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Dorothea Schlegel

Fragments du journal intime

I. Premier recueil: 1802-1804

1. Les dieux [et] les héros sont coulés dans le marbre, mais aucun être humain, aucune
action [ne l’est pas]; peut-être aussi aucune souffrance; certainement pas aucune
passion. Laocoon1 est utile à l'artiste, pour l’étude, comme une vêtement, un buste; mais
les statues existaient pour être adorées. À tout le moins, ils devraient exister juste pour
cela. Laocoon est à la limite de la peinture, il est plus sentimental, plus romantique que
naïf et ancien. C'est exactement pourquoi Apollon2 m'est également préférable à
Antinoo3, bien que ce soit, aux yeux des artistes, proprement plus beau; mais celui-là est
un dieu, et celui-ci, un bel homme, une armoire, ainsi que la petite Vénus, qui reste à
genoux, se séchant4; belle, mais mondaine.

2. La Famille Sacrée de Luini5: la plus grande ressemblance avec la poésie de Goethe,


avec son "Torquato Tasso"6, même avec son "Iphigenie"7. Lumineuse, haute, profonde,
claire, astucieuse, significative, sensible; on ne peux pas être plus adorable.
3. La Chrétienté [Das Christenthum] appartient à la peinture, comme la mythologie à la
sculpture. Et l'histoire? Qu'en est-il de la mythologie, peut-être de la poésie, orientale,
hindoue? Car la musique appartient sûrement à la Chrétienté.
4.. La peinture appartient à la phantasie, la sculpture appartient aux senses.
5. Certains prétendent que on commence à connaître toutes choses, il faut bien qu’on se
connaître; je pense cependant qu'il vaudrait mieux y mettre fin, car c'est certainement le
plus difficile, il n'y a pas de minimum de connaissances si l'on veut apprendre sur soi-
même; sinon, une erreur survient, qui est une fausse opinion de soi-même ou de la
présomption [Einbildung].

1
Personnage représenté dans le groupe de statues intitulé Laocoon et ses fils, produit entre le 2ème siècle
avant JC et I AD et redécouvert en 1506. Le groupe de marbre représente Laocoon, le prêtre d'Apollon -
qui aurait trahi le dieu, essayant de révéler aux troyens le piège de cheval de bois dans la guerre de Troie -
souffrant, dans une situation d'extrême détresse, devant les fils dévorés par des serpents envoyés par les
dieux pour se venger. Le Laocoon est devenu célèbre grâce aux analyses de Johann Joachim
Winckelmann, qui le fait dans sa Geschichte der Kunst des Alterthums, publiée en 1763, et dans le livre
de Gotthold Ephraim Lessing, Laokoon. oder über die Grenzen der Mahlerey und Poesie [Laocoon ou
aux frontières de la peinture et de la poésie], 1766. Les deux œuvres forment le répertoire presque
canonique des sources du romantisme allemand (cf. KOKZISKY, 2000, pp. 663-ss.).
2
Référence à l'Apollon du Belvédère, statue en marbre, probablement une copie romaine d'une statue
grecque, redécouverte en 1489, qui représente Apollon en battant le serpent Piton, qui menaçait la ville de
Delphes avec une flèche. La flèche, ainsi qu'une partie de ses bras, ont été perdues.
3
Antinoo, l’amant de l'empereur Hadrien, est un personnage incarné par plusieurs sculptures en marbre
redécouvertes entre les XVIe et XIXe siècles, dont beaucoup ont été traitées par Winckelmann.
4
Il y a des statuettes qui représentent Vénus en train de se sécher au soleil, généralement petites. L'une
des plus connues est la version en bronze de Giambolgne (ou Jean Bologne), sculpteur flamand du XVIe
siècle, basé en Italie.
5
Référence au tableau La Famille Sacrée, que le peintre italien Bernardino Luini a produit au XVIe
siècle, et qui représente Marie, Joseph et, en tant que garçons, Jésus et Saint Jean-Baptiste.
6
Drame de Goethe publié en 1790.
7
Iphigenie auf Tauris, pièce écrite par Goethe a partir de la tragédie d’Euripede portanto le même nom, et
qui était joué la première fois en 1779.
6. Il appartient à la vie que l'on connaisse le monde et tout ce qui est en dehors de soi, à
la mort, que l’on se connaît, que l’on soit éduqué [gebildet].
7. Ils ont l'intention de revenir à eux-mêmes: la plupart ne se sont jamais quittés! Ils
restent donc arretés.
8. Friedrich8 n'est pas exposé au danger comme la plupart des autres au point que son
esprit se séche pour un manque de nourriture; mais [il] est néanmoins exposé de telle
sorte que, en raison du débordement, il se retient et s’étouffe. Il peut vivre trois
générations avant de réaliser la richesse accumulée jusqu'à la trentième année.
9. Se former [Sich bilden] est l'effort de la vie, mais on ne peut être formé [gebildet
sein] qu'à la mort. Quelle éducation [Ausbildung] complète la vie peut-elle vouloir?
quelle éducation ne dérange pas la vie?
10. Le strabisme n'est rien de physique, mais un véritable défaut de caractère; et il est
produit dans l'enfance à cause d'une mauvaise habitude, de sorte qu'il devient par la
suite une erreur de caractère. Pourquoi un strabisme du corps ne devrait-il pas être aussi
biem imprimé dans l'esprit que l'inverse [?]
11. Si Friedrich arrivera-t-il a s'exprimer vraiment lui-même et le mot de ses idées? Car
c'était le point culminant de sa formation [Bildung]; et il simplement se forme [bildet
sich] aussi longtemps qu'il vit; il devrait alors, après cela, mourir. Les poètes qui l'ont
fait ou bien effectivement meurent aussi, ou bien se répètent ; ils sont donc aussi bons
spirituellement qu'ils sont morts. - Friedrich n'a résolu [avec] sa poésie aucune énigme
dans notre poitrine; au contraire, il nous propose celui dans la solution duquel l'esprit
peut exerciter. Sa poésie a plus des rayons de soleil productifs et chauds que des
brillants.
12. Toute privation volontaire me semble être comme le témoin de la force intérieure et,
en même temps, comme le autodépassement de de la jouissance elevée. Mais que je dois
supporter le triomphe et la compassion des ennemis, que je dois avoir des obligations
envers ceux ennemis de moi – je le considère comme une caractéristique vulgaire de ma
nature, que mon indignation à ce sujet ne soit pas capable me tuer.
13. Et je veux, donc, reprimer cette indignation, et en devenir le maître9; je veux
humblement me révéler aux ennemis, car le destin ne veut pas que je vaincre. Le grand
héros ridiculisé par ses ennemis n'est-il pas mort?
14. Pour Lessing, rien n´était trop mauvais que ne mériterait pas sa critique.
15. Lessing accusait la mélange du comique avec le sérieux chez Cervantès. Ceci sont
des principes proprement français.
16. Il y a sans doute dans le "Laocoon" de Lessing beaucoup d’escrime avec des miroirs
et des mots. Il utilise donc parfois description [Bescreibung] avec imitation
[Nachahmung] et est en détresse pour démontrer différents types d'imitation. Dans la
même mesure, il est en détresse pour démontrer que le poète est autorisé à présenter

8
Il s’agit de Friedrich Schlegel.
9
Dans l'original, Herr, au maculin, bien qu’on supposerait que Dorothea deverait-elle utiliser le mot
fléchi au féminin, Herrin.
Vénus en colère, furieux, mais pas les beaux-arts. Certainement pas; l'amour enragé est
une idée, une abstraction qui, par des signes arbitraires, rend le discours clair par lui-
même, le met devant les yeux. Mais les beaux-arts ont besoin de la présentation de la
personne, pas de l'idée. Si Vénus nous apparaissait effectivement comme nous aimont la
connaître dans l'abstraction du poète, en tant que puissance en colère, nous ne la
reconnaîtrions pas comme Vénus; pourquoi devrait-on alors reconnaître la copie [Copie]
de son apparition corporelle? – Il n'est pas certain non plus, comme le pense Lessing,
que l'invention [Erfindung] soit plus facile pour le peintre ou le dessinateur que pour le
poète. Le sculpteur n'a pas inventé l'histoire de Laocoon, personne ne l'a inventée, mais
il a plutôt inventé la vérité dans la position, le geste et le groupement, ce qui a
infiniment plus de difficultés, car la moindre imperfection nous dérangerait, alors que
nous pourrions nous représenter arbitrairement toute la scène dans le récit.
17. En cela, la vanité est très mauvaise, car ni l'orgueil ni l'humilité ne peuvent y avoir
lieu.

18. Beaucoup des choses, trop des choses sont parlées a ce monde-ci.

19. Plus d'influence une femme [Frau] a sur le jugement de son mari [Mann], plus
prudent est-elle à le determiner, plus consciencieuse doit-elle être; puisqu’elle doit,
alors,en rendre compte doublement.

20. Il fait partie nécessairement du cadre d'un mariage vrai, authentique, que l'épouse
[Frau] s'intéresse aux affaires de son mari [Mannes] et, autant que possible, y participe.
Il n'y a pas de sujet ou de condition dans lesquelles elle ne pourrait pas, avec décence, et
même avec grâce, le faire. (Les hommes [Männer] qui occupent une position où cela
n'est pas possible ne devraient pas se marier). C'est le seul moyen de s’assurer, par un
chemin durable et solide, la fidélité de l'homme [Mannes] et la domination du foyer.
L'épouse [Frau] doit être sûre de ces choses-là, mais ne jamais s'y fier ou s'en servir au
détriment ou à la négligence et à la diminution du mari [Mannes].
21. On est éduqué [erzogen] ou s'éduque soi-même avant de vouloir éduquer les autres.
Ainsi, il faut aussi d'abord être heureux, c'est-à-dire, être content et d'accord avec soi-
même, avant de faire quelque chose pour les autres. Qui ne sait pas s'aider lui-même,
comment devrait-il aider les autres? Pas étonnant, donc, que l'on devienne si souvent,
comme on dit, ingrat; comme si beaucoup avait été fait pour les autres; dès que la
moitié seulement est faite, seulement le minimum, avec l’humeur contrarié, il devient
donc tout simplement mauvais aider les autres; il [l'ingrat] est surtout bien reconnu dans
l'étendue de ses besoins, car il s'est habitué à ne les regarder qu'en bloc et comme à une
distance inaccessible; il avait pour eux plutôt un sentiment [Gefühl] sombre qu'une
conviction déterminée, à travers laquelle il éprouve alors un autre sentiment désagréable
et peut donc, lorsqu'il est vrai, ne pas lui être très reconnaissant. Malheureusement, il est
vrai qu'avec la soi-disant charité, on ne veut que faire du bien à sa propre compassion
tourmentée. La courtoisie [Gefälligkeit] est supérieure à la charité.
22. Résignation au destin? – Lutte contre le destin.
23. Cependant, après tout, on arrive a ceci, que l'on s'intéresse plus aux idées qu'aux
êtres humains - et au degré d’amour propre le plus modéré, on arrive, enfin, à sa propre
idée. "O, seul l'amour nous sauve de ce flot d'égoïsme froid, de cette vanité obstinée."

24. Les soi-disant hommes des Luimières [Aufklärer] considèrent l'incrédulité


[Unglauben] à la fois comme une condition de la nature et comme un point de la plus
haute formation [Bildung]; comme si la plus grande contradiction n'y résidait pas déjà!
La croyance est une condition de l'enfance ou de la nature; compréhension ou
conviction de la plus haute formation; entre les deux, c'est le doute; il ne peut y avoir
d'incrédulité positive: l'incrédulité n'est rien, c’est du vide.

25. En fait, il n'y a pas d'homme [Mann] si rusé qu'il ne sera pas dupe de la flatterie,
même si elle vient d'une vieille femme!

26. On doit traiter tous les êtres humains un peu mieux qu'ils ne le méritent; on les
désarme ainsi de la manière la plus simple.

27. Le 1er mars 1803, Philipp10 m'a solennellement promis de garder désormais toutes
choses dans l'ordre le plus parfait. - Le 2 mars 1803, Philipp était insupportablement
trempé et affecté obstinément; j'ai dû lui faire la morale.

28. Les bien connues Pensées de Pascal me semblent complètement et incroyablement


arides et ennuyeuses. En effet, il n'y a rien de plus ennuyeux qu'un Français satisfait et
heureux de lui-même.

29. C'était dimanche, un beau temps printanier, et à Paris, les foules se sont croisées sur
la promenade publique: en belle robe du dimanche, les citoyens, les gens élegants [die
Eleganten] dans une négligence plus vive. Une voiture dévala la rue, traversant la
promenade publique; en volant rapidement sur tout. Un vieux mendiant, presque
aveugle, ne faisait pas attention; une femme [Frau], au moment où elle l'a regardé, a
laissé tomber le bras de son conducteur, a saisi le mendiant sale, étrangement déchiré,
vieux, dégoûtant, et l'a conduit, ou plutôt l'a traîné à six, huit pas de la voiture. Le vieil
homme a été sauvé avant même qu'il ne connaisse le danger. Allez, mon brave homme11,
dit la femme. La modestie totale de ces mots, sa voix un peu rauque, me toucha presque
plus que l'action. Ces [mots] venus d'un Parisien raffiné, élégant, peut-être beau, ou
reconnu comme beau, n'avaient rien, ou presque rien, du sens qu'ils auraient dans cette
femme simple qui suit son émotion sans réfléxion. De plus, cette femme n'était pas
laide, elle n'était pas non plus vieille, mais sans quelque penchant pour l’opposé; elle
n'était pas habillée avec élégance, mais avec goût, exquise, presque riche et avec une
certaine désinvolture de classe, dont les élégants disent avec dédain: qui met une
chemise blanche deux fois par semaine.12 C'est exactement la meilleure classe à Paris.
En bref, à Paris, personne n’espère de personne moins que des personnes qui suscitent
l'attention ou sont célèbres, que ce soit pour la richesse, la beauté, la compréhension,
10
Philipp Veit (1793-1877), fils de Dorothe Veit avec son premier mari, le banquier Simon Veit. Il est
devenu plus tard peintre et professeur de peinture jusqu'à sa mort.
11
En français dans le texte.
12
En français dans le texte.
l'érudition ou même la bonté. En règle générale, ils sont au minimum guidés par tout ce
pour quoi ils sont connus.

30. La liberté du peuple français constitue plutôt ce de quoi on parle et de quoi tout le
monde s’occupent que de ce qu’on peut faire, de ce que les plaire.

31. En ce qui concerne aux moeurs, tout est permis sauf ce qu’ils appellent mauvaise
tournure.13 Pour un regard allemand, il n'est souvent pas visible où est la différence
entre une bonne et une mauvaise tournure.14

32. Liberté? – Non, au contraire, libertinage.15

33. Les femmes [Frauen] poussaient jusqu’a si loin leurs revendications et les lois à ce
sujet, que il s'est devenu un prétexte et une position laborieuse de ne pas en avoir
aucune. Une femme à prétension16 a beaucoup à répondre, mais, pour cela, elle peut
aussi proposer des lois; une femme sans prétension17 doit terriblement observer bien
avant qu’on le croit..

34. Aucun ropugeur n'est plus visible en public; une pâleur intéressante18 est à la mode.
Ils n'ont vraiment aucune idée qu'à travers la mode, la pâleur cesse naturellement d'être
intéressante.

35.A. Monsieur R. est bien hereux d’avoir une femme, qui fait tant parler d’elle.
B. Mais vous ne savez pas, qu’on prepare une chute terrible à Madame R. à son
retour de Londres.
A. Comment? –
B. Oh, c’est que Madame Buonaparte, Madame Louis et ma femme ont résolu,
de ne plus porter de queues à leurs robes, et on sait que Madame R. a le pied
excessivement grand, elle n’oserait jamais le montrer.19
C'étaient deux hommes [Männer] sérieux, pas du tout jeunes, que j'entendais
entretenir cette conversation sur le trottoir. B. était officier

36. Cette foule qui me porsuit, et m’impatiente avec son amour – a dit Madame R. à
Madame S.; chère amie, dites-moi, que dois-je faire pour en être quitte? – Eh, ma
chère, a dit Madame S., vous n’avez qu’à parler!20

37. Est-ce que je n’ai pas plus d’esprit que Buonaparte?, Madame S. a demande à
Talleyrand21 - Non, madame, disse essa, mais vous avez infiniment plus de courage.22

13
En français dans le texte.
14
Tournure: en français dans le texte.
15
Liberté, libertinagem: en français dans le texte.
16
En français dans le texte.
17
En français dans le texte.
18
En français dans le texte.
19
En français dans le texte. Il est toujours transcrit ici comme dans le journal intime de Dorothea
Schlegel, y compris l'usage abusif des virgules, qui projette en français la syntaxe de l'allemand.
20
En français dans le texte.
38. À Paris, on entend souvent une douzaine de bêtises, et on entend raconter des bêtises
et exclamer les uns entre les autres: mais il a infiniment d'esprit! - l'accent mis sur
l'infiniment.23

39. À Paris, ne prédomine pas le ton léger qui on représente d’une manière si
merveilleuse, mais la plus grande trivialité est plutôt pédante et soumettre la bêtise à
certaines règles; le costume le plus nu est rigide; c'est incroyable combien d'efforts il
faut ici pour être en chemise de nuit.

40. Ici, ils ont si peu d’amour propre et d'originalité du goût qu'ils regardent la plus belle
femme d'une manière totalement indifférente si elle n'est pas un peu à la mode. J'ai
entendu de quelqu'un que je trouvais beau: Madame M., oh, c'est un croyant, c'est une
femme qui aime quatre semaines! - Plus de commentaire? elle n'a pas changé depuis, je
pense. - Non, c'est celui des pourparlers plus delle - embonpoint est habituel dans ce
moment!24
41. À l’occasion de l’exposition de peintures à Paris, quelq’un de la societé a dit : la
prise de Troie doit avoir été très importante et interessante, puisque les poètes et
peintres prendrent toujours de là leurs sujets.

42. On ne croit pas tant que vous ne voyez pas par vous-même que les parrenus
parisiens sont encore plus abjects que les ci-devant.25

43. Quelqu’un ma demandé, lorsque on disait dans les journaux critiques à Paris: Ne
trouvez-vous pas la critique des Français sévère? – Sévère? non, Monsieur, mais
cruelle!26

44. Le 6 avril [1804], baptisé et marié à la chapelle suédoise. Le Dimanche de la Trinité,


27 mai, à Paris, première eucharistie.27

45. “Car vous étiez comme des brebis errantes, mais maintenant vous êtes revenus à
celui qui est le pasteur et l'évêque de vos âmes” 1ère Épitre de Pierre, chap. 2, v. 25.

21
Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord (1754-1838), político francês, reconhecido por sua habilidade
em se adaptar tanto ao governo monarquista quanto ao revolucionário e ao restaurador. Foi, mais tarde,
ministro das relações exteriores de Napoleão.
22
En français dans le texte.
23
En français dans le texte.
24
Le récit en français dans le texte.
25
Parrenus et ci-devant, en français. Le premier terme designe les bourgeois qui ont devenu riche arpés la
fin de la monarchie française. Ci-devant était de nome donnés aux members de la bourgeoisie destituée,
financièrement en faillite, mais attachés à leurs moeurs et comportements sociales.
26
Ce qui est dit est en français dans le texte.
27
Il s'agit du mariage dans un contexte protestant. Dorothea, juive, s’est converti au protestantisme et
adopte le nom de Dorothea Frederike. Environ quatre ans plus tard, la deuxième conversion (au
catholicisme) aura lieu, et le couple Dorothea et Friedrich Schlegel officialisent leur union sous la
confession coatolique.
“il faut aussi que je les amène, et elles entendront ma voix et il y aura une seule bergerie
et un seul pasteur”. Év[angile] de J[ean], chap. 10, v. 16.28

46. Carnot29 s’est manifesté seul au Sénat contre une nomination du consul à l'empereur.
J'ai entendu son discours, il était bon et hardi foi, mais, pourtant, pas digne de sa
courage. C'est plus en accord avec mes sentiments d’éléver la voix du courage, seul et
sans aide, et la plus sûre conviction d'être seul, que d'aller au combat. Carnot était, à
mes yeux, trop grande, inaccessible.

47. Je suis tout à fait convaincue que la célèbre Transfiguration de Raphaël 30 est d'abord
et proprement due a Giulio Romano.31 La femme au premier plan garde uune ceretaine
resseemblance à la femme dans la Circoncision de ce maître; ainsi que, en général, tout
son mouvement, sa robe et l'expression sur la tête de l'apôtre sont entièrement dans son
style. Je n'ai rien vu d'aussi exagéré, aussi non-chrétien chez Raphaël que cette
expression et toute cette peinture en général. L'esprit de Raphaël ne parle pas de cette
façon, ni son amour, ni sa douceur. – Mais je vais bien me garder de dire ça.

48. Plus je regarde l'Apollon du Belvédère, moins je peux me contenter de l'idée des
antiquaires de présenter son action de destruction du serpent.32 Il y a beaucoup plus dans
la figure dans son ensemble et dans toute l'expression divine de la colère, du pouvoir -
sans épuisement de la force - qu'elle n'appartiendrait à ce but ultime. Ne doit-il pas
appartenir au groupe du Niobé33 ou, en outre, la Dianne 34 [ne devrait-elle pas appartenir]
avec certitude à l’Apollon?

28
Les italiques sont à Dorothea, qui souligne les articles.
29
Lazare Carnot (1753-1823), mathématicien et homme politique français, initialement partisan de
Robespierre pendant la Révolution française, mais plus tard a fait partie du gouvernement de Napoléon. Il
était, cependant, un opposant constant à de nombreuses positions de l'empereur, à commencer par son
auto-proclamation à vie.
30
La Transfiguration est l'une des peintures les plus importantes de Raphaël, peinte vers 1517. Le
caractère violent de la représentation de la scène de la transfiguration du Christ est considéré comme une
exception au style du peintre normalement plus sobre. Friedrich Schlegel parle de la peinture de Raphaël
à de nombreuses reprises, mais se réfère spécifiquement à l'exposition de Paris mentionnée par Dorothea
dans son texte Gemäldebeschreibungen aus Paris und aus Niederlanden, publié dans le journal Europa
qu'il a créé en 1803, où il développe également des thèses esthétiques sur le style Raphaëlite - notamment
en ce qui concerne l'utilisation de la couleur.
31
Giulio Romano (1499-1546), disciple peintre de Raphaël. Son œuvre Circumcision est probablement
antérieure à la Transfiguration de Raphaël.
32
La partie de la statue représentant le serpent vaincu par Apollon a été perdue - ce que les antiquaires ont
compensé en ajoutant des gravures à côté des copies de cette statue.
33
Ensemble de statues partiellement détruites représentant le mythe grec du Niobé.
34
Référence à la statue de Dianne de Vesailles, exposée au Louvre depuis l'époque du séjour de Dorothea
Schlegel à Paris. Sa ressemblance avec le style de l'Apollon du Belvédère est considérée comme grande,
et il a même été émis l'hypothèse qu'ils appartenaient tous deux au groupe du Niobé.

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