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Anciennes Médinas
État des lieux des médinas des villes membres
Le REMAM encourage le respect de
l’environnement, le présent document
est imprimé sur du papier recyclé
Sommaire
Introduction.......................................................................................................................................................................... 06
1- Présentation du REMAM :
Une plate-forme de partage autour des pratiques de réhabilitation des médinas...................07
Membres ressources....................................................................................................................................................... 52
Cartes
• Répartition géographique des médinas sur le territoire national...................................................................................................................................09
• Localisation géographique des médinas membres...................................................................................................................................................................13
Graphes
• Part de la population médinoise par rapport à la population urbaine au Maroc................................................................................................10
• Répartition de la population dans les principales médinas au Maroc........................................................................................................................10
• Taux d’équipements des habitations au niveau des médinas............................................................................................................................................11
• Part des modes d’occupation dans les médinas........................................................................................................................................................................12
• Répartition de la population des neuf médinas membres...................................................................................................................................................13
• Populations des neuf médinas membres.........................................................................................................................................................................................14
• Évolution de la population des médinas membre durant les trois dernières décennies................................................................................14
• Taux de variation des populations dans les médinas membres durant la période 1982-1994 et 1994-2004..................................15
• Proportion des populations locataires dans les médinas membres.............................................................................................................................15
• Part des ménages vivant en cohabitation (de 2 ménages et plus) dans les médinas membres..............................................................16
• Taux d’occupation des ménages dans les médinas membres...........................................................................................................................................16
• Pourcentage de logements sommaires dans les médinas membres............................................................................................................................16
Tableaux
• Part de la population des médinas par rapport à la population de l’agglomération dans les villes membres..............................14
• Tableau synthétique des principaux indicateurs sur la population et les constructions dans les médinas membres...............18
• Descriptif des principaux projets relatifs à la réhabilitation de la médina de Rabat......................................................................................22
• Descriptif des principaux projets relatifs à la réhabilitation de la médina de Salé.........................................................................................26
• Descriptif des principaux projets relatifs à la réhabilitation de la médina de Tétouan..................................................................................29
• Descriptif des principaux projets relatifs à la réhabilitation de la médina de Chefchaouen......................................................................33
• Descriptif des principaux projets relatifs à la réhabilitation de la médina de Tiznit.......................................................................................37
• Descriptif des principaux projets relatifs à la réhabilitation de la médina de Fès...........................................................................................39
• Descriptif des principaux projets relatifs à la réhabilitation de la médina d’Essaouira................................................................................44
• Descriptif des principaux projets relatifs à la médina de Meknès................................................................................................................................47
• Descriptif des principaux projets relatifs à la médina de Casablanca.......................................................................................................................51
Les échanges établis lors des rencontres et activités organisées par le REMAM, depuis son lancement en 2012, ont révélé la
diversité et l’originalité des expériences conduites par certaines de ses villes membres qui parviennent à mettre en place des
pratiques innovantes malgré les contraintes juridiques et techniques rencontrées dans ce domaine. Des pratiques pertinentes
qu’il faudra absolument restituer, capitaliser et dont il faudra faire profiter l’ensemble des villes et des collectivités locales
dotées de médinas. Le présent document s’inscrit parfaitement dans cette optique en mettant en lumière les défis et les
pratiques de gestion des villes historiques. Il s’agit d’un catalogue de présentation du REMAM et de ses membres qui est le
premier document d’une série de publications futures touchant différents thèmes de la réhabilitation des anciennes médinas.
Outre la présentation des neuf villes membres du réseau, ce document comporte un ensemble d’indicateurs statistiques
sur les caractéristiques démographiques, sociales et physiques de leur médina. Inscrits dans le cadre d’une démarche de
benchmarking interne, ces indicateurs permettent, au-delà de la mise en lumière des caractéristiques communes des villes
membres, d’identifier les défis et les enjeux de la gestion de leur cité historique qui peuvent faire l’objet d’échanges lors des
sessions thématiques. Mais au-delà de ces indicateurs statistiques, le document présente également les modalités de gestion
et de gouvernance des médinas par les villes membres, les principaux programmes mis en œuvre ainsi que quelques-unes des
bonnes pratiques qu’elles ont conduites à ce sujet.
Même si ce catalogue cible en premier les villes du REMAM afin de consolider la culture d’échange et de partage entre
ses membres, cela n’exclut pas le fait qu’il puisse être utilisé par d’autres villes dotées de médinas ou même par des
administrations ou organismes nationaux concernés par la gestion des espaces historiques. C’est dans cette même perspective
que ce catalogue est appelé à être actualisé périodiquement par la mise à jour des données statistiques des villes membres,
mais aussi par l’intégration de nouvelles villes au sein du REMAM.
L’une des principales difficultés rencontrées pour réaliser ce catalogue concerne la disponibilité de données actualisées sur
les médinas. Dans ce sens, il faut souligner, au-delà du manque frappant de données mises à jour sur les tissus historiques,
la multiplicité des intervenants impliqués dans la gestion de ces espaces historiques qui implique une pluralité de sources
d’information. Cela a exigé, pour sa réalisation, un travail de vérification et d’harmonisation des données, au niveau de chaque
ville membre. Une bonne partie des données présentées dans le document a été recueillie à partir du dernier Recensement
Général de la population et l’Habitat (RGPH) de 20041 qui comporte un volet spécifique sur la situation démographique des
médinas. Le dernier RGPH de 2014 va certainement apporter de nouvelles informations sur la situation de ces espaces
historiques qu’il faudra intégrer dans une édition actualisée.
1- D
ont les résultats viennent d’être publiés mais qui ne comportent pas dans sa version préliminaire les données démographiques sur les médinas du
Royaume.
C’est en mai 2012 que le Réseau Marocain des Anciennes Médinas a été lancé, suite à une initiative du programme CoMun,
en collaboration avec la Direction Générale des Collectivités locales (DGCL). Sa création s’inscrit dans le cadre d’une prise de
conscience grandissante à l’échelle nationale quant à la nécessité de préserver et de mettre en valeur un patrimoine historique
en situation de délabrement. Les collectivités locales, parmi d’autres acteurs institutionnels et associatifs, affichent de plus
en plus un intérêt particulier pour la mise en valeur de leur patrimoine culturel, en conformité avec les nouvelles dispositions
de la charte communale de 2009. C’est pour répondre à leurs préoccupations à ce sujet que le REMAM a été mis en place en
tant que plate-forme d’échange et de partage de leurs expériences et leurs pratiques dans ce domaine. Fruit de l’adhésion
d’un noyau initial de neuf villes historiques2, ce réseau a pour missions de consolider une culture d’échange et de partage
entre ses villes membres et de renforcer les capacités techniques et opérationnelles de leurs représentants, tant politiques
que techniques, quant à la gestion et la revalorisation de ces cités historiques. Son concept de base repose sur cette idée
de partage qui se matérialise dans l’organisation de sessions thématiques regroupant les villes membres autour de sujets
d’intérêt commun. Ce sont des réunions de dialogue et d’échange dans lesquelles les villes membres, en présence d’autres
acteurs associatifs, professionnels et scientifiques, discutent et débattent autour d’une thématique de la réhabilitation des
médinas afin de faire ressortir les défis communs et de mettre en exergue les bonnes pratiques pouvant être capitalisées et
transférées à grande échelle. À ces sessions d’échange organisées de façon alternée par les villes membres, s’associent tout un
ensemble d’outils et d’instruments de renforcement des capacités des membres qui prennent la forme de formations techniques,
d’expertises, de voyages d’études, de séminaires scientifiques, etc.
Ainsi, et deux ans et demi après son lancement, le REMAM a organisé huit rencontres thématiques portant sur différents sujets
touchant à la réhabilitation des anciennes médinas.
Pour une synergie et coopération des villes autour de la réhabilitation des médinas
Le Réseau Marocain des Anciennes Médinas (REMAM) a été créé afin d’accompagner les collectivités locales dotées de
médinas dans leurs divers programmes et stratégies de revalorisation de ces tissus. Il leur offre une plate-forme de dialogue
et d’échange au sein de laquelle elles peuvent collaborer et partager leurs expériences et leurs bonnes pratiques dans ce
domaine.
Dans le temps, REMAM pourra devenir un interlocuteur unique et privilégié pour les organismes nationaux et internationaux
concernés par la réhabilitation des tissus historiques.
2- Il s’agit d’un noyau dur initial composé de 9 médinas qui va être élargi de façon progressive. Il est composé des villes suivantes : Meknès, Salé, Rabat, Fès,
Tétouan, Casablanca, Chefchaouen, Essaouira et Tiznit.
Réseau Marocain des Anciennes Médinas 7
2- Les médinas
du Maroc :
Potentialités, défis
et caractéristiques
socio-
démographiques
Par leur morphologie urbaine atypique et leur ambiance sociale et culturelle spécifique, ces cités représentent encore des lieux
«exceptionnels» qui résistent peu ou prou aux dynamiques d’urbanisation galopante à l’œuvre dans les espaces urbains. Elles
conservent encore, dans un contexte généralisé de globalisation des territoires, un ensemble de spécificités et de pratiques
sociales et culturelles héritées du passé qui font leur charme et originalité. Elles sont également des lieux de concentration
d’une activité artisanale importante qui occupe une masse importante de main d’œuvre et qui figure parmi les leviers du
tourisme national. Enfin leur localisation spatiale au cœur des villes en fait des espaces propices pour la mise en place de
véritables projets de requalification urbaine permettant d’impulser de nouvelles dynamiques de changement dans les espaces
urbains. Bref ces cités recèlent autant d’atouts et de richesses4 qu’il faudra absolument valoriser et promouvoir dans le cadre
de véritables stratégies de réhabilitation.
C’est dans cette perspective qu’un ensemble d’actions et d’opérations de mise en valeur des médinas ont été entreprises
par les pouvoirs publics depuis la fin des années 70 afin de faire face au processus de marginalisation auquel elles sont
confrontées.
C’est au cours des années 1970, à la suite de la sonnette d’alarme tirée par les organismes internationaux (UNESCO) sur la
situation déplorable dans laquelle se trouvaient la majorité de ses tissus historiques (particulièrement la médina de Fès) qu’un
ensemble de départements ministériels (Culture, Intérieur, Habitat et Urbanisme, Tourisme, etc) se sont mobilisés pour initier
une série d’actions d’ordre physique, social et institutionnel permettant de pallier le processus de détérioration de ces médinas.
Restauration des murailles et des monuments historiques, réhabilitation des équipements et des infrastructures de base, mise
à niveau urbanistique et paysagère des médinas, lancement des documents spécifiques dédiés à l’aménagement et sauvegarde
de ces tissus (plans d’aménagement et de sauvegarde), traitement des constructions menaçant ruine, aménagement de circuits
touristiques, promotion de l’activité artisanale, autant d’actions qui ont été entreprises pour la promotion de l’image et de
l’attractivité de ces lieux historiques.
Les diagnostics, les études techniques, les opérations de restauration et les textes réglementaires se multiplient depuis la fin des
années 80, révélant la prise de conscience croissante des pouvoirs publics quant à la situation déplorable des médinas et la nécessité
de les inscrire dans un processus de réhabilitation. Cela s’est traduit notamment par l’élaboration en 2008 d’une stratégie nationale
de réhabilitation des médinas initiée par le Ministère de l’Habitat et de l’Urbanisme, avec le concours de la Banque Mondiale. Cette
stratégie, à défaut d’une synergie interministérielle et d’un portage institutionnel clair, n’a pas été mise en œuvre.
Certes l’ensemble de ces actions sur les médinas conduites à des échelles différentes ont permis d’insuffler des dynamiques
nouvelles à un ensemble de villes historiques (Fès, Tétouan, Marrakech, Essaouira, Casablanca, etc.), mais sans pour autant
parvenir à infléchir les tendances de délabrement qu’elles connaissent.
3- F ès, Marrakech, Meknès, Tétouan, Essaouira, Rabat, la kasbah d’Aït Ben Haddou, la cité portugaise de Mazagan (El Jadida), sont classées sur la liste du
Patrimoine Mondial de l’humanité.
4- Les tissus anciens constituent une part importante de l’identité culturelle du Royaume du Maroc et du développement touristique ; ils représentent environ
10% du patrimoine immobilier et abritent à peu près cinq millions d’habitants et des dizaines de milliers d’unités d’activité.
Ces tissus historiques sont confrontés à un processus de dépeuplement marqué par un départ croissant d’une partie de leurs
habitants d’origine et l’arrivée de couches sociales défavorisées qui vont contribuer au processus de paupérisation de ces
tissus. Cela se traduit par un parc immobilier mal entretenu et en partie menaçant ruine. Le sous-équipement observé dans ces
tissus, la faiblesse de leur base économique, leur faible insertion viaire et urbanistique avec le territoire urbain représentent
des contraintes réelles à leur développement urbain.
Il semble que l’absence d’un dispositif institutionnel et financier dédié à la réhabilitation de ces cités historiques conjugué à
l’absence d’un cadre juridique et normatif régissant l’intervention dans ces espaces est un frein majeur qui entrave sérieusement
tout processus de leur revalorisation urbaine.
La réhabilitation des médinas requiert ainsi la mise en place d’une véritable stratégie nationale mobilisant toutes les
forces vives nationales (institutionnelles, professionnelles et associatives) et permettant d’asseoir fondements juridiques et
opérationnels pour leur préservation.
L’élaboration d’une telle stratégie doit reposer par ailleurs sur la réalisation d’un diagnostic actualisé et prospectif de la
situation des médinas et de leur fonctionnement, permettant de bien délimiter les enjeux et les pistes de changements à
explorer pour leur réhabilitation. Or faut-il souligner à ce propos l’absence frappante de travaux et d’études actualisés dressant
un état des lieux périodique sur les médinas et leur situation démographique et socio-économique. L’étude statistique réalisée5
en 2008 par le Haut Commissariat au Plan (HCP) au sujet des médinas, la suite du RGPH de 2004, représente la seule source
officielle où l’on peut déceler de façon globale les dynamiques sociales et spatiales que connaissent ces tissus historiques.
C’est justement sur la base des données statistiques de cette réflexion que ce document a été élaboré, en attendant leur
actualisation dans le cadre du nouveau recensement de 2014.
Les développements qui suivent ambitionnent d’apporter un éclairage sur la situation des médinas au Maroc. Ils passent en revue
quelques indicateurs sur leur profil démographique et socio-économique et l’état de leurs constructions. Le but étant de dresser un
portrait global de ces cités historiques afin d’identifier les caractéristiques et les problématiques communes pouvant faire l’objet
de thèmes d’échange et de partage entre les différents acteurs concernés par leur gestion et réhabilitation. Il s’en suivra un focus
particulier sur la situation socio démographique des neuf médinas constituant le noyau dur initial du REMAM.
socio-démographiques de tissus
Tétouan
Assilah
Larache Chefchaouen
en forte précarité
Ksar El Kebir Ouezzane Oujda
Essaouira
Marrakech
En l’absence d’une définition communément partagée et
Taroudant
officiellement retenue6 sur cette notion de «médina» au Maroc,
Tiznit
le nombre exact de ces cités présentes sur le territoire national
reste sujet à des controverses entre les différentes entités
administratives et scientifiques concernées par le sujet.
La définition retenue par le Haut Commissariat au Plan en 2008
à la suite d’une étude statistique et géographique portant sur
la situation de ces tissus au Maroc, selon laquelle la médina se
définit «comme tout ensemble de quartiers citadins, d’origine Nombre d'habitants
précoloniale et initialement entouré de murailles7» a permis Moins de 10 000
de recenser 31 médinas à l’échelle nationale. Il s’agit d’une 10 000 à moins de 25 000
25 000 à moins de 50 000
diversité de villes historiques d’importances démographiques 50 000 à moins de 100 000
contrastées, réparties de façon équilibrée et homogène sur le 100 000 et plus
territoire national et présentant des caractéristiques culturelles,
sociales et géographiques diverses (cf. carte). Source : Cahiers du Plan n°20, 2008
5- P ubliée dans les cahiers du Plan n°20, publications du HCP, 2008, consultable sur son site web.
6- «Aucune définition de la médina n’est fournie officiellement» souligne-t-on en introduction des cahiers du Plan consacré au sujet de la médina, in Cahiers
du plan, op.cit, p.5.
7- Idem, p. 5.
Réseau Marocain des Anciennes Médinas 9
Par ailleurs et devant le manque de travaux dressant de façon actualisée Part de la population médinoise par rapport
la situation démographique des médinas au Maroc8, le recensement RGPH à la population urbaine au Maroc
2004 comportant un volet sur la situation des médinas au Maroc a permis 5%
de brosser un tableau complet et détaillé de ces espaces. Les résultats
mis en exergue dans le cadre de ce recensement s’inscrivent dans la
continuité des travaux réalisés dans la même optique à la suite des
RGPH de 1994, ce qui permettra de faire ressortir les tendances et les
dynamiques de changement intervenus dans ces tissus sur une période de
deux décennies.
8- L es études sur les médinas au Maroc restent fragmentaires touchant de façon ponctuelle quelques villes historiques à l’occasion de réalisation des
documents de planification urbaine. On soulignera ici la réflexion stratégique qui a été conduite par la Banque Mondiale sur les médinas au Maroc en 2009
et dont les données ont été puisées des recensements de population et de l’habitat réalisés par le HCP.
9- En 2001, la proportion des chefs de ménage médinois issus de l’exode rural était de 33,7%.
10- Le processus de migration des populations de souche de la médina a démarré avec l’arrivée du protectorat français et la création de cités coloniales qui
ont attiré quelques franges des catégories aisées résidentes dans la médina. Il a concerné par la suite la communauté juive au cours des années 50 pour
connaitre des proportions plus importantes à partir des années 80.
E. Un sous-équipement considérable Taux d’équipements des habitations au niveau des médinas
En plus de ces logements sommaires, les dynamiques de délabrement touchent également les autres types de constructions,
comme le montre l’enquête logement réalisée par le Ministère de l’Habitat et de l’Urbanisme en 2001 qui a révélé que plus de
50% des constructions sont dégradées et 10% menacent ruine.
Plusieurs facteurs sont à l’origine de la détérioration physique des constructions des médinas. Il faut d’abord noter l’ancienneté
du parc logement, dont 60 % des constructions ont 50 ans et plus et 30% plus de 100 ans.
Ensuite le taux de location y reste très élevé en comparaison avec le reste Part des modes d’occupation dans les médinas
des quartiers urbains : 47% contre 26% à l’échelle nationale. 6% 4%
La densité par logement y est également très forte : Environ 60% des 42,3%
populations médinoises occupent des logements d’une à deux pièces
contre 40% dans le reste des villes.
Le chapitre qui va suivre établira un focus approfondi sur les neuf médinas fondatrices du REMAM. Il mettra en exergue de
façon détaillée et comparative les caractéristiques démographiques et socio-économiques de ces médinas, ainsi que leurs
dynamiques de changement. L’objectif étant de faire ressortir les points communs mais aussi les points de divergence entre les
villes membres du REMAM et dégager les enjeux qui pourraient constituer prochainement des sujets d’échanges et de partage
lors des sessions thématiques du réseau.
C’est en mai 2012 que le REMAM a été lancé grâce à l’intérêt et Localisation géographique des médinas membres
l’engagement exprimés par neuf Communes dotées de médinas
qui ont souhaité mettre en place une plate-forme d’échange Tanger
Tétouan
Assilah
et de partage de leurs pratiques et expériences en matière Larache
Ksar El Kebir
Chefchaouen
Ouezzane Oujda
de réhabilitation urbaine. Il s’agit de neuf médinas distinctes Salé My Driss
Zerhoune
Taza
Rabat Fès Debdou
qui constituent le noyau initial d’un réseau pionnier appelé à Casablanca
Meknès Sefrou
Azemmour
être élargi progressivement au fil des années. Le choix de ces El Jadida
Bejaad
Khenifra
Béni Mellal
montre bien la répartition assez équilibrée des médinas Médinas non membres
Répartition de la population des neuf médinas membres Par ailleurs, la fonction principale du REMAM comme structure d’échange
4% et de dialogue entre les neuf médinas implique une connaissance préalable
5% 33% de leurs caractéristiques sociales et économiques ainsi que des défis
6% et enjeux communs de leur gestion. C’est dans cette perspective que
s’inscrit l’élaboration de ce profil global qui dresse, dans une logique de
8% benchmarking leur situation sociale et démographique ainsi que les modes
gestion et de réhabilitation de leurs tissus historiques.
8%
A. Caractéristiques démographiques des villes
membres du REMAM : Des profils hétérogènes
10%
13% Selon le RGPH de 2004, les neuf médinas membres du REMAM concentrent
une population estimée à 349 700 habitants, soit à peu près 48% de la
13%
Fès Rabat
population médinoise nationale.
Meknès Tiznit
Cela révèle la taille et l’importance démographique des villes fondatrices
Casablanca Essaouira
du REMAM. Au sein de ce noyau initial, trois villes (Fès, Meknès et
Salé Chefchaouen Casablanca) forment les 2/3 de la population totale du noyau, dominées
Tétouan Source : RGPH 2004 particulièrement par la ville de Fès qui concentre à elle seule 33% de
cette population.
ès
ca
lé
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n
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Sa
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an
du réseau qui ne dépasse pas 14% de la population totale de
ou
Tiz
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Me
bl
sa
Té
ch
sa
leur agglomération.
Es
ef
Ca
Ch
Source : RGPH 2004
Cette proportion demeure très faible pour les médinas de grande taille comme Casablanca, Rabat et Salé, dont la part de population
par rapport à celle de leur ville ne dépasse pas 4%. Elle est au contraire plus importante pour les médinas de petite taille telles
que Tiznit, Essaouira et Chefchaouen (plus de 24%). Cela reflète une situation assez contrastée entre les villes membres en termes
de place et d’enjeu réel représentés par les médinas dans les programme de planification et gestion urbaines.
Part de la population des médinas par rapport à la population de l’agglomération dans les villes membres
Cette diminution s’est particulièrement accélérée durant la décennie 1994- 400 000
2004 puisqu’elle a atteint 32 % durant cette période contre seulement 10%
pour la période intercensitaire 1982-1994.
300 000
Le taux d’accroissement annuel est négatif. Il avoisine -1,33% pour toute la 200 000
période 1982-2004 avec une nette accélération (-2,23%) pour la période 1994-
2004. Cette situation reste contrastée entre les différentes villes membres. 100 000
Les baisses les plus élevées s’observent au niveau des villes de Meknès
et d’Essaouira qui ont enregistré respectivement des taux de décroissement 0
moyen annuels de 3,7% et 3,1% entre 1994 et 2004. Tandis que les villes de 1982 1994 2004
Tiznit, Casablanca et Tétouan ont observé les dynamiques de dépeuplement les Source : RGPH 2004
plus faibles, avec un taux de décroissement moyen annuel qui ne dépasse pas
1,7%. Bien que son taux de dépeuplement reste relativement élevé, la médina
de Fès a enregistré la plus grande perte de population : 31 763 habitants entre 1994 et 2004, soit une diminution annuelle moyenne
de 3 176 habitants.
Tiznit 1,8%
-0,4%
-1,3%
Fès -2,4%
-1,3%
Meknès -3,7%
-1,2%
Salé -2,9%
Chaouen 0,3%
-2,1%
-1,7%
Rabat -2,2%
-1,5%
Essaouira -3,1%
-0,7%
Tétouan -1,7%
Casablanca 0%
-1,3%
-4 -3 -2 -1 0 1 2 3
TAAM 1982-1994 TAAM 1994-2004
Source : RGPH 2004
Ces dynamiques de dépeuplement s’observent dans l’ensemble des médinas membres dans un contexte où leurs villes mères
connaissent des dynamiques d’urbanisation croissantes touchant leurs quartiers extra-muros. Cela signifie une perte de l’attractivité
de la médina en comparaison avec les autres quartiers urbains.
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Sa
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Tiz
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Ra
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Té
Ch
sa
Es
Ca
Ces proportions se ventilent de façon différenciée entre les neuf médinas du REMAM. La médina d’Essaouira se détache du reste
par le fait qu’à peu près le tiers de sa population (dominée par des ménages locataires) n’est pas branchée aux réseaux d’eau
potable, témoignant de la précarité dans cette médina. Ensuite, se positionnent les grandes médinas telles que Casablanca,
Meknès et Fès et Tétouan dont environ 13% de la population ne disposent pas de réseaux d’eau potable. Une telle proportion
révèle le rôle vital qu’assurent encore les bornes fontaines comme source d’approvisionnement et comme espaces de mixité et
de sociabilité à l’échelle des médinas.
ca
an
ira
lé
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à quatre et plus restent récurrents
ba
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Fè
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Sa
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ou
Tiz
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dans les grandes médinas du REMAM
Té
Ch
sa
Es
Ca
Taux d’occupation des ménages dans les médinas membres Rabat où environ 15% vivent encore en cohabitation élargie. De telles
2,5 cohabitations qui contrastent paradoxalement avec le processus
de dépeuplement observé au niveau des grandes médinas, restent
2,1
2 1,9 concentrées dans leurs quartiers délabrés, contribuant davantage
1,8 1,8 au processus de leur détérioration.
1,7 1,7
1,6
1,5
1,5
1,3 La forte densification des médinas membres s’observe également
dans le taux d’occupation par pièce (1,71 personne/pièce) qui reste
1
supérieur à celui enregistré au niveau national (1,5).
0,5
C’est particulièrement au niveau des médinas de Casablanca, Fès,
Essaouira et Chefchaouen où ces formes d’occupation s’observent le
0 plus en raison des taux élevés de cohabitation.
ca
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Té
Ch
sa
Es
Ca
mais aussi par sa vétusté puisque plus de 68% des constructions ont Source : RGPH 2004
Ces différents indicateurs portant sur l’état des constructions des villes membres conjugués à leur sous-équipement et à la
prépondérance de ménages démunis et locataires justifient le niveau avancé de délabrement de leur médina et expliquent le fait
que la majorité d’entre elles concentrent la plus grande partie des constructions menaçant ruine existant dans les médinas du
Royaume. En effet, le recensement des CMR réalisé en 2013 à l’échelle nationale a révélé la présence de 18 619 constructions
menaçant ruine au niveau des médinas, dont plus de 75% sont localisées dans les neuf villes membres du REMAM. Deux médinas
seulement (Fès (20%) et Meknès (17%)) concentrent un peu moins de 40% des constructions menaçant ruine.
En somme, cette présentation succincte des caractéristiques démographiques des médinas membres et de l’état de leurs
constructions a permis de mettre en exergue un ensemble de dynamiques sociales, économiques et spatiales à l’œuvre dans ces
tissus historiques et de faire ressortir quelques défis communs qui peuvent faire l’objet de thématiques d’échange et de débat
entre les villes membres du REMAM.
À ce titre, le processus de dépeuplement observé dans l’ensemble de ces médinas mérite d’être débattu pour explorer les
différentes pistes et expériences pertinentes pour promouvoir l’attractivité de ces tissus et lutter contre le transfert et la mobilité
grandissante de leurs ménages d’origine.
De même, la présence forte d’une population locataire vivant dans des situations de précarité représente également un sujet de
débat pour identifier et partager les actions et les pratiques permettant d’améliorer la situation sociale et économique de ces
ménages par la mise en place d’activités génératrices de revenus.
Enfin, le sous-équipement considérable des bâtisses dans les médinas membres, et particulière celles de grande taille, mérite
d’être discuté afin d’explorer les alternatives meilleures et possibles pour une plus grande intégration sociale des ménages
démunis.
Rabat 2012 90 26 499 4,3 295 -2,2 64 1,6 31 78,5 7,7 97 98,6
Tétouan 1997 50 28 278 9 470 -1,7 66,4 1,5 18 71,7 5,1 84,5 98,5
Dans cette enceinte almohade prend place la médina, structurée autour de 3 axes Nord-Sud (rue des Consuls, Sidi Fatah, El
Gza) et d’un axe Est-Ouest (Souika). C’est ce dernier axe qui est le cœur commercial de la ville au début du XXème siècle et qui
représente, avec la rue des Consuls, la structure principale de la médina.
La médina jouissait d’une multifonctionnalité remarquable (lieu de production, d’habitation, d’échange, de pouvoir et de jeu). Son
tissu urbain diffus reste le siège de pratiques profondément ancrées dans l’histoire des peuples qui y vivent.
L’ensemble de ses sites est inscrit depuis 2012 sur la liste du Patrimoine Mondial de l’UNESCO.
Disposant d’un patrimoine historique d’une richesse exceptionnelle, la ville de Rabat, en collaboration avec l’ensemble de ses
partenaires institutionnels, a œuvré depuis les années 80 à le préserver et le mettre en valeur dans le cadre d’un ensemble de
programmes d’intervention. Différents travaux de mise à niveau de ce tissu ont été entrepris pour promouvoir son image et son
attractivité. Aujourd’hui la prise de conscience de la nécessité de mener une véritable stratégie de réhabilitation de la médina a été
confirmée par le classement de ses sites sur la liste du Patrimoine Mondial grâce au concours de l’ensemble des acteurs locaux.
20 Réseau Marocain des Anciennes Médinas
III. La gestion de la médina dans la ville Rabat
1. Modalités de la gestion de la médina
Superficie de la médina 90 ha
La gestion de la Médina relève des prérogatives du Conseil Population de la médina (2004) 26 499 hab
de la Commune urbaine de Rabat, en coordination avec le
Part des hab de la médina/hab de la ville 4,3%
conseil de l’Arrondissement urbain de Rabat-Hassan qui se
charge des travaux d’entretien et de mise en valeur de ce Taux d’accroissement démographique (1994-2004) -2,2%
tissu historique. Toutefois, le découpage institutionnel de Densité moyenne (hab/ha) 295
l’agglomération en plusieurs centres de pouvoirs se traduit par Taux de locataires (%) 64%
une absence de définition et d’impulsion d’une vision globale
Part des bâtiments de plus de 50 ans (%) 78,5%
du développement.
Nombre d’habitations menaçant ruine 105
Une grande attention a aussi été apportée au programme
national pour l’amélioration des conditions d’hygiène et
d’assainissement de certains quartiers de la médina. La
réhabilitation du réseau de distribution d’eau potable et
d’évacuation, de traitement des eaux usées et de ramassage
des ordures ménagères ont aussi été considérés comme des Focus sur une bonne pratique de la ville :
actions prioritaires. La mobilisation locale pour le classement de la ville sur la
liste du Patrimoine Mondial
À cet effet, le Conseil de la Ville de Rabat a encouragé et C’est en 2012 que la médina de Rabat a été classée Patrimoine
coopéré avec tous les acteurs de l’État et de la société civile Mondial grâce à une forte mobilisation institutionnelle qui a
pour le développement de programmes de sensibilisation et connu l’implication de nombreux acteurs, tant institutionnels,
d’information de la population (sensibilisation, éducation et professionnels qu’associatifs afin de préparer un dossier
transfert de savoir-faire et de connaissances). complet et détaillé pour le classement de la ville.
Cette initiative qui a été entamée en 2009 a été portée par
2. Études et projets en cours ou prévus la Wilaya de Rabat, en partenariat avec le Ministère de la
La médina de Rabat a fait l’objet d’une dizaine d’études et Culture. Ils ont mobilisé à cet effet des moyens matériels
de projets initiés depuis les années 1970 par les différentes et humains considérables afin de mener à bien le processus
administrations concernées et par les différents Conseils de la candidature de la ville. L’originalité de l’approche
communaux chargés de sa gestion urbaine. adoptée a consisté à confier l’élaboration du dossier à un
comité scientifique et technique composé d’experts marocains,
La plupart de ces actions s’articulent autour de la propreté d’enseignants de l’École nationale d’architecture de Rabat
de l’ancienne médina, de la distribution d’eau potable, et de conservateurs, d’experts de l’Institut national du
d’électricité et de l’assainissement liquide, des équipements Patrimoine, de cadres spécialistes de l’Inspection régionale
publics, des bâtiments menaçant ruine, de participation de des monuments historiques de Rabat et d’autres spécialistes
la société civile, et de l’organisation et l’encadrement des issus du Ministère de la Culture. Ce comité scientifique a
activités commerciales et artisanales. été ponctuellement appuyé, pour certains aspects pointus du
dossier de classement, par d’autres spécialistes tant marocains
Plus récemment, la médina de Rabat a fait l’objet de deux qu’étrangers afin répondre aux différentes exigences imposées
importantes initiatives visant sa mise en valeur. La première par l’UNESCO à ce sujet.
concerne la mobilisation de tous les acteurs locaux pour le L’autre originalité du dossier proposé a résidé dans le fait
classement de la médina qui a abouti à son inscription sur d’intégrer, au-delà de la médina, d’autres joyaux historiques
la liste du Patrimoine Mondial en 2012. La seconde, plus et patrimoniaux de Rabat, tels que la Kasbah des Oudayas, le
récente, datant de 2014, concerne le programme intégré de centre colonial, la tour Hassan, Chellah, le mausolée Hassan
développement de la capitale 2014-2018 baptisé «Rabat, Ville II, les quartiers Habous, Diour Jamaa, Océan, Akkari. Cela a
lumière» La réhabilitation de la médina y occupe une place conféré une grande richesse au dossier de candidature. C’est
centrale. Plusieurs actions et projets de grande envergure justement la raison pour laquelle le dossier a été accepté par
touchant la promotion des activités économiques de la médina, l’UNESCO qui a motivé son avis favorable par le fait que la ville
la restauration des monuments historiques, le traitement des témoignait d’un échange d’influence sur le développement de
constructions menaçant ruine, le réaménagement des espaces l’architecture, des arts monumentaux, de la planification...
publics ont été proposés. Enfin le dossier proposé pour le classement, un volume
consistant et très bien illustré a mis l’accent sur l’originalité
À signaler enfin que de nombreuses associations locales et l’authenticité du patrimoine de la ville. Il a indiqué les
œuvrent à des activités diverses d’encadrement et d’assistance différents dispositifs juridiques, techniques, financiers et
dans les domaines social, culturel et commercial dans la institutionnels (une fondation de protection et de mise en
médina. On y distingue les associations des quartiers qui valeur de ce patrimoine est proposée) qui seront mis en
mettent en œuvre des actions diverses de sensibilisation des place pour sa protection et sa mise en valeur et a inventorié
habitants et de mise en valeur de leurs quartiers. Figurent l’ensemble des documents, archives et études ayant porté sur
également les associations professionnelles des commerçants ses tissus historiques.
et artisans pour la gestion et la promotion des activités
économiques ainsi que des associations culturelles.
Réseau Marocain des Anciennes Médinas 21
Descriptif des principaux projets relatifs à la réhabilitation de la médina de Rabat
Échéance/état
Intitulé de l’étude Description Porteur de l’action Parties prenantes d’avancement
Programme intégré Il s’agit d’un vaste programme de Wilaya de Rabat Commune de 2014-2018
de développement développement urbain et économique, lancé et Agence de Rabat et différents
de la capitale en 2014, avec un montant d’investissement l’Aménagement de la départements
(Rabat Ville global qui dépasse les 18 milliards de vallée de Bouregreg ministériels
Dirhams. Baptisé «Rabat Ville Lumière»,
Lumière)
ce programme prévoit une série d’actions
d’envergure qui s’articule autour de 7
principaux axes, à savoir la valorisation du
patrimoine culturel et civilisationnel de la
ville, la préservation des espaces verts et de
l’environnement, l’amélioration de l’accès aux
services et équipements sociaux de proximité
et le renforcement de la gouvernance. Ces
axes concernent également la requalification
du tissu urbain, la consolidation et la
modernisation des équipements de transport,
la dynamisation des activités économiques et
le renforcement des infrastructures routières.
La réhabilitation de la médina de Rabat en
constitue l’une des actions principales et inclut
des projets de mise en valeur et gestion des
constructions menaçant ruine.
Programme intégré - Préservation et promotion du patrimoine Commune urbaine de 2014-2018
de mise à niveau culturel et civilisationnel de la ville. Rabat
urbaine
- Valorisation de l’héritage culturel et des
monuments historiques inscrits sur la liste
du patrimoine universel.
Fondée vraisemblablement par les Banu Achara au XIème siècle, la ville de Salé se distingue par une histoire urbaine multiséculaire.
Sa position de carrefour sur la rive droite de l’oued Bouregreg et au bord de l’océan Atlantique l’a érigé comme véritable pôle
attractif pour différentes dynasties et pour les émigrants qui s’y sont installés.
Du fait de la succession de ces différentes dynasties, cette cité garde un charme et une spécificité particulière par rapport aux
autres médinas du Royaume. Plusieurs caractéristiques lui confèrent cette singularité tant sur le plan culturel (la fête de la
procession des cires par exemple), que sur le plan social et architectural. Elle dispose de 8 grandes portes, de la grande mosquée
(Masjid Al Aâdam), d’une université qui date de l’époque des mérinides (la Médersa mérinide) ainsi que plusieurs zaouïas et
sanctuaires, etc. Toutefois et à l’instar de la plupart des médinas du Royaume, cette cité a vu son attractivité d’antan se réduire
considérablement au fil du temps, ce qui s’est traduit spatialement par un niveau de dégradation et de délabrement assez avancé
touchant principalement ses anciens fondouks.
Ce programme a été réajusté et enrichi par de nouveaux projets visant la médina et ses abords (corniche, accès à la ville…) dans
l’optique de faire de ce tissu ancien le levier de développement de toute la ville de Salé.
Lancé par SM le Roi Mohammed VI en février 2014 dans le cadre d’un nouveau projet de mise à niveau de Salé sur une période
étalée entre 2014-2016, ce programme comprend quatre principaux axes, à savoir : La préservation de la culture et du patrimoine
de la ville, le renforcement des infrastructures de base, le développement du secteur touristique et de l’artisanat, et la lutte
contre l’habitat insalubre. Pour la réhabilitation de l’ancienne médina, il prévoit un ensemble d’interventions visant la réhabilitation
des fondouks et des habitations menaçant ruine, la promotion des métiers de l’artisanat en voie de déperdition ainsi que la
restauration des monuments historiques de la ville. La mise en œuvre de cet ambitieux programme a été le fruit de l’implication
active d’une multitude d’acteurs, tant au niveau central qu’au niveau local.
Enfin dans l’optique de promouvoir des projets de réhabilitation au niveau de la médina, il est à souligner les actions originales
conduites par la municipalité de Salé pour l’acquisition de biens immobiliers (fondouks et grands ryads). C’est pour faire face à
la difficulté rencontrée en matière de mobilisation du foncier au cœur de la médina que le pouvoir municipal, en collaboration
avec la Préfecture, a investi dans l’acquisition d’un patrimoine foncier permettant la réalisation d’un ensemble de projets
sociaux et culturels.
Plus récemment, la médina a fait l’objet d’un important programme de mise à niveau sur cinq ans conduit par la préfecture de
Salé, en collaboration avec le Conseil municipal. Ce programme qui repose sur une vision de réhabilitation intégrée touchant les
différentes dimensions physiques, architecturales, sociales et culturelles de la médina comprend des travaux de réhabilitation
des anciens fondouks, de réaménagement de places publiques, de relogement des habitants dans les constructions menaçant
ruine, etc.
D’autres entités administratives ou associatives travaillent en étroite collaboration avec l’atelier, telles que :
• L ’agence de l’Aménagement de la vallée de Bouregreg ;
• Association Bouregreg ;
• Association Sala Al Moustakbal ;
• Le Ministère de la Santé et l’Organisation Mondiale de la Santé.
En parallèle de ces études stratégiques, il est à mentionner la production d’une série de brochures, de guides thématiques, de
plans de circuits touristiques sur la médina.
Échéance/état
Intitulé de l’étude Description Porteur de l’action Parties prenantes d’avancement
Projet de mise à C’est dans le cadre d’un important chantier de Préfecture de Salé Partenariat entre 2014-2016
niveau intégré de mise à niveau urbaine de la ville de Salé (d’un en collaboration les Ministères de
la ville 2014-2016 montant d’investissement de 1,038 milliard de avec la Commune l’Intérieur (250
DH) qu’un programme de réhabilitation de la urbaine MDH), de l’Habitat et
médina a été lancé. Ce programme comporte de la Politique de la
une série d’actions visant le traitement des ville (157,5 MDH), de
fondouks et des habitations menaçant ruine, la Culture (13 MDH),
la promotion des métiers de l’artisanat, la des Habous et des
restauration des monuments historiques de la Affaires islamiques
ville. (19,5 MDH), de
l’Artisanat, de
l’Économie sociale
et solidaire (5 MDH),
la Municipalité
de Salé (365
MDH), le Conseil
provincial (50 MDH),
le Conseil de la
région de Rabat-
Salé-Zemmour-
Zaër (13 MDH),
l’INDH (35 MDH),
des partenaires
privés (30 MDH) et
associations (100
MDH).
Programme intégré La médina a fait l’objet d’un programme de Préfecture de Salé Ministère de 2007-2013
de mise à niveau réhabilitation qui date de 2007 et qui consiste en collaboration l’Intérieur, Ministère
urbaine à faire face aux différentes problématiques avec la Commune de l’Habitat et
dont elle souffre en termes d’équipements, urbaine de l’Urbanisme,
d’infrastructures et de traitement des Ministère de la
constructions menaçant ruine. Culture, Ministère
de l’Artisanat, du
Tourisme, Ministère
des Habous, Al
Omrane
Mise en valeur de À l’instar de la médina de Rabat, la médina Agence de Préfecture de Salé, 2009-2013
la médina dans de Salé a fait l’objet d’une série d’actions l’Aménagement du Commune urbaine,
le cadre du projet conduites par l’agence d’aménagement de Bouregreg Ministère de la
d’aménagement du la vallée du Bouregreg. Elles concernent la Culture
restauration des murailles, la réhabilitation
Bouregreg
des monuments historiques et le
réaménagement des espaces publics.
Plan Le PAS de la médina de Salé a été lancé Agence urbaine de Préfecture de Salé, 2013
d’Aménagement et en 2013 afin d’accompagner sur le plan Rabat-Salé Commune urbaine
de Sauvegarde de juridique et technique le processus de sa et différents
la médina PAS revalorisation et mettre en place les outils et services extérieurs
les orientations à suivre pour mener à bien la des départements
stratégie de sa réhabilitation. ministériels
Au regard de ses nombreuses qualités architecturales et patrimoniales, la médina est classée depuis 1997 sur la liste du
Patrimoine de l’UNESCO.
C’est à la fin des années 2000 qu’un important programme de réhabilitation de la médina a été lancé grâce à un appui financier
et technique des principaux départements ministériels concernés par la réhabilitation du patrimoine culturel. Ce programme, piloté
par la Wilaya et mobilisant l’ensemble des acteurs locaux, a un ensemble d’objectifs :
• La mise en valeur du tissu urbain traditionnel ;
• La dynamisation des activités socio-économiques et culturelles ;
• L’amélioration de la qualité de vie des riverains ;
• La meilleure articulation entre le tissu traditionnel et moderne ;
• La création d’un espace de cohésion sociale ;
• La protection de l’environnement contre toutes formes de dégradation et de pollution.
Réseau Marocain des Anciennes Médinas 27
III. Gestion de la médina dans la ville Tétouan
1. Modalités de la gestion de la médina
La gestion urbaine de la médina est assurée par la Commune Densité moyenne pop/ha 565 hab/ha
de Tétouan qui a mis en place, dès la fin des années 90, dans Taux de locataires (%) 66,4%
le cadre d’une volonté politique de mise en valeur du tissu
Part des bâtiments de plus de 50 ans 71,7%
historique, un service dédié à sa gestion. Ce service s’occupe,
entre autres, de la gestion des constructions menaçant ruine, Nombre de constructions menaçant ruine 1 277
de la restauration des murailles, du pavage des sols, de Longueur des murailles 5 km
l’évacuation des débris et déblais, de la réhabilitation de Portes 7 portes
quelques habitations, etc.
Avec le programme de mise à niveau urbain de la médina, d’autres acteurs locaux institutionnels et associatifs se sont mobilisés
pour initier des interventions de mise en valeur de la médina. Ainsi des comités ad-hoc ont été mis en place dans le cadre du
projet de réhabilitation de la médina pour s’occuper des différents axes de sa revalorisation.
De par son emplacement géographique, son paysage environnant magnifique et ses richesses patrimoniales, la médina de
Chefchaouen séduit ses visiteurs tant nationaux qu’internationaux. Ses maisons et ses ouvertures colorées en bleu lui confèrent
par ailleurs un charme tout particulier au point que certains la nomment la ville bleue.
Dans ce cadre, la ville de Chefchaouen compte plusieurs expériences et pratiques qui ont fait d’elle un modèle à suivre en matière
de gouvernance participative. À titre d’exemple on peut citer les manifestations annuelles «Printemps de Chefchaouen» et «Nuits
de Ramadan», qui durent chacune près d’un mois durant lesquelles différentes animations (culturelle, artistique, sportive, sociale,
etc.) sont planifiées et réalisées par les associations locales.
Focus sur une bonne pratique conduite par la ville : Les démarches des quartiers à l’échelle de la médina
C’est à partir de 2004 que le Conseil municipal de Tiznit a décidé d’instaurer une gouvernance participative à l’échelle de
la ville en lançant «la démarche de quartiers» comme approche d’implication de la société civile dans la gestion de leurs
quartiers. Cette démarche repose sur l’idée de soutenir et d’accompagner «des initiatives» ou actions proposées par les
habitants des quartiers pour les intégrer dans le plan d’action du Conseil communal et de les introduire, en fonction des
ressources financières disponibles, dans le budget municipal. Une telle approche, participative et spatialisée à l’échelle des
quartiers, permet au Conseil de la ville d’être plus proches des habitants et de leurs attentes et de réadapter ses actions
en fonction des priorités exprimées.
La Commune a entrepris une série de travaux et projets qui sont en cours de réalisation et se présentent comme suit :
• Élaboration de circuits touristiques de la médina.
• Étude sur la protection de la médina contre les risques et catastrophes naturels (volet environnemental). En effet, la médina
est traversée par un oued et donc exposée à des risques d’inondation.
• Quelques actions menées en partenariat avec Al Omrane, dans le cadre d’une stratégie de réhabilitation intégrée de la médina,
concernant l’amélioration de l’accès à l’eau potable, aux réseaux d’assainissement, le revêtement des sols, la généralisation
de l’accès à l’éclairage public…
• Des réflexions menées sur les possibilités de mettre en place un programme d’efficacité énergétique pour l’éclairage public.
• Projet de réhabilitation de la kasbah Aghenaj avec la création d’un théâtre de plein air (achevé) et la construction d’un musée
de la ville doublé d’un centre des archives historiques (en cours, livraison fin 2015), restauration des murailles, restauration
de l’ancienne mosquée par les Habous.
• La réhabilitation du souk Assil (achevée en 2014).
• La création du jardin public d’El Mers (achevée en 2014).
• La réhabilitation de la source historique (Aïn Aqdim dite la source bleue) achevée en 2015.
• Expropriation de bâtiments pour réaliser des places publiques (arrêtés d’expropriation pour créer des voies et des places publiques).
• Acquisition de bâtiments et maisons ayant une valeur architecturale et historique reconnue.
Au cours de sa riche histoire, la ville a été agrandie et embellie par la volonté des différentes dynasties qui régnèrent sur
le Maghreb, rayonnant ainsi sur le monde islamique occidental par la richesse de son patrimoine et par le savoir-faire de
ses artisans. Elle s’est offerte, sous le règne de ses fondateurs, des institutions prestigieuses comme les medersas qui
représentaient des hauts lieux du savoir et de l’enseignement coranique. D’une superficie de 300 hectares, elle comporte quatre
noyaux historiques : Andalous, Quaraouiyine, Bouinania et Fès Jdid.
Située à 180 km à l’Est de Rabat, Fès est la troisième ville la plus peuplée du pays avec près de 1,2 million d’habitants. Elle
est l’ancienne capitale politique et culturelle du Maroc et également l’un des noyaux historiques de la civilisation arabo-
musulmane. Fès est désormais divisée en six arrondissements. Géographiquement, la ville est scindée en trois parties distinctes
correspondant à l’ancienne médina «Fès el Bali» datant du IXème siècle et représentant le plus ancien quartier édifié par les
Idrissides ; «Fès Jdid» édifiée au XIIIème siècle par les Mérinides, cité administrative et royale où le Roi aime à se rendre pour
marquer la solennité d’un évènement ou l’importance d’une décision ; Fès ville nouvelle (Dar Dbibegh) est le nouveau centre
construit au Sud-Ouest sous le protectorat français.
Depuis lors, plusieurs programmes de réhabilitation ont été entrepris par l’ADER en collaboration avec les partenaires institutionnels,
tant au niveau central que local, visant la gestion des constructions menaçant ruine et la réhabilitation des monuments et des
belles demeures de la médina. Parmi ces programmes, figure le projet de l’agence américaine Millénium Challenge relatif à la
promotion de l’artisanat dans la médina.
Ministères :
Ministère de Culture, Fondations
ADER Habous
l’Habitat privées
Tourisme
Artisanat
Agence
Organismes
Al Omrane urbaine et de
internationaux
Sauvegarde
La gestion urbaine de la médina est assurée par le Conseil de Part des hab. de la médina/hab. de la ville 12%
la ville qui, avec la collaboration de l’autorité locale, l’ADER et Taux d’accroissement démographique (1994-2004) -2,4%
la société civile, met en place les services urbains nécessaires Densité moyenne (hab/ha) 390
pour le bon fonctionnement de cette cité historique. L’ADER Taux de locataires (%) 48,4%
en tant que structure de réhabilitation participe activement
à la gestion de la ville, par le réaménagement des espaces Nombre d’habitations menaçant ruine 3 666
publics, le traitement des constructions menaçant ruine,
l’encadrement et l’accompagnement social des habitants. La société civile au niveau de la médina participe également à sa gestion
et à la promotion de son attractivité par l’animation et la conduite de plusieurs programmes et activités d’encadrement social et
culturel auprès des occupants de la médina.
Échéance/état
Intitulé de l’étude Description Porteur de l’action Parties prenantes d’avancement
Programme Composante du «Compact Millenium APP Agence pour le 2010-2013
«Artisanat et Challenge Account-Maroc» (MCA- Développement et la
Médina de Fès» Maroc), le projet «Artisanat et Médina Réhabilitation de la ville de
de Fès» est doté d’un budget MCC de Fès (ADER-Fès), Secrétariat
91 millions de dollars dont 42 millions d’État chargé de l’Artisanat
pour la seule composante du projet (SECA), Wilaya de la région
«Médina de Fès» visant la promotion Fès-Boulemane, Commune
du secteur de l’artisanat au niveau de urbaine de Fès et Commune
la médina. urbaine du Méchouar Fès
Jdid.
Schéma Directeur L’idée de lancer un Schéma directeur Ministère de
d’Urbanisme de la de Fès intégrant l’ancienne médina l’Habitat et de
ville de Fès (SDU) remonte au milieu des années 70 avec l’Aménagement du
l’aide du PNUD. Un premier document territoire
réglementaire planifiant l’aménagement
dans la médina de Fès a été approuvé
en 1980. Son élaboration a conduit à
la formulation d’un projet spécifique
pour la médina avec comme idée
maîtresse de «renforcer le rôle de la
médina en tant que centre principal de
l’agglomération».
Projet de À la suite d’un nouveau prêt de ADER-Fès Banque Mondiale, accord 1999-2003
réhabilitation de la la Banque Mondiale, un nouveau signé entre MI, Finances,
médina de Fès programme de réhabilitation de la MAC, deux Municipalités.
médina a été lancé depuis 1999
pour une durée de 4 ans. Il vise à la
poursuite des projets de mise à niveau
et de réhabilitation initiés au cours de
la décennie 1990 et au renforcement
des capacités des acteurs intervenant
dans la cité historique
Conventions de Restauration de 27 monuments ADER-Fès Ministère de l’Intérieur, 2013-2017
partenariat sous le historiques dans la médina de Fès Ministère des Finances,
Haut Patronage de (5 médersas, 4 borjs, 3 fondouks, Ministère de l’Habitat,
sa Majesté le Roi 3 tanneries, 2 murailles, 2 ponts et Wilaya de la Région de Fès,
8 monuments divers), qui touchent Conseil communal de Fès,
aux domaines suivants : touristique, Commune Mechouar Fès Jdid
artisanal, économique et culturel. et ADER.
Investissement de l’ordre de 285,5
millions de dirhams.
Traitement du bâti menaçant ruine dans ADER-Fès Ministères de l’Intérieur, 2013-2017
la médina de Fès. Cette action concerne des Habous et des Affaires
le traitement d’environ 1 729 bâtisses islamiques, de l’Économie et
avec une contribution de l’État au profit des Finances, de l’Habitat,
des habitants concernés. De leur côté, de la Culture, de l’Artisanat.
1 937 autres bâtisses bénéficieront d’un Wilaya de la Région de
suivi du degré de leur dangerosité. Fès-Boulemane. Commune
Une enveloppe de près de 330 millions urbaine de Fès. Commune
de dirhams a été mobilisée. Mechouar Fès Jdid.
Depuis la fin des années 1990, la question de la réhabilitation de la médina d’Essaouira a fait l’objet d’un regain d’intérêt
manifeste de la part des acteurs institutionnels et associatifs locaux qui se sont mobilisés pour protéger et revaloriser un
patrimoine urbanistique et architectural d’une grande richesse. Cette mobilisation s’est particulièrement cristallisée dans le cadre
du programme de l’Agenda 21 initié en 1996 par la coopération Belge, en collaboration avec les acteurs locaux de la ville. Le
principal objectif était d’amorcer un développement durable de la ville axé sur une préservation de ses ressources naturelles et
une mise en valeur de son patrimoine historique.
Réseau Marocain des Anciennes Médinas 41
Les actions de sensibilisation, de communication et de concertation impliquant tant les élus, que les techniciens et les associations
locales, menées dans le cadre de ce programme ont permis de déboucher sur une vision globale de réhabilitation de la médina
comprenant un plan d’action touchant ses différentes composantes environnementales, spatiales et sociales. Ces actions, qui ont
également permis de consolider cette prise de conscience locale quant à la nécessité de préserver ce tissu historique spécifique,
se sont soldées en 2001 par le classement de la médina en tant que Patrimoine Mondial.
Depuis la fin du programme de l’Agenda 21, un ensemble de projets de mise en valeur et de restauration ont été initiés séparément
par les principaux acteurs locaux : La Commune urbaine, la Province, l’Agence urbaine, la Culture, Al Omrane et le tissu associatif
local qui joue de plus en plus un rôle capital dans le rayonnement culturel de la médina.
Agenda local 21, une stratégie novatrice pour la réhabilitation de la médina d’Essaouira
Agenda local 21 est un programme qui a été lancé suite aux recommandations du Sommet Mondial de la terre de Rio de 1992 avec
comme objectif de mettre en place des stratégies de développement durable conciliant croissance économique et protection des
ressources environnementales. Cette conférence planétaire internationale préconisait que les autorités locales entreprennent une
large consultation pour parvenir à un consensus sur un planning nommé Agenda 21 pour le 21ème siècle, permettant d’améliorer le
cadre et les conditions de vie des communautés.
Une démarche innovante centrée sur un développement durable et endogène
Il s’agit d’une démarche opérationnelle novatrice qui vise la mise en convergence des politiques publiques locales en l’inscrivant dans
une pratique participative et délibérative. Parmi trois villes internationales identifiées comme sites pilotes, la ville d’Essaouira a été
choisie pour servir de support à l’expérimentation de cette nouvelle vision de développement local à l’échelle nationale. Le projet a
été initié en 1996 avec l’appui de l’Agence de la coopération belge, en partenariat avec l’ensemble des acteurs locaux, en se fixant
comme objectifs d’élaborer une vision commune à long terme de développement durable de la ville et de son tissu historique.
• Supprimer les goulots d’étranglement empêchant le développement durable de la ville ;
• Renforcer les capacités des institutions locales ;
• Créer des partenariats novateurs.
Ce programme a été initié grâce au concours et l’implication d’un ensemble de partenaires institutionnels, tant à l’échelle locale
qu’internationale :
• ONU – HABITAT (Programme des Nations Unies pour les Établissements Humains) ;
• La Coopération Belge ;
• Le Consortium Belge (Post Graduate Centre humain Settlements, K.U. Leuven) ;
• La Province d’Essaouira ;
• La Municipalité d’Essaouira.
Une démarche délibérative et participative
Parmi les différents axes d’intervention stratégiques identifiés, figurent la promotion du patrimoine culturel à travers la réhabilitation
de l’ancienne médina et le renforcement des capacités d’intervention des acteurs municipaux et des représentants du tissu
associatif. À la suite d’un ensemble d’ateliers thématiques de concertation et de consultations locales regroupant les différentes
entités locales concernées, dont le tissu associatif, les partenaires du programme ont pu esquisser une vision à long terme du
développement durable de la ville et un plan d’action. Ainsi pour la promotion de la médina, a été prévue l’élaboration d’un plan de
sauvegarde comprenant des actions de dédensification et la réhabilitation du Mellah avec le relogement des habitants occupant
les constructions menaçant ruine.
Études réalisés
• Charte architecturale de la médina ;
• Mise à niveau de la médina d’Essaouira.
Études en cours
• Restauration des murailles ;
• Mise à niveau des places publiques aux alentours de la médina ;
• Éclairage des murailles ;
• Réhabilitation du quartier Mellah ;
• Réhabilitation du marché aux poissons.
Échéance/état
Intitulé de l’étude Description Porteur de l’action Parties prenantes d’avancement
Programme La ville d’Essaouira a été la première ville PNUD en Province, Délégation 1998-2001
Agenda 21 du Royaume faisant l’objet d’un programme collaboration avec la de la culture,
de l’Agenda 21. C’était à la fin des années 90 Commune urbaine Délégation de
que ce programme a été lancé, mobilisant de l’Habitat.
façon participative l’ensemble des acteurs
locaux pour l’élaboration d’une vision partagée
du développement local et durable de la ville.
La réhabilitation de la médina a été un axe
central dans ce programme et un ensemble
d’orientations ont été dégagées pour sortir la
cité de sa léthargie économique.
Programme de La ville d’Essaouira a fait l’objet d’un La Province Al Omrane, 2010-2014
mise à niveau programme de mise à niveau qui a concerné d’Essaouira en Délégation de la
différents volets dont la mise à niveau de collaboration de la culture, de l’Habitat,
la médina. Des actions de restauration des Commune urbaine Habous.
murailles, de mise en place des infrastructures
et traitement des constructions menaçant
ruine ont été lancées dans le cadre de ce
programme.
Étude de mise Une étude de mise à niveau et de Agence urbaine Province, Commune 2012
à niveau de la revalorisation de la médina a été lancée en d’Essaouira urbaine, Délégation
médina 2012 afin d’établir une vision partagée de de la Culture.
réhabilitation de la cité et de faire ressortir
les axes stratégiques d’intervention qui vont
guider sa mise en valeur.
Traitement et Un important programme de traitement Province en Délégation de Depuis 2013
gestion des des CMR est piloté par la Province en collaboration avec Al l’Habitat, Commune
constructions collaboration avec les acteurs locaux. Il vise Omrane Marrakech urbaine.
menaçant ruine la consolidation et le traitement d’une centaine
de bâtisses situées principalement dans le
dans la médina
quartier du Mellah.
Depuis les actions de concertation et de sensibilisation élargies menées dans le cadre du programme d’Agenda 21, le tissu
associatif local occupe une place prépondérante dans la gestion, l’animation et la réhabilitation de la médina. Aux côtés de
nombreuses associations d’habitants ou d’artisans de la médina qui œuvrent pour l’amélioration de sa gestion quotidienne,
s’ajoutent un ensemble de grandes associations culturelles qui s’impliquent dans une série d’actions culturelles et sociales visant
la mise en valeur de la médina. Parmi lesquelles, figure particulièrement l’association Essaouira Mogador dont le nom initial était
«Association Pour la Sauvegarde et la Promotion d’Essaouira» (A.S.P.D.E.). Cette association, fondée en 1992 à l’initiative de M.
André Azoulay, s’est fixée comme objectif la préservation du patrimoine urbanistique et culturel de la ville. Depuis sa création,
elle a pu mobiliser les acteurs locaux pour la préservation du patrimoine local et la mise en place d’une série d’actions sociales
et culturelles qui ont été marquées par l’organisation du festival de Gnaoua et d’autres festivals qui font aujourd’hui la renommée
de cette cité à l’échelle internationale.
La population de la ville de Meknès et son agglomération est estimée actuellement à un million d’habitants. En effet, d’après le
recensement de 2014, Meknès compte 687 575 habitants.
Réseau Marocain des Anciennes Médinas 45
Meknès est surtout une ville touristique connu pour son patrimoine culturel. L’infrastructure hôtelière a connu ces dernières années
une croissance rapide, de même que les maisons d’hôtes traditionnelles appelées «Riad». Meknès est aussi connue pour son
artisanat très riche, dont le savoir-faire est jalousement gardé et transmis de génération en génération.
En termes de projets de réhabilitation et de restauration, le centre historique de Meknès a déjà fait l’objet de plusieurs interventions
menées à la fois par les ministères (Ministère de l’Habitat, de l’Urbanisme et de l’Aménagement de l’Espace, Ministère de la Culture,
Ministère du Commerce, Ministère du Tourisme) et par la Commune et la Wilaya de Meknès. Ces interventions se sont principalement
focalisées sur la restauration des monuments (y compris les murailles et les portes), avec une priorité accordée au Mechouar. Les
premières actions dans la médina sont récentes, lancées pour la plupart d’entre elles au cours de la décennie 2000. La société Al
Omrane s’est vue confier la réalisation de trois conventions de financement portant à la fois sur l’axe principal de la médina (2008),
le confortement des habitations menaçant ruine (2006) et la rénovation d’un îlot avec production de logements neufs.
À partir de 2011, et dans le cadre d’un projet appuyé par la GIZ, à travers le programme CoMun, une étude pour la réhabilitation
de la médina de Meknès a été réalisée, visant principalement les points suivants :
• Partir d’un cadre logique basé sur une vision générale (échelonnée temporellement) et sur une stratégie d’intervention bien
définie pour toute intervention.
• Éviter les opérations ponctuelles et limitées en insistant sur les opérations globales et intégrées, à incidences plus directes
sur le vécu des habitants de la médina et sur le développement de cette dernière.
• Mettre en place un cadre institutionnel opérationnel, pour la gestion de la médina, qui soit représentatif de tous les acteurs
afin de les fédérer autour d’un projet commun et partagé.
Un projet avec la BEI (2008/2010) concernant une étude de réhabilitation sur un quartier pilote de la médina de Meknès a donné
l’occasion d’insister auprès des responsables locaux sur la nécessité de rompre avec la méthode «classique» d’intervention
dans le tissu urbain traditionnel (habituellement axée sur la restauration des murailles et de quelques monuments historiques),
pour mener une réflexion plus large et plus bénéfique non seulement au patrimoine mais aussi à la population et à toute la
ville.
Ce changement de cap est en train de s’opérer, bien que lentement, mais il parait plus évident que jamais, et ce dans toutes
les médinas du pays. En effet, les politiques de gestion passées n’ont donné aucun résultat satisfaisant et il est temps de
professionnaliser le métier du patrimoine et d’élaborer des modes de gestion réaliste et réalisable englobant la médina avec
toutes ses composantes pour avoir une perception plus claire de la réalité, afin de mieux évaluer ses problèmes pour y
remédier et de mieux cerner ses potentiels pour les renforcer.
En 1907, date du débarquement des militaires français, Casablanca est une cité d’une cinquantaine d’hectares, entourée d’une ceinture
de remparts et comptant quelque 20 000 habitants. Elle est divisée en trois quartiers : Le Tnaker au Nord-Ouest, occupé par les
ruraux vivant dans les noualas (huttes de roseaux) ; le Mellah, au Sud-Ouest, aux constructions modestes, réservé à la population
israélite, dans le périmètre défini par le Sultan Moulay Slimane au début du 19ème siècle ; enfin, la partie la plus structurée de la cité,
le long du port et sur la rive Sud-Est de la muraille où s’ouvre la porte Bab Souk vers l’intérieur du pays. C’est là que se concentrent
les bâtiments occupés par les étrangers (consulats, agences bancaires, hôtels et pensions), les maisons édifiées par les négociants
marocains ainsi que les équipements publics.
Dans le quartier des consulats où s’implantèrent les grandes puissances étrangères sont concentrées des constructions coloniales art
déco et néo-mauresques qui côtoient des constructions méditerranéennes et arabo-andalouses, conférant une diversité architecturale
typique à cette ancienne médina.
Au-delà de son dynamisme économique, la ville est connue également pour son patrimoine culturel spécifique marqué par la
présence d’un patrimoine colonial riche reconnu à l’échelle international et d’un tissu traditionnel faisant référence à la civilisation
arabo-musulmane.
Focus sur une bonne pratique au niveau de la médina de Casablanca : La mise en place du projet de réhabilitation de la
médina de Casablanca : Une gouvernance participative
L’originalité de la démarche initiée dans le cadre du projet de réhabilitation de l’ancienne médina de Casablanca réside dans
l’organisation institutionnelle proposée pour sa mise en œuvre et qui s’articule autour d’un comité de pilotage dans lequel sont
représentés l’ensemble des acteurs locaux concernés par la gestion de la médina. Ce comité de pilotage qui assume la mission de
maître d’ouvrage délégué auprès de l’Agence urbaine de Casablanca est appuyé par un comité de coordination chargé de coordonner
entre les différents acteurs impliqués et par les groupes de réflexion chargés de conduire des réflexions thématiques sur les
différents aspects de la gestion et de la mise en valeur de la médina et d’élaborer une vision globale de la réhabilitation.
Structure Composition Mission
• Le gouverneur (Président)
• Les présidents des 4 groupes de réflexion
• Le président de l’Arrondissement de Sidi Belyout
Comité de pilotage • Les délégués du commerce, de tourisme et de la culture Validation
• Présidents des associations Casa-Mémoire, Casablance Carrières
Centrales, Anciens Élèves de Casablanca, ...
• M. Mohamed Tangi (collectionnaur) et Abdellah Naguib (historien), ...
• Les présidents des groupes de réflexion
Comité de coordination • Les coordinateurs des groupes de réflexion Coordination
• Coordinateur général (M. Abdellah Amghar)
Chaque groupe est constitué de :
• Président du groupe
• Départements ministériels concernés Élaboration d’une vision
Groupes de réflexion
• Services de l’arrondissement de Sidi Belyout stratégique intégrée
• Représentants de la société civile
• Personnalités ayant un lien avec l’ancienne médina
L’autre originalité du projet réside dans cette approche participative mise en place qui a pris la forme de réunions de concertation
élargies auxquelles ont participé l’ensemble des acteurs tant institutionnels, économiques, professionnels, qu’associatifs. Ces
réunions organisées sous formes d’ateliers de réflexion thématiques ont été l’occasion de croiser et de faire converger les points
de vue, les attentes et les perspectives divergentes des acteurs, ce qui a permis de déboucher sur une vision commune et partagée
autour de la réhabilitation de la médina. Ces réunions de réflexions ont connu la participation de la société civile casablancaise
qui assume un rôle prépondérant dans l’animation et la mise en œuvre du projet.
Au-delà de son rôle actif dans la conception de la stratégie de réhabilitation de la médina, le Comité de pilotage a assumé
également des missions stratégiques de communication et d’information auprès des habitants de la médina ainsi qu’un
rôle d’animation culturelle par l’organisation de manifestations et d’activités sociales et culturelles qui s’inscrivent dans la
promotion de l’image de la médina auprès de ses occupants. C’est le cas de la manifestation culturelle de Ramadaniyate
de l’ancienne médina animée par l’association Carrières Centrales en collaboration avec un collectif associatif local. Cette
manifestation a été marquée par l’organisation d’une centaine d’activités à vocations sociales, sportives et culturelles auprès
des habitants et des jeunes de la médina. C’est finalement une stratégie ascendante qui a présidé à l’élaboration du projet
de réhabilitation et qui a fait de la société civile un acteur central dans la conception et la mise en œuvre du projet.
• Mise en place d’un Comité de Pilotage présidé par M. le Wali (réunions annuelles ou semi-annuelles)
• Mise en place d’un Comité d’Animation et de Communication présidé par l’Association Casablanca Carrières Centrales
Rabat
Houra HAMMADI Chef du Service des Bâtiments de la Ville Commune urbaine de Rabat
Abdelilah Doughmi Conseiller et président du comité de développement humain Commune urbaine de Rabat
Arrondissement urbain
Mustafa Badaoui Architecte
de Rabat- Hassan
Jamal EL FIKHI Secrétaire général Association Espace des Oudayas
Salé
Urbaniste. Chef de Division de l’aménagement urbain.
Khadija Zmani Préfecture de salé
Responsable du programme de la réhabilitation de la médina.
Aziz Benbrahim Élu Arrondissement de Bab Lmrissa
Rajae Messari Architecte. Chef de la Division de l’urbanisme Mairie de Salé
Tétouan
Laila ACHAGRA Chef de service de l’ancienne médina Commune urbaine de Tétouan
Otman ABSI Cadre au service de l’ancienne médina Commune urbaine de Tétouan
Mohammed Boukhobza Élu communal, vice-président Commune urbaine de Tétouan
Mhammad BENABOUD Président Association Tétouan Asmir
Yassir GHAILAN Chef de service de relation extérieure et coopération Commune Urbaine de Tétouan
École des beaux arts et des
Mehdi ZOUAK Inspecteur des monuments historiques
métiers
Chefchaouen
Hamid Mesbah Élu, Vice-Président Municipalité de Chefchaouen
Nabil Chlyeh Élu, Vice-Président Municipalité de Chefchaouen
Tiznit
Ahmed BOUMEZGOU Élu, Vice-Président Commune urbaine de Tiznit
Ayad SAMRI Architecte et chef de Division d’urbanisme et de construction Commune urbaine de Tiznit
Fès
Fouad Serghini Directeur ADER
Ismail Alaoui Chef de département des opérations ADER
Moustafa El Hachimi Chef de département ADER
Nadia Lakhdar Cellule sociale ADER
Elaboré par :
Tarik Harroud
Avec le soutien de :
Direction Générale des Collectivités Locales
DPAT
Crédits photos :
CoMun, Paul Hahn
Safae Salih
Commune Urbaine Tétouan
Février 2015
Rabat
Tunis