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Inégalité de Tchebychev
Un complément pour les leçons sur les variables aléatoires et le schéma de Bernouilli
On se place ici dans un espace probabilisé (Ω, T , P ) où l’univers Ω est fini et la tribu T
est l’ensemble des parties P(Ω) de Ω. Par conséquent toute variable aléatoire sur Ω admet
une espérance et une variance.
Comme, par hypothèse, Y ne prend que des valeurs positives, cette dernière expression est
inférieure ou égale à
X
yi P (Y = yi ) ,
i∈{1,...,N }
2 Nicole Bopp
L’espace probabilisé (Ω, Pn ) est appelé schéma de Bernouilli de paramètres (n, p).
On note (Xi )i=1,...,n les variables aléatoire définies par
Xi : Ω −→ {0, 1}
(
1 si xi = S ,
(x1 , . . . , xn ) 7−→
0 si xi = E .
On démontre qu’elles sont indépendantes (c’est-à-dire mutuellement indépendantes) et que
pour i = 1, . . . , n on a
E(Xi ) = p et V (Xi ) = p(1 − p) .
La variable aléatoire qui nous intéresse est la variable
Sn = X1 + X2 + · · · + Xn .
Proposition. La loi de la variable Sn est une loi binomiale de paramètre (n, p) c’est-à-dire
n k
Pn Sn = k = p (1 − p)n−k pour k = 0, . . . , n .
k
On a de plus
E(Sn ) = np et V (Sn ) = np(1 − p) .
Rappelons que l’espérance estPlinéaire d’où la formule pour E(Sn ) mais que la variance ne
l’est pas. On obtient V (Sn ) = V (Xi ) car les variables Xi étant mutuellement indépendantes
sont a fortiori deux à deux indépendantes.
Corollaire 3. Soient (Xj )j=1,...,n les variables aléatoires définies au paragraphe 2.1. Alors
pour tout b > 0 on a
X + X + · · · + X p(1 − p)
1 2 n
Pn − p > b 6 .
n nb2
3. Application au problème du chevalier de Méré
La question posée : A-t-on plus (ou moins) d’une chance sur deux d’obtenir au moins un
6 en lançant 4 dés ?
3.1. Modélisation d’un lancer de 4 dés. On fait l’hypothèse que lancer 4 dés revient à lan-
cer successivement 4 fois un dé et que ces lancers successifs sont mutuellement indépendants.
Il est donc raisonnable de modéliser cette expérience aléatoire par un schéma de Bernouilli
1
de paramètre (4, ).
6
En effet l’univers de l’expérience est {6, 6}4 où {6} est le succès « apparition d’un 6 » et {6}
est l’échec « apparition d’une des autres faces du dé ». On a évidemment fait l’hypothèse que
le dé n’est pas pipé c’est-à-dire que la probabilité d’apparition d’un 6 en lançant un dé est
1
égale à .
6
Il est facile maintenant de calculer la probabilité de l’évènement « aucun 6 n’est apparu » car
cette probabilité est égale (avec les notations ci-dessus) à P4 (X1 + X2 + X3 + X4 = 0). La
proposition implique que
1 4 5 4
P4 (X1 + X2 + X3 + X4 = 0) = 1 − = ∈]0, 48 ; 0, 49[ .
6 6
5 4
La probabilité d’apparition d’au moins un 6 est donc égale à 1 − .
6
Les calculs faits dans le modèle choisi permettent par conséquent de conclure que la probabilité
1
d’apparition d’au moins un 6 lors du lancer de 4 dés est supérieure à .
2
3.2. Simulation. Pour vérifier que la modélisation choisie correspond bien à l’expérience, on
peut lancer 4 dés, noter s’il apparaı̂t au moins un 6 et recommencer. C’est ce que faisait le
chevalier de Méré. Comme nous n’avons pas l’intention, d’y consacrer autant de temps que
lui, on peut utiliser un programme ou un tableur pour simuler ces lancers.
On déterminera la fréquence d’apparition d’au moins un 6 lors de n lancers de 4 dés.
Bien entendu, pour que cela présente un intérêt, il faut faire confiance au générateur aléatoire
de nombres de sa machine et admettre que ce générateur est capable de faire apparaı̂tre
chaque entier appartenant à {1, . . . , 6} avec la même probabilité (il n’est déjà pas facile de
donner un sens précis à cela).
Combien faut-il simuler de lancers de 4 dés pour avoir une chance raisonnable que la fréquence
1
obtenue soit supérieure à ?
2
3.3. Utilisation de l’inégalité de Tchebychev. En utilisant 3.1, on peut considèrer un
5 4
lancer de 4 dés comme une épreuve de Bernouilli de paramètre 1 − .
6
La simulation consiste en une suite de n épreuves de Bernouilli. On les suppose indépendantes
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pour les modéliser par un schéma de Bernouilli de paramètre (n, 1 − ).
6
4 Nicole Bopp