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UFR Arts, Philosophie, Esthétique

Département Théâtre
Université Paris 8 - Saint-Denis

Philippe HENRY
Maître de conférences HDR

Eléments méthodologiques
généraux et spécifiques
pour les cursus de Licence et de Master
en arts de la scène

Edition Juin 2010


Avertissement

Ce document rassemble divers outils méthodologiques conçus et précisés au fil de mes an-
nées d’enseignement au sein du département Théâtre de l’Université Paris 8 – Saint-Denis. La
nécessité de la mise en forme de tels outils est directement liée aux nombreuses difficultés
rencontrées par les étudiants à propos de la méthodologie universitaire.
Le lecteur trouvera donc d’abord quelques outils de base indispensables au travail univer-
sitaire dès la première année de Licence, suivis d’une présentation générale des principes de
la recherche qualitative pour les étudiants de Master. Ces outils généraux seront complétés
par quelques outils directement centrés sur une approche socio-économique du spectacle vi-
vant et des ses entreprises, dont une bibliographie générale concernant cette approche spécifi-
que.

Sommaire
1 - Rappel de quelques techniques qualitatives de base
du travail universitaire p. 2
11 - Recommandations pour une PRISE DE NOTES (cours ou séminaire) p. 2
12 - Recommandations pour une FICHE DE LECTURE p. 3
13 - Recommandations pour deux formes de COMPTE-RENDU p. 5
14 - Recommandations pour un COMMENTAIRE COMPOSE p. 7

2 – Principes de la recherche qualitative p. 8


21 - Eléments introductifs aux démarches de la recherche qualitative p. 8
211 - Spécificités générales d'une recherche qualitative p. 9
212 - Soubassement épistémologique d'une recherche qualitative p. 11
213 - La problématique comme bornage progressif d'une recherche qualitative p. 13
214 - Une posture méthodologique associant des procédures
de recueil et d'analyse qualitatives des données p. 16
215 - Pertinence et validité d'une recherche qualitative p. 21
Bibliographie indicative p. 23
22 - Schéma simplifié pour l'engagement d'une recherche p. 25
23 - Schéma d'évaluation globale d'un projet de recherche p. 26

3 - Canevas d’analyse socio-économique p. 27


31 - Canevas simplifié pour une première approche socio-économique
de démarches artistiques et culturelles p. 27
32 - Canevas plus détaillé pour la récolte de documents existants
et pour une première analyse systémique et fonctionnelle
de démarches artistiques et culturelles p. 28

4 - Bibliographie générale pour une approche socio-économique


des arts vivants p. 29
2

1 - Rappel de quelques techniques qualitatives de base


du travail universitaire

11 - Recommandations pour une PRISE DE NOTES (cours ou séminaire)

Prendre en notes un cours consiste à consigner par écrit, non pas le contenu exhaustif de
ce qui est dit, mais une série d'éléments significatifs de ce contenu et de la forme dans lequel
il est proposé.
Ainsi, on s'intéressera principalement aux éléments suivants : thèmes et sous-thèmes
abordés, données majeures à caractère descriptif, argumentaire développé (enchaînement des
principaux arguments à propos de chaque thème), références d'auteurs, de documents ou de
bibliographie associées, éléments significatifs de débats amorcés.
Plus qu'une impossible transcription systématique de ce qui est dit, la prise de notes est
donc déjà une activité analytique, sélective de la part de l'auditeur. La prise de notes consti-
tue à garder une première trace de ce qui s'est dit, afin de pouvoir mobiliser ultérieurement
sa mémoire du cours passé.
Cette prise de notes est alors complétée, impérativement et le plus vite possible (le jour
même, de préférence), par la constitution de notes définitives (compter une durée au moins
équivalente à la durée du cours proprement dit) :
Mise en forme de titres clairs et hiérarchisés, mise en exergue de mots-clé, résumés de ce
qui a été dit par l'enseignant tout autant que des réactions ou éléments de débat suscités,
schémas de synthèse, remise au propre des références documentaires proposées...
Mais aussi, en les distinguant au niveau de la mise en page ou de la typographie, ques-
tions et commentaires personnels induits pendant ou après le cours, éléments ou arguments
mal saisis ou mal compris (pour relance éventuelle de l'enseignant dans les cours suivants, ou
d'une recherche personnelle).
La constitution des notes définitives passe ainsi par une nouvelle écriture, plus dévelop-
pée, à partir de la première prise de notes et de la réactivation de la mémoire de l'étudiant.

Cet indispensable double travail prise de notes initiale / constitution définitive des notes
est le premier entraînement auquel l'étudiant s'exercera avec profit, la nécessaire répétition
de ce travail lui permettant d'améliorer rapidement ses capacités d'attention, de mémorisation
et d'analyse, indispensables à toute véritable formation personnelle en milieu universitaire.

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12 - Recommandations pour une FICHE DE LECTURE


La fiche de lecture consiste à garder la trace du contenu d'un texte, soit parce qu'on ne
peut pas disposer physiquement et en permanence de ce document, soit parce que sa version
intégrale n'est pas toujours utile au cours d'un travail de recherche ou d'écriture ultérieur.
Dans la mesure où les notes de lecture peuvent n'être utilisées que longtemps après leur pri-
se effective ou encore dans un autre contexte de recherche, un impératif de la fiche est de
chercher à ne pas (trop) dénaturer le texte initial au moment de sa transcription. On cher-
chera en tout cas constamment une transcription permettant, par la fiche de lecture, une relec-
ture suivie et cohérente du contenu du texte initial.
Plusieurs recommandations induites découlent de ces caractéristiques.

A - Identification normalisée et obligatoire du document


La fiche de lecture commencera obligatoirement par la mention des renseignements sui-
vants.
Pour un livre :
NOM prénom(s) de ou des auteurs, Titre intégral (souligné ou en italique), Col-
lection où a paru l'ouvrage (s'il y a lieu), Lieu d'édition, Maison d'édition, Date
de publication, Nombre de volumes (si > 1), Nombre de pages.
Variante simplifiée désormais courante :
NOM prénom(s) de ou des auteurs (Date de 1ère publication), Titre intégral (en
italique), Collection où a paru l'ouvrage (s'il y a lieu), Lieu d'édition : Maison
d'édition.

Pour un article ou un essai faisant partie d'un périodique ou d'un recueil collectif :
NOM prénom(s) de ou des auteurs, « Titre de l'article » (caractère "droit" et en-
tre guillemets), Titre de la revue (souligné ou en italique), Tomaison de la revue
(s'il y a lieu), n° de livraison où se trouve l'article, Période et Année de paru-
tion, Pages extrêmes du début et de la fin de l'article.

B - Reproduction du contenu du texte


* Pour garder trace du plan d'ensemble, il est fortement conseillé de prendre systématique-
ment note du titre des parties, des chapitres et des grandes sections du texte (et au moins de
celles qui font l'objet central de la fiche de lecture).
* Si l'on veut garder en l'état certains passages ou formulations du texte, ouvrir et fermer
toute citation par des guillemets et reproduire sans aucune modification le texte cité, même
s'il comporte une erreur manifeste. Des guillemets utilisés par l'auteur seront rendus par des
apostrophes dans la citation. Respecter aussi scrupuleusement la ponctuation utilisée et toute
marque typographique (dont souligné, en italique ou en gras - s'inventer éventuellement un
code personnel pour mémoriser ces formes -, majuscule, abréviation, etc. Dans une citation,
les crochets [...] sont à utiliser pour indiquer une suppression volontaire par le chercheur.
Bref, la règle absolue est de n'apporter aucune modification du texte, aussi minime soit-
elle, dans la citation.

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* Pour les formulations ou passage pour lesquels on ne désire pas conserver la trace de
l'expression complète et exacte, on réalisera des résumés locaux plus ou moins détaillés,
pouvant d'ailleurs reprendre largement les termes ou, en les condensant, des formulations
du texte initial.

Dans tous les cas, on sera attentif à établir des "raccords" entre les différents éléments
conservés, la fiche devant permettre une relecture suivie et cohérente parfois longtemps
après son élaboration.
Ces raccords pourront prendre plusieurs formes telles que : juxtaposition simple de phra-
ses tant qu'on est toujours sur un même thème particulier ; passage à la ligne quand on passe
à un autre thème particulier, distinct du précédent ; liaison des phrases par des connecteurs
logiques (mais, car, par ailleurs, etc.), mais qui soient en concordance avec l'argumentation de
l'auteur.
Même si l'on utilise des abréviations, on déconseille fortement les résumés sous forme de
condensés "télégraphiques" trop lapidaires, qui "laminent" bien trop l'orientation de pensée
de l'auteur (de ce point de vue, les verbes et les adjectifs qualificatifs sont souvent très im-
portants, et devront être un des points d'attention dans la confection de la fiche).
Ne pas oublier de noter aussi les références telles que les dates, les localisations, les au-
teurs cités qui situent un thème ou un argument de l'auteur.
* Systématiquement, mentionner tout au long de la fiche et dans une marge à gauche, la
ou les pages de référence d'où proviennent la citation ou les résumés élémentaires (là encore
en prévision d'une utilisation ultérieure de la fiche).

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13 - Recommandations pour deux formes de COMPTE-RENDU

A - LE RESUME
s'entraîner à percevoir et reformuler l'argumentaire d'un document.
Résumer un texte, c'est chercher à reformuler de façon condensée et à présenter le plus
clairement possible à un nouveau lecteur le sens et la logique générale d'un document donné.
Le résumé sera donc formellement défini par un format. Pour un livre, un format d'entraî-
nement intéressant consiste à se donner une contrainte de trente lignes pour chaque grand
chapitre du livre considéré.
Sur le fond, une analyse de contenu du livre sera nécessaire, préalablement à la produc-
tion du résumé proprement dit.
Quelle que soit la méthode d'analyse de contenu employée, celle-ci s'attachera utilement à
repérer la stratégie de segmentation spécifique du thème général (le plan). Une liste des
sous-thèmes, des différents aspects successifs abordés au fil des chapitres et au fil de chaque
section peut constituer un premier niveau de repérage utile. La segmentation d'un thème géné-
ral est généralement liée à un objectif de présentation progressive et la plus claire possible,
par l'auteur, de la complexité du propos et du thème exposés.
Mais cette analyse préalable s'attachera également avec profit à dégager les différentes
idées-force (ou arguments, propositions principales, idées centrales,...) qui sont successive-
ment énoncées par l'auteur et qui, dans leur enchaînement, forment la logique de sens géné-
rale (son argumentaire). Cette seconde structure permet à l'auteur de présenter le chemine-
ment de son raisonnement à propos du thème abordé.

C'est de cette double structure (plan et argumentaire) dont le résumé devra d'abord tenter
de rendre compte, sous forme condensée. En particulier et pour bien
faire sentir la cohérence de l'argumentaire, le résumé se présentera sous la forme d'un texte
totalement rédigé.
L'auteur du résumé cherchera donc assez exclusivement à rendre compte de ce qu'il croit
être le propos central de l'auteur du document (les impressions ou commentaires personnels
de l'auteur du résumé, à propos du contenu et de la forme du document étudié, n'ont ainsi pas
leur place dans un résumé).

B - LA SYNTHESE "stricte"
s'entraîner à comparer des sources distinctes.
Il s'agit assez exclusivement, dans cette forme, de proposer une lecture comparative des
propos contenus dans plusieurs documents initiaux donnés. La synthèse stricte n'est donc ni
une succession de résumés, ni un commentaire personnel composé sur l'ensemble des do-
cuments choisis. L'objet essentiel de la synthèse stricte étant la comparaison de plusieurs
sources, elle ne pourra se réaliser qu'à partir de documents pouvant justement donner lieu à
comparaison.
On conseillera ainsi à l'auteur d'une future synthèse de rassembler d'abord une série de do-
cuments qui se référent à une préoccupation commune (même si cette préoccupation com-
mune est assez "large" et n'apparaît pas à même niveau d'impor-tance dans tous les docu-
ments). Il s'agira donc de choisir d'abord des documents de départ, dont les champs thémati-
ques se recouvrent au moins partiellement.
Après ce premier choix, il sera indispensable d'effectuer une analyse de contenu de cha-
cun des documents choisis (cf fiche de lecture ou résumé).

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A partir de ces analyses de contenu, la méthode d'entraînement proposée consiste à déga-
ger ou définir de trois à quatre thèmes "transversaux", c'est-à-dire des thèmes qui sont
abordés, d'une façon ou d'une autre, dans plusieurs des documents choisis.
Ces thèmes, qui sont à "construire", serviront essentiellement de base de compa-raison
des documents. Il y a donc nécessairement une part de subjectivité dans le choix de ces thè-
mes de comparaison, une part d'interprétation personnelle des docu-ments par l'auteur de la
synthèse.
La synthèse proprement dite consistera finalement à présenter, dans un texte totalement
rédigé et pour chacun des thèmes de comparaison choisis, les similitudes et les différences
d'approche et de raisonnement relevables dans les documents. Dans la synthèse stricte, il
s'agit essentiellement d'en rester à une interprétation qui soit au plus près des idées et argu-
ments exposés dans les documents.
L'auteur de la synthèse stricte prendra alors soin d'étayer son propos, en précisant cons-
tamment l'auteur (ou le numéro du document - voir infra) de telle ou telle idée exposée. Si
l'auteur de la synthèse croit bon de donner à un moment une opinion personnelle explicite, il
s'attachera à trouver une forme où sa "propre voix" ne puisse jamais être confondue avec celle
des auteurs des documents initiaux.
L'étayage d'une idée essentielle passe souvent par de courtes citations pertinentes. Une ci-
tation doit toujours être présentée entre guillemets et sans aucune modification du texte cité.
Chaque citation est nécessairement suivie de sa référence. Pour ne pas alourdir le texte de la
synthèse, le plus simple est de numéroter les différents documents utilisés (dont le descriptif
normalisé doit toujours être mentionné au début ou à la fin de la synthèse - cf fiche de lecture,
§1) et d'indiquer, entre parenthèses et après la citation, ce numéro suivi de la page de réfé-
rence. Par exemple, le signe (3, 125) indiquerait que la citation qu'on vient de faire provient de
la page 125 du document 3.

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14 - Recommandations pour un COMMENTAIRE COMPOSE

Le commentaire composé consiste à développer un propos argumenté à partir d'un


document - source ayant préalablement fait l'objet d'une analyse de contenu (dont la
"fiche de lecture" et le "résumé" constituent deux formulations écrites).

Le travail commencera donc par une analyse d'un document de départ, dont le repérage
et la reformulation des principaux thèmes et arguments développés dans celui-ci. Le
commentaire composé proprement dit sera constitué de la reformulation de ces principaux
thèmes et arguments, que l'écrivant commentera par comparaison avec d'autres sources
(telles que notes de cours, autres lectures personnelles sur le sujet et fiches de lecture - résu-
més associés, mais aussi opinions recueillies sur le sujet, opinion personnelle de l'écrivant - ce
dernier "matériau" n'étant qu'un parmi d'autres et ne devant pas être exclusif en tout
cas).
Le commentaire composé se présentera ainsi sous la forme d'un texte complè-tement
rédigé, comportant plusieurs parties identifiées (par exemple, par des titres thématiques
précisés). S'il fait emploi de citations ou référence à des documents (dont le document - sour-
ce, évidemment), il devra impérativement comporter les identifications normalisées de
chacun des documents utilisés (cf recommandations au début de la "fiche de lecture" et en
fin de la "synthèse stricte").

Bien entendu, un commentaire composé peut partir non pas d'un, mais de plusieurs do-
cuments - sources. Dans ce cas, l'analyse de contenu préalable aura intérêt à se faire par mise
en forme d'une synthèse stricte. Y succédera l'écriture du commentaire composé proprement
dit, selon les recommandations données aux deux paragraphes précédents.

A contrario, une forme préalable au commentaire composé peut se présenter sous la


forme d'un texte double, comportant :
a/ Un résumé complet du document - source choisi.
b/ un commentaire général, mais qui sera néanmoins articulé en plusieurs parties
distinctes et qui tiendra compte des consignes d'identification normalisée des autres sources
utilisées.

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2 – Principes de la recherche qualitative

21 - Eléments introductifs aux démarches


de la recherche qualitative
Edition Juin 2008
(1ère éd. : novembre 1997)

La formation antérieure des étudiants en Etudes Théâtrales, leur histoire personnelle, les
phénomènes qu'ils cherchent à mieux appréhender les conduisent assez systématiquement à
définir des sujets pour leur Maîtrise, DEA ou Doctorat qui relèvent fondamentalement de la
recherche qualitative. Ce document a pour objectif de leur proposer quelques repères pro-
pédeutiques à propos de ce type de recherche, très présent dans les différentes sciences hu-
maines et sociales.

Pour réaliser cette mise en perspective, nous nous sommes servis de notre propre expé-
rience de chercheur, mais aussi des difficultés récurrentes repérées chez les étudiants engagés
dans une recherche. Vu le caractère volontairement très synthétique du présent document,
nous conseillons vivement aux étudiants de se reporter aux deux ouvrages généraux suivants :
* Pierre PAILLE & Alex MUCCHIELLI, L’analyse qualitative en sciences humaines et
sociales, Collection U, Paris : Armand Colin, 2003, 211 p.
* François DEPELTEAU, La démarche d’une recherche en sciences humaines : de la
question de départ à la communication des résultats, Bruxelles : De Boeck Université, 2000,
417 p.
Pour plus ample exploration, les étudiants pourront consulter avec profit :
* Yvonne GIORDANO (coord.), Conduire un projet de recherche. Une perspective qua-
litative, Cormelles-le-Royal : éditions EMS, 2003, 320 p.
* Alex MUCCHIELLI (dir.), Dictionnaire des méthodes qualitatives en sciences
humaines et sociales, Paris : Armand Colin, 1996, 280 p.

D'autres références bibliographiques sont signalées en fin de document, en particulier à


propos des précurseurs de la recherche qualitative et des disciplines qui y font centralement
appel. On insistera tout particulièrement sur les ouvrages de la Collection 128 / Nathan Uni-
versité comme introduction très utile à des pratiques et principes méthodologiques fondamen-
taux.

Notre formation d'Etudes Théâtrales propose deux options pour les Maîtrises, une dite
"théorique" et une autre dite "pratique". Au fil du texte, nous donnerons en notes de bas de
page quelques indications succinctes supplémentaires sur ce qui nous paraît être des spécifici-
tés du processus à mener en Maîtrise pratique.

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211 - Spécificités générales d'une recherche qualitative
Les deux termes courants de recherche qualitative et de recherche quantitative distinguent
deux pôles épistémologiques et méthodologiques, deux idéaltypes de travail. Plus que d'une
opposition artificielle et caricaturale, nous pensons qu'il faut plutôt envisager ces termes
comme désignant deux modes différenciés d'approche, dont la tension réciproque permet de
clarifier la nature et la pertinence de tel ou tel parti pris de recherche.

On peut alors donner quelques premiers traits majeurs et récurrents qui caractérisent dif-
férentiellement une recherche qualitative:
* Il s'agit généralement d'une recherche à dominante empirique, impliquant un contact
personnel et souvent prolongé du chercheur avec des acteurs et des milieux sociaux particu-
liers, directement ou/et par le biais des objets, traces ou documents concrets qu'ils ont pro-
duits.
* Une sensibilité particulière aux points de vue de ces acteurs ou milieux est d'autant plus
nécessaire que la recherche porte essentiellement sur les significations et la cohérence des
significations que l'on peut donner à certaines de leurs oeuvres ou actions concrètes. La dé-
marche relève donc très largement d'une approche compréhensive des phénomènes étudiés.
* Souvent ainsi, l'objet d'étude, quoique très référé à une réalité pratique singulière, sera
initialement défini de façon plutôt large et ouverte, les phénomènes humains n'étant pas des
en-soi facilement isolables et ne trouvant leurs significations que par inscription dans un
contexte qui peut être plus ou moins étendu selon les cas.

* Puisqu'il tente de comprendre des faits humains, toujours complexes, le chercheur doit
aussi essayer de limiter ses propres a priori (attitude de l'épochè, ou tentative pour aban-
donner, suspendre tout savoir et a priori préalables concernant le phénomène étudié), au mi-
nimum travailler à les expliciter et repérer plus précisément.
En particulier, une attention toute spéciale doit être accordée au langage parlé et écrit
qu'il utilise, dans la mesure où ce langage constitue toujours un outil incontournable et ma-
jeur, tant du recueil des données que de l'analyse compréhensive que le chercheur a pour ob-
jectif de réaliser.
De même, les langages parlés et écrits utilisés par les acteurs sociaux (et dans les milieux
sociaux) sont tout autant déterminants et à analyser soigneusement, dans la mesure où ils font
nécessairement parties intégrantes de l'objet étudié.
La recherche qualitative est en effet essentiellement basée sur l'interprétation de signes par
d'autres signes, et tout spécialement par l'analyse par des mots des données-signes recueillis,
sans véritable passage par des opérations de réduction et de calcul numériques1.
Cela ne veut d'ailleurs pas dire que des données numériques ne peuvent pas faire partie
des données recueillies. Mais il s'agira toujours plutôt d'en donner une interprétation compré-
hensive par un discours de mots articulés.

* L'aboutissement matérialisé de la recherche relève alors d'un récit, constitué à partir de


l'analyse des données recueillies, dans lequel les références tant pragmatiques que théori-

1 Les matériaux, formes et signes non linguistiques (en particulier moteurs, plastiques, sonores des
phénomènes) sont tout particulièrement cruciaux dans tout ce qui relève du domaine du théâtre et du
spectacle vivant. Ils ont d'ailleurs souvent une place décisive dans les recherches de type Maîtrise
pratique. Loin de les ignorer, il s'agit simplement de souligner ici, non seulement que ces aspects sont
toujours environnés et traversés par du langage (au sens linguistique de ce terme), mais aussi que
leurs interprétations par les acteurs sociaux et le chercheur passent néces-sairement par l'utilisation
de formes langagières.

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ques, et leurs articulations réciproques doivent être suffisamment apparentes, voire constituer
la part majeure de ce récit2.
On se trouve donc dans le domaine général de l'interprétation, et non dans celui de la
démonstration sur la base du traitement numérique de variables discrètes et quantifiées.
L'analyse des données tend ainsi plus à la description et à la théorisation des phénomè-
nes étudiés, qu'à la saisie de résultats à partir d'une expérimentation prévue pour être repro-
ductible. En effet, les faits humains et sociaux qui intéressent la recherche qualitative ne sont
généralement pas de nature reproductible. Cela ne veut d'ailleurs pas dire que le chercheur ne
saurait déceler et analyser qualitativement, dans une série de faits étudiés, des récurrences,
des tendances lourdes qui peuvent être grosses de signification.

* Finalement, la recherche qualitative est un processus de découverte et de validation,


bien plus qu'un processus relevant de la logique de la preuve.
C'est pourquoi les problématiques de ce type de recherche sont souvent au départ assez
extensives, ouvertes et se transforment peu à peu au cours du travail. Le plus souvent donc, ce
n'est que progressivement qu'une nécessaire problématique plus précise et cernée se cons-
titue.
De la même façon, le parcours et la définition de la méthodologie évoluent au fil de la re-
cherche et des interprétations auxquelles aboutit peu à peu le chercheur. Parce que ce type de
recherche relève d'un lent processus de découverte et de validation, il est également fréquent
que les phases de recueil de données et celles d'analyse-interprétation soient en chevauche-
ment. Comme pour les autres aspects constitutifs de la recherche, la définition de plus en plus
arrêtée de la méthodologie se fait donc essentiellement selon un processus dialogique, et
plus largement systémique.

* Par rapport à la recherche quantitative, la recherche qualitative vise donc plutôt l'appro-
fondissement et la compréhension de situations concrètes particulières (et non la mise à
jour de lois générales à partir d'un échantillon le plus ample possible de situations compara-
bles, ou à partir d'une situation expérimentale reproductible3). Elle exige de prendre en comp-
te et d'étudier le contexte souvent complexe des phénomènes étudiés (et non de poser le
contexte comme une donnée constante et établie). Elle engage à s'immerger dans la com-
plexité du phénomène étudié et à tenter de la comprendre (plutôt que de se limiter à la recher-
che des corrélations entre quelques variables nécessairement plus restrictives). Elle privilégie
une logique de la découverte (plutôt qu'une logique de vérification); elle envisage la dynami-
que des phénomènes étudiés en référence à un principe de causalité circulaire, locale et
symbolique (par différence à un principe de causalité plus linéaire et de mise à jour de corré-
lations entre variables discrètes). Elle s'attache centralement à dégager des interprétations de
données considérées dès le départ comme complexes et riches (et non comme variables loca-
lisées, construites et susceptibles d'un traitement numérisé). Elle reste fortement consciente
que son principal outil méthodologique est le chercheur - dont son langage parlé et écrit -
(bien plus qu'un jeu de procédures normalisées, générales et reproductibles par d'autres cher-
cheurs).

2 Si le travail final de Maîtrise pratique comporte toujours une présentation de matériaux théâtraux
(éléments de travail d'acteur, de mise en scène, d'écriture dramatique, de scénographie,...), il comporte
aussi nécessairement la production d'un texte écrit, récit explicatif et plus ou moins théorisant ayant
pour objet de rendre compte et d'interpréter le parcours de recherche, de dégager les significations de
l'expérimentation pratique.
3 Cet aspect est particulièrement sensible dans les Maîtrise pratiques, basées sur une expérimentation
singulière et créative à propos d'un aspect ou d'un thème particulier de travail théâtral. De ce point de
vue, les nécessaires répétitions d'actes "artisanaux" qu'implique toute invention artistique sont
d'une autre nature que le caractère méthodologiquement reproductible des expérimentations de la re-
cherche quantitative.

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212 - Soubassement épistémologique d'une recherche qualitative


Ce type de recherche s'intéresse donc fondamentalement au sens et à la portée symboli-
que et praxique des actions, gestes et productions des acteurs sociaux, individuels ou col-
lectifs. Elle prend acte de l'hétérogénéité et de la complexité constitutives des faits humains.
Elle considère centralement les faits humains comme des situations particulières d'inte-
raction entre des hommes, mais aussi entre les hommes et leurs productions spirituelles et
matérielles (y compris donc symboliques et institutionnelles, mais aussi technologiques), en-
tre les hommes et leur environnement écologique (dont culturel). En tout cas, les acteurs so-
ciaux sont compris comme parties intégrantes de ces situations. Celles-ci sont alors le siège
de processus de signification, enclenchés par les acteurs, significations qu'il s'agit au moins
partiellement d'élucider ou de mettre à jour.
Elle postule en outre que l'être humain est capable à tout moment, s'il s'en donne les
moyens, d'appréhender le vécu et le ressenti d'autres humains. Elle postule donc la possibilité
d'une intercompréhension humaine, y compris dans la relativité introduite par tous les biais,
transformations, approximations qui se jouent au sein même d'une telle dynamique de com-
préhension des autres.

La recherche qualitative comprend alors toujours des moments de saisie intuitive de signi-
fications portées par les faits humains. Elle exige nécessairement une attitude empathique
vis-à-vis de ces faits et des acteurs sociaux qui y sont concrètement investis. Mais cette pre-
mière saisie par relation empathique n'est que le point de départ d'un effort d'élaboration de
synthèses progressives, qui tentent de dégager peu à peu une interprétation compréhensive
des phénomènes étudiés.
Cette approche est finalement réglée par un mode d'interprétation qui doit resituer les si-
gnifications du phénomène local et concret étudié dans un ensemble plus général de préoc-
cupation, soit par mise en relation systémique des éléments propres à ce phénomène dans
une schématisation modélisante particulière (pouvant aller jusqu'à ce qu'on appellera la pro-
position d'une théorie), soit par articulation de ces éléments à des ensembles signifiants plus
généraux (qui proviennent du ou des contextes généraux dans lesquels le phénomène étudié
est englobé, ou bien de sa mise en résonance avec des théories déjà formulées).

Le véritable paradigme compréhensif qui sous-tend la recherche qualitative s'est consti-


tué d'abord par réaction au paradigme positiviste (positivisme du 19ème siècle et positivis-
me logique du 20ème siècle), pour prendre un premier essor en début de notre siècle (Ecole
de Chicago en particulier) et se renouveler fortement à partir des années 1960 (interaction-
nisme symbolique et ethnométhodologie en particulier).
En effet, le positivisme est pour partie caractérisé par une méthode expérimentale, basée
sur des critères assez stricts et rigoureux d'objectivité, de quantification et de cohérence inter-
ne propres à cette démarche. Les faits relèvent dans cette optique d'une observation expéri-
mentale, considérée comme relativement neutre par rapport à une réalité, elle-même considé-
rée comme extérieure au sujet observant. La subjectivité de ce sujet peut donc être prati-
quement éliminée par un jeu de procédures strictes et la mise à jour des concordances d'ob-
servation ou des résultats d'expérimentation, menées par plusieurs chercheurs indépendants
(entre eux et vis-à-vis des faits étudiés). Cette approche a bien entendu une réelle pertinence
et a montré sa propre validité, en particulier pour la compréhension des faits physiques et
naturels. Elle a néanmoins pour effet de tendre à la réduction du complexe à un ensemble
d'éléments plus simples, de l'hétérogène à des formes plus homogènes, de la compréhension à
une logique par trop exclusivement causale et strictement factuelle.
Au contraire, face aux phénomènes humains et sociaux qui sont au centre de ses préoccu-
pations, l'approche compréhensive considère qu'une objectivité radicale est hors de propos
dans ses domaines d'exploration. Plutôt que de fonder sa démarche sur une observation expé-

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rimentale, réglée et systématique d'un grand nombre de faits de même nature, elle revendique
pour les faits humains et sociaux une pertinence de l'observation participante, où le cher-
cheur a justement une forte conscience de participer aussi aux événements et processus qu'il
étudie. Une des conséquences induites par cette position, c'est que les méthodes mobilisées
par le chercheur doivent lui permettre de traiter cette subjectivité personnelle inhérente,
d'élucider et de comprendre au moins pour partie cette réciprocité de détermination entre le
processus observé et sa subjectivité observante. Au-delà des méthodes mises en jeu, c'est aus-
si à une définition assez spécifique des critères de validité de la recherche que cette approche
conduit nécessairement (nous reviendrons, dans notre dernière section, sur ces deux questions
de la pertinence et de la validité).

Finalement l'approche compréhensive relève plus d'une démarche inductive que d'un
simple raisonnement déductif. Pour accéder à la compréhension, même relative et partielle,
des processus de construction de la réalité sociale par les êtres humains eux-mêmes, cette
approche souligne fortement le rôle actif incontournable de la conscience des acteurs,
comme des processus d'élaboration, de reproduction et de transformation des significa-
tions qu'ils mettent en oeuvre dans leurs situations et contextes concrets d'existence. Tous ces
processus, intimement liés à l'activité même des sujets humains, sont alors considérés par
l'approche compréhensive comme partie intégrante de l'engendrement même de la réalité et
des faits humains. De ce point de vue, l'approche compréhensive rejoint les principes direc-
teurs de l'interactionnisme symbolique.
La recherche qualitative ne peut donc jamais prétendre qu'à proposer de nouvelles inter-
prétations signifiantes de réalités qui se sont déjà largement construites en-dehors d'elle, et
que l'apport de la recherche ne fait finalement qu'enrichir dans un processus d'interrelation a
priori sans borne absolue et définitive. Loin d'ailleurs d'une vérité prétendument stabilisée,
l'interprétation proposée par une recherche qualitative a comme devenir inéluctable, dans le
pire des cas d'être ignorée par les milieux concernés ou ceux de la recherche, dans le meilleur
d'être à nouveau reprise dans un jeu d'assimilation sociale ou de relance de nouveaux essais
d'interprétation par d'autres chercheurs.

Face à cette complexité d'interaction et au jeu croisé inhérent de multiples subjectivités, il


est alors nécessaire de préciser de nouveaux repères de la recherche qualitative, si l'on ne veut
pas tomber dans le risque d'un relativisme radical des connaisances qui renverrait ce type
d'approche à un pur jeu sans importance, autre que celle qui se manifeste couramment dans
n'importe quelle situation concrète d'intersubjectivité entre quelques acteurs très particuliers
(un jeu qui ne pourrait finalement prétendre à aucune pertinence ou validité à caractère
scientifique).

Philippe HENRY – Eléments méthodologiques – Edition Juin 2010


13
213 - La problématique comme bornage progressif
d'une recherche qualitative
Etablir une problématique, c'est tout à la fois préciser un objet d'étude et un mode de tra-
vail sur cet objet,
qui dépassent tout en l'incluant le simple intérêt personnel et subjectif du chercheur,
qui font apparaître une cohérence interne entre les particularités inhérentes à l'objet
étudié et le mode de traitement qu'on voudrait lui appliquer,
qui inscrivent socialement le projet de recherche par référence à des travaux anté-
rieurs.

Face à une définition initiale, très souvent imprécise, d'un objet possible d'étude (en par-
ticulier chez les jeunes chercheurs), la démarche conseillée est :
a - de partir de réalités ou situations empiriques déjà existantes (événement culturel ou
social observable et particulier, ouvres d'art singulières,...). A terme, ces éléments (ou certains
d'entre eux) constitueront la référence empirique centrale de la recherche.
b - d'établir simultanément une première recension d'études et d'écrits déjà produits et
en résonance plus ou moins proche avec les éléments précédents, qui proposent chacun une
délimitation spécifique d'un objet, du type de contexte pris en compte et d'une démarche as-
sociée pour explorer cet objet4. A terme, ces éléments (ou certains d'entre eux) constitueront
la référence théorique centrale de la recherche.
En recherche qualitative, ce n'est pas tant l'exhaustivité (d'ailleurs toujours relative) de la
recension des études portant sur un objet délimité et précis qui est à viser. Il s'agit plutôt de
s'aider de centres d'intérêt pratique, de travaux déjà réalisés pour redessiner, par recoupement,
intersection, mais aussi par défaut de prise en compte un nouveau contour possible (qui
prendra parfois plusieurs mois avant d'être totalement stabilisé) d'un objet de recherche à
mener et des dimensions contextuelles qui seraient à privilégier. Cette double démarche ini-
tiale devrait également permettre au chercheur de choisir et formuler assez vite une grande
question à propos de son objet de recherche (comme les autres éléments, cette grande ques-
tion subira sans aucun doute des transformations au fil de la recherche).
Ce triangle objet d'étude (dont référence empirique) - dimensions contextuelles privilé-
giées - grande question directrice a pour objectif et avantage de constituer ce que nous appel-
lerons une "ancre flottante", qui prend en compte le désir subjectif du chercheur, mais qui
simultanément commence à le transformer, le positionner et l'inscrire dans l'espace déjà so-
cialisé des recherches antérieures.

Pour définir, préciser peu à peu ce triangle, et plus particulièrement la grande question qui
servira d'axe directeur à la problématique, on pourra par exemple soumettre l'objet choisi à un
questionnement par balayage rhétorique (du type qui, quoi, pourquoi, comment, où,
quand, quel contexte,...), engager dès les premières explorations d'études ou de données un
questionnement heuristique (centration et interrogation sur l'intensité de l'expérience du
phénomène, telle que vécue par le chercheur, de façon à dégager un axe de préoccupation
personnelle, mais intimement lié à la dynamique de l'objet de recherche), mobiliser un ques-
tionnement critique (dont, fondamentalement, interrogation sur la façon dont s'énonce lin-
guistiquement le projet d'étude, sur chacun de ses mots, ce qui ouvre généralement "en cas-
cade" toute une série de questions sur l'adéquation entre le réel et le langage, de remises en
cause du langage commun ou du langage savant utilisé dans la définition de l'objet de recher-
che).

4 Pour les Maîtrises pratiques (mais souvent aussi pour les théoriques), on a tout intérêt à inclure des
oeuvres ou productions théâtrales comme référence empirique, tout en prenant soin de collecter à
leur propos des études et écrits liés à leur contexte (historique, esthétique, socio-économique,...) qui
peuvent tout particulièrement nourrir la référence théorique de la recherche.

Philippe HENRY – Eléments méthodologiques – Edition Juin 2010


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En recherche qualitative, il vaut mieux également édifier peu à peu sa problématique à par-
tir d'un triangle qui s'ancre explicitement dans des réalités et des questions perçues comme
très concrètes (par le chercheur, les études recensées ou les acteurs et milieux sociaux impli-
qués). De ce point de vue, le chercheur pourra utilement compléter son choix de situations
empiriques existantes et sa recension d'études déjà réalisées par une série d'entrevues avec
des acteurs sociaux qui lui semblent très informés sur le type de réalité qu'il veut étudier.
Cette démarche de confrontation du désir initial du chercheur avec des réalités existantes, des
travaux réalisés, avec des acteurs sociaux impliqués est sans doute une des voies les plus sû-
res pour que son projet trouve sa propre originalité, tout en l'inscrivant dans un espace déjà
plus objectivé, et en le référant dès le départ à des réalités et des questions sociales forte-
ment pertinentes5.

Dans sa forme progressivement aboutie, la problématique se présente finalement comme


une mise en relation argumentée de considérants, référés à des études antérieures et des
expériences extérieures au chercheur, et qui permettent d'énoncer un réel problème de re-
cherche (une grande question). C'est la nature et l'agencement des considérants choisis et du
problème dégagé qui marqueront le plus l'originalité propre du chercheur et du travail qu'il
compte entreprendre.

Ce qu'il faut bien voir, c'est que la logique de découverte, d'exploration, de construction in-
terprétative et émergente qui caractérise la recherche qualitative induit plusieurs conséquen-
ces fortes. Une de celles-ci est que le travail de définition et de conceptualisation du projet
d'étude s'élabore pour partie sur la base de matériaux empiriques in situ (qui existent et sont
repérés dans le vécu concret des acteurs et des milieux sociaux), pour lesquels on ne dispose
justement pas de grilles de lecture préétablies. Quels que soient les études et écrits anté-
rieurs qui entrent en résonance avec l'objet d'étude choisi, la recherche qualitative considère
qu'un nouvel examen, un nouveau mode d'interprétation de cet objet sont toujours possibles.
Souvent, ces études et écrits antérieurs ont d'ailleurs eux aussi dû effectuer un travail de
conceptualisation empirique de leur objet, à partir des matériaux in situ auxquels ils ont été
confrontés. C'est dire que ces travaux passés ne sont pas d'abord à prendre, par le chercheur,
comme des modèles établis, dont il s'agirait de vérifier à nouveau l'exactitude et la pertinen-
ce. Leur rôle essentiel est surtout de permettre au chercheur de dégager et de préciser sa pro-
pre sensibilité théorique (son propre mode d'approche théorique), par proximité ou écart
avec les options et les modes d'interprétation déjà effectués à propos de l'objet choisi et de
certaines de ses dimensions contextuelles6.

Dans ces conditions, la problématique et l'objectif associé de la recherche gardent souvent


un caractère encore large et ouvert. Si l'inspiration du chercheur et les considérants de la

5 La "concrétude" initiale de certains sujets de Maîtrise pratique peut n'être que simplement apparente,
ou pour le moins trop partielle. Celle que nous évoquons ici relève plutôt du lien à établir entre, d'une
part le sujet d'étude choisi, et d'autre part des acteurs sociaux et des éléments de contexte actuel ou
passé. Nous pensons en tout cas que c'est par (dans) ce lien que peuvent le mieux émerger des préoc-
cupations praxiques ou/et théoriques véritablement situées "à la croisée" du désir du chercheur et de
l'environnement social actuel dont il fait nécessairement partie.
6 En outre et pour les Maîtrises pratiques, le contact établi avec des études et écrits antérieurs, mais
aussi avec des oeuvres artistiques déjà réalisées doit permettre au chercheur de dégager et préciser sa
propre sensibilité pratique, c'est-à-dire le mode d'approche expérimental, pratique et créatif, qu'il
souhaite et peut mettre en oeuvre. Ce qui fait une des difficultés majeures de ce type de Maîtrise,
c'est que les matériaux empiriques et les études théoriques auxquels le chercheur se confronte vont
induire sa propre production créative et subjective. La nécessaire autoanalyse qui s'ensuit conduit
d'autant plus alors à souligner l'importance décisive de tous les points d'appui "extérieurs" dont le
chercheur doit s'aider.

Philippe HENRY – Eléments méthodologiques – Edition Juin 2010


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recherche sont d'abord à trouver auprès de réalités empiriques, d'acteurs et de milieux sociaux
concrets, à partir d'études antérieures optant pour l'approche compréhensive, il en résulte aus-
si que l'argumentation qui fonde la problématique se constitue progressivement selon une
dynamique "en entonnoir", aboutissant finalement à un "goulot large".
Cela veut aussi dire que la grande question, non seulement évolue, mais encore apparaît
généralement toujours comme assez englobante dans sa forme terminale. Cela veut égale-
ment dire que les hypothèses de travail, c'est-à-dire les réponses en partie intuitives que le
chercheur donne à la grande question qu'il se pose, ont elles aussi un caractère initial souvent
global et peu précis.
En tout cas et en début de recherche, le risque est de s'enfermer dans une définition trop
précisément ciblée du projet d'étude, dans des hypothèses de travail et des grilles de lecture
préalables trop nettement formalisées. L'expérience prouve que, dans ce cas, la recherche
sera soumise presque nécessairement à une ou plusieurs bifurcations, souvent radicales et qui
amènent le chercheur à reprendre tout ou partie du processus qu'on vient d'évoquer. Inverse-
ment, croire que la problématique apparaîtra "spontanément" de la seule expérience et sensi-
bilité empirique, intuitive du chercheur, sans confrontation à des réalités concrètes et des
études antérieures, est un risque majeur symétrique qui peut en particulier "engloutir" les jeu-
nes chercheurs.

Finalement, le chercheur n'oubliera jamais qu'une étude qui prétend à une certaine scienti-
ficité doit se fonder sur la délimitation (même relative) d'un objet particulier, à propos
duquel on se pose une grande question (une question de nature assez concrète, même si elle
reste générale, vis-à-vis du fonctionnement et de la signification de l'objet, une question qui
doit être "directement compréhensible" pour un grand nombre d'acteurs sociaux impliqués
dans ou par cet objet), question pour laquelle on formule une série d'hypothèses de travail
(des réponses "prématurées", un diagnostic provisoire, qui devront justement être étayés ou
infirmés, transformés à l'issue de la recherche en une interprétation cohérente et pertinente)7.
Le chercheur gardera également constamment en conscience que les faits humains et so-
ciaux ne "parlent" (voire, n'"apparaissent") que si on les interroge. Une recherche n'est alors
rien d'autre que le choix d'une question, parmi une multitude de questions possibles, choix
toujours lié d'une façon ou d'une autre à l'histoire personnelle du chercheur. On pourrait mê-
me dire que le choix définitif de l'objet d'étude, des données et matériaux particuliers (le cor-
pus de travail) qui l'objectiveront concrètement, des méthodes de recueil et d'interprétation
qu'on appliquera s'opère toujours à partir des problèmes que le chercheur perçoit et de sa ca-
pacité à décider de la question essentielle autour de laquelle il centrera tout son travail d'ex-
ploration méthodique, comme de production et d'interprétation signifiantes.

7 Les hypothèses de travail, pour les Maîtrises pratiques, comportent en quelque sorte deux "étages".
C'est que les premières réponses intuitives à la grande question doivent pouvoir assez directement
déboucher sur ce que nous appellerons des hypothèses d'expérimentation pratique et créative. Plus
encore que pour les Maî-trises théoriques, le chercheur en Maîtrise pratique a en effet à produire une
partie des matériaux qui serviront par la suite de données à interpréter. C'est en tout cas une des autres
difficultés majeures que le chercheur a à résoudre, difficulté qui se situe exactement à l'articulation de
la question de la problématique et de celle des méthodes de recueil (et, dans le cas d'espèce, de pro-
duction) des matériaux et données de la recherche.

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214 - Une posture méthodologique associant des procédures
de recueil et d'analyse qualitatives des données
Le but essentiel d'une recherche qualitative est d'expliciter en compréhension, de proposer
une interprétation signifiante spécifique d'un phénomène humain ou social. En général, ce
phénomène n'a pas une "matérialité" qui le rende directement "visible", appréhendable, étu-
diable scientifiquement (cette question se pose aussi, mais à un degré d'intensité souvent bien
moindre, pour les "objets" étudiés en sciences physiques et de la nature). Les phénomènes
humains et sociaux relèvent donc essentiellement de faits qualitatifs, qui demandent de réels
efforts intellectuels, d'abord pour les mettre à jour, pour les constituer en objet d'étude
scientifique, pour en donner enfin une interprétation compréhensive8.
Par ailleurs, les instruments de la recherche qualitative sont intégrés à la personne même
du chercheur. Impliqué et comme "immergé" dans sa recherche, le chercheur ne dispose pas
spontanément d'une "distance objective" à son objet d'étude. Enfin, la "vérité" que le cher-
cheur tente d'établir est fondamentalement déjà chargée potentiellement des significations,
du vécu, du fonctionnement des acteurs et milieux sociaux dont on a "extrait" l'objet d'étude.
Ces différentes caractéristiques conduisent alors à donner toute son importance aux diffé-
rentes étapes d'une recherche qualitative. Si ces étapes peuvent se présenter sous la forme
d'une succession temporelle, dans la mesure où la recherche est bien un processus réglé qui
évolue dans le temps, il n'en reste pas moins qu'elles constituent de fait un véritable proces-
sus systémique. Interactions entre les phases du processus (pas d'"isolation" stricte de cha-
cune des phases), nécessité constante de cadrage et de recadrage des éléments (un phénomè-
ne n'est compréhensible que resitué dans un ensemble qu'il s'agit de délimiter), causalité cir-
culaire et non simplement linéaire (chaque élément est pris dans un jeu complexe d'action et
de rétroaction), fonctionnement homéostasique (chaque phase ou sous-système a néanmoins
ses propres règles de fonctionnement qui tendent à en assurer la pérennité dans le temps),
dimension paradoxale (chaque phénomène est simultanément contraint et autonome, organi-
sé et organisateur, informé et informant). Ce n'est donc pas le strict suivi linéaire des étapes
que nous allons rapidement évoquer qui, à lui seul, conduira à la logique de structuration et
d'interprétation émergentes qui reste pourtant bien un des traits essentiels de la recherche
qualitative.

Ces remarques préliminaires étant posées, le chercheur peut s'aider du modèle suivant, qui
segmente le processus systémique d'une recherche en une petite dizaine d'étapes différen-
ciées:
* L'analyse du problème en général recouvre le temps que nous avons déjà signalé de
centration de l'intérêt sur des réalités empiriques déjà constituées; de première recension et
analyse d'études ou écrits permettant au chercheur de mieux préciser et cadrer, par proximité
ou écart, son propre projet; d'entretiens avec des acteurs sociaux déjà très informés sur le do-
maine ou l'objet d'étude choisi; de formulation et d'interrogation sur les premières intuitions
du chercheur.
L'entretien non directif centré, l'analyse thématique de contenu (débouchant, par exemple,
sur des fiches de lecture ou des résumés), la constitution d'une série de mots-clé, l'interroga-
tion sur la signification de chacun de ces mots et sur l'adéquation de ces mots aux réalités
désignés font partie des techniques qualitatives qui peuvent être ici mobilisées.
* La formulation initiale de la problématique s'attache à faire une première sélection des
considérants qui semblent utiles de prendre en compte, à choisir aussi les mots-clé à partir
desquels seront explicitement désignés l'objet d'étude envisagé (cadrage de l'objet et des di-

8 Les Maîtrises pratiques sont exemplaires du fait que les faits qualitatifs nécessitent d'être mis à jour -
pour ne pas dire produits - , dans la mesure où toute la partie expérimentale de ce type de recherche
consiste justement à inventer - construire un ensemble de matériaux de nature théâtrale.

Philippe HENRY – Eléments méthodologiques – Edition Juin 2010


17
mensions contextuelles prises en compte), la grande question qui fournira l'axe directeur d'in-
terrogation de l'objet, les premières hypothèses de travail intuitives du chercheur9.
Le travail d'introspection, constamment relié aux éléments extérieurs déjà recueillis, l'ana-
lyse sémantique des termes utilisés, la formulation de propositions grammaticales, leur hié-
rarchisation et articulation par mise en jeu de connecteurs logiques sont autant de techniques
qualitatives pertinentes pour cette étape.
* Un nouveau recueil de données10 permet de commencer à constituer le corpus de tra-
vail objectivé sur lequel se fondera la suite de la recherche.
La poursuite du recueil de nouvelles références empiriques, d'études et d'écrits passés, du
repérage des "experts" du domaine, des entretiens individuels ou de groupe (qu'il est conseillé
d'enregistrer pour en garder une trace tangible) amène à la constitution d'une documentation
préliminaire déjà fournie. Ce matériau doit au moins faire l'objet d'analyses thématiques de
contenu, à partir desquelles un certain nombre de synthèses strictes peuvent être opérées.
Des petites "immersions" dans les milieux sociaux relevant de l'objet d'étude sont souvent
aussi très riches d'enseignement, dont le chercheur aura toujours intérêt à garder des traces
(écrites, sonores ou visuelles) dans ce qui constituera l'amorce de son journal de bord.
* Une reformulation de la problématique s'avère indispensable à ce stade. Elle consiste
à rectifier et préciser la problématique initiale, selon les matériaux recueillis à ce stade, qui
génèrent souvent eux-mêmes de nouvelles intuitions du chercheur et une orientation plus dé-
terminée de la sensibilité théorique qui va le conduire11.
Cette reformulation est à compléter par un choix plus informé et conscient des techniques
de recueil et d'analyse de données, dont le chercheur se sent capable et qui lui paraissent
adaptées à l'objet de sa recherche.
* Le choix définitif des méthodes de recueil de données (dont, des enquêtes in situ12) se
fait par référence à la nouvelle formulation de la problématique, et en particulier d'après les
différentes dimensions du phénomène qui apparaissent désormais indispensables à explorer
de façon plus approfondie.
Dans cet esprit, le chercheur pensera à une stratégie de triangulation, qui consiste à mobi-
liser et combiner plusieurs types de recueil de données de façon à compenser les biais inhé-
rents à chacun d'entre eux.
Face à la nécessité constante de faire des choix parmi toutes les données possibles qu'on
peut recueillir sur un phénomène particulier, le chercheur aura également toujours à l'esprit la
question de la saturation de son corpus de travail (dont, quand il y a utilisation de techniques
d'enquêtes in situ, la saturation de l'échantillonnage retenu). Cette notion de saturation renvoie
à la situation (et au moment) où le chercheur constate (et juge) que de nouvelles données ne
déclenchent plus une compréhension améliorée du phénomène étudié. C'est un des signes où
le chercheur doit reconnaître (et décider) d'arrêter la mise en oeuvre des techniques de recueil.
* La phase proprement dite de recueil intensif de données13 (dont effectuation des enquê-
tes de terrain, s'il y a lieu), qui permettra de constituer le corpus définitif de travail, est pra-
tiquement toujours accompagnée du début d'une analyse (même très globale et intuitive) du
matériau recueilli.
On conseille donc au chercheur, tout en restant essentiellement centré sur le recueil d'in-
formations, de développer systématiquement un journal de bord14. Ce journal a pour objet

9 Et les premiers protocoles d'expérimentation pratique et créative, pour les Maî-trises pratiques.
10 Et la mise en oeuvre des premiers protocoles d'expérimentation pratique et cré-ative.
11 Comme de la propre sensibilité pratique qu'il compte et peut mettre en oeuvre.
12 Et la définition de nouveaux protocoles d'expérimentation pratique et créative.
13 Ou d'expérimentation pratique et créative intensive.
14 Cet outil du journal de bord nous semble singulièrement essentiel pour les recherches de Maîtrise
pratique.

Philippe HENRY – Eléments méthodologiques – Edition Juin 2010


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de consigner, tout particulièrement au long des phases où le chercheur est au contact direct
des acteurs et des milieux sociaux, des traces diverses de ses propres impressions, d'éléments
partiels de diagnostic, de la façon dont se déroulent et se vivent qualitativement les relations
aux acteurs impliqués par la recherche. Mais ce journal peut aussi utilement garder la trace
des interrogations méthodologiques qui se font jour, des recadrages du projet qui s'opèrent au
fil du temps, des modifications de stratégie d'observation et de méthode auxquelles le cher-
cheur est conduit. Ce journal constitue enfin un support utile où le chercheur notera ses nou-
velles intuitions théoriques, les bribes d'interprétation qui lui viennent à l'esprit, les bifurca-
tions et les articulations signifiantes éventuelles qui lui apparaissent. En particulier dans les
recherches menées au contact direct du terrain, le journal de bord est à considérer comme
partie intégrante du corpus de travail, ne serait-ce que parce qu'il facilite le repérage et le
fonctionnement de la dialectique implication - mise à distance du chercheur, dont on a déjà
dit qu'elle est un des traits majeurs (et une des difficultés centrales) de toute recherche quali-
tative.
* Au moment où la saturation des données devient perceptible (à cause de l'hétérogénéité
fréquente des aspects impliqués dans le phénomène étudié, souvent la saturation n'arrive pas
d'un seul coup, tel aspect du phénomène pouvant être "couvert" bien avant tel autre), le cher-
cheur doit commencer à redistribuer son temps pour se centrer désormais sur des analyses
qualitatives (pouvant d'ailleurs être associées à des analyses quantitatives) du matériel re-
cueilli15.
Plutôt que de "techniques", peut-être vaut-il mieux parler ici d'attitude analytique. Le
chercheur doit en tout cas rester conscient que si grille cohérente de lecture il y a, ce n'est
généralement qu'à la toute fin de la recherche qu'elle pourra être vraiment explicitée, qu'elle
ne se constitue en tout cas que progressivement au long du processus de recherche.

L'analyse qualitative des données saturées recueillies commence généralement plutôt par
une "lecture flottante" de tout le corpus de travail. Cette lecture (ces lectures, car il faut sou-
vent s'y reprendre à plusieurs fois) sont en tout cas à consi-dérer comme un préliminaire ins-
trumental, nécessairement incomplet, mais qui se révèle souvent très productif.
Fréquemment aussi, cette phase peut correspondre à un nécessaire moment de déstructu-
ration des intuitions ou hypothèses de travail initiales. Car, s'il s'agit bien de dégager une
nouvelle interprétation du phénomène étudié, c'est bien une attention d'abord flottante, puis de
plus en plus soutenue aux structures et significations émergentes qu'il s'agit de laisser ad-
venir. Et celles-ci, pour apparaître, exigent très souvent du chercheur qu'il accepte l'abandon
de toute une série de présupposés (explicites, ou non, dans la problématique) qui avaient
conduit le début de sa recherche. Moment délicat, qui peut durer un certain temps et qui n'est
pas toujours facile à vivre, mais qu'il faut accepter pour qu'une interprétation véritablement
nouvelle puisse peu à peu émerger.

A ce stade, il est d'ailleurs important que le chercheur face le point sur la nature qualita-
tive ou/et quantitative des données recueillies (par exemple, dans l'étude du contexte ou
dans certains aspects plus internes du phénomène étudié, la recherche qualitative n'exclut pas
le recueil de données chiffrées). Il doit alors décider si toutes les données feront l'objet d'une

15 Plutôt que de saturation du corpus de travail, on s'intéressera surtout à l'"épuisement" des protoco-
les d'expérimentation en ce qui concerne les Maîtrises pratiques. Le terme renvoie à la situation où les
principaux protocoles pratiques envisagés ont été menés à bien. La phase d'analyse qualitative (au
sens de remise en perspective générale et plus approfondie du travail pratique accompli) dont nous
parlons ici ne peut généralement s'engager qu'après un tel épuisement des protocoles pratiques. Inver-
sement, cette phase est indispensable et exige qu'on lui consacre du temps. L'étudiant en Maîtrie prati-
que devrait très précisément intégrer cet état de fait dans son planning de travail. Continuer "jusqu'au
bout" l'expérimentation pratique est ainsi un leurre fréquent dont on conseille aux chercheurs de tout
particulièrement se méfier.

Philippe HENRY – Eléments méthodologiques – Edition Juin 2010


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analyse strictement qualitative, ou si certaines auraient intérêt à être aussi traitées par une
analyse au moins légèrement quantitative (les analyses strictement quantitatives sont la
plupart du temps totalement hors de portée des chercheurs que nous recevons dans notre for-
mation d'Etudes Théâtrales).

En ce qui concerne l'analyse strictement qualitative, nous nous limiterons ici à rappeler le
coeur même de l'attitude qu'elle implique (d'autant que même si le champ de ce type d'analyse
est potentiellement illimitée, rares sont finalement les méthodes et les techniques nettement
circonscrites).
On soulignera donc que l'analyse qualitative est essentiellement une démarche discursive,
basée sur la reformulation, l'explicitation, l'interprétation, la théorisation de données liées à un
phénomène humain ou social, et en particulier de témoignages ou d'expériences (individuels
ou collectifs, constamment subjectifs même s'ils peuvent parfois paraître plus objectivés dans
des documents, des institutions, des tendances lourdes de fonctionnement) liés au phénomène
étudié.
Le résultat qu'on peut obtenir est alors de l'ordre de nouvelles significations, de l'émer-
gence, la découverte, la construction d'un sens, bref et à nouveau d'une qualité irréductible à
une simple quantité ou proportion. En cela, l'analyse qualitative relève essentiellement d'un
travail herméneutique.

Pour le moins et en guise d'indication technique minimale, on conseille fortement au cher-


cheur de compléter son approche en lecture flottante par toute une série de synthèses strictes:
à partir de thèmes transversaux, qui apparaissent et se constituent au fil de la lecture flottante,
mises en oeuvre d'analyses comparatives des proximités et des écarts des éléments factuels,
des points de vue, des arguments théoriques,... que le chercheur relève au travers des données
recueillies.

* Après la mise à jour et la mise en cohérence argumentée de l'interprétation nouvelle à la-


quelle conduit la phase précédente, c'est une double phase de validation de la recherche et
de mise en forme finale qui s'ouvre.
Par exemple, et tout particulièrement pour les projets de recherche ayant pour partie direc-
tement travaillé in situ, le chercheur est amené à retourner sur ce terrain pour évaluer la
concordance du sens qu'il a dégagé avec le sens dont sont porteurs les acteurs sociaux ayant
participé à la recherche, pour évaluer leur degré d'assentiment au nouveau sens que le cher-
cheur propose. C'est une validation par le critère dit d'acceptation interne.
La mise en forme et rédaction finale de l'ensemble de la recherche et de ses résultats tien-
nent alors compte du niveau d'acceptation interne recueilli auprès des acteurs sociaux du ter-
rain.
Reste enfin à présenter l'ensemble du travail, au moins oralement lors d'une soutenance
pour ce qui concerne les recherches liées à l'obtention d'un diplôme universitaire. Cette se-
conde forme de validation consiste plutôt pour le chercheur à bien faire apparaître combien
son travail, nécessairement traversé de subjectivité (la sienne et celles des acteurs sociaux
liés aux phénomènes étudiés) repose néanmoins sur une base de données et de procédures
en partie objectivées. Ce critère de confirmation externe fait en tout cas partie intégrante
d'une recherche qualitative et participe du statut de scientificité spécifique qu'on peut lui ac-
corder.

215 - Pertinence et validité d'une recherche qualitative


La question de la pertinence de la recherche qualitative peut finalement se poser sur au
moins trois niveaux différents.

Philippe HENRY – Eléments méthodologiques – Edition Juin 2010


20
* Sur le plan épistémologique, ce type de recherche se caractérise par un mode de rapport
assez spécifique à l'objet étudié.
Le plus souvent en effet, une recherche qualitative va plutôt prendre en compte un phéno-
mène complexe, un objet situé dans un contexte (ou, pour le moins, un objet et un certain
nombre d'éléments contextuels dont dépend cet objet), bref une situation qui constitue en elle-
même une relative totalité: c'est le caractère toujours en partie holiste de ce genre de recher-
che.
Mais la recherche se caractérise toujours aussi par son caractère proximal, au sens où il y
a toujours une réduction de la distance entre le chercheur et le phénomène étudié, ne serait-ce
que parce que l'approche compréhensive exige une empathie minimale avec les acteurs et
milieux sociaux étudiés, qui nourrissent d'ailleurs largement l'interprétation qui sera donnée
du phénomène16.
Ce type de recherche peut aussi être qualifiée de directe, dans la mesure où la médiation
en jeu repose fortement sur le langage commun et sur une réelle interaction du chercheur et
du phénomène. La recherche qualitative ne se caractérise en tout cas pas par un appareillage
technologique "intermédiaire", lourd et fortement matérialisé.
Enfin, rappelons le caractère interprétatif fondamental de ce type d'approche, marqué par
une quête de sens à propos des vécus, des expériences, des formes produites par les êtres hu-
mains et leurs milieux sociaux.
Ces quatre critères forment en tout cas un ensemble assez cohésif, qui spécifie un type bien
particulier de pertinence épistémologique.
* Pareillement, mais sur le plan méthodologique, une série de critères peut aussi être
avancée, qui caractérise une véritable attitude spécifique.
L'approche est fondamentalement compréhensive dans ce type de recherche. Cela conduit
à privilégier la description des phénomènes (et non la mise à jour des causes), la profondeur
de leur analyse (plutôt que la multiplication des cas étudiés), la richesse des données (plutôt
que la précision des mesures).
L'approche est également inductive, au sens d'une démarche de compréhension progressi-
ve des phénomènes, par un contact assez étroit avec celui-ci et une forte réticence initiale vis-
à-vis des a priori normatifs ou des grilles d'analyse opérationnelles préétablies.
La méthode est aussi récursive et systémique, tant est fréquente la nécessité de répéter les
processus et les étapes, de les faire interagir jusqu'à l'obtention d'une compréhension appro-
fondie du phénomène étudié.
On peut également dire que la méthode reste constamment souple, non seulement parce
qu'elle ne fait pas appel à des systèmes de codification très rigides, mais encore parce qu'elle
reste le plus possible ouverte aux aléas qui se présentent, à l'hétérogénéité, voire l'incongru
par lesquels émergent le plus souvent la découverte, l'interprétation nouvelle non prévue.
* Enfin, sur le plan social, la pertinence de la recherche qualitative apparaît dans son op-
tion pour une scientificité qui s'intéresse de près aux êtres humains et à leurs milieux so-
ciaux, dans sa volonté de mettre en oeuvre des "technologies" d'exploration relativement
légères, dans la dimension collaborative entre les chercheurs et les acteurs sociaux qu'elle
inscrit presque par principe au coeur de son projet général de connaissance.

Quant à la validité de ce type de recherche, on peut la décliner à partir d'un ensemble de


critères (dont certains ont déjà été cités). Ces critères montrent en tout cas combien la recher-
che qualitative relève d'une validité qui lui est propre, sur le double plan d'une scientificité
singulière et d'un rapport particulier au monde social auquel toute recherche appartient
nécessairement.

16 Cette dimension proximale est, par nature, au coeur des recherches de Maîtrise pratique. Le cher-
cheur doit alors d'autant plus être attentif aux autres dimensions du processus, qui lui permettent de ne
pas entrer dans un rapport par trop fusionnel à son objet d'étude.

Philippe HENRY – Eléments méthodologiques – Edition Juin 2010


21
Ces critères formant une fois encore système, nous les évoquerons selon un ordre alphabé-
tique, pour bien marquer que nous n'établissons aucune hiérarchie de principe entre eux.
* Acceptation interne: c'est le degré de concordance, d'assentiment qui s'établit entre le
sens attribué au phénomène étudié, par le chercheur d'une part, par les acteurs sociaux ayant
participé à la recherche d'autre part.
Un premier niveau se situe dans l'acceptation interne initiale du chercheur dans le milieu
et par les acteurs sociaux où s'opère la recherche.
Un second niveau se réalise lors du travail d'interprétation des données de la recherche par
le chercheur, nécessitant comme nous l'avons signalé un nouveau retour sur le terrain.
* Cohérence interne: c'est le qualité de l'argumentation de la recherche, tant du point
de vue de sa logique que vis-à-vis de sa fondation dans des données empiriques.
En particulier, l'"histoire" du cheminement de la recherche doit pouvoir être explicitée et
justifiée par le chercheur, y compris dans les "essais-erreurs" et les bifurcations qu'elle a pu
comporter.
Le rapport interne (et d'évolution) de la problématique, des méthodes employées, des
données recueillies et des interprétations finales dégagées est une autre dimension centrale de
la plausibilité de la recherche et de sa cohérence propre.
* Complétude: c'est la capacité de l'interprétation produite à réarticuler le plus grand
nombre de traits possibles des données recueillies, à partir d'un nombre finalement assez ré-
duit de concepts.
De ce point de vue, le critère de complétude est un indice de la qualité et du niveau de
théorisation auquel l'interprétation est parvenue.
Comme nous l'avons déjà signalé, il ne s'agit donc pas d'une sorte d'estimation de l'exhaus-
tivité ou de la vérité d'analyse du phénomène étudié, mais plutôt de l'estimation de la complé-
tude de sens obtenue, de son acceptabilité, de sa plausibilité compte tenu des choix de la re-
cherche, des données recueillies et du travail d'inter-prétation fourni par le chercheur.
* Confirmation externe: c'est la capacité de la recherche et de l'interprétation produite par
le chercheur à se fonder sur un corpus de données objectivées.
Bien entendu, le travail de recherche est constitué et traversé de toutes parts par la subjec-
tivité propre du chercheur.
Mais la recherche se doit également de montrer comment cette subjectivité s'ancre juste-
ment dans des éléments que le chercheur a pu objectiver, dans un corpus de données qui ne
relève pas uniquement de sa subjectivité.
La stratégie de constitution du corpus de données, les méthodes et techniques employées
sont autant d'éléments par lesquels le chercheur peut montrer non pas l'impossible objectivité
absolue de sa recherche, mais pour le moins la prise en compte constante de faits et de don-
nées absolument non réductibles à sa propre singularité subjective. La technique générale
de triangulation, qui permet de croiser plusieurs types d'approche du phénomène, plusieurs
types de données à son propos est, en particulier, une méthode forte du point de vue de ce
critère de confirmation externe.
* Saturation: c'est la capacité du chercheur à avoir continué l'accumulation de données
jusqu'au moment où de nouvelles données n'apporteraient pas une amélioration de la com-
préhension du phénomène étudié, au moins dans le cadre (toujours restrictif) de la problé-
matique posée.
En recherche qualitative, la saturation est d'abord la perception que les différentes données
recueillies forment un ensemble suffisamment riche en sens, du point de vue de la problé-
matique choisie et des capacités d'interprétation du chercheur.
Signalons néanmoins, pour ne pas la rejeter par principe, une seconde acception de la no-
tion de saturation, qui relève plus de l'approche positiviste. La saturation est ici comprise
comme l'estimation que les données recueillies forment désormais un ensemble suffisam-
ment représentatif de la nature et du fonctionnement du phénomène étudié. Si l'on veut bien

Philippe HENRY – Eléments méthodologiques – Edition Juin 2010


22
remarquer que la "représentativité" est toujours relative et dépendante du cadre restrictif posé
par la recherche (et finalement du type de sens qu'on cherche à entrevoir à propos du phéno-
mène étudié), cette seconde acception peut aussi rendre des services à une recherche qualita-
tive.
* Vérification des implications théoriques: ce critère intervient essentiellement dans les
recherches qui tentent explicitement une démarche de nouvelle théorisation intensive, et
dont le corpus de travail comporte en particulier une série de théories déjà avancées appli-
cables au phénomène étudié.
Dans ce cas, la démarche qualitative peut consister à dégager de nouvelles im-plications
théoriques des modèles antérieurs et à vérifier si elles correspondent, au sein du phénomène
étudié, à des comportements, des modes de fonctionnement, des représentations signifiantes
concordantes.
Mais justement, de nouvelles explorations du phénomène montrent souvent qu'il ne cor-
respond pas nécessairement aux implications "logiques" attendues à partir des théories déjà
formulées. C'est alors l'occasion de réouvrir un nouveau travail de mise à jour de données
et d'interprétation, dont le chercheur espère qu'il viendra enrichir, nuancer, transformer les
représentations théoriques précédentes.

Philippe HENRY – Eléments méthodologiques – Edition Juin 2010


23
Bibliographie indicative

Ouvrages théoriques ou techniques complémentaires


BERTHELOT Jean-Michel, Les vertus de l'incertitude - Le travail de l'analyse dans les sciences sociales,
Paris : PUF, 1996, 272 p.
DORTIER Jean-François, Les Sciences humaines - Panorama des Connaissances, Auxerre : Sciences
Humanes, 1998, 512 p.
FERREOL Gilles & DEUBEL Philippe, Méthodologie des sciences sociales, Cursus, Paris : Armand Colin,
1993, 192 p.
HERLICH Claudine, Réussir sa thèse en sciences sociales, Coll. 128 n° 277, Paris : Nathan Université, 2002,
128 p.
QUIVY Raymond & VAN CAMPENHOUDT Luc, Manuel de recherche en sciences sociales, Paris :
Dunod, 1988, 274 p.

ARBORIO Anne-Marie et FOURNIER Pierre, L'enquête et ses méthodes : l'observation directe, Coll. 128
n° 216, Paris : Nathan Université , 1999, 128 p.
BERTAUX Daniel, Les récits de vie - perspective ethnosociologique, Coll. 128 n° 122, Paris : Nathan Universi-
té, 1997, 128 p.
BLANCHET Alain & GOTMAN Anne, L'enquête et ses méthodes : l'entretien, Coll. 128 n° 19, Paris : Nathan
Université, 1992, 128 p.
CHEVREL Yves, L'Etudiant Chercheur en Littérature, Paris : Hachette Supérieur, 1992, 160 p.
DE SINGLY Francis, L'enquête et ses méthodes : le questionnaire, Coll. 128 n° 18, Paris : Nathan Université,
1992, 128 p.
KAUFMANN Jean-Claude, L'entretien compréhensif, Coll. 128 n° 137, Paris : Nathan Université, 1996,
128 p.
MUCCHIELLI Alex, Les méthodes qualitatives, Que sais-je ?, 2éd. corrigée, Paris : PUF, 1994, 127 p.
PERETZ Henri, Les méthodes en sociologie - L'observation, Repères n° 234, Paris : La Découverte, 1998, 128
p.

Ouvrages généraux (ou/et liés à des champs disciplinaires spécifiques)


BECKER Howard S. (1963), Outsider. Etudes de sociologie de la déviance, Paris : Métailié, 1985, 252 p.
BOLTANSKI Luc, L’Amour et la Justice comme compétences, Paris : Métailié, 1990, 384 p.
BOUDON Raymond (1984), La place du désordre. Critique des théories du changement social, Paris : PUF,
1991, 256 p.
CARBONNEL Charles-Olivier, L'Historiographie, Que sais-je?, Paris : PUF, 4e éd., 1993, 128 p.
COULON Alain, L'Ethnométhodologie, Que sais-je?, Paris : PUF, 3e éd., 1993, 128 p.
CROZIER Michel et FRIEDBERG Ehrard (1977), L'Acteur et le système, Paris : Points Seuil, 1992, 504 p.
DEVEREUX Georges (1980), De l'angoisse à la méthode dans les sciences du comportement, Paris : Flamma-
rion, 1994, 474 p.
DUBAR Claude, Faire de la sociologie. Un parcours d’enquêtes, Paris : Belin, 2006, 224 p.
ECO Umberto, Les Limites de l'interprétation, Paris : Grasset, 1992, 408 p.
GOFFMAN Erving, Les rites d'interaction, Paris : Les Editions. de Minuit, 1974, 236 p.
HABERMAS Jürgen, Logique des sciences sociales et autres essais, Paris : PUF, 1987, 459 p.
HEINICH Nathalie, Ce que l'art fait à la sociologie, Paris : Les Editions de Minuit, 1998, 96 p.

Philippe HENRY – Eléments méthodologiques – Edition Juin 2010


24
HENRY Philippe, Un modèle de compréhension des compagnies théâtrales professionnelles, rapport polyco-
pié de recherche, juillet 1998, 208 p.
HENRY Philippe, Un modèle de compréhension des théâtres de ville, rapport polycopié de recherche, octobre
1999, 258 p.
LE MOIGNE Jean-Louis (1984), La Théorie du système général, Paris : PUF, 4e éd., 1994, 352 p.
MORIN Edgar, Introduction à la pensée complexe, Thiron : ESF Editeur, 1990, 158 p.
METRAL Jean (coord.), Les aléas du lien social. Constructions identitaires dans la ville, Paris : Ministère de
la Culture - La documentation française, 1997, 208 p.
MUCCHIELLI Alex, Les Méthodes qualitatives, Que sais-je?, Paris : PUF, 2e éd., 1994, 128 p.
MUCCHIELLI Alex, La Nouvelle Psychologie, Que sais-je?, Paris : PUF, 1993, 128 p.
NOT Louis, Une science spécifique pour l'éducation?, Toulouse : Université de Toulouse-le-Mirail, 1984, 293
p.
PAGES Max (1977), La Vie affective des groupes, Paris : Dunod, 2e éd., 1984, 312 p.
POURTOIS Jean-Pierre et DESMET Huguette, Epistémologie et instrumentation en sciences humaines,
Bruxelles : Pierre Mardaga, 1988, 235 p.
RICOEUR Paul, Le Conflit des interprétations, Paris : Seuil, 1970, 512 p.
ROGERS Carl et KINGET Marian (1966), Psychothérapie et relations humaines, Louvain-la-Neuve : Ed. de
l'Université de Louvain, 7e éd., 1976, 333 p.
SCHUTZ Alfred, Le Chercheur et le quotidien, Paris : Méridiens Klincksieck, 1987, 232 p.
VAN DER MAREN Jean-Marie, Méthodes de recherche pour l'éducation, Bruxelles : Presses de l'Université
de Montréal, De Boeck Université, 1995, 506 p.
WATZLAWICK Paul (dir. 1988), L'Invention de la réalité, Paris : Seuil, 1996, 384 p.

Précurseurs de la recherche qualitative


BACHELARD Gaston (1942), L'Eau et les rêves. Essai sur l'imagination de la matière, Paris : José Corti,
1997, 268 p.
COULON Alain, L'Ecole de Chicago, Que sais-je?, Paris : PUF, 1991, 128 p.
DEWEY John (1938), Logique. La théorie de l'enquête, Paris : PUF, 1993, 696 p.
DILTHEY Wilhem (1883), Oeuvres 1. Critique de la raison historique. Introduction aux sciences de l'esprit,
Paris : Ed. du Cerf, 1992, 373 p.
ELIAS Norbert (1939), La Dynamique de l'Occident, Paris : Agora Pocket, 1990, 320 p.
HUSSERL Edmund (1913), Idées directrices pour une phénoménologie, Tel, Paris : Gallimard, 1995, 570 p.
LEVI-STRAUSS Claude (1958), Anthropologie structurale, Paris : Agora Pocket, 1997, 480 p.
MALINOWSKI Bronislaw (1927), La Sexualité et sa répression dans les sociétés primitives, Paris : Payot, 6e
éd., 1990, 236 p.
MEAD George Herbert, L'esprit, le soi et la société, Paris : PUF, 1963.
MERLEAU-PONTY Maurice (1945), Phénoménologie de la perception, Tel, Paris : Gallimard, 1996, 534 p.
MERTON Robert K. (1957), Eléments de théorie et de méthode sociologique, traduits de l'américain et adaptés
par Henri MENDRAS, Paris : Armand Colin, 1997, 384 p.
PEIRCE Charles S. (1885 - 1958), Ecrits sur le signe, Paris : Seuil, 1978, 272 p.
SIMMEL Georg (1896 - 1912), Sociologie et épistémologie, Paris : PUF, 1991, 240 p.
WEBER Max (1904 - 1917), Essais sur la théorie de la science, Paris : Agora Pocket, 1992, 480 p.

Philippe HENRY – Eléments méthodologiques – Edition Juin 2010


25

22 - Schéma simplifié pour l'engagement d'une recherche

Sous forme de modèle systémique simplifié, le schéma suivant peut servir d'aide-mémoire
visuel et synthétique aux étudiants.
Il se présente sous la forme de sept éléments en interaction. Il donne une illustration de ce
que nous avons appelé l'ancre flottante qui permet d'orienter tout particulièrement les débuts
d'une recherche.

Un thème - sujet Un ensemble de Une série de


d'étude particulier documents caractéristiques du
phénomène étudié
(un phénomène humain ⇐ dont oeuvres artistiques ⇒
relié à un contexte) et cas concrets de référence qui se dégagent d'une
mais aussi première
choisi à partir des analyse de contenu
études, rapports,
intérêts personnels du des documents
⇒ descriptifs matérialisés, ⇐
chercheur, déjà recueillis
se rapportant
mais aussi à partir au thème-sujet,
de réalités empiriques
particulières (premières
et de documentations dis- (première base tendances repérées ou
ponibles documentaire) significations émergentes)
⇓ ⇓ permettant d'élaborer ⇑ ⇓
⇒ Une question ⇐
centrale
claire
(compréhensible),
faisable
(moyens du chercheur),
pertinente
("vraie" question sur le phé-
nomène)
"neutre"
(distanciée des positions de
valeur du chercheur)
⇒ ⇓ d'où procèdera ⇑ ⇐

Des éléments Une série Une problématique


méthodologiques et d'hypothèses de travail
épistémologiques à savoir la mise en
à savoir un ensemble de relation argumentée de
réponses hypothétiques considérants
à la question centrale, (tirés des documents
dont ⇐ ⇒
et de l'expérience
les notions (ou modèles) qui se préciseront et se
du chercheur),
servant justifieront grâce à une
d'outils privilégiés pour analyse et une interpré-
permettant d'établir
le recueil et l'interprétation tation plus fouillées
des données ⇒ des données recueillies ⇐
un sujet mieux cerné,
(affinement des caractéristi- un mode privilégié d'inter-
(références théoriques com- ques prétation
plémentaires) du phénomène étudié) et un vrai
problème de recherche

Philippe HENRY – Eléments méthodologiques – Edition Juin 2010


26

23 - Schéma d'évaluation globale d'un projet de recherche

A1 - Délimiter un objet d'étude par un titre développé


* Signification et extension des mots-clé du titre développé ?
* En particulier, le titre développé précise-t-il des éléments qui définissent et limitent un
cadre contextuel (historique, social, territorial,...) dans lequel l'objet d'étude est traité
?
A2 - Déterminer un ensemble de références centrales
* Réalités ou situations déjà existantes prises comme références empiriques, dont évé-
nement culturel ou social observable et particulier, oeuvre d'art singulière,... ?
En particulier, sources matérialisées recueillies (textes, vidéos,...) décrivant ou pré-
sentant ces références empiriques ?
* Etudes et écrits déjà produits pris comme références théoriques ?
En particulier, nombre et signification des notions théoriques retenues comme outils-
clé pour l'analyse ?
A3 - Etablir une série d'aspects à étudier
* A partir d'une analyse de contenu approfondie des références centrales, quelles sont
les grandes caractéristiques du phénomène étudié qui appa-raissent, sous combien
d'aspects vais-je l'aborder (de "tiroirs" où répartir la documentation rassemblée et
analysée) ?
A4 - Préciser une grande question à propos de l'objet d'étude
* Quelle "vraie" question (on ne pourrait encore avancer la moindre réponse assurée) le
chercheur pose-t-il vis-à-vis d'une partie du fonctionnement de l'objet étudié ?
* Signification et extension des mots-clé de la grande question posée ? Y retrouve-t-on
les principaux mots-clé du titre ou des références centrales ?
* Clarté, faisabilité, pertinence, neutralité axiologique de la question ?
A5 - Identifier les positions de valeur du chercheur
* Intérêts personnels qui amènent le chercheur à l'objet d'étude choisi ?
* Jugements de valeur personnels du chercheur quant à l'objet d'étude, son contexte et
son fonctionnement (passé, présent ou futur) ?
A6 - Vers des hypothèses de travail
* Quelles sont les hypothèses de travail formulées ? A savoir :
* Réponses encore partielles et hypothétiques à la grande question posée, pour cha-
que aspect-tiroir (Maîtrise théorique) ?
* Et simultanément esquisses de protocoles d'expérimentation pratique et créative
(Maîtrise pratique) ?
* Ces hypothèses conduisent-elles à relancer la recherche ou l'approfondissement des
références empiriques ou/et des références théoriques ?

Philippe HENRY – Eléments méthodologiques – Edition Juin 2010


27

3 - Canevas d’analyse socio-économique

31 - Canevas simplifié pour une première approche socio-économique


de démarches artistiques et culturelles
Janvier 2010
(initial septembre 2007)

Appréhender le fonctionnement socio-économique dune démarche artistique et culturelle,


c’est à minima repérer et comprendre dans leur articulation :

1 – Un projet artistique et culturel,


conçu et conduit autour d’une volonté et d’un ou plusieurs thèmes,
à partir d’un territoire et sur une durée données.

2 – Mené par un opérateur principal


disposant d’une structure juridique légale,
elle-même dotée d’une direction,
pouvant être en coopération très étroite avec des opérateurs associés
(organismes publics ou simplement civils
qui représentent des partenaires privilégiés pour la démarche dans son ensemble).

3 – Au-delà des opérateurs associés (très étroitement impliqués),


des coopérations avec des partenaires multiples et différents réseaux,
ayant chacun leurs propres enjeux et manières d’opérer, leurs propres
et qui interviennent généralement surtout pour un type d’action
et qui sont à hiérarchiser selon l’importance qu’ils ont chacun.

4 – Une réalisation d’actions particulières,


qui relèvent de catégories distinctes
et se réduisent de moins en moins à la seule production d’œuvres (dont spectacles),
chaque type d’action exigeant des compétences et des espaces de travail
et comportant des phases et des durées spécifiques,
nécessitant donc finalement une équipe diversifiée à coordonner.

5 – Pour des populations que les membres de l’équipe rencontrent généralement


au travers d’organisations locales
et sur leurs propres territoires de vie.

6 – Une économie articulant


des apports bénévoles et des échanges réciprocitaires non monétarisés,
des aides publiques ou civiles (subventions) à hiérarchiser selon leur apport
au projet global ou simplement pour des actions particulières
et des recettes propres tirées de la commercialisation de certaines activités.

Philippe HENRY – Eléments méthodologiques – Edition Juin 2010


28

32 - Canevas plus détaillé pour la récolte de documents existants


et pour une première analyse systémique et fonctionnelle
de démarches artistiques et culturelles
Novembre 2006

A. Nom de la démarche
B. Objectifs, acteurs et contexte
- Enoncé et intentions de la démarche
- Nom de l’équipe porteuse de la démarche : structure support, opérateur principal
- Artistes associés / opérateurs associés
- Populations visées et participant à la démarche / modes d’association - implication
- Inscription institutionnelle et contexte local / problématique de la démarche
C. Modalités d’actions Dispositif / Processus
- Territoire d’action géographique, social
- Partenaires de la démarche (autres qu’artistes ou opérateurs associés) :
organisations civiles, organismes publics
- Périodes et déroulement de la démarche
développement de l’action principale, des étapes associées
- Communication / médiatisation à propos de la démarche
D. Environnement spatial
- Espaces, équipements et lieux mobilisés
E. Organisation interne
- Cadre juridique et modes de décision,
dont décideurs-employeurs de fait / décideurs-employeurs de droit
- Mode de gestion des personnes impliquées dans la démarche,
dont répartition des fonctions et des compétences,
organigramme, statuts des personnes…
F. Economie de la démarche
- Economie de la démarche,
dont nature et niveau hybridation des ressources
réciprocitaires (volontariat, bénévolat, « travail invisible »),
redistributives (subventions publiques ou civiles)
et commerciales (recettes propres).
- Budget (recettes propres, fonds redistribués)
compte d’exploitation (dont analytique)
compte de bilan (fonds propres et emprunts / immobilisations et fonds de roulement)
- Fiscalité
- Réglementation
dont Licence(s) d’entrepreneur du spectacle
G. Evaluation de la démarche
- Comparaison objectifs initiaux et finaux
- Effets pressentis (dont politiques et sociaux)
- Suite donnée au projet
H. Sources
- Identification normalisée des documents disponibles / recueillis
- Indexation des documents rassemblés
Date ou X : non daté / N : format numérique ou P : format papier /
D : descriptif ou A : analytique

Philippe HENRY – Eléments méthodologiques – Edition Juin 2010


29

4 - Bibliographie générale
pour une approche socio-économique des arts vivants
Mise à jour à Juin 20010 1996, 86 p.
** Ouvrages prioritaires
* Ouvrages complémentaires importants
NB : sans mention particulière, le lieu d’édition des
ouvrages est Paris.

A - Textes d’introduction - initiation


Développement culturel
BECKER Howard S., ** Les mondes de l’art (1982), tra-
duit par Jeanne BOUNIORT, Flammarion, 1988, 384
p.
BENHAMOU Françoise, Les Dérèglements de l’excep-
tion culturelle, Seuil, 2006, 352 p.
BONET Lluis & NEGRIER Emmanuel (dir.), * La fin
des cultures nationales ? Les politiques culturelles à
l’épreuve de la diversité, La Découverte / PACTE,
2008, 232 p.
HURSTEL Jean, * Une nouvelle utopie culturelle en mar-
che ?, Toulouse : Editions de l’attribut, 2009, 144 p.
LE GLATIN Marc, * Internet : un séisme dans la cul-ture
?, Toulouse : Editions de l’attribut, 2007, 176 p.
MOULINIER Pierre, Les politiques publiques de la cultu-
re en France, PUF, 1999, 128 p.
POIRRIER Philippe, * L’Etat et la culture en France au
20ème siècle, Livre de Poche, 2000, 250 p.
SAEZ Jean-Pierre (dir.), Culture & Société. Un lien à
recomposer, Toulouse : éditions de l’attribut, 2008,
216 p.
TRONQUOY Philippe (dir.), Culture, Etat et marché,
Cahiers Français n° 312, janvier - février 2003, Do-
cumentation française, 100 p.

Spectacle vivant
ABIRACHED Robert, ** Le théâtre et le Prince 1.
L’embellie (1981-1992), Arles : Actes Sud, 2005, 240p.
** Le théâtre et le Prince 2. Un système fatigué (1993-
2004), Arles : Actes Sud, 2005, 152p.
COLIN Bruno & GAUTIER Arthur (dir.), ** Pour une
autre économie de l’art et de la culture, Toulouse : érès,
2008, 176 p.
HENRY Philippe, ** Arts de la scène : un tournant néces-
saire, collection Entre-Vues, Avignon : Editions
Universitaires d’Avi-gnon, 2010, 71 p.
** Spectacle vivant et culture d’aujourd’hui. Une filière
artistique à reconfigurer, Grenoble : Presses Universi-
taires de Grenoble, 2009, 200 p.
** Arts vivants en France : Trop de compagnies ?, Edi-
tions l’Espace d’un instant, 2007, 240 p.
** « Arts théâtraux, regarder et s’y prendre autre-
ment », Théâtre / Public n° 175, octobre - décembre
2004, pp. 4 - 17.
* L’organisation du théâtre professionnel en France -
Repères chronologiques, polycopié Université Paris 8,

Philippe HENRY – Eléments méthodologiques – Edition Juin 2010


30
B - Textes d’approfondissement LEXTRAIT Fabrice, Friches, laboratoires, fabriques,
squats... et autres projets pluridisciplinaires. Une nou-
velle époque de l’action culturelle, Documentation
Pratiques artistiques et culturelles française, 2001, 260 p.
BELLAVANCE Guy (dir.), * Démocratisation de la cultu- LEXTRAIT Fabrice & KAHN Frédéric (éd.), * Nou-
re ou démocratie culturelle ? Deux logiques d’action pu- veaux territoires de l’art, Sujet/Objet Editions, 2005,
bliques, Québec : PU de Laval / Editions de l’IQRC, 296 p.
2000, 242 p. « Premières Rencontres nationales en région pour
BERA Mathieu & LAMY Yvon, Sociologie de la culture, l’action culturelle et artistique », Cassandre, 1e partie
Armand Colin, 2000, 224 p. n° 29, juin 1999, pp. 2 - 22 ; 2e partie n° 30, août
CAUNE Jean, ** La culture en action. De Vilar à Lang, le 1999.
sens perdu, Grenoble : Presses Universitaires de « Rencontres nationales en Région pour l’action cultu-
Grenoble, 1999, 376 p. relle et artistique. Rhône-Alpes et Aquitaine », Cas-
COULANGEON Philippe, Sociologie des pratiques sandre, Hors-série n° 4, décembre 2000, 92 p.
culturelles, Repères 418, La Découverte, 2005, RAFFIN Fabrice, Friches industrielles. Un monde culturel
128 p. européen en mutation, Logiques sociales,
Culture prospective, Approche générationnelle des L’Harmattan, 2007, 308 p.
pratiques culturelles et médiatiques, 2007-3, 32 p. RENARD-CHAPIRO Claude & CASTANY Laurence
DONNAT Olivier, ** Les Pratiques culturelles des Fran- (Propos recueillis par), Nouveaux territoires de l’art.
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