Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Face À Un Cas de Dénigrement (Sabb) de Dieu Ou de L'un de Ses Prophètes Cela Nous Fait de La Peine Au Coeur, Mais Il Faut Savoir Garder Raison
Face À Un Cas de Dénigrement (Sabb) de Dieu Ou de L'un de Ses Prophètes Cela Nous Fait de La Peine Au Coeur, Mais Il Faut Savoir Garder Raison
Anas 31 mai
2018
Dieu et, également, les personnes de tous Ses prophètes sont très importants pour
nous, musulmans.
Tout élément qui est dînî et dont il est véritablement établi que le Prophète l'a fait, l'a dit
ou l'a approuvé est considéré par nous comme étant en soi parfait : soit dans l'absolu,
soit par rapport au contexte dans lequel il vivait (car pour certaines des règles dînî
dûment établies, une prise en compte du contexte est nécessaire : ce site a traité de cela
en de nombreux articles).
Or tout le monde ne partage pas notre foi. Et même si nous sommes convaincus qu'elle
est la vérité, il nous est interdit de contraindre quelqu'un à l'embrasser.
Il existe donc et il existera encore des personnes qui ne croient pas en ce que le
prophète Muhammad a laissé (Coran et Sunna). Et, parmi l'ensemble de ces personnes
n'adhérant pas à son message (ghayru muslimîn / kâfirûn), il y en a certaines qui ne
croient pas en son message (soit qu'elles ne sont pas convaincues, soit qu'elles refusent
de s'avouer à elles-mêmes ce que leur coeur ressent pourtant) ; mais il y en a d'autres
qui n'expriment pas seulement un désaccord avec l'enseignement du Prophète mais qui,
allant plus loin, le dénigrent quant à sa personne, ou bien telles de ses actions ou de ses
paroles ; parfois ce sont des insultes, d'autres fois ce sont des caricatures avilissantes,
etc.
En tant que musulman, que faire lorsqu'on entend ou qu'on voit de telles choses ?
Réponse : la France n'est pas un pays musulman (Dâr ul-islâm), et le délit de blasphème
n'existe pas en France (la loi française accordant à chaque citoyen le droit de promouvoir
ou de critiquer n'importe quelle religion, pourvu qu'il n'appelle pas à la haine des
humains adhérant à cette religion). Il ne sert donc à rien de porter plainte auprès des
1/14
autorités judiciaires contre des personnes qui dénigrent le prophète Muhammad
(comme cela se fait en Dâr ul-islâm).
Aucun de nous ne doit non plus chercher à "faire justice soi-même" : aucun d'entre nous
ne doit agresser (ni physiquement, ni même verbalement) ce genre de personnes pour
les propos qu'elles ont tenus ou les caricatures qu'elles ont faites. C'est ce que nous
allons voir ci-dessous sous la plume de Ibn Taymiyya.
Mais, d'ores et déjà, voici un extrait d'un ancien article, traitant justement du fait
d'interdire ce qui est mal :
"Tout manquement dans la compréhension des textes et / ou du réel et, partant, toute
entreprise inadéquate risquent de produire l'inverse de l'effet escompté : l'acte auquel on
fait face risque alors non pas seulement de ne pas diminuer mais, au contraire,
d'augmenter.
Par exemple, en terre occidentale, demander aux autorités l'interdiction d'un livre ou d'une
pièce de théâtre qui critique l'islam mais n'appelle pas à la haine des musulmans, c'est ne
pas comprendre qu'en tenant ce propos, on risque fort de donner davantage d'armes aux
détracteurs, qui profiteront de l'occasion pour hurler qu'il faut lutter avec davantage de
détermination encore contre les musulmans et leur culte, car ils "sont contre la liberté
d'expression". En pareil contexte, on se trouve dans une situation comparable à celle que
Ibn Taymiyya décrit comme étant de faiblesse (et qui rejoint en partie celle que le
Prophète avait connue à la Mecque).
Bien sûr, les musulmans doivent impérativement désapprouver les idées de kufr akbar
que ce genre d'ouvrages contient (c'est le degré a) (et non pas se dire ni dire : "Oui, le
dénigrement de notre religion est salutaire ; c'est bien que l'islam passe par le
dénigrement"). Mais ce qu'ils peuvent faire c'est préparer un autre livre qui réfute point
par point les arguments du premier ouvrage ; et non pas demander l'interdiction de celui-
ci. Ceci n'a aucune chance d'aboutir."
2/14
terme : "ﺐ
ّ " ﺳou encore : "" ﺷﺘﻢ.
Quant au terme "( "اﺳﺘﻬﺰاءprésent en maints versets du Coran), il désigne un des
multiples cas de "ﺐ
ّ " ﺳ.
": }وﻻ ﺗﺠﻬﺮ ﺑﺼﻼﺗﻚ وﻻ ﺗﺨﺎﻓﺖ ﺑﻬﺎ{ ﻗﺎل: ﻓﻲ ﻗﻮﻟﻪ ﺗﻌﺎﻟﻰ،ﻋﻦ اﺑﻦ ﻋﺒﺎس رﺿﻲ اﻟﻠﻪ ﻋﻨﻬﻤﺎ
ﻛ ﺎ ن إ ذ ا ﺻ ﻠ ﻰ ﺑ ﺄ ﺻ ﺤ ﺎ ﺑ ﻪ ر ﻓ ﻊ ﺻ ﻮ ﺗ ﻪ:" ﻧ ﺰ ﻟ ﺖ و ر ﺳ ﻮ ل ا ﻟ ﻠ ﻪ ﺻ ﻠ ﻰ ا ﻟ ﻠ ﻪ ﻋ ﻠ ﻴ ﻪ و ﺳ ﻠ ﻢ ﻣ ﺨ ﺘ ﻒ ﺑ ﻤ ﻜ ﺔ
ﻓ ﻘ ﺎ ل ا ﻟﻠ ﻪ ﺗ ﻌ ﺎ ﻟ ﻰ، ﻓ ﺈ ذا ﺳ ﻤ ﻌ ﻪ ا ﻟ ﻤ ﺸ ﺮ ﻛ ﻮ ن ﺳﺒ ﻮا ا ﻟ ﻘ ﺮآ ن و ﻣ ﻦ أ ﻧ ﺰ ﻟ ﻪ و ﻣ ﻦ ﺟ ﺎ ء ﺑ ﻪ،ﺑ ﺎ ﻟ ﻘ ﺮآ ن
ﻓ ﻴ ﺴ ﻤ ﻊ ا ﻟ ﻤ ﺸ ﺮ ﻛ ﻮ ن ﻓ ﻴ ﺴ ﺒ ﻮ ا، } و ﻻ ﺗ ﺠ ﻬ ﺮ ﺑ ﺼ ﻼ ﺗ ﻚ { أ ي ﺑ ﻘ ﺮ ا ء ﺗ ﻚ:ﻟ ﻨ ﺒ ﻴ ﻪ ﺻ ﻠ ﻰ ا ﻟ ﻠ ﻪ ﻋ ﻠ ﻴ ﻪ و ﺳ ﻠ ﻢ
}واﺑﺘﻎ ﺑﻴﻦ ذﻟﻚ ﺳﺒﻴﻼ،( "اﻟﻘﺮآن }وﻻ ﺗﺨﺎﻓﺖ ﺑﻬﺎ{ ﻋﻦ أﺻﺤﺎﺑﻚ ﻓﻼ ﺗﺴﻤﻌﻬﻢal-Bukhârî,
Muslim). Alors que le Prophète (sur lui soit la paix) habitait à La Mecque, lorsqu'ils
entendaient le Coran être récité à voix haute dans les prières en groupe, des Mecquois
n'aimant pas l'islam insultaient alors le texte du Coran, celui qui en était l'auteur
ainsi que celui qui l'avait apporté parmi les hommes. Dieu dit alors au Prophète (en
Coran 17/110) de se mettre à réciter à voix suffisamment haute pour que les autres
fidèles entendent sa récitation lors de la prière, mais à voix pas trop haute de sorte que
ces islamophobes puissent entendre, afin d'éviter qu'ils insultent le Coran.
La réponse est que cela est lié en partie au 'Urf (donc au sens que l'Usage général a
donné à ce terme), et en partie à la situation d'énonciation de la phrase :
ﻫﺬا اﻟﺤﻜﻢ ﻗﺪ ﻧﻴﻂ ﻓﻲ اﻟﻜﺘﺎب واﻟﺴﻨﺔ ﺑﺎﺳﻢ أذى اﻟﻠﻪ ورﺳﻮﻟﻪ ،وﻓﻲ ﺑﻌﺾ اﻷﺣﺎدﻳﺚ ذﻛﺮ"
ا ﻟ ﺸﺘ ﻢ وا ﻟ ﺴ ﺐ ،و ﻛ ﺬ ﻟ ﻚ ﺟ ﺎ ء ﻓ ﻲ أ ﻟ ﻔ ﺎ ظ ا ﻟ ﺼ ﺤ ﺎ ﺑ ﺔ وا ﻟ ﻔ ﻘ ﻬ ﺎ ء ذ ﻛ ﺮ ا ﻟ ﺴ ﺐ وا ﻟ ﺸﺘ ﻢ .وا ﻻ ﺳ ﻢ إ ذا
ﻟ ﻢ ﻳ ﻜ ﻦ ﻟ ﻪ ﺣ ﺪ ﻓ ﻲ ا ﻟﻠ ﻐ ﺔ ) ﻛ ﺎ ﺳ ﻢ ا ﻷ ر ض وا ﻟ ﺴ ﻤ ﺎ ء وا ﻟﺒ ﺮ وا ﻟﺒ ﺤ ﺮ وا ﻟ ﺸ ﻤ ﺲ وا ﻟ ﻘ ﻤ ﺮ( و ﻻ ﻓ ﻲ
اﻟ ﺸ ﺮ ع ) ﻛﺎ ﺳ ﻢ اﻟ ﺼ ﻼ ة واﻟ ﺰ ﻛﺎ ة واﻟ ﺤ ﺞ وا ﻹﻳ ﻤﺎ ن واﻟ ﻜ ﻔ ﺮ( ﻓﺈﻧ ﻪ ﻳ ﺮ ﺟ ﻊ ﻓ ﻲ ﺣ ﺪ ه إﻟ ﻰ اﻟ ﻌ ﺮ ف
) ﻛ ﺎ ﻟ ﻘ ﺒ ﺾ و ا ﻟ ﺤ ﺮ ز و ا ﻟ ﺒ ﻴ ﻊ و ا ﻟ ﺮ ﻫ ﻦ و ا ﻟ ﻜ ﺮ ى و ﻧ ﺤ ﻮ ﻫ ﺎ ( .ﻓ ﻴ ﺠ ﺐ أ ن ﻳ ﺮ ﺟ ﻊ ﻓ ﻲ ا ﻷ ذ ى و ا ﻟ ﺸ ﺘ ﻢ إ ﻟ ﻰ
ا ﻟ ﻌ ﺮ ف :ﻓ ﻤ ﺎ ﻋ ﺪ ه أ ﻫ ﻞ ا ﻟ ﻌ ﺮ ف ﺳ ﺒ ﺎ أ و ا ﻧ ﺘ ﻘ ﺎ ﺻ ﺎ أ و ﻋ ﻴ ﺒ ﺎ أ و ﻃ ﻌ ﻨ ﺎ و ﻧ ﺤ ﻮ ذ ﻟ ﻚ ﻓ ﻬ ﻮ ﻣ ﻦ ا ﻟ ﺴ ﺐ ؛ و ﻣ ﺎ
(...)." (As-Sârim, p. 531).ﻟﻢ ﻳﻜﻦ ﻛﺬﻟﻚ ﻓﻬﻮ ﻛﻔﺮ ﺑﻪ ،ﻓﻴﻜﻮن ﻛﻔﺮا ﻟﻴﺲ ﺑﺴﺐ
Celui qui a commis cette mauvaise action mauvaise peut-il regretter ce qu'il a fait
et se repentir ? pareil repentir sera-t-il agréé par Dieu ?
Oui, le repentir pour cela est toujours possible, comme pour toute autre mauvaise
action.
Si la personne qui a commis du Sabb a la guidance de se repentir, il s'agit pour elle de
regretter sincèrement ce qu'elle a dit ou fait, de demander pardon à Dieu, et de
promettre à Dieu de ne plus recommencer. Il s'agit également de réparer ce qu'elle avait
dit ou fait (affirmer, devant les mêmes personnes, qu'elle avait "dit n'importe quoi tel
jour" et qu'elle "revient sur ces propos" ; si elle avait fait une vidéo, faire une nouvelle
vidéo et exprimer qu'elle regrette ce qu'elle avait dit dans la précédente).
Rappelons tout d'abord que dans les pays sécularisés aussi le manque de respect à
certains symboles perçus comme "les fondements des valeurs de la société" ou comme "le
ciment de la cohésion sociale" est passible de sanctions. En France, sont ainsi concernés
les faits de piétiner le drapeau bleu-blanc-rouge, d'outrager un buste de Marianne, de
siffler la Marseillaise, etc.
5/14
Dans les pays musulmans (Dâr ul-islâm), le manque de respect à Dieu, à un prophète
de Dieu, au Coran, sont, pareillement, passibles de sanctions :
– Si c'est un musulman résident de la Dâr ul-islâm qui l'a fait , alors cela constitue un
cas d'apostasie. Lire notre article exposant l'avis de Salîm al-'Awwâ au sujet de la
sanction pour apostasie en pays musulman.
– Si c'est un non-musulman résident de la Dâr ul-islâm qui l'a fait , alors, selon les
anciens de l'école hanafite il y a seulement, pour ce délit en lui-même, une ta'zîr, une
sanction laissée à l'appréciation du juge : As-Sârim, p. 10 ; cet avis a été également cité
(avec un autre) dans Radd ul-muhtâr 6/345. C'est à cet avis que j'adhère.
-
V) Dans quel lieu et en quelle situation ce principe d'une sanction existe-t-il ?
– Quand il vivait à la Mecque , il était demandé au Prophète de faire preuve de patience
face à ce genre de paroles : "ﻤﻴًﻼ ِ ﺟ َ ﺠًﺮا ْ ﻫ َ ﻢ ْ ﻫ
ُ ﺠْﺮ ُ ﻫ
ْ واَ نَ ﻘﻮﻟ ُﻮ ُ َ ﻣﺎ ﻳَ ﻋﻠ َﻰَ ﺻﺒ ِْﺮ
ْ وا َ " : "Fais preuve
de patience face à ce qu'ils disent, et délaisse-les d'une bonne façon" (Coran 73/10 ; voir
aussi 50-39, 38/17). "ﻦ
َ ﺰﺋ ِﻴ
ِ ﻬ
ْ َ ﺴﺘ ُ ْ ك اﻟ
ْ ﻤ َ َ ﻦ إ ِﻧﺎ ﻛ
َ ﻔﻴ ْﻨ َﺎ َ ﺮﻛ ِﻴ
ِ ﺸْ ﻤُ ْ ﻦ اﻟ
ِ ﻋ َ ضْ ﺮِ ﻋْ َ وأ
َ ﻣُﺮ ْ ُﺗ
َ ﺆ ":
"Et détourne-toi des Polythéistes, Nous te Suffisons par rapport à ceux qui se moquent"
(Coran 15/94-95).
--- Ensuite vint une autre période à Médine (donc une 3ème situation) où le Prophète
fit appliquer des sanctions : un certain nombre de relations (bien connues) en attestent :
elles ont été recensées dans par exemple le livre As-Sârim, de Ibn Taymiyya. Il y a ainsi le
cas de 'Uqba ibn Abî Mu'ayt (pp. 143-145) ; an-Nadhr ibn ul-Hârith (pp. 143-145) ; Ibn
Khatal, qui avait apostasié puis avait fait sabb (p. 135) ; Arnab .
6/14
(Cependant, même dans cette 3ème période, il fit parfois de nouveau preuve de
patience et n'entreprit rien, comme avec Dhu-l-Khuwayssira et avec Abdullâh ibn
Ubayy Ibn Salûl, et ce parce qu'il s'agissait de son droit personnel et/ou parce que la
mafsada que cela aurait entraîné était plus grande que sa maslaha : lire notre article au
sujet de ce que Dhu-l-Khuwayssira et Abdullâh ibn Ubayy lui dirent. De même,
toujours dans cette ultime période, il pardonna (sur intercession de Compagnons) à
d'autres personnes l'ayant auparavant insulté, comme à Abdullâh ibn Sa'd ibn Abî Sar'h
et à d'autres encore.)
-
Ibn Taymiyya écrit : "ﻓﻤﻦ ﻛﺎن ﻣﻦ اﻟﻤﺆﻣﻨﯿﻦ ﺑﺄرض ﻫﻮ ﻓﯿﻬﺎ ﻣﺴﺘﻀﻌﻒ ]أي ﻓﻲ أرض ﻛﻔﺮ[ أو ﻓﻲ وﻗﺖ ﻫﻮ
ﻓﻠ ﯿ ﻌ ﻤ ﻞ ﺑ ﺂ ﯾ ﺔ اﻟ ﺼ ﺒ ﺮ و اﻟ ﺼ ﻔ ﺢ ﻋ ﻤ ﻦ ﯾ ﺆ ذ ي ا ﷲ و ر ﺳ ﻮﻟ ﻪ ﻣ ﻦ اﻟ ﺬ ﯾ ﻦ أ و ﺗ ﻮ ا،[ ﻓ ﯿ ﻪ ﻣ ﺴ ﺘ ﻀ ﻌ ﻒ ] أ ي ﻣ ﻊ أ ﻧ ﻪ ﻓ ﻲ أ ر ض إ ﺳ ﻼ م
"اﻟﻜﺘﺎب واﻟﻤﺸﺮﻛﯿﻦ: "Celui d'entre les croyants qui se trouve dans une terre où [le Dîn]
est faible [= en pays non-musulman] ou dans un moment où [le Dîn] est faible [= fût-
il alors en pays musulman], qu'il pratique le verset demandant de faire preuve
d'abnégation et de passer sur celui des Gens du Livre et des Polythéistes qui fait إﯾﺬاء
à Dieu et à Son Messager" (As-Sârim, p. 221).
-
Il s'agit non pas de naskh (abrogation) mais de nas' (ou : "insâ'"), "reporté à situation
semblable" : cliquez ici et ici.
-
Tout ceci fait que, c'est aux autorités judiciaires de la Dâr ul-islâm (et non pas au
commun des musulmans) qu'il revient de juger si le propos est attentatoire ou pas, si
sanction il y a ou pas, et quelle est cette sanction.
7/14
-
V) Une objection faite par certains coreligionnaires à ce que nous venons de
dire, et sa réponse :
Ibn Taymiyya a également écrit, dans le même livre :
ﻓﻜﺜﻴﺮ ﻣﻤﺎ ﻛﺎن ﻳﺤﺘﻤﻠﻪ ﻣﻦ اﻟﻤﻨﺎﻓﻘﻴﻦ ﻣﻦ اﻟﻜﻼم وﻣﺎ ﻳﻌﺎﻣﻠﻬﻢ ﻣﻦ اﻟﺼﻔﺢ واﻟﻌﻔﻮ"
و ا ﻻ ﺳ ﺘ ﻐ ﻔ ﺎ ر ﻛ ﺎ ن ﻗ ﺒ ﻞ ﻧ ﺰ و ل ﺑ ﺮ ا ء ة ،ﻟ ﻤ ﺎ ﻗ ﻴ ﻞ ﻟ ﻪ } :و ﻻ ﺗ ﻄ ﻊ ا ﻟ ﻜ ﺎ ﻓ ﺮ ﻳ ﻦ و ا ﻟ ﻤ ﻨ ﺎ ﻓ ﻘ ﻴ ﻦ و د ع أ ذ ا ﻫ ﻢ { ،
ﻻ ﺣﺘﻴ ﺎ ﺟ ﻪ إ ذ ذا ك إ ﻟ ﻰ ا ﺳﺘ ﻌ ﻄ ﺎ ﻓ ﻬ ﻢ و ﺧ ﺸﻴ ﺔ ﻧ ﻔ ﻮ ر ا ﻟ ﻌ ﺮ ب ﻋﻨ ﻪ إ ذا ﻗﺘ ﻞ أ ﺣ ﺪا ﻣﻨ ﻬ ﻢ .و ﻗ ﺪ ﺻ ﺮ ح
ﺻ ﻠ ﻰ ا ﻟ ﻠ ﻪ ﻋ ﻠ ﻴ ﻪ و ﺳ ﻠ ﻢ ﻟ ﻤ ﺎ ﻗ ﺎ ل ا ﺑ ﻦ أ ﺑ ﻲ } :ﻟ ﺌ ﻦ ر ﺟ ﻌ ﻨ ﺎ إ ﻟ ﻰ ا ﻟ ﻤ ﺪ ﻳ ﻨ ﺔ ﻟ ﻴ ﺨ ﺮ ﺟ ﻦ ا ﻷ ﻋ ﺰ ﻣ ﻨ ﻬ ﺎ ا ﻷ ذ ل {
و ﻟ ﻤ ﺎ ﻗ ﺎ ل ذ و ا ﻟ ﺨ ﻮ ﻳ ﺼ ﺮ ة :ا ﻋ ﺪ ل ﻓ ﺈ ﻧ ﻚ ﻟ ﻢ ﺗ ﻌ ﺪ ل و ﻋ ﻨ ﺪ ﻏ ﻴ ﺮ ﻫ ﺬ ه ا ﻟ ﻘ ﻀ ﻴ ﺔ أ ﻧ ﻪ أ ﻧ ﻤ ﺎ ﻟ ﻢ ﻳ ﻘ ﺘ ﻠ ﻬ ﻢ ﻟ ﺌ ﻼ
ﻳﺘ ﺤ ﺪ ث ا ﻟﻨ ﺎ س أ ن ﻣ ﺤ ﻤ ﺪا ﻳ ﻘﺘ ﻞ أ ﺻ ﺤ ﺎ ﺑ ﻪ ﻓ ﺈ ن ا ﻟﻨ ﺎ س ﻳﻨ ﻈ ﺮ و ن إ ﻟ ﻰ ﻇ ﺎ ﻫ ﺮ ا ﻷ ﻣ ﺮ ﻓﻴ ﺮ و ن وا ﺣ ﺪا
ﻣ ﻦ أ ﺻ ﺤ ﺎ ﺑ ﻪ ﻗ ﺪ ﻗﺘ ﻞ ﻓﻴ ﻈ ﻦ ا ﻟ ﻈ ﺎ ن أ ﻧ ﻪ ﻳ ﻘﺘ ﻞ ﺑ ﻌ ﺾ أ ﺻ ﺤ ﺎ ﺑ ﻪ ﻋﻠ ﻰ ﻏ ﺮ ض أ و ﺣ ﻘ ﺪ أ و ﻧ ﺤ ﻮ ذ ﻟ ﻚ
ﻓﻴﻨ ﻔ ﺮ ا ﻟﻨ ﺎ س ﻋ ﻦ ا ﻟ ﺪ ﺧ ﻮ ل ﻓ ﻲ ا ﻹ ﺳ ﻼ م وإ ذا ﻛ ﺎ ن ﻣ ﻦ ﺷ ﺮ ﻳ ﻌﺘ ﻪ أ ن ﻳﺘ ﺄ ﻟ ﻒ ا ﻟﻨ ﺎ س ﻋﻠ ﻰ ا ﻹ ﺳ ﻼ م
.ﺑﺎﻷﻣﻮال اﻟﻌﻈﻴﻤﺔ ﻟﻴﻘﻮم دﻳﻦ اﻟﻠﻪ وﺗﻌﻠﻮ ﻛﻠﻤﺘﻪ ﻓﻸن ﻳﺘﺄﻟﻔﻬﻢ ﺑﺎﻟﻌﻔﻮ أوﻟﻰ وأﺣﺮى
ﻓﻠ ﻤ ﺎ أ ﻧ ﺰ ل ا ﻟﻠ ﻪ ﺑ ﺮا ء ة و ﻧ ﻬ ﺎ ه ﻋ ﻦ ا ﻟ ﺼ ﻼ ة ﻋﻠ ﻰ ا ﻟ ﻤﻨ ﺎ ﻓ ﻘﻴ ﻦ وا ﻟ ﻘﻴ ﺎ م ﻋﻠ ﻰ ﻗﺒ ﻮ ر ﻫ ﻢ وأ ﻣ ﺮ ه أ ن
ﻊ ﻣ ﺎ ﻛ ﺎ ن ا ﻟ ﻤﻨ ﺎ ﻓ ﻘ ﻮ ن ﻳ ﻌ ﺎ ﻣﻠ ﻮ ن ﺑ ﻪ ﻣ ﻦ ﺴ َ
ﺦ ﺟ ﻤﻴ ُ ﻳ ﺠ ﺎ ﻫ ﺪ ا ﻟ ﻜ ﻔ ﺎ ر وا ﻟ ﻤﻨ ﺎ ﻓ ﻘﻴ ﻦ و ﻳ ﻐﻠ ﻆ ﻋﻠﻴ ﻬ ﻢ ،ﻧ ُ ِ
اﻟﻌﻔﻮ ،ﻛﻤﺎ ﻧﺴﺦ ﻣﺎ ﻛﺎن اﻟﻜﻔﺎر ﻳﻌﺎﻣﻠﻮن ﺑﻪ ﻣﻦ اﻟﻜﻒ ﻋﻤﻦ ﺳﺎﻟﻢ ،وﻟﻢ ﻳﺒﻖ إﻻ إﻗﺎﻣﺔ اﻟﺤﺪود
" (As-Sârim, pp. 237-238).وإﻋﻼء ﻛﻠﻤﺔ اﻟﻠﻪ ﻓﻲ ﺣﻖ اﻹﻧﺴﺎن
Certains coreligionnaires se sont fondés sur cet écrit pour dire que, chez Ibn Taymiyya,
après la révélation de sourate at-Tawba (Barâ'ah), la possibilité de ne pas appliquer de
sanction à celui qui a manqué de respect à la personne du Prophète, cela a été
complètement abrogé.
Mais ce que ces coreligionnaires disent là est erroné. Car ce que Ibn Taymiyya a écrit
dans les 2 pages qui suivent cet écrit, montre que, tout au contraire, chez lui aussi cette
possibilité demeure, même aujourd'hui. Présentant plusieurs réponses au fait que,
dans des cas où quelqu'un a manqué de respect au Prophète à l'époque de celui-ci,
aucune sanction ne lui a été appliquée, Ibn Taymiyya expose ainsi l'une d'elles :
أن ذﻟﻚ ﻛﺎن ﻓﻲ ﺣﺎل ﺿﻌﻒ اﻹﺳﻼم ،ﻓﻲ اﻟﺤﺎل اﻟﺘﻲ أﺧﺒﺮ اﻟﻠﻪ ﻋﻦ رﺳﻮﻟﻪ واﻟﻤﺆﻣﻨﻴﻦ"
أ ﻧ ﻬ ﻢ ﻳ ﺴ ﻤ ﻌ ﻮ ن ﻣ ﻦ ا ﻟ ﺬ ﻳ ﻦ أ و ﺗ ﻮا ا ﻟ ﻜﺘ ﺎ ب وا ﻟ ﻤ ﺸ ﺮ ﻛﻴ ﻦ أ ذ ى ﻛﺜﻴ ﺮا وأ ﻣ ﺮ ﻫ ﻢ ﺑ ﺎ ﻟ ﺼﺒ ﺮ وا ﻟﺘ ﻘ ﻮ ى .ﺛ ﻢ
إ ن ذ ﻟ ﻚ ﻧ ﺴ ﺦ ﻋﻨ ﺪ ا ﻟ ﻘ ﻮ ة ،ﺑ ﺎ ﻷ ﻣ ﺮ ﺑ ﻘﺘ ﺎ ﻟ ﻬ ﻢ ﺣﺘ ﻰ ﻳ ﻌ ﻄ ﻮ ا ا ﻟ ﺠ ﺰ ﻳ ﺔ ﻋ ﻦ ﻳ ﺪ و ﻫ ﻢ ﺻ ﺎ ﻏ ﺮ و ن؛ و ا ﻟ ﺼ ﺎ ﻏ ﺮ
.ﻻ ﻳﻔﻌﻞ ﺷﻴﺌﺎ ﻣﻦ اﻷذى ﻓﻲ اﻟﻮﺟﻪ وﻣﻦ ﻓﻌﻠﻪ ﻓﻠﻴﺲ ﺑﺼﺎﻏﺮ
ﺛﻢ إن ﻣﻦ اﻟﻨﺎس ﻣﻦ ﻳﺴﻤﻲ ذﻟﻚ ﻧﺴﺨﺎ ،ﻟﺘﻐﻴﺮ اﻟﺤﻜﻢ؛ وﻣﻨﻬﻢ ﻣﻦ ﻻ ﻳﺴﻤﻴﻪ ﻧﺴﺨﺎ ،ﻷن اﻟﻠﻪ
ﺗ ﻌ ﺎ ﻟ ﻰ أ ﻣ ﺮ ﻫ ﻢ ﺑ ﺎ ﻟ ﻌ ﻔ ﻮ وا ﻟ ﺼ ﻔ ﺢ إ ﻟ ﻰ أ ن ﻳ ﺄ ﺗ ﻲ ا ﻟﻠ ﻪ ﺑ ﺄ ﻣ ﺮ ه ،و ﻗ ﺪ أ ﺗ ﻰ ا ﻟﻠ ﻪ ﺑ ﺄ ﻣ ﺮ ه ﻣ ﻦ ﻋ ﺰ ا ﻹ ﺳ ﻼ م
و إ ﻇ ﻬ ﺎ ر ه و ا ﻷ ﻣ ﺮ ﺑ ﻘ ﺘ ﺎ ﻟ ﻬ ﻢ ﺣ ﺘ ﻰ ﻳ ﻌ ﻄ ﻮ ا ا ﻟ ﺠ ﺰ ﻳ ﺔ ﻋ ﻦ ﻳ ﺪ و ﻫ ﻢ ﺻ ﺎ ﻏ ﺮ و ن .و ﻫ ﺬ ا ﻣ ﺜ ﻞ ﻗ ﻮ ﻟ ﻪ ﺗ ﻌ ﺎ ﻟ ﻰ:
} ﻓ ﺄ ﻣ ﺴ ﻜ ﻮ ﻫ ﻦ ﻓ ﻲ ا ﻟﺒﻴ ﻮ ت ﺣﺘ ﻰ ﻳﺘ ﻮ ﻓ ﺎ ﻫ ﻦ ا ﻟ ﻤ ﻮ ت أ و ﻳ ﺠ ﻌ ﻞ ا ﻟﻠ ﻪ ﻟ ﻬ ﻦ ﺳﺒﻴ ﻼ{ و ﻗ ﺎ ل ا ﻟﻨﺒ ﻲ ﺻﻠ ﻰ
ا ﻟ ﻠ ﻪ ﻋ ﻠ ﻴ ﻪ و ﺳ ﻠ ﻢ " :ﻗ ﺪ ﺟ ﻌ ﻞ ا ﻟ ﻠ ﻪ ﻟ ﻬ ﻦ ﺳ ﺒ ﻴ ﻼ " .ﻓ ﺒ ﻌ ﺾ ا ﻟ ﻨ ﺎ س ﻳ ﺴ ﻤ ﻲ ذ ﻟ ﻚ ﻧ ﺴ ﺨ ﺎ ،و ﺑ ﻌ ﻀ ﻬ ﻢ ﻻ
.ﻳ ﺴ ﻤﻴ ﻪ ﻧ ﺴ ﺨ ﺎ .وا ﻟ ﺨ ﻼ ف ﻟ ﻔ ﻈ ﻲ
و ﻣﻦ اﻟﻨﺎس ﻣﻦ ﻳﻘﻮل :اﻷﻣﺮ ﺑﺎﻟﺼﻔﺢ ﺑﺎق ﻋﻨﺪ اﻟﺤﺎﺟﺔ إﻟﻴﻪ ،ﺑﻀﻌﻒ اﻟﻤﺴﻠﻢ ﻋﻦ اﻟﻘﺘﺎل ﺑﺄن
ﻳ ﻜ ﻮ ن ﻓ ﻲ و ﻗ ﺖ أ و ﻣ ﻜ ﺎ ن ﻻ ﻳﺘ ﻤ ﻜ ﻦ ﻣﻨ ﻪ؛ و ذ ﻟ ﻚ ﻻ ﻳ ﻜ ﻮ ن ﻣﻨ ﺴ ﻮ ﺧ ﺎ إ ذ ا ﻟ ﻤﻨ ﺴ ﻮ خ ﻣ ﺎ ا ر ﺗ ﻔ ﻊ ﻓ ﻲ
" (As-Sârim, p. 239).ﺟﻤﻴﻊ اﻷزﻣﻨﺔ اﻟﻤﺴﺘﻘﺒﻠﺔ
ﻓﻤﻦ" Or Ibn Taymiyya lui-même est de ce dernier avis, comme il l'a écrit auparavant :
ﻛ ﺎ ن ﻣ ﻦ ا ﻟ ﻤ ﺆ ﻣﻨﻴ ﻦ ﺑ ﺄ ر ض ﻫ ﻮ ﻓﻴ ﻬ ﺎ ﻣ ﺴﺘ ﻀ ﻌ ﻒ ]أ ي ﻓ ﻲ أ ر ض ﻛ ﻔ ﺮ[ أ و ﻓ ﻲ و ﻗ ﺖ ﻫ ﻮ ﻓﻴ ﻪ
ﻣ ﺴﺘ ﻀ ﻌ ﻒ ]أ ي ﻣ ﻊ أ ﻧ ﻪ ﻓ ﻲ أ ر ض إ ﺳ ﻼ م[ ،ﻓﻠﻴ ﻌ ﻤ ﻞ ﺑ ﺂ ﻳ ﺔ ا ﻟ ﺼﺒ ﺮ وا ﻟ ﺼ ﻔ ﺢ ﻋ ﻤ ﻦ ﻳ ﺆ ذ ي ا ﻟﻠ ﻪ
8/14
( "ورﺳﻮﻟﻪ ﻣﻦ اﻟﺬﻳﻦ أوﺗﻮا اﻟﻜﺘﺎب واﻟﻤﺸﺮﻛﻴﻦAs-Sârim, p. 221).
En fait, par principe, la sanction n'est applicable que là où elle ne va pas entraîner une
mafsada plus grande que la mafsada qu'elle entendait réparer : Quand c'est par rapport à
un contexte précis que la Mafsada de l'action domine sa Maslaha (- اﻟﻔﺮق ﺑﯿﻦ اﻟﻨﺴﺦ واﻟﻨﺲء
)ﻓﻘﻪ اﺧﺘﻼﻓﺎت اﻷﺣﻮال اﻟﺘﻲ ﺗﻌﯿﺸﻬﺎ ﻛﻞ ﺟﺎﻟﯿﺔ ﻣﺴﻠﻤﺔ.
----- d'autres ulémas sont d'avis que le repentir de cette personne entraînera
l'abandon de toute poursuite contre elle, car ce cas de sabb ullâh est comparable au
cas d'apostasie : or pour tout cas d'apostasie, quand la personne a été interpelée puis se
9/14
repent, il n'y a plus de poursuite contre elle. C'est l'avis de Abû Hanîfa ; des shafi'ites ;
de certains malikites tels que Muhammad ibn Maslama, al-Makhzûmî et Ibn Abî
Hâzim ; ainsi que de certains hanbalites tels que Abû Ya'lâ et Ibn 'Aqîl (Ash-Shifâ,
2/229 ; As-Sârim, p. 547) ;
-
--- Et s'il s'agissait d'un dénigrement du prophète Muhammad (sur lui soit la
paix) ou de tout autre prophète, alors :
----- certains ulémas sont d'avis que c'est le même cas que s'il s'était agi d'un
dénigrement de Dieu : on retrouve alors ici les deux avis venant d'être évoqués :
-------- le repentir a une incidence par rapport à l'application en ce monde : il n'y a plus
de sanction applicable ;
-------- le repentir n'aura d'effet que pour l'au-delà, et pas en ce monde, où la sanction
sera quand même appliquée ;
----- cependant, d'autres ulémas sont pour leur part d'avis qu'il y a une différence
entre les deux : ces ulémas-là sont d'avis que quand il s'agit d'un dénigrement de Dieu,
le repentir de la personne lui sera bénéfique même par rapport à la sanction temporelle
; mais que, par contre, quand il s'agit d'un dénigrement d'un prophète de Dieu, cela
touche au droit de cette personne, et donc ici le pardon dépend de cette personne. Cette
différenciation est valable chez certains hanbalites, parmi lesquels Abû Ya'lâ et
Ibn 'Aqîl (As-Sârim, p. 547).
----- d'un autre côté, à maintes reprises le prophète Muhammad (sur lui soit la paix) a
pardonné à des personnes qui l'avaient dénigré. Cela est l'indice que, dans ce délit,
c'était le droit personnel du Prophète qui dominait alors.
Il faut ici savoir que la conversion à l'islam et, de façon plus générale, le repentir
(cas 2), effacent les lésions aux droits de Dieu, mais pas (par rapport aux règles
applicables en ce monde) les lésions aux droits d'autrui :
----- qui sont, dans l'absolu, injustifiées ;
----- ou qui étaient, du point de vue de ce non-musulman aussi, injustices (ce qui n'est
pas le cas des combats menés par ceux qui étaient alors non-musulmans harbî : de leur
point de vue cela était justifié, et cela est donc systématiquement pardonné lors de la
conversion à l'islam).
C'est pourquoi, à des harbî ayant fait sabb et se trouvant ensuite dans le cas 2.1, le
Prophète a parfois fait appliquer la sanction, exerçant son droit personnel. Et à ceux qui
étaient harbî quand ils avaient fait sabb mais qui furent ensuite dans le cas 2.3 - "ﺟﺎءوا
" ﺗﺎﺋﺒﻴﻦ-, il a systématiquement accordé son pardon : voir cette règle in As-Sârim, p. 416.
Ainsi, Ka'b ibn Zuhayr, qui était harbî quand il avait fait sabb, puis qui s'est repenti, s'est
converti à l'islam et ensuite s'est rendu de lui-même auprès du Prophète - pp. 145-146 - ;
Ibn uz-Ziba'râ, dont le cas est semblable - p. 137. De même en est-il de Abdullâh ibn
Abî Umayya - p. 409, p. 448 -, qui était harbî lorsqu'il a fait le sabb puis qui est venu
repentant - p. 409 - ; et de Abû Sufyân ibn ul-Hârith - pp. 137-141, p. 409, p. 448 -, qui
était harbî quand il avait fait le sabb puis qui est venu repentant - p. 409 - : Ibn Taymiyya
relève qu'il n'est pas dit dans les récits concernant ces 2 hommes, que le Prophète
souhaitait leur appliquer une sanction puis finit par leur pardonner, mais seulement qu'il
se détourna d'eux, puis finit par leur pardonner - p. 448.
Quant aux mu'âhid ayant fait le sabb après avoir été mu'âhid, cela a constitué de leur
part chose plus grave encore. C'est pourquoi parfois le Prophète a accordé son pardon
mais a exprimé qu'il aurait pu quand même sanctionner pareille personne, et ce, bien
que celle-ci se fût entretemps repentie ("ب ﻗﺒﻞ اﻟﻘﺪرة ﻋﻠﻴﻪ ّ " ﺗﺎب اﻟﺴﺎ, soit le cas 2.2 ou
2.3) ; ce fut le cas de Abdullâh ibn Sa'd ibn Abî Sar'h (As-Sârim, pp. 109-126, p. 409, p.
448), qui avait apostasié et avait fait sabb et iftirâ', puis s'était reconverti à l'islam : le
Prophète finit par lui pardonner suite à l'intercession de Uthmân ibn 'Affân ; et ce fut le
cas de Anas ibn Zunaym (As-Sârim, p. 448), qui était mu'âhid lorsqu'il avait fait sabb, puis
est venu, se repentant et s'étant converti à l'islam : le Prophète finit par lui pardonner
suite à l'intercession de Nawfal. Dans ces deux cas, malgré qu'ils étaient dans le cas 2.2
ou 2.3 il a exprimé qu'il aurait pu leur appliquer la sanction, et ce parce qu'ils étaient
mu'âhid avant de faire ce sabb. Mais il finit par leur accorder son pardon.
-
– Depuis le décès du Prophète (sur lui soit la paix) :
11/14
--- cas i) si c'est une personne jusqu'alors musulmane qui a commis
ce Sabb, alors :
------- si cette personne a été interpelée, et ensuite seulement s'est repentie
(ﺗﺎب ﺑﻌﺪ أن ﻳﺮﻓﻊ إﻟﻰ اﻟﺴﻠﻄﺎن, soit le cas 2.1), alors :
----------- d'après l'école hanafite, et d'après l'avis le plus répandu au sein de l'école
shafi'ite, aucune sanction ne lui est applicable ; la raison en est que ces ulémas ne
font pas de différence entre les différents cas d'apostasie ; dans tous les cas d'apostasie,
ces ulémas préconisent donc la istitâba, pour que la personne revienne justement sur ce
qu'elle avait proférée ; et dès qu'elle revient, aucune sanction ne lui est plus applicable
(As-Sârim, p. 313) ;
----------- d'après les ulémas des écoles malikite et hanbalite, la sanction reste alors
applicable (cela, bien sûr, jamais en pays non-musulman, mais en pays musulman,
et encore, dans le pays musulman qui a atteint le niveau voulu par rapport à sa
société : nous l'avons dit plus haut) ; cela est dû au fait que :
--------------- certains de ces ulémas pensent que, après le décès du Prophète, cela est
toujours une atteinte aux droits de sa personne, comme le qadhf l'est pour toute
personne (catégorie D) : or une atteinte au droit d'une personne ne peut être
pardonnée que par la personne lésée elle-même ; vu que le Prophète est décédé et
qu'on ne peut pas savoir s'il pardonne ou pas, la sanction demeure applicable ;
--------------- d'autres ulémas sont quant à eux d'avis que, depuis le décès du Prophète
(sur lui soit la paix), les cas de dénigrement de sa personne ne constituent plus qu'une
atteinte aux seuls droits de Dieu (catégorie A) ; or, pour une atteinte aux purs droits de
Dieu également, si c'est après avoir été interpelée que la personne se repent, la sanction
demeure applicable sur le plan temporel (bien que dans l'au-delà son repentir lui sera
bénéfique dans la mesure où le Prophète ne réclamera pas son droit). "وذﻟﻚ أﻧﻪ إذا ﻛﺎن
ﻛ ﺎ ن ا ﻟ ﻤ ﻐﻠ ﺐ ﻓ ﻲ ﻫ ﺬا ا ﻟ ﺤ ﺪ ﺣ ﻘ ﻪ ) ﺑ ﻤﻨ ﺰ ﻟ ﺔ،ﺻﻠ ﻰ ا ﻟﻠ ﻪ ﻋﻠﻴ ﻪ و ﺳﻠ ﻢ ﻗ ﺪ أ ﺑ ﺎ ح ا ﻟﻠ ﻪ ﻟ ﻪ أ ن ﻳ ﻌ ﻔ ﻮ ﻋﻨ ﻪ
، و إ ذ ا ﻛ ﺎ ن ا ﻟ ﻤ ﻐ ﻠ ﺐ ﺣ ﻘ ﻪ.( ﺳ ﺐ ﻏ ﻴ ﺮ ه ﻣ ﻦ ا ﻟ ﺒ ﺸ ﺮ ؛ إ ﻻ أ ن ﺣ ﺪ ﺳ ﺎ ﺑ ﻪ ا ﻟ ﻘ ﺘ ﻞ * و ﺣ ﺪ ﺳ ﺎ ب ﻏ ﻴ ﺮ ه ا ﻟ ﺠ ﻠ ﺪ
و ﻳ ﻘﻴ ﻢ ﺑ ﺎ ﻟ ﻌ ﻘ ﻮ ﺑ ﺔ،و ﻛ ﺎ ن ا ﻷ ﻣ ﺮ ﻓ ﻲ ﺣﻴ ﺎ ﺗ ﻪ ﻣ ﻔ ﻮ ﺿ ﺎ إ ﻟ ﻰ ا ﺧﺘﻴ ﺎ ر ه ﻟﻴﻨ ﺎ ل ﺑ ﺎ ﻟ ﻌ ﻔ ﻮ ﻋﻠ ﻲ ا ﻟ ﺪ ر ﺟ ﺎ ت ﺗ ﺎ ر ة
( وإذا ﻛﺎن ﻳﺠﻮز ﻟﻪ ]ﻓﻲ ﺣﻴﺎﺗﻪ[ أن ﻳﻘﺘﻞ* ﻫﺬا...) .ﻣﻦ اﻟﺤﺪود ﻣﺎ ﻳﻨﺎل ﺑﻪ أﻳﻀﺎ ﻋﻠﻰ اﻟﺪرﺟﺎت
و ﺗ ﻤ ﺤ ﻀ ﺖ ا ﻟ ﻌ ﻘ ﻮ ﺑ ﺔ، و ﻟ ﻪ أ ن ﻳ ﻌ ﻔ ﻮ ﻋﻨ ﻪ؛ ﻓﺒ ﻌ ﺪ ﻣ ﻮ ﺗ ﻪ ﺗ ﻌ ﺬ ر ا ﻟ ﻌ ﻔ ﻮ ﻋﻨ ﻪ،ا ﻟ ﺴ ﺎ ب ﺑ ﻌ ﺪ ﻣ ﺠﻴﺌ ﻪ ﻣ ﺴﻠ ﻤ ﺎ
( "ﺣﻘﺎ ﻟﻠﻪ ﺳﺒﺤﺎﻧﻪ ﻓﻮﺟﺐ اﺳﺘﻴﻔﺎؤﻫﺎ ﻋﻠﻰ ﻣﺎ ﻻ ﻳﺨﻔﻰAs-Sârim, p. 417) (* un autre avis
existe quant à la nature de la sanction applicable, nous l'avons cité plus haut) ;
-
--- cas ii) et si c'est une personne non-musulmane résidant en Dâr ul-
islâm qui a fait le Sabb du Prophète (sur lui soit la paix) ou d'un autre
prophète (par exemple elle a affirmé que Jésus était un fils
d'adultère : Ad-Durr ul-mukhtâr 6/347), alors :
--------- d'après les écoles hanafite et shafi'ite, c'est, alors, systématiquement une
sanction laissée à l'appréciation du juge qui est applicable à cette personne (As-
Sârim, p. 313) (cela sous réserve que cela ne va pas entraîner une mafsada plus grande
que celle qu'on entend réparer, comme expliqué plus haut). Et :
------------- d'après l'école shafi'ite, cette règle que nous venons de voir est applicable à
cette personne seulement lorsqu'elle regrette et dit revenir au pacte ('ahd) la liant en tant
que non-musulmane au pays musulman (Dâr ul-islâm) (As-Sârim, p. 330). Car, selon cette
école (comme d'après les écoles malikite et hanbalite), le Sabb rompt ce pacte (et c'est
alors une sanction plus grave qui est applicable d'après ces écoles) ;
------------- et d'après l'école hanafite, cette règle est systématique (As-Sârim, p. 10 ; cet
avis a été également cité dans Radd ul-muhtâr 6/345). Par ailleurs, d'après cette école, ce
13/14
Sabb constitue un délit mais ne rompt pas le pacte liant cette personne non-musulmane
au pays musulman (Dâr ul-islâm) (Ad-Durr ul-mukhtâr, 6/344-345). Par ailleurs, la rupture
du pacte n'entraîne pas, d'après l'école hanafite, une sanction aussi grave que c'est le cas
d'après les 3 autres écoles.
14/14