Vous êtes sur la page 1sur 56

Réseau Marocain des

Anciennes Médinas
État des lieux des médinas des villes membres
Le REMAM encourage le respect de
l’environnement, le présent document
est imprimé sur du papier recyclé
Sommaire

Abréviations, sigles et acronymes........................................................................................................................... 04

Cartes, graphes et tableaux........................................................................................................................................ 05

Introduction.......................................................................................................................................................................... 06

1- Présentation du REMAM :
Une plate-forme de partage autour des pratiques de réhabilitation des médinas...................07

2- Les médinas du Maroc :


Potentialités, défis et caractéristiques socio-démographiques..........................................................08

3. Les médinas membres du REMAM :


Enjeux et dynamiques socio-démographiques...............................................................................................13

4. Présentation des villes membres :


Pratiques et modalités de réhabilitation de leur médina........................................................................19

Membres ressources....................................................................................................................................................... 52

Réseau Marocain des Anciennes Médinas 3


Abréviations,
sigles et
acronymes

ADER¸ Agence de Développement et de réhabilitation de la médina de Fés

COMUN¸ Coopération Municipale - Gouvernance locale et participative au Maghreb -

DFCAT¸ Direction de la Formation des Cadres Administratifs et Techniques

DGCL¸ Direction Générale des Collectivités Locales

HCP¸ Haut Commissariat au Plan

HMR¸ Habitations Menaçant Ruine

REMAM, Réseau Marocain des Anciennes Médinas

RGPH¸ Recensement Général de la Population et l’Habitat

PA, Plan d’Aménagement

PAS¸ Plan d’Aménagement et de Sauvegarde

PCD¸ Plan Communal de Développement

PNUD¸ Projet des Nations unies pour le Développement

UNESCO¸ Organisation des Nations Unies pour l’Éducation, la Science et la Culture

4 Réseau Marocain des Anciennes Médinas


Cartes, graphes
et tableaux

Cartes
• Répartition géographique des médinas sur le territoire national...................................................................................................................................09
• Localisation géographique des médinas membres...................................................................................................................................................................13

Graphes
• Part de la population médinoise par rapport à la population urbaine au Maroc................................................................................................10
• Répartition de la population dans les principales médinas au Maroc........................................................................................................................10
• Taux d’équipements des habitations au niveau des médinas............................................................................................................................................11
• Part des modes d’occupation dans les médinas........................................................................................................................................................................12
• Répartition de la population des neuf médinas membres...................................................................................................................................................13
• Populations des neuf médinas membres.........................................................................................................................................................................................14
• Évolution de la population des médinas membre durant les trois dernières décennies................................................................................14
• Taux de variation des populations dans les médinas membres durant la période 1982-1994 et 1994-2004..................................15
• Proportion des populations locataires dans les médinas membres.............................................................................................................................15
• Part des ménages vivant en cohabitation (de 2 ménages et plus) dans les médinas membres..............................................................16
• Taux d’occupation des ménages dans les médinas membres...........................................................................................................................................16
• Pourcentage de logements sommaires dans les médinas membres............................................................................................................................16

Tableaux
• Part de la population des médinas par rapport à la population de l’agglomération dans les villes membres..............................14
• Tableau synthétique des principaux indicateurs sur la population et les constructions dans les médinas membres...............18
• Descriptif des principaux projets relatifs à la réhabilitation de la médina de Rabat......................................................................................22
• Descriptif des principaux projets relatifs à la réhabilitation de la médina de Salé.........................................................................................26
• Descriptif des principaux projets relatifs à la réhabilitation de la médina de Tétouan..................................................................................29
• Descriptif des principaux projets relatifs à la réhabilitation de la médina de Chefchaouen......................................................................33
• Descriptif des principaux projets relatifs à la réhabilitation de la médina de Tiznit.......................................................................................37
• Descriptif des principaux projets relatifs à la réhabilitation de la médina de Fès...........................................................................................39
• Descriptif des principaux projets relatifs à la réhabilitation de la médina d’Essaouira................................................................................44
• Descriptif des principaux projets relatifs à la médina de Meknès................................................................................................................................47
• Descriptif des principaux projets relatifs à la médina de Casablanca.......................................................................................................................51

Réseau Marocain des Anciennes Médinas 5


Introduction

Promouvoir une culture de benchmarking entre les villes membres du REMAM


Dans le cadre de sa stratégie de capitalisation des pratiques conduites par ses villes membres en matière de réhabilitation
des anciennes médinas, le Réseau Marocain des Anciennes Médinas (REMAM) compte élaborer une série de documents de
vulgarisation qui mettent à profit leurs expériences en la diffusant à grande échelle auprès de l’ensemble des villes historiques
du Royaume.

Les échanges établis lors des rencontres et activités organisées par le REMAM, depuis son lancement en 2012, ont révélé la
diversité et l’originalité des expériences conduites par certaines de ses villes membres qui parviennent à mettre en place des
pratiques innovantes malgré les contraintes juridiques et techniques rencontrées dans ce domaine. Des pratiques pertinentes
qu’il faudra absolument restituer, capitaliser et dont il faudra faire profiter l’ensemble des villes et des collectivités locales
dotées de médinas. Le présent document s’inscrit parfaitement dans cette optique en mettant en lumière les défis et les
pratiques de gestion des villes historiques. Il s’agit d’un catalogue de présentation du REMAM et de ses membres qui est le
premier document d’une série de publications futures touchant différents thèmes de la réhabilitation des anciennes médinas.

Outre la présentation des neuf villes membres du réseau, ce document comporte un ensemble d’indicateurs statistiques
sur les caractéristiques démographiques, sociales et physiques de leur médina. Inscrits dans le cadre d’une démarche de
benchmarking interne, ces indicateurs permettent, au-delà de la mise en lumière des caractéristiques communes des villes
membres, d’identifier les défis et les enjeux de la gestion de leur cité historique qui peuvent faire l’objet d’échanges lors des
sessions thématiques. Mais au-delà de ces indicateurs statistiques, le document présente également les modalités de gestion
et de gouvernance des médinas par les villes membres, les principaux programmes mis en œuvre ainsi que quelques-unes des
bonnes pratiques qu’elles ont conduites à ce sujet.

Même si ce catalogue cible en premier les villes du REMAM afin de consolider la culture d’échange et de partage entre
ses membres, cela n’exclut pas le fait qu’il puisse être utilisé par d’autres villes dotées de médinas ou même par des
administrations ou organismes nationaux concernés par la gestion des espaces historiques. C’est dans cette même perspective
que ce catalogue est appelé à être actualisé périodiquement par la mise à jour des données statistiques des villes membres,
mais aussi par l’intégration de nouvelles villes au sein du REMAM.

L’une des principales difficultés rencontrées pour réaliser ce catalogue concerne la disponibilité de données actualisées sur
les médinas. Dans ce sens, il faut souligner, au-delà du manque frappant de données mises à jour sur les tissus historiques,
la multiplicité des intervenants impliqués dans la gestion de ces espaces historiques qui implique une pluralité de sources
d’information. Cela a exigé, pour sa réalisation, un travail de vérification et d’harmonisation des données, au niveau de chaque
ville membre. Une bonne partie des données présentées dans le document a été recueillie à partir du dernier Recensement
Général de la population et l’Habitat (RGPH) de 20041 qui comporte un volet spécifique sur la situation démographique des
médinas. Le dernier RGPH de 2014 va certainement apporter de nouvelles informations sur la situation de ces espaces
historiques qu’il faudra intégrer dans une édition actualisée.

1- D
 ont les résultats viennent d’être publiés mais qui ne comportent pas dans sa version préliminaire les données démographiques sur les médinas du
Royaume.

6 Réseau Marocain des Anciennes Médinas


1- Présentation du
REMAM : Une
plate-forme de
partage autour
des pratiques de
réhabilitation des
médinas

C’est en mai 2012 que le Réseau Marocain des Anciennes Médinas a été lancé, suite à une initiative du programme CoMun,
en collaboration avec la Direction Générale des Collectivités locales (DGCL). Sa création s’inscrit dans le cadre d’une prise de
conscience grandissante à l’échelle nationale quant à la nécessité de préserver et de mettre en valeur un patrimoine historique
en situation de délabrement. Les collectivités locales, parmi d’autres acteurs institutionnels et associatifs, affichent de plus
en plus un intérêt particulier pour la mise en valeur de leur patrimoine culturel, en conformité avec les nouvelles dispositions
de la charte communale de 2009. C’est pour répondre à leurs préoccupations à ce sujet que le REMAM a été mis en place en
tant que plate-forme d’échange et de partage de leurs expériences et leurs pratiques dans ce domaine. Fruit de l’adhésion
d’un noyau initial de neuf villes historiques2, ce réseau a pour missions de consolider une culture d’échange et de partage
entre ses villes membres et de renforcer les capacités techniques et opérationnelles de leurs représentants, tant politiques
que techniques, quant à la gestion et la revalorisation de ces cités historiques. Son concept de base repose sur cette idée
de partage qui se matérialise dans l’organisation de sessions thématiques regroupant les villes membres autour de sujets
d’intérêt commun. Ce sont des réunions de dialogue et d’échange dans lesquelles les villes membres, en présence d’autres
acteurs associatifs, professionnels et scientifiques, discutent et débattent autour d’une thématique de la réhabilitation des
médinas afin de faire ressortir les défis communs et de mettre en exergue les bonnes pratiques pouvant être capitalisées et
transférées à grande échelle. À ces sessions d’échange organisées de façon alternée par les villes membres, s’associent tout un
ensemble d’outils et d’instruments de renforcement des capacités des membres qui prennent la forme de formations techniques,
d’expertises, de voyages d’études, de séminaires scientifiques, etc.
Ainsi, et deux ans et demi après son lancement, le REMAM a organisé huit rencontres thématiques portant sur différents sujets
touchant à la réhabilitation des anciennes médinas.

Pour une synergie et coopération des villes autour de la réhabilitation des médinas
Le Réseau Marocain des Anciennes Médinas (REMAM) a été créé afin d’accompagner les collectivités locales dotées de
médinas dans leurs divers programmes et stratégies de revalorisation de ces tissus. Il leur offre une plate-forme de dialogue
et d’échange au sein de laquelle elles peuvent collaborer et partager leurs expériences et leurs bonnes pratiques dans ce
domaine.
Dans le temps, REMAM pourra devenir un interlocuteur unique et privilégié pour les organismes nationaux et internationaux
concernés par la réhabilitation des tissus historiques.

Précisément, les objectifs assignés à ce réseau, se présentent comme suit :


- Promotion de la culture d’échange et de coopération entre les villes dotées de médinas au Maroc et à l’étranger ;
- Renforcement des capacités des villes membres dans la mise en œuvre des projets et programmes de réhabilitation ;
-P romotion des dynamiques de synergie et coopération entre les acteurs locaux, centraux et de la société civile pour une
meilleure gouvernance des anciennes médinas ;
- Soutien du lobbying auprès des organismes nationaux et internationaux concernés par le thème.

2- Il s’agit d’un noyau dur initial composé de 9 médinas qui va être élargi de façon progressive. Il est composé des villes suivantes : Meknès, Salé, Rabat, Fès,
Tétouan, Casablanca, Chefchaouen, Essaouira et Tiznit.
Réseau Marocain des Anciennes Médinas 7
2- Les médinas
du Maroc :
Potentialités, défis
et caractéristiques
socio-
démographiques

A. Des espaces aux multiples atouts confrontés à des défis divers


Le Maroc, pays ayant une histoire riche et séculaire, est connu par la diversité et l’originalité de son patrimoine culturel. Ksours,
Kasbahs, vestiges archéologiques, médinas, cités coloniales, monuments et édifices historiques, etc, autant de legs historiques
qui subsistent encore aujourd’hui, malgré l’usure du temps, et qui sont des joyaux architecturaux qu’il faudra préserver et
valoriser.
Parmi ces biens patrimoniaux, les médinas occupent une place particulière dans la mesure où elles constituent encore des
espaces occupés qui ne cessent de séduire les visiteurs tant nationaux qu’internationaux. Aujourd’hui, le Royaume compte
une trentaine de cités réparties sur différentes zones du territoire national. Elles recèlent chacune des richesses sociales et
culturelles spécifiques au point que sept d’entre elles sont déjà inscrites sur la liste du Patrimoine Mondial3.

Par leur morphologie urbaine atypique et leur ambiance sociale et culturelle spécifique, ces cités représentent encore des lieux
«exceptionnels» qui résistent peu ou prou aux dynamiques d’urbanisation galopante à l’œuvre dans les espaces urbains. Elles
conservent encore, dans un contexte généralisé de globalisation des territoires, un ensemble de spécificités et de pratiques
sociales et culturelles héritées du passé qui font leur charme et originalité. Elles sont également des lieux de concentration
d’une activité artisanale importante qui occupe une masse importante de main d’œuvre et qui figure parmi les leviers du
tourisme national. Enfin leur localisation spatiale au cœur des villes en fait des espaces propices pour la mise en place de
véritables projets de requalification urbaine permettant d’impulser de nouvelles dynamiques de changement dans les espaces
urbains. Bref ces cités recèlent autant d’atouts et de richesses4 qu’il faudra absolument valoriser et promouvoir dans le cadre
de véritables stratégies de réhabilitation.

C’est dans cette perspective qu’un ensemble d’actions et d’opérations de mise en valeur des médinas ont été entreprises
par les pouvoirs publics depuis la fin des années 70 afin de faire face au processus de marginalisation auquel elles sont
confrontées.
C’est au cours des années 1970, à la suite de la sonnette d’alarme tirée par les organismes internationaux (UNESCO) sur la
situation déplorable dans laquelle se trouvaient la majorité de ses tissus historiques (particulièrement la médina de Fès) qu’un
ensemble de départements ministériels (Culture, Intérieur, Habitat et Urbanisme, Tourisme, etc) se sont mobilisés pour initier
une série d’actions d’ordre physique, social et institutionnel permettant de pallier le processus de détérioration de ces médinas.
Restauration des murailles et des monuments historiques, réhabilitation des équipements et des infrastructures de base, mise
à niveau urbanistique et paysagère des médinas, lancement des documents spécifiques dédiés à l’aménagement et sauvegarde
de ces tissus (plans d’aménagement et de sauvegarde), traitement des constructions menaçant ruine, aménagement de circuits
touristiques, promotion de l’activité artisanale, autant d’actions qui ont été entreprises pour la promotion de l’image et de
l’attractivité de ces lieux historiques.

Les diagnostics, les études techniques, les opérations de restauration et les textes réglementaires se multiplient depuis la fin des
années 80, révélant la prise de conscience croissante des pouvoirs publics quant à la situation déplorable des médinas et la nécessité
de les inscrire dans un processus de réhabilitation. Cela s’est traduit notamment par l’élaboration en 2008 d’une stratégie nationale
de réhabilitation des médinas initiée par le Ministère de l’Habitat et de l’Urbanisme, avec le concours de la Banque Mondiale. Cette
stratégie, à défaut d’une synergie interministérielle et d’un portage institutionnel clair, n’a pas été mise en œuvre.

Certes l’ensemble de ces actions sur les médinas conduites à des échelles différentes ont permis d’insuffler des dynamiques
nouvelles à un ensemble de villes historiques (Fès, Tétouan, Marrakech, Essaouira, Casablanca, etc.), mais sans pour autant
parvenir à infléchir les tendances de délabrement qu’elles connaissent.

3- F ès, Marrakech, Meknès, Tétouan, Essaouira, Rabat, la kasbah d’Aït Ben Haddou, la cité portugaise de Mazagan (El Jadida), sont classées sur la liste du
Patrimoine Mondial de l’humanité.
4- Les tissus anciens constituent une part importante de l’identité culturelle du Royaume du Maroc et du développement touristique ; ils représentent environ
10% du patrimoine immobilier et abritent à peu près cinq millions d’habitants et des dizaines de milliers d’unités d’activité.

8 Réseau Marocain des Anciennes Médinas


Les résultats du dernier RGPH sur la situation socio-économiques de ces médinas le révèlent parfaitement. Ils montrent la
situation inquiétante dans laquelle se trouvent la plupart de ces médinas qui forment, le plus souvent des quartiers délabrés
et sous-équipés souffrant d’un ensemble de dysfonctionnements urbains.

Ces tissus historiques sont confrontés à un processus de dépeuplement marqué par un départ croissant d’une partie de leurs
habitants d’origine et l’arrivée de couches sociales défavorisées qui vont contribuer au processus de paupérisation de ces
tissus. Cela se traduit par un parc immobilier mal entretenu et en partie menaçant ruine. Le sous-équipement observé dans ces
tissus, la faiblesse de leur base économique, leur faible insertion viaire et urbanistique avec le territoire urbain représentent
des contraintes réelles à leur développement urbain.

Il semble que l’absence d’un dispositif institutionnel et financier dédié à la réhabilitation de ces cités historiques conjugué à
l’absence d’un cadre juridique et normatif régissant l’intervention dans ces espaces est un frein majeur qui entrave sérieusement
tout processus de leur revalorisation urbaine.

La réhabilitation des médinas requiert ainsi la mise en place d’une véritable stratégie nationale mobilisant toutes les
forces vives nationales (institutionnelles, professionnelles et associatives) et permettant d’asseoir fondements juridiques et
opérationnels pour leur préservation.

L’élaboration d’une telle stratégie doit reposer par ailleurs sur la réalisation d’un diagnostic actualisé et prospectif de la
situation des médinas et de leur fonctionnement, permettant de bien délimiter les enjeux et les pistes de changements à
explorer pour leur réhabilitation. Or faut-il souligner à ce propos l’absence frappante de travaux et d’études actualisés dressant
un état des lieux périodique sur les médinas et leur situation démographique et socio-économique. L’étude statistique réalisée5
en 2008 par le Haut Commissariat au Plan (HCP) au sujet des médinas, la suite du RGPH de 2004, représente la seule source
officielle où l’on peut déceler de façon globale les dynamiques sociales et spatiales que connaissent ces tissus historiques.

C’est justement sur la base des données statistiques de cette réflexion que ce document a été élaboré, en attendant leur
actualisation dans le cadre du nouveau recensement de 2014.

Les développements qui suivent ambitionnent d’apporter un éclairage sur la situation des médinas au Maroc. Ils passent en revue
quelques indicateurs sur leur profil démographique et socio-économique et l’état de leurs constructions. Le but étant de dresser un
portrait global de ces cités historiques afin d’identifier les caractéristiques et les problématiques communes pouvant faire l’objet
de thèmes d’échange et de partage entre les différents acteurs concernés par leur gestion et réhabilitation. Il s’en suivra un focus
particulier sur la situation socio démographique des neuf médinas constituant le noyau dur initial du REMAM.

Répartition géographique des médinas


sur le territoire national
B. Les médinas au Maroc : Caractéristiques Tanger

socio-démographiques de tissus
Tétouan
Assilah
Larache Chefchaouen

en forte précarité
Ksar El Kebir Ouezzane Oujda

Salé My Driss Taza


Zerhoune Debdou
Rabat Fès
Casablanca
Meknès Sefrou
Azemmour

- Le profil démographique des médinas : Caractéristiques El Jadida


Bejaad
Khenifra
Kasbat Tadla
Safi

et tendances d’évolution Béni Mellal


Demnate
Figuig

Essaouira
Marrakech
En l’absence d’une définition communément partagée et
Taroudant
officiellement retenue6 sur cette notion de «médina» au Maroc,
Tiznit
le nombre exact de ces cités présentes sur le territoire national
reste sujet à des controverses entre les différentes entités
administratives et scientifiques concernées par le sujet.
La définition retenue par le Haut Commissariat au Plan en 2008
à la suite d’une étude statistique et géographique portant sur
la situation de ces tissus au Maroc, selon laquelle la médina se
définit «comme tout ensemble de quartiers citadins, d’origine Nombre d'habitants
précoloniale et initialement entouré de murailles7» a permis Moins de 10 000
de recenser 31 médinas à l’échelle nationale. Il s’agit d’une 10 000 à moins de 25 000
25 000 à moins de 50 000
diversité de villes historiques d’importances démographiques 50 000 à moins de 100 000
contrastées, réparties de façon équilibrée et homogène sur le 100 000 et plus
territoire national et présentant des caractéristiques culturelles,
sociales et géographiques diverses (cf. carte). Source : Cahiers du Plan n°20, 2008

5- P ubliée dans les cahiers du Plan n°20, publications du HCP, 2008, consultable sur son site web.
6- «Aucune définition de la médina n’est fournie officiellement» souligne-t-on en introduction des cahiers du Plan consacré au sujet de la médina, in Cahiers
du plan, op.cit, p.5.
7- Idem, p. 5.
Réseau Marocain des Anciennes Médinas 9
Par ailleurs et devant le manque de travaux dressant de façon actualisée Part de la population médinoise par rapport
la situation démographique des médinas au Maroc8, le recensement RGPH à la population urbaine au Maroc
2004 comportant un volet sur la situation des médinas au Maroc a permis 5%
de brosser un tableau complet et détaillé de ces espaces. Les résultats
mis en exergue dans le cadre de ce recensement s’inscrivent dans la
continuité des travaux réalisés dans la même optique à la suite des
RGPH de 1994, ce qui permettra de faire ressortir les tendances et les
dynamiques de changement intervenus dans ces tissus sur une période de
deux décennies.

D’après le recensement de 2004, il existe 31 médinas au Maroc, abritant


environ 738 000 habitants, soit 2,5 % de la population nationale et 4,5%
de la population urbaine.

Répartition de la population dans les principales Ce dernier chiffre 95%


médinas au Maroc montre comment ces
tissus historiques, Population urbaine
16% qui concentraient au Population des médinas Source : RGPH 2004
47% début du siècle la
majeure partie de la population citadine au Maroc, ne forment aujourd’hui
que de simples quartiers disséminés dans la large étendue des villes
en expansion rapide. À titre d’illustration, la population médinoise de
Casablanca ne représentait en 2004 que moins de 2% de sa population
totale alors qu’elle formait plus de 50% dans les années 1960.

Les résultats du recensement de 2004 révèlent également une répartition


25% déséquilibrée de ces populations à l’échelle des médinas. Ainsi une douzaine
de ces tissus seulement concentre 4/5 de la population médinoise avec
une grande concentration dans les villes de Marrakech, Fès, Casablanca et
6% Meknès lesquelles abritent à elles seules plus de 50% de cette population.
6%
Fès Cela montre l’ampleur des enjeux et les défis de la planification et gestion
urbaine qui pèsent sur ces grandes villes historiques du Royaume.
Marrakech
Casablanca
De l’analyse des résultats du recensement de 2004 en comparaison avec
Meknès ceux de 1994 ressort un ensemble de dynamiques à l’œuvre dans la
Le reste des médinas Source : RGPH 2004 plupart des médinas.

C. Tendances croissantes de dépeuplement associées à de fortes densités spatiales


Si les médinas ont connu depuis l’indépendance un processus croissant de densification, particulièrement suite à un afflux
considérable de populations rurales en quête de logements aux loyers accessibles9, elles vont connaître paradoxalement des
dynamiques de dépeuplement suite à une chute relative de la fécondité et surtout au départ d’une partie de leurs populations de
souche10 vers les quartiers extra-muros. Les résultats des trois derniers recensements le confirment parfaitement en révélant
un taux d’accroissement annuel négatif qui était de – 1,3 % entre 1982 et 1994 et de – 2% entre 1994 et 2004.
Ces tendances de dépeuplement connaissent des proportions différenciées en fonction des médinas. Elles sont plus accentuées
dans les grandes villes où l’on enregistre des niveaux avancés de délabrement des tissus historiques. Ainsi les villes de Meknès,
Casablanca et de Salé ont enregistré les niveaux les plus élevés de dépeuplement qui avoisinent un taux d’accroissement
négatif moyen de - 3%. C’est particulièrement au niveau de la médina de Meknès que nous avons pu observer la baisse la plus
importante de population, en raison de la chute de son attractivité et de l’extension considérable qu’a connu la ville durant
les deux dernières décennies. Ces tendances de diminution, si elles continuent sur le même rythme, laissent présager une
baisse nette de plus de 300 000 habitants d’ici 2030 et donc une forte diminution, voire une quasi-disparition de la population
médinoise au Maroc.

8- L es études sur les médinas au Maroc restent fragmentaires touchant de façon ponctuelle quelques villes historiques à l’occasion de réalisation des
documents de planification urbaine. On soulignera ici la réflexion stratégique qui a été conduite par la Banque Mondiale sur les médinas au Maroc en 2009
et dont les données ont été puisées des recensements de population et de l’habitat réalisés par le HCP.
9- En 2001, la proportion des chefs de ménage médinois issus de l’exode rural était de 33,7%.
10- Le processus de migration des populations de souche de la médina a démarré avec l’arrivée du protectorat français et la création de cités coloniales qui
ont attiré quelques franges des catégories aisées résidentes dans la médina. Il a concerné par la suite la communauté juive au cours des années 50 pour
connaitre des proportions plus importantes à partir des années 80.

10 Réseau Marocain des Anciennes Médinas


Par ailleurs, cette dynamique de dépeuplement a concerné particulièrement les catégories sociales moyennes et aisées qui
quittent ces tissus historiques pour s’installer dans les nouveaux quartiers. De tels déplacements entrainent progressivement
les médinas vers une situation d’abandon marquée en outre par l’entassement de ménages démunis qui se concentrent
particulièrement dans des quartiers délabrés comme les Mellahs. Au dépeuplement général observé dans la plupart des
médinas s’oppose de façon paradoxale des dynamiques de densification touchant leurs quartiers les plus délabrés qui vont
connaitre des situations d’entassement des populations dans des logements en cohabitation.
Ainsi d’après le RGPH de 2004, la densité moyenne dans l’ensemble des médinas avoisinait une moyenne de 1,8 personne par
pièce contre 1,7 au niveau du reste des villes du Royaume. Plus de 60% de ménages médinois vivent dans moins de deux pièces
contre 40% en ville. Les médinas de Casablanca et Fès figurent en tête des tissus les plus denses avec des taux de l’ordre de
2,1 et 1,9 personne par pièce.
L’autre indicateur de la densification des médinas concerne le taux de cohabitation des ménages par logement (densité par
logement) qui reste très élevé si on la compare avec la moyenne nationale observée dans les villes.
De manière générale, la plupart des médinas connaissent les niveaux les plus élevés de densité en raison du taux de
cohabitation important. Ces densités atteignent des taux impressionnants dans les fondouks et les Mellahs où l’on note la
présence d’habitations menaçant ruine.

D. Des tendances de paupérisation et de marginalisation sociale


Le départ progressif des catégories sociales moyennes et aisées des médinas qui a été observé depuis le début du siècle,
associé à l’afflux massif de contingents de ruraux, a entraîné ces tissus dans un processus inquiétant de paupérisation et de
marginalisation sociale. Cela explique pourquoi les populations médinoises représentent, aux côtés des habitants des quartiers
insalubres, les couches les plus pauvres parmi la population urbaine du Maroc. Le taux de pauvreté qui y est enregistré en
2001, par l’enquête de consommation, avoisine 12% contre 10,4% pour la population urbaine à l’échelle nationale. Cette situation
est plus alarmante dans les médinas situées dans les grandes villes du Royaume (Fès, Meknès, Casablanca) et particulièrement
dans leurs quartiers les plus délabrés. Le taux élevé d’analphabétisme de leur population qui dépasse 53%, la prédominance
d’une population locataire (plus de 60%) avec les loyers les plus faibles à l’échelle nationale, le niveau élevé de densité (60%
des ménages des médinas vivent dans des logements de 1 à 2 pièces) représentent autant d’indicateurs sociaux et spatiaux
révélateurs de la forte précarité sociale de ces tissus historiques.
Malgré le fait qu’elles abritent une population active assez importante (dont le poids (45%) dépasse sensiblement celui
enregistré dans le reste des espaces urbains (42%)), les médinas continuent à enregistrer des taux élevés de chômage comme
le révèle le recensement de 2004. Ce taux, qui se situe aux alentours de 9% contre 8% enregistré dans le reste des espaces
urbains, touche particulièrement les populations juvéniles et féminines.
De même, les actifs occupés au niveau des médinas restent dominés par les catégories socioprofessionnelles dans lesquelles
la proportion des petits métiers ouvriers et des artisans dépasse les 45 % contre 6% pour les cadres moyens et supérieurs.
Ces différentes indications justifient pourquoi une bonne partie de ces médinas ont été inscrites dans les cartes de pauvreté
élaborées dans le cadre de l’Initiative Nationale de Développement Humain (INDH).

E. Un sous-équipement considérable Taux d’équipements des habitations au niveau des médinas

des bâtisses 100% 99,10%


97,10%
90,90%
Les médinas connaissent également un niveau de
sous-équipement très élevé en comparaison avec 80%
le reste des quartiers urbains. L’accès aux divers
services urbains et aux commodités domestiques,
bien qu’il ait connu une évolution notable par rapport 60%
aux années 80 et 90, n’est pas encore à la portée de
l’ensemble des populations médinoises. Ainsi, le taux
de raccordement aux réseaux publics ne dépasse pas
40%
91% pour l’eau potable. Il est d’environ 97% pour
l’électricité et 92% pour l’assainissement. 27,60%

Ces taux cachent toutefois des inégalités considérables 20%


entre les différentes médinas. Par exemple, on
enregistre de faibles taux de raccordement à ces
réseaux dans des tissus tels que Séfrou et Safi 0%
(respectivement 48% et 54% pour le branchement Cuisine Salle de Eau Électricité
bains potable
aux réseaux d’eau potable).
Source : RGPH 2004

Réseau Marocain des Anciennes Médinas 11


Au niveau du confort domestique, il est à noter que 99% des ménages disposent d’une cuisine et seulement 27% des maisons
disposent de salles de bain.
La prédominance du mode associatif pour le branchement à ces différents réseaux est intéressante à relever. Une part non
marginale des populations médinoises (à faibles revenus et au statut de locataires) y accède en association avec d’autres
ménages. Le même constat peut être soulevé pour l’utilisation partagée des toilettes.
Enfin en l’absence d’études pointues sur le niveau de couverture de ces tissus historiques en matière d’équipements socio-
collectifs, il est clair qu’au regard de leur densité spatiale, de la particularité de leurs statuts fonciers et de la spécificité de
leur morphologie urbaine, ils souffrent d’une carence considérable en équipements de base.

F. Un délabrement avancé des constructions


La précarité sociale et économique d’une frange considérable de la population des médinas se reflète de façon manifeste dans
l’état physique des bâtisses. Ces constructions présentent, au vu de leur vétusté mais aussi de la situation socio-économique
de leurs occupants, des niveaux de délabrement très avancés en comparaison avec les constructions dans les autres quartiers
urbains. Ainsi, d’après les résultats de 2004, un peu moins de 12 000 ménages occupent des logements sommaires et
insalubres, soit environ 7% de la population totale des médinas. Ces constructions dites sommaires (constituées de bidonvilles,
taudis, fondouks) représentent à leur tour 6% du parc logement de ces tissus historiques et abritent un nombre considérable
des constructions menaçant ruine.

En plus de ces logements sommaires, les dynamiques de délabrement touchent également les autres types de constructions,
comme le montre l’enquête logement réalisée par le Ministère de l’Habitat et de l’Urbanisme en 2001 qui a révélé que plus de
50% des constructions sont dégradées et 10% menacent ruine.

Plusieurs facteurs sont à l’origine de la détérioration physique des constructions des médinas. Il faut d’abord noter l’ancienneté
du parc logement, dont 60 % des constructions ont 50 ans et plus et 30% plus de 100 ans.

Ensuite le taux de location y reste très élevé en comparaison avec le reste Part des modes d’occupation dans les médinas
des quartiers urbains : 47% contre 26% à l’échelle nationale. 6% 4%

La densité par logement y est également très forte : Environ 60% des 42,3%
populations médinoises occupent des logements d’une à deux pièces
contre 40% dans le reste des villes.

De même, 13% de cette population vivent en cohabitation dans un même


logement dont 3% cohabitent dans des logements abritant 4 ménages et
plus.

Ce survol succinct sur la situation socio-économique des médinas à la


lumière des résultats du RGPH de 2004 a fait ressortir les nombreux défis
auxquels elles sont confrontées et qui pèsent énormément sur leur devenir. 47,7%
Les tendances de dépeuplement observées depuis les trois dernières
décennies constituent particulièrement un enjeu majeur si elles continuent Autres
à évoluer suivant le même rythme. Cela rend plus que nécessaire la mise
Locataires
en place de stratégies de renforcement d’attractivité de ces espaces pour
maintenir leur population qui constituent l’âme et l’essence de ces tissus Propriétaires
historiques. Logés gratuitement Source : RGPH 2004

Le chapitre qui va suivre établira un focus approfondi sur les neuf médinas fondatrices du REMAM. Il mettra en exergue de
façon détaillée et comparative les caractéristiques démographiques et socio-économiques de ces médinas, ainsi que leurs
dynamiques de changement. L’objectif étant de faire ressortir les points communs mais aussi les points de divergence entre les
villes membres du REMAM et dégager les enjeux qui pourraient constituer prochainement des sujets d’échanges et de partage
lors des sessions thématiques du réseau.

12 Réseau Marocain des Anciennes Médinas


3. Les médinas
membres du
REMAM : Enjeux et
dynamiques socio-
démographiques

C’est en mai 2012 que le REMAM a été lancé grâce à l’intérêt et Localisation géographique des médinas membres
l’engagement exprimés par neuf Communes dotées de médinas
qui ont souhaité mettre en place une plate-forme d’échange Tanger
Tétouan
Assilah
et de partage de leurs pratiques et expériences en matière Larache
Ksar El Kebir
Chefchaouen
Ouezzane Oujda
de réhabilitation urbaine. Il s’agit de neuf médinas distinctes Salé My Driss
Zerhoune
Taza
Rabat Fès Debdou
qui constituent le noyau initial d’un réseau pionnier appelé à Casablanca
Meknès Sefrou
Azemmour
être élargi progressivement au fil des années. Le choix de ces El Jadida
Bejaad
Khenifra

médinas a été dicté, au-delà de l’intérêt manifesté par les Safi


Kasbat Tadla

Béni Mellal

villes fondatrices du REMAM, par un souci de diversification qui


Figuig
Demnate
Essaouira
Marrakech
prend en considération un ensemble de critères liés à la taille
Taroudant
démographique de la médina, son emplacement géographique,
Tiznit
son classement sur la liste du patrimoine, sa spécificité
socioculturelle, son mode de gestion, etc. La carte ci-contre Médinas membres du REMAM

montre bien la répartition assez équilibrée des médinas Médinas non membres

membres du REMAM sur le territoire national.

Toutefois cette volonté de diversification des médinas membres


du REMAM ne signifie en aucun cas la représentativité de ce Nombre d'habitants
noyau tant les caractéristiques des 31 médinas du Maroc sont Moins de 10 000
hétérogènes. 10 000 à moins de 25 000
25 000 à moins de 50 000
50 000 à moins de 100 000
C’est pour cette raison que l’élargissement du réseau par 100 000 et plus
l’intégration des autres médinas est indispensable pour mettre
en exergue les différentes spécificités socioculturelles mais Source : Fond de carte in cahiers du Plan, 2008
aussi les défis et problématiques de gestion de l’ensemble des
tissus historiques.

Répartition de la population des neuf médinas membres Par ailleurs, la fonction principale du REMAM comme structure d’échange
4% et de dialogue entre les neuf médinas implique une connaissance préalable
5% 33% de leurs caractéristiques sociales et économiques ainsi que des défis
6% et enjeux communs de leur gestion. C’est dans cette perspective que
s’inscrit l’élaboration de ce profil global qui dresse, dans une logique de
8% benchmarking leur situation sociale et démographique ainsi que les modes
gestion et de réhabilitation de leurs tissus historiques.

8%
A. Caractéristiques démographiques des villes
membres du REMAM : Des profils hétérogènes
10%
13% Selon le RGPH de 2004, les neuf médinas membres du REMAM concentrent
une population estimée à 349 700 habitants, soit à peu près 48% de la
13%
Fès Rabat
population médinoise nationale.
Meknès Tiznit
Cela révèle la taille et l’importance démographique des villes fondatrices
Casablanca Essaouira
du REMAM. Au sein de ce noyau initial, trois villes (Fès, Meknès et
Salé Chefchaouen Casablanca) forment les 2/3 de la population totale du noyau, dominées
Tétouan Source : RGPH 2004 particulièrement par la ville de Fès qui concentre à elle seule 33% de
cette population.

Réseau Marocain des Anciennes Médinas 13


Au vu de la diversité des tailles de population qu’elles Populations des neuf médinas membres
abritent, ces médinas peuvent être classées en trois catégories 140 000
principales : grandes médinas dont la taille moyenne dépasse 120 000
les 47 000 hab. (Fès, Meknès et Casablanca), médinas
moyennes entre 30 000 hab. et 47 000 hab. (Salé, Rabat, 100 000
Tétouan) et enfin petites médinas dont la taille est inférieure 80 000
à 20 000 hab. (Tiznit, Chefchaouen, Essaouira).
60 000 Pop 2004
Mais en dépit de population relativement importante, la
40 000
plupart de ces médinas ne représentent en réalité que de
concentrations démographiques réduites en comparaison 20 000
avec les villes dans lesquelles elles sont localisées. Ainsi on 0
relève une proportion moyenne pour l’ensemble des médinas

ès

ca

an

nit

ira

n
ba

ue
Sa
kn

an
du réseau qui ne dépasse pas 14% de la population totale de

ou

Tiz

ou
Ra

ao
Me

bl

sa

ch
sa
leur agglomération.

Es

ef
Ca

Ch
Source : RGPH 2004
Cette proportion demeure très faible pour les médinas de grande taille comme Casablanca, Rabat et Salé, dont la part de population
par rapport à celle de leur ville ne dépasse pas 4%. Elle est au contraire plus importante pour les médinas de petite taille telles
que Tiznit, Essaouira et Chefchaouen (plus de 24%). Cela reflète une situation assez contrastée entre les villes membres en termes
de place et d’enjeu réel représentés par les médinas dans les programme de planification et gestion urbaines.

Part de la population des médinas par rapport à la population de l’agglomération dans les villes membres

Ville Population de la médina Population totale de la ville Population médina/ville (%)


Casablanca 47 063 3 672 900 1
Rabat 26 499 1 550 100 4,3
Salé 34 410 903 485 4
Meknès 47 125 545 000 9
Tétouan 28 278 318 800 9
Fès 117 251 1 002 600 12
Essaouira 16 718 70 000 24
Tiznit 19 994 62 000 32
Chefchaouen 12 362 36 280 34
Source : RGPH 2004

B. Dynamiques accentuées de dépeuplement démographique


L’analyse de l’évolution de la population des neuf médinas membres au cours des trois dernières décennies (d’après les résultats
des RGPH de 1982, 1994 et 2004) confirme les dynamiques de dépeuplement Évolution de la population des médinas membre
observées au niveau de l’ensemble des médinas du Royaume. Ce processus durant les trois dernières décennies
de chute démographique reste toutefois plus accentué dans les neuf médinas,
600 000
puisque entre 1982 et 2004, elles ont perdu dans l’ensemble une population de
191 660 hab. soit une diminution totale de 40%. 500 000

Cette diminution s’est particulièrement accélérée durant la décennie 1994- 400 000
2004 puisqu’elle a atteint 32 % durant cette période contre seulement 10%
pour la période intercensitaire 1982-1994.
300 000

Le taux d’accroissement annuel est négatif. Il avoisine -1,33% pour toute la 200 000
période 1982-2004 avec une nette accélération (-2,23%) pour la période 1994-
2004. Cette situation reste contrastée entre les différentes villes membres. 100 000
Les baisses les plus élevées s’observent au niveau des villes de Meknès
et d’Essaouira qui ont enregistré respectivement des taux de décroissement 0
moyen annuels de 3,7% et 3,1% entre 1994 et 2004. Tandis que les villes de 1982 1994 2004
Tiznit, Casablanca et Tétouan ont observé les dynamiques de dépeuplement les Source : RGPH 2004
plus faibles, avec un taux de décroissement moyen annuel qui ne dépasse pas
1,7%. Bien que son taux de dépeuplement reste relativement élevé, la médina
de Fès a enregistré la plus grande perte de population : 31 763 habitants entre 1994 et 2004, soit une diminution annuelle moyenne
de 3 176 habitants.

14 Réseau Marocain des Anciennes Médinas


Taux de variation des populations dans les médinas membres durant la période 1982-1994 et 1994-2004

Tiznit 1,8%
-0,4%
-1,3%
Fès -2,4%
-1,3%
Meknès -3,7%
-1,2%
Salé -2,9%
Chaouen 0,3%
-2,1%
-1,7%
Rabat -2,2%
-1,5%
Essaouira -3,1%
-0,7%
Tétouan -1,7%
Casablanca 0%
-1,3%
-4 -3 -2 -1 0 1 2 3
TAAM 1982-1994 TAAM 1994-2004
Source : RGPH 2004

Ces dynamiques de dépeuplement s’observent dans l’ensemble des médinas membres dans un contexte où leurs villes mères
connaissent des dynamiques d’urbanisation croissantes touchant leurs quartiers extra-muros. Cela signifie une perte de l’attractivité
de la médina en comparaison avec les autres quartiers urbains.

C. Des formes exacerbées de précarité sociale


À l’instar des autres médinas du Royaume, les neuf médinas membres connaissent des niveaux accentués de paupérisation et
de marginalisation sociale. Cela se traduit par la prédominance d’une couche sociale démunie qui vit au-dessous du seuil de
pauvreté.
Les actifs occupés dans les villes membres, qui sont 35%, occupent essentiellement de petits métiers à faible revenu qui forment,
avec les artisans, la proportion dominante dans ces médinas.
Proportion des populations locataires dans les médinas membres
La proportion dominante des locataires 90
(moyenne de 57%, contre 47% pour l’ensemble
80 78%
des médinas) est un autre signe de la
précarité sociale observée dans les médinas 70 66,4% 65,4%
64,1%
membres.
60
52%
50 49% 48,9% 48,4%
La présence de locataires est plus importante
dans les grandes villes historiques dans 41,4%
40
lesquelles les loyers sont onéreux pour
30 Locataires (%)
les couches à faible revenu dans les
Propriétaires (%)
quartiers extra-muros. Ainsi les médinas de 20
Casablanca, Tétouan et Rabat enregistrent
10
les taux de locataires les plus élevés avec
respectivement 78%, 66% et 64%, tandis que 0
les petites villes comme Tiznit observent les
a

ira

ès

nit
ba


ua

ue
c

Sa

kn
an

Tiz
ou

Ra

ao
to

taux les plus faibles.


Me
bl

sa

Ch
sa

Es
Ca

Source : RGPH 2004


La situation précaire des populations médinoises des villes membres se reflète également dans le niveau de confort et d’équipement
de leur habitation. Ainsi plus de 20% d’entre elles sont raccordées aux réseaux d’eau potable et d’électricité en mode associatif,
tandis que 8% ne sont pas raccordées à ces réseaux. Ces proportions sont plus saisissantes pour les ménages locataires pour le
raccordement en eau potable puisque à peu près 30% d’entre elles y sont raccordés en association et 19% n’en disposent pas.

Ces proportions se ventilent de façon différenciée entre les neuf médinas du REMAM. La médina d’Essaouira se détache du reste
par le fait qu’à peu près le tiers de sa population (dominée par des ménages locataires) n’est pas branchée aux réseaux d’eau
potable, témoignant de la précarité dans cette médina. Ensuite, se positionnent les grandes médinas telles que Casablanca,
Meknès et Fès et Tétouan dont environ 13% de la population ne disposent pas de réseaux d’eau potable. Une telle proportion
révèle le rôle vital qu’assurent encore les bornes fontaines comme source d’approvisionnement et comme espaces de mixité et
de sociabilité à l’échelle des médinas.

Réseau Marocain des Anciennes Médinas 15


Un autre indicateur de la précarité Part des ménages vivant en cohabitation (de 2 ménages et plus) dans les médinas membres
sociale des populations médinoises des 45
villes membres concerne cette fois-ci le
40
taux de cohabitation de leurs ménages. 38,1%
36,6%
Ainsi si le taux de cohabitation reste 35 34%
relativement élevé pour l’ensemble des 31%
30 29% 28,9%
médinas membres où à peu près 1/5 des Cohabitation de 2 à 3
ménages vivent en cohabitation, il connait 25 ménages
toutefois des proportions plus saisissantes 20 18,1% Cohabitation de 4
dans les médinas telles que Casablanca, 15,5% ménages et plus
15 14,7% 14% 14,4%
Essaouira et Fès où environ la moitié de 13%
11,3%
10 9,7%
la population vit en cohabitation. Bien que 7,5%
6,8%
leur nombre ait connu une nette diminution 5 2,8% 2,5%
par rapport aux résultats enregistrés lors
du RGPH de 1994, les ménages cohabitant 0

ca

an

ira

nit
à quatre et plus restent récurrents

ba


ue

Sa
an

ou

Tiz
ou

Ra

k
ao

Me
bl

sa
dans les grandes médinas du REMAM

Ch
sa

Es
Ca

Source : RGPH 2004


particulièrement à Casablanca, Fès et

Taux d’occupation des ménages dans les médinas membres Rabat où environ 15% vivent encore en cohabitation élargie. De telles
2,5 cohabitations qui contrastent paradoxalement avec le processus
de dépeuplement observé au niveau des grandes médinas, restent
2,1
2 1,9 concentrées dans leurs quartiers délabrés, contribuant davantage
1,8 1,8 au processus de leur détérioration.
1,7 1,7
1,6
1,5
1,5
1,3 La forte densification des médinas membres s’observe également
dans le taux d’occupation par pièce (1,71 personne/pièce) qui reste
1
supérieur à celui enregistré au niveau national (1,5).
0,5
C’est particulièrement au niveau des médinas de Casablanca, Fès,
Essaouira et Chefchaouen où ces formes d’occupation s’observent le
0 plus en raison des taux élevés de cohabitation.
ca

an

ira

ès

nit
ba


ue

Sa

kn
an

ou

Tiz
ou

Ra

ao

Me
bl

sa

Ch
sa

Es
Ca

Source : RGPH 2004

C. Une forte dégradation du bâti


Il est clair que les tendances de précarité sociale observées dans Pourcentage de logements sommaires dans les médinas membres
la plupart des médinas membres vont se répercuter négativement 9% 8,5%
sur l’état physique de leurs constructions. 8%
8% 7,7%
7,3%
Cela se traduit déjà dans la proportion assez remarquable des 7% 6,4%
logements sommaires qui représentent environ 7% de leur parc de 6%
constructions contre une moyenne de 6% enregistrée à l’échelle de 5,1%
5%
l’ensemble des médinas.
4% 3,5%
3,4% 3,3%
La proportion de ces constructions est relativement élevée (avec 3%
une moyenne d’environ 9%) dans les médinas de Casablanca, 2%
Essaouira et particulièrement Salé qui abrite un ensemble de
1%
fondouks occupés illégalement.
0%
Le parc constructions des médinas membres se caractérise d’abord
ca

ira

at

ès

nit

ua

ue

Sa
b

kn
an

Tiz
ou

Ra

ao
to

par le taux de logements vacants qui dépasse 15% de l’ensemble


Me
bl

sa

Ch
sa

Es
Ca

mais aussi par sa vétusté puisque plus de 68% des constructions ont Source : RGPH 2004

plus de 50 ans contre 62% enregistré dans l’ensemble des médinas.

16 Réseau Marocain des Anciennes Médinas


Cette proportion se ventile de manière inégale entre les médinas membres. Ainsi la médina d’Essaouira se distingue des autres
par la vétusté du son parc, dominé par 90% de bâtisses de 50 ans et plus. En seconde position, figurent les grandes médinas
de Casablanca, Rabat et Fès dont environ ¾ des constructions sont vétustes, ce qui justifie la forte présence des constructions
menaçant ruine. La médina de Tiznit enregistre la proportion la plus faible de constructions vétustes (moins de 28%) témoignant
du processus de renouvellement sinon de dénaturation qu’elle a connu au cours des deux dernières décennies.

Ces différents indicateurs portant sur l’état des constructions des villes membres conjugués à leur sous-équipement et à la
prépondérance de ménages démunis et locataires justifient le niveau avancé de délabrement de leur médina et expliquent le fait
que la majorité d’entre elles concentrent la plus grande partie des constructions menaçant ruine existant dans les médinas du
Royaume. En effet, le recensement des CMR réalisé en 2013 à l’échelle nationale a révélé la présence de 18 619 constructions
menaçant ruine au niveau des médinas, dont plus de 75% sont localisées dans les neuf villes membres du REMAM. Deux médinas
seulement (Fès (20%) et Meknès (17%)) concentrent un peu moins de 40% des constructions menaçant ruine.

En somme, cette présentation succincte des caractéristiques démographiques des médinas membres et de l’état de leurs
constructions a permis de mettre en exergue un ensemble de dynamiques sociales, économiques et spatiales à l’œuvre dans ces
tissus historiques et de faire ressortir quelques défis communs qui peuvent faire l’objet de thématiques d’échange et de débat
entre les villes membres du REMAM.

À ce titre, le processus de dépeuplement observé dans l’ensemble de ces médinas mérite d’être débattu pour explorer les
différentes pistes et expériences pertinentes pour promouvoir l’attractivité de ces tissus et lutter contre le transfert et la mobilité
grandissante de leurs ménages d’origine.

De même, la présence forte d’une population locataire vivant dans des situations de précarité représente également un sujet de
débat pour identifier et partager les actions et les pratiques permettant d’améliorer la situation sociale et économique de ces
ménages par la mise en place d’activités génératrices de revenus.

Enfin, le sous-équipement considérable des bâtisses dans les médinas membres, et particulière celles de grande taille, mérite
d’être discuté afin d’explorer les alternatives meilleures et possibles pour une plus grande intégration sociale des ménages
démunis.

Réseau Marocain des Anciennes Médinas 17


18
Les villes membres du REMAM : Des défis communs pour la réhabilitation des anciennes médinas
Tableau synthétique des principaux indicateurs sur la population et les constructions dans les médinas membres

Caractéristiques démographiques Caractéristiques socio-économiques Caractéristiques sur l’état des constructions

Classement Taux de Construc-


Pop médina/ Taux de Taux de
Médinas sur la Taux d’ac- Taux cohabitation tions Pourcentage
Superficie Population pop agglo- Densité Taux de branche- branchement
membres du liste du croissement d’occupation (2 ménages dont l’âge de l’habitat
(ha) (2004) mération (hab./ha) locataires % ment en eau à l’électri-
REMAM Patrimoine (1994-2004) (pers/pièce) et plus par dépasse 50 sommaire
(2004) en % potable % cité %
Mondial log.) ans %

Réseau Marocain des Anciennes Médinas


Fès 1981 300 11 7251 12 390 -2,4 48,4 1,9 32 73,2 3,3 91 97,7

Rabat 2012 90 26 499 4,3 295 -2,2 64 1,6 31 78,5 7,7 97 98,6

Salé - 90 34 410 4 500 -2,5 49 1,5 11 56,5 8,5 96 97,8

Casablanca En cours 45 47 063 1 1 045 -1,3 78 2,1 38 78,2 7,3 89 97

Meknès 1996 97 47 125 9 470 -3,7 49 1,7 29 70 3,5 98 97

Chefchaouen - 21 12 362 34 600 -2,1 52 1,8 29 61,2 3,4 97 98

Tétouan 1997 50 28 278 9 470 -1,7 66,4 1,5 18 71,7 5,1 84,5 98,5

Essaouira 2001 30 16 718 24 550 -3,1 65,4 1,8 36 91,4 8 77 95,6

Tiznit - 115 19 994 32 268 -0,4 41,4 1,3 8 27,4 6,4 95 97


4. Présentation des
villes membres :
Pratiques et
modalités de
réhabilitation de
leur médina

C’est dans l’optique de promouvoir une culture de


benchmarking entre les villes membres du REMAM que
s’inscrit la réalisation d’un ensemble de fiches synthétiques
de présentation de leur médina. Ces fiches qui seront
actualisées de manière périodique comportent une série
d’indicateurs portant tant sur leur situation physique et
socio-économique que sur les modalités de leur gestion
et mise en valeur. L’objectif étant de permettre aux
membres du REMAM de prendre connaissance des enjeux
et des problématiques communes des médinas et ce afin
d’identifier les sujets d’échange et de partage lors des
sessions thématiques à organiser. De même, ces fiches
qui comportent un volet sur le dispositif institutionnel,
financier et opérationnel pour la gestion des médinas,
permettent de mettre en exergue les différentes approches
et démarches des villes membres et d’en tirer les
enseignements pertinents pour une meilleure gestion de
ces tissus anciens. Enfin, seront intégrés des focus sur
des bonnes pratiques conduites par les villes membres
relatives à divers domaines de la réhabilitation urbaine.

Réseau Marocain des Anciennes Médinas 19


I. Présentation de la médina de Rabat
La ville de Rabat est formée d’une part de la Kasbah des Oudayas fondée au XIIème siècle par le souverain almohade
Abdelmoumen, sur un promontoire rocheux commandant l’entrée dans l’oued Bouregreg et d’autre part, d’une longue muraille
almohade réalisée à la fin du XIIème siècle avec l’intention de créer une grande ville, enfermant sur deux côtés (Sud et Ouest)
un territoire de forme approximativement rectangulaire.

Dans cette enceinte almohade prend place la médina, structurée autour de 3 axes Nord-Sud (rue des Consuls, Sidi Fatah, El
Gza) et d’un axe Est-Ouest (Souika). C’est ce dernier axe qui est le cœur commercial de la ville au début du XXème siècle et qui
représente, avec la rue des Consuls, la structure principale de la médina.

La médina jouissait d’une multifonctionnalité remarquable (lieu de production, d’habitation, d’échange, de pouvoir et de jeu). Son
tissu urbain diffus reste le siège de pratiques profondément ancrées dans l’histoire des peuples qui y vivent.

L’ensemble de ses sites est inscrit depuis 2012 sur la liste du Patrimoine Mondial de l’UNESCO.

II. Stratégie de la ville pour la réhabilitation de la médina de Rabat


Rabat, capitale politique du Maroc, est une ville culturelle qui concentre la majeure partie des institutions et des activités
culturelles et interculturelles du Royaume. C’est une ville historique qui renferme des legs patrimoniaux d’une grande originalité.
Son ancienne médina occupe une superficie de 91 ha, délimitée par le cimetière et l’océan Atlantique au Nord, la muraille
andalouse au Sud, la rivière du Bouregreg à l’Est et le rempart almohade à l’Ouest.

Disposant d’un patrimoine historique d’une richesse exceptionnelle, la ville de Rabat, en collaboration avec l’ensemble de ses
partenaires institutionnels, a œuvré depuis les années 80 à le préserver et le mettre en valeur dans le cadre d’un ensemble de
programmes d’intervention. Différents travaux de mise à niveau de ce tissu ont été entrepris pour promouvoir son image et son
attractivité. Aujourd’hui la prise de conscience de la nécessité de mener une véritable stratégie de réhabilitation de la médina a été
confirmée par le classement de ses sites sur la liste du Patrimoine Mondial grâce au concours de l’ensemble des acteurs locaux.
20 Réseau Marocain des Anciennes Médinas
III. La gestion de la médina dans la ville Rabat
1. Modalités de la gestion de la médina
Superficie de la médina 90 ha
La gestion de la Médina relève des prérogatives du Conseil Population de la médina (2004) 26 499 hab
de la Commune urbaine de Rabat, en coordination avec le
Part des hab de la médina/hab de la ville 4,3%
conseil de l’Arrondissement urbain de Rabat-Hassan qui se
charge des travaux d’entretien et de mise en valeur de ce Taux d’accroissement démographique (1994-2004) -2,2%
tissu historique. Toutefois, le découpage institutionnel de Densité moyenne (hab/ha) 295
l’agglomération en plusieurs centres de pouvoirs se traduit par Taux de locataires (%) 64%
une absence de définition et d’impulsion d’une vision globale
Part des bâtiments de plus de 50 ans (%) 78,5%
du développement.
Nombre d’habitations menaçant ruine 105
Une grande attention a aussi été apportée au programme
national pour l’amélioration des conditions d’hygiène et
d’assainissement de certains quartiers de la médina. La
réhabilitation du réseau de distribution d’eau potable et
d’évacuation, de traitement des eaux usées et de ramassage
des ordures ménagères ont aussi été considérés comme des Focus sur une bonne pratique de la ville :
actions prioritaires. La mobilisation locale pour le classement de la ville sur la
liste du Patrimoine Mondial
À cet effet, le Conseil de la Ville de Rabat a encouragé et C’est en 2012 que la médina de Rabat a été classée Patrimoine
coopéré avec tous les acteurs de l’État et de la société civile Mondial grâce à une forte mobilisation institutionnelle qui a
pour le développement de programmes de sensibilisation et connu l’implication de nombreux acteurs, tant institutionnels,
d’information de la population (sensibilisation, éducation et professionnels qu’associatifs afin de préparer un dossier
transfert de savoir-faire et de connaissances). complet et détaillé pour le classement de la ville.
Cette initiative qui a été entamée en 2009 a été portée par
2. Études et projets en cours ou prévus la Wilaya de Rabat, en partenariat avec le Ministère de la
La médina de Rabat a fait l’objet d’une dizaine d’études et Culture. Ils ont mobilisé à cet effet des moyens matériels
de projets initiés depuis les années 1970 par les différentes et humains considérables afin de mener à bien le processus
administrations concernées et par les différents Conseils de la candidature de la ville. L’originalité de l’approche
communaux chargés de sa gestion urbaine. adoptée a consisté à confier l’élaboration du dossier à un
comité scientifique et technique composé d’experts marocains,
La plupart de ces actions s’articulent autour de la propreté d’enseignants de l’École nationale d’architecture de Rabat
de l’ancienne médina, de la distribution d’eau potable, et de conservateurs, d’experts de l’Institut national du
d’électricité et de l’assainissement liquide, des équipements Patrimoine, de cadres spécialistes de l’Inspection régionale
publics, des bâtiments menaçant ruine, de participation de des monuments historiques de Rabat et d’autres spécialistes
la société civile, et de l’organisation et l’encadrement des issus du Ministère de la Culture. Ce comité scientifique a
activités commerciales et artisanales. été ponctuellement appuyé, pour certains aspects pointus du
dossier de classement, par d’autres spécialistes tant marocains
Plus récemment, la médina de Rabat a fait l’objet de deux qu’étrangers afin répondre aux différentes exigences imposées
importantes initiatives visant sa mise en valeur. La première par l’UNESCO à ce sujet.
concerne la mobilisation de tous les acteurs locaux pour le L’autre originalité du dossier proposé a résidé dans le fait
classement de la médina qui a abouti à son inscription sur d’intégrer, au-delà de la médina, d’autres joyaux historiques
la liste du Patrimoine Mondial en 2012. La seconde, plus et patrimoniaux de Rabat, tels que la Kasbah des Oudayas, le
récente, datant de 2014, concerne le programme intégré de centre colonial, la tour Hassan, Chellah, le mausolée Hassan
développement de la capitale 2014-2018 baptisé «Rabat, Ville II, les quartiers Habous, Diour Jamaa, Océan, Akkari. Cela a
lumière» La réhabilitation de la médina y occupe une place conféré une grande richesse au dossier de candidature. C’est
centrale. Plusieurs actions et projets de grande envergure justement la raison pour laquelle le dossier a été accepté par
touchant la promotion des activités économiques de la médina, l’UNESCO qui a motivé son avis favorable par le fait que la ville
la restauration des monuments historiques, le traitement des témoignait d’un échange d’influence sur le développement de
constructions menaçant ruine, le réaménagement des espaces l’architecture, des arts monumentaux, de la planification...
publics ont été proposés. Enfin le dossier proposé pour le classement, un volume
consistant et très bien illustré a mis l’accent sur l’originalité
À signaler enfin que de nombreuses associations locales et l’authenticité du patrimoine de la ville. Il a indiqué les
œuvrent à des activités diverses d’encadrement et d’assistance différents dispositifs juridiques, techniques, financiers et
dans les domaines social, culturel et commercial dans la institutionnels (une fondation de protection et de mise en
médina. On y distingue les associations des quartiers qui valeur de ce patrimoine est proposée) qui seront mis en
mettent en œuvre des actions diverses de sensibilisation des place pour sa protection et sa mise en valeur et a inventorié
habitants et de mise en valeur de leurs quartiers. Figurent l’ensemble des documents, archives et études ayant porté sur
également les associations professionnelles des commerçants ses tissus historiques.
et artisans pour la gestion et la promotion des activités
économiques ainsi que des associations culturelles.
Réseau Marocain des Anciennes Médinas 21
Descriptif des principaux projets relatifs à la réhabilitation de la médina de Rabat
Échéance/état
Intitulé de l’étude Description Porteur de l’action Parties prenantes d’avancement
Programme intégré Il s’agit d’un vaste programme de Wilaya de Rabat Commune de 2014-2018
de développement développement urbain et économique, lancé et Agence de Rabat et différents
de la capitale en 2014, avec un montant d’investissement l’Aménagement de la départements
(Rabat Ville global qui dépasse les 18 milliards de vallée de Bouregreg ministériels
Dirhams. Baptisé «Rabat Ville Lumière»,
Lumière)
ce programme prévoit une série d’actions
d’envergure qui s’articule autour de 7
principaux axes, à savoir la valorisation du
patrimoine culturel et civilisationnel de la
ville, la préservation des espaces verts et de
l’environnement, l’amélioration de l’accès aux
services et équipements sociaux de proximité
et le renforcement de la gouvernance. Ces
axes concernent également la requalification
du tissu urbain, la consolidation et la
modernisation des équipements de transport,
la dynamisation des activités économiques et
le renforcement des infrastructures routières.
La réhabilitation de la médina de Rabat en
constitue l’une des actions principales et inclut
des projets de mise en valeur et gestion des
constructions menaçant ruine.
Programme intégré - Préservation et promotion du patrimoine Commune urbaine de 2014-2018
de mise à niveau culturel et civilisationnel de la ville. Rabat
urbaine
- Valorisation de l’héritage culturel et des
monuments historiques inscrits sur la liste
du patrimoine universel.

- Entretien des murailles, des portes


historiques et des musées.
Réhabilitation de - Favoriser l’accès des ménages à faibles Ex-Agence Nationale Direction Générale 2006
Diour Dbagh revenus à la propriété de lots de terrain de lutte contre de l’Urbanisme, de
équipés pour la construction de logements l’Habitat Insalubre l’Architecture et de
économiques. l’Aménagement du
Commune de Rabat Territoire.
- Des études sociologiques dans le secteur Hassane
de Diour Dbagh devront ouvrir la voie à des
interventions centrées sur la population
actuellement résidente.
Projet de la Wilaya - Mise à niveau des infrastructures dans Agence Commune urbaine, 2010-2014
de Rabat pour la la médina qui concerne en premier lieu d’Aménagement Inspection de la
réhabilitation de la l’éclairage, les voies et la gestion de de la Vallée du culture, Al Omrane
médina l’assainissement. Bouregreg

- Réhabilitation du cadre religieux et


économique dans la médina : mosquées,
fondouks.

- Réhabilitation du cadre culturel : les


murailles, la valorisation des monuments
historiques et des fontaines dans la médina.
Travaux - Réaménagement et mise à niveau du marché Municipalité de Wilaya da Rabat 2014 en cours
d’aménagement central pour la vente des fruits et des Rabat
et entretien légumes.
du marché aux
- Encouragement de l’activité des petits
légumes Bab El
commerçants.
Had

22 Réseau Marocain des Anciennes Médinas


I. Présentation de la médina de Salé
La médina de Salé compte parmi les six cités marocaines considérées comme ayant une tradition citadine (Hadaria). Joyaux de
la côte atlantique, elle est riche de par son architecture médiévale où divers monuments historiques et édifices publics jouxtent
les grandes artères artisanales ou marchandes.
Cette médina, à l’instar de ses sœurs, constitue un patrimoine historique et civilisationnel de la plus haute valeur, tout en
demeurant une composante particulièrement vivante du corps urbain auquel elle appartient.
L’intérêt pour la médina ne repose donc pas seulement sur sa valeur architecturale, esthétique ou culturelle, comme cela est
presque toujours le cas, mais aussi sur le fait qu’elle abrite encore une fraction de la population urbaine et participe très
activement aux divers secteurs de l’économie locale.

Fondée vraisemblablement par les Banu Achara au XIème siècle, la ville de Salé se distingue par une histoire urbaine multiséculaire.
Sa position de carrefour sur la rive droite de l’oued Bouregreg et au bord de l’océan Atlantique l’a érigé comme véritable pôle
attractif pour différentes dynasties et pour les émigrants qui s’y sont installés.
Du fait de la succession de ces différentes dynasties, cette cité garde un charme et une spécificité particulière par rapport aux
autres médinas du Royaume. Plusieurs caractéristiques lui confèrent cette singularité tant sur le plan culturel (la fête de la
procession des cires par exemple), que sur le plan social et architectural. Elle dispose de 8 grandes portes, de la grande mosquée
(Masjid Al Aâdam), d’une université qui date de l’époque des mérinides (la Médersa mérinide) ainsi que plusieurs zaouïas et
sanctuaires, etc. Toutefois et à l’instar de la plupart des médinas du Royaume, cette cité a vu son attractivité d’antan se réduire
considérablement au fil du temps, ce qui s’est traduit spatialement par un niveau de dégradation et de délabrement assez avancé
touchant principalement ses anciens fondouks.

II. Stratégie de la ville pour la réhabilitation de la médina de Salé


La stratégie de réhabilitation de la médina de Salé a été initiée dès la fin des années 90 suite à l’initiative prise par les pouvoirs
publics locaux, pour faire sortir la cité de sa léthargie et en faire un véritable pôle de développement culturel et économique à
l’échelle de la ville.

Réseau Marocain des Anciennes Médinas 23


Cette stratégie, concrétisée à travers une série de programmes de mise à niveau urbaine, a démarré avec le programme de 2007-
2012 visant trois objectifs majeurs, à savoir, l’insertion de la médina dans la dynamique que connait la ville, l’amélioration du
cadre de vie des citoyens à travers la création, la restauration ou l’embellissement de lieux d’habitation, d’activités et de loisirs,
et la valorisation du prestigieux patrimoine monumental de la ville par des actions de réhabilitation et de balisage tout en y
implantant des activités compatibles avec les lieux afin de les faire revivre dans le respect de leur histoire.

Ce programme a été réajusté et enrichi par de nouveaux projets visant la médina et ses abords (corniche, accès à la ville…) dans
l’optique de faire de ce tissu ancien le levier de développement de toute la ville de Salé.

Lancé par SM le Roi Mohammed VI en février 2014 dans le cadre d’un nouveau projet de mise à niveau de Salé sur une période
étalée entre 2014-2016, ce programme comprend quatre principaux axes, à savoir : La préservation de la culture et du patrimoine
de la ville, le renforcement des infrastructures de base, le développement du secteur touristique et de l’artisanat, et la lutte
contre l’habitat insalubre. Pour la réhabilitation de l’ancienne médina, il prévoit un ensemble d’interventions visant la réhabilitation
des fondouks et des habitations menaçant ruine, la promotion des métiers de l’artisanat en voie de déperdition ainsi que la
restauration des monuments historiques de la ville. La mise en œuvre de cet ambitieux programme a été le fruit de l’implication
active d’une multitude d’acteurs, tant au niveau central qu’au niveau local.

III. Gestion de la médina dans la ville Salé


1. Modalités de gestion de la médina
La gestion de la médina en matière de services de base est Superficie de la médina 90 ha
assurée par la Commune urbaine, en étroite collaboration Part des hab de la médina/hab de la ville 34 410
avec la préfecture de la ville et avec la participation d’un
ensemble d’associations locales de proximité qui œuvrent Part des hab de la médina/hab de la ville 4%
pour une plus grande valorisation de cette cité historique. Taux d’accroissement démographique (1994-2004) -2,5%
Densité moyenne (hab/ha) 500
Les associations de proximité contribuent, en étroite Taux de locataires(%) 49%
collaboration avec les pouvoirs publics locaux, à assurer
l’entretien et l’embellissement des quartiers et ruelles de la Part des bâtiments de plus de 50 ans (%) 56,5%
médina. Pour renforcer davantage cette gestion de proximité Nombre d’habitations menaçant ruine 145
dans la médina, un atelier dit de réhabilitation a été mis en
place, regroupant un ensemble d’acteurs institutionnels et d’associations locales. Il s’agit d’un lieu qui facilite les pratiques
d’échange et de concertation entre administration et tissu associatif locaux.

Enfin dans l’optique de promouvoir des projets de réhabilitation au niveau de la médina, il est à souligner les actions originales
conduites par la municipalité de Salé pour l’acquisition de biens immobiliers (fondouks et grands ryads). C’est pour faire face à
la difficulté rencontrée en matière de mobilisation du foncier au cœur de la médina que le pouvoir municipal, en collaboration
avec la Préfecture, a investi dans l’acquisition d’un patrimoine foncier permettant la réalisation d’un ensemble de projets
sociaux et culturels.

2. Études et projets en cours ou prévus


Depuis le début des années 90, la médina Salé a fait l’objet d’une série d’études, de programmes de mise à niveau urbanistique
et socio-économique visant sa revalorisation en tant que véritable centre culturel et touristique à l’échelle de la ville.
Plusieurs acteurs concernés par le développement de cette cité se sont mobilisés dans cette perspective en intervenant sur
des aspects particuliers de sa mise à niveau. On cite : Les travaux de restauration et de rénovation des murailles et des
monuments historiques conduits par le département de la Culture (restauration des murailles, des portes, des borjs, création
de musées, etc.) ; les projets conduits par le département du Tourisme et de l’Artisanat (réaménagement et balisage des
circuits touristiques, réhabilitation des fondouks, etc.) ; les travaux de gestion des habitations menaçant ruine par Al Omrane
en collaboration avec la préfecture (acquisition des fondouks, relogement des ménages, travaux de consolidation des bâtisses,
travaux de démolition, etc.) ; ainsi que les travaux récents d’embellissement de la cité conduits par l’Agence de l’Aménagement
de la Vallée de Bouregreg (réaménagement des places, restauration des murailles et des portes, réhabilitation des fondouks,
etc.).

Plus récemment, la médina a fait l’objet d’un important programme de mise à niveau sur cinq ans conduit par la préfecture de
Salé, en collaboration avec le Conseil municipal. Ce programme qui repose sur une vision de réhabilitation intégrée touchant les
différentes dimensions physiques, architecturales, sociales et culturelles de la médina comprend des travaux de réhabilitation
des anciens fondouks, de réaménagement de places publiques, de relogement des habitants dans les constructions menaçant
ruine, etc.

24 Réseau Marocain des Anciennes Médinas


L’atelier de la réhabilitation de la médina : Pour une plus grande efficacité de l’intervention institutionnelle locale
dans la cité historique
C’est à la suite d’une série de rencontres d’échange et de concertation réunissant les différents acteurs locaux intervenant
au niveau de la médina de Salé, que l’initiative de mettre en place un atelier de réhabilitation au cœur de la cité a été
adoptée. Il s’agit d’une véritable structure de proximité qui va permettre à la fois de mettre en coordination et en cohérence
les différentes actions conduites au niveau de la médina et de constituer surtout une interface de contact et de concertation
avec les habitants de la cité et leurs représentants associatifs. Fruit d’une étroite collaboration entre la Municipalité et la
Préfecture de Salé, cet atelier a été mis en place pour répondre à un ensemble d’objectifs :
• Mener une communication de proximité pour nourrir l’esprit de solidarité et d’implication de la population comme acteur
principal de développement de l’ancienne médina ;
• Entreprendre des actions diverses pour fédérer des partenaires et investisseurs nationaux et internationaux pour la
sauvegarde et le développement durable de l’ancienne médina ;
• Promouvoir le développement durable de l’ancienne médina afin d’améliorer les conditions de vie des populations ;
• Encourager le développement des actions sociales, créer des équipements publics de proximité, instaurer de nouveaux
savoirs et métiers ;
• Créer un environnement favorable à l’émergence des activités économiques et à l’amélioration de l’attractivité des
commerces, de l’artisanat et des services.

Des missions multiples : Entre coordination et animation locale


Pour atteindre les objectifs qui lui sont assignés, l’atelier est appelé à assumer les attributions d’un ensemble d’entités
administratives lui permettant de remplir son rôle d’interlocuteur unique face aux différents acteurs intervenants de la
médina. Il assume à cet effet plusieurs missions qui se résument en quatre fonctions principales :
• Coordination : Assurer la coordination et la mise en cohérence de l’ensemble des actions conduites sur le territoire de
la médina et ses abords.
• Connaissance : Promouvoir la connaissance et les savoirs sur la médina, en rassemblant les documents existants et en
lançant les études nécessaires pour affiner les savoirs existants et en assurer la promotion et la diffusion.
• Encadrement : Assurer la gestion du cadre bâti, encadrer les interventions et les orienter dans le sens de la préservation
de ce qui le mérite et appuyer les projets de reconversions et transformation.
• Accompagnement : Favoriser les actions d’accompagnement social des projets dans la médina à travers des actions
d’animation et d’intermédiation menées auprès des habitants et des associations locales.
Sur le plan opérationnel, ces missions se déclinent en plusieurs tâches et activités assumées par l’atelier, telles que :
• Suivi des projets programmés dans la médina ;
• Aide et assistance à la population ;
• Identification de projets avec la population ;
• Accompagnement social des habitants des fondouks et menaçant ruine ;
• Accompagnement des études et recherches ;
• Recherche de partenariats ;
• Élaboration de rapport d’activités et plan de communication ;
• Constitution d’un fonds documentaire ;
• Élaboration d’un cahier des charges et de prescriptions architecturales.

Une organisation institutionnelle flexible


Pour son lancement, l’atelier a réuni un ensemble de représentants de diverses administrations intervenant au niveau de la
médina. Cette structure est appelée à être étoffée au fur et à mesure de l’avancement du projet de la réhabilitation de la
médina. À l’heure actuelle, les administrations représentées au niveau de l’atelier se présentent comme suit :
• La Préfecture de Salé ;
• La Commune urbaine de Salé ;
• L’Arrondissement urbain de Bab Lamrissa ;
• L’Inspection des monuments historiques ;
• Le bureau de l’Accompagnement social ;
Deux techniciens assurent le contrôle et le suivi des constructions et modifications.

D’autres entités administratives ou associatives travaillent en étroite collaboration avec l’atelier, telles que :
• L ’agence de l’Aménagement de la vallée de Bouregreg ;
• Association Bouregreg ;
• Association Sala Al Moustakbal ;
• Le Ministère de la Santé et l’Organisation Mondiale de la Santé.

Réseau Marocain des Anciennes Médinas 25


Concernant les études portant sur la mise à niveau et la réhabilitation de la médina, plusieurs consultations et expertises
techniques ont été menées à ce sujet. À commencer par l’étude de définition d’une stratégie de réhabilitation de la médina initiée
par le programme CoMun en 2011 et qui avait comme objectif principal d’accompagner l’équipe locale dans l’élaboration d’une
planification claire de leur projet impliquant l’ensemble des acteurs concernés.
S’y ajoutent les études thématiques portant sur différents secteurs de la médina : Les habitations menaçant ruine, les monuments
historiques, les fondouks, etc. À noter enfin qu’un plan d’aménagement et de sauvegarde de la médina a été récemment lancé
par l’Agence urbaine de Rabat-Salé afin d’accompagner sur le plan juridique et technique le processus de revalorisation amorcé
dans cette cité.

En parallèle de ces études stratégiques, il est à mentionner la production d’une série de brochures, de guides thématiques, de
plans de circuits touristiques sur la médina.

Descriptif des principaux projets relatifs à la réhabilitation de la médina de Salé

Échéance/état
Intitulé de l’étude Description Porteur de l’action Parties prenantes d’avancement
Projet de mise à C’est dans le cadre d’un important chantier de Préfecture de Salé Partenariat entre 2014-2016
niveau intégré de mise à niveau urbaine de la ville de Salé (d’un en collaboration les Ministères de
la ville 2014-2016 montant d’investissement de 1,038 milliard de avec la Commune l’Intérieur (250
DH) qu’un programme de réhabilitation de la urbaine MDH), de l’Habitat et
médina a été lancé. Ce programme comporte de la Politique de la
une série d’actions visant le traitement des ville (157,5 MDH), de
fondouks et des habitations menaçant ruine, la Culture (13 MDH),
la promotion des métiers de l’artisanat, la des Habous et des
restauration des monuments historiques de la Affaires islamiques
ville. (19,5 MDH), de
l’Artisanat, de
l’Économie sociale
et solidaire (5 MDH),
la Municipalité
de Salé (365
MDH), le Conseil
provincial (50 MDH),
le Conseil de la
région de Rabat-
Salé-Zemmour-
Zaër (13 MDH),
l’INDH (35 MDH),
des partenaires
privés (30 MDH) et
associations (100
MDH).
Programme intégré La médina a fait l’objet d’un programme de Préfecture de Salé Ministère de 2007-2013
de mise à niveau réhabilitation qui date de 2007 et qui consiste en collaboration l’Intérieur, Ministère
urbaine à faire face aux différentes problématiques avec la Commune de l’Habitat et
dont elle souffre en termes d’équipements, urbaine de l’Urbanisme,
d’infrastructures et de traitement des Ministère de la
constructions menaçant ruine. Culture, Ministère
de l’Artisanat, du
Tourisme, Ministère
des Habous, Al
Omrane
Mise en valeur de À l’instar de la médina de Rabat, la médina Agence de Préfecture de Salé, 2009-2013
la médina dans de Salé a fait l’objet d’une série d’actions l’Aménagement du Commune urbaine,
le cadre du projet conduites par l’agence d’aménagement de Bouregreg Ministère de la
d’aménagement du la vallée du Bouregreg. Elles concernent la Culture
restauration des murailles, la réhabilitation
Bouregreg
des monuments historiques et le
réaménagement des espaces publics.
Plan Le PAS de la médina de Salé a été lancé Agence urbaine de Préfecture de Salé, 2013
d’Aménagement et en 2013 afin d’accompagner sur le plan Rabat-Salé Commune urbaine
de Sauvegarde de juridique et technique le processus de sa et différents
la médina PAS revalorisation et mettre en place les outils et services extérieurs
les orientations à suivre pour mener à bien la des départements
stratégie de sa réhabilitation. ministériels

26 Réseau Marocain des Anciennes Médinas


I. Présentation de la médina de Tétouan
La ville de Tétouan est connue pour son charme hispano-mauresque, son art traditionnel et son architecture originale. Elle a
pu préserver tout au long des 5 siècles écoulés l’essentiel de son identité culturelle à travers son tissu historique qui présente
de nombreux joyaux patrimoniaux. Sa médina compte parmi les cités les mieux conservées à l’échelle nationale ; elle a pu
garder son authenticité, sa configuration historique, sa trame urbaine, son patrimoine architectural et ses traditions et moeurs
de jadis qui lui confèrent un charme tout particulier. Ville à la fois militaire, religieuse et mystique, ville commerçante et enfin
diplomatique à une certaine époque, la médina de Tétouan se caractérise malgré tout par la simplicité et la fragilité de son
patrimoine architectural et de son paysage urbain.

Au regard de ses nombreuses qualités architecturales et patrimoniales, la médina est classée depuis 1997 sur la liste du
Patrimoine de l’UNESCO.

II. Stratégie de la ville pour la réhabilitation de la médina de Tétouan


La ville de Tétouan est située entre 2 montagnes, le Jbel Dersa de la chaine du Rif et le Jbel Ghorghez. Elle est orientée vers la
Méditerranée grâce à l’embouchure toute proche de l’oued Martil qui entoure toute la ville. Capitale et centre culturel de la région
de Tanger au Nord du Maroc, au Rif occidental, elle est considérée comme la ville la plus andalouse du Royaume.

C’est à la fin des années 2000 qu’un important programme de réhabilitation de la médina a été lancé grâce à un appui financier
et technique des principaux départements ministériels concernés par la réhabilitation du patrimoine culturel. Ce programme, piloté
par la Wilaya et mobilisant l’ensemble des acteurs locaux, a un ensemble d’objectifs :
• La mise en valeur du tissu urbain traditionnel ;
• La dynamisation des activités socio-économiques et culturelles ;
• L’amélioration de la qualité de vie des riverains ;
• La meilleure articulation entre le tissu traditionnel et moderne ;
• La création d’un espace de cohésion sociale ;
• La protection de l’environnement contre toutes formes de dégradation et de pollution.
Réseau Marocain des Anciennes Médinas 27
III. Gestion de la médina dans la ville Tétouan
1. Modalités de la gestion de la médina
La gestion urbaine de la médina est assurée par la Commune Densité moyenne pop/ha 565 hab/ha
de Tétouan qui a mis en place, dès la fin des années 90, dans Taux de locataires (%) 66,4%
le cadre d’une volonté politique de mise en valeur du tissu
Part des bâtiments de plus de 50 ans 71,7%
historique, un service dédié à sa gestion. Ce service s’occupe,
entre autres, de la gestion des constructions menaçant ruine, Nombre de constructions menaçant ruine 1 277
de la restauration des murailles, du pavage des sols, de Longueur des murailles 5 km
l’évacuation des débris et déblais, de la réhabilitation de Portes 7 portes
quelques habitations, etc.

Avec le programme de mise à niveau urbain de la médina, d’autres acteurs locaux institutionnels et associatifs se sont mobilisés
pour initier des interventions de mise en valeur de la médina. Ainsi des comités ad-hoc ont été mis en place dans le cadre du
projet de réhabilitation de la médina pour s’occuper des différents axes de sa revalorisation.

2. Études et projets en cours ou prévus


La ville historique de Tétouan a connu durant les dix dernières Focus sur une bonne pratique : Le chantier-école dédié au
années de nombreuses études et interventions conduites tant patrimoine de Tétouan
par la municipalité que par différents acteurs institutionnels L’association marocaine des chantiers-écoles a initié dans la
de la ville. Parallèlement, cette médina a profité d’un ville de Tétouan une pratique innovante qui consiste à mettre en
programme de réhabilitation de certains quartiers et demeures place un chantier école dédié à la formation professionnelle des
traditionnels en partenariat avec le gouvernement autonome jeunes médinois aux métiers de restauration et de valorisation
de l’Andalousie. Ce programme qui s’inscrit dans le cadre d’une du patrimoine historique.
coopération établie avec la Commune urbaine a concerné la Cette initiative pionnière au Maroc est financée par plusieurs
réhabilitation de quelques maisons traditionnelles ainsi que bailleurs de fonds : L’Agence Espagnole de Coopération
le ravalement des façades, le pavage des rues et la mise en Internationale pour le Développement, le programme ART GOLD
place d’un circuit touristique et de mobilier urbain. du PNUD, le Fonds Andalou des Municipalités pour la Solidarité
Internationale (FAMSI), la Wilaya de Tétouan, la Commune
À ces opérations, il faut ajouter les interventions de l’Ins- urbaine de Tétouan et le Ministère de la Culture qui a mis à
pection des monuments historiques et sites de Tétouan sur disposition du projet l’École des Arts et Métiers.
les murailles et l’architecture défensive et la réhabilitation Le site d’intervention et d’apprentissage des jeunes choisi,
de la seule tannerie, laquelle a été restaurée et récupérée ; grâce au soutien de la Wilaya, est l’École Soukaina, un édifice
la récupération des prisons souterraines (mtamer) pour en historique du 17ème siècle. C’est une ancienne école traditionnelle
faire un centre d’interprétation du patrimoine sur l’histoire en pour la formation en sciences théologiques au 18ème et 19ème
méditerranée ; sans oublier les interventions de la Nadara des siècle, qui fut transformée en une école française à l’époque du
Habous pour la réhabilitation et la restauration de nombreux protectorat.
monuments religieux. L’objectif de cette initiative, au-delà de répondre à un manque
considérable de profils et de techniciens spécialisés dans
La municipalité a réalisé son PCD (2011-2016) dans lequel l’intervention et la restauration des tissus historiques et à
la réhabilitation de la médina a occupé une place importante. la préservation des métiers traditionnels, est de contribuer à
Un ensemble d’actions y sont prévues, visant la mise à niveau l’insertion professionnelle des jeunes de la médina, contribuant
urbanistique et la promotion culturelle de cette cité. ainsi à la lutte contre la précarité. Ainsi en plus de la formation
assurée, les porteurs de l’initiative veillent à accompagner
Ces différentes actions ont été couronnées plus récemment les apprentis dans l’insertion professionnelle par l’appui à la
par le lancement d’un vaste programme de mise à niveau recherche d’emplois, la création de coopératives et d’ateliers
piloté par la Wilaya avec le concours de l’ensemble des de service. Par ailleurs, le cursus de formation qui se déroule
acteurs locaux pour la période 2011-2014 avec un montant sur deux ans, porte sur différentes filières des métiers de la
global de 315 millions de dirhams. Ce programme est le fruit restauration des tissus historiques (menuiserie, plâtre, plomberie,
d’un partenariat entre plusieurs départements ministériels. électricité, maçonnerie, ferronnerie). Les apprentis proviennent
Y contribuent également l’Agence pour la Promotion et le principalement de la médina et leur encadrement est assuré par
Développement du Nord, l’agence du Bassin hydraulique du des professionnels spécialistes dans le domaine.
Loukkos, le Conseil de la région de Tanger-Tétouan, le Conseil L’autre originalité de cette initiative consiste à faire un
de la Commune urbaine de Tétouan, l’Autorité délégataire apprentissage pratique sur le terrain dans la mesure où les
chargée de la distribution de l’eau et de l’électricité, ainsi travaux pédagogiques de restauration se font sur un édifice
que la société civile. historique, ce qui contribue à préserver et mettre en valeur les
Sa mise en oeuvre s’articule autour de six principaux axes joyaux patrimoniaux de la ville.
ayant trait au cadre bâti, aux infrastructures, aux édifices
religieux, au développement des services socio-culturels, à la réorganisation des commerces et à la promotion des activités
touristiques.

28 Réseau Marocain des Anciennes Médinas


Descriptif des principaux projets relatifs à la réhabilitation de la médina de Tétouan
Échéance/état
Intitulé de l’étude Description Porteur de l’action Parties prenantes d’avancement
Programme de la - Sauvegarde et mise en valeur de la médina Wilaya de la région Tous les intervenants Lancé depuis
réhabilitation de la de Tétouan. Tanger-Tétouan gouvernementaux. 2012, le projet
médina - Revoir les infrastructures, l’eau, l’électricité, Les organisations est dans la
le réseau d’assainissement et le câblage non dernière phase,
aussi bien d’électricité que de téléphone. gouvernementales. il sera clôturé en
- Réhabiliter des maisons tout en préservant Tous les Ministères. 2014.
le cadre historique de la médina. Commune urbaine de
Tétouan.
Habitants de la
médina.
Réhabilitation - Réhabiliter et mettre en valeur la médina. Commune urbaine de Junta de Andalucia. Depuis 1991,
de quelques - Reprendre les façades, le pavage, l’électricité Tétouan et Junta de Commune urbaine de convention
quartiers de et l’éclairage public pour faire un circuit Andalucia Tétouan. tous les 5 ans
la médina enn historique touristique balisé. Habitants de la renouvelable.
- Préparer un document sur les maisons de la médina. La fin de la
collaboration
médina qui ont une valeur patrimoniale. convention
avec la Junta de - Restaurer des fontaines publiques. actuelle est
Andalucia - Signalisation des sites historiques. prévue pour 2016.
Plan La médina de Tétouan est dotée d’un PAS Agence urbaine de Wilaya de Tétouan, 2009-2013
d’aménagement et afin de maîtriser les modes d’utilisation et Tétouan Commune urbaine
de sauvegarde de d’occupation dans ce tissu traditionnel et et les différents
la médina PAS mettre en forme une stratégie intégrée de sa services extérieurs
réhabilitation. des départements
ministériels
concernés.
Quelques actions - Réalisation d’études académiques sur la Association Tétouan Entrepreneurs. Une grande partie
associatives médina de Tétouan et de guides culturels. Asmir Habitants de la du projet est déjà
entreprises dans la - Publication de cartes qui représentent toute médina. entamée.
médina, l’exemple la médina. Gouvernement
- Études sur le nombre des maisons menaçant d’Andalousie.
de l’association
ruine.
Tétouan Asmir - Réhabilitation du cimetière musulman qui
s’étale sur 13 ha par :
• La construction de 3 kilomètres de
passages traditionnels,
• La réhabilitation de 16 tombeaux de
combattants qui sont venus de Grenade
pour fonder la médina il y a plus de 500
ans.

Réseau Marocain des Anciennes Médinas 29


Société civile et partenaires
À l’échelle de la médina de Tétouan œuvrent un ensemble d’associations à vocation sociale et culturelle qui contribuent à son
rayonnement culturel. Parmi ces ONG, l’association Asmir Tétouan a joué un rôle prépondérant dans les actions de mise en
valeur de cette cité. Cette association a fait de cette mission de revaloriser la médina, son cheval de bataille. Elle a réalisé
un ensemble d’études techniques, des guides de présentation, des circuits touristiques, des campagnes de communication et de
sensibilisation auprès des habitants et des acteurs de la ville. Elle a aussi mené des travaux de réhabilitation (grand cimetière,
les portes de la médina, rénovation de pavage) à l’échelle de la cité historique qui ont permis d’impulser des dynamiques de
changement à l’échelle de la médina.

Le rôle actif de la société civile pour la réhabilitation de la médina de Tétouan


L’association Tétouan Asmir est un acteur dynamique au niveau de la médina de Tétouan qui a initié plusieurs actions et
programmes de réhabilitation et d’animation culturelle autour de la médina. Elle a beaucoup collaboré avec le gouvernement
d’Andalousie qui finance quelques uns de ses projets réalisés dans la médina. L’un des projets les plus importants en
collaboration avec la Commune urbaine de Tétouan est celui des plaques dans la médina : 600 plaques des rues et 280
plaques de monuments historiques (mosquées et maisons...). Elle a initié également le projet de réhabilitation du cimetière
musulman qui a porté sur le nettoyage de la montagne des grands rochers qui ont été utilisés par la suite comme matière
première pour la réhabilitation des passages, ce qui a permis de limiter les charges de ce projet. La main d’œuvre était
composée d’habitants de la médina que l’association s’est chargée de former et de sensibiliser.
L’association Tétouan Asmir procède d’une façon peu coûteuse mais très rentable pour réhabiliter des maisons dans l’ancienne
médina. Elle convainc un entrepreneur d’acheter une maison dans la médina, en passant par le biais du club Tétouan Asmir
des amis de l’UNESCO. C’est l’association qui va se charger de choisir une maison qui a une valeur patrimoniale et qui
doit être conservée. L’entrepreneur va acheter la maison choisie par l’association et va la réhabiliter en concertation avec
l’association suivant un cahier des charges bien précis. Une fois les travaux de réhabilitation terminés, il est libre de la
vendre, sous la seule condition que la personne qui l’achète prennent soin de la maison. Le principe n’est pas commercial
mais il permet de prouver qu’il est possible de réaliser la réhabilitation d’une maison à moindre coût.

30 Réseau Marocain des Anciennes Médinas


I. Présentation de la médina de Chefchaouen
C’est Moulay Ali Ben Rachid, qui va fonder et donner le nom de sa famille à la ville de Chefchaouen pour devenir la ville
rachidienne. L’œuvre entreprise par Moulay Ali Ben Rachid était la réalisation du projet de la création d’un «bastion des
moujahidines». Après une expérience militaire reconnue, il a décidé de construire la ville de Chefchaouen sous forme de Kasbah
pouvant abriter sa demeure, une habitation pour ses assistants et fonctionnaires, des casernes pour les militaires et des abris
pour le bétail, le tout fortifié de remparts pour se prémunir contre les attaques ennemies. Du 15ème au 17ème siècle, la ville a
prospéré et grandi de manière considérable avec l’arrivée des Maures et Séfardis expulsés d’Espagne. Aujourd’hui encore, le
quartier andalou est l’un des plus peuplé de la médina.
Le site de la ville reste exemplaire. S’y conjuguent les traditions architecturales locales de la région des Jbalas et les
influences de la civilisation andalouse importées par les Andalous et les Morisques. Du point de vue de son organisation
interne, la ville est subdivisée en un certain nombre d’espaces et de quartiers fonctionnels, notamment un quartier commercial,
un quartier artisanal et des îlots résidentiels. La ville compte de nombreux monuments d’une grande valeur architecturale et
patrimoniale comme sa kasbah, qui est aussi un castrum, à la fois camp permanent et siège d’un pouvoir politique local qui a
étendu son influence sur tout le pays des Jbala-Ghomara.

De par son emplacement géographique, son paysage environnant magnifique et ses richesses patrimoniales, la médina de
Chefchaouen séduit ses visiteurs tant nationaux qu’internationaux. Ses maisons et ses ouvertures colorées en bleu lui confèrent
par ailleurs un charme tout particulier au point que certains la nomment la ville bleue.

II. Stratégie de la ville concernant la gestion de la médina de Chefchaouen


Située à une soixantaine de kilomètres de Tétouan sur un site montagneux, la ville de Chefchaouen est une petite ville du Nord du
Maroc. Elle est surtout connue en raison de son paysage naturel et de son arrière pays mais aussi de son ancienne médina qui
garde encore sa beauté grâce à l’effort d’entretien assuré tant par les acteurs institutionnels locaux que par ses occupants. De
par ses nombreux atouts, la ville a vu se développer, au cours des dernières années, un tourisme florissant qui attire de plus en
plus de nationaux et d’étrangers amateurs de tourisme écologique et culturel.

Réseau Marocain des Anciennes Médinas 31


Pour la réhabilitation de la médina, une stratégie de revalorisation a été initiée depuis la fin des années 90. Elle été bien détaillée
par le Plan d’Aménagement et de Sauvegarde de la médina ainsi que par le PCD validé par le Conseil municipal. Cette stratégie
se décline en un ensemble d’objectifs visant à :
• Revitaliser et préserver une vie salubre et sécurisée au sein de la médina ;
• Valoriser, préserver et promouvoir les différents tissus, social, culturel, économique, etc, ainsi que le patrimoine matériel et
immatériel de la médina ;
• Valoriser les connaissances et savoir-faire locaux des habitants dans le domaine de l’artisanat ;
• Valoriser les connaissances et savoir-faire locaux des habitants dans le domaine de la conservation du patrimoine matériel
et immatériel de la médina ;
• Renforcer et consolider les capacités de la société civile et tous les aspects de la gestion participative dans la médina.

III. Gestion de la médina dans la ville de Superficie de la médina 21 ha


Chefchaouen Population de la médina (2004) 12 362
Part des hab. de la médina/hab. de la ville 34%
1. Modalités de gestion de la médina Taux d’accroissement démographique (1994-2004) -2,1%
La gestion de la médina est assurée par le Conseil de la Densité moyenne (hab/ha) 600
ville, en collaboration avec l’autorité locale. Cette gestion se Taux de locataires (%) 52%
fait dans le cadre d’une approche de concertation impliquant
Part des bâtiments de plus de 50 ans (%) 61,2%
les acteurs locaux et particulièrement la société civile qui
participe activement à un ensemble de travaux de gestion, Nombre d’habitations menaçant ruine 174
d’animation et de revalorisation de la médina.
Focus sur une bonne pratique : Le chaulage et le ravalement
Un ensemble d’actions de développement et d’animation
des façades de médina
culturelle sont régulièrement organisées par le Conseil
À l’approche du printemps, la ville de Chefchaouen organise
communal en collaboration avec les associations locales. Ces
régulièrement, dans le cadre de son festival Printemps de
actions comprennent des activités de formation professionnelle
Chefchaouen, une manifestation à caractère social et culturel
au profit de jeunes de la médina, l’organisation de campagnes
qui consiste à mobiliser les habitants et la société civile pour
de chaulage et ravalement des façades, la réalisation de
réaliser une opération de ravalement et de chaulage en bleu
travaux d’entretien des ruelles et des espaces publics…
des façades des maisons. Cette opération baptisée Laoucher
vise à faire renaitre une tradition locale d’entretien et de mise
2. Études et projets en cours ou prévus en valeur des constructions de la médina. Elle se fixe comme
La médina de Chefchaouen a connu ces dernières années une objectifs la promotion touristique de la médina de Chaoeun
série de projets et de programmes visant à rehausser son par la coloration de ses façades en bleu ce qui confère un
attractivité et en faire un véritable levier de développement charme particulier à cette cité et participe à renforcer son
économique et culturel de la ville. attractivité auprès des visiteurs marocains et étrangers. Elle
cherche également à assurer un entretien régulier des bâtisses
Différents acteurs tant au niveau central qu’au niveau régional et à anticiper les risques de délabrement et d’effondrement qui
et local conduisent différentes actions de réhabilitation et pourraient avoir lieu. Enfin elle vise, à travers une mobilisation
de mise à niveau de la médina par le réaménagement des sociale des habitants, à promouvoir une appropriation de la
espaces publics, la restauration des murailles et des édifices médina par ses occupants en leur inculquant cette tradition
historiques, la réhabilitation des équipements traditionnels, locale d’entretien et de mise en valeur de leur cité historique.
le traitement des constructions menaçant ruine. Il s’agit d’une approche participative et partenariale entre la
Commune et la société civile
La Commune urbaine a également initié divers projets de L’originalité de la démarche consiste à confier aux habitants
revalorisation de la cité dans le cadre du programme de de la médina le soin d’entretenir eux-mêmes leurs bâtisses et
mise à niveau du PCD de la ville touchant les aspects d’effectuer les opérations de ravalement et de chaulage. Cela
physique, social, environnemental, communicationnel et exige bien entendu un dispositif d’encadrement et d’assistance
économique de la médina. À souligner enfin la réalisation qui est assuré par la société civile. Un ensemble d’associations
d’études urbanistiques et architecturales telles que le Plan locales se chargent d’assister et d’accompagner les occupants
d’aménagement et de Sauvegarde de la médina et la charte dans ces opérations de ravalement à travers la sensibilisation
architecturale qui ont débouché sur une série de projets des occupants, l’implication des jeunes et l’animation sociale
et d’orientations portant sur la réhabilitation de l’ancienne et culturelle.
médina. De son côté, la Commune porteuse de l’initiative met à la
disposition des habitants et des associations impliquées les
L’implication de la société civile et la mobilisation des matériaux et les fournitures nécessaires à la réalisation de ces
citoyens, ainsi que le développement des partenariats sont, opérations.
parmi d’autres, les principaux axes sur lesquelles la ville de Enfin, pour créer une atmosphère conviviale et d’émulation dans
Chefchaouen a choisi d’élaborer son programme d’intervention cette opération, la Commune organise un concours entre les
Pratiquement, il est très rare de voir une action en cours de différents quartiers la médina pour choisir celui qui a le mieux
réalisation dans la ville sans que la société civile ne soit réussi à valoriser et décorer ses constructions.

32 Réseau Marocain des Anciennes Médinas


impliquée et sans qu’une forme de partenariat ne soit réalisée. Cette stratégie a touché différents domaines, en particulier ceux
en relation avec la promotion touristique de la ville.

Dans ce cadre, la ville de Chefchaouen compte plusieurs expériences et pratiques qui ont fait d’elle un modèle à suivre en matière
de gouvernance participative. À titre d’exemple on peut citer les manifestations annuelles «Printemps de Chefchaouen» et «Nuits
de Ramadan», qui durent chacune près d’un mois durant lesquelles différentes animations (culturelle, artistique, sportive, sociale,
etc.) sont planifiées et réalisées par les associations locales.

Descriptif des principaux projets relatifs à la réhabilitation de la médina de Chefchaouen


Échéance/état
Intitulé de l’étude Description Porteur de l’action Parties prenantes d’avancement
Projet de mise à Chefchaouen a fait l’objet d’un programme Commune urbaine de Commune urbaine, 2006-2009
niveau urbaine de de mise à niveau urbaine incluant une Chefchaouen services extérieurs,
la ville batterie d’actions d’ordre urbanistique et régies, etc.
socio-économique visant l’amélioration de
l’attractivité de la ville et son tissu historique.
PCD de la ville C’est en 2009 que le PCD de la ville a été Commune urbaine de Ministère de 2010-2016
élaboré définissant une stratégie globale de Chefchaouen l’Intérieur, autorités
développement de la ville et comprenant une locales.
série de projets et d’actions intégrés dont celui
de la réhabilitation de la médina.
Plan Le PAS de la médina a été lancé en 2009 afin Agence urbaine de Province de 2009-2013
d’aménagement de de doter le tissu historique d’un projet intégré Tétouan Chaouen Commune
sauvegarde de réhabilitation permettant d’assurer une urbaine, délégations
cohérence dans la gestion et la planification ministérielles,
de la médina. société civile.
Réaménagement Le traitement minutieux des façades permet de Commune urbaine de Ministère de Première partie
des façades dans recouvrer les aspects architecturaux effacés Chefchaouen l’Habitat, de achevée.
la médina et la correction des malfaçons introduites de l’Urbanisme et de la Deuxième partie
manière involontaire. Politique de la ville. en cours de mise
en œuvre.
Réhabilitation des La réhabilitation des locaux traditionnels est Commune urbaine de Ministère de 2010-2016
locaux traditionnels une composante essentielle dans la continuité Chefchaouen l’Habitat, de
des tisserands de métiers de tisserand dans la médina. l’Urbanisme et de la
dans la médina Le programme prévoit les locaux des quartiers Politique de la ville.
Suika, El Kharrazin Essouk, M’dakka et El Onsar. ONG locales.
Pavage des Le projet prévoit le pavage des rues Commune urbaine de APDN Presque achevé
artères et rues structurantes en pierres taillées de manière Chefchaouen (95%).
structurantes traditionnelle.

Société civile et partenaires


L’implication de la société civile et la mobilisation des citoyens, ainsi que le développement des partenariats constituent, parmi
d’autres, les principaux axes sur lesquelles la ville de Chefchaouen a choisi de mener son programme d’intervention dans la médina.
Dans ce cadre, cette ville compte plusieurs expériences et pratiques qui ont fait d’elle un modèle à suivre. À titre d’exemple, on
peut citer à cet égard, les manifestations annuelles «Printemps de Chefchaouen» et «Nuits de Ramadan», qui dure chacune près
d’un mois. La manifestation intitulée « ‫لعوا�شر‬
» Laouacher, autre forme de participation des citoyens, en particulier les femmes,
vise en premier lieu l’amélioration de la salubrité de la ville durant laquelle la population mène des opérations de chaulage des
murs de l’ancienne médina.
D’autres exemples d’actions initiées par la société civile concernent notamment la formation des jeunes à l’artisanat traditionnel
(restauration, menuiserie, peinture, bijouterie, etc.) avec l’appui d’artisans locaux dans le cadre des chantiers «école/atelier».

Réseau Marocain des Anciennes Médinas 33


I. Présentation de la médina de Tiznit
La fondation de la ville de Tiznit remonte à 1882, après l’expédition militaire du Sultan Hassan Ier dans la région du Souss. Le
besoin de créer cette cité fut dicté par la volonté de créer un poste militaire. Le site choisi offrait des avantages stratégiques
comme la proximité de la côte (15 km) et la situation sur la voie de commerce reliant Essaouira au Sahara. De plus, Tiznit fut
peuplée par des autochtones et ne nécessitait pas l’apport d’une nouvelle population.
C’est ainsi que ces mêmes groupements d’habitations furent réunis au sein d’une seule enceinte protectrice pour former la
ville. Comme tous les grands ouvrages défensifs du Maroc, l’enceinte de Tiznit fut élevée selon le modèle des fortifications des
villes marocaines. L’intérieur de la ville offre l’aspect d’un tissu traditionnel réparti selon des quartiers dont les toponymes
reprennent ceux des familles d’origine (Id Ougfa, Aït Mohammed, Id Zkri, Id Dalha). Parmi les monuments qui caractérisent la
ville de Tiznit on trouve le palais du Khalifa (Qasr el khalifi) qui abritait le représentant du Sultan, la place du Méchoir et la
grande mosquée.
Enfin une autre particularité de cette médina concerne la présence d’une importante palmeraie Targa qui représente le poumon
vert de la ville.

II. Stratégie de la ville pour la réhabilitationion de la médina


Ville du Sud du Maroc, Tiznit se situe dans la région Souss Massa Draa. Elle se trouve à environ 90 kilomètres au Sud d’Agadir entre
les rameaux de l’Anti-Atlas et l’océan Atlantique. Elle compte environ 75 000 habitants. Disposant de nombreux atouts naturels,
économiques et culturels, elle bénéficie de la proximité d’Agadir, ce qui lui offre un potentiel important pour le développement
d’un tourisme culturel et écologique. Tiznit est connue surtout par son ancienne médina qui recèle de nombreuses spécificités et
dont le site a été classé dès l’époque du protectorat.
Une stratégie de réhabilitation de la médina a été élaborée dans le cadre du PCD de la ville dans lequel une vision globale
sur la mise à niveau de cette cité et sa réhabilitation a été validée. Les orientations du PCD reposent sur l’idée d’en faire un
pôle touristique et culturel, avec un intérêt pour l’économie solidaire et les produits de terroir. Un ensemble d’actions y ont
été programmées incluant notamment le projet de classement de la médina au Patrimoine de l’humanité, l’encouragement et
l’encadrement de la constitution d’associations de quartiers, le traitement des maisons en ruine et la piétonisation (circulation
dans l’ancienne médina).
34 Réseau Marocain des Anciennes Médinas
III. Gestion de la médina dans la ville Tiznit Superficie de la médina 115 ha
Population de la médina (2004) 19 994
1. Modalités de gestion de la médina
Part des hab. de la médina/hab. de la ville 32%
La gestion de la médina est assurée par le Conseil municipal Taux d’accroissement démographique (1994-2004) -0,4%
avec l’appui de l’autorité locale. Pour faciliter cette mission,
Densité moyenne (hab/ha) 268
le Conseil a mis en place depuis le début des années 2000,
l’expérience de démarches de quartiers dans lesquelles les Taux de locataires (%) 41,4%
associations locales sont impliquées dans la gestion de Part des bâtiments de plus de 50 ans (%) 27,4%
leur quartier et invitées à proposer une série d’actions et de Nombre d’habitations menaçant ruine 795
projets qui peuvent être réalisés par le Conseil. Chiffres clés concernant la médina (selon le RGPH de 2004)

Focus sur une bonne pratique conduite par la ville : Les démarches des quartiers à l’échelle de la médina
C’est à partir de 2004 que le Conseil municipal de Tiznit a décidé d’instaurer une gouvernance participative à l’échelle de
la ville en lançant «la démarche de quartiers» comme approche d’implication de la société civile dans la gestion de leurs
quartiers. Cette démarche repose sur l’idée de soutenir et d’accompagner «des initiatives» ou actions proposées par les
habitants des quartiers pour les intégrer dans le plan d’action du Conseil communal et de les introduire, en fonction des
ressources financières disponibles, dans le budget municipal. Une telle approche, participative et spatialisée à l’échelle des
quartiers, permet au Conseil de la ville d’être plus proches des habitants et de leurs attentes et de réadapter ses actions
en fonction des priorités exprimées.

L’intégration institutionnelle de la gouvernance participative dans la gestion de la ville


La mise en place effective de cette démarche a été conçue selon une approche progressive qui a débuté par une campagne
de sensibilisation effectuée auprès du tissu associatif local, suivie par la création de centres socioculturels de proximité
dans les principaux quartiers de la ville, avant le lancement effectif de 6 initiatives (pour la période 2004-2009), étendues
à 8 initiatives (pour la période 2009-2016). Ces initiatives sont gérées dans leur phase préliminaire par un comité composé
de représentants politiques et techniques de la Commune avant que cette gestion ne soit transférée ultérieurement aux
représentants associatifs désignés par les habitants du quartier. Le succès qu’a connu cette initiative dès son lancement a
été à l’origine de la décision prise par le Conseil en 2009 d’en faire une composante principale de son organisation. Sur le plan
spatial, 8 initiatives associées aux 18 quartiers de Tiznit (réparties sur les 4 arrondissements administratifs de la Commune)
ont été lancées en 2009, dont deux localisées au niveau de l’ancienne médina. Associées à des centres socioculturels qui
servent d’espaces de rencontre et d’échange entre le Conseil et les habitants, ces initiatives sont gérées par un comité de
gestion représentatif composé des élus municipaux soutenu par une équipe de techniciens de la Municipalité qui assurent
la coordination entre les associations de quartiers et le Conseil de la ville. Celui-ci est censé recueillir l’ensemble des
initiatives soumises par les différents comités de quartiers et les inclure dans ses sessions de délibération afin d’intégrer
certaines d’entre elles dans la programme prévisionnel du budget municipal.
Au niveau de l’ancienne médina, deux initiatives ont été créées. Derrière chaque initiative se trouvent une dizaine d’associations
locales (aussi bien de proximité que des associations professionnelles de commerçants) ayant proposé un ensemble d’actions
concernant principalement le réaménagement et l’embellissement des quartiers et des axes commerciaux de la médina.

Une approche gagnant-gagnant : Commune-société civile


La contribution du Conseil municipal à la réalisation de ces initiatives associatives, après leur approbation, consiste dans
l’apport du matériel et des matériaux de construction (pour les travaux de réaménagement), de l’assistance technique pour
l’exécution des travaux (mobilisation du personnel technique communal) et de la formation technique des associations
impliquées pour la gestion et le montage des projets. Tandis que ces associations s’occupent de la sensibilisation des
habitants et de leur adhésion effective au projet, du bon déroulement des travaux de réalisation et de la gestion des conflits
sur le site (entre les riverains), du choix des ouvriers et des entreprises qualifiés chargés de l’exécution des travaux,
du contrôle des prestations fournies et du respect des prescriptions préconisées par la Commune, etc. Ces associations
bénéficient alors d’une totale autonomie de gestion de leurs projets avec éventuellement une assistance technique et
logistique apportée par la Commune. Le rôle de l’animation technique et sociale qu’elles assument au niveau de ces
initiatives a permis, au regard de leur parfaite connaissance des quartiers, de surmonter un ensemble de contraintes
rencontrées souvent dans les médinas tant sur le plan technique, foncier et social, facilitant ainsi l’avancement des travaux
et le respect des délais de leur mise en œuvre.
Depuis 2004, date de lancement de ces initiatives jusqu’aujourd’hui une quarantaine de projets ont été soutenus et réalisés
dans la médina par le Conseil en collaboration avec les associations de quartiers. Leur nombre n’a pas cessé par ailleurs
d’augmenter depuis leur lancement (témoignant du succès de la démarche) touchant des domaines variés : Le volet physique
(dallage et revêtements des ruelles, des places, des espaces verts), social (réalisation des équipements) et culturel
(organisation de manifestations).

Réseau Marocain des Anciennes Médinas 35


2. Études et projets en cours ou prévus
La Commune urbaine de Tiznit a initié en collaboration avec des acteurs locaux une série de projets et de programmes visant à
rehausser l’attractivité économique et culturelle de la médina.
Ces projets sont intégrés dans divers programmes d’action tels que :
• Plan Communal de Développement 2011-2016,
• Programme de mise à niveau de la ville (2003-2012),
• Plan d’Aménagement Urbain de la commune par l’Agence urbaine d’Agadir (PDU),
• Étude architecturale, cahier des prescriptions architecturales (charte) (en cours),
• Plan d’aménagement et de sauvegarde pour la mise à niveau de la médina.

La Commune a entrepris une série de travaux et projets qui sont en cours de réalisation et se présentent comme suit :
• Élaboration de circuits touristiques de la médina.
• Étude sur la protection de la médina contre les risques et catastrophes naturels (volet environnemental). En effet, la médina
est traversée par un oued et donc exposée à des risques d’inondation.
• Quelques actions menées en partenariat avec Al Omrane, dans le cadre d’une stratégie de réhabilitation intégrée de la médina,
concernant l’amélioration de l’accès à l’eau potable, aux réseaux d’assainissement, le revêtement des sols, la généralisation
de l’accès à l’éclairage public…
• Des réflexions menées sur les possibilités de mettre en place un programme d’efficacité énergétique pour l’éclairage public.
• Projet de réhabilitation de la kasbah Aghenaj avec la création d’un théâtre de plein air (achevé) et la construction d’un musée
de la ville doublé d’un centre des archives historiques (en cours, livraison fin 2015), restauration des murailles, restauration
de l’ancienne mosquée par les Habous.
• La réhabilitation du souk Assil (achevée en 2014).
• La création du jardin public d’El Mers (achevée en 2014).
• La réhabilitation de la source historique (Aïn Aqdim dite la source bleue) achevée en 2015.
• Expropriation de bâtiments pour réaliser des places publiques (arrêtés d’expropriation pour créer des voies et des places publiques).
• Acquisition de bâtiments et maisons ayant une valeur architecturale et historique reconnue.

Descriptif des principaux projets relatifs à la réhabilitation de la médina de Tiznit


Échéance/état
Intitulé de l’étude Description Porteur de l’action Parties prenantes d’avancement
Projet de mise à Il s’agit d’un vaste programme de mise à niveau Province de Tiznit Commune urbaine, 2003-2012
niveau urbaine de de la ville incluant la réalisation de grands services extérieurs,
la ville projets d’infrastructures, d’aménagement urbain, régies, etc.
d’embellissement de la ville et la mise à niveau
de la médina par la création des équipements
nécessaires et la lutte contre les constructions
menaçant ruine.
PCD de la ville C’est le Plan d’orientation et de développement Commune urbaine Ministère de 2011-2016
de la ville initié par la Commune urbaine qui l’Intérieur, autorités
englobe les projets d’investissement prévus locales.
pour une durée de cinq ans. Ce plan qui fixe
comme objectifs la promotion du tourisme et
la mise en valeur de l’artisanat englobe un axe
de réhabilitation de la médina dans lequel sont
prévus plusieurs projets d’équipement et de mise
en valeur de la cité historique.
Projet de la Dans le cadre de sa stratégie de promotion Commune urbaine Délégation de la 2004-2014
réhabilitation de l’attractivité économique et spatiale de culture, associations
de la médina la médina, la Commune a initié un projet de de la médina.
réhabilitation de la cité en lançant un ensemble
de projets de restauration et de réhabilitation
des édifices et monuments historiques (AinZerka,
KashabAkhnaj, théatre, etc.).
Plan À l’instar des anciennes médinas du Royaume, Agence urbaine Province de Tiznit, 2011-2014
d’Aménagement de la médina de Tiznit a été dotée d’un Plan d’Agadir Commune urbaine,
Sauvegarde d’Aménagement et de Sauvegarde qui a permis délégations
de dresser un diagnostic détaillé de la cité et de ministérielles,
proposer une stratégie de réhabilitation sur le société civile
plan économique, culturel et urbanistique.
Les initiatives des C’est une approche de gouvernance participative Commune urbaine Associations des 2004-2014
quartiers initiée par la Commune en vue de faciliter la mise quartiers.
en œuvre d’un ensemble d’actions associatives
portant sur l’entretien et la mise en valeur des
quartiers, notamment à l’échelle de la médina.

36 Réseau Marocain des Anciennes Médinas


I. La médina de Fès
Ville sainte et ancienne capitale politique du Royaume, la médina de Fès est l’une des plus anciennes médinas du Maghreb.
Fondée à la fin du VIIIème siècle par la dynastie des Idrissides, cette cité a toujours représenté un important centre spirituel et
culturel connu surtout par son Université Al Quarraouine qui figure parmi les plus anciennes du monde musulman.

Au cours de sa riche histoire, la ville a été agrandie et embellie par la volonté des différentes dynasties qui régnèrent sur
le Maghreb, rayonnant ainsi sur le monde islamique occidental par la richesse de son patrimoine et par le savoir-faire de
ses artisans. Elle s’est offerte, sous le règne de ses fondateurs, des institutions prestigieuses comme les medersas qui
représentaient des hauts lieux du savoir et de l’enseignement coranique. D’une superficie de 300 hectares, elle comporte quatre
noyaux historiques : Andalous, Quaraouiyine, Bouinania et Fès Jdid.

Située à 180 km à l’Est de Rabat, Fès est la troisième ville la plus peuplée du pays avec près de 1,2 million d’habitants. Elle
est l’ancienne capitale politique et culturelle du Maroc et également l’un des noyaux historiques de la civilisation arabo-
musulmane. Fès est désormais divisée en six arrondissements. Géographiquement, la ville est scindée en trois parties distinctes
correspondant à l’ancienne médina «Fès el Bali» datant du IXème siècle et représentant le plus ancien quartier édifié par les
Idrissides ; «Fès Jdid» édifiée au XIIIème siècle par les Mérinides, cité administrative et royale où le Roi aime à se rendre pour
marquer la solennité d’un évènement ou l’importance d’une décision ; Fès ville nouvelle (Dar Dbibegh) est le nouveau centre
construit au Sud-Ouest sous le protectorat français.

II. Stratégie de la ville concernant la gestion de la médina


Le processus de réhabilitation de la médina de Fès remonte à la fin des années 1970 suite à une prise de conscience nationale et
internationale sur la nécessité de préserver un patrimoine universel en péril qui requiert un important programme de réhabilitation.
C’est ainsi que les pouvoirs publics au Maroc et les organismes internationaux se sont mobilisés pour mettre en place un ensemble
de dispositifs financiers, techniques et institutionnels visant la revalorisation de cette cité traditionnelle. L’une des principales
actions entreprises dans ce sens était de dé-densifier la ville trop peuplée et de mettre en place une structure dédiée (Agence de

Réseau Marocain des Anciennes Médinas 37


Développement et de Réhabilitation de la ville de Fès, l’ADER) avec pour rôle d’assurer les travaux de réhabilitation et conduire
les actions de mise à niveau de la médina.

Depuis lors, plusieurs programmes de réhabilitation ont été entrepris par l’ADER en collaboration avec les partenaires institutionnels,
tant au niveau central que local, visant la gestion des constructions menaçant ruine et la réhabilitation des monuments et des
belles demeures de la médina. Parmi ces programmes, figure le projet de l’agence américaine Millénium Challenge relatif à la
promotion de l’artisanat dans la médina.

Autorités Commune Bailleurs


locales Urbaine de fonds

Ministères :
Ministère de Culture, Fondations
ADER Habous
l’Habitat privées
Tourisme
Artisanat

Agence
Organismes
Al Omrane urbaine et de
internationaux
Sauvegarde

III. Gestion de la médina dans la ville


Superficie de la médina 300 ha
1. Modalités de gestion de la médina Population de la médina (2004) 117 251

La gestion urbaine de la médina est assurée par le Conseil de Part des hab. de la médina/hab. de la ville 12%
la ville qui, avec la collaboration de l’autorité locale, l’ADER et Taux d’accroissement démographique (1994-2004) -2,4%
la société civile, met en place les services urbains nécessaires Densité moyenne (hab/ha) 390
pour le bon fonctionnement de cette cité historique. L’ADER Taux de locataires (%) 48,4%
en tant que structure de réhabilitation participe activement
à la gestion de la ville, par le réaménagement des espaces Nombre d’habitations menaçant ruine 3 666
publics, le traitement des constructions menaçant ruine,
l’encadrement et l’accompagnement social des habitants. La société civile au niveau de la médina participe également à sa gestion
et à la promotion de son attractivité par l’animation et la conduite de plusieurs programmes et activités d’encadrement social et
culturel auprès des occupants de la médina.

2. Études et projets en cours ou prévus


L’ADER, premier établissement public au Maroc dédié à la
Depuis le classement de la médina en tant que Patrimoine
réhabilitation d’un tissu historique
Mondial à la fin des années 70, la cité a fait l’objet de
Depuis son classement en tant que patrimoine universel, la
plusieurs études, expertises de diagnostic, d’inventaire, de
réhabilitation de la médina a été confiée à l’ADER, société de
planification et de réhabilitation conduites tant par les
développement local créée en 1989 et ce en collaboration avec
organismes internationaux, les départements ministériels
les principaux acteurs (Conseil municipal et autorités locales)
au niveau national que par l’ADER et les acteurs locaux au
qui siègent dans son Conseil d’administration. Son rôle consiste
niveau de Fès. Ces études se sont soldées, le plus souvent,
à mener des études techniques, conduire des opérations de
par d’importants programmes de restauration, d’équipements
restauration et de mise à niveau urbaine et promouvoir sur le
et de dédensification, visant la préservation de la médina et
plan social, culturel et économique la médina. Cette institution
la promotion de son attractivité économique.
a cumulé une expérience probante sur le terrain grâce à ses
différentes équipes techniques et opérationnelles et son système
Le dernier programme en date concerne la signature d’une
d’informations géographiques très développé qui permet un suivi
convention de partenariat pour la réhabilitation de la médina
et un traitement régulier et actualisé des informations et des
en 2013 financé par les différents ministères concernés
actions menées sur la médina. Enfin l’ADER, pour la réalisation
pour une période de quatre ans (2013-2017) et un montant
de ses travaux, conduit des actions d’accompagnement social
de 600 MDH. Ce programme comporte un ensemble de
auprès des habitants et des associations de la société civile
volets d’intervention touchant particulièrement la gestion
afin de permettre une plus grande appropriation sociale des
des constructions menaçant ruine et la réhabilitation des
projets réalisés.
monuments historiques emblématiques de la ville.

38 Réseau Marocain des Anciennes Médinas


À signaler enfin que la médina a fait l’objet depuis 2007 d’un important programme de promotion du secteur de l’artisanat à Fès
conduit par Le Millennium Challenge Corporation (MCC), en collaboration avec le Ministère de l’Artisanat, la Commune urbaine
et la Préfecture de Fès pour un montant global de 1,6 milliard de DH. Ce programme a porté sur la réhabilitation des fondouks
(Chemmaine, Sbitriyine, Staouniyine, Berka), le réaménagement de la place Lalla Yeddouna et du complexe Makina. S’ajoutent
également la promotion des produits de l’artisanat, la restauration de la tannerie Chouara, la réhabilitation de six autres fondouks
(Haffarine, Abdelmajid, Sidi Bouayad, Andalou, Draz Jiaf, Draz DerbBensalem) et le projet de la maison du citoyen.

Descriptif des principaux projets relatifs à la réhabilitation de la médina de Fès

Échéance/état
Intitulé de l’étude Description Porteur de l’action Parties prenantes d’avancement
Programme Composante du «Compact Millenium APP Agence pour le 2010-2013
«Artisanat et Challenge Account-Maroc» (MCA- Développement et la
Médina de Fès» Maroc), le projet «Artisanat et Médina Réhabilitation de la ville de
de Fès» est doté d’un budget MCC de Fès (ADER-Fès), Secrétariat
91 millions de dollars dont 42 millions d’État chargé de l’Artisanat
pour la seule composante du projet (SECA), Wilaya de la région
«Médina de Fès» visant la promotion Fès-Boulemane, Commune
du secteur de l’artisanat au niveau de urbaine de Fès et Commune
la médina. urbaine du Méchouar Fès
Jdid.
Schéma Directeur L’idée de lancer un Schéma directeur Ministère de
d’Urbanisme de la de Fès intégrant l’ancienne médina l’Habitat et de
ville de Fès (SDU) remonte au milieu des années 70 avec l’Aménagement du
l’aide du PNUD. Un premier document territoire
réglementaire planifiant l’aménagement
dans la médina de Fès a été approuvé
en 1980. Son élaboration a conduit à
la formulation d’un projet spécifique
pour la médina avec comme idée
maîtresse de «renforcer le rôle de la
médina en tant que centre principal de
l’agglomération».
Projet de À la suite d’un nouveau prêt de ADER-Fès Banque Mondiale, accord 1999-2003
réhabilitation de la la Banque Mondiale, un nouveau signé entre MI, Finances,
médina de Fès programme de réhabilitation de la MAC, deux Municipalités.
médina a été lancé depuis 1999
pour une durée de 4 ans. Il vise à la
poursuite des projets de mise à niveau
et de réhabilitation initiés au cours de
la décennie 1990 et au renforcement
des capacités des acteurs intervenant
dans la cité historique
Conventions de Restauration de 27 monuments ADER-Fès Ministère de l’Intérieur, 2013-2017
partenariat sous le historiques dans la médina de Fès Ministère des Finances,
Haut Patronage de (5 médersas, 4 borjs, 3 fondouks, Ministère de l’Habitat,
sa Majesté le Roi 3 tanneries, 2 murailles, 2 ponts et Wilaya de la Région de Fès,
8 monuments divers), qui touchent Conseil communal de Fès,
aux domaines suivants : touristique, Commune Mechouar Fès Jdid
artisanal, économique et culturel. et ADER.
Investissement de l’ordre de 285,5
millions de dirhams.
Traitement du bâti menaçant ruine dans ADER-Fès Ministères de l’Intérieur, 2013-2017
la médina de Fès. Cette action concerne des Habous et des Affaires
le traitement d’environ 1 729 bâtisses islamiques, de l’Économie et
avec une contribution de l’État au profit des Finances, de l’Habitat,
des habitants concernés. De leur côté, de la Culture, de l’Artisanat.
1 937 autres bâtisses bénéficieront d’un Wilaya de la Région de
suivi du degré de leur dangerosité. Fès-Boulemane. Commune
Une enveloppe de près de 330 millions urbaine de Fès. Commune
de dirhams a été mobilisée. Mechouar Fès Jdid.

Réseau Marocain des Anciennes Médinas 39


Focus sur une bonne pratique conduite par la ville : L’apport de l’outil SIG dans le suivi et la gestion des interventions
au niveau de la médina
L’ADER est parmi les structures pionnières au Maroc à avoir mis en place l’outil SIG dans la gestion et la réhabilitation de
la médina de Fès. Cet outil se présente comme un dispositif efficace pour une meilleure connaissance de la médina et de
ses caractéristiques et surtout comme un outil d’intervention, de priorisation des actions et d’aide à la prise de décisions
au niveau opérationnel.
Dans un territoire aussi vaste que celui de la médina de Fès, l’enjeu pour les intervenants étant de gérer et exploiter au
quotidien des masses importantes d’informations exhaustives liées à des milliers de bâtisses, se rapportant à leur état
physique, à leur valeur patrimoniale, à leurs statuts foncier et d’occupation, etc. Consciente de l’enjeu que représentent la
connaissance et la maîtrise de son territoire d’intervention et la gestion efficace de l’information liée à chaque bâtisse,
l’Agence pour le Développement et la Réhabilitation de la Ville de Fès (ADER-Fès) a procédé à la mise en place un SIG dédié
à la médina de Fès qui prend en charge la problématique du bâti menaçant ruine.
En tant qu’outil de planification, le SIG permet d’aider au montage des opérations d’intervention sur le bâti menaçant ruine.
Les données liées aux bâtisses menaçant ruine sont recueillies par le bais d’une enquête de repérage physique et socio-
économique réalisée sur le terrain. La précision des données stockées dans la base de données du SIG permet une précision
dans la programmation des actions. La connaissance précise des caractéristiques physiques, techniques, sociales, foncières,
etc. et leur génération sous forme de cartes pour une analyse géographique permettent de quantifier avec plus de précision
les objectifs du programme et de définir les catégories d’interventions selon le degré de danger.
En outre, le SIG en tant qu’outil de gestion et de monitoring permet, lors de la phase de mise en oeuvre, le suivi quotidien
des opérations. Les données sur l’état d’avancement des chantiers remontent du terrain sous forme de fiches de suivi qui
sont saisies dans la base de données du SIG.
Cette mise à jour des données permet d’apprécier l’état d’avancement des opérations et des dépenses, le déroulement des
plannings de mise en œuvre, etc., et d’aider ainsi les responsables de l’ADER-Fès dans la prise des décisions appropriées.

40 Réseau Marocain des Anciennes Médinas


I. Présentation de la médina d’Essaouira
La médina d’Essaouira, connue par son ancien nom de Mogador, est un fort Alaouite dont le plan actuel a été réalisé et
dressé en 1765 par Théodore Cornut, un ingénieur spécialiste des fortifications, suite à une commande faite par le Sultan Sidi
Mohammed Ben Abdallah qui décida d’en faire un important port international sur l’océan. Il s’agit de l’une des rares médinas du
Royaume dont l’organisation a été planifiée en amont sur la base d’un plan d’urbanisme. On y discerne deux quartiers principaux
séparés par les deux axes orthogonaux de la ville : La kasbah qui comprend le vieux quartier administratif, la médina construite
entre le XVIIIème et le début du XXème siècle. Au regard de son emplacement au bord de la mer, son artisanat spécifique, son
architecture assez exceptionnelle et son ambiance cosmopolite (carrefour de cultures et ethnies diverses), cette médina garde
encore un charme très particulier qui la classe parmi les destinations touristiques attractives à l’échelle nationale. C’est dans
l’optique de préserver son patrimoine original que les murailles, les portes, les tours et les bastions formant l’enceinte fortifiée
de la médina ont été classés monuments historiques depuis 1924. À partir de 2001, elle sera inscrite sur la liste du patrimoine
culturel de l’humanité. Toutefois malgré l’intérêt local manifesté pour sa mise en valeur, il semble que la médina d’Essaouira
fasse l’objet depuis quelques années de pressions physiques, économiques et démographiques croissantes ce qui explique le
niveau de délabrement très avancé de la plupart de ses habitations concentrées dans le quartier Mellah.

II. Stratégie de la ville pour la réhabilitation de la médina


Petite ville côtière située au Sud du Maroc à quelques kilomètres d’Agadir, Essaouira est connue pour son paysage naturel
spécifique et son tissu traditionnel exceptionnel. Elle dispose d’un potentiel touristique et patrimonial considérable qui fait d’elle
l’une des destinations touristiques les plus attractives du Royaume.

Depuis la fin des années 1990, la question de la réhabilitation de la médina d’Essaouira a fait l’objet d’un regain d’intérêt
manifeste de la part des acteurs institutionnels et associatifs locaux qui se sont mobilisés pour protéger et revaloriser un
patrimoine urbanistique et architectural d’une grande richesse. Cette mobilisation s’est particulièrement cristallisée dans le cadre
du programme de l’Agenda 21 initié en 1996 par la coopération Belge, en collaboration avec les acteurs locaux de la ville. Le
principal objectif était d’amorcer un développement durable de la ville axé sur une préservation de ses ressources naturelles et
une mise en valeur de son patrimoine historique.
Réseau Marocain des Anciennes Médinas 41
Les actions de sensibilisation, de communication et de concertation impliquant tant les élus, que les techniciens et les associations
locales, menées dans le cadre de ce programme ont permis de déboucher sur une vision globale de réhabilitation de la médina
comprenant un plan d’action touchant ses différentes composantes environnementales, spatiales et sociales. Ces actions, qui ont
également permis de consolider cette prise de conscience locale quant à la nécessité de préserver ce tissu historique spécifique,
se sont soldées en 2001 par le classement de la médina en tant que Patrimoine Mondial.

Depuis la fin du programme de l’Agenda 21, un ensemble de projets de mise en valeur et de restauration ont été initiés séparément
par les principaux acteurs locaux : La Commune urbaine, la Province, l’Agence urbaine, la Culture, Al Omrane et le tissu associatif
local qui joue de plus en plus un rôle capital dans le rayonnement culturel de la médina.

III. Gestion de la médina dans la ville d’Essaouira


1. Modalités de gestion de la médina Superficie de la médina 30 ha
La Commune urbaine d’Essaouira s’occupe de la gestion Population de la médina 16 718
urbaine de la médina en assurant la gestion d’un ensemble de Part des hab. de la médina/hab. de la ville 24%
services urbains (entretien, collecte, mise à niveau urbaine).
Taux d’accroissement démographique (1994-2004) -3,1%
Elle mène depuis quelques années un vaste programme
de mise à niveau comportant des actions d’entretien et de Densité moyenne (hab/ha) 550
rénovation des réseaux d’assainissement, d’eau potable et Taux de locataires (%) 65,4%
d’électricité, de restauration des murailles et des travaux Part des bâtiments de plus de 50 ans (%) 91,4%
de pavage des principales ruelles de la médina. Dans le
Nombre d’habitations menaçant ruine 100
même sens, l’Agence urbaine d’Essaouira a initié un ensemble
d’études stratégiques qui visent une réhabilitation intégrée de
la médina et qui comporte un plan de mise à niveau de la ville, une étude de réhabilitation du quartier du Mellah et la charte
architecturale votée à l’unanimité par le Conseil municipal. Enfin sur le plan culturel et événementiel, il est à souligner le rôle
crucial que joue dans ce sens l’association Essaouira Mogador qui organise une série de manifestations culturelles et musicales
de grande envergure visant à élargir le rayonnement de cette cité historique à l’échelle nationale.

Agenda local 21, une stratégie novatrice pour la réhabilitation de la médina d’Essaouira
Agenda local 21 est un programme qui a été lancé suite aux recommandations du Sommet Mondial de la terre de Rio de 1992 avec
comme objectif de mettre en place des stratégies de développement durable conciliant croissance économique et protection des
ressources environnementales. Cette conférence planétaire internationale préconisait que les autorités locales entreprennent une
large consultation pour parvenir à un consensus sur un planning nommé Agenda 21 pour le 21ème siècle, permettant d’améliorer le
cadre et les conditions de vie des communautés.
Une démarche innovante centrée sur un développement durable et endogène
Il s’agit d’une démarche opérationnelle novatrice qui vise la mise en convergence des politiques publiques locales en l’inscrivant dans
une pratique participative et délibérative. Parmi trois villes internationales identifiées comme sites pilotes, la ville d’Essaouira a été
choisie pour servir de support à l’expérimentation de cette nouvelle vision de développement local à l’échelle nationale. Le projet a
été initié en 1996 avec l’appui de l’Agence de la coopération belge, en partenariat avec l’ensemble des acteurs locaux, en se fixant
comme objectifs d’élaborer une vision commune à long terme de développement durable de la ville et de son tissu historique.
• Supprimer les goulots d’étranglement empêchant le développement durable de la ville ;
• Renforcer les capacités des institutions locales ;
• Créer des partenariats novateurs.
Ce programme a été initié grâce au concours et l’implication d’un ensemble de partenaires institutionnels, tant à l’échelle locale
qu’internationale :
• ONU – HABITAT (Programme des Nations Unies pour les Établissements Humains) ;
• La Coopération Belge ;
• Le Consortium Belge (Post Graduate Centre humain Settlements, K.U. Leuven) ;
• La Province d’Essaouira ;
• La Municipalité d’Essaouira.
Une démarche délibérative et participative
Parmi les différents axes d’intervention stratégiques identifiés, figurent la promotion du patrimoine culturel à travers la réhabilitation
de l’ancienne médina et le renforcement des capacités d’intervention des acteurs municipaux et des représentants du tissu
associatif. À la suite d’un ensemble d’ateliers thématiques de concertation et de consultations locales regroupant les différentes
entités locales concernées, dont le tissu associatif, les partenaires du programme ont pu esquisser une vision à long terme du
développement durable de la ville et un plan d’action. Ainsi pour la promotion de la médina, a été prévue l’élaboration d’un plan de
sauvegarde comprenant des actions de dédensification et la réhabilitation du Mellah avec le relogement des habitants occupant
les constructions menaçant ruine.

42 Réseau Marocain des Anciennes Médinas


Une série d’ateliers de consultation entre 1996 et 1999
Ces ateliers ont été l’occasion pour les différents partenaires impliqués de mettre l’accent sur une démarche délibérative à propos
des différents obstacles entravant le développement de la ville et d’esquisser une vision de développement de la cité. Le sujet
de la sauvegarde de la médina en situation préoccupante a constitué matière à débats pour dresser un état des lieux et faire
ressortir des pistes de développement. À la suite de ces ateliers, une série d’actions ont été validées portant sur la réhabilitation
de la médina dont notamment la création d’une cellule médina chargée de la réhabilitation de la cité historique, l’identification de
projets pilotes pour la sauvegarde de la cité, la sensibilisation de la population et enfin l’enclenchement des démarches pour le
classement de la ville en tant que patrimoine universel.
Un portage politique local : La municipalité d’Essaouira
L’intérêt de la démarche Agenda local 21 réside dans le fait de placer les pouvoirs locaux et particulièrement municipaux au
cœur de la stratégie de développement de la ville. Cette initiative qui mobilise toutes les énergies locales vise à développer
les capacités locales de la municipalité pour mettre en place de manière rationnelle et participative un plan de développement
durable de la ville afin d’améliorer les conditions de vie de ses habitants. Au niveau d’Essaouira, c’est en 2002 que le projet a
été institutionnalisé au sein de la structure municipale. Le financement des activités du projet devait être assuré par le budget
municipal et la Province, mais les élections locales de 2003 n’ont pas permis ce financement.

2. Études et projets en cours ou prévus


La médina fait l’objet, depuis quelques années, d’une série d’études stratégiques d’intervention et de projets divers de restauration, de
réaménagement et d’équipement initiés par les différents acteurs locaux concernés par ce tissu. En voici quelques exemples :

Projets de mise à niveau de la médina


• Mise à niveau des infrastructures (assainissement, voirie, éclairage, eau potable avec 40 millions de Dh supportés par
l’ONEP) ;
• Restauration de sites à valeur historique ;
• Réalisation d’équipements de proximité ;
• Restauration de lieux de culte (des 3 religions) ;
• Mise à niveau de l’ancien port.

Projets en cours de programmation


• Le projet intégré de la réhabilitation de la médina d’Essaouira prévu dans le cadre de la politique de la ville initiée par la
Province en partenariat avec les autres départements (Ministère de l’Habitat, de l’Intérieur, des Habous, de la Culture, Conseil
régional, Conseil municipal.

Études réalisés
• Charte architecturale de la médina ;
• Mise à niveau de la médina d’Essaouira.

Études en cours
• Restauration des murailles ;
• Mise à niveau des places publiques aux alentours de la médina ;
• Éclairage des murailles ;
• Réhabilitation du quartier Mellah ;
• Réhabilitation du marché aux poissons.

Réseau Marocain des Anciennes Médinas 43


Descriptif des principaux projets relatifs à la réhabilitation de la médina d’Essaouira

Échéance/état
Intitulé de l’étude Description Porteur de l’action Parties prenantes d’avancement
Programme La ville d’Essaouira a été la première ville PNUD en Province, Délégation 1998-2001
Agenda 21 du Royaume faisant l’objet d’un programme collaboration avec la de la culture,
de l’Agenda 21. C’était à la fin des années 90 Commune urbaine Délégation de
que ce programme a été lancé, mobilisant de l’Habitat.
façon participative l’ensemble des acteurs
locaux pour l’élaboration d’une vision partagée
du développement local et durable de la ville.
La réhabilitation de la médina a été un axe
central dans ce programme et un ensemble
d’orientations ont été dégagées pour sortir la
cité de sa léthargie économique.
Programme de La ville d’Essaouira a fait l’objet d’un La Province Al Omrane, 2010-2014
mise à niveau programme de mise à niveau qui a concerné d’Essaouira en Délégation de la
différents volets dont la mise à niveau de collaboration de la culture, de l’Habitat,
la médina. Des actions de restauration des Commune urbaine Habous.
murailles, de mise en place des infrastructures
et traitement des constructions menaçant
ruine ont été lancées dans le cadre de ce
programme.
Étude de mise Une étude de mise à niveau et de Agence urbaine Province, Commune 2012
à niveau de la revalorisation de la médina a été lancée en d’Essaouira urbaine, Délégation
médina 2012 afin d’établir une vision partagée de de la Culture.
réhabilitation de la cité et de faire ressortir
les axes stratégiques d’intervention qui vont
guider sa mise en valeur.
Traitement et Un important programme de traitement Province en Délégation de Depuis 2013
gestion des des CMR est piloté par la Province en collaboration avec Al l’Habitat, Commune
constructions collaboration avec les acteurs locaux. Il vise Omrane Marrakech urbaine.
menaçant ruine la consolidation et le traitement d’une centaine
de bâtisses situées principalement dans le
dans la médina
quartier du Mellah.

Depuis les actions de concertation et de sensibilisation élargies menées dans le cadre du programme d’Agenda 21, le tissu
associatif local occupe une place prépondérante dans la gestion, l’animation et la réhabilitation de la médina. Aux côtés de
nombreuses associations d’habitants ou d’artisans de la médina qui œuvrent pour l’amélioration de sa gestion quotidienne,
s’ajoutent un ensemble de grandes associations culturelles qui s’impliquent dans une série d’actions culturelles et sociales visant
la mise en valeur de la médina. Parmi lesquelles, figure particulièrement l’association Essaouira Mogador dont le nom initial était
«Association Pour la Sauvegarde et la Promotion d’Essaouira» (A.S.P.D.E.). Cette association, fondée en 1992 à l’initiative de M.
André Azoulay, s’est fixée comme objectif la préservation du patrimoine urbanistique et culturel de la ville. Depuis sa création,
elle a pu mobiliser les acteurs locaux pour la préservation du patrimoine local et la mise en place d’une série d’actions sociales
et culturelles qui ont été marquées par l’organisation du festival de Gnaoua et d’autres festivals qui font aujourd’hui la renommée
de cette cité à l’échelle internationale.

44 Réseau Marocain des Anciennes Médinas


I. Présentation de la médina de Meknès
Quatrième ville impériale du Royaume et troisième médina du Maroc par la taille de sa population, la ville de Meknès se distingue la
présence de deux entités historique : Un noyau historique encore marqué par le sceau de plusieurs dynasties et une cité impériale,
édifiée entre le 17ème et le 18ème siècle par le souverain Moulay Ismail (1672-1727) qui en fit sa capitale. La médina et la cité impériale
sont inscrites sur la liste du Patrimoine Mondial de l’UNESCO depuis décembre 1996.
Ce tissu historique occupe une situation privilégiée au cœur du grand Meknès, il fait face à la ville nouvelle édifiée pendant le
protectorat, dont il est séparé par une vallée (celle du Boufekrane), constituant une coulée verte agrémentant la ville et son paysage
urbain.
La médina, étendue sur une superficie couvrant la zone Nord-Ouest/Sud-Est, est traversée par deux axes structurants et
comprend 8 accès principaux.
Longeant la rive Sud-Ouest de l’oued Boufekrane, la médina de Meknès s’étend sur 97 ha et jouxte la Cité impériale, qui elle,
fait un peu plus de 500 ha.
Ce tissu historique recèle un important potentiel patrimonial matériel et immatériel, riche en termes de qualité et de quantité :
Des monuments, des édifices, des traditions culturelles vivaces…
Il se caractérise par :
• Une activité dense (5 800 entreprises et 10 400 actifs permanents) ;
• Un artisanat traditionnel vivace comprenant quelques branches spécifiques à Meknès (le fer damasquiné, le bois, le tapis,
la broderie, la poterie, la céramique, la bijouterie, la ferronnerie, le travail sur le stuc…).

II. Stratégie de la ville concernant la gestion de la médina


Meknès est le chef-lieu de la région administrative de Meknès-Tafilalet et l’une des quatre villes impériales du Maroc. Elle est
située à environ 500 mètres d’altitude, sur le plateau de Saïs, entre le Moyen-Atlas au Sud et les collines pré-rifaines au Nord.
La ville est traversée par l’oued Boufekrane, qui sépare la médina de la ville nouvelle, dite «Hamria».

La population de la ville de Meknès et son agglomération est estimée actuellement à un million d’habitants. En effet, d’après le
recensement de 2014, Meknès compte 687 575 habitants.
Réseau Marocain des Anciennes Médinas 45
Meknès est surtout une ville touristique connu pour son patrimoine culturel. L’infrastructure hôtelière a connu ces dernières années
une croissance rapide, de même que les maisons d’hôtes traditionnelles appelées «Riad». Meknès est aussi connue pour son
artisanat très riche, dont le savoir-faire est jalousement gardé et transmis de génération en génération.

III. Gestion de la médina dans la ville Meknès :


1. Modalités de gestion de la médina : Population médina (2004) 47 125
Des termes comme gestion, vision stratégique, méthodologie Superficie 97 ha
d’approche des tissus historiques n’ont commencé à rentrer Densité moyenne pop/ha 470
dans les discours officiels, que depuis quelques années.
Taux de locataires (%) 49%
C’est surtout à partir de 2006, puis 2008, que la prise de
conscience de la nécessité de mise en place d’une stratégie Part des bâtiments de plus de 50 ans 70%
pour la médina a commencé à se faire sentir. Nombre menaçants ruines 1 500 environ
Au-delà de l’implication de la Commune urbaine de Meknès Longueur 42 km et
dans la gestion de l’ancienne médina, l’Agence urbaine de Murailles hauteur entre 8 et
Meknès participe aussi à la gestion de ce tissu historique 15 m
surtout après avoir signé différentes conventions avec des Portes 20 portes
Agences françaises d’urbanisme en 2007, afin de s’appuyer
sur l’expérience des villes françaises en matière de planification et de gestion urbaine. Cela a abouti à un processus important,
dans la mesure où de grands projets sont lancés au niveau de la région. Parmi eux, la réhabilitation de la médina de Meknès.

2. Études et projets en cours ou prévus


La médina de Meknès a fait l’objet de plusieurs études et Focus sur une bonne pratique conduite par la ville : La mise
expertises lancées, tant par des institutions nationales que en place d’un service dédié à la gestion des monuments
par des organismes internationaux. Ces études ont permis historiques et des constructions menaçant ruine
d’élaborer des diagnostics approfondis sur la ville, de faire La Commune de Meknès est parmi les rares collectivités locales
ressortir les atouts de la cité et d’identifier des perspectives du Royaume ayant mis en place un service dédié à la gestion et
et des orientations générales pour le développement de la la réhabilitation de son ancienne médina en conformité avec les
ville. De manière générale, les principales études lancées dispositions de la Charte communale de 2002.
peuvent être ventilées comme suit : Consciente de la complexité de l’intervention dans ce tissu
• Document sur «les circuits thématiques dans la historique et des nombreux dysfonctionnements dont il souffre,
médina» - Agence urbaine de Meknès-AUM. la Commune a décidé en 2004 de mettre en place un service
• Charte architecturale de la médina - AUM. dédié doté de ressources humaines et d’un budget propre pour
• Plan d’aménagement sectoriel de la médina, CTL tenu - gérer et suivre les différents travaux et projets de la Commune
AUM, en phase finale. au niveau de la médina. Dès sa mise en place, le service a assuré
• Étude sur la médina de Meknès - Banque Mondiale. plusieurs missions dont la gestion des travaux de restauration
• Étude sur le quartier Tizimi - Banque européenne des murailles, la restauration des monuments historiques ainsi
d’Investissement. que la gestion des opérations de traitement des constructions
• Investigations du LPEE sur le menaçant ruine - Al menaçant ruine en collaboration avec les différents intervenants
Omrane. locaux dans ce domaine.
• Plan numérisé au 1/2000 de la médina. Doté d’un budget annuel proche de 3 millions de dirhams, le
• Étude sur le degré de cohabitation dans la médina - service a pu initier divers projets et actions visant la préservation
AUM. de la médina et de ses monuments historiques.
• Étude des fondouks de l’ancienne médina - Al Omrane. Le service reste par ailleurs un acteur clé dans les différents
• Étude de réhabilitation de la mosquée Dar Jamai - programmes et projets de réhabilitation de l’ancienne médina
Ministère de la Culture. initiés tant par les organismes nationaux qu’internationaux. Un
• Étude de réhabilitation de la Médersa Fillalia. groupe de travail et de réflexion issu de différentes institutions
• Étude de réhabilitation de Dar Dbagh - Ministère de et d’organismes locaux a été constitué à la suite du projet
l’Artisanat. d’appui du programme GIZ apporté à la ville de Meknès.
• Recensement des belles demeures de la médina, dans le
cadre du plan d’aménagement.
• CPR vision 2020 de la délégation régionale du tourisme.

En termes de projets de réhabilitation et de restauration, le centre historique de Meknès a déjà fait l’objet de plusieurs interventions
menées à la fois par les ministères (Ministère de l’Habitat, de l’Urbanisme et de l’Aménagement de l’Espace, Ministère de la Culture,
Ministère du Commerce, Ministère du Tourisme) et par la Commune et la Wilaya de Meknès. Ces interventions se sont principalement
focalisées sur la restauration des monuments (y compris les murailles et les portes), avec une priorité accordée au Mechouar. Les
premières actions dans la médina sont récentes, lancées pour la plupart d’entre elles au cours de la décennie 2000. La société Al
Omrane s’est vue confier la réalisation de trois conventions de financement portant à la fois sur l’axe principal de la médina (2008),
le confortement des habitations menaçant ruine (2006) et la rénovation d’un îlot avec production de logements neufs.

46 Réseau Marocain des Anciennes Médinas


L’année 2011 constitue par ailleurs une période charnière en ce qui concerne l’approche de réhabilitation et de requalification
de la médina. En effet, avant 2011, les actions de ce genre se faisaient généralement sous forme ponctuelles sans vision
globale et sans prise en compte des interactions entre les diverses interventions entreprises.

À partir de 2011, et dans le cadre d’un projet appuyé par la GIZ, à travers le programme CoMun, une étude pour la réhabilitation
de la médina de Meknès a été réalisée, visant principalement les points suivants :
• Partir d’un cadre logique basé sur une vision générale (échelonnée temporellement) et sur une stratégie d’intervention bien
définie pour toute intervention.
• Éviter les opérations ponctuelles et limitées en insistant sur les opérations globales et intégrées, à incidences plus directes
sur le vécu des habitants de la médina et sur le développement de cette dernière.
• Mettre en place un cadre institutionnel opérationnel, pour la gestion de la médina, qui soit représentatif de tous les acteurs
afin de les fédérer autour d’un projet commun et partagé.

Un projet avec la BEI (2008/2010) concernant une étude de réhabilitation sur un quartier pilote de la médina de Meknès a donné
l’occasion d’insister auprès des responsables locaux sur la nécessité de rompre avec la méthode «classique» d’intervention
dans le tissu urbain traditionnel (habituellement axée sur la restauration des murailles et de quelques monuments historiques),
pour mener une réflexion plus large et plus bénéfique non seulement au patrimoine mais aussi à la population et à toute la
ville.

Ce changement de cap est en train de s’opérer, bien que lentement, mais il parait plus évident que jamais, et ce dans toutes
les médinas du pays. En effet, les politiques de gestion passées n’ont donné aucun résultat satisfaisant et il est temps de
professionnaliser le métier du patrimoine et d’élaborer des modes de gestion réaliste et réalisable englobant la médina avec
toutes ses composantes pour avoir une perception plus claire de la réalité, afin de mieux évaluer ses problèmes pour y
remédier et de mieux cerner ses potentiels pour les renforcer.

Descriptif des principaux projets relatifs à la médina de Meknès


Échéance/état
Intitulé de l’étude Description Porteur de l’action Parties prenantes d’avancement
Initiative Médinas C’est dans le cadre d’un projet pilote de BEI Commune urbaine de 2009-2010
2030 l’initiative «Médinas 2030» initié par la BEI, Meknès
Périmètre Tizimi qu’une étude de rénovation patrimoniale Al Omrane
intégrée au développement urbain, complétée Agence urbaine
par une assistance à maîtrise d’ouvrage a été Inspection régionale
lancée. de l’habitat et de
L’objectif était de permettre d’engager un l’urbanisme.
programme d’action qui pourra éventuellement
être financé par d’autres bailleurs de fonds.
Plan Le PAS de la médina de Meknès a été lancé Agence urbaine de Wilaya 2009
d’Aménagement et en 2009, pour doter ce tissu d’un document Meknès Commune urbaine de
de Sauvegarde de d’orientation et de planification qui va Meknès
la médina permettre d’engager un processus de sa Services extérieurs.
réhabilitation.
Élaboration d’une C’est dans le cadre de l’appui apporté par le La programme Wilaya 2011
feuille de route programme CoMun/GIZ à la Commune urbaine CoMun / GIZ en Inspection régionale
pour une stratégie de Meknès, qu’une expertise a été lancé en collaboration avec la de l’habitat et
de réhabilitation de 2011 pour élaborer en concertation avec les Commune urbaine de l’urbanisme
principaux acteurs concernés par la médina Inspection régionale
la médina
une feuille de route, pour une stratégie de des monuments
réhabilitation de la ville historique. historique
Agence urbaine.
Traitement et Un important programme de traitement des Wilaya en Inspection de Depuis 2008
gestion des HMR est piloté par la société Al Omrane collaboration avec l’habitat, Commune
habitations Meknès en collaboration avec les acteurs Al Omrane, services urbaine.
menaçant ruine locaux. Il vise le traitement de quelques 600 extérieurs concernés
bâtisses, dans un premier temps, réparties sur
dans la médina
l’ensemble de la médina. D’autres opérations
successives, bien que de moindre importance
quant au nombre, ont été programmées dans le
cadre de conventions.

Réseau Marocain des Anciennes Médinas 47


I. Présentation de la médina de Casablanca
Centre du petit royaume des Berghwatas, la cité d’Anfa (ancien nom de Casablanca) est depuis sa création un port au commerce
actif. Après une période de foisonnement commercial particulièrement observée au 14ème siècle, cette cité va connaitre un déclin qui
a duré trois siècles avant de vivre un nouvel essor au 18ème siècle sous l’impulsion du Sultan alaouite Sidi Mohammed Ben Abdallah
qui la rebaptisa «Dar El Beida».
Le Sultan relève la muraille d’enceinte, fait construire une mosquée, une médersa, un hammam, des fours et des moulins.

En 1907, date du débarquement des militaires français, Casablanca est une cité d’une cinquantaine d’hectares, entourée d’une ceinture
de remparts et comptant quelque 20 000 habitants. Elle est divisée en trois quartiers : Le Tnaker au Nord-Ouest, occupé par les
ruraux vivant dans les noualas (huttes de roseaux) ; le Mellah, au Sud-Ouest, aux constructions modestes, réservé à la population
israélite, dans le périmètre défini par le Sultan Moulay Slimane au début du 19ème siècle ; enfin, la partie la plus structurée de la cité,
le long du port et sur la rive Sud-Est de la muraille où s’ouvre la porte Bab Souk vers l’intérieur du pays. C’est là que se concentrent
les bâtiments occupés par les étrangers (consulats, agences bancaires, hôtels et pensions), les maisons édifiées par les négociants
marocains ainsi que les équipements publics.
Dans le quartier des consulats où s’implantèrent les grandes puissances étrangères sont concentrées des constructions coloniales art
déco et néo-mauresques qui côtoient des constructions méditerranéennes et arabo-andalouses, conférant une diversité architecturale
typique à cette ancienne médina.

II. Stratégie de la ville concernant la gestion de la médina


Capitale économique, Casablanca incarne le Maroc de la modernité et du dynamisme. Elle est une métropole nationale qui
concentre les équipements structurants du Maroc et représente une véritable interface de l’économie nationale avec l’étranger.

Au-delà de son dynamisme économique, la ville est connue également pour son patrimoine culturel spécifique marqué par la
présence d’un patrimoine colonial riche reconnu à l’échelle international et d’un tissu traditionnel faisant référence à la civilisation
arabo-musulmane.

48 Réseau Marocain des Anciennes Médinas


La stratégie de la revalorisation de l’ancienne médina a été élaborée et validée dans le cadre d’un important projet de réhabilitation
conduit depuis 2009 par les principaux acteurs locaux de la ville. Cette stratégie repose sur une vision globale et intégrée qui
a été partagée par l’ensemble de ces acteurs lors d’une série de réunions de concertation menées dans ce sens. Elle consiste
à rehausser l’image de cette ancienne médina en enclenchant un processus continu et durable de réhabilitation tant dans sa
dimension physique et urbanistique que dans ses dimensions sociales et culturelles. La concrétisation de cette vision a été
jalonnée par un ensemble d’étapes qui commencent par une importante opération de mise à niveau urbaine de la ville et par la
mise en place des infrastructures et équipements nécessaires. Elle sera suivie par une phase de mise à niveau touristique et
culturelle de la ville.

III. Gestion de la médina dans la ville Casablanca


1. Modalités de gestion de la médina Superficie de la médina 45 ha
La gestion de l’ancienne médina relève sur le plan administratif Population de la médina (2004) 47 063
et territorial des prérogatives l’Arrondissement urbain de Sidi Part des hab. de la médina/hab. de la ville 1%
Belyout qui se charge des travaux d’entretien et de collecte
Taux d’accroissement démographique (1994-2004) -1,3%
des ordures. Or, vu la situation déplorable dans laquelle se
trouvait cette cité selon le diagnostic réalisé au cours des Densité moyenne (hab/ha) 1 045
années 2000, et les moyens financiers et techniques qu’exige sa Taux de locataires (%) 78%
gestion, un comité de pilotage ad-hoc regroupant les principaux Part des bâtiments de plus de 50 ans (%) 78,2%
acteurs locaux de Casablanca a été mis en place pour assurer,
Nombre d’habitations menaçant ruine 1 000
en collaboration avec l’Agence urbaine de Casablanca, les
travaux de réhabilitation et de mise à niveau de la médina.
Une convention a été conclue dans ce sens entre les principaux Ministères concernés et l’Agence urbaine de Casablanca en tant que
maître d’ouvrage du projet afin de financer un programme de mise à niveau de la médina. Depuis la signature de cette convention en
2010, un ensemble d’opérations de mise à niveau des infrastructures de base, de consolidation des anciennes bâtisses, de restauration
des murailles ont été entreprises. À signaler enfin qu’en 2014, le Conseil de la ville a approuvé la décision de créer une société de
développement local chargée de la gestion du patrimoine historique à Casablanca (Casa Patrimoine).

Focus sur une bonne pratique au niveau de la médina de Casablanca : La mise en place du projet de réhabilitation de la
médina de Casablanca : Une gouvernance participative
L’originalité de la démarche initiée dans le cadre du projet de réhabilitation de l’ancienne médina de Casablanca réside dans
l’organisation institutionnelle proposée pour sa mise en œuvre et qui s’articule autour d’un comité de pilotage dans lequel sont
représentés l’ensemble des acteurs locaux concernés par la gestion de la médina. Ce comité de pilotage qui assume la mission de
maître d’ouvrage délégué auprès de l’Agence urbaine de Casablanca est appuyé par un comité de coordination chargé de coordonner
entre les différents acteurs impliqués et par les groupes de réflexion chargés de conduire des réflexions thématiques sur les
différents aspects de la gestion et de la mise en valeur de la médina et d’élaborer une vision globale de la réhabilitation.
Structure Composition Mission
• Le gouverneur (Président)
• Les présidents des 4 groupes de réflexion
• Le président de l’Arrondissement de Sidi Belyout
Comité de pilotage • Les délégués du commerce, de tourisme et de la culture Validation
• Présidents des associations Casa-Mémoire, Casablance Carrières
Centrales, Anciens Élèves de Casablanca, ...
• M. Mohamed Tangi (collectionnaur) et Abdellah Naguib (historien), ...
• Les présidents des groupes de réflexion
Comité de coordination • Les coordinateurs des groupes de réflexion Coordination
• Coordinateur général (M. Abdellah Amghar)
Chaque groupe est constitué de :
• Président du groupe
• Départements ministériels concernés Élaboration d’une vision
Groupes de réflexion
• Services de l’arrondissement de Sidi Belyout stratégique intégrée
• Représentants de la société civile
• Personnalités ayant un lien avec l’ancienne médina

L’autre originalité du projet réside dans cette approche participative mise en place qui a pris la forme de réunions de concertation
élargies auxquelles ont participé l’ensemble des acteurs tant institutionnels, économiques, professionnels, qu’associatifs. Ces
réunions organisées sous formes d’ateliers de réflexion thématiques ont été l’occasion de croiser et de faire converger les points
de vue, les attentes et les perspectives divergentes des acteurs, ce qui a permis de déboucher sur une vision commune et partagée
autour de la réhabilitation de la médina. Ces réunions de réflexions ont connu la participation de la société civile casablancaise
qui assume un rôle prépondérant dans l’animation et la mise en œuvre du projet.

Réseau Marocain des Anciennes Médinas 49


• Rappel des enjeux
• Présentation des données
• Débat sur les orientations
• Analyse et débat Validation du diagnostic
• Formulation des axes stratégiques
• Identification des enjeux
et objectifs clés

• Rappel des axes stratégiques


• Débat sur les actions proposées Validation du Plan d’action
Validation des axes stratégiques
• Identification des actions à mettre stratégique
en oeuvre

Ateliers de réflexion Comité de pilotage Source : Comité de pilotage de Casablanca

Au-delà de son rôle actif dans la conception de la stratégie de réhabilitation de la médina, le Comité de pilotage a assumé
également des missions stratégiques de communication et d’information auprès des habitants de la médina ainsi qu’un
rôle d’animation culturelle par l’organisation de manifestations et d’activités sociales et culturelles qui s’inscrivent dans la
promotion de l’image de la médina auprès de ses occupants. C’est le cas de la manifestation culturelle de Ramadaniyate
de l’ancienne médina animée par l’association Carrières Centrales en collaboration avec un collectif associatif local. Cette
manifestation a été marquée par l’organisation d’une centaine d’activités à vocations sociales, sportives et culturelles auprès
des habitants et des jeunes de la médina. C’est finalement une stratégie ascendante qui a présidé à l’élaboration du projet
de réhabilitation et qui a fait de la société civile un acteur central dans la conception et la mise en œuvre du projet.

Pilotage, animation et suivi du chantier

• Mise en place d’un Comité de Pilotage présidé par M. le Wali (réunions annuelles ou semi-annuelles)

• Mobilisation des acteurs publics


MISSIONS • Mobilisation des financements publics
• Contrôle et suivi des projets publics engagés

• Mise en place d’un Comité d’Animation et de Communication présidé par l’Association Casablanca Carrières Centrales

• Mobilisation du secteur privé et de la société civile


MISSIONS • Mobilisation des financements privés et des dons
• Communication sur le projet

2. Études et projets en cours ou prévus


Le programme de la réhabilitation de la médina a été structuré en trois étapes principales. La première, d’un montant global de
300 millions de Dh, concernait des travaux d’envergure de renouvellement d’infrastructure de base (canalisation d’assainissement,
adduction à l’eau potable, électricité, éclairage public, réseau télécoms), la restauration des murailles ainsi que le traitement des
bâtiments menaçant ruine et le relogement des habitants qui y résident ainsi que l’aménagement d’un circuit touristique. Les actions
contenues dans la deuxième partie du programme lancée en 2014, concernaient la réhabilitation des principaux édifices publics, la
création d’équipements socio-collectifs, la promotion de l’artisanat et l’insertion socioprofessionnelle des jeunes, le relogement des
occupants des constructions menaçant ruine, etc. La troisième étape consiste à réhabiliter quelques bâtiments cultuels et installer
des équipements socio-collectifs de proximité (écoles, centre de santé, etc) ainsi que des espaces dédiés à la promotion de l’artisanat
local.
Pour accompagner ce projet de réhabilitation, un ensemble d’études ont été lancées, notamment l’étude sur l’élaboration d’un plan
d’aménagement et de sauvegarde de l’ancienne médina, l’étude sur la mobilité au sein de la médina intra-muros de Casablanca, ainsi
qu’une étude sur la structure foncière de la médina.
À souligner enfin qu’une opération de classement de la médina en tant que Patrimoine Mondial a été lancée en 2014 grâce à la
mobilisation d’un ensemble d’acteurs institutionnels et associatifs en vue d’une meilleure promotion de l’image et de l’attractivité de
cette cité historique.

50 Réseau Marocain des Anciennes Médinas


Descriptif des principaux projets relatifs à la médina de Casablanca
Échéance/état
Intitulé de l’étude Description Porteur de l’action Parties prenantes d’avancement
Plan de Il s’agit d’un vaste programme de Wilaya de L’ensemble des 2014-2020
développement du développement et de mise à niveau du grand Casablanca Ministères concernés
grand Casablanca Casablanca prévu à court et à moyen terme. Il et les acteurs
englobe une série de projets de redynamisation institutionnels locaux
de la zone (grandes infrastructures, de Casablanca.
équipements structurels et mise à niveau
urbanistique de la ville, dont la réhabilitation
de la médina).
Projet de Il s’agit d’un important chantier de Agence urbaine de Ministère de 2010-2018
réhabilitation de réhabilitation de la médina qui a reposé sur un Casablanca (maître l’Intérieur, Fonds
l’ancienne médina diagnostic participatif impliquant l’ensemble d’ouvrage) Hassan II, Wilaya
de Casablanca des acteurs concernés et la société civile et Comité de pilotage de Casablanca,
qui a permis de déboucher sur une stratégie (maître d’ouvrage Préfecture d’Anfa,
de réhabilitation prévue sur trois tranches et délégué) Conseil de la ville,
financée tant par les départements ministériels Arrondissement de
que par les acteurs locaux de la ville. Sidi Belyout, services
extérieurs, société
civile.
PCD de la ville C’est le plan d’orientation et de développement Commune urbaine Ministère de 2010-2016
de la ville initié par le Conseil de la ville l’Intérieur, autorités
qui englobe les projets d’investissement locales.
prévus pour une durée de cinq ans. Le PCD
vise la promotion de l’attractivité de la ville
de Casablanca par la mise en place des
infrastructures nécessaires et la réalisation de
projets d’investissement, dont une contribution
à la réhabilitation de la médina.
Plan Un Plan d’Aménagement et de Sauvegarde Agence urbaine de Préfecture d’Anfa, 2013-2015
d’Aménagement de de la médina a été lancé dans le cadre du Casablanca Conseil de la ville,
Sauvegarde projet de réhabilitation de la médina. L’objectif Arrondissement de
étant de proposer et de réglementer l’usage Sidi Belyout
du sol au niveau de la médina en prenant en
considération les orientations du projet de
réhabilitation de la veille ville.

Société civile et partenaires


La société civile joue un rôle incontournable pour la sauvegarde de l’ancienne médina de Casablanca. Elle aussi est à l’origine du projet
du projet de réhabilitation. Un ensemble d’associations locales à l’échelle de Casablanca ont accompagné ce processus depuis ses
phases de lancement jusqu’aux travaux de mise en œuvre. Ces associations (Association Grand Casablanca, Casa mémoire et autres)
qui sont représentées dans le comité de pilotage du projet, assument des fonctions diversifiées de communication, d’information
d’animation sociale et culturelle auprès des habitants de la médina. On citera dans ce sens l’organisation «Ramadanyates Al Madina»
incluant un ensemble d’activités sportives, éducatives et culturelles au profit des populations de la médina.

Réseau Marocain des Anciennes Médinas 51


Membres
ressources

Rabat
Houra HAMMADI Chef du Service des Bâtiments de la Ville Commune urbaine de Rabat
Abdelilah Doughmi Conseiller et président du comité de développement humain Commune urbaine de Rabat
Arrondissement urbain
Mustafa Badaoui Architecte
de Rabat- Hassan
Jamal EL FIKHI Secrétaire général Association Espace des Oudayas
Salé
Urbaniste. Chef de Division de l’aménagement urbain.
Khadija Zmani Préfecture de salé
Responsable du programme de la réhabilitation de la médina.
Aziz Benbrahim Élu Arrondissement de Bab Lmrissa
Rajae Messari Architecte. Chef de la Division de l’urbanisme Mairie de Salé
Tétouan
Laila ACHAGRA Chef de service de l’ancienne médina Commune urbaine de Tétouan
Otman ABSI Cadre au service de l’ancienne médina Commune urbaine de Tétouan
Mohammed Boukhobza Élu communal, vice-président Commune urbaine de Tétouan
Mhammad BENABOUD Président Association Tétouan Asmir
Yassir GHAILAN Chef de service de relation extérieure et coopération Commune Urbaine de Tétouan
École des beaux arts et des
Mehdi ZOUAK Inspecteur des monuments historiques
métiers
Chefchaouen
Hamid Mesbah Élu, Vice-Président Municipalité de Chefchaouen
Nabil Chlyeh Élu, Vice-Président Municipalité de Chefchaouen
Tiznit
Ahmed BOUMEZGOU Élu, Vice-Président Commune urbaine de Tiznit
Ayad SAMRI Architecte et chef de Division d’urbanisme et de construction Commune urbaine de Tiznit
Fès
Fouad Serghini Directeur ADER
Ismail Alaoui Chef de département des opérations ADER
Moustafa El Hachimi Chef de département ADER
Nadia Lakhdar Cellule sociale ADER

52 Réseau Marocain des Anciennes Médinas


Essaouira
Mohamed El Farrah Président du Conseil municipal d’Essaouira Représentants de la Municipalité
Ali Ouariaghni Chef de division de l’urbanisme Représentants de la Municipalité
Ahmed Sossan Élu, Membre du conseil municipal Représentants de la Municipalité
Brahim Ouafa Chef de division de l’urbanisme Représentant de la Province
Meknès
Afaf El Ouali Architecte Commune urbaine de Meknès
Mohamed Chegdali Élu Commune urbaine de Meknès
Inspection Régionale de
Mohammed Hatim Moutie Architecte l’Urbanisme et de l’Aménagement
du Territoire
Casablanca
Comité de pilotage de
Urbaniste. Chef de Division de l’aménagement urbain.
Mustapha Mellouk Réhabilitation de la médina de
Responsable du programme de la réhabilitation de la médina.
Casablanca
Comité de pilotage de
Najwa Bikri Secrétaire générale du Comité de pilotage Réhabilitation de la médina de
Casablanca
Arrondissement urbain de Sidi
Zineb Benghanem Architecte
Belyout

Réseau Marocain des Anciennes Médinas 53


Publié par :
Coopération Municipale - CoMun
Gouvernance locale et participative au Maghreb

Elaboré par :
Tarik Harroud

Avec le soutien de :
Direction Générale des Collectivités Locales
DPAT

Conception graphique et impression :


Napalm

Crédits photos :
CoMun, Paul Hahn
Safae Salih
Commune Urbaine Tétouan

Février 2015
Rabat

Tunis

Eschborn 1, place Sefrou - B.P. : 433, 10 000 Rabat


Tél. : + 212 537 70 40 58 / Fax : + 212 537 26 45 51
Marseille Site web : www.co-mun.net • www.giz.de/maroc

Vous aimerez peut-être aussi