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Loenertz Raymond-Joseph. Jean V Paléologue à Venise (1370-1371). In: Revue des études byzantines, tome 16, 1958.
Mélanges Sévérien Salaville. pp. 217-232;
doi : https://doi.org/10.3406/rebyz.1958.1188
https://www.persee.fr/doc/rebyz_0766-5598_1958_num_16_1_1188
(1370-1371)
(1) K. E. Zachariae von Lingenthal, Proœmien von Chrysobullen von Demetrios Kydones
Sitzungsberichte derk. preussischen Akademie der Wissenschaften zu Berlin, 1888, 2, p. 1409-
1422; notre texte, p. 1417-1422; voir surtout p. 1420, 24-27 et 7-2 d'en bas. Pour la date
O. Halecki, Un empereur, p. 247-248.
(2) Πάλιν γαρ έμέ μεν έδει προαπιέναι, λειφθήνοα δέ τίνα άποπειρασόμενον μεν των υπολοίπων
ελπίδων, έγγυητήν δέ και της εν μακρφ χρόνω δαπάνης έσόμενον, ήν ήμϊν ηΰξησεν ή των εμπόρων μικρο-
λογία... > Op. cit., p. 14-25, 7-5 ab lmo.
(3) P. Lemerle, Autour d'un prostagma inédit de Manuel II. L'aulè de Sire Guy à
Thessalonique, Silloge Bizantina in onore di Silvio Guiseppe Mercati, Rome, 1957, 271-286. Voir
surtout p. 278-279.
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xve en Crète, alors terre de saint Marc, par l'Athénien émigré Lao-
nic Chalcocandyle.
(1) D'après la délibération du sénat citée à la note suivante, les « arsili » étaient plus
précisément des « uscieri », bateaux destinés au transport des chevaux.
(2) Délibération du 21 juillet 1370; Venise, A. St., Senato, Misti, 33, f. 66 v; publiée,
Hale c ki, Un empereur, p. 229, n° 1. Ce document a fourni au chroniqueur les 25 000 ducats
du § 3. Mais il n'a pas indiqué la provenance de la somme. Il mentionne bien la « Banque
des céréales » au § 5, mais, qu'on y prenne garde, c'est à propos d'une autre somme, que
la Seigneurie s'y procura de même.
(3) Les Vénitiens, sous les ordres de Marco Giustinian et de Donato Tron, conseillés
par Carlo Zeno, occupèrent Ténédos en automne 1376, avec le consentement de Jean V
— assiégé ou prisonnier — pour empêcher qu'elle tombât au pouvoir des Génois, auxquels
Andronic IV, devenu empereur grâce à leur concours, l'avait cédée le 23 août. Ces faits,
connus depuis longtemps par les sources italiennes (Daniele Chinazzo, Andrea de Redusiis,
Giorgio Stella, Vita Caroli Zeni) le sont également, aujourd'hui, par une lettre que Démé-
trius Cydonès envoya, en automne-hiver 1376-1377 à son ami Jean Lascaris Calophéros,
demeurant à la cour de Grégoire XI; G. Cammelli, Démélrius Cydonès. Correspondance,
n° 25, p. 58-60. Dans l'édition que je prépare, la lettre portera le n° 167.
(4) F. Thiriet, dans Mélanges d'Archéologie et d'Histoire, 66 (1954), 269-270, insiste
avec raison sur l'échec des tentatives de 1352, 1362 et 1366.
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de s'en procurer : les joyaux (gioie), que soudain nous voyons paraître
chez Caroldo (§ 4), sans apprendre d'où ils proviennent. L'empereur
demande alors et obtient un prêt de 30 000 ducats, garantis par ces
joyaux, qui vont rejoindre ceux déposés trente ans plus tôt, et qu'il
n'est plus question, bien sûr, de restituer. De nouveau la Seigneurie
se procure l'argent à la Banque des Céréales. Nous sommes, cette fois,
en plein hiver. Il n'est plus question de galères, et, si l'on parle encore
de Ténédos, c'est comme d'une éventualité future, qui, venant à se
produire, apporterait à l'empereur certaines facilités de payement,
que j'avoue ne pas bien comprendre (§ 5). La Seigneurie passa l'éponge
sur les 4 000 — 400 est un lapsus du copiste — ducats versés en
juillet. On vota un présent de 300 ducats au despote Manuel, pour
lui adoucir le séjour de Venise. Car il devait y rester comme garant
(εγγυητής) de son père : signe que les bijoux apportés par lui ne
couvraient pas entièrement le montant de l'emprunt. Caroldo,
naturellement, ignore ce détail. Approvisionné gratis en biscuits,
et escorté par des galères vénitiennes, l'empereur quitta la lagune
au mois de mars. La flotte vénitienne, qui l'accompagnait, inquiétait
Louis, roi de Hongrie, qui donna ordre, le 9 avril, d'observer les
mouvements de cet ennemi possible (1).
(1) Halecki, Un empereur, p. 231, n° 3, cite Joann. Lutius, De regno Dalmatiœ et Croa-
tiœ, Lib. V, cap. ι (éd. J. G. Schwandtner, Scriptores rerum Hungaricarum, t. III, Vindo-
bonœ, 1748, p. 386) qui emploie un document perdu, daté Zara, 1373, iv, 9.
(2) Sur les procédés de composition de Chalcocandyle, voir ce que j'ai écrit dans
Miscellanea G. Mercati, t. Ill (Studi e Testi, 123), Vatican, 1946, 288-296, et dans Revue des Éludes
Byzantines, 15 (1957) 177-187.
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supprimer
(1) P.aussi,
46, lignes
depuis15-16,
και πρώτα
les mots
à la άπιών
ligne επί6 Γαλατίαν,
jusqu'à 'Ιταλίας
qui rappellent
à la ligne
simplement
13. Il faut
les faits
exposés dans le passage précédent.
JEAN V PALÉOLOGUE A VENISE (1370-1371) 225
(1) J. Berger de Xivrey lui-même, si prudent et pondéré, n'a pas résisté à cette
tentation ; Mémoire sur la vie et les œuvres de V empereur Manuel Paléologue (Mémoires de
l'Institut de France. Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, t. XIX, 2), Paris 1853, p. 36.
15
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(1) G. T. KoLIAS, Ή ανταρσία 'Ιωάννου ζ' εναντίον 'Ιωάννου ε' Παλαιολόγου (1390), 'Ελληνικά,
12 (1952), 34-64. Sources principales : la Chronique brève n° 15 de Lampros-Amantos et
l'Itinéraire du pèlerin russe Ignace de Smolensk.
(2) Voir notre Appendice II. Sur fr. Renaud de Giresme, commandeur de Hainaut-
Cambrésis et de Moisy, Hospitalier et prieur de France, voir J. Delaviljj·: Le Roulx, Les
Hospitaliers à Rhodes jusqu'à la mort de Philibert de Naillac (1310-1421), Paris, 1913, 212
n. 11; 225 et n. 3; 273 n. 1; 279. K. Hopf, Geschichte Griechenlands... t. II (Ersch-Gruber,
Allgemeine Encyklopädie... t. LXXXVI), Leipzig,-1868, p. 66, imagine que fr. Renaud alla
négocier à Byzance l'acquisition de Corinthe. Or l'Ordre tenait cette ville depuis 1397,
et les tractations qui avaient abouti à l'occupation remontaient à l'année 1396, car
l'impératrice douairière Hélène, veuve de Jean V Paléologue, qui y participa, mourut avant
décembre 1396, probablement en octobre; V. Laurent dans Revue des Études Byzantines, 13
(1955) 135-138 et 14 (1956) 200-201. Dans Études Byzantines, 1 (1943) 188, où j'ai cité le
texte de Hopf, par suite d'une faute d'impression, la phrase essentielle manque. A l'avant-
dernière ligne, lire : « Während Theodoros sich wegen Megara incompetent erklarte... stiess
der Verkauf von Korinth weder bei jenem noch bei Kaiser Manuel, an den ebendeshalb
Reinald von Guesme gesandt war, und dessen Mutter, auf Schwierigkeiten. »
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Trois questions bien posées portent pour ainsi dire avec elles toute
la lumière qu'on peut espérer. 1° Qui pouvait livrer ou ne pas livrer
Ténédos aux représentants de Venise? 2° Qui avait intérêt à ce qu'elle
ne le fût pas? 3° Qui a pu alerter l'intéressé? Le lecteur tant soit peu
au courant de l'histoire byzantine et vénitienne a déjà répondu aux
deux premières questions : l'ordre impérial de mettre les Vénitiens
en possession de la « clef des détroits » passait normalement par
Andronic IV, vicaire impérial à Byzance, et ce dernier avait toute
facilité de ne pas l'exécuter, même sans aller jusqu'à une
désobéissance ouverte. Gênes, rivale de Venise, avait tout à craindre pour les
communications avec ses colonies de la mer Noire, en cas de guerre
avec Venise, si cette dernière établissait une base navale à l'entrée
de l'Hellespont (1). Ces deux points sont évidents. Andronic, travaillé
ou non par un émissaire de Gênes, a-t-il effectivement refusé d'exécuter
l'ordre de son père, ou suscité des difficultés qui lui permettaient de
s'excuser? Le soupçon se présente tout naturellement à l'esprit.
Mais, bien entendu, ce n'est qu'un soupçon, et nous n'avons pas le
droit de le donner pour autre chose. Reste la troisième question, à
laquelle il serait moins facile de répondre, si nous n'avions pas, cette
fois, un indice — bien faible il est vrai — qui semble révéler le coupable.
Parmi les témoins qui y assistèrent, le 18 octobre 1369, à la profession
de foi de Jean V Paléologue, il y avait son beau-frère, François Ier
Gattilusio (2). Jean V lui devait beaucoup, car c'est grâce à lui qu'il
reconquit, en novembre 1354, le trône paternel. Pour récompense,
il lui accorda la main de sa sœur Marie, et la seigneurie de Lesbos.
Vassal et parent de l'empereur grec, François n'en demeura pas moins
fidèle à Gênes, sa patrie. Il sut d'ailleurs concilier les obligations qu'il
avait envers l'un et l'autre, et sa présence aux côtés de l'empereur
en 1369 prouve que les relations entre les deux beaux-frères étaient
bonnes. Or, après le retour de Jean V à Constantinople, elles se gâtèrent.
François Gattilusio était suspect aux yeux de l'empereur, au point
que celui-ci s'opposait à ce que Démétrius Cydonès acceptât une
invitation faite par le seigneur de Lesbos (3). Cydonès déclare très éner-
giquement que ces soupçons n'étaient pas fondés, et d'ailleurs, il
ne précise pas leur nature. Mais c'est un fait que les Gattilusio prirent,
(1) Les chroniqueurs vénitiens, racontant les débuts de la guerre de Ténédos et Chiog-
gia (1376-1381) n'ont pas manqué de faire cette remarque; Daniele Chinazzo, Muratori, XV
711 B; Andrea de Redusiis, Muratori, XIX 756 E.
(2) Νέος Έλληνομνήμων, 11 (1914) 252. Halecki, Un empereur, 195-196.
(3) Démétrius Gydonès, Correspondance, t. I, ep. 117, lin. 11-28. Jean V finit par
accorder la permission demandée, mais à contre-cœur, et il tint rigueur à Cydonès d'en avoir
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fait usage; ceci résulte de plusieurs lettres écrites à Lesbos en 1373-74, je crois, et englobées
dans le cahier 15, aujourd'hui perdu, du copie-lettres de Cydonès, cod. Vat. gr. 101 ; Lœnertz,
Les recueils, p. 40. Dans mon édition elles porteront les nos 132-134.
(1) Le manuscrit est un miscellaneus d'histoire vénitienne. Caroldo y occupe les
folios 19-144, jadis indépendants. Des corrections d'auteur et des addenda nombreux en
prouvent jusqu'à l'évidence le caractère autographe. Sur Caroldo voir Freddy Thiriet,
Les Chroniques vénitiennes de la Marciana et leur importance pour l'histoire de la Romanie
gréco-vénitienne, Mélanges d'Archéologie et d'Histoire, 66 (1954) 266-267. M. Thiriet s'occupe
seulement des manuscrits contenant la chronique entière.
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5. Sua imperial maestà ricercô sopra alcune sue zoie ducati 30 mila.
li quali li forono exporsati, tolti ad imprestito dalla camera del formento
da diuerse persone ehe li depositorono in detta camera, et fo expresso ehe
consegnando limperator Tenedo non pagi il pro saluo de tre anni, et si
hebbe le zoglie.
6. Detta maestà consumô tutto quel inuerno in Italia. La quai fmal-
mente fece intender ehe per il dispoto suo fîglio et per diuerse cause la cession
de Tenedo non poteua hauer efïetto.
7. Et appropinquandose la prima uera sua maestà [f . 20] era per ritornar a
Constantinopoli. la quai acio hauesse causa de partir ben contenta, alli
2 di marzo 1371 fu statuito ehe li ducati 4 000 ehe li furono prestati per
parte delli ducati 25 000 ehe se li doueua dare per Tenedo, il ehe non hebbe
eiïetto, li siano liberamente remessi, et donati stara 400 di biscotto per
fornir le sue galie,
8. et al dispoto figliol de sua maestà furono donati ducati 300.
Appendice I.
Appendice II.