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SYS860 MÉCANIQUE DES FLUIDES AVANCÉES NOTES DE COURS

VIII-Analyse adimensionnelle
VIII.1 Paramètres adimensionnels d’un écoulement visqueux

Etant donné que les équations de base d’un écoulement sont très difficiles à résoudre (équations
aux dérivées partielles non linéaires) et afin de pouvoir analyser les problèmes de la mécanique des
fluides, un large éventail de problèmes relatifs au cas réel d’écoulement se fient aux résultats
expérimentaux pour leur résolution.
Ceci dit, peu de problèmes sont résolus par le moyen unique de l’analyse. Un tel succès fait
appel non seulement à combiner l’analyse des résultats et l’expérimentation mais aussi à interpréter,
comprendre et corréler les données et résultats obtenus par d’autres personnes et être capable de
planifier et exécuter les expériences dans le laboratoire.
D’autre part, l’objet de n’importe quelle expérience est d’étendre le maximum possible le
domaine d’application des résultats obtenus. Pour atteindre cet objectif, le concept de similitude est
souvent utilisé pour que les mesures faites sur un système (ex : modèle au laboratoire) puisse être
utilisé pour décrire le comportement d’autres systèmes (à l’extérieur du laboratoire).
L’étude faite sur les modèles permet de développer des formules empiriques ou de prédire le
comportement d’autres systèmes. Ce dernier ne peut être atteint sans établir la relation entre le
modèle et les autres systèmes. D’où la nécessité de travailler avec des variables adimensionnelles.
Premièrement, nous savons tous que chacune des trois composantes de la variable inconnue
paramètre tel que la vitesse, la pression ou la température dépend des coordonnées spatiales, du
temps et d’au moins 15 autres paramètres : U, p or T = f ( x i , t , 15 paramètres) .

¬ 9 propriétés des fluides : ρ, μ, λ, k , c p , c v , l, β, ζ


¬ 4 quantités de références : U r , p r , Tr , L r
¬ 1 le flux de chaleur au mur : qw
¬ 1 constante de gravité :g
Sachant que le nombre de dimensions primitives est de quatre (masse, longueur, temps, et
température), le théorème de Buckingham nous dit de s’attendre à pas moins de 15 – 4 = 11
adimensionnels paramètres qui vont contrôler l’écoulement visqueux en présence d’un flux de
chaleur. La liste complète de ces paramètres est la suivante :
1. Re : Nombre de Reynolds 5. Gr : Nombre de Grashof 11. Nombre gravitationnel
2. Pr : Nombre de Prandtl 6. Nu : Nombre de Nusselt 10. Rapport spécifique de chaleur
3. Fr : Nombre de Froude 7. Kn : Nombre de Knudsen 11. Rapport des viscosités
4. Ec : Nombre d’Eckert 8. We : Nombre de Weber

VIII.2 Équations adimensionnelles de base

La technique d’adimensionnalisation demande l’utilisation de dimensions de références qui


apparaissent dans le problème à étudier. Pour les cas soulevés plus loin dans ce paragraphe nous
prenons les dimensions de référence suivantes :

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  Lr : longueur de référence
  Ur : vitesse de référence
  pr : pression de référence (VIII-1)
  ρr : masse volumique de référence
  Tr : température de référence
 μr : viscosité dynamique de référence

La longueur de référence L r peut être la longueur d’objet immergée dans un fluide ou la largeur
d’un canal ou le diamètre d’une conduite circulaire. La vitesse de référence U r peut être la vitesse à
l’entrée ou la vitesse libre à la surface d’un courant tel qu’un ruisseau…
Pour illustrer la procédure d’adimensionnalisation nous considérons l’écoulement d’un fluide
Newtonien et incompressible. Nous redéfinissons les nouvelles variables adimensionnelles sous la
forme des variables dimensionnelles et peuvent s’exprimer sous la forme :
xi U ρ T − Tr p − pr p − pr
x ∗i = , U∗ = , ρ∗ = , Tr = , p∗ = =
Lr Ur ρr Tw − Tr ρ r U 2r pr
tU r t μ k cp
t∗ = = , μ∗ = , k∗ = , c ∗p = , ∇∗ = L r∇ (VIII-2)
Lr tr μr kr c pr

VIII.2.1 Equation de la continuité


∂u i
Le fluide étant incompressible donc ρ = cte ou encore divU = 0.
∂x i
Remplaçons les variables dimensionnelles par celles adimensionnelles correspondantes données
par l’équation (VIII-2), nous aurons alors :
∂u i ∂ ( U r u ∗i ) U r ∂u ∗i
∴ 0= = = ⋅
∂x i ∂ (L r x ∗i ) L r ∂x ∗i
∂u ∗i
∴ =0 (VIII-3)
∂x ∗i

VIII.2.2 Equations de N.S.

Pour un fluide Newtonien et incompressible la ieme équation de Navier Stocks s’écrit de la façon
suivante :
3 ∂τ
⎛ ∂u ⎞ ∂p
ρ⎜ i + U ⋅ ∇u i ⎟ = ρf v ,i + ∑
ij
− (VIII-4)
⎝ ∂t ⎠ j=1 ∂x j ∂x i

⎛ ∂u ∂u j ⎞
Où pour un fluide Newtonien et incompressible τ ij = μ⎜ i + ⎟ (voir équation (VI-20)).
⎜ ∂x ∂x ⎟
⎝ j i ⎠
On définie la contrainte de cisaillement adimensionnelle par :

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⎛ ∂u ∗i ∂u ∗j ⎞
τ = μ ⎜ ∗ + ∗ ⎟.
∗ ∗
(VIII-5)
ij ⎜ ∂x ⎟
⎝ j ∂x i ⎠

⎡⎛ ∂ ( U u ∗ ) ∂ ( U r u ∗j ) ⎞⎤
(μ r μ ∗ )∂ ⎢⎜ r i
+ ⎟⎥
⎢⎣⎜⎝ ∂ (L r x j ) ∂ (L r x i ) ⎟⎠⎥⎦ ∂ (p p ∗ )
∗ ∗
⎛ ∂ ( U r u ∗i ) U r u ∗i ⎞ 3
∴ ρ ∗ ρ r ⎜⎜ ∗
+ U r U ∗ ⋅ ∇(
L r ⎟⎠
) ⎟ = ρ ∗ ρ r f v ,i + ∑ ∗
− r

⎝ ∂(t r t ) j=1 ∂ ( L x
r j ) ∂ ( L rxi )

⎛ L r ∂u ∗i ⎞ ⎛L ⎞ μr 3 ∂τ ∗ij p r ∂p ∗
∴ ρ ⎜⎜∗

+ U ∗ ⋅ ∇u ∗i ⎟⎟ = ⎜⎜ r2 ⋅ f v ,i ⎟⎟ρ ∗ +
ρr U r Lr
∑ ∂x ∗

ρ r U 2r ∂x ∗i
(VIII-6)
⎝ U r t r ∂t ⎠ ⎝ Ur ⎠ j=1 j

On choisira nos références de telle façon que :


L
Ì f v∗,i = f v ,i r2 force spécifique adimensionnelle (VIII-7)
Ur
L L
De plus : Ì tr = r ⇒ r =1
Ur Urtr
pr
Ì p r = ρ r U 2r ⇒ =1
ρ r U 2r

L’équation (VIII-6) devient :


⎛ ∂u ∗i ⎞ μr 3 ∂τ ∗ij ∂p ∗
ρ ⎜⎜ ∗ + U ∗ ⋅ ∇u ∗i ⎟⎟ = ρ ∗ f v∗,i +

ρr U r Lr
∑ ∂x ∗

∂x ∗i
⎝ ∂t ⎠ j=1 j

ρr U r Lr
On définie finalement le nombre de Reynolds par : R e = (VIII-8)
μr
Ce qui nous donne :
⎛ ∂u ∗ ⎞ 1 3 ∂τ ∗ij ∂p ∗
ρ ∗ ⎜⎜ ∗i + U ∗ ⋅ ∇u ∗i ⎟⎟ = ρ ∗ f v∗,i + ∑ ∂x ∗

∂x ∗i
(VIII-9)
⎝ ∂t ⎠ Re j=1 j

L’équation (VIII-9) ressemble à l’équation (VIII-4) et elle n’a seulement que le nombre de
Reynolds comme unique paramètre. Il s’en suit que la similitude dynamique et cinématique n’est
atteinte (pour des systèmes géométriquement similaires) que si la similarité des nombres de
Reynolds existe.
Pour les gaz, la loi de Sutherland stipule que μ varie avec la température T :

μ = μoTα (VIII-10)

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μo ∗ α α μ
et μ∗ = (T Tr ) = AT ∗ avec A = o Trα (VIII-11)
μr μr
α
⎛T ⎞
l’équation (VIII-11) devient : μ = μ r A⎜⎜ ⎟⎟ (VIII-12)
⎝ Tr ⎠
⎛ ∂u ∗ ∂u ∗j ⎞ ⎛ ∗ ∂u ∗ ⎞
et τ ∗ij = μ ∗ ⎜ i + ⎟ = AT ∗ α ⎜ ∂u i + j ⎟ = AT ∗ α 2D ∗ij (VIII-13)
⎜ ∂x j ∂x i ⎟ ⎜ ∂x j ∂x i ⎟
⎝ ⎠ ⎝ ⎠

∂τ ∗ij ⎛ ∂2u∗ ∂ 2 u ∗j ⎞⎟
ce qui donne : = AT ⎜ ∗α i
+ (VIII-14)
∂x ∗j ⎜ ∂x ∗ 2 ∂x ∗i ∂x ∗j ⎟
⎝ j ⎠

VIII.2.3 Equations de l’énergie


L’équation d’énergie est donnée par (VII-28) :
Di ∂u ∂q
ρ = π ji i − i + ρr = ρr + div(k gradT) + π : D (VIII-15)
Dt ∂x j ∂x i

Pour un fluide incompressible l’équation (VII-32) donne : π : D = τ : D


2
1 ⎛ ∂u ∂u j ⎞
et on montre que : Φ = τ ij D ji = μ ⎜ i + ⎟ ≥0 (VIII-16)
2 ⎜⎝ ∂x j ∂x i ⎟⎠

Où pour un fluide incompressible :


∂i ⎞ ∂i ⎞ ∂i di
di = ⎟ dT + ⎟ dϑ ⇒ c v ( T ) = = ⇒ i = cvT (VIII-17)
∂T ⎠ ϑ=cte ∂ϑ ⎠ T =cte ∂T dT
Par la suite l’équation (VIII-15) devient :
DT
ρc v = ρr + div(k gradT) + Φ (VIII-18)
Dt
2
U DT ∗ ⎛U ⎞ ∗ Tw − Tr
∴ ρ ρ r c v r (Tw − Tr ) ∗ = μ r ⎜⎜ r

⎟⎟ Φ + 2
k r div(k ∗ gradT ∗ ) + ρ ∗ρ r r
Lr Dt ⎝ Lr ⎠ Lr

DT ∗ Ur 1 Lr
∴ ρ∗ ∗
= μr Φ∗ + k r div(k ∗ gradT ∗ ) + r
Dt ρ r c v L r (Tw − Tr ) ρr cv Lr U r ρ r c v U r (Tw − Tr )

DT ∗ μr U 2r μr k Lr
∴ ρ∗ ∗
= ⋅ Φ∗ + ⋅ r div(k ∗ gradT ∗ ) + r
Dt ρ r L r U r c v (Tw − Tr ) ρr Lr U r μrcv ρ r c v U r (Tw − Tr )

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Cette dernière équation contient les nombres suivants :


ρL U μ r c pr U 2r
Re = r r r , Pr = et Ec = (VIII-19)
μr kr c p r (Tw − Tr )
cp
De plus pour un fluide incompressible le rapport des chaleurs spécifiques est γ = = 1 et en
cv
Lr
choisissant rr = , la dernière l’équation d’énergie adimensionnelle devient :
ρ r c v U r (Tw − Tr )
DT ∗ Ec ∗ 1
ρ∗ ∗
= Φ + ⋅ div(k ∗ gradT ∗ ) + r ∗ (VIII-20)
Dt Re Re Pr

Remarque 1:
En convection naturelle et pour les écoulements à basse vitesse la force de gravité a une grande
importance ; elle est comparable aux forces d’inertie et aux forces visqueuses. Dans ces conditions
on tiendra compte du changement de la densité en fonction de la température. Elle est donnée par :
ρ = ρ r [1 − β(T − Tr )] (VIII-21)
1 ⎛ ∂ρ ⎞
ou β = − ⎜ ⎟ (VIII-22)
ρ ⎝ ∂T ⎠ p
L’équation de N.S. est alors donnée par :
DU
∴ ρ = −∇p + ρg + div τ
Dt
DU
∴ ρr = −∇p + ρ r g - β(T − Tr )g + div τ
Dt
DU
∴ ρr = −∇(p + ρ r gz) − β(T − Tr )g + div τ (VIII-23)
Dt
p + ρ r gz − p r β
Si on pose : p ∗ = et β ∗ =
ρr U r2
βr
Avoir adimensionnalisé les variables de l’équation (VIII-23) deviennent :
DU ∗ ∗ ∗ Gr ∗ ∗ ∗ 1 ∗ ∗
= −∇ p − βT g + ∇ τ (VIII-24)
Dt ∗ Re 2 Re
gβ r ρ 2r L3r (Tw − Tr )
avec Gr = (VIII-25)
μ 2r
Gr gL β ΔT
et 2
= β ΔT 2r = (VIII-26)
Re Ur Fr

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Remarque 2 :
Lorsque les effets visqueux sont très dominants ( Re« ) on :

ρ(U • ∇U)« div τ (VIII-27)


Terme Terme
convectif visqueux

l’équation de N.S. est la suivante :


DU ⎛ ∂U ⎞ 1
ρ = ρ⎜ + U • ∇U ⎟ = ⋅ div τ + ρ f v + −∇p (VIII-28)
Dt ⎝ ∂t ⎠ Re
Terme non linéaire Re faible ⇒ divτ important
Ils sont petits

En négligeant le terme visqueux on aura les équations de N.S. simplifiées appelées aussi les
équations de Stokes:
⎧ ∂U 1
⎪ρ − ⋅ div τ + ∇p = ρ f v
⎨ ∂t Re (VIII-29)
⎪⎩ divU = 0

X- Les Couches limites laminaires


X.1 Ecoulements externes

X.1.1 Caractéristiques

Les écoulements passant autour d’objets donnent lieu à une variété de phénomènes complexes
de la mécanique des fluides. Les caractéristiques de l’écoulement dépendent fortement de plusieurs
paramètres tel que les dimensions, l’orientation, les propriétés du fluide. Nous avons vu au chapitre
VIII que l’écoulement dépend de plusieurs paramètres adimensionnels. Les plus importants entre
eux sont le nombre de Reynolds, le nombre de Mach et pour les surfaces libres le nombre de
Froude. Le nombre de Reynolds présente le rapport des effets d’inertie à ceux visqueux. En
l’absence de la viscosité Re est infinie et en absence de tous les effets d’inertie (masse négligeable
ou υ = cte ) Re est nul. Pour un écoulement donné, Re est compris entre ces deux limites. Dans le
cas d’un fluide passant autour d’un objet donné, la nature de l’écoulement dépend de la valeur de
Re, s’il est élevé on a un écoulement dominé par les effets d’inertie ou s’il est petit on a un
écoulement dominé par les effets visqueux.

Considérons l’écoulement sur une plaque comme schématisé ci-après.

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Pour un nombre de Reynolds petit, l’effet de la viscosité est important et la présence de la


plaque affecte de beaucoup l’écoulement. Plus le nombre de Reynolds augmente plus l’effet de la
viscosité diminue (la région affectée par la viscosité rétrécie). Si le nombre de Reynolds devient
important les effets d’inertie dominent l’écoulement par contre les effets visqueux sont négligeables.
Comme la viscosité d’un fluide n’est pas nulle ( Re < ∞ ), il s’ensuit que le fluide adhère à la
plaque (la condition de non-glissement). Il existe une mince couche nommée Couche Limite ou C.L.
d’épaisseur δ < l (longueur de la plaque) en contact avec la plaque où la vitesse change de U
(vitesse loin de la plaque ) à zéro (sur la plaque). L’épaisseur de la C.L. augmente dans la direction
de l’écoulement et commençant de zéro à l’entrée de la plaque. L’écoulement peut être laminaire ou
turbulent en fonction de plusieurs paramètres.
A l’extérieur de la C.L. les lignes de courants sont parallèles entre la plaque et la présence de
la plaque n’affecte en rien cette région d’écoulement.
De ce qui vient d’être cité, nous définissons la C.L. de la façon suivante :
C’est une mince "région " ou couche enveloppant un corps ou les
effets visqueux sont très importants; à l’extérieure de cette couche le
fluide se comporte essentiellement comme s’il est non visqueux.
L’effet de la viscosité (qui est une conséquence du gradient de vitesse) n’est pas le même à
l’intérieur ou à l’extérieur de la C.L. Ceci va nous permettre de simplifier l’analyse des écoulements
pour lequel le nombre de Reynolds est important et résoudre les problèmes des écoulements
externes.

X.2 Couche limite laminaire sur une plaque plane

L’épaisseur des couches limites varient de beaucoup avec la forme d’objets sur lesquels elles
se forment. Dans cette partie, nous allons considérer un cas simple ; celui d’une C.L sur une plaque
plane et infiniment longue sur laquelle coule un fluide visqueux et incompressible.
Si le nombre de Reynolds est suffisamment grand, seulement une mince couche subira l’effet
de la plaque. La vitesse loin de la plaque aura la valeur u = U . Pour une plaque plane infiniment
longue de x = 0 a x = ∞ , il sera difficile de définir le nombre de Reynolds. Dans ce cas, on définit

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le nombre de Reynolds relatif à l’abscisse x, cotée depuis le premier point de contact du fluide avec
Ux
la plaque Re x = .
ν
Qu’arrive-t-il au fluide à l’intérieur de la C.L? Le schéma suivant donne une illustration du
phénomène qui prend place.

Une fois le rectangle entré dans la C.L. il subit une distorsion à cause du gradient de vitesse. Le
côté supérieur a une plus grande vitesse que celle du côté inférieur. Alors, les particules ne subissent
aucun mouvement de rotation à l’extérieur de la C.L (fluide est irrotationnel à l’extérieur de la C.L.
et rotationnel à l’intérieur de la C.L.).
A une certain distance et pas loin de la plaque, la C.L. devient turbulente et les particules fluides
se distordent grandement sous l’effet du mouvement aléatoire et irrégulier que prend le fluide.

X.2.1 Epaisseur de déplacement

La présence de la C.L. fait varier la vitesse de u y =0 = 0 a u y =δ = U . En réalité, u ne vaut


pas exactement U à y = δ . Nous définissons l’épaisseur de la C.L. , δ , comme étant la valeur de y
pour laquelle u = 0.99 U . Pour satisfaire l’équation de la conservation de la masse, les lignes de
courants vont déviées loin de la plaque, alors que la pression reste approximativement constante à
l’extérieur de la C.L. de δ * (dénommée épaisseur de déplacement).
En effet, si nous choisissons le volume de contrôle illustré par la figure ci-après.

Pression U
constante y=Y
y
La ligne de courant
δ 99%
U y=H
Volume de contrôle
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Force de traînée D u(y)
x
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La conservation de la masse pour un écoulement établit aura pour expression :


Y H

S.C.
∫ ρU.ndA = 0 ⇔ ∫ ρu ( y)dy = ∫ ρUdy
0 0
Y Y
⇔ UH = ∫ (U + u ( y) − U )dy = UY + ∫ (u − U )dy
0 0

ou Y = H + δ *

Y
⇔ U(Y − H ) = Uδ = ∫ (U − u )dy
*

0
Y →∞
⎛ u⎞
donc δ * = ∫
0
⎜1 − ⎟dy
⎝ U⎠
(X-1)

L’équation (IX-23) reste vraie pour un fluide incompressible laminaire ou turbulent, ayant une
pression et/ou une température constante.
L’épaisseur de déplacement δ * est fonction de l’abscisse x et sa valeur dépend de la
distribution u(y).

X.2.2 Calcul de la traînée laminaire sur une plaque plane

L’un des aspects importants de la théorie de la C.L. est le calcul de la traînée causée par les
forces de cisaillement.
Nous supposons que le champ de pression est partout constant. L’écoulement entrant au
volume de contrôle en c (début de la plaque) est uniforme alors que la vitesse sortant du volume de
contrôle en d varie de U (valeur nominale de la vitesse de l’écoulement loin de la plaque) à zéro au
contact avec la plaque.
Le côté inférieur du volume de contrôle est formé par la plaque. Le côté supérieur coïncide
avec la ligne de courant juste à l’extérieure de la couche limite.
Si nous choisissons un volume de contrôle comme illustré sur la figure ci-après délimité par :
Ì coté supérieur : confondu avec une ligne de courant à l’extérieur de la C.L.,
Ì coté inférieur : fluide adjacent a la plaque,
Ì coté amont : la verticale de hauteur h,
Ì coté aval : la verticale de hauteur δ( x ) .

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Pression
Volume de contrôle constante
Confondu en sa partie U
supérieure avec
y Ligne de courant

U
δ( x )
h Couche limite u
x
c d
τ w (x)

L’équation de la conservation de la masse est :


δ( x )

∫ ρU.ndA = 0 ⇔ hU =
S.C.
∫ u ( y)dy
0
(X-2)

L’équation d’équilibre projeté sur l’axe des x donne :


δ( x ) h δ( x )

∑ Fx = ∫ ρU(U.n )dA + ∫ ρUdϑ = ∫ ρu 2 ( y)dy − ∫ ρU 2 dy = ∫ ρu
2
( y)dy −ρhU 2 (X-3)
S.C.
∂t V.C. 0 0 0
=0

Par la suite (IX-23) devient :


δ( x ) δ( x ) δ( x ) δ( x ) δ( x )

∑ Fx = ∫ ρu ( y)dy −ρU ∫ u ( y)dy = ∫ ρu ( y)dy − ∫ ρ ⋅ U ⋅ u ( y)dy = ∫ ρ ⋅ u ( y)(u ( y) − U )dy


2 2

0 0 0 0 0
δ( x ) δ( x )
u ( y) ⎛ u ( y) ⎞
= ∫ ρ ⋅ u ( y)(u ( y) − U )dy = U ∫ ρ⋅ − 1⎟dy
2
⎜ (X-4)
0 0
U ⎝ U ⎠
Effectuons le changement de variable suivant : δ( x )Y = y ⇒ δ( x )dY = dy
Tout en tenant compte de :

∑F x = ∫τ i, j n j dA = − ∫ p δ x, j n j dA + ∫τ v, j n j dA = ∫τ v, j n j dA
S.C. S.C. S.C. S.C.
=0

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x
= ∫ t x,n ndA = − ∫ τ w (x )dx
S.C. 0.
(X-5)

L’équation (X-4) devient alors :


x 1
u ( y) ⎛ u ( y) ⎞
D f = ∫ τ w ( x )dx = ρU 2 δ( x ) ⋅ ∫ ⎜1 − ⎟dY = ρU δ( x ) ⋅ C1
2
(X-6)
0 0
U ⎝ U ⎠
avec
1
u ( y) ⎛ u ( y) ⎞
C1 = ∫ ⎜1 − ⎟dY
0
U ⎝ U ⎠

En postulant la similitude des profils (Von Karmen : gradient de pression faible ou nul ) i.e
u ( x , y)
ne dépend pas de x ( normalement u dépend de x et de y ) et en adoptant le changement de
U
u (Y)
variable suivant g(Y) = nous obtenons :
U
1
C1 = ∫ g (Y)(1 − g (Y) )dY
0

D’autre part :
dD f ∂u
= τ w ( x ) ⇔ ρU 2 C 1 δ ' ( x ) = μ (X-7)
dx ∂y y=0

∂u ∂u ∂Y 1 ∂u 1 ∂u ∂g 1 ∂g
et = ⋅ = ⋅ = ⋅ ⋅ = ⋅U⋅
∂y ∂Y ∂y δ( x ) ∂y δ( x ) ∂g ∂y δ( x ) ∂y
∂u 1 ∂g U U
ou encore = ⋅U⋅ = ⋅ g ' (Y) y=0 = .C 2
∂y y =0
δ( x ) ∂y y=0
δ( x ) δ( x )
U C1 '
(X-7) devient : ρU 2 C1δ ' ( x ) = μ ⋅ C2 ⇔ ρU δ ( x ) δ( x ) = μ
δ( x ) C2
'
⎡ δ 2 (x) ⎤ μ C2
⇔ ⎢ ⎥ = ⋅
⎣ 2 ⎦ ρ ⋅ U C1
μ C1
⇔ δ 2 (x) = 2 ⋅ ⋅x +A or
ρ ⋅ U C2
or δ( x ) x =0 = 0 ⇒ A = 0
μ C1 μ C 1 C1 2
Donc δ 2 (x) = 2 ⋅ ⋅x = 2 ⋅ 1 ⋅ x2 = 2 ⋅ ⋅x
ρ ⋅ U C2 ρ ⋅ U ⋅ x C2 Re x C 2
x C1 ν⋅x C
Et δ( x ) = ⋅ 2 = ⋅ 2 1 (X-8)
Re x C2 U C2

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1 1
On déduit que l’épaisseur de la couche limite est proportionnelle à x et ν 2 . 2

De plus :
1 1
l
μ ⋅ U ⋅ C2 l
U -2 U
D f = ∫ τ w dx = ∫ x dx = 2μ ⋅ U ⋅ ⋅ 2 ⋅ C1 C 2 ⋅ l 2
0 C2 ν 0 ν
2
C1
1 U2 ⎛ ρU 2 ⎞
= ⋅ρ⋅ ⋅ l ⋅ 8 ⋅ C1C 2 = l ⋅ ⎜⎜ ⎟⎟ ⋅ C Df
Re l 2 ⎝ 2 ⎠

C1 C 2 1 1
τ w (x) = ⋅ρU 2 ⋅ = ρU 2 ⋅ C f
2 Re x 2
8 ⋅ C1 C 2 2 ⋅ C1 C 2
avec C Df = et Cf = (X-9)
Re l Re x
Si on choisit plusieurs types de profils de C.L. nous aurons différentes valeurs du terme sous la
racine. En effet le tableau suivant donne les résultats trouvés pour différents types de profils.

Profils δ Re 0x.5
C f Re 0x.5 C Df Re 0l .5
x
Solution de Blasius 5.00 0.664 1.328
Profil linéaire g(Y)=Y 3.46 0.578 1.156
Profil parabolique g(Y)=2Y-Y2 5.48 0.730 1.460
Profil cubique g(Y)=3/2Y-Y3/2 4.64 0.646 1.292
Profil sinusoïdal g(Y)=sin(πY/2) 4.79 0.655 1.310

IX.2.3 C.L. de Prandtl / Blasius


On se propose d’étudier l’écoulement d’un fluide visqueux et incompressible passant par une
plaque plane en sebasant sur les équations de N.S:
⎧ ∂u ∂u ∂u 1 ∂p ⎛ ∂ 2u ∂ 2u ⎞
⎪ +u +v =− + ν⎜⎜ 2 + 2 ⎟⎟
⎪ ∂t ∂x ∂y ρ ∂x ⎝ ∂x ∂y ⎠
⎨ (X-10)
⎪ ∂v + u ∂v + v ∂v = − 1 ∂p + ν⎛⎜ ∂ v + ∂ v ⎞⎟
2 2

⎪ ∂t ∂x ∂y ρ ∂y ⎜ ∂x 2 ∂y 2 ⎟
⎩ ⎝ ⎠
L’équation de la continuité se réduit à :
∂u ∂v
+ =0 (X-11)
∂x ∂y

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L’écoulement étant plan et parallèle à la plaque ceci implique que :


∂ ∂
u < v et < (X-12)
∂x ∂y

Ce constat permet de simplifier énormément les équations (X-10 &11). En effet, en rendant
les équations adimensionnelles par le biais des variables :
x y u v p tu
x∗ = , y∗ = , u ∗ = , v∗ = , p∗ = et t ∗ = ∞
l δ u∞ vo p∞ l

on obtient :
u ∞ ∂u ∗ l ∂v ∗
Continuité + =0
v o ∂x ∗ δ ∂y ∗
1
424 3 123
O ( ε −1 ) O ( ε −1 )

⎛ ⎞
∂u ∗ ∂u ∗
l v ∂u ∗
p ∂ p ∗
1 ⎜ ∂ 2u∗ l 2
∂ 2 ∗ ⎟
u
Résultante selon x ∗
+ u∗ ∗ + o
v ∗ ∗ = ∞2 ∗
+ ⎜ + 2 ⎟
∂t ∂x δ u ∞ ∂y ρ u ∂x Re
{⎜ ⎜ ∂x ∗2 δ
{ ∂ y ∗2

123 { ∞

O (1) O (1 O ( ε 2
) ⎝ O ( ε −2
) ⎠
Résultante selon y
⎛ ⎞
∂v ∗ ∗ ∂v

l v o ∗ ∂v ∗ l u ∞ p ∞ ∂p ∗ 1 ⎜ ∂ 2 v∗ l 2 ∂ 2 v∗ ⎟
+u + v =− + ⎜ + 2 ⎟
∂t ∗ ∂x ∗ δ u ∞ ∂y ∗ δ v o ρu ∞2 ∂y ∗ {Re ⎜ ∂x ∗ 2 δ
{ ∂y ⎟⎟
∗2
123 14243 ⎜
O (1) −
O(ε )2 O ( ε 2
) ⎝ O (ε−2 ) ⎠

En négligeant les termes du second ordre cela permet de déduire les équations simplifiées de
la couche limite :
⎧ ∂u ∂v
⎪ + =0
∂x ∂y

⎪ ∂v ∂v 1 ∂p ∂ 2u
⎨ u + v = − + ν (X-13)
⎪ ∂x ∂y ρ ∂x ∂y 2
⎪ 1 ∂p
⎪ − =0
⎩ ρ ∂y
De plus à l’extérieure de la couche limite, l’écoulement n’est pas visqueux i.e
μ ≡ 0 donc τ = 0 .
L’équation du mouvement est donc réduite à l’équation d’Euler :
DU
ρ = −∇p + ρg (X-14)
Dt

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Dans notre cas les forces de gravitation sont négligées, ce qui réduit (X-14) à :
1 dp ∂U ∂U
− = +U (X-15)
ρ dx ∂t ∂x
L’équation (X-15) peut être utilisée pour éliminer le gradient de la pression de l’équation (X-
13).
Les conditions aux limites sont :
Ì à t = 0 : ( U, V) et (u, v) sont connus
Ì u ( y = 0) = 0
⎧ 0
Ì v ( y = 0) = ⎨ (X-16)
⎩± v w
. u ( y → ∞) = U( x )

Considérons maintenant l’écoulement laminaire stationnaire et établi sans effet de la


gravitation, l’équation (X-13) se simplifier d’avantage et devient :
⎧ ∂u ∂u
⎪⎪ + =0
∂x ∂x
⎨ ∂u (X-17)
∂u dU ∂2u
⎪u +v =U +ν 2
⎪⎩ ∂x ∂y dx ∂y

IX.2.4 Solution de Blasius pour la plaque plane


dU
Si l’épaisseur de déplacement est petite ( Re 〉〉 1 ), la vitesse U est constante et = 0 . Donc
dx
1/ 2
u ⎛ y⎞ ⎛ νx ⎞
les profils locaux des vitesses ont la même forme : = f ⎜ ⎟ . Comme δ = cst ⋅ ⎜ ⎟ (équation
U ⎝δ⎠ ⎝U⎠
(X-8)), la variable adimensionnelle appropriée devrait être :
y U
η= =y (X-18)
δ 2ν x
les lignes de courant ψ = ∫ udy doivent augmenter avec δ ou x 1 / 2 et ont la forme
x = cst
adimensionnelle suivante :
ψ = 2νUx ⋅ f ( x )
Avec f une fonction à déterminer.
∂ψ ∂ψ νU
u=
∂y
= Uf ' (η) et v = −
∂x
=
2x
(ηf ' − f ) = ν (ηf ' − f )
η
y
(X-19)

Nous avons :

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∂f ' ∂ 2f ' ∂η 1 U η ∂η U η
Ì = f '' , = f ' '' , =− y =− et = =
∂η ∂η 2 ∂x 2 2νx 3
2x ∂y 2νx y
∂u ∂u ∂η η
Ì = ⋅ = − Uf ''
∂x ∂η ∂x 2x
∂u ∂u ∂η η
Ì = ⋅ = Uf ''
∂y ∂η ∂y y
∂2u ∂ ⎛ ∂u ⎞ ∂ ⎛ '' η ⎞ ∂η ⎛ η Uf '' Uf '' η ∂y ⎞ ∂η
Ì = ⎜⎜ ⎟⎟ = ⎜⎜ Uf ⎟⎟ ⋅ = −⎜⎜ Uf ''' + − 2 ⋅ ⎟⎟
∂y 2 ∂y ⎝ ∂y ⎠ ∂η ⎝ y ⎠ ∂y ⎝ y y y ∂η ⎠ ∂y
2 2
⎛ η⎞ Uf '' η Uf '' η ⎛ η⎞
= Uf ⎜⎜ ⎟⎟ + 2 − 2 = Uf ''' ⎜⎜ ⎟⎟
'''

⎝ y⎠ y y ⎝ y⎠

L’équation (X-17) devient dans ces conditions :


η2 '' η ⎞ η ' '' η 2 ' '' η η 3 ' '' η2
Uf '''
y2
= Uf '⎛
⎜ − Uf
2 x
⎟ + ν
y
(f η − f )Uf
y
= − U f f
2 x
+ ν U 2
f f − ν U 2
f f ''
⎝ ⎠ y y

⎛ U η2 ⎞ η2 η2
'

= Uf f η⎜ −''

+ ν 2 ⎟ − ν U 2 f f = − ν U 2 f f ''
''

⎝ 2x y ⎠ y y
0=

Ce qui donne :
f ''' + f f '' = 0 (X-20)
Les conditions de non glissement stipulant u (x ,0 ) = v(x ,0 ) = 0 et u (x , ∞ ) = U sont convertis
à:
f ' (0) = f (0) = 0 et f ' (∞ ) = 1 (X-21)
L’équation (X-20) s’appelle l’équation de Blasius pour la plaque plane elle peut être résolue de
manière numérique. Le tableau suivant donne les caractéristiques de cette solution pour différentes
valeurs de y.
Exercices suggérés du livre Engineering Fluid Dynamics

Chapitre 1
Révisez les exemples 1.3(page 27), 1.4(page 31)
1.2
1.4
1.5
1.7
1.11
1.2
1.1 de la page 35

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Chapitre 2
2.2
2.4
2.5
2.6
2.7
2.9
2.10

Chapitre 3
3.9
3.10
3.14a
3.19
3.20
3.21
3.23
3.24
3.25
3.26

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