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Editorial
Sommaire Cet automne, les lecteurs des Nouvelles de l’Inde qui ont pu
se rendre au Salon du Livre indien à la Mairie du
20ème arrondissement les 17 et 18 novembre dernier ont pu se
rendre compte de l’importance de la littérature indienne et
• L’incroyable histoire de la valise diplomatique indienne
retrouvée 46 ans après un crash aérien 3 de la littérature française se rapportant à l’Inde. Nous vous
• Du mythe au monde, invitons à lire dans ce numéro l’article de Marc Parent, agent
le Gange bouillonnant de la littérature indienne 4-6
littéraire international, expert de la littérature indienne
• Réflexions sur la Chine et l’Inde
à travers François Jullien et Roger-Pol Droit 7-9 contemporaine. Michael de Saint Chéron, nous fait partager
quelques réflexions sur l’Inde et la Chine à travers deux
auteurs, François Jullien et Roger-Pol Droit.
HOMMAGE
• Hommage à Anne-Marie Legay 10-11
L’art contemporain indien a été à l’honneur à Paris avec
plusieurs expositions. Nous vous présenterons dans notre
AUTRES FACETTES DE L’INDE prochain numéro un panorama de ces artistes multimédia qui
• Tourisme en Inde : un tour d’horizon 12-14 arrivent de plus en plus nombreux sur la scène internationale
et française notamment : Chittrovanu Mazumdar, Asim
DESTINATIONS A DÉCOUVRIR
Waqif, Mithu Sen, Sunil Gawde, Suhas Shilker, Tejal Shah,
• La grotte sacrée d’Amarnath au Cachemire :
Ujjwal Utkarsch.
la demeure de Shiva 15
• Gros plan sur l’Odisha 16-21 Vous pourrez aussi lire l’incroyable histoire de la valise
diplomatique qui a été retrouvée au sommet du Mont Blanc
ECHOS ET SENTEURS DE L’INDE 22-24 46 ans après un crash aérien.
L’INCROYABLE HISTOIRE
DE LA VALISE DIPLOMATIQUE INDIENNE
RETROUVÉE 46 ANS APRÈS UN CRASH AÉRIEN
Pour une nouvelle, ce fut une nou-
velle ! 46 ans après le crash du vol
Air India 101, le 24 janvier 1966, qui
reliait Mumbai à Londres, une valise
diplomatique de 9 kg était retrouvée
au sommet du Mont Blanc le 21 août
dernier par un sauveteur de monta-
gne, employé à l’office de haute
montagne (OHM) et remise au pelo-
ton de la gendarmerie de haute
montagne (PGHM) de Chamonix.
Le Boeing 707 immatriculé VT-DMN
et portant le nom de Kanchenjunga,
Le capitaine Emmanuel Vegas (R) du peloton de la gendarmerie de haute mon-
était parti à l’heure de Mumbai et tagne à Chamonix a remis le sac de la valise diplomatique le 3 septembre 2012
avait fait les deux escales prévues à à Mlle Satwant Khanalia, Deuxième Secrétaire (Politique), représentant l’am-
Delhi puis Beyrouth et se dirigeait bassade de l’Inde à Paris
vers Genève pour une troisième es-
cale. Au niveau de vol 190, l’équi- Le sac en toile de jute portant les possession des documents auprès de
page reçoit des instructions pour inscriptions suivantes « Diplomatic la gendarmerie locale de Chamonix
descendre sur l’Aéroport internatio- Bag » et « Ministry of External au pied de la montagne. « A première
nal de Genève après que l’avion ait Affairs » fut découvert par le sauve- vue ce sont de vieux journaux » a-t-
teur de montagne Arnaud Christ- elle déclaré tout en soulignant leur
dépassé le Mont Blanc. Le pilote,
mann et son voisin Jules Berger le 21 « valeur historique ». La valise a en-
pensant qu’il avait dépassé le som-
août après que des touristes leur suite pris un vol régulier d’Air India
met, entama la descente et heurta le
aient mentionné qu’ils avaient vu pour rejoindre le Ministère des
massif montagneux près des Rochers
quelque chose briller sur le glacier Affaires Etrangères à New Delhi. Le
de la Tournette, à une altitude de
des Bossons. Les promeneurs pen- hasard a voulu que le commissaire
4750 mètres. Les 106 passagers et 11
saient qu’il s’agissait de la dernière de bord qui était sur le vol régulier
membres de l’équipage périrent tous roue de l’avion d’Air India, surnommé
dans l’accident. Parmi les passagers d’Air India transportant la valise di-
le Malabar Princess, qui lui s’était plomatique à New Delhi, Chandan
se trouvait le Président de l’Indian écrasé en 1950. Les deux pisteurs
Atomic Energy Commission, Dr. Homi R Barooah, n’était autre que le fils de
trouvèrent parmi les nombreux dé- Ramesh Chandra Barooah, mécani-
Jehangir Bhabha. bris, une chaussure, des câbles, des cien à bord du vol Air India 101.
morceaux de carlingue et la roue « C’était vraiment le destin… les res-
d’avion… à une vingtaine de mètres, tes du crash sur mon vol, et sous ma
un sac de jute qui n’était autre que garde », déclara Chandan R. Barooah
la valise diplomatique que transpor- à l’Indian Express.
tait le vol AI101.
Barooah était âgé de 18 mois quand
La valise de catégorie C ne contenait son père qui avait une petite tren-
© Sandeep Saxena, The Hindu
DU MYTHE AU MONDE,
LE GANGE BOUILLONNANT
DE LA LITTÉRATURE INDIENNE
Les pouvoirs du mythe le ventre d’un poisson gigantes-
dans un pays que ; elle était plus belle que les
méandres du fleuve Yamuna mais
de raconteurs d’histoires dégageait une épouvantable odeur
En l’année 3139 avant notre ère, de poisson. Le sage Parashar tomba
loin, très loin, au cœur de la fou amoureux d’elle à l’instant-
grande plaine gangétique du nord même où il la vit et la conduisit en
de l’Inde, une querelle familiale dé- bateau vers une île mystérieuse où,
généra en la plus grande guerre de grâce à ses pouvoirs magiques, il
tous les temps. Il y eut bien des substitua un fabuleux parfum de
conflits avant le champ de bataille fleurs à sa puanteur. Satyawati et
de Kurukshetra et il y en aura bien Parashar eurent un fils, Vyasa, né
d’autres après mais ce conflit fra- sur l’île, mais dont son père fit un
tricide entre les cousins de Kuru ermite au plus profond d’une forêt
fut tellement déterminant qu’il tandis que Satyawati revint chez
constitua et constitue toujours le Uparichara. Et puisque la caractéristique d’une
point central de la mythologie en histoire est qu’elle ne se fige ja-
Vyasa, qui deviendra le grand écri-
un filigrane continu de l’histoire de mais dans une seule version défini-
vain immortalisé par l’hindouisme,
l’Inde, tant la mythologie et l’his- tive, Suka, le fils de Vyasa, entre-
entendit bien des conteurs racon-
toire de cet immense pays sem- prendra à son tour de raconter
ter le Mahabharata ; lui-même
blent couler unis dans le même l’histoire des amours et des haines
joua un rôle important dans les
fleuve d’un seul conte. du Mahabharata, à la suite de son
événements qui avaient précédé la
Cette gigantesque guerre est le père…
grande bataille. Il décida donc de le
destin de l’épopée du Mahabha- raconter en sanscrit et en vers afin
rata qui, racontée depuis cinq mille que l’interminable poème puisse Une tradition narrative
ans, des millions de fois, sous au- être mieux retenu. Mais comment ininterrompue
tant d’angles, est toujours la même raconter –à une époque où le livre Aujourd’hui, ce sont les enfants-
histoire foisonnante, captivante et n’existait pas encore- une histoire écrivains de Vyasa et des auteurs
éternelle du courage, de la victoire, si longue, si complexe, tissée par des autres grands textes de l’Inde,
de la défaite et de l’humilité, de la tant d’autres histoires et jouée par - le Ramayana, les Vedas, les
morale et de la tricherie, de la fidé- tant de personnages ? Il pria Upanishads, les Puranas, les
lité et de la trahison… C’est la plus Brahma de lui donner force et dé- Shastras, les Sutras- les raconteurs
grande histoire jamais écrite parce termination. Brahma qui connais- d’histoires de l’Inde des vingtième
qu’elle contient la palette entière sait parfaitement les péripéties et vingt-et-unième siècles qui –
des émotions, des espoirs, des ver- passées et celles encore à venir de nés et portés jusque sur nos rivages
tus et des vices de l’humanité. l’épopée lui conseilla de faire appel par cette même grande vague de
Seule l’œuvre de Shakespeare, et à Ganapati Ganesha, le dieu-élé- fond narrative des mythes d’il y a
encore dans sa totalité, est-elle phant, fils de Shiva et de Parvati, plus de cinq mille ans - viennent
peut-être capable de rivaliser avec connu de tous pour sa culture et sa nous raconter, sans s’arrêter
celle qui, par ses cent mille shlokas, mémoire. – comme Vyasa - les histoires que
ses quatre-cent mille vers, dépasse Ganesha accepta d’aider Vyasa bien des écrivains occidentaux ne
plusieurs fois l’Iliade et l’Odyssée mais à une seule condition : « que racontent plus à leurs lecteurs. Ces
réunis. jamais tu ne t’arrêtes dans ton ré- nouveaux conteurs indiens ont
À peu près au même moment, vi- cit, ainsi, moi aussi, j’écrirai sous ta pour noms V.S Naipaul, P.K Bala-
vait Satyawati -fille du roi dictée en un flot continu ». Ils se krishnan, Amitav Ghosh, Vikram
Uparichara et chef des pêcheurs- mirent donc à un travail gigantes- Seth, Salman Rushdie, Anita Desai,
que ce dernier avait trouvée dans que qui leur prit d’infinies années. Aravind Adiga, Tarun Tejpal, Tishani
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Doshi, K. Satchidanandan, Jaspreet est structuré en cinq grandes par- marché du livre de langue anglaise
Singh, Gurcharan Das, Suketu ties comme le Mahabharata sans estimé à trois cent millions de lec-
Mehta, Pankaj Mishra, Vikram qu’il l’ait jamais décidé… Lorsque, teurs potentiels. Plus de 60 % de
Balagopal, Rajesh Devraj et tant aujourd’hui, le trentenaire Vikram sa population ont moins de trente-
d’autres… ; ils sont indiens, roman- Balogopal écrit son roman graphi- cinq ans…
ciers, essayistes, poètes, auteurs de que –Simian- il le fait en s’inspi- Tout comme l’économie améri-
romans graphiques ; ils écrivent en rant avant tout de l’histoire de caine florissante nous a amené
hinglish, en hindi, en ourdou, en Hanuman dans le Ramayana que les géants littéraires de l’après
bengali, en malayalam… l’auteur mêlera même dans sa fic- seconde guerre mondiale, les Roth,
Et parce qu’en Inde, de génération tion à un épisode du Mahabha- les Updike, les Mailer…, tout
en génération, de père en fils, de rata… comme celle de l’Amérique latine
mère en fille, d’aïeul en petit-fils, Les voyageurs en Inde auront re- dans les années soixante-dix et
du plus grand âge au plus jeune, on marqué l’incroyable vitalité et l’ac- quatre-vingt nous a dévoilé les sa-
ne cesse jamais de raconter des tualité des grands mythes hindous gas époustouflantes des Marquez
histoires dans une tradition inin- au quotidien du pays tout comme et des Fuentes, le sous-continent
terrompue empreinte de mythes et les lecteurs de 2012 seront saisis indien nous offre, depuis une ving-
d’épopées, de traités et de poèmes, par leur indéniable présence dans taine d’années, le souffle régulier,
ces écrivains nous livrent des fic- la littérature indienne, notamment puissant et chamarré d’une littéra-
tions imprégnées consciemment chez les jeunes écrivains ; ce qui, ture époustouflante de vérités et
ou inconsciemment par les leçons en conférant une dimension uni- de proximité avec nous, écrite sur-
et les morales de ces mythes qui, versaliste à leurs romans, leur tout en anglo-indien et dans une
pour cette raison, tendent vers amène des lecteurs du monde en- moindre mesure, pour l’instant,
l’universel car toute littérature tier. Et face à ce constat, on ne traduite de ses langues régionales ;
structurée par la mythologie prend peut que se poser la question de ce que ce soit par le truchement de
le chemin de l’universalité. qui est advenu, dans notre occi- ses romans et essais écrits directe-
dent littéraire, de la connaissance, ment au plus près de la chair de
Quand Shashi Tharoor écrit en
de la résonnance et de l’opportu- l’Inde ou par celui des œuvres litté-
1989 son trépidant Grand roman
nité créatrice, aujourd’hui, des raires nées de sa diaspora.
indien, c’est pour mieux y actuali-
multiples aventures et des mythes La raison de la présence urbi et
ser les péripéties du Mahabharata
nés sur les versants de l’Olympe ? orbi de cette houle littéraire in-
au contact des événements histori-
Où sont donc passés les enfants- dienne, au-delà de son enracine-
ques de l’Inde moderne depuis son raconteurs d’Homère ?!
indépendance à l’assassinat d’In- ment dans la mythologie et de sa
dira Gandhi… Lorsque, plusieurs diffusion due à la vague mondiale
années auparavant, en 1973, P.K Une économie forte des prouesses économiques du
Balakrishnan compose en malaya- apporte pays, est que l’Inde est un véritable
lam son impressionnant Ini njan pays-monde avec sa mosaïque dé-
une littérature forte mographique et sociologique de
urangatte (Et maintenant, laissez-
moi dormir) qui fut couronné par L’Inde est aujourd’hui, avec son forces et d’aspirations mais aussi
milliard deux cent millions d’habi-
des prix littéraires et des ventes
tants –le sixième à elle seule de la
impressionnantes, c’est pour mieux
population mondiale- la troisième
souligner les histoires de Draupadi
puissance planétaire pressentie
et de Karna – personnages cen-
pour dépasser la Chine en 2030 et
traux du Mahabharata…
l’économie américaine dès 2045.
Quand le journaliste d’investiga- Jouissant depuis le début des an-
tion et romancier Tarun Tejpal nous nées quatre-vingt-dix d’un taux de
livre son sublime Loin de Chandi- croissance insolent et faisant par-
garh, roman construit autour d’une tie des pays dits émergents (les
découverte dans l’Himalaya qui BRICS), elle est en 2012 la pre-
bouleverse à jamais, dans les an- mière puissance mondiale du Soft-
nées quatre-vingt-dix, le destin ware où il s’y vend vingt millions
d’un jeune couple de Chandigarh de téléphones par mois. Composée
et qui a marqué un véritable tour- récemment de trois-cent-cin-
nant dans la perception de la litté- quante millions de classes moyen-
rature indienne en France en 2005, nes, elle arrive juste derrière les
il se rend compte que son roman États-Unis en ce qui concerne le
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© Thomas Dorn
poles, neuf cent quatorze filles monde, c’est qu’il a su, par l’évoca-
pour mille garçons, quarante pour tion fictive de pratiques répréhen-
cent d’analphabètes, entre six et sibles s’étant déroulées en Inde, se De gauche à droit Aravind Adiga,
huit mille castes et sous-castes, un faire l’écho de pratiques hélas sou- Ilija Trojanow et Marc Parent
million de révoltés, des politiques vent identiques dans la plupart des Marc Parent, formé et diplômé
trop souvent gangrénés par la cor- pays du monde. en lettres modernes et en litté-
ruption et, avec ses douze religions En 2009, le très engagé et lyrique rature comparée en France et
principales, n’est-elle pas le pays Histoire de mes assassins de Tarun aux États-Unis, travaille dans
des conflits religieux les plus vio- Tejpal confirme le tournant résolu- l’édition internationale depuis
lents ? ment politique pris par une partie vingt-six ans.
des fictions indiennes. Ce roman Éditeur de littérature étrangère
L’Inde, un pays-monde met en scène Chaku, Kabir M, –notamment indo-pakistanaise
En d’autres mots, l’Inde (et c’est Kaliya, Chini et Hathoda Tyaghi, dont il est passionné- il a monté
sans doute ce qui en fait le pays le cinq enfants qui passeront de l’in- au cours de ces dix dernières an-
plus complexe de la planète) est le nocence aux meurtres parce qu’ils nées un catalogue en français
miroir de la diversité de notre rencontrent sur leur chemin, les des plumes les plus prestigieuses
monde. Elle semble le contenir tout cinq failles sus-nommées de l’Inde. de l’Inde et du Pakistan, consi-
entier en ce qu’il a de multiple, de Le temps littéraire des mahajarahs, déré comme le plus complet
moderne, d’archaïque, de porteur de l’exotisme, des épices, voire des d’Europe.
d’espoirs et de prémonitoire. Ses mariages arrangés, semble, à quel- Aujourd’hui, depuis huit mois, il
enjeux et ses écueils de classe, de ques exceptions près, bien révolu. Il a retrouvé les marchés du livre
caste, de langue, de pouvoir et de laisse la place à un nouveau pré- internationaux ; il est agent lit-
corruption résonnent aux oreilles sent littéraire de la conscience, de téraire international à Paris d’où
de la plupart des pays de la planète l’engagement, sans concessions, il représente dans le monde en-
tout comme ses romans et ses es- sans compromis et articulé autour tier des auteurs surtout étran-
sais -sous les plumes tour à tour d’enjeux planétaires. Place est faite gers, plus particulièrement issus
virulentes, cyniques et compas- aussi à une langue littéraire an- du sous-continent indien.
sionnelles d’un V.S Naipaul, d’un glaise mâtinée d’autres langues in- mparent@ajafr.com
Rohinton Mistry, d’un Aravind diennes, plus confiante, seule al-
Adiga, d’un Tarun Tejpal, d’un chimie capable de contenir et tra- Vyasa, reviennent aux ambiguïtés
Pankaj Mishra- se font l’écho des duire le vacarme, la foule, les ex- et aux dilemmes inhérents aux
mêmes failles et des mêmes vio- cès, les émotions, les passions, la épopées mythologiques comme le
lences qu’ailleurs aux oreilles des complexité et les contradictions au Mahabharata. À l’instar d’un
lecteurs, là encore, du monde en- quotidien de cette immense nation Gurcharan Das dont le dernier ou-
tier. que le carcan d’une langue an- vrage nous invite à méditer sur la
En 2008, le Booker Prize a cou- glaise classique –qui dénote plus difficulté d’être bon au travers d’un
ronné le jeune Aravind Adiga, pour qu’elle ne connote- peine à expri- essai remarquable sur l’art subtil
son très nouveau et très amoral mer dans leur entièreté. du Dharma (ce concept fondamen-
Tigre blanc, dernier en date d’une Le monde du vingt-et-unième siè- tal du devoir intérieur et du che-
lignée d’écrivains indiens ayant cle –avec ses démocraties confir- min juste et intuitif vers le bien) et
reçu cette prestigieuse récom- mées ou à venir- a énormément à nous suggère que notre monde
pense, après V.S Naipaul en 1971, apprendre de l’Inde et des défis qui ressemble de manière bien étrange
Salman Rushdie en 1981, Arun- la provoquent. Afin de mieux af- et presque inquiétante à celui de la
dhati Roy en 1997 et Kiran Desai fronter les incertitudes éthiques de grande épopée fratricide des
en 2006, des auteurs indiens qui, notre planète, certains de ses écri- Pandava et des Kaurava. ❑
pour la plupart, ont dénoncé les vains, sentinelles visionnaires et
dérives de misère, de caste et de universelles dans le sillage de Marc Parent
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© Mireille-Joséphine Guézennec
De retour de quinze jours de laire, rappelons-le, de la chaire sur sée de l’autre – ou de l’Autre – sur-
voyage en Chine à l’invitation de la l’altérité au Collège d’études mon- tout quand cet autre est la Chine
East China Normal University, du dial de la Fondation Maison des ( , zhOngguó) l’Empire du milieu,
She-Man Institute et de l’ambas- sciences de l’Homme, (que la est une quasi impossibilité si l’on
sade de France, le non hasard de France aime les superlatifs ou ce n’entre dans les sinogrammes, fa-
mes lectures durant ce périple, en qui en tient lieu : les totalités !), çon la plus simple de nous départir
« ignorant total » que je suis des nous affirme et nous confirme de notre insupportable habitude
langues chinoises, comme de celles dans l’idée que jamais nous ne (que peut-être ont tous les peuples
de l’Inde, m’a permis de repenser, saurons entrer (à de très rares ex- issus d’une civilisation importante),
voire de reposer la question sans ceptions près !) dans la pensée chi- de nous approprier les cultures, les
fin mais peut-être aussi sans au- noise si nous ne partons pas vivre civilisations capitales de l’huma-
cun sens si ce n’est celui que je en Chine, nous dépouiller du vieil nité. Ne sommes-nous pas tous,
veux lui donner, de la différence homme occidental, qui juge les au- que nous soyons chinois, indiens,
vertigineuse entre ces deux pays tres civilisations depuis sa concep- ou d’ailleurs, africains, sud-améri-
monstrueux, ces deux civilisations tion philosophique, religieuse, mo- cains, réduits à cette simple don-
cinq fois millénaire. rale, sans vraiment chercher à se née : que notre regard est par défi-
A travers son nouveau livre Entrer mettre à la place de l’autre. nition centripète, chaque soi, à
dans une pensée ou Des possibles François Jullien veut nous faire plus forte raison chaque peuple,
de l’esprit1, François Jullien, titu- sentir combien entrer dans la pen- étant le centre de tout ? Mais aussi
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centrifuge, le centre étant toujours tre plan que celui de la langue, qui çon quasi inversement proportion-
le même ? pour être certainement capital nelle. Les maîtres de la pensée chi-
François Jullien avec toute sa avec l’Inde et sa multitude de lan- noise, ou serait-il plus juste de
science à la fois du chinois, de ses gues dont sa langue sacrée, l’est dire : des grands courants de la
textes, de la philosophie occiden- différemment qu’avec la Chine et pensée chinoise, portent en eux
tale, a raison de nous mettre en ses sinogrammes ? L’absolu mys- une sagesse immuable, infinie.
garde contre toute appropriation tère, l’insaisissable vertigineux de Nous voyons combien la Chine
ou contre toute prétention à croire la pensée indienne, hindoue mais contemporaine entre beaucoup
comprendre ce qui dépasse par in- sans doute aussi musulmane ou plus rapidement que l’Inde dans la
culture l’immense majorité d’entre chrétienne de l’Inde, qu’aucun modernité, voire l’hyper-modernité
nous, sauf les vrais sinisants res- point de tangence, qu’aucun fond de ses villes tentaculaires aux cinq
pectables et respectés qui ne sont lexical indo-européen, ne nous ou six périphériques, aux trois ou
pas légion. permet d’appréhender d’aucune quatre cents km de métro –
sorte. R.-P. Droit raconte en guise comme ses intellectuels entrent
Il commence toutefois sa démons- d’expérience philosophique une aussi si rapidement dans l’étude
tration par nous dire qu’il y a entre course en rickshaw à quelques en-
l’Europe et l’Inde des croisements approfondie des philosophes et
cablures du Gange à Bénarès penseurs majeurs de l’Occident. En
intellectuels possibles par l’Indus, (Varanasi). Le Gange avec lequel
par l’histoire plus simplement. Tout est-il de même pour l’Inde ?
les hindous ont un rapport cinq Nullement. Le génie chinois allié à
cela est vrai. Tout cela est en même fois millénaire, que ni les Chinois
temps inopérant, insignifiant, di- la vertigineuse frénésie de ses in-
n’ont avec leurs fleuves, ni les tellectuels et universitaires de
vers. Oui, divers, sans conséquence. Juifs, ni les arabo-musulmans, ni connaître toujours mieux l’ailleurs,
Depuis mon inculture sans doute les sud-Américains, ni les Africains, l’Autre, porte en lui sans doute se-
mais fondée sur la connaissance de n’ont avec aucun fleuve. Nous crètement l’outrecuidance justifiée
quelques maîtres, je crois pouvoir sommes ici en face d’un abyssal de vouloir penser l’Occident pour
avancer sur la pointe des pieds mystère. La circulation se bloque mieux le dominer sur son propre
qu’il n’y a pas plus de point d’inter- tout à coup pour une heure, peut- terrain. Sa langue idéographique
section qui vaille, pour faire com- être plus, non du fait d’une vache tout comme le confucianisme, le
prendre à un Européen - je ne parle sacrée mais d’un simple… ma- taoïsme, le Yi-King sont à n’en pas
pas même du fond mais du simple riage ! « Le monde est plein, entiè- douter de puissants atouts que
bord du monde hindou. rement. Plus un interstice vacant, l’Inde ne connaît pas car l’Inde est
Voici que j’ouvris le dernier livre de pas le moindre jeu. Tout s’arrête. sur un tout autre rapport à la vie, à
Roger-Pol Droit, Petites expérien- L’embouteillage demeure – fu- l’intelligence, à la modernité.
ces de philosophie entre amis2, dé- mant, pétaradant, cacophonique -,
mais immobile tout à fait, le repos. Mais le Chinois qui connaît nos
capant, amusant, instructif au plus cultures partage aussi le sentiment
haut niveau mais toujours simple Ça dure. Je ne saurais pas dire
combien – combien de quoi ? C’est invincible d’être chinois, c’est-à-
d’abord, simple non simpliste, sim-
hors mesure, mais assez pour faire dire d’appréhender le monde à par-
ple comme profond, qui ne cherche
l’expérience d’un sentiment de tir d’une vision idéographique de la
pas à prouver mais à faire partager.
l’immuable. […] Dans les trajets, un pensée qu’ils sont les seuls (avec
Tout à coup je suis happé par le
rien demeure sans bouger. Dans les Coréens et les Japonais) à avoir
chapitre que R.-P. Droit consacre à
l’agitation, un cœur énigmatique maintenu depuis trois mille cinq
une expérience de rue à Bénarès
de sérénité. Dans le bruit, le silence cents ans.
(dédié à notre ami commun André
Lewin, ancien ambassadeur de perdure. Dans ce suspens phéno- François Jullien écrit avec toute
France en Inde). En trois pages à ménal, une chose sans nom se son autorité : « Et surgit soudain
peine, il nous permet d’arriver à la donne à éprouver. Le blocage com- devant nous une tâche immense :
même conclusion que F. Jullien en plet révèle soudain un fondement concevoir une histoire de l’avène-
quelque deux cents pages péné- inaccessible. S’entrevoit un monde ment de l’esprit qui ne relève plus
trantes et magnifiques d’intelli- « sans ». Sans progrès, sans but, de la seule Europe. »
gence. Jullien nous dit que jamais sans grandeur comme sans juge- J’avais dix-huit ans lorsque j’appris
nous ne serons en phase avec nos ment. Simplement là – sans at- la chose qui m’a marqué à jamais
maîtres ou nos amis qui eurent tente, sans fin, sans raison. sur le rapport plein de fascination
l’intuition à 18 ans d’apprendre le Indéfiniment identique. » Elles ne que nous portons à l’Inde et à la
chinois – que nous n’entrerons pas sont pas didactiques ces trois pa- Chine. C’est Malraux, qui méta-
dans la pensée chinoise. Que dit ges. Elles sont fascinantes. morphosa ma vie, qui me l’apprit
d’autre Roger-Pol Droit sur un au- La Chine nous fascine mais de fa- dans une émission de télévision. Il
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HOMMAGE
Imposition
Actuellement les taxes sur le sec-
teur touristique sont très élevées.
Le Darjeeling est une ville située dans l’Etat du West Bengal Pour obtenir le maximum de divi-
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Convergence
Comme le tourisme est une activité
qui regroupe plusieurs secteurs,
une convergence des ressources de
divers secteurs impliqués dans la
promotion du tourisme au niveau
central et des Etats est nécessaire
pour obtenir les résultats opti-
maux. Les mesures suivantes sont
nécessaires pour la convergence :
– Un Comité peut être constitué
sous la présidence du Premier mi-
nistre avec des membres des mi-
nistères concernés comme le
Ministère de la Culture, de l’Avia- Le Temple du Lotus est l’un des plus beaux temples de l’Inde
tion civile, du Transport routier et
des Autoroutes, du Développement sociation avec ASSOCHAM, CCI, manière substantielle le budget du
urbain, etc. FICCI, PHDCCI, ICC peut faire des plan. Les fonds nécessaires au
– Un comité peut être constitué efforts pour développer la prise de Ministère du Tourisme durant le
dans chaque Etat/Territoire de conscience des Etats par rapport 12ème Plan sont estimés à environ
l’Union sous la présidence des au potentiel du tourisme dans le 210, 5 millions de roupies contre
Premiers ministres/administrateur développement économique et la 50, 156 millions alloués pour le
des Etats/Territoires de l’Union génération d’emplois 11ème Plan. Une importante propor-
avec des membres des ministères – Les Etats identifieront les man- tion des dépenses pourrait être al-
concernés du Gouvernement de ques d’infrastructures touristiques louée pour l’amélioration de l’in-
l’Etat/des Administrations des et s’assureront de l’intervention au frastructure du tourisme, le déve-
Territoires de l’Union. niveau du Premier Ministre – en loppement des ressources humai-
vue d’inscrire ces points à l’agenda nes, le renforcement des capacités,
Implication des Etats/Territoires politique la promotion et la publicité.
de l’Union dans le Développement – Les Etats devraient encourager le La priorité du Ministère du
du Tourisme tourisme durable, sûr et promo- Tourisme est de créer/développer
– L’implication active des Etats est tionnel une infrastructure liée au tourisme
un pré-requis pour le développe- pour générer des opportunités
ment intégré du tourisme à travers Terrain pour le secteur touristique d’emplois. L’idée d’inclure le sujet
la convergence • Besoins de terrains pour : du tourisme dans les cours de ter-
– Le Ministère du Tourisme en as- - des hôtels minale est soulevée avec le soutien
- des centres de congrès/halls d’ex- du Ministère du Développement
position des Ressources Humaines pour que
- des parcs à thème la prochaine génération ne de-
• Sur le schéma du terrain alloué à vienne pas seulement sensible à
l’industrie ces questions mais soit également
• Terrain à donner sur la base du prête à relever les défis du secteur
partage de revenu touristique. ❑
• Coefficient d’occupation des sols
pour les hôtels Samir Sinha
Pour permettre au Ministère du Directeur Adjoint
Tourisme d’introduire diverses stra- (Media & Communication)
Jeunes filles assamaises tégies proposées durant la période Press Information Bureau
exécutant la danse Bihu du 12ème Plan, il faut augmenter de New Delhi
DESTINATIONS À DÉCOUVRIR
© Gktambe en.wikipedia.org
cle et plus tard dans le Rajatarangini, les voient souvent dans la grotte.
indiquant que la grotte était connue Chaque année entre juillet et août, un
de la population depuis longtemps. Le cylindre de glace ressemblant au lin-
pèlerinage jusqu’à la grotte sacrée gam du Seigneur Shiva se forme mys-
d’Amarnath se poursuit également de- térieusement à l’intérieur de la grotte.
puis des siècles. La grotte d’Amarnath Il commence à se former le premier
Grotte d’Amarnath
aurait été, dit-on, redécouverte par un jour de la nouvelle lune du mois
Gujjar (berger musulman du Cache- (Chandrapaksh) et atteint son zénith le nent même à faire abstraction du froid
mire), Buta Malik, il y a environ un siè- jour de la pleine lune de Shrawan, le et à se baigner dans des eaux glacées.
cle et demi. C’est la raison pour la- mois lunaire hindou d’août. Selon les L’air est traversé par le leitmotiv « Har
quelle une partie des offrandes faites croyances, la plus grande formation Har Mahadev » tandis que les pèlerins
par les pèlerins à la grotte sacrée re- est considérée comme le lingam du arrivent à la grotte sainte pour célé-
vient à sa famille. Seigneur Shiva, celle sur le côté gau- brer le jour de la pleine lune, ayant fi-
Chaque année le pèlerinage (Yatra) che est considérée comme une forma- nalement atteint leur destination et
vers la grotte sacrée d’Amarnath tion en glace du Seigneur Ganesh. A apercevant le Shivling de glace dans la
quitte Srinagar vers la fin juin et droite se trouvent des formations de grotte sacrée d’Amarnath. Shiva les
Pahalgam vers Ashadha Purnima Parvati (la parèdre de Shiva) et de observe sûrement.
(pleine lune durant le mois hindou Bhairava. Le but des pèlerins est d’at- Pour plus d’information, contacter :
d’Ashadh) au milieu des chants et des teindre la grotte sacrée le jour de la • Jammu and Kashmir Tourism, Tourist
rituels védiques et sous la guidance de pleine lune de Shrawan. Reception Centre, Srinagar 190001
Chari Mubark (la masse sacrée de Des milliers de personnes parcourent (J&K), Tél : +91 194 2472449,
Shiva). A partir de Pahalgam, il suit la 46 km de Pahalgam (150 km de 2452690, Fax : +91 194 2479548,
route traditionnelle le long de la vallée Srinagar) jusqu’à la grotte sacrée qui Email : dtk@jktourism.org et site
de la Lidder : des milliers de pèlerins et se trouve à une altitude de 4520 mè- Internet :http://jtktourism.org
de sadhus, d’ascètes et de saints hom- tres. En raison de l’altitude, la marche • Jammu and Kashmir Tourism,
mes font ce voyage annuel. Une autre est lente. Les pèlerins traversent un Tourist Reception Centre, Vir Marg,
pont de neige et de glace à Jammu, Tél : +91 191 2548172, Fax :
voie à partir de Baltal (du côté de
Chandawari et se dirigent vers le lac +91 191 2548358, 2520409, Email :
Sonamarg), plus courte mais plus ar-
Sheshnag, au son des conques et dtj@jktourism.org et site web :
due, est également empruntée par cer-
chantant des hymnes en coupant le http://www.jtktourim.org
tains.
trajet et en faisant des pauses pour la • Jammu & Kashmir Tourism Deve-
La grotte d’Amarnath est dédiée au
nuit dans des camps avec des tentes. lopment Corporation, Tourist Recep-
Seigneur Shiva. Elle est considérée
D’autres pauses sont prévues à Maha- tion Centre, Srinagar 190001, Jammu
comme sainte parce que l’on croit que gunas et Panjitarni.
c’est là que Shiva aurait divulgué le & Kashmir, Tél : +91 194 2477927,
De nombreux pélerins (Yatris) entre- +91 191 2549065, Fax : +91 194
secret de la vie éternelle à sa parèdre prennent le trajet à dos de cheval
Parvati. Il cherchait un endroit retiré 2472644, +91 191 2579554 ; Email :
aussi. info@jtkc.co.in et site web : www.
pour révéler à la seule déesse Parvati Aujourd’hui un service d’hélicoptère jktdc.co.in
est également disponible pour ceux • Shri Amarnathji Shrine Board, K-
qui ne peuvent pas entreprendre ce Villa Sohravardi House, Shivpora,
périple long et difficile.
© Rajit Dhanna en.wikipedia.org
Infrastructure sociale
Education
En 2008-09, l’Odisha comptait en-
viron 50 062 écoles primaires avec
plus de 4,5 millions d’écoliers ins-
crits.
Les principales universités sont
l’Utkal University, la Biju Patnaik
University of Technology, et les
écoles supérieures populaires sont
l’Orissa Engineering College et le
Sriram Chandra Bhanj Medical
College.
L’Etat abrite aussi des instituts de
@ gopalpurports.com
allopathiques ainsi que 22 257 lits nivas Puri sont les hôtels les plus Infrastructure
d’hôpitaux. populaires à Puri.
industrielle
L’Etat disposait en 2008-09 de 181 Puri est une ville célèbre pour le
hôpitaux, 231 centres de soins mé- festival religieux qu’elle organise Un système de guichet unique pour
dico-sociaux, de 1 278 centres de chaque année, le Rath Yatra que les approbations a été mis en place
soins primaires dépendant du sec- nous vous avons présenté dans le dans l’Etat afin de faciliter la crois-
teur public. dernier numéro des Nouvelles de sance des industries et de créer un
L’Etat comptait 1 089 institutions l’Inde qui attire des dizaines de environnement attractif pour les
médicales du secteur privé en milliers de touristes religieux. investissements indiens et étran-
2008-09. gers.
L’Etat compte de nombreux tem-
ples célèbres comme le Lingaraj
Indicateurs de santé (2009) temple et le Kedareshwar temple à Le Gouvernement de l’Inde a iden-
Bhubaneswar, le Jagannath temple tifié des sites tels que Duburi,
Population par lit d’hôpital et le Gundicha temple à Puri et le Chhatrapur, Kalinga Nagar (Bhuba-
1,798^ Sun temple à Konark. neswar), Jharsuguda et Kesinga
Taux de naissance* 21 L’Odissi est le principal style de en tant que « Centres de Crois-
Taux de mortalité* 8,8 danse classique de l’Etat. sance ».
Taux de mortalité
infantile** 65 Zones Description
Espérance de vie à la naissance (en
années) Infocity • Le parc IT s’étend sur 350 hectares à
Hommes (2002-06) 59,5 Bhubaneswar et a des sociétés IT telles
Femmes (2002-06) 59,6 qu’Infosys, Wipro, TCS et MindTree.
Equipée d’une infrastructure moderne
Sources : Economic Survey of Odisha, 2009-10,
Sample Registration System 2009 comprenant un golf de neuf trous, c’est
*Pour mille personnes l’un des plus grands parcs IT de l’Est de
**Pour mille naissances vivantes
^En 2008-09
l’Inde. Infocity-II devrait s’étendre sur plus
de 500 hectares à Janla.
Fortune Tower • Elle occupe une superficie de 350 000
Infrastructure culturelle pieds carrés et abrite un certain nombre
L’Odisha comprend des stades à de sociétés IT.
Bhubaneswar, Cuttack, et dans Industrial Infrastructure • Ce centre, situé stratégiquement, possède
d’autres villes. Les sports les plus Development Corporation 11 étages et se trouve à Bhubaneswar. Il
pratiqués sont, entre autres, le (IDCO) Tower accueille un certain nombre de sociétés
badminton, le cricket, le hockey, le IT/ITeS.
tennis, le tennis de table et le vo- Zones Economiques • La zone industrielle Chandaka à Khurda
ley ball. Le complexe sportif de Spéciales est une ZES IT/ITeS mise sur pied par
Dharani Dhar a été inauguré dans l’Orissa Industrial Development Corpora-
le district de Keonjhar en Décem- tion. Neuf autres ZES ont obtenu un ac-
bre 2009. cord formel et cinq autres une notification
Les principales arènes sportives de la part du Gouvernement indien.
sont le Stade de Barabati et le Parcs technologiques • Le Software Technology Parks of India
Stade en intérieur Jawaharlal à (STPI) a développé des parcs technologi-
Cuttack, la piscine et complexe ques informatiques à Bhubaneswar, Rour-
sportifs Biju Patnaik et le Stade de kela et Berhampur.
Kalinga à Bhubaneswar, un com-
plexe sportif à Berhampur, et un Les industrés-clés sociétés d’aluminium ou basées sur
terrain synthétique de hockey à l’aluminium. Il dispose également
Rourkela. Les industries de l’Etat d’Odisha de l’approvisionnement en eau et
Les principaux hôtels à Bhuba- sont principalement basées sur les électricité nécessaire pour de telles
neshwar sont le Trident Hilton, le ressources naturelles disponibles industries.
Kalinga Ashoka, le Swosti Plaza. A dans l’Etat. Quelques-unes des plus grosses
Cuttack, citons l’Akbari Continen- L’Odisha possède plus de 50% des compagnies dans l’industrie de
tal et l’Hôtel Bishal, tandis que les réserves de bauxite de l’Inde qui, l’aluminium y compris National
sites de Mayfair Beach et Pantha- de ce fait, est un lieu idéal pour les Aluminium Company Limited,
Nouvelles de l’Inde n° 410 19
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Industries-clés en Odisha
• Fer et acier, et ferro-alliage
• Aluminium
© http://www.icar.org.in/node/3651
• Tissage artisanal
• Agro-industrie
• Industrie minière
• IT/ITeS
• Electronique
• Tourisme
Source : Economic Survey of Odisha, 2009-10 Culture du riz-Elevage de canards et poissons en Orissa
© http://www.orissa.gov.in/photogallery/gallery.htm
annoncé son plan d’attirer de
grandes sociétés agro-alimentaires
basées sur la production impor-
tante de maïs dans le district de
Nawarangpur.
Parmi les acteurs-clés du secteur :
Nayagarh Sugar Complex Limited,
Sakthi Sugars Limited, Aska
Cooperative Sugar Industries Industrie IT/ITes/Electronique Industrie du tourisme
Limited et Paradeep Phosphates
Limited. Le secteur IT est dominé par plus L’Odisha possède un vaste poten-
de 300 petites et moyennes entre- tiel pour développer le tourisme. Il
prises. Le secteur emploie environ s’agit de l’un des secteurs impor-
Industrie minière 12 000 professionnels de logiciels. tants de l’économie de l’Etat en
termes de rentrées de devises et de
L’Odisha est l’un des Etats les plus génération d’emplois.
L’Etat dispose d’un ample réservoir
riches en termes de réserves miniè-
de talent pour répondre aux be- Bhubaneswar, la capitale, est
res. La ceinture minière s’étend
soins de cette industrie. Il produit connue pour être la ville des tem-
sur une superficie de plus de
chaque année 20 000 licenciés en ples. Elle abrite quelque 500 tem-
6 000 km2. Les principaux minerais
technologie et diplômés MCA, en- ples.
que l’on trouve dans l’Etat sont le
viron 3 000 professionnels de ges-
minerai de fer, la houille, la Puri, Bhubaneswar et Konark sont
tion et 50 000 autres diplômés.
bauxite, le manganèse, le nickel, la les principaux centres du tourisme
chromite, le calcaire, la dolomite, L’Odisha a exporté pour US$ 235,5 religieux.
le graphite, les pierres décoratives, millions de logiciels en 2009-10. Le flux de touristes dans l’Etat a
le sable, l’argile, le minerai d’étain. L’Etat prévoit d’en exporter pour augmenté passant de 5,9 millions
Quelques-uns des grands acteurs US$ 1 milliard d’ici 2012-13. de personnes en 2007 à 6,9 en
du secteur sont : Orissa Mining
2009 ce qui représente un taux de
Corporation, Mahanadi Coaldfields Quelques-uns des principaux ac-
croissance annuel composé de
Limited, Rungta Mines Limited, teurs sont Infosys Ltd. Tata
8,1%. ❑
Ferro Alloy Corporation Limited Consultancy Services, Wipro Ltd. et
(FACOR). Orisys Infotech Pvt Ltd. India Brand Equity Foundation
© http://www.orissa.gov.in/photogallery/gallery.htm
© http://www.orissa.gov.in/photogallery/gallery.htm
d’un moine mendiant qui dut ex- l’amour de Louis Boucheron pour
pier sa faute en errant pendant l’Inde. A propos de la plume de
douze ans (Karnataka). La galerie paon, il est écrit : « En Inde, le
Alexis Renard a aussi rendu un paon, symbole de force et de puis-
hommage à l’Inde, avec des bols sance, jouit d’une estime et d’une
talismaniques en bidri (18ème s.) La protection particulières ». Le paon
feuille d’argent découpée à décor est vénéré, car il est étroitement
calligraphique, est appliquée sur associé à la fertilité. En Inde,
un alliage de divers métaux. Un l’émeraude chasse les créatures de
talwar, arme en acier incrusté d’or, l’ombre. Le stand Van Cleef et
datait du 17ème s. Les armes incrus- Arpels était aussi magnifique à la
tées sont beaucoup plus rares que Biennale : on y contemplait les bi-
les damasquinées. Autres merveil- joux les plus somptueux. A l’expo-
les : un khanjar en jade moghol sition Van Cleef et Arpels au mu-
(vers 1700), un aspersoir à eau de sée des Arts décoratifs, jusqu’au 10
rose (argent et vermeil), une boîte février 2013, on admire un « clip
à bézoard et un pendentif moghol India » et une broderie indienne sur
incrusté de pierres précieuses des motifs d’oreille. Le catalogue En édition limitée, Boucheron re-
(18ème s.). Boucheron brillait de tous comporte un chapitre sur l’inspira- prend l’eau de parfum du même
ses feux : on sait que la maison a tion indienne. nom, qui associe mandarine, jas-
22 Nouvelles de l’Inde n° 410
Inde Décembre 2012 / Janvier 2013 11/12/12 12:32 Page 23
Calcutta, « Amat et Ladoue » et terisé à Bangalore en Inde où ré- aux infinies variations, et le style
« Citrus » proposaient leurs fou- side actuellement l’artiste. C’est sopana, propre au Kerala, plus so-
lards chatoyants et très mode, dès l’âge de 6 ans que Ravichandra bre et épuré. Le chanteur, accom-
comme aussi la société « Me and Kulur s’initie à la musique carnati- pagné par une flûte, une vîna et
Kashmiere ». Décidément les fou- que. Il joue d’abord des percus- des percussions, interprète des
lards font merveille et sont dans le sions, mridangam et kanjira, sous poèmes dédiés aux amours de
vent. la direction de son maître Krishna, mais aussi en sanskrit et
Narayana Pishardi. Puis avec son en hindi, ou bien il chante des piè-
père, le flûtiste et professeur ces virtuoses sur les noms des no-
Raghavendra Rao, il passe à la tes de l’échelle musicale indienne.
flûte. Ils se produiront ensemble en Cet album présente les principaux
concert, le jeune Ravinchandra ingrédients d’un récital de danse.
n’ayant que 9 ans. Un long chemin Les compositions du Mahârâjah
a été parcouru depuis, conduisant Svâti Tirunâl illustrent la richesse
le musicien à accompagner de et la diversité de la musique du
grands musiciens. Depuis 2005 et Mohini Attam. Les interprètes sont
le 3ème festival de l’Inde, Ravichan- pour le style carnatique, Vamanan
dra Kulur accompagne Ravi et Namboodiri, chant et musiciens et
Anoushka Shankar dans leurs Kalamandalam Jaya Prakash, chant
concerts et tournées à travers le et musiciens pour le style sopana.
monde et s’est produit avec un Collection Inédit, Maison des
grand nombre d’artistes interna- Cultures du Monde.
tionaux.
Pour ce CD, l’artiste s’est entouré A signaler, dans le parcours Asie au
des meilleurs musiciens de la mu- Musée du quai Branly, deux nou-
Au Salon « Atmosphere’s » Injiri sique carnatique (Mysore M velles vitrines consacrées aux
(vêtements) est venu de Jaipur, Nagaraj au violon, Srimushnam V images populaires des grandes di-
tandis que Neeru Kumar (vête- Raja Rao au mridangam, Vyasa vinités de l’hindouisme. Les visi-
ments) venait de New Delhi. A Vittal au khanjira et Giridhar teurs pourront ainsi voir des œu-
« Paris sur mode » atelier, Preeti Udupa au ghatam) pour une expé- vres indiennes exceptionnelles, ex-
Chandra de New Delhi a égale- rience musicale basée sur l’impro- posées pour la première fois au
ment présenté divers vêtements. visation et traditionnelle de l’Inde musée. Mentionnons Krishna jouant
du sud. de la flûte, école de Jaipur, Rajas-
than, début du XXème siècle, mar-
Saina Nehwal, véritable star en bre peint, des Figurines votives,
Inde, a participé du 23 au 28 octo- Krishna, Balarama et Subhadra,
bre 2012 aux Internationaux de début du XXème siècle, bois peint et
France de badminton (IFB) au stade
Pierre-de-Coubertin à Paris 16ème.
Favorite mais fatiguée, la jeune
championne indienne a hélas
perdu contre la Japonaise Minatsu
Mitani 21-19, 21-11. Mais Saina
Nehwal n’a pas fini de nous sur-
prendre.
vants intitulés « Politique », prend d’abord plaisir à feuilleter, rums internationaux et aspire à
« Economie », « Société », « Cul- à regarder, lisant au hasard un prendre part aux prises de déci-
ture ». bref article entre deux images. A sions globales mais aussi pays qui
Le pari est largement réussi, la différence de tel ou tel maga- abrite encore une grande part de la
même s’il faut souligner quelques zine à grand tirage, ici la modes- misère du monde. Après un rappel
défauts, inévitables avec un tel tie prosaïque des photos joue son de l’histoire de l’Inde depuis son
cahier des charges. Par exemple, rôle paradoxal d’incitation à accession à l’indépendance, l’au-
l’absence d’une véritable carte l’imaginaire, à un certain type de teur s’intéresse au rapport de l’Inde
géographique. Ou la mention trop voyage, et répond en quelque avec la Russie, la Chine, l’Afrique,
rapide d’Amartya Sen et de son sorte à la concision et à la luci- les Etats-Unis, puis décline ce qui
analyse novatrice en termes dité des textes. fait de l’Inde un pays du pluriel, des
d’« indice de développement hu- Et avec tout cela, on ne s’ennuie différences, du multiple. Il invite
main », qui pourrait être davan- pas. Bravo ! ensuite le lecteur à mieux com-
tage exploitée. Ou encore une prendre le fonctionnement interne
Frédéric Lefebvre du pays, entre centralisme et fédé-
faiblesse relative de la double
page consacrée aux arts plasti- ralisme, le rôle que jouent les Etats
ques. Ce sont des détails. Un peu et comment l’Inde doit veiller pour
plus problématique est l’amal- poursuivre son formidable essor à
game fait dans l’emploi des no-
Géopolitique ne pas s’emballer et à prendre en
tions de communauté et de caste, compte ses propres contraintes.
et même l’oubli de la notion de Géopolitique de Mais le gouvernement sait qu’il
jati, qui ne permet pas toujours l’Inde – Le rêve doit poursuivre ses ambitions en
de bien expliquer les enjeux des brisé de l’unité, développant certes son ouverture
mutations en cours dans la fa- d’Olivier Guillard, sur l’extérieur sans toutefois dé-
mille et le mariage, dans l’éduca- Ed. Puf. laisser les chantiers internes, et
tion, dans l’accès au travail, et L’Inde fait de plus en que stabilité, durée et solidité sont
l’importance des forces de rappel plus parler d’elle. Les les clés de sa réussite future.
traditionnelles, sociales et reli- journaux, magazines qui, il y a dix
gieuses, qui se manifestent. Il ans encore, ne parlaient qu’occa-
faudrait presque conseiller aux sionnellement de l’Inde, lui font Poésie
lecteurs qui s’initient vraiment de aujourd’hui une place plus grande
regarder d’abord, par exemple, le et plus fréquente dans leurs colon-
film Pather Panchali de Satyajit nes. Mais que savons-nous exacte- La Flûte de l’Infini,
Ray, ou de lire au préalable le ment de ce grand géant qui nous de Kabîr, trad. inédi-
chapitre 4 de L’Inde d’un millé- fascine par sa taille, ses superlatifs tes d’André Gide
naire à l’autre de Shashi Taroor dans tous les domaines, nous ré- d’après la version
sur l’intouchabilité, pour saisir en volte parfois par ses injustices, sa anglaise de R. Tagore
un instant d’où vient la société corruption, suscite aussi notre ad- suivi du recueil inté-
indienne – hindoue –, de quel de- miration par ses nombreux exem- gral des Poèmes tra-
gré d’ordre et de hiérarchie elle ples de réussite ? Il est bien diffi- duit par Henriette Mirabaud-
procède, pour apprécier le mou- cile de se faire une idée juste, de ne Thorens, Poésie/Gallimard.
vement, la mobilité étonnante pas être soit totalement idéaliste, A une époque où l’intolérance, le
que donne à voir ce livre, soit entièrement critique. Olivier fondamentalisme sévissent un peu
Aujourd’hui, l’Inde. Ce conseil Guillard, directeur de recherches à partout dans le monde, nous ne
n’est pas donné au hasard : ces l’IRIS (Institut des relations inter- pouvons que nous féliciter de la
deux œuvres figurent en bonne nationales et stratégiques) et di- sortie cette année de plusieurs ou-
place dans la liste des conseils recteur de l’information chez Crisis vrages de ou autour de Kâbir, poète
« Pour aller plus loin », à la fin du Consulting, nous propose dans ce sans dogmatisme, qui jusqu’au
livre. livre une présentation de l’Inde terme de sa longue vie, n’a cessé
telle qu’elle est réellement au- de prôner l’amour pour ce qu’il dé-
Si le pari semble largement réussi,
jourd’hui, à la fois nouvelle puis- signe comme l’Infini. Ce livre relève
c’est aussi grâce au travail gra-
sance (9ème économie mondiale en d’un miracle, celui de la découverte
phique de Cécile Chaumet, sur les
2011) que tous les grands du par Catherine Gide, la fille d’André
couleurs, les illustrations. Ce livre
monde ont souhaité rencontrer, qui Gide, à qui nous devons la traduc-
est un véritable album, que l’on
accède à présent aux grands fo- tion du Gitanjali de Rabindranath
Tagore : « L’œuvre lyrique », de la du voyageur. De l’autre des choses, Didier Sandman s’est livré avec un
traduction par André Gide de poè- les jours lents sans retour et balan- réel bonheur à une sorte de visite
mes de Kâbir que Rabindranath ciers, trois séries de poèmes qui se guidée, il nous donne à voir l’Inde
Tagore avait traduits en anglais. lisent et se disent dans la douceur physique mais y mêle histoire et
Pas moins de 22 poèmes nous des soirs d’hiver. société pour une meilleure com-
sont ainsi livrés dans leur forme préhension de la plus grande dé-
achevée ou inachevée telle que mocratie du monde. Clin d’œil,
traduits par André Gide puis Voyage l’auteur n’a su résister à l’envie de
dans la traduction intégrale qu’en nous conduire au cinéma sur la
a faite Henriette Mirabaud- Sur les routes de page de couverture, une autre de
Thorens. l’Inde, de Didier ses passions.
Les poèmes reflètent combien Sandman, coll. Je est
Kâbir se languit pour le Divin, ailleurs, Ed Magellan
combien il se sent proche de la & Cie.
nature, combien son cœur est em- Véritable défi que ce- Littérature classique
pli d’amour pour son divin bien- lui de raconter l’Inde
aimé. Des poèmes simples, à la en quelque soixante-dix pages, une Kama Sutra, de
portée de tous, des poèmes qui Inde qui n’en finit pas de nous sé- Vatsyayana, Les exo-
nous touchent car ils disent l’indi- duire, de nous interpeller, de nous tiques, Editions Kai-
cible. agacer, de nous intriguer. Défi bril- lash.
lamment relevé par Didier Sand- Le Kama Sutra, loin
man, que la passion pour l’Inde a d’être un ouvrage
Carnets de mousson, conduit à imaginer un lieu qui lui vulgaire, nous initie à
Poésie, de Bernard est dédié, La Route des Indes. De l’art raffiné de l’amour, entre au-
Creutz, Ed. Publi- voyageur, il est ainsi devenu voya- tres sujets. Car l’auteur Vatsyayana
book. giste et animateur culturel. Il nous qui aurait vécu au 5ème siècle, nous
Récemment un ami invite ici à le suivre sur les nom- propose bien d’autres conseils pré-
suisse me demandait breux chemins que nous offre le cieux pour être un homme ou une
si la poésie avait un sous-continent, sur ceux, escarpés, femme accomplie : arts et sciences
quelconque avenir aujourd’hui. S’il des Himalayas, sur ceux de la à étudier, vie et activités dans la
est vrai que les jeunes lisent sans Vallée du Gange en passant par la cité, relations sociales. Une 2ème
doute moins de poésie de nos capitale Delhi et la ville sainte de partie est dédiée aux rapports
jours, il n’en demeure pas moins Bénarès, la grouillante Calcutta, sexuels, une 3ème aux fiançailles et
que les poètes existent toujours. En sur ceux, arides, de l’Ouest, ponc- mariage, une 4ème à l’épouse et à
recevant ces Carnets de mousson, tués de forteresses au Rajasthan, son savoir-vivre, une 5ème aux
j’en ai la preuve. Nourri intérieure- de souvenirs du Mahatma Gandhi épouses des autres. La 6ème, plus co-
ment par une foultitude d’images au Gujerat. Didier Sandman nous quine, évoque l’univers des courti-
glanées au fil de ses voyages, de conduit jusqu’au cœur de l’Inde, sanes, et la 7ème les divers moyens
ses errances, notamment en Inde, région sans doute moins fréquen- de séduire l’autre. L’auteur nous
Bernard Creutz nous livre ses émo- tée par les touristes mais qui abrite rappelle que si nous prenons égal
tions, ses ressentis bercés par les des sites comme Sanchi, haut lieu soin de Dharma (sagesse, action
vagues, le ciel, le sable. Il nous in- du bouddhisme. Le périple se ter- juste), Artha (richesse matérielle)
vite au passage aux rencontres, ces mine dans le Sud, au-delà du pla- et Kama (plaisir physique, émo-
rencontres impossibles avec ces teau du Deccan qui égrène son tionnel), sans « devenir l’esclave de
hommes, ces femmes d’ailleurs, on chapelet de villes : Madras, Pondi- ses passions », nous pouvons par-
y croise le désir, la fatigue, la tris- chéry, Kanchipuram, Tiruchirapalli, venir à ce que nous appellerons
tesse, la lassitude, le doute, l’in- Chidambaram, Tanjore, Tiruvan- une existence réussie. Kailash nous
souciance et bien plus encore. On namalai avant de nous conduire au offre là un grand classique de
se laisse bercer par le vent, les em- Kerala qui avec ses canaux, ses l’Inde ancienne qu’aujourd’hui en-
bruns, on se déchausserait presque épices, ses plages laissent chez le core nous avons plaisir à lire, sans
pour ne pas déranger l’ordre des voyageur des souvenirs enchan- oublier le plaisir des yeux car les
choses, l’ordre des mots. Des mots teurs. A la fin du livre quelques couvertures de Kailash sont déci-
pour dire la beauté de ces terres chiffres aideront le lecteur à ap- dément bien jolies. ❑
d’Asie, la lenteur et la sensualité, le préhender toute la richesse d’un
kaléidoscope des rêves de l’homme, pays qui a tant à nous apprendre. Viviane Tourtet
Un évènement inoubliable et origi- dans le cadre des manifestations L’un des moments forts de la mani-
nal organisé et présenté à Paris, de la Journée Internationale de la festation fut la lecture du poème
sous le haut patronage de l’ambas- Non-violence. Cette brève cérémo- de Tagore “Where the mind is wi-
sade de l’Inde en France. nie s’est déroulée à Saint-François thout fear”.
La 10ème édition promet d’être en- (Guadeloupe) autour de la statue
core plus grandiose. du Père de l’indépendance in-
(Texte Hana Guenifa Balane) dienne (statue offerte par l’Inde à
la Ville, en 2004). La cérémonie a
été menée en collaboration avec le
Conseil Guadeloupéen Pour les
Langues Indiennes (CGPLI) et
l’Association Culturelle Guadelou-
péenne des Amis de l’Inde (ACGAI).
Une couronne de fleur (mala) a été
mise sur la statue du Mahatma. Le
mala fut porté par les deux plus
jeunes élèves des deux collèges,
Décès mais l’utilisation d’une échelle
pour atteindre le Mahatma étant
• Plusieurs amis de l’Inde nous ont nécessaire, c’est un professeur qui,
quittés. Nous avons la tristesse de
vous annoncer le décès de
Madame Anne-Marie Legay à la-
quelle nous rendons hommage
dans ce numéro et celui de
Monsieur André Lewin, ambassa-
deur de France en Inde de 1987 à
1991, décédé le 18 octobre.
Ancien élève de l’ENA, il a été le
porte-parole du Secrétaire géné-
rale des Nations-Unies, Kurt
Waldheim de 1972 à 1975. Puis il
occupera les postes d’ambassadeur
dans plusieurs pays, la Guinée
(1975-1979), l’Inde, l’Autriche L’intervention du représentant du
(1991-1996), le Sénégal et la Maire de la ville, le Dr Lupéron, a
Gambie (1996-1999). Auteur de mis l’accent sur l’œuvre accomplie
plusieurs ouvrages dont l’Inde des en faveur de la paix, la non-vio-
Indiens, co-écrit avec Catherine lence et la justice par le Mahatma
Clément L. Lévi, sa compagne, elle- Gandhi et le Pasteur Martin Luther
même auteure et philosophe. King, ces deux grands leaders et
modèles pour l’humanité.
• Le peintre indien Rajendra
Dhawan est décédé le 31 octobre.
La communauté des peintres in- Distinction
diens en France l’a accompagné
jusqu’à sa dernière demeure. • C’est avec une grande émotion
que Mme Lalitha Badrinath a reçu
des mains de Mme Poujade les in-
Célébrations signes des Palmes académiques.
L’ambassadeur, M. Rakesh Sood,
• Les élèves de hindi des Collèges présent à cette cérémonie, a rap-
Alexandre Macal et Ramé- par sécurité, a accompli ce geste pelé combien le parcours de
Décorbin (Guadeloupe, France) symbolique. Des élèves des deux Madame Badrinath, présidente du
ont rendu hommage au Mahatma établissements ont ensuite pré- Groupe de Réflexion franco-indien,
Gandhi et au Pasteur Martin senté un montage de citations de et « les services qu’elle a rendus
Luther King le 2 octobre dernier, Gandhi et de Martin Luther King. tout au long de sa vie méritaient
30 Nouvelles de l’Inde n° 410
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