School of
aspects techniques. services de téléchargement Economics, etc.)
direct, et services pair-à-pair) ;
Observation Regard sur la mise en œuvre de
Défis rencontrés la mission d’observation
Objectifs poursuivis ■■ pallier la pénurie de données : si L’exercice de sa capacité d’expertise
comprendre, évaluer et anticiper
■■ quelques travaux universitaires a permis à la Haute Autorité
les usages de biens culturels ont été menés sur l’efficacité d’affirmer et de protéger son
sur Internet, dans tous les de l’Hadopi, les travaux sur les indépendance, d’apporter des
secteurs culturels et via toutes usages n’ont vraisemblablement éclairages précis et objectifs aux
les technologies grâce à une pas retenu l’intérêt des pouvoirs publics qui la sollicitent
expertise pluridisciplinaire ; universitaires. Sur les usages et d’asseoir sa légitimité en France
des annuaires de liens, services et à l’étranger.
■■ orienter et optimiser en de streaming, services de
permanence la mise en œuvre téléchargement direct, et services Cet exercice a surtout permis
de ses missions légales par pair-à-pair, seuls quelques à l’institution de dégager des
l’Hadopi en fonction de la réalité travaux universitaires ont été enseignements précieux et
des usages et de leurs évolutions. menés. De plus, aucun de ces particulièrement utiles à la mise
106

en œuvre de ses missions ou à la


formulation de pistes d’évolutions
relatives à ses domaines de
compétences.

Typiquement, la diminution de
l’utilisation du pair-à-pair, la
persistance - au contraire - des
pratiques de streaming ou de
téléchargement illicite, et l’essor
des usages de stream ripping, ont
guidé les travaux de l’institution.

En particulier, l’un des enseignements


de ces travaux est la part grandissante
des usages en streaming et
plus généralement des usages
éphémères. Sur Internet, les œuvres
sont de moins en moins conservées
par les internautes – qu’elles aient
été effectivement consommées
ou simplement téléchargées. Le ■■ renseigner les consommateurs non-anxiogène, en les mettant
stockage laisse ainsi place à l’usage. et apporter une visibilité à l’offre en situation de créateurs.
La mesure des « objets » sur Internet légale ;
devient désuète et la mesure des Défis rencontrés
usages de ces « objets », une clé de ■■ favoriser la disponibilité des le dimensionnement des outils :
■■

lecture plus adéquate. Cette tendance œuvres et aider les utilisateurs l’expérience a révélé que la
relative à la consommation de biens à y accéder. labellisation (label « PUR »)
culturels dématérialisés se retrouve des offres légales et leur
dans d’autres domaines connexes. Approche retenue référencement sont des outils
De fait, développer la mesure des une approche de terrain 
■■ : les insatisfaisants dans la pratique
usages pourrait trouver de nombreux nombreux échanges noués avec (peu valorisants commercialement,
domaines d’applications, en dehors toutes les parties prenantes ont peu attractifs auprès du public).
du domaine de compétences de rapidement permis d’identifier Ils n’ont pas fédéré les offres
l’Hadopi. les attentes des diffuseurs et des les plus populaires et n’ont
internautes ; donc pas répondu aux attentes
Ainsi, grâce à l’expérience acquise, des internautes (d’identifier les
l’Hadopi travaille depuis février 2015 ■■ une démarche lucide et prag- contenus légaux, notamment).
à la conception d’un protocole et matique : face aux limites des Le remplacement du label PUR
d’un outil permettant de réaliser outils prévus et aux difficultés par le label « Offre légale Hadopi »
ces mesures d’usages. rencontrées, l’équipe dédiée à en 2013 a permis de diffuser un
l’offre légale a rapidement conçu message beaucoup plus explicite
Encouragement au et mis en œuvre des actions pour aux consommateurs. Par ailleurs,
développement de l’offre adapter et enrichir son action ; la refonte de la plateforme de
légale référencement pour y adjoindre
■■ une action ciblée à destination de plus généralement des offres
Objectifs poursuivis la communauté éducative et du non labellisées mais pouvant
■■ encourager le développement jeune public, pour les sensibiliser néanmoins être regardées comme
de l’offre dans tous les secteurs au droit d’auteur et à la création étant légales permet de mettre à
culturels en ligne ; numérique de façon positive et la disposition du public un grand
Hadopi Conclusion 107

nombre de services légaux, dans pouvant apparaître comme étant acquises légalement ne fassent
tous les domaines de la création légales ; l’expérimentation visant à pas obstacle au bénéfice effectif
culturelle. l’ouverture des catalogues, pour des exceptions pour l’utilisateur
encourager la création de services « dans la mesure nécessaire pour
■■ l’isolement institutionnel : si les permettant des recherches par en bénéficier(96) » ;
attentes des internautes vis-à-vis œuvre (initiative qui a notamment
de l’Hadopi en matière d’offre inspiré d’autres actions, telles que ■■ disposer de l’expertise technique
légale sont très fortes, au-delà le projet iScream) ; le signalement nécessaire à la compréhension
même des termes de la loi, la des œuvres introuvables sur des effets des mesures techniques
légitimité de l’institution en la offrelégale.fr, via lequel elle se et de leur interopérabilité. Plus
matière n’est que peu ou pas positionne comme un recours pour concrètement, savoir distinguer la
reconnue tant par la majorité des le consommateur, etc. frontière entre la protection des
acteurs privés que par certaines œuvres et la limitation de leurs
institutions ou établissements Innovantes, concrètes, et bien en usages à une seule catégorie de
publics. C’est donc par exemple prise avec les attentes des inter- matériel ;
dans une démarche expérimentale, nautes, ces actions demeurent
sur la base du volontariat, que d’une portée évidemment limitée ■■ être en capacité de respecter le
l’Hadopi a tenté de regrouper, compte tenu des moyens financiers, principe de proportionnalité dans
organiser et publier (open data) humains et techniques disponibles les décisions rendues.
les métadonnées associées aux pour les développer (5 agents en
biens culturels dématérialisés. 2013, 4 en 2014, 2 en 2015). Approche retenue
l’attention portée aux usages :
■■

Regard sur la mise en œuvre Consciente de ces limites, l’Hadopi par exemple, l’Hadopi n’a pas
de la mission d’encouragement développe une approche empirique souhaité s’engager dans la voie
au développement de l’offre qui consiste à explorer et essayer de la définition normative du
légale de faire la preuve de la validité des nombre de copies autorisées
Si la carence du référencement dispositifs qu’elle conçoit et des par les mesures techniques de
des offres labellisées a été projets qu’elle initie, pour inciter protection, compétence dont
largement comblée en 2014 par divers acteurs publics et privés à s’en elle dispose au titre de l’article
le référencement des sites et emparer. Elle apporte une contri- L331-31 du code de la propriété
services culturels en ligne pouvant bution utile en s’orientant vers des intellectuelle (97). Elle a en effet
apparaître comme étant légaux sur champs peu ou pas occupés par ces estimé que l’existence d’une telle
offrelégale.fr, une limite majeure acteurs, et en promouvant une poli- norme, même « minimale », pour-
demeure aujourd’hui : les internautes tique d'ouverture des métadonnées. rait avoir pour effet de limiter
ne recherchent pas un site, mais le nombre de copies autorisées
une œuvre. Ces constats ont Régulation des mesures par les titulaires de droit dans
conduit la Haute Autorité à techniques de protection et la pratique contractuelle qui les
concevoir (en 2013) puis à mettre d’identification lie aux différents distributeurs
en œuvre (en 2014) une série de de leurs œuvres, portant de ce
dispositifs visant à compléter et Objectifs poursuivis fait préjudice aux usages des
à enrichir les outils prévus par la s’assurer que les protections
■■ œuvres acquises légalement.
loi : le référencement des offres techniques portant sur les œuvres

(96) Article 6 alinéa 4 de la directive 2001/29/CE du Parlement européen et du Conseil du 22 mai 2001 sur l'harmonisation de certains aspects du droit
d'auteur et des droits voisins dans la société de l'information.
(97) « Sous réserve des articles L. 331-7 à L. 331-10, L. 331-33 à L. 331-35 et L. 331-37 du présent code, la Haute Autorité détermine les modalités d'exercice
des exceptions précitées et fixe notamment le nombre minimal de copies autorisées dans le cadre de l'exception pour copie privée, en fonction du type
d'œuvre ou d'objet protégé, des divers modes de communication au public et des possibilités offertes par les techniques de protection disponibles. »
108

■■ l’expertise technique et juridique : lors qu’il s’agit d’une de leurs protection tant dans l’écosystème
l’Hadopi s’est dotée d’une préoccupations. audiovisuel « ultraviolet » déployé
compétence technique spécialisée par le consortium DECE(98) qu’au
sur ces questions  ; le poste ■■ la confidentialité des données sein même du langage HTML5(99),
dédié, vacant à partir de 2012, nécessaires : la plupart des structure de base du langage du
n’a pu être pourvu du fait des informations nécessaires à web, est de nature à poser de
contraintes budgétaires pesant l’analyse des mesures techniques nouvelles problématiques de plus
sur l’institution, mais les services de protection sont couvertes en plus complexes.
maintiennent une activité de veille par le «  secret des affaires  »,
générale régulière. rendant impossible une expertise L’existence d’un régulateur indé-
technique approfondie sur leurs pendant spécifiquement chargé de
■■ l’information des bénéficiaires : effets. Contrairement à ce que l’on préserver l’équilibre entre protection
l’Hadopi a élaboré les procédures observe régulièrement en matière des œuvres et usages des utilisa-
nécessaires aux saisines pour avis de régulation sectorielle pour des teurs est donc plus que jamais un
ou pour règlement de différends, procédures souples comme la véritable enjeu d’avenir. Il appelle
prévues aux termes du code de demande d’avis, l’Hadopi ne dispose cependant une modernisation
la propriété intellectuelle, et a pas de pouvoirs d’investigation. des outils prévus par la loi afin de
fait un travail de promotion de pouvoir répondre effectivement à
cette mission de régulation afin ■■ la reconnaissance de la validité la mission et aux attentes qu’elle
d’inciter les personnes pouvant des avis, malgré le fort caractère crée auprès des utilisateurs.
en bénéficier à la saisir. polémique qui entoure les ques-
tions de mesures techniques de Cette modernisation pourrait
Défis rencontrés protection dans la société civile. porter à la fois sur l’amont et l’aval
■■ la méconnaissance de cette de la procédure de régulation.
compétence  : beaucoup de Regard sur la mise en œuvre En amont, elle gagnerait à être
ceux qui rencontrent des de la mission de régulation des élargie en matière de saisine, à la
difficultés de nature à faire MTP fois en offrant aux organisations
l’objet d’une demande d’avis ou Bien que tombée un temps en de consommateurs la possibilité
d’un règlement de différend en désuétude, à l’époque où les de saisir l’institution, comme
matière de mesures techniques questions de circulation numérique en permettant à l’institution de
de protection ignorent pouvoir des œuvres se limitaient à la musique s’autosaisir. En aval, elle devrait
recourir à l’Hadopi. Lorsque cela qui a décidé, sous l’impulsion de à la fois permettre à l’institution
s’avère possible, l’institution la société Apple, d’abandonner les d’accéder à l’ensemble des
accompagne ses interlocuteurs mesures techniques de protection, informations nécessaires (l’article R.
dans la définition de leur besoin. cette mission de régulation a repris 331-65.-I. du CPI prévoyant déjà les
tout son sens depuis l’émergence conditions afférentes à la protection
■■ la carence de recours pour les des offres audiovisuelles et de du secret des affaires) comme de
consommateurs : les associations livres numériques qui recourent disposer de pouvoirs lui permettant
de consommateurs, par exemple, largement à de telles mesures. de contrôler effectivement la
ne peuvent pas saisir l’institution, ce mise en œuvre, ou non, des avis
qui est particulièrement regrettable De surcroît, l’apparition récente de qu’elle rend, d’en rendre compte
en matière d’interopérabilité dès l’usage des mesures techniques de au Parlement, voire de prendre des

(98) « Digital Entertainment Content Ecosystem », consortium réunissant les principaux producteurs et industries technologiques de distribution et
protection de contenus audiovisuels américains (excepté Disney et Apple).
(99) Via les « Encrypted Media Extensions (EME) » qui autorisent l’utilisation des mesures techniques de protection sur les vidéos HTML5, langage
adopté comme standard en octobre 2014 par le W3C (World Wide Web Consortium, organisation internationale indépendante de normalisation des
technologies du web).
Hadopi Conclusion 109

décisions d’exécution lorsqu’elle de la preuve par les titulaires de Les problématiques liées
constate que l’avis n’a pas été droit sur les mesures de protection à l’exercice effectif de
suivi d’effet et que le recours qu’une telle publication porterait l’exception dite « handicap »
au règlement de différend est gravement atteinte à la sécurité L’exception dite « handicap »
impossible ou inadapté. et l’efficacité de ces mesures, prévue par l’article L. 122-5 7° du
appréciée au vu du degré de CPI, permet, sans autorisation
Concrètement, il s’agirait de doter la protection global de l’œuvre préalable ni rémunération des
mission de pouvoirs d’investigation concernée, autrement dit sur ayants droit, la reproduction et la
(accès aux informations utiles), de tous les supports et formats dans représentation d’œuvres protégées
recommandations autonomes, voire lesquels elle est distribuée. par des personnes morales et
de mise en demeure et d’injonction. établissements ouverts au public
(bibliothèques, associations,
Enfin, le périmètre des mesures Avis Copie privée etc.), aux fins de leur consultation
techniques concernées pourrait du 11 septembre 2014 strictement personnelle sur
être complété pour mieux couvrir Dans son avis du 11 septembre 2014 des supports adaptés par des
l’ensemble des questions relatives (qui porte sur la jonction de deux personnes atteintes d’un handicap.
à cette problématique. demandes similaires reçues par
l’institution) le Collège de l’Hadopi L’attention de l’Hadopi a été
Faits marquants a considéré que malgré le fait que attirée sur les difficultés d’accès
des limitations à la copie puissent aux œuvres auxquelles se trouvent
Avis BnF du 30 janvier 2013 être justifiées, notamment afin de parfois confrontés les organismes
Dans son avis, l’Hadopi a réduire le risque de contrefaçon sur agréés. A ainsi été signalé le cas
recommandé une modification Internet, ces restrictions ne doivent d’un éditeur qui ne dépose pas
du régime du dépôt légal pour pas excéder ce qui est nécessaire ses fichiers à la BnF (laquelle
permettre à la BnF de disposer pour limiter un tel risque. À cet joue un rôle centralisateur via
d’une version non protégée des égard, il a considéré que des limita- une plateforme appelée PLATON
documents numériques, ce qui tions privant les copies privées de dans la transmission des fichiers
implique une réflexion plus large toute interopérabilité avec d’autres numériques des œuvres imprimées).
sur le périmètre et les modalités lecteurs que l’enregistreur ayant
du dépôt légal des documents réalisé la copie, et empêchant la L’hypothèse d’une saisine de l’Hadopi
numériques. conservation des copies en cas de par certains de ces organismes
changement du fournisseur, appa- agréés sur cette problématique de
Avis VideoLAN du 3 avril 2013 raissent excessives. refus de transmission est envisagée.
Dans le cadre de son avis, le Toutefois cette solution reste assez
Collège de la Haute Autorité s’est Dans ce contexte, il a invité les lourde pour ces organismes.
prononcé sur les exceptions dites opérateurs à proposer à leurs
de décompilation et d’ingénierie clients, dans un délai raisonnable, Il est pourtant essentiel que l’ex-
inverse revendiquées par l’asso- une faculté de copie privée des ception au profit des personnes
ciation VideoLAN et a précisé la programmes télévisés qui leur handicapées soit effectivement et
nature et les conditions d’accès des permette de réaliser des copies efficacement assurée. Pour cela,
informations nécessaires à l’inte- durablement conservables et dispo- il conviendrait de procéder à une
ropérabilité que pouvait solliciter sant d’une interopérabilité suffi- simplification et un allégement des
un éditeur de logiciel sur le fonde- sante pour l’usage privé du copiste. procédures et des modalités de
ment de l’article L. 331-32. contrôle garantissant l’exercice
L'Hadopi a également souligné que effectif de cette exception et le
Il a également considéré que la devait être fournie une information respect de leurs obligations par
publication dans le code source précise sur les possibilités d'usage les éditeurs.
du logiciel VLC, caractérisé par sa des copies réalisables avec chaque
licence libre, ne pourrait être exclue matériel.
qu’à la condition de la fourniture
ANNEXE 1

ORGANISATION
ET GESTION INTERNE
112

GESTION
DES RESSOURCES
HUMAINES
Contrairement aux autres parties de ce rapport, les chiffres concernant l’organisation et la gestion internes
sont présentés sur la base d’une année civile, soit du 1er janvier au 31 décembre 2014.

ÉLÉMENTS DU BILAN SOCIAL

Les effectifs de la Haute Répartition des effectifs


Autorité par catégorie d’emploi Effectifs par catégorie en %

La Haute Autorité totalisait 59 Répartition des effectifs en %


agents au 31 décembre 2014. par catégorie
10%
■■ 10 % d’agents hors catégorie
22%
CATÉGORIES TOTAL ■■ 15 % d’agents de catégorie A1 14%

H. Classe 6 ■■ 32 % d’agents de catégorie A2

A1 9 ■■ 20 % d’agents de catégorie B 21%


33%
A2 20 ■■ 22 % d’agents de catégorie C

B 11

HC
C 13
A1

Total 59 A2

C
Hadopi Annexe 1 : Organisation et gestion interne 113

Les effectifs de l’Hadopi


par âge et par sexe
Répartition des effectifs par âge et par sexe
Les femmes en poste à l’Hadopi
se voient confier des fonctions à
responsabilité. 61 ans et plus 1

Elles représentent 50 % des agents 51-60 ans 1


3
hors catégorie qui constituent 2
46-50 ans
l’équipe de direction, ce qui 2
représente un écart très important 41-45 ans 2
1
par rapport aux proportions
6
habituellement observées  : elles 36-40 ans
3
sont 25 % aux postes de direction 11
31-35 ans
dans la fonction publique d’État. 6
26-30 ans 9
9
On note une majorité d’agents
20-25 ans 2
féminins : 59 % des effectifs sont 1
des femmes, ce qui place la Haute 0 2 4 6 8 10 12
Autorité au-dessus de la moyenne
observée dans l’administration
Hommes Femmes
d’État.

On constate une grande concentra-


tion d’agents dans la tranche d’âge ou accident du travail/trajet par Indicateur d’efficience
des 31 à 35 ans, ce qui explique l’âge agent) est de 4,3 en 2012 et de de gestion des ressources
moyen particulièrement jeune des 8,1 en 2013. humaines (ratio ETPT
agents de la Haute Autorité qui est gestionnaire / agents
actuellement de 36 ans. Le nombre d’agents ayant été gérés)
en arrêt maladie a augmenté en
On note que seulement 22 % des 2013, les périodes d’absences pour La Haute Autorité rend compte de
agents de la Haute Autorité ont maladie ont été de plus longues cet indicateur recommandé par la
plus de 41 ans. durées. LOLF. Il permet de comparer les
effectifs gérant les ressources
Ce résultat global reflète d’une part En 2014, la durée moyenne d’un humaines, c'est-à-dire les agents
la jeunesse de l’institution et d’autre arrêt de travail (arrêts maladie, consacrant la majeure partie
part son cœur de métier lié aux accidents de travail, hospitalisa- de leur temps à la gestion du
nouvelles technologies. tions, et congés pathologiques liés personnel qu’ils n’encadrent pas
à une grossesse confondus) est de directement et les agents affectés à
8,5 jours. des fonctions supports dans cette
fonction (en ETPT), aux effectifs
Absentéisme À titre de comparatif, le nombre gérés. Au 31 décembre 2014, cet
moyen annuel par agent de jours indicateur s’élève à 3,3 %.
L’absentéisme est faible au sein de d’absence pour des raisons de santé
la Haute Autorité. En 2012, 55 % dans la fonction publique s’élève
des agents n’ont eu aucun congé à 22,6 jours.
maladie sur toute l’année. Ils sont
58,2 % dans ce cas en 2013. De À l’Hadopi, en 2014, le nombre de
fait, le taux d’absentéisme constaté jours d’arrêt maladie moyen par
(nombre de jours de congé maladie agent était de 4,1 jours.
114

RÉALISATIONS 2014/2015 ET DIALOGUE SOCIAL

Formation professionnelle tants du personnel et des agents Ces deux instances regroupent
de l’institution. chacune 6 sièges titulaires et 6
Le plan de formation mis en place sièges suppléants composés à
au sein de la Haute Autorité vise en En 2014, plusieurs travaux ont été moitié de représentants de la Haute
effet à accompagner concrètement menés dans le cadre de la charte Autorité et de représentants du
la mise en œuvre des missions de diversité avec pour item commun personnel.
la Haute Autorité. le temps de travail. Le groupe de
travail charte diversité a notam- Le Comité technique
Des formations en externe sont ment travaillé les sujets suivants : Le Comité technique est une
régulièrement suivies par les agents instance de concertation chargée
de l’Hadopi, à leur demande ou à ■■ le temps effectif de travail de donner son avis sur les ques-
la demande de leur direction dans tions et projets de textes relatifs
le cadre des missions confiées ou ■■ le travail à temps partiel à l'organisation et au fonctionne-
des objectifs fixés. ment des services.
■■ le télétravail
Quelques chiffres clés 2014 : C'est ainsi qu'y sont examinées les
questions relatives aux effectifs, aux
■■ 48 agents ont bénéficié d’une Dialogue social emplois et aux compétences, aux
formation de groupe règles statutaires, aux méthodes
Les instances paritaires de travail, aux grandes orientations
■■ 16 agents ont bénéficié d’une À la fin de l’année 2011, la Haute en matière de politique RH, à la
formation individuelle Autorité a créé deux instances formation, à l'insertion profession-
paritaires 
: le Comité technique nelle, à l'égalité professionnelle et
■■ 2 agents ont bénéficié d’un finan- et la Commission consultative. à la lutte contre les discriminations.
cement pour la préparation de Cette création a été précédée de
concours administratifs nombreuses analyses juridiques La Commission consultative
quant à la réglementation appli- La Commission consultative est
■■ le budget alloué à la formation cable à l’institution du fait de obligatoirement saisie pour donner
pour 2014 était de 48 000 euros son statut particulier d’Autorité un avis sur les actes ayant un impact
soit 872,72 euros par agent. publique indépendante. sur les situations individuelles des
agents, notamment en matière de
Les discussions sur ce point se sont licenciements ou de sanction disci-
La charte diversité déroulées en toute transparence et plinaire, autre que l’avertissement
concertation avec la CGT Culture. et le blâme.
Lors du dernier trimestre 2013, la In-fine, le Collège de l’Hadopi, sur
Haute Autorité a mis en œuvre la proposition des services, a tranché Elle peut en outre être consultée
signature de la charte diversité qui en faveur de la demande de ce sur toutes questions d’ordre indi-
a été signée le 10 janvier 2014. Un syndicat, ouvrant dès lors la voie viduel relatif à la situation profes-
groupe de travail a été formé au à l’organisation d’élections pour sionnelle des agents de l’Hadopi.
sein de la Haute Autorité pour élire les représentants du personnel
travailler les sujets et les actions siégeant à ces deux instances. L’administration peut suivre ou non
mises en œuvre dans le cadre de son avis en fonction de l’intérêt du
la charte diversité. Ce groupe de Seule la CGT a présenté une liste service et de la situation person-
travail a été constitué sur la base sur laquelle étaient inscrits tous nelle de l’agent concerné.
du volontariat et est composé les candidats, membres ou non de
à ce jour de la responsable des ce syndicat.
ressources humaines, des représen-
Hadopi Annexe 1 : Organisation et gestion interne 115

Exercice du droit syndical

La Haute Autorité compte parmi


ses agents des délégués syndicaux
CGT Culture. Il n’existe pas, juridi-
quement parlant, de section syndi-
cale « Hadopi » de la CGT Culture.

Comme le prévoit le décret, un local


a été mis à leur disposition, ainsi
que des panneaux d’affichage au
sein de la structure.

En début d’année 2013, la Haute


Autorité a accordé l’équipement
informatique du local des repré-
sentants du personnel pour favo-
riser l’exercice de leur droit syndical
avec notamment, l’installation d’un
ordinateur et d’une imprimante.

Enfin, il convient de noter que deux


représentants du personnel ont
participé en 2014 à une réunion
syndicale et trois représentants ont
participé à deux réunions syndi-
cales de la CGT Culture durant
leur temps de travail, au titre des
heures de délégations qui leur sont
dues en tant que représentants
du personnel.

Ateliers « ressources
humaines »
Depuis la fin d’année 2012, des
réunions rencontres sont orga-
nisées entre la responsable
des ressources humaines et
les membres représentants le
personnel.
Ces ateliers de travail et de réflexion les projets internes en lien avec les
Ces réunions ont d’abord voca- permettent d’aborder des ques- conditions de travail et d’exercice
tion à maintenir le dialogue entre tions d’ordre général en matière de de missions, etc.
la Haute Autorité et les membres ressources humaines, mais aussi de
représentants le personnel avec la mutualiser un travail de fond sur des
mise en commun des idées et des projets d’intérêt commun comme
orientations concernant les projets la mise en œuvre de la formation
portés aussi bien par l’Hadopi que professionnelle, la mise en place des
par ses représentants. actions dans le cadre de la charte
diversité, ou plus globalement dans
116

GESTION
DE LA CONNAISSANCE
Capitalisation de la veille
Hadopi
Un an après avoir lancé son
site consacré notamment aux
plateformes pouvant être regardées
comme étant légales (offrelégale.
fr), l’Hadopi poursuit sa mission
de développement des offres
légales. Après avoir régulièrement
augmenté le nombre de plateformes
recensées depuis décembre
2013, dépassant aujourd’hui les
400 services, l’Hadopi a souhaité
partager ces plateformes via un
site complémentaire, permettant
de mettre en ligne et d’organiser
des contenus web.

Il s’agit d’un outil de curation,


offrant la possibilité de reproduire
Documentation et veille un élément essentiel à la prise le schéma des catégorisations du
La documentation intervient en de décisions pertinentes. Une site offrelégale.fr, en différenciant
transversal afin d’appuyer les bonne gestion des connaissances les types d’offres disponibles par
services dans la réalisation de existantes permet de gagner secteurs (VOD, musique, TV replay,
leur mission : elle assure la gestion en temps et en efficacité, et photo, etc.) ou encore par leurs
documentaire interne, la collecte, de répondre rapidement aux caractéristiques, visant à faciliter
le classement la conservation, la problématiques posées. Les l’accès aux différentes plateformes
communication et la mise en valeur informations et connaissances, pour les utilisateurs.
des archives de l’institution. qu’elles soient de source interne
ou externe, doivent être recueillies, Mise en place d’un projet de
L’optimisation de l’exploitation des gérées, archivées et rediffusées à gestion des connaissances
informations et connaissances est partir d’un service centralisé qui En regard de la politique d’archivage,
indispensable à un fonctionnement intervient à la fois sur l’ensemble un des axes de travail pour 2015
efficace de l’institution dans sa des missions de l’institution et est la mise en place d’une politique
globalité. Une veille performante qui travaille avec l’intégralité documentaire consistant à la
est, avec l’observation des usages, des services. conception et la mise en œuvre de
Hadopi Annexe 1 : Organisation et gestion interne 117

méthodes et outils permettant de réutilisation des données relevant


répondre aux missions de la Haute des missions qui lui sont dévolues.
Autorité et aux attentes des agents. Parmi les données brutes issues
Cette politique visera à centraliser mises à disposition sur le site data.
et structurer l’ensemble des savoirs gouv.fr :
produits ou reçus en son sein et de
mettre en place une Gouvernance ■■ Les données issues des travaux
de l’information. en faveur de l’offre légale ;

Le projet vise à améliorer l’efficacité ■■ Les données issues de


de l’organisation documentaire en l’observation, des études et de
assurant la maîtrise et l’accessibilité la recherche.
aux informations en fonction
des exigences des agents et Dans un souci de service public
des interlocuteurs. Il permettra et de mise à disposition des
à terme de limiter les risques connaissances à un plus grand
liés à la mauvaise gestion des nombre, la Haute Autorité continue
documents et de l’information tout à mettre à disposition l’ensemble
en aidant à valoriser le « patrimoine de ces données, notamment celles
informationnel » de l’Hadopi. liées aux baromètres sur les usages
et l’offre légale.
Archives
L’article L. 211-4 du Code du
patrimoine définit les archives
publiques comme « des documents
qui procèdent de l’activité, dans le
cadre de leur mission de service
public, de l’État, des collectivités
territoriales, des établissements
publics et des autres personnes
morales de droit public ou des
personnes de droit privé chargées
d’une telle mission ». La Haute
Autorité étant une structure
publique exerçant une mission
de service public, elle veille à
bâtir et améliorer ses processus
d’archivage. De plus, la Haute
Autorité étant une Autorité
publique indépendante, une partie
de ses archives présente une valeur
juridique ou historique pour l’État
et devra faire l’objet d’un versement
aux Archives nationales.

Poursuite du chantier open data


L’Hadopi s’est inscrite depuis 2011
dans une démarche open data de
mise en ligne de données brutes
afin de permettre et faciliter la
118

GESTION
IMMOBILIÈRE
CONDITIONS FINANCIÈRES ET ÉCHÉANCES RELATIVES AU BAIL

Les locaux loués constituent la tota- Le bail est consenti et accepté 30 septembre 2014 et sous condi-
lité d’un immeuble situé dans le 14e pour une durée de six années tions indemnitaires.
arrondissement de Paris, au 4 rue entières et consécutives à compter
du Texel. Il est composé de deux du 1er octobre 2009, pour finir à Le loyer annuel est fixé à 608 750¤
niveaux de sous-sol et de six niveaux pareille époque de l’année, soit le hors parking, charges, hors taxes
en superstructure, le tout représen- 30 septembre 2015. Il est entendu et droits pour l’année 2014.
tant 1 108  m2 utiles, à usage exclusif entre les parties que le bail est
de bureaux, auxquels s’ajoutaient conclu pour une durée ferme de Dans le cadre de la reconduction du
quatre emplacements de parking trois ans sans faculté de résiliation bail, une renégociation avec le bail-
dans le premier sous-sol du bâti- préalable avant l’expiration de cette leur a été engagée dès le premier
ment mitoyen. Compte tenu de la durée initiale. trimestre 2015 en vue de réduire
contrainte budgétaire à laquelle est encore les frais immobiliers dans
confrontée l’institution, la location La faculté de résilier le bail se les années à venir.
de ces emplacements a été résiliée retrouve chaque année à compter
à compter du 1er avril 2015. du 30 septembre 2012 jusqu’au

INDICATEUR D’EFFICIENCE DE GESTION IMMOBILIÈRE

La surface utile nette (SUN) a été situé en deçà du respect du ratio


évaluée par France Domaine à de surface utile nette prévu par
640,5 m2. Au 31 décembre 2014, le le ministère de la Culture et de la
ratio surface utile nette par agent Communication (12,6 m2/agent).
s’élève à 10,9 m2/agent ; il est donc
Hadopi Annexe 1 : Organisation et gestion interne 119

MOYENS
DE LA HAUTE AUTORITÉ
PRÉSENTATION DU BUDGET PRIMITIF 2015

Présentation du budget

La préparation de l’exercice 2015 Évolution du budget exécuté


est marquée par une forte diminu-
tion des ressources. Le niveau de
subvention est maintenu par rapport
14 000 000 €
à l’exercice précédent, mais diminué
d’un taux de gel plus important
(6M¤ soit 5,52M¤ après un taux 10 500 000 €
de gel à 8 % prévu en 2015, pour
un gel à 7 % en 2014) et les disponi- 7 000 000 €
bilités en fonds de roulement sont
réduites.
3 500 000 €
Les crédits ouverts s’élèvent à
7,84M¤, soit une diminution de 10 %
0
par rapport aux crédits ouverts en
Exécution Exécution Exécution
2014 (8,75M¤, après décision de 2010 2012 2014
budget modificative) et de 13 %
par rapport à la première budgé-
tisation 2014 (8,99M¤) et pour-
suivent donc la trajectoire bais-
sière engagée depuis 2011. 2015 sera le troisième exercice défi- aux amortissements qui n’est pas
citaire consécutif de l’institution. décaissée).
Pour autant, les charges (personnel
et fonctionnement, 7,62M¤) Cela entraîne une insuffisance Pour y pallier et financer les
dépassent les produits (5,52M¤), d’auto-financement de 1,63M¤ investissements (0,22M¤), il
ce qui entraîne une perte de 2,1 M¤. (la perte diminuée de la dotation serait donc nécessaire d’effectuer
120

500

un nouveau prélèvement sur le


fonds de roulement de 1,85M¤. Il
s’établirait alors à 1,31M¤ à la fin Fonds de roulement
2015, soit environ l’équivalent de
deux mois de fonctionnement 2015. 6 000 000 ¤

4 000 000 ¤
Présentation des crédits
par missions
2 000 000 ¤
Les présentations budgétaires
distinguent la mission de protection
des droits incarnée par la réponse 0
graduée (1), la mission d’encourage- FDR fin FDR fin FDR fin
2013 2014 2015
ment au développement de l’offre
légale (2) et la mission d’observa-
tion et de régulation des MTP (3).
Répartition des coûts ventilés (2015)
Leur poids respectif est composé
de coûts directement affectés et
de coûts ventilés : une proratisation
des dépenses communes (loyer,
personnel support, etc.) est 27%
affectée aux missions selon la Réponse graduée
ventilation analytique des ETPT.
Offre légale

61% Observation et MTP


COÛTS 12%
MISSIONS VENTILÉS

Réponse 4 753 301,65 ¤


graduée

Offre légale 969 085,86 ¤

Observation 2 121 394,58 ¤


et MTP Répartition des coûts ventilés (2014)

Total 7 843 782,09 ¤

Cette répartition correspond aux 24%


équilibres des précédents budgets Réponse graduée
(2014 en l’occurrence)
Offre légale

Protection des droits, mise en 62% Observation et MTP


14%
œuvre de la réponse graduée
(61 % des crédits)
La poursuite de la stratégie mise
en œuvre par la Commission
de protection des droits pour la
Hadopi Annexe 1 : Organisation et gestion interne 121

réponse graduée se traduira notam- • l’amélioration du traitement Ces dépenses intègrent également
ment par l’envoi de lettres de rappel des saisines des ayants droit, la poursuite des ateliers de sensi-
pédagogique. L’expérience acquise notamment pour compenser bilisation, notamment auprès des
et les échanges avec les abonnés le fait qu’elles ne sont actuelle- jeunes publics et de la commu-
ont permis de constater que ment pas toutes traitées. En ce nauté éducative.
certains titulaires d’abonnement qui concerne l'effectivité de la
ayant reçu une 1re recommanda- procédure de réponse graduée, En effet, le traitement analytique
tion maîtrisent mal l’utilisation de la Commission de protection de la ventilation des dépenses
leur accès à Internet. Lorsque leur des droits souhaite en effet affecte usuellement les dépenses
dossier permet de penser qu’ils sont pouvoir se concentrer sur les liées aux ateliers de sensibilisation
de bonne foi, ils pourraient rece- dossiers les plus importants ; à la mission « d’encouragement au
voir une lettre simple, permettant développement de l’offre légale »,
de les sensibiliser très en amont • l’automatisation de tâches bien qu’ils concourent également
et d’éviter de les renvoyer devant lourdes et chronophages pour à la mission de « Protection des
la justice. les agents à toutes les phases droits ».
de la procédure de réponse
Le coût de cette mission s’établit graduée (comme par exemple : Le coût de cette mission s’établit
à 4,75M¤ dont 2,53M¤ de coûts le repérage des réitérations, à 0,97M¤ dont 0,52M¤ de coûts
directement affectés. l’instruction des dossiers et directs qui se composent :
l’amélioration du traitement
Ils se composent : des observations des abonnés). ■■ de charges de personnel ;

■■ de charges de personnel ; Encouragement au ■■ de charges de fonctionnement


développement de l’offre correspondant notamment à l’or-
■■ de charges de fonctionnement légale (12 % des crédits) ganisation d’ateliers de sensi-
comprenant notamment des frais En matière d’encouragement au bilisation, à la constitution de
postaux et de télécommunication, développement de l’offre légale, partenariats et à la poursuite
l’hébergement du système d’in- l’expérience acquise conforte la de l’expérimentation relative au
formation de la réponse graduée, stratégie adoptée fin 2013 pour recensement des métadonnées
l’externalisation du centre d’appel dépasser les limites identifiées par associées aux œuvres ;
et la maintenance du système le Collège dans le rapport annuel
d’information ; 2012-2013. ■■ d’investissements destinés aux
évolutions des supports d’infor-
■■ d’investissements correspondant Cette stratégie consiste à privilé- mations sur Internet.
d’une part au report des gier des projets à la fois modestes
investissements engagés en et innovants, orientés vers les inter- Observation des usages et
2014 pour permettre d’engager nautes, permettant d’ouvrir des régulation des MTP (27 % des
la mise en place de lettres de voies nouvelles afin que d’autres crédits)
rappel pédagogique et d’amorcer acteurs puissent s’y engager. Il Durant l’année 2015, les moyens
l’automatisation de la mise en s’agira notamment de poursuivre : dédiés à cette mission seront
œuvre de la 3e phase et d’autre concentrés :
part à l’engagement de nouveaux ■■ la labellisation mais aussi les
investissements permettant : travaux engagés quant au recen- ■■ d’une part, sur la gestion de la
sement des offres pouvant être connaissance - le traitement,
• le respect des textes et règles regardées comme étant légales ; l’analyse et l’exploitation des
de procédures applicables aux données déjà produites grâce
dossiers complexes découverts ■■ les travaux relatifs à la créa- aux études menées ces deux
depuis la mise en œuvre de la tion d’une base commune et dernières années. L’institution
réponse graduée ; publique de métadonnées liées dispose en effet d’un nombre
aux œuvres culturelles. important de données répon-
122

Télécom Paris Tech (0,12M¤)


consacrée à l’analyse des flux
de données relatives aux biens
culturels sur Internet ;

• l’achat de licences (outils logi-


ciels) et de données (études
en souscription, audiences,
mesures, notamment) ;

• la conduite d’études dédiées


aux « indicateurs décret » et
d’outils de veille.

Présentation des crédits


par nature
dant au programme de travail viendra pour partie compenser la
établi par le DREV en 2012 puis réduction des études ad hoc. Les dix premiers postes de dépense
mis à jour en 2014. Il est ainsi représentent plus de 90 % des
prévu d’exploiter plus avant Concernant la régulation des crédits ouverts.
ces données existantes (notes MTP, en l’absence de saisine, les
de synthèse ou d’analyse trans- équipes dédiées pourront engager Les crédits de la catégorie
versale, par exemple) ; des travaux exploratoires sur les « autres  » (mois de 10  % des
problématiques actuelles, notam- dépenses) se répartissent de façon
■■ d’autre part, sur les travaux ment à l’initiative du Collège. diverse (licences, redevances,
de recherche. Ces travaux matériels, fournitures, mission,
présentent, par définition, l’avan- Le coût de cette mission s’élève à formation, ménage, interpréta-
tage d’apporter des résultats 2,12M¤ dont 1,2M¤ de coûts directs riat, etc.)
inédits. De plus, étant appuyés qui correspondent :
sur l’expertise interne, ils sont Bien que diminuées, les charges
moins coûteux que les études. ■■ à des charges de personnel ; de personnel représentent 60 %
Enfin, ils contribuent plus signi- des crédits.
ficativement au rayonnement ■■ à des charges de fonctionne-
et à la légitimité de l’institution, ment. Elles comprennent : Viennent ensuite les « locations
notamment par l’intermédiaire et charges locatives » (11 %) puis
des publications internationales • le recours à des développeurs la dotation aux amortissements
de recherche qui assoient la légi- intérimaires, pour le dévelop- (6 %). Ces trois premiers postes
timité de l’institution. Ils seront pement, en interne, d’outils constituent des dépenses essen-
concentrés sur deux projets  : de mesure directe répondant tiellement obligatoires.
le développement d’un proto- précisément aux besoins de
cole technique de mesure de l’observation des usages ; Les postes suivants constituent
la consommation de contenus des dépenses inéluctables en
culturels sur Internet et sur • la conduite d’expérimenta- ce qu’elles sont nécessaires à la
une évaluation économique et tions avec des laboratoires conduite des missions légales de
sociologique de l’impact de ces de recherche, notamment en l’institution (elles sont même obli-
consommations. économie expérimentale ; gatoires dès lors qu’elles ont été
engagées (marché, contrat, bon
L’achat de données (audience et • la poursuite de la thèse de commande).
études en souscription notamment) co-encadrée par l’Hadopi et
Hadopi Annexe 1 : Organisation et gestion interne 123

BP 2 015

Charges de personnel 4 307 380,78 ¤

Investissements 219 200,00 ¤

Dotations aux amortissements et aux provisions 474 262,00 ¤

Frais postaux et frais de télécommunication 480 766,44 ¤

Publicité, publications, relations publiques 30 819,92 ¤

Colloque, séminaires et documentation 47 469,00 ¤

Travaux d'entretien et de réparations 346 675,72 ¤

Locations 809 771,96 ¤

Études, prestations de services et recherches 365 000,00 ¤

Rémunération d'intermédiaires 207 500,00 ¤

Support informatique, Audit et réversibilité (628) 94 800,00 ¤

Autres 460 136,27 ¤

TOTAL 7 843 782,09 ¤

■■ Les « frais postaux et de télé-


communication » (7 %) et les
« travaux d’entretien et de répa- Répartition des crédits par nature
ration » (hébergement et main-
Charges de personnel
tenance) (5 %) sont nécessaires
2%
à la mise en œuvre de la réponse Investissements
graduée.
Dotationsaux amortissements
5% et aux provisions
■■ Les «  études et recherche  »
(5 %) et la « rémunération d’in- 11% Frais postaux et frais
de télécommunication
termédiaires » (2 %) sont néces-
Publicité, publications,
saires à la conduite de la mission 1% 5% relations publiques
d’observation. Colloque, séminaires
0%
7% et documentations

■■ Les « colloques, séminaires et 60% Travaux d’entretien


et de réparations
documentation » ainsi que la 6%
« publicité, publication et relations Locations

publiques » (1 %) sont nécessaires


Etudes, prestations
à la mission d’encouragement au 3% de services et recherches
développement de l’offre légale. Rémunération d’intermédiaires
124

PRÉSENTATION DU COMPTE
FINANCIER 2014
L’EXÉCUTION BUDGÉTAIRE 2014

L’exécution des prévisions montant de 144 478,25 ¤ : il s’agit L'actif immobilisé
de recettes de l’annulation de charges à payer
sur l’exercice 2011, 2012 et 2013 pour Le montant des créances d’exploita-
Le budget primitif voté le un montant de 73 304,86 ¤ et de tion n’est pas significatif. Les dispo-
4 décembre 2013 portait une prévi- la reprise sur provision pour un nibilités de trésorerie représentent
sion de recettes de 5 618 400 ¤. montant de 71 173,39 ¤. 49 % de l’actif.
Le Ministère de la Culture a notifié
sa subvention pour un montant de Le niveau de trésorerie permet
5 580 000 ¤ ; celle-ci a fait l’objet de couvrir l’intégralité des dettes
d’un versement unique intervenu L’exécution des prévisions inscrites au passif et d’assurer leur
le 18 juin 2014. de dépenses financement dès le début 2015.

Le 2 octobre 2014, le Collège a voté Les prévisions inscrites au budget


une décision modificative ajustant le 2014 et modifiées par les décisions
budget sur le montant de la subven- modificatives des 2 octobre 2014 Le passif
tion versée. et 4 décembre 2014 s’élèvent à
8,75 millions d’euros. Les capitaux propres représentent
Quelques produits divers de 54 % des ressources de l’Hadopi :
gestion courante constitués par Elles ont été réalisées à hauteur de ils s’élèvent fin 2014 à 3,949M¤
des remboursements d’indemnités 8,577 millions d’euros, soit à 98 %. (réserves fin 2013 : 6,417 millions
journalières de l’exercice 2013 par d’euros) - (résultat déficitaire de
les caisses primaires d’assurance Les crédits non consommés l’exercice : -2,468 millions d’euros)
maladie (1 245 ¤) s’ajoutent aux s’élèvent ainsi à 0,173 million d’euros,
recettes de l’exercice. soit 1,9 % des crédits ouverts. Les dettes représentent 6 % du
passif.
Des opérations sans flux de tréso-
rerie ont été constatées pour un Les dettes d’exploitation sont
Hadopi Annexe 1 : Organisation et gestion interne 125

essentiellement constituées par les 8 193 347,49 ¤. Le résultat est Les investissements réalisés en
charges à payer fiscales et sociales : donc déficitaire, à hauteur de 2014 à hauteur de 0,384 M¤ n’ont
0,68M¤, les charges à payer aux 2 467 623,87 ¤. donc pu être couverts par l’autofi-
fournisseurs courants pour 0,33M¤ nancement. En conséquence, une
et aux fournisseurs d’immobilisa- La capacité d’autofinance- reprise sur le fonds de roulement
tions : 0,006M¤. ment représente l’ensemble des a été opérée :
ressources financières générées
Il s’agit de dettes à court terme par les opérations de gestion
décaissables début 2015. de l’établissement, elle doit lui
permettre de couvrir ses besoins Insuffisance d'autofinancement
financiers. Elle mesure la capa- 1,884 million d'euros
cité de financer sur les ressources
Les grands équilibres propres les besoins liés à son exis-
financiers tence tels que les investissements + Acquisitions d'immobilisations
ou les remboursements en capital 2014
Les produits s’élèvent à de dettes. Fin 2014 celle-ci s’éta- 0,384 million d'euros
5 725 723,62 ¤ et les charges à blit ainsi :
= 2,268 MILLIONS D'EUROS

CAPACITÉ D'AUTOFINANCEMENT 2014


(EN MILLIONS D'EUROS)

Résultat de l'exercice (perte) -2,468

+ Dotations aux amortissements et provisions 0,655

- Reprise sur amortissements et provisions 0,071

+ Valeur nette comptable des actifs cédés 0,000

- Produits de cessions d'éléments d'actifs cédés 0,000

- Subvention d'investissement virée au résultat 0,000

INSUFFISANCE D'AUTOFINANCEMENT -1,884


ANNEXE 2

INDICATEURS
PRÉVUS PAR DÉCRET
128

Le décret n° 2011-386 du 11 avril ou illicite, des œuvres et des objets ces études et de les optimiser, dans
2011 relatif aux indicateurs de la protégés par un droit d'auteur ou le but d’une publication d’un appel
Haute Autorité pour la diffusion des par un droit voisin sur les réseaux d’offres au plus tard à la rentrée
œuvres et la protection des droits de communications électroniques. 2015 afin de disposer des données
sur Internet est paru le 13 avril 2011 nécessaires à la rédaction du
au Journal Officiel. Il fixe la liste des Deux études quantitatives en ligne rapport annuel 2016.
indicateurs, mentionnés à l'article sous la forme de baromètres ont été
L. 331-23, relatifs au développe- mises en place pour répondre à ces
ment de l'offre légale, qu'elle soit « indicateurs décret ». Étant donné
ou non commerciale, et à l’observa- les contraintes budgétaires, il est
tion de l'utilisation, qu'elle soit licite nécessaire de repenser entièrement
Hadopi Annexe 2 : Indicateurs prévus par décret 129

INDICATEURS RELATIFS À LA MISSION D'ENCOURAGEMENT AU


DÉVELOPPEMENT DE L'OFFRE LÉGALE, QU'ELLE SOIT COMMERCIALE
OU NON (POINT 1 DE L’ANNEXE AU DÉCRET N°2011-386)

Facteurs favorisant la propriété intellectuelle : respectueuses du code de


le développement motifs invoqués par la propriété intellectuelle
de la consommation les internautes pour se (point 1.1 de l’annexe au
respectueuse du code de tourner vers les offres décret n°2011-386)

Voici plusieurs raisons qui peuvent inciter à consommer de façon légale des produits culturels sur Internet.
Indiquez celles que vous trouvez personnellement les plus motivantes pour consommer de façon légale.

53%
Pour être en conformité avec la loi 36%
47%
45%
Par respect pour les auteurs, les créateurs 40%
41%
41%
Par peur des virus, des logiciels
malveillants, des spams 29%
35%

Pour éviter les mauvaises surprises comme 34%


les contenus non conformes à vos attentes 23%
29%
32%
Pour avoir un produit de meilleure qualité 33%
28%
27%
Pour aider de jeunes artistes,
producteurs, développeurs 40%
27%
27%
Lorsque le contenu, l’oeuvre me plaît vraiment 32%
23%

Pour bénéficier de promotions


20%
ou d’offres intéressantes 18%
18%

Pour ne pas perdre de temps à chercher


17%
un autre moyen pour obtenir le produit recherché 16%
14%
Pour pouvoir obtenir le produit recherché 15%
sur un équipement spécifique, comme 8%
par exemple un Smartphone ou une tablette
11%
Pour une utilisation dans le cadre 10%
d’un usage professionnel 9%
8%
9%
Pour avoir des bonus (pour un film par exemple) 17%
8%
6%
Aucune raison valable
pour consommer de façon légale 10%
11%

0% 10% 20% 30% 40% 50%

Usage licite déclaré Usage illicite déclaré Ensemble Internautes 15 ans et +

Source : Hadopi - IFOP, août 2014, baromètre biens culturels et usages d’Internet : pratiques et perceptions des internautes français.
130

Parmi les facteurs favorisant le contenu des œuvres en lui-même,


développement de la consommation avec :
de biens culturels respectueuse du
Code de la propriété intellectuelle, ■■ la peur des virus, logiciels malveil-
le souci d’être en conformité avec la lants et spams (41 %) ;
loi arrive en tête des motifs évoqués
par les internautes pour se tourner ■■ la crainte de mauvaises surprises/
vers les offres respectueuses du d’un contenu non conforme
droit d’auteur (53 %). Le respect (34  %) ;
des auteurs et créateurs est aussi
un motif essentiel puisqu’il arrive ■■ l’obtention d’un produit de meil-
en deuxième position avec 45 %. leure qualité (32 %).
Viennent ensuite des critères liés au

Parmi les différentes qualités suivantes, quels sont selon vous le ou les atouts de l'offre légale par rapport à
l'offre illégale ?

55%
Le respect des droits d’auteur 54%
58%
49%
La sécurité, que ce soit au niveau
du paiement, de l’absence de virus… 42%
53%
39%
La garantie d’un contenu
conforme à vos attentes 33%
46%

La sauvegarde de vos achats 27%


par le site en cas de perte 27%
31%
24%
La facilité/rapidité d’accès 24%
30%

Les critiques, avis d’internautes, 11%


informations sur les auteurs... 11%
13%
13%
Aucun atout 11%
7%

0% 10% 20% 30% 40% 50% 60%

Usage licite déclaré Usage illicite déclaré Ensemble Internautes 15 ans et +

Source : Hadopi - IFOP, août 2014, baromètre biens culturels et usages d’Internet : pratiques et perceptions des internautes français

Pour plus d’un internaute sur deux ■■ le respect des droits d’auteur.
interrogé, les atouts de l’offre licite
par rapport à l’offre illicite sont : Vient ensuite la garantie d’un
contenu conforme aux attentes
■■ la sécurité de l’offre (paiement, chez 46 % des sondés.
absence de virus, etc.) ;
Hadopi Annexe 2 : Indicateurs prévus par décret 131

Facteurs faisant obstacle les internautes pour se


au développement détourner des offres
de la consommation respectueuses du code de
respectueuse du code de la propriété intellectuelle
la propriété intellectuelle : (point 1.2 de l’annexe au
motifs invoqués par décret n°2011-386)

Pour quelle(s) raison(s) ne consommez-vous pas aujourd’hui de la musique, des vidéos, des jeux vidéo, des
livres, des séries TV, des photos ou des logiciels de façon licite ?

Sous-total Prix 70%


Le prix à l'unité est trop élevé 57%
Les prix des abonnements sont trop élevés 52%
Sous-total Contenu de l'offre 48%
Les sites légaux proposent une offre trop limitée 25%
Pas toujours possible de tester le contenu avant achat 18%
Impossible de découvrir des nouveautés rapidement 17%
Ce n'est pas facile de trouver l'oeuvre que je cherche 14%
Sous-total Habitude 47%
Pourquoi payer ce que je peux obtenir gratuitement ? 34%
Par habitude, j'ai toujours consommé de façon gratuite 29%
Verrous numériques (DRM) 15%
Les sites légaux ne sont pas faciles à utiliser 10%
Les sites légaux ne sont pas faciles à trouver 8%
Sous-total Mode de paiement 22%
J'ai peur de communiquer mes données bancaires 17%
Pas de CB ou d'autres moyens de paiement 6%
Pas besoin pour des contenus qui m’intéressent peu 18%
Je ne connais pas de sites légaux 8%

0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80%

Base : Individus ayant déclaré consommer au moins un bien de manière illicite


Source : Hadopi - IFOP, août 2014, baromètre biens culturels et usages d’Internet : pratiques et perceptions des internautes français

Parmi les motifs invoqués par les


internautes pour se détourner des
offres respectueuses du Code de
la propriété intellectuelle, le prix
reste le principal argument avancé
(70 %). Le contenu de l’offre arrive
ensuite en seconde position (48 %),
suivi par le poids des habitudes
(48 %).
132

Indicateurs relatifs au nique de protection (MTP) Indicateurs relatifs à


développement de la perception du label
l'offre légale labellisée ■■ Mode d’accès aux contenus : accordé en application
(point 1.3 de l’annexe de l'article L. 331-23 du
au décret n°2011-386) : • 4 services proposent leur cata- code de la propriété
nombre de services de logue en accès gratuit intellectuelle (point 1.4 de
communication au public l’annexe au décret n°2011-
en ligne labellisés en • 5 services proposent leur cata- 386)
application de l’article logue en accès payant
L131-23 du CPI Indicateurs relatifs au
Parmi les services titulaires du label développement de l’offre
Nombre de services de communica- « offre légale Hadopi » : légale labellisée
tion au public en ligne labellisés en Proportion du public ayant connais-
application de l’article L. 331-23 du ■■ 4 services sont musicaux sance du label accordé en applica-
Code de la propriété intellectuelle tion de l’article L. 331-23 du Code de
et ventilation des services selon : ■■ 1 service est en vidéo à la la propriété intellectuelle : 19 % des
demande (VOD) internautes déclarent avoir entendu
Nombre d’œuvres et objets parler d’un label permettant d’iden-
protégés proposés : ■■ 3 services sont des plateformes tifier les sites respectueux du droit
de livre numérique d’auteur.
■■ 9 services proposent moins
d’1 million d’objets protégés ; ■■ 1 service propose des images

■■ Aucun service ne propose entre


1 million et 5 millions d’œuvres ;

■■ Aucun service ne propose entre


5 millions et 10 millions d’œuvres ; Avez-vous entendu parler d'un label permettant d'identifier des sites
et plateformes Internet proposant des offres légales, respectueuses
■■ Aucun service ne propose plus du droit d'auteur (musique, jeux vidéo, livres, films, séries TV, photos
de 10 millions d’œuvres ou logiciels) ?

Condition d’accès à la lecture et de


reproduction des œuvres et objets
protégés proposés :
19%

■■ Diffusion en flux (streaming),


gratuit et/ou payant :
Oui, en a entendu parler

• 5 services proposent leur cata- Non, n'en a pas entendu parler


logue en streaming
81%
• 4 services proposent leur cata-
logue en téléchargement

■■ Mise en œuvre de mesures tech-


niques de protection :
Source : Hadopi – Harris Interactive, juin 2014, baromètre de l’offre légale 3e vague
• 9 services proposent leur cata-
logue avec une mesure tech-
Hadopi Annexe 2 : Indicateurs prévus par décret 133

Avez-vous entendu parler du label Offre Légale Hadopi ?

33%

Oui, en a entendu parler

Non, n'en a pas entendu parler

67%

Source : Hadopi – Harris Interactive, juin 2014, baromètre de l’offre légale 3e vague

Incidence de ce label dans les


critères de choix d’une offre
par le public Diriez-vous que le label Offre Légale Hadopi peut avoir une incidence
Une fois présenté, le label apparaît dans votre choix de consommation sur Internet de produits culturels
comme utile pour les internautes : (musique, vidéos, jeux vidéo, livres, séries TV, photos ou logiciels) ?
41 % d’entre eux estiment qu’il peut
avoir une incidence dans leur choix
de consommation de produits et ST NON : 38% ST OUI : 41%
35
services culturels sur Internet.
30

Le graphique suivant permet d’ob- 29%


25
server que, de façon générale, la
présence d’un label sur un site est 20 22% 21%
un indice permettant aux inter- 15 17%
nautes d’identifier le caractère
légal d’un site. 10 12%
5

0
Sans Non, Non, Oui, Oui,
opinion pas plutôt plutôt tout
du tout pas à fait

Source : Hadopi – Harris Interactive, juin 2014, baromètre de l’offre légale 3e vague
134

Parmi les éléments listés ci-dessous, lesquels vous permettent d’identifier le caractère légal des sites
proposant des produits ou services culturels ? C’est légal :

39%
Lorsque la marque / le nom du site est connu 43%
46%
38%
Lorsqu’on a accès à
un paiement sécurisé 36%
41%
32%
Lorsque le site propose une charte
et des conditions d’utilisation 30%
39%
30%
Lorsque le propriétaire est clairement identifié 32%
36%

Lorsque le site est labellisé ou parrainé


26%
par un organisme de confiance 38%
30%
21%
Lorsque c’est payant 25%
20%
Lorsque qu’il est possible de contacter 18%
le propriétaire du site par téléphone 17%
ou par courrier électronique 20%
13%
Lorsque le site est professionnel d’apparence 14%
17%
9%
Lorsqu’il y a de la publicité 7%
12%

Lorsque le catalogue de produits culturels 8%


proposés est large 9%
10%
23%
Je ne sais pas 15%
14%

0% 10% 20% 30% 40% 50%

Usage licite déclaré Usage illicite déclaré Ensemble Internautes 15 ans et +

Source : Hadopi - IFOP, août 2014, baromètre biens culturels et usages d’Internet : pratiques et perceptions des internautes français
Hadopi Annexe 2 : Indicateurs prévus par décret 135

INDICATEURS RELATIFS À LA MISSION D'OBSERVATION DE


L'UTILISATION, QU'ELLE SOIT LICITE OU ILLICITE, DES ŒUVRES
ET DES OBJETS PROTÉGÉS PAR UN DROIT D’AUTEUR OU UN DROIT
VOISIN SUR LES RÉSEAUX DE COMMUNICATIONS ÉLECTRONIQUES
(POINT 2 DE L’ANNEXE AU DÉCRET N°2011-386)

Volume de l'utilisation des L’Hadopi a mené en 2014 une 12 256 internautes âgés de 15 ans
œuvres et objets protégés, étude basée sur la méthode des et plus ont été interrogés lors de
qu'elle soit licite ou carnets de consommation. Lors la phase de recrutement. Au bout
illicite, sur les réseaux de de cette étude il a été demandé des sept jours consécutifs d’en-
communication au public aux participants de renseigner quête, 5 985 personnes avaient
en ligne et ventilation des questionnaires en ligne de correctement rempli l’ensemble
selon les catégories façon quotidienne, durant sept des carnets de consommation. Elles
d'œuvres et d'objets jours consécutifs et d’y relever sont représentatives des consom-
protégés et les modes sa consommation journalière de mateurs de biens culturels. Cette
d’utilisation (point 2.1 de musique, films jeux vidéo et livres/ étude a ainsi permis d’obtenir les
l'annexe du décret n°2011- BD dématérialisés. volumes consommés suivants.
386)

Au cours de la semaine de test, les consommateurs de chacun des biens culturels suivants ont consommé…

EN STREAMING* EN TÉLÉCHARGEMENT*

Musiques 129 102 morceaux de musique 9 270 morceaux de musique

Films 3 310 films 1 951 films

Séries TV 11 231 épisodes 4 747 épisodes

Livres / BD 1 221 livres/BD 1 277 livres / BD

Jeux vidéo Non applicable 1 568 jeux

* Il s'agit ici aussi bien de plateformes diffusant des contenus illicites ou licites

Source : Hadopi – Opinion Way, juin 2015, Étude du volume de consommation des biens et services culturels dématérialisés – Étude « Carnets de
consommation »
136

EN STREAMING* EN TÉLÉCHARGEMENT*

Musiques 31,59 morceaux de musique 7,99 morceaux de musique

Films 1,89 films 2,11 films

Séries TV 4,43 épisodes 5,09 épisodes

Livres / BD 2,35 livres / BD 3,02 livres / BD

Jeux vidéo Non applicable 4,07 jeux

* Il s'agit ici aussi bien de plateformes diffusant des contenus illicites ou licites

Source : Hadopi – Opinion Way, juin 2015, Étude du volume de consommation des biens et services culturels dématérialisés – Étude « Carnets de
consommation »

En ce qui concerne la consommation sur des plateformes offrant des contenus licites versus celles offrant
des contenus illicites, l’étude permet de recueillir les taux suivants.

MUSIQUES FILMS SÉRIES TV LIVRES / BD JEU


VIDÉO

Téléchar- Téléchar- Téléchar- Téléchar- Téléchar-


Streaming Streaming Streaming Streaming
gement gement gement gement gement

LICITE 87 % 65 % 50 % 24 % 53 % 23 % 51 % 44 % 59 %

ILLICITE 5 % 19 % 32 % 57 % 36 % 60 % 21 % 23 % 15 %

NSP 8 % 16 % 18 % 19 % 11 % 17 % 28 % 33 % 26 %

Source : Hadopi – Opinion Way, juin 2015, Étude du volume de consommation des biens et services culturels dématérialisés – Étude « Carnets de
consommation »

Consommation payante
ENSEMBLE INTERNAUTES 15 ET +
d'œuvres et objets
protégés, qu'elle soit licite
ou illicite : évaluation du PANIER MOYEN MENSUEL 19 ¤
panier moyen déclaré de
la consommation payante PANIER MOYEN MENSUEL
d'œuvres et objets (À PARTIR D'1 EURO DÉPENSÉ) 31 ¤
protégés.

En déclaratif, le panier moyen Source : Hadopi, juill. 2014, baromètre biens culturels et usages d’Internet
consacré aux produits et services
culturels dématérialisés est de 31¤
à partir du premier euro dépensé.
Hadopi Annexe 2 : Indicateurs prévus par décret 137

Profil des internautes qui utilisent de manière licite/illicite des œuvres et des objets
protégés et ventilation selon leur âge, sexe, profession, équipement, lieu de résidence,
antériorité de la pratique et capacité à distinguer l’utilisation licite de l’utilisation

Âge des consommateurs « licites » Âge des consommateurs « illicites »

1% 3%

7%
14%
23% 15-17 ans 15-17 ans

18-24 ans 21% 18-24 ans


37%
25-39 ans 25-39 ans

28% 40-59 ans 40-59 ans

60 ans et + 60 ans et +
34%
32%

Sexe des consommateurs « licites » Sexe des consommateurs « illicites »

Hommes 42% Hommes


48%
Femmes Femmes
52%
58%

Source : Hadopi - IFOP, août 2014, baromètre biens culturels et usages d’Internet : pratiques et perceptions des internautes français
138

Profession et catégorie sociale des consommateurs Profession et catégorie sociale des consommateurs
« licites » « illicites »

30% 33%
37% CSP+ 40% CSP+

CSP- CSP-

Inactifs Inactifs

33% 27%

Source : Hadopi - IFOP, août 2014, baromètre biens culturels et usages d’Internet : pratiques et perceptions des internautes français

Parmi les équipements suivants, le(s)quel(s) possédez-vous à titre personnel ?

Un appareil photo numérique 69%


Un ordinateur portable 69%
Un téléphone mobile 60%
Un ordinateur fixe 54%
Un smartphone (iPhone, Blackberry, HTC...) 53%
Un disque dur externe 51%
Une webcam 44%
Une console de jeux de salon (PS3, Xbox360, Wii...) 36%
Un baladeur MP3 (iPod, Archos...) 31%
Une télévision connectée à Internet 25%
Une console de jeux portable (DS, PSP...) 24%
Un mini-PC portable (Netbook...) ou tablette tactile (iPad...) 21%
Un lecteur de DVD portable 19%
Un baladeur vidéo (iPod, Archos...) 10%
Un livre électronique (eBook, Kindle...) 8%
Un PDA (agenda électronique) 2%
Sous-total Téléphone Mobile 85%
Sous-total Ordinateur 94%
Sous-total Console de jeux 41%

0% 20% 40% 60% 80% 100%

Base : Ensemble internautes 15 ans et +


Source : Hadopi - IFOP, août 2014, baromètre biens culturels et usages d’Internet : pratiques et perceptions des internautes français
Hadopi Annexe 2 : Indicateurs prévus par décret 139

Département de résidence des consommateurs Département de résidence des consommateurs


« licites » « illicites »

18% 18%

Région parisienne Région parisienne

Province Province

82% 82%

Source : Hadopi - IFOP, août 2014, baromètre biens culturels et usages d’Internet : pratiques et perceptions des internautes français

Capacité estimée à distinguer l’utilisation licite de l’utilisation illicite :


Lorsque vous consommez du contenu culturel sur Internet (musique,
vidéos, jeux vidéo, livres, séries TV, photos ou logiciels) si vous payez
ces contenus, est-ce que selon vous ils sont :

100%

36%
80%
52%

60% 67%

43%
40% 18%

20% 12%
30%
21% 21%
0%
Ensemble Usage Usage
Internautes illicite licite
15 ans et + déclaré déclaré

Les contenus payants sont :

forcément légaux pas forcément légaux Je ne sais pas

Source : Hadopi - IFOP, août 2014, baromètre biens culturels et usages d’Internet : pratiques et perceptions des internautes français
ANNEXE 3

VEILLE
INTERNATIONALE
142

L’Hadopi étudie depuis plusieurs anglais (textes de lois, jurispru- ré-exploitées par certains de nos
années les dispositifs mis en place dence, articles de presse, échanges interlocuteurs.
à l’étranger pour lutter contre la téléphoniques avec des interlocu-
contrefaçon en ligne. Cet exercice teurs à l’étranger, etc.). Il n’a pas Ces données permettent aujourd’hui
de veille s’appuie sur une analyse toujours été possible d’obtenir à l’Hadopi de dresser une approche
des textes étrangers laquelle est des informations aussi précises comparée des dispositifs de lutte
– en tant que possible – corro- pour chacun des pays notam- contre la contrefaçon en ligne à
borée dans le cadre d’échanges ment en raison des différences juri- l’international. Au soutien de cette
et de contacts noués avec les pays diques entre les systèmes. Ainsi, approche, seront présentées les
concernés. Les informations ont été des approximations peuvent être analyses effectuées pour les diffé-
collectées par les services grâce présentes dans le document. Ces rents pays. Un tableau synthétise les
à la compilation de différentes informations ont d'ores et déjà été différents dispositifs de lutte contre la
sources, la plupart du temps en communiquées et le cas échéant contrefaçon en ligne suivant les pays.

APPROCHE COMPARÉE DES DISPOSITIFS DE LUTTE


CONTRE LA CONTREFAÇON EN LIGNE À L’INTERNATIONAL

Nombre de pays ont compris les eux-mêmes considérés comme ■■ qu'aucune imputation de
enjeux du piratage et cherchent massivement contrefaisants. faits de mise à disposition
dans le respect de leur tradition et téléchargement n'a été
juridique, des dispositifs innovants Ces approches ne sont en aucun reconnue comme effectuée à
chacun en s’inspirant – pour cela cas exclusives, et s’avèrent au tort, sauf en de très rares cas
– des mécanismes mis en place à contraire complémentaires, afin qui ont trouvé explication : les
l’étranger. de s'adresser à la fois, d'une part, technologies de reconnaissance
à l'internaute «  tout venant  » et d'identification, analogues
Le constat est partagé à pour le sensibiliser au respect de à celle que mettent en œuvre
l’international sur le besoin de la propriété intellectuelle et au conjointement les ayants droit,
combiner différents outils pour financement de la création par la Commission de protection des
lutter contre le piratage, les l'envoi de messages qui lui sont droits et les Fournisseurs d’Accès
procédures judiciaires initiées par nommément adressés en tant que Internet depuis l'origine, a prouvé
les ayants droit s’avérant souvent responsable à l'accès, d'autre part, pleinement sa fiabilité.
longues et coûteuses et parfois aux acteurs dont la démarche est
inadaptées face à la nécessité principalement de tirer des revenus Dans le cadre de la lutte pour des
d’une intervention rapide à l’égard d'une activité qu'ils savent illicite. actes de contrefaçon réalisés via
d’une offre illicite qui se déplace D'une manière générale, il est à les réseaux de pair-à-pair et visant
très rapidement. relever : les internautes, des dispositifs
graduels de rappel préalable
En France comme à l’étranger, ont ■■ qu'aucun dispositif n'est exempt à la loi impliquant un système
ainsi émergé différents dispositifs de critiques, portant à la fois d’avertissements préalables -
de lutte contre la contrefaçon en sur les atteintes supposées à réitérés en cas de récidive - avant
ligne tant à l’égard des internautes la vie privée des internautes, et poursuite ne sont pas isolés.
pour des actes de contrefaçon l'évidence alléguée d'une absence Plusieurs pays ont soit facilité
réalisés via les réseaux de pair- d'efficacité ; la mise en place d’un système
à-pair, qu’à l’encontre des sites privé entre Fournisseurs d’Accès
Hadopi Annexe 3 : Veille internationale 143

à Internet (FAI) et ayants droit semblent faire consensus  :


(tels que l’Australie, les États-Unis, l’approche dite « follow the money »
l’Irlande, le Royaume-Uni), soit ont d’assèchement des ressources
imposé par la loi un tel système publicitaires et financières de ces
notamment en assujettissant les FAI sites en combinant l’action des
à des obligations particulières de ayants droit et des intermédiaires
notifications en cas de saisine des de la publicité et du financement
ayants droit (tels que le Canada, (approche mise en œuvre en
la Corée du Sud, la Nouvelle- France, en Espagne, aux États-
Zélande, Taïwan et dans le projet Unis, en Italie et au Royaume-Uni
actuellement étudié en Suisse). et discutée en Allemagne, en
Australie et en Suisse), souvent
Ces dispositifs ont été conçus mise en place via l’autorégulation ;
comme une alternative (Australie, l’encadrement par loi de procédures
Royaume-Uni) ou à tout le à la demande des ayants droit
moins un préalable (Canada, pouvant déboucher sur le retrait
France, Nouvelle-Zélande, des œuvres ou les blocages de
Suisse) à des actions en justice sites, lesquelles peuvent être mises
contre les internautes. Ainsi, en œuvre par l’Autorité publique
certains dispositifs ne prévoient (en Espagne et en Italie).
aucune sanction (notamment
le Royaume-Uni), alors que Dans ce contexte, le modèle
d’autres prévoient la mise en français, qui combine intervention
œuvre de mesures de restriction de l’Autorité publique, recours au
à l’encontre des abonnés par les juge pour les procédures de blocage
FAI, le cas échéant, sous le contrôle et le prononcé des sanctions dans
du juge, qui peuvent être variées le cadre de la réponse graduée,
(ralentissement du débit ou encore et autorégulation sous l’égide des
apparition de pop-ups ou des pouvoirs publics, se distingue par
emails de rappel qui apparaissent un souci tout particulier du respect
lors de la connexion de l’abonné aux des droits et libertés en cause. Il
États-Unis, suspension de l’accès apparaît de plus que le recours
Internet par le FAI en Irlande et à l’autorité publique offre des
à Taïwan ou encore suspension garanties importantes, notamment
du compte utilisateur sur le site s’agissant du respect des données
utilisé et ce par ce site en lien personnelles des internautes pour
avec l’Autorité locale chargée de les procédures de réponse graduée,
mettre en œuvre le dispositif). mais également, s’agissant de la
À noter que certains dispositifs, lutte contre les sites massivement
à l’instar de la France, relèvent contrefaisants, en matière de droit
en outre d’une forte logique de de la concurrence, de fiabilité et
pédagogie, de sensibilisation et de contrôle des sites objets des
intègrent également une dimension mesures prises par les acteurs
de promotion de l’offre légale (en de la publicité et du paiement en
Australie, au Royaume-Uni, en ligne. À cet égard, il ressort que les
Suisse). avantages tirés d’une intervention
d’une Autorité publique peuvent
En matière d’actions mises en œuvre être estimés comme supérieurs
à l’égard des sites massivement aux contraintes liées à cette
contrefaisants, deux dispositifs intervention.
144

TABLEAU SYNTHÉTISANT LES DIFFÉRENTS DISPOSITIFS DE LUTTE


CONTRE LA CONTREFAÇON EN LIGNE SUIVANT LES PAYS

ACTIONS CONTRE LES INTERNAUTES PARTAGEANT DES ŒUVRES SUR INTERNET

Allemagne Australie Canada

Mécanisme
d'avertissements dit de
Projet de mise en œuvre "Notice and Notice" :
d'un mécanisme graduel procédure très peu
d'avertissements (à encadrée prévoyant
partir du 1er septembre
TYPE DE l'envoi par le FAI (sur
2015) : 3 étapes saisine des AD) d'un ou
DISPOSITIF de notification aux plusieurs avis à leurs
internautes par le abonnés pouvant servir
FAI avant possibilité comme éléments à
d'action contentieuse charge dans le cadre
indemnitaire par les AD d'une procédure en
contrefaçon

Autorégulation sous
la menace de la loi :
FONDEMENT DU un code a été rédigé Loi sur la modernisation
par les FAI après du droit d’auteur de
DISPOSITIF consultation des AD 2012
ENVOI DE MAIL et des associations de
D'AVERTISSEMENTS consommateurs
PRÉALABLES

INTERVENTION
D’UNE ENTITÉ
DÉDIÉE

Possibilité pour les AD


EXISTENCE d'utiliser les avis comme
Dispositif purement
D’UNE pédagogique élément à charge dans le
SANCTION cadre d'une procédure
contentieuse

Dispositif singulier : Les


AD peuvent demander
en justice l’identité du Le dispositif est parfois
titulaire d’une adresse IP détourné par des
ENVOI DIRECT DE COURRIERS pour l'envoi de mise en entreprises américaines
demeure directement
DE MISE EN DEMEURE À VISÉE aux internautes avec pour demander
INDEMNITAIRE directement via les mises
injonction de payer aux en demeure des sommes
AD des dommages et d'argent aux internautes
intérêts et frais d'avocats
(dont la somme est
encadrée)

NB : ne sont pas mentionnés dans ce tableau les pays ne disposant pas - à notre connaissance - de dispositif dédié aux sites tels que l'Italie et l'Espagne.
Hadopi Annexe 3 : Veille internationale 145

ACTIONS CONTRE LES INTERNAUTES PARTAGEANT DES ŒUVRES SUR INTERNET

États-Unis Irlande Nouvelle-Zélande Royaume-Uni Suisse Taïwan

Projet de
Projet de dispositif
Dispositif graduel Dispositif graduel dispositif graduel
Dispositif graduel d'avertissement :
d'avertissement d'avertissements d'avertissement :
d'avertissement : envoi par les FAI de Dispositif graduel
préalable très par les FAI sur après l'envoi de
trois étapes de mails aux abonnés d'avertissements :
encadré : 3 saisine AD : détail 2 notifications
notification par dont l’adresse envoi de
grandes phases, de la procédure l'identité de
le FAI avant IP leur aura été notifications à la
qui comprennent (minimum 2 l'internaute pourra
possibilité d'action communiquée par demande des AD
chacune 2 étapes. étapes) ; nature être dévoilée
contentieuse des les ayants droit. Sa par les FAI avant
Le dispositif peut de la sanction aux AD aux
AD en dommages mise en place est sanction
varier d’un FAI à précisée dans fins d'introduire
et intérêts prévue pour fin
l’autre. chaque accord des actions
2015 contentieuses

Par conclusion
d'accords
bilatéraux entre
FAI/AD volontaire Projet de loi qui
Accord contractuel ou à défaut devrait être soumis
Autorégulation
de 2011 entre les depuis 2012 Loi de 2011 à consultation Loi de juillet 2009
privée
FAI et les AD d'une obligation publique préalable
légale qui peut début 2016
donner lieu à une
injonction par le
juge

Une entité dédiée,


le Copyright
Center Information
(CCI) regroupant
des FAI et des
AD coordonne la
mise en place du
dispositif

Système qui Possibilité pour


diffère selon les les AD d'engager Possibilité pour
FAI : possibilité de une procédure l'AD d'obtenir Possibilité de
mettre en œuvre contentieuse Dispositif l'identité de résiliation de
des mesures indemnitaire. En purement l'internaute afin l'accès Internet
de restrictions cas d'insuffisance pédagogique d'introduire / retrait des
à l'encontre de du dispositif, des actions contenus
l'abonné (ex : est envisagée la contentieuses.
ralentissement du suspension de
débit) l'accès à Internet

Procédure
parallèle :
possibilité pour les
AD d'envoyer des
mises en demeure
indemnitaires aux
abonnés
146

LUTTE CONTRE LES SITES MASSIVEMENT CONTREFAISANTS

Allemagne Australie

DISPOSITIF ENCADRÉ PAR


UNE AUTORITÉ

ACTIONS À L'ÉGARD
DES INTERMÉDIAIRES
TECHNIQUES Possibilité pour les AD
d'envoyer des courriers de
notification aux hébergeurs Projet de loi en cours pour
MESURES POSSIBLES avec injonction de retrait permettre aux AD de
prolongé sous peine de
ENJOINTES AUX demandes et d'actions demander au juge la mise en
INTERMÉDIAIRES œuvre de mesures blocage
indemnitaires / Possibilité de sites par les FAI
pour le juge d'enjoindre la
mise en place de mesures de
surveillance ciblées

Autorégulation : alliance entre


les ayants droit et les acteurs
de la publicité en ligne. Cette
alliance est actuellement Autorégulation : un code
bloquée car l'Autorité de a été élaboré mais sa mise
FONDEMENT la concurrence mène des en œuvre se heurte à la
investigations, L’alliance a résistance des acteurs de la
ACTION VISANT À établi un code afin d'encadrer publicité
RESPONSABILISER la procedure et déterminer
les sites « structurellement
D’AUTRES FOLLOW contrefaisants »
ACTEURS QUE LES THE
INTERMÉDIAIRES MONEY
TECHNIQUES

INTERVENTION
D'UNE ENTITÉ
DÉDIÉE

NB : ne sont pas mentionnés dans ce tableau les pays ne disposant pas - à notre connaissance - de dispositif dédié aux sites tels que le Canada, la Nouvelle-
Zélande, l'Irlande.
Hadopi Annexe 3 : Veille internationale 147

LUTTE CONTRE LES SITES MASSIVEMENT CONTREFAISANTS

Espagne États-Unis Italie Royaume-Uni Suisse

La Commission de
propriété intellectuelle L'AGCOM (régulateur)
du Ministère de la met en œuvre
Culture met en œuvre la procédure de
la procédure de notification et retrait
notification et retrait (contradictoire) sur
(contradictoire) sur saisine des AD et sous
saisine des AD et sous contrôle du juge
contrôle du juge

Le juge prononce de
nombreuses décisions
Possibilité pour la Le vote des de blocage. Il existe
L’AGCOM peut
Commission de propositions de lois souvent par la suite
ordonner notamment Un projet de loi sera
propriété intellectuelle SOPA et PIPA a été des accords entre
le retrait des œuvres mis en consultation
de demander le reporté sine die en les FAI et les AD sur
aux hébergeurs et début 2016, qui devrait
retrait pérenne (avec janvier 2012 à la suite l'actualisation des
demander aux FAI prévoir le blocage des
amende), le blocage, de vives contestations sites objets de ces
la mise en place de sites par une Autorité
le déréférencement, de la société civile, injonctions. Par ailleurs
mesures de blocage administrative. Un
suspension du nom essentiellement à la Police de Londres
du site entier. La police recours de la décision
de domaine. Recours cause des mesures peut demander la
douanière et financière serait possible devant
au juge en cas de de blocage qu'elles suspension du nom
peut par ailleurs saisir le juge
nécessité d'obtenir auraient permis de de domaine d'un site
la justice
l'exécution forcée prendre considéré comme
manifestement
contrefaisant.

Sous l'égide des


services de police
en charge de Autorégulation :
l'établissement
Législatif : depuis une création d’un
de la liste des
loi d’octobre 2014, groupe de travail qui
Autorégulation : en sites massivement
la Commission de regroupe des AD et
Autorégulation : les juin 2014, un accord contrefaisant
propriété intellectuelle des représentants du
acteurs du paiement a été signé entre les (Infringing Website
peut demander aux gouvernement qui
ont signé des accords AD et les acteurs de la List), s'est instauré
intermédiaires du réfléchit à la mise en
en 2011. Des acteurs de publicité avec le soutien un mécanisme de
paiement et de la œuvre d'une approche
la publicité ont pris des de l’IAB (association collaboration avec les
publicité de cesser follow the money et
engagements en 2012 internationale dédiée au acteurs de la publicité.
de collaborer avec les devrait s'associer des
et 2013 développement de la Ce dispositif prévoit
sites contrefaisants acteurs de la publicité
publicité interactive) outre les mesures
(possibilité de lourdes et du paiement pour
d'assèchement,
amendes) parvenir à la signature
le remplacement de chartes
des publicités par
des messages
pédagogiques

Le National Intellectual La Police de Londres


Property Rights
Mise en œuvre de qui a créé une unité
Coordination Center Le groupe de travail
l'approche follow dédiée aux infractions
contribue à la mise follow the money
the money par la en matière de propriété
en œuvre de cette a été créé par le
Commission de intellectuelle (Police
procédure à l'encontre gouvernement
propriété intellectuelle Intellectual Property
des intermédiaires de Crime Unit - PIPCU)
paiement
148

ANALYSE DES DISPOSITIFS DE LUTTE CONTRE LA CONTREFAÇON EN


LIGNE DES PRINCIPAUX PAYS

Allemagne afin de lui enjoindre de payer des En 2013, la somme moyenne


dommages et intérêts pour éviter demandée par les ayants droit
L’Allemagne ne s’est pas dotée d’un d’être poursuivi en justice. était de 829,11 euros et 15 % des
dispositif graduel de rappel à la internautes recevant ces courriers
loi. En revanche, il existe tout de Les courriers de mise en demeure auraient réglé la somme demandée.
même une forme différente d’ac- adressés à l’internaute indiquent
tion à l’égard des internautes parta- ainsi précisément la somme que Les premières études réalisées en
geant illégalement des œuvres l’ayant droit lui réclame, cette Allemagne ont laissé apparaître
sur les réseaux de pair-à-pair. Par somme recouvrant également – que l’ampleur du téléchargement
ailleurs, elle s’engage dans la lutte outre les dommages et intérêts illégal serait en baisse. Ainsi l’étude
contre les services en ligne centra- liés au partage des œuvres sans Digitale Content Nutzung réalisée
lisés massivement contrefaisants. autorisation – les frais d’avocat que en 2011 montre que le nombre de
l’ayant droit a dû supporter. personnes ayant téléchargé illéga-
Actions à l’égard des lement des contenus a baissé de
internautes partageant Depuis octobre 2013, la loi alle- 4,5 millions en 2009 à 3,7 millions
illégalement des œuvres sur les mande encadre désormais davan- en 2010.
réseaux pair-à-pair tage cette pratique, pour éviter
Le dispositif allemand ci-après certains abus, en imposant : C’est pourquoi ce système d’envoi
exposé s’est développé à partir de lettre de mise en demeure (de
d’une approche plus tradition- ■■ des règles sur le contenu et le nature directement indemnitaire)
nelle de la lutte contre la contre- formalisme de ces courriers ; a été présenté comme un succès
façon, qu’on pourrait qualifier par les ayants droit.
« d’indemnitaire ». ■■ une limitation à 155,30 euros
quant au montant des frais Ce dispositif a cependant égale-
S’est ainsi généralisé en Allemagne d’avocats susceptibles d’être ment été vivement critiqué tant il
un dispositif assez singulier. demandés par dossier. Cette pouvait être perçu comme intrusif
disposition vise à mettre un terme et assimilé à une technique de
Les ayants droit vont devant le juge à certains abus, les sommes récla- chantage.
pour demander aux FAI l’identité mées précédemment au titre de
du titulaire d’une adresse IP qui ces frais étant susceptible d’aller En France, de telles initiatives
a été utilisée pour partager illé- jusqu’à 10 000 euros. ont trouvé leurs limites dans la
galement des œuvres en pair-à- législation en matière de respect
pair. Toutefois, l’objectif de cette Les ayants droit ont envoyé 109 des données personnelles(100) et
requête n’est pas d’intenter une 000 courriers en 2013 demandant les règles de déontologie des
action contentieuse, mais plutôt 90.3 millions d’euros de compen- avocats(101).
de pouvoir prendre contact direc- sation. Les courriers concernent
tement avec l’internaute, via un majoritairement le partage de films
avocat ou une société spécialisée, (43.9 %) puis la musique (22.8 %).

(100) Décision 2004-499 DC du 29 juillet 2004 du Conseil constitutionnel ; CE du 23 mai 2007, req. n°288149.
(101) Une avocate mettant en œuvre ce genre de pratique a été sanctionnée en 2008 par le Conseil de l’Ordre du Barreau de Paris par une interdic-
tion temporaire d’exercice de la profession d’avocat pendant une durée de 6 mois avec sursis.
Hadopi Annexe 3 : Veille internationale 149

Lutte contre les services en aux hébergeurs leur enjoignant sentants des ayants droit, des
ligne centralisés massivement de retirer des contenus illicites et acteurs de la publicité pour la
contrefaisants leur demandant que les contenus mise en œuvre de ce dispositif.
L’Allemagne, à l’instar de la France, ne réapparaissent pas sous peine Cependant, cette alliance est
identifie la révision du statut des de devoir leur verser une certaine actuellement bloquée car l’Autorité
hébergeurs comme étant un des somme. de la concurrence allemande mène
enjeux essentiels pour avancer dans des investigations afin de déter-
la lutte contre les sites massive- ■■ Au juge, dans le cadre d’ac- miner dans quelle mesure une telle
ment contrefaisants. tions intentées par les ayants pratique de la part d’acteurs privés
droit contre des hébergeurs d’un même secteur d’activités qui
Des réflexions et préconisations identifiés, de leur enjoindre de se concertent sur des préoccupa-
sont en cours sur le régime de mettre en œuvre des mesures de tions communes pourrait porter
responsabilité des hébergeurs pour surveillance ciblées. Ces mesures atteinte à la législation relative au
pouvoir mettre en place – en rela- consistent pour l’hébergeur à droit de la concurrence.
tion avec les orientations qui seront identifier et prévenir les activités
retenues par la Commission euro- illicites dans la mesure où cela La Secrétaire d’État rattaché au
péenne sur ces sujets – un régime paraît proportionné et économi- Ministère de la Culture et des
de responsabilité limitée dès lors quement supportable. Il a ainsi Médias, Monica Grutters, a par
que certaines conditions sont pu être ordonné à des sites d’uti- ailleurs publié le 10 mars 2015, un
remplies telles que : liser un filtrage par mots-clés et document de principe sur la contre-
de contrôler un nombre raison- façon où elle réaffirme notamment
■■ le site héberge une grande majo- nable de liens vers les contenus que les intermédiaires de la publi-
rité de contenus illicites ; qu’ils hébergent(102). cité ne doivent pas placer de publi-
cités sur des plateformes dont le
■■ le site met en avant une utilisa- En ce qui concerne l’approche « business model » est basé sur la
tion illicite ; « follow the money », depuis 2012, contrefaçon.
une alliance a été créée entre des
■■ le site met en avant l’anonymat pour ayants droit et des acteurs de la
les utilisateurs qui feraient usage publicité en ligne sur le terrain de
de son service à des fins illicites ; l’autorégulation. Cette alliance a Australie
établi un projet de « Kodex » afin
■■ le site ne permet pas aux ayants de réglementer le dispositif et Le gouvernement a publié en
droit de demander le retrait de les critères permettant de déter- juillet 2014 un document (Online
contenus illicites. miner les sites « structurellement Copyright Infringement Discussion
contrefaisants »(103), qui prévoit Paper) soumis à consultation
Toutefois des dispositifs existent également un certain respect du proposant différentes mesures
pour agir contre l’hébergeur sur le contradictoire en permettant aux pour lutter contre la contrefaçon en
terrain précontentieux et conten- sites visés de discuter les alléga- ligne, dont la possibilité d’inciter les
tieux et qui permettent : tions de contrefaçon. FAI ou de leur imposer de prendre
des mesures afin de prévenir les
■■ Aux ayants droit, d’adresser des Ce « Kodex » vise l’instauration atteintes au droit d’auteur telles
courriers de mise en demeure d’une entité composée de repré- qu’un dispositif de réponse graduée

(102) BGH, arrêt du 12/07/2012 - I ZR 18/11 - Alone in the Dark BGH, et arrêt du 15/08/2013 I ZR 80/12 – File – Hosting – Dienst – decision dite « Rapidshare ».
(103) Un site peut être considéré comme structurellement contrefaisant : s’il met des contenus contrefaisants à disposition ou s’il facilite l’accès à de
tels contenus (pas ou peu d’hébergement de contenus légaux, fonctionnalités du site facilitant la recherche et l’utilisation de contenus illicites, incita-
tion à l’upload en rémunérant les uploaders, leur garantissant l’anonymat) et si le responsable du site ne retire pas le contenu après une demande ou
si son responsable n’est pas identifiable.
150

dans le cadre d’une autorégula- ■■ le dispositif comprendrait trois particulier n’existe en Australie
tion ou des mesures de blocage en phases d’envoi de notifications : pour lutter contre les services
exécution de décisions de justice. Education Notice, Warning en ligne centralisés massivement
Notice, Final Notice ; contrefaisants.
Actions à l’égard des
internautes partageant ■■ si aucune Final Notice n’est Toutefois deux projets doivent être
illégalement des œuvres sur les envoyée à l’abonné dans les 12 soulignés.
réseaux pair-à-pair mois depuis sa réception d’une
Le gouvernement australien a initié Education Notice, la procédure En premier lieu, dans le prolongement
en 2014 la mise en œuvre d’un reprend à zéro ; de la consultation de 2014 (Online
mécanisme graduel d’avertissement. Copyright Infringement Discussion
Il a encouragé et favorisé, pour ce ■■ les notifications comprendront Paper), un projet d’amendement à la
faire, la mise en place par les FAI et des liens vers des contenus loi sur le droit d’auteur a été déposé
les ayants droit d’une autorégulation pédagogiques relatifs au délit par le gouvernement en mars 2015
– avant toute mesure contraignante de contrefaçon et à l’offre légale ; afin de permettre aux ayants droit de
de sa part – en leur laissant 6 mois demander en justice le blocage par
pour établir « un code de l’industrie » ■■ lorsque l’abonné reçoit une Final les FAI de sites localisés à l’étranger
mettant en place un mécanisme de Notice, il serait informé que les qui ont pour objet de porter atteinte
réponse graduée. ayants droit peuvent demander ou de faciliter les atteintes au droit
en justice son identité. Les FAI d’auteur.
Le 20 février 2015, la Communications s’engagent d’ailleurs à assister les
Alliance, qui regroupe les acteurs du ayants droit dans ces demandes ; Par ailleurs, en second lieu, depuis
secteur de la télécommunication, octobre 2013 suivant l’approche dite
et notamment les FAI, a publié ■■ l’abonné devrait pouvoir saisir « follow the money », un groupement
un projet de code qui prévoit une instance pour contester la d’ayants droit du secteur musical,
un système d’avertissements procédure. Music Rights Australia (MRA), travaille
(Copyright Notice Scheme) avec une association regroupant des
dépourvu de sanction à visée Par ailleurs, est créé un groupe acteurs de la publicité, Audited Media
pédagogique et de sensibilisation de travail (Copyright Information Association of Australia (AMAA), afin
pour orienter le public vers les Panel) qui comprendra un comité de les sensibiliser au financement des
alternatives légales. Ce projet exécutif regroupant 5 membres sites contrefaisants par la publicité
de code a été rédigé par la nommés par les ayants droit, les et au préjudice causé par ces sites,
Communications Alliance, et soumis associations de consommateurs et de développer en conséquence un
à consultation publique. Certains les FAI. Ce panel sera notamment code devant permettre de réduire
acteurs ont émis des critiques. chargé de déterminer les modalités le placement de publicités sur de
L’association australienne des de mise en œuvre de la réponse tels sites.
éditeurs de la musique propose des graduée, de constituer l’instance
axes d’amélioration, et notamment chargée de trancher les procédures Le code a été élaboré, mais
la mise en place de sanctions de contestation initiées par les malgré des accords, il resterait des
dédiées. abonnés contestant le bien- résistances au sein des acteurs de la
fondé de la notification reçue, publicité pour le mettre en œuvre.
La procédure de réponse d’administrer un site dédié à la
graduée pourrait commencer le sensibilisation des internautes, à
1er septembre 2015. Ce dispositif l’explication de la réponse graduée
fonctionnerait de la façon suivante : et à l’offre légale. Canada
■■ les notifications seraient envoyées Lutte contre les services en Le Canada prévoit à la fois des
par les FAI après notification des ligne centralisés massivement actions à l’égard des internautes
adresses IP par les ayants droit ; contrefaisants partageant illégalement des œuvres
Actuellement aucun dispositif sur les réseaux pair-à-pair et contre
Hadopi Annexe 3 : Veille internationale 151

les services en ligne centralisés droit à l’encontre des internautes ■■ la connaissance par le respon-
massivement contrefaisants. sur le terrain de la contrefaçon. sable du fait que son service
était utilisé pour faciliter la
Actions à l’égard des Ce système d’avis reste ainsi contrefaçon ;
internautes partageant critiqué tant il n’est pas abouti dans
illégalement des œuvres sur les la mesure où les avis ne sont pas ■■ le fait que le service est signi-
réseaux pair-à-pair réglementés dans leur contenu ficativement utilisé à d’autres
Depuis le 2 janvier 2015, le Canada a et aucune sanction n’est prévue, fins que pour commettre des
adopté un dispositif d’avertissement notamment en cas de récidive. contrefaçons ;
dit de « Notice and Notice » dans L’absence de réglementation du
le cadre de la loi sur la modernisa- contenu des avis est notamment ■■ les mesures prises pour limiter
tion du droit d’auteur issue de 2012. invoquée pour expliquer que le la contrefaçon ;
système soit utilisé par des ayants
Cette mesure législative est tirée droit, notamment américains, pour ■■ les avantages retirés des contre-
d’un dispositif d’autorégulation mis demander aux internautes le verse- façons et/ou la viabilité écono-
en œuvre entre des FAI canadiens ment d’un paiement pour éviter de mique de la fourniture du service
et les ayants droit dans le cadre voir leur responsabilité engagée. si celui-ci n’était pas utilisé pour
d’un accord volontaire depuis une commettre des contrefaçons.
dizaine d’années. Lutte contre les services en
ligne centralisés massivement Les peines encourues par les
La loi canadienne prévoit désor- contrefaisants responsables des sites massivement
mais l’obligation pour les FAI d’en- La loi canadienne de modernisation contrefaisants et les dommages-
voyer à leurs abonnés un avis en du droit d’auteur de 2012 instaure intérêts dus relèvent, depuis la
cas de saisine des ayants droit. En un régime dédié à la sanction des loi de 2012, des infractions de
cas de non transmission, le FAI doit professionnels de la contrefaçon contrefaçon à des fins commer-
exposer à l’ayant droit les éven- en ligne, qui prévoit que « constitue ciales, lesquelles font encourir des
tuelles raisons d’une non-transmis- une violation du droit d’auteur le fait peines plus sévères et impliquent
sion. Cette carence est passible pour une personne de fournir un une réparation plus importante
d’une amende infligée par le juge service sur Internet ou tout autre pour les ayants droit.
qui peut aller de 5 000 à 10 000 réseau numérique principalement
dollars canadiens (soit 3 654 à en vue de faciliter l’accomplissement Malgré la réforme de 2012, qui a
7 312 euros). d’actes qui constituent une viola- introduit le dispositif à l’égard des
tion du droit d’auteur, si une autre internautes et des sites massive-
Toutefois au-delà de l’inscription personne commet une telle viola- ment contrefaisants, l’IIPA(104) a
de cette obligation, la loi n’orga- tion sur Internet ou tout autre réseau demandé que le Canada soit inscrit
nise pas une procédure spécifique. numérique en utilisant ce service ». sur la Notorious Markets List de
Aucune sanction directement ratta- l’USTR en 2015. Elle demande
chée au dispositif n’est prévue pour Elle ajoute à cet égard que le tribunal notamment que la Canada renforce
l’internaute. peut prendre en compte les diffé- son arsenal juridique pour que les
rents éléments d’analyse suivants : FAI, les fournisseurs d’héberge-
Les avis semblent s’appréhender ments et d’autres intermédiaires
comme des avertissements avant ■■ le fait que le responsable du coopèrent avec les ayants droit
poursuites éventuelles  : ainsi, service utilise comme argu- pour combattre la contrefaçon
réitérés, ces avis pourraient être ment de promotion que ledit sur Internet.
un des éléments à charge dans les service permet de commettre
procédures initiées par les ayants des contrefaçons ;

(104) International Intellectual Property Alliance.


152

Corée du Sud de réitération, son compte sur la États-Unis


plateforme pourra être suspendu
Une loi du 22 avril 2009 a intro- pour une durée limitée. Il y a trois Aux Etats-Unis, s’est mis en œuvre
duit un dispositif de lutte contre le avertissements avant l’avertis- un système graduel d’avertis-
piratage qui cible à la fois les plate- sement solennel. A la 4e étape, sements à visée pédagogique
formes qui permettent le téléchar- l’utilisateur peut être sanctionné à l’égard des internautes parta-
gement illégal et les internautes qui par un blocage de son accès à geant illégalement les œuvres
téléchargent sur ces plateformes. Il la plateforme (par le blocage de sur les réseaux pair-à-pair ainsi
n’y a pas de dispositif dédié spéci- son identifiant). que des actions à l’égard des
fiquement au réseau pair-à-pair. services centralisés massivement
À souligner qu’en Corée, la diffu- La plateforme a une obligation de contrefaisants.
sion de contenus est réglementée coopérer avec la KCC, en contre-
en matière culturelle, il existe des partie de l'autorisation qui lui a été Actions à l’égard des
plateformes fonctionnant sur un donnée d'exploiter un service de internautes partageant
système d’autorisation adminis- communication au public en ligne. illégalement des œuvres sur les
trative préalable (seules 95 plate- réseaux pair-à-pair
formes sont autorisées). Au terme de plusieurs avertisse- Le système américain de réponse
ments, l’internaute pourra voir graduée (Copyright alert system) a
Le dispositif est mis en œuvre par son compte sur la plateforme de essentiellement une vocation péda-
la Korea Copyright Commission contenus suspendu. gogique et de sensibilisation à des
(KCC). Leur action concerne les alternatives légales.
95 plateformes coréennes ayant À côté du dispositif de « réponse
obtenu une autorisation adminis- graduée », la KCC peut également Même si ce dispositif peut varier
trative préalable. prendre des décisions de blocage d’un FAI à l’autre, on peut retenir
à l’encontre de sites illégaux. La l’exemple du FAI Verizon et iden-
La KCC peut être saisie par les inter- Commission vérifie en collabora- tifier trois grandes phases, qui
nautes lorsque ceux-ci constatent tion avec les ayants droit tous les comprennent chacune deux
une mise à disposition litigieuse fichiers présents sur la fiche (cette étapes :
de fichiers sur les 95 plateformes opération sera automatisée dans
concernées. les mois à venir). Si plus de 70 % ■■ Phase 1 incluant les étapes 1 et 2
correspondent à des contenus illi- qui consistent en l’envoi d’emails
Les signalements des internautes citement mis à disposition : aux abonnés (Educational alerts) ;
(70 à 80 par mois) sont réalisés
via un formulaire sur le site web ■■ s’il s’agit de sites étrangers, la ■■ Phase 2 incluant les étapes 3
de la KCC, avec notamment une KCC demande à l’équivalent du et 4 au cours desquelles les
copie d'écran. Les internautes sont CSA coréen le blocage du site ; abonnés sont amenés, via des
récompensés, incités, sensibilisés pops ups sur lesquels ils doivent
à la détection de contenus illicites ■■ s’il s’agit de sites coréens, la KCC cliquer, à reconnaître avoir
par des bons d'achat. demande le retrait du nom de bien reçu les premiers mails
domaine. (Acknowledgement alerts) ;
Après vérification de la véracité
du signalement, la KCC : En 2014, 44 sites ont ainsi été ■■ Phase 3 incluant les étapes 5 et
bloqués, le délai moyen de traite- 6 (Mitigation alerts) où les FAI
■■ s'adresse à la plateforme pour ment de ces dossiers est de quatre peuvent, s’ils le souhaitent (tel
qu’elle retire le contenu concerné mois. n’est pas le cas du FAI Verizon),
(Notice & Take down) ; mettre en œuvre une mesure
de restriction à l’encontre de
■■ et relaye un avertissement à l’in- l’abonné (ex  : ralentissement
ternaute qui a mis à disposition ce du débit).
contenu lui indiquant qu’en cas
Hadopi Annexe 3 : Veille internationale 153

Ce système est entièrement volon- toutefois critiquées et incertaines liste a un but d’information du
taire et relève d’une initiative pure- juridiquement. public. Elle est établie à la suite de
ment privée. Il repose sur un accord propositions d’inscription essen-
de 2011 entre les 5 principaux FAI et Le 28 mai 2014, le CCI a publié tiellement faites par les industries
les principaux ayants droit (musique un point d’étape sur les 10 concernées et d’un examen par
et audiovisuel). premiers mois de mise en place l’USTR. Une fois la liste publiée,
de la réponse graduée (mars/ les sites y figurant contactent
Mis en place depuis février 2013, décembre  2013)  : 1,3 millions parfois l’USTR pour lui demander
l’architecture de ce dispositif est d’alertes ont été envoyées ; la majo- ce qu’ils doivent faire pour ne
la suivante : rité des alertes relèvent de la phase plus y figurer l’année suivante
Educational (72 %) et une mino- (cf. ci-dessous la présentation
■■ Les alertes sont envoyées par rité seulement de destinataires de la liste USTR de 2014).
les FAI après collecte et notifi- d’alertes atteignent la phase finale
cation des adresses IP par les de Mitigation (8 %, avec seulement ■■ L’approche dite «  follow the
ayants droit ; 3 % de destinataires pour la 6e et money » associant les intermé-
dernière étape). Le CCI conclut à diaires de paiement et les acteurs
■■ Un centre d’information sur le la confirmation du dispositif expé- de la publicité en ligne à la lutte
copyright (CCI) regroupant les rimental et à sa montée en charge contre la contrefaçon :
ayants droit et les FAI coordonne pour la prochaine année, avec un
la mise en place du dispositif et objectif affiché, a minima, de multi- • Des accords ont été conclus
d’actions de sensibilisation ; plier par deux le nombre d’alertes. en mai 2011, avec le soutien de
l’administration Obama, entre
■■ À partir des étapes 5 et 6, En mai 2015, l’Internet Security Task les ayants droit et les inter-
l’abonné peut former un recours Force, qui regroupe des studios médiaires de paiement, qui
sur le projet de mesure de américains indépendants, a estimé visent aussi bien les contre-
restriction qui lui sera imposé que ce dispositif était inefficace en façons de droits d’auteur que
avant sa mise en œuvre par le dénonçant notamment le fait que de marques. En application de
FAI qui est confié à un orga- le nombre d’alertes envoyées par ces accords, une plateforme
nisme extérieur privé, l’American les FAI est limité mensuellement. sécurisée de l’International
Arbitration Association, dont les AntiCounterfeiting Coalition
décisions ne sont pas suscep- Lutte contre les services en (IACC) – dont les membres
tibles de recours. ligne centralisés massivement sont des titulaires de droits
contrefaisants de propriété intellectuelle –
L’accord de 2011 arrive à échéance Les États-Unis ont été le précur- est destinataire des signale-
en juillet 2015. Il devrait être renou- seur dans ce domaine. Les axes de ments des ayants droit. Elle les
velé, notamment en vue d’associer leur « politique » se concentrent examine et les transmet ensuite
plus d’ayants droit et de FAI au autour de deux actions majeures : à l’intermédiaire de paiement
dispositif. Un des objectifs est de concerné. L’IACC transmet
renforcer les actions de sensibili- ■■ La publication d’une liste de sites également des informations
sation, lesquelles pourraient être massivement contrefaisants : le à une Autorité publique (le
effectuées en lien avec les pouvoirs gouvernement américain, via National Intellectual Property
publics. l’USTR (United States Trade Rights Coordination Center).
Representative) publie chaque L’intermédiaire concerné doit
La mise en œuvre de ce dispositif année la Notorious Markets List, ensuite effectuer des vérifica-
graduel n’interdit pas par ailleurs qui consiste en une liste de sites tions sur la licéité du site en
que les ayants droit recourent dans le monde qui commettent entrant en contact avec lui. Un
à d’autres procédés selon une ou incitent manifestement à la bilan réalisé en 2012 affirme
approche plus indemnitaire direc- Commission d’actes de contre- que 906 comptes de sites
tement auprès des internautes. Les façon de marques ou de droits proposant des contrefaçons
modalités de certains procédés sont d’auteur. L’établissement de cette ont été fermés.
154

• Des acteurs de la publicité en de l’USTR. Elle dresse alors la liste contrefaçon en ligne » de Mireille
ligne(105) ont publié le 3 mai selon des critères qui ne sont pas Imbert-Quaretta.
2012 une déclaration concer- publics et peuvent varier.
nant les bonnes pratiques à Pour la première fois, la liste
adopter pour éviter que les Le rapport « Out-of-cyle comprend des bureaux d’enregis-
publicités ne viennent invo- Review of Notorious Markets » trement de noms de domaine. Aux
lontairement financer ou légi- de 2014 publié par l’USTR le termes d’un accord entre l’ICANN
timer l’activité de sites dédiés 5 mars 2015 et les bureaux d’enregistrement,
à la contrefaçon de marques L’USTR rappelle en préambule que ces derniers doivent en principe
ou de droits d’auteur. En juillet la liste établie n’est pas exhaustive prendre des mesures à l’égard
2013, plusieurs régies publici- et que certains marchés constituent des noms de domaine qu’ils enre-
taires(106), ont signé une charte une combinaison de légal et d’il- gistrent en cas d’activités illicites
de bonnes pratiques (Best légal. L’USTR explique que certains sur les sites afférents à ces noms
practices guidelines for ad sites marchands n’apparaissent de domaine(108). Or, selon l’USTR,
networks to address piracy plus dans la liste car ils ont fermé, certains bureaux d’enregistrement
and counterfeiting). leur popularité ou leur influence a ne donneraient aucune suite aux
diminué, des actions volontaires ou demandes en ce sens d’Autorités
Présentation de l’USTR et de la forcées ont entraîné une diminu- publiques et n’exécuteraient pas
liste : tion de biens ou services contre- les décisions de justice. Certains
L’USTR est une agence gouverne- faisants. La liste comprend 41 sites bureaux d’enregistrement utilisent
mentale qui coordonne la politique et vise aussi des sites miroirs(107). même leur refus d’action comme
commerciale des États-Unis et qui argument commercial à suivre les
publie chaque année deux listes : L’USTR salue les évolutions posi- notifications ou les ordres des juges
tives depuis la publication de la liste de bloquer ou de suspendre des
■■ une liste qui est prévue par la loi, de 2013 suite à certaines mesures noms de domaine.
la « Special 301 List », qui réper- prises telles que la mise en place
torie les pays qui ne fournissent de procédures fluides de notifica- La liste des sites pour 2014 est la
pas une protection effective des tions et de retrait des contenus, suivante :
droits de propriété intellectuelle ; la diligence dans la réponse aux
plaintes, la conclusion d’accords ■■ des sites de contenu : Rapidgator.
■■ et une liste qui n’est pas prévue avec les ayants droit. net, Uploaded.net, Zippyshare.
par une loi, « Out-of-cycle Review com, Ulozto.cz Nowvideo.sx,
of Notorious Markets ». Cette liste L’USTR salue également l’action Movshare.net ;
identifie les sites marchands de la police douanière italienne
physiques ou en ligne favorisant et du procureur qui a conduit au ■■ des sites de liens torrent  :
la contrefaçon commerciale et qui blocage d’une centaine de sites Cuevana.tv (Storm), Extratorrent.
causent un préjudice aux ayants en janvier 2015. Est également cc, Kickass.to, Torrentz.eu,
droit. Chaque année, l’USTR mentionné l’accord entre ayants Bitsnoop.com, Rutracker.org,
indique publiquement qu’elle va droit et acteurs de la publicité en Yts.re ;
établir la liste. Le public peut alors Italie. L’USTR salue la publication
soumettre des contributions qui du rapport « Outils opérationnels ■■ des sites de liens vers des
sont ensuite publiées sur le site de prévention et de lutte contre la contenus disponibles en téléchar-

(105) L’Association of National Advertisers et l’American Association of Advertising Agencies.


(106) Media, Adtegrity, AOL, Condé Nast, Google, Microsoft, SpotXchange, et Yahoo !.
(107) Exemple : Movshare Group/Private Layer (operating as Torrents.eu, Torrents.me, Torrentz.ch, Torrents.in, Putlocker.is, Nowvideo.sx, Movshare.net,
Bitsnoop.com, Novamov.com, among others).
(108) https://www.icann.org/resources/pages/ra-agreement-2009-05-21-en?routing_type=path.
Hadopi Annexe 3 : Veille internationale 155

gement direct : Baixeturbo.org, lectuelle rattachée au Ministère traitement et de renforcer le dispo-


Bajui.com, Darkwarez.pl, Free- de la Culture. La Commission de sitif afin de le rendre plus perfor-
Tv-video-online.mer ; propriété intellectuelle est saisie par mant. Il prévoit désormais :
les ayants droit qui constatent la
■■ un site de liens de télécharge- présence d’un ou plusieurs contenus ■■ une publication des notifications
ment direct et de streaming : contrefaisants sur un site qui porte au Journal Officiel lorsque les
4shared.com, Yyets.com ; atteinte à des droits de propriété informations nécessaires à l’iden-
intellectuelle (volume d’œuvres) tification des responsables des
■■ des réseaux sociaux : vKontakte. et qui a des liens suffisants avec sites ne sont pas disponibles. De
com, Zing.vn ; l’Espagne (ex : audience du site en plus, la saisine de la Commission
Espagne, langue des œuvres diffu- n’intervient désormais qu’après
■■ un bureau d’enregistrement de sées, publicités en Espagnol, paie- que l’ayant droit a tenté préala-
nom de domaine : Tucows.com ; ment en euros, etc.). blement de contacter le site pour
lui demander de retirer le ou les
■■ autres : Gigabytesisemas.com, Si la Commission juge recevable la contenus et a rapporté ensuite
Catshare.net, Hardstore.com, demande des ayants droit, elle peut à la Commission la preuve de la
E-nuc.com, Molten-wow.com ; enjoindre au responsable du site demande et de son échec ;
Internet : de faire valoir ses obser-
■■ une liste des pays où la contre- vations dans un délai de 48 heures ; ■■ une extension du champ de
façon physique demeure impor- de faire en sorte que le contenu ne compétence de la Commission
tante (Mexique, Inde, etc.). soit plus accessible, de demander aux sites de référencement : en
d’assurer le retrait pérenne (stay effet, davantage que les sites de
down) ou l’interruption de l’acti- contenu, les sites de liens peuvent
Espagne vité qui porte atteinte aux droits être localisés en Espagne ou en
d’auteur. tout état de cause visent davan-
Il n’existe pas en Espagne de dispo- tage le public espagnol. Pour être
sitif graduel. La loi espagnole auto- En cas de persistance de l’at- visés, les sites de référencement
rise cependant les ayants droit à teinte constatée, la Commission devront participer de manière
assigner en justice les FAI pour peut demander aux intermé- significative aux atteintes aux
obtenir l’identité des internautes diaires techniques de prendre droits de propriété intellectuelle
contrefacteurs, ce afin de pour- les mesures nécessaires pour au regard de leur audience en
suivre ces derniers devant les tribu- faire cesser l’activité contrefai- Espagne et du volume d’œuvres
naux civils pour contrefaçon. sante, telles que la cessation de et d’objets protégés dont ils faci-
fourniture d’une prestation d’hé- litent la localisation ;
Le dispositif espagnol de lutte bergement ; le blocage du site ; le
contre la contrefaçon, initiale- déréférencement ou la cessation ■■ un dispositif « follow the money »
ment introduit par la loi du 4 mars de fourniture des services d’hé- en permettant à la Commission
2011, modifiée en octobre 2014, se bergement. Toutefois, l’exécution de demander aux intermédiaires
concentre ainsi principalement sur forcée de ce type de décisions de de paiement et aux acteurs de
la lutte contre les services en ligne la Commission est subordonnée à la publicité de cesser de colla-
centralisés massivement contrefai- une autorisation du juge. borer avec les sites qui refusent
sants, pour lequel nous disposons de retirer des contenus. La loi
de quelques mesures chiffrées. Le dispositif mis en place en 2011 intervient sur ce point à la suite
a fait toutefois l’objet de critiques, d’un échec de l’implication des
La loi du 4 mars 2011, dite loi Sinde, notamment sur la lenteur des acteurs de la publicité et des
a institué un dispositif de notifi- procédures et le manque d’ef- intermédiaires de paiements par
cation des atteintes aux droits ficacité du dispositif. la loi d’oc- l’auto régulation, ceux-ci refu-
d’auteur constatées sur les sites tobre 2014 a ainsi eu comme double sant de prendre des mesures à
Internet, mis en œuvre par une objectif de simplifier les formalités l’égard de sites qui n’auraient pas
Commission de propriété intel- en vue de raccourcir les durées de été qualifiés de contrefaisants
156

par le juge ou l’Autorité publique. Depuis sa création jusqu’en janvier ■■ soit en l’absence d’accord préa-
L’objectif pour la Commission 2015, la Commission a été saisie de lable, sous la contrainte, sur
sera d’identifier lors des inves- près de 426 demandes, dont plus injonction du juge en applica-
tigations préliminaires quels orga- de 50 % ont été considérées irre- tion de la loi.
nismes de paiement et de publi- cevables pour différentes raisons
cité sont partenaires du site en (ex : demande d’identification d’in- Ces mesures visent autant les inter-
infraction. Si les intermédiaires ternautes sur des réseaux de pair- nautes qui partagent illégalement
de paiement et les acteurs de la à-pair, utilisation des contenus en des œuvres sur les réseaux pair-à-
publicité ne cessent pas leur rela- cause s’inscrivant dans le cadre pair que les services en ligne centra-
tion contractuelle avec les sites, d’une exception au droit d’auteur, lisés massivement contrefaisants.
pourra leur être infligée une sanc- retrait des contenus contrefaisants
tion administrative allant jusqu’à déjà réalisé au moment de l’ins- Actions à l’égard des
600 000 euros ; truction de la demande…). Sur les internautes partageant
219 demandes de retrait adressées illégalement des œuvres sur les
■■ un accroissement des sanctions par la Commission, 217 ont retiré les réseaux pair-à-pair
susceptibles d’être prises notam- contenus illégaux, ce qui a terminé Le principal FAI, Eircom, et l’IRMA
ment contre les sites en situation la procédure, et 28 parmi eux ont (Irish Recorded Music Association)
de réitération : même cessé leurs activités. ont mis en place par la voie contrac-
tuelle dès 2009 un dispositif d’aver-
• la Commission pourra Selon la Commission, son action tissements qui prévoit les étapes
prononcer une amende allant a conduit à une baisse de la pira- suivantes :
jusqu’à 600 000 euros après terie en Espagne. Ainsi, sur les 250
deux demandes de retrait sites les plus visités en Espagne il ■■ Le FAI envoie des mails à ses
de contenus contrefaisants, y a trois ans, le nombre de sites abonnés dont l’adresse IP lui a été
contre les sites qui n’ont pas contrefaisants aurait diminué : transmise par l’IRMA. Ces mails
procédé aux retraits ou lorsque ils étaient 29 sur 250 et ils ne comportent un lien vers le logi-
les contenus sont réapparus. sont plus que 15 aujourd’hui (109). ciel Digital File Check, qui aide
La Commission estime à ce De plus, il y a trois ans le premier les internautes à supprimer de
jour que ces amendes seront site contrefaisant était le 40 e leur ordinateur les logiciels de
essentiellement prononcées site le plus visité alors qu’il est pair-à-pair ainsi que les œuvres
à l’égard de sites ayant des aujourd’hui en position 71. obtenues illégalement ;
liens avec l’Espagne, c’est-à-
dire des sites de référence- ■■ Au terme de trois avertissements
ment. Les sites de contenus envoyés, la sanction encourue
devraient surtout faire l’objet Irlande est la coupure de l’accès Internet
de mesures de blocage. dont la durée varie de 7 jours à
En Irlande, les mesures en matière un an en cas de récidive.
• la Commission peut enfin de lutte contre le piratage reposent
obtenir la suspension du nom sur la mise en œuvre de disposi- Toutefois, ce dispositif a suscité
domaine du site si celui-ci est tifs coordonnés entre les FAI et des controverses en Irlande en
en « .es » ou autre extension les ayants droit : 2011 au regard de sa conformité
gérée par le registre espagnol. à la législation sur la protection
Le nom de domaine ne pourra ■■ soit volontairement par voie des données personnelles. Après
ensuite plus être réaffecté pour contractuelle, le cas échéant, de multiples recours, ce dispositif
une durée de six mois. sous le contrôle du juge ; contractuel proche de la réponse
graduée a finalement été validé le

(109) Entretien avec Guervos Maillo Carlos, Commission de la propriété intellectuelle du Ministère de la Culture espagnol, février 2015.
Hadopi Annexe 3 : Veille internationale 157

3 juillet 2013 par la Cour suprême Cet accord s’opère toutefois sous Lutte contre les services en
irlandaise. certaines limites : ligne centralisés massivement
contrefaisants
Les majors de la musique ont ■■ que les sanctions des internautes De la même manière, en matière
également souhaité contraindre soient précédées d’au moins deux de lutte contre les services en ligne
le deuxième FAI le plus impor- notifications ; centralisés massivement contre-
tant d’Irlande, UPC, à mettre en faisants, le dispositif peut être
place un tel dispositif en intentant ■■ que le contrat d’abonnement des contractuellement prédéfini ou
des actions contentieuses à son internautes récidivistes puisse imposé par le juge conformément
encontre. Cette tentative a d’abord être résilié ; aux obligations posées par la loi.
échoué en 2010, en l’état du droit
positif et des obligations légales ■■ qu’il revient aux majors de la Ainsi l’IRMA et le FAI Eircom avaient
pesant alors sur les FAI, le juge musique de prendre en charge également prévu dans leur accord
estimant que la loi irlandaise ne 20 % des coûts des FAI ; – avant même toute disposition
permettait pas d’enjoindre à un FAI législative spécifique en ces sens
de mettre en place un dispositif du ■■ que le nombre maximal de notifi- – que si un juge confirmait le bien-
type réponse graduée. cations est fixé à 2 500 par mois fondé d’une mesure de blocage
et par FAI. sollicitée par les ayants droit, le
Le législateur irlandais a introduit en FAI s’y conformerait et la mettrait
2012 dans l’ordre interne irlandais Les FAI et les majors ont depuis en œuvre. La Cour suprême, le
– sous l’impulsion du droit euro- quelques années des stratégies de 24 juillet 2009, avait ainsi validé
péen – de nouvelles dispositions communications différentes sur ce la demande de blocage du site The
permettant de recourir au juge pour dispositif : Pirate Bay et des sites connexes
obtenir des mesures d’injonction devant être mise en œuvre par le
contre un intermédiaire technique ■■ EMI communique sur le nombre FAI Eircom sur la base de ces enga-
tel qu’un FAI dont les services sont de notifications (29 000 en gements contractuels.
utilisés pour porter atteinte à un décembre 2011), et le nombre
droit d’auteur ou un droit voisin. d’abonnés qui auraient reçu 3 La réforme du droit d’auteur intro-
avertissements et fait l’objet duite en mars 2012 a étendu ce
L’une de ces mesures ouvre désor- d’une coupure de leur accès pour système et a permis que les ayants
mais aux ayants droit la possibilité une semaine (100) ou auraient en droit puissent demander au juge
de demander au juge d’imposer outre été condamnés à ne plus d’émettre des injonctions aux FAI
au FAI la mise en place par voie pouvoir souscrire un abonnement de bloquer un site.
contractuelle d’un dispositif d’aver- avec Eircom(110) (12) ;
tissement graduel à l’encontre des En juin 2013, les ayants droit ont
internautes. ■■ Eircom semble infirmer les alléga- ainsi obtenu en justice que soit
tions de EMI en indiquant qu’en ordonné à six FAI, dont UPC et
Trois majors ont pu ainsi obtenir de pratique aucune connexion BT Ireland jusqu’alors réfractaires
la cour suprême, le 30 mars 2015, Internet n’a été suspendue depuis à tout accord, le blocage du site
que le FAI UPC soit contraint par le la mise en œuvre de la réponse The Pirate Bay.
juge de convenir contractuellement graduée(111).
de la mise en place d’un système
d’avertissements des internautes
en cas de saisine.

(110) http://fr.scribd.com/doc/83984745/EMI-Briefing-001.
(111) http://www.independent.ie/business/technology/three-strikes-but-not-out-of-eircom-yet-30088323.html.
158

Italie Une fois saisie, l’AGCOM informe le de l’AGCOM sur les mesures prises.
site de sa saisine et de la possibi-
Le dispositif en Italie se concentre lité de procéder volontairement au L’AGCOM peut prononcer des sanc-
principalement sur la lutte contre retrait du contenu ou de faire valoir tions administratives en cas de non-
les services en ligne centralisés ses éventuelles observations dans respect de ces décisions.
massivement contrefaisants, pour un délai de cinq jours. L’AGCOM
lequel nous disposons de quelques informe également du début de la Les décisions de l’AGCOM peuvent
données chiffrées. procédure les intermédiaires cités faire l’objet d’un appel devant l’Au-
par la directive commerce électro- torité judiciaire.
En Italie, une Autorité indépendante nique (FAI et hébergeurs).
créée en 1997, l’AGCOM, exerce D’autres voies d’actions tendent à
des fonctions de réglementation En cas d’absence de retrait volon- renforcer la lutte contre les sites
et de contrôle dans le secteur des taire, le dossier est instruit par le massivement contrefaisants :
communications électroniques, de Collège de l’AGCOM qui a 35 jours
l’audiovisuel et de l’édition. Elle a pour statuer sur la demande. Ce ■■ Un mode judicaire : il existe ainsi
vu au fur et à mesure son rôle s’ac- délai peut être aménagé et le une procédure devant le juge,
croître depuis 2000 en matière de règlement prévoit en outre dans alternative à celle de l’AGCOM
protection du droit d’auteur dans les hypothèses de «  violations (en cas de saisine du juge, la
les secteurs où elle exerce des fonc- massives » une procédure abrégée. procédure devant l’AGCOM est
tions de garant et de régulateur suspendue). Dans ce cadre, la
(audiovisuel, Smad, communica- Le Collège de l’AGCOM peut soit police douanière et financière (la
tions électroniques). conclure au classement de la Guardia Di Finanza), qui dépend
demande soit constater l’atteinte du Ministère de l’Économie et
Le décret n°70/2003, transposant au droit d’auteur et peut alors des Finances a des compétences
la directive commerce électronique, prononcer trois sortes d’injonc- d’investigation de contrôle et
prévoit que l’AGCOM, tout comme tions, dans le respect du principe de répression des violations
l’Autorité judiciaire, peut prescrire de proportionnalité : commises sur Internet. Elle peut
aux hébergeurs et aux FAI, toutes transmettre des affaires à l’Au-
mesures propres à prévenir ou à ■■ si le site mis en cause est hébergé torité judiciaire.
faire cesser un dommage occa- sur un serveur présent sur le terri-
sionné par le contenu d'un service toire italien, le Collège peut soit ■■ La mise en œuvre de l’approche
de communication au public en ordonner aux hébergeurs de « follow the money » : un accord a
ligne. retirer les œuvres en cause  ; été signé en 2014 entre les ayants
soit en cas de violation massive, droit de la musique et du cinéma
L’AGCOM est ainsi chargée de la ordonner une mesure de blocage et les acteurs de la publicité en
définition et de la mise en œuvre de ciblée sur les œuvres en cause ; ligne, avec le soutien de l’IAB. Cet
la lutte contre les services en ligne accord a pour objet de permettre
centralisés massivement contrefai- ■■ si le serveur hébergeant les de bloquer la diffusion de publi-
sants. À ce titre, elle a adopté le œuvres est hors du territoire cité sur les sites illicites. Il est
12 décembre 2013 un règlement de national, le Collège peut ordonner prévu que les ayants droit iden-
protection du droit d’auteur sur les aux FAI de procéder au blocage tifient les atteintes à leurs droits
réseaux de communication élec- du site entier (DNS ou IP). à l’attention d’un comité pari-
troniques, qui est entré en vigueur taire composé à 50 % d’ayants
le 31 mars 2014. Lorsque le Collège prononce une droit et à 50 % de membres de
injonction de retrait des œuvres ou l’IAB, qui transmettra les infor-
Ce règlement instaure une nouvelle de blocage du site, il peut ordonner mations pertinentes aux acteurs
procédure de protection du droit que les requêtes des internautes de la publicité en ligne.
d’auteur sur Internet, dans laquelle relatives aux pages ou au site
l’AGCOM peut être saisie par les bloqué soient redirigées auto- Le 29 mai 2015, l’AGCOM mention-
ayants droit. matiquement vers un message nait sur son site avoir reçu 277
Hadopi Annexe 3 : Veille internationale 159

demandes depuis l’entrée en « de réponse graduée » en trois Royaume-Uni


vigueur du règlement en 2014, étapes.
pour lesquelles 163 procédures ont Le Royaume-Uni prévoit des actions
été déclenchées, donnant lieu à 57 La procédure semble être la à l’égard des internautes parta-
décisions où le Collège de l’AGCOM suivante : les ayants droit peuvent geant illégalement les œuvres
a ordonné aux FAI de procéder au saisir les FAI de notifications faisant sur les réseaux pair-à-pair ainsi
blocage par DNS de l’accès aux état de violations des droits d’au- que des actions à l’égard des
sites en question avec la redirection teur que ceux-ci doivent adresser services centralisés massivement
automatique des requêtes concer- aux internautes concernés sous la contrefaisants.
nant les pages ou le site bloqués. forme d’un « avis ».
Actions à l’égard des
S’agissant de l’action de la police Pour effectuer ces opérations, les internautes partageant
douanière et financière, celle- FAI bénéficient d’une compensa- illégalement des œuvres sur les
ci aurait, également conduit au tion financière directement versée réseaux pair-à-pair
blocage de différents sites. Ainsi, par les ayants droit. En 2010, le Digital Economy Act
en juillet 2014, la police a lancé une (DEA) avait prévu la mise en
opération contre le site de contenus Après trois avis adressés, peut place, sous l’égide de l’OFCOM,
« ddlstorage », dont le blocage a commencer la phase contentieuse. le régulateur des communica-
été ordonné par un juge. Les ayants peuvent en effet intro- tions, d’un dispositif obligeant les
duire une action en justice pour FAI à envoyer des notifications aux
Par ailleurs, fin janvier 2015, suite obtenir réparation. Le tribunal abonnés partageant des œuvres
à une plainte déposée auprès du compétent en matière de droit d’au- sans autorisation via des logiciels
procureur de Rome par une chaîne teur peut, à l’issue de cette procé- pair-à-pair. Ce dispositif n’a cepen-
de télévision, un magistrat a auto- dure, condamner l’internaute au dant jamais été mis en place pour
risé la police à faire bloquer l’accès paiement de dommages et intérêts plusieurs raisons : la loi avait été
depuis l’Italie à 124 sites contrefai- allant jusqu’à 15 000 dollars néo- votée par le gouvernement précé-
sants, notamment de streaming. zélandais (soit 9 760 euros environ). dent ; le dispositif faisait peser des
obligations financières contes-
Selon nos informations, les pouvoirs tées par les titulaires des droits ;
publics se réservent la possibilité les FAI se plaignaient de ne pas
Nouvelle-Zélande de durcir le dispositif par la mise avoir plus de pouvoir de décision
en place d‘une sanction complé- sur la façon de mettre en œuvre
À ce stade, nous ne disposons pas mentaire de suspension de l’accès la procédure, etc.
d’information sur l’existence d’un à Internet ordonnée par le juge
dispositif de lutte contre les services (de 6 mois maximum), si le dispo- Aujourd’hui le gouvernement
en ligne centralisés manifestement sitif d’avertissement se révélait en soutient l’initiative privée Creative
contrefaisants en Nouvelle-Zélande. pratique insuffisamment dissuasif. Content UK, qui résulte d’un accord
La présente fiche présentera les volontaire entre les ayants droit
actions à l’égard des internautes La Recording Industry Association et les FAI.
partageant illégalement des œuvres of New Zealand (« RIANZ ») estime
sur les réseaux pair-à-pair. à 2 766 le nombre d’avis émis par Ce dispositif, tout entier orienté vers
les FAI entre septembre 2011 et la la sensibilisation, prévoit :
La Nouvelle-Zélande s’est dotée fin avril 2012, lors du lancement du
depuis 2011 d’un dispositif législatif dispositif. En août 2013, 13 décisions ■■ une campagne de sensibilisation
de lutte contre le partage illégal avaient été rendues, condamnant qui sera mise en œuvre en juillet
de fichiers par les internautes sur les internautes à payer des sommes 2015, sous différentes formes
les réseaux pair-à-pair. allant de la condamnation symbo- (publicités diffusées à la télé-
lique au paiement de la somme vision ou en ligne, jeux ou des
À l’instar de la France, il s’agit en de 600 dollars néo-zélandais (390 outils destinés au jeune public) ;
premier lieu d’un mécanisme type euros environ).
160

■■ un mécanisme d’avertissement le taux de réitération. Ils devraient propriété intellectuelle : Police


dépourvu de sanction (« The donc choisir délibérément de ne pas Intellectual Property Crime Unit
Voluntary Copyright Alert envoyer d’avertissement à certains (PIPCU) qui lutte contre les
Programme ») qui sera mis en abonnés afin de pouvoir évaluer les atteintes aux droits de propriété
œuvre fin 2015. changements de comportement intellectuelle (droits d’auteur mais
par rapport à un groupe d’abonnés également marques sur des biens
En vertu de ce dispositif, les FAI ayant reçu des avertissements. Des matériels ou des biens numériques
vont envoyer des mails aux abonnés experts indépendants mèneront à l’exception des médicaments), et
dont l’adresse IP leur aura été des recherches en ce sens sur des plus particulièrement les atteintes
communiquée par les ayants droit. données anonymisées (a priori des commises sur Internet.
Un avertissement pourra contenir : universités).
Dans ce cadre, un accord a été
■■ un ou plusieurs faits ; Lutte contre les services en conclu entre la PIPCU, les ayants
ligne centralisés massivement droit(114) et des acteurs de la
■■ ainsi qu’un ou plusieurs liens contrefaisants publicité en ligne(115), en vue de
qui renverront vers les saisines l’établissement d’une liste de
constatant les manquements, Présentation du dispositif services massivement contrefai-
afin que l’internaute puisse voir Le Royaume-Uni semble avoir une sants (Infringing Website List) et de
quelles œuvres sont concernées politique pénale de plus en plus la conduite d’actions à leur égard
par cet avertissement. dure dans la lutte contre les « sites (Operation Creative).
pirates ». Les tribunaux anglais
Pour autant, chaque FAI déter- ont récemment condamné en La PIPCU établit ainsi une liste de
minera le contenu détaillé des première instance les propriétaires services massivement contrefai-
mails. Certains FAI devraient ainsi et administrateurs d’un site à 32 et sants à partir de propositions des
présenter directement dans une 21 mois de prison. ayants droit et de ses propres inves-
page web liée à leurs services la tigations. Les critères retenus sont
liste des faits reprochés, d’autres De la même manière, il existe de confidentiels et la liste, qui n’est pas
pourraient préférer renvoyer les nombreuses décisions de blocage publiée, est seulement accessible
internautes vers une page dédiée de sites prononcées par le juge aux parties à l’accord.
sur le site du dispositif Creative à l’encontre des FAI (113). C’est
content(112) proposant une trame pourquoi, les FAI et les ayants Elle prend ensuite contact avec les
type d’avertissement. droit ont été conduits à passer sites et leur demande de cesser leur
des accords sur l’actualisation des activité illicite. À défaut de réponse
Les parties au Voluntary Copyright sites objets de ces injonctions de ou en cas de refus, elle peut :
Alert Programme espèrent envoyer blocage (sites miroirs notamment),
2,5 millions d’avertissements pour pour éviter de repasser devant ■■ soit donner le nom du service aux
la première année de la mise en le juge. acteurs de la publicité en ligne
place du système. pour assécher les revenus publi-
En septembre 2013, la Police de citaires du site en faisant cesser
Les FAI veulent mesurer l’impact Londres a créé une unité dédiée la diffusion de publicités sur ces
du programme sur l’offre légale et aux infractions en matière de sites. Les publicités diffusées

(112) À noter qu’une joint-venture a été créée par les ayants droit, notamment pour recevoir les fonds alloués par le gouvernement à l’initiative Creative
Content.
(113) Une centaine de sites seraient bloqués à ce jour.
(114) La Federation Against Copyright Theft, la British Recorded Music Industry, l’International Federation of the Phonographic Industry – IFPI – et la
Publishers Association.
(115) L’Internet Advertising Bureau local – IAB –, l’Incorporated Society of British Advertisers et l’Institute of Practitioners in Advertising.
Hadopi Annexe 3 : Veille internationale 161

sur ces sites via des signataires non identifiées qui invitaient l’inter- (guide informatif, association STOP
de l’accord peuvent aussi être naute à cliquer et pouvaient l’ex- PIRACY qui regroupe des acteurs
remplacées par des bannières poser à une escroquerie. publics et privés). La création d’une
pédagogiques à destination des plateforme publique dédiée à l’offre
internautes (Project Sunblock). Enfin, selon un rapport utilisant une légale avait, un temps, été envisagée
méthodologie strictement simi- mais la ministre de la justice a décidé
■■ soit demander au bureau d’en- laire pour chaque état, « A Profile que ce type d’initiative incombait
registrement auprès duquel le of current and future audiovisual davantage aux ayants droit.
nom de domaine du site a été audience » publié cette année par
enregistré de suspendre ce nom la Commission Européenne, le La réforme du droit d’auteur
de domaine. Royaume Uni a le deuxième taux annoncée devrait prévoir la possi-
de téléchargement gratuit de films bilité pour les ayants droit de
La liste est mise à jour une fois par le plus faible d’Europe (49 %). demander aux FAI d’envoyer des
semaine. Un prestataire effectue un notifications aux internautes qui
suivi de l’action de la Police pour mettent à disposition un nombre
évaluer son impact sur le plan de significatif d’œuvres illégalement
la publicité. Suisse sur Internet. En cas de réitération
dans l’année, une deuxième notifi-
Mesures chiffrées En juin 2014, le Conseil fédéral suisse cation devrait être envoyée. Après
Selon la British Recorded a annoncé que le Département deux notifications, l’identité de l’in-
Music Industry, la piraterie au fédéral de justice et police (DFJP) ternaute pourra être dévoilée aux
Royaume-Uni reste à un haut niveau allait élaborer un projet de réforme ayants droit, qui pourront intro-
avec 7 millions de personnes visi- du droit d’auteur destiné à être mis duire des actions contentieuses à
tant un site contrefaisant chaque en consultation publique le premier son encontre.
mois en 2013. trimestre 2016. Ce projet devrait
prévoir des actions à l’égard des Lutte contre les services en
La liste établie par la PIPCU internautes ainsi que contre les ligne centralisés massivement
comporterait aujourd’hui 111 sites ; services en ligne centralisés massi- contrefaisants
au départ il y en avait 150 mais vement contrefaisants. La Suisse ne dispose pas, en l’état,
depuis des sites ont cessé leurs acti- d’une réglementation spécifique sur
vités ou font du blocage géogra- Actions à l’égard des le statut des hébergeurs et intermé-
phique pour ne plus être accessibles internautes partageant diaires techniques ; le projet de loi
aux internautes se connectant à illégalement des œuvres sur les devrait, dans une certaine mesure,
partir du Royaume-Uni. réseaux pair-à-pair combler ce vide.
En l’état du droit positif, la Suisse
A la suite des mesures prises par semble très peu répressive sur Selon nos informations, la Suisse
les acteurs de la publicité dans la les questions de téléchargement prévoit :
seconde partie de l’année 2013, à partir de sources illicites ; le pira-
il a été observé : une diminution tage ne ferait que croître selon l'In- ■■ de traiter le statut des intermé-
de 12 % dans la publicité pour les ternational Intellectual Property diaires techniques, en privilégiant
marques connues ; une augmenta- Alliance (IIPA)(116). deux axes :
tion de 39 % des publicités pour les
sites érotiques ou exposant l’inter- Toutefois, des actions de sensibilisa- • la création d’une obligation à
naute à des malware ; près de 46 % tion sont mises en œuvre par l’Ins- la charge des hébergeurs de
des publicités sur les sites prove- titut Fédéral de la propriété intellec- mettre fin à la réapparition des
naient de marques inconnues ou tuelle pour initier au droit d’auteur atteintes au droit d’auteur (stay

(116) http://www.iipa.com/rbc/2015/2015SPEC301SWITZERLAND.pdf.
162

down) pour les sites massive- centralisés manifestement contre- Des ayants droit dans le domaine
ment contrefaisants ; faisants à Taïwan. de la musique et un FAI, HiNet,
auraient toutefois décidé de tester
• l’autorégulation à l’égard des Un mécanisme législatif graduel pendant 6 mois ce dispositif. Il est
sites diligents qui retirent les d’avertissement a été instauré en apparu que moins de 30 % des noti-
contenus mis « accidentelle- juillet 2009 qui prévoit que les inter- fications adressées par les ayants
ment » en ligne sur leur plate- médiaires techniques (FAI, héber- droit ont pu être délivrées avec
forme (ex : YouTube). geurs, etc.) sont tenus : succès aux abonnés, notamment
parce que les internautes n’au-
■■ de légiférer sur le blocage : le ■■ de transmettre à l’internaute qui raient pas l’obligation de fournir
projet de loi devrait permettre met à disposition une œuvre illi- une adresse mail aux FAI.
à l’Autorité publique (service de la cite la notification des ayants
police déjà en charge d’ordonner droit ; La conclusion d’un code de
le blocage des sites pédoporno- conduite avec les intermédiaires
graphiques ou Institut Fédéral ■■ d’informer les internautes récidi- techniques, destiné à mettre en
de la propriété intellectuelle) vistes que leur accès au service œuvre le dispositif, a été évoquée.
d’enjoindre aux FAI la mise en peut être résilié en tout ou partie ; Toutefois, cela ne semble pas avoir
œuvre des mesures de blocage été réalisé à ce jour, une réunion
et ce sous le contrôle du juge, ces ■■ de procéder au retrait du contenu ayant eu lieu en septembre 2014,
mesures étant susceptibles de non autorisé. sous l’égide du Taïwan Intellectual
recours. Le choix de donner ce Property Office entre les ayants
pouvoir à une Autorité publique Il semblerait que l’internaute ait la droit et les intermédiaires tech-
aurait été retenu pour accélérer faculté d’adresser une « contre- niques, sans qu’aucun consensus
la procédure. notification », et l’ayant droit doit n’ait pu être trouvé. En pratique,
alors fournir, dans les 10 jours, la les intermédiaires ne s’estimeraient
Par ailleurs, un groupe de travail preuve de la contrefaçon. À défaut, donc pas tenus par ces dispositions
est en cours de constitution pour le contenu sera remis en ligne dans et il semblerait que le dispositif soit,
réfléchir à la mise en œuvre d’une un délai de 14 jours à compter de en conséquence, resté lettre morte,
approche « follow the money » via la la contre-notification. faute d’action des intermédiaires.
signature de chartes. Ce groupe de
travail a été créé par le Secrétariat Ce dispositif a la particularité d’im-
d’État à l’économie et regroupe pliquer la responsabilité d’un ou
pour l’instant des ayants droit et plusieurs intermédiaires techniques
des représentants du gouverne- qui ne procéderaient pas à la trans-
ment. Les acteurs du paiement et mission d’un avis à l’internaute et/
de la publicité devraient rejoindre ou ne seraient pas suffisamment
le groupe dans un second temps. diligents face aux demandes des
ayants droit en procédant au retrait
des contenus non autorisés.

Taïwan Toutefois, il semble que la mise


en œuvre pratique de ce dispo-
Le dispositif existant à Taïwan se sitif ne soit détaillée par aucun texte
focalise sur des actions à l’égard d’application et notamment que
des internautes partageant illéga- les contours et la portée des obli-
lement des œuvres sur les réseaux gations des intermédiaires tech-
pair-à-pair. À ce stade, nous ne niques à résilier effectivement les
disposons d’aucune information comptes des internautes ne seraient
sur l’existence d’un mécanisme de pas explicités.
lutte contre les services en ligne
Hadopi Annexe 3 : Veille internationale 163

GLOSSAIRE
• AAA : American Arbitration Association
• ADSL : Asymmetric Digital Subscriber Line
• BD : Bande Dessinée
• BP : Budget Prévisionnel
• CLEMI : Centre de liaison de l’enseignement et des médias d’information
• CPD : Commission de protection des droits
• CPI : Code de la propriété intellectuelle
• Crowdfunding : Financement participatif
• CSV : Comma-separated values
• DEA : Digital Economy Act
• DMCA : Digital Millennium Copyright Act
• DNS : Domain Name System
• DRM : Digital Rights Management
• ETPT : Équivalent Temps Plein Travaillé
• FAI : Fournisseur d’Accès à Internet
• HD : Haute Définition
• IP : Internet Protocol
• LOLF : Loi Organique Relative aux lois de Finances
• MMS : Multimedia Messaging Service
• MTP : Mesures Techniques de Protection
• NTIC : Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication
• PAP : Programme Annuel de Performance
• RPP : Rémunération Proportionnelle du Partage
• SMAD : Services de médias audiovisuels à la demande
• SMS : Short Message Service
• Startupper : Entrepreneur fondateur ou co-fondateur d'une start-up
• Streaming : Diffusion en continu
• Stream ripping : Sauvegarde dans un fichier d’un flux en continu
• SVOD : Subscription Video On Demand
• ST : Sous-total (études)
• TNT : Télévision Numérique Terrestre
• USB : Universal Serial Bus
• USTR : United States Trade Representative
• VOD : Video On Demand
• VOST : Version Originale Sous-Titrée
• WHOIS : (« Qui est ? » en français) Service de recherche fourni par les registres Internet

Conception graphique : www.agence-maverick.com


Crédits photo : G. Delenclos, U. Schimizzi, E. Lefeuvre, J. Tarbotton, E. Gregory, E. Holzinger, P. Gothe, P. Kadysz,
PDPics, Splitshire. Les photos utilisées pp. 18, 28, 38, 96, 100, 108, 124, 140, sont en licence Creative Commons 0.
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