468 24-29 Huiles essentielles:GAB •• Essais 4/01/12 8:37 Page 24

essais
uu12HUILES ESSENTIELLES
RÉFRIGÉRA TEURS-CONGÉLA p. 24 Victoire p.44 - Benjamin
TEURSN’Sondé. Claire Wallaert,
Douriez, ingénieur.
Dominique Foing.
centre is
uuMOTOBINEUSES p.48p.
LAVE-VAISSELLE 30 Fanny
- Foing, Florent Pommier.
Guibert, Nicolas Erwan
Thomas Laurenceau, Teisseyre,
Le Fur. ingénieur.
d’essa
uu6 CASQUES
ALARMESAUDIO
SANS FIL
p. 36 p.52Ben jaminDouriez,
- Benjamin Douriez. Thierry
Dominique Martin, ingénieur.
Foing.

ONOKY/PHOTONONSTOP PHOTOS PRODUITS J CHISCANO/ 60

NATUREL NE VEUT
PAS DIRE ANODIN
On les croit inoffensifs parce
que issus de plantes. Mais
ces produits, réputés d’utilisation
courante, contiennent des
substances très actives et
nécessitent donc de sérieuses
précautions d’emploi.

24 l 60 millions de consommateurs l n°468 l février 2012

468 24-29 Huiles essentielles:GAB •• Essais 6/01/12 17:57 Page 25

HUILES ESSENTIELLES

u 17 HUILES ESSENTIELLES

Un réel potentiel
antimicrobien
Nous avons testé dix-sept huiles essentielles revendiquant une action désinfectante.
Celles-ci, pour la plupart, tiennent effectivement leurs promesses. Mais ce marché,
en pleine expansion, souffre d’un manque de réglementation.
VICTOIRE N’SONDƒ. CLAIRE WALLAERT, INGƒNIEUR.

Chassez toutes vos idées reçues
à propos des huiles essentielles.
D’abord, contrairement à ce
que l’on pense, même si elles
sont extraites de plantes, ce sont
des substances très actives.
L’utilisation de seize d’entre elles
(article D. 4211-13 du code de la
santé publique) relève d’ailleurs
du monopole des pharmaciens.
Les autres ne sont pas pour
autant inoffensives, rappelle
Catherine Desmares, directrice
de l’évaluation des produits cos-
métiques à l’Agence française de
sécurité sanitaire des produits de
santé (Afssaps).
Attention aux effets
indésirables !
Entre 2004 et 2011, vingt-sept
déclarations d’effets indésirables
liés à l’utilisation d’huiles essen-
tielles (de mélanges d’huiles
essentielles ou de produits incor-
ONOKY/PHOTONONSTOP – PHOTOS PRODUITS : J. CHISCANO/«60»
Les mises en garde de l’Afssaps
concernent surtout le camphre,
le menthol et l’eucalyptol (1,8-
cinéole), des molécules de la
famille des terpènes. Notons que
l’eucalyptol entre dans la com-
position d’huiles essentielles
courantes autres que celles de
l’eucalyptus, comme la lavande
aspic. Pourtant, les huiles essen-
tielles pures sont en majorité
vendues comme des produits de
consommation courante. En offi-
cine, le consommateur bénéficie
de l’expertise d’un professionnel
de santé, ce qui n’est pas le cas
dans une boutique de bien-être.
Autre idée reçue : les huiles
essentielles sont bon marché.
Effectivement, à partir de 5 €, et
même parfois moins, vous pour-
rez vous en procurer. Un rapide
calcul montre cependant qu’un
petit flacon de 10ml à 5€ revient
tout de même à… 500 € le litre.
La cherté des huiles essentielles
s’explique par leur rareté. Une
huile essentielle pure est obte-
nue par distillation à la vapeur ou
par distillation sèche (et par des
procédés mécaniques pour les
agrumes) de différentes parties
d’une plante (feuilles, fleurs,
écorce…). Pour obtenir 1 l d’huile
essentielle de lavande, par exem-
ple, il faudra 300 kg de fleurs.
Quatre familles
d’utilisation courante
Les partisans de l’aromathérapie,
l’art de soigner par les huiles
essentielles, rétorqueront que
l’utilisation de ces huiles, au
compte-gouttes, est écono-
mique. L’argument est recevable.
Mais ces précieux liquides, trop
puissants quand ils sont purs,
gardent-ils quelque efficacité une
fois dilués ? Difficile de répondre
quand ils revendiquent des pro-
priétés relevant du bien-être, car
ce type d’effets est difficilement
évaluable. En revanche, il est
possible de vérifier leur action
dans d’autres domaines, comme
leur activité antimicrobienne sup-
posée. Nous avons donc testé
quatre “familles” d’huiles essen-
tielles d’utilisation courante, bio
et non bio, qui revendiquent,
entre autres, une action contre
les microbes : l’arbre à thé, l’eu-
calyptus, la lavande et l’ylang-
ylang. Résultats : même si les
huiles essentielles ne sont pas
des solutions miracles, elles ne
sont pas non plus de la poudre
de perlimpinpin. Encore une idée
reçue battue en brèche.
Nous avons testé 9 huiles

essentielles d’arbre à thé,

porant des huiles essentielles) 4 d’eucalyptus, 2 de lavande
ont été notifiées par l’Afssaps. et 2 d’ylang-ylang.
« Et ces chiffres sont certai-
nement sous-évalués, puisque
notre dispositif de vigilance est
récent. Seize cas concernaient
des enfants, âgés de moins de
4 ans pour la plupart. Quatorze
d’entre eux ont été victimes de
troubles neurologiques graves »,
alerte Catherine Desmares.

février 2012 l n°468 l 60 millions de consommateurs l 25

468 24-29 Huiles essentielles:GAB •• Essais 4/01/12 11:57 Page 26

essais

aaa Très bon De 20 à 17

aa Bon De 16,5 à 13
a Acceptable De 12,5 à 10
c Insuffisant De 9,5 à 7
cc Très insuffisant De 6,5 à 0
ARBRE À THÉ (TEA TREE)
Les pourcentages entre parenthèses expriment DOCTEUR PHYTOSUN COMPTOIR NATURE SUN PUR ESSENTIEL ARKENTIAL HERBES ET
le poids de chaque critère dans la notation finale. VALNET AROMS AROMA AROMS Expert (ARKOPHARMA) TRADITIONS N
Attention, cette dernière ne prend pas en compte Arbre à thé Tea Tree Arbre à thé Tea Tree Arbre à thé Tea Tree Tea Tree bio
les autres actions revendiquées par les fabricants.
bio bio bio
Prix d’achat indicatif 5,90 € 4,65 € 6,10 € 10,76 € 4,10 € 14,53 € 7,30 €
Prix d’achat indicatif pour 100 ml 59 € 47 € 61 € 36 € 41 € 97 € 73 €
Inhibition des souches aaa aa aaa aa aa a aaa
microbiennes (70 %)
Étiquetage (30 %) aa a c c c a cc
Note globale (100 %) 16,5/20 14,5/20 12,5/20 12,5/20 12,5/20 12/20 11,5/20

Quelques précisions Néanmoins, leur pouvoir inhibiteur

sur les dénominations
Selon les indications sur
les emballages, les neuf huiles
essentielles de l’arbre à
thé (appelé aussi “tea tree”,
le terme anglais) sont toutes
extraites de l’espèce Melaleuca
alternifolia. Les quatre références
à l’eucalyptus sont issues,
d’une part, de l’espèce Eucalyptus
radiata et, d’autre part, de
l’espèce Eucalyptus globulus.
Les huiles de lavande portent
des noms usuels et latins diffé-
rents (Lavandula angustifolia
pour la lavande fine et Lavandula
officinalis pour la lavande
officinale), mais ces différentes
dénominations correspondent en
fait à la même espèce de lavande.
Enfin, les deux huiles essentielles
de l’ylang-ylang sont extraites
de l’espèce Cananga odorata.
Une action inhibitrice sur
les souches microbiennes
• Arbre à thé
L’action contre les microbes
est une revendication majeure
des huiles essentielles de l’arbre
à thé. De fait, toutes celles
évaluées dans notre essai sont
capables d’inhiber le développe-
ment des trois souches micro-
biennes testées, les bactéries
Des produits peu contrôlés
s À quelques exceptions
près, les huiles essentielles
pures ne sont considérées
ni comme des produits cos-
métiques ni comme des
médicaments. Elles ne sont
par conséquent pas sou-
mises aux réglementations
propres à ces deux familles
de produits.
s Résultat : les fournis-
seurs mettent leurs pro-
duits sur le marché sans
qu’aucun contrôle préala-
ble de leur efficacité ou de
leur innocuité ne soit exi-
gé. Toutefois, en cas de
Pseudomonas aeruginosa
et Staphylococcus aureus
et la levure Candida albicans.
Trois marques, Docteur Valnet,
Comptoir Aroma et Herbes
et Traditions, s’illustrent même
par leur potentiel létal – c’est-
à-dire leur capacité à tuer les
microbes, et pas seulement à
les inhiber – sur les trois souches
testées, d’où leur excellente note.
(Pour les bactéries, on parle de
« potentiel bactéricide » et, pour
la levure, de « potentiel fongicide ».)
contrôle sur le terrain effec-
tué par la Direction géné-
rale de la concurrence, de
la consommation et de la
répression des fraudes
(DGCCRF), ils peuvent être
sanctionnés s’ils ne sont
pas en mesure de prouver
la véracité des informations
fournies sur l’emballage ou
sur la notice, qu’il s’agisse
de mentions concernant
l’origine de l’huile essen-
tielle ou d’un certain nom-
bre d’allégations mettant
en avant diverses proprié-
tés de ce produit.
Phytosun Aroms et Néroliane
empêchent également
le développement de ces
trois souches microbiennes,
mais elles finissent un peu en
retrait car elles ne présentent
pas de potentiel bactéricide
concernant le Pseudomonas
aeruginosa.
Enfin, Arkential et Cosmo
naturel sont classées comme
juste acceptables, car leur
potentiel létal ne s’exerce que
sur la levure Candida albicans.
est constaté sur les trois souches
microbiennes.
• Eucalyptus
Pour l’eucalyptus aussi, l’action
antiseptique est une revendication
majeure. Au vu de nos résultats,
elle n’est pas sans fondement.
Trois références sur quatre,
Biofloral, Florame et Ladrôme,
exercent une activité inhibitrice
sur les trois souches micro-
biennes. Ces trois produits
présentent même un potentiel
bactéricide concernant les
deux souches de bactéries
testées et un potentiel fongicide
concernant le Candida albicans.
De notre échantillon, seul
Pranarôm est globalement
moins performant. Son activité
inhibitrice sur la souche bacté-
rienne Pseudomonas aeruginosa
est limitée, ce qui relativise
l’argument antibactérien.
• Lavande
Même si l’action antiseptique
n’est pas la revendication
principale des huiles essentielles
de lavande, il n’y a rien à redire
sur ce point concernant les
deux références de notre essai.
Toutes les deux s’illustrent
par un potentiel létal avéré

26 l 60 millions de consommateurs l n°468 l février 2012

 468 24-29 Huiles essentielles:GAB •• Essais 6/01/12 17:47 Page 27

HUILES ESSENTIELLES

EUCALYPTUS LAVANDE YLANG-YLANG

T COSMO NÉROLIANE LADRÔME BIOFLORAL FLORAME PRANARÔM COSMO COMPTOIR BOUTIQUE NATURACTIVE
NS NATUREL Tea Tree Eucalyptus Eucalyptus Eucalyptus Eucalyptus NATUREL AROMA NATURE (PIERRE FABRE)
o Tea Tree radié globuleux globulus radié Lavande fine Lavande Ylang-ylang Ylang-ylang
bio bio bio officinale bio complète bio bio
6,80 € 3€ 7,10 € 4,30 € 4,20 € 7,40 € 9,10 € 7,30 € 9,20 € 6,90 €
68 € 30 € 71 € 43 € 42 € 74 € 91 € 73 € 92 € 138 €

a aa aaa aaa aaa a aaa aaa c cc

J. CHISCANO/«60»
c cc aa c cc a c c c a
11/20 10,5/20 16,5/20 12,5/20 11,5/20 11/20 12,5/20 12,5/20 8,5/20 8/20

sur les trois souches micro- la marque revendique une action On ne peut pas non plus tirer Seuls Docteur Valnet arbre à thé
biennes testées. antibactérienne pour ce produit, de conclusions concernant et Ladrôme Eucalyptus radié
qui ne se vérifie donc pas les autres propriétés supposées sortent du lot.
• Ylang-ylang complètement. de l’huile essentielle de l’ylang- L’emballage de Docteur Valnet
Ce sont les deux seules contre- L’huile Naturactive, elle, ne montre ylang qui n’ont pas été évaluées arbre à thé est le seul à préciser
performances relevées dans d’action inhibitrice sur aucune dans le cadre de cet essai. à la fois de quelle famille de
notre essai. de ces trois souches micro- plantes et de quelle partie du
Dans le cas de Boutique Nature, biennes, alors que le site de L’étiquetage végétal est extraite l’huile essen-
une action inhibitrice a bien la marque annonce un effet Dans l’ensemble, le niveau tielle, son chémotype (c’est-à-dire
été observée, mais seulement « antiseptique ». Toutefois, d’information fourni sur l’étiquette la composition chimique propre à
contre la bactérie Staphylococcus notre analyse n’ayant porté des produits de notre essai une huile essentielle) et son mode
aureus et la levure Candida que sur deux produits, on ne peut est insuffisant. Les indications d’extraction. La notice indique
albicans, mais non contre la bac- induire une absence générale thérapeutiques sont quasiment par ailleurs un effet « antimicro-
térie Pseudomonas aeruginosa. d’action antimicrobienne avec inexistantes et les préconisations bien », et une utilisation par mas-
Pourtant, sur son site Internet, l’huile essentielle de l’ylang-ylang. d’emploi font souvent défaut. sage et par voie orale.
De même, la notice de Ladrôme
Eucalyptus radié propose
COMMENT NOUS AVONS PROCÉDÉ un tableau qui signale la par-
tie de la plante utilisée pour
u Évaluation de l’efficacité fabriquer l’huile essentielle et
Après une incubation de vingt-quatre ou quarante- donne les propriétés générales
Les huiles huit heures selon les souches, les micro-organismes de cette huile essentielle.
essentielles survivants ont été dénombrés. En cas de non-aug- À l’inverse, les informations pré-
ont été mentation, on peut parler d’action inhibitrice. En cas sentes sur l’étiquetage de trois
solubilisées
dans de l’agar de disparition (ou de quasi-disparition), on peut références sont trop succinctes.
fluide neutre. même parler de potentiel létal. Par exemple, Herbes et Traditions
u Mise en culture arbre à thé et Florame Eucalyptus
Les tests ont été réalisés avec deux souches globulus n’indiquent aucune
bactériennes (Pseudomonas aeruginosa et restriction d’utilisation pour les
Staphylococcus aureus) et une souche de Les souches femmes enceintes, même s’ils
levure (Candida albicans) en milieu de culture. microbiennes conseillent de ne pas laisser ces
L’huile essentielle à tester était mise en contact ont été produits à la portée des enfants.
dénombrées
I. HANNING/RÉA/«60»

avec un milieu nutritif contenant une des souches après Quant à Néroliane arbre à thé,
de micro-organismes. incubation. il est le seul produit de l’essai à ne
faire figurer absolument aucune
contre-indication d’utilisation.

février 2012 l n°468 l 60 millions de consommateurs l 27

468 24-29 Huiles essentielles:GAB •• Essais
essais
Petit guide pratique d’aro
Noms latins et noms usuels, modes d’utilisation multiples… Pas facile de s’y retrouver
dans l’univers complexe des huiles essentielles, d’autant que notices et étiquetages pèchent
par leur manque d’information. Mieux vaut donc se faire aider par un professionnel de santé.
Une chose est sûre, l’utilisation
des huiles essentielles ne s’im-
provise pas. Prenons par exem-
ple l’huile essentielle de lavande,
probablement la plus populaire
en France. Elle peut être extraite
d’espèces différentes : les plus
connues sont la lavande offici-
nale (ou lavande vraie), la lavande
aspic et le lavandin (un hybride
des deux premières). Pour s’y
retrouver, il faut se reporter à la
dénomination latine, en italique
sur les emballages.
Avec plus de 78 huiles,
comment choisir ?
Cette dénomination donne le
nom du genre de la plante, avec
la première lettre en majuscule,
suivi du nom de l’espèce, soit
respectivement : Lavandula spica
(ou L. latifolia cineofolia), Lavan-
dula officinalis (ou L. angustifolia
ou encore L. vera) et Lavandula
burnatii pour le lavandin super…
Chacune de ces huiles se carac-
térisant par une composition pro-
pre (on parle de “chémotype” ou
de “chimiotype”), on lui prêtera
des propriétés bien spécifiques.
28 l 60 millions de consommateurs l n°468 l février 2012
4/01/12 11:57
On trouve la même complexité
avec les autres huiles essen-
tielles. Le néophyte risque de
vite s’y perdre : dans son livre
Ma bible des huiles essentielles
(Leduc Éditions, 550 p., 21,90€),
la pharmacienne Danièle Festy
dénombre quelque 78 huiles
essentielles d’intérêt courant !
Et le consommateur ne pourra
guère compter sur l’étiquetage
des flacons pour le guider : les
conseils pratiques sur les embal-
lages ou dans les notices d’utili-
sation (quand elles sont jointes)
sont rares.
Alors, comment faire ? Pour tout
traitement à visée thérapeutique
avec des huiles essentielles,
même pour de la simple “bobo-
logie”, il est plus prudent d’être
conseillé par un pharmacien ou
par un autre professionnel de
santé formé à l’aromathérapie.
Et, pour les utilisations domes-
tiques les plus répandues, quel-
ques règles de base doivent
être suivies. Par précaution, on
déconseillera les huiles essen-
tielles aux populations fragiles
(enfants, femmes enceintes et
Page 28
Les labels de qualité
s Vous voulez une huile
essentielle garantie sans
pesticides chimiques et
sans OGM ? C’est simple :
repérez celles qui arborent
le logo bio européen (et
parfois aussi le logo bio
français AB). L’organisme
indépendant qui certifie ces
produits (souvent Ecocert
ou Qualité France) peut
aussi apposer son logo.
s Vous voulez une huile
essentielle qui garantit l’es-
pèce botanique, l’origine
100 % naturelle et l’extrac-
allaitantes, personnes présen-
tant des problèmes respiratoires
notamment).
Celles qui parfument
et assainissent l’air
Par définition, les huiles essen-
tielles sont des substances
odorantes. Alors, forcément, la
première idée qui vient à l’esprit
Soins à usage
cosmétique
ou thérapeutique,
ou encore
produits pour
la maison,
les huiles
essentielles
se sont peu
à peu imposées
sur tous
les marchés
du “bien-être”.
tion sans solvant ? Ça se
complique. C’est ce que
revendique le label privé
Hebbd (pour Huile essen-
tielle botaniquement et
biochimiquement définie),
qui n’est cependant pas
contrôlé par un organisme
certificateur indépendant.
De même, quelques fabri-
cants appliquent des
normes Afnor (notamment
la norme ISO 9235) offrant
aussi toutes ces garanties,
mais il s’agit là encore
d’une autodéclaration.
est de les utiliser en diffusion
pour profiter de leurs parfums,
tout en humidifiant et/ou en
assainissant l’air. Des boutiques
“nature” vendent toutes sortes
de diffuseurs et de vaporisateurs
à cet effet. Mais toutes les huiles
essentielles ne se prêtent pas à
cet usage, car elles peuvent être
irritantes pour les voies respira-
 468 24-29 Huiles essentielles:GAB •• Essais
o mathérapie
toires. C’est le cas notamment
du thym à thymol, de la sarriette,
du girofle, de la cannelle et de
l’origan compact.
Celles qui permettent
un usage cosmétique
L’utilisation cosmétique des
huiles essentielles est une autre
grande tendance du moment.
Cette voie a été ouverte par les
fabricants de produits d’hygiène
et de beauté, notamment bio,
qui ont été séduits par leurs
diverses propriétés – parfu-
mantes, bien sûr, mais aussi
conservatrices. Et avec la mode
du fait maison, les recettes de
beauté à base d’huiles essen-
tielles à concocter soi-même
fleurissent un peu partout. «L’ap-
plication sur la peau est la
méthode la plus sûre, estime
Danièle Festy. Cependant, nom-
bre d’huiles essentielles peu-
vent être caustiques pour la
peau ; il faut donc les diluer suf-
fisamment dans des huiles ou
des beurres neutres. »
Une liste exhaustive des huiles
essentielles “beauté” serait trop
longue à établir. La prudence
s’impose avec les huiles essen-
tielles d’agrumes (citron, berga-
mote, orange, pamplemousse,
mandarine…) et de verveine, qui
4/01/12 11:58
THINKSTOCK
peuvent générer des taches sur
la peau lors d’une exposition au
soleil (elles sont dites photo-
sensibilisantes). Par ailleurs, la
directive européenne sur les cos-
métiques référence vingt-six
substances parfumantes allergi-
santes, dont seize entrent dans
la composition de la plupart des
huiles essentielles. Leur nom
apparaît très souvent sur l’em-
ballage. Par exemple, l’huile
essentielle de rose en contient
six. Donc, il faut être vigilant, sur-
tout si on présente un terrain
allergique.
Celles qui favorisent
la relaxation
On vante enfin les bienfaits des
huiles essentielles pour favoriser
la relaxation par des massages,
Nos conclusions
un bain ou en diffusion. Les pré-
cautions d’emploi propres à
chacune de ces voies d’adminis-
tration doivent donc être res-
pectées (voir 3 questions à
Patrick Collin, ci-contre).
Quelle huile essentielle privilé-
gier pour son bien-être ? « La
lavande officinale, bien sûr »,
répondent de concert les spé-
cialistes interrogés. Et Danièle
Festy, par exemple, de conclure:
« Si vous n’achetez qu’une huile
essentielle, c’est celle-ci ! »
Page 29
U 3 QUESTIONS
QUESTIONSÀ…
On ne peut plus arrêter
À…
Patrick Collin
Enseignant en aromathérapie à la faculté de médecine
de Bobigny (93) et négociant en huiles essentielles
la dynamique
« Les du plan
pharmaciens can-
sont
cer
formés pour informer »
s Quelle est la règle no 1 en
aromathérapie ?
L’utilisation des huiles essen-
tielles pures est limitée car ces
produits sont très forts. Autre
caractéristique : elles ne sont
pas miscibles dans l’eau. Avant
toute utilisation, il faut donc les
diluer et les émulsionner avec
une base (huile végétale, base
moussante pour le bain…). L’ob-
jectif est de déterminer la dose
minimale donnant un bénéfice
maximal sans effets indésirables.
s La voie d’administration
est également primordiale…
Quel que soit le mode d’admi-
nistration, les huiles essentielles
se retrouvent dans la circulation
générale quelles que soient les
muqueuses exposées à l’huile
essentielle. Par ailleurs, une
huile essentielle pourra être irri-
tante pour une muqueuse et pas
pour une autre. En cas d’appli-
cation sur la peau ou d’inhala-
s Il existe sur le marché
des huiles essentielles,
notamment extraites d’arbre
à thé, d’eucalyptus et de
lavande, qui montrent un réel
potentiel bactéricide et fongi-
cide quand on les utilise aux
concentrations préconisées
par leur fournisseur.
s Compte tenu de ces pro-
priétés, il conviendrait d’exi-
ger une autorisation de mise
sur le marché pour ces pro-
février 2012 l n°468 l 60 millions de consommateurs l
HUILES ESSENTIELLES
DR
tion, des quantités plus ou moins
importantes d’huiles essentielles
ne passeront pas dans l’orga-
nisme car elles sont volatiles.
C’est surtout par la voie orale
que l’absorption est optimale.
s Où trouver des informa-
tions fiables et accessibles
au grand public ?
Les pharmaciens sont assez bien
formés. C’est dans leurs tradi-
tions. Et lors de la vente de pré-
sentoirs d’huiles essentielles,
une formation leur est souvent
proposée. En pharmacie, de-
mandez la brochure d’utilisation
éditée en lien avec le laboratoire
qui la commercialise. Elles sont
généralement bien faites et
donnent de bons conseils. Vous
pouvez aussi profiter de l’expé-
rience des militants des usages
alternatifs qui tiennent certains
magasins bio. Enfin, à l’image
d’Aroma-Zone, quelques sites
Internet font du bon travail.
duits afin de mieux prévenir
les mésusages et de mieux
encadrer leur utilisation en
démontrant leur efficacité.
s Enfin, un gros effort
d’information et d’étiquetage
s’impose. Rares sont les
fournisseurs qui signalent
les indications thérapeu-
tiques (ou autres) de leurs
produits et qui en précisent
les modalités d’emploi.
Cela n’est pas acceptable !
29