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PEUPLEMENT ET MIGRATION EN AFRIQUE DE L'OUEST : UNE CRISE

RÉGIONALE EN CÔTE D'IVOIRE

Laurent Bossard

De Boeck Supérieur | « Afrique contemporaine »

2003/2 n° 206 | pages 151 à 165


ISSN 0002-0478
Article disponible en ligne à l'adresse :
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https://www.cairn.info/revue-afrique-contemporaine-2003-2-page-151.htm
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Peuplement et migration en
Afrique de l’Ouest : une crise
régionale en Côte d’Ivoire*

Laurent Bossard**

Un article récent sur la crise en Côte d’Ivoire souligne que la radica-


lisation de la problématique de l’ivoirité "entre en résonance avec des
tensions sociales plus anciennes liées à la crise de l’emploi urbain et
surtout à la crise agraire qui se manifestent par une manifestation très
virulente de l’autochtonie" (Banégas et Losch, 2002).

Le lien entre le problème d’accès à la terre (et plus généralement aux


ressources) et le rejet de l’Autre est au cœur de la spirale de la haine
qui semble entraîner inexorablement la Côte d’Ivoire à sa perte. Il a
fait l’objet de discussions longues et tendues lors de la négociation
des accords de Marcoussis en janvier 2003. Il est frappant de consta-
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ter que les principaux points du premier programme du gouverne-
ment de réconciliation défini dans le cadre de ces accords portent,
d’une part, sur la nationalité et ses incidences (notamment l’éligibi-
lité du président de la République) et, d’autre part, sur le régime fon-
cier. Qui est ivoirien ? Qui peut posséder et exploiter la terre ? Telles
sont les deux grandes questions qui sont au cœur de la crise.

Ces questions seront replacées ici dans une perspective historique et


prospective. Relire l’Histoire sur plusieurs décennies et tenter d’en-
trevoir les perspectives à long terme peut à première vue paraître
paradoxal face à une situation qui fait chaque semaine de nouveaux
morts et jette des milliers de personnes sur les routes de l’exode. Mais
un tel exercice n’est pas antinomique avec l’action immédiate ; il
peut au contraire l’éclairer. Il ne nie en aucune façon la réalité de la
DOSSIER

* Les principaux éléments de cet article ont été présentés à l’occasion d’une réunion consultative sur les
conséquences régionales de la crise en Côte d’Ivoire organisée par le Secrétariat du Club du Sahel et de
l’Afrique de l’Ouest (CSAO) de l’OCDE, à Cotonou les 16 et 17 décembre 2002.

Le contenu de cette communication n’engage en aucune façon l’OCDE et le Club du Sahel et de l’Afrique
de l’Ouest.

** Administrateur principal au Secrétariat du Club du Sahel et de l’Afrique de l'Ouest (CSAO) de l’OCDE.

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Peuplement et migration en Afrique de l’Ouest : une crise régionale en Côte d’Ivoire

question foncière dans le sud du pays, tout en rappelant qu’elle est


moins liée aux migrations (autant internes qu’externes) qu’à la situa-
tion agronomique connue depuis longtemps. Il permet de com-
prendre que les fondements des problèmes abordés à Marcoussis sont
d’essence régionale et que ne pas reconnaître cette réalité historique
et sociale revient à se priver d’un outil précieux pour les résoudre. Il
propose la vision non pas d’une crise ivoirienne, mais d’une crise
régionale en Côte d’Ivoire. Il remet sur la table une perspective
têtue : celle du développement, inéluctable pour encore au moins une
génération, d’importants flux migratoires régionaux vers les zones les
plus prospères et vers les villes. Il suggère enfin que, pour préparer
l’avenir et prévenir de nouvelles crises, la Côte d’Ivoire et ses voisins
sahéliens ont tout intérêt à travailler ensemble à la valorisation et au
peuplement de la région soudano-sahélienne qui est le nord de l’une
et le sud des autres.

Réalité du problème foncier en Côte


d’Ivoire et questions d’avenir
Le problème foncier en Côte d’Ivoire et plus particulièrement dans la
partie sud du pays est bien réel même si ses interprétations politiques
xénophobes sont pour le moins discutables. "Les Ivoiriens sont xéno-
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phobes parce qu’ils ne veulent pas perdre leurs terres au profit d’ex-
ploitants agricoles étrangers", pouvait-on lire en substance dans Notre
voie le 28 novembre 2002. Pour ceux qui parcourent régulièrement
les journaux ivoiriens depuis quelques années, cette citation n’a rien
d’exceptionnel ni de surprenant. Elle s’inscrit dans la logique d’un
processus ancien1 qui s’est accéléré à la fin des années 1990 :

• en 1996, la "Cellule universitaire de recherche et de diffusion des


idées du président Henri Konan Bédié" (CURDIPHE) publie un
manifeste intitulé "L’ivoirité, ou l’esprit du nouveau contrat social
du président Henri K. Bédié". Le concept d’ivoirité y est présenté
comme "l’ensemble des données socio-historiques, géographiques
et linguistiques qui permettent de dire qu’un individu est citoyen
DOSSIER

de Cote d’Ivoire ou non" ;

1) L’une des manifestations les plus anciennes en est la création de l’Association de défense des intérêts
des autochtones de Côte d’Ivoire (ADIACI) dans les années 1930.

152 Afrique contemporaine - Eté 2003


Peuplement et migration en Afrique de l’Ouest : une crise régionale en Côte d’Ivoire

• en 1997, le gouvernement ivoirien lance "la politique nationale de


population" dont les objectifs sont, d’une part, la maîtrise de la
croissance naturelle de la population et, d’autre part, la maîtrise
des mouvements migratoires internes et internationaux ;

• en décembre 1998, une loi sur le domaine foncier rural est votée.
Au titre de cette loi, seuls l’Etat ivoirien, les collectivités
publiques et les personnes physiques ivoiriennes ont désormais
accès à la propriété. Le lien avec le problème migratoire ne fait de
doute pour personne, même si les droits acquis antérieurement par
les non-Ivoiriens semblent a priori préservés. Mais on verra rapi-
dement que l’application de la loi fait problème, à commencer par
la question de la nationalité. Une étude récente (Chauveau, 2002)
recense diverses possibilités d’interprétations, notamment pour ce
qui concerne l’indemnisation des investissements consentis par les
non-Ivoiriens ;

• en novembre 1999, à Saïoua et Tabou dans le sud-ouest du pays,


de très violents affrontements opposent des paysans ivoiriens à des
paysans burkinabè dont plusieurs milliers fuient la zone et même
le pays. Ces affrontements sanglants ont pour origine un problè-
me foncier : les kroumens autochtones voulaient ouvrir de nou-
velles plantations d’hévéa conquises sur la forêt exploitée par des
planteurs allochtones d’origine burkinabè.
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Depuis 1999, des affrontements du même type se multiplient dans le
sud de la Côte d’Ivoire. Moins "spectaculaires" mais nombreux, ils
sont exacerbés, encouragés, par les agitations politiques qui placent
l’"étranger" au centre de tous les problèmes de la société ivoirienne.
L’immigration est présentée comme une "invasion", une "ruée" non
raisonnée des "gens du nord" vers les richesses de la forêt désormais
inaccessibles aux jeunes Ivoiriens désireux de devenir planteurs. Il est
vrai que l’exploitation de la forêt ivoirienne a probablement atteint
ses limites. Mais tout porte à croire que les tensions viennent moins
d’afflux supplémentaires de migrants que de problèmes agrono-
miques et environnementaux identifiés depuis fort longtemps.
DOSSIER

Dès les années 1970, les spécialistes s’alarmaient des perspectives


d’exploitation de la forêt (par exemple : Benveniste, 1974). Ils rappe-
laient notamment la nécessité de conserver en permanence 30 % des
terres sous couvert forestier, tout en soulignant que, même dans ces

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Peuplement et migration en Afrique de l’Ouest : une crise régionale en Côte d’Ivoire

conditions, la performance de la terre diminuait2. A la même époque,


on observait qu’au-delà d’une densité rurale de 30 à 40 habitants au
km2, "le système extensif d’exploitation [semblait] saturé, les plan-
teurs [refusaient] de concéder de la terre aux étrangers et la produc-
tion ne [s’élevait] que lentement " (Boutillier, 1971) ; ceci expliquant
la "conquête de l’ouest" qui a suivi.

Aujourd’hui, cette conquête de la forêt, plus connue sous le vocable


de "front pionnier", doit être considérée comme achevée. Plus préci-
sément, comme l’indiquait une étude récente du Centre de dévelop-
pement de l’Organisation de coopération et de développement éco-
nomiques (OCDE), "on peut craindre que le modèle extensif de pro-
duction des cultures de rente atteigne rapidement un seuil de satura-
tion" (Cogneau et Mesplé-Somps, 1999). Compte tenu du niveau tech-
nique actuel des plantations, de leur vieillissement3 et de la dispari-
tion des dernières zones de forêt primaire (en dehors des forêts clas-
sées), on peut considérer que la zone café-cacao est "pleine".

Ceci étant posé, la vraie question à long terme n’est pas celle de la
limitation de l’immigration vers cette zone ; en effet, en Afrique, où
les avantages sociaux "à l’européenne" n’existent pas, on ne migre que
vers les zones où l’on a une chance de travailler, comme on le verra
plus bas. La question n’est pas non plus celle des "étrangers" en Côte
d’Ivoire car, nous le verrons également, le concept de nationalité a
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très peu à voir avec le problème des migrations en Afrique. Il serait
en revanche intéressant de s’interroger sur les points suivants : vers
quelle(s) zone(s) les migrations à venir vont-elles se porter ? Est-il
possible d’anticiper et d’accompagner au mieux ces transformations à
venir du peuplement régional afin d’en atténuer les impacts possibles
en terme de crise ?
DOSSIER

2) Les arbustes cacaoyers et caféiers ont besoin les premières années de l’ombrage des grands arbres
pour se développer ; les défrichements sur forêt secondaire offrent donc de moins bonnes conditions de
culture que les défrichements antérieurs sur forêt primaire ; là où plusieurs défrichements ont déjà eu
lieu, les sols se sont appauvris ; la végétation s’est dégradée et les possibilités d’établir de nouvelles plan-
tations s’amoindrissent toujours d’avantage.

3) Un plant de cacao a une durée de vie de l’ordre de 40 ans.

154 Afrique contemporaine - Eté 2003


Peuplement et migration en Afrique de l’Ouest : une crise régionale en Côte d’Ivoire

Les enseignements de l’histoire ancienne


du peuplement de l’Afrique de l’Ouest
sur la Côte d’Ivoire
Le peuplement originel de l’actuelle Côte d’Ivoire (Coquery-Vidrovitch
et G. Laclavère, 1988) résulte de la rencontre de quatre grands
ensembles ethniques (figure 1) :

• dans le quart sud-est, le groupe akan/baoulé (langues kwa), occu-


pant également la moitié sud du Ghana ;

• dans le quart sud-ouest, le groupe krou/bété (langues krou), présent


également dans la partie sud du Liberia ;

• dans le quart nord-est, les Malinké (langues voltaïques), princi-


paux occupants du Burkina Faso et du nord du Ghana ;

• dans le quart nord-ouest, le groupe mandé (langues mandé), pré-


sent dans l’est de la Guinée, l’ouest du Mali et le nord du Liberia.

FIGURE 1 : FAMILLES LINGUISTIQUES


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L a
Côte d’Ivoire est le seul pays d’Afrique de l’Ouest où coexistent ainsi
DOSSIER

quatre groupes ethnolinguistiques régionaux, chacun ancré sur une


proportion sensiblement égale du territoire. Aujourd’hui (recense-
ment 1998), le groupe akan/baoulé représente 42 % de la population
ivoirienne (immigrés non inclus), le groupe malinké 17,5 %, le grou-
pe mandé 16,4 % et les Krou/Bété 11 %4

4) Le président Houphet Boigny était baoulé, l’actuel président Laurent Gbagbo est bété, Alassane
Ouattara est issu du groupe mandé.

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Peuplement et migration en Afrique de l’Ouest : une crise régionale en Côte d’Ivoire

Sans vouloir "ethniciser" à outrance le problème ivoirien, il semble


évident que ces frontières ethnolinguistiques sont à prendre en
compte de manière au moins aussi importante que les frontières
nationales. Quel observateur n’a pas entendu, au moment de l’élec-
tion de Laurent Gbagbo, que l’arrivée d’un président bété était pour
le moins anachronique dans un pays où cette ethnie ne représente
qu’un faible pourcentage de la population ? Bernard Lugan résume
bien cette lecture implacable de l’évolution politique récente en Côte
d’Ivoire : "Afin de s’organiser une élection sur mesure, le général
Guei écarta à la fois M. Ouattara et le représentant des Baoulé. [...]
Le scrutin fut alors vidé de toute signification. M. Ouattara repré-
sentait en effet au moins 35 % des voix (celles des populations vol-
taïques et nord-mandé). Quand à l’ancien président Bédié ou tout autre
candidat officiel baoulé, il était assuré de rassembler sur son nom une
partie importante des 42 % d’Akan/Baoulé et apparentés. A eux deux,
ces deux candidats pesaient donc au moins 70 % des suffrages. A peu
de chose près, le chiffre des abstentionnistes des élections du mois
d’octobre 2000" (Lugan 2001).

Cette lecture, qui ramène avec force l’organisation précoloniale du


peuplement sur la scène contemporaine, ne peut à l’évidence s’arrêter
aux frontières de la Côte d’Ivoire. Une analyse purement nationale
des événements récents est insuffisante. Elle passe sous silence les
dimensions régionales et ethniques d’une crise qui secoue la région
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depuis que, en 1989, Félix Houphouët-Boigny a soutenu, avec l’aide
de Blaise Compaoré, l’irruption de Charles Taylor sur le territoire
libérien : "Depuis 1989, quand un petit groupe armé d’une centaine
d’aventuriers, sous la conduite de Charles Taylor, a franchi la frontiè-
re ivoirienne (près de Danané, vers le comté de Nimba), l’extension
du conflit a été progressive. Taylor s’est appuyé sur les Dan de Côte
d’Ivoire, ethnie transfrontalière (nommés Gyo au Liberia), puis, s’al-
liant à d’autres groupes et ethnies, a combattu la ligue adverse for-
mée autour des Krahn du président Samuel Doe. Avançant des fron-
tières vers la capitale, puis exportant plus loin le conflit – toujours
par ce biais des ethnies transfrontalières –, vers la Sierra Leone, via le
RUF [Revolutionary United Front] de Foday Sankoh" (Galy 2003).

Dans ce contexte historique et géographique, personne ne peut


DOSSIER

s’étonner aujourd’hui de voir des desperados libériens venir grossir les


rangs des deux mouvements rebelles ancrés à l’ouest de la Côte
d’Ivoire : le MPIGO (Mouvement populaire ivoirien du grand ouest)
et le MJP (Mouvement pour la justice et la paix). Ces "anciens com-

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Peuplement et migration en Afrique de l’Ouest : une crise régionale en Côte d’Ivoire

battants"5 gyo de la guerre civile du Liberia, qui n’ont pas tous été
intégrés à l’armée régulière, viennent désormais prêter main-forte à
leurs parents yacouba de Côte d’Ivoire avec qui ils partagent la même
langue (du groupe mandé). Il est probable également que, la paix
étant revenue en Sierra Leone, des "anciens combattants" du RUF
sierra-léonais s’immiscent dans le conflit ivoirien en passant par le
nord du Liberia et le sud-est de la Guinée où ils sont "chez eux".

Comme on va le voir, le découpage ethnolinguistique régional, au


moins dans sa dimension Nord/Sud, définit la vraie frontière du pro-
blème migratoire en Côte d’Ivoire. De même, il explique la diffusion
transfrontalière des crises qui, à leur tour, dessinent les contours réels
d’un conflit tout autant régional en Côte d’Ivoire qu’ivoirien.

La Côte d’Ivoire, un épicentre de la


recomposition contemporaine du
peuplement de l’Afrique de l’Ouest
L’histoire plus récente du peuplement confirme et consolide cette
dimension régionale du problème ivoirien. L’amélioration des condi-
tions sanitaires et médicales après la Seconde Guerre mondiale a
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déclenché un boom démographique en Afrique de l’Ouest (et dans
l’ensemble de l’Afrique subsaharienne). Depuis cette époque, la
région enregistre régulièrement des taux de croissance démogra-
phiques élevés, proches de 3 % par an. Cette croissance soutenue a été
bien décrite dans l’étude WALTPS (Cour et Snrech, 1998).

Cette étude montre que la population de l’Afrique de l’Ouest est pas-


sée de 45 millions d’habitants en 1930 à 87 millions en 1960, puis à
220 millions en 1990 et se situait autour de 300 millions en 2000.
Elle atteindra probablement 430 millions d’habitants en 2020. Cette
hypothèse se situe en bas de la fourchette des projections générale-
ment admises et tient compte de l’impact de la pandémie du sida.
DOSSIER

La proportion d’urbains est, quant à elle, passée de 4 % en 1930 à


14 % en 1960, puis à 40 % en 1990 ; elle a franchi le cap des 50 %
au tournant du siècle et dépassera sans doute 60 % en 2020. Ce phé-
nomène d’urbanisation fait apparaître un réseau diversifié de villes :

5) Ce terme "ancien combattant" n’est pas très approprié puisqu’une grande partie d’entre eux sont à
l’origine des enfants-soldats. Seule une partie des 70 000 rebelles recensés, a été réellement désarmée.
Une autre partie est "dans la forêt" ; essentiellement au Liberia ; pourquoi pas plus loin ?

Afrique contemporaine - Eté 2003 157


Peuplement et migration en Afrique de l’Ouest : une crise régionale en Côte d’Ivoire

le nombre de centres urbains de plus de 100 000 habitants a crû de


12 en 1960 à 90 en 1990 cependant que le nombre d’agglomérations
de plus de 5 000 habitants passait de 600 à 3 000. En dépit de la
croissance des villes, la population rurale a augmenté de 60 % entre
1960 et 1990 et continuera de croître pendant encore au moins deux
décennies. En l’espace de quatre générations (1960-2020), la région
aura donc vu sa population totale multipliée par 10 et sa population
urbaine par 100.

La Côte d’Ivoire est à la fois le symbole et, on pourrait dire, un épi-


centre de cette évolution accélérée du peuplement de l’Afrique de
l’Ouest. Au cours des dernières décennies, elle a connu le taux de
croissance démographique6, le taux de croissance de la population
urbaine7 et le taux de croissance de la population rurale8 les plus éle-
vés des pays de la région. Sa population totale est passée d’un peu
plus de 3 millions d’habitants en 1960 à 17 millions aujourd’hui.

Il est intéressant de noter (figure 2) que, à l’exception du cas très parti-


culier du Cap-Vert, les trois pays dont le taux de croissance réel a été très
inférieur à 2 % entre 1960 et 1990 (Burkina, Guinée, Mali) sont des
voisins de la Côte d’Ivoire. Le peuplement de cette dernière doit donc
beaucoup à l’immigration
africaine et plus particuliè- FIGURE 2
rement ouest-africaine. TAUX DE CROISSANCE DÉMOGRAPHIQUE RÉEL
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60-90 (WALTPS)
Mais le phénomène de la
migration internationale
ne peut être dissocié de
celui des migrations
internes. La réalité est
celle d’un peuplement
rapide, entamé dès les
années 1920, de la zone
côtière par des popula-
tions en provenance de la
zone soudano-sahélienne,
que ces populations soient
originaires du nord de la
DOSSIER

Côte d’Ivoire ou des pays


sahéliens.

17) Plus de 4 % en moyenne par an.

18) Plus de 8 % en moyenne par an.

19) Plus de 2,5 % en moyenne par an.

158 Afrique contemporaine - Eté 2003


Peuplement et migration en Afrique de l’Ouest : une crise régionale en Côte d’Ivoire

FIGURE 3 Aujourd’hui, la popula-


RÉPARTITION DE LA POPULATION tion ivoirienne est très
DE LA CÔTE D’IVOIRE
inégalement répartie sur le
territoire : la moitié nord
et la moitié sud en
accueillent respectivement
20 et 80 %. Le grand sud-
est compte à lui seul
presque 40 % de la popu-
lation pour une superficie
représentant 15 % du ter-
ritoire national (figure 3).
Les départements ivoiriens
le plus fortement peuplés
d’autochtones sont ceux
du nord. Dans le départe-
ment de Korhogo par
exemple, les groupes vol-
taïque et mandé origi-
naires du nord de la Côte d’Ivoire sont les plus représentés, soit res-
pectivement 74,2 et 11,6 % de la population totale. Les autres ethnies
ivoiriennes sont aussi présentes, mais en proportion toutefois réduite :
les Akan, les Krou et les Sud-Mandé sont le plus souvent des fonc-
tionnaires en poste. Les migrants étrangers représentent moins de
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10 % de la population. A l’inverse, dans le département de Daloa, les
habitants nés à l’étranger représentent un tiers de la population et les
allochtones un autre tiers, laissant le dernier tiers aux autochtones
(ENSEA, 1999).

Une très nette corrélation entre migrations


et développement économique
Entamée sous la colonisation (notamment par le transfert forcé des
Mossi en provenance de l’actuel Burkina), cette immigration s’est
poursuivie au rythme du développement économique du pays. Sans
remonter aux origines du "miracle ivoirien", on peut rappeler les élé-
DOSSIER

ments suivants de l’histoire économique récente de la Côte d’Ivoire


(Cogneau et Somps, 1999) :

• 1975-1978 : le boom. Entre 1975 et 1977, les prix du café et du


cacao sont multipliés par plus de 3. Les prix aux producteurs aug-
mentent très sensiblement. D’autre part, les recettes de l’Etat font un
bond en avant. Les autorités ivoiriennes en profitent pour accélérer

Afrique contemporaine - Eté 2003 159


Peuplement et migration en Afrique de l’Ouest : une crise régionale en Côte d’Ivoire

leurs programmes d’investissements publics qui triplent entre 1974


et 1978. Stimulés par la demande, les investissements privés crois-
sent à un taux moyen annuel de l’ordre de 19 %. Cette dynamique a
des effets négatifs sur l’économie ivoirienne (augmentation de la
demande en biens d’importation et croissance du déficit extérieur).
Elle explique également que, au cours de la période 1976-1980, le
solde migratoire du pays a été de +1,3 million de personnes, dont
700 000 en provenance du Burkina, 300 000 du Mali et 100 000 de
Guinée (Russel, Jacobson et Stanley, 1990). Le décalage entre le "boom
économique" et le "boom de peuplement" s’explique par le fait que le
second est une réaction au premier. Par ailleurs, la manne publique
continuera d’être forte jusqu’en 1980 (cf. infra).

• 1981-1993 : récession et ajustement interne. Les années 1979-1980


sont marquées par une détérioration très rapide des termes de
l’échange et la forte rétractation corrélative des dépenses d’investisse-
ment du secteur privé. Par ailleurs, l’investissement public continue
d’augmenter. De 1981 à 1993, se succèdent plusieurs périodes consé-
cutives d’ajustement marquées par une diminution tendancielle de
l’investissement privé et une très forte baisse de l’investissement
public qui passe de 9 % du PIB en 1981, à 6,2 % en 1983 puis à
3,2 % en 1985. Un nouveau retournement des termes de l’échange
en 1986 (-20 %), qui se prolongera jusqu’en 1993, précipite le pays
dans une nouvelle période de récession. Entre 1988 et 1992, le solde
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migratoire de la Côte d’Ivoire devient négatif, celui du Burkina, posi-
tif et ceux du Mali et de la Guinée se stabilisent (CERPOD, 2000).

Cela confirme que, sauf en cas de crise aiguë, les migrations ne sont
pas des "fuites en avant" mais résultent de stratégies raisonnées en
fonction des opportunités économiques. Lorsque ces dernières se
tarissent, les migrations cessent, parfois s’inversent dans l’attente de
jours meilleurs ou encore se réorientent vers des zones jugées plus
hospitalières.

Si, comme c’est probable, cette logique est respectée à l’avenir, on ne


peut que prévoir une modification profonde d’une partie des flux
migratoires régionaux. Si, par exemple, la "destination ivoirienne"
n’est plus la bonne solution pour les Mossi – et sachant que plateau
DOSSIER

central du Burkina reste une zone densément occupée aux ressources


naturelles dégradées et à vocation d’émigration –, vers où les flux
migratoires se réorienteront-ils ? Plus précisément comment ces flux
migratoires sont-ils en train de se réorienter ?

160 Afrique contemporaine - Eté 2003


Peuplement et migration en Afrique de l’Ouest : une crise régionale en Côte d’Ivoire

Les vallées de l’ouest du Burkina ont toujours attiré les Mossi en dépit
de l’onchocercose (cécité des rivières) qui a longtemps rendu ces zones
difficiles à vivre. C’est le cas par exemple de la Volta Noire qui a vu,
dès le début des années 1960, arriver de nouvelles vagues de peuple-
ment, certes relativement modestes (Benoït, 1973). Cette tendance
semble s’être accélérée par la suite sous le triple effet du développe-
ment de la culture du coton, de la croissance urbaine et de l’éradica-
tion progressive de l’onchocercose (Boutillier, Quesnel et Vaugelade,
1975). Mais aujourd’hui les spécialistes nous indiquent que les val-
lées de la Volta Noire sont déjà surpeuplées et en voie de dégradation.
Il existe très probablement encore d’autres zones "à peupler", d’ores
et déjà clairement identifiées dans l’esprit des chefs de famille mossi.

Les enquêtes sur les migrations qui nous permettent de connaître et


d’analyser les flux a posteriori sont précieuses, même si elles sont
longues et coûteuses. Mais il est tout aussi important, sinon plus, de
se doter des moyens de suivre en permanence l’évolution des straté-
gies migratoires qui donne des indications sur l’avenir. Pour cela, il
faut faire revenir en force l’anthropologie dans la boîte à outils du
développement.

Anticiper les recompositions du peuplement


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à venir
D’ici une génération, il y a aura 120 millions d’Africains de l’Ouest
de plus qu’aujourd’hui (130, 140, 150 ?), soit l’équivalent d’au
moins 12 fois la population actuelle du Mali. Le moment précis (20,
25 ans) n’a aucune importance ; cela arrivera. Où naîtront ces
Africains de demain ? En petite majorité dans les villes puisqu’au-
jourd’hui, plus de 50 % de la population est urbaine. D’autre part, il
est plus que probable qu’une partie de ceux qui naîtront à la cam-
pagne migreront vers d’autres zones rurales et vers les villes.

Ces dynamiques et leurs conséquences, y compris leurs impacts sur


les conflits, ont été abordées à plusieurs reprises, notamment au
DOSSIER

début des années 1990 par l’étude WALTPS. "L’Afrique de l’Ouest,


région de peuplement accéléré, sera, pendant une longue période, une
région en déséquilibre. Même si tout doit être fait pour diminuer la
fécondité des femmes, ces efforts ne se traduiront, dans la croissance
démographique, qu’à moyen et surtout à long termes. Le doublement
de la population en trente ans est une quasi-certitude. C’est même,
de toutes les données dont on dispose sur l’avenir de la région, la don-
née la moins incertaine. [...] L’une des sources majeures de tension
Afrique contemporaine - Eté 2003 161
Peuplement et migration en Afrique de l’Ouest : une crise régionale en Côte d’Ivoire

sera probablement les migrations des régions pauvres vers les régions
mieux dotées en ressources et vers les villes. […] Si ce fait est recon-
nu et accepté, la question cruciale que l’on doit poser est celle des dis-
positions à prendre pour que le peuplement puisse se faire dans des
conditions acceptables."

La carte présentée en figure 4, issue de cette étude, montre que, du


point de vue du peuplement et des migrations, l’Afrique de l’Ouest
peut être divisée en quatre zones :

• la zone 1 rassemble les principaux pôles de croissance urbaine dans les pays
côtiers et leur arrière-pays immédiat : avec 41 % de la population
régionale (sur 8 % de la superficie totale), la densité de population
y est forte (124 habitants au km2 en 1990) et le niveau d’urbani-
sation élevé (55 % en 1990). C’est la zone qui a connu la plus forte
croissance entre 1960 et 1990 (immigration nette de 8,3 millions
de personnes) ;

• la zone 2 rassemble le reste de l’espace proche des côtes : avec 28 % de la


population totale sur 25 % de la superficie régionale, cette zone
soudano-sahélienne est relativement peu peuplée au regard de ses
potentialités. Elle est, de même, peu urbanisée. C’est une zone
d’émigration au cours des trente dernières années, mais qui pour-
rait à l’avenir se transformer en zone d’accueil ;
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FIGURE 4
ZONES DE PEUPLEMENT (WALTPS)
DOSSIER

162 Afrique contemporaine - Eté 2003


Peuplement et migration en Afrique de l’Ouest : une crise régionale en Côte d’Ivoire

• la zone 3 correspond approximativement aux pôles de peuplement dense


sahéliens et comprend les parties les plus dynamiques des pays sahéliens :
elle rassemble 25 % de la population sur 13 % du territoire. Plus
urbanisée que la zone 2, mais confrontée à des contraintes fortes,
c’est aussi une zone d’émigration ;

• la zone 4 couvre le reste de l’espace sahélien : c’est la zone dont le poten-


tiel de croissance démographique et économique est le plus limi-
té et qui constitue l’un des principaux foyers d’émigration.

L’hypothèse d’un changement structurel, progressif, des dynamiques


de peuplement de la "zone 2", identifiée par l’étude WALTPS, méri-
terait aujourd’hui d’être approfondie et précisée. Cette étude "macro-
régionale" n’avait pas vocation à étudier cette "zone 2" dans le détail
et les phénomènes ne sont évidemment pas si simples. Dans le nord
de la Côte d’Ivoire ou dans le sud du Mali, il existe d’ores et déjà des
problèmes fonciers importants opposant les agriculteurs aux éleveurs,
même s’ils sont encore géographiquement limités. Ces antagonismes
sont, depuis quelques années, exacerbés par l’arrivé de nouveaux
migrants agriculteurs venant ou revenant du centre de la Côte
d’Ivoire.

L’enjeu, dès aujourd’hui, est de comprendre ce qui se passe, d’antici-


per et d’accompagner les processus tels qu’ils sont décidés par les
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Africains eux-mêmes. "Il apparaît clairement que les opérateurs éco-
nomiques africains, urbains comme ruraux, ont la capacité de tirer
parti des opportunités qui se présentent à eux. Pour saisir ces oppor-
tunités, ils sont prêts à se déplacer, à migrer, à changer d’activité, à
prendre des risques et à accepter des situations inconfortables. Il ne
sert à rien de leur recommander des changements qui ne s’imposent
pas ou de prétendre freiner des évolutions inéluctables. Pour en juger
correctement, il est indispensable de se donner une vision approxi-
mative mais claire des perspectives à moyen et long terme ; pour pré-
parer les uns et les autres aux transformations, susciter les initiatives
et accélérer le changement. La prévision est toujours risquée mais le
refus de prévoir est une cause de déboires encore plus grands et plus
graves." (Arnaud, 2002)
DOSSIER

Afrique contemporaine - Eté 2003 163


Peuplement et migration en Afrique de l’Ouest : une crise régionale en Côte d’Ivoire

Un avenir deux fois régional ?


Au cours des prochaines décennies, les mutations se poursuivront
selon la même logique centrée autour de la recherche de meilleures
opportunités économiques. Elles se traduiront, comme par le passé,
par des migrations vers les zones agricoles aux potentiels et aux mar-
chés les plus prometteurs et par des migrations vers les villes.

La seule grande différence – une espérance aussi – serait que ces


mutations se développent au profit d’une zone plus tournée vers le
marché régional, moins extravertie que ne l’a été la bande côtière au
cours des dernières décennies. Cette zone pourrait être la bande sou-
dano-sahélienne de l’Afrique de l’Ouest identifiée comme la "zone 2"
par l’étude WALTPS. Nord des pays côtiers et sud des pays sahéliens,
elle dispose des potentialités les plus fortes de décollage d’une agri-
culture destinée à répondre aux besoins croissants du marché régio-
nal (céréales, fruits et légumes, élevage intensif, etc.). Elle dispose
d’un réseau de villes en pleine mutation : en une génération, le
nombre de villes de plus de 100 000 habitants y a doublé ; zone fron-
tière, elle est en outre au cœur des échanges régionaux.

Pour préparer l’avenir, la Côte d’Ivoire et ses pays voisins sahéliens


doivent en venir à une réflexion prospective commune pour se doter
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d’une politique deux fois régionale où le développement régional au
sens infranational serait au service de la coopération régionale au sens
ouest-africain et vice versa. La zone structurée par les trois villes des
Sikasso (sud du Mali), Korhogo (nord de la Côte d’Ivoire) et Bobo
Dioulasso (sud-ouest du Burkina Faso) est un bon exemple d’espace
cohérent transfrontalier porteur d’un potentiel important de peuple-
ment et de développement9. Proposer une approche de ce type alors
que les tensions politiques sont fortes entre les gouvernements de la
Côte d’Ivoire et du Burkina est ambitieux mais pas utopique. Le
développement d’un hinterland soudano-sahélien est vital pour l’éco-
nomie de la côte. Développer le nord revient à renforcer l’activité et
le rayonnement du sud, à commencer par celui du port d’Abidjan,
promis à la mort s’il ne redevient pas la porte de la savane.
DOSSIER

9) L. Bossard et D. Gnisci, "Diagnostic et enjeux de développement et de coopération au sein de la zone


frontalière Sikasso-Korhogo-Bobo Dioulasso", Paris, OCDE, CSAO, septembre 2002.

164 Afrique contemporaine - Eté 2003


Peuplement et migration en Afrique de l’Ouest : une crise régionale en Côte d’Ivoire

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DOSSIER

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CSAO, juin 2002.

Afrique contemporaine - Eté 2003 165

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