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Cours d'architecture, ou

Traité de la décoration,
distribution et construction
des bâtiments : contenant les
leçons [...]

Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France


Blondel, Jacques-François (1705-1774). Auteur du texte. Cours
d'architecture, ou Traité de la décoration, distribution et
construction des bâtiments : contenant les leçons données en
1750 et les années suivantes. Tome 1 / par J.-F. Blondel,... ; publ.
de l'aveu de l'auteur par M. R*** ; (et continué par M. Patte).
1771-1777.

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D'ARCHITECTURE
COURS
D'ARCHITECTURE,
ou
TRAITÉ
De le D'écoration, Diftribution & Con/hiSùm
DES BÂTIMENTS;
CONTENANT
LE| Leçons données en
1750, & les années
fuivantes, par J.F.Blondel, Architede,
dans fon École des Arts.
Publié de taveu de t 'Auteur par M R
TOME PRE MIER.

Chez Libraire,, rue du

M DCC LXXI.
Avtc AppTobaûon, & Privilège du Rou
R ?-s avoir obtenu de l'Auteur
s
la permiffion de publier
cet Ouvrage
de la
intéreffant pour m'acquitter
reconnoiffance que je lui dois, d'avoir
bien voûte féconder,
par fes foins &
avec fon défintéreffement ordinaire
l'
mon goût pour Architecture, j'avois
dans un Difcours préliminaire,
1 occafion, en faifant
fiifî
connoître 1 utilité
de fes Leçons, de parlerfaufTi,
talents reconnus de & des
cet Architecte &
de fon zèle infatigable les progrès
de ce bel Art mais pour après lui avoir
communiqué mon travail, fa modèle
voulu me permettre
d'éloge. Je aucune efpece
vous fuis très-obligé:1 m V
»t-d dit, de ce que vous penVz di
-yanageux fur mon compte mais
IS -je
fuis bien éloigné de croire avoir
l^nphk tâche que je
» pofee. Quelques me fuis im-
connoilTances
-vous ayez acquife dans nos C^n-. que
M rérences, les miennes m'y font apper-
»> cevoir une infinité de fautes qui me
» font échappées & que les hommes
» éclairés y remarqueront fans doute.
» Ne perdez pas de vue je vous
» prie que mon confentement
vous laifler publier mes Leçons n'a
«eu d'autre but que l'efpoir qu'elles
^> pourraient être de quelque utilité
» aux eunes. gens qui fe deftinent
l'Archite&ure que malgré qua-
rante années d'expérience je n'ai
«garde de vouloir prétendre l'ap-
» probation du plus grand nombre
-'» de ceux qui, de notre temps tien-
» nent un rang diftingué parmi nous
» fongez ajouta-t-il que le Manufcrit
que je vous ai confié. n'eft que le
»>réfultat de vinb années de r^cher-
» ches mais qui faites dans, des temps
différents ÔC a diverfes reprifes, man-
» quent peut-être de cette liaifon. né-
«cefïàire à obferver dans un Ouvrage
»*qui, confié a la preflfe, demandoit
» une érudition au-deffus de mes forces.
«Donnez mon travail au Public, j'y
» confens; mais oubliez tout ce qui me
regarde & qui pourrait déplaire à mes
Contemporains. Jeune encore lorfque
«je compofai la plus grande partie des
» Leçons qu'il contient
une forte
» d'enthoufiafme fembloit m'être
per-
» mife aujourd'hui corrigé par 1 âge
» je reconnois le danger de
cet enthou-
» fiafme, fur-
tout lorfqu'il eft pouffé
» trop loin. Je n'afpire plus qu'a la
retraite. au fîlence; ma carrière eft
» remplie: ne donnez mes Obfervations
» que pour ce qu'elles valent, & que
» votre amitié ne s aveugle pas fur quel-
» ques talents que je dois plus à mon
« zèle qu'à mes lumieres » Pour
defcendre aux intentions de l'Auteur con-
& me renfermer dans les
vues patrioti-
ques, je lui facrifie volontiers le plaifir
que j'aurois eu à m'étendre fur la repu'
tation qu'il s'eft acquife, & fur [es
qualités perfonnelles. Je vais
dons
donner fes Leçons telles exactement
que je les ai trouvées dans fon Ma-
nuferit fans excepter même ni fpn
Épitre dédicatoire ni la Préface qu'il
avoit déja faite n'ayant d'autre part
cet Ouvrage, que d'en avoir acceléré
l'imprelfion dont je me flatte que le
Public me faura quelque gré.
CI'£ aux
Peifonnes en Place à qui
nous devons notre état aux Amateurs de
la.. véritable Architecture
qui ont animé notre
{èle c'efi aux ArckiteSes célebres
qui ont
dirigé nos études,
aux Artifles hahiles qui
nous ont éclairés fur les différentes parties de
notre Art: c'efi à nos Eleves, qui plus d'une
fois nous ont fourni l'occafzon de
réduire en
principes la plus grande, partie des
règles que
les Manfards
ont mifes en pratique dans leurs
édifices • à ces divers Citoyens que nous
croyons devoir dédier notre ouvrage. Cet hom-
rnagepublic, s'il efi bien
reçu fera
la récompenfe la plus flatteufe pour nous
puifzons
'JPJ^dufruit de veilles; que nous
"forts ré'pondent,
nos trop heureux fmos
en quelque forte, à l'attente
de ceux
que nous avons ici en vue
F*ttons& moins nous nous
qu'ils voudront bien accœuiUir
ce qui fc trouvera de moins défectueux
dans ce
Cours. Ce qu'il contient de meilleur Leur appar-

faveur de que
tient fans doute: mais nous ofons croire qu'en
nous avons fàit de leurs
avis ils voudront bien avoir quelqu'indulgence
pour tout ce que nous avons tiré de notre propre
fond.
Quelle que puijfe être la dècifîon du Public
fur le fort de cette entreprife affe^ importante,
nous ne l'en affurons pas moins de la pléni-
rude de notre reconnoiffance pour tout ce que
nous lui devons jufqu'à préfent.
On peut dire que, pfqu'a préfént,
nous
n'avons pas eu encore de Cours d'Architecture
qui embraPe toutes les parties de
cet Arr.
d'égards eft tropincomplet. François
Blondel célèbre Archive
ne n2 1
guere parlé, dans .le fieo, que des ordres
ZT! les *aCT «5 les modernes,
des
Arcs de Triomphe, des Ponts;
ajouté lesDefcriptions de quelquesquoi il a
qu'il a fait exécuter. Il Edifices
ge,- dadleurs excellent,mandue a cet Ou.vra-
les principes de la
ration intérieure; ces deuxdernieres
font treVenUei e° France, depuis parties
de bâtir.^aMteS
eft donc, pour amfî dke
entreprife qui né peut manquer
ce grand
Maître un Objet très-intére/Tant dan? l'arc

une nouvelle
titile aux différentes -perfonnes de devenir
reiient à cet Art. Nous qui s'inté-
convenons que ce
I LecE f°ndre en un feuI
corps de
fcilemln! J & de lier
enfenble, non-
Nous efpérons que le Public recevra cet
Ouvrage avec quelque plaifir du moins
nous nous rappelons avec reconnoiflapce
l'accœuil favorable qu'il a bien voulu faire à
nos premiers efforts. Cependant nous avons
balancé long- temps à mettre au jour ce
nouveau fruit de nos occupations, les meil-
leurs livres en ce genre ne pouvant feuls
former d'excellents Ardues: nous nous y
hommes déterminés néanmoins, nous étant
aperçus plus d'une fois, que l'usage de dicter
des cahiers, fai: perdre aux Élevés un temps
confidérable qu'ils pourroient mieux em-
ployer à fuivre les démonftrations des
Proi-'eiïèurs. D'ailleurs nous nous fommes
prefque toujours aperçus que les copies que
la plupart en faifoient étoient peu lifîbles
pour ceux mêmes qui les avoient écrites
que d'autres y laifToient des lacunes qui
interrompoient la liaison que les Leçons
doivent avoir les unes avec les autres
qu'enfin les incorrections que nous remar-
quions dans la plupart des figures, ainf
que dans le texte & les notes, rendoient
néceflairemsnt leurs Manufcrits très -im-
parfaits. Ces motifs nous ont fait pren-
dre le parti de faire imprimer cet Ou-
vrage, quelque crainte que nous ayons
eue de n'avoir rempli que médiocrement
notre objet. Nous avouons même que
nous avons été fouvent embarras fur le
ilyle qu'il convenoit de donner à
Enfin nos Le-
çons. comme il nous a paru dTencrêl
d'éviter 8:. les termes de l'Art, uftés
dans le commerce du monde & peu la féche-
refle d'un Ouvrage purement élémentaire,
nous avons cru qu'elles devoient ctre
écrites de maniere que les plus foibles
compriûenc, & que les hommes déja éclai- nous
rés en puflênt goûter les préceptes.
refte au défaut d'un plus grand degré Au de
perfedhon que nous aurions defiré donner
a notre travail nous nous fommes da
moins tournés du côté de l'utilité
avons tâché de le mettré à la portéenous de
ceux qui defirent s'inftruire dans l'Art de
I Architecture > & de fournir
leurs des matériaux qu'ils aux Profef-
dans pourront adop-
ter leurs exercices publics.
Pour y parvenir nous n'avons pas héfité
de faire
part nos Lecteurs de la plus
grande partie de ce
Architectes ont écritque nos plus habiles
fur cet Art. Ce n'eft doncde plus intérêt
point norre fen-
unefuite d'olfervations faites d'après
s:
exemples les plus approuvés
qui fans avoir écrit fur
France' A aous,e°on;
de ceux
les

pas moins laiflë en


«rance, des. modeles dignes
d'Arhénes &
de Rome. Nous avons penfé que c'étoit au
goût à nous éclairer iur ce que nous de-
vions adopter ou rejeter de leurs opinions
chaque Architecte appelé à ion Art par le
génie, ayant fa manière de voir Se d'appré-
cier. D'ailleurs nous fômmes perfuadés qu'il
eft une imitation qui n'a rien de fervile, &
qui nous rend propres les richeues que
nous empruntons d'autrui foit dans les
Arts, foit dans les Lettres trop heureux fi
nous avons bien faifi ce que nous avons
puifé dans les Ouvrages de différents gen-
res, & fi nous Tommes parvenus à le bien
rendre à nos Élevés.
Peut-être nous faura-t-on auflî quelque
gré d'avoir joint nos propres réflexions
celles des anciens Se des modernes; du
moins notre intention a été par-là, d'exciter
les jeunes Artiiles à examiner par eux-
mêmes, & fans partialité, le bon ou le
mauvais effet que peut produire fur leur
efprit, la perfection ou l'imperfection re-
pandue dans la plupart de nos bâtiments à
apprécier ce qu'ils doivent imiter ou rejeter,
& a fe mettre en état de diftinguer la belle
Architecture d'avec l'Architecture médio-
cre. Nous n'ofons néanmoins trop efpérer
de ces moyens; il peut nous être échappé
bien des obfervations utiles mais pour
réparer nos omiffions, nous invitons nos
Lecteurs à nous les faire connoître. Bien loin
que leur cenfure nous défoblige nous
iouhaitons qu'on ne nous page rien;
1 n'avons pas la vanité de nous croire nous fans
défauts. En publiant
ce Cours nous
n'avons eu en vue que l'utilité de
nos Elc-
ves, & nous profiterons avec reconnoif-
fance des obfervations qu'on voudra bien
nous faire.
Malgré cet aveu on ne doit
dre ici a de Amples apologies; & pas s'atten-
quoiqu'il
s'agilfe fouvent d'obfervations faites fur
les productions des plus grands Maîtres
des éloges affedés nous auroient femblé
plutôt un outrage pour illuftres Prédé-
nos
celieurs,_ qu'un hommage digne de leurs
talents Ces mêmes éloges auroient
être auffi paru injurieux à ceux de peut-
temps qui ont aïTez d'acquis pour profiter notre
de nos obfervations. Le
ton apologéti-
que nous a donc paru ne convenir
pour 1 encouragement qu'on doit que
Éleves déja avancés; aux
en applauditfant
autrement le Public
zèle de l'Écrivain,
bkme tout bas au fon incapacité
fa complaifance ou les ou
pour
Ccnternporains. D'ailleurs ouvrages de feg
«Pun Traité tel nous avons cru
aSere^eft
tterUt'&qu'une que celui ci devoir
aultere eft critique
auffi
trop
peu propre d induire,
fatistaifante
qu'une apologie outrée eft peu
font l'objet.
pour les Ardues qui en
Nous préfentons donc, avec quelque
confiance nos propres réflexions ians
toujours ado-
nous attendre qu'elles foient
ptées notre ambition ne va pas jufqu'à
prétendre plaire à tous; il nous fuffit d'ap-
prendre à la poftérité fi cet Ouvrage
penfé
peut y parvenir ce qu'auront goût ceux
qui, dans les chofes d'art &: de ne
font d'aucun fiecle ni d'aucun pays.
Nous avons far-tout cherché a analyfer
raifbnnement de
ce qu'on peut appeler le flattons même
l'Architecture nous nous
cette partie de notre Ouvrage ne fera
que
pas la moins intéreflante éclôre
nous ayant paru
le germe
la plus capable de faire
du génie de l'Élevé, de développer, d'é-
tendre fes idées, de fixer fon imagination,
de préparer fon efprit pour recoeuillir
avec fruit les préceptes les plus approuvés,
applica-
6c parvenir enfin à en faire une
tion judicieuse dans fes différentes produ-
étions. On nous a reproché plus d'une
fois que cette facilité de nous livrer
aux vœux du plus grand nombre avoit
à la multitude
ouvert trop indiftinctementconnoiffances
les moyens d'acquérir les de
l'Architedure; que pour quelques Citoyens
dignes d'être initiés dans ios myfteres
combien
comoien d autres étoient incapables de >hs
comprendre, d'où Se font multipliés
d hommes médiocres mais tant
nous avons
vu cela autrement, persuades,
propre expérience qu'il Falloit par notre
de tous, pour Être véritablement eflàyér
utile -à
quelques-uns, Susceptibles d'approfondir
^connoître & de Se dif1:inguer dans
cet
Delirant donc que ce -Cours devienne
utile, fut-tout aux Ecoles qui s'étabS
dans nos Provinces:1 né-
nous n'avons
gligé d'y inférer par forme dedigreLn
pas L

-couder les fofc^'fe£


uns nousVoas eu Sent
mulation des autres;
ton que ce corps de Leçons pui1fe & 4
de guide à ceux qui, dans la fuite vL,

Il nous refie à 'rendre h df»


Non? que nous compte
donnée à de
avons ce Cours.
didribution & la conftru&ion parce qu'il
nous a paru nécellàire de parler de la fcience
de l'Arc avant de palier à la pratique. En
effet, l'Archite&e ne peut exceller dans
l'ordonnance de fa décoration que par
le fecours de la théorie, qui fuppofe la
connoiffance des Belles-Lettres, des Mathé-
matiques & du Deflîn connoillànces fans
lefquelles il ne peut parvenir au raifonne-
ment, aux proportions & au goût de l'Art.
D'ailleurs nous regardons la diftribution
comme une partie qui doit être intermé-
diairement placée entre la décoration & la
conftruétion.
Comme ces différentes parties ont rap-
port entr'elles en traitant de l'une, nous
ferons quelquefois obligés de parler de l'au-
tre. Par exemple en traitant de la décora-
tion des.Édificés, nous parlerons non-feule-
ment de la diftribution éxtérieure, mais aufïï
de la diftribution des dedans; on ne peut
éviter la réunion, de ces deux principaux
objets fans tomber dans l'inconvénienc de
la plupart des Architectes du dernier iiecle
qui, pour avoir négligé les commodités
qui rendent aujourd'hui nos habitations
ii intéreifantes n'ont guere produit que
de belles façades, tandis qu'au contraire
le plus grand nambre. de nos Contem-
porains, il: y a trente ans ne s'étant
attachés, qu'à la distribution proprement
dite, & aux des dedans.
ont ri fouvent défiguré l'ordonnance des
dehors, qu'ils ont, pour ainri dire, fait
blier le régne des Perrault & des Manfard.ou-
Nous avertiifons encore, qu'il
ne nous fera
guère en traitant ces deux premib-
res Parties, de ne pas faire
entrer dans nos
les notions' préliminaires de
la conduction qui terminera
cet Ou-
vrage le fuccès d'un bàtiment dépendant
ab olument de la réunion de
ches de ces trois bran.
réunion qui certainement
xend l'étude aujourd'hui
plus décile qu'elle
ne l'étoit même
temps des Grecs & des Romains.
fommairement ici le plan des
Leçons que renfermera Cours.
ce
LA PREMIERE
qui aura Pour
objet la décoration des Édifices, contiendra
une Introduction dans, laquelle
puifer les idées générales de
& des Arts qui
y font relatifs. Cette intro-

dans les Arts du


Jardi-
feront traités les
SOURCES DE L'ART, ou origine des
Ordres Grecs Se Romains dans lesquels
on doit puifer l'expreflîon relative à la
décoration des Edifices.
Préceptes DE L'ART, tirés de la pro-
portion de ces mêmes Ordres fuivant les
anciens & les modernes.
RAISONNEMENT DE l'Art,*ou défi-
nitions des principaux membres d'Archite-
cture & de Sculpture, utiles à la décora-
tion des façades.
ANALYSE DE L'ART ou moyens de
parvenir à diftinguer la bonne Architecture
d'avec l'Architecture médiocre.
Du GOUST DE L'A R T ou maniere
:d'éviter tout ce qui peut y être contraire.
APPLICATION DE L'ART, ou maniere
d'élever les Ordres les uns au-deffus des
exactes dans les
autre, avec leursdemefuresbâtiments &c mis
différents étages nos
parallele avec ceux des principaux Édi-
en
fices anciens.
Fécondité DE L'ART ou moyens de
ilonner à chaque Édifice le cara&exe parti-
culier qui lui convient.
Discussion s DE L'ART, où l'on prouve

nature.
que les proportions
obfervées. dans les Edi-
fices les plus célebres ont été puises dans
la
LICENCES DE L'ART, ou moyens de
s'éloigner de la rigidité des préceptes,
évitant néanmoins les abus qu'elles en
occa-
fionnent quelquefois dans les productions
des Architectes médiocres.
PERFECTION DE L'ART, qui feule
peut
faire parvenir à la régularité abfolue dans
1 ordonnance extérieure
& intérieure de
nos bâtiments.
EXPÉRIENCE DE L'ART, qui
démêler par l'examen de quelques-unsamene à
de
nos Édifices leurs véritables beautés,
les médiocrités dont plufieurs ou
toujours exempts. ne font pas

LA SECONDE PARTIE qüi aura pour


objet la contiendra une Intro-
iur de cette branche de
Introduction
cédera ce qu'on cette
a pu diré
fur les bâtiments d'habitation
ficence, d'utilité & de fûreté. deOn
magni-
vera, dans cette Partie l'ordre

de la difpofition
DELA
DISTRIBUTION,où l'on traitera,
générale des Palais des
de campagne, des
Châteaux, des Hôtels des
grands Seigneurs
DES APPARTEMENTS EN GÉNÉRAL,
des Appartements de parade, de fbciété,
& de ceux nommés Appartements parti-
culiers deftinés à la demeure perfonnelle
des propriétaires. De la proportion que
les hauteurs des pieces de ces différents
A.pparcements doivent avoir par rapport
à leurs diamètres, &c.
DES DIFFÉRENTS GENRES DE PIECES
qui composent les Appartements, tels que
les Vestibules, les Anti-chambres les
Salles, les Sallons, les Chambres à coucher,
les Cabinets & les Garderobes.
DE LA DISPOSITION, de fexpofition
& de la fituation des Galleries, des Biblio-
théques, des Sallons à double étage des
Chapelles particulieres, & des appartements
de Bains de propreté.
DES DIFFÉRENTES FORMES DES ESCA-
LIERS, de leur difpofition décoration
conftrucKoni de la maniere de les éclairer,
& des diverfes matières qui peuvent entrer
dans leur confbruclion.
DE LA DÉCORATION INTÉRIEURE des
différentes pieces d'un Appartement, rela-
tive à leur ufage particulier, où il fera traité
de la Sculpture de la Peinture de la
Dorur.e, des Glaces, du Marbre, du Bronze,
& généralement de toutes les parties qui
contribuent à l'embelliilemenr. de l'intérieur
des Bâtiments.
DE LA DISTRIBUTION DES CUISINES
& Fournils, des Offices des Écuries des
Remifes, des Logements des Officiers, de
ceux des Domestiques,. des Colombiers
des Glacières, des Chenils, des Manèges
couverts & découverts, de leurs dépendan-
ces, &c.
DE LA DISTRIBUTION DES ORAN-
GERIES, des Belveders des Trianons
des Ménageries des Faifanderies &
Bâtiments repandus dans les Jardins autres
de
propreté, & dans les Parcs des Matons
de Plaifànce.
DE LA DISTRIBUTION DES JARDINS
de propreté en général, & de
toutes les
parties qui concourent à leur embelliflè-
ment, tels que les Terrâmes, les Efcaliers
les Pièces d'Eau, les Parterres, les Salles de
verdure, les Bofquets, les Berceaux arti-
ficiels naturels, &c..
DE LA DISTRIBUTION
ET DE L'OR-
DONNANCE DES ÉDIFICES SACRÉS tels
que les Eglifes Cathédrales, Paroiflîales
Conventuelles,& de celles nommées Eelifes'
en rotondes..
DE LA DISTRIBUTION
DES HOTELS-
%?¥%? deS Bibliothéques publiques
des Bafiliques Palais de la'Juftice, des
ou
Collèges, des Aquéducs, des Fontaines,
des Hôpitaux des Marchés,. des
Manu-
faihireSj des Théâtres, des Foires Ce des
Halles, de. différents genres.
DE LA DISTRIBUTION DES ARSENAUX,
des Caïernes, des Portes de Ville, des Placets
d'Arrhes des Prifons Militaires, des Ports,
des, -Ponts, &c.

-LA TROISIEME PARTIE, qui aura pour


objet la conftrucHon contiendra une In-
troduiSHon oû il fera parle de ce que les
us &. coutumes prefcrivent concernant les
Bâtiments de l'arc de faire des Devis
du poids & des différentes qualités des
matieres propres à fart de bâtir.
De LA Maçonnerie en général & en
particulier de la Pierre & du Marbre de
la Brique, du Plâtre de la Chaux, du
Sable- & du Mortier.
DE LA MANIERE DE PLANTER UN
BATIMENT de l'excavation des terres &
des précautions qu'il faut prendre pour
parvenir à ces deux objets.
DE LA CONSTRUCTION DES MURS
de fondation de -face & de refend, mi-
toyens & de clôtures des différentes ma-
deres. qui y peuvent entrer, & des agents
que l'on emploie'pour les unir enfemble.'
DES différentes ESPECES DE VOU-'
TES, de leurs pouffêes des vouifures des
Trompes, des Panaches, &c.
DES EPURES & des développements utiles
à l'arc du trait, pour parvenir d'une maniere
pratique à la coupe des Pierres & des Bois.
DE LA CHARPENTERIE en général &
en particulier des Planchers, des Pans
de bois & des différentes formes & aitem-
blages des Combles.
DE LA SERRURERIE en général &
particulier des gros fers de la Serrurerie en Se
de la Ferrure.
DE LA MENUISERIE, où il fera parlé
de la qualité des bois
propres à cet Art
& en particulier de l'aflèmblage des Portes à
Placard, des Lambris de hauteur & d'appui
des Croifées des Parquets & de toutes les
parties qui contribuent à la falubrité & à
l'embellilTement des appartements.
DE LA COUVERTURE
Plomb, en Ardoife, en Cuivre, en
en Tuile & en Bar-
deaux de la Plomberie
les
Chaînai», les Defcentes, lesconcernant
Terralfes, les
Noues, les Faîtages les Arêtiers &
autres
parties d'utilité en ce genre, & de la Déco-
ration qu'il procure à nos Edifices.
DE LA PEINTURE d'impreffion, de fes
| différentes efpeces: à l'huile, chipolin,£
1 encauftique, à la grecque au
de la Dorure en détrempe;
blanc d'aprét & l'huile;
des Rehauffésaud'or des Camaïeux
des
Grifailles & autres embellitfements de cette
eipece.
CET Ouvrage contiendra fix volumes,
& environ deux cents planches néceffaires à
l'intelligence du Difcours perfuadé qu'un
deffîn bien rendu foit qu'il repréfenté un
plan, une élévation, une coupe ou quelques
développements des différentes parties d'un
Bâtiment, prouve mieux & plus prompte-
ment que la narration la plus fatisfaifante
les hrafes les plus claires fuppléant mal au
deffin. D'ailleurs, de même qu'il eft rare que
la premiere compofition d'un projet que
l'imagination fait concevo.ir à la hâte fe
trouve exécutée, telle que d'abord elle a eté
conçue de même il y a toujours une très-
grande diâérence entre des Leçons pure-
ment Spéculatives, & celles aidées de la
démonftration. Combien de fois n'avons-
nous pas éprouvé qu'une ou deux figures
légérement tracéesfurl'ardoife ,*épargnoient
dans nos Conférences une circonlocution
que nous n'aurions pu éviter fans ce fecours:
Il faut en convenir, fefprit le plus métho-
dique enfante quelquefois des chimeres
qu'un deffin ,bien rendu détruit. Certaine-
ment il faut être très-verfé dans l'Archi-
tecture pour imaginer avec quelque précï-
fion & pour rendre fes idées aux autres
fans le fecours d'une figure qui parle aux,
yeux. Nous pouvons le dire ici Vitruvé
n'a paru obscur à les Commentateurs, que
parce que les planches dont il avoit accom-
pagné fes explications ont été perdues
pour la pluparr. Cet Auteur, à qui on ne
peut refufer beaucoup d'érudition & de
capacité nous paroîtroit néanmoins plus
clair, fi les définis originaux nous étoient
parvenus & ils auroient concilié ce que
des volumes de Commentaires
ne peuvent
accorder.
Peut-être eût -il été à defirer que les
deflins des planches de notre Cours eufTent
été fur une échelle un peu plus grande
mais il auroit fallu avoir recours à fin-folio;
ce qui n'a pu être & à caufe de la cherté
qu'occa/îonne.un tel format, & à caufe
que
nous avons defiré rendre notre ouvrage
portatif, pour qu'il devînt plus utile à
Elevés, que nous avons nos
eus principalement
en vue dans la compofition de cet Ouvrage.
TABLE DES MATIERES.
INTRO DUCTION.
jiBRÈGÈ DE L'HISTOIRE de L'AR CH I T ec-
ture.
De [Utilité de £ Architecture.
page 1

Moyens d'acquérir les talents nécejfaires un Archi-


teSe. 131
Origine de tArt du Jardinage. J44
Origine de la Sculpture. 158
Origine de la Peinture.
CHAPITRE PREMIER.
SOURCES DE l'Art.
Origine des Ordres. 189
Du ordres d'Architecture en général & de leur
origine. 191
CHAPITRE II.
'Préceptes DE l'Art.
PLANCHE I.
'Des(cinq ordres 216
en général.
PLANCHE II.
Divifton générale pour les cinq ordres d'Architecture.
219
'Des différentes efpects de Moulures.. 22Z
De la manière de tracer géométriquement les différentes
Moulures. 225
Planche III.
Des Tores & des Quarts de Rond. llô
PLANCHE IV.
Des Cavets & des Scotics.
PLANCHE V.
Des Doucines & des Talons.
PLANCHE VI.
Des Moulures compofées. ,?6
PLAN CHE VII.
Maniere de tracer les Jets dEau propres
aux diffé-
rentes ùmaifts des corniches & les différentes
bures des frifes. cour-
241
Planche VIII.
Des Cannelures. ^c
PLANCHE IX.

lares.
Des ornements qui peuvent s'appliquer furies Mou-
Des Ornementsà l'ufage des Moulures droites. Q
2f
'Des Ornements à l'ujàgc des Moulures circulaires.

:Entablement Tofcande Palladio,


dune tête humaine.
Planche
'• compari

I.
.Q
le profil

Scammo^
X
Entablement To/can de
d'une


titc humaine.
Entablement Tofcan de Fignole comparée
"«>"»«**
261

profilé
ibid.
félon Yignole.
Mefures du Piédeftal. 2t66
Mefures de POrdrc ou de la Colonne. ibid.
t
Mrfures de Entablement. 2.67
Planche X V.
De tordre Tofcan de Fignole, avec quelques chan.
268
gements utiles.
Du Piédejlal & de la Bafe de la Colonne. ibid.
De la Bafe du Piédejlal.
Du Dé du PiédcfiaL
De la Corniche du Piédejlal. *7l
De la Colonne. *7Z
De la bafe de la Colonne. 2.73
Du Fût de la Colonne.. ^JAe
Maniere de tracer la Conchoide.
Du Chapiteau. "»»•
De tEntabkmcnt.
Planche X V I.
Scammo^i. 181
Des ordres Tofcans de Palladio & de ibid.
De tordre Tofcan. de Palladio. t& $
De Pordre Tofcan de Scammo^i.
C.HAPITRE III.
'Raisonnement DE £Akt.
PLANCHE XVII & XVIIL
Des divers Membres dtArchitc3ure& de Sculpture. 287
Des Colonnes & des Pilafires. Ordres. 29i
Des Colonnes par rapport aux Matiere. ibid.
Des Colonnes par rapport a leur
Des Colonnes par rapport à leur ConfiruBon.
rllpport à leur Forme..
Des Colonnes Par rapport 294
Du Colonnes par à leurUifpoJaon. l$9
Des Arcades. 20j
Du Pieds- droits. iO2
Des Alettes. ,Qj,
Des ImpoJles. *Oe
Des Archivoltes. y&
Des Claveaux. 307
Des Chambranles. 308
Des Appuis. 309
Des Niches. 310
Des Statues.
Des Baluflrades. \l%
Des Avant-corps.
Des Frontons. I4
Des AcrotereSy \{t
Des AmortUfements, j2
Des Tables. 3J9
Des Champs.
Des Pyramides & des ObcLifqucs. |2I
Des Soubaffements. 321
Des Attiaues.
Des Refends & du Bofages. Î7Z
Des Entablementsdécompofés. |2Z
Des Corniches architrayées. o
Des Plinthes. jgfd*
Des Trumeaux.
Da Encoignures & des Écoinfons. 332.
Des Mélanines & autres efpeces d'ouvertures,
Des Cadres. 333

Des
i ÏArchucSurc.genres d'ornements dejiinés embellir
ibid.
Da Trophées.
Des
Des Clefs..35*
Des Gainés.

Des Confoles.
Des Cartouches.
349
ibid.
3 57
Des Médailles &
Des Culs de Lampes. 3°°
Des Cornes d'Abondance.
des Médaillons. 358

Des Fllons & des Guirlandes. 363


Des Entrelas. 364
Des Calcites. 3^5
Des Po>5. 367
;Des Guillochis. 368
Des Yermiculures & autres Ornements rufliques. 369

CHAPITRE IV.
rjijTALYSE DE £ART. 373
De la fublimité de [Architecture. 377
t
De admiration que peut caufer C Architecture. 381
Du caractère d'originalité dans t Architecture. 384
386
De t Architecture Pyramidale.
Ce qu'on entend par une Architecture agréable-
.De la Convenance en Architecture. 389
DuJIyU vrai an Architecture.
De la vraisemblance en Architecture. 39Z
Ce qu'on entend par une belle Architecture. 394
'De la noWe/Tè des formes en Architecture. 395
De tunité en Arclûtecturc. 39"
De la variété en Architecture. 199
Du caractère libre en Architecture. 401
Ce qu'on appelle abondance dans.la compoftùon d'un
ouvrage £ Architecture. f 4°3
conféquentes les différentes
'De la nécefjité de rendre
productions de l'Architecture. 405
t 'Architecture.
'De la néceflité de C exactitudedans 400
•• De
'
De la ncceffuéde
408
fytribohque. qu'une Architecture &

Delà, différence qu'il a y


une Sculpture
entre le caractère mâle,
ferme ou .viril dans CArf/titccTure..
De la dlftrcnce quon doit concevoir 4l
Ce qu'on doit

Du
petre.
Du caractère uaifen
•.••;
genre féminin en Architecture..
'" 4i-t

*il
IlQ
Ce qu'on doit entendre par une Arc/iitèclure myflérkûfi.

Ce qu'on peut appeler


une grande 414
Ce quondouentendreparune Archite3urc 'urriuAâ
Ce que c'efl qu'une Architecture naine. j£
Ce que ccft qu'une ArchûeSure licencieufe. ~~T&
Ce que ccjl qu'une Arddtccture difjemblabU.
Ce que c efl qu'une Architecture amphibologique. 434
Ce quon entend par une Architecture 43 f
entend parune Architecture barbare. ZÛ
Ce qu'on vague.
De l'abus en Architecture. 437
Dela mode en Architecture. *H.
CTidet%JrCkkeaUre
Ce que fignole [altération en ArcUtecture.
Le qu'on entend pAr une ArchiteSun
méplate. VZ
Le qu'on entend par une
Architecture futile Vil
Ce qu'on. entend par
A rc/titetlure pauvre.
une j$
CHAPITRE V.
de l'Art.
C H API.T1E VI.
Application DE L'ORDRE To s cj.it à la
àfcrf
décoration d'une Porte de Ylle libre.
Planche XIX.
'Plan du Rei-de-cliautfli & de la Plate-forme fupi-
rieure dune Périt dijlinêe fervir de limites à
t extrémité du Faubourg d'une Fille libre. 468
PLAN C H E X X.
élévation de la Façade du côté du Faubourg. 47a
'Planche XXI.
Élévation du côté de la Ville. 474
PlancheXXII.
prife fur la profondeur du.
Façade latérale, coupe

COUR*
COURS
D'ARCHITECTURE.

INTRODUCTION.
Histoire des Arts, dans laquelle
on doit puifer les idées générales de ÏArchi-
te&ure &des autres Arts libéraux qui lui font
relatifs, tels que le Jardinage, la Sculpture,
& la Peinture.

ABRÉGÉ DE THISTOIRE
DE ^ARCHITECTURE.
|INoU'S
nousperfuadonsqu'on poura tirer
un grand avantage de la connoîïTance de
I Jufto« de l'Architecture fur-tout
paranf ^s cemps Scies événements en com-
amené Tes qui On.
progrès & fes révolutions. En
effet, lorsqu'on parcourt les différentes rê*
gions où Pon a élevé des Edifices d'une cer-
taine importance, lorfquc l'on examine les
diverfes qualités des ma.tieres que le fein de
la terre fournie aux hommes avec tant d'a-
bondance, que l'on confidere le fite des
lieux, les moeurs des habitants & leur in-.
duftrie la profpérité ou la, décadence des
autres Arts qui y donnent tant d'éclat
lorfqu'enfin on fe rend compte des grands
Princes qui ont protégé cette fcience, ain/î
que des Architectes célebres qui laiffé
nous ont
frayé la route des préceptes, & des
exemples immortels de leur favoir; que n'a-
t-on pas droit d'efpérer d'une telle étude ?
Elle iatisfait & éclaire l'Amateur, elle tient
lieu d'expérience au jeune Artif te enfin
elle offre aux Eleves les moyens les plus ca-
pables de fixer leur attention, & doit les
amener nécelTairement à puifer les principes
del'Archite&ure dans leur véritable fource.
Parcourons donc fes différents âges, fes fuc-
ces dans l'Egypte dans la Grece, dans l'Ita-
lie; enfuite nous verrons ce qui a occafîôn-
né fa décadence, & comment elle a repris
faveur en France fous François I, & de-
puis avec encore plus d'avantagefous le re-.
gne des Bourbons.
L'origine de l'Architecture remonte juf-
qu'aux temps les plus reculés,Mais combien
1
cet Art n'a-t-il pas acquis dans la fuite par les
découvertes de l'efprit humain! Quelle diffé-
rence en effet entre les Temples de la Grece
& les toits ruftiques des premiers Hébreux!
A ne confidérer l'Architecture que du côté
de la nécelfité on ne fauroit douter qu'elle
ne foit auffi ancienne que le monde, & que
perfectionnée peu à peu, elle foit deve-
ne
nue la Source dés autres Arcs devines à em-
bellir les bâtiments, à accélérer leur confira-
«ion, ou à leur procurer de la commodité
,de la lolidké & de la falubrité.
Dabord les hommes fe iircnt fans dou-
te des abris contre les intempéries des fài-
ions & les attaques des betes féroces.
Pour
eet effet, ils commencèrent
par élever des
huttes & .des cabanes. Les roseaux, les can-
nes, les branches des arbres, leurs feuilles
leur écorce (a), l'argile furent prefque
ieuls matériaux qu'ils employerent pour les
conAruire leurs habitation.
A mefüre que les familles s'augmentèrent,
leurs habitations informes
s'agrandirent.Les
hommes eurent à peine lenti les oeioins que
fait naître la fociété qu'ils fçurent fe pro-
des ariles plus commodes & plus du-
curer
rables. Alors on vit leurs demeures jufque-
là ifolées & éparfes dans de vaftes déferts,
fe changer en hameaux ceux-ci devenir
bientôt des Bourgades & ces dernieres
.des Villes.
Ici l'on ne fut pas plutôt raflemblé, qu'il
fallut fe prémunir contre les attaques de fes
voifins. On leur oppofa de fortes barrieres,
on conftruific des murs on creufa des fof-
fés on éleva des tours. Peu fatisfaits des
productions qu'ils trouvoient dans leur cli.
s'enrichir de ce
mat, les hommes voulurent dans les contrées
que la nature faifoit naître
les plus reculées. Malgré les vents & les
franchir ces immen-
eaux ils tenterent de
fes efpaces qui féparent les diverfes régions
du monde; & par le fecours du bois, ils fe
fabriquerent des maifons flottantes au
extrémités de la terre..
moyen defquelles ils pénétrerent
jufqu'auY

Telle eft l'origine des trois fortes d'Archi-


Les AWUmkmb
'de la terre détrempée dans l'eau. compote
qu'avec du torchis de terre & de
leurs cabanesîSonomotapa
chaume. Au les habitanons font toutes de
foit pour n'avoir dau-
baie:. Enfin il eft des Peuples, qui. privés d'une certai-
qu'ils font
tres matériaux foit parce cabanes qu avec des os 8C
dcsinrelligence,
ne ne font leursde monftres
peaux de quadrupèdes marins.
&
tecîùres, la civile, la militaire & la navalé.
Arrêtons-nous à la premiere, dont nous al-
Ions- parcourir les diaérents âges.

Les premières habitations des Egyptiens


ne furent donc conftruites que de ro-
feaux & dé cannes entrelacées, & celles
des anciens Grecs ne furent bâties qu'avec
l'argile qu'ils ne fav oient pas mêmes durcir
par le fecours du feu. Le fameux Temple de
Delphes ne fut d'abord qu'une fimple chan-
miere couverte de branches, de- laurier.
L'Aréopage dans fon origine étoit une ef-
péce de cabane enduite de terre grafle:
La premiere Ville fut félon la Ge*
nèfe,. bâtie par Caïn qui la nomma Henoc
du, nom de ion fils elle étoit Afîë
en
où vivoiént les premiers hommes. La Cal-
dée & la Phénicie eurent auffi bientôt de
grandes Villes qui- reconnoiilôient Nemrod
& Aflùr pour leurs Fondateurs. Le
premier
que l'on croit étr e le même que Belus, éleva:
la Tour de Babel, &• fon fils Ninus bâtit
Ninive. Cette ViIle & celle de Rezen, quî
I e5à.Peu près du. même temps., devinrent:
célebrespar leur immense étendue-
Le bois. & le. torchis furent les maté.
F ?iaux qu'on employa.pour bâtira c?eft ainf
i qu'on voit encore aujourd'hui des Vil-
&s. dans la Perfe dans la Turquie
Se
même dans la plupart de nos Provinces.
Comme les Egyptiens manquoient de
bois ils furent obligés d'avoir recours
la brique, puis à la pierre & au marbre
ils nelaifîbrent pas d'employer ces différen-
tes matières avec folidité, quoiqu'ils igno-
raient Yart de conftruire des voûtes, &
qu'ils méconnuflént fufage du fer.
Après les bâtiments d'habitation il fal-
lut des édifices publics pour les divers be-
foins d'un Peuple raffemblé il fallut élever
des monuments qui ferviifent d'annales à
fon hiftoire il en fallut d'autres qui fufTent
confacrés au culte extérieur de la Religion;
on vit donc s'élever des Temples, des Pa-
Jais, des Bafiliques, des Places publiques;
des Tombeaux, quiexcicerent la piété des
Peuples, qui annoncerent la magnificence
des. grands embellirent les Capitales &
îmmorraliferentles Héros.
Peu de temps après la fondation des ViIJ
les de Ninive & de Rezcn, Sémiramis (b) fit
élever les fuperbes murailles de Babilone

(b) Sémiramis, Keme des Allyriens oc veuve de xn mus,


mourut l'an du Monde 2.0;8. Elle étendit Ces conquêtes
d'un côté jufque dans l'Inde, de l'autre jufqu'en Ethiopie;
&, après avoir foumis la Médie, laLybic & l'Egypte, elle'
s'occupa à faire ériger des monuments capables de Tendre
fon nom célèbre dans tous les fiedes tels que le tom-
beau qu'elle fit élever à Ninus fon époux, les murailles
don: nous venons de parler 3 Sec. 8cc.
lui furent regardées comme la premier
merveille du monde (c) fes murs ecoienc
toutbâtis de brique & de bitume; ilsavoient
deux cents pieds de hauteur i'ur trente pieds
d'épaiJÛTeur, enforte qu'on pouvoit, au rap-
port de Quint-Curfe (d) faire pafler delîus
deux chariots de front. Hérodote dit qu'ils
étoient percés de cent portes dont les ven-
taux étoient de bronze & d'une grandeur
extraordinaire. La hauteur des tours furpa£
foit de quarante pieds celle des murs. Le
pourtour intérieur de la Ville, félon Stra-
bon (e)., étoit de trois cent quatre-vingts
ilades l'Euphrate la traverfoit dans
toute fon étendue. On avoit bâti les maifons
éloignées les unes des autres pour laiiTer
des terres labourables qui puiient nourrit
les habitants en cas de fîége.
Les deferiptions que nous en ont laiffées
encore Pline, Dibdorc de Sicile & Paufa-
nias, nous donnent la plus grande idée du
Palais de Bab lone (g) que fit conftxuïre
Sèmiramis aiiifi que des Jardins de-cette
Reine, qui ecoienc foutenus par des murs de
vingt-deux pieds d'epauleur. Ce Palais étoit
flanqué de tours hautes de quatre vingts
pieds. Au milieu de fon enceinte s'élevoit
une autre tour quarrée bâtie de briques,
& à huit étages, qui,après avoir long-temps
fervid'Obfervatoire auxCaldéens,futruinée
par Xercès. Pline {h) parle avec éloge de
deux Temples bâtis dans la même encein-
te, hi-n dédié à Jupiter & l'autre à Bélus.
Ce dernier Temple, dit il ainf que le
Mausolée de ce Roi > étoit de. la plus gran-
de magnificence.
Nous pourions parler ici des grands ou-
vrages; exécutés par les ordres dcNitccris,
aufii Reine de' Babylone elle fit rendre le
cours due PEuphrate tortueux de droit qu'il
.était, afin .de rompre l'impétuofité de ce
fleuve Sede rendre la navigation plus com-
mode. Ce fut auai Nitocris qui bàtit dans
Babylone, ce pont fuperbe qui facîlitoit la
communication d'une partie de la 'Ville i
4'autre entreprife qui nous paroîtroit in-
croyable à caufe de la rapidité de l'Euphrate
te. de fa profondeur, fi Hérndote ne nous
afliiroit que ce pont a exifté. Il ajoûte de
plus qu'il n'a été qu'une année à bâtir.
L'Egypte à fcn tour devint célebre (i)
par la grandeur & l'immenfitéde fes Edifices;
mais dans cette contrée, nul Prince ne fe
djftingua autant que Séf bftris par le foin qu'il
pritde conftruire des ouvrages utils. Dans
le lôifir de la 'paix que venoient de iui pro-
curer fes conquêtes, il fit élever cette belle

(I) L'ancienne Egypte qui a été le berceau des Arts


n'eft connueque très-imparfaitementdans les hiftoires uni-
verfelles telles que celles d'Hérodote,de Diodore & de
plufieurs autres ces Auteurs néanmoins déterminent li
totalité du terrein de ce Royaume autrefois fi fioriflanc à
j quatre mille cent quarante-fix lieues quarrées le nombre
des habitants à fept millions &• celui de fes rroupes à
quatre cent quarante mille hommes. Pendant le regne
S». d'Amafis dit Hérodote il y avoit en Egypte vingt-inille
Villes Diodore cependant, n'en compte que dix-huait
mille ,.tant Villesque Bourgs dignes d'être rema:quées
& elles dévoient même en n'en comptant que d'x-huit^
mille, être très-près les unes des autres. Par les différents*
détails que nous ont donnés ces mêmes Ecrivains, nous
apprenons que les terres de .ce pays bien cultivées pro-
§L duifoient jufqu'à
cent pour un & que l'Egypte croit
tellement iemlifcé par les inondations du Nil 8: par l'in-
Wb duftrie.de fes habitants, qu'elle leur fourniflbit des récol-:
gg tes trois fois plus abondantes que leurs befoins, mais
que le barbare Cambyfeiendétruifanc as"Peuples pendant^
cinq années d'une guerre. cruelle, détruifit' auflî la plus
grande partie de leurs monuments qui'avoient été l ou-'
vrage de dix-fept -fiecles, & que ce ne fut que fous Pto-
lemée.Philadelohei deux cent quatre-vingts' ans avan.fr
muraille de quinze cents flades de longueur
qui commençoicà Pelure, & finiiToit à Hé-
liopolis. Il ne creufer des canaux pour éta-
blir une communication aifée entre les Vil-
les les plus éloignées, & faciliter le tranf-,
port des marchandises.
Une des entreprifes qui contribuerent le
plus immortalifer la gloire de ce Prince,
fut la conflru&ion des hautes levées qu'il or-
donna dans toute l'étendue de fon Royau-
me, afin que dans les nouvelles Villes qu'on
y bâtiroit, on fut à l'abri des débordements
du Nil. Une infinité de Temples furent éle-
vés fous fon regne en l'honneur des Dieux
tutélaires de l'Egypte (k)i'û enrichit fur-
tout celui de Vulcain Pélufe en recon-
ooifTance, dit-on de la protection dont il
croyoit que ce Dieu lui avoit fait refTentis
les effets.
Les defcriptions des Temples des Egyp
tiens paroîtroient fabuleufes fi elles ne nous
étoient atteflées par les Hiftoriens les'plus
accrédités. M. Dorigny ( L) qui a recoeuilli
avec foin ces defcriptions rapporte qu'on
arrivoit dans ces Temples par un parvis qui
formoit une longue Se vafte avenue ornée
de colonnes & deftatues coloffàles, terminée
par un veflibule d'une grandeur prodigieu-
fe & d'une élévation qui y étoit propor-
tionnée; que de-là on entroit dans une pla-
ce immenie, environnée d'un grand nom-
bre d'édifices ifolés & dont l'ordonnance
étoit variée à l'infini. Il ajoûte que de cette
place on paflbit,en traverfanr d'autres vefti-
bules, dans une feconde, & fôuvent dans
une rroifieme; qu'enfin on pénétroit par
un veftibule plus vafte Se plus élevé que
les précédents jusqu'au parvis intérieur du
Sanctuaire, & que dans celui-ci tout étoic
d'une extrême iimplicir.é.Les Architectes de
ces temps prétendoientfans doute avec
beaucoup de raifbn que la préfence de la
divinité & la vénération due aux mystères
qu'on y célébroit fuiEfoient: pour rendre
cette partie-du Temple la plus refpectable.
L On met ordinairement les pyramides air
1 nombre des plus anciens monuments des
!> Egyptiens i cependant, Homère qui parle
couvent de l'Egypte, & qui en rapporté
plufieurs particularités intéreflantes ne dit
rien de ces vaftes entreprîtes. Quoi qu'il en
foit, perfonne n'ignore que ces pyramides
étoient deflinées a immortalifer les Souve-
rains à qui elles iervoient de fépulture. Rien.
ne prouve mieux que ces monuments, le
defîr ardent qu'avoient les Egyptiens de
faire paLfcr leur nom à la poftérité. L'hutoi-
re nous apprend d'ailleurs un autre motif
qui les avoit déterminés à leur donner cet-
te ftructure étonnante; ils les regardoient
comme une demeure fiable, au-lieu qu'ils
ne confidéroient leur habitation ordinaire
que comme un lieu de paflage de cette vie
aune autre, qui devoit, félon leur opinion
recommencer au bout de mille ans.
Les trois pyramides que l'on voit enco-
re à trois lieues du Caire, font bâties îur
le roc (m), & diftantes l'une de l'autre
d'environ crois cents pas. M. de Chazelles
de l'Académie des Sciences ayant mefufé
la plus haute en 1693 la trouva entière, èc
dit qu'elle avoit la forme d'un triangle éqüi-
latéral, dont la perpendiculaire étoit de
foixante-dix toifes trois quarts. Sur les faces
Extérieures font des gradins qui conduifent
jufqu'au fommet terminé en placte-forme.
Cette pyramide eft conflruite en pierres du-
res, dont le? moindres ont trois pieds de
haut & environ fix de longueur. Au milieu
de fon intérieur eft un fépulcre de trente-
deux pieds de longueur fur feize de largeur
& dix-neufde hauteur: dans une des extrémi-
tés de ce fépulcre étoit, dit-il un cénotaphe
ou tombeau vide, qui avoit été deftiné à con-
tenir le corps du Roi Pharaon qui fut en-
glouti & perdu dans la mer Rouge. Pline
allure que durant l'efpace de vingt années,
trois cent foixante mille hommes ne ceflc-
rent de travailler à la confiruction de cette
pyramide. Les defcriptions faites par M. de
Chazelles, fervent à la fois à nous donner
| une grande idée des moyens dont les An-
ç ciens fe fervoient pour élever à cette hau-
teur des fardeaux fi pefants, & à réfuter l'opi-
nion de Diodore de Sicile, qui prétend que
les Egy tiens ignoroient la mécanique.
La séconde de ces pyramides eft moins
t confervée que la précédente & a moins
de diamètre. Strabon prétend que celle-ci
.dans fon origine avoit été plus confidérable
qu'elle ne l'étoit de fon temps.

mètre que les deux autres pafie cepen-


I ilanc pou,r la plus, belle;
on remarque, en
effet qu'elle eft conitruite avec plus de
foin & qu'elle eft d'ailleurs incruflée d'une
aflez belle pierre d'Arabie, nommée marbre

Il eft à préfumer que ces pyramides doi-


vent,en parcic,Ieur longue durée à la nature
du climat où les pluies font peu fréquen-
tes car par l'examen qu'en ont fait plu-
sieurs Artifles éclairés, ils ont reconnu que
la pierre n'eft pas à beaucoup près aufli
dure que l'ont décrit nos Vovageurs mais
que l'air fec qui les frappe depuis tant de
fiecles a pu contribuer beaucoup à leur
confervation; & quoique dans les joints des
parements extérieurs ils n'ayent remarqué
ni chaux ni plomb ni fer le volume
immenfe de ces édifices a pu fuffire feul pour
les préférver de l'intempérie des faifons.

Les obélifques n'ont pas moins contri-


bué que les pyramides, à tranfmettre à la.
poflérité le fouvenir des Egyptiens. Le pre-
mier fut élevé l'an 26o4 de la création du
monde, par les ordres du Roi Manusbar
ou Seigneur de' Memphis. Dans la fuite ils
ornerent d'obélifques prefque tout le pays
qu'ils habitoient non-feulement les Sou-
-verains & les Princes mais les riches par-
ticuliers en faifoientélever, les uns de treri-
le, les autres de foixante-dix pieds de haut
de cent quarante pieds. La Reli-
gion de ces Peuples leur avoir fans doute
donné le goiit dominant de
difices
qu'ils
confacroient
pour ces fortes
la plupart
On voit encore dans les carrieres de
haute Egypte de ces obéliques à demi la
lés. Pendant les tail.
crues du Nil, des canaux
conduifoient les eaux jufque dans
ces
où l'on fur des radeaux,car-
les
obélifques, les fiatues gelés
autres ouvra-
ges que l'on tranfportoit dans la
baLTe Egypte
par des qui
la circulation de fleuve.
Selon Diodore de Sicile ce
ne
obélifques d'une pierre très-
dure; ils étoient de la hauteur de
cent qua.
la
réduit l'Egyp,
teenprovince Romaine, voulut faire
tranf
deux obélifques. L'un fur
brifé fur la
route; Auaufte aima mieux fe
priver de l'autre'que de l'expofer au
accident. Caligula fut à
cet égard plus en-
trepr.enant & plus heureux: la troifieme
année de fon empire,
Rome fans être éndommagé &: lut dans la
fuite élevé au milieu du cirque de Néron,
où fe faifoient les jeux publics.
Quelques-uns de ces obélifques donc
l'Egypce étoit remplie, font encore ^autant
antiquité
par leur grandeur que par leurcapitale du
un des embelliflements de la
chriftianifme. Conikntin fit démolir le cir-
que de Néron & bâtit laquelle en fa place une
Eglife dans les ruines de s'eft trou-
vé l'obélifque tranfporté à Rome par ordre
de Caligula. Sixte-Quint le fit élever en
i y 86, fous la conduite du
Chevalier Fon-
on le voit ?
cana, fur la place publique où de douze
encore aujourd'hui; fa hauteur eft
toifes deux pieds huit poucès, fur une bafe
de huit pieds de largeur il eft d'une feule
pierre de granit, & felon Tarade du poids
de huit millions cent vingt quatre mil-
liers.
On voit auffi à Arles un de ces obé-
ligues, qui vraifemblablement y a été tranf r
porté du temps des Romains. Charles IX
a. commencé à
le faire tirer de deflbus les
ruines qui le couvroient depuis plufieurs
fiecles & il fe voit aujourd'hui vis-à-vis
l'Hôtel-de-Ville fa hauteur eft de cinquan-
te-deux pieds, & fa bafe de fept pieds.
• Près des pyramides & des obéluq ues de
l'Egypte donc nous venons-de parler, oa
remarque des refles d'édifices qûadrangu-
laires que Thevenoc croit avoir été des
Temples. Ce Voyageur fait encore mention
de plufieurs autres monuments dont il pré-

' ';
tend que les colonnes ¿[. les ftatucs font
innombrables.On découvre dit-il ces for-
tes de veftiges en diverfes parties de l'Egyp-
te ôc fur-tout dans la Thebaïde là, cond-
nue-t-il on admire un Palais dont les ref-
tes femblent n'avoitété convive? que:pour
efFacer les plus grands
ouvrages. On y voyoic


entr'autres quatre galeries a perte de vue,
-terminées par des Iphinx, donc-là matière
étoit auffi rare que-leur
nante. •
Le fameux labyrinthe d'Egypte étoit', fe-
ion Hérodote, plus admirable
encore que les
pyramides c'étoit moins, dit-il, un feul
édifice que douze Palais réguliers
j qui fe
l communiquoient ensemble. Ôa rfdft"
<mere
I jnftrait ni fur ie temps, ni fur le motif de
| la conftruaion dé xel labyrinthe
(0) :quel-
le Roi Petefucus
ouThiocsle fit bâtir plus de deux mille ans
avant l'Ere chrétienne. D'autres l'attribuent
au Roi Noteras, qui voulut, difent-ils,
en faire fon Palais. Enfin felon d'a.utres
le Roi Mœris ou Miris ( Hérodote lui don.
ne ces deux noms) ordonna d'élever cet
édifice pour lui fervir un jour de iëpulturej
mais Hérodote (p ) croit que plufieurs Prin-
ces d'Egypte eurent part a fa conftruction,
& qu'il ne fut achevé que, depuis le regne
de Pfamméticus ce qui nous paroît d'autant
plus vraisemblable, que félon Pline ( y ) le
monument dont-il*s'agit fut dédié au So-
leil..Quoi qu'il en foit, cet édifice peut être
regardé comme un des plus vailes que les
Rois d'Egypte ayent jamais fait conftruire.
Il étoit divifé en feize quartiers. On.y voyoie
autant de Temples particuliers
tiens adoroient de divinités, & une grande
quantité d'édifices dont la réunion formoit
un enfemble merveilleux. On y remarquoic
enfin des pyramides des colonnes d'une
hauteur prodigieufe. Aprcs avoir traverfé
des lieux fi vafles on arrivoit au labyrin-
the proprement dit. On y entroit par des
vefHbules entourés de portiques élevés de
quatre-vingt-dix degrés au-deuus du rez,-
uc-LUiuucc le laDynntne étoit divifé par
une multitude de pieces, donc les portes en
nombre infini empechoient d'en reconndî-
rre l'ilTue. Le Roi NecTrabis y fit faire des
réparations confidérables, dont le foin fut
confié a Circammon, qui avoir, dit-on;

cure.
de grandes connoilTances dans l' Architec-
Mais l'ouvrage des Rois d'Egypte, le plus
digne. d'admiration ût le Lac de Mcsris-
on fai: que la fertilité des terres d£>yD-
te dépendoit de leur inondation par le Niî
& que le débordement trop ou trop peu
con-
fiderable de ce fleuve leur étoit également:
nuifible. Le Roi Mœris lc cfeflèin de
conçut
femédier à ce double inconvénient -Po»r
faciliter le moyen de reconnoîcre
les di-
verfes terres que l'inondation avok confon-
dues ce Prince avoit compose
un ouvra-
de la Géométrie. Le Lac
auquel il donna
aflèz pour ferrilifer les terres
.debo,dO1tpoint

^reroient trop long-temps


inonaêësT^h fë-
foit écouler dans le Lac une partie des eaux
du fleuve.
Ce Lac fut creufé à dix ftades de Mem-
phis. Il avoit trois cents pieds de profon-
deur, & félon Pline vingt-cinq mille
pas de pourtour. D'autres néanmoins tel
due Pompo nius-Méla, ne lui en donnent que
vingt mille ce qui fait environ dix de nos
lieues. Au milieu du Lac étoit une ile fur
laquelle s'élevoient deux pyramides, dont
chacune portoit une ftatue coloitale de mar-
bre, & affife fur un trône. Au rapport d'Hé-
rodote (t) Se de Diodore {u) on voyoït
entre les deux pyramides un fuperbe Mau-
folée qui marquoit le milieu de fîle, &
dont* on trouve les deffins dans l'Archi-*
teSure hiflonqut de Fifcher.
Il paite encore pour confiant que les
Egyptiens excelloient dans les Mathémàti-
ques, dans l'Agronomie, Se qu'ils perfec-
tionnerent ces fciences fi néçeflaires pour
accélérer les voyages de long cours. Ce qu'il
y a de certain c'eft que Ptolémée Phila-
delphe fut le Prince, qui s'appliqua., le
plus à faire fleurir les Sciences & les Arts,
&, qu'il fit bâtir l'an de Rome 470, dans
de Pharos à.un de lieue
drie la
tour ou Fanal def-
à éclairer' les
dolent en foule. Cette tour, qui y abor-
au rapport de
Pline (x),,étoit quarrée, chaque
côté étoit
en huit étages,. terminée par
une
d'où.la vue s'étendoit à près
de quarante lieues. Ce
fuite le nom de l'ile, monument. prit en,-
& fut nommé Phare.
nom qui devint commun à tous les édifices
Architec-
te Gnidien, en. donna les. deflins,
à & pré-
qui, félon fAuteur que
coûta un million huit
cent mille livres. Softrate dit-il touché

mais
autre
fils de Dexi-

venant à fe dé.
par
cet artifice que le nom de cet Architecte
eft venu jufqu'd. nous.
On attribue aufïï à Ptolémée Philadel-
vhc une idée fort ingénieuse que 'rapporte
Pline (y) il chargea, dit-il, Dinocrates
,1e plus célèbre Archite&e de cc tcmps-là,
de bârir un Temple en l'honneur d'Arfinoë
ili finir. La voute de cet édifice devoit être
de pierre d'aimânt, à defiein de foutenir
,en l'air la flatué de la Princeflc, laquelle à
cet effet, auroit été toute de fer; mais la
mort du Roi & celle de 1* Architecte empê-
cherent l'exécution de ce projet.
Si les Egyptiens étonnoient l'univers par
l'étendue immense de leurs édifices qui ter-
virent de modcle aux Grecs, comme nous
le dirons bientôt 5 il s'éleva aufli en Judée
un Temple non moins admirable par la
beauté de fa diftribution & celle des ma-
tières dont il étoit enrichi. Environ neuf
cent quatre-vingts ans avant notre Ere,
Salomon fit confirmée à Jérufalem le Tem-
ple célèbre qui porta fon nom. Pour l'exé-
cution d'un fi grand projet, il priaHiramj,
Roi de Tyr,de lui envoyer fon Architecte
Adoniram, fous la conduite duquel .ce mo-
nument rue élevés. Trente mille de fcs fïtjets
farent employés à la conftruclion de l'édj-
nce, parmi lesquels il y en avoit toujours
dix mille occupés.Indépendammentde
ceux-
ci, le Roi de Tyr avoit fourni à Salomon
des Sydoniens, chargés de fur le
Mont Liban les bois néceflairescouper
& de pré-
parer d'autres matériaux. Les fondations
du Temple furent jetées très-profondément.
Des pierres d'une grandeurimmenfe & d'une
parfaite blancheur furent employées à la
conftruaion des murs. La largeur de
Temple étoit de vingt coudées (r),fa lon- ce
gueur de foixante, & fa hauteur le double
de fa largeur les bas côtés avoient
coudées d'élévation & fervoient d'arcs- vingt
boutantsi ils étoient entourés d'un
de bâtiment compofé de trois corps
étages cha-
cun de trente pièces. Tout cet édifice
de forme quadrangulaire, conftruit étoit
en grau-
de partie de bois de (Jedre, 2c revctu d'or..
nements d'une richeue extrême; il fut ache-
vé dans l'espace de fept années dès-lors
Salomon le fit divifer en deux parties, dont
l'une fut devinée à être le fancluaire, &
l'autre réfervée aux facrîficateurs. Celle-ci
qu'on homnu le Temple fut i'éparee du
fanctuaire par de grandes portes de bois
de Cèdre, couverr de lames d'or..
Villapande (a) dans la defcriprion qu'il
nous a donnée de ce Temple fait monter
le nombre des colonnes à quatorze cenr
cinquante-trots j il ajoute que plureùrs de
ces colonnes étoient de marbre blanc &
avoient fix pieds de diamètre & que les
plus petites étoient la moitié des précé-
dentés. Cet Auteur prétend auffi que les
colonnes étoient corinthiennes,. en .quoi il
eil contredit par Vitruve qui attribue à
Cailimaque, poftérîéur à Salomon, l'inven-
tion de l'ordre corinthien ( b ).
Le Temple demeura dans fa Splendeur.
pendant toute la durée du regne de Salo-
mon qui fut de quarante années, & jufc
qu'à la cinquième de celui de Roboam
Ion fils. Alors Sézac, Roi d'Egypte, étant
venu aflîéger Jérufalem pilla le Temple &
en emporta toutes les richelies. Depuis il
s'écoula plufieurs regnes durant lefquels le
Temple fut abandonné. Enfin Joas, Roi
de Juda, le fit réparer, au moyen d'une
con-
tribution offerte par le Peuple; mais quatre
cent foixante-dix ans après fa conftruction,
Nabuchodonoforayant conquis Jérufalem
ce monument fut brûlé & tonte la Ville ré-
duice en cendre.
Soixante-dix ans après cet. embrafement,
Cyrus, Roi de Perfe, permit
feulement aux Juifs,
non de retourner dans la PaleP
tine, mais encore de rebâtir Jérufalem & d'y
conftruire un nouveau Temple. Ceux-ci fi-
rent tous leurs efforts pour qu'il égalât le
premiermais, felon l'hiftoire, il n'avoit
que la moitié de fes dimenfions. Après la
mort de Cyrus, Cambyfe fon fils, excité par
les Samaritains & par les autres Nations
| voifines, défendit aux Juifs de continuer la
| réédification de leur fécond Temple. Darius
0/ plus indulgent
to? que Cambyfe fon prédécef-
de Zoro-
|
s fe laiffa fléchir
aux prières
°aoei, & lui permit la continuation
de ce
monument,qui fur achevé la fixieme année
Antiochus, Roi de Syrie, après avoir été
reçu dans Jérufalem, ruina cette Ville, mit
le Temple au pillage, & abolit le culte du
Dieu d'Ifraël. Ce Roi fut vaincu par Judas
Machabée fon armée défUte, le Temple
purifié & de nouveau rétabli. Les Romains
ayant voulu étendre leur domination dans
la Judée, Pompée fe rend.it maître du
Temple. Hérode l'ayant repris, le fit démo.
Jirj&à fa place, en fitélever un troifieme de
la même grandeur que celui de Salomon,
d'une magnificence prodigieufe.
La guerre des habitants de Jérufalem
avec les Iduméens leurs voiflns,occafionna
la deftru&ion entiere de la Judée Vefpa
fien prafita de ces troubles & bloqua la
Ville. Titus chargé d'en continuer le fége,
fa prit & la ruina jufque dans fes fonde-
ments le feu mis aux portes du Temple
parvint jufqu'à la galerie, les ordres de
Titus ne purent arrêter les effets de l'in-
cendie. Ainfi fut réduit en cendres ce troi-
fieme Temple, dont la deftruéHon avoit été
prédite par le Sauveur au refle fa ruine en-
tiere & la contradiction qui règne parmi les
Auteurs qui en ont parlé nous lauTent fort
incertains, fur la véritable ordonnance de
ce monument.
Nous avons vu précédemment que les
Egyptiens parvinrent à élever de vaftes édi-
fices, mais dans lefquels la grandeur & la
folidité tenuient lieu des beautés de fart.
Ils méconnurent en effet cette belle ordon-
nance dont l'afpecfc annonce l'ufage des édi-
fices qu'elle décore l'art de conftruire des
voûtes étant ignoré chez eux, ils ne furent
faire fervir les colonnes qu'à foutenir
d'énormes fardeaux. Satisfaits d'avoir pro-
portionné à leurs befoins la hauteur & la
groflèur de ces points d'appui, ils ne fe dou-
tèrent pas que l'expreflîon d'un ordre, ainfi
que la beauté d'une colonne, confifte dans
le rapport de fon diamétre à la hauteur de
fa tige enforte qu'ils ignorerent les trois
expreflîons folide moyenne & délicate
ï qui caractérisent les ordres Grecs.
v Cependant il faut convenir que les
l uuments de l'Egypteone contribuèrent mo- 'pas
peu à la fupériorité que les Grecs acquirent
l enfuite dans l'Architechire. Eclgirés par le
I fentiment fur les vraies beautés de l'art, les
Grecs s'attacherent à perfectionner les
ou-
vrages des Egyptiens; ils furent en-fé-
H cartant du goût dominantde
ce Peuple pour
le giganteique, affigoer à leurs
iI édifices des
proportions déterminées & fixer la régula-
rite de leur ordonnance. Les Egyptiens
I « ayant en vue que le grand & le merveil-
1 -Jeux, étoient
venus à^bout de construire
avec folidité les Grecs parvinrent à dé-
couvrir le vrai troût de l'Architecture.:
ceux-là brûlant du defir de s'immortalifer,
occupés d'ailleurs des difficultés de la main
d'oeuvre avoient néglige les fineffes de
l'exécution & méconnu les grâces de l'arc;
les autres donnerenc à leurs productions
cette régularité cette correction cette
jufteflê qui fâtisfait l'âme & préfente un,
concert admirable aux yeux du fpectateur
éclairé. En un mot, on peut regardeur les
Grecs comme les créateurs de l'Architec-
turc proprement dite, & les confidérer
comme les premiers qui ayent été dignes
dravoir des imitateurs; auffi n'atteignirent.
ils pas fans de grands efforts à ce de-
gré de perfection &ce ne fut qu'après qu'ils
eurent appris à fubftituer à leurs modeles
une ordonnance plusdégere, &: qu'ils fe fu-
rent apperçus que la plupart des édifices
Egyptiens ne préfentoient que de très-
nrandes maffes chargées d'ornements, qui,
ièlon nous, étoient plus gigantefques & plus
bizarres que fatisfaifàntes. Cependant, an
rapport de Pline (c), les Egyptiens fe van-
toient d'avoir poflëdé la Peinture 6000 ans
avant qu'elle fut connue en Grece ce qui
prouveroit du moins que l'Egypte, ainfi que
nous l'avons obfervé, doit être regardée
comme le berceau des Arts.
Ce ne fut qu'après un aiïez long efpace
\:le temps que les Grecs imaginerenr de pé-
trir, de façonner la brique & de la faire
cuire au feu, invention qu'ils durent félon
Pline, a Lurichus 8c à Hyperbius, freres,
habitants de l'Attique..
Homere en parlant du Palais de PrSffl^
& d'Alcinoüs,Semble n'en faire conter la
magnificence que dans la difpofïrion dans
la richefle des matieres, & les ornements
employés dans l'intérieur Se ne dit rien
-des pro-poràors obfervées dans
ces édifi-
'Ces.;
Ce fut Cadmus qui apporta.' en Grece
l'art de travailler les métaux. En fe rien-
dant attentif à tout ce qui-les avoit précé-
des, en cultivant les Arts <iu deiïïn, de la
Peinture & de la. Sculpture, aïnfi
Mathématiques,les Grecs ne tardèrent que lés
pas
a acquérir de grandes connoilTances dans
rAxchîtechire.
Alors on vit s'élever diverfes contrées
en
de la Grece des monuments.qui
t- par la beau-
£6 de leur ordonnance, effacerent les
ments Egyptiens. Les Ioniens monu-
en ériffererit
«naThéos en l'honneur de Bacchus. Ce
Temple encoure d'un de colonnes fut
.çonitruitfur les deffinsrang
d'Hermbgèries,un
des plus grands Architectes de l'antiquité
& dont Vitruve regardoit les ouvrages com-
me la fource où l'on puifa les meilleurs pré-
ceptes de l'Art. Le même Hermogènes fit
bâtir un Temple à Magnéfie, Ville de Ca-
rie, en l'honneur de Diane.
Parmi tant de Temples dédiés cette Di-
vinité, perfonne n'ignore que celui d'E-r
phefe tient le premier rang (</), nul autre
ne l'égala ni en grandeur ni en magnificence;
il avoit quatre-cent-vingt cinq pieds de lon-
gueur, & deux cent vingt de largeur; fon
pourtour extérieur étoit environné de deux
rangs de colonnes de la hauteur de foixante
pieds (e); elles étoieut au nombre de cent
yingtrfept, dont trente-fixfurent enrichies
d'ornements admirables par les plus habiles
Sculpteurs de la Grece; une entr'autres par
Scopas. Au rapport de Vitruve de Pau-
fanias (g) & de Pomponius-Mela (/5),ce
Temple fut le premier monument où l'on
donna des bafes aux colonnes.
Nous obferverons que Spon dans fes
voyages dit avoir trouvé l'endroit où
Epliefe étoit fituée fix colonnes, reflés
vraifemblablement des débris du Temple
de Diane. Cependant la hauteur de ces co-
lonnes, félon cet Ecrivain, avoit un petz
moins de quarante pieds, fur fept pieds de
diamêtre erreur qui peut provenir de la
différence de lamefure dont il s'eû fèrvi,
à celle qui -étoit alors en ufage, ou, de. ce
que les Ioniens ayant rebâti plufieurs fois
ce Temple., -la proportion des colonnes
avoit varié dans ces diverfes 'conftrucKonsj
en effet Spon décritces fix colonnes
com-
me étant d'ordre dorique, tandis que, félon,
Vitruve, l'ordre étoit Ironique.
Toute l'Afie voulut contribuer à l'érec-
tion de ce Temple. On employa, felon Pline
(0, deux cent vingt années '.le bâtir. Stra-
bon ( k ) & V îtruve ( l ) nomment pour
.premier Architecte de ce monument Cher-
fiphon ou Ctéfiphon auquel fuccéda fbn
fils Métagenes & à celui-ci plufieurs au-
tres, parmi lefquels on compte Démétrius
& Péonius.
Eroftrate voulant faire paffer fon nom
à la poftérité, imagina de brûler le Tem-
ple d'Ephefe, & y mit le feu la même nuit
que nâquit Alexandre mais il fut relevé
avec une fomptuofïté fans égale fous le ré-
gne de ce Prince, & fur les deffins de l'Ar-
chitecte Chérénocrates. Néron pilla dans la
,fuite tous les tréfors de ce monument que
les Gors achevèrent de ruiner fous le règne
de Gallien.
Le Temple .de Junon à Samos, étoit de
la plus haute antiquité, il avoit été bâti
pour la première fois du temps des Argo-
nautes. Il fut rétabli par Ricus de Samos.
Cet Architecte fut aidé dans cet ouvrage
-par fonfils Théodore qui l'acheva feul. Celui-
ci puplia une defcription.du Temple, con-
tenant exactement tous les détails de fa
conftru&ion ( m ). La célébrité de ce Tem-
pie d'ordre dorique, ne permet guere de
douter qu'il ne fut un des plus beaux
de la mo-
numents Grece; c'eft ainfi du moins
qu'Hérodote Se Paufaniàs nous en parlent.
Le nom de Théodore (n) qui en fut l'Ar-
chitecte ne peut d'ailleurs qu'en donner
grande idée. une
Trophonius & Agamèdes, les deux plus
anciens Architectes Grecs, dont le foie
nom
parvenu jufqu'â nous, s'étoient acquis une
grande réputation par le fameux Temple
d'Apollon à Delphes; néanmoins les mé-
dailles qui nous refirent & qui repréfentent
fa forme quarrée entourée de
portiques
nous en font concevoir une idée airez peu
avantageufe; & l'on feroit tenté de croire
que ce Temple, comme nous l'apprend le
pereMoncfaucon(o),étoitplusrecommah-
dable par l'Oracle la Grece y al-
loit confuker, & que touteles tréfors immenfey
par
donc les Princes & les particuliers l'avoient
enriclii, que par la beauté de fon Architec
ture. Il fut brûlé la première année de la
cinquante-huitieme olympiade & relevé
parSpinanus, Archite&e de Corinne
Péonius, un des Architectes

qui avoient
.été chargés de la conduite du Temple de
Diane .à Ephefe & Daphnis Miléfien, firent
bâtir celui d'Apollon à Milet. Celui-ci, le
plus magnifique de tous ceux qui furent
élevés en l'honneur de ce Dieu, étoit conf-
truit en marbre & d'ordre ionique ainfi que
le Temple de Diane, & ne lui étoit infé-
rieur, félon Vitruve (p ), ni en grandem ni
en beauté on peut voir d'ailleurs l'éloge
que Pline nous a kuTé de ce monument.
Un autre Temple fut élevé en Arcadie,
près du Mont Cotytius fous la conduite
d'IcHnus en l'honneur d'Apollon le fe-
courable. Ce Temple étoit voûté en pierres,
félon Paufanias {q) & paflbit pour un des
plus beaux monuments de l'antiquité.
Les talents d'Idinus &: de Callicrates
ne contribuèrent pas peu à faire valoir, par-
mi les Athéniens, la magnificence de Péri-
clés dans les édifices qu'il fit élever. Ces
deux Architectes conftruifîrent dans la Ci-
tadelle d'Athenes le Temple de Minerve,
appelle Partkènon c'eft-a-dire le Temple
de la Vierge. Ce monument d'ordre dori- 1:
que & qui fubfifte encore en partie eft
rectangulaire par fon.plan, comme étoienc
prefque tous les Temples des anciens } fa
longueur de deux cent vingt-un pieds
fa largeur de quatre-viogt
quatorze dix pouces. Les colonnes
extérieures fort fàns
deux pieds de hauteur ont trente-
cinq pieds huit
pouces de diamètre. Elles font couronnées
d'un qui a prefque le tiers de
la haureur des colonnes. Au
fut point ce ne
l'Archive Carpion,
qui, felon Vitruve,feconda Callicrates dans
la du Temple de Minerve. Cet
Auteur ajoûte
que l'édifice. étoit d'ordre
la defcription du'en faire
a M. le Roi dans
ainfi que Strabon (t)
que
célébre de Cérés
que en attribue le premier ordre.-3. Corœ-
bus, le fecond à Métagenes de Xipere
Bourg de l'Attique; & il ajoûte que Xeno-
clès conftruifit la lanterne ou coupole qui
en couvroit le fancluaire. Cet édifice d'or-
dre dorique pouvoit contenir, félon Stra-
bon, plus de trente mille perfonnes tel
étant a peu près le nombre de ceux qui s'y
trouvoient raflèmblés à l'occafion des céré-
monies pompeufes (v)qui fe pratiquoient
le jour de la fête d'Eleufîs. D'abord on laiff'a
fintérieur du Temple fans colonnes; mais
fous le régne' de Démétrius de Phalere on
voulut rendre ce monument plus majef-
tueux, & 1'Archite.ae Philon (x) qui par
la defcription de tous ces ouvrages mérita
de tenir un rang diftingué parmi les Au-
teurs Grecs, fit ajouter des colonnes au
frontifpice de ce monument célébre..
Plufieurs Temples furent élevés à Tégée,
Ville d'Arcadie, fur les deffins de Chyro-
fophus de l'Ile de Crête. Un de ces mona-
ments fut confacré à Vénus Paphienne
un autre à Cérès & à Proferpine; on en
dédia deux à Bacchus & un cinquième à
Apollon; on voyoic dans ce dernier, au
rapport de Paufanias (y) une flatue qui
repréfêntoit l'Architecte.
Quelques-uns font remonter aux fiécles les
plus reculés l'origine du célébre Temple
de Jupiter olympien à Athènes, & pré-
tendent que Deucalion en fut l'Architec-
te. Ce Temple fubfifta fefp ace de 950 ans,
& tomba en ruine à la cinquantième
olympiade. Pi/îftrate entreprit de le rele-
ver, & confia l'exécution de ce deflèin aux
Architectes Antidates Antimachides
Callefchros & Perinos. Après la
mort de
P'iflftrate ce monument fut difcontinué
¡ jusqu'au regne d'Antiochus le Grand.
Ce Prince, étant monté fur le trône de
Syrie, voulut faire achever le Temple de
Jupiter olympien à Athenes; le foin de le
I per^twnner fut confiéà Coifutius, citoyen
I °?\ain Architede qui le premier avoir
f ban a Rome félon la maniere des Grecs.
Ce
& fuperbe édifice conftruîc en marbre
d'ordre borique, étoit finie dans la
l ÏVl & au ^Ptentrion de la Citadelle
d Amenés. Sa vafte étendue le rendit
par-
aufil
célèbre que les plus fameux Temples de
l'antiquité. CoiTutius n'en ayant pas ache-
vé la conduction, elle fut continuée du
temps d'Augure mais le Temple ne reçut
fon dernier degré de perfe&ion que fous
Adrien, un des Empereurs Romains qui
témoignerent avoir le plus de goût pour
1'Architeclure.
Dans l'intervalle de la mort de Pififtra-
te au règne d'Anthiochus le Grand, les
habitants de Pife, où étoient célébrés les
jeux olympiques,avoient élevé en l'honneur
de Jupiter un autre Temple qui ne le cé-
doit guere pour la magnificence à celui
de Jupiter olympien à Athènes. Paufanias
a biffé du Temple de Pife conftruit fur les
deffins de Libon d'Elide une defcrip-
tion très-ample qui ne peut que donner
la plus grande idée de ce monument; il
étoit d'ordre dorique & entouré de co-
lonnes fa longueur étoit de pieds fa
largeur de & fa hauteur de 68. Le s
comble étoit couvert de tables de marbres
en forme de tuiles, invention due à Bi'
fas Sculpteur de Naxos Paufanias fembk
faire entendre que la Mythologie y étoit
Sculpture.
prefque toute repréfentée foit en Peintu-
re foit en
La plupartde cesTemplesfurent conflxuits
des marbres les plus précieux & revêtus
des ornements les plus analogues
au genre
de ces fortes d'édifices leur ftruéfcure ad-
mirable devint une nouvelle fource de
gloire pour les Grecs, & des modèles
pour
.La pofférité.

Les demeures des Rois le cédèrent à pei-


ne aux Temples des Dieux rien.n'égaloit
la fomptuofité du Palais de Maufole) Roi
de Carie & la magnificence du célèbre
tombeau de ce Prince
on lit dans Vitra*
ve (a) que de fon temps les murs du Palais
de Maufole' étoient encore entier Ils
étoient dit-il de briques &en
couverts d'un
enduit fi poli qu'ils reffembloient à du
verre. Le même Auteur parle auffi de plu-
fleurs Temples
que ce Roi avoit fait éle-
ver un de ces édifices,dédié Dieu Mars
au
tut conftruit dans la partie la plus haute
d'H^nal:fîtUéaUmmeU<relaViIIe
l Après la mort de Maufole fa Veuve
célebre par le tombeau
&o£î ériger dans cette Ville a la «nfr
de [on mari; ce
iomptueux qu'on ait monument le plus
encore vu eu ce gen-
re devint la quatrieme merveille du mon-
de dé-là tous les édifices de ce genre ont
pris le nom de Maufolée. Ce tombeau, au
rapport de Pline, fut le premier où l'on
employa le marbre en incruftation, & il
ajoute que cette belle invention eft due
aux Cariens. Chaque façade de ce monu-
ment étoit décorée de 3 6'colonnes du mar-
bre le plus précieux, & ornée de ftatues
& de bas reliefs d'une exécution admira-
ble. Satyrus & Phyteus furent les Architec-
tes de ce monument; mais Pliéthis le con-
duifit au dernier degré de perfe&ion en
élevant au-deflus une pyramide qui avoit
comme le Maufolée 140 pieds de hau-
teur. A l'extrémité fupérieure de la py-
ramide, on voyoit un Char dédié au
Soleil. Les Sculpteurs qui enrichirentce mo-
nument de tant d'excellents ouvrages, fu-
rent Léocharès, Briaxès, Scopas & Praxi-
tèle ou, félon quelques-uns, Thimothée;
chacun d'eux orna une des façades Se il
n'efipas furprenantque leurs chefs-d'œuvre
ayent- contribué autant que la grandeur
de l'édifice à rendre ce monument im-
mortel.
Enfin il n'y eut dans la Grece aucune
Ville un peu confidérable où l'on n'érigeât
quelque monument, foit temple, foit pa-
lais) tombeau ou fontaine, tous ouvrages
capables de tranfinettre à la poicerité la mé-
moire de ce Peuple, qui a pu erre regardé
comme po/TefTeur des beaux Arcs perfection-
nés. En effet, tous les Citoyens les culti-
voient, les Académies établies dans tou-
ces les Villes y formoient la jeuneffe,
tou-
tes les fciences y étoient enfeignées par d'ex-
cellents maîtres. D'ailleurs les Grecs étoient
naturellement fpiricuels,curieux aimant les
belles connoiflânees & s'y appliquant
goucEnfin l'on peut dire que laPhyfîque Separla
morale ont concouru auffiâ diftinguer
cette
Nation de toutes les Nations de l'Univers.
A l'exemple des Grecs, les Romains
lurent fe fignaler vou-
par la confirudion de
i leurs bâtiments. Mais, d'abord
femblables
aux Egyptiens, ils ignorerent l'heureux effet
des proportions en Architecture, & fe
tenterentde donnera leurs édifices de la con-
l deur & de la folidité. Nous apprenonsgran-
I f£°rT qa6 les Sciences & les Arts firent des
d'abord peu de progrès chez
furent cultivés ce Peuple; ils ne
que par le petit nombre, le
gros de la Nation n'y prenant
mret enforte qu'on aucun inté-
ne peut g uere faire re-
chez les Romains plus haut
que la feconde
guerre Punique, environ 8 ans avant no-
tre Ere. D'après ce récir il
y a toute ap-
parence que leur profpérité ne dura qu'en-
viron deux fiécles; encore faut-il convenir
que pendant cet efpace de temps les Let-
tres l'emportèrent de beaucoup fur les pro-
ductions de l'Architecture qui font ici no-
tre objet.
Néanmoins dès le regne de Tarquin l'an-
cien, on exécuta des ouvrages importants
il fut le premier Roi de Rome qui enferma
par des murs l'enceinte de la Villes mais
ce qui a le plus immortalifé ce Prince, c'eft
le conduit îbuterrein dont on voit encore
les ruines. Ce conduit, en recevant toutes
les immondices de Rome, contribuoit à la
fois à la propreté des maifons à celle
des rues & à la falubrité de l'air, objets in-
téreflànts dans Ies ouvrages publics. Tite-
Livc (b) & Denis d'Halicarnaife (c) nous
font concevoir une grande idée de cette
entreprife ils exaltent fut-tout les avanta-
3

ges qu'en retiroient les Citoyens. Quant à


la folidité il eft étonnant que ces voûtes,
conduites depuis une extrémité de la Ville
jufqu'au Tibre, ayent réfifté depuis tant de
fîecles à la charge immenfe des voitures
qu'elles n'ont ceffé de porter l'hiftoire que
Pline ( d) raconte à ce fujet peut fervir auffi
i à nous donner une idée de la folidité des édi-
fices des Romains.
Scaurus, dit-il, avoit fait conflruire un
$
théâtre qui ne devoit fubfifier que fix fe-
Jjmaines ( e ). Les fpe&ades finis, Scaurus vou-
lut faire tranfp orter chez lui les matériaux
qui avoient fervi à la conflruc'tion de cet
édifice l'Entrepreneur des ouvrages publics
exigea de ce riche Citoyen qu'il s'obligeât de
payer le dommage que pouroit cauier aux
voutes le tranfport de pareils fardeaux mais
| les voûtes qui depuis 800 ans étoient de-
meurées entieres fbutinrent fans s'ébranler
toutes les fecouflès qu'occafionna le tranf
port.
i Ce fut encore Tarquin l'ancien qui jeta
les fondements du Capitole & qui y
IL,bâtit un Temple à Jupiter qu'il fit nommer
Temple de Jupiter Capitolin ce monument
fut enfuite achevé avec beaucoup de magni-
I ficence fous le regne de Tarquin le Super-
be, qui fit venir pour cela des ouvriers d'E-
ft trurie; ce fut aufli ce dernier qui acheva le
Capitole & qui y fit ériger un Temple con>
mun â tous les Latins.
Depuis les premiers temps de la Monar.
chie Romaine l'Etrurie aujourd'hui la
Tofcane, s'était diffcinguée plus qu'aucune
autre partie de l'Italie, par fon goût pour
J'Architec1:ure.Porfenna,undefesRois (g-),
fit élever près de Clufium un tombeau dont
la ftrudure obtint les fufrraçes des Artiftes
contemporainsil étoit conltruic en pierre,
& s'il en faut croire un pacage de Varron (h)
que Pline nous a confervé, fa forme avoit
quelque reflèmblance avec celle du labyrin-
the de Crête; mais ce qui fit le plus d'hon-
neur aux Etrufques fut l'invention de
l'Ordre Tofcan, qui depuis caractérifa l'Ar-
chiceccure Romaine.
En effet les Romains ne firent long-'
temps ufage que de cet Ordre, ayant une-
connoiiîance très-imparfaite de la Sculptu-
re, ne fachant ni polir le marbre, ni l'em-
ployer en colonnes en un mot, ignorant
l'arc de faire des ouvrages capables d'exci-
ter une jufte admiration. Mais enfin le com-
merce qu'ils eurent avec, les Grecs leurdon-
na lieu d'envier à ce Peuple les merveilles
qu'il avoit enfantées.. Les Romains apprirent
des Grecs a rendre leurs édifices réguliers
à y joindre la difpofîtioo & l'ordonnance
ilsmirent tout en œuvre pour furpaiTer leurs
maîtres, mais ils ne parvinrent qu'à deve-
nir leurs rivaux; &: malgré tous leurs efforts
pour produire de nouveaux ordres, on
vit paroître dans l'Italie que le Tofcan ne
jfecHonné & le Comporte, foibles imita- per-
tions des ordres Grecs;
ce ne fut même qu'a-
près là deftruction de la République
Rome fe vit embellie par des que
monumenrs
;'dignes d'être tranfmis à la poftérité

WÎ^
Alors oh vit s'élever le Panthéon que
Agrippa (i), gendre d'Au-
^gu te. Ce Temple le
nommoit ainiî, parce.
guJ 6coic dédié à tous les Dieux; Agrippa
éanmoins le confacra parricnliéreiSenc i
Pupiter le Vengeur & Cybele.
a
|roit que le Panthéon avoit Palladio,
été conftruk
furie trône, Agrippa fit élever
|euiementlepomquequimanquoità l'édifi-'
-e; cette partie du Temple.paroît effective-
ent avoir été ajoutée après coup.
La forme du Panthéon connue aujour-,
ftui fous le nom de la Rotonde ,& c\r-
gkw î par fon plan, &r fa hauteur
en: égale
que fdoa l4^f-
lion de Palladio, il femble repréfenter le
globe de la terre. Au rapport de Defgo-
ders qui l'avoitexa&ementmefuré,fon dia-
mètre eft de vingt-deux toifes.Le porti-
que ayant été ruiné par le tonnere il fut
réédifié fous les Empereurs Sévère & Marc
Aurèle. Du temps de l'Empereur Phocas,
le Pape Boniface I V (k) dédia ce Temple
à la Vierge & aux Martyrs; Urbain VIII a
fait depuis reftaurer fon portique & appla-
nir la place qui lui fert d'iiTue. C'eft cet édi-
fice que l'Empereur Adrien fe propofa d'i-
miter dans Athenes, lorfqu'il fit ériger
tous les Dieux le Temple qui fut appelle
le Pantlaéor. d'Adrien.
Nous ne devons pas oublier de parler ici
du célebre Temple de la Fortune, élevé fur
une montagne à vingt & un milles de Rome,
dans la Ville de Paleftrine conftruite des
ruines de l'ancienne Prénefte. Ce Temple,
au rapport de M. l'Abbé- Barthélémyétoit
'compofé d'un auemblage de plusieurs édi-
fices qui pofès avec régularité fur diffé-
rents plans, s'élevoient les uns au-deflus
des autres, & en impofoient par la majefté
de leur ordonnance. Le' fancluaire de ce
Temple école, dit-il pavé d'une mosaïque
d'environ dix-huit pieds de long furqua-
torze de large ( l) travail précieux qui
donne une grande idée des Artifles
de ce
genre en Italie.
Augufte, félon Suétone (m), fignalafa
magnificence par une infinité d'édifices
fruits de la paix, dont la terre jouiÇ.
foit fous fon Empire; lestoute
bâtiments fomp-
tueux élevés dans Rome firent parvenir
te Capitale au plus haut degré de fplen- cet-
deur elle changea entiérement
de face
ce qui fit dire t^Augu/ie ne l'avait trouvée,
que de hwnu, & qu'il la laifpit toute de
bre. Cet Empereur f «) fit mar-
auffi bâtir en Epire
près d'Aftium la Ville de Nicopoïis
rein de perpétuer le àTf!
victoire qu'il avoit remP°rcée fur de la
Souvenir
Antoine enfin l'on Marc-
peut dire chez
que fous fon
regne les Sciences les Arts les Ro-
mains, étoient un infiniment utile dans les
mains de ce Peuple ambitieux, & que la
Philofophie l'Hutoire^'Éloquence la Poë-
fie, Architecture, la Sculpture &: la-Pein-
ture furent portées alors au plus haut point
de perfection.
Parmi les divers monuments de l'antiqui-
té, l'hiitoire vante beaucoup l'Aquéducmê- de
Carthage ( o ), conftrùit fous le regne du
de Tem-
me Prince. Outre un nombre infini
ples, de Cirques, de Théâtres de Ponts &
d'Aquéducs dont il ordonna la
il voulut prendre lui-même le foin du che-
min de Flaminius qui conduit depuis Rome
jufqu'àRiminij fur ce chemin étoit un pont
remarquable où l'on érigea un Arc de Triom-
phe à fa gloire.
L'niftoire nous parle encore de quatorze
Aquéducs immenfes élevés du temps des
Céfars; ils étoient foutenus fur de:; arcades
qui conduifoient l'eau très-abondamment
dans Rome, & y entretenoient continuelle-
jailli1fantes,
ment cent cinquante fontaines
cent dix-huit bains publics fans àcompter repré-
les mers artificielles devinées
fenter les combats,. connus fous le nom
de Naumachies. Cette même hiftoire nous
aflure. que cent mille ftatues ornoient les
places publiques, les Carrefours les Tem-
ples, les Palais Se que fous ces
règnes mé-
morables, on voyoit quatre-vingt dix co-
loues 'élevés fur des portiques,
huit obélifques de marbre granique quarante-
tail-
lés dans la haute Egypte,
uuvrages eton-
nants, qui nous lahTent à peine concevoir
-comment on a pu du Tropique aux bords
du .Tybre tranfporter des mafles auffi
prodigieufes. Qu'on fe rappelle d'ailleurs
ici ce que nous avons dit en parlant de
l'Egypte, touchant îobélifque relevé par
Sixte-Quint, & par l'induftrie-du célcbre
Fontana, encore révéré à Rome
hardieiTe de cette entreprife {p). par la
Le pont t d°Augufle ézoit bien moins éten-
du, mais plus utile que celui qui fut cotif-
cruic fous les ordres de. Caligula celui-ci
avoit de longueur une lieue Se demie, &
traverfoit une espèce de Golphe fitué
tre Pouzzole & Bôles. Au relie le ponten- de
Caligula ne feryit guère qu'A flatter l'or-
|ueuil de cet Empereur qui vouloit traver
fer la mer à cheval & triompher de cet élé-
,ment mieux que ne l'ayoîent fait, dïfoô>
il, Darius & Xercès (g).
L,a conftrucKon du pont d'Oflie que Jules-
Céfar avoit entreprife inutilement, fé fit
avec le plus heureux Succès fous l'Empire de
Claude; cet ouvrage fut d'un grand recours
aux Romains, n'y ayant auparavant vers
l'embouchure du Tybre aucun lieu de fure-
té pour les vaiffèaux venant d'Afie Se d'Afri-
que, ce qui occafionnoit fouvenc la famine
dans toute l'Italie.
Mais jamais on ne vit plus de fbmptuo-
fité & de magnificence que dans le Palais
que Néron fit joindre à celui des Empereurs.
La Cour de ce nouveau Palais où l'on
voyoit laitatue colofTalsde ce Prince, étoit
ornée de portiques à trois rangs, dont cha-
cun étoit de la longueur d'un mille:l'éten-
due des jardins étoit immenfe ils renfer-
moient un étang entouré d'une quantité
prodigieufe d'ëdihces on auroit pris, félon
Suétone, l'étang pour une mer, Se
blage de ces édifices pour une Ville; on
voyoit auflî dans ces jardins des terres la-
bourables, des vignobles, des prairïes &
plusieurs bois peuplés de différentes fortes
de bctes fauvabes & d'animaux domeftiques.
La grandeur du Palais répondoit à l'éten-
due des jardins: l'or, l'azur, les perles, les
pierreries & autres matieres précieafes fu-
rent employées dans l'intérieur avec.'tant
de prafufion que cet édifice fut appelé la,
ïïiaiibn dorée ( r) il fut détruit en partie
durant les guerres qui fuivirent la mort de
tféron
Au lieu où étoit l'étang, Vefpaficn (t)
jèc'fon fils Titus firent élever l'amphithéâtre
connu aujourd'hui fous le nom de Colijéc.
ouvriers avoient déjà travaillé 10
ans à la conilrudion de cet édifice avant
qu'on en eût commencé la Sculpture;fa for-
me extérieure & intérieure eft elliptique il a
de longueur hors œuvre quatre-vingt-cinq
:toifes fur foixante-dix de largeur.
Vefpafien fir au/fi élever dans Rome le
fuperbe Tem,ple de la paix. On
en voit en-
core aujourd'hui des vertiges, donc les mefu-
xes nous ont été données pa: Décodées (u).
Parmi les ouvrages publics qui figna-
lé la gloire des Romains, les grandsont
chemins
-tiennent fans doute un rang diftingue". Nul
Peupled'ailleursn'eil jamaisdevenuauflî
recommandable par destravauxde cegen-
re. Le chemindeFlaminius,dont Augufte
avoitprisunfoinparticulier,le cédoitàpei-
ne à celuique fit conilruireDomitien(v),
& qui fut appelé du nom de cet Empe-
reur YiaDomitiana.Celui-ciconduifoitde-
puisPoûzzollesjufqu'àSinuézeoù il fejoi-
gnoitau chemind'Appius;falongueurétoit
de 13 3lieuesle terrein où il étoit confinât
étant peufolide, il fallut desdépenfesim-
menfèspour l'affermir;plufieursaflîfesde
pierresy faifoientun maffifd'une largeur
& d'uneprofondeurfi extraordinairequ'on
n'avoit encore rien vu de femblable;de
grandscarreauxde pierrestaillésréguliére-
mentfurentplacésavecbeaucoupde foin
de propretéliir ce mallîfdanstoutel'étendue
duchemin;en le parcouranton rencontroit
le pont quece mêmeEmpereuravoitfaitbâ-
tir fur le fleuveVulturne & un arc de
triomphe qu'il s'étoit fait ériger.Le pont
&l'arcdetriomphefi tuésoùle chemind'Ap-
puisferéuniflbità celuideDomitienétoient
de marbreblanc& richementornés,feloa
m les defcriptionsque Stace Se d'ancrés Auteurs
g nous en ont données.
Quant au chemin d' Appius (x) dont nous

de Palladio 2'être d'une grande beauté il


commençoit au Colifée & fe terminoit à
Capoue. Plutar que nous apprend que Jules-
Céfar {y ) le prolongea de beaucoup.
Trajan le fit réparer & le rendit plus
court & plus commode en faifant applanir
des montagnes, combler des vallées & con-
itruire des ponts.
De fimples Citoyens Romains fignalè-
rent auffi leur amour pour la Patrie par les
chemins qu'ils firent conftruire un des plus
|I remarquables étoit celui que fit faire Au-
rélius il commençoit à la
porte Aurélia
aujourd'hui porte S. Pancrace, traverfoit
toute la côte maritime de la Tofcane Se
le terminoit à Pife.
Les chemins Numentan, de Prénefte &
Libican, étoient auffi grande réputation
en
ce premier s'étendoit depuis la porte Vi-
minale, aujourd'hui la porte Sainte Agnès
jufqu'à Numence. Quant aux deux derniers,
l'un commençoic à la porte Efquiline où!
de S. Laurenc, l'autre à la porte Nevia
ou porte Majeure; tous deux conduifoient
a Paleftrine.
Léon-Baptifte Alberty parle d'un très-
beau chemin appelé le portuofe qui con-
duifoit au port d'Ouïe. Il étoit divifé dans
fa largeur en trois parties dont celle du
milieu étoitréfervée pour les charrois, &
les deux autres fervoient, l'une pou'r aller
de la ville au port, & l'autre pour retour-
ner du port à la ville: ce qui iauvoit l'em»
barras qu'eiit occafionné une foule innom-
brable, dont une partie venoit de Rome &.
l'autre y retournoit. On voit encore en
divers endroits de l'Italie, fur-tout aux en-
virons de Rome, des yeftiges de ces anciens
chemins.
Domitieü ne fe fit pas moins admirer
par un grand nombre de Temples, de Pa-
lais & d'autres Edifices qu'il fit élever. On
fut étonné qu'un Prince dont les mocurs
étoient corrompues, eûtété capable de con-
tevoir des entreprifes également recom-
mandables par leur utilité & leur magni-
ficence. Stace (a) à donné les plus grands
éloges aux travaux que fit .fàire cet Em-
pereur pour contenir le Vulturne dans fon
lit & empêcher les débordements de cé
fleuve qui ruinoit tous les lieux voifins..
Sous l'Empire de Trajan fut conftruit le
pont du Tage, monument de ce genre le
plus beau qui foit en Efpagne (b ). Ce
pont, tout confiruit en pierres, efl élevé de
deux cents pieds au defTus de l'eau 3 fà
longueur eft de fix cent foixante-dix pieds;
il n'en: compofé que de fix arches, chacune
de quatre-vingt-quatre pieds d'ouverture.
Quant aux piles elles ont chacune environ
vingt-huit pieds en quarré. Une infcription
qu'on lit fur la porte de l'Eglife de Saine
Julien à Alcantara, nous apprend que ce
pont fut conftruit parCJulius Lacer, &: que
l'Eglife étoit un Temple que cet Architecte
avoit confacré à la gloire de Trajan. On
voit encore fur le pont du Tage un arc
de triomphe élevé immédiatement après
laconftrucHondupont(c) les infcriptions
anciennes difent expreflëment que la Pro4
vince qui avoit fait élever ces monuments,
les dédia tous deux à cet Empereur.
Quelque remarquable que fût le pont du
Tage il s'en falloit beaucoup qu*iî
appro-
chât delà magnificence de celui que Trajan
ne conttrutre fur le Danube. Les piles de
celui- ci, au rapport de Dion Caflîus, avoient
deux fois autant d'epailTeur
que celles du
poncduTage, & les arches deux fois au-
tant d'ouverture; il étoit compofé de vingt
piles de vingt & uri- arches chaque
pile avoit d'epaiffrur foïxante pieds & de
hauteur cent cinquante; la diftance de
l'une à l'autre étoit de cent foixante-dix
pieds la hauteur de ce
pont étoit d'en-
viron trois cents pieds & fa longueur
de huit cents toiles fans y compren-
dre les culées. Cependant il fut confiruit
à l'endroit le plus rapide & le plus profond
du Danube il etoit impoffible d'y faire
des batardeaux pour fonder les piles fut
obligé de jeter dans le lit du fleuve on
une
quantité prodigieufe de divers matériaux
qui s'elevant jufqu'à fa fùrface formè-
rent des efpèces d'empâtements fur lef
quelles on aille les piles. Apollodore de
Damas, célèbre Architecte du fecond fiecle
de notre Ere, conftruifït ce grand ouvrage
qui fufEroit feul pour immortalifer Trajan.
Adrien fon fuccefTeur craignant les
Barbares ne fe fervifTent du pont que
les Romains en fit abattre les arches contre
néan-
moins un motif contraire avoit déterminé
Trajan à le faire bâtir.
La bienfaifance de ce Prince & les viaoi:
res qu'il avoit remportées déterminèrent Je
Sénat & le Peuple à lui ériger un des plus
beaux monuments qui ayent été confacrés
à la gloire des Empereurs
nous parlons
de la colonne Trajane qui fubiïite
aujourd'hui à Rome. encore
Autour d'une grande place ou marché
appelé du nom de l'Empereur Forum
Trajanum l'Architecte Apollo'dore
fait construire pluheurs édifices, parmiavoit
le£
quels étoit une bafilique où fe rendoit la
juftice & où s'aflèmbloient les Négociants
on y voyoit encore cette fameuie biblio-
thèque de Trajan dont parlent les Hifto-
riens. La place étoit de for.me quarrée à
l'imitation des places grecques, & décorée
d'un nombre confidérable de ftatues. Un
de triomphe & la colonne étoient les' monu-arc
ments confacrés à la gloire de ce Prince.
Cette colonne fut élevée
au milieu de
la place. Comme elle étoit deftinée
conifer un Romain, pré-
fervir des ordres Grecs,on ne voulut pas fe
quoiqu'ils Ment
employés dès-lors en Italie. L'ordi Tofcan
fut préféré, & ce
qu'il n'eft rien demonument prouve bien
h fimple que l'Art
fâche embellir, & qu'un ordre rufl:ique ne
richi par le miniftere de la Sculpture, en-
offrir le plus beau .chef-d'œuvre. peut
La hauteur
«Je cette colonne eft de
cent treize pieds;
élle fut terminée par une ilatue pédeflre de
bronze dore èc de dix-neuf pieds de pro-
portion, qui reprefentoit l'Empereur.Tra-
jan. Sixre V y fubftitua une ftatae de S.
Pierre de treize pieds feulement (d).
Nul Empereur ne montra tant de zele
qu'Adrien pour la conftructton des édifi-
ces ( e ) on efl: étonné du nombre de ceux
qu'il ne élever ou rétabli. D'abord il fit bâ-
tir un Temple magnifique qui fut confacré
à la mémoire de Trajan il fit rétablir le
Panthéon d'Agrippa, la bafilique de Nep-
tune, la place appelée Forum Augufli, les
bains d'Agrippine Scplufieurs autres édifices
ruinés ou brûlés il ordonna la conftru&ion
d'un mur de quatre-vingtmilles de longueur
entre l'Angleterre & l'Ecoffe, pour arrêter
les conrfes des barbares. Ayant pris Jérufa-
lem il la nomma i£lia, il bâtit un Temple
à Jupiter fur le Calvaire, & plaça une fta-
tue d'Adonis fur la Crèche de Bethléem ;•
après fa mort on conftruifir fur le Tybre près
de fou tombeau le pont -^Elius les debris de
ce Maufolée ont fervi depuis à bâtir le
Château Saine-Ange. Tous
ces édifices fu-
rent élevés fur les deffins de l'Architede
Détrianus.
Il y avoir peu de Villes confidérables de
fon Empire que ce Prince n'honorât de fa
préfence, & prefque toutes fe repentirent
de fon amour pour les beaux Arts;
on voit
encore en plufieurs endroits de l'Italie des
reftes des édifices Qu'il fit élever: il laiua
jufques dans les Gaules des témoignages
de fon goût pour l'Architecture
comme
on en peut juger par le Temple de Plotine,
Ce Temple, connu aujourd'hui fous le
nom de la Mai/on quarrée,t& finie en Lan-
guedoc, près des murailles de Nîmes
Adrien erf ordonna la conftructfon lorfqu'il
pafla par cette Ville appaifer la révol-
pour
te de la Grande-Bretagne. Six colonnes de
front & onze latérales forment la décora-
tion extérieure du Temple; les colonnes font
coiinchiennes& élevées fur autant de Socles
chacun de la hauteur de fix pieds. Leurs fûts
font chargés de cannelures. Le diamètre des
colonnes eft de deux pieds neuf pouces &
les entre-colonnements de deux diamètres
Sur la frife de l'entablement font des
rin-
fur
ceaux les moulures de la corniche des
ornements, & fur les cimaifes fupérieures
des mufles de Lyon. Ce qui paroît fingulier,
c'eft que les modillons font tournés à con-
tre fens. Au refte l'exécution de ce monu-
ment eft de la plus grande beauté. Au mi-
lieu de l'édifice eft élevée aujourd'hui une
Eglife moderne.
Non loin du Temple de Plotine, on voit
encore des reftes confidérables de celui d'I-
fis, nommé auffi le Temple de Diane; cet
édifice de conftruction grecque aile pour
être de la plus haute antiquité fon plan eft
un parallélogramme dont la longueur dans
oeuvre eft d'environ dix colles & demie, &
la largeur de fix toifes. Trois Chapelles font
au fonds du Temple, & cinq fur les ailes; il
eft couvert d'une feule voûte plein cintre,
conftruite de grands quartiers de^ierres po-
fés fur leur plat. Plufieurs ofTements. trou-
vés fous terre font préfumer qu'on y facri-
fioit des victimes humaines, & les puits qu'on
remarque encore, creufés fous les piédef
taux des idoles, fervoier.t fans doute aux
Prêtres du Paganifme à rendre leurs ora-
cles.
Près du Temple d'Ifïs fut confiruite une
fontaine en même temps & au même ufage
que cet édifice. Après la conquête des Gau-
les, les Romains voulant la faire fervir de
bains publics conftruifirent pour les per-
fonnes du premier rang une Nymphée,
pour le Peuple un grand bain découvert.
Les eaux de cette fontaine étoient conduite
dana tous les quartiers de la ville bafle
& fortant de Nimes elles formoient une
petite riviere, dont le baffin creufé natu-
rellement fur un rocher de trente ou qua-
rante toifes de diamètre eft d'une pro-
fondeur immenfe & inconnue.
La fontaine eft fituée au pied d'une
montagne, fur le fommet de laquelle eft
le phare de Nîmes, connu Tous le nom de
la Tourmagne. Ce phare efl auflî de con-
ftruc'tion grecque & de bas appareil. Selon.
les veftiges qui en reftent, il étoit compofé
de plufieurs étages en retraite, formant des
rampes aiïèz douces & affez larges pour
que les vcitures y puflent monter. L'opi-
nion la plus commune eft qu'il fut con-
ftruit pour fervir aux Romains de tréfor
public, lorfque la mer étoit moins éloignée
de la plaine de Nîmes.
Adrien fit encore ériger en Grece plu-
fieurs édifices ceux qu'il fit conduire à
Athênes, ou aux environs, paiferent pour
les plus réguliers de
ceux qui furent éle-
vés par fes ordres dans toute fétendue de
fon empire c'eft à Athènes qu'il fit- ache-
ver le Temple célebre de Jupiter Olym-
pien, dont nous avons parlé..
Sous Antonin (j) fut conftruit le pont
du Gard, defliné à conduire les eaux du
Rhône au réfervoir de la fontaine & dans
l'amphithéâtre de Nîmes ce pont qui réu-
nit deux montagnes entre lesquelles il eft
contenu, eft compofé de trois rangs de
voûtes l'un fur l'autre fous les voûtes du
rang inféricur, paffe la riviere du Gardon.
Le premier rang eft compofé de fix arches
dont le diametre eft de cinquante-huit pieds.
Chacune de leurs piles a 8 pieds d'épaif-
feur fur quatre-vinât trois de hauteur. La
longueur de ce premier rang eft de quatre
cent trente-huit pieds les piles font pour-
vues d'.avant-becs du côté d'Amon. Onze
arches de la même largeur que les premiè-
res, forment le fécond rang; elles font
.confinâtes en retraite, &c latflènt de chaque
côté fur la largeur du premier pont le
paflage d'un homme à cheval leurs piles
ibnt d'ailleurs arrondies par les angles juf-
qucs vers l'impose, ce qui rend ce palfage
encore plus libre. Le troifieme rang efl: de
trente-cinq arches, dont le diamètre eft
.d'environ dix-fept pieds celui de cha-
que pile de cinq pieds & demi. Ces troifièr
mes voûtes foutiennent un aqueduc; cha-
cun des crois rangs la retombée des voûtes
efl fbutenue par des impolies les vouloirs
des arches font extradolïès ( g ).
Marc-Aurele {h) fit élever en l'honneur
d'Antonin fbnprédécefTeur, la colonne,
appelée Colonne Automne, dont la plus
grande partie fubûïle encore aujourd'hui à
Rome.
L'édifice connu fous le nom de Thermes
de Dioclétien (i), fut commencé fous cet
Empereur, continué fous Maximien & ache-
vé fous Conftantin ( k; ces thermies ou bains
étoient compofés de plufîeurs bâtiments
Spacieux qui font prefque tous ruinés. La
forme extérieure de l'édifice eft un paral-
lélogramme d'environ foixante-treize toifes
de longueur fur v ingt-fept de profondeur:
au milieu étoit un ialon terminé en voûte
d'arrêté & toutenu par huit colonnes de
granit d'une feule pièce. L'entablement,
àinfi que les bafes & les chapiteaux des
colonnes étoient de marbre blanc;
quatre
de ces colonnes font d'ordre corinthien,
& les quatre autres d'ordre comporte
l'entablement eft commun
j
aux huit colon-
nes. D'après les anciennes fondations Ser-
lio a deffiné un plan de cet édifice;
ce
plan, qui eft au cabinet du Roi, & le deffiù
des thermes de Dioclétien font
graves
dans l'Architecture hiftorïque de Ficher.
Ces thermes ou bains n'étoierit
pas les fèuls
monuments confidérables en ce genre; plu-
fieurs-Auteurs prétendent dans Rome
ïeule il yavoit environ Soôque bains publics,
compotes de plufieurs cours & de vtiles ap'
.partements.Lesplusfuperbes,dontquelques
debns fe font encore admirer, font
de Dioclétien dont nous ceux
venons de parler
ceux de Paul -Emile & ceux de Titus.
On voicaùffi en France quelques
antiquitcs
pareilles i comme A Arles, à Nîmes, &c.
Les ruines des bains de Julien l'Apoftat
(1) nommés auffi le Palais des Thermes
fubfîfteût encore à Paris
rue de la Harpé,
près celle des Mathurins on ne peut
douter que ce Palais n'ait été defliné dans
Ion origine a des bain* & conlïruît long-
temps avant le féjour de Julien en cette
Ville il y a mcme lieu de croire que
cet
édifice fut bâti en mcme temps que l'an-
cien Aqueduc d'Arcueil, dciliné a' y con-
duire fes eaux ces deux monuments pa.
rohTant de même ftyie & conftruits
avec
'les mêmes matériaux (m).
Nous avons dit, en parlant des Thermes
de Dioclétien, que ce fut Conftantin qui les
avoit a chevés on verra bientôt qu'il
avoit auffi fondé la première bafîlique de
Saint Pierre à Rome. Rapportons à pré-'
fent; à propos de cet Empereur, que peu
de temps après qu'il eut transféré le fiege
de l'Empire à Biïànce, nommée depuis
Conflantinoçli du nom de ce Prince, il
y
avoit coniacré à la fagelTe de Dieu, fous
le nom de Sainte SopÈie un Temple qui
précédemmentavoit été defliné aux Dieux!
du Paganifme, & qu'un tremblement de
terre ayant renverfé cet édifice il l'avoit fait
relever avec la plus grande magnificence.
Sous l'Empire d'Arcadius, vers l'an 400, j
ce nouveau Temple fut prefq u'entiérement
réduit en' cendres dans la fédition qu'oc-
cafionna le zale de Saint Jean ChrifoftÔ-
I me. Ce monumentséprouva encore le même
accident pendant la minorité de Tkodofe
le jeune, qui, dans la fuire, le fit réparer
& il fubfifta julqu'à la cinquième année
de l'Empire de Juftinien qu'il fut entiè-
I renient confimé par les flammes dans une
autre fédirion, troublés alors très -fréquents
dans cet Empire.
Juftinien qui aimoit les Lettres & lés
Arts, &: qui s'occupoit fans celle à multi-
plier dans Conftanrinople les cdifices d'u-
tilicé, forma auffi le projet d'un Temple
qui pût furpafTer les plus fompeueux
mo-
numents de ce genre qu'eut fait élever
l'antiquité païenne. Au de Pro-
rapport
idecope, il en confia l'exécution à Arthémius
Traies & lui donna pour fécond M-
dore de Miler. Les fondations de
ple furent jetées l'an z de notreceEre,Tem-
la cinquième année de, l'Empire de &
53
ce
Prince. Vingt & un après, Juftinien
ans
régnant encore, un tremblement de terre
fit écrouler une partie de la
coupole; il
la
en confia réparation à un fecond Ifîdore,
neveu du premier, qui augmenta fa hau-
teur ae vingt pieds, & rendit fa forme
peu elliptique, de fphérique qu'elle étoit.un
Cette Ëglife, la merveille du fîxierae fîecle
•& iur 1 Ordonnance de iàcfuëllèlëi
Artilles
font partagés fut confervée celle jufqu'en
où Mahomet,fecond la convertit en
mofquée, après en avoir fait détruire feu-
lement tous les attributs du Chriftianifme.
D'après le rapport de Procope de Paul
Je Silentiaire èc môme de l'Empereur Jufli-
nien, cet édifice avoit été conftruit' avec
beaucoup de folidité n'y employa,
on
•difent. les deux premiers, ni chaux, ni
rriortier pour joindre les pierres & les
briques enfemble on fit ufage de plomb
fondu ver/é dans les interftices,
pour pro-
curer à la maçonnerie une confiftance très.
folide qui pût la préi'èrver des fecouffes
auxquelles ces contrées font fréquemment
exposes, &: qu'elle n'auroit pu acquérir
par
les mortiers ordinaires. Afin de
prévenir les
incendies, il n'entrà point de bois dans la
conftruction des combles de ce Temple;
-il fut couvert par des tranches de marbre
a recouvrement. La coupole fut confirais
de briques blanches, fpongieufes & iî légeres'
que cinq de ces briques égaloienc à peine
le poids de celles dont nous faifons ufage;
elles furent dit-on, travaillées ordre de
Julhnien dans 111e de Rhodes.par
L'incérieur de cet édifice étoit orné d'une
infinité de colonnes de marbres précieux(n),
tels que le porphire, le verd de Lacédé-
mone & de TAefTalie, le granic oriental
d'Egypte, &c. Toutes les murailles étaient.
auffi -revêtues de marbre incrufté d'?«athe
& de nacre de perle 5 enfin les voûter
écorne peintes. en v
mofaïques fur des fonds:
dor, magnificence étonnante, mais atfèz
mal confervée les fréquents tremble-
par
ments de terre qui ont forcé plus d'une.
foisJ? A- des a^matures de fer
obligé de faire la même chofe on fut
précieufes donc nous venons de aux colonnes.
paxler.
Néanmoins, malgré la p:odigalité
des
ornements répandus dans ce Temple, il.
n'en résulte guere qu''une merveille Votlii-
que plupart de nos. ancien-
nes Cathédrales font-elles plus vaftes
Sainte-Sophie.: quelques-unes même que.
des tours & des clochers plus hardis ont
la coupole difidorej en forte que
que ce mo-
numenc ne. doit guère- fa célébrité qu'à
la hardies de ion entreprife chez une na-
tion fi Sujette aux révolutions de la nature
& a J'inconftance du gouvernement poli-
tique..
Il feroit difficile de fixer l'époque de plu-
fieurs anciens monuments dont on voit
au-
jourd'hui des vertiges; tels font cntr'autres
l'amphithéâtre,le théâtre &: les arènes d'Ar-
les. Néanmoins on préfume que l'amphi-
théâtre fat confirait par Tibère Qûefteur
deJules Céfar iorfqu'il étoit chargé de con-
duire des Colonies dans les principales
villes des Gaules il étoit rare en effet
que les Romains en ënvoyaflent dans des
villes un peu renommées, fans
y faire
bâtir un amphithéâtre ce qu'ils faifoient
dans l'intention de gagner le cceur de leurs
nouveaux fujets. L'amph ithéâtre d'Arles a
pafîc pour un monument des plus remar-
quables il étoit entouré de portiques
trois étages, le premier Tofcan, le. Ïè-B
cond Corinchien, & le troifieme Attique.
Sa circonférence dans fa partie fupérieure,
éroit de cent quatre-vingt-quatorze toifes
trois pieds. Le frontifpice avoit. dix-fepel
toifes de hauteur la place du milieu,.
appelée Arène, avoit du levant au cou-
chant fôixantc-onze toifes trois pieds. Plu-
fieurs Empereurs y firent célébrer des jeux
magnifique.
un n'elt guere mieux înkruic au fujet
de l'auteur du théâtre d'Arles,
que fur
le temps de la conitructton de
cet édifice
on fait feulement que Constantin (/?J, fils
de Conftantin le Grand, Séjourna hiver
un
entier dans cette ville, & qu'il y fit célébrer
avec la plus grande magnificence les jeux
du théâtre & ceux du cirque. L'empereur-
Gallus {q) avoit lone-temps auparavant
fait auffi repréiènter a Arles les mêmes-
jeux Saint Hilaire ayant depuis rempli
le Siege de cette ville, en le théâtre
fut dépouillé de fes plus beaux ornements
on acheva de le détruire durant les guerres
fanglantes que les habitants
eurent à {ou.
tenir contre les Goths & les Francs.
Ceux d'Arles, qui trouvoient dans
des ce mo-
nument pierres,toutes taillées, &. pro-
pres à fermer l'es brèches faites à leurs
murailles, les employèrent à cet ufage. Le
diamètre de ce Théâtre étoit de toifes.
So
La conftruclion des Arènes d'Arles eft
poftérieure à la conquête des Gaules
Jules-Céfar; elles font limées près des par
delà ville du côté du midi les édifices murs-,
qui les entouroient étoient bâtis de gros
quartiers de pierre grife de fix, dix & douze
pieds de largeur. Cette pierre tient de la
narure du marbre bejard. Le plan des Arènes
cft une ellïpfe dont les diamètres font de
jo & 65 toiles. Le peuple pouvoits'y ra£
Sembler au nombre defeize a dix-fept- mille
personnes la façade intérieure a de hauteur
J 1 toifes; elle eft décorée de deux ordres
élevés les uns fur les autres, & donc les
colonnes font- engagées d'un tiers: chacun
de ces ordres forme un rang de portiques,
compofé de, foixante arcades l'ordre iupé-
rieur eh jfurmonté- d'un focle portant des
encorbellements qui reçoivent des poteaux
à mouffies. On attachoit à ces poteaux la
tente qui couvroit l'Arène. Autour de
Patd'que règne un trottoir large de cinq
pieds. De ce trottoir quifervoit de chemin
aux ouvriers on defcendoit au- palliunt
par trente-trois rangs de gradins, fervanc
de fîeges pour.le peuple. La ibructu-re de
ce monument en général étoit groflîére-
1 ment.traitée, fans moulures 6c feulement-
chanfrainée l'intérieur de
fermé d'un mur de 9' pieds dehauceur, au-
tour duquel" r-égnoit nn grand' pallier. G'eft
fur ce. pallier qu'étpient- les
pour les Sénateurs entre le mur d'enceinte
de. hArêne^ & le. portique intérieur on
voit encore des yqdces. qui écpient- defti-.
Jftée_s à. renfermer les bêtesféroces.. Au çeneçe
de l'Arène étoit un Autel où fe faîfoient
les facrifices avant & après les jeux publics.
La plus grande partie des gradins de cet
édifice eft démolie & fa façade enterrée
de 8 à 9 pieds fous le pavé de la Ville.
Aujourd'hui l'Arène eft couverte de mai-
fons d'Artifans qui forment deux rues,
la tencontre defquelles eft une. place. On
prétend que Charles Martel ( r) contribua
beaucoup à la deftrucKon de ce mono*
irient lorfqu'il fit mettre le feu à' la ville
de Nîmes, où s'étoient fortifiés les Sarra-.
zins qu'il pourfuivoit.. Malgré le 'ravage
caufé par cet incendie, on voit encore
plufîeurs bas- reliefs antiques où font re-'
préfentés uncombat de Gladiateurs,
louve allaitant Rémus &Romulus, Se quel- une
ques Divinité? du Paganifine^
Aux combats de Gladiateurs qui fe !£•
vroient fur les Arènes les Romains vou-
lurent joindre la repréfentatïondes combats
de mer.: lés ouvrages qu'ils firent élever;
dans ce genre, ne contribuèrent moins
pas
a maniféfter la. grandeur dé Ce Peuple; ils
creufersnt des lacs les remplirent d'eau
ce lesentourèrent de portiques & d'amphi-
théâtres auffi commodespourlesfpe&atsars,
que magnifiques par leur ftruçbu.res ;Aà. on
faifoit combattre dcs vaiffeaux. les uns con-
tre les autres. Jujes-Ccfar fut le premier
qui donna au peuple Romain le Spectacle
à'\xntNaumachi&. Les apprêts d'une pareille.
fête excitèrent fi.fort la curiofité qu'il
fallut loger fous des tentes les, étrwgers
qui arrivoient en foule de toute part. La
naumachie de l'Empereur Claude fe fit
vers l'an jo., fur lelacFucien; On vit com-
battre deux flotces, l'une de Sicile l'autre.
de Rhodes, chacune de cinquante galères
a_ trois ou quatre :rangs de rames elles
çontenoient pjufieurs milliers de combat-
tants, parmi lëfquels étoiPnt des hommes
condamnés à mort: Un triton, fortant du
fond de l'eau par une machine hy-
draulique, ïbnna du cornet pour donner
le iîgnal du combat. Pour augmenter l'hor-
làifibient pas clietre. ianglantés•
reur-, de ces fortes, de batailles, qui ne
Néron y
mêla des monflres marins^.d'une grandeuf

îëion.Suétone 'a
prçdigieufe. La naumachie de, ppmiden
été regardée comme une
dés plus grandes entreprïfes qù*on ait jamais
conçues r on-creufa ,-dit-il--un-kc fî-confî-
dérable qu'on: pouvoit y. ranger 'aifèmeïiç
der flottes entières: Ce
touré de portiques. On voit dans l'Archi-
tecture hiftorique de Fifcher la nauma-
chie de Domirien, gravée d'après une an-
cienne médaille.
Tant de vaites monuments tant de
grands édifices, d'ouvrages célebres, fruits
du luxe & de l'induilrie de cette Nation
florhTante conrribuerent à former des.
Artiftes du premier ordre. D'ailleurs les
cérémonies pomp^ufes de la Religion des,
Romains la foule d'Etrangers qu'atti-
roient leurs Fêtes folennelles, la neceiïïté
de conftruire de vafles édifices pour
contenir la multitude des spectateurs qui
aflï/toient aux combats des athlètes èc
aux autres jeux du cirque furent autant
de caufes qui concoururent aux progrès,
de l'Architecture -K de- là ces monuments
admirables dont les veftiges nous étonnent
encore.
Mais enfuite l'Architedture éprouva les
mcmes revers qui diviferent & détruifirent
l'Empire Romain elle devint la proie.de.
la lice::ùe du mauvais Elle demeura
piongéedansect étatd'abaiffement,durant
tout l'Intervalle que'la
fut fe releva, que ïorfqu.e
cette fuperbe ;vyile fut devenue la Capitale!
du monde Chrétien enfortequé 1'on.peût
dire avec. lêP^re Montâucbn
que la belle,
antiquité a' prefque difparu fous le règne
de Théodofe le jeune, qui
monta fur le
trône vers l'an 4fo. Ce fut lui qui ne
£evera Conflantinople la colonneappelée
Théodofienne, chargée des trophées de fou
aïeul, & où l'on a long-temps remarqué
les traces de l'ancienne{culptirce, qui dès-
lors étoit déja dégénérée de fa perfection.
Ce fut vers ce temps les peuples du-
que
Nord, qui vinrent inonder l'Empire,
détruifirent les monuments du génie y
tous
les Arts, & particulièrement l'Architecture
la Sculpture & la Peinture tombèrent
dans l'oubli & refkrent enveloppés de
ténèbres fans que les Arrives fongeafïèntr
à fe rappeler la fplendeur de ceux qui Ies
avoient précédés en forte que les chefs
d'oeuvre qu'on a éclore depuis ne
vu
doivent leur perfection- qu'à qui a pu-
échapper Se aux injures du ce
& aux
indicés de ces Peuples féroces,temps,
qui n'avoienc
pour la plupart nul goût pour tout ce que:
les. Arts avoient inventé de plus
excel-
lent (s ).. Les grotefques prirent alors fa-
.veut en Italie, les Arches de Nation
cette
emprunterentde .l'Egypte, des fecours
enrichir leurs- comportions qui pour
devinrent beaucoup moins, eftimables, par-la.
que
loifqu ils les avoient puifés originairement
chez les Grecs. A juger de
le ces ornements
par recceuil des Peintures d'Hercula-
num rien n>eft & bifarre que la plupart
de ces productions elles reilemblent
arabefques dont on fait aux
a tant en
France avec auffi peu de raifon. On
que dans les unes comme dans les remar-
des baldaquins élancés dans les autres
foutenus par de frêles colonnes airs., &
des montres ferpentants on y voit
Fofeaux des plans Tansautour
de
confiions Ls' apparent régularité des
de foiidité
des ornements fanschoix
fcfim dimenfîon
imitations pour la plupart,
b£&" :TeUpIeS de, ouvrages
V>/doa M1>A^é

ai Soumis la févériré des règles 5 «ffi


voyons-nous qu'ils' s'étoient abandonnés à.
tous les genres de* -licences depuis fur-tour
que la fervitude eût avili
Jefolsfî recommandablesces hommes, an-
(t).
Les Gochs les Francs les Huns les
Vandales fie les autres Peuples qui fortirent
des extrémités du Nord, ayant Subjugué
& partagé entr'eux ce vafle empire, fe'firent
un barbare plaifir de détruire ou de mutiler
tous les monumentsde fa fplendeur ainfi fa-
rentruinés la plupart des édifices dont nous
venons de parler il n'en feroit pas même
refté les moindres vefciges, fi quelques-uns
de leurs Rois, épris de l'amour des Beaux-
Arts, n'euifenr ordonné qu'on rétablît dans'
Rome de dans les Provinces voifines', les
monuments endommagés, &: qu'on raflèm-
blât les débris de ceux qui ne pouvoient
fe réparer. Tel fut entr'autres Théodoric,
Roi des Oftrogoths. Ce Prince non-feule-
ment défendic qu'on ruinât les anciens
monuments plus qu'ils ne l'étoient déja,
mais encore il fit mettre en œuvre les dé-
bris de ceux qu'on ne pouvoit reftauref.
La plupart de ces débris furent employés
Ravenne,_où fut élsvéjin Temple fora-
ptueux, appelé la Ban tique d'Hercule. Ce
Temple fut orné d'antiques fragments de
marbre qu'on y apporta de toutes parts,
& confirme fur les deffins de l'Architecte
Daniel; donc Caffiodore loue l'induftrié
dans l'affemblage de ces différents
com-
partiments. Tiiéodoric fit aufïî élever &
rétablir à Rome plufieurs édifices dont
il confia le toin à l'Archiceâe Aloïfius.
Arhalaric(«) fuccefTeur de Théodoric*
ne fe difi:ingua pas moins que fon aïeul*
par la protection qu'il accorda aux Beaux-
Arts.

Le goût de l'Archice&ure loin d'être


renfermé dans les bornes de l'Italie fe
manifefh dans plufîeurs autres' contrées
de l'Europe Arthur (x) qui régnoit dans
les Iles Britanniques
y fit conduire des
Temples & d'autres Edifices confidérables
Alors on vit s'élever en France
quantité
d'Eglifes que Clovis, Childebert, Clotaire
& Dagobert {y) firent conftruire diver-
les Villes du Royaume. en
Les autres Puiûances de l'Europe &
fur-tout les Princes & les Républiques d'Ita-
lie, fuivirent l'exemple de ces Monarques,
favoriferent, Architecture & ugnalerent
leur gouvernement par des édifices publics
& particuliers.
Mais nul Prince ne contribua, autant que
le reftaurâteur de l'Empire d'Occident
à relever la gloire des Arts & particulié-
iéinent de l'Architecture. La France, l'Alle-
magne & l'Italie confervent encore de
,précieux reftes des édifices que Charlema-
gne fit élever. Un des monuments qui ont.
le plus fignalé le goût de cet Empereur,
c^eft l'Eglife qu'il fit conftruire à Aix, après
avoir choifi cette Ville pour la Capitale
de Ton Empire. Ce Prince y fit élever cette
magnifique "Eglife, qui a donné à la Ville
lefurnom de la Chapelle.
Louis le Débonnaire fon fils, ne laiiïa
pas d'avoir auffî du goût pour l'Architec-
ture. Sous fon regne fut commencée l'EgIiïe
Cathédrale de Reims -qui néanmoins ne
fut achevée que durant l'Epifcopat d'Hine-
mar; cette Eglife peut être regardée comme
un dés plus beaux monuments gochiques:
mais les guerres civiles qui defclerent la
France fur la fin de fon regne, & fous cehii
de quelques-uns de les Succefleurs retarde.
rent confidérablemenr les progrès de l'Art.
Dans
I Dans cet intervalle les Normands les
Danois & les Sarrazins détruisent la plu-
part des Egliïes & des Palais dont la France
croit ornée. Ce ne fut guere que fous le
regne de Charles le Chauve & de Robert
qu'on vit rétablir quelques-uns de édi-
fices; alors ces Princes ces
ranimèrent Art
dont Je goût étoit changé depuis laundéca-
dence de l'Empire Romain. Ce fut fous
regne de Robert,. & pendant fEpifco-
le,
pat de Fulbert, que fût bâtie l'Eglife de
| Chartres, telle qu'on la voit aujourd'hui.
Les Gots en s'adonnantà l'Architecture
ientirent peu -les beautés de celle des Grecs
& des Romains. Sortis des
régions du Nord
où la nécefficé les avoit accoutumés à fé
précaunoaner contre le
1 les
ravage des torrents,
rigueurs du fr.oid & l'impétuofité des
vents ils apporterent dans des climatsplus
tempérés, les même id.ées que leurs feefoins
leur avoient fait concevoir
ils lesveài&h_
Komams, mais ces modèles :étoient déjà
éloignés de la perfedion de
élevés fous
les regnes des Céfars. Depuisceux
.Sévère l'Ar-
rhtllUr> avoit fort dégénéré au/E
chez les, Gots, la prodigalité vit-on:
.des orne-
ments, fuccéder à la implicite noble
majeftueufe des anciens
iiéWnerent même -.dès- monuments, £
proW-ons. La
hauteur exceilive de leurs colonnes n'avoit
nul rapport avec leurs diamètres. Au-lieu
d'imiter le tronc des arbres ils n'en imi.
terent que les branches en un mot, les
Architectes Gots firent confifter leur indu£
trie à élever des édifices folides à la vérité,
mais plus* étonnants que réguliers ainir
furent bâties la plupart de leurs Eglifès,
que nous voyons encore. Néanmoins quel-
ques-unesfont conftruites avec tant de liar-
dieflè qu'on ne peut leur refufer une forte
d'admiration.
L'Architecture étoit livrée aux incerti-
tudes & en proie à la licence des Archi-
tectes Gots lorfque le onzieme fîecle vit
naître un nouveau genre d'Architecture
gothique. Les fciences florifToient depuis
long-temps chez les Maures ou Arabes ils
avoient raie des progrès dans la Philofo-
phie, dans les Mathématiques, dans. la
Chimie -& dans -la ^Médecine. -Devenus
maîtres de l'Efpagne ils y apportèrent
ces diverfes fciences qui fe répandirent
bientôt dans tout, le refte de l'Europe. On
lut leurs Auteurs on imita les édifices.
construits dans le pays où ils venoiént de,
s'établir & 1* Architecture fe repentie du
génie, qui dominoit dans leurs productions.
L'Architecture gothique, proprement dite,,
I et0IC mauve & peinte, la moderne dont
trop déhcace & trop
inutiles & de mauvais
.gour; elle
vérité) des cl^.d'œfvre'd'un"o^
I fidoitauflî, ne' montrait que fa-foib&e

arable
de
de Temples de. Palais
Châteaux furent conftruits
goût morefdue:: Alors dans lé

la conftruchon de l'Eglife Cathédrale de


Paris, commencée du-^temps CnarS!
de
mape. Après fon retour de la terre sSn e
S. Louis fit élever fur les deffins
de Monceau, la Sainte-Chapellede Pierre-
de

de Saint-Germain-des-Près.
Ce Prince'char;¿'
gea Eudes de
fleurs autres-édifices, t>la-
tels
Ecoliers aujourd'hui la. Culture Sainte-
Catherine l'Hôtel-Dieu Sainte-Croix de
la Bretonnerie, les Blancs-Manteaux, les
Quinze-Vingts, & les Eglifes des Mathurins,
des Chartreux & des Cordeliers de Paris
Cet Architecte avoit accompagné faine
Louis la Terre-Sainte, où il avoit fortifié
le Port & la ville de Joppé. Joflelin de
Courvault ingénieur de iaint Louis, qui
avoit augi fait le voyage d'Outremer, eut
la conduite de plufieurs autres Monafteres.
II femble néanmoins qu'en bâthlànt dans
le genre de l'Architecture Morefque on
n'eût pas dû imiter ce qui convient plus
a des climats chauds, qu'à des climats!
tempéiés cette Architecture qu'on a de-
puis appelée gothique moderne régna
en France & en Italie, jufqu'au Pontificat
de Léon.X.
La fondation de la Bafilique de S. Pierre
de Rome fut l'époque de la renaiflâneel
de la belle Architecture monument célè-
bre & qui en furpaifant ceux de la Grèce
& de l'ancienne Rome, devoit confirmer
les merveilles publiées au fujet du Temple
de Diane Ephëfe, & de Jupiter
pien à Athènes. Excités à donner les def-l
tins d'un Temple plus vaite & plus beau
que celui qu'avoit ronde le premier Empe-
reur Chrétien, les Architectes d'Italie,' fe
virent obligés de puifer dans la fource
du vrai beau; ils la trouverent dans les
modeles Grecs, & dans ceux que leur avoit
anciennement offerts leurPatrie. Les hom*
mes de génie parurent enflammés du défit
I detranfmettreleurnomàlapoilérité, avec
celui de ce fiiperbe édifice. Du. fein des
ténebres de l'ignorance on vit donc fortir
'des Artifles Sublimes, qui rendirent à 1"-Ar-
chitecture, à la Sculpture & à la Peinture j
laperfeâion que ces Arts avoient perdue
depuis. tant de fiecles.
Ainff le feizieme fiecle fut celui du re-
nouvellement des. Arts, en Italie. Pendant
que le Nord, l'Allemagne, l'Angleterre &
la France en proie a des guerres de Reli-
gionr; négligeoIenfl'ArcEîtecTûre, elle èle-
voit des prodiges à Rome & dans la'. plus
grande partie des Provinces de cet Empire.
Dix Papes de fuite contribuerent fans inter-
ruption à l'achèvement de la Bafilique de.
S. Pierre le génie fembloit'alors
apparte-
nir à ce Peuple, ainfi qu'il avoit été le par-
tage de celui de la Grece. 1, Il. r
Conftantin avoit, commenous avons dit,
ordonné la conftruétion de l'ancienne Bàfî-'
I lique de Saint Pierre. Ce. .Temple.felon
les plans qui nous en reftent, étoit conA
pofé de cinq nefs dont les voûtes étoient
foutPnues par cent colonnes d'ordre Co-
rinthien. On y arrivoit par une grand
place quarrée qu'entouroienc de vastes pé-
ryftiles. Le Pape Nicolas V ( a )
voyant que
ce monument toucHoit à fa ruine, conçut
le deflèin de faire élever une nouvelle Egli.
:Ce, dont la ma,gnificence furpaflat
l'ancienne Bafiiique. Il xonâa le celle-dé
foin de,
travailler aux deûîns. du-, nouveau monu-
ment à Bernard Rofleiin Si à Léon-Baptifie
Alberti. Ce dernier voulant fe préparer
l'eiécution de ce -grand;' projet entreprit
d'abord la conftru<âion d'une vafte tribune
au clievet de l'ancienne. Basique, •& .fit
démolir pour cet efTet le' temple de Probus,:
iîcùé près du mêmecliëvetmais la tri-
bune n'avoit encore deiûauteup que-trois
coudées, lorfqu'Alberti. mourut.; .:Je> Pape,
Nicolas V le fuivit de;, près au: tombeau.
Ce.' pape .n'ayant-pu.' voie exécuter lés- de£-
fins d'Albertt, Més-H- -un de
fcurs po^. la
Après avoir charge les plushabiles- Archi^
teeles projet dû nouveau1
Temple il préféra--ceuk du- Brainantêi 0r
I tendant
îemenc Michel-Ange Buonaroti-, nôuvel-
arrivé à Rome;
ofa blâmer haute-
ment ces deffins. Pour accélérer la con-
I ftruction de la nouvelle Eglife, le Bramanté
avoit fait brifer les 'côlonriës de Con£
tantin } Michel-Ange prétendit-qu'on au-
roit j>u çonferver & Remployer .ces colonnes.
Néanmoins le Bramante fit élever en peu
j de jtempsJ'édinçe.'jufqu'à rentableihent des.
Léon X, de Jules
fes foins au nouveau moniiment> iten char-

Dominicain, &. le. célèbre Raphaël -d*UrT


bain qui 'avoit appris l'Archite&ure dâ
Bramaïite :( c ). Déja'ce-, Pontife d'éfeipéroit
;dë. voir ,1'exécution .eatiere dès dfifl&s du
'Bramante, iqrfque.Balthazar.-Péruïîus lui
confeilla de
&s projets cet Architecte: prétendant- que
le plan du Bramante étoît déféâueiix quant
a la lolidité. Il coniefvoit néanmoins le.
grand dôme mais il donnoït à l'édifia
.une forme quarrée au lieu de la forme reê-
•tangulaxre que le Bramante lui^vbk affi-
gnee dans ces circbnftaneesLéon
Xhïoimir
Adrien VI ne 'ui furvécut
les troubles. dont fut agité le que d'un an-
Pontificat de
Clément VII (J)
ne lui permirent pas (dé
s'occuper de cette entreprife. Paul HI
fit
.éclater fa magnificence
par les embellit
mènes que reçut la Capitale -de- fe Etats,
& témoigna beaucoup de zèle -pour -Ja
conftruéHon' de la nouvelle Bafiliquey
alors

•:•
Antome de Saint-Gai'; fils de Julieny-imâ;
gna un plan encore plus
^érafius (e).
qui neife chargea néanmoins de --cette' éd-
trepnfe. qu'avec beaucoup: de peine; cari!
jcmvjVt-Jeai» deffins d'un goût gotliicme
& prévoyait
que hexécution'en feloîtirrop
longue &k'dépenfeimmenfe: il prétenrddic
«il contraire que fans trop s'éloigner ..des
de/fins du Bramante, on pouvoit élever
un Temple beaucoup plus régulier ce
qu'il prouva par un modèle moins étendu,
mais d'une forme plus agréable & qui of
froit un meilleur choix dans les ornements.
Le nouveau modèle plut fi fort à Paul III
que ce Pontife accorda à' Michel -Ange la
oiredHon entière du monument,
avec pou-
voir d'élever ou d'abattre à fa volonté, &
d'employer tel nombre d'ouv,rie,rs qu'il jur
geroit convenable mais à peine cet excel-
lent Artifte eut-il fait travailler l'espace de
trois,années, à la cbnftniâ-iôn" de cet édir
fice, que la mort enleva Paul IÉL Jules m
Accédé, Michel-Ange demeura
expose aux traits de l'envié. Néanmoins le
nouveau Pontife-'lui confetva la place que
fpn^prédéceireur lui avoit .confiée^ Peu de
temps après' Jules TU mourut le
tificat de iVTarcel II, qui lui fuccéda,Pon-
encoremoins délurée Paul IV fûtélu eue
Im. fuccédèr;afors Michel- Ange eut pour
efluyerde nouveaux chagrins;; 4,'autres obf-
a
tacles mais' il fut habî-
Tement lés furmbnter depuis long -temps
;il méditoit la conftructiondudôme,tel qu'on
le voit aujourd'hui5 le modèle achevé, ce
projet fut univerfellement approuvé, mais
l'exécutIon en fut retardée
^Paul IV. A par la more de
ce Pontife fuccéda Pie IV, qui
'témoigna beaucoup d'affection à Michel-
4flge & renouvelales brefs que lui avoient
accordés fes prédéceffeurs.
-Déja s'étoiënt écoulés dix-fept ansfl du-
ceffé de
s occuper de ce monument., lorfque là
Calomnie chercha de nouveau a le traverfer,
J^.e Pontife lui rendit jufticë Ôc punit
fé-
Vf^meric fes ënnemis mais fes travaux
pénibles,joints aux ennuis. et aux chagrins
qu'il avoir: épï-ôuvës, remblèrenc hâter la
:fin de fes; jours, f^-).
A la place,de l'Artiftè qu'on venoit.dè
perdre, Pie IV-, nomma JPiro
Salues connu fous le nom
(le Fzgnok/St 'leur recommanda très -ex-
"preûement .de' point s'écarter des dëf-
fins de. ne
Plë.V (fi-), Ton"
Jucceflèùf, renouvela la- même dé'fenfe,
ayant-vcmldrimï6ver,-ie
Pontife ordonna qu'on abatît les
ouvrages
que cet Architecte avoit fait donftruire
& chargea Vignot feul de la direction
entiere de l'édifice. Ce dernier y travaille
fefpace de neuf années, s'attachant plus
aux dehors du'Temple qu'i la c'onftrùdïon
du grand dôme. Pie- Y, peu tranquille. a
Came des armements de Sélïm,Ëmpereurdes
Turcs s'occupa uniquement du foin de faire
échouer les projets .de fon efihemi. Durant
foniPonrificat la conftruction- de Temple^
ce
coanu auffi fouslè'noni d'Eglife' du Vatican
&t' fort négligée: Grégoire XIII Ci rayant;
iuccédé • a Pie V Jacques' des là Porte
fut.
il avoït'
couverte j'
on-y ajouta d« Cfiàpdîes^reîl'e fut ornée de
Jemture &rde Tcurpture; mais le:grand dôme
étoit reffé imparfait:' H étoir réfervé i
Sate-Quinr(*-) de.furparer; dans
de cinq ans, la magnificence ^des Céfars j

nmt & jours, pendanfviQgt-deax-m-ois. Ea


fous Urbain VII (l) de côtes de meta!
doré. Sous Clément VIII la lanterne com-
pofée par Michel,-Ange, fut exécutée &
perfectionnée par'Jacques de la Porte;
fuite Paul V fit prolonger l'Eglife fur en-
les
deffins de Charles Madériis, & conftruire
le portad fur ceux de Michel-Ange.
Tous ces ouvrages furent achevés en
Urbain VIII, Innocent X., Alexandre VIl
& plufieurs autres Papes enrichirent ce
Temple de nouvelles chapelles, de fépul-
tares, de tombeaux Se d'autres embelluTe-
ments qui furent faits, fur les deffins des
plus fameux Artiiles d'Italie ce qui a rendu
ce monument le plus célebre de toute la
chrétienté. Enfin ce fut encore Alexan-
.dre VII qui fit conftruire fur les deffins

(m).
du Cavalier Bernin cette belle place
entourée d'une fuperbe colonnade qui
donne entrée â.. ce Temple & au Palais du
Vatican
Telle eft a peu-près Thiftoire abrégée de
ce monument, qui mérite une attention
particuliere pouvant être regardé non-
feulement comme un enfemble de perfec-.
tions, mais encore comme les chefs-d'oeuvre
des talents. immortels d'un grand nombre
d'Architeaes célèbres, & de tant d'autres
excellents Artiftes que Rome a vu naitre
dans fon fein.
L'Angleterreayant embrafle le chriflia-
nifme ne voulut pas que le
compagnon
des travaux évangéliques de S. Pierre fût
moins 'honoré que ce Prince des Apôtres,
Londres fit élever fur les ruines d'un an-
cien Temple de Diane une cathédrale
en
l'honneur de Saint Paul, qui, par fa gran-
deur ne le céde'qu'àla Baflique de Rome.
Erkinvald, quatrième Evêque de Londres
en employa des fonds imménfes à
l'embellhTement de cette première Eglife
qui fut réduite en cendre en fous
Guillaume le conquérant. Maurice dixieme
Evêque de la même ville entreprit d'en
faire conflrruire une feconde digne, par fà
magnificence du culte auquel elle devoit
être confacrée & il la fit élever fur les
mêmes fondations. La charpente & le clcn
cher. de celle-ci furent confuméés au
milieu du feizieme fiecle après cet acci-
dent & pendant qu'on- travailloit à le ré-
parler, tout ce monument fut encore brûlé
par l'incendie, connue fous le nom de fçu
de Londres.
Ce facond Temple contenoit, dit-on,;
les ornements les plus précieux cé-
on y
lébroit, avec la plus grande magnificence,
lés obfeques des Empereurs, des Rois
&
des Princes. Les. grandes Fêtes y étoient
au£ folennifées avec beaucoup d'éclat.
Après la ruine entière de ce monument cé-
lebre, pour fon temps, en .chargea ChriA
tophe Wrein Architede. Anglois. d'une
grande réputation de donner les deuins
d'une troifieme, Eglife, en.les affujettiffant.
aux anciennes fondations; 5 c'eft après une
tentative ,inutile de deux, années qu'il dé-
termina les perfonnes intérelées -à l'érec-
tion de ce nouvel .édifice à Ies rafer entiè-
rement,' 5c qu'il imagina d'autres projets-
dignes, tout à la fois & de fes talents
iubJrmes, & de la nation qui l'avoit choifi,
Alors il propofa
un feul ordre d'Architec-
ture pour le frontifpice de ce Temple;
mais ce deffin ne. fut pas approuvé
les Evêques; qui repréfenterent par
àl'Archi-
te&e que cettè ordonnance coloflàlé
étoit
peu convenable à .une cathédrale (n); il fe
détermina donc à y mettre deux ordres au
lieu d'un, & profita habilement de cette
néceffité pour y employer la pierre de
Portland reconnue la plus belle de l'Angle-
terre, & qu'iln'auroit pu mettre en œuvre
dans fon premier projet, parce que cette
ierre ne peut fournir des blocs convenables
a la bâtUTe d'une grande Architecture; d'ail-
leurs il prétendit par-là éviter les fautes que
le Bramante avoit faites, difoit-il, au portail
de S. Pierre de Rome en altérant les rap-
ports que doit avoir l'entablement avec'
l'ordre pour n'avoir pas fu faire ufage
de pierres d'un volume aflez confidéra-
ble, ;quoiqu'il eût la carriere de Tivoli à fa
difpofition.
Ce monument tel qu'on le voit aujour-
d'hui présence de la grandeur de belles
mafles & beaucoup de dignité néan-.
moins les connoiiïeurs reprochent à Wréin
plufieurs fautes efTencielles, celles entr'au- j
tres d'avoir incorporé de petits pilaftres
dans les grands de n'avoir pas élevé allez,
fes voûtes d'avoir donné un dkmêcre
trop confiderable à fon dôme, relative-
I msrit à la grandeur de l'édifice; mais
même temps, ils approuvent' beaucoup les en
peintures de ce dôme, ouvrage célebre de
Jacques Tornhill, Peintre Anglois, qui y
a repréfenté en huit comp artiments les
principaux événements de la vie de Saint
Paul. L'Archiceae avoit propofé de faire
exécuter en mofaïque ces compartiments:
il avoit même déjà fait venir d'Italie j
pour cela,, quatre des plus habiles A rtiftes
en ce genre mais les difficultés -qu'occa-
fionna cette main d'oeuvre la fit rejeter
l'on préféra les ouvrages de Tornhill &
le font acquis tant de réputation. qui
Ce Temple fut commencé en 1675
fini en 17 1 0 (pL' a1fez &
court efpace en
comparaifon des cent quarante-cinqannées
que l'on a été à bâtir la Basique de Saint-
Pierre; 3 auffi la Nation Angloife fe prévaut-
elle de cet avantage, d'avoir bâti l'Eglife
de S. Paul en trente-cinq années ious un
ùa\ Architecte & fon fils, par un feul chet
entrepreneur, & fous un ïeul Eveque de
Londres, &. fur-tout par le fecours, d'une
alfez foible impofition fur le charbon
tandis que la dépenfe faite à Rome pour
l'Eglife de S. Pierre fe montoit, felon Fon-
.tana, à plus de deux cents millions, comme
nous l'avons dit précédemment, dans la
note m, page
Ce fut fous le règne de François premier
que la belle Architecture commença d'être
connue en France. A la voix du pere des
Lettres & des Arts, les François fortirent
de leur léthargie leur imagination prit l'ef
for, & bientôt ils égalèrent les plus grand*
Maîtres d'Italie. François premier avoit
appelé, Sebaftien Serlio pour la conftruc-
tion de Fontainebleau. L'ouvrage' de Serlio
excita l'émulation de nos Architectes ils
lui difputerent la gloire d'élever le Palais
du Louvre j & les deflins de Pierre Lef
coc (? obnnrenr la préférencefur les Tiens
honneur donc les Architectes François
ont
joui plus d'une fois depuis. En effet Claude
Perrault' f r j fut choifi pour élever le
frontifpice du Louvre, Philibert Delor-
me (s) pour le Palais des Tuileries, Se
Jacques DebrofTe (r) pour celui du Luxent
bourg.
La réputation des Architectes François
ne fut pas renfermée dans l'enceinte du
Royaume. L'Efpâgne appela Louis de
Foix (a) pour conduire a Madrid le Pa-
lais de l'Efcurial. L'Italie même s'embellit
de leurs produétions-, Se les crut dignes
d'être propofées pour modèles à fes Archi-
tecles. ••.
Les guerres qui fuivirent le règne de
François premier, furent, de nouveaux obf-
racles au progrès des Arts qu'il avoit tirés
del'obicurité. Enfin -fous. Louis XIV 'ils fii-
rent portés au .degré de perfection', qui

i.
contribua G. fort à la gloire de ce monarque,
Alors l'Architeéture fut digne d'annoncer
à tous les'.âges la. Splendeur d'un fi beau
règne; ,•".

Ce feroit-une entreprife trop vafte-que
de retracer tout ce que. Louis le, Grandit
pour les beaux Arts -en général-^ Se 'en
particulier pour l' Architecture ainfi
que
tous les chefs:d'œuvre que fon regne vit
élever jj^fuffira de citer ici les bâti-
ments tes plus importants Se les noms de
leurs Auteurs, tels que le Val-de-Grace &
le Château de Maif6ns par François Man-
fard (x) i l'Hôtel & la nouvelle Eglife des
Invalides, le premier par Libéral Bruant
la feconde par Hardouin Manfard (y)}
les écuries' l'orangerie du Château de
VerfaiHes 6c fa façade du côté du jar-
din par le même Architecte le periftyle
du-Louvre & l'arc de triomphe du Trône,
par Claude Perrault ( ç)s la porte S. Denis
par François Blondel (a) les additions
confidérablesfaites auxTuileries par Louis le
Veau ( b-) les Jardins de ce Palais
par
le Nautre (c) & la Sorbonne par Jacques
le Mercier ( d) ce font aurant de monu-
ments célèbres qui tranfmeccronc la pof.
terité la plus reculée la mémoire du regne
de Louis XIV.
Le fiecle de Louis XV n'eft pas moins
,recommandable par les édifices élevés de nos
jours. En 1717, fut confirme furies def-
nns du Chevalier Servandoni («.) le fron.
tifpice de la principale entrée de l'EgliIe
de S.. Sulpice, un des plus grands portails
I d'Eglife qu'il y ait en France,' mais qui
étanr compofé d'ordres d''un grand diamètre,
exige d'"étre obfervé d'un point de dîftance
plus éloigné il ne poura par- cette raifon
exciter une admiration générale*, qu'après
la démolition du Séminaire qui -trouve
en face Se beaucoup trop près de- ce fron»
tifpice.
Peu. de- temps- après l'a- ville de Paris ne
conftrufre fur les deffins efEdme Bouchar-
don, Sculpteur célebre, la fontaine- de lx
rue de Grenelle, remarquable par la beauté
de fon Architecture &. celle de- fa Scul-
pture, conffdërées fëparément:
Aux. monuments de magnificence Iccé-
derent- bientôt les bâtiments élevés pour
l'utilité publique de ce. nombre furent
l'Hôpital des Enfants-Trouvés par M. Bof-
frand (/), 8c celui des Quinze-Vingts par
M, de Saint Martin édifices qui
la commodité de leur distribution, leur par
dit
pofition &' l'ordonnance de leurs façades;,
ont mérité le fufrrage des connoüfeurs.
Un des bâtiments qui font le plus d'hon-
nejur ce fiecle, eft l'Ecole Royale Mili-
-taire &le champ de Mars, conflruits fur
.les deffins de M. Gabriel, premier Ardu.
tecle du Roi,. pour.l'éducationde. la jeune
NobkiTe, qu'on y éleve dans fétude des
.Sciences relatives à l'art de la éta-
guerre
bliflèment propre à immortalifer la bienfai.
lance de- notre augufte Monarque.
Avec quels tranfports les François ne
virent-ils pas démolir ces vieux bâtiments
qui déroboient la vue de la belle façade
du Louvre élevée fur les' deffins de^Per-
rault, & la continuation de la décoration
de la Cour du même. Palais continuation
que l'on doit au zéle patriotique que M.
le Marquais de Marigny témoigne pour
Ia perfection des beaux Arts!
Parmi les monuments qui. embelliflbïeaH
déja la capitale du Royaume il convajï
rioit qu'elle en érigeât à la,gloire de fon
Prince. La Ville de Paris témoigna le defir
ardent qu'elle avoit de faire conftruire une
p.lace publique au milieu de laquelle ieroit
élevée la ftatue de. Louis le Bien-Aimé.
Plufîeurs Architectes, & particulièrement,
ceux de l'Académie Royale. d'Architeéture,
ayant reçu à cet effet, des ordres du. Prince,
s'emprefierent à donner des projets di-
gnes (g) 'd'une telle entreprife, relatifs à
^fférents quartiers de Paris!
L'emplacement qui eft à l'extrémité du
Jardin des Tuileries ayant, para le plus
venable, on conftruifit, fur les deffinsces.
de
M. Gabriel, la Place l'on y voit aujonr-
que
d'hui. De la principale entrée du Palais des
Tuileries du côté du Jardin & dans
la longueur de la grande allée, toute
Çoit au milieu de cette Pface onla apper-
ftatue
|queftre de Louis XV (h) qui procure
un heureux point de vue à cette prome-
nade publique. Du côté oppofé à la rivière,
cette Place a été décorée de deux édifices
de chacun toifes de face, d'ordonnance
corinthienne, à colonnes folitaires, & éle-.
vés fur-un foubaflèment. Cette Place de
toifes de longueur, fur de largeur,
entourée de roues & de doubles baluftiades,
donne entrée aux Champs-Elifées* où une
nouvelle plantation tres-bien entendue,
procurera inceflamment aux habitants une
promenade champêtre, digne du fâfte & de
l'opulence de la Capitale.
Ne quitons
pas ce féjour enchanté fans
parler d'une des plus belles entreprîfes qui
fe foient faites en France dans
ce fiecle, &
même dans les fiecles précédents, c'eft le
Pont de Neuilli,»dont la ligne capitale
enfile l'axe de la grande allée des Champs-
Elifées, & celle du Jardin des Tuileries:
ce Pont, qui s'éleve actuellement fur les
deffins & fous la conduite de M. Perronet
Premier Ingénieur des Ponts.& Chauffées,
peut être préfenté ici comme un ouvrage
célebre, dont l'étendue, la'magnificence
l'économie réunies, apprendront aux'races
futures, ce que peutle génie,. le goût Sd'ex-
périence de ce Savant, auffi bon Architecte
qu'excellent Citoyen..
Quelques progrès
-fous le regne
précédent, elle étoit, ce Sem-
ble demeurée imparfaite quant à la conf
traction des Temples il étoit réfervé aù
fiécle de Louis le Bien-Aimé, de tran£
mettre à la poftérité de grapds édifices en
ce genre. Les nouvelles Egfifes de- Sainte-
Genevieve par M. Sojiâfot, & de la Mag-
deleine par M. Conr nt, fuffiront pour m-
'mortalifer notre Archite&ure.
Il manquoit à Paris une Halle au Blé Ia
-Villevientd'en faire érigerune fur les de/fins
de M. Le Camus de Mézieres. Cet édifice
intérefftnt eft rémarquable par fa forme
'circulaire, & par la régularité de Ton apareil.
Le feu ayant confumé en la Salie
-de l'Opéra, & fort endommagé le Palais
Royal, auquel cet édifice ctoit adoflé. On
vient de conftruire pour le même Spectacle,
une Salle nouvelle 'fur les deflïns de M.
'Moreau, Architeéte du Roi, Se Ordonna-
teur des Bâtiments de la Ville ( i ) &
dans fa reconftrucrion ce Palais reçu de
a
nouveaux embellifTements qui l'ont rendu
fupérieur à fa premiere difpofition.
Verfailles déjà fi magnifique par fes
jardins &*par les édifices vient auffi d'être
orné d'une Salle de Théâtre fuperbe, déftinée
aux fêtes de la Cour; Spectaclequi manquoit
depuis long-temps ce bâtiment immenfe
la demeure chérie d'un Monarque adoré
Aux bâtiments d'habitation
aux monu-
ments de magnificence & d'utilité qui s'élè-
7n,^Pafis/ou,s/on regne, joignons celui
de l'Hôtel des Monnoies, qui
J'ornement d'un de va devenir
nos plus beaux Quais
cet Hôtel, ,qui feconftruit fur les deffini
de. M. Antoine,- Architecte, ofl&ira
dans
ion intérieur, toutes les commodités rela-
tives à un pareil édifice.
Nos plus grands Princes fignalent auffi
leur;:amour,pour,l'Architec1:ure,
embeljiflements;de leurs Palais., par les
& par les
nouvelles açquifîtions, qui- en rendant leurs
demeures plus. dignes de leurnaiflance
dans les fiéçles précédents -^décorent que
la
pirate & Ja,rendent plus-int^reflante Ca,
aux
..Ay^c. quel-:goût; & queUe magnificence
nos
Duc
de,Choifed,,C^celai,d,eiM.feÇomte:de
Saint Florentin ( peuvent être cités
comme des bâtiments qui annoncent les
talents des Archite&es François & qui
contiennent les chefs d'aeuvre des plus cé-
lebres Artifles de nos jours.
Les Hôtels de Nivernois & d'Uzès s'atti-
reront également les fuffrages des connoif-
feurs par le génie & fintelligence de leurs
Architectes.

Quelles espérances ne devons-nouspas con-


cevair fur les projets qu'on exécuter actuelle-
ment ou qu'on fe propofe d'exécuter, tels que
l'achévement total de l'intérieur du Louvre;
& le tranfport de la Bibliothèque Royale
a&uelledans la partie de cePalais qui regar^
de lariviere; celui d'un Hôtel-de-Ville furies
deffins de M.: Moreau celui d'un Arcenal
fur les deihns de- l'Auteur de cèt Ouvrage;
celui d'une nouvelle Salle: pour la Conie^
dieFrançoife fur les deffins de MM. Pëyré
&' :de Wailly^Architectes du -Roi celui.
d'un Marché qui- doit' occuper le terrein de*
l'Eglifé de la Culture Sainte^ Catherïne,
traniportée aujourd'hui '&• l'Eglife oùétoit
anciennement 'la Maifon Profefle des
Jéfuites; (l'utilité de ce matché:eG: prouvée
par celui qu'on vient de faire quoique
moins confidérable au Prieuré de Saint-
Martin des' Champs) celui de réunir le
Quai neuf, avec le Port au Blé; ( fous
cette prolongation on fe propofe de pra-
tiquer des Magafîns pour les grains) celui
de la continuation du Quai de l'Horloge
I l'Hôtel des Urfins celui de la démolition des
maifons élevées actuellement fur les Ponts
démolition qui, en donnant de la falubrité
aux demeures des environs, détèrmineroit
I auffià réédifier la plupart des maifons de l'Ile
Notre-Dame dont la gothicité & le déla-
brement rendent féjour trille
ce &-peu fûr;
celui de tranfporter les Cimetières hors
de 1 enceinte de Paris projet digne de
I iagefle du gouvernement, déja
la
la approuvé
par premiere Juridiction du Royaume
celui de placer les Tueries & les.Bouche'ries
aux extrémités de la ViUe;' enfin celui
redreflèment des rues de la. multiplicité .du
des Carrefours de l'éredtion de
Fontaines, & déjà réitération des nouvelles
fouterreins pour écoulement des canaux
la Ville dans la Seine. eaux de
ces projets 6
unies jkNanon, par un.derniernon moins
dÏMnï D; "mOlnS dî&ne d« Mention
dant fes dernieres années avoit propofé
d'amener à Paris pour le bien public,
les eaux de la riviere d'Yvette, reconnues
par fanalyfe chymique pour êtré très-
falutaires, & dont l'idée vient d.'être ac-
ceptée par le Gouvernement, qui en a
chargé Spécialement M. Perronet bien
digne par fes talents d'être choifi pour la
continuation de ce projet, & pour fon
exécution.

De la Capitale de la France le goût


'des Beaux-Arts s'eft répandu dans les prin-
cipales Villes de nos Provinces au peine
que l'intérieur de ces Villes femble avoir
changé deface. Sous le regne de Louis Xlty,
& quelque années après fa mort, on avoit
déjà conilruix plufieurs Places publiques bu
l'on- avoir élevé fa ftatue une à Lyon en
une à Montpellier en une a
Dijon en 172 y, & une àRennes en 1 726 (m):
Sous le règne de Louis XV d'autres places
publiques, non moins magnifiques, furent
:confacrées 'àla gloire de'.ce Monarque?
.une .à Valencienne. en une à Bo'r-
deaux en une à Rennes en i744.;
une a Nancy en
1761 (n)
mj; uneià.ReûmVn
de Villes où
autant ,ces monu-
nients ont occafîonné la çouftmaibn ou
h reftauraaon de plufîeurs
édifices
Aligneménts, .des Quais.` des Portesdes
I t •A-esIûCJen^nces'd?sB(>lirfes, des. dp
Juridiehons, desPromenades^qui/xéuniw
avec la beauté des grands cnen^nsquiW

fl«lPnrès ?
annoncent l'amour :des fujets pour lS.
Prince ne négligeons .pas. de paVïer~ici dt

belliefous le
réchalde Belle-Kle, vient de faire ériger de
nouveaux bâtiments d'utilité Se de magnifi-
cence, fous celui de M. le Maréchal Duc
d'Eflrées, qui, par'fes lumières, fa fageile
& fon économie vient d'ordonner fous
l'admînîftration de MJ le Duc de Choifeul,
de nouvelles communications une Maifon
de Force, des Places, un Magafin Mili-
taire, un HôteWe-Villé un nouveau Por-
tail: & dés Embelliuemencs pour la Cathé-
drale il vient'encore de défigner l'em-
placement du Parlement de cette Ville,
celui d'un Pàla&'Epîïcopàli,dont on conf
trait alâûellemeht la façade celui d'une
Abbaye Royale pour les Dames de Saint.
Iibuîs(ci.) •/édifices qui tëmoig^èronr à Tes j
fiicceflèùrscé que peut en moins de douze
années.; une &ge guidée
par le' patriôtifirie', lë;bîën de ï'humainité U
;>
'La ville de Rouen, qui en fit jeter
les
doit, être, de ^LôalsXyil
édifice^]
deffiiijdë JVï. -le' Architeâe
du Roi, ne foit annoncé ici que
comme
un projet, la ville ayant été obligée dé
lûfpendre pour quelques années,
cet ou-
vrage important, déja élevé à fix pieds dé
terre (p).
La Ville de Strasbourg peut être citée ici
comme une de celles qui ont le plus fignalé
leur zele par Ia quantité d'édifices qu'elle
fe propose de faire ériger dans ion fein élle
eft rérolué de faire bâtir plufïeurs de
corps
Cazérnes pour contenir huit bataillons 8c
huiteicadroris, une place d'armes, Sénat
un
pour les Magiftrats, au devant duquel &
en face de la Cathédrale, doit être élevé!
une ftatue pédeftre de Louis le Bien-aimè*
avec des attributs Symboliques, qui défî-
gnéront les vertus pacifiques de ce Prince.,
une Salle de Spectacles des communicâ-
n?.^i' des Çlàjçësj des carrefours, des
P^^des. §ùais des p.onts.& autres xiïar- efh-
Délhflements quioht parûàflez importants
au Magiïîrat de là ville de Strasbourg,
qu'il, s'âdfeflât en pour
à M.. le Duc de
Çlioiïeiil & lé priât dé lui nommer
eliiteâe Kabilè qui lé dirigeât dans un
les en-
treprifes qa'M feprepofoit de faire exécuter
par iucceffion de temps l'Auteur de cet
ouvrage fut celui que ce Miniftre choifit
pour le tranfporter dans cette ville. Après
en avoir levé les plans il fit en confé-
quence plufieurs projets qui approuvés
par Sa Majefté, s'exécutent aujourd'hui fur
Ces. deuins, &
annoncent par la place d'ar.
mes & lés bâtiments qui l'entourent, déja
élevés ce que cette Cité deviendra
un
jour, fécondée comme elle l'eft par le zele
du Magifrrat l'amour des Citoyens les
lumières du Préteur royal & l'attention
particuliers qu'y porte M. le Maréchal de
Cohtades Commandant de la haute &
Baflè-Alface.
Â; l'inftar de la ville de Strasbourg, celle
de Cambrai fe propofe auffi' de faire des
émbelliiTements dans fon. intérieur, tels
des places nouvelles, le redreflèmentdeque
plupart de :Ces rues, des portes,
chés & des promenades. M: de Choifeul,
des la

Archevêque de Cambrai, ayant auffi choifi


l'Auteur de cet ouvrage pour bâtir fon Pa-
lais Archiépifcopal{q ) & Satisfait des plans
qu'il avoir faits pour Strasbourg,; l'a .auffi
chargé d'en donner pour les travaux que
l'on defîre faire dans cette ville.

Tel eft enfin ce que nous avons cru de-


voir dire fur ce que l'Architecture
an-
cienne & moderne peut offrir de plus. in-
téreflant aux amateurs & aux Artiftes qui
ont deffein de puifer les connoiiTances
préliminaires de cet Art fi recommandable
par lui-même, & fi utile à toutes les Nations
civilises.
Panons à présenta l'utilité de fes diffé-
rentes productions enfuite nous exami-

Arc.
nerons le degré de fupériorité qu'il a ac-
quis fur les Autres Arts libéraux qu'il
fait naître & qu'il fait aflbcier à Ces a
ductions nous donnerons après, cela quel-pro-
ques obfervations fur la maniere d'étudier
cet
DE L'UTILITÉ
DE L'ARCHITECTURE
jMous venons de voir en parlant de
l'Origine de l'Architecture qu'auffi-tôt que
.les hommes eurent commencé fe rauem-
bler, jouir des douceurs de la fociété,
ils eurent befoin de cet Art pour fe procurer
des demeures commodes & durables. En
ç&et, c'eft parfônfecours, que dans la fuite
on éleva des monuments quiprocurerentdes
places convenables aux chefs d'oeuvre, des
plus habiles Sculpteurs & des plus. grands
Peintres-, & par ce moyen leur amirerent une

qui
durée confiante c'eft encore par lui' que
^Architeâe éclairé fait- employer fîutilc-
rment là pierre lemarbre le bronze-, avec
Je-çhoix^
fait éclore
tous i
-fe^;genres;de^tàle'ntsrelatifs
aux befbins
l'émulation des i
{

^àï&iompenfer les talents acquis. 1


C'eft elle qui détermine le plus grand, nonr
bre des propriétaires à élever des édifices
où la folidité, la commodité & l'agrément
fe trouvant réunis fourniffent aux étran-
gerstant de différents objets propres à une
imitation utile & réfléchie.
Si nous confidérons ce que nous devons
l'Archicedure & tous les avantages! que
nous en recevons, nous trouverons que les
tréfors de la nature ne font véritablement
à nous que parce qu'elle nous en aflure
une tranquille pofleffiooj n'eft-ce pas elle qni
procure a nos demeures la
falubrité,par Je
choix de leur fîtuation? qui nous enfeigne
en empruntantles fecours de la mécanique
& de l'hydraulique, non-feulementa. élever
ramener les eaux dans nos jardins 4& pro-
preté, mais auffi dans'les dépendance les
plus éloignées de nos .habitations?.
CefteUequii, dans .nos. Cités, conftruic
des Ponts,
des Marchés^, des. Magalïns pour les grains
des Afcenaùx des Gazernes, àts Hôpitaux1,
des Aqueducs,des Fontaines tdes Ma.nu-
faétures
tures publiques. Tous ces monumentsjutiles
aux
tieres, quand ^^ils^ont dirigé?par des Arriftes
du
& en an-
nonçanc la capacité de Architectes qui
en
ont donné les deffins, ils témoignent en
même temps l'opulence des Citoyen*.
C'eft notre Art qui erigeant des Temples
a la Divinité, met les fideles à portée de
pratiquer le culte extérieur de la Religion;
il joint la grandeur & la dignité à
dité' immuable dans la difpofîtion une fq li-
des
Métropoles, des Eglifes Paroiffiales & Con-
ventuelles, enfin dans tous les monuments
facrés élevés par la piété & la magnificence
des Têtes Couronnées dans ceux-ci fur-
tout il' préfide au choix des matieres à
celui de l'ordonnance & bon goût
des ornéments; qui dans au
tous ces diffé-
rents genres d'édifices, doivent s'annoncer
avec' cette fupériorité que les Beaux- Arts
réunis favent mettre en ouvre.
Ceft l'Architecture qui commande au
courant des rivieres 5 c'eft par elle qu'on
parvient à dépêcher les marais que l'on
convertit.én campagnes fertiles, Iesterreins
les plus incultes en les délivrant des vapeurs j
malignes qui nous cauferoient des maladies

Elle change a fon gré elle adoucit le


cours impétueux des grands neuves, elle
réprime leurs efforts: par dès dingues, deis'l
oppoie 5 se en les retenant dans leur lit, elle
les force de fervir utilement à la navigation.
Si l'ardeur du foleil a tellement épuifé
l'humidité de la terre, qu'elle n'en ait plus
aflèz pour fournir à la nutrition des légu-
mes & des fruits l'Architecture nous ap-
prend à faigner les rivieres, & à pratiquer
des canaux à travers les campagnes
pour
les arrofer & leur rendre cette fécondité
naturelle qu'une trop grande aridité leur
a /oit enlevée.
L'Architeéture Navale bâtit auflî des
Ports; elle remplit la profondeur de la mer
par des monceaux énormes de diverfes ma-
tieres; elle avance des môles fur les plages
découvertes, & arrête par fes travaux la
violence des vagues fait combien ces
on
différents ouvrages font néceflàires
pour la
conftruâdon & la confervation des navires
& autres bâtiments maritimes.
Ce genre d'Architecture appris £
nous a
conduiredes vaiffeaux qui nous ont enrichis
des tréfors du
nouveau monde, & qui nous
ont ouvert le commerce des pays les plus
éloignés. C'eft aux travaux de l'architecte
qu'on doit le tranfport des Colonies & la
Fondation de plufieurs Villes floriflantes
fur des côtes où l'on n'ofoit aborder
1 étude de rArchiteéture avant
navale.
Mais tous ces biens tous ces avantages
nous feroient devenus infructueux, fi l'Ar-
chitecture Militaire ne nous eût appris à
les conferver. Pour cela elle nous a^enfei-
gné à défendre nos Villes, par des baflions,
des folles des chemins couverts, des con-
trefcarpes & autres ouvrages de ce genre 5
en forte que fi nos ennemis deviennent a1fez
prodigues de leur fang pour venir nous
attaquer dans nos foyers elle nous enfeigne
à couper leurs attaques par de continuelles
traveî-fes & à loger plus d'hommes. & de
canons dans nos flancs qu'ils ne fauroient
nous en oppofer du côté par où ils vou-
droient nous forcer.
Si au contraire nous croyons' devoir les
attaquer dans, leurs forterefles, elle nom
apprend comment il faut conduire nos
tranchées pour qu'elles ne foient point en-
filées 5 & comme il convient de difpofer nos
redoutes & nos places d'Armes, pour n'être
point furpris par les forties des affiégés.
Si l'Architecture à tant de part à la vie-
toire elle n'en a pas moins à la magma.
cence du triomphe. Elle élevé des trophées::
fur le champ de bataille elle raflemble,,fe|
reftes des braves Citoyens, qui ont répan^l
leur fang pour le fervicé de la parae,.à|
defiein de les cônferver dans, des 'monu-|
ments deftinés faire revivre leurs nomS'&J
leurs actions fur le marbre & fur l'airain
& pour rendre encore ces monuments plus
glorieux elle y repréfente les Chefs des
Nationsvaincues, enchaînés & humiliés, &
leur fait porter le poids des entablements;
en un mot, elle fe fert de tous les moyens
que l'Arc autorife, pour éternifer la récom-
penfe que méritela vertu des conquérants,
ou les châtiments dûs à l'infolence ou à la
témérité.

L'Architecture Civile ne s'empreffe


moins à célébrer le retour du vainqueur, pas
en le faifant paflèr fous des Arcs de Triom-
phe qu'elle fait ériger à fa gloire
&
qu'elle enrichit de fymboles & d'orne-
ments exquis,, par lefquels elle annonce à
la poltéricé le pouvoir des Princes de la
terre, & les efforts du génie des Artiftes-.
Par tout le Monarque
y canfidere, les
ouvrage* de génie que
enfantés pour lui offrir des fêtes &
là mander l'alégreflè des .peuples, qu'il par-
a fous fa domination. Il en: étonné; des
itatues qu'elle fait fondre, du bronze
a
enlevé fur l'ennemi;. il- contemple
jecrette admiration des colonnes avec une
les. des pyramides, allégoriques.,
triompha-
& mille
autres productions,
l'éclat de, £a-7^bire' de fa ^mence annoncent
de la bienfaifance. &
Enfin au retour de la paix, l'Architec-
ture déploie de nouveaux prodiges; c'efl
alors qu'elle s'occupe pour le déîafîèmeni
des Citoyens & l'ornement des Villes,
éléver des théâtres des cirques, des porti-
ques, des bains des bibliot-heques, des
places publiques des promenades qui
nu-
nifeffcent la gloire du Prince, & la douceur
d'un regne éclairé & devenu paifible par fes
triomphes & Ces fuccès.
Tant davan'tages qui, en nous annonçant
futilité de l'Architecture nous
annoncent
auffi fa magnificence lui donnent fans
contredit la prééminence ( r) fur les
tous
autres Arts qu'elle feule régit, les alfa;.
ciant à fes travaux convaincus deen
cette
rente fans vouloir affoiblïr l'excellence de
la Sculpture de la Peinture & du Jardi-
nage, rendons compte à nos Eleves de la
fupériorité de l'ArcnitecTrure dans le defTein
de les excker a. Te rendre véritablement di-
gnes un jour de s'illuftrer dans ce- bel Art,
qui lui feul fuppofe la plus grande partie
des connoiflances des fciences, des
utiles, des arts de goût & des arts
arts agréables.
Si l'Architeaure eft, noùs venons
de le voir le plus utile comme
des arts, nous pou-
vons dire ici qu'elle eft auffi le plus ancien.,
puifqu'elle à fervi préferver d'abord
j à
nommes des intempéries des faifons.
les
Tous les Arts libéraux, & même la
plus
grande partie des Sciences, n'euflent
ctre;amais exifté fans l'ArchitecW.peut-
Ne
i paroit- pas de la plus grande probabilité,
il
qu'on ne peut rapporter leurs découvertes
quala communication réciproque des
de 1 homme. Or cet effetn'î pu idées
que dans la fociété réunie &
fe produire
parles wl
fodététl111^ ^?%it devenue la
f q"°X nous ferviroit notrema-
fociété
S feDtlr? Que ^«devenue
S£tS n°tte inte%ence ? Parcourons
-notre

chitedure eft.parvenue atteindre^


taine confidération chez une nation, fori
goût, fa fplendeur & fa puiffance ont
acquis le plus grand éclat.
Nous pouvons le dire ici la Supériorité
de l'Architecture dépend bien moins de la
perfection de chacun des Arts qu'elle fait
concourir à fes opérations que du choix
plus ou moins judicieux qu'elle en fair
faire, & de l'habileté avec laquelle elle les
fait fervir fes vues. Qu'on ne s'y trompe
pas; le génie créateur & fécond de l'Ar-
chitecte eft l'âme des Artiftes qui travail-
lent fous fes ordres quelque précieux qu'ils
foient ils ne font entre fes mains que-ëès
ïnftruments au moyen defquels il doit exé-
cuter le projet qu'il médite; ce font autant
de puifTances qu'il fait calculer, & qu'il
multiplie.ou modere fon gré pour pro-
duire les plus grands effets. En un mot,
les Sciences & les Arts font des réflôrcs
par lesquels l'Architeéfcurë fè meut & opéré:
ils; peuvent à. la 'vérité agir, fans elle 'H.
produire des chefs d'oeuvre mais alors

;
leurs productions font bornées. Ce n'eftqué
de leur union avec l'Architecture, que; ré;
fulte l'effet auquel nous dévôr&tiîjie manière
d'être & une joùifïance plus KéuréiiféiSc pl&
parfaite.
Que ne doivent point a
la: plupart
porter 1ur celles que la providence a placées
près des Pôles ou dans des climats défères
& brûlants. Les Arts dont la vanité hu-
maine s'honore le plus chez ces peuples &
ceux dont les preftiges flattent le plus leurs
fens fe bornent à occuper leurs loifîrs
mais la perfection de l'Architecture feule
eft le fruit de la fage & prudente écono-
mie, & de la politique des plus puiuanes
Gouvernements; elle eft l'objet important
de l'induftrie de leurs Citoyens elle fatisfait
à leur luxe, elle pourvoit à leurs befoins;
elle donne aux plus grandes entreprises la
folidité néceflaire pour braver les temps, &
fert à faire paner a la poftérité la mémoire
des Conquérants.
Tous lés Arts libéraux, fans doute, font
également eftimables lorfqu'ils
concourent
au bien public, à futilité des Citoyens &
gloire de la Nation ils n'augmentént
d'eftime ou de valoor. qu'à raifon des
vendons établies, daris.là fociété. Le con-
boureur qui cultive la terre l'Aràfan La- qui
vit d'un travail pénible eft nous pfons lé
dire ici àîEtatque'le Guer-
rier qui combat ;rEnnémï & que lé
les Lois; S'il en:
quelque: .préférence quelque pfé^
dileâioninactée..i;une de nos' connoîÊn-
.ces-, ,elle ne peut convenir qu'à
en devenant les plus utiles, fuppofent le
plus de génie, de dignité, & annoncent le
plus de magnificence. Si ce que nous
avan.
Sons n'eft pas fans fondement, on doit con-
venir de la fupériorité que l'Architecture
doit avoir fur tous les Arts. Nous ne répé-
terons point ce qui regarde fon utilité elle
eft inconteflable. Mais nous fommes forcés
de convenir que c'eft un Art difficile, &
qu'un bon Architecte, tel que nous l'enten;
dons, ne peut être confidéré comme
un
homme ordinaire. Nous l'avons vu ailleurs
l'Architecture fit des progrès lents; certaine-
ment les autres Arts en ont fait de plus'
rapides. LaPeinture &laSculpture que nous
distinguons ici entre les Arts libéraux, font
des Arts d'im itation l'Architecture
au con-
traire crée plutôt les objets qu'elle ne les
imite, elle ouvre un champ vafte à l'ima-
gination &: au génie de l'Architecte. D'ail-
leurs la Peinture particulièrement fe
par-
tage en plufieurs clafles. Les hommes célè-|
bres excellent chacun féparément 'dans!
l'Hiftoire, la marine la décoration des
théâtres, &c. L'architecture eft une" il ne
fuffitpas d'être décorateur, diftributeuroa I
conftructeur pour mériter le titre de grandi
Architecte il faut réunir lupérïeurementi
ces trois branches, & leûr auocier 'les:cp^J
noiflànces de tous les autres Arts aiïi-luil
font fubordonnés. C'efl: de ces différentes
études combinées que nait, -la •iîipériorité
de l'Architecture..
De tous les Artiftes, l'Architede eft celui
qui, après l'opération peut le .moins
venir fur fes pas. Avant de jeter re-
une ilatue
en bronze, le Sculpteur confalte la nature
& fait plufieurs modèles
un Peintre ha-
bile peut.faire des cliangements utiles à ion
tableau; un homme de Lettres
fon ouvrage à une feconde éditionpeut corriger
un Mufi-
cien du premier ordre arrive à un. plus-.haut
degré de perfection par les eiTais qu'il
faire de fes compofîtions f Architede peut
eft
le feu] qui doit juger de tefièc de fon
oeuvre
avant de paflTer à l'exécution. Ses ouvrages
font plus étendus, la main d'oeuvre l'écono-
mie des matières .apporte fouventdes chan-
gements indifp eufables dans fon projet &
en changeant l'accord des parties
au
du tout aux parties, lui fait, employer tour
licences. dont il ne s'apperçoit, la .plupart des
du t^mps;ue lorsque
fon édifice eft à fa
Un- fl lui faut Vautres occafîons pour fe
.corriger cie/espremieres:fàutes: non:feule-
ment elles font rares mais combien
chitectes^ de mérite: ontfini d'Ar-
leur carrière
fans^avoir eu -l'avantage dtTe trouver
lateted.unede ces.grandes à
feulesfondes grands hommes entreprifes, qui
dans ce genre
de calent? Les atceliers des meilleurs Artiftes
peuvent produire des chefs d'oeuvre pour
des fommes peu confidérables les édifices de
marque exigent des dépenfes illimitées 5 ce
ne font que les plus pukTants Princes,, les
Cités les .plus opulentes à qui il appar-Jj
tient de former des Architectes célèbres.!
Les Michel-Anges, les Bernins, en Icaliej'a
les Manfards les Perraults, en France ont j
prouvé par leurs ouvrages la fupériorité
de leurs talents, & la prééminence de leurv
Art, comparé avec toutes les autres pro-JI
durions qui fe font faites de leur temps.
Que ne pourions-nous pas efpérer d'un térn
Arc, fi les feuls véritables Architectes étoientj
appelés à manifefter la grandeur de nosll
Rois, & à élever les monuments fâmeux.y
confacrés à l'immortalité .'r-M
Aucun de nos Eleves ne dôit ignorer tytm
la Porte Saint^Denis, leFériflyledu Louw^
le Val-de-Grace, le Château de
l'Orangerie & les Ecuriës de VerJfaiJje;^
font autant de'chefs d'oeuvre capablesjdea
prouver à tout homme impartial, quet^J
monuments & leurs auteurs, ont aflurè|âM
l'Architecluré le 'droit

Ibis.
tous les autres Arts qu'elle affujeËd£:i^«J
'•

Après avoir parlé de la iùpéribrité|ï^|


l'Architecture nous croyons devoir finir
cette Introduction eflencielle pour infoirer
à nos Eleves l'amour des Beaux-Arts,
par
leur indiquer les moyens de devenir un
jour eux-mêmes de grands Architectes
ainfi que les connoiuances qu'ils doivent
joindre à fétude de cet Art.

À2oyens d'acquérir les talents nécejfaires un


Dans tous les temps les Architectes ont
été néceflàires à la fociété; ils Te font attiré
les hommages publics de toutes'les Nations
civilifées. Que de connohTances
en effet,
ne faut-il pas à un Architecte ? Vitruve J'a
dit avant nous; il doit connoître les mathé-
matiques, fe rendre le deffin familier, être
inftruic de l'hiftoîre des Belles-Lettres
s'accoutumer à observer les hommes, à pé-
nétrer leurs goûts, leurs besoins, leurs rangs,
leurs diftincHons il doit favoir fe replier
fur lui-même, & d'après fes fenfations
ticulières, fes obfervations & beaucouppar- de
tentatives faire paner les chefs d'oeuvre
de la nature & les beautés de l'Arc, dans
les ouvrages importants, confiés à fes foins.
Il doit prélirninairement fe rendre raifon
des licences qu'occafionne prefque toujours
l'aiTociation des trois branches de l'Arc.
Geft à lui a prévoir les phénomènes de
la vue, •& les lois de l'optique, a fuivre les.
préceptes, & àfavoir cependant s'en écarter
quelquefois, quand il s'y forcé 1 &
trouve
ielon le plus ou moins d'importance de
fesentreprises. • • ,i
L'habile Architede fait pénétrer dans les 1
myfteres de fArt; pour cela il doit évitera
.dans, les compofitions tout
fente qu'une abondance ftérile; ce qui ne pré-
il doit a
prendre à ménager fes moyens &1
pour
pas confondre le caractère particulier qui
convient à chaque édifice il: doit ravoir
pafîer par des tranfitions heureufes dagravé
a I'élégant, du fimple au compofé; varier fej
produdhons, en n'employanttantôt des
maires fortes ou légeres des formes que
racour-
cies ou pyramidales, rechignes ou fînuea- I
les tantot en donnant plus
ou moins de
mouvement à fes plans foit en afiêâant
des corps continus foit
en préférant des
corps avancés & des corps intermédiaires.
Sans déroger à l'efprk de
convenance il

'
aoit fouvent préférer des beautés fîeres & I
maJes, à un caractère doux naîfi quelqae-
fois.au contraire, il.emploie les grâces légk
res & délicates de l'Art.
Il faut {avoir que rArchitedure
préceptes à part, eft un Art de goût,da"i
génie & d'invention3 que quelquefois même
on peut & l'on doit s'affranchir de certaines
règles. Ne vouloir jamais s'en écarter-
roquer de tomber dans la féeherefTe & la fté-
rilité. Il eft vrai qu'il n'efr jpas toujours poiîî-
bile à l'Architecte de rendre ratfbh- de tous
les ornements qu'il emploie il fuiEt commu-
nément de les rendre vraifemblables, & de
faire.en forte qu'ils puisent fixer agréable-
ment les regards mais-ce que nous difons
ici ne comprend que-la Sculpture. -L'Archi-
teétui-e, proprement dite, voit autrement.
Dans les édifices. d'importance, elle a pbur
objet la difpofition générale des bâtiments
principaux.& de leurs dépendances. Elle
voit tout en grand elle préfere dans nos
Villes, à la. décoration des façades,des
accès & des communications facilës; elle
s'occupe de l'alignement des -r-ues;, des
places, des carrefours, delà diftribùtion des
-marchés', des. promenades publiques. Au
pfte/ il efL des ornements acceptés
i ufage que. l'habitude- a rendus néceflàires par
quoiqu'ils n'aient d'autre autorité le
iufrrage univerfel 5 ils contribuentque,
quel-
quefois.. à o.donner, encore plus. -d'éclat à
1 Architecture: de ce genre fontlesftatues
les.. trophées les vates les- candélabres
qu on place. ordinairement fur les -balufoiP
des ou. devant les attiques, fans mgtif
autretaillés
que la magnificence^: ^les ^ornements
fur les moulures des façades extérieures,
ricbeffe néanmoins qui devroit être réfer-
vée pour le dedans des appartements; les
médaillons qui peut être devroient être
confa.crés pour les fêtes publiques; les.têtes
humaines; les mafcarons qu'on place fur les
claveaux des portes, des croifées & aux
quels on devroit préférer les clefs, les agra-
fes que plufîeurs de nos bâtiments célebres
nous offrent pour exemple les bas-relief
ordinairement enfer.nés dans des tables, &
dont la petiteife du module 'devroit porter
à ne les admettre que dans l'intérieur de
nos Temples ou dans les très-grandespièces
de nos habitations enfin les blâfons les
fupports que l'oftentation fait placer dans
les tympans, fur les frontons de nos bâti-
ments., & quelquefois même à ceux des
édifices facrés contre toute idée de vrai£
fsmblance pendant qu'ils ne devroient à
trouver leur place que pour fervir d'amor-
tilfement fur les portes de nos. Hôtels &
tir celles de la demeure de nos riches par-
ticuliers car cette efpece de fculpture
ainfi que les précédentes parole plus.tenir
l'arbitraire qu'au raisonnement. Onnel'em-
â
ploie donc que parce que la plupart- des
Archite&es péfent plus communément les
fuûrages de la multitude, qu'ils comptent
ne
ceux des grands Maîtres qui, quoiqu'ea
petit nombre doivent avoir la prépon-
dérance fur le vulgaire.
Pour parvenir a choifir avec goût ce que
nous devons imiter ou rejeter des produc-
tions de nos prédéceifeurs nous l'avons
dëja dit, nous le répétons; il faut que les
Eleves en Architecture regardent le deffin
comme la bafe de toutes leurs opérations,
non pour devenir Peintres, _Sculpteurs ou
Décorateurs chacun de ces Arts exigeait
en particulier qu'on s'y livre fans réierve
mais parce que pour être bon Architecte,
il leur convient de favoir afrez bien deffi-
àer la figure l'ornement, le paysage, les
regles de la perspective, ôtl'art de modeler,
afin de pouvoir devenir au moins de juiles
appréciateurs des talents des Artifles qu'ils
doivent afïbcier un jour leurs travaux.
Que néanmoins ils foient bien perfuadés
qu'il leur efl: également, dangereux d'igno-
rer abfbiument toutes ces Sciences, comme
de s'y livrer avec cette fougue & cet en-
thouiiafine qui les égare presque toujours
au-delà du but qu'ils doivent fe propcfer
car, dans le premier cas leurs compofitions
froides, étant dépouillées des ornements
deftihés à les embellir, ils font obligés de
les faire. paner dans de. nouvelles mains,
qui fouvent en abufent en forte que ces
beautés, qui ne devroient être' qu'accefr
ioires dans l'Architecture deviennent
tant d'obftacles aux beautés primordiales au-
qui en confiaient l'eflènce.
Que nos jeunes Architectes évitent
auffi
avec foin de fuivre aveuglément les orne-
ments qu'une mode paflàgere femble auto-
rifer; que fur-tout ils fuient l'imitation
des
ouvrages qui n'ont aucun genre ni aucun
carac'tere particulier & qui fe
trouvent
tels, parce que leurs Auteurs ignoroient
ce qui connue le vrai beau & le beau
idéal. N'avons-nous les ornements
pas vu
frivoles des dedans pàflèr dans les
dehors»
abus qui a fubfiil-é long-temps. Aujourd'hui,
par une inconséquence tout auffi condam-
nable, on applique le ftyle
dans intérieur des grave des dehors,
appartements: on donne
.a nos meubles ce que l'expérience nous
avoit appris à éviter je veux dire les
formes quarrées dont les angles blefTent
iœuil nuifent à la circulation -des
sonnes affemblées dans per-
demeures]
fol,vent on s'appuie dunos prétexte que ces
&
formes font imitées des Grecs, fans
reflé-
chir que ces peuples
ne les employoient
oue dans leurs Temples ou dans la décora-
extérieure de leurs édifices publics
&
ne conviennentjamais, ou que très
• ••.:n?.nt, dans les chofes d'agrément ou
• "•• Quoi de plus abfurde
par exemple, que de charger les lambris d'un
boudoir, des mêmcs feiccns compofés de
feuilles de chêne & de laurier dont
on
décoroit à Rome les Arcs de Triomphe
deftinés à faire paifer à la pofiérité les
victoires du Héros ? inadvertance peut-être
plus révoltante encore, que les rocailles &
les ornements Chinois qu'on prodigués
a
pendant vingt années dans tous nos bâti-
ments, & mcme jufques dans l'intérieur de
nos Temples. Que nos Eleves y prennent
garde; il faut du choix dans l'imicarion
qu'ils apprennent même douter de
tout ce
qui vient de leur propre fond} qu'ils conful-
tent leurs Maîtres; qu'ils s'inftruifent avec
les Artiftes célebres & avec le^ Citoyens qui
s'intéreiTent à leurs Succès qu'ils leur faf-
fent fouvent part de leurs projets,; qu'une
noble émulation anime leu.rs travaux: utile à*
tous les âges, elle doit être l'apanagedu jeune
Artifte: qu'ils étendent beaucoup plus loin
les bornes de leurs connoiflances; que fur-.
tout ils foient modèles fans timidité, hardis
fans préfomption; qu'ils viiîtent fouvent les
chefs d'oeuvre du fiecle palTé
pour les
comparer avec la plupart de ceux qui s'élè-
vent dé nos jours; qu'ils évitent principale-
ment l'incertitude dans laquelle marchent
quelques uns de leurs émules qui au
mépris des véritables regles de l'Arc, fem-
blenc à l'envi les uns des
autres, élever
dans cette Capitale, des bâtiments à pleine
dignes de h barbarie des onze &:douziè-
me fiecles barbarie nous ofons le dire
ici qui fubfiftera tant la plupart
que
de ceux qui fe vouent à l'Architecture
embralferont l'étude de cet Art, ceux-ci
par occafîon ceux-là par des vues d'intérêt;
les uns par défôcuv rement, les autres
qu'il faut être quelque chofe; très-peuparce
goût par inclination & par
avec la noble
ardeur de devenir célebres d'où il réfulte
tant de talents manques tant de produ-
ctions informes tant de décorations
extra-
vagantes, gigantefques ou puériles qui
annoncent la décadence du gotît. Ces
défauts fe perpétueront, tant la plupart
que
des Elevés refleront fuperficiels qu'ils,
auront recours à l'importunité qu'ils brî-
gueront par faveur par protection des
entreprifes qui ne devroient être confiées"
qu'au vrai mérite, à l'expérience & â.l''in-.
tégrité.
Deux inconvénients également préjudi-,
ciables aux progrès de l'Art contribuent
aux reproches fondés que nous ofons faire.
ici à plufîeurs de nos jeunes Architeâes
& même à notre fiecle le premier, de ne
pas faire aflez communément entrer pour
quelque chofe dans l'éducation des hommes
bien nés, les connoillances élémentair es d'un
Art fi recommandable; le fecond, la pré-
cipitation du début de nos Eleves. Ceux-ci
contents des premieres notions de fArt, ne
prévoient pas qu'il faut pour parvenir à Cas
iuccès, non-feulement une profonde théo-
rie, une très-grande pratique, une longue
fuite d'expériences, mais encore l'étude des
grands Maîtres, qui nous ont précédés;
étude fans laquelle ils ne peuvent jamais par-
venir au fîmple, ni atteindre au fublime. Ce
beau, cette noble rmplicité, doit fur-tout
caractériser les différentsédifices qu'on érige
dans cetteCapitale, dans fes environs, dans
nos Provinces; & il eft intéreflànt que les
perfonne's en place chargées de la gloire
&des intércts des Peuples, la cônnoiflent,
pour /avoir au moins distinguer les produ-
étions des Architectes d'un vrai mérite d'avec
les compofitioris des Architectes fubalternes;
pour ferappeler avecétonnement la Solidité
immuable des monuments de l'Egypte fous
Séfoftris la beauté des proportions des
édifices des Grecs fous Péricles; la perfe-
âion des ouvrages de l'ancienne'Rome fous
les Céfars de Rome moderne fous Léon X;
enfin le goût de cet Art fi naturel à la nation
Françoife, & qui s'eft manifefté- fi Supérieu-
rement fous Louis le Grand.
Si nous défirons que l'homme d'Etat ac-
qiuere des connoiflances fi utiles à tout Ci-
toyen, que nos Eleves fentent combien il
leur eft autrement important d'enfer dans
tous les détails de cet Art; détails qui font
ieuls capables d'élever l'Artifte au-defllis
de lui-même lorfqu'il fu parvenir à
a un
certain degré de perfection qu'ils voient
combien au contraire il leur feroit humi-
liant de ramper baffement dans la mëdio-
crité, fans pouvoir jamais mériter l'eftime
de leurs Contemporains ni celle de la
poftérité. Que fur tout ils fe fouvien-
nent que dans la jeuneile, l'imagination
prend fouvent la place des préceptes, &que
dans fon premier effor elle choifit plutôt les
beautés hafardées,
que les beautés réelles;
qu'ils fachent que cela ne leur arrive préci-
fément que parce qu'ils
mettent pas aflèz
d'ordre dans leurs idées,nedans leurs études
&' que leurs diffractions leur font fôuvenc
perdre le fruitdes préceptes qu'onleur enfei-
gne. La plupart des jeunes gens font demi-'
nés par l'amour-propre; & ce défaut leur
fait oublier qu'après la chaleur delà
pofition ils, doivent revenir fur leurs com-
pas-,
& fe corriger à loifir qu'il doit toujours
y avoir une différence très confidérable
entre le premier projet & les plans fur
lefquels on doit bâtir
que cette, der-
nière idée doit les fuivre par-tout
en tout
temps, & dans toutes les occafîons que dans
la conception d'un projet il fuffit d'avoir
en vue la difpofition générale; mais que
quand on met la main à l'œuvre c'eft alors
particulièrement qu'il s'agit d'approfondir
les règles de l'Art, l'efprit de
& les lois de l'économie
convenance
qu'il faut fàvoir
faire des facrifices
au défaut des principes
avoir recours aux reiTources de l'art; qu'en
un mot, dans le début de fa compofition
il faut de la fagacité, & félon l'occafion
de
renthouiîafme dans la fuite
du flegme, de la
au contraire,
retenue, & des combi-
naifons.
Pour arriver à ces différents degrés de
perfeclion nous confeillons
nos Eleves,
avant d'ofer entreprendre un vol trop ra-
pide, de commencer par des compofitions
Amples & faciles, de foumettre leurs
miers efforts à des hommes éclairés,pre-
puiffentleur en faire fentir les plus légers qui
dé-
buts. Nous les exhortons à jamais paflèr
à un fécond projets, ne
que le premier ne foit
entiérement retouché, & qu'il n'ait été de
nouveau fournis au jugement des Maîtres
de fArt. Nous les à nefepafler
rien, à ne négliger engagerons
rien, à ne rien omettre
cette févérite eft le feul moyen qui puiûe
les conduire
au faîte de l'Art. Sans toutes
ces précautions, ceux qui auroient déja
donné des efpérances, &. laifié entre-voir des
étincelles de leur génie ne produiroienc
dans la fuite que des compofîtions foibles,
&: quelquefoismême au-deflbus du médiocre.
Qu'ils fe refTouviennenttous, qu'ils ont be-
foin d'étudier encore pour devenir des hom.
mes; qu'il n'y a qu'une étude fuivie & appro-
fondie qui puiiîèen faire des Architectes du
premier ordre qu'il eft nécefîaire de puifer
les préceptes à leur fource qu'ils s'accoutu-
ment à lire les bons Auteurs, à les commen-
ter, à les extraire qu'ils vifitent à plufieurs
reprifes les modeles célebres que nos plus
grands Maîtres nous ont lai/Tés pour exem-
{ îles qu'ils s'éprouvent plusieurs fois dans
les compofitionsde même genre & de genres
difFérents.; que leurs projets foient toujours
aflùjettisàdesmefuresdonnées,à des ouver-
tures d'anales preicrites, aux inégalités d'un
fol qui exifte, afin de s'accoutumer de bonne
heure à vaincre les entraves inséparables de
certaines efpeces de conftruclions.Qu'enfui-
vant ces cours, enfin nos jeunes Citoyens
fentent tout l'avantage de leur aflbciation
avec les Amateurs qui fuivent nos confé-
rences, & qui par leur exemple doi-
vent leur apprendre ce que peut fur des
hommes déja inftruits le défir d'aug
menter^la fomme de leurs connoiflànces;
avec ceux qui de nos Provinces viennent
puifer dans nos leçons le goût de l'Archi-
tecture, pour le. répandre un jour chez
eux; avec d'autres Artiftes, qui Tentant la
néceflité indifpenfable de joindre au talent de
la Peinture & de la Sculpture qu'ils
exercent
déja avec fuccès, l'étude de l'Architeclure,
accourent fe perfectionner dans cette Ecole
des Arts avec des Artifans qui tous les
hivers viennent ajouter à la pratique qu'ils
ont déja, les instructions élémentaires que
nous donnons. Plurieurs de nos Eleves né-
gligent ces éléments parce qu'ils n'en fen-
tent pas l'utilité. Mais on a beau travail-
ler, fans les élements de l'Art, on ne
peut
parvenir ni à la théorie, ni à la pratique de
l'Architecture. Qu'une noble'émulationani-
me donc nos Eleves; qu'ils travaillent pour
leur propre gloire & celle de leur pa-
pour
trie. Deflinés pour la plupart à
jour dans les pays les plus eloignés,porter un
les mo-
deles de nos productions, leurs progrès
Iatteftentà ces Peuples que
Çoife ne le cède à
que la nation Fran-
aucune de celles qui fe
tont le plus figndées dans bel Art.
ce
Finiflons cette Introduction
du Jardinage de la Sculpture par l'origine
Peinture & de la
autant d'Arts libéraux, infépa-
rables de l'Architecture& des connoiuances
qui y font relatives.
ORIGINE
DE L'ART DU JARDINAGE.
JL' O
la plus véritablement
cc uP AT I oN
louable eft fans doute l'Agriculture auffi
cette icience a-t-elle été long-temps la feule
qui ait fait ,le bonheur, & fixé les travaux
des hommes. Enfuite elle s'efl partagée
en
plufieurs branches qui toutes féparément
ont contribué à leur rendre la vie plus
agréable & plus commode. On efi parvenu
enfin à aflbcièr la culrure des terres
l'Art du Jardinage, d'où font réfultéesavecdi-
verses productions r angées avec fimétrie,
ou dépotées avec ce beau défordre que
nous préfente le fpectacle de l'Univers.
Perfonne n'ignore que dans tous les
les Chefs de famille, les Patriarchestemps les
plus grands Princes ont encouragé l'indu-
ilrie des habitants de la campagne & qu'ils
n'ont pas même dédaigné d'y donner leurs
foins. Nous devons à ceux-ci
une partie de
ce que Xénophon, Caton Varron; Colu-
melle ont écrit fur cette fcience fSc à d'au-
tres Ecrivains, différents Traités qui nous
ont appris a cultiver nos héritages, à rendre
nos moiuons plus abondantes, à émonder les
arbres, à les greffer, comme on a du depuis
à le Nautre a Baptifte & à Le Blond i'art
de rendre régulier unterrein montùeux dans
fon fol, & inégal dans [on,
pourtour, à tracer
des parterres creufer des boulingrins
à placer avec un certain ordre les fleurs, les
arbuftes & les arbriffeaux de toute.efpece
les grottes, les fontaines, les portiques na-
turels & artificiels,
Mais comme toutes dernieres
ces par-
ties tiennent directement à l'Art, avant d'y
paner, difons un mot de
ce que l'on entend
par Agriculture proprement dite d'où

objet.
cft émané le Jardinage qui fait ici
notre
Les premiers hommes, obligés de pour-'
voir à'Jeur fubfîilance ^apprirent à ouvrir
à façonneur, à améliorer .la
tirer ce. qui leur étoit
terre
néceflàire5 enfuite
connoicre les grains, les femer, en augmen-
• ter Jefpece; fut l'objet de leurs recherches
connoiûances que le déluge même iie..dé-
trwfitpoiatentiérementj que Noé pofledoit,
dont^il ^.occupa
au- fortir de farcie-; &
fes defeendants ceux-
ci, a leur tour, perfectionnèrent les outils
Attachèrent à la main d'rcuvre & fe don-
nèrent -pogr les iavrent.eurs.de detteicieflee
quoiqu'encore imparfaite. Les Egyptiens
en font honneur à Ifis & à Ofiris fon
époux {s); les Grecs à Cérès, & les Romains
à Saturne & à Janus. Ce qui eft certain, c'efl
que les Grecs ont eu une grande vénération
pour l'Agriculture. Hiéron de Siracufe,
Attalus Philopator de Pergame, Archélaûs
de.Macédoine,' une infinitéd'autres grands
hommes font loués par Xénophon & par-
Pline, .dcl'attacheraent qu'ils ont témoigné
pour les travaux cham.pêtres. L'Hifloire
fait auffi mention que l'Agriculture fut le
premier objet des- Législateurs Romains,
& qu'on a vu pendant psufieurs fîecles lés
Héros de l'ancienne Rome, paifer de'la
culture des champs, aux premiers emplois
de la République retourner du triomphe
à la charrue, & aller ainfi fe fortifier- par
les douceurs d'une vie retirée dans- l'étude
de la philofophie & la pratique de la. vertu-
Les :,Chinois
tres-. Peuples l'ancienneté du labourage,;
prétendent l'avoir appris de- Chin-Orag:
lucceiFeur. de Fohi. Qutfï- qu'il en foit^-C; eft
dé ces diverses contrées: que cette- ftiènee
le Grecs.conviennent- la tenir-
& les Romains de-lâ-'Grece.
de.
fut tranfportée dans les diffèrents climats^

:>:? ]'J
L'Agriculture fur donc honorée chez
Peuples, dontle plus grandnombre ces
confacra
des Temples aux Divinités
qui,
opinion, préfidoient
aux productions de la
A mesure que le goût
les
connoiffances
tirer de cette des
les agréments de la pour
on voulut tranfporter dans les Villes: -les
dans. celle-ci
la magnificence des
Villes. L'Agriculture
devint :donc Art particulier,. ou. plutôt
un
elle vie fortir de fon.
fein plufeurs Arts
abandonné'aux Laboureurs
pour les
de la vie le.foin
& des. nuits. devint le

fimétrie fut

qu'aux Syriens

lai culture- des pour


ceux d'Alcinoüs pour la régularité & la
diftribution des eaux mais lans doute ces
productions écorne encore dans l'enfance

la nature par les fecours de On


on méconnoifîoic les moyens dé foumettre
cranfpiantoit à la vérité des arbres mais
on ignoroit la méthode de les élaguer, de
les .greffer, fcience qui n'a été connue que
depuis le temps des Auteurs déja cités; du
moins Moïfe n'en parle point dans les pré.
Uraélites fur
ceptes utiles qu'il donne aux
cet Art important.
Héfiode paûe auffi cette praxique fous
/îlence en un mot, Larrangement defliné
à l'embelliiTement des promenades, & i
relever la magnificence de la demeure des
grands Princes, eft due aux Artiftes de
l'Europe-; mais nos Architectes en ont.par-
ticuliéremenr fait une branche de leur Art,
& l'objet de leurs méditations:; car quoi-
GHie l'Hiftoire nous apprenne que Saloraon,
Cyruslejeune, Diocléien, Probus & Char-
les-Quint, firent leurs
du Jardinage, il faut convenir qu'il ne s'elt
véritablement perfectionné que fous Louis
XIII &-LouisXLV, qui toas deux ont
trouvé dans cet, exercice les. attraits; le
confultant; J'antiquiK,.
Il eft vrai qu'en
jlle nous parle des Jawiins de-Sérairatnisi
mais n'en etcut-il pas de ceux-ci comme des
bâtiments célèbres de ces premiers fiecles.
Peut-être ces Jardins, fi vancés, n'ttoient-
ils merveilleux (v) que parce qu'ils annon-
çoient- des eipuces
lur des terrailès fort élevées il y a, du-
moin-s lieu de croire qu'ils manquoiens
eilencieliement par h variété de l'Ordon-
nance, la forme &. l'élégance que nous fa-
vons répandre aujourd'hui dans ce genre
Je productions.
En voulant mime remonter aux Peu-.
pies ingénieux de la Chine, qui ne s'en.
fonc pas toujours tenu5 la culture, des
rerres que ne rapporterions-nous pas de
^'irrégularité qu'ils ifFeclem: dans leurs Jar-
dins de propreté ? Cette nation aimant peu
h promenade, on trouve rarement chez
elle les avenues & les allées fpacieuiès des
Jardins de la France. Ordinairement ils
rbnt ufage des chemins finueux &: diirri-
buent po,r icenes la plus grande partie du
terrein qu'ils defeinent orner les environs
de leurs demeures. Leurs jardiniers imitent
tour tour les objets les plus rhnes ou
les plus terribles ils affectent même de les
difpofer de manière que par des tranfitions
brufques, ils préfentent contrafle frap-
un
pant. Comme les chaleurs de ces climats
font exceflïves ils pratiquent dans leurs
Jardins des canaux & des cafcades
quelles ils refufent même toute efpèceaux- de
régularité préférantle défordre pittorefque
de la nature à la fimétrie la plus étudiée;
ils grouppent, à la vérité, leurs arbres
comme les Peintres grouppent leurs figu-
res, & parviennent ainfi quelquefois à une
variété intéreflànte variété que la Nation
Angloife &Ia plupart de celles d'Allemagne
imitent d'apres eux, dans l'intention de
repréfenter dans leurs Jardins cette irrégu
larité & ces heureux caprices
que leur otoe
le /peclacle des vallées, des côteaux & des
montagnes qu'ils préfèrent la fimétrie
que nous apportons le plus fouvent dans
la difuibution de nos Jardins. Ces Na-
tions, d'ailleurs fort éclairées, regardencla
fimétrie comme une entrave
au génie,.&
comme un aflùjetthTement trop fervile aux
règles de l'Art.
Les Anglois fur-tout, Peuple férieux,
affectent jufques dans leurs Jardins parés
une Simplicité, louable fans doute, mais [ou-
vent trye & monotone & lorfqu'ils dé-
ploient leurs ressources dans cette partie
de l'Art, tournent leur génie à compo-
ils
fer des promenades dont l'afpeâ: feul elt
effrayant. A Denbigh près Dorkir.g^ dans
le Comté de Surrey, on remarque un Jardin
appartenant à M. Tires &c planté par fes
foins le même qui en d'autres occafons
néanmoins a fudonner tant d'agréments aux
Vaux-Halls de Londres; on remarque dis-
je,un Jardin fitué furie penchant d'une mon-
tagne, couverte. de taillis percée de plu-
sieurs allées qui fe croifent. Quelques-unes
de ces allées montent fur des éminences,
d'autres defcemdent dans des précipices: les
premieres font riantes & bien dreifées les
fecondes font rudes, embarrailëes les unes
& les autres faites à deflein dé repréfénter
les vicifiitudes de la vie humaine: Aux
car-
refours de ces différentes allées, on a placé
des infcriptions morales près de l'entrée
de cette promenade lugubre, on trouvé une
efpéce de Temple dédié à la mort, dans
lequel eft un monument élevé à là mémoire
du Lord Petre & dont. les revêtifîèments.
intérieurs font chargés de Sentences, com-
polées par les meilleurs Poëtes Anglois
entr'autres par le Dodeur Yowig. A l'ex-
trémité de cette folitude funéraire eft une
vallée plantée de pins & dé cyprès à
l'entrée de laquelle an remarque deux fcjue-
lettes humons & de fexés différents, qui par
leur attitude, femblenc avertir
ceux qui par.
courent ces trifles lieux, de la fin de JW
me & de fon anéantiflèment. Mais le fpecla-
cle le plus effrayant qu'on obferve
dans
cette fombre vallée c'eft une efpèce de
grotte divifée en deux parties dans l'une
le remarque l'incrédulité
le plus affreux défefpoir,mourante
dans

de tous les attributs finiftres&desenvironnée


objets qui
n'ont fervi qu'à l'égarer pendant fa vie;
dans l'autre au contraire, voit l'homme
on
croyant a la vie éternelle calme & Serein
au moment même de la mort, & ayant
pour fymboles au tour de lui, tout ce qui
a pu contribuer à le faire marcheur dans le
fentier de l'efpérance & de la
deux actions, fi oppofées, font peintesvertu. Ces
le célèbre Hayman par
avec une force &
expreflion capables d'infpirer vivementune
àpeûateur l'amour du bien & l'horreur du au

vice. Au refte nous ne rapportons ici


idée funèbre que. pour cette
prouver à nos Elè-
ves qu'il n'y a rien que l'Art ne puilTe
rendre, aidé du fecours de la
c'eft la nature, &
que réunion de ces deux parties
qui forme feule le mérite efTenciel de fAr-
chitede mérite qui ne confïfte
pluf eurs fe l'imaginent, à s'arréterpas, comme
toujours 2
des idées agréables, mais,
au contraire, i
exercer de bonne heure fon gé#ie à rendre
fenfible & palpable l'objet qu'on a .i traiter.
Il feroit peut-être bien, par exemple
d'imiter dans les promenades chamoèrres
quifont partie des habitations devinées aux
hommes du monde la variété des Jardins
Chinois & dans celles devinées à la mé-
ditation des hommes dévoués à la religion,
des objets fombres, dans le genre de
ceux
des Jardins de que nous venons de
décrire. Enfin il faut faire ufage de la
ma-
gnificence que procurent ordinairement les
beaux Arts réunis, pour les promenades
des bâtiments confacrés aux têtes
cou-
ronnées, ainfi que pour les Jardins des
maifons de plaifance deftinées à la réfidence
des Grands.
Mais quittons cette digreffion & conti-
nuons de parcourir ce qui peut nous inté-
reflèr touchant l'Art du Jardinage, à deflèin
d'infpireraux jeunes Artiftes le goût général
de cette fcience.
Il paroîtra étonnant-
que les Grecs, qui
ont pouffé fi loin la perfection dans tous
les autres Arts,.femblent cependant n'avoir
guère excellé dans celui du Jardinage; du
moins l'Hiftoire ne dit-elle rien d'intérêt
fant à ce fujet. Elle parle plus
fement des Jardins de avantageu-
de Néron;
Cicéron paroît enchanté de ceux de Tuf-
culurn; Pline le Conful fait de grands éloges
du Laurentin (x) & de fa maifon de Tof
cane. Mais ni les faftueufes defcriptions
qui font parvenues jusqu'à nous ni les
deilîns que nous connoiflons, ne préiëntent
aucune idée fatisfaiiànte fur la diitribution
& la décoration des anciens ou des nou-
veaux Jardins d'Italie. Ce que nous en a
rapporté le Nautre ne fert qu'à nous con-
firmer dans cette opinion; il avoue même
que les produdions de ce genre qu'il a
examinées dans fon voyage à Rome n'ont
pu enrichir fon imagination que les Jar-
dins de Tivoli, de Fréfcati & des maifons de
plaifance des grands Ducs de Tôfcane qu'on
vante beaucoup, ne peuvent entrer en com-
paraifon avec ceux de nos Maifons Roya-
les qu'à la vérité les
eaux font tres-
abondantes dans la plupart des Vignes d'I-
talie, mais que les Artiftes de ce pays,
n'ont jamais fu faire valoir un fi grand
avantage que prefque toutes leurs fon-
taines font d'un genre mefquin 5 qu'on
n'y remarque d'ailleurs que des grottes en
rocailles de petits bafhns, des jeux d'or-
gue, des chants d'oifeaux 8c mille autres
Bagatelles (y) qu'on n'y voit rien de noble,
de grand, ni qui porte l'empreinte & Je
caractère du bon goût. Il nous apprend en-
core que la Vigne Pamphile & les Jardins
du Palais Ludovifi les plus eflimés dit-il
aujourd'hui dans Rome, ont été plantés fur
les deffins qu'il en a donnés (i). D'après
ce récit on pouroit donc avancer qu'i
l'exception de la fïtuarion heureufe des
anciens Jardins des Romains, c'eft chez
nous que le Jardinage a proprement été
réduit en Art, comme nous avons
remar-
qué que l'Architecture le fut chez les Grecs.
Nous pouvons le dire ici, c'eft fous Louis
le Grand qu'on atrouvé
en France le moyen
de rendre l'Arc naturel dans les Jardins de
Verfailles, de Trianon, de Marly; de
la nature par le fecours de fArt, parer dans
ceux de Meudon de Sceaux, de Chantilly,
de Liancourt; l'un & l'autre fe prêter des fe-
cours mutuels pour former ceux de Choify,
de Fontainebleau, de isainc-Cloud (a), de
Saint-Germain-en-Laye& de cane d'autres
lieux admirables,
Tant de chefs-d'oeuvre qui ne le ren-
contrent point ailleurs, attirent en France
l'étranger pour acquérir, par de tels exem-
ples, l'art de percer des routes, de plûnter
des bois, des parcs, & la maniere d'aSo-
cier à la distribution des Jardins de pro-
preté, la régularité, la commodité, l'agré-
ment & la magnificence. En effet, rien de
li ingénieufement percé que les Forêts de
Compiegne, de Fontainebleau de Chan-
tilly rien de il intérefTanc que les routes
des Forêts de Saint-Germain de Sénar, de
Verriere. Que de beautés ne remarque-t-on
pas dans les grandes allées champetres &
parées des parcs de Rambouillet,de Sceaux
de Bagnolet, où la culture des arbres &la
hauteur des paliflades qui les accom pagnenc,
forment un fpeJtacle & un ombrage enchan-
teurs. Ce bel ordre fournit les moyens de fe
tranfporter d'un bofquet à l'autre pour
aller contempler les. chers-d'oeuvre variés
des charmilles, des tapis verds, du marbre,
du bronze & des eaux jaillifTantes raflèm-
blées {bus tant d'afpecb différents mais
ouelquefois, peut-être, avec trop de
miîon quoique toujours avec goût, &
pro-
avec
cette régularité que nous reprochent fou-
vent les amateurs des feules productions de
la. nature. Sentons le prix de tant de mer-
veilles, & fixons à préfent notre attention
fur les chefs-d'oeuvre dè Sculpture, quiem-
bellillent ces promenades délicieufes.
ORIGINE
DE LA SCULPTURE.
DE tous les Arcs utiles, la Sculpture eft
céiui fur lequel on a peut-être le moins
écrit: nos Sculpteurs célebres, comme la
plupart de nos grands Architectes fe font
contentés de produire des ouvrages admi-
rables, & ils ont laiflé le foin de vanter leurs
chefs-d'oeuvre aux Ecrivains de leur
temps.
Notre intention n'eil point ici d'interpréter
le fîlence qu'ils ont gardé fur leurs
pro-
ductions cette tâche eft au-deflus de
nos
forces. Rappôrtons plutôt, avant
que d'en-
trer en matière, quelques notions principales
tirées des Mémoires, publié^ par l'un d'en-
tr'eux, appelé arçouird^hui dans un florif
fànt Empire du Nord. pour y jeter en
fonte la ftatue de Pierre le Grand.
La Sculpture ainfi que l'Hiftoire dit M.
Falconet, eft le dépôt le plus durable de
la vertu des hommes ou de leurs foiblefTes.
Son but principal néanmoins eft de perpé-
tuer la mémoire des grands Princes, des
Héros & des bons Citoyens elle a pour
objet de prendre la nature pour modèle
dans laquelle exifte un beau eflènciel, quoi-
du'épars dans les différentes parties de fU
nivers; beauté qui, felon cet excellent
Ar-
tille, exclut toute attitude foxcée que la
nature défavo.ue, auffi bien qu'un contraire
outré. L'un & l'autre nuifent à la belle /Impli-
cité qui a produit les chefs-d'oeuvre de la Garé-
ce, &qui devràéterneliementfervirde modè-
le à la poftérité modèle, dit-il, de regle &
de précifion qu'on remarque eflènciellemenc
dans le Gladiateur, l'Apollon, le Laocoon
l'Hercule Farnefe, le Torfe,l'Autinous, le,
Groupe de Caflor & Pollux, l'Efermaphro-
dite, la Venus- de Médicis &c. Modeles
excellents, qui tous ont fervi de guides dans'
le dernier fîécle aux-Pujet, aux Sarrazin,
aux Girardon, aux Auguer, aux Coyïevox!
Nous en pouvons dure- autant- ici: des Bon-'
chardon, des Pigal', des. Fakonet, des. Salis-,
& des le Moine de-
nos jours Arriftes du
premier ordre qui fe font partituliéremenr
aflranchis des ,limités,
que les- anciens s*é-
toient tracées dans-le genre;da Bas relief
auffi bien l'antique
que due la-
Pour joindre à la, précîfion des-ciiefs-dW
vred'.A.thênes, les grâces que les- Sculpteurs'
de notre
pofitions. r:'.:•• .y; leurs com-
Mais- fans .vquIoîpentrer^; dans Tes 'détaïtè
qui conftituent le favoir des Statuaires Grecs
& de ceux de
notre Ecole Françoife, conten-
tons-nous de parler de l'origine de cet Art
Si de rembellifTement qu'il procure à l'Ar-
chitecture quand il y en: appelé par la né-
ceffité le goût & l'efprit de convenance.
L'homme, naturellement imitateur a
cherché de bonne heure l'art de rendre les
objets que lui offroitla nature les premiers
Artiftes par le fecours des notions du def
fin s'accoutumèrent à conduire les opé-
rations de la main, par le fecours de l'ceuiL
D'abordle charbon, enfuite la pierre tendre
leur fournirent le moyen de deffinerfùr des
furfaces planes; après quelques fuccès, &
après avoir confidéré la .'forme qu'acqué-
roient certains corps mous, en s'infinuant
dans les cavités des matieres, folides, ils
parvinrent, à l'idée des moules. On modela
donc l'argile; mais le defir- ;de donner plus.
4e,fôlidité, à leurs productions leur fit pré-
férer le bois,, employer les .^minéraux &
fondre les métaux ainfi ;fart de modeler!
la terre,, pour. les befoins de; la vie devint
la fource qui;fit, éclôre celui de faire en relief
çles, figures en bois, en marbre en bronze;
Se quoiqu'il ;paroiilè que les- progrès des
mçdel'es^en terre, ayent eu une perfection
lente il eft prefque certain
que les premiers
tardé à y parvenir. Le
culte des Idoles profica le
premier de ce
progrès la plus haute
` antiquité chez les Peuples de
On n'Ignore pas même de
ue les
placées Temple
de Vulcain
feule pierre,
dées cou-
fondirent le
veau d'or, aux deux
tés de l'Arche d'Alliance deux Cherubins
de même Selon Honore, le Palais
d'Alcinoüs
métal, qui descorches de ce
rer pendant la nuit l'intérieur pour
de fon
nous apprend qu'on
temps, dans la Ville d'Ares
un
troavé dans le Palais de Priam
l'on

& que ce Souverain introduifit


dans les
des

que les Grecs firent


dale, Íe reifentirent de temps de Dé-
la maniere Egyptien-
ils ne
pour la plu-
bras attachés au corps, les jambes & les pieds
joints ensemble, étoient fans variété (ans
mouvement, fans action leurs fimulacres au
rapport de Lucain, de Juftin, de Plutûrque &
de Paufanias n'étoient compofés que de
pierres feulement degroffies & taillées fans
goût. L'idole même d.e J unon fi révérée chez

morceau de bois travaillé fans art femblable


à celles que les Lapons, les Samoyedes &
les autres Peuples fîmes vers les extrémités
du Nord font encore aujourd'hui. En effet,
leurs premieres figures repréfentoient,pour
ainfi dire, l'homme en bloc on rendoit bien
fon volume, mais on négligeoit fes mem-
bres &: fes traits. Ce ne fut que dans la
fuite qu'on parvint à l'ébauche des propor-
tions mais cet Art ne fe perfectionna véri-
tablement que chez les Grecs, & il y parvint
au fublime. Après cela on voulut aller au-
delà mais on tomba dans la fuperfluité/;
alors le beau difparut & cette perte Bâta
l'oubli des premiers chefs-d'œuvre qu'on
eft obligé d',aller'chercher aujourd'hui dans
les entrailles de Rome, par le tranfport de
xant de merveilles que les Romains en firent
chez eux, après avoir iùbjûgiié là Grèce &
.s'être. enrichi de fés dépouilles.
Ce. ne fut que 300 ans après Cécrpps
que les Artiftes Grecs commencerent à ré-
connoître la difformité des anciennes fta-
tnes, quitter la routine des Egyptiens
à imiter dans leurs ouvrages les beautés de
la nature, à donner à leurs tetes cette belle
expreflion, & enfin à toutes leurs figures,cette
fupériorité cette touche, cette élégance &
cette fineffe inconnues jufqu'alors ce font
ces Peuples perfectionnés qui, après avoir
l'
découvert les proportions de Architecture,
furent auffi faire refpirer le bronze, & don-
ner la vie au marbre. Ce fut chez eux que
Prométhée 1 b) excella dans cet Art divin;
ce qui fit dire de lui qu'il avoit volé le
feu du Ciel parce qu'il a,voit fu faire
pour
ainfi dire un homme vivant, avec de
l'argile. Ce fut' encore chez eux que Dé-
dale fut donner à fes ftatues l'attitude d'un
homme qui eft en mouvement, &
que Scel-
mis ou Sulmis (c) brilla dans Samos oii il
fit cette belle ûatue de Jupon .fun des
chefs-d'œuvre de la belle antiquité. Cé
fut auffi dans cette même ville que l'on vit
naître l'Apollon Pythien figure inimi-'
table & qu'enfin Athènes vit former cette
admirable figure du Gladiateur (e) en
action de combattre; ouvrages du premier
ordre, &c dont tant de belles copies ornent
aujourd'hui nos Maifons Royales. Néan-
moins tant de beautés & de perfections n'é-
toient encore que l'aurore d'un beau jour,
qui devoit briller .fous le Gouvernement de
Périclès génie heureux, Citoyen eili-
mable, capable de difcerner ce qui devoit
tranfmertre à la poflérité la gloire de fa
Patrie, & de prévoir tous les moyens né-
ceflaires pour lui procurer cet honneur.
Les circbnftances favoriferent les vues
utiles de Périclès les victoires remportées
fur les Perfes échaufferent l'imagination
des vainqueurs; l'abondance & la paix, di
gnes fruits de fes conquêtes, amenèrent l'ai-
rance, le loifir qui la fuit, & affurerent à
jamais la gloire de la Sculpture. Dans la
fuite les fuccefièurs de cet illuflre chef des
.Grecs, les Alcibiades, & les Paufànias à
Athènes, les Lifandre & les Agéfilas à La-
cédemone, les Epaminondas-à Thebes, les
Denis à Siracufe, l'oppreûèur même de la
liberté de ces Peuples, Alexandre le Grand;,
imitèrent un li bel exemple, encouragèrent
lesArtiftes & leur facilitèrent des iuccès
conftants & multipliés.
Les gymnafes, où la jeune/Te s'e-
nue,
xerçoit au pugilat & autres jeux, fourniflanc
aux Grecs l'occafîoiv de contempler lés plus
beaux objets fans obftacles Ôcfans voile, fu-
rentlesécolesdes Aitiftes: -ils)' étu-
dier la nacure, apprendre à- la copier il l'in-
terpréter 5 leur .imagination s'échauffoit àîaf-
pec des plus belles par-
vinrent à la variété) des formes 5. les, belles
oppôfitions leuridevinrent familières
iuite ils chercherenca: enter en-
pour âîrifî
dire, les parties d'un individu fur celles d'un
autre, &- furpaflèrënt .parfà -la perfeaiorx
du
corps, humainr ij-cff'qui- rend- aujourd'hui
leurs chefs-d'<xfcvj:ec fi néceffaijres -àùx Ar-
.tiftes^ôc fi intéreflànts aux amateurs.

courtes de rchaxs^rdiiommes&"de chevaux.


la lutte Se tant d'autres jeux, célébrés avec
éclat dans plufîeurs villes de l'Attique Se du
Pélopone.ïe^objets de la vénération publique,
fournirent doue aux Sculpteursde nouveaux
moyens de fe perfectionner. Cypfelus, Roi
.d'Arcadie av.oit inftitué dés jeux où t'en
4iiputoit; auffi le prix de la beauté. Depuis
on célébra ces mêmes jeux à Sparte.;
Le.sbos,à Paros dans le Temple de Junon,
•îaftitutions qui furent très-favorablesà l'Art}
;il s'éleva &: fe perfectionna à l'ombre de
la liberté qui régnait chez ces Peuples.
La Sculpture chez eux 'fut toujours em-
ployée à des ufages nobles & élevés; elle
n'étoit deftinée qu'aux Divinités.. aux ob-
jets Sacrés, ou à ce qu'il y a-voit de plus
.utile pour la Patrie 5 elle ne fut point àf-
Iervie aux caprices des riches- particuliers.
T out ce qui .s'exécutoit enice genre > étsoît
digne des- grandes entreprifes-delaNatâoii:-
chaque Ville de la Grèce
l'envi de ;poiïëder les -plus belles -ftatiiës
;des. Dieux, des ^Héros & .'des
•lebres, de. le;ur; temps..
vhid-ias par fon
r
remporta J.ei.prix fax tousiiês;prédécei£réflK
&. fes. rivaux,, &: ouvrit. a-iès 'iùccefïèurs'fe;
chemin .dei;.l?immbrtalîté.2oLîfippe 'niérita
d'être préféré àfescontémporaîns,pouï-a:V'oîc
modelé & jeté en fonte la ftatue du Vain-
queur de PAGe. Cette belle Venus, qui
fait une des principales curïofîtés de la Gàl-
Jerie de Florence fortit des mains d'Apol-
lodore. La Vénus de Gnide par Praxiceles,
Se celle de Scopas {g) font autant de té-
moignages de l'émulation des Artiftes Grecs.
Thimomachus s'efl immortalise par fa Mé-
dée, immolée avec fes enfants Se dont une
Epigramme Grecque nous a- tfâhfmis la mé-
moire ( h j ;.le Laocpon, cette merveille de
Part conservée au Vatican, qui imprime
'de l'horreur ,au fpeélateur,
tain s'il doit donner la préférence à laSculp
ture, à la Poéfîe ou à la nature en un
mot, la dèfcription de nos; Hîftoriens fur
le tombeaude Maufole donc les Sculptures
ayoiènt été faites par Brïaxîs Thîmpdiée
& Léochares les figùres .coloflàtes de I'jS-
polion & du Jupiter déjà citées du Co-
loue de .Rhodes, & tant d'autres
ouvrages
étonnants, exécutés chez ces Peuples; nous
font de sûrs garants que la perfection, la
beauté & l'invention ont été pouffées chez
.eux à un très-grand degré de fupériorité.
.Ce qui eft certain c'eft que rien ne prouve
mieux la. magnificence des Grecs à' cec
égard, que ce qu'en rapporte Paui'anias, qui
.dit avou vu dans les diverfes Provinces
de la Grece qu'il parcourut. environ
deux mille huit cent vingt-fept belles fta-
.tues de différentes, matières quoique de-
puis près, de trois Ëecles les Romains rava-
geaient <léja cet Empire y & que de^fon
temps. Néron eût déja fait -enlever de:la
feule ville de .Delphes, près de cinq
cents
i.4a?ues: ( i). Mais; fans vouloir cirer' ici'
ton-
..ces les merveilles des fiat«aires Grecs, ra-
prochons-nous dé notre objet, & difonsjjue

telle ,'paf la--découverte •dtrçiïàpite^ûCo-


rinthien, ouvrage admirable dans fon genre,
qui, dans la fuite, a produic d'autres chefs-
d'ceuvre, qui tous ont contribué à rendre
l'Architecture plus recommandable & à.
nous faire fentir combien notre art doit
effenciellementà ces Peuples ingénieux.
Tant de Succès, néanmoins, eurent un
règne aifez court; les revers les plus fu-
neites éclipferent bientôt la Splendeur des
Grecs: Subjugues à leur tour, comme ils
avaient fubjugué les autres Nations, ils
virent leur Pays confondu dans le nombre
des Provinces Romaines. Rome s'enrichit
de leurs tréfors & s'embellit de leurs travaux;
enclaves alors des Romains ils furent peu
jaloux de ne travailler que pour la gloire


.de leurs vainqueurs leur génie afïàiiie s'a-
vilit avec leur émulation, & les Arts
enne-
mis de la contrainte périrent chez eux
-avec la liberté.
Les Romains pofTeflèursde tant d'excel-
-lents modèles, ne firént cependant pas de
grands progrès dans la ;Sculprure. Leur;àr-
deur qui s'étoit; animée tant qu'ils ayc4eïît
combattu les Grecs fe ralentit bientôt), des
-qu'ils s'en-'furent rendus maîtres.- Fiers: de
pofféder les découvertes d'un- Peuple- qu'ils
avoient vaincus, contents d'en avoir décoré
leur.patrie ils fe-hofnerenta
produifiréric
plus que de foibles copies des exemples cé-
lebres qu'ils avoient fous les yeux. Cette
ina&ion dura chez les Romains, jufqu'à ce
que cette Capitale devenue la proie des
Goths vit détruire par la fureur de ces
Peuples ce qu'elle avoit enlevé aux Na-
tions aflervies. On fit à la vérité des Statues
de marbre Se de bronze, mais fans art, fans
vie & fans correction} la Sculpture fut ré-
duite pour ainfi dire, à la décoration des
.bâtiments, décoration où l'on aflè&oit de
la légéreté ou de la délicatefle mais où
l'on négligeoit la convenance dans la com-
pofîtion l'ordre dans la diftribution l'é-
légance dans les formes; on s'éloigna in-
iëniîblement de l'imitation de la nature, &

la fingularité.
on lui fubftitua la disparité la bifàrerie &
Cette révolution fit long-tempsoublier
ou méconnoitre les chefs d'oeuvre de l'Art
.qui,avoient échappé à la fureur des Peuples
jdiuNord; mais lorfque les, différents. Sou
jveraihs, qui; s'emparerentde l'Europe eurenc
affermi leur- domination, &: établi; lesilimi-
-ces,de-leur Empire, le goût,
.percer
:voit, enfevelL'.Onjfo.uilla les
terre', -.&.• onyit
.forcir des ruines .deiRomë: Les cfhefs^ow-
yre:de
l'objet de l'ambition des divers Souverains
de l'Italie, qui voulurent en embellir leurs
Palais & leurs Maifons de plaifance.
La France éclairée par Fran ois I eut
les mêmes defirs & put les fatisfaire ce fut
alors qu'on admira à Fontainebleaucette bel-
le Diane chaflerelfe. On acquit fous Louis
XIV, la Vénus d'Arles, la Junon de Smirne
&une infinité d'autres antiques ornements
de Verfailles qui fo.nt xevivre.de nos jours
la réputation des Anciens.
Les François & les Italiens., poUèfleurs
alors des richefîès des Grecs ¡en .firent un
meilleur ufâge que les Romains.& -tandis
que Michel-Ange fe faifbir admirer dans
la nouvelle Rome, Jean 'Gougeon & Ger-
main JPillon furprenoicnt :Paris., par rdes
ouvrages qui avaient ..été; jufqufalors:écran-
gers, pour la France: bienrôr; les: .célèbres
Anàftes François, en. ce ;genre attirèrent au-
taatd'Amateursr& de :Gonnôiiïènrs; dans
cette Capitale^,que lésGrecs&^les Romains
rfurprenant.en efièci.que.'la)i:apidiré.deS'pr.o-
grès de nos Sculpteurs depuis cette époque^Sc
fon peut dire qu'ils atteignirent le but pref
qu'en' entrant dans la carrière: aujourd'hui
notre école Franlçoife^ attentive à marcher
fur les traces de tes prédéceffeurs & de la
belle antiquité, décore non- feulement la
Capitale les pays étrangers de Ces chefs-
&
:d'oeuvre; mais fon minitl:ere releve l'éclat
de l'Architecture.
Sans la Sculpture, l'Architecture fetrou-
veroit fouvent réduite à la fureté à l'utilité
& à la folidité. Ceft par fon fecours que
nos Edifices Nacres, nos Places publiques,
nos Matons Royales, deviennent des mo-
numents dignes de la Nation. Ceft par elle
qu'ils fe trouvent embellis extérieurement
par des ftatues des groupes, des bas-reliefs,
des vafes, des grottes, des cafcades & des fon-
taines. Ces ouvrages exécutés par la plupart
de nos Statuairescélébresfont autantd'objets
ïntéreflànts qui attirent les regaxds, fixent
l'attention, & fymbolifentl'Architeaure qui
leur a donrié lieu: Ceft par elle enfin & par
le miniflere des Ornementiftes, Sculpteurs
d-'une.claflè particuliere&.non moins eftima-
ble, quoique dans un autre genre, quonëft
parvenu à donner à l'intérieur de nos appar-
tements, cette élégance enchantereûe, qui
plaît à tous les yeux, principalementlorf
qu'on fait la marier avec la Peinture donc
nous allons parler. v
ORIGINE
DE LA PEINTURE.
RIVALES
l'une de l'autre, la Peinture &
la Sculpture, qui empruntent
tant de fe-
cours du delîïn ont eu la même origine, &
fe font beaucoup refTemblé dans leurs
révo-
lutions & leurs progrès. Point de doute
la Peinture fut que
en ufage chez les plus an-
ciens Peuples du monde. Mais il
en eft de
cet Art', comme de ceux dont nous venons
de parler il
aura pris naiflànce chez les
Egyptiens & les Grecs l'auront perfec-
donné.
L'Hiftoire nous apprend
que l'amour
qui a tant de fois éclairé de fon flambeau
le pinceau des Peintres les plus
célebres,
infpira le premier
cet Art divin-, en.appre-
nant a un-» amante paffionnée le recrée de
deffiner i'image de l'objet de fa
de manière
tendreflè5
que toujours pleine de cet objet,
croyant le voir dans l'ombre qu'une lumiere
projetoit fur un mur, elle fuivit &
traça
avec du charbon tous les contours .linéaires
qa'elle remarqua; la reffemblancé d'une tête
fi chere étant ainfi ébaucliée par Dibutade,
(k) il fut aifé à fon pere de fuppléer enfuite
la rondeur & le relief, dont le trait qu'elle
avoit formé n'exprimoit encore que foible-
ment la reflemblance. Après cet effai, on
parvint fans doute en multipliant ces mêmes
lignes, à une imitation plus parfaite; &
enfin en ajoutant de la couleur, on for-
ma les premiers éléments de la Peinture,
dont Pline attribue l'invention aux Egyp-
tiens fix cents ans avant les Juifs. Diodore (m)
parle avec éloge du plat-fond d'Ofimandcs
parfémé d'étoiles fur un fond bleu nos
Voyageurs en décrivant les ruines & les
Palais de la haute Egypte, vantent le colô-
ris & l'intelligence des Peintures qu'ils y ont
remarquées; mais n'y a-t-il pas lieu de croire
que ces productions fi exaltées, étoient déjà
l'ouvrage des Grecs appelés en Egÿptè
elles avoient fans doute échappé à la fureur
de Cambyfe qui détruifit autant qu'il lui
fut poffible, les monuments de l'Egypte,
qui portoient l'empreinte du goût &: de la
magnificence. D'ailleurs à en juger par.les
veftiges qui nous relent des Egyptiens cet
Art fut très-imparfait chez ces Peuples &
ne doit être regardé que comme un pré-
liminaire qui a pu donner dans la fuite à
des hommes degénie, les moyens d'atteindre
à une plus grande perfe&ion auïïï Annote
& Théophrafte (n) d'après Pline (o ), don-
nent l'invention de cet Art aux Grecs, l'un
avant l'autre après la guerre de Troie;
quoiqu'Homere qui nous a donné la def-
cription des édifices de fon temps, garde le
iîlence fur la Peinture des Grecs, & qu'il
parle feulement de l'Art de la Sculpture, de
la Cifeluré, de l'aiguille & de la teinture
Mage de la broderie: il eft vrai qu'il con-
vient, qu'on favoit imprimer de quelques
couches, le bois & les autres matières, &:
peindre les vaüfeaux en rouge, ce qui nous
donneroità penfer que lors de cet Ecrivain,
on ignoroit encore l'Arc du. mélange. l'u-
nion & l'ôppofîtion des couleurs; & qu'on
méconnoiflbit les reflets les ombres & les
clairs, qui conftituent la Peinture
propre-
ment dite du.moins. en: il certain-, qu'on
ne s'eft fervi long-temps que de deux tein-
tes dans un même tableau (p ) ,& que cène
fut que dans la fuite que les Grecs em-
ployerent quatre différentes couleurs (y),
qu'ils fondirent ensemble, & dont ils ont
compose pendant plufieurs fiecles, 6: mcme
du temps d'Apelles (r), ces ouvrages cé-
lebres dont nous parle l'Hiftoire de cet
Art {s).
Les Romains dans la fuite, par le com-
Grecs, ren-
merce qu'ils eurent avec lesprédécefleurs;
chérirent encore fur leurs
mais à fon tour, Rome fe vit elle-même
dépouillée de tant de tréfors par les Goths
& les Lombards, qui détruifrent prefqu'en-
tiérement ce qui fe trouva de Peinture en
Italie de maniere qu'il n'en échappa que ce
que la prudence ou la crainte avoient erifeveli
dans des lieux fouterreins, pour le dérober
à l'ignorance de ces Peuples féroces. On
penferoit même que le Véfuve {t) en én-
gloutiflant la ville d'Herculanum (u) moins
cruel que ces hommes. barbares; miç à
couvert quelques parties de ces productions
des Arts, dans le deffein de prévenir leur
perte entière Se d'en. conferver afTéi pour
nous faire juger des talents des Artiftès dé
ces temps reculés. En effet, cette ville fou-
terreine nous découvre tous les jours des
ouvrages admirables qui nous font voir en
quel état étoit la Peinture fous le règne
des Céfars, quoiqu'on foie forcé de t'on.
venir que les tréfors -de Sculpture qu'on
retire de fes ruines, fdient de beaucoup
fupérieurs à là Peinture donc nous parlons.-
Les! farouches vainqueurs des Romains
après avoir mutilé oùdétruit ce quèRômé
& les Provinces d'Italie renfermoient de
plus admirable en ce genre, ne laiflèrent ce-
pendant pas de s'exercer dans cet Art dont
ils avoient anéanti les modeles maa ils
ne firent que le replonger dans l'enfance,
dont les Grecs l'avoienc tiré. Leurs pro-
ductions furent prefqu'auffi irrégulieres que
celles qui fe firent premièrement en Afie:
leurs tableaux reifembloient ceux qui fe
font encore aujourd'hui à la Chine ils
étoient deftitués d'ordonnance, de perfpec-
tive, de clair obfcur; ils avoient néanmoins
l'avantage, comme ceux-ci, d'exprinier,
quoique d'une maniere aifez imparfaite, une
vérité-:Cage, fimple naïve, qui plait, parla
raifon que féfprit ne fe trouve jamais plus
fatisfait que lorfqu'il conçoit avec netteté
l'intention que le Peintre a voulu expri-
mer dans Ton tableau.
Nous pouvons donc dire que de même
que les Grecs prêtèrent une nouvelle vie
à la Peinture, il fallut en Italie des génies
auffi heureufement infpirés qu'eux pour
faire fortir des ténebres de-nouveauxchef¡-
d'œuvre j & c*eft le Spectacle qu'elle
nous
offre dans le feizieme fiecle. Les Léonard
de Vinci, les Michel-Ange, les Raphaël,
les Primatices, les Jules Romain, les Car-
rache, les Carravaghe, les Baflan les Ti-
tien remirentla Peinture en honneur
con-
firmerent les miracles attribués. aux Zeuxis,
aux Appelles aux Parrhafms Se él.e-
verent cet Art divin à une perfection peut-
être inconnue jufclu'alors.
Bientôt l'Ecole Flamands fuïvit des tra-
ces fi brillantes les Rubens, les Vandik
firent la gloire des Pays-Bas;5- & l'Ecole
Françoife,à fon tour, formée fur les
deles de tant d'hommes célèbres mo-
ne leur
céda en rien pour Ja régularité du deffin",
pour la force del'expreffion,
pour le bril-
lant du coloris pour l'invention, ni pour
l'imagination les Vouée, les le Sueur, les-
Pouflin, les Lebrun les qui Mignard, ont
plus d'une l'emporte de
fait douter fois
Rome, d'Anvers ou de Paris: enfin, lesAr-
tiftes de nos jours, appuient l'indécifîon &
par leurs progrès multipliésdans cet Art, ils
font pencher aujourd'hui la balance en leur
laveur.
En effet c'eft depuis le feizieme fîecle
que cet Art a acquis une nouvelle manier
que nos Anciens (y) avoient ignorée, nom
avons vu qu'ils peignirent à frefque
en détrempe (a), ec mofdique à l'en-
caullique (c) j mais, comme le prouve -M.
le Comte de Caylus, la Peinture e_n,,émaii
( d ), fur verre (e) en miniature en
paftel (g ), toutes ces rayons différentes de
manier le pinceau & de marier les couleurs,
toutes ces méthodes diverfes d'imiter la na-
ture font le fruit des recherches & des ta-
lents des modernes, & les monuments .im-r
mortels des découvertes qu'ils ,on,t, faites
dans la Peinture.
Mais fans entrer dans le détail de tous
ces avantages ni de celui qu'elle, procure
a l'Architecture en, particulier rqiu£l .nous
fuffife de nous rappeler que, par fes gri-
failles. elle rend Supérieurement ,Jes{ bas-
reliefs. Se les rondes-boues de la Sculpture
& de l'Àrchiteclure > que, tantôt ;eiler;nous
offre un point de vue heureusement termi-
né parune perspective agréable, en nous
indiquant en apparence un lieu plus vafte,
qu'il' n'eft réellement qu'ici, des Peintu-
res fuperbes ornent les nefs & les dômes
de noy Eglifes; que là, des Symboles allé.
gôriquës diftinguent l'ufage des diverses
pièces des appartements des Souverains;
qu'elle nous fait retrouver les campagnes
& les mers au fein des Villes; qu'elle prête
mille agréments à nos retraites, qui ne nous
fourniroient que des beautés peu féduifan-
tès, fi-elle ne venait, pour ainfi dire, peu-
pler leur fôlitude qu'elle fait le charme
de nds;ipe&acles qui lui doivent tous leurs
éncfiàntements j que c'eft par elle, que les
Palais:les, plus brillants fuccédent tourà tour
aux. déferts les plus affreux.; que du rejoue
des morts, on fe trouve, .transporté :aans
l'Olympe: en un.mot, que cette poéjîe muette
varie'toût, anime tout-, Se qu'elle "éft, fû

Pour nous 'convaincre du prix ineflîïnabié


de la> Peinture, f& du 'cas particuiîerJqu'en
:elle.,nous apjjxërïiâraDqùe
Démétriûs refufa "de fe rendre ^maîtf^é
Rhodes, dans la .cràintë d'o.cçlfîç^nérxia:
•^eftriicïion des ouvrages célébresidësÇrotp^
gènes ( h ) que Parrhafius reçut de fes Conci-
toyens une couronne d'or pour prix de
l'un de fes Tableaux; que les Rhodiens bâ-
tirent un Temple à l'un de leursPeintres;
que la Grèce & l'Italie ont élevé des ftatues
à ceux qui fe font fignalés par des ouvrages
importants; que François I, Louis XIII;
Philippe III, Philippe IV, le Duc d'Orléans
Régent, & quantité d'autres grands Prince^,
fe lont appliqués la Peinture que tous
fe font. fait un plaifir de décorer par quel-
ques marques de dignité, les Artiftes les
plus célèbres que Charles-Quint fit le Ti-
tien Comte Palatin &.que François I reçut
les derniers foupirs de Léonard de Vinci:
qu'enfin les Peintres & les Sculpteurs (de
tout temps rivaux les uns des autres) jôuif-
fent encore aujourd'hui 'à Rome dés Pri-
viléges vdes nobles Romains, qu'à -Venlfe
les Artslibéraux ont un:Tribûnal qu'à Flô^
rence, Corne de Médicis leur accorda des
iranchifes même au-deiTus de celles des
tilshommes que dans les Provinces^Unies gen-
ils on:: droit de participer à toutesles di.,
gnkcs de l'Etat: qu'en un mot Louis XIV
eut une considération particuliere pour les
.Peintres François; &-que de
nos jours notre
augure Monarque entretient à grands frais
l'Académie de Rome &
permet à fes Peini
;tres de rendre publique leurs productions
dans l'un de fes Palais, faveur qui contribue
a entretenir leur émulation & à rendre l'Eu-
rope, témoin des chefs-d'œuvre de Pein-
ture, & de Sculpture, de notre Ecole Fran-

Après avoir parlé. de. ^origine dé la Pein,


taré &de reftim^diieiauxtalentsiûipérieurs
font fîgnalés d&n$ :'çbx<.Axt 5.difons: "combien
il eft utile pour nos Elevés defe rendre
car

vre.-que Ja P«intujre> -répand avee:tânt;d'é>


iafrés

plus- grands' jm^è' AzcB.


parvèfiîf :t appeler a ^prâ|>o^çe|
deux Arts à fon fécours pour embellir (es
productions & les faire atteindre à ce degré
de fupériorité, qu'on remarque dans quel-
ques-uns de nos chefs-d'oeuvre François.
Aucun d'eux ne doit ignorer que Perrault
n'a produit le Périftyle du Louvre & l'Arc
de Triomphe du Trône, monuments admi-
rables, que parce qu'il'vivoirfamiliérement
avec I,ebrun.; Peintre célèbre', Artifte de
génie, homme de goût & dont les produc-
tions font tant d'honneur au'fiecle de Louis
le 'Grand; que François Blondel n'eut peut-
être pas produit le chef-d'auvre de la porté
S. Denis, fans les fréquentes conférence
qu'il eut a vecpesjardins qui 'â faibles Sarîpr
tures de cette belle porte triomphale;6
eftimée des vra|isco3noiflfetir:sî:quèHardouin
de {es
productions' aux entretiens qii^eut fouveht
avec les-Goifevbx 'le> 'Girânlon les Té
Nautre.:&aùtrès excélle'îîts-Àrtiftes de-fon

le!
temps. L'Hiftoire nous apprend rque les plus
grands Peintres eux-mêriieis- ont con&Ité
les gens- de' Lettres rlëTà'ùffin s'ehtret^
Doit
p'haëlawëc îe'Gbmte
avec plus graH^
Arciftes'- èn^çe 'genre
Flamande, que parce qu'ils vivoient & cori-
féroient avec Galilée, &c. Que de tels exem-
ples nous apprennent donc à confult^r tous
Ies Arches des différents
genres relatifs à
l'Architecture, à examiner lefpeétacle que
nous ogre l'Univers pour imiter, non pour
copier fervilement la nature. Nos Eleves veú.
lent-ils puifer dans les tableaux de Raphaël le
goût relatif à l'Architecture ? Qu'ils le confi-
derent dans la nobleffe & la convenance de fa
compofition, la pureté de fon deffin &lav-
nefle de fon expreffion en un mot dans cette
grâce inexprimable qu'il donne à la beauté,
N
& qui lui a mérité le fur-nom de Divin.
Qu'Ûsexaminent le CorregeSc lePaxmefan,
dignes rivaux de Raphaël dans l'Empire
des grâces; 5 ils s'appercevront que le pre-
mier a auvent, violé les réglés de la fimétrie^
i&quele fecond a fouvent manqué de cor-
jreéHon, quoique-fes figures parlent & ref
pirent. Qu'ils cpnfùltent.MicheL-Ange,pour
la. profondeur :du deiîîn& là manière forte
de. fès. compoiitions Le Titien pour la
belle. nature &• pour l'intelligence du cor
loris. le Garràvaghe pour .magie des
pmbres PaulVéronêfe pour la richeffe/âe
lânvention. Qu'ils fereffouviennent fur-tout
qiiejlà)Peinture;;coinmela Poéfier^n'eft^alâtre }
chofe- .que
mais réduite en Art d'où doit naître un
beau idéal. Qu'on ne s'y trompe pas, le
Naturalifce & l'Hiftorien représentent les
chofes comme elles font le Poète & le
Peintre, comme elles doivent être. Les
chefs-d'aeuvre de Policlete & de Zeuxis font
dans la vraifemblance & non dans la vérité.
Il s'agit donc de reformer dansl'imagination
des modeles de toutes les beautés diverfes
& de s'en fervir comme ;d'éçnelle pour
fait un prototype idéal.
monter à cette perfection,, dont: on s'eit
Enfin, nous confeillons à nos- Elevés de
ne pas négliger, comme la plupart le font
de s'inftruire de toutes les. parties des Arts
libéraux que l'Architecture gouverne &
régit fous fon Empire, & fur- tout de fe
nourrir de la lecture des meilleurs Auteurs
qui ont écrit fur la Peinture tel que.
ce que nous a làiflë M.- dé:-Piles Fé-
libien,& particuliérement Dufrenoi (i),
l'Abbé Marfy (k) M. Baillée de Saint-
Julien (/) ï M. Watelet (m), & dernière-
ment M. le Mierre ouvrages excellents
:qui ne peuvent que faire éclore le. goût dea
jeunes Citoyens qui travaillent pouvoir
devenir un jour de grands Architeâes.
C OURS
D 'ARCHIT.E CTORE.:
LIVRE PREMIER.
PREMIERE PARTIE.
TRAITÉ
DE LA DÉCORATION EXTÉRIEURE
DES BATIMENTS-
CHAPITRE PREMIER.
Origine des Ordres. Source dans laque
on
extérieure des • Bâtiments.

en avons recocbu de trois genrèsi. là Civile; la


Militaire & la "Navale. "'L'Archîtéïtûïe-Civile., qui

la
fait ici notre objet eft connue fous différentes
dénominations: l'Antique, l'Ancienae,la Godii-
Moderne*
L'Architeâure antique,la plus emmée de toutes;
fut inventée par les Egyptiens, & perfeftionnée
par les Grecs enfuite elle pana chez les Romains,
&yfubfifta jufqiià la décadence de leur Empire;
en&n elle a fuccédé chez nous à la Gothique.
L'Ancienne prit naiffance dans l'Empire d'O-
rient & fut fort en ufage à Conftantinople.
La Gothique fe divife en deux claffes. La pre-
mière tire fon origine du Nord. Les Goths l'intro-
duifirent dans prefque toutes les parties de l'Eu-
rope l'autre appelée Morefque ou Arabe nous
eft venue de l'Attique. 'L'Efpagne & quelques
Provinces Méridionales de la France, ont long-
temps fait ufage de cette derniere Architeéture.
La Moderne,proprementdite, eflnéeen Frànce;
on peut en fixer l'époque au regne de François I.
En effet fous ce- grand Prince & fes fuccef-
c'efi:
feurs que les Lefcot, les De1ormes, les Manfkrd,
ont élevé chez nous les premiers chefs-d'œuvre
d'Architecture d'après fantique.
L'Architecture comme nous l'avons déja re-
marqué,Ce divife en trois branches: la conftruâion,
la décoration & la distribution. Les Egyptiens font
les Peuples qui fe font le plus fignalés par la to-
lidité de leurs monuments les Grecs & les Ro-
mains, par l'ordonnance de leurs Edifices, & enfin
les François,dansl'Art de distribuer leurs Bâtiments.
Pour acquérir ces différentes connoiffancesavec
un certain fuccès, commençons par traiter às%
Décoration, dont les principesdoiventleur origine
parler
.aux ordres «TArchitedure dont nous allons
Des ordres d'Arckite&urc en général,
& de leur origine.
De toutes les parties de l'Architeaure, il n'en
eft point qui annonce plus la magnificence de l'Art,
que les ordres qui décorent les Edifioes; aufli l'Ar-
chiieflure ne parvint-elle à fon dernier degré de
perfeûion, que lorfque les proportions de
ces
ordres furent fixées, leurs différents caraâeres
établis, & leurs divers ufages déterminés
Grecs. par les
Le premier pas que les hommes firent dans l'Arc
de bâtir, fut, comme nous l'avons remarqué pré-
cédemment, de fe creufer des afiles dans le fein
des montagnes; enfuite ils éleverent fur la
des huttes de forme conique, terre
avec des branches
d'arbres & de la terre graffe puis ils fe formerent
des cabanes quadrangulaires,
en enfonçant per-'
pendiculairement des troncs d'arbres deflus
defquels ils en poferent d'horifontaux, &aufur
ci d'autres qu'ils difpoferent dans ceux-
une forme trian..
gulaire. En&n on éleva des édifices plus foli-
des & plus vafles
que l'on conftruifit
piliers circulaires, feits à fimitation de avec des
latige des
arbres, & avec d'autres quadrangulaires, imités d'a-
près ceux
que l'Art avoit équarris. De-là les co-
lonnes & les pilaftres. On s'en fervit
fieurs fiecles fans
durant plu-
& fans fe douter
en connoître les avantages.-
que du rapport de leur groàur
a leur hauteur il pouvoit réfulter des effets fi

apparente.
admirables, relativement
beauté & d'élégance, réunis aux divers degrés de
& une folidité réelle
Plufieurs Auteurs prétendentque l'on vit pqur
la premiere fois des colonnes au Temple de Jérufa'
Iem mais il paroît par le témoignage de l'anti-
quité que les Affyriens s'en étoient fervis, dans
cclui qu'Ls avoient érigé à Bélus. Les Egyptiens
en avoient autii employé dans leurs édifices, fur-
tout dans ceux, ou ils fe propofoient de joindre
une folidité durable à une grande magnificence.
indépendamment de ces Edifices les Egyptiens
éleverent fur les fépulcures des grands hommes,
des Pyramides, des Obélifques & d'autres.Edifices
de ce genre, d'une hauteur prodigieuse, dans l'in-
tention de rappeler le iouvenir des actions & des
vertus des Héros ce qui en affurant à ceux-ci
l'immortalité, ne contribuoit pas peu à exciter
l'émulation de leurs concitoyens. L'objet de ces
grandes entreprifes., fit appeler en général Mo-
conferver la
jzumcnts, tous les Edifices deftinés
mémoire des morts illuftres. Mais ces ,monuments
reçurent enfuire, chacun felon leur forme particur1
conferverent.
'liere diverfes dénominations que les Grecs lent

On nomma Si.-Iles.les Monuments, qui, depuis


leur bafe jufqu'à leur commet, avoient quatre eû:és
égaux & parallèles.
;Çeux qui d'une forme circulaire 'dans leur Me
alloient toujours en diminuant jufqu'à-leur fonanetj
furent appelés fiylcs.
On. nomma Pyramides, ceux qui .étant quarrés
par leur plan., fe rétrédffoientinfenfiblementjut
qu'à leur extrémité fupérieure.
Enfin,ondonnàlenomd'0i^j/î»:5,dumotGrec
bbelos, une broche, à ceux qui ayant feulement
leurs ;côtés opposes égaux,s'élevaient auffi tou-
jours en diminuant jusqu'à une très-grandehauieon
*"-- '•
Parmi ces fortes de-monuments j-ceux qui étoient
nommés
notâmes Jiyles approchoient le plus, à caufe da
leur forme circulaire des colonnes qui fervoienc
de foùtien aux édifices des Egyptiens; Les Grecs
apperçurent la relation de ces deux produâions
de l'Arc. L'une & l'autre devinrent l'objet de leur
imitation mais rien ne pouvoit encore leur fervit
de modèle pour le rapport de la hauteur de la
tige de la colonne à fon diamètre. Le tronc des
arbres leur ayant indiqué feulement la forme des
colonnes, & losjiyles des Egyptiens ne leur ayant
offert que des hauteurs indéterminées.
Les monuments des Egyptiens étoient couronnés
d'une urne qui renfermoit les cendres de ceux
à la mémoire desquels on les avoit érigés. L'ume
étoit couverte d'une brique, qui..la nierrbit à
l'abri des injures du temps. Il
y a tout lieu de
présumer, que ces fortes d'amortiffements ont fait
naître le chapiteau des colonnes &
que cette
brique a donné lieu au tailloir qui le couronne.
On fait d'ailleurs que ces urnes repréféritoiënt
un
vafe méplat, & que c'eft d'après fon imitation qu'on
a formé lés trois chapiteaux, ToÏcan, Dorique, &
Ionique, qu'on a beaucoup plus élevés dans là fuite,
pour les ordres Corinthien &.Compofite,, en y ap-
pliquant, comme dans les précédents, les Quilles,
lesgodrons, les oves, les feftons,les volutes, erir*
chiflements qu'on donnoif volontiers
aux urnes,
placées à l'extrémité Supérieure des fépulturés Egy-
ptiennes.. •
C'eft encore des'monuments de ce Peuple nom-
més. JiclUs
que
puaitres appelés
font nés vraisemblablement les

«"depuis colonnes Enfin l'heureux gé-


nié des Grecs les conduifîr au point.de décou-
vrir certaines proportions; jufqa'àlQrs' inconnues
dans l'Architecture ce que nous allons reconnoître
par la recherche de l'origine des ordres Grecs,
après lefquels nous parlerons de ceux des Ro-
mains.

Dorus Roi d'Achaïe, ayant fait élever fous des


proportions moins arbitraires un Témple en
l'honneur de Junon, on appela Dorique, du nom
de ce Prince, l'ordre dont on décora ce Temple.
Mais en confidérant cette premiere découverte des
Grecs on ne fera pas étonné des changements
qu'il a reçus dans la fuite., n'ayant d'abord été
porté qu'environ à quatre diamêtres de hauteur,
ainfi qu'on le remarque dans les ruines d'un Temple
à Athènes où les colonnes de cet ordre avoient
6 pieds de diamètre & feulement 22 pieds & demi
de hauteur (a). Dans un autre Temple, trouvé
dans un endroit de l'Attique appelé anciennement
par les Grecs Thoricion, les colonnes approchoient,
de cinq diamètres. Celles du Temple de Théfée,
bâti environ dix ans après la bataille de Mara-
thon,&.celles du Temple de Minerve, élevé daris la
Citadelle' d'Athênes avoient fix diamêtres. Dans
la même Ville on trouve dans les ruines d'un
Temple élevé à Augure, des colonnes d'ordre
Dorique, qui ont à peu près fept diamètres. Cëtte
derniere proportion, à la vérité moins racourcie
que les précédentes eft cependant encore moins
élevée que l'ordre Dorique des Temples érigés
depuis chez les Romains par les Grecs mêmes-; &
Éàr-là ces dernières colonnes nous femblentap-
procher davarirage des proportions reçues cHèr
nous ce qui nous tait croire que lorfque dans
la fuite on eût ajouté à cet ordre une bafe qui ne
fe rencontre dans aucune des productions de la
Grece du temps de Périclès cette bafe d'un mo-
dule, & la découverte ,d'un nouvel ordre Ionique
àEphefe porté d'abord à huit diamètres firent
'fans doute avec le temps donner à ce dernier dix-
'huic modules, & fixer le Dorique à feize, tel
que
nos modernesl'exécutent aujourd'hui dans la plu-
part de leurs bâtiments. Cette conjecture prouve-
rait en quelque forte la lenteur des progrès de
l'Art qu'il a fallu des fiecles pour parvenir.à la
beauté, à la régularité & à la perfection des
or-
dres quenous & que les Grecs étoient
d'abord bien éloignés, pour ce qui regarde les
ordres d'Architecture, de l'élégance qu'ils
ont fu
leur donner depuis après même avoir été réduits
en fervitude par les Romains.
Les Grecs ayant paffé dans l'Àfie mineure fous
la conduite d'Ion un-de leurs chefs, réfolurent de
confacrer, dans leur nouvelle Patrie des Temples
aux Divinités qui les protégeoienn. Ils cherchè-
rent donc à imiter celui que Dorus avoit érigé à
Junon; mais incertains encore fur la proportion
qnll falloir garder dans les colonnes dont ils préten-
doient orner leurs édifices, ils imaginèrent de la
régler fur celle du corps humain. Ayant remarqué
que la longueur du pied de l'homme eut ordinai-
rement la fixieme partie de toute fa hauteur,'ils
donnerent à celle de. leurs colonnes, £x fois leur
diamêtre, proportion qui fui long-temps fixée pour
cet ordre & qui n'acquit huit diamêtres, comme
nous venons de le remarquer, que long-temps
après la découverte de l'ordre Ionique; maisvou"
lant enfuite fe rapprocher encore davantage de
la nature & s'étant apperçu que la tête eft la
huitieme partie du corps humain ils donnerent
huit diamêtres à leurs colonnes ainfi Tordre Do-
rique reçut fa proportion., & devint une forte
d'image de la force & de la beauté du corps de
l'homme. Dès-lors il acquit un caractère de viri-
lité qui le rendit propre a orner les Temples des
Dieux & des Héros.

Une heureufe découverte conduit ordinairement


à de nouveaux Succès ce premier pas en fit faire
un autre. Les Ioniens voulant élever à Ephefe un
Temple magnifique en l'honneur de Diane, cher-
cherent une nouvelle proportion, qui, fans être
moins régulière que la Dorique offrît néanmoins
un genre de beauté plus délicat. Comme ils avoient
déterminé le i« ordre fur le corps de l'homme, ils
imaginerent de régler la proportiondu nouvel ordre
fur la taille plus dégagée des femmes Grecques,
& donnèrent au diamètre de la colonne, qui fut
nommée Ionique la neuvieme partie de fâ hauteur
Avec cette .proportion ils voulurent offrir l'image
des coiffures des Dames de la Grece ils taillè-
rent pour cet effet le chapiteau en formé de volu-
tes ils ajouterent aux colonnes des bafes pour
repréfentér' leurs chauffures enfin voulant
imiter jufqu'aux plis de leurs vêtements ils creu-
ferent des cannelures rur la longueur du fût de la
colonne en forte que les Grecs en preriaritpour
modele ce que la nature leur offrit de plus parfait,
introduifirent dans l'Architeâure la progreffion
Arithmétique l'un & l'autre font devenus des
objets d'imitation & une regle prefqu'invariable
pour les. Ârtiftes.

Un événement fingulier produifit à Corinthe


une nouvelle forme de chapiteau, plus riche &
plus élégant encore, qu'aucun de
ceux qui l'avoient.
précédé & fit naître la proportion dû troiiieme
ordre Grec. Une jeune fille étant morte la veille de
fes nôces, fa Nourrice pofa fur fa fépulture
beille en forme de vafe
une cor-
contenant plufieurs bi-
joux qu'elle avoit chéris pendant fa vie; elle couvrit
la corbeille d'une tuile,
pour la garantir des injures
de l'air. Le hafard fit. placer
cette corbeille fur la
racine d'une Acanthe fauvage. Cette plante
venant-
a pouffer au printemps, fes rameaux s'étendirent
au tour de la corbeille,: mais, fe trouvant arrêtés
parles angles de la tuile ils furent obligés, de fe-
recourber en forme de volutes. CalIimaque.Scul-:
pteur Grec, frappé de l'heureux effet que produi-
foit cet enfemble chapiteau
conçut .ridée. du
Corinthien, nommé ainfi,
parce qu'il fut inventé
près de la ville de Corinth,evOn, pofa d'abord ce
chapiteau fur la tige, de la colonne Ionique mais,
comme il acquit plus de hauteur
que celui de cette-
colonne, & que par-là il raccourciffoblatigede-
cet ordre, on imagina..iui(; nouvelle proportion
dont la légèreté répondît, à la déliçateffe.du cha-
piteau de Callimaque pour, ;cela ce nouvel, ordré
fut porté à dix diamètres, dans l'intention d'imiter
la taille fvelte d'une
tes eâces. de rélégançe.& de la'beauté. Dèsrlors
cét ordre, appelé par Scamozzi,l'ordre P^rgîaaty
fut defliné à rembelliffement des. Temples dédiés
à Veita, à Flore, à Hébé. L'ordre Ionique qu'il
appelle l'ordre Eiminik fut employé à JTordon-
nance des Temples dédiés à Junon à Cerès, à
Proferpine & l'ordre Dorique nommé auffi par
cet Auteur, ordre Màfculin ou Viril, confacré à la
décoration extérieure des Temples-élevés en l'hon-
:peur. de Jupiter, de Mars, d'Hercule,, &c.
Les Grecs non contents de leurs ordres Dori-
que, Ionique & Corinthien, dont ils avôient établi.
les proportionsd'après le corps humain voulurent
fublfcituer à l'Art la repréfentation de la nature elle-
même. L'efpoir de rendre immortel le foûyeriir
de leurs victoires, & le defir d'étërnuer la'honte'
de ceux qu'ils avaient fubjugués leur nt allier
les trophées de leur gloire aux monuments qu'ils
élevoient dans leurs cités. Les Cariéns s'étant'
révoltés contre eux, furent punis de leur rébellion
par une. défâite completre & leurs femmes ré-
duites en fervitude. D'un autre côté les Perfes^
qui étoient venus les attaquer jufques dansleiuï,
foyers furent vaincus, à Platée, à Salamine!&|
au pas des Termopyles. Orgueilleux de tant. ïa-i
vantages, les Grecs voulurent faire "pafler' iairÈ'
poftéritéles marques de leurs viâoires pour cet'
effet ils convertirent les colonnes qui ornéîènt
leurs bâtiments, en figures humaines, humiliées &'
affeiffées fôus le poids'. imcâenfe qu'elles feiàblbienr
fupporter. Celles qui repréfentoient des., femmes;
étQient l'image de» Cariennes efclaves..Iies:Pè5&lês.;

<fôù; ces: fortes de Soutiens-lurent noinmès'oriK*


PetfiqueA
Mais comme de telles images, quelque eltima-
bles qu'elles puiffent être d'ailleurs par rapport
à la Sculpture,femblent contraires à la douceur de
nos mœurs, qui ne permet pas d'affervir ainfi la
repréfentation de nos femblables; on ne peut re-
garder dans l'ArchireCure une application de cette
efpèce que comme un acceffoire qui exige d'être
employé avec beaucoup de prudence autrement
ces figures qu'on diroit avoir du mouvement &
de l'action, s'accorderoient mal avecla folidité qu'on
doit affecter de faire paroitre dans tous les genres
d'édifices.. Les exemples célebres des Cariatides
que l'on remarque à la façade de la cour & dans
lintérieur du Louvre (c.) ainfi qu'au Bureau des
Marchands Drapiers à Paris ne fervents qu'à
prouver que la fédu&ion. de l'art a fouvent pré-
valu fur la vraifemblance qui doit toujours être
obfervée..dans les décorations extérieures & inté-
rieures, des édifices.

L'ordre Perfique n'eft pas plus tplérable. Quel-


que viril que foit fon caraâere, il n'offre que les
marques.d'un efclavage honteux qui fait rougir
l'humanité. On peut néanmôis le placer allez con-
venablement dans la décoration extérieure. des
Portes de Villes de guerre., dans. ljintentibn d'an-
noncer à l'Ennemi le.fort qui l'attend, fi Une fois
il eft vaincu aux Prifons Civiles & Militaires (d)
aux Maifons de Force & aux autres édifices de ce
genre où il paroît convenable d'annoncer lim;
coupables ce qu'ils ont à craindre lorsqu'ils fieront
détenus dans ces lieux de punition & d'horreur.
Si les Cariatides peuvent auffi trouver place
dans notre Architecture, ce n'eu: que dans les dé-
corations théâtrales, dont la (cène repréfenteroic
quelques acHons arrivées chez les Grecs, 8c où
l'Artute feroir obligé de retracer l'image de certains'
faits huioriques. Elles pouroient encore Tout au'
plus être fupportées dans des fetés, publiques, ou
Talégreffe commune n'exige pas cette févérité à
laquelle on eft affujetti dans la décoration des
édifices durables, & où les attributs &r les allé-
gories doivent être affortis au génre & au .cara-
dere du monument.
Il eft encore un autre genre de fculpturé;égâ-:
lement à éviter ce font les Termes enfants du
caprice & d'une imagination fervilé, autre espèce
de figures humaines, qui femblentfortir d'nn'egainè,
& à qui fouvent on fait porter des fardeaux .tels
font ceux* que ron remarquefàr le Quai-
tins de Paris. On en voit même plufieûrs'daijs'les
retables d'Autels de nos Témples, plus impropre*:
mentplacés encore que par-tout ailleurs ils ne/doi-
vent êtrejamais employés, & par tolérance feifc
lement, que comme ornements dans nos Jardins
de propreté', comme il !s*en remarque aux Tuilèw
ries à Verfailles & ailleurs
Les Grecs ayant employé ces divers ornements
pour tranûnettre à tous les âges le fouvenir des
victoires rempdrtées-fur les Cariens & les Pérfe's;
leur vanité leur en fit abufer; car ils fubftituè-1
rent long-temps leurs ordres Çariate & Perfique,
telle innovation les conduiiit infenfiblementa fur-
charger .même le fut de leurs colonnes d'orne-
ments de différéntes efpeces dont la prodigalité
fut enfuite imitée par les Romains. Au reile ce
reproche ne doit tomber que fur les Grecs des:
derniers temps. Voyons maintenant l'ufage que
nrent les Romains, des découvertes qûavoient.
faites ces Peuples.

On attribue aux Romains l'origine de fordre


Tofcan. Bien-des Auteurs ont cru qu'ils l'employé-;
rent pour la première fois au Temple de Janus
Roi d'Italie,' puis à Florence, au Temple de Mars,.
aujourdlnuilËglifedu Baptifterede Saint-Jean &
qu'ils ne voulurent rien devoir aux ennemies qu'ils
avoient vaincus, quoique les effets admirables de?
trois ordres Grecs ne leur fuffent pas inconnus.
D'autres apurent que cet ordre fut inventé, en
Efrune, appelée aujourd'hui la Tofcàne lorsque.
les. Grecs mettoient
en oeuvre les ordres qu'ils,
nous ont laiffés pour modèles..Quoi qu'il en,
foit cette production des Etrufqùes ( e ) eft bien
inférieure aux ordres Grecs,
fente que l'ordre Dorique, rendu ;plûs matériel
& tel
que les .Grecs l'avoient d'abord imaçyié.i
Elle mérite néanmoins quelque confidération,.
parce que cet ordre déterminé à "iépt diamètres
acquit un caraûere qui lut fait .tenir, encore au-!
lourd'hui un diftingùé 'dans i çrArcnî-
lecture. Enfin d'autres Auteurs prétendent, que
dans toute l'Italie il ne refte aucun veftige de'
l'ordre Tofcan; que la colonne Trajane n'eu: point
Tofcane puifqu'elle a huit diamêtres (/) /& que

s'agit.
les ordres employés aux Amphithéâtres de Vérone
& de Nimes font d'une Architecture trop rufti-'
que pour offrir des modèles de l'ordre dont il
L'invention de l'ordre Compofite eft encore due
aux Romains. Quoiqu'il eût été mis en œuvre
long-temps avant Vitruve, cet Auteurn'a pas jugé
propos de lui aligner un rang parmi les ordres
non plus qu'à pluueurs compoûtions de. ce genre,
dont la diverfité étoit infinie défon temps; pro-'
ductions dit-il, qui ne confiaient
que dans l'ap
femblage des différentes parties des ouvrages dés
Grecs autrement pour qu'il portât le caraco
d'un ordre, il auroit fallu lui donner onze dia-
mêrres comme cela étoit arrivé auxpfemiers Ar-1
chiteâes d'Italie & tel qu'il s'en voit encore uïï
exempleà Rome, dans Saint-Etiennele Rond. Mais-
cette proportion n'a été imitée depuis; par aucun;
Architecte; car, comme le rapporte Scampzav;
il femble qu'on'.ne' puifle naturellement fouffiw
cet excédent dans une colonne, de même qui.
paroîtroit difforme à un homme d'avoir plus-de
mefure de tête- qu'il n'en faut 'pour être bien prc£
portionné. Cet-, Auteur rapporte encore en par-:
lânt de l'ordre Tofcan que le nombre de "fépt>
'
diamètres eft la plus courte proportion qu'on puuTe
donner à un ordre quoiqu'il s'en trouve qui n'en
ont que fix mais qu'il eft aufli effenciél de reje-
ter cette proportion trop courte, que celle de
onze pour les colonnes les plus élevées.
Ce ne fut donc que depuis l'Empire d'Augufte,.
ue l'ordre Comporté Romain que nous conrïoif-
ions, fut employé avec quelque fuccès & fa'
hauteur fixée à dix diamètres, l'exemple du
Corinthien. Les Romains, éclairés par les Grecs,
sapperçurent à lors comme nous venons de le
dire d'après Scamozzy, qu'un ordre dont la hau-
teur furpafferoit dix diamètres, paroîtroit inca-
pable d'annoncer une folidité apparente; &qu e
celui qui dans fa hauteur auroit moins de fept
diamêtres a'oflxiroît qu'une maze lourde &
peu digne d'entrer dans les édifices de quelque
importance.
Il faut donc reconnoître que c'eft aux Archi
tèôës de l'ancienne Rome que -l'on.. doit la décou-
verte du premier terme en Architecture, favoir1e
rapport de. 7 a l,qui fut déterminé pour l'ordre,
Toican; & ce.font les Architeflés de. la nouvelle
Romë, qui ont. fixe. leur ordre Compofite au terme
de 10 à i", dont' les Grecs avôiënr.déjà fait ufage;
dans Corinthien.
l'ordre.
Néanmoins. :on ne rfauroit.jegarder.Tordre Com-
pofite comme; une ^nouvelle découverte, puifqu'il
ne: differe du, Corinthien dès
ornements de. ce dernier. &. de. l'Ionique; .ce qui
nous oblige à croire. qu'il n'y a que quatre ordres,
proprement dits. & cela malgrél'usage..que nous
fàiforis pour
D'après cette obfervation on ne doit donc
compter que quatre ordres au lieu de cinq. Car,
fuivant le fenriment du plus grand nombre des .Ar-
chiteûes, ce.qui constitue l'ordre proprement dit,
etl le rapport de fa hauteur à fon diamètre/ Or,
le Compofite ayant la même proportion
Corinthien que le,
il ne diffère réellement de celui-ci,
que par rapport à fes ornements. Il en eft arrivé:
de même à plufîeurs de nos. Archite&es qui,
ayant imaginé de nouveaux chapiteaux, ont cru,
a l'exemple de Callimaque
que ces nouvelles
compofirions offriroient de nouveaux ordres; ils
n'ont pas réfléchi, que l'Architecture Grecque
avant Callimaque, comme nous venons de le re-
marquer, n'étoit pas arrivée à fon dernier degré
de perfection puifque ces Peuples n'avoient
encore trouvé que les ordres folide.& moyen, &
qu'il leur manquoit l'élégance dont l'ordre Corin-
thien femble être le triomphe. Mais'
avant de
parler de finconféquence de nos Architectes, à
l'égard de fordre' Compofite & de plufieurs
au-
tres productions en ce genre, dhons un mot
des écarts des Romains à ce' fujet, afin de faire
connoître de plus en plus la néçeffité de nous
raprocher des premières belles productions de
rArcliitedèure. •
A l'exemple des Grecs qui après lès chef--
d'oeuvre Doriques j Ioniques & Corinthiens, vou-
lurent furpafler la perfecHon de ces mêmes chefs-:
dvœuvre les Romains ne s'en tinrent pas- la'
découverte de kùrs ordres Tofcan& Compofite:'
Aprés l'imitation -des trois ordres Grecs qu'ils'
employèrent dans leurs bâtiments, ils tentèrent^
d'autres moyens d'enrichir l'ordonnance, de leurs1
façades. En vain les principes de l'art avaient été*
fixés par les grands maîtres, le titre de créateur
parut à quelques-uns de leurs émules, préférable à
celui d'imitateur; enforte que fous prétexte de faire
de nouvelles colonnes ils imaginerent d'en fur-
charger le fut par des Louages, chargés eux-mêmes
d'ornementsCouvent peu convenables ils les racour-
cirent pour convertir Tordre en Attique; ils en tor-
ferent les fûts, compoferent de nouvelles baies,
fvmboliferent leurs chapiteaux croyant fymbo-
lifer leurs ordres ils abu^renr des piédeftaux
& ne craignirent même pas de tronquerleurs enta-
blements licences qui fe font, pour la plupart,
introduites fous le Boromini, Architecte de génie
fans doute, mais auflî incorrect que peu févere.
Si quelques Architectes François ont abufé à leur
tour de ces licences à l'imitation de ceux d'Italie, on
neft pas moins en droit de leur reprocher d'avoir
fouvent négligé d'obferver dansles attributs dont ils
ont furchargé les chapiteaux le fût de leurs
colonnes, & les moulures de leurs entablements,
une certaine analogie qui doit fe trouver entre le
üyle de la Sculpture & le caractère de l'ordre
défauts qu'on remarque dans les ornements
délicats de l'ordre Tofcan des guichets du Lou-
trop
vre du côté de la riviere, dans l'application des
xudentures introduites dans les cannelures Dori-
ques du veftibule du Château de Maifons dans
les boffages alternatifs, appliqués peut-être incon-
sidérément aux colonnes Ioniques des
avant-corps
du Palais des Tuileries, &c. Ces productions efti.-
mables fans doute mais non fans défauts & qui
ayant trouvé des imitateurs peu verfés dans les
principes de l'Art contribuent plus qu'on
s'imagine, à leur faire croire les préceptes incer-
ne
tains & à leur faire imaginer des compofitions
peu réfléchies, parce qu'ils méconnoiitent les vraies
beautés des ordres Grecs, & les vains efforcs des
Romains dans cette partie de l'Architecture. Ceft
ainfi qu'ignorant leur foiblefîe, ils tentent d"lma
giner de nouveaux ordres, tandis que l'imperfec-
tion du compofite auroit dû leur apprendre li-
nutilité d'une nouvelle tentative, fur-tout après le
peu de fuccès des plus grands Artiftes du fiede
dernier, tels que le Brun, Perrault, Errard ( g),
le Clerc & Dolivet. Difons ici un mot de leurs
efforts à cet égard.
Dolivet Peintre qui vivoit fous le regne de
Louis XIV, compofa un nouvel ordre dans un
genre femi-gothique, & tel à peu-près que celui
dans un de fes ouvrages.
que M. l'Abbé Laugier nous a décrit dernièrement
Le Clerc, Graveur célebre, & l'un des m euçs
Deffinareurs du fiecle dernier,no.us a do né,fon
ordre François dans fon petit Traité fur j/Ardùa*
Hure; mais quoique d'un.afîezbon genre, il ne diffère
du Corinthien que parles ornements. du chapi-
teau. Dans ce même Traité il. a voulu auffi,nous
donner un ordre qu'il appelle Espagnol; mais ces
dieux produirions, quoiqu'aflez .eflimables .ainfi
que celles de Perrault (h), de le Brun (i), dîr-
rard & de quelques Afchitedes
de nos jours,
ne perfuaderonr jamais aux vrais Architectes que
le chapiteau fait l'ordre, à moins de
vouloir
dre la pâme pour le tout. Car fi cela pouvoir pren-
être,
il auroit certainement point d'Animé qui
plus mérité de eût
dans cette partie
Peintre -Décorateur Italien, qui, dansque
fon Trairf de la Perfpeclive des
Théâtres, nous a
donné un très-grand nombre de
profils
ments & de chapiteauxfort intéreffants d'entable-
néanmoins ne peuvent être régardés mais qui
des produûions ingénieufes pour les que comme
des Fêtes publiques,
Décorations
de rintérieur de nos
ments, apparte-
Néanmoins nous
recommandons à nos Fleves l'étude de
cet Auteur,

que cet ouvrage doit leur infpirer.


que Chambrai dit dans fon
des ordres antiques & modernes
des chapiteaux fymboliques au fujet
des Anciens, & dont
garde bien de confeiller l'imitation.«
» me fait repemër, dit-il page 108, à la Cela
» où je m'étois promeffe
engagé de donner ici quelques

qu7i4 plus
convenables
» bles dieux de ces temps-là, aux temples defquels
» tous ces chapiteaux étoient finguliérementappro.
» priés par des repréfentations fpécifiquesà cha-
que mjet, j'ai cru qu'il étoit plus à
propos
» d'ôter ces amorces qui ne feroient auffi bien
» que réveiller le mauvais génie des ouvriers à
» les imiter » &c. Que tous nos Architectes &
le plus grand nombre de nos Arriflcs n'ont ils
penfé de même mais revenons aux colonnes
torfes, productions qui annoncent plutôt les déré-
glements du genie, que la féverité que l'Architcâure
îemble exiger.
Quoiqu'il nous paroifie aufïï qu'il faille employer
les colonnes torfes avec beaucoup de difcrétion,
ainfi que les colonnes fyinboliqties & Tordre ap-
pelé Attique néanmoins comme il peut arriver
que dans la diverfité des bâtiments ces produ-
ctions trouvent bien leur place avant de termi.
ner cette origine des ordres, nous dirons un mot
de ces trois objets confidérés en particulier.
Nous n'héfitons pas à croire que les colonnes
torfes dont l'arrangement peu ,régulier paraît
incapable de réûftance, devroient être rejetées de
l'ordonnancede tout édifice mais celles du Maître-
Autel de Saint-Pierre à Rome celles du Val-de-
Grace & des Invalides à Paris ont donné tant de.
célébrité à ce nouveau genre de colonnes, qu'il,
femble néceflaired'en connoître au moins l'origine.
Les colonnes torfes font une imitation desarbres.
entourés d'autres plantes ou arbufles. parafites,
tels que la vigneyfauvage, le chevre-feuilfcf& le
lierre dont les rameaux & les feuillages s'étoient,
incorporés avec les troncs-qui leur. fervoient efep^
pui. Ces arbres & ces. arbuftes, ainfi enlacés :préf|
fentoientunetige torte dont les Architectesd'Italie
donnèrent la forme/aû^ nouveaux fûts. de leurs
colonnes/: les
exemples/de plufieûri^pèritès'fcofoniies-cle cette
en-'marbre
antique; "d'où nous fénohs "tentés dé
chez. lès., Grecs, & mêmcllchez les Egyptieris- les
colonnes' 'torfés ViftibSdif' pas' ïricônnûëff.Il- !éft
également vràifemblablé que ¿'en, d'après ces-dif-
férentes & de
le
colonnes
torfes; il dëvoit'réfléçBïr-quHfiutducnba-'cfans
ïïmitanon dé là nature &. de 'la arconfpëâion
lorfqujnrvèut la
me celles qull fît exécuter àù.J^âd«nvfont
de-
^e-gehre;
lefucces dè'Bérnin ~té
ces grands
"Èdïi
bbfer?ér,Wdles
nefojentiamaisque Cdpiithiënnes
Se
chaîner W

^rëùîé^bS
:i
jirent oelles4à eh' ordres rëguliers ''dès-tins ils
commencèrent à les' regarder", moins comme une
partie .efleriçjelle^à .la cbjjftrudHon', que comme
yn objet dë de'la Grèce
s'attachèrent à leur donner plus 'd'élégance; & de
variété lé,s .matières' les plus précieusesfurent
même préférées a -celles' qui eüffent procuré une
folidité plus durable j.cnnn les .Romains, imita-
teurs des ouvrages des' Grecs, portèrent la magni;
ficéncè au^ point qu'on' éleva: dés colonnes colof
ïales ,quï.'furentcontactées à la gloire des Hommes
Eluftres, &uiis en, iwr'erit à imaginer des fym-
boles dont fut de leurs: co-
lonn.és'.s

d'ordres prétendus, auxquels oh à donné dlveifes


^énonunâûôhs" [fëlohjés'orheménts; "parnculiers
qu'ils pnt reçus

iêrônVdanKnos
Llbrjgme des
définitions.
ordres' Jdtt^ge eft,,foh"aïïciëhne. Moue

avoit
ordonné.Qu'oïl- -élevât 'mîéespèce d'Attique, fur
les .l^a$itatipns cette
loi.,

«nér
neres qui- couvrcient les maifons des Ifra#ires,
ne bleflkflent les payants fi elles venoient à fe
détacher par les injures du temps (l\
Plinefkit mention cies ordres Tofcan, Dorique,
Ionique Corinthien) &neparle point du Compo-
fite non,plus que Vitruve; mais il cite,
commenous
venons de le remarquer un cinquième ordre qu'il
nomme Attique,& dit;qu"e les tiges
en étoient quâr-
rées. Quoi qu'il en foir, cette efpece d'ordre eft
d'une proportion trop râcpurcie
pour pouvoir
entrer en pàrallele^avec ceux que nous connoiûons
il eft à croire il né fut d'abord employé que
qu
comme-un couronnement continu que les Athé-
niens. imaginèrent pour feire'pyramidertes avant-
coros deieurs édifices. Les Romains dans la ¡fuite,
len.rent;fervir d'amortûTemënt â: leurs monuments,
ainfi Rome,
à la plate^de'Nérvà, aux-arcs de triomphe dé Sep-
Ces- Attiqùës/étoiénr revêtus de
grandes tables
oivctes-infcriptions relatives "à l'objet del'édificei
enfin on ajouta des tables ravalées dans leur
rement. r
pa-
Infenfiblement
on perdit de vue l'origine & la
deilination particuliere de
Archneaes modernes ces petits étages. Les
ont voulu les faire entrer
dans 1 ordonnance de leurs édifices, & ont efiayé
de déterminer la hauteun^e l'Attique, & de don-
ner à fes pilafires une proportion qui les diftin-
guât des ordres d'ArchiteEture. Enfin, ils,lui ont
aligné d'après ce qü enfeigne Vitruve, planche
31, page un genre & des ornements dont
nous traiterons ailleurs.
Nous venons de rendre compte de ce qnil nous
dire au fujet de l'origine
a paru indifpenfable dedits,
des ordres proprement ainfi que fur les au-
tres objets de la décoration qui ont pris leur fource
dans ces mêmes ordres nous ayons cru en rap-
prochant les temps, devoir paffer fous filencela
plus grande partie des opinions de plusieurs, des
Architectes anciens '& modernes; car d'un côté;,
nous n'avons prétendu.que faire connoître ce qui
ne peut être raifonnablement ignoré fur cette ma-
tière & nous en tenir de l'autre à ce qu'elle
nous, offre de plus vraisemblable. D'ailleurs, une
plus. longue difcuffion n'auroit peut-être; préfenté
aux. amateurs, que des. conjectures vagues & .in-
certaines, & n'auroit. fans doute fervi qu'à répan-
dre plus de confufiondans l'écrit de nos éleves.
PaÎTons. maintenant au développement dé la pro-
portiori des ordres d'ArchitectureGrecs & Romains.
CHAPITRE IL
ta proportion des
Romains.
JT ou R parvenir à. donner généralement,
aux
membres d' Arçhiteâure qui, embelliffent les façar
des de nos:édifiçes lai régularité & la beauté dont
ilsfont fufceptibles rappelonsrnous. ce^ que nous
venons de- dire touchant L'origine des; ordres que
les laiffés pour. exemple* ainâ que
Grecs nous ont
les effoçtS;queJes-Romabs.ont, faits pour les égaV
Jer dans-cette
& la. de. ces-deux

auffi. les rampons inaffes; de

djûn^ ibârip.
ment l'une par
de-, ik
.doi^yvaypur entre-
fàçadesi &bfi .l'on-
doivent contenir, par rapport' au dedans, it
qu>ièT)élIê7;praQn-
cêtteiiëgl&-
:ï. •*>
Combien effectivement de productions en ce
genre nous, présentent, cette iinperfeflipn, parce
que la plupart de leurs Architectes onrbornè leurs
études à la feule décoration: combien de- licences
condamnables, introduites dans la'diftribution
pour n'avoir penfé qu'après coup aux moyens de
concilier les dehors avec les dedans, c'dL-à-dire,,
la" beauté de l'ordonnance des 'façades;' avec la
commodité & l'agrément de l'intérieur. Le Château
de Maifons le Luxembourg le Palais des Tuile-
ries jtfonc affez connoître quri ne fuffit pas d'élever
de. bellesi-façades que
pointde divifions dans fes parties', j: >'&' que pour
,"il'ifeut
être à-la fois,' bon -Décorateur, -Diflributeuriin.
telligent & ConAruôeùrconibmnîé ;-qrfèn-uft=m(*,
feas
chefe-d^Vre.
on déco-
:avec goûr^

4ne étant -la


«técoratâon-de' nos' OSâoiriehts',
Ture-,
dïdnneur
sns::cis
ordres
regatdé4esGrées!, fcomme'Tes:
dres (»m^ Dorique, Tonique les
'comme ;les Auteurs
& Componte^ies Jerançois., ocjes.autres Nations
tiens pour lia 3écbraûort"'dë, leuisi. édifices, &
reconnu
ont propre £ «x»
pnmèrlàtailiciré ;;l'e I>orique;Ia: fblidité; l'Ioni*
^e Vïé ièenre moyen i'ie'Conhtfiîen 6^1e"lQcitnpl£

cedèrhi^a^'m^Çjprûjpottion'^eleGônntW
on ne
Fppinion de
Vitruve devoir" comprendre
l'ordre €omp ofîte- précêçlents.

lès cinjï' ordres 'Grecs' &

V^ni'dir] àok&rcxouGànicomme
iLpcjic s'employer de deux
bittes. Les ordres font appelés par Vitmvc", ordâus &' gâtera
columitaruttL
9infi quala.
ArçhrreâeV François ont. jégSement;adopté 'en; ce
^couvertes dés Romaine,
genre les
au'point 'qùa
tûême.ordonnahçej.riMyqns,ie'p.lan(quèhôjus.a tracé
yignolë ioiï^eht ayeç^Pattt.
Cbmpgntàfeuis

.nciq:co .:•.•-«
n^ç.:Ç:-e
"a'"Çe«e?'iÇ/aB£/ié'
Sfog
pitLs'pojivaftmcfà la êtiff&i/kipfà
mi
pÙtiimaiF^Mri. (eut

de iës;, membres,&.par
mo4ùl£s -(/i)::
pombre reconnu .pour le premier terme en Ardu.
tçûure. Etfeâivemenràurdéflbus de fepr diamètres,
il femble qu'on ne puifle faire un ordre; régulier
quipuiue: entrer pour quelque' choife'dans l'or-
donnance d'un édifice; de marquerL"ordre Tofcait
dans TArcfaîteâure mïli-f
taire' pour -£• décoration <des
des Atfenauxdes iÇazernes, &c. rdansl'Àxchitec^
'Ports,des
Phares des Corderies^&c.rdans l'Architeaure
civile,pour'? dëc0riaonçdes Grottes, ides Fonr
taines', V

dules
(*-) diftri&ùés àaas-h. frifé, de fon entablement.,
& par fon expreffion moins rufiique que le pré-
cédent. Son caraûere virile, & la fymétrie de;fes
membres, peuvent le faire employer
dans les ouvrages militaires inais plus particuliè-
rement daiW-l'Architeâure civile^ pour/tous. les
genres^ d'édifices -facrés; pu6lïcs ou particuliers4
Cet ordre' doit être confidéré comme la.j>remifi«
découverte des Grecs: a'ufli ces Peuples ingénieur
Semblent-ils û. compofition taure?
Jes' ieïfouçcès de
L'ordre'Ionique
t Art, \l.y -> c .r-i
de hauteur » Te reconnoîjc pariés volutes; de .fa
chapiteau ,~& .par ia proportion plus .légère que
rbrdre^Doriquè.Il
blement dans la
HéplaiTance, & dans 1 intérieur '3es appartements.
On peut aujÉ4Jéleverquelquefois ,-comme~fecond

L'ordre .Corinthien
l'Ionique, ayant ro 'diamètres pu' 20 mpdii!esrde
hauteur il fe
clés par -la ém*

car
dix fois fon diamètre,'
fardeau &

une- élégant'» :<jui.parùt

Ûprdre
coraûon des Palais des Rois, dans les dedans de
Temples & généralement par-tout ou l'élé-
nos
gance & la magnificence: doivent être préférées à
la force &:àJafimplicité';
Enfin l'ordre Comporte, de même proportion
que le Corinthien fe diftingueparles ornements
desordres moyens.& délicats, dontfon chapiteau
eft compofkrQri le met en oeuvredans les arcs
de triomphe, dans la décoration de "j
nos théâtres
dans les fêtes publiques., & partout-où les..or-
nement Symboliques doivent avoir la préférence
fùr. les ornements euenciellement coniâcrésVaux
ordres Grecs.
Division générale pour les cinq,
ordres d'Architecture. *:™
ordre.
tuez ordinairement- (h par,
des,; ide^Jarcolonne (*) -A>
( figure première ) qui afügne à tout le refte-de
l'Ordonnance des mefures confiantes .& détermi.
nées, dupiédeflal B (^),&del'enrabkmentG (y).
Ces trois parties A B C en comprennent .cha,
cune-trois autres.
•le -Le piédeftal comprend le focle.(î) ou baù.a;
..dé h ( a ) &. là corniche <v ( )•
Les parties de l'ordre font fcbafe d (e)le
fur e, (iirf) & le chapiteau. (<•)!> ,'•,
Celles de ^entablement font l'architrave g
(/) la frife h ( g ) & la corniche i.
Ces diverfes parties font compofées de plufieurs
autres auxquelles on donne en général le nom
de Moulurcs ( h ) on entend par ce mot tous
les membres ( i ) d'Architeâure qui constituent
l'art de profiler (le) foit dans l'application des
ordres foit dans rordonnance de la décora-
tion des bâtiments. Les moulures en général em-
pruntent leur fonie de l'expreffion folide ou élé-
gante des ordres & fe réduifent à fept ef
pèces.
Des diffé rentes espèces,
de Moulu res.
PlancheII,. FIGU RE IL
La premiere efpèce comprend les moulures
îjuarrées qui s'emploient de plufieurs manieres
celles qui font marquées AB, font nommées cou-
ronnes elles font les plus grandes & les plus
baillantes dés moulures quarréei des corniches
on les nomme larmiers ( l ou gouttières, lorsqu'on
pratique defious un canal comme a; pour aider
à faire tomber goutte-à-goutte les eaux de deffus
la- faillie de la corniche, fans quoi elles coùleroient
fous le plafond ou foffcte ( m ) du larmier. Quel-
quefois ce plafond 'eft contourné en doucinè, com-
me
On homme la moulure C, gros quarré
.''la
fait-
lie en eft moindre que .celles des précédentes.;
elle fert aux tablettes des balitftrades aux cha-
per.ons des.murs de ;dôt^e,.&ç. r
La moulure. Di appelée plate-bandè,.fért.pour
.?,
les architraves, lés archivoltes ouïes 'chambranles.
Ces 'moulures n'dnt 'ordinairement'de relief quefcé
in faut pour le détacher les unes de defliis
adaptées.
qui!
les autres, ou du nud du mur furlequel elles font
Les petites moulures quarrées font les filets
ou
lifieaux, comme E F celui E, placé entre plusieurs
autres moulures, fe nomme filet, & lorsqu'il les

:
couronne comme Fi on lui donne le nom de
La deuxième efpèce comprend les moulures
demi-rondes celles G font appelées tores (n) &
celles 'H fe nomment baguettes les unes & les
autres font remployées communémentaux bafes
des colonnes & pilaftrès, âinfi que lés filets &
les lifteaux EF.
La troifieme efpèce, font les quarts de ronds
convexes, comme I K qui n'ont que la moitié
d'un' tore on les appelle quarts de ronds,
ou
quarts dé cercles droits lortque, leur faillie eft
par le haut comme I, & quarts dé ronds rien-
vèriés lorfqu'elle eft par le bas comme K. Ces
moulures droites où renversées, s'appellent auffi
jV$' ^°\ à C3X1% 'des ornements qu'on' taille
deffiis, 16rfqnè',cës membres font. appliqués à dès.
amaifes où à'des ordonnances d'Architeâure
iuiceptibles de quelque ficheffe.
La quatrième efpèce renferme les moulures
creufes nommées fcoties ( q ) comme L ou can-
nelures comme M. Les premiers fervent aux bafes;
les Secondes à enrichir les fûts des colonnes & des
pilaires. Voyez la définition du mot cannelure,
table des matières dernier volume.
La cinquième espèce, font les quarts de rond
concaves comme N O ils fe nomment cavets
droits lorfque leur faillie eft par le haut,
comme N & cavets renverfés lorfque leur fail-
lie eft par le bas comme 0. On appelle encore
'cette elpèce de moulure congé, lorfqu'elle unit.un


corps vertical à un corps horifontal comme P;

Q.
'ou 'gorge; lorsqu'elle tient du congé & ducavetj
comme
La fixieme efpèce, comprend les moulures fi-
nueufes nommées doucines, formées de. deux
portions de cercle on nomme douanes droites,
celles dont la faillie eft par le haut, comme il;
'& douanes "renverfées, celles dont la faillie; eft
par le bas, comme S.
La feptieme éfpèce font enfin, les moujures
finueufes nommées talons formées zaÈ'fe
deux portions de cercle, comme les précédentes^
mais profilées en fens contraire on les nomme
talons droits, quand leur faillie eft par le haut,
comme -T7«r râlons renverfés l6rfquélle"«fft^âi:
:le bas. comme V.
Les dégagements c. placés
fe nomment grains d'orge; leur propriété eft d'em-
pêcher parleurs interibces très-peu considérables,
les moulures droites de former en des
apparence
fécantes avec les moulures circulaires principale-
ment lorfqu'elles font placées les unes iur les au-
tres dans une corniche ou dans tout autre mem-
bre d'Architecture.
Toutes ces différentes efpeces de moulures, fe
tracent ordinairement au compas; mais après avoir
acquis cette habitude, il faut s'accoutumer à les
tra-
cer à la main elles acquièrentpar ce, moyen plus de
grâce & de variété; d'ailleurs on parvient par
exercice à leur donner un caractère relatifà l'ex- cet
preffion de chaque efpece-d'ordre oit les mêmes
moulures doivent s'annoncer différemment.
Pour faciliter les moyens d'acquérir
prompte-
ment fart de profiler, fi néceffaire à l'Architedre
nous allons donner la maniere de tracer géomé-
triquement, non-feulement les moulures convexes-

tre,
De
&c..
concaves & finueufes appliquées aux ordres d'Ar-
chiteaure, mais encore les moulures appelée
Tiïl? .i°mP°fees» à fufage de la.menuiïerie,
de lébémfterie, du bois; du .marbre

LA MANIERE DE TRÂCEfi^OMÉ-
triqu'ement les différentes.
du .plâ-

.
Moulures..
P L A N C H E I I I.
•.de.Nous ne parlerons pdnV ici dé ]£ manière
tracer les moulures;_quarrées
.dans la-. première- efpece dont comprifes
parler précédemment jt.ellesine,nous. de
venonschoie
font autre,
..que des ignés parallèles &.leur faillie eft
tome I. n
prêt
que toujours déterminée par des angles droits,
à moins qu'on ne croye devoir les incliner un peu
en arriere à deffein de donner en apparence plus
de foffite & moins de faillie réelle a la maffe des
corniches, des architraves, des impoffes, des ar.
ichivoltes &c. ainfi qu'on le remarque aux lar-
miers & plates-bandes de l'entablement du peut
ordre Corinthien, dans l'intérieur de l'Eglife de
l'Oratoire à Paris. Au relie nous croyons que
malgré cette exemple aflez célèbre on ne doit nfer
de ce moyen qu'avec beaucoup de circonfpec'lion,
les angles aigus que préfentent ces corps inclinés
étant prefque toujours un abus contraire aux pté-
jceptes de la bonne Architecture.
DES Tores.
Les moulures A B C préfentent les différentes
courbures qu'on peut donner aux tores félon
qu'ils font placés à différentes hauteurs dans les
bâtiments à plufieurs étages. Effectivement c'eft
leur fituation dans l'Architeâure qui doit déter-
miner l'Architecte à applatir plus ou moins les
tores dans leur partie fupérieure relativementà
l'élévation de l'édifice & au point de diûance d'où
"ils doivent être apperçus, fi l'on veùt que leur
faillie mafque le moins qu'il eft pofSble les mou-
lures quarrées .qui, ordinairement, les couron-
nent.
Manierede tracer le tore A 'Par un Mmi-cerjk
Le quarré ABCD étant déterminé pàtrla
.hauteur -de la moulure i divifez-le en deux parce!
-.égalespar la ligne EF; partagez cette ligne,.eg
-deux, au point G, duquel, comme, centré,vous: ca*
cerez le demi cercle E H F..
Maniere de tracer.le tore B, par deuxportions
de cercle.
Le quarré ABCD étant donné comme lepré-
cédent, partagez BC en cinq parties égales de
trois de ces parties, prifes pour faillie, tirez
la
verticale E F; portez ces mêmes trois parties de
.E en G & tracez du point G comme
le quart de cercle I E; tirez enfuite le
centre,
rayon ver-
tical H K, en prenant fur la ligne horifontale
I G la ligne II?' égale aux deux cinquièmes de
BC; & du point H, comme
crirez la portion de cercle I K.
centré, vous dé-
Maniere de tracer le
tore C, par trois portions*-
de cercle.
La hauteur BC étant partagée
en fept parties
égales, on en donnera cinq à la faillie
B E, puis
on abauTera la verticale E F
que l'on partagera
auffien fept on divifera en deux la dernieré de
ces fept parties au point F, d'où,
décrira l'arc de cercle EH, auquel comme centre, on
donnera une
cordedetroisparties delà hauteur Bon
kh^F? arc le poüit H; on
la bafe FC trois partie's
p^S^S
C', qui détermi-

au point I; on élevera
kperpendxculalïe IK également

indéfini 1
H enM
ï de trois

portez en{?Ze ce ^ême-ravon de


divifez cette ligne' oblique
point N.; puis élevez la
partie^

en, deux au
J 0, qui rencântrant le
petite perpendiculaire
H F au point0
donnera. la direûion de rayon
1PT la 'ligne OKL
Farc .là?
pour S
.comme centre tracer
complettera la courbe de
ce dernier tore.
DES QUARTS DE Rond.
Maniere de tracer le quart de rond A par un
quart de cercle.
La hauteur A D & la faillie AB étant égales
entr'elles du point A comme centre, & de lin-
tervalle AB ou AD, tracezle quart de cercle BFD:
ce premier quart de rond déterminera les deux
fuivants; mais leurs convexités feront moins con-
fidérables, à deffein d'offrir dans une même mou-
lure trois quarts dé rond d'expreflion folide.,
moyenne -& délicate.
• Manière de tracer le quart de rond B par trou
points donnés.
Le quart de cercle BFD étant tracé comme le
précédent, tirez la corde BD; divifez-la en deux
parties' égales en E élevez fur cette corde la
perpendiculaireE F, partagez-la en fept parties
égales dont la fixieme fe terminera au point G;
tracez enfuite du point H, comme centre, un
cercle qui patfe parles trois points donnés BGJB:
pour cela tirez la corde D G & fur fon: mi
lieu I, élevez la perpendiculaire I H ,tracez;de
même la corde GB, & de fon milieu K-, éle-
vez la perpendiculaire KH; ces deux perpendi-
culaires s'entrecouperont au point H, qui, comme
centre, fervira à décrire rare B GD.
Manière de tracer le quart de rond. Gj^j

Le
.[: par trois foyers. ,]
quart de cercle BFD, la diagonale B3)f^
la perpendiculaire E F étant tracés comme dans
la moulure précédente, il faut feulement placer le
point G à la cinquieme divhion de E F au lieiz
de la fixieme puis trouver comme on vient de
le dire au point O le centre d'un quart de cet-
de, qui paffe par les trois points donnés DGB,
enfuite tirer les perpendiculaires H 0 & 1 O qui
étant élevées pour trouver le centre 0 coupe-
ront là ligne AB au'point K, & la ligne AD
au point L enforte que ces deux points K L
Serviront à décrire 'les nouvelles portions dé
cercle propofées Mi,. *N; de maniere que celle
MA, détruira l'angle aigu. qui fe rencontreroit
vers B & que celle iN'fera éviter la fécante
que l'arc formeroit vers D & procurera à
cette moulure un grain d'orge q, néceffaire pour
la réparer d'avec la baguette P qui
accompa-
gne aflez ordinairement les. quarts de ronds.

Des CAfjET.s.
P IL A N c Il E IX-
Manicre de tracer té A
cavet par wt quart

rinverfe du quart de rond;


Cette moulure
fenâcedëmême. Ee.quarré;ABC D, étant donné,
tracez du centre D lé quart de cercle AEC,
ou cavet demandé. r

cavet B, far trois f oint»


Manière de tracer le
donnés.
Ce quart dé cercle concave étant trace .comme
le précédent, tirez la diagonale AD; élevez fur
fon milieu la perpendiculaire E F divifez-la en
fept parties portez-en une de F en G, faites paf-
fer comme dans le fecond quart de rondes,
un arc
de cercle, par trois points donnés  GD, qui
déterminerontle foyer H duquel comme
centre,
vous décrivez le cavet AGD.
Manière de rracer le cavet C, pâr deux foyers.
Ce troifîeme cavet n'a de faillie que les quatre
cinquièmes de fa hauteur. Pour le décrire, &
tes le parallélogramme reftangle ABCD, & dé-
Suivante.
crivez un quart d'ovale AEC, de la maniere

AD,
Sur la ligne formez un triangleéquilâtéral
A F D,; du point D,comme centre, tracez le petit
arc CG, qui coupera FD au point G enfuite
tirez la ligne indéfinie C G E qui coupera EA
au
point E. Portez AE de A en H fur la ligne AD,
& du foyer H, comme centre, tracez l'arc AE;
tirez énfuite- la ligne EH, qui étant prolongée,
coupera CD prolongéau point I ( r ),. duquel*com- j vl
me centre, vous tracerez Tare E G. 1

*Ces moulures concaves s'appliquent auflLaux


parties fupérieures & inférieures du iut, des, ordres
colonnes où pilaftres alors .ces moulures s'appel-
lent congés: elles différent feulement des cavets
ABC, en ce qu'elles '.n'ont point de fontes- oui pla-
fonds vers leurs extrémités inférieures", étânt&itcs
pour unir la partie verticale du fût, avec les mou-
lures horifontales du chapiteau ou de la baffe de
l'ordre. Voyez dans le caver C, la ligne ponc-
tuée CK,. repréfentant l'à plomb du fut d'une co-
lonne, d'un pilaftre ou de tout autre corps ver-

Des S c o t 1 e s~.
Communément les Scoties fe tracent a la main,
'-•
feul moyen de leur procurer une cavité ou un con-
tour relatif à la diverfité des bafes & à l'exprefliott
de l'ordre, auquel ces bafes fervent de foutien
mais comme il faut un grand ufage du deffin,.pour
les tracer fans le fecours du compas, noüs allons
indiquer la maniere de trouver les foyers par lef-
quels on les décrit, afin de faciliter :1a pratique
par la théorie fécondée du goût de l'arc.
Maniere de tracer -la fcode. A appelée {cône
moderne.
Le qùarré ABCD; étant divifé, enj.quatorze
parties égales,. du. point E,pkcé à la neuyiemedivi-
fion, partant de B, abaifléz la.ligne verticaleEF, des
quatre cinquièmes de EA formezle triangle équi
latéral E F G & du centre F décrivez. l'arc EG
prolongiezenfuite le rayon G.F d!une quatomème
partie d'un des côtés du quarré ABCD, pour
avoir le point H; & de ce point1, comme-centre^
tracez un arc dont la corde. G I foit de deux par-
les;-puis tirez le rayon I H' prolongé de deux par-
ties en K tracez l'arc IL auquel vous doçiûerez
:une corde:de trois parties. Prolongez' ''encoïè'.le
tayoniK'dedeux partiéseaM-i
MN, que vous prolongerez jufqu'à la cinquième
divifion de la ligne Bc:
partagez cette ligne obli-
que en deux également au point 0; élevez laper-
pendiculaire O P qui coupera CB prolongé en P-
tirez la ligne oblique PMQ; enfin du point M,
décrivez l'arc LQ, & du point P l'arc QC
aura la courbure.de cette qui
fcotie.
gardera de tracer la fcotie By appelée [code
antique.
Le quarré ABCD & la faillie AE feront les
.mêmes que dans la figure précédente.
.E, abauTez la ligne yerticale E F de rroisDu point
du centre F, décrivez l'arc E G dont la -parties;
corde
iera de deux parties; tirez .le
rayon GF, puis
prolongez-le de trois parties au point H, du quel,
comme centre vous décrirez l'arc G I
donnant pour corde cinq parties tirez enfuiteen lui
le
rayon 1 H, que vous prolongerez de trois parties
& trois quarts julqu'au point K; d'où,
comme
centre, vous décrirez l'arc 1 L auquel vous don-
•iwarez pour corde, fept parties tirez après cela
-.10-rayon LK, puis l'oblique LC;divifez
cetre der-
"f^18?^™,? au point M; élevei la perperidîcii.
laireMN; elle rencontrera L K N,
quï, comme centre, fervira à décrireaula point
quatrième
portion de cercle L C.
Manière de décrire la fcotie C,
par cinq foyer,.
Divisez les côtés du quarré AB C D
cn, douze
parties égales: du point E abauTez la ligne
per-
pendiculaire EF, delalongueur de deux, parties
& trois çparts du ceotre F décrivez larc
&G, ,en
lui donnant pour corde deux parties tirez l&
rayon G F, prolongez-le de trois quarts de par-
ces de F en H & du centre H décrivez l'arc
G I dont la corde fera auffi de deux parties puis
tirez le rayon 1 H, prolongez-le de deux parties
& demie en K, d'où vous décrirez l'arc IL, en
lui donnant pour corde cinq parties tirez le
rayon L K prolongez-le de trois parties jufqu'à
M de la neuvième divifion B C, tirez MN, que
vous diviferez en deux parties égales au point
0 élevez la perpendiculaire 0 P qui rencon-
trera la ligne C B prolongée en P enfin tirez la
ligne P M Q, qui limitera l'arc L Q; & du point
P, comme centre vous décrirez l'arc Q C.
Des Doucines.
PiancheV.
Maniere de tracer la douane A par deux
quarts de cercle.

La hauteur de la moulureétant déterminée par


le quarré AB.C D divifez chaque côté en deux
parties égales tirez les lignes EF, GH, qui s'en-
trecoupent au point I; puis du point H, décri-
vez le quart. de, cercle B I & de G comme cen-
ire, un autre quart de cercle DL
Manière de tracer la douane B
par deux
triangles ifocéks.
Tracez le qukrré ABCD tirez la diagonale
BD,drvifez% en deux également
au point I,
& tracez deux quarts de cercle comme les précé.
dents enfuite divifez D I & 1 B en deux
aux
points L & G; partagez les flèches K L & GH
en fept parcies & de DOI, & de LPB, au-
tant de points donnés trouvez comme dans les
figures précédentes les foyers Q R, à deffein de
parvenir à tracer cette moulure moins concave
que la précédente.
'Maniere de tracer la doucine C par trois
foyers.
Tracez le quarré A B C D puis le quarré
EF G D quart du précédent: du point E, comme
centre, décrivez le quart de cercle F H D tirez
enfuite la corde FD; & au milieu de là flêche IH
divifée en fept parties, de la cinquième K f ainfi
que par les points FD, faites pafler un arc de
cercle dont le centre fera L divifez enfui»
rare D K en deux au point '-M; tirez là ligne
ML, perpendiculaire à DK,qui coupera AD
au point N, duquel, comme centre & de-'Hn-
tervalle N M on décrira l'arc MO arc qui oc-
cafionnera un grain d'orge, ainfi qu'on l'a cbfervé
dans le quart de rond C, planche troifieme; pour
tracer la partie' fupérieure de cette moulure pro-
longez l'arc M K F indéfiniment vers P, porterie
rayon L F deJB en Q, tirez la ligne QLy&
fur fon milieu, tracez, la perpendiculaire VT,
.qui coupera Beau point T puis tirez
L T qui coupera l'arc F P au point S; & da
centre T, décrivez l'arc B S croù il réfultera que
la partie fupérieure de cette doucine fera plus
^ncave & moms élevée que fa partie inférieure»
DES Talons.
Manière de tracer le talon A par quatre foyers.
La faillie AB étant fuppofée égale à la hauteur
BC, on portera de A en E, & de G en C une
faillie de la huitieme partie de AB ou environ;
enfuite on tracera un parallélogramme reflangle
EFG H, qu'on divifera en deux également par les
lignes IK & M N & fur les deux lignes E I 1 L
& LK, KG, on tracera deux quarts d'ovale par
les foyers ebed, qui détermineront la courbure
de ce talon d'une maniere très-reflentie quoique
méplate.
Manière de tracer le talon B, par deuxfoyers.
Aprèsavoir tracé un parallélogramme ABC D
tirez les diagonales A C B D qui s'entrecouperont
au point E; divifez A E en deux parties égales au
point F; élevez la perpendiculaire FG., qui cou-
pera AB, au point G, duquel,-comme centre
on tracera l'arc A H E tirez enfuite G El, &
du point I comme centre, répétez la même
opération en fens contraire ce qui rendra cette
moulure moins finueufe que la précédente.
Manière de tracer le talon C > dont chaque
courbure pajjè par trois points donnés.
Tracez d'abord cette moulure comme la précé-
dente divifez enfuite fa flêche F H en fepe par-
ties égales; faitès pafler un arc de cercle par la
fixieme divi£on>& par les points donnes; ces
trois. points, prefcriroat le foyer G faites.'la.
même opération en fens contraire; la pâme
inférieure de ce talon, qui donnerapar
le foyer I,
& déterminera la courbure de talon d'une
niere moins reffentls encore ce le talent. ma-
que
DES Moulures Qu'ox nommé
Composées.
Planche VL
Sous le nom de moulures composes
on en-:
tend celles qui tenant des précédentes, en different
cependant, par la manière de les appliquerà l'Ar-
chiteâure, foit dans les dehors, toit dans les de-
dans d'un bâtiment, & félon qu'elles font exécu,
tées en marbre, en pierre, en plâtre, bois,
en ou
en bronze autant de confidérations qui obligent
rArchireae de donner à chacune d'elles
tour plus ou moins coulanr, plus' ferme,unmoinscon-
naïf, plus riche ou moins compofée nuances im-
perceptibles pour le vulgaire, mais connues: dn
véritable Àrtifie, qui feul donner le dernier
degré de perfeâion à cettepeutpartie de l'Architec.
ture. Au refle une telle connoiffance ne peut
s acquérir que par l'examen des chefs-d'œuvre des
Manfards en ce genre, le Sentiment, le rai-
par
ionnemenr & le goût de fart autant de moyens
qui conduifent imenfiblement le jeune Artute i
profiler fes moulures à la main, à les développer
a fon gré & à les varier à l'infini felon le bc-
foin.

La hauteur A B étant divifée.en douze parties;


donnez-en neuf à la faillie de la moulurer du
point* C abaiffez la perpendiculaire indéfinie C E F;
portez trois parties de C en E, d'où, comme
centre vous décrirez le quart de cercle CG:
prenez enfuite le rayon C F de quatre parties
& du centre F, décrivez l'arc CH, dont la corde
fera de trois parties portez enfuite la longueur
de la ligne H deneuf parties de B en K &
tirez IK: divifez cette nouvelle ligne en deux
parties égales au point L, & tracez la perpendi-
culaire L M qui rencontrera B K prolongé au
point M; tirez enfuite la ligne indéfinie MIN;
du point I décrivez l'arc N H & du point M
l'arc NB. Cette moulure eft d'ufage dans les cor-
niches en plâtre, dans la menuiferie dans la mar-
brerie & fa courbure peut fe varier à l'infini
felon le'genre qui préfide dans l'ordonnance de
la décoration ou elle eft employée.
Maniere de tracer par trois fiy ers la doucine B

La faillie AB étant double de la hauteur BC


conftruifez le quarré AEFD; partagez le fom
met AE en douze parties & le côté A D en
deux également au point 1:' du point G, abaiffez
indéfiniment la perpendiculaire G H(, puis du point
I, tirez la ligne parallele I K; prolongez la ligne
G H, & conftruifez le quart d'ovale I G continuez,
le grand arc de l'ovale, tracé du foyer H jufqu'à
ce qu'il coupe la ligne I K au point P puis,
tirez indéfiniment,. la ligne HP; portez le
HP de P en. R, & du point R, comme centre, rayon
décrivez l'arc PC. Cette douanes'emploie afiez
généralement dans les cimaifes intermédiaires .des
corniches, & elle. eu: fufceprible de plus moins
ou
de hauteur & de faillie, felon rapplication qu7on
en fait dans la décoration.
Maniere de tracer par troisfoyers la moulure C,
appelée bec de corbin.
Le reflangle A B C D ayant en largeur le dou-
ble de fa hauteur, divifez D C en quatre parties;
tirez la diagonale du point A au point E, divi-
fez-la en neuf parties prenez-en fept pour faire
les côtés d'un triangle ifocéie A F E du Com-
met F, comme centre décrivez Tare A E puis
abauTez fur la ligne FE, la perpendiculaire E G
qui coupera BC, au point G; portez la lon-
gueur G E de G en H partagez en deux éga-
lement l'angle E G H, par la ligne G I, qui cou-
pera E F au point I duquel comme centre ou.
tracera Tare E H K; donnez pour corde à Tare;1
H K une des neuf parties de A E, tirez le rayon
I K, portez de K en L une partie & demie de
AE, & du centre L, décrivez l'arc K M qui
fera terminé en M par le rayon L M, perpendi-
culaire à A B. Cette moulure s'emploie commu-
nément en plâtre, en bois ou en marbre, dans/
l'intérieur des appartements mais on doit éviter
d'en faire ufage dans les dehors des édifices
cette efpèce de toré corrompu faifant rarement un
bon effet.
Manière dç, tracer par cinq foyers la moulure]),
*W- appelée boudië. •

Cette moulure, a1fez femblableà.la précédente,


ne doit non plus guere être employée que dans
lintérieur dés bâtiments, les
toudinjimplc ou boudin à baguette onlè nommeiou-
din à baguette, lorsqu'ony ajoute la moulure ronde
S; & boudin funple loriqu'on en fupprime cette
moulure. On fait quelquefois de ce boudin ample,
ou a baguette,lamoulure principale des chambran-
les conitruits en pierre ou en marbre; mais il eft
mieux d'y employercelle des architraves des ordres,
chaque membre devant avoir un caraâere difEnûiÇ
d'où dépend feffet de l'ordonnance.Voici la maniere
de tracer géométriquement cette moulure qui peut
varier néanmoins, felon le relief ou le méplat
qu'il convient de lui donner, relativementau genre
de la décoration.
Le Commet du reâangle A B C D étant divifé
en quinze parties du point E, abaiffez la per-
pendiculaire EF de trois parties & demie tirez
ï'horifontale F G, parallèle à A'B; de l'intervalle
F G trois parties, décrivez l'arc indéfini H G I
de
donnez pour corde à l'arc G H une partie &
demie, & tirez le rayon F H fur lequel vous
prendrez un nouveau rayon H K, de deux partiës;
du centre K, décrivez lare H L qui fera terminé
par une perpendiculaire abaiffée du point /M
donnez enfiute pour cordé à l'arc H G.I, quatre
parties, tirez le rayon FI, prolongez-le de deux
parties & demie en N, demaniere que le rayon
NI fe trouve avoir cinq parties & demie; puis
-du centre N, décrivez l'arc 10 dont la corde
fera de trois parties élevez ennuie la perpen-

versP.; enfprte^que la ligne O'P foit de douze


parties,: du centre P, décriyèil'arc Ô Q,qiu ait
&
pour corde /épt parties ;eim^ '.prenez 'le rayon
QR, de neuf: parties
centre, décrivèzl'arcQÀ.
du point Ri comme
s"
l Poujr tracer la baguette lorsqu'on veut fâdap^
ter à cette moulure divifez en neuf parties
les côtés du quarré qui la contiennent, &' obfervez
les grains d'orge qui la réparent, d'une de fez
parties, felon que le préfente cette figuré.
Maniere de tracer par deux triangles ifocélés,
la moulure E appelée doucine renverfée.
Cette moulure, appeléé doucine renverféç;
propre aux bafes des piédèftaux, ou à tout autre
membre d'Architecture, placé au-deffous deTœull
du Spectateur fe trace de cette manière fup-
pofons que fa faillie foit à fa hauteur, comme y.
eft à tirez la diagonale BD, &la partagez en
neuf parties; prenez-en quatre au point E pour
la partie convexe: fur le milieu F, de la ligne
DE, élevez la perpendiculaireF G qui coupera
AD au point G & fur le milieu H dé la ligne
BE, élevez de même la perpendiculaireHL;.qui
coupera BC au point I d'où, comme centre,
vous tracerez rare BE; la Baguette'Kfera
tracée
comme la précédente. •

Manière de tracer -par trois foyers la moùlurtF*



appelée boùemeiic. i".[
Cette moulure eft une doudne. compofée jue
les Menuifiers appellent bàwuncnt. fimple ougà
)bapt^u.\ à baguette lorfqu'on .j-
lurê fronde L; finiple lorfqu on en*iup'prime:çètœ
baguette. Pour tracér la moulure .dont fl ^'aojî,
ABC D'ayant .trois^pàr^ès';dé^-
lèTéâ^igle
geur, & cinq de hauteur,
le triangle équilatéral A E F; & du point F com-
me centre, décrivez. l'arc tracez autïi fur
A E
EC, un triangle équilatéral ECG, & du point
G, comme centre décrivezl'arc E C puis divifez
le' côté GC en deux parties égales au point
H, duquel, comme centre, on décrira Tare indé-
fini CI enfin tirez KI, parallele à DC, & à
la distance de la moitié d'une des cinq parties de
BC cette parallele fixera le point I, qui termiaera
la circonvolution de cette moulure; la baguette L,
comme les précédentes.

DE LA MANIERE DF TRACER LES JETS


d'Eau PROPRES AUX différentes
CIMAISES DES cornicxes.
.Planche VII.
Nous avons déja dit, en parlant de la planche II,
qu'on pratiquoit un canal ou' une mouchette pen-
dante fous le fofte des larmiers fupérieurs des
corniches, principalement lorfque ces dernières
étoient placées aux façâdes des édifices, & cela,
avons ,nous dit, pour empêcher les eaux plu-
viales qui tombent fur leur faillie de fe ré-
pandre fur ces cimaifes intermédiaires, & fur
les parties inférieures de l'entablement notre
attentionici s'étend plus loin, nous propofonsd'ar-
rêter l'écoulement des eaux qui tombent fur la
faillie des corniches, ou .par
un canal renfoncé
comme les figures AB9 ou par un fofite incliné^
pratiqué immédiatement fous le Meau, qui cou*-
ronne la cimaife, comme dans la figure C, foit
que la principale. moulure de cette cimaife'. foit
un quart de rond ou, une dôucine ou enfin, un
JBC; en-
comme dans ces trois figuresnon-feulement
talon
forte que par ces divers moyens,
les membres inférieurs, mais encore le larmier fu-
périeur feroit entièrement préfervé de l'écoule-
défi' qu'on ne
ment des eaux du CieL Celarmierpas
pût pratiquer à la face du une pente en
arrière ou bien fur la faillie de la corniche un
canal qui rejetteroit les eaux par le moyen des
mufles de lion qu'on prend foin d'orner de ca
dans les
nons de métal, tels qu'on en remarque
-exemples antiques, & qu'il s'en voit dans la cour
du vieux Louvre & ailleurs; mais ce que nous
propofons, d'après quelques exemples récents,
difpendieux &
nous paroît plus fimple moins les moucheras
procure le même avantage inconvénients.
que
Dail-
pendantes, fans en avoir les
leurs il eti bon d'obferver que les cimaifes fupé-
rieures fe font prefque toujours en pierre dure,
& qu'il eft utile pour la confervatLondu larmier,
ordinairement de pierre tendre à caufe d'une
moindre pefanteur, de placer ce canal où nous
le propofons plutôt que fous la partie inférieure
du larmer parce que le féjour de l'eau qui sy
conferve, détruit néceffairement les fels de, la
la vive- j
pierre, & en dégrade en peu de temps, années,
arrête; de manierequ'au bout de quelques défagréable
ce larmier n'offre plus qu'une rupture
à l'œuil, ainfi qu'on le peut remarquer prefque

(s). -3
négligé de prendre les pré-;
par-tout. où l'on a recommandons. Acquérons
cautions que nous
,maintenant la maniere de tracer géométriquement;
trois, espèces de moulures avec leurs mou-
.ces'.
:chettes
Maniere de tracer le Jet d'Eau appliqué
au quart
de rond A.

La ligne AB, commet du quarré ABCD


repréfentant la faillie de la moulure,
fix'ieme partie de cette faillie de B
portez la,
en E & formez
le reûangle D F EC dans lequel vous tracerez
le quart d'ovale E G D comme dans les figures
précédentes;- puis du centre B tracez le
de cercle EH, qui formera le canal de quart
moulure. On pourra donner plus de largeur cette
canal B, & plus de faillie à la mouchette au
felon le caraûere
HI,
que.. comportera l'ordonnance,
& 1 élévation où
ce membre fe trouvera placé
dans la façade de l'édifice.'

Maniere de tracer le Jet d'Eau appliqué à la


doucine B

-Supposons que cette doucine ait


un quart de
faillie plus que la hauteur tirez la diagonale BD
partagez-la en cinq parties les trois premières
feront la corde de l'arc:; BE; fur le milieu
F,élevez
la perpendiculaire F G, qui déterminera fur la
verticale BC, le centre G faites la même
ration fur D E pour avoir le
opé-
la moulure B E D. Pour avoir centre H & tracez
la mouchette
prenez BI, quart de AB; élevez la perpendicu-
laire I K, d'un feptieme de B C prolongez-la
en contre-bas jufqu'à ce qu'elle coupe l'arc BE,
en L; divifez L B en deux parties au point M;
& tracez du point I la portion de cercle KM.
Ce jet d'eau ou canal, comme le précédent, peut,
varier dans fa profondeur, comme fa mouchette
pendante dans la largeur.

Maniere de tracer le Jet d'Eau appliqué au


talon C.

Le talon étant tracé felon la méthode précé-


dente, divifez en trois AB, plafond ou fofite
du lifteau qui le couronne du point A au point
C, rirez une ligne qui fera perpendiculaire,
à une de ces trois parties puis tirez la ligne
& égale D C parallele à A B portez une partie
& demie de A B en E tirez l'oblique DE; & de
E, comme centre, décrivez le petit arc D A;
enfuite tracez le fofite incliné DB.

Manière j? e t r a ce s. l'eu
j3if féren tes courbures
FRISES Bombées.
DES
Les frifes verticales nous paroifi"ent préférables
à celles'qu'on nomme bombées; cependant comne
la plupart d'entre nos modernes tels que Palladio,
Philibert Delorme Fuançois Manfard,"&c.' ont
bombé leurs frifes nous donnons ici différentes
manieres d'en tracer la courbure àTèxemplè.1de
la trife de l'ordre Ioniqùe des Tuileries des
Feuillans, de Trianon, &c. ••
'Manière de tracer la courbure de la ¡rift A.

Divifez la hauteur A B -en quatre parties éga-


les enfuite fur CD, comme bafe tracez un
triangle" équilatéral du fommet duquel E, &
& de l'intervalle EA ou EB vous décrirez la
courbure A B.

Manière de tracer la courbure B.

Cette féconde ftifè moins convexe que la


précédente, fe tracera par un triangle' équilatéral,
dont la hauteur AB lui fervira de bafé, pour du
fommet C comme centré décrire' la. courbure
AB.
Manière de tracer la courbure de lafrife C.
tracer cette troifieme courbure,, plus
Pour
compofée que celle des frifes AB ^divifez Ja hau-
teur AB- en) douze parties.Du, pointGj tirez une
horifontalè-dé "la
.quarts^ qui-fet terminera au point D- tracez :en-
fuite'fe petit quarré AiH k de là grandeur dé IWe
dèS'douzeipàrtiesrdeïAlB j tirezienraiteD-F, comme
:bafe .d'un; triangle'.
.fera: le centre-; de llarc^ FD
puis tirez^la Kgn6
oblique:BI),£ites-enJ[a.ïbafe..d'uri
triangle;éqwlàtér
ral DBE, du commet duquel E comme centre,
vous- décrirez l'arc D'B.v .vu:
DES Moulures Concaves nommées
CANNELURES.
Planche V II L
En parlant, de la quatrième efpece de timninrw,
décrites planche II, figure II nous y. avons
compris les cannelures. Entrons à préfent dans le
détailde leurs différentes conflruâions, & difbns
la maniere de les appliquer convenablement aux
différents ordresd'Architeâure d'après les exem.
ples de celles qu'on remarqueaux ordres Dorique,
Ionique & Corinthien de plufieurs de nos édifices
renommés,
Des Cannelures de l'ordre Dorique de Soint-
Sulpice.
Figure L
La colonne ayant 2o cannelures tracez rare
G AB, de degrés; divifez-le en deux égale-
ment au point A, puis AB encore en deux par-
lies égales au point C, qui ferale milieu du Meau;
partagez larc AC, en dix-neuf parties égales;
portez-en une de C en D, & une autre de C en E,
pour avoir la largeur du liûeau qui ne fera ici
que la dix-huitieme-partiede la cannelure; 'tirez
la corde D F, & prenez-en-la cinquième-pâme,
qui déterminera la profondeur de la cannelure^'
Des Cannelures de l'ordre
du Château de Dorique
Maifons. des dehors

Fi g-v-b'z IL
Cette colonne ayant 2o cannelures, comme la
précédente, divifez l'arc AB, qui fera de 18
degrés en deux parties égales au point C &
partagez l'arc CB en huit parties égales; don-
nez-en cinq à la moitié de la cannelure B D dont
la cavité fera déterminée par un demi-cercle pour
tracer la baguette ou le rofeau qui remplit le bas
de la cannelure, portez les deux tiers de BD,
de B en F partagez le même arc B D en dix
parcies portez-en neuf de F en G & du centre G,

tracez F H, qui donnera de profondeur à rinter-


flice DH qui fe trouve entre la cannelnre & le
rofeau à peu près la moitié de CD.

Des Cannelures de tordre Dorique du VefBbuU


du Château de Maifons.
FIGURE 1-IL
L'arc A B 'étant de la vingtième partie de la
circonférence divifez-le en deux au point C
partagez CB & C A chacun en dix parcies
portez-en trois: -de C en D & de C en E.; divifez
le lifteau E D ren trois parties. donnez-en une
au créneau, ou renfoncement "X faites la ligne
EF, égale à fune de ces trois parties, & du
centre de la colonne, tracez une nouvelle circon-
férence; qui panant par le point F détermi-
nera. la-faillie du liûeau fur le nud de la colonne

'de
faites enfuitê T G égale à la moitié de E D
&, du centre de. la colonne, tracez encore une
nouvelle circonférençe H I G d'oû commencera
le renfoncement d'une cannelure en niche. Pour
tracer là cannelure KLQ, partagez H en fix
parties; &' du centre I, tracez l'arc KLQ, égal
--
Pour avoir la faillie de la baguette, ou rofeau
A, divifez I L en trois parties & du point 0,
tracez Tare M P N puis faites le renfoncement
de f"mterffice K M égal à KH.
Des Cannelures de l'ordre Ionique des dehors
du Château de Maifons.
F I G U R E IV.
L'arc AB étant de dix-huit degrés, partagez-
le en deux au point C; divifez AC en fept
parries égales & faites AD & AE égales à deux
de ces parties: donnez au creneau X la cinquiè-
me partie de ED; faites EF égal à cette cin-
quieme partie & tracez une circonférence pour
borner la faillie des liûeaux, & celle des joncs ou
baguettes qui rempliront le bas des cannelures;
faites encore D G égal E F & du centre C
tracez la cannelure conûdércz la ligne ,H 1
comme le petit diamètre d'un ovale partagez-
la en deux parties égales &. donnez-en trois au
grand diamètre KL; tracez l'ovale., & .bornez-en le
contour par un grain d'orge placé verslemilieu
du grand diamètreKL.
Des Cannelures de l'ordre
Tuileries, du côté du Jardin.
F I G U R E V.
il y a feize cannelures à cette, colonne; les
arcs A B & BC, repréfentent chacun une feizie-
me parcie de fa circonférence Se ont'pai^onié-
quent chacun vingt-deuxdegrés &4emi; partagez'
les en deux pâmes égales aux points oc L, pour
avoir le milieu des Hftpanv dimfez Tare A B en
neufparties,& portez-en une de D en G, puis une
autre de E en H; des points G & H, tirez désignes
indéfinies tendantes au centre de la colonne divi-
fezl'arc G H en cinq parties dont une partira du
point H, & fe terminera au point K, & une autre
à
commencera du point G pour aboutir L par
tagez la niche K L en quatre parties dont une
fera portée fur les rayons KM, LN, par les
points M & N; du centre M, décrivez une cir-
conférence, puis tracez le quart de rond KP:
divifez MK en deux au point O faites O S
égal à 0 K, & du centre V tracez la cannelure
SXT; portez de Bà Y, cinq quarts de KM,
& du centre Y faites paffer par le point B,
un arc de cercle qui déterminera la forme de
la baguette ou du rofeau; enfin on arrêtera la
baguette par un grain d'orge, & l'un & l'autre
rempliront le bas de la cannelure jüfqu'au tiers 'du
lui inférieur de la colonne.
Des Cannelures de l'ordre Corinthiendes dehors

Figure VL
La colonne eu ornée de, dix-huit cannelures;
ainû rare A.B, qui eft la diftancè du milieu de
la cannelure au, milieu de la, côte, fera de. dix
degrés partagez-le en dix parties égales du
point B vous en porterez une au point C & une
autre à D puis du centre .dela colonnes tracez
lare C £ divifez-le en neuf parties; prenez-en
cinq pour tracer du centre E la cannelure F X;
faites F G d'une partie par les points G & D;
faites paiter un arc de cercle, pour former les
quarts de rond qui, en accompagnant les can-
nelures, feront féparés par un créneau 'quarté
de la grandeur BD.
DES Ornements qui PEUYENT
S'APPLIQUER SUR LES MOULURES.
Planche IX.
Les ornements dont il s'agir, tirent leur origine
des feuilles, des fleurs & des fruits que produit
la nature. L'art de les appliquer convenablement,
eft un des premiers mérites de l'Architeôe; &
celui de les imiter une partie effencielle à la capa-
cité du Sculpteur. Pour remplir ces deux objets,
il faut un goût ,exquis, & une habitude à bien
voir ce que les Anciens ont produit d'excellent
en ce genre. Il faut obferver un contrafte 'heu-
reux dans les détails, fans nuire en rien à la fymé-
trie générale des formes il faut leur donner un
motif afforti au caractère de l'ordonnance enfin
il faut les difpofer de maniere que dans une cor-
niche, une architrave, une bafe une impolie
un chambranle il n'y ait point de moulures qui
en foient accablées:, & d'autres qui en foient
entièrement dépourvues. Pour cet effet il ne les
faut placer que fur les moulures des cimaifes,- &
rarement fur' les larmiers qui -les féparent, m
fur les plates- bandes & les liteaux dont nous
avons déja recommandé la fimplicité. • H -faut
tnême que ces ornements lorfqu'on les applique
fur les moulures des cimaifes foient affdrtisau
galbe & au contour de chaque membre-, confidéré
féparément, afin que l'on puiiTe juger de la forme
de ces moulures avec la même facilité, que fi elles
.eu1fent été liffes pour cela on doit varier le
genre des ornements fur les moulures de diffé-
rentes efpeces, foit en préférant les feuilles d'eau
à celles d'acanthe; celles de perfil à celles de lau-
rier celles-ci à celles d'olivier, &c. Se en faifant
enforte que chacun de ces feuillages, les fleurs,
les fruits, en un mot toutes ces différentes Scul-
ptures, foient traitées d'une touche plus ferme,
ou plus légere, felon qu'elles feront partie d'une
ordonnance virile ou délicate, & qu'elles devront
être exécutées en pierre, en plâtre ou en marbre,
en fluc, en bois ou en bronze. Il faut encore avoir
l'attention, non-feulement de placer toujours les
axes de ces ornements, les uns au-deffus des
autres, mais encore de les faire correfpondre à
ceux des colonnes ou pilaftres & au milieu des
des entrecolonnements & des principales ouver-
tures en un mot, la difpofition & le choix de
ces ornements, doivent concourir également à
procurer un caraâere relatif à l'expreffion de
l'ordre qui préfide foit dans l'ordonnance exté-
rieure de l'édifice, foit dans l'intérieur des appar-
tements.
Des ornements à l'ufage des moulures droites.

Les figures A, B,C,D,E, F, offrent autant d'or-


nements propres à l'enrichiflement des moulures
quarrées ou applaties telles que les plinthes,
les gorgerins, les fofites, les tables les caffet-
tes, &c.
La figure A repréfente des guillochis, efpeces
d'ornements antiques compôfés de liûeaux &'fé-
parés par des champs de même largeur, qui mar-
chenr continuementà des diftances parallèles;
guillochis dont les angles doivent toujours être ces
droits, font deftinéspour les fofites des architra-
vers, pour les plates-bandes des larmiers, les cham.
branles, &c. Voyez plufieurs de ces guillochis
d'un deffin antique & de fort bon goût
rap.
portés par Chambrai, dans fon parallele des ordres
antiques & modernes.
La figure B, repréfente des ornements, appelés
rofaccs qu"on emploie dans les caffettes dïfiribuées
dansles fontes des larmiers, des entablements Dori-
ques, Ioniques, Corinthiens & Comportes dansles
arcs doubleaux des voûtes de nos Eglifes, de nos
portes triomphales, & généralement par-tout où
richeffe doit avoir le pas fur la fimplicité. Ces
ornements antiques ne doivent jamais fe rencon-
trer dans une même ordonnance avec les orne-
ments modernes ils vont bien avec les guillo-
chis, avec les canaux les feftons les patenô-
tres, les oves & non avec les poites, les guir-
landes, les palmettes. Tout importe dans le choix,
dans l'affortiment des ornements ils dépendent
du flyle de l'Architecture mais ce flyle fbutenii
eft peut-être une des parties les plus négligées
«le nos compofitions françoifes.
'La figure C nous fait voir les ornements appelés
rudentures, qu'on place affez communément dans
les cannelures- du fût des colonnes Ioniques, Co-
rinthiennes & Compofites, quelquefois même dans
l'ordre Dorique; placé dans l'intérieur d'un bâti-
ment, comme on le remarque dans' celles dh veffi-
bule du Château de Maifons, dont nousavons donné
les développements, planche VIII, en donnant
auff celle des ordres extérieurs du même Château,
& ceux de l'ordre Ionique du Palais des- Tuile-
ries, &c. Ces ornements, qui doivent toujours
être aflbrds à la dignité à la richeffe
ou à la
fimplicité de l'ordre & de .la décoration des bâ-
timents, confillent dans la repréfentation de joncs
ou de rofeaux de forme convexe, placés dans le
tiers inférieur du fu: des colonnes; & c'eft de l'ex-
tcêmité fupérieure de ces rofeaux qu'on fait fortir
des feuilles, des
graines, des culots & autres
or-
nements traités avec plus ou moins de légéreté,
felon l'application de ces rudentures aux diffé-
rents ordres d'Architecture.
La figure D, repréfente des poiles, ornements
d'un genre moderne, & compofés de larges filets
lifteaux, de feuilles d'eau, de feuilles de refendou
&
de culors à l'ufage des plates-bandes, des plinthes
& des attiques de
couronnements, des amortiffe-
ments, &c. fur-tout lorfque fur ces derniers on
n'introduit point les baluûres ni les baluflrades.
On voit dans la figure E, des canaux,
ornements
antiques, concaves, féparés les uns des autres par
deslifleaux, desfilets, & remplisde joncs de
grai-
nes, de dards & de feuilles d'eau, àfufage des gor-
gerins, des frifes, des larmiers
ou de tout
membre.vertical. Ces ornements doivent êtreautre plus
fufceptibles d'enrichifiement,àraifonderexpreffioa
qui préfide dans la décoration; mais dans
tous les
cas il faut en ufer avec modération, les moulures
droites, deftinées : faire oppoiition avec les
cir-
mjures, devant être prefque toujours liffes, mal-
gré l'exemple antique de l'ordre Corinthien,
des thermes de Dioclétien à Rome
tiré
rapporté par
Chambrai dans fon parallèle d'ArchiteQure,
chap.
29, page 68.
La figure F repréfente des
reliefs, ornements en bas-
compofés de trophées, d'armes, ou de
tous autres attributs terreftres ou maritimes, a
l'ufige des tables rentrantes, & quelquefois des
tables faillantes appliquées aux piédeftaux des
ordres & des baluftrades. Ces mêmes ornements
s'emploient auiîi quelquefois fur les fiifes des
ordres Ionique & Corinthien fiu les métopes
de l'ordre Dorique & généralement dans les or-
donnances d'Architecture, où trop de fimpliciré
fe contrediroit avec le motif qui auroit fait ériger
l'édifice.
Des ornementsà l'ufage des moulures circulairu.
Les figures G,H,I,L,M,N,O, repréfententautant
d'ornements propres aux moulures circulaires, tels
que les faifceaux dont on enrichit les tores; les
patenôtres dont on orne les baguettes les oves
dont on enrichit les quarts de rond droits les
godrons dont on orne les quarts de rond ren-
verfés, ou les becs de corbin les miroirs qu'on
applique fur les cavets; les feuilles de refend qu'on
taille fur les doucines; enfin les rais de cœur qu'on
place fur les talons.
La figure G, préfente une forte d'ornement
compofé de faisceaux de plufieurs baguettes,liées
& unies enfemble par des feuilles de refend ou
des bandelettes, à fufage des tores Corinthiensou
Compofites; cette richeffe ne pouvant guere s'ap-
pliquer aux bafes des autres ordres. Quelquefois
au.lieu de ces faifceaux on applique fur les tores
des feuilles de refend, féparées par des canaux &'
entremêlées-dé miroir; mais ces fortes d'orne-
ments fémblent y réuffir beaucoup moins encore
faut-il que l'Amfie obferve de donner aux pre-
miers, différentes expreffions, en diftribuantplus
ou moins de baguettes autour du tore, & en
rendant les feuilles de refend ou les bandelettes,
plus ou moins rares, felon la grandeur du mo-
dule de l'ordre. Nous croyons donc qu'on doit
s'en tenir à ces fortes d'ornements pour les tores;
& penfons ici à l'égard de la Sculpture comme pour
ce qui regarde les moulures, que pour être approu-
vée des Connoiffeurs, elle demande d'être mife à
fa place, & felfln l'application judicieufe qu'en ont
faite les plus grands Maîtres, & non les exemples
que nous ont laiffés quelques Auteurs modernes,
qui fouventfontemployée dans leurs compositions,
plutôt par habitude ou par imitation que par
raifonnement. Au refle, voyez Bïbianc homme
de génie, qui, dans fa décoration des théâtres,
nous a donné une infinité de deffins de profils
& d'ornements de genres différents d'un goût
admirable, 'mais plus propres à la Peinture qu'à
l'Architecture proprement dite.
Dans la figure H, on remarque deux efpèces
dornements à l'ufage des baguettes, l'une nom-
mée patenôtre espèce de grains de perles de for-
mes variées, & placés alternativement les uns
près des autres; l'autrenommée auffi faifceau mais
compofée de feuilles de chêne, de laurier ou'd'o-
livier, entortillées de rubans. Ce dernier genre
d'ornement pourroit autfi être appliqué
au tore
G les deux moulures dont il s'agit étant éga-
lement demi-rondes, c'eft-à-dire, compofées cha-
cune d'un demi-cercle.
La figure I, nous retrace des ornements de
'forme elliprique appelés oves, qui peuvent re-
cevoir divers enrichiffements, felon qu'ils font
appliqués aux différentes corniches en ufage dans
la décoration des façades, & dans l'ultérieur des
bâtiments. Ces fortes d'ornements qui ont la for-
me d'un oeuf font ordinairement enfermés dans
une coque imitée de celle d'une chataigne; quel-
quefois on leur donne la forme d'un coeur &
alors on les fépare par des dards pour, Ûmbolifer
l'amour. Ces oves font ordinairement réfervés
pour orner les quarts de cercle convexes qu'on
nomme aufîi oves ou échine du mot grec échinos,
la coque d'une châtaigne.
La figure L, fait voir des ornements, appelés
godrons, unitant la forme d'une amande qu'on
emploie affez ordinairement fur les quarts de
ronds renverfés. Ces godrons font quelquefois
féparés par des canaux renfoncés qui font oppo-
sition avec la faillie des godrons; & ces canaux
font ornés de fleurons de bouquets de laurier,
.de graines &c. felon la richeffe que fon croit
devoir procurer aux ornements de ces moulures;
mais il faut favoir que ces détails appartieiment
plus au bronze qu'au marbre & à la pierre.
La figure M, préfente des ornements, appelés
miroirs, à Tufage des quarts de rond concaves,
nommés cavets. Us peuvent être de forme fphéri-
que ou elliptique, entourés & féparés par des en-
trelas des lifteaux & être ornés de feuilles de
refend, ou de feuilles d'eau, félon les diverfes
expreffions des moulures qui reçoivent ces espè-
ces d'ornements.
La figure N, offre des ornements compofés de
feuilles de refend à louage des doucines droites
& renverfées. Ces feuilles peuvent être d'olivier,
de laurier, de perfil ou d'acanthe felon que
les chapiteaux des ordres feront compofés de ces
divers genres de feuilles; car un point effenciel
à obferver c'efl de tenir tous les ornements ré-
pandus
pandus dans unè'inême :décoration', dfnn flyle
égal & d'une nexpf effion Semblable- l'ordre d'Ar-
chiteaure' tenu Simple riche ou-moyen-,doit
décider' le caraûere 'des ornements -;> ce caraâere
une fois choifi, on ne doit' plus: fe permettre de

oeuvres..
,.La
' '• '•'•
changement voilà pourquoi il eft à propos que
rArchiteâe'préfidë 'à toutes les espèces de pro-
du&ions qui concourent a aflurer le fuccès de fes

figure O, nous offre des ornements^l'tifage


des talons droits & renyerfés-,
ou campanes. Ces ornements, font fufcepribles,
ainfi que les précédents de- plus ou moins: d'enri-
chùTement, félon l'ordonnance à laquelle ils ap-
partiennent mais en général', pour. produire un
bel effet', il feur qu'ils foient tous difpofés réguliè-
rement & distribués de manière à former-.entr'eux
«ne'parfeite fymétrie: Pour cela, il convient de
recourir à. des divifions exaâes-, & de feire ufege
dès-lignes parallèles, exprimées: dans- ces. difte-
rentes figures par des lignes
tous- ces «arrondiffements1. ne ptéfenteroienr-plus.
qu'un Jefordre révoltant qui bien, lôux-d'em-
iellirles membres d'Ardbitecrure quilesàreçonœnt
ne les-rendroient fupportablès.nidans;les<.<Iehors
Nous avons -cité^ Bibiane. & Sébaffien lejélercr,
tous les: moyens;, ie plus.' fur; de parvenir rà Ja
connoiflance des ornements. dont :nous"venbhs' de
parler., c'eft" d'aller: examiner ceux exécùtésadans
;nos bâtiments' c'eft d'aller deflîner tous les cheFs-
-d'œuvre répandus au Louvre aux Tuileries à
•Verfailles & dont la plupart font exécutés Jur
-les de£-= -de Le Brun, de Le Pautre, desGirkr-
«tons, deS Coil'evox & des autres grands hora-
mes qui fe l'ont fignalés dans toutes les parties

& nos belles Maifons Royales.

Après avoir parlé en général des moulures &


des ornements dont on les enrichit quelquefois^
rappelons à nos Elevés d'après Scammozzi, que
la véritable proportion des ordres fut trouvée iiir
les différentes proportions du corps humain. Ceû
pourquoi cet Auteur a cru devoir donner à l'ordres
Dorique, le nom d'ordre Héroïque i à l'Ionique.*
celui d'ordre Fénzinin; & au Corinthien, le. nom
d'ordre Virginal. Si ces dénominations ne :font:pas
approuvées du plus grand hombrenous les
rapportons ici néanmoins, parce qu'elles- nous
paroûTent peindre à l'efprit des idées nettes,i&-
conformes à la nature &. aux beautés de TÂxt.
D'après, ces dénominations qui n'ont tien -que
de..fatis&ifant; nous avons cru que pour hâter
les cormoi£ànces de lamateur & des jeunes.Ar-
tifbs, nous pouvions. auffi comparer avec San-
grado, Auteur efpagnol,.& avec. L& JBlond^
Œort^Architeâedu Czar Pierre, la relation aflat.
iatime que peuvent -avoir les dimen£onsrdeila<
têteiumaine, vue de profil avec la projeûion
dlune corniche Tofcane compofée ordinaire-
ment de trois parties principales, ifavoiri de deux"
cimaifes. &. d'un larmier. En effet y^entrèvpk*
on pas quelque reffemblance danscettevcornici^<
aveirle front
robufeîi.ne. pourroit-on^pas?r
noiïlâhce de. ce qui plaît ou
corniche.. >'v*
Ellé déplaît a coup îûr aux yeux des connoif-
feurs, lorsqu'ils la trouvent trop camufe ou trop
baillante, trop élevée ou trop écrafée; elle plaît
au contraire à tous les fpe&ateurs; lorsqu'ils re-
marquent, dans la proportion de fes- membres
& dans la funilitude de fes parties
une juftefle
qui offre à leurs yeux quelque choie d'întéreflant j
& ils font contents quoiqu'ils ne punTeht pas
toujours démêler la vraie fource de leur fatisfàc-
non: de même le fpeftateur fe porte à l'admira-
tion lorsqu'il examine une belle tête dans laquelle
il remarque des parties heureufementcombinées;,
mais il n'auroit que du dégoût s'il' en: vbybit
ime autre qui auroit le front trop bas^ le nez de
beaucoup trop faillant, & la bouche extravagam-
ment'renfoncée;
II- eft vrai qull né feutpoufler cette âppîîcâidbâ
trop' loin:; & qu'une tête peut n'être point abfo&r
j
ment difforme quoiqu'elle né préfente pas toute
la Sévérité des:rapports; que
Tericontrer des occasions
où, fans nuire- éffencièlleménf au' cafaâère de
l'ordre on peut modifier; fouftraire'ôù augmenter
quelques membres dans-une cornicHë^ fendre'la
6illie:'pltis ou moins -çornîderab'le î ^^felbh ïèfpecèî
) le genre
cette liberté permife en certaines occàfibris peur
fervirà exprimer les- divers caràcterës des diffé-*
rentes .producHoris de TArchitecbire yen retraçant
auxyeux^du fpéâatëur j
perits-^iétàiK îlemodf-.qàiJa: donné* ^urâ^r&é^
qaé ;dans iîn! ràb^ea'u
îë.JPein'triê!:>8É 1«^
Sculpteur,-dansks ;-airs die i îêté de lëurs'fiëurés'i
indiquent, par 1 expreflionde chacune d'elles ,1'ima.
ge des panions qui caraâérifent les perfonnages
repréfentés fur la toile ou par le marbre. Auifi
dans l'Architeâure les corniches fîmples ôn
com-
pofées, .peuvent contribuer à exprimer, dans la
décoration, la détermination de l'ordre, fa pré-
fence ou fon abfence comme dans la Sculpture
ou la Peinture, les caractères de tête peuvent
.exprirr.er fans peine les différents traits qu'on
dû donner aux foldats d'une maniere diftinctive,a
lorsqu'on vient à comparer ces têtes
avec celles
des Héros ou des Divinités qui compofent l'or-
"ou dé celui du Sculpteur.
donnance entiere, ou du chef d'oeuvre du Peintre
Pour nous convaincre de la néceffité de cette
variété fouvent indifpenfable en Architecture,
nous- avons auffi tracé fur les profils exacîs des
'côrniches des ordres Tofcans de Palladio de
Scammpzzi & de Vignole un profil de tête humai-
ne /d'après lequel nous allons examiner, fans
partialité la différente expreflion qu'a pu.produire
le caractère de chacun de ces profils humains,
.engendrés ,pour ainfi dire du caraûere. & de
rexpreflîpn,des profils d'Archileaure, donnéVàla
corniche", de* TerttaJjlement de l'ordre Tofcan j par
tes."rrois,'Commeritatèurs-de Vitruve. .i.J:
; ^1*1 A N. C H.£ .X
.Le profil d'Architecture, tracé fur cette planché^
eft celui d&: rèntablemënt.Xofcan.dePalladio, ^ut
ce profil nous avons vdeflSnë celui .d'une .tête-lJhur
bellement inférieur & la cimaife fupérieure on
femble s'appercevoir que le peu de hauteur du
larmier, a déterminé le nez d'un enfant de douze
aas foutenu par le
menton d'un vieillard de
quatre -vingt & couronné par le front d'un
homme de cinquante ans.
Planche X I.
Sur cette planche nous avons tracé le profil
de l'entablement Tofcan de Scammozzi, puis nous
avons defi'mé, comme dans la planche précédente,
le profil d'une tête humaine qui fe trouveroit dans
le même cas que celle de Palladio, fi nous n'avions
pas ajouté à la hauteur de fon larmier le réglet
inférieur qui fe trouve placé' deffous afin
de procurer un peu plus de hauteur au nez.
D'ailleurs il eft aile de remarquer .que la partie
inférieure de cette tcte pareil lourde & peSante,
comparée avec les deux parties fupérieures qui
font trop petites.. f

PLANCHE X I I.
Enfin fur cette planche, nous avons tracé Te
profil de l'entablement de l'ordre Tofcan de Vi-
gnole, & nous avons également deffiné fur, ce
profil celui d'une tête humaine. Ici les .trois
membres .de la corniche nous paroifient alignée
des rapports plus convenables.entre le; frônt le.
nez & le menton; d'où réiulteun-caraaered'unité,
qui. certainement ne Se -rencontre point dans les
deux exemples-précédents. :r- -jV: V
pas fans ^phdement^

nos.
néral dans leurs compofitions la doctrine de Vi-
gnole à celle de Palladio & de Scammozzi. La
répartition le rapport &' le choix des. mernbres
d'Architecture de Vignole principalemect dans
fes ordres Tofcan, Dorique & Corinthien,
nous
parodiant autant de chefs-d'œuvre- Cet Auteur
n'a guere contre lui que l'élévation un peu outrée
de fes piédefiaux. On peut fur cet objet, avoir.
recours aux fentiments de Palladio & de Scam-
tnozzi le premier ne donne à (es piédestaux,
que le quart au lieu du tiers & le dernier a
déterminé les fiens entre le tiers & le quart.
Au refle ces profils humains que nous venons,
de tracer fur les profils d'Architecture dé Vignole,'
de Palladio de Scammozzi ne doivent être regar-
dés, ici que comme des. objets de comparaifon
entre les rapports de la nature & ceux de FArt ils,
nous porteront à réfléchir que c'efi par le fecours.
de ces deux objets réunis qu'on peut parvenir
à la perfection; que cependant felon le genre de
l'édifice on peut ordinairement augmenter cer-
tains membres:: par exemple, fans bleffer les regles,
de la bonne Architecture, on pourroit outrer la
faillie du larmier d'une corniche que représente.
^e. nez d'une tête, abaifler la cimaife fupérieure.
qu'indique le -front & fortifier l'encorbellementii
repréfentation du menton fi l'on, a intention'3ft
que,.
donner aur profil d'une corniche une expreffioâ
puifée d'après rôrdreTofcan
au contraire, dans une Architeôure -noble V'OB£
pourroit' affeâer de. donner plus de.
là dmaîfefupérieure. dans Kntention.;que^5de»
«Ile prenne le. caraâèreJdit"
nez plus aquilin &c qui alors détermineroic
l'expreffioa d'un profil d'ordre Dorique. Il en fe-
roit de même des autres membres des corniches
devinées aux ordres Ionique, Corinthien & Com-
ponte. Enfin à ces trois profils de corniche, fur
lesquels font deffinés ces profils de tête, nous
avons ajouté le cou & les mammelles pour faire
connoltre, en quelque forte, le rapport que ces
trois parties doivent avoir avec l'architrave la
frife & la corniche de ces entablements Tofcans,

Des différentes Pr 0 portions^


ET DES DIVERS Me.MB.RES p'ARCBI-
TECTURE DES ordres toscans de:
Palladio. etS.cammozzj*
P L A N C H E X 1 îL
'l'or
Nous avons <téfe remarqué que l'iardannance:
généraie de Tordre Tofcan félon Vignol6 étoic
compose de trois parties principales. Nous. ré~
péterons ici, que la partie. A fe. nommeipiéde.»
Sal lR~, -là colonne. &-C, l'ehtablenientv
$t .'F ]a"cBrnîéhe; ou le couronnement dùjpiéaefial^

Que
fe nomme la cimaife Supérieure; b le larmier
& c, l'encorbellement ou la cimaife inférieure de la
corniche.
Nous obferverons à préfent, que la cimaife a,
eft compofée d'un quart de rond Il, d'une baguette
i, & d'un filet X- que l'encorbellement ou la cimaife
c eft compofée d'un lifteau/ & d'un talon m:
que l'architrave K, eft compofée d'un lifleau n
& d'une plate-bande o.
Que le chapiteau de la colonne eft compofé
de trois parties principales; favoir, du tailloird,
de la cimaife e, ,& du gorgerin/: qu'eniin l'aftra-
gale^j eft un membre qui couronne le fut des
colonnes & des pilaires que les autres membres
qui ciivifsnt chacune de fes différentes parties, font,
pour le tailloir p la plate-bande d & le liteau q;
pour la cimaife e, le quart de rond & le filet s:
r,
que celles de l'aftragale g, font la baguette t Sc-
le filet u.
Que la bafe G a pour moulure le lifteau ou
la ceinture x le tore y, & le plinthe (.
Que la corniche du piédefïal
du lifleau a a & du talon b b..
F eft -compofée
Que D
la Jbafe ou le focle du piédeftal eftcom-
pofé d'un liteau c, c,,& d'une plate-bande d,, d; de

ni
maniere qu'onpeut obferver que D, F, Gsl, K,M,
font^autant de membres auxquels les interniîé-f
diaires £ H, L fervent df. repos car il eft très:
rare,fur-tout dans l'ordre Toscan que ces-par-
ties- intermédiaires reçoivent des
Examinons
fures -que^/ignole
& aux.pnnçipales
Mesures générales et particu-
lières DE
SELON Vl GNOLE.
Planche XIV.
Le piédetlal A, [ figure I ] doit, felon Vigno-
le, avoir le tiers & l'entablement C le' quart
de la hauteur de la colonne. Pour, trouver ce
rapport, il faut, comme nous l'avons déja expli-
qué planche I I divifer la hauteur totale de
l'ordonnance DE, en dix-neuf parties égales,
en donner quatre à la hauteur du piédéflal A,
douze à celle de la colonne B &. réferver les
trois parties remanies pour celle de l'entablement
C de maniere que trois étant le quart de douze,
& quatre le tiers de ce nombre ces trois quan-
tités, quatre, douze, trois égales à dix-neuf,
deviennent une règle générale, non feulemeat
pour trouver la hauteur du piédeftal & de l'enta-
blement Tofcan mais auüi le rapport des pié-
deftaux & des entablements de tous les autres or-
-Ensuite pour déterminer de la
colonne Toscane Dorique Ionique Corin-
thienne & Compofite il faut divifer la hauteur.,
par exemple de l'ordre Tofcan en fept parties?
l la'_figure Ide la planche Il,.]
rique en huit parties de l'Ionique, en. neuf;; du
:Gorinthîen>& du Compofite envdix divifions,qui,
-réparties:fous une. hauteur commune, comme dans
la. planche -1,- donneront aux' ordres autant^ de
.diamêtres différents que chacun d'eux devra pré-
fenterd'exprelponsparticulières,
ment ici '.les divers' diamètres a,éye^d.
Cela fuppofé, chacun de ces diamètres fera
divifé en deux parties égales & Tune de ces
deux dernieres parties formera un module, defli.
né à mefurer la mafie, les parties principales, &
les détails de Tordre. Ce. module fe partage en
douze minutes pour les ordres Tofcan & Do-
tique, & en dix-huit pour les ordres Ionique,
Corinthien & Compofite.
Nous avons déja dit, en parlant de la plancheII)
que les trois parties A, B C font compote
ilans tous les ordres de trois.autres parties principa-
les nous les avons exprimées dans la planche que
hous décrivons, parles lettres a, b, c, d, «, g,
h i. Enfin on doit fe rappeler encore, que la
plupart de ces membres, indiqués feulement ici
par maffes fe fubdivifent en une infinité d'au-
tres parties qu'on appelle en général moulures*
Mefures du Pièdeftal.
Le focle a a fix minutes de hauteur-, & quatre
ile faillie le. dé b a trois modules huit minutes,
.de hauteur & deux modules neuf minutes de
largueur la corniche c a fix minutes, de hauteuf*
.fur quatre de faillie donc toute lx haute.urjdu
j)iédeflal eft de quatre, modules huit minutes;,
.tiers de quatorze modules, hauteur de la colonne.,
Mzfîzres de l'ordre ou de. la colonn^' y:
/Iiatafe^ a un module de Jnuteur-,v&quatB.
minutes & demie:de faillie (t) le£ïit.« aiîdoffift
-modules de hauteur, & deux de largemv
Il'faut obferver néanmoins que ces deux mo-
dules ne fe continuentparalleles que jufque vers
la ligne KL, tiers de la hauteur du fut; car vers,
fon extrémité fupérieure, le fût fe réduit à vingt
minutes de manière que la haureur du bas de
la colonne m, ir, doit être confidérée comme un
cilindre & le relle de fa hauteur, comme un
conoïde tronqué.
Le chapiteau/, a un module de hauteur, &
cinq minutes de faillie donc toute la hauteur de
l'ordre, c'eftrà-dire la bafe le fût & le chapiteau*
eft de quatorze modules ou fept, diamètres.

Mefufcs de l'Entablement.
L'architrave g, a' douze minutes de hauteur,
deux de faillie la frife h a quatorzeminutes.
de hauteur Tes «ôtés doivent <être à plomb du
fut fupérieur de la colonne, & par conféquent
avoir vingt minutes la corniche i a feize mir
nutes. de hauteur, & dix-huit de faillie donc
tout l'entablementeft de trois modules & demi
çonféquemmentror-dpnnance^ntiere efè-de vingt-
deux modules deux-minutes.
La progreâion 'arithmétique qu?a obfervëe Tî-;
gnole:, entre Tarchatrave la 'frife & la corniche
de £On* 'entablement nous'' prouve la préférence;
Auteur mérite à cet égard.fur les autres
.que cet
Çommen,tatéurs:-deVitruve (K). AufiïDesbrofies,
fuivi-Vighole de
piéfërenceià^Palladio- & à Scammozzi-, au Luxem-
bourg, dans l'ancien Palais Royal, à l'Orangeriede
Verfailles & ailleurs exemples affez célèbres qui
doivent fervir d'autorité à nos jeunes Artiftes.
Mais pour les convaincre de la néceffité de cette
préférence, examinons Scrupuleusement:,fi tous
les membres dans l'ordre Tofcan de Vignole, font
véritablement relatifs à fon expreffion & rendons
compte des changements heureux qu'ont cru y
devoir faire nos Architeâes francois les plus
eftimés.
DE l'ordre TOSCAN de Vignole,
AYEC quelques CHANGEMENTS
utiles PO UR lui procurer UN

plus GRAND DEGRÉ DE per'fec-


TION..
Planche XV.
Du Pièdefial & de la Bafc de la Colonne.'
Vignole avons-nous dit .a: donné à fes pié-
deftaux, le tiers de la hauteur de la colonne. Cette
hauteur n eft-elle pas trop confidérable quoique
Desbroffes, au Luxembourg, ail donné eiîcoœ

on donnera d'élévation au piédéftal la


plus d'élévation aux fiens? N'a-t-on pas lieuse
craindre même en imitant, Vignole que plus

colonne acquerra de hauteur ? Palladio a jeduit


les fiens.au quart de l'ordre Scammozzi lèsi-î
déterminés,entre le tiers & le, quart.. Ce.demiec
rapport nous paroît plus .convenable {à^eaucdng
d'égards; encore ferions-nous
primât prefque
à l'exception néanmoins des Temples, des Arcs
de Triomphe, & des autres Monuments de cette
efpece car nous penfons qu'en toute autre occa-
fion lespiédeftaux, inventiondes modernes font
plutôt un abus, qu'une perfectionde l'Art parce
que, d'une part, les faillies de leurs bafes & de
leurs corniches retréciffent néceffairement l'in-
térieur des lieux auxquels on n'a pu donner une
certaine largeur & de l'autre elles produifent,
dans les étages fupérieur, des portes-à-faux, du
moins contraires à la folidité apparente. Mais fans
entrer ici dans cette difcuffion qui trouvera fa
place ailleurs, examinons fi véritablementtoutes
les moulures dont Vignole a orné fon piédeftal,
préfentent un caractère relatif à cet ordre.

De la Bafe du PiédeftaL
• Vignole n'a donné à la bafede fon piédeftal,
marqué A ( figure 1 ) que fix minutes de hauteur
& l'a compofée feulement d'une. plate-bande &
d'un lifteau il n'a de même donné que fix mi-
nutes à la hauteur. de fa corniche .auffi le
C
dé B nous femble-t-il avoir trop d'élévation.,
(voyez la planche Il (y) ce.* qui donne,
ce Semble, à ce piédeftal une expreffion contraire
au caractère que doit avoir le iouba1iement duh1
ordre Tofcan il nous iemble encore que la di-
sette des. moulures de cette bafe lui ôte l'ana-
logie quelle devroit avoir avec la div&on des
membres répandus dans l'ordre & dans fon enta-
blement d'ailleurs cette baie na-t-elle pas trop de
faillie, ne pouvant être mife à couvert par celle
de la corniche ? Pour remédier à ces inconvé-
nients nous proposons le profil de la bafe D,
( figure il) qui ayant neuf minutes de hau.
dé faillie don;
teur & treis parties feulement
neroit moins d'élévation au dé, & caraâériferoit
plus relative à l'ordre
cette bafe d'une manière nouvelle
dont nous parlons. Cette bafe eft comi
pofée .d'une plate-bande a d'un quart de rond
moulures qui nous
b, & d'un lifteau c, nouvellesl'ordre
paroiffent plus relatives à. .Tofcan il
feroit alors moins pauvre & placé moins près du
fol, il deviendront néceflkttement. moins fujet aie

fimplidté
Le dé B eft Me dans Vignqle cette
èft fans doute du reffort de cetordre maiscommé
apourroitafriver qu'on f"ut obligé d7ornèrce
fut de Tordre étant chargé de iofiages pour évitét
le défaut qu'on remarque dans celui de li cour
du Palais du Luxembourg nous avons exprime
(figure III) une table faillante G,' au lieu que
DesbrofTes a fait la fienne rentrante quoi-
qu'il ait furchargéfa colonne de boffages conti-
nus, en forte que dans l'ordonnance Tofcane de
ce Palais il femble que ce foit le foible qui porte
le fort contre toute idée de vraifemblance.

De la Corniclze du PicieflaL

La corniche C de Vignole nous paroît im-


parfaite, n'étant .compofée que d'une cimaife, pro-
prement dite. Un couronnement de cette efpèce
ne peut être appelé corniche, que lorsqu'il eft com-
pofé au moinsdetrois parties principales; {avoir, de
deux cimaifes & d'un larmier ce qui ne fe rencon-
tre point ici d'ailleurs ce couronnement du pié-
deftal, comme nous l'avons déja remarqué doit
mettre à couverr la faillie de la bafe A au con-
uaire ici ces deux membres ont une faillie égale.
Pour obvier à cet inconvénient nous propofons
de donner cette corniche cinq minutes de faillie
au lieu de quatre, & de la compofer d'un lifleau
d, qui tiendioit lieu de cimaife fupérieure d'un
.talon qui lui fervirbit d'encorbellement &
d'un larmier intermédiaire e, autant de- membres
qui doivent au moins caraâérifer une corniche,
& dont on trouve un exemple à peu-près rem-
blable à l'ordre Tofcan de la grotte du jardin du
Luxembourg,à l'exception du canal pratiqué dans
le fonte du larmier qui, dans les dehors eft
toujours néceffaire pour l'écoulement des eaux,
& quelquefois dans les dedans pour procurer
plus d'élégance à ce membre.

De la Colonne.
Nous avons dit plus d'une fois que la colonne
affignoit(a), d'une maniere très-précife, les mefures
générales & particulières de toute l'ordonnance
& que l'ordre dont nous parlons comme
Tofcan, devoit avoir fept diamêtres nous obfer-
veronsici qu'on doit donner au f"ut fupérieur LM,
2o minutes aulieu de i9 qu'on trouve marquées par
erreur dans Vignole,. Auffi avons nous côté dix
minutes exprimées vers M, pour défiguerle demi
diamètre uipéneur de cette colonne, ne jugeant
pas convenable de diminuer le fût fupérieurs d'un
ordre Toican plus que le fut des autres ordres.
Vignoie même parolt de ce dernier ientiment
puii'que dans fon teste il établit pour règle gé-
nérale que tous les flics fupérieurs des ordres
doivent être à leurs tilts inférieurs, comme cinq
eft à fix; c'eft-à-dire que ie diamètre d'en haut
L M, foit les cinq fixiemes du diamètre d'en bas
IK.
Nous croyons auffi qu'il feroit bon de donner
de hauteur à laftragale P,
un quart de minute
de plus; ce membre étant deftiné ici à fervir de
ceinture à l'extrémité fupérieure d'une colonne
ruftique. A l'égard de la maniere de fufcler ( c les
colonnes, nous en allons traiter en parlant des
ffits en particulier.
De la Baft de la Colonne.
Nous ne propofons aucun changement à la bafe
GH, la répartition de fes membres,
nous paroiffant
analogue à fexpreffion de l'ordre puifqu'elle n'a
que trois moulures, favoir un plinthe, un tore
& un lifteau d'ailleurs elle prefque toujours
a été.
imitée par
nos Architectes François, ainfi qu'on
le remarque
au Luxembourg, au Palais-Royal,
à 1 Orangerie de Verfailles à l'avant-courdu Châ-
téau de Vincennes au Château neut ae bamt.
Germain-en-Laie, aux guichets du Louvre, &c.
Du fût de la colonne.
Le mérite le plus eitenciel du fût.-<fune co.
lonne, confiée dans la maniere de la- diminuer.
Traitons ici de fa diminution ce procédé fera le
même pour les fuis de tous les ordres co-
lonnes.
Ii y a toute apparence .que les anciens en
imitant le tronc des arbres, diminuerent leurs co-
lonnes depuis la bafe jufqu'au fommet âinfi que
l'exprime la ligne pon&iée 12, 13 (figure IV);
qu'ensuite on Et leurs deux côtés paralleles de-
puis 12 jufquà c & qu'on en diminua feulement'
les deux tiers fupérieurs c 13 de manière que
tout le fut de la colonne, depuis la bafe jufquàu'
chapiteau c'eft-à-dire depuis 12 jufqu'à 13 de-
vint un corps compofé d'un cilindre (<^) A &
& d'un cône (e) tronqué B. Il ell encore vrai
femblable qu'ayant enfuite remarqué que le cône
B, qui diminue toujours en s'élevant vers fa cime,
formoit un» jarret vers la rencontre du fominet du-
cilindrez c, ils imaginèrent, pour éviter ce
jarret une courbe .nommée conchoïde la-'
quelle s'uniffant beaucoup mieux avec la 'tige
inférieure de Tordre, convertit^ ce cône en co-
noide (g), & détermina pour toujours la manière
de fufeler les colonnes. Voici comme fe trace
cette courbure.

Manière de tracer la conchoïde.

De la ligne c d, toujours ( figure IV J tiers


inférieur du fut de la colonne & du point g
comme centre tracez la demi- circonférence c h d;
puis du point i .cïemi-diamêtre de la partie fupé-
neure de la colonne, abaiflez une ligne du point
13 au point K enforte que la premiere corde
KI foit égale au demi-diamêtre i B divifez Tare
de cercle K B i
puis la hauteur g en huit par-
ties égales prenez .enfuite la longueur de la
deuxieme corde m, portez-la dé n en o prenez
la troifieme corde p, portez-la de q en
r; puis la
quatrieme corde s, de t en..a, & ainfi de tourtes
les cinq ,fix fept & huitiemes cordes retlan-
tes, fur les quatre dernières divifions a b x h
pour trouver les points q y e
d'après lefquelles
les précédentes vous tracerez la conchoïde de-
,&
mandée. Pour avoir le. côté ôppofé, prenez la dif-

minée..
tance n o, portez-la de
mes

K B
n en 6*; répétez les mê-
procédés jufqûen Ic, & l'opération fera ter-,

Il n'eu: pas effenciel de divifér l'arc de cercle-


en huit. Cette quantité eil arbitraire on
peut le partager en plus ou moins de parties
felon
que le diamètre dé la colonne aura plus ou
moins de grofTeur; pourvu toutefois qu'on ob-
ferve le meme nombre de divifions, dans la hau-
leur g i que dans l'arc K B.
Plufieurs modernes ont diminué leurs colonnes
vers la foafe, & n'ont fait leur diamètre de vingt-
quatre minutes, que vers c d, n'ayant donné que
vingt-deux minutes au diamètre inférieur; mais on
doit remarquer que le bas de la colonne étant ré-
duit à vingt-deux minutes tandis que le tiers c d ena
vingt-quatre cette différence femble produire un
porre-à-fhux contraire à la folidité ainfi qu'on
le peut remarquer par la ligne ponctuée, i y 14.
D'autres Architectes, encore moins circonfpeâs,
ont laiffé vingt-quatre minutes au fût inférieur,
& en ont porté viqgt-fix vers c d d'où font nées
les colonnes renflées de maniere que loin de
conferver la diminution qu'elles avoient déjà, elles
ont acquis plus de diamètre & perdu par. ce
moyen leur véritable beauté. Quelques-uns ont
fait plus; au lieu de porter cette. augmentation
au tiers ils l'ont portée tantôt à la moitié de la
hauteur du fût, tantôt aux deux cinquièmes ce
qu'il y a de pire, c'eft que ces Architectes ont
eu des imitateurs de forte qu'infenfiblementl'abus
a prévalu, & que les vrais préceptes fe font ou-
bliés peu-à-pcu fans réfléchir que les grande
Maîtres avoient. originairement étudié la nature,
dans fa fource l'avoient fuivie & fouvent
furpaffée par le fecours de l'art. Tout ce que
l'on peut dire fur cet objets, c'eft que toutes
ces tentatives doivent être regardées, co,mme,
autant d'écarts qui ne fervent qu'à corrompre les
formes primitives, à égarer les jeunes Ardftes,&
à rendre incertaines les règles de la bonne Arcbi-
Bien loin d'applaudir à de telles innovations,
nous croyons donc qu'il eft
mieux de s'en tenir
aux colonnes diminuées feulement ans les deux
tiers deleur fût fupérieur qn'il faut tenter ra-
rement de les diminuer par. le bas que fur-tout
il ne faudroit jamais les renfler ces fortes de
colonnes offrant prefque toujours au fpeâateur
lidée d'un point d'appui qui femble être aftaiffé
par le poids de l'entablement.
Nous obferverons encore que le fût des colon-
nes, en général, peut être liffe qu'il peut auffi.
être chargé. de moulures rentrantes, de membres
faillants & d'ornements que les premieres s'ap-
pellent cannelures, les feconds bôffages & les
troifiemes mdentures que les boffages consacrés
à l'ordre Tofcan font continus ou alternatifs
comme le font ceux des ordres. Tofcan & Dorique-
duLuxembourg que fi on les faitalternarits, il faut
les diflribuer en nombre impair; que, dans l'un.
& l'autre cas, ils ne doivent avoir qu'un modules
de hauteur ,-& que leur faillie ne doit guère ex-
céder le quart ou la fixiemepartie de leur hauteur;.
qu'au refte l'application de cette forte d'ornement
exige de la circonfpeâion & ne. convient qu'aux:
.ordonnances tout-à-fait rufHques tels que les ou-
vrages Militaires & Maritimes; qu'il eft rarement
bien placé dans l'Architeâure civile qu.'encore
il faudroit toujours préférer les boffages alterna-
tifs aux continus afin de laiffer. juger plus libre-
ment du rapport du diamètre de la: colonne avec
fa hauteur ce que les boffages continus ne per-?
mettent que difficilement cet accroüfementa la
colonne changeant héceffàirement la proportion
de'¡ ordre-; d ou il faut conclure qu'il ne devroient
être tolérés
des prifons des marchés publics, & des autres
ouvrages de ce genre que dans ce cas il faut fup.
primer le lifleau du tailloir du chapiteau Tofcan,
pour ne former ce membre que d'une feule plate-
bande ( h ) ainfi que l'exprime la figure V" afin
d'éviter par cette fupprefüon une certaine quan.
tité de moulures dans le couronnement du fut
d'une colonne furchargée par des corps faillants,
qui, quoique confidérés comme une forte d'enri
chiffement, ne laiffent pas de lui procurer un air
de pefanteur qui ne fouffre point de petites par.
ties dans tous les membres qui la Soutiennent,
la couronnent ou l'accompagnent.
Du Chapiteau.
Nous n'eftimons aucun changement néceflaire
à faire au chapiteau de Vignole N, ( figure 1 ), ni
à la bafe de cet ordre ce chapiteau été imité dans
nos édifices François, par nos plus habiles Archite-
âes. Nous délirerions feulement que l'astragalequi
r le foutient, & qui appartient au fût fupérieur de la
colonne, fût un peu plus fort, c'eft-à-dire, qu'on
lui donnât une partie trois quarts au-lieu d'une
partie & demie ainfi que l'exprime, le membre.
P. Nous penfons auiE qu'un congé qui uniroit
le gorgerin avec le filet du quart de rond 0, fe-
roit un bon effet; autrement cet angle droit, fem-
ble donner un air de fécherefîe aux moulures de
ce chapiteau, & l'on ne doit en faire ufage, ce fetn-
ble, que lorfqu'on fupprime le lifleau du tailloir,
comme dans la figure V.
De l'Entablement.
Nous n'avons rien changé ni à l'architrave R,
ni àlairre 5 nous coniervons aU!!1 la proportion
qu'a donnée Vignole à la corniche T; mais nous
propofons de changer quelques-unes des moulures
quila compofent,à denein de la rendre plus analo-
gue à larullicité de l'ordre Jokan. Par exemple,
le talon a qui a quatre minutes de hauteur y nous
paroît couronné peu convenablement par le filet bt
qui n'a qu'une demi-minute. Que paroît fignifier
d'ailleurs le petit réglet c qui iert de mouchette
pendarae (¡) au larmier d puifque pour facili-
ter l'écoulement des eaux pluviales, Vignole avoit
déjà pris foin de placer un cavet c affez éloigné
de la furface de la frife S & de l'architrave R?
Ne peut on pas remarquer, que ces deux mou-
lures, fi voifines l'une ce l'autre non feule-
ment font monotones mais encore qu'elles pro-
duifent trop de petites parties dans une cor-
niche de fefpece de celle dont nous parlons.
Nous croyons donc que pour les éviter, il. con-
viendroit de convertirle cavet e en canal con-
f
tinu comme ( ngure II ) en forte que par la
fuppreffion du réglet e & par la continuation
du canal f, on donneroif non-feulement une plus
grande élévation au filet b; mais que par la con-
tinuation du canal f,on procureroit plus de fim-
plicité à cette corniche, & que ce moyen plus
fimple n'en faciliteroit pas moins l'écoulement des
eaux, & procureroit à cette corniche ùne folidité
réelle •qu?élle n'acquiert pas ordinairement en
îuivant la doctrine de Vignole car il arrive très-'
fouvent que la pouffiere l'humidité & les fels
de la pierre qui viennent fe diffoudre,rempliflent
le canal trop peu fpacieux, &
inutile au bout de quelques années;en rendent l'usée
d'oit. iÎréfulte
que 1 humidité qui féjourne fur l'angle baillant du
larmier en détruitla vive arête: inconvénient
qui
feul peut difparoître par la fubftitution du canal/
511e nous propofons à l'exemple de prefque
tous
nos bâtiments modernes, élevés par les véritables
Arcluteûes.
La cimaife fupérieure de cette corniche eg
compofée d'un quart de rond g, d'une baguette
h, & d'un filet i ce quarr de rond ayant quatre
minutes de hauteur, & le larmier fix la baguette
& ce filet ne paroifrent-ils
enfemble qu'une min une & pas trop bibles., n'ayant
demie de haureur? Pour
éviter ces trop petites moulures dans
Tofcane, diminuons la hauteur du larmier une corniche
d, d'un
quart de minute; donnons ce quart de minute de
plus à la baguette & au filzt dés-lors
gale ayant une minute & trois cet aftra-
deviendra
plus élevée acquerra plus dequarts, faillie & par
ce moyen tous les membres de la corniche de-
viendront mieux affortis caraûere de l'ordre.
Quoiqu'il nous ait paru au
néceflaire de faire
quelques changements à la- corniche de rentable-
ment & au piédeftal de l'ordre Tofcan de Vignole,
'il eft facile de concevoir
que par le fecours de
ces changements cet ordre mérite là 'préférence
fur ceux de Palladio & de Scammozzi. Pour s'en
convaincre, il fuffet de confidérer dans la planche,
ïuivante, les ordres Tofcans de deux derniers
ces
la.
Auteurs. Cette forte decomparaifon nbusaccoa-
tumera à réfléchir & à nous faité véri;
table expreffion d'un ordre, & celle de fon ordon-
nance, en nous apprenant à eftimer véritable-
ment les ouvrages réguliers d'avec ceux qui n'ont
pas à beaucoup près la même perfection
enfin
elle nous mettra à portée d'apprécier les ouvra-
ges d'autrui de faire un choix judicieux des
Auteurs qui ont écrit plus ou moins pertinem-
ment fur cette partie de l'Architecture, ou qui
nous ont laiffé dans leurs productions différents
objets que nous devons imiter ou rejeter.

DES ordres TOSCANS DE Palladio


ET DE SCAMMOZZI.
PLANCHE XVII.
D& l'ordre Tofcan de Palladio.
F I G U R E I.
Palladio quoi qu'en dife Chambrai pag.
qui, dans fon parallèle d'Architecture le met au
nombre. des plus excellents Auteurs, peut néan
moins être regardé dans £on ordre Tofcan comme
inférieur à Vignole: Nous ne parlerons point
ici du premier deffin que Palladio a donné de
cet ordre ce deffin eft d'un genre fi ruftique
qu'il ne pourroit trouver place que dans la déco-
ration desPrifons des Cachots ou de tout autre
Edifice de cette efpece. Au contraire, le fecond
deffin que nous donnons ici, nous paroît compofé
de trop de membresd'Architecture & offre plutôt
limage de l'ordre Dorique que du Tofcan auffi
Palladio dit -il l'avoir compofé d'après les ordres
des Arênes de Virons de celles de Pâle & de
plufieurs autres fragments antiques enforte que
cet ordre ne pourroit être mis en ufage que dans
le cas ou il préfideroit feul dans la décoration d'un
bâtimenr. Cet Auteur ne donne point de piédc.
flal à ion ordre mais feulement un focle, tantôt
d'un module tantôt de deux. Il donne fept,
diamêtres à la hauteur de fa colonne & le
quart à l'entablement compofé de trois mem-
bres principaux fçavoir d'une architrave, d'une
frife & d'une corniche mais il s'en faut bien que
le rapport de ces trois membres foit auffi heu-
• reufement diltribué que dans Vignole certaine-
ment farchitrave femble avoir.trop de hauteur,
& la frife n'en. avoir point aifez auffi Palladio
l'a-r-il bombée pour lui donner en apparence
plus d'élévation. Sa corniche eft auffi compofée de
trop de membres, & fes moulures font trop finueu-
feS' pour un ordre ruftique d'ailleurs fon chapi-
teau & fa bafe font ornés de moulures trop peu
afforties à cet ordre les tores & les baguettes
devant ctre préférés aux doucines droites & rèn-
verfées moulures d'autant plus déplacées ici,
qu'elles fe trouvent être les mêmes que. celles des
deux cimaifes de la corniche.
•,
Pour nous convaincre de la vérité de ces obfer-
yatiohs, concernant ce profil Tofcan voyez le
profil de tête humaine tracé fur le profil de
l'entablement de Palladio planche X, & remar-
quez la différence du caraâere qu'elle produit;,
comparaifon faite' avec celle tracée fur le profil
de l'entablement de Vignole.
D& l'ordre Tofean de Scammo^i.

FIGURE IL
Scammozzi nous paroît encore inférieurà. Vignole,
dans la divifion des membres de fon ordre Tofcan.
Au- lieu de quatorze modules il en a donné qua-
torze & demi à la hauteur de fa colonne, & le
quart au piédeftal & à l'entablement d'ailleurs
on peut remarquer que cet entablement eft fi
chargé de moulures qu'il femble plus propre à
couronner un ordre Dorique denticulaire qu'un
ordre ruftique auffi a-t-il affeâé de mettre dans
fa frife des efpeces'de triglyphes richeffe indif-
crette, qui ôte à cette oraonnance l'expreffion
propre à cara&érifer l'ordre Tofcan. La cimaife
de fon chapiteau eft encore toute Dorique en
forte que l'on ne connolt ici l'ordre Tofcan, qu'au
tailloir du chapiteau, & aux moulures de la bafe
de la colonne feuls membres conformes à la
doctrine de Vitruve.
La corniche de fon piédeital n'eft pas plus
Tofcane, étant non-feulement compofée de mem-
bres plus délicats que folides mais encore défa-
gréable par fôri peu de faillie au contraire
le fode de fon piédeftal paroît trop fimple
comparé à fa corniche d'ou il réfulte que cette
ordonnance ne peut être imitée que dans des
comportionsqui confidérées fous un certain
afpecV,ïfemblent ne pas exiger toute, la fëvérité
qu'on doit chercheur à mettre dans la compofinon
des différenB membres qui composent, un ordre
Tofcan proprement dit..Voyez auffi planche
XI, le profil' de tête humaine, tracé d'après cet'
entablement de Scammozzi; comparez-le avec les
profils des entablements de Vignole & de Palla-
dio, & vous vous appercevrez que tout l'avan-
tage eft à Vignole.
Pour conftater à cet égard la fupériorité que
nous croyons devoir donner à Vignole, nous
aurions aufîi pu rapporter l'ordre Tofcan de
Seriio; mais nous nous contenteronsde rappeler ici
qu'il nous paroît encore plus irrégulier que ceux
de Palladio & de Scammozzi, puisqu'il ne donne
que douze modules à cet ordre & un module à
tous fes principaux membres; c'eft-à-dire à fa bafe,
à fon chapiteau, à fon architrave, à fa frifé &.
à fa' corniche divifion monotone & contrairé
.aux regles de l'optique, qu'il importe toujours de
concilier avec les grandeurs géométrales de foa
édifice.
Ofons le dire ici, tant de variété dans la ma-
niere de penfer des Auteurs, qui tous ont dû puifec
les reales de l'art dans la même fource, n'ont que
trop fouvent fervi à égarer la plupart de nos jeu-
nes Architectes, d'où eft née le plus fouvent cette
inconféquencequ'on remarque dans la plupaj: de
leurs productions exemple Amené pour ceux qui
viennent après eux, & dont on ne peut arrêter
le. cours qu'en répétant fouvent ici les vrais pré-
ceptes de l'art, & en leur apprennaht à m&i-
guer de bonne heure les chefs-d'œuvredes grande
Maîtres d'avec les ouvrages médiocres.
Ces obfervations fur nos Auteursne feront peut-
être pas goûtées de tous ceux qui liront ce Traité;
d'Architeaure; mais notre intention eft fpiédaler
ment de parler à nos Elevés dans la vue de
les accoutumer à ne rien négliger dans leurs étu-
des, dans leursobfervations, ennn dans leurs com-:
portions..
Il ne fuffit pas, par 'exemple, qu'un Sculpteur
ftatue, ait obfervé les pro-
pour faire une bellehumain il faut
portions du corps encore que
relation les unes avec
toutes les parties foient en petit, un doigt
les autres fans doute un œuil trop
léger défaut, comparaifon faite
trop gros ferbit unreniemble mais
avec la beauté de ce feroient tou-
jours des défauts, & il n'en faut fouffrir aucun
dans les ouvrages de Fart Ce que nous difons
par rapport à la
Sculpture, doit s'appliquer ici à
fArchite£hire. Tout Architecte doit-donc prévoir
l'effet que produiront à l'œuil les différentes par-
ties de fon édifice, avant de mettre la main à
l'œuvre, & d'expofer fes ouvrages au grand
Au refte,nous n'avons parlé jusqu'à préfent des
ordres d'Architecture,que d'une mamere générale;
dans quelque détail
nous ne fommes même entrés
Tofcan dans l'inten-
que relativement à l'ordre
tion que nous avons eue de commencer-par le
fimple avant d'arriver au compofé. Tout ce que
dit de ordre & de ceux des Grecs,
nous avons cet
in-
ne doit donc être confidéré que comme une
troduâiori qui nous apprend, en quelque forte,
à la déco-
que tous 'les membres qui concourent néceffai-
ration de nos bâtiments, doivent puifer
rement leur fource dans la beauté,
la proportion
& l'expreffion de ces mêmes ordres. Nous revien-
drons dans la fuite aux détails particuliers à chacun,
en fàifantvoirce quiconftitue
leur vé.
leur effence
ritable caraûere, l'emploi judicieux qu'on en doit,
faire dans l'ordonnance des façades & dans la déco-
ration intérieure des appartements; la maniere de
les élever les uns fur les autresleurs différents
entrecolonncmenisî enfin ce qu'on doit entendre.
par leurs accouplements. Ce fera alors que nous,
nous rendrons compte de l'avantage ou du- défa.
vantage qui iéfulte de leur application dans l'Ar-
chitetture. Nous fufpendons donc cette,théorie
pour, expliquer les éléments de Fart c'eft-à-dire
ce que nous entendons par les ordres d'Architec!
ture colonnes ou pilaftfes confidérés foit par
rapport à leur matiere, par rapport à leur forme,
par rapport à leur difpoûtion dans la décoration,
par rapport à leur ufage; enfin la proportion &
l'application qu'on doit faire de tous les mem-
bres d'Architecture & des principaux ornements
de Sculpture, deftinés à embellir les façades des
édifices ou l'intérieur de nos bâtiments. Nous
nous perfuadons même que cette variété répan-
dra plus d'intérêt dans nos leçons, & juftifiera
l'opinion où nous iommes que tous les objets de
la décoration amenés dans l'Archite&ure ou par
la néceffité ou pour l'agrément doivent être
déterminés par le caraâere particulier de chacun
des cinq ordres que nous connoiffons.
Le Chapitre précédent n'a dû nous apprendre.
que les diverfes expreffions des ordres en géné-.
ral, & les proportions particulières du Tofcan;
cette connoiffance préliminaire que nous avons
cru indifpenfable & à l'Amateur & à l'Attifie
va nous fournir dans le Chapitre fuivant, le
moyen d'apprendre à connoître comment nous
devons placer dans nos façades des ouvertures
de. portes ou de croifées, des baluftrades des
lbubaffementsdesattiques, des niches, des fron-
tons, &c. membres qui tous doivent fe reiTentk
des beautés réelles que comportent les ordres
Dorique, Ionique & Corinthien des Grecs, & les;
ordres Tofcan & Compofite des Romains. confi-'
dérés chacun féparémenc.
CHAPITRE III.
Raisonnement DE OU DÉFI-
N1'TION des principaux Membres
d'Architecture ET DE Sculpture
propres a l'Embellissement des
Façades.
.Des divers e~m b re s
d'Architecture.
M

PLANCHES XIX & XX.


JM Otre defiein.n'a pas été de préfenter dans
cette planche une ordonnance d'Archite£hire ré-
guliere, mais feulement de faire, appercevoir d'un
coup d'œuil la plupart des membres d'Architecture
& des ornements de Sculpture dont
nous allons
parler.. La multiplicité des parties dont elle eft
remplie, ne nous ayant pas permis d'offrir une
compofîtion telle que nous l'aurions denrée; ce
fera fi l'on veut l'élévation d'un portique ( k )
efpece de frontîfpice percé d'une ou de plu-
fieurs ouvertures, fans fermeture ou avec fer-:
meture de menuiferie, tels que la plupart des vef
tibules, les périftyles les porches &c. Comme
dans la compofition de ce portique on a fait
ufage des colonnes & des pilailres nous avons
cru, avant d'examiner les divers membres d'Ar-
chiteâure & les ornements qu'il contient, devoir
traiter des diverfes efpeces de colonnes & de pi.
lafires, relativement à leurs différentes applica-
,tions dans la décoration des édifices objet d'au-
tant plus intéreffant, que ce fera toujours d'a.
près la proportion & les différentes expreffions
des ordres, que nous détermineronsla forme & la
richeffe de tous les membres d'Arcbitechire -ainfi
que les ornements dont il fera queûion dans ce
Chapitre.
PLANCHE XIX.
Des Colonnes & des Pilaflres..

Nous avons déja dit que les ordres d'Archi-


teâures s'employoient de deux manières, en
colonnes comme QS ou en pilaflres comme R. Il
s'agit maintenantde connoître les trois principales
différences qu'il y a entre la colonne & le pila-
ihe quoique tous deux de mêmes proportions,
cotftpoiés des mêmes membres & fufceptibles
des mêmes ornements.
La premiere différence eft, que la colorine
eft circulaire & le pilailre quarré la feconde
que les colonnes diminuent vers leur fommet,
& que les divers côtés des pilaftres font paralleles
entr'eux dans la hauteur de leur ffu comme fe
remarque dans cette planche la, différence des
colonnes Q S au pilaire R enfin la troifieme
différence eft que les colonnes doivent être ifolées
& non engagées fi l'on excepte néanmoins les
ordonnances Tofcanes, où la rufticité de l'ordre
& la folidité réelle, femblent autorifer ces fortes
de colonnes. A l'égard des pilaftre, il convient
au contraire de les engager (m) des cinq fixieme
de leur diamètre dans les murs de face, à moins.
qu'on ne les place angulairement à l'extrémité des
avant-corps. Cette différence des colonnes aux
pilaftres, eft défignée dans la fibure I, de la
planche XX, dont nous parlerons enfuite.
Plufieurs regardent les pilaftres comme une
médiocritéen Architecture ce genre d'ordonnance
repréfentant .difent-ils bien plus la contrainte
de l'art, qu'il n'imite les beautés de la nature, &
ne produuant jamais, ou que rarement, une «dé*
coration intéreffante.. Cela peut être vrai à certains
égards mais ne peut-on pas auffi confidérer les
pîaftres comme un genre qui tient le milieu entre
l'art de. bâtir, & l'Architecture proprement dite?
Car les pilaftres quarrés par leur plan, engagée
& ayant les côtés parallèles à leftr axe outre
cjuiis iemwent procurer aux murs de face,
folidité réelle puifqu'ils font ordinairement une,
pain avec eux, ne contribuent-ils pas à la décora-par-
tion des édifices ? Il eft vrai que la colonne
turellementplus légere paroît plus propre na-
le pilaftre il donner du mouvement à la décorna- que
tion des façades mais c eft précifément
par. ces
différentes manières de varier les productions de
l'art que l'on peut parvenir à fixer dans l'Ardu-
teûure un caraâere diftinaif que les colonnes
communiqueront, -aux édifices importants les
pilaftres aux bâtiments particuliers, & les colon-
nes réunies avec les pilaires aux Palais des
Rois, &c. D'où il s'enfuivroit que les pilaftres & les
colonnes pourroient s'employer enfemble ou fé-
parément, fans bleffer les lois de la belle Archi-
tecture. L'orangerie de Verfailles l'un des
por-
tiques de la Cour Royale du Château de Vin-
cennes, n'offrent que des colonnes la façade du
Louvre, du côté de la Riviere n'a que des pi-
laflres le périflyle du même Palais offre des co-
lonnes réunies avec des pilaires cependant cha-
cune de ces diverfes décorations, produit. un bel
effet & l'on peut dire
que fi le mélange des co-
lonnes & des pilaftres rencontre quelques diffi-
cultés dans l'exécution, les licencesqu'il;occafionne
dans quelques parties de détail font bien efia-
cées par les beautés qu'elles répandent fur les
maffes générales & ne laiffent
pas d'être préfé-
rables
a cette multitude d'innovations; qui ont
amené les clones jumelles les colonnes
( les pilaftres aoumes {p;,ies puamres
ovales 0
diminués (q), &c
Au refte nous ne prétendons pas que cette
opinion à l'égard des pilaires foit regardée com-
me une loi. Nous ne
la propofons ici que comme
ordinaire-
une de ces obfervations qui excitent le? ob-
.ment les jeunes Artütes à
réfléchir fur
jets fufcepdbles ou non d'imitation à fe rendre
enfin à mé-
compte du pourquoi & du comment
diter fur le bon ou mauvais effet qui peut. réfulter
des doctrines particulieres des Architectes qui nous
ont précédés. Confidérons maintenant les ordres
d'Architecture, par rapport à leur matiere, par
rapport à leur conftrucHon, à leur forme à leur
difpofition, & à leurs différents ufages.
Des Colonnes p,ar rapport aux Ordres.
Les colonnes reçoivent diverfes dénominations,
félon les différentes expreffions des ordres. Nous
avons déja obfervé qu'on appelle colonne Tofcans
celle dont la hauteur eft de fept diamêtres; colonne
Dorique, celle qui a huit diamêtres en hauteur
lonique, celle qui en a neuf Corinthienne & Com-
poftu, celles qui en ont dix.
Des Colonnes par rapport leur Matière.

On nomme colonnes diaphanes, celles qui font


compofées d'une matiere tranfparente, comme
on
vit autrefois celles du Théâtre de Scaurus, dont
parle Pline, & telles qu'on en voit, félon Boif
fard, dans fa Topographie de Rome d'albâtre
tranfparent en l'Eglife de Saint-Marc à Venife.
Les colonnes d'Eau font celles qui par le
fecours de l'hydraulique, offrent la représentation
d'un corps de 'enflai, comme celles qu'on voit
au
Château de Commerci. Les pyramides & les pila-
ilres du bosquet de l'Arc de Triomphe à Ver-
ihilles font à peu près dans le même
On appelle encore colonnz hydrauliquc, unegenre.co-
lonne du haut de laquelle fort un jet ou bouillon
d'eau à qui le tailloir du chapiteau fert de
coupe ou baffin d'où l'eau retombe par une
rigole qui tourne en fpirale autour du fut. Telles
font les colonnes qu'on remarque à la cafeade de
Belvédère ( r) à Frefcati, & à celle de la Vigne
MatthéiàRome.
On nomme colônnes métalliques celles qui font
fondues en fer ou en bronze, comme les quatre
colonnes de cuivre de Corinthe qu'on voit à
l'Eglife de Saint-Jean-de-Latranà Rome.
On donne le nom de colonnes précieufes à celles
qui font conftruites de jafpe oriental, comme les
quatre colonnes qui fe remarquent au grand autel
de la Chapelle Pauline à Sainte-Marie-Majeure
à Rome ou généralement à celles qui, toutes
faites de lapis d'avanturine ou. autre matiere
rare, comme l'agathe, &c. fervent à orner les
.tabernacles de nos Temples, & les cabinets de
marqueterie qui fe placent dans les appartements
de nos Maifons Royales.
Les colonnes de rocaille font celles dont le
noyau.en pierre ou en moilon, eft revêtu de pé-
trifications, de congélations, de coquillages, &c.,
à l'ufage des grottes & des fontaines.
Enfin on nomme colonnes de treillage qui,.
celles
conftruites d'échalas & dont les bafes & les
chapiteaux étant formés de bois de boi1feau &
entretenus par des. armatures de fer, fervent
la décoration des portiques,. fallons ou cabinets»
diftribués dans certaines parties de nos Jardins de
propreté, comme on en remarquer Chantilly, au
labyrinthe de Verfailles, à.Clagny & ailleurs.

Des Colonnes.par rapport à leur ConJiruSion.


Les colonnes ïncrujlées font celles qui, conftrui-
tes de plufieurstranches de marbre
font ocellées Se
maftiquées fur un noyau de pierre ou de' brique
& que l'on difpofe ainfi lorfquon ne peut les.

rifire.
On appelle
'••••'»
faire d'un feut bloc à caufe du prix de leur ma-

colonnes jumelées celles dont lé fut
eft confirait de trois morceaux de pierre, pofés.
jumelles de bois,
en délit, à rimitation^diés trois
qui fortifient le grand iriât d'iinVauTeâiT.ITeft boa
de canneler, ces' colonnes, 'pour, en.. effacer les
.joints. On voit des colonnes jumelées, d'ordre
Corinthien, dans la cour, du château.d'Ecpueji.>
.bâti fur les deiSns de.Jean Bularit:'
Les colonnes de maçonnerie, font celles, qui font
faites de moilbn ou de brique apparente-, On voit::
des colonnes de cette- dernière efpèce au' Châ-
teau de Madrid dans le bois de Boulogne.'de.quels $&
;quefois on recouvré de fiuc les colonnes
On nomme colonnes par tambours celles dont
le fût eft fait de plulieurs affiles de pierre, comme
ce;bs du portail de Saint-Sulpice on les appelle
colonnes varices, lorsqu'on remarque alternative-
ment un tambour de pierre, &.un tambour de
marbre, comme aux colonnes Ioniques du Palais
i
des unenes.
On donne' encore le nom de colonnes variées à
celles don: le tut, le chapiteau & la bafe font, de
différents marbres, comme les colonnes du péri-
style de Trianon ou de différentes matieres,
comme on en voit au retable d'autel de fEglife du
Val-de-Grâce & ailleurs.
On nomme colonnes par tronçons, celles qui font
faites feulement de deux ou trois morceaux de
pierre, comme celles des Ecuries du Château de
Maifons.

Des Colonnes par rapport à leur Formc.


On appelle colonncs bandées celles qui font
ornées de boffages continus & liffes comme
les colonnes Toicanes du Luxembourg, ou alter-
natifs &, ornés de fculptures comme celles des
guichets du Louvre.
Les colonnes cannelécs font celles qui dans la
hauteur de leur fut, font ornées de canaux, fépa-.
rés par des^liiîeaux & dont les cannelures font
fouvent enrichies d'ornements qu'on nomme ruitn-
turcs; telles font les colonnes Ioniques des'pavil-
ions., de l'ancien Palais des Tuileries du-côté du
Jardin. Quelquefois on fait ces cannelures torfes,
c'eft-à-dire~, contournées en fpirale autour du fût,
comme on" voir celles des colonnes dés^ retables
d'autel des JEglifes des Invalides & du Val-de-
Cràce,. imitées fans doute d'après celles qui, félon
Palladio, i'ont exécutas au Temple de Trévi',
.près de Spolette en Italie.. Voyez le plan des
différentes cannelures employées dans nos plus
beaux édifices,, planche Vlli.
On donne le nom de colonnes cylindriques à
celles qui n'ont ni renflement ni diminution,
comme font les piliers
Gothiques.
On appelle colonnes enfaifecau, celles qui font
compofées de plufieurs petites colonnes réunies
enfemble pour former un pilier; telles qu'on en
voit dans les bas côtés de TEglife de Notre-Dame
à Paris.
Les colonnes fufelées font celles dont le renfle-
ainfi que fe remarquent
ment eft trqp reflenti
celles du portail de l'Eglife des Dames de Sainte-
Marie, près la porte Saint-Antoine.
On nomme colonnes lijj'es celles dont le fut
n'a ni cannelures ni boffages ni orncments,,
comme celles de Saint-Roch, de
l'Oratoire, &c.
Les .colonnes marines font celles dont le fut eft
revêtu de glaçons en forme de foureau continu
de la grotte
ou par intervalles, comme les colonnes
du Jardin du Luxembourg.
Les colonnes font appelées maffîves, lors qu'elles
,font'trop courtes, & quelles ont moins de hauteur
colonnes Do-
que n'en exige l'ordre, comme les
riques de l'Hôtel de Rohan. On les nomme grêles
quand elles font trop fveltes & que leur hauteur
excéde celle qui eft prefcrite par l'ordre comme
celles du Portique, d'ordre Dorique, de la- Cour-
Royale du Château tle Vincennes.
Les colonnes celles dont le eft
taillé à rimifadon de fécorce des arbres- qui
repréfententles troncs dont les premières cabanes
• étoient conftruités ï elles devraient ce fembleJ,
toujours être Toscanes, étant deffinées pour fes
portes des Jardins ou autres décorations cham-
pêtres.
On nomme colonnes mjliquu, celles çlui font
ornées de boffages alternanfs ou continus ainfi
qu on a vu -long-temps celles de la Grotte de
Meudon, con.4truites furies deffins de Philibert
de Lorme.
Enfin les colonnes torfes font celles qui
ont leur
fut contourné en vis parplufieurs circonvolutions-
on les appelle colonnes evidies lorfqu'elles font
faites de plufieurs tiges, entortillées les
les autres. Voyez ce unes dans
que dit des co.
tonnes torfcs, chapitre I nous avons Voyez auffi
la maniere de les torfer, page
que nous donnerons
a la fuite des ordres, dans le deuxieme volume.
Des Colonnes par rapport à leuts Difpoftions.
Lorsqu'on examine les colonnes par
rapport à
leur dilpofition refpeâive dans l'ordonnance des
édifices on appelle colonncs foliuùres celles qui
difpofées par entre-colonements préfentent
ni approximation ni accouplement.ne Telles font
de kouis XV.
les culonnes des nouveaux bâtiments de la, place

On appelle encore colonnes, folitaircs les colon-


nes coloniales, qui,. dansune place publique, font
érigées à la mémoire d'un héros,
lonnes Traiane ,& Anronine à Pvome; comme les co-
qui font
élevées pour férvird'obfervatoire, ou étoitla
colonne de l'Hôtel, de Spiûons à commeParis, appelé
aujourd'h.ui la Edle mi blé..
Les colonnes nichées font celles dont
une parie
Sffez. çonûdérable. le
entre dans parement
effet circulairement;
mur de face, creufé pour cet
comme fe remarquent celles de
la Culture-
Sainte-Catherine du côté de la rue, & celles.
qu'on a vues à la porte du Palais-Royalà Paris.
On nomme colonncs engagées, celles qui péné-
trent un pilaftre de la moitié ou du tiers de leur
diamètre, comme les colonnes des quatre chapel-
les du dôme .des invalides ou qui pénétrent l'é-
paiffeur d'un mur, comme les colonnes intérieu-
Saint-Sulpice.
res du porche de fEglife de
On appelle colonnes adofées,. celles qui avoifi-
d'un
nent d'affez près la furface d'un pilaftre ou
mur, pour que cette furface faffe tangente» avec
la circonférence de la partie inférieure de leur fût-
Telles font les colonnes Doriques du portail de
Saint-Gervais.
Ellesfontnommées accollplées, lorfque leurs baies
& leurs chapiteaux fe joignent, fans fe pénétrer,
comme celles du pérüiyle du Louvre.
Les colonnes grouppées font celles qui moins
près les unes des autres, que les colonnes accou-
plées, ne peuvent néanmoins indiquer un entre-
colonnement, qui, pour être' nommé tel, doit
être au moins .de trois modules d'un fût à l'au-
tre. On appelle a.ixGÎ\colonnes grouppées celles
qui faifant avant-corps, forment un grouppe fur
des plants différents

.vre. "*
comme, on en remarque
aux angles. de l'avant-corps du périftyle du Lou-
On nomme colonnes majeures, celles qui occu-
pent toute la hauteur d'un étage; & colonnes mi-
diamètre que
neurrs, celles qui, d'un. plus petit
les précédentes, décorent feulement une porte ou
une croifée., .comme on le remarque. au fécond
..ordre, du portail du .Val-de-Gr|ce. •.•
Les colonncs colofales, font celles qui embrail'ent
plu1ieurs rangs de croifées
comme celles de la
.façade de l'Hôpital des Enfants-Trouvés, du
côté
du parvis de Notre-Dame.
On appelle enfin colonncs régulières celle
déterminées par la hauteur d'un étage qui
ne font
.ni coloffales, ni naines, & dont la proportion,
jointe à l'expreffion folide,
moyenne, 'ou délicate,
a indiqué le caractère, & les dimenlions de tous les
membres répandus dans l'étage qu'elles décorent.
Telles font les colonnes qu'on remarque
aux Châ-
teaux de Maifons de Clagni & ailleurs.
Npus avons rapporté dans le chapitre ¡or,
parlant de l'origne des ordres, en
que les Grecs, après
avoir vaincu les Cariens & les Perfes avaient
fubftitué aux colonnes, la repréfentation de
Peuples devenus Efclaves. Nous ajouterons ces ici
.qu'ils s'accoutumèrent infenfiblement à enrichir
leurs productions par des fymboles, dont le fût
de leurs colonnes fe trouva furchargé. Dès-lors
.elles perdirent une partie de
cette belle difpofi-
non qui, de leurs trois ordres avoit fait au-
tant de chefs-d'œuvre. Leurs fucceffeurs épris
de. la beauté de ces nouvelles Sculptures, les.em-
ployerent auffi, mais peut-être moins de
génie & fans donner à ces diversavec fymboles, ni la
même perfection ni la même
forte que ces attributs ne parurent convenance en-
plus que de
fimples ornements
entre les mains de leurs imi-
tateurs. Ceux-ci furent même affez inconfidérés
pour introduire fur des tiges de colonnes d'une
proportion légere, des corps ruffiques", connus
fous le nom de bo Jages ils allerent enfuite jufqii'à
y pratiquer des cannelures. tories,, & ennn des
membres d'un.flyle pefant, qu'ils, allièrent avec
des
qui acheva der ever •*
ornements délicats ce naïf
rArchiteaure ce caraûere & cette belle fim-
xntelk-
plicité fi propres à fatis&ire* les yeux
fym-
donc de faire de ces fortes de
Tâchons
effet, examinons-
bo:es un ufage pnident. Pour cet
eSaux mohidres détails, & reffouvenons-nous
décoration des édifices
de ne les appeler dans la
oédfcé. En mot, n'oublions pas qu'il
Lifpcut-être
que par un
mieux d'employer fur le fôt des
colonnes les feuls ornements
qui-leur font pro-
attributs ou desiym-
pres, & de ne revêtir des focles les iou-
boles dont nous parlons que les
baffements, ou empâtements. quia été
On appelle colonne agronomique, celle
conduite pour comme le fut
celle de l'Hôtel de Soyons déja citée.
On nomme- colonne gnomonique, celle dont le
fût cylindrique marque les heures par l'ombre d'un

Paris
ftyle comme la colonne qu'on voit au Jardin
Roi, à
La colonne chronologique eft celle qui élevée
du

dans une place publique, dans une forêt, dans le


carrefour d'un grand chemin, &c. porte quelque
infcription hiftorique.
fût eftA
La colonne Mjlorique eft celle dont leThoruon-
orné de bas reliefs., divifés par bandes
tales ou fpirales, comme la colonne Trajane, à
Rome'.
milieu
La colônnc héroïque, eft celle. élevée deaulaquélle
dune place publique& fur le chapiteau
pédeftre du Prmce,
on voit fur unfocle, la figure eft conftruir.
'en l'honneur duquel ce monument
,Ordinairement. ces; 'colonnes! font: dreffées far un
foubaffementavec unfocle & des-piédeftauxfurlel-
quels on place des figures analogues aux vertus du
Héros.
La colonne mcMorialc, eft celle qui eft élevée
à l'occafion de quelque événement particulier,
comme .celle qui fut dreffée a Londres dans le
marché aux peinons, à l'occafion de l'incendie de
ou celle qui fut élevée fur le bord du
Rhin dans le Palatinat, en mémoire du paffagede
ce fleuve par Guflave.
On appele colonne funéraire, celle dont le cha-
piteau foutient une urne, & dont le fût eft chargé
de flamines ou de larmes, comme on
en voit
plusieurs dans la chapelle d'Orléans aux Céleflins,
a Paris.
On nomme colonne bellique, celle dont le fât
Tofcan, ou Dorique, imite la forme d'un canon
telles que les colonnes de pierre qu'on v,oit â la
porte de TArfénal du côté du, quai des Célefbns
a Paris.
La colonne pkofphorique s'éleve fur un écœuil.,
ou à l'extrémité d'un môle pour fervir de fanal
à un port.
La colonne rofiralc^ eft celle qui, ornée de proues
de vaiflêau eft élevée à l'occafion d'une viâoire
navale, ou pour marquer la dignité d'un Amiral;
commets deux colonnes Doriques qui font partie
de la décoration de la principale entrée du Château
de Richelieu.
Enfin, on appelle colonne fymbotuptt celle qui,
par des allégories particuliers, défigne le motif
de fon éreâion, ou les principaux attributs de la
>Nation qui Fa fait élever. Telles croient,
par
exemple, des colonnes dont on auroir parfemé
le tût de fleurs de lys & orné le chapiteau d'ua
coq, fymbole.; de -la France.
Nous n'avons pas prétendu parler de tous les
fymboles appliqués jufqu'aujourd'hui aux colon-
nes, craignant que la multiplicité de ces orne-
ments ne donnât lieu dWabufer. Nous renvoyons
ht cet objet aux exemples qu'oji trouve dans
d'Aviler & dont nous donnerons feulement
quelques-unes des, compofitions les plus intérêt
fantes dans les volumes fuivants. Revenons aux
différents membres d'Architecture.

Des Arcades.
On. donne particuliérement le nom d'arcade, à
toute ouverture terminée dans fa partie fupérieure,
appelé plein cintre comme
par un demi-cercle
l'ouverture A. Ce genre d'ouverturefe place dans
les grands entre-colonements des édificesde quelque
importance il doit y être préféré aux ouver-
tures à plate-bande, marquées B ces dernieres
nous paroiffant mieux convenir aux croifées, mal-
gré la, quantité d'exemples contraires, ,que nous
offrent la, plupart de nos bâtiments anciens. &
modernes.
En général les portes & les croifées Toscanes,
doivent avoir moins de hautéur que les Corin-
thiennes, contre l'opinion de Vitruve & celle de
Vignole, fon Commentateur. Pour cet effet, nous
penfons que les premieres ne doivent avoir en
hauteur que deux fois leur largeur, & que les der-
nieres doivent avoir en hauteur, au plus deux fois
& demie leur largeur; enforte que la hauteur des
autres pourroit être déterminée par une moyenne
arithmétique, entre ces deux extrêmes.
Quelquefoisle fommét,des ouvertures de porte,
fe détermine par m cintre furbaiffé, & celui des
ouvertures des croifées par un arc de cercle, à
caufe duquel on les nomme bombées mais/ il faut
éviter d'abufer de ces deux dernieres formes d'ou-
vertures encore moins doit-on faire .ufage des
arcades en tiets points, introduites par les Goths,
& des ouvertures à pans coupés, telles que fe
remarquent celles de l'avant-cour du Château de
Richelieu & qu'on en voit une du deffin de
Michel-Ange dans d'Aviler, planche 7 5 page 307,
dont la forme a été imitée affez indifcrétementil
l'Hôtel de Condé, à la porte du College de Louis
le Grand, & ailleurs.

Des Pieds droits.


Les pieds-droits C font les jambages, d'une
porte, ou d'une croifée, qui s'élevent a plomb
( s ) & terminent la largeur de la baie. Néan-
moins Vitruve, chapitre VI, page 116, parle en-
core d'une efpece de porte atticurge dont les
pieds-droits font inclinés en dedans; & il indique
des proportions différentes pour établir leur incli-
naifon, félon la hauteur des ouvertures (t). Malgré
une telle. autorité, il faut éviter de fuivre ces fortes
d'exemples. A peine ce genre d'ouverture feroit-
il tolérable dans la décoration des prifons publi-
ques dans les magafins à poudre, & dans les
dépôts Militaires Terreflfres ou Maritimes les
voûtes plein cintre, d'après lefquelles les arcades
ont été'imitées, devant faire oublier ces
fortes d'où-

ficence..
vertures, dans tout édifice élevé pour la magni-
Les Egyptiens ont pu pratiquer fans doute des
ouvertures femblables à celles dontparle Vitruve,
fondés fur la néceflité de faire leurs plates-bandes
d'une feule piece n'ayant pas connu fart des
voûtes, ils ont pu ignorer celui de conftruire des
plates-bandesde plufieurs claveaux mais elles ne
feroient pas tolérables chez nous, qui avons fait
des progrès fi confidérables, dansfart de la coupe
des pierres.
Philibert de Lorme (Il) parle d'une autre efpece
d'ouvertures qui eu finverfe de celles dontVitruvé
fait mention c'euVàrdire dont les pieds.-droits
font inclinés en dehors il nous les propofe, d'a-
près celles qu'on voit à fEglife de Sainte Sabine,
a Rome, qui n'ont que treize palmes (x) quatre
minutes vers, leur bafe, & quatorze palmes deux
minutes trois quarts vers leur fommet. D'après
cet exemple, Philibert de Lorme confeille d'éle-
ver airifi les pieds-droits, lorfque les ouvertures
auront beaucoup d'élévation; à. caufe, dit-il, de
l'opaque qui rétrécit les objets les plus éloigné
de lœuil. Mais delà ne eenfuivroit-il
pas qu'on
ne pourroit élever aucun corps d'Architecture à
plomb, lorfqu'il feroit fufceptible d'une très:grande
hauteur ? Auffi François Blondel à la
Denis Perrault à l'arc de triomphe du Trône, porte S.
de
Broffe aux arcades de l'aquéduc d'Arcueil fe font
ils bien gardés de fuivre le fentiment de Philibert
de Lorme, qui d'ailleurs convient qu'en général
les Pieds-droits des
ouvertures font un meilleur
effet à plomb qu'inclinés foit hors de la baie,
foit en dedans.

Des Al&ttes.
Les alettes D (y), confidérées du côté deleur
fiirface extérieure, préfententun double pied-droit.
Leur profondeur eft ordinairement peu confidé.
rable étant déterminée par la faillie des impofles
qu'elles contiennent ordinairement. Çe font les alet-
tes qui forment les deux montants des niches quar-;
rées, dans lefquelles font contenus les pieds-droits.
Onles place auffi.horifontalement, lorfqu'onlesfait
Servir de linteau ou fommier
aux niches quarrées.
Cependant il faut remarquer que les- alettes, qui,
réunies avec les pieds-droits, font toujours très-
bien en Architecture,
ne peuvent trouver place,
tainelargeur.
qu'autant que les eritre-colonnements ont
une cet-
D'un autre côté la grande ouverture delà
porte empêche fouvént d'introduire les alênes
dans la décoration des entre-colonnements,quoi-
que ce membre l'oit nécefiaire pour appliquerun
claveau fur la porte » Se une infeription au-deffas
du linteau de la niche quarrée. Néanmoins Fran-
çois Manfard,'dans la nefdu Val-de-Grâce Fran-
çois Blondel à la porte S. DenisClaude Perrault
à l'arc de triomphe du Trône, les ont employés
avec le plus* grand fuccès, parce que' le linteau
de cette niche quarrée devenantparallèle à l'ar-
chitrave, amené nécefiairement dans l'ordonnance
.un corps intermédiaire entre le plein cintre de
1 arcade & la directionhorizontale de l'architrave;
ce quinefe rencontre pas, lorfque dans la dé-
coration d'un portique ou de toute autre compo-
sition, on- eft. obligé de fupprimer cette niche
quarrée, & par conféquent-fes alertes 8c fon fom-
mier..
On auffi le
donne nom d'alertes aux pieds-
droits K, qui foutiennent les extrémités des ta-
blettes des balutlrades.

Des Impoftes.
L'impose E (t) eft: -fc couronnementdu pied-
droit C & le foudeh de l'archivolte F en gé-
néral, Fimpoftepeut être regardé commeun mem-
bre qui-,rainfi que l'architrave, a très-peu de re-
lief. On le place à peu-près au tiers fupérieur de
la hauteur de la colônné qu'il nedi-
de manière
jamais
•vife également. On doit.
obferver d'ailleurs que'la parrie iûpéneure de 15m-
pofle, fafle-une même ligne, avec le diamètre de
i arc plein cintre de l'arcade, à moins que le pied-
droit qui foutient Hmpofte ne foit fort élevé:
car
il faut alors faire defccndre la partie fupérieure
de l'impose, un peu au-deflbus du diamètre de
l'arc plein cintre fans quoi le
rayon vifuel maf
queroit une trop grande partie de la retombée
de,larchivolte; défaut qui rendroit néceffairement
ce dernier membre défagréable & le feroirpa-
roître plutôt arc de cercle que plein cintre. Quoi-
que les impoftes aient été principalement imagi.
nés pour cacher Timperfeâion qui Íe rencontre-
roit entre la naùTance de l'arc, & le fommet du
pied-droit il faut les confidérer auffi
comme le
foutien de la retombée de l'archivolte..Coni'équera-
ment, rimpofte doit être fupprimé dans toutes les
ordonnances, ou il n'y a d'archivoltes; ces
deux membres étant, pourpas ainfi dire infépara-
Lies.

Des Archivoltes.
L'archivolte F (a) eft un membre compofe de
moulurés méplattes, qui circulent au tour de la
partie fupérieure de l'arcade plein cintre..Sesmou-
lures font affez, ordinairementles mêmes que celles
de rimpofte. Néanmoins on applique quelquefois
les unes & les autres aux arcades :furbaiffées
(.b ). Mais l'archivolte, ainfi
que; ïïmp6fte:r femble
devoir être consacré aux ouvertures plein cintre,
les refends & les bocages cet eqrichiflement
ruftique, étant plus. du report des. portes furbaif-
fées. Cette forme applatie a effeaivementjjuelque
chcfe de plus ruftique que la demi-circonterence
du cerde & femble pour cela devoir être def-
rinée aux ouvrages Militaires, ou dans l'Architec-
édifices impor-
ture civile, aux dépendances des

Il faut obferver que l'archivolte ait un peu moins


defaillie que l'importe enforte que le pied-droit C,
à l'alette D,ibit affez
en arriere-corps par raport
renfoncé pour que la faillie de l'impofte E ne
défaffeurant jamais l'alette, & l'archivolte ayant
moins de faillie que l'importe, il en réfulte autant
de membres d'archireûure détachés les uns des
autres, comme on l'a pratiqué avec fuccès aux ar..
cades de la nef du Val-de-Grâce, & non dans la
cour de l'Hôtel de Touloufe ni au Palais des
Tui-
leries du côté du Jardin non plus qu'au portail
de S. Gervais, ou de même qu'à la façade des
Tuileries les imposes défafleurent beaucoup la
furface des pilaftres tandis qu'à l'Hôtel de Tou-
loufe tous ces membres s'afleurent du moins les
uns les autres.
Des Claveaux.
Le claveau G eft une pierre en forme de coin,
qui fert de clef & tient en équilibre les vouffoirs
d'une arcade ou ceux d'une voûte. Il peut être,
liffe ou orné fur fon parement de membres
d'Architeâure ou de Sculpture felon qu'il fait
partie d7une. ordonnance plus, ou moins impor-
tante. La largeurde l'intrados ou bafe du claveau,
doit être-la fixieme partie de celle de l'arcade. Sa
largeur au Commet doit être déterminée par le
centre, qui. a fervi à. décrire l'archivolte. Les mem-
bres d'Archite&ure & les ornements qu'on intro-
duit fur les claveaux doivent nécetfairement
en
retenir la forme. Pour cela nous croyons qu'on
nedevroit jamais appliquer aux claveaux, ni man-
ques, ni têtes humaines celles-ci étant prefque
toujours contraires à la convenance, & les autres
à la vraisemblance. Nous n'avons placé une tête
fur le claveau G, que pour en faire connoirre
l'abus. Les mafques ou mafcarons, qu'on remarque
fur les claveaux des arcades de la cour de l'Hôtel
de Carnav alet font à la vérité des chefs-d'aeuvre;
les têtes de femmes placées litr les claveaux des
arcadesduChâteau deSceaux;fontadmirablesfans
doute mais nous n'entendons louer que l'habileté
du Sculpteur, & nous penfons qu'une confole, une
agraffe, ou un cartel régulier, font les feuls or-
nements qu'on doive appliquer aux claveaux. Les
façades des Châteaux de Maifons & de Clagni,
fi fort approuvéesdes Connoiffeurs ne préfentent

crétion.
pas d'autres ornements fur les claveaux*,des croifées;
encore y font-ils employés avec beaucoup de dit-
Des Chambranles.
Les chambranles H (c) font des. membres com-
potes de deux montants & d'une traverfe fupé-
rieure. Lorfqu'ils ont"quatre côtés on les appelle
cadrcs (d) la largeur des chambranles doit. être.là
fixieme partie de celle :des,croifées,&. leur/aillie
fur le nud, du mur, la fixieme partie. de la lar-
geur des chambranles. Il en eft des moulures,
qui ornent les chambranles, comme de celles qui
ornent les impoftes & les archivoltes elles font
ordinairement les mêmes que celles des architra-
ves. Lorfque dans les ordonnances fimples, on re-
tranche les moulures du chambranle, il eft nom-
mé bandeau ou plate-bande comme O mais fi au
contraire on croit devoir l'enrichir,* pour lui pro-
curer plus de mouvement, alors on l'orne d'une
crevette q dont la hauteur eft le..quart de celle
du chambranle hors-œuvre, & lon donne de faillie
à cette crofi'ette la fixieme partie de la largeur du
chambranle; Au retle il faut éviter de trop réi-
térer ces croffettes leurs re1faurs multipliés ne
pouvant que nuire à la fimplicitéde l'Architecture.
Des Appuis,
On appelle appui ( e) le mur peu élevé aubas
d'une croifée & qui fert d'accoudoir; fa hauteur-
eft au moins de deux pieds 3: demi, & au plus de
trois pieds & un quart, felon que le mur a plus
ou moins d'épaiiTeur ou que fappui fe trouve
placé dans un bâtiment public ou particulier. On
fait les appuis pleins, évidés ou a jour. On. ap-
pelle appui plein, celui qui eft tout de pierre de
taille ou feulement de maçonnerie, & couronné
d'une tablette. L'appui évidé eft celui; où l'on, a
introduit dans une partie de. fa hauteur, des 'en-?
trelas ou des baluftres comme,M, efpacés de ma-
niere qu'ils préfentent autant .de pleins. que.de
vides. On entend par appui à jour, celui qui n'eft
rempli- -que -par un-balcon'&~qui par le peu' de
largeur des barreaux de fer -qui
compofent fes
compartiments lailfe juger de la hauteur de la
croifée depuis le bas de fon iufques
fous fon commet. On fait ufage ouverture
de l'appui plein
lorfqu'on eft obligé de donner
peu d'élévation aux
croifées, de l'appui évidé lorsqu'on
en doit don-
ner davantage; enfin de l'appui à jour, lorfqu'on
veut rendre les ouvertures plus élégantes autant
de reffources qui peuvent
procurer aux ouvertures
un rapport effenciel avec le caractère de l'édifice.
Des Niches.
Les niches devroient être réservées pour
la, décoration des édifices facrés, celle des
fontaines, des bains publics, &c. &pour
n'être que ra.
rement employées dans les bâtiments deftinés à
1 habitation. Ici leur cavité altere fouvent la fo-
lidité des murs de face & leur application fait
ra-
rement un bon effet dans l'ordonnance extérieure.
D'ailleurs, il faut convenir
mées dans les niches, perdent que les ftatues renfer-
beaucoup de leur
beauté, en dérobantaux
yeux du Spectateur la plus
grande partie du mérite de ce genre de Sculpture.
On fait les niches grandes, petites
ou moyen-
nes. on les fait circulaires par leur plan & par leu;
fominet comme I, ou quarrées
planche X X comme S, figure I,
(on fait encore à plate bande,
Ie4.;mmet de ces dernieres. ) Celles-ci fontié-
jervées pour les ouvrages Tofcans ou Doriques;
&' lus autres,
pour les ordonnances ou' préfîdént
lesordres Ionique, Corinthien & Compofite. On
doit obferver en général de n'en faire ni de fi petites,
qu'elles ne puiifent contenir une tlatue dont la
hauteur foit;à peu près le tiers de celle de Tordre,
ni de fi grandes que le milieu de la tête, de la
ftatue ne puiffe atteindre le deifus de l'impofle
ou diamètre du cul-de-four de la niche; c'eft
pour quoi aflez fouvent on éleve ces tiatues fur
un piédouche r. Voyez dans les volumes Suivants
les différents devins de-niches que nous donnons

Des Statues.
Ce que nous venons de dire des Values, rela-
tivement aux niches nous donne lieu de parler
du Tapport des ftatues avec les. ordres d'Archi-
teâure. D'abord il eft eflenciel de déterminer .ce
que nous entendons par fiâmes proprement
dites,
& en quoi elles different des figures également
deftinées à orner les édifices.
On appellefiatue (g), tout ouvrage de fculpture
repréfentant le corps humain, tenu debout ou à
cheval. Celles de la premiere efpece font, nom-
mées pidefires comme U ou comme la ftatue
de Louis le Grand à la Place des Viâoires les
autres font nommées équefires telles font. les
ftatues de Henri I V de Louis XIII &c.
On appelle figures celles qui font placées fur
les deux corniches rampantes d'un fronton comme
L & comme celles du portail de Saint-Roch ou
affifes comme celles qu'on voit aux- -portes des
Hôtels de Touloufe & de Soubife
comme celle du Cardinal ou à genoux
Nations; ou enfin couchées, comme celle
dînai de Richelieu du Car.;
la
Les figures fe font
en ronde boffe en demi,
ou en bas-relie£ Ces différentes
fi l'on excepte celles qui font
en
quelles peuvent être d'un plus petit
vent avoir de hauteur, environ le tiers de
autrement elles feroient l'ordre;
nommées
que', difputant de, hauteur
rroîtroient gigantesques avec l'ordre, eUes-pa.*
On fait les âgures nues
ou drapées,
ou grouppées & fouvent accompagnées
d'allégories, qui contribuent;
pré1ide dans la:
fur 17ufage

Des
Comme les font affez
couronnées de qu'il doit y avoir un
il doit auffi rapport déterminé entre ces
Néanmoins on doit dans la décoration.'
hauteurspourles
de ces hauteurs
croiféés comme M aux
efcaliers-: celles-adoi-
lampes & aux paliers des
vent être afiujetcies à la
hauteur du corps humain::
fervent
l'autre hauteur regarde les balustrades qui
dernières
de couronnement aux édifices ? ces
les précédentes;
peuvent être plus hautes queexcéder la hauteur
mais elles ne doivent jamais
couronnées.;
du coude des fiâmes dont elles font
ordinairemenc
Ces deux fortes de baluilxadesfont
compofées ainfi que les piédeftaúx des ordres
d'une bafe ou d'un fode, d'un dé & crune corniche
du dé, que
ou tablette; c'eft dans la hauteur
font contenus les baluftres ( i )., efpece de'.petites'
colonnes qui ont donné à ces fortes dappux ou
Les balu-
couronnement, le. nom de baluilrade.entre-colon..
ftres doivent fe placer à plomb des:
descroiiees;
nements ou des vides des portes &
& les dés ou piédeftaux à plomb des colonnes ou
des trumeaux des façades. Dans tous les cas, la
hauteur du dé &par conféquent du bakftre doit
être égale aux diamètre fupérieur ou inférieur de
la colonne la tablette doit avoir le quart du ba-
luftre & le focle une hauteur 'indéterminée;
felon que les baluftrades feront affujetties, ou-£
la hauteur du corps humain, ou àcellédes ftatues."
Par la même raifon les membres du balnâte,-
ainfi que les ,moulures qui ornent le fode le dé-
& la tablette, doivent être employés en plus ow
moins grande quantité, avoir plus: ou moins de'
relief, & recevoir plus ou moins d'ornements,
felon, le caraftere pu Texprefllondé -l'ordre.Voyez
les différents genres de baluftres que nous don-
nerons dans la fuite.
Des Avant-corps.
On appelle en général, avant-corps, un corps
d'Architecture, faillant, ou fur le nud du
mur de
la façade on fur le mur intérieur d'un bâtiment.
On dit auffi d'un pavillon qu'il forme
avant-
corps, lorfqu'il faille fur le mur de face propre-
ment dit, celui-ci devenant alors arriere-corps,
comparé avec le pavillon.
Les avant-corps font introduits dans l'Archite-
ûure, pour donner du mouvement & pour pro-
curer de la ricbefle à tous les genres de décora.
tion. Quelquefois on multiplie plufieurs de
ces
corps, les uns devant les autres alors les colon-
)
nes T, ( planche XX forment le premiere avant-
corps le pilaftre V, forme le fécond & le nud
du mur U., devient l'arriere-corps.
La réitérationplus ou moins confidérable de ces
corps dansla-décoration d'un bâtiment, dépend de
fommportance.& de fon étendue,ainfi du cara-
ûeredè l'ordre. Dans les ordonnancesque Tofcane &
Dorique, les corps ïaillants ou rentrants, doivent
préfenter des angles, droits pour annoncer une
fermeté analogueà la Solidité réelle & apparente de
ces ordres au contraire, dans les ordonnances
Ionique Corinthienne & Compôfite on peut
introduire dans les avant-corps, des pans cou-
pés, des tours rondes ou des tours creufes. Mais
en général il faut ufer modérément de ces der-
nières formes qui femblent ne convenir que
dans fintérieur des bâtiments les dehors desman-
dent un tlyle plus grave; les petites parties, les
fimiofités, les angles obtus, & fur-tout lesangies
de la décora-
aigus ne devant jamais faire partie
tion extérieure. Il faut encore que la faillie de ces
différents corps les uns à l'égard des autres foit
relative au caractère de l'ordre. Dans l'Achiteaure
'folide ils peuvent avoir beaucoup de faillies, afin de
produire de larges ombres on doit au contraire,
dans l'Architecture moyenne ou délicate leur
donner. moins de relief, & ne pas craindre de les
multiplier. Mais dans tous les cas on ne -doit
placer aucun de ces corps, qu'il ne contribue indi-
quer précifément le caractère
particulier d'un Edi-
fice facré, d'un Palais ou d'une Maifon deftinée
à l'habitation des Citoyens.

Des Frontons.
Les frontons ( k ) fe font triangulaires, ou cir-
culaires ces derniers different du fronton trian-
gulaire N, en ce que les deux corniches obliques
de celui ci fe réunifient en une feule courbe
dans le fronton circulaire comme on le voit
aux
frontons des ordre- fupérieurs des Portails des
Minimes de Saint-Gervais & du Val-de-Grâce.
Les frontons circulaires étant d'une forme plus
pefante que les triangulaires, ne devroient jamais
être placés que dans les ordonnances rufüques ou
folides & les frontons triangulaires dans» les bâti-
ments où préfident les ordres moyens & délicats;
encore faudroit-il ufer modérément de ce genre
de décoration. Le trop fréquent ufage qu'en ont
toit les Architeftes du dernier 1iecle devroit nous
déterminer à n'employer les frontons
qu'il s'agit de couronner un avant-corps que Ion.,
dans le
frontifpiee d'un Temple, dans celui d'un portique
ifolé, ou de tout. autre corps d'Architeûure
détâché du reile de.lïdifire conféquemment ils
ne devroient être admis que lorfque la néceffité
femble aucorifer-ce genre de
couronnement, dont
la forme .pyramidale- peut contribuer
flyle de l'ordonnance.
à nxer.le
Les frontons de l'une & de l'autre forme, doivent
avoir de hauteur 1a cinquièmepartie de leur bafe.
Nous. ne parlerons point ici des frontons à pans,
ainfi nommés parce que les deux corniches in-
clinées font coupéeshorifontalement dans leurpartie
fupérieure ni de
ceux qu'onappelle brifés, la cor.
niche horizontale & le fommet étant interceptés;
ni de- ceux dont on intercepté feulement la bafe,
pour laùTer monter une croifée ou un bas-relief;
jufques dans letympan(Y) ni desfrontonsenroulés,
qu'on' nomme ainfi., parce
fupérieures font terminées en que leurs extrémités
volute;' ni de ceux
qu'on.infère, tantôt circulaires,tantôt triangulaires;
les-uns dans les autres,
non plus -que de ceux qu'on
appelle à reffaut à croffette percés à jour, &c.
autant d'efpeces de compositions (m) qui annoni
cènr plutôt la ûérilité du génie 'de "llArduteûe,
que le talent de TAmiie.
Des Acroteres.
Un acrotere (n) eft un dé de
pierre qui fe
place fur les-extrêmitésfupérieures comme V, & in-
férieures des; frontons. Les. anciens en faifoientua
fréquent ufage pour Soutenir- les ûatuesdont ils
ornaient leurs édifices ;àleur exemple,les moder-
nes en ont auffi décoré leurs bâtiments, comme
on le'remarque à -Marli à Sceaux & ailleurs.
Quelques-uns donnent auffi le- nom d'acrotere
aux petits pieds-droits placés à l'extrémité des
travées des baluftrades comme le pied-droit K
de la baluûrade. M. Nous obferverons ici qu'il
eft peut-être plus effencïél qu'on ne penfo de-né
pas employer indifféremment le: -même terme
pour défigner des
genre & d'un ufage différents, parce que charua
de ces membres ayant- des propriétésparticulieres^
dans l'ordonnance des édifices-, il -eft iléceffaire
de s'e3q>rimèr:;dn^eminéritlorfqû1îls'agit de-: les
énoncer & défaire concevoir aux autres la jufte
application: qu'on'en doit faire. Ce n'eft<pi'encon-
fultant l'étymologie.des termes de 4'arc, en re-i
montante ta ^urce, &eh fe rendant compte:de
la manière jùdicieufé'dbnt; les- anciens -en: ontwféy
qu'on- péut employer 1 avec, choix ces différents-
membres, ce qu'on évite déplacer àU'-hazard [y
la multitude 'des détaik, dont on- furchàrgeibiK
vent-fcs productions. Par exemple, à propos da
fronton confultons l'étymologie de ce mot. Ne
femble-i-il pas qu'on ait, jusqu'aujourd'hui, négligé
d'obferver la relation que doit avoir un touron-
nement de cette efpece, avec un avant-corps ou
toute autre grande partie d'un édifice ? & neû-il
pas étrange d'en voir à chaque étage d'un bâti-
ment, ainfi qu'on, le remarque au portail de S.
Gsrvais déja cité & ailleurs, tandis que la:partie
fupérieure de l'avant-corps, devroit feule être ter-
minée par un tel amortiflement ainfi qu'on vient
de le.pratiquer plus convenablement dans la cour


du vieux Louvre?
Des Amortiffemcnts*

On appelle amortiflement celui marqué aa ou


d'Architeâure,
tout autre corps qui couronne ra.
vant-corps d'un .bâtiment. Les amortuTements tien-
nent quelquefois la place des frontonsdans l'or-
donnance,des, façades mais leurs contours variés
& finueux ,s'accordent rarement bien avec le
caraâere grave;' deTArchiteâurequi les foutient.
Lorsqu'onfe trouve forcé de faire ufage de ces
fortes de courpnnements ^il faut du moins que
les. membres .,dÂrchiteâure qui les composent
lîëmportent de .beaucoup fur les ornements. Pour
cet effet il -faut que l'Architeûe en dirige les
maffes &: en -domie-les Sculp-
teur', qui très-couvent peu févere*, fait quelque-
fois* à la vérité, un ouvrage deScujpture inté-i
reflant confidéré à part mais qui produit rare-
ment un Tjon "effet avecTArchitedurer"
de.fi difficile à.compoferqu'un
bel amortiflement; c'eâ le fruit du raubnnemcnt
du goût de Fart. Auffi. avons-nous peu. d'e>
à
zemples citer en cette partie. Le Château de
Verlailles, du côté de la cour de marbre le
Manege à Chantilly, le Château de Marly le
Palais Bourbon:, du côté de l'entrée font peut-
être les meilleures comportions en. ce genre
encore /en -faut-il beaucoup ne laiffent rien
à defirer. aux .ConnouTeurs.
Quelques architeûes, non contents de faire py>
ramider leurs avant-corps, .par: un fronton, ont
encore funnonté; celui-ci d'un amortùTemént. Ce
double emploi produir rarement un bon effet
c'eftpréfenter trop d'objets, dans,une feule déco-
ration c'eft. neut^êtte- roflrirliL.lâ- fois trop dé
membres d' Architecture & d'ornements de Sculp-

çadesplus connues que belles plus riches que


décentes, &- plus frivoles que réguliéres.-

• Des Tables.
Une table (r) efl ordinairement^ un corps iaïï-
lant- ou rentrant', fîmple ou orné- de- moulures.;
iifle ou enrichie de Sculpture, qui s'étend fufïa
furface -d'un mur. celle
qui excéder le nuddù

table. arrafée: celle- qui affaire"


mur, & qui rfen-eft
'-dit
comme P tatAe'ruùr<uzie ceïïéquieftfenfoncëèî.

^té pritiquëe.à'1'entour, pour ^'détacher :dû


corps qujon a voulu enrichir.table Jimpie j celle'
qui n'a aucune éfpéce de moulure1. qui; lui ,ferve
,de*, cadre table-omee, au contraire,celle anpoitf-
Mur de kqueUeon -a placé des moulures, pour
iai&rnr a l'ordonnance de la décottttion table
celle qui n'a fur fa furfàce aucun ornements
«e-Sculpture^ enfin, «table enrichie, celle où l'on
a taillé un bas- relief,- un trophée^&c, Il -ne faut
jamais, dans les dehors, chantourner les angles
des tables en pierre, en marbre^;
ou du moins
on¡ ne doit «n ufer .ainû que. très-rarement. A
peine, ces. chantournements fe tolèrent- ils dans la
Menuiferie iba^dans rEbénifterie, :nîîfe
en œuvre
dans 1. On trop-
tôt iaccoutumer^à éviter tout ce s'éloigne de
la implicite dans la décoration, extérieure.

'On ^PF^ain^kdûlançe flu.le,nui!uflè.;i


uni, qu'on laiiTe entre une moulure & une autre
moulure entre un,cadre, un autre cadre
enfin entre un corps & un autre corps, foit fail-
Jantjfoit rentrant. Les, champs font,, des repos
pour
.divers jmemhres <f Architecture* ',& les faire 'yar
loir-, les.. uns par^?. ^fÇSj, fans .être^obligé
ornements. font'éa
Architecture:, ce.; que font
obUgé:de"rgarder,
mentaux- jppinjÉs autres'figiies. deÙajponç-

tâÛës"P? reg^em def .champS;i;


t
ces derniers ne doivent jamais être ni trop larges,
qui paroûTeûarbittake'.àla. plupart, des jeunes
ijrcnireaes que ies cnamps. us ont de la peine a le
perfuaaer que tou t im portedans ladécoratmn,qu'un
champ trop étroit y donne un air de menuiterie, & la
rend mairie & mesquine; qu'au contraire un champ
trop large la rend lonrue & maifive; ils oublient que
tout eu relatif, qu'il u'y a ni petite1ie ni grandeur ab-
folue dans l'Architecture que ce funt les rapports
des membres comparés les uns avec les autres qui
conflituent les vraies beautés de fart & que ces
rapports doivent fe puiser dans les caractères iblide,
moyen ou délicat des ordres Grecs que cette
connexité eft indifpenlàble, & que le plus grand
nombre n'eft point aliez peiïuadé qu'on r.e lauroit
parvenir à une véritable peifeûion, fans les combi-
naifcns la reflexion& l'expérience, Il faut favoir,
par exemple, que ies champs qui régnent autour des
tables placées dans les piédeita ux des baluftrades*
doivent avoir la fixieme partie de la hauteur du dé
dece même piédeltal, & partir de ce principe pour
établir une largeur convenable aux autres champs
répandus dans l'ordonnance de la décoration.
Des Pyramides & des Obélijques.
Nous avons déja dit, en parlant de l'origine des
ordres, que les pyramides étoient de forme
quadrangulaire par leur plan & qu'elles dimi-
nuoient infenfiblement en eélevant vers leur fom-
met. Nous avons rapporté auff qu'elles faifoient
le principal objet des monuments des Egyptiens,
& .que les Rois d'Egypte les faifoient élever
leur fépukures. pour
En France, nous avons not i-feulement confervé
cette tonne pour la décoratiot i des tombeaux, des
maufolées, des catafalques,&c.. mais nous en avons
quelquefois orné les frontifpic es de nos Eglifes à
Paris, comme à S. Nicolas dm Chardonnét, aux
Feuillans aux Petits-Peres, prt^s la place des Vic-
toires, & ailleurs: François Blonidel les a employées
aùïfi mais en bas-relief, à la po rte S. Denis; & fur
celles-ci fe remarquent des trop. bées de Sculpture
d'une compofition & d'une exéc,ution admirable.
y Nous avons aulû parlé des obélisques (g); nous
répeterons ici qu'ils étoient élevée chez les Egy.
ptiens pour honorerla mémoire & les' hauts faits des
grands hommes que Rome efl encore aujour-
d'hui embellie de quelques uns de ces anciens
monuments conftruits en Egypte, d';une matiere
très-précieufe, & d'une grandeur étonnante; car
tous les obélifques antiques font de granit ou de
pierre Thébaïque & remplis pour la plupart de
caractères hyérogliphiques. La proportion, de la
hauteur à la largeur des obélifques., félon le:! recher-
ches de M. Saverien, eft d'avoir d'élévation 9 fois
ou même jufqu7â 9 fois & demi la largeur de leur
bafe, & leurs fommets font de la moitié de leur
bafe. Au refte notre Nation a fi peu élevés de
ces fortes de monumentsque leurs véritables pro-
portions ont été chez nous affez négligées &
qu'on n'a guere confidéré pour en déterminer le
rapport que le motif de leur érection, le point de
ouiancc a ou us aoivenr erre apperçus enfin la.
qualité des matieres qu'on emploie pour leur
conitruâion. Voyez l'obélifque marqué b intro-
duit dans cette planche moins parce qu'il nous
y a paru convenable que pour donner une idéé
de leur tbrme & des ornements modernes dont
on peut les revêtir.
Planche XX.
Des
On et placé dans cette plan*. jure I le plan
du portique précédent d'un coté les colon-
nes font iiblées & le pilaflre d'angle, faillant feu-
lement d'une fixieme partie de fa largeur dé
l'autre les colonnes font engagées de la 1ixiè-
me partie de leur diamêtre dans des pilaftres;
& le pilad'angle V a deux faces chacune dé
deux modules ce qui lui fait faire un grands
avant-corps fur celui U. On a auffi marqué dans
ce plan une portion, de niche circulaire I &
une portion de niche quarrée S pour faire
voir leur différence. Au reûe, il faut fe reffou-
venir que la configuration de ce plan ainfi què
fon élévation dans la planche précédente; n'en:'
qu'une complicationde membresraffemblés fous un
même point de vue, fans autre objet déterminé.
On appelle foubaffement un étage à de
chauffée comme g figure 11, Servant derezpié-
detlal continu à un bel étage défigné h
& dans
lequel fonr diftribués les grands appartémentsi
Les foubaflements ne doivent jamais contenir
d'ordre d'Architecture ( r ) certainement leur
Deu
d'élévation doit apporter de l'altération dans les
membres d'Architeûure qui les compofent
par
exemple, les ouvertures doivent avoir une pro-
portion plus racourcie que celles des étages régu-
liers, les corniches êtrd plus amples & moins
baillantes. Le périflyle du Louv re la façade de
Verfailles du côté des jardins, les Places de
Vendôme& des Victoires, ont pour rez de chauffée
un foubaffement dans, leurs façades extérieures.
La hauteur des fp ^«Çëments eft d'avoir à peu-
près les deux rite/de l'étage fupérieur. Nous
traiterons ailleurs de leurs avantages & de leurs
défavantages dansl'Architeâure, & nous donne-
rons les différentes mefures de ceux que nous
yenons de citer.
Des Attiques.
Nous avons déja dit qu'un attique étoit un
étage racourci que les Athéniens avoient imaginé,
pour recevoir des inicriptions & marquer les cou-
vertures de leurs édifices. Ceft auffi chez nous
un étage comme i, ayant peu de hauteur, & qui
fert à couronner la partie fupérieured'un bâtiment,
d'un avant-corps ou d'un pavillon les anciens ne
donnoient à cet étage que le quart de la hauteur
de Tordre ou du bel étage qui lui fervoit de
foutien. Nos Architectes modernes ont fixé fa
hauteur à peu-près à la moitié & y ont intro-
duit des pilaftres auxquels ils n'ont donné que fix
diamêtres. Cette proportion racourcie attribuée
feulement à ce genre d'étage, a auffi déterminé
des ouvertures & des membres d'Architecture,
qui femblent lui être confacrés & dont nous
traiterons en particulier, en donnant les mefures
exactes des atdques du Vieux-Louvre, des Châ-.
teaux de Maifons de Blois, de Clagny, &c Nous
dirons feulement ici qu'on appelle atuques conti-
qui -environnent le pourtour d'un édi-
nus, ceux
fice, comme celui qui termine la façade de Ver-
failles, du côté des iardins attiques interpofés,
ceux qui font fitués entre deux grands étages, comme
celui du gros pavillon de l'intérieur de la cour
du Louvre attiques d'accotement ceux qui flan-
quant un avant-corpscontribuent à faire pyra-
mider ce dernier,,comme aux écuries du Châteatt
de Maifons attiques d'amortiffement ceux qui
réduits à une moindre hauteur que le quart, ter-
minent une porte triomphale, comme à la porte
S. Bernard; enfin, on appelle attique d'habitation,
celui.qui ayant des ouvertures de croifées fert
dans la demeure des grands, pour les logements
des Officiers & d'étage fubalterne dans les bâti-
ments- particuliers.
Nous obferverons encore que. malgré 'la mul-
titude d'exemples que nous avons de ces fortes
d'étages employés par les modernes, les attiques
des anciens nous parouTentpréférables. Cet étage,
tel qu'ils l'employoient annonçoit un caraâere
particulier qui contribuoit à relever l'éclat de la
belle Architeâure au-lieu que lesatriquesmodcrnes
n'offrent, le plus fouvent, que des étages impar-
faits & peu capables de figurée dans la décora-
tion des édifices publics & des Palais des Rois,
& qui pour cela ne devroient être mis en œuvre
que dans les bâtiments privés où. l'ëconomie
doit l'emporter fur la magnificence..

Des Refends & des Bojfages.


Les refends dans l'Architeâure font une imi-:
tarion des joints qui dans Fart de bâtir, fe trou,
vent néceffairement entre deux pierres. On fait
ufage des refends dans certaines parties diun
mur
de tàce, pour lui procurer une efpece d'enrichiffe-
ment. 11 y a plufieurs fortes de refends ici com-
me ailleurs on doit obferver une variété, non-
feulement aux différents ordres d'Architeâurc
mais encore à la richeffe ou à la Simplicité qu'on
• peut affecter à chaque ordre confidéré féparément.
En général on appelle donc refends, les interfaces.
cdet figure 111 & confidérés comme autantd'in-
çifions faites dans l'épaiffeur d'un mur;, car fi
ces,
Jfefends n'étoient pas renfbncés, ils deviendroient
communs à fafurface les affifes feroient faillantes,
& elles formeraient alors des boffages comme
Y. Ces boffages ainfi que les refends peuvent
recevoir différentes moulures, comme on le re-
marque en c en d en e en/, &c. La hau-
teur des refends eft communément la douzieme
partie de celle des affifes ou boffages & leur
profondeur eft égale à la moitié de la hauteur
.des interftices, félon la variété l'élégance de
Yordre. ou
Il faut favoir que les refends & les boffages,
font une richeffe Tofcane & Dorique, conféquem-
ment au'ils ne doivent guere être employés dans,
les ordonnances Ionique Corinthienne & Com-
pofite. D'où il s'enfuit encore qu'il ne feroit'nul-
lement convenable d'appliquer aux boffages une,
Sculpture trop délicate., comme celle qu'on re-.
marque aux colonnes Tofcanes des: guichets, du.
LQuvre. Les vermiçulures^ les congélations les.
pétrifications, les piquures, font les feuls enrk
chiffements que comportent les ouvrages rufli--
ques^ encore faut-il les,employer avec choix^&iSv
lativement au genre de l'édifice, & afiefter dans ces
fortes d'ornements, un travail large, vague, incer-
tain, puifé dans les exemples que nous offrent en ce
Voyez ce que
genre les produôions de la nature.
parlant des orne-
nous dirons dans la fuite en
N'oublions pas de dire,
ments, appelés vermiculures.
ici que la hauteur des boffages image des affiles
dans la conftrucHon ne doit guere excéder la
hauteur d'un module, devant rapporter la dimenfion
de chaque membre à celle de l'ordre préfent ou
abfent.
Des Entablements décompofes.
On appelle entablement décompofé celui oia
l'on a fubfütué un gorgerin & un afiragale à la
place de la une, & de l'architrave d'un entablement
régulier. On fuit ufage de ces fortes d'entablements
dans l'Architeâure, pour éviter de donner trop de
hauteur au couronnementde l'étage fupérieur d'une
maifon pardailiere mais jamais..dans la décoration
d'une façade- où un ordre d'Architecturepréfide;.
être confi-
parce que cet entablement ne pouvant principales.
déré que comme uw décompofé des
parties d'un entablement, il feroit mal de couronner
membre
un corps véritablement régulier par un.auffi, d'a-
d'Architeâure mutilé. On doit. c.oncevoir
près cène obfèrvation,,qu'ilfant retrancher certain
membres des. moulures de la corniche,, proprement
dite pour lui donner une fimplicité relative à la
nouvelle frife & au nouvel architrave,, appela
ici gorgerin & aftragale.
La hauteur de ces fortes de corniches Ce'
vife en fent parties dont une. efl: donnée ta&
tragaïe, deux au gorgerin & quatre à la corniche:
cette dernière fe fubdivife enfuite en trois parties!
dont la premiere détermine la hauteur de
beltment ou de la cimaise inférieure la l'encot
hauteur du larmier; & la troifieme, celle la
de la
citnaife fupérieurc, &c.

Des Corniches architravées.


On appelle corniche architravée, un entable-
mentdont la frife eft fupprimée & dans l'ar-
chitrave duquel on a retranché la cimaife fupé-
rieure de maniere que ce dernier touche immé-
diatement à la corniche, dont la cimaife inférieurc
tient lieu de couronnement à farchirrave. Nous
obferverons que cet entablement ainfi décompofé,
ne devroit jamais s'appliquer dans les dehors des
édifices, principalement quand les ordres d'Archi-
teâure y préfident & qu'on ne devroir
faire ufagede cette efpece d'entablement, gueredans
les étages attiques ou dans la décorationquedes ap-
partements; cette mutilation dans l'Architeaure
des dehors lui ôtant Con caractère expreffif, mal-
gré l'exemple du Château de Montmorenci. de
celui de Saiai-Cloud & aillâtes.

Les pfinrhes (s) comme nous rentendons, font


des efpeces de corniches méplates, & où les faillies.
des cimaifes fupérieures & des larmiers, font fup-
primées, comme le fait voir le membre Z, plan-
cheXlX ce membre ainfi réduit à la faillie de
la cimaife inférieure, s'emploie ordinairement dans
la décoration des façades pour défigner, dans les
dehors, la divifion intérieure des planchers ou
des portes des
pour couronner les pieds-droits
pieds-droits des grilles
cours, des avant-cours,& les Quelquefois donne
de nos jardins'de plaifance. on
à la faillie de ces membres d'Architecture, le dou-
ble de celle de la cimaife inférieure, à deffein de
pratiquer dans le fofite de la plate-bande de la
plinthe un canal par où les eaux du ciel puif
tent s'écouler loin de la furface du mur couronné
par ce membre.
Des Trumeaux.
On appelle trumeaux, la partie qui dans un
mur de face fe trouve placée entre les ouver-
tures des portes & des croifées d'un bâtiment. fa-
Les anciens fefoient les trumeaux de leurs
çades fort confîdérables ce qui leur donnoit lieu
d'enrichir l'extérieur de leurs édifices avec beau-
coup de magnificence d'ailleurs le befoin quits
avoient de mettre l'intérieur des appartements à
l'abri de la chaleur des dehors, felon le climat ou
ils bâtiffoient ne contribuoitpas peu à les obliger
de faire leurs ouvertures peu confidérables &
leurs intervales fpacieux. Chez nous quoique
dans un climat affez tempéré, nous avons beau-
coup imité les ufages des Anciens à cet égard,
ainfi qu'on peut le remarquer au Château de
Maifons. par François Manfard au Château de
Vîncennes par Le Veau au Palais du Luxeni.
bourg par Debroffes &c. Plufieurs ont imité ces
Architectes dans la pefanteur de leurs trumeaux,
fans trop favoir pourquoi quelques autres depuis,
plus jaloux de la beauté intérieure que de l'or-
donnance des façades ont affeûé de faire la lar-
geur de leurs croifées beaucoup plus confidé-
-rable que les trumeaux qui les féparent.: deux
excès, fans contredit également à éviter; le pre-
mier, occasionnant beaucoup d'obfcurité dans
les dedans & donnant un caraâere de pefan-
teur à la décoration des dehors le fecond, nuifant
fouvent à la folidité & ne permettant que diffi-
cilement une décoration extérieure véritable-
ment intéreffante. Il y auroit fans doute un moyen
d'éviter l'un & l'autre inconvénient; ce feroit
dobferver entre les pleins & les vides, un rap-
port progreffif qui feroit déterminé par rexpref-
iuon des cinq ordres en forte que par cene
relation de la largeur des trumeauxaux croifées,
& de celles-ci aux ordres chaque bâtiment
( nous entendons parler ici des bâtiments d'habi-
'tation), porteroit un caractère dHHnâif de force,
d'élégance, de richeffe ou de fimplicité puifée
dans fexpreffion des ordres, & par conséquent
autorise par les préceptes fondamentaux de l'Art.
Cette réunion du tout aux parties & des par-
ties au tout, n'auroit-elle pas été trop négligée
jufqu'aujourd'hui? & cette même négligence ne
ieroit-elle pas la fource de l'imperfe^on qu°a
bâtiments,ou très-
remarque dans la plupart de nos qu'exige cha-
fouvent, fans avou égard au ftyle
confidéré féparément, on remarque
que édifice empreinte;
dans ces diverfes productions, la même
d'où eft née vraiffemblablement cette
monolonie
infuportable au lieu de cette
cette affe&ation diffanctifSrde cette
diverfité louable, de ce caractère
rendre notre Ar-
convenance fi néceffaire pour recommandable.
chiteûurefrançoife véritablement
Nous avons déja vu en parlant des portes &
des croifées que Vignole affignoU la meme pro-
portion à toutes les ouvertures Tofcane Don-
Ionique Corinthienne & Çompofite fans
que,
avoir égard aux düférentes expreffions des ordres.
Nous avons combattu cette opinion d'après 1 auto-
rité des plus habiles Architectes de nos jours.
Nous ajouterons ici, comme une fuite du même
principe que les trumeaux doivent également
avoir plus ou moins de largeur felon le caractère
folide moyen ou délicat qui préfide dans 1 or-
donnance de la décoration des bâtiments pour
cet effet nous croyons qu"ll feroit bon de donner
à celle;
aux trumeaux Toicans une largeur égale Co-
du vide des ouvertures & aux trumeaux
rinthiens feulement les deux tiers de cette même
largeur qu'à 'l'égard des trumeaux des autres
ordonnances 'Dorique & Ionique, la largeur en.
pourroit être fixée par une moyenne arithméri-
que. Au refïe nous ne prétendons pas que ces.
rapports ne puiffent recevoir quelques change-
ments; mais du moins ils pourroient produireàcet fe
effet qu'ils obligeroieat le jeune Arnfte
rendre raifon du motif qui l'auroil déterminé a
s'écarter de la regle générale, & lui impoferoient
la néççffité de ne perdure jamais de, vue les Lois.
établies ou du moins approuvées par le plus
grand nombre des Archite&es modernes.
Des Encoignures & des Écoinc6ns.
On appelle écoinçons dans l'intérieur d'un bâti-
ment, la partie du mur de face depuis l'embra-
,fure d'une croifée jusqu'au retour de l'angle d'un
mur de refend on donne encore ce nom à Tangle
rentrant d'un arriere-corps extérieur, qui, tou-
jours plus étroit que le trumeau,
occupe fefpace
compris entre le retour d'un avant-corps, & le
tableau de la premiere croifée, percée dans l'ar-
riere-corps.
Dans ce dernier cas il faut que la largeur de
l'écoinçon puiffe contenir celle d'un chambranle,
plus un intervalle qui en détachant cham-
branle du retour de l'avant -corps laine cela liberté
d'ajouter à ce même chambranle
contre-chambranle une croffette,
un & quelquefois à fonatri-
que, la faillie d'une plinthe d'une corniche, &c.
Une encoignure au contraire doit toujours
être plus grande que la largeur d'un
trumeau,
comme annonçant une plus grande réfiftance, &
paroiffant fortifier les extrémités de ravant-corps,
1 qui femblent toujours pouffer
il faut fe rappeler, que lorfque au vide. D'ailleurs
les ordres préfi-
dent à la décoration d'un édifice ces angles
faillants font communément revêtus de deux
lonnes où de deux pilastres accouplés taadis co-

que les trumeaux n'en ont qu'un &.que 17idée


des ordres & la folidité néceflaire dans lés
tous
genres d'Architecture doivent s'annoncer àbfolu-
ment, foit dans les ordonnances fimples, fois
dans les ordonnances compofêes.
Des Mélanines & autres efpeces d'ouvenures
conjîdèrèes comme accejfoires dans
la décorations des Edifices.
Nous avons parlé précédemment des portes &
des croifées, & de leur proportion; mais comme
tout ce qui contribue à la commodité des dedans
d'un édifice doit auffi contribuer à rendre plus
parfaite fa décoration extérieure & que les portes
& les croifées ne font pas les feules ouvertures
qui entrent dans l'ordonnance de la décoration
des façades, il nous paroît nécenaire d'examiner
ici les ouvertures appelées mézanines celles
qu'on nomme attiques enfin les lucarnes les
œuils de boeuf les barbacanes les foupiraux,
&c.
On appelle mézanine ( t ) une ouverture m, plan-
che XX, qui n'a de hauteur que les deux tiers de
fa largeur; elle fe place ordinairement au-deffus
d'une croifée contenue dans lentrecolonnement
d'un ordre qui, par fa hauteur, embraffe un étage
& demi, comme au Château de Saint-Cloud.
Une croifée attique n eft celle qui, n'ayant
pas les proportions régulieres dont nous avons
parlé au fujet des portes & des croisées, peut-
être réduite à la hauteur d'une fois & demie fa
largeur, foit qu'on la place dans une étage appelé,
attique, qui lui donne fon nom comme au Châ-
teau de Verfailles du côté des Jardins foit
qu'elle fe trouve dans les entrepilaftres d'un ordre
coloual, comme à la, façade du Louvre du côté
de la riviere. Nous croyons qu'en général la partie
fupérieure des mézanines & des croifées attiques;
doit être à plate-bande & non bombée comme
à la façade du Louvre que nous venons de
citer.
Les lucarnes o font des ouvertures pratiquées
pour éclairer les logements placés dans les com-
bles leurs proportions doivent être les mêmes,
que celles des croifées attiques; mais leurs parties
fupérieures peuvent être à plein cintre, bombées
ou furbaùTées; ce genre d'ouverture ne s'em-
ployant guere que dans les bâtiments particuliers,
ou dans les étages fupérieurs des places publiques,
comme on en voit aux Places de Vendôme &
des Viâoires, à Paris.
Les oeuils de bœuf p font des ouvertures
circulaires à l'ufage des étages en galetas on
ne doit jamais les placer dans les entrecolonne-
ments d'un édifice tels qu'on remarque ceux du
Château neuf de Meudon du côté des cloîtres.
On obfervera que le diamètre de toutes ces
différentes ouvertures doit être moindre d'un
£xiemer que la largeur des croifées diftribuées
dans le bel étage du bâtiment.
Les barbacannes (a) font des ouvertures fort
hautes & fort étroites un tel genre d'ouverture
ne devroit jamais entrer pour rien dans la déco-
.ration des bâtiments de quelque importance,
malgré l'exemple des entrecolonnements Dorique*
du Portail des Minimes, & celui de l'avant-corps
des Ecuries du Château de Maifons elles ne peut
vent guere être autorifées que dans les ouvrages
Militaires, pour donner de l'air à l'Intérieur des
fornications, ou dans l'Architeaure Civile, pour
faire écouler les eaux des murs des terraffes c'eft
pour cela que dans l'un ou l'autre cas on les
nomme canonures ou vtntoufu.
Les foupiraux ( x ) font des ouvertures dettinées
à éclairerles fouterrains d'un bâtiment. La néacef-
fité de ces ouvertures comprifes ordinairement
dans la hauteur de la retraite du bâtiment a
déterminé les Architectes à leur donner plus de
largeur que de hauteur mais comme cette efpece
d'ouvertures toujours voifines du fol de l'édifice,
fe fait affez peu remarquer, il fuffit d'obferver
dans leurs proportions & dans leurs formes
quelque rapport avec l'ordonnance des façades;
autrement elles offriroient autant de difformités
dans la décoration.

Des Cadres.
Les cadres different des chambranles, en ce
'que ceux-ci n'ont que trois côtés & que les
cadres proprement dits en ont quatre. La baie
d'une croifée peut être entourée d'un cadre; celle
d'une porte ne peut recevoir qu'un chambranle.
Un cadre eft une efpece de bordure ornée de
moulures dont les membres, ainfi que ceux du
chambranle doivent être relatifs à l'expreffion
de l'ordonnance qui préfide dans la décoration.
'Un bas-relief, une infcription un médaillon,
font ordinairement entourés d'une bordure, d'un
cadre, ou au moins d'une plate-bande & fervent
à enrichir les entrecolonnementsou les trumeaux
d'une façade, les deffus des portes, des croifées;
des niches, &c. On renferme aufli quelquefoisles
cadres dans des niches quarrées, afin de donner
plus de fermeté à l'Architecture, ce quvdivife
les champs & les efpaces où font placés ces ca-
dr^s, & empêche ceux-ci de devenir-, ou trop-
considérables, ou trop maffifs répartition gui,
en amenant les confonnances dans les produûions
de l'Artifte contribue plus qu'on ne penîe £
la perfection de fes œuvres.
Nous nous contentons des définitions précé-
dentes, non que nous croyions avoir épuifé
tout ce qui regarde les membres qui compofent
l'Architecture mais nous aurons occa1ion tant
de fois de parler de leur multiplicité dans' la
fuite de ce Cours que nous avons cru devoir.
nous contenter des principaux- objets que nous
venons de traiter pour paffer aux ornements de
Sculpture dont on couronne, on accompagne ou
ron enrichit aflez ordinairement la plus grande
partie des membres d'Architecture dont nous
venons de parler.
DE LA SCULPTURE.
Des différents gcnres d'ornements de/linés
à embélir l'Arcfuteclurc.
Nous avons parlé précédemment de l'origine
de la Sculpture, il s'agit ici de. fon appliçation
dans l'Architecture & de traiter de lès princi-
pales parties, relativement à la décoration dés
édifices. Commençons par parler dus ftatues en-
fuite nous pafferons aux ornements proprement
dits.
En général la Sculpture ne doit être appelée
dans FArchîteâure, que pour embellir les façades
extérieures des bâtiments de quelque importance,
& procurer de la magnificence à l'intérieur de
de leurs appartements. On entend par Sculpture;
ou l'art de mettre en œuvre des statues qui. ont
pour objet la représentationhumaineou celui
de faire des ornements- à l'imitation des différentes
produ&ions de la narure; l'un & l'autre peuvent
également s'exécuter en marbre en bronze en
en boisV en pierre, en' plâtre, &c. L'Ardue qui
s'adonne au premier genre s'appelle
'celui qui te charge du fecond ,'s'appelle commu-
nément OrnementiJIe. -fi
La Sculpture ie fait
boffe ou'en^bas-relief on donne plus ou moins'
de faillie ) à vces derniers; i feîonv;leur: deflœatibhY"
quelquefois même
doit
le reliée
-v* •»•.
L'application de Ia5culpture. dans la décoration
d'un..édifice., dé
jugement, de la partf de^ïArchiteiâé -dabord'ÏL'
doit

âure.j..queleur'expreffion
des.

doit
qu'il procure à la décoration eu indifcrete'; &
que fouvent cette indifcrétion ne tend qu'à acca-
bler l'Architeaure, à la rendre confufe à lui ôter
fes nuds & à la dépouiller de l'avantage' qu'elle
a prefque toujours de fe fuffire à elle même >
lorlqu'elle eft belle & régulière. A ces confidéra-
rions il en eft encore une non moins effenciellr,
qui connue à lui affigner une proportion relative
à la grandeur du bâtiment, à la dittance d'où il
doit être apperçu & à la qualité des matieres
qu'on eft fouvent forcé d'y employer. Combien
d'Artiles fe font trompés au fujet de la relation
dont nous parlons? Combien de chefs-d'œuvre
dans nos bâtiments qui ceffent d'être tels aux
yeux des Connomeurs, parce que leurs produ-
ctions ne préfentent que des beautés ifolées. La
voûte de la nef du Val -de -Grâce; l'attaque -de
l'intérieur du Louvra la fontaine de Grenelle';
peut-être même celle des Saints Innocents,-font
des preuves de ce que nous avançons fans parler
ici du portail de Saint-Gervais -de celui des Feuil-
lants, du Palais du Luxembourg dont la:pro-
portion. gigantesque, & la médiocrité de la Scul-
pture, fait plus de tort, à rArchiteâure, qu'elle
ne l^erabellit fenfation qu'on doit, éprouver. Jors
qu'on compare la Sculpture qui les décore, avec
celles .des portes S. Denis, du péryflile du Louvre,
parce que.le Sculpteur & l'Architecte femblenrji'a"
voir été qu'un feul & même AxtifÉe dans;.chacnn
de ces édifices.: Nous l'avons déjà dit, nons«le
répétons-; la Sculpture en général,, les Ordres::en
particulier nie font autorifésdans lIArcfaiteâure^
que. pour rembeluffementdes,édifices facrés,, que
pour diliinguer les Palais des Rois, d'avec Jes
Maifons particulières. N'employons donc Jes. or..
dtes & la Sculpture que pour annoncpr l'opu-
lence des Cités la magnificence des Grands &
étudions-nous à ne les amener fur la fceîie qu'avec
choix, qu'avec difcernement, qu'avec goût fui>
exquis
tout que la Sculpture plaife par un faire difpoùtion
par une entente admirable., & par une
la. bienïéance ne puiffent
que la convenance &
jamais délavouer.
Nous avons parlé, dans les articles précédents;
de la proportion que la ftatue devoit avoir avec'
l'Architecture. Nous ajouterons ici, qu'il eft peu
d'édifices où les itatùes puiffent être placées conve-
blement dans la décoration extérieure que celles
mifes fur les baluftrades fupérieures des bâti-
ments à l'exemple de la plus grande
partie des
productions de la Grece, offrent fans doute une
grande richeffe» mais qu'elles iemblent contraires
fur un
a la vraisemblance que celles placées
Ordre d'Architecture, & au-devant d'un attique,,
ne réufiiffent guere mieux l'élévation de l'Ordre
& le peu de largeur des corniches de leur enta-
blement paroiffanr peu fait* pour recevoir des fla-
tues qui offrent toujours à l*œuil quelques rap-
ports avec le mouvement des figures humaines
que celles <ju'on place dans les niches perdent
la plus grande partie de leurs beautés, & dji
travail de l'Ardue que les .figures couchées,
placées fur les corniches inclinées des frontons,
annoncent encore un défaut de vraiûemblance
qui devroit les faire rejeter de touteordonnance
grave & régulière'; enfin que-celles affifes. (peut-
être les .plus tolérables de toutes) ont auflx le
<iéfeut d'interrompre la direâion horizontale de
l'ordonnance de ^Architecture moins que le
deflus du focle ou, de la tablette des baluftrades,
!neleur ferve de fol, comme a l'Hôtel de Soubifa
du côté de la rue, &-non le deffus de la
cor-
niche, comme au même Hôtel du côté de la Cour
& à l'Hôtel de Touloufe en face de la Pla;e des
.Victoires.
Ces différentes obfervations qui nous jparoiffent
fondées, nous perfuadent, en quelque forte, que
les fiâmes & les figures ne peuvent devenir véri-
tablement intéreflantes dans la décoration de
édifices, que lorfqu'on peut les placer fur nos des
piédefbrax > fur le fol des perrons -comme
Verfailles au pied de l'avant -corps, en face des
parterres d'eau ou fur des terraffes dans les
Jardins de propreté, les Parcs, &c. Et nous penfons
qu'en toute autre occafion il feroit bon de leur
préférer des vafes des candélabres,des caffolettes
ou des trophées différents genres d'ornements
fufceptiWes, comme les figures d'exprimer par
différents attributs, la deftination d'un édifices,
fans avoir à beaucoup près les inconvénients des
flatues dont nous venons de parler.

Des Vafes.
Le mot Vafe s'entend de tout ouvrage de Scul-
pture allié avec des membres d'Architeâure,&
dont la beauté confifledans le choix.du Galbe (y)
dans celui des ornements &; dans fart d'oppofer
.les formes variées qui conffituent leurs genres
.&, leurs efpeces. Il. fe fait de plufieurs fortes de
• vaies lés uns qu'onnomme candélabres, comme/,
planche XIX, devinés aux
font les plus .élevés.», on leur donne orjdiriairement
les f"* de la hauteur des. fiatues. A l'égard des
vafes proprement dits comme t on ne leur
donne de hauteur, que les deux-tiers des figurcs;
ceux-ci fervent pour la décoration des bâtiments
civils. François Manfard en a fait un très-fréquent
ufage clans fes bâtiments peut-être les formes
qu'il leur a données fe reffemblent-elles un peu
trop. Il eft effenciel de leur donner non- feule-
ment une richeffe ou une fimplicité relative aux
différentes expreffionsdes Ordres., mais encore des
contours variés qu s'affordflent aux divers orne-
ments qui préfident dans les bâtiments. Les candé-
labres & les vafes dont nous parlons, fe terminent
par des flammes des fleurs & des fruits > félon le
genre de l'édifice. Les ornements qui enrichiffent
leurs tiges, font ordinairementdes godrons, des
feuilles de .refend des feuilles, d'eau des guir-
landes, des neurons, des canaux des rofeaux*
des rinceaux des mafcarons &c. Lorsqu'aux
vafes on ajoute des anfes qu'on en furmonte la
pance par un piédouche un peu élevé, 8t qu'on
en reflerre le, col, alors on les appelle faites, ou
burettes mais il faut observer que ce. dernier
genre .n'eu guere propre que pour l'intérieur, des
appartements. Dans les dehors ilfrâagilité tout.
faut éviter tout
ce qui porte rempreinté de,' la, ce
qui ne .préfente que de petites parties;, enfinitoûs-

la
les petits détails. qui ne-peuvent être apperçus
que de près & qu'une matière commune ne:
pourroit rendre que très-imparfaiiement» v-
proportioa &Ja- forme des.yafes;&-
des candélabres. ne: peuvent fe- concilier. avec le-
genre dé l'ordonnance ,on, réduit la- hauteur- de?
cesciaoûxeàux.
efpece de vafes qui préfentent plus de large»
que de hauteur, & auxquels on introduit auffi
désaxes, des flammes, des fleurs ou des vapeurs,
felon que l'exige le caractère de la décoration.
Toutes ces- diüërentes fortes de Sculptures, s ap-
pliquent également aux ordres Tofcan, Dorique,
Ionique Corinthien & Comçofite,
en obfervant
feulement d'y iouftraire ou dy ajourer- une plus
ou moins grande quantité de membres & d'orne-
Inenirs4, felon que l'exige chacun des Ordres,
,oit
feulement leur ordonnance,
Il eft encore des vaies d'un volumé beaucoup
plus grand & dont la proportion peut égaler
celle des ftatues comme, u ces vafes font deffi-
nés à être placés aü pied des façades des bâti?.
ments fur. les perrons les terraflès &c. Ils fe
font de marbre blanc, de bronze ou de métal
doré. La véritable, beauté de ces derniers vafes"
comme des précédents, conûfle dans' leur galbe;
dans le choix de. leur contour, dans la difeibtf
çon de leurs ornements, & dans Tart de les pro-.
|ler avec' goût Verfailles Marli Triànoh
offireht une très-grande quantité de cnefs-dVËù'VTÇ
?n,. 5? ienr? nous en donnerons quelques
pies dans la fuite, des volumes de cç ^Côncs/iPêà
icaiiant des jardins de propreté.,

Les trophées fervent' beaucoup à rembelliflèr


sâént de la décoration des!
'tfifolés comme 'yr &r en bas- relief commets
'cette partie de'la Sculpture^ exigejiine
'cbmipuTance de l'hiftoire' ancienne '& modenie,,
.Se une.
efprit de
<leffin; elle exige le goût de l'art & cet
les produ&ons d'un
convenance rame de toutes
Artifte elle exige le raifonnement & -1 applica-
tion des préceptes qui enfei-nent donner
aces
fortes d'ornements un caractère folide ou
délicat,
félon l'application de la Sculpture
à lArchite-
dure; elle exige cette idée-de vraisemblance qui
apprend à ne pas- confondre les allégories & les
fymboles d'un genre contraire dans une ordon-
déterminée par 1 efpnt de
nance d'Architecture, peu-de relief ou la
convenance; elle veut que le foient affomes.à-
faillie, la forme & la grandeur
l'expreffion de rArchiteaure r & que chaque attri-


but qui le compofe, foit en relation avec la pro-
portion des ûames répandues dans les façades
fur-tout lorfquil jagit des-trophéesifolées, comme
bas-relief i peuvent avoir un moins
y ceux- en
grand module, étant presque toujours enfermés
dans des tables qui autorifent la.dimuiaiioa de
A, "
leur volume.'
Eh -général les trophées, peuvent etre-<l;un- car
raôere ruftiqiie,
pofé -cet ornement étant-dii-rdTort.dë-toûtèsjIès.
affigner • un relief unetbuchè",:un ^Mre"-analogue:
à la décoration orflerj.
fans céla-toa ne-, peut attendre^ corrëfpo'ndaricer
t combien;ne-
voit-on pas de très^belle
del'atre-, parce -quelle- -pèche ;par laffojpmenc
ne,feut;quç.Ie:

ni Archiie^:j,
vateur éclairé. Par exemple, les trophées bas.
relief de [intérieur du iallon du Château en
dlffv
ceux de la gallerie de Verfailles & des allons .qui
la, ceux du bofquet des Dômes font
regardés comme des chefs-d'çeuvre par les hoj»,
mes de mérite, parce qu'ils- font exactement bien
atogâs; au caractère de Ja décoration qui les
çoit* au, contraire, ceux du foiibaflement de En, re-
teneur de là Chapelle, de .Verfailles.,
ceux de la
ceux de l'efcalier
de J'hôiel de Tuuloufe font moins eftimés
quj|s font chargés de détails contraires parce Ha,
prdSon^de rordonn.ance de ces trois difierentes
eipeces de décorations. A l'égard des trophées
ifplés, ceux élevés fur l'attique de la grande façade
de du côté des. Jardins, ceux qu'on
vieni d'appliquer nouvellement à la. de l'hôtel
dç.Bellille. & à celle de l'hôtel portede Richelieu
& trop, chargés
cinfiruments & d'armoiries; au contraire
.qmféxemarquent aux portes des hôtes de ceux Son-
bne, .de font d'une jnfle
d'une. touche intérefûntç &d'une
^OfF^Pondance. direcle avec les membres^d'^
qui les teçoiyent r qui les
&
les.nptre part., régler:le, génie de
nos. Elevés, affurer le
produaijons avec.intégria?..
Quelqu Jok cette parue -de la
avec des- figures., afiîles à. genoux. afeiffées &
Pçrraulr en.avoit
rno^aphe.du voit à ja, place, des,
il. s'en remarque auffi au .Château de;
groupées avec des pçttjj
guirlandes
faire encore entre-mêlées de vafes de
Sans doute cepen-
& de fleurs tout cela fe peut
réunies
dant il faut craindre que trop de parties
enfemble n'apportent de la confufion: trop dor-
un chefdœuvre;
nements, produnent rarement d'embellir
d'ornements enfin loin lArdu.
trop la défi..
te&ire, l'accablent, la décompofent & qui
les maffes (en.
gurent au point d'en détruire
les peuvent conilituer fa véritable beauté.

Dts Cariatides.
Nous avons déja parlé des cariatides dans l'origine
des Ordres., & nous avons défapprouvé l'ufage
qu'en ont fait la plupart de nos Architectes fian*
çois en effet cette efpece de production, fembla
ble à la plupart de celles que la Sculpture a intro-
duites dans nos bâtiments ians néceffité n'a de
snérite que l'imitation des ouvrages des Grecs,
qui, mieux fondés que nous, avoient droit d*em-"
ployer les cariatides dans la décoration de leurs
édifices, en faveur des victoires -qu'ils avoient
remportées;fur, les Carieus & les PerSes; encore
fàut-il convenir que cette nouvelle, introduction,
dans leur Axi^iteâure » eftpeut-êne ce qui leur
a.fâit-;le aioms-4'bx>nneur chez les Nations dvi-
lifées; cette marque honteufe attribuée- i •Xhà"
mamié, étant fprtrau-aefïous deJa-^loire irompr-,
telle
que ces Peuplesavoient .d'ailleurs acquife. Si
ce.que. nqusjavançons fondement,
de.qud.çeVU'jdçYqns-nousregard6r>aujourdliuiv
J'applicanony ,<les».canatides darw aps édifices
idéales queinou*
gaîaesx§&
tant dautres productions fabuleufes à peine tolé-
rables dans la décoration de nos Spéâacles ;mais
qui ne devroientjamais faire partie de la décoration
des monuments défîmes à rembelliffement/denos
Capitales, à la réfidence des grands, à la demeure
des particuliers. Ne devroit-on pas, dans
décorations, préférer de peindre le caractère nos
rional na-
au-lieu d'imiter fervilement les produdions
des Peuples qui nous ont précédés, & tout
la Mithologie a imaginé de plus ingénieuxce-que à cet
égard. ,Qu'euVce en effet quedes figures de femmes
fans bras telles qui! s'en remarque à la falle des
Antiques au Louvre ? Ces fignres font néanmoins
considérées comme des chefs.- d'oeuvre parce
qu'effectivement elles font d'une grande beauté,
& du cifeau de Jean Gougeon. Mais dans la réa-
lité ce n'en: autre chofe que de la belle Scat
pture mal appliquée; ce ne font que de belles
ûatues mutilées; ce n'eu: enfin que la repré-
fentation de la figure humaine, deftinée, fans
trop de vraiffemblance, à porter le poids d'une
Tribune qui eût fans doute été mieux foit
tenue par les tiges des colonnes, dont on apper-
çoit le chapiteau & la bafe. Ce double emploi
n'échappe pas au discernement des Connoifleurs;
& ils jugent que lufage de ces -figures eft coin
traire a la vraiflèmblance. Nous croyons 'donc
quelîobile Sculpteur rfauroit pas dû Se permettra
cette licence parce qu'autant qu^l eft poffîble'i
il faut rendre ^intelligibles Ses produâabns-3eHr
ôter toute efpece d'équivoque,& fe'prrver^lutat
d'une certaine variété dans fes-:compofitions>
que de s'expofer à- faire paflêr ila poflféritédes
exemples qui, quoîqa'admirabks-parlear exé^
cunon, ne peuvent (Tailleurs être imités par nos
fucceûeurs, fans bleffer la convenance & le rai-
fbnnement de l'Art.
Queft-te encore que ces grandesfigurescolons
les, qui te voient.au gros pavillon de l'intérieur
de la cour du même Palais ? elles font les chefS.
d'œuvre de Desjardin, Sans doute mais l'ordon-
perdu à cette
nance de l'Architeâure, n'a-t-elle rien
application? La grandeur de l'une n'eu-elle pas
détruite par celle,de l'autre? Leurs pénétrations,
provenant de celle des colonnes-de de1fous, ne
préfentent-elles,pas des exemples dangereux à imi-
de l'Ar-
ter, & plutôt le défordre de l'imagination
rifle, qu'une produéHonfage, mefurée, réfléchie,
capable d'annoncer à la pofkérité ce que peut pro-
duire cet Art divin, quand l'Archiieâe fait n'ap-
peler à lui le miniftere de la Sculpture que pour
la plus grande perfeâion de fon Art.
Qu'eft- ce enfin que veulent dire les cariatides
du fronûfpice du Bureau des Marchands Drapiers
à Paris, plus fortes de beaucoup que l'ordre Ioni-
que, qui cependant leur a affigné leur hauteur;
mais qui à l'exemple de celles de la Salle des
Antiques du Louvre font montées fur les baies
de, l'ordre, & dont les têtes Soutiennent le cha-
piteau du même -ordre ? Hies ne f refententtout
au plus qu'un ordonnance pittoresque qui ne
convient dehors, nia l'Au
chiteûure proprement & qui ne devroit
même être .aoitorifée dans -la. Peintute que loif
qull s'agit d'y i;«5>ràenter quelques -.tcaitS; hiflo-
riques concernantJes Peuples quionidonné occa-
fionà ces fortes -d'ornements. Je crois l'avoir dit
«me«s 3 fowént la. iéikaioa de l'art ,préYauç
fur la vraiffemblance on a vu des chefs-d'œuvre
d'un certain genre on veut les imiter & l'on
fonge pas que non-feulement ces objets d'imita- ne
tion ne conviennent point au genre de l'édifice,
mais que fouvent les Arriftes chargés de
ces com-
pofitions déplacées, font des Arriftes fubalternes,
& que le preflige de l'art n'ayant plus lieu, toute
l'ordonnance ne préfente plus qu'une compofition,
même au-deflbus de la médiocrité. Nous croyons
donc, que fi l'on vouloit faire .ufage des cariati
des dans rArchiteâure, ce ne devroit être, dans
les ouvrages Militaire, que pour les portes des
Prifons Royales ou dans l'Archîtecou-e Cîvile;
pour les Maifons de Force où il convient peut-
être, comme nous lavons déjà remarqué d'ex
pofer dès les dehors & aux yeux-du Peuple, la
punition des coupables, détenus dans ces aules,
le.féjour du crime & de l'inhumanité; mais par-
tout ailleurs il nous femble que- c'eft pécher
contre la vraiffemblance, & que dans tous les
cas où celle-ci fe trouve violée, la décoration
quelqu'ingénieufe qu'elle puifle être d'ailleurs.
o&ant une idée contraire au .motif qui lui donne
lieu, ne peut auffi que donner une, idée fàùffe
des vrais talents de l'Ordonnateur. Vitruve,
appelle Thélamorus les figures d'hommes qui fou-
tiennent quelques fardeaux, &• femble voulbar,
qu:à l'imitation des Grecs on- les appelle Atlas.
Perrault «apporte- à propos de ce paffage <fe
'Vîtruve,, que;Baldus croit <juele^1mot ThiUatàity
vient du grec, Tlamon qui fignifie un. Miféràble
qui fuppbrte-lemalavec patience: ce qui convient
dit-il, affez bienà ces figures, qui portent des'faff-
i^eatuci .Cette opinion; de Baldus juffifie notre fe*
dans la déco-
riment fur l'abus des ordres Cariâtes
dans ceux
ration des édifices, & principalement
<Iefliaés aux habitations des grands [ih
Des Gaines.

Cet enrichiffement appartient autant à l'Archi-


l'Architeûure,
teaure qu'à la Sculpture à relativementparce
élevés à un
que ce font des corps dont la forme femblable à
certain diamètre, mais
fa
une pyramide renverfée, eft plus étroite vers
bafe que vers fon fommet à la Sculpture parce
communément enrichis d'or-
que ces corps font
l'application qu'on en veut faire
nements felon général les
dans la décoration des bâtiments. En la déco-
gaines ne devroient être introduites dans
dans finté-
ration, que pour porter des buftes
la vraisemblance
rieur des appartements encore
femblet-elle être bleffée, en cohfidérancun corps
plus étroit vers foadeffinéfocle que vers fa cime, & qui
l'ordinaire eft àfervir de point dappm
pour Nos
à un ouvrage précieux & fouvent fragile.
belles Maifons Royales, fintérieur de la
demeure
cependant
de nos riches Particuliers à Paris font
ornés, pour la.plupart, de cesfortes de founens, eft
feuffement pyramidaux mais d'un côté, on
accoutumé à confidérerles gaines, comme un meu-
avonsà imiter
ble de l'autre, l'habitude que nous
qui s'eft fait avant nous a fait pafier en ufage
ce l'avons déjà ^re-
cette efpece d'ornement. Nous
marqué l'habitude a plus de part que le raifon-
nement à nos compofitions nous oublions ôuô
tout ce qui a droit à la magnificence de la de-
meure des grands doit être réfléchi & dirigé par
le goût de i'art. Pouffons cette réflexion plus.loin,
& difons que de cette imitation on eft parvenuà
faire des pilaftres attiques en gaine (<*)»& qu'on
a imaginé d'appliquer ces efpeces de pyramides
renverfées fur le fut dvs pilailres ou des colonnes
de quelques-uns de nos édifices mélange indif*
crée, imitation dangereufe, qui rendent nos corn-'
portions barbares ou au moins qui montrent
plutôt la bifarrerie du génie des Affilies, que le
choix judicieuxdes regles de l'Art; que cette unité
de flyle, cette Simplicité louable ce vrai qui cara-
âérifent les productions des véritables Architectes*
Evitons donc toutes ces efpeces de licences &
n'employons même les gaines dont nous parlons
que comme des meubles proprement dits, que
comme des parties acceffoires dans nos apparte-
ments, ou dans nos Jardins de propreté, tel
qu'il s'en remarque dans le fallon des Maures à
Meudon & dans le bofquet de l'arc de triomphe
Verfailles faifons les de maticre précieufe;
ajoutons-y des ornements affortis aux objets qui
les doivent couronner auroriibns-les encore en
pareille occafion & toujours par tolérance
à-demi-cprps connues
pour foutenir les figures mais gàcftns-nous bien
fous le nom de termes
âen faire ufage dans fordonnance de nos Tem-
ples, oû l'on ne craint pas d'introduire des gaines
portant des Vernis des Anges ou enfin autres allé-
gories facrées reffouvenons-nous que
enfants d'une imagi-
ces caprices > ces*cbimeres
nation déréglée, ne font guere admiflîbles que
dans nos décorations théâtrales.
On appelle encore gaîne ou fcabellon une efpece
de piédeftal ifolé, qui a moins de bafe que le fom-
circulaireou a
met, & dont le plan quadrangulaire,
pans fert auffi dans un
cabinet dans une gallerie
à foutenir une petite figure de bronze un buûe
auffi on leur donne
ou une pendule quelquefois à l'exemple des gai-
la forme d'un baluftre mais
faut faire ufage
nes proprements dites il n'en malgré l'au-
que pour la décoration intérieure font adofTés
torité de ceux qu'on remarque, & qui
au mur de face du premier étage fur les deux ter-
raffes du Château des Tuileries du côté des Jardins;
d'un deffin & d'une
ces fcabellons font à la véritél'oppouiion
exécution admirable mais de leurs
lignes obliques, avec la verticale des pieds-droits
des portes, des croifées & des pilaûres,femble effa-
cer à l'ceuil ce parallélifme,cette unité, cetteArchi-
rela-
tion intime qui fait tout le fuccèsde la bonne
tecture. Au refte il faut convenir qu'à tous égards
ces fortes ded,;fupports font moins chimériques,
moins hafardés'^quandon ne peut s'en difpenfér
que l'application des confoles, des çuls-de-laapes
& des encorbellements, parce que du moins cee
corps montent de fonds, & qu'on ne peut leu: re-
procher quéleretrécnTementde leurs bafes défaut
auquel on peut remédier en faifant leurs côtés
parallèles ne tendant oblique
que leur parement
de devant & plaçant un avant-corps
ou un re1faur
dépendant du goût & du génie de l'Architeûe.

Des Clefs.

Nous avons parlé précédemment des clefs &


des claveaux, pag. 307, relativement à la folidité;
nous avons aulli dit quelque chofe touchant les
ornements dont on les revêt. Sans craindre de
nous répéter, difons ici que par rapport aux or-
nements on appelle auffi ces claveaux, agraffes,
ou confoles genre de Sculpture qu'il convient
de préférer dans tous les cas aux têtes humaine!
G, ou aux mafcarons que nous avons déja con-
damnés en parlant des claveaux. Ces ornements
appelés clefs confoles ou agraffes felon le
galbe ou contour qu'on leur donne doivent auffi
avoir une expreffion de folidité ou dé légèreté
qui émane de l'ordonnance de l'Architeâuré,
auflî bien que de la/ proportion, de la forme &
de la richefie des ouvertures qui les
amenent fut
la fcene dans la ddcoration des façades.

Des Confoles.
Les confoles affez femblables
aux culs- de-.
lampes dont nous parlerons bientôt font auflî
..un ornement chantourné fur la.fkce dé devant,,
& dont la partie fupérieure plus Saillante
linféneure eft defünée à porter quelques qué
mem-
bres dArchiteaure, tels
niche, comme celle a a, que le larmier d'unë cor-
placée au.-deffus de
la porte à plate-bande B ptanche XiX. Prelque
confoles dans
tous les Architectes ont introduit des
leurs décorations ians uuute eues i'ont préféra-
bles dans l'Architecture aux cuis -de -lampes;
mais il faut les y placer convenablement il iaut
remonter à la fource qui les a d'abord rait mettre
Cur ^'application qu'on
en oeuvre enfui:e méditer
en doit faire dans la décoration aes
taçades. N'en
doutons point il en eit des ornements comme des
membres d'Architecture il s'en faut bien qu'ils
doiventfetencontrer tous enfemblexlans une même
ordonnance mais aifez ordinairement- on n'a
d'autre but que la routine fans fonger qu'elle.
conduit fouvent à une inconféquence condam-
nable, & qu'en croyant fuivre les préceptes de
l'Art on ne fuit que la mode de maniere que
les ornements répandus dans les Temples les
Maifons Royales yfcJes bâtiments particuliers fe
reifemblent; d'où naît le peu d'affortiment, le peu
de convenance qu'on remarque dans les différents
genres d'édifices que nous citons. On parvient à
faire riche mais rarement parvient-on à mettre
les vraies beautés dans tout leur jour ce qùjl
y a dt pis, c'eft que ces produûions trouvent
des imitateurs; & ceux-ci s'éloignant prefque tou-
jours de l'objet qu'ils imitent, reduifent pourainfi
dire leurs imitations à la plus grande médiocrité.
On ignore qu'il faut être un homme de génie
pour bien imiter, pour fentir & pour appliquer
convenablement à fes producHonsles découvertes
de Ces Prédécefieurs. Pour éviter de tels abus,,
définiffons les différentes efpeces. de confoles'dont.
on fait le plus communément ufagë dans la déco-
ration des bâtiments, & difcutons-en l'applica-
tion pour nous accoutumer à accepter ou rejeter
tour ornement qui a droit d'embellir ou de défi-
gurer l'Architecture.
On a d'abord fenti la néceffité de donner
un
certain relief à la décoration extérieure des édi-
fices on a auffi prévu l'agrément procureroit
que
à la décoration des appartements, ce même relief
combiné avec le diamètre & l'élévation des piéces;
de-là, l'idée de foutenir de diftance à autre, des
corps avancés par des mutules & des modillons,
pour porter les fofites des larmiers des corni-
ches enfuite on les a chantournés, on les ornés
de Sculpture originairement on les avoita intro-
duites par néceffité d'horifontaux qu'étoient
ces
fupports, on les a placés verticalement varier
les façades; quelques-uns ont réuni pour & 17oni
cru que par-tout ils produiroient également un
bon effet, fans prendre garde que fouvent le chan-
gement de fituation change ^Bflî l'effet _qu'on fe
propofe; que d'ailleurs ce qufréuffit en grand,
eft rarement fait pour réuffir en petit;
que les
intervales ne pouvant toujours être les mêmes,
les formes de ces différents corps doivent changer
néceffairement les grandes parties n'étant faites
que pour les grands touts & les petites par-
ties paroiffant plus petites encore, lorsqu'on leur
oppofe de grandes diflances qu'en
un moty tous
les objets qui ont pour but de fè faire
doivent porter un caraâere, remarquer,
une expreffion re-
lative à la .décoration qui leur a donné lieu;
que par exemple une confole arrafée doit différer
par fa forme, d'une confole en relief;, qu'une
^cohïole-liffe demande une autre application. qu'une
confole cannelée & enrichie defculpture; qu'une
confole en encorbellement doit paroître
corps honfontal, fans effort, & ne jamais porter un
reffem-
Mer à une confole renverfée faite pour acôter
qu'il n'en faut jamais placer
un pied-droit mais nécefiaires ni
par-tout ou elles ne paroiûent ni déccrtion eft
intéreffantes que la iéule idée de la
infuffiiânte;. qu'il faut des raifons, des autorités
quilèfeiit néceflairement que les confoles portent,
foutiennent quelque corps; qu'autrement elles pa-
roifîenr poûiches & ne font qu'ornement. Or qu'eft-
qui n apour objet
ce en Architeâure que l'ornement d'enrichir
que de remplir des iurfaces vagues, que Qu'efi- ce
des nuds originairement trop.pauvres?
qu'une confole qui ne porte pas le larmier d'une
corniche, & qui fe réitère dans toutes les croifées, les
bâtiments }.tellesqu'il s'en
portes, les niches de nos
voit aux Places de Vendôme & des Yiâoires/?
.Qu'eft-ce encore que les confoles placées,dansle
.courant d'une façade, pour porterceluiun buûe, comme
il s'en voit au Château d'Iffx; à de Verfailles
du côté de l'entrée, à celui de Sceau, & ailleurs?
Qu'eft-ce enfin qu'une confole en encorbellement,
qui porte un balcon, comme au Château neuf de
Meudon, au bâtiment des Enfants-Trouvés, à
l'hôtel deîtelifle? Ce genre de décoration annonce
plutôt une Tribune propre nos décorationsthéâ-
trales, qu'un ornement-convenable à nos édifices
d'habitation. Nous panons fous filenceTabus des
confoles -compofées de formes contraftées, décou-
pées & le plus fouvent accablées de petits orne-
ments, dont Paris s'eft vu remplir pendant trente
années, fans en excepter les décorations de nos
Temples? Mais;dira-t-on, les confoles doiventdonc
être rejetées de toute décoration régulière ?; A cela
avec'beaucop
nous répondrons qvCû en faut ufer
de ménagement dans les dehors qu'il faut qu'elles
néceffité;.qua cet
v oarôiffent amenées par. la
égard ceues des entablements de la porte Saint-
Martin & du bâtiment des Enfants-Trouvés font
bien que par-tout ailleurs lorfqu'elles fuppor-
tent des corniches, il faut qu'elles en paroi1fent
foutenir le larmier; mais que néanmoins leur véri.
table place eft pour les corniches de l'intérieure
des grands appartements; qu'elles y font préfé-
rables à ces ornements courants & frivoles, qui
ne présentent, dans leur frife que des arabefques,
capables au plus de figurer dans de petites pièces,
dans les entre-fols &c. Que les confoles dont
nous parlons, marquent donc plus précifément
à l'avenir des intervales réguliers & des mé-
topes affortis à la distribution des compara.
ments,, des lambris que leur relief foutienne
avec fuccès la faillie des gorges & des corni
ches, qui étant légeres ont auffi befoin de corps
légers qui leur fervent de Supports & de points
d'appui; alors ces confoles pourront s'employer
folitaires ou accouplées felon le befoin qu'on aura
de maffes plus ou moins confidérables dans h
décoration par exemple celles distribuées dans
la corniche de la Salle des Cent-Suiffes.aux Tuile-
ries, cellesde la gallerie de Verfailles celles de.
l'hôtel de Toulouie font un effet admirable,.& font-
de beaucoup fupérieures aux cornichestans confo-
les des appartementsdes hôtels de .Soubife, de Vil-
lars, & à prefquetoutes les décorations intérieures
de nos bâtiments. Ces parallèles nous apprendront
peut-être à ne jamais déplacer cette forte d'orne-
ment, & à difcerner de bonne heure le choix qu
nous- devons-faire de toutes les parties. qui con-
courent à l'embelliffementdes façades extérieures,
& à la décoration de nos appartements.
A l'égard des combles, qu'on ne place -que trop
ordinairement dans les. dehors; quand 'on croit
devoir les admettre,.du.moins faut- il éviter de
les faire trop considérablement grandes comme
fe remarquent celles des croifées Ioniques du Lu-
xembourg ou infinimenttrop petites, comme celles
placées dans les croifées fupérieures de.,la Place
de Vendôme & des Victoires enfin trop confidé-
rablement faillantes. & trop chantournées comme
celles des croifées, du fécond ordre des façades de
l'intérieur de la cour du Louvre, & dont lypartie
fupérieure: ainfi, que ,la,; faillie de-leur tailloir
défafleure de beaucoup la faillie du larmier. Nous.
appendre.
ne faifons ces obfervations que pour
de bonne heure à nos Eleves, que.rien neft indif-
férent & qu'ils doivent tout obferver, mefurer
examiner, s'ils veulent parvenir un jour.à faire
des chefs-d'œuvre.

'V 'Des Cartouches..


Les<artouches: {b ) font des ornements de fculptu'.
furface plane^.çon».
cave ou ondulée,
blâfon ou une ihfcripdon. Ces cartouchespeuvent
représenter de grandes. coquilles., des écôxces d'ar.
bres, des peaux d'animaux, des enroulements, for-
cpiïtraflés •»Jmjçis
mer des. volutes, être chantournés,
pppofes Soient.

de détails' de les-
incliner'; "cêiœbyfatrerieeft à peine tolérable dans
I Orfèvrerie; maison ne doit jamais fêla permettre
dans la décoration des bâtiments. D'ailleurs les
cartouches ne conviennent pas par-tout; il faut
un motif qui les autorife; il faut éviter fur-tout
leur répétition dans une même décoration; il faut
q» ils marquent, à raifon de fefpace dans
lequel
ils font placés; qu'ils faffent milieu
et obligé d'en diftribuer alternativement que lorfqu'on
plufieurs.
fur la même ligne,
on observe de les varier fans
trop cjWeftation il faut prendre garde que leurs
accompagnements n'anéanuffent ni leur forme, ni
leur capacité ou au contraire le cartouche ne
foit trop fort & les acceffoiresque foibles
trop en un
mot ondoit prévoir leur trop ou trop
peu de faillie,
pour que cet ornement' puiffe fe faire applaudir.
Un cartouche placé par néceflité plus petit
que le précédent, s'appelle cartel, & ne doit être
employé que dans .les panneaux de menuiferie
iur les glaces., fur les chambranles des
portes,
ou toute autre partie de la décoration intérieure
des -appartements encôré faut- il fé 'reffouvenir
quiFne:faiit merde ces fortes d'ornements qu'avec-

; de rèts°u^&' de .circonfpeûion.

"Dès' Médailles des Médaillons- ' "


{cî~$G&ui dès médàiIIôrisVen
ce'-qûer-Iés pTeiaièreslfe .foni;
%£?*! àii forœe :Tèmir-'
motf-ceoar .qui- -ornent' :pyràmidè.:>'j planché'
&' les' >ntres' fervent à •lardëço--
ration extérieure & intérieure des bâtiments. Les
médailles contiennent ordinairement, des têtes
en bas-relief; les médaillons des fujcts hiftcriques,
des devifes, des emblèmes &c. On voit des
médailles circulaires dans la cour de l'Hôrel-de-
Ville, & des médaillons dans les décorations des
façades du Louvre à Paris. Perrault en avoit aufïï
placé dans fon arc de triomphe du Trône.
En général ce genre d'ornement nous paroît plus
propre dans la décoration des Fêtes Publiques
des Théâtres, des Feux d'Artifices, des Pompes
funebres que par- tout ailleurs; parce que ces
ornements peuvent contenir dans nos différents
genres de décoration, des fujets entiers d7un très-
petit volume fans préfenter de difparités ni
nuire à la correspondance des ornements répan-
dus dans l'ordonnance entière au-lieu que dans
l'Architecture proprement dite, ces médailles &
médaillons, ainfi que les fujets qu'ils contiennent,
n'offrent que de petites parties, qui s'accordent
diff cilement avec la grandeur de l'enfamble. Les
médailles & médaillons doivent paroître fufpen-
dus & attachés fur le nud du mur qui les reçoit,
par des feflons, des guirlandes des anneaux
des rubans &c. Quelquefois, à l'exemple de
ceux du périftile du Louvre on place un mufle
de lion, fur l'extrémité fupérieure de leur bor-
dure mais ces mufles ne conviennent pas par-
tout, & ne font guere tolérables que lorfque
le fujet du bas-relief repréfente la: force la valeur
ou l'intrépidité autrement une agraffe fans pré-
tention, un nœud de ruban entrelacé de feuilles
de chêne de laurier, de myrthe, de fleurs, felon
l'application de ces ornements à l'Architecture
réuffiffenrplusordinairement, font plus analogues à
1a variété des fujets appelés tour-à-tour
dans la.

qu'on ne 'les
que lorfque les ordres délicats
lorfque les matieres réelles préfident, & que
paroilfent précieufes ou feintes y font ou
en un mot, lorfque le
monument femble avoir dû rece-

Des Culs-de-Lampes.

bellement en pierre, efpece d'encor-


en marbre,
en 'bois, portée en faillie au-delà duen bronze ou
& à foutenir une figure
un vafe une
On appelle encore culs-
de-lampe, les pendentifs où fe
les
rentes nervures des voûtes gothiques, ainfi qu'il
s'en remarque à la Sainte-Chapelle,
à la Grand-
Ancienne-
ment on en faifait au$ un affez fréquent ufage,
pour fouler la retombée des voûtes qui foute-
noient en fair les
culs-de-lampes étaient enrichis de
membres d'Ar-
chteaure, & d'ornements deSculpture;
mais rona
réformé, depuis quelques années, cette forte
d'en-
peu agréable qu'inutile
la On auroit dîi étendre la réforme juf
qu'aux
d'ornemenrs ce genre
poftiche dans la décoration
de nos édifices graves & réguliers cependant les
flacues placées dans la nef de fEglife de Sainr-Sul-
pice, celles qu'on voit dans le fanâuaire de FEglife
de Notrë-Dame, celles des niches de la gallerie
du Château de Meudon, & de l'hôtel de Touloufe
à Paris, font toutes 'foutenues ainfi contre toute
idée de vaifiemblance. Une ftatue femble exiger
un piédeftal qui monte de fonds pour la foutenir;
il feroit encore plus abfurde, à la vérité de faire
porter une colonne fur un cul-de-lampe,tel qu'on
en remarque dans la décoration feinte de l'efcalier
de l'hôtel de Soubife & dans la plupart de nos
décorations théâtrales. Mais pour ne parler ici
que des ftatues n'eft-ce pas vouloir bleffer la
vraiffemblance, que de placer en porte-à-faux une
figure en aâion fur un cul-de-lampe fur une
efpece d'encorbellement ou confole, qui, quoi-
que d'un bon goût pour le deffin confidéré féparé-
ment, n'annonce toujours qu'un fupport impar-
fait, propre tout au plus à recevoir une petite
figure en bronze une porcelaine un bijou de
prix dans les moyennes pieces d'un appartement;
car alors ces fortes d'ornements font regardés fans
conféquence. Les culs-de-lampes peuvent encore
fervir de crédences dans les facrifties près des
retables d'autels ,*dans les falles à mangeur, & dans
les appartements de bains enfin ils peuvent fer-
vir de pieds pour les tables de marbre ces der-
niers occupant peu d'efpace & étant pofées fur
le parquet, femblent porter de fonds ou du
moins leur port-à-faux racheté avec art n'a rien
qui puitie blefler l'œuil. Mais en toute autre occa-
fion, lorfqu'il eft queftion d'une figure, fouvent
plus grande que nature c'eft avoir recours à
ferreur c'eft multiplier l'abus de Tan de tels
exemples enfin ne doivent jamais ni ne peuvent

Dcs Corres d'Abondance.


Les cornes d'abondance font des
iculpture, imaginés d'après la corne ornements de
de la chevre
Amalthée & qui peuvent contenir des fleurs,
des fruits, des feuilles, des coquillages, des
mé-
dailles, &c. Ce genre d'ornement, iemblable
beaucoup d'autres, demande à être employé à
venablement dans l'Architecture. Ordinairement con-
il réuffit mieux ifolé, qu'en bas-relief; & en
grand,
quen petit le mouvement dont il eft fufceptible,
& les objets qu'il contient exigeant
détail il certain
s'en remarque dans plufieursunfrontons
de la façade extérieure de la grande gallerie du
Louvre du côté de la riviere fur les claveaux
des arcades des avant-corps de l'intérieur de la
cour du Louvre dans la décoration de la gallerie
de Verfailles & de celle de fhôtel de Touloufe;
mais cette efpece d'ornements femble n'être placé
ou nous le citons, que comme ornements il nous
femble qu'il faudrôit, pour qu'ils fuffent
rifés, qmls panifient fymboliques y général auto-
ils
devroient être réfervés pour caraâériferen
le temple
de la paix, annoncer la fertilité des
rabondance des provinces terrestres campagnes,
& alors faire partie des amortiffementsou maritimes,
qui cou-
ronnent les portes des Villes, les arcs de triomphe,
les bâtiments hydrauliques, &c. de-là naîtroient
moins d'ornements indifférents, moins de fculpture
prodiguée au hazard dans la décoration de
nos
édifices par-là la Sculpture deviendrait le fym;
bole de l'Architecture, & contribuerôit à peindre,
caractère de
aux yeux du fpeûareùr le veritable particulière
tëdîfice., à railon de fon application
dans l'Architefture Civile Militaire & Navale.

Des Fefions & des Guirlandes.

Les tenons (d) doivent différer des guirlandes;


cclles-ci par les fleurs ceux-là par les fruits néan-
moins il Íe fait des tenons, tous de feuilles de laurier
ceux placés
ou de chêne, ( tels que remarquent du
fe
fur l'archivolte F prenant naiffance claveau
G, planche XIX,) d'olivier, de myrthe ou de
cyprès felon les applications, que Ton veut faire
de ces feftons dans la décoration d'un monument
élevé à la gloire, à la guerre, à la paix à l'amour
feilons font
ou aux funérailles des grands.. Ces
ordinairement attachés avec des anneaux &.
ornés de rubans qui fervent à lier' les bouquets &
les chûtes des feuilles dont ils font composes, tels
que fe remarquent ceux bb, placés dans Tamorr.
tùTeinent à a àu-deflus du frontons ce genre d'6r-J
nements"étoit.fort en ufage dans la décoration des
édifices des;Grè'cs;&"des Romains les Manfard,.
les Debrdffes,'les Mercier', les' Le ^Veau les
François Blondel, les Bullet &. les Perrault, les'
cnt aufu employés avec fucces dans leurs déco-
rations. D'après ces grands Architectes plusieurs
fèmblent de nos jours ^vouloir les préférer dans
leurs décorations à tout autre genre d'ornement;
mais peut-être ferions-nous bien fondés à
cher a quelques-uns de derniers
repro-
ces d'en faire
un trop fréquent de ne les pas affez varier,
de leur donner
un air de pefanteur une forme
trop qui bleue Qu'on
que
ces imitations,
entendues, n'e;ifantent des modes
leur tour feront abandonnes qui
d7aUtres *nouveautés en forte pour paffer
de four-
nir d'excellents modeler, que loin
des ornements peu,réfléchis on ne préfente que
ment le plus grand
qui portent
nombre à s'écarter du
véritable goût de
cet cfprit de
venance que nous recommandons ici avec tant
.'Les guirlandes des
nous venons de le ainfi que
des font feulementremarquer, en ce que les guirlan-
compofées de fleurs & de feuil-
qu'en général elles préfententplus de
dans leurs matfes, &' plus de légèreté
détails dans leurs
parties; que pour cela elles paroiffent
plus pro-
la décoration au-lieu que:
devoir être pour le.,

Les entrelas font des ornements


composes 'de
membres. d'Architecture & de Sculpture, que l'on:
quelquefois à la
dans-.les appuis des.
rrelas font moins
ils apportent de lagraves que les
variété
mais
leur concour môins
Entiers ou l'ordre
avoit fait faire des modeles en plâtre au-déffus
du foubaffement du périflile du Louvre. Fran-
çois Manfard en a introduit dans fefcalier du
Château de Maifons. Debroffes en a fait ufage au
couronnement du dôme du Luxembourg du
côté de la nie de Tournon.
11 faut favoir que les vides des entrelas doivent
être à -peu -près égaux entr'eux; que les corps
Jfolides qui les déterminent le doivent être exacte-
ment. Il faut que leurs contours foiént coulants
.qu'on fache y éviter les trop petits détails que
les ornements qui les enrichiflent foient non-feu-
lement employés avec ménagement mais paroif-
fent naître de la forme des membres d'Architecture
qui les compofent membres qui eux-mêmes doi-
vent prendre leur fource dans le caractère de l'or-
donnance.
On appelle encore entrelas des ornements en
bas-relief, compofés de lifleaux de plates-bandes
droites, circulaires ou mixtes, dont les milieux
font ornés de rofaces & de fleurons lefquels font
deftinés à la décoration des arcs doubleaux des
arcades ainfi qu'il s'en remarque fous l'intrados
ou archivolte de la plus grande partie de rinté-
rieur des arcadesde la cour du Louvre, & ailleurs.

Des Caffettes.
On appelle caffettes des tables renfoncées &
ornées de moulures en forme de cadres qui fer-
vent à contenir des rofaces dont on enrichit le
fofite des larmiers des corniches Doriques Co-
rinthiennes & Comportes & même quelquefois
celui de l'ordre Ionique lorfqu'au lieu de demi-
cules on introdujxd.esmodelions. Les caffettes fer-
vent auffi à orner les arcs doubleaux des -voûtes
des édifices facrés & des
monuments publics ces
carènes fe font le plus fouvent qiiadranailàires
dans les entablements des ordres, principalement
lorfqu'on les remplit de rofes ou rolàces ordi-
nairement circulaires; mais lorfqu'on les applique
aux arcs doubleaux, on les entre-mêle quelque.
.fois de caffetes oblongues, barlongues
ou loiàn-
ges, remplies d'ornements affortis à la forme de
ces nouveaux compartiments; celles qu'on remar-
que fous l'arc plein cintre de la porte Saint.
Denis font de ce dernier
genre celles de la
voûte de l'Eglife de la Sorbonne font du pre.
mier. En général la richeffe de l'ordre détermine
la quantité des moulures des caffettes, & le
genre
de la fculpture qu'elles doivent contenir. On
devroit même placer les cafiettes.dans les fofitesne
des corniches & dans les arcs doubleaux des voû.
tcs, que lorfque le fur de l'ordre eft cannelé, &il
ne faudroit faire ufage de rofaces, que lorfqu on
a cru devoir orner de rudentures les cannelures
des ordres. Aux Petits-Pères, à Saint-Sulpice
à Saint Roch la richeffe des arcs' doubleaux
eft mal affortie avec celle des ordres qui déco-
rent fintérieur de ces trois Eglifes. Nous le répé-
rons la relation dans l'Archltefhire & la Scul-
ture, eft un des premiers mérites de l'Art il faut
néceffairement, pour arriver à la perfection que
-les membres, les
ornements puifent leur expref-
fion leur richdTe on leur fimplicité, dans le
caraâere de l'ordre, & dans Ia convenance du
bâtiment; certainement ç'efi le feul moyen de
plaire, de perfuader aux autres, que l'Architeôuré
eft établie fur des principes confiants & que fes
beautés:font des beautés pofitives, qu'on ne peur
raifonnablcment contefter.
Des Pojîcs.
Les poiles font des ornements compofés d'en-
rouements & appelés ainfi parce qu'ils le
fuccedent les uns aux autres fans intemiption
& qu'ils fe replient fur eux-mêmes fans aucune
efpece de repos. Ces ornements modernes font
d'un ftyle moins grave que les guillochis dont
nous allons parler & pour cela ils ne devroient
jamais fe rencontrer enfemble dans une même
décoration. Au refte, les poiles comme tous
les autres ornements doivent recevoir diverfes
expreffions pour fatifaire aux différents caractères
des ordres Ionique Corinthien & Compofite;
car il faut obferver quelque fimplicité qu'on
puùTe leur donner, qu'ils ne doivent jamais faire
partie de la richeffe des ordres ruitiques & foli-
des. Nous l'avons déja dit, nous le répétons
tout importe dans la dülriburion des ornements
de nos bâtiments il ne fuffit pas d'y placer de
la Sculpture c'eft leur application réfléchie qui
fait beauté, qui engendre l'unité qui détermine
la convenance, qui confirme & ditlingue les ou-
vrages des hommes célebres d'avec ceux des
hommes fubalternes. D'ailleurs il faut fe refîbu-
venir que les ornements ne font appelés dans
l'Architectureque pour l'embellir, la rendre agréa-
ble, inféreflante. Or tout Arrifte doit s'attendre
à manquer ce but, quand les ornements qu'il in-
troduiradans fa décoration paroitront arbitraires
indifférents, pris au hazard, quand-ils feront mal
affortis diîmbués fans goût facs choix, fans
convenance. Pour éviter un tel abus, il faut donc
après avoir déterminé leur placebo:, leur avoir
affigné leur relief leur genre & une expref-
fion relative à toutes les parties de l'Architecture-
il faut, dis-je faire choix d'un Artifte habile
qui, par une belle exécution, ajoute encore
mérite réel & au ftyle de l'ordonnance il faut au
enfin imiter les chefs-d'œuvre des grands maîtres
en tout genre, les fuivre dans leurs procédés,
dans leurs opérations; en un mot, il faut fe
dre compte du degré d'exécution, de perfectionren-
&
de beauté qu'on remarque dans leurs différentes
efpeces de productions fi l'on veut atteindre à
l'excellence de toutes les connoilfances que
nous
exigeons.
Des Guillochis.
Les guillochis font des ornements qui tiennent
tout à l'architecture, n'étant compofés que de
lifteaux qui fe distribuent en compartiments par
opposition, & cependant avec fimécrie. Ce genre,
d'enrichiffement eft fort ancierr; il s'en remarque
dans pluiîeurs monuments de la. Grèce, & de
l'Italie. Plufieurs Archite&es de nos jours ont fait
revivre dans leurs productions cette efpece d'or-
nements néanmoins elle n'a guère d'autre mérite
que d'être redHligne d'une facile exécution &
de procurer une riche£¡: à l'Architecture,qui, fars
trop de dépenfe, ferc à faire valoir certaines parties
de la décoration. Ces ornements font toujours
employés en bas-relief; les chemins, les fentiers
ou champs qui féparent ces guillochis doivent.
être d'une largeur égale aux lifteaux ou plates-
bandes qui les compofent; mais il faut avoir atten-
tion que ces plates-bandes ne foient ni trop larges
ni trop étroites relativement au caraâere ferme
ou délicat de l'ordonnance de l'Architecture; que
leur relief ne foit ni trop ni trop peu considérable;
que ces fortes d'ornements ne foient pas trop petits»
ou qu'ils n'occupent pas trop d'efpace dans la déco-
ration des façades. Au refte il faut ravoir que
les guillochis ne conviennent pas par -tout que
pour les appliquer avec convenance, il faut que
le ftyle de l'Architecture foit puifée dans l'an-
tique, rien n'annonçant tant l'inconféquence du
génie de l'Anime, que de vouloir allier dans
une même décoration, des ornements anciens,
avec une Architecture moderne. Peut-être qu'à
l'exemple des boffages & des refends, qui, pour
àinfi dire doivent être deflinés feulement aux
ordonnances Tofcane & Dorique, de même les
guilloclûs ne devroient être employés qu'aux ordres
rufüques & folides au contraire, les entrelas les
caffettes, les rofaces, les poftes, aux,ordonnances
moyennes & délicates. Voyez la plupart des orne-
ments que nous venons de définir dans la plan-
che 1 X de ce volume, avec quelques autres or-
nements dont les exemples réunis avec ce que
contiennent- »v*s définitions peuvent éclairer nos
Up~.cs fur l'application des ornements à l'Archi-

Des Vermicu.iu.res & autres Ornements

Nous avons déja dit, en parlant des refends &


des Louages, page 326, quelque chofe des ver-
iniculures des congélations & des pétrifications
dont on enrichit affez ordinairement ces membres
d'Architecture ruftiques, S: qui comme tels,
ne
peuvent recevoir que des ornements de même
genre. Ces membres & ces ornements ne peuvent
& ne doivent pas s'employerindiftinûement dans
1 ordonnance de tous les bâtiments le caractère
de
1 édifice a feul le droit de les fur la fcene
amener
autrement il font déplacés il faut encore, comme
nous l'avons recommandé que leur touche foin
large vague incertaine & éviter avec foin
d affecter au-lieu de l'imitation libre des
produ-
Rions de la nature en ce genre, des L couronnées
(c), des fleurs-de-lys des hermines & autres'
ornements qui tenant trop de la contrainte de
l'Art, ne peuvent figurer avec une compofition
nùtique puifée dans les modeles de la plus grande
antiquité, & bien avant que l'Architecture fut
réduite en Art. Les vermiculures du Château-
neuf de Saint-Germain-en-Laye, ont la touche
que nous exigeons, & rempliffent parfaitement
l'idée qu'on fe propofe lorfqu'onveut imiter oula
vermiculure des bois ou plutôt les parties tendres
de certaines pierres qui détrutes
par l'humidité
de l'air, & détachées par l'ardeur du foleil qui
fépare ces parties tendres des parties dures qui
la compofent laiffent entrevoir des intervales
dune inégalité intéreffante qu'on doit chercher
imiter dans ces genres d'ornements. Nous cite-
en
rons de naturelles qui fe remarquent au portail
des Carmes, rue de Vaugirard, & murailles
aux
du Louvre, du côté de l'eau d'une fingularité
qui furpaffe tout ce que l'arc pourroit produire
de plus admirable. Nous fentons bien les
que
deux exemples que nous citons
ne peuvent
être d'une grande autorité pour l'avenir; mais
au moins ils doivent faire fentir à nos Elevés
que rien ne leur doit échapper, qu'ils doivent tout
examiner avec foin rapporter tout ce qu'ils
voient à leur Art & chercher fur tout à appli-
quer, dans leurs produirions,tout ce que leur offre
la nature, avec ce difcernement,& cette judiciaire
qui caraûérife le véritable Artifle.
Au refte les vermiculures ne font pas les
feuls ornements qu'on puiffe appliquer à l'Archi-
tecture Tofcane comme cet ordre peut fatis-
faire à différents genres d'édifice il convient auflï
que les' ornements qu'on veut appliquer fur les
boffages foient de différents genres par exem-
ple les congélations de la grote du Luxembourg
y font bien appliquées parce que cette grotte
devoit être une fontaine les piquures larges &
tracées avec art qu'on remarque fur les boffages
de la terraffe de la grande avan:-cour du Château
deMeudon exprimenttrès-bien une richeffe rufti-
que, convenablement placée dans ce lieu. Enfin
les joints des pierres refendues dans leurs joints
horifontaux & dans leurs joints monrants d'une
certaine partie du Vieux-Louvre & dont les
furfaces font gravées avec la pointe du marteau,
font encore une richeffe analogue au genre ruf-
tique il ne s'agit que de les bien appliquer
& de ne jamais fouffrir que ce foit le hasard le
caprice ou la fingularité qui les amene dans la
décoration.
Nous n'avons pas prétendu rendre compte ici
de tous les ornements qui fervent embellir
l'Architecture; notre but a été feulement de parler
des principaux objets de la Sculpture qui appar-
tiennent à l'Architeclure & qui, réunis avec
ce ctue nous avons déia dit concernant les orne-
ments applicables aux différentes moulures des
ordres nous femblent fuffifants pour mettre
nos
Eleves à portée d'aller examiner dans nos édifices
la multitude des chefs-d'œuvre que nos plushaûiles
Architectes & nos Sculpteurs célébres y
ont ré-
pandus avec tant de fuccès. Cette étude à laquelle
nous renvoyons & l'Amateur & l'Elevé, eft, félon'
nous, le feul moyen de puiferle vrai goût de l'Art
le choix qu'on doit faire de ces divers ornements,
l'expreffion qu'on doit leur donner en
un mot
la touche la beauté, l'élégance & l'agrément
qu'ils peuvent procurer'à l'Architecture quand ils
y font distribués avec cette convenance ce juge-
ment & cette vraiffemblance que nous avons re-
commandés & que nous recommandons encore à
nos Eleves.
CHAPITRE IV.
Analyse de l'Art, OU MOYEN DE
parvenir a DISTINGUER la BONNE
Architecture d'à ve c l'Archi-
TECTURE médiocre.

jTL p R È s avoir parlé du plus grand nombre des


membres d'Architecture & des ornements de Scul-
pture relatifs à l'Architeâure nous allons ofixir
de nouvelles obfervations non moins interefTant.es
qui ont pour objet de traiter de la manière de re-
connoître, à l'afpeâ de nos Edifices François, les
vraies beautés répandues dans les plus célébres
d'entr'eux & les médiocrités dont quelques au-
tres ne font pas toujours exempts. Nous allons
donner lidée précife que doivent produire à
fimagination des Spectateurs tous les divers mem-
bres d'Architecture,que- nous venons de définir.
Enfin nous allons difcuter les différents
moyens
de les raffembler avec choix dans nos produc-
tions méthode qui peut amener à ces nuances
imperceptibles qui échappent au vulgaire mais;
que l'Ardue inftruit fait faifir, & que l'Amateur -i-v
éclairé fait applaudir. N'en doutons point, c'en:
par le'recours de ces nuances imperceptibles.qû'on
parvient à mettre une difKnâion réelle dans les
projets de deux bâtiments de même genre, mais
qui néanmoins doivent s'annoncer didéremment,
en préférant dans fun un flyle fubiime, noble,
élevé; dans l'autre un caractèrenaïf, fimple, vrai
exprëffiçns 'diflinâes particulières, qu'il ne faut
point .confondre, qui. ne font point fynonimes ,.Qui
ont befoin d'être fenties enfuite difcutées & qui
contribuent plus qu'on ne s'imagine ordinaiS-
ment à affigner à chaque bâtiment le caractère
qui lui eft propre.
Nous avons cru devoir préférer ici le ftyle
la définition à tout de
autre genre de narration
parce qu'il nous a paru plus propre que tout
autre à peindre nettement à l'idée
nous defirons faire entendre nous-mêmesceà que
jeunes Architeâes; d'ailleurs il femble dégagernos
la
mémoire de tous les acceffoites étrangers; il fépare
dans chaque objet toutes les obfervajions
font point de fon reffort & aihgne plus qui ne
fément â fEleve le degré d'attention préci.
eft nécefiaire pour parvenir à rendre fes qui lui
fitions plus régulières. On compo-
peut-être
chacune de ces définitions,trouvera dans.
des traits de refiem-
Wance, qui au premier coup d'œuil feront douter
de 1 futilité du plus grand nombre mais
examinant plus attentivement, en les
qu'on y démêlera des nuancesnous nous flattons
diftindtes & des
idées variées qui étant pour la plupart
pagnées d'exprelüons différentes-, & du accom-
pre à 1 objets qu'on y traite feront fentirmot pro-
combien
il étoit elienciel dufer de répétition faciliter
1 intelligence néceflaire à obferver pour
dans
ration des bâtiments, qui tous devant la déco-
porter un
-caractère décidé, doivent néanmoins préfenter à
leur afpcct un coloris qui échappe vulgaire,
Biais qui n'en conftitue pas moins au
detennment pour l'homme véritablement une beauté
éclairé.
Pour rendre ces opérations plus fécondes,
nous
avons tâché de faifir tous les différents genres de
produ&ons du reffort de l'Architeâure auflî-
bien que la maniere dont doit les confidérer,
le jugement qu'on en doiton
porter, & l'effet qu'ils
doivent préfenter à fefprit lorfqu'ils font confidé-
rés en particulier, ou raffemblés dans un ou plu-
sieurs édifices. Nous nous fommes auffi quelque-
fois un peu étendus, & nous n'avons pas craint
d'entrer dans quelques difcuffons, qui ont dû nous
amener néceffairement au raifonnement de l'Art.
Nous avons fait plus; autant que les égards que
nous devons à nos contemporains ont pu nous
le permettre, nous avons fait des citations utiles
fur les beautés & fur les médiocrités de leurs
oeuvres; citations qui pourront nous fervir d'exènv
pies pour' ou contre, dans l'intention que dans
ces leçons la théorie marche d'un pas égal, avec
la pratique: deux connoiffances fans lefquelles on
nepeut juger équitablement des ouvrages de l'Art.
Faute d'avoir ufé plutôt de cette méthode, nous
avons peut-être précédemment rendu l'étude de
cette fcience plus laborieuse; mais cette route
qui n'avoit été frayée par aucun de nos- pré-
déceffeurs ne s'eft préfentée à nous que tard;
il nous falloit fans doute pour y parvenir une
longue fuite d'expériences, & les conférences réi-
térées que nous avons eu occafion d'avoir avec
nos plus habiles Architectes, & les Artifles célè-
bres dans» tous les genres de talents.
Pleins de vénération pour les productions de
la Grèce & de l'Italie épris des chefs d'oeuvre
des l'Efcot, des Delorme des Debroffes des
Letnercier des Manfard des Perrault fuffc-
famment infiruits des découvertes ingénieufes
faites de :nos jours par nos contemporains, dé-
veloppons ici, s'il eft le raifonnement
de notre Art; mais pour y parvenir, remon-
tons fans ceffe à la fource & n'oublions jamais
l'imitation des chefs-d'œuvre des grands -hommes
qui nous ont précédés. Aaiv
Nous ne nous douions
pas la nécefflté dans
laquelle nous nous fommes trouvés, de nous réné-
ter quelquefois mais ces répétitions
paru être une fuite néceffaire de ce genrenous ont
d'étude;
nous les avons crues indifpenfables pour ré-
Pendre plus de clarté & y
accoutumer
même ceux qui font déjà inftruits nos Eleves.,
jufqu'à un
certain degré, à fentir. qu'il efi effenciel d'obfen·er
reprifes & fous différentes faces, dans.
toutes les productions de notre Art, cette poéfie
-muette, ce coloris fuave, intéreffant ferme ou
vigoureux; en un mot, cette mélodie tendre,
touchante forte ou terrible qu'on
ter déjà Poéfie de .la Peinture oupeut emprun-
de la Mitfi-
que., & quon peut ral-porter aux diverfes com-
posons qui émanent de l'Architeûure. Au retle,
notre mamere de raifonner, de voir de fentir-.
ne fera peut-être. pas celle de la plupart de nos,
Contemporains, ni de celle de Succeûears-;
mais nous aurons toujours beaucoup nos.
fait, fi à
notre exemple, nos jeunes Artiftes s'accoutument
à rayonner par leur expérience &. s'ils fe
refîouviennent que lapropre
plupart des défauts que
avons relevés ne nous ont paru tels, que parcenous
la plupart des produaions que
nées, péchoient en quelque que nous avons exami-
forte contre le raifonne-
ment.oiji fait ici,notre objet; nous defirons donc,
que les définirions
que nous entreprenons, neuves.
dans leur genre, donnent occafion à d.'autres plus
veriés.que nous dans Fan d'écrire d7approfon-
dir les préceptes qu'elles contiennent:
feront a cet éga:d nous apprendra ce qu'ils
aurions dû foire, leurs fuccès ce. que nous
nous feront utiles;
ils deviecrfront pour nous des leçons
1mm & contri-:
a l'entière perfeôion de l'Art, motif qui
faire un
nous eft plus cher que celui de nous
nom. De
la fublimité da 1'Arckiuiïure.
Pour fe connoître en Architecture, il faut com-
apprendre les regles; enfuite
mencer par en bien
acquérir l'arc d'apprécier les différents genres de
beauté dont elle eft fufceptible on rifque autre-
vraies beautés la gran-
ment de prendre pour de
deur, l'étendue, le prix des matieres ou la pro-
digalité des ornements. Qu'on ne s'y trompe pas
l'ArchitectureEgyptienne étoit plus étonnante que
belle; l'Architecture Greque plus réguliere qu'in-
génieufe l'Architecture Romaine, plus favante
qu'admirable; la Gothique, plus folide que fatis-
faifanre notre Architecture Françoife enfin, eft
peut-être plus commode que véritablement inté-
reffante.
Pour définir le fublime dont nous voulonspar-
ler, il fàudroit foi-même être fublime & nous
fommes bien éloignés de cette perfection. Au refte,
faut
nous convenons qu'il a fes limites qu'il ne
jamais franchir abfolument, fi l'on ne veut tomber
dans le gigantefque celui-ci n'en impofe qu'au
vulgaire. Un colofTe fans proportion & compofé,
pour ainfi dire, de pièces rapportées, ne peut obte-
nir les fuffrages des hommes de goût, ni des hom-
mes raifonnables, quelque grande qu'en pu
ait être
1=idée. Pour arriver à la Sublimitéde ^Art, il fàudroic
réunir, dansfes productions, le favoir, le génie, la
beauté, la régularité la convenance, la foliclité &
la commodité mais cependant il faut fonger que
l'efprit méthodique.la méditation le flegme, peu-
vent produire un bon Architecte, & que le génie
Famé, l'enthoufiaime, élevent feuls l'Artifte au
& pour due, élever
le portant une admirationrame du
contemplative, dont
il ne pourroit lui-même fe rendre
compte au pre-
quoique fuffifamment inftruit
des connoiffances profondes
de Le genre

une main divine; leur ordonnance doit avoir un


caradtere facré qui rappelle l'homme
la Religion, à lui-même. Qu'on à Dieu, à
certaines Eglifes gothiques y prenne garde,
modernes portent
cette empremte une grande hauteur de
voûte

aux

(f);
inconnus, font autant de beautés
dans quelques qu'on remarque
ouvrages de ce genre & qui de-

une Architecture traitée avec


peu
de Sculptuze mais admirable une diftribution
fage en un mot une expreffion un enfem-
ble, un afpeû divin font les beautés qu'on doit
chercher a mettre en œuvre dans nos édifices
facrés. Un Artifte inftruit de la convenance fi bien
obfervée même du temps du Paganifme s'effor-
ceroit de produire de nos jours une ordonnance
d'ArchiteEture grave, décente, qu'on remarque
rarement dans nos Eglifes modernes parce que
communémentl'Architeâure en eft peu réfléchie,
& les ornements y font arbitraires. Qu'eft-ce
en effet que la plus grande partie des reftaura-
tions qu'on remarque dans fintérieur de plusieurs
de nos Paroiffes le plus fouvent du ftuc de l'or
en feuilles du cartonnage (g); nos Théâtres,
nos Palais nos Hôtels offrent à-peu-près les
mêmes genres d'ornement & à l'exception de
quelques chefs-d'œuvre de Peinture & de Scul-
pture qui les embelliffent & qui peut être fe-
roient placées plus convenablement par-tout ail-
leurs, on n'apperçoit prefque point dans leurs
décorations ni le Patleur éclairé ni l'Architecte
véritablementinftruit, ni l'Artifte vraimenthabile.
C'eft envain que Jacques le Mercier & François
Manfard nous ont laiffé pour exemple la Sorbonne,
le Val-de-Grâce; on veut imiter l'intérieur du
dôme des Invalides, celui delà Chapellede Verfail-
les, dans ce qu'ils ont de moins propre au genre
dont nous parlons, parce que leurs percés ingé-
nieux, leurs formes variées leurs détails inté-
reffants font plus faciles à faÍfir par le plus grand
de

tous
moire des Citoyens, les
haurs faits les

le une admiration
quelques détails concernant legenre de
que doit faire naître en
nous une ordonnance d'Ar-
chitecrure, vraiment digne de fe
dans fa totalité- ou dans faire admirer, on
quelques-unes
De L'admiration que peut caufer l' Arckit&clure.
On pourroit appeler une Archireâure effen-
ciellement admirable, celle qui raffembleroit tous
les différents degrés de perfections de fArt. Peu
d'édifices offrent autant de merveilles, parce
que
la plupart des beautés del'Architeâure, fes préce-
ptes exceptés font coniidérées par le grand nom-
bre des jeunes Architectes, comme des beautés de
convention, qui dépendent du goût particulier de
l'Artifte; enforte que par cette indépendance il leur
devient difficile de parvenir à faire trouver aux
autres leurs productions véritablement admira-
bles en effet, pour qu'un édifice pût être eftimé
tel, il faudroit qu'il entraînât unanimement tous
les fuffrages. Or ce degré de fupériorité
tient rarement à FArchiteâure prife en général
appar-
on ne le trouve guere que dans quelques-unes de
fes parties confidérées iéparémenr. Par exemple
la décoration d'un fallon l'appareil d'un bâtiment
la diftribution extérieure d'un
ou de plufieurs ap-
partements peuvent caufer 'de l'admiration, parce
que la caufe de cette admiration eft pour ainfi
dire indépendante des beautés de l'eafemble de
l'édifice.
On dira bien, La façade du côté des Jardins du
Château de Maifons eft admirable, pour exprimer
la régularité defon Architecture & l'application de
fes ornements
on aura raifon mais cette admira-
tion ceffera peut-être quand
belle ordonnance extérieure
on comparera cette
avec la diftribution in-
térieure du bâtiment parce qu'on apercevra
défaut de relation dans l'enfemble. On un
pourra dire-
auiii: L'avant-corps du Château de Clabny
du cote de lennte, eft admirable, cela fera (h)
mais on fera forcé de convenir, vrai-
que c'eft de cefeul
avant-corps qu'on voudra parler, les
des façades de ce bâtiment lui étant autres parties
de beaucoup
inférieares.On dira encore Ce fallon eft admirable,
en parlant de celui du Château d'llfy, parce
l'oldonnance de fon Architecture eft belle, & que
la Sculpture qui la décore eft de la plus grandeque
perfeftion mais on ne pourra fe refufer de de-
:tirer plus de hauteur à cette piece; défaut, qui
détruit, en quelque forte l'admiration du Speaa-
teur éclairé qui lui fait fouhaiter que l'Archi-
tecte eut pu réunir dans
cette piece le rapport
des dimenfions à ces deux beautés du premier
genre. Enfin on dira, la diftribution de l'hôtel de
Biron, comme maifon particuliere en: admirable
mais l'on fera forcé de convenir de la mé-
diocrité de l'ordonnance des dehors & de la
négligence de l'appareil de fa conftru&ion.
Pour qu'un édifice ou plutôt pour que l'Ar-
chitecture puifie être trouvée véritablement admi-
rable, il faut donc que la beauté de l'ordon-
nance des dehors d'un bâtiment, la commodité
des dedans & la folidité de fa conftruâion ne
fe démentent jamais & que ces trois objets y
femblent réunis de maniere à ne laiffer rien à
defirer abfolument. Sans doute ce que nous fem-
blons exiger n'eft pas fans difficulté, parce qu'aiTez
communément les connoiffances particulieres de
ces trois objets ont fait dans tous les temps l'étude
féparée de quelques-uns de nos Architectes; &
que pour que l'ordonnance, la diftribution, la
conilruâion d'un Edifice public d'un Palais, d'un
Hôtel fuflent telles que nous le defuons il feu-
droit qu'on eût fait d'abord lors de fes études
des recherches profondes fur chacune de ces
parties, enfuite des tentatives pour parvenir à
leur parfaite conciliation il faudroit que leur
décoration imitât d7affez près, la beauté & la per-
fection de celle des Grecs & des Romains, la foli-
dité & la légèreté de celle des Arabes enfin la
commodité & l'agrément de notre diftribution
Françoife.
Au refte la décoration la diftribution, l'ap-
pareil d'un bâtiment, pour être véritablementadmi-
râbles chacun dans leur genre ne doivent riért
tenir d'une imitation trop fervile pour que les
différentes parties de l'Art puiffent acquérir
titre, il faut que ces trois branches de l'Archi- ce
tecture portent un certain caraélere d'originalité
les distinguent de la claiie ordinaire. Afin d'y qui
venir, expliquons féparément ce que nous par-
devoir entendre par une Architecture qui, croyons
ion tiyle, porte ce caractère d'originalité dans dont
nous voulons parler.
Du caractère d'originalité dans l' Arckit&urz.

On dit: Cette compofition eft neuve, le flyle


de fon ordonnance eft original, n'a rien de
com-
mun, de vulgaire lorfque dans fa décoration
on remarque que le génie créateur de l'Artiste
a fu franchir les limites de l'Art, fans cependant
s'être trop écarté des préceptes reçus à deflein de
répandre, dans fa produéHon, des formes d'Arche
tefture intéreffantes, & certaines allégories dans
les ornements; mais les unes & les autres doivent
être puilées dans le motif qui a donné lieu à fédifice.
Celle dontle mou vementobfervé dans la diftributioa
des corps extérieures, s'accorde avec les parties
dyramidales des façades celle qui n'ayant rien de
trivial montre par le caraâere de fon Archite-
cture une ordonnance grave, mais noble agréa-
ble, mais Simple grande mais jamais giganref
que ces fortes de formes ont également droit
de fe faire admirer, quand on les applique d'une
maniere analogue au genre de l'édifice perfec-
tion, il efl: vrai, qu'on rencontre rarement dans
nos bâtiments quoique la plupart compofés de
membres d'architeâure ufités dans les décorations
les plus approuvées mais qui fouvent distribuées
fans choix, fans goût, en un mot, d'une maniere
oppofée à l'objet qu'on fe propoSe, ne présentent
qu'une ordonnance très-irnpartkite tels ont été
¡¡-peu-près les ouvrages des Mefibnnier, des Op-
penor, des Cuvillier &c. dont les exemples font
plus capables de faire naître le dérèglement de
l'imagination que d'éclairer nos jeunes Artifles
fur- la maniere de fe conduire dans les différen
tes productions de fArt. Au-licu de fuivre cette
route incertaine, & remplie d'écœuils, nous leur
confeillons de former le plan de leurs études d'après
les chefs-d'œuvre fans nombre
que nous a laiffés
en ce genre, Hardouin Manlard un de nos Archi-
teSes françois, qui a pouffé peut-être le plus loin,
ce caraâere d'originalité dont nous parlons ici. On
l'admire dans le Château de Clagny à Trianon
dans le Château & les Jardins de Marly, dans les
dehors de Verfailles du côté de Paris. Toutes
ces
compofitionsneuves, d'une difpofirion& d'un genre
inconnu avant lui font autant d'exemples admira-
bles qui peuvent dans la fuite donner le
ton à nos
Eléves, s'ils apprennentune fois à fentir qu'il n'eft
point de vraies beautés dans l'Architecture
néral ni dans un projet particulier fi l'on en gé-
n'y
remarque de certains traits que le genre feul a
droit de faire éclore, & qui
doivent -convenir au local,
pour être approuvés,
aux différents afpeâs
du bâtiment, à fa fituation & à fon expofition. Ces
différénts moyens bien envifacés de la
l'Architecte, le conduifent à part de
ces écarts heureux,
a cette tournure d'imagination à ces reflburces
de l'Art, que l'homme tranfcendant fait fe
per-
mettre. C'eilcecaraûere d'originalité qui fautorife
quelquefois à donner des formes moins re&ili-
gnes a fes façades à faire céder les ailes au prifl-
cipal corps de logis enfin à faire pyramider cer
taines parties pour leur donner la prééminence
certaine autre route fïire & fur
peut être la plus
propre pour nous faire donner de la variété
édifices de même Voilà où peut nous aux
genre. con.
duire rexamen réfléchi des bâtiments
nons de citer on peut y ajouter que nous ve-
de Chantilly de Sceaux de Saint ceux de Meudon,
Laye, & quantité d'autres vus Germain en-
du côté ou
nous les envifageons ici. Traitons à préfent de
ce que nous concevons nous-mêmes par une Ar.
chitecrure appelée Architecture Pyramidale
pro.
prement dite.
De l* Architecture Pyramidale.
On dit communément, Cette
Architecture ett
pyramidale lorfqu'on veut exprimer
chiteete a élevé pour cette raifon que fAr.
un dernier
étage au deffus de ceux qui terminent la
tie fupéneure de fon principal par.
corps de logis;
ou lorfque fans ce fecours il a prévu qu'en don-
nant une affez grande faillie à fon avant-corps,
il préémineroit fuffifamment
par l'effet de l'op-
tique quoiquil ait tenu les étages de fes façades
a une meme hauteur. Hardouin Manfard s'eüfervi.
avec beaucoup de fuccès, du premier moyen au
Château de Clagny, & du fecond Château de
au
Verfailles du côté des Jardins. Nous
edm-a doit avoir la préférence danscroyons que
les grands
édifices celui-là dans les bâtiments de peud'éten-
due, parce qu'autrement il feroit craindre
a
qu une trop grande faillie donnée à l'avant-corps,
ne davifèt trop l'ordonnancede la façade, & n'oc-
cafionnat trop de dureté dans la décoration.
Les Architectes Arabes ont excellé dans les
formes pyramidales; peut-être auiïï ont-ils pouffé
jufqu'à 1 excès, cette maniere de décorer leurs
édifices, la plupart ayant affeâé jufques dans les
plus petits détails des pyramides percées à jour,
évidées, & d'une ftru&ure peut-être plus éton-
nante qu'admirable. Le clocher de Strasbourg,
celui de la Sainte-Chapelle à Vincennës celui du
Palais à Paris, le portail de Reims, Saint-Ouea
à Rouen prouvent affez ce que nous avançons.;
mais néanmoins ces. formes pyramidales peut-
être trop réitérées & prefque toujours mono-
tones, ne fatisfont pas en ce genre, autant que
quelques-uns de nos édifices modernes, où l'on
remarque que les maffes quoique moins confi-
dérables, & les parties plus d'accord entr'elles
femblent intéreffer beaucoup plus que ces ou-
vrages gothiques affez célébres mais enfants de
la ûngularité & du goût dominant de leurs ordon-
nateurs.
De tous nos Auteurs modernes, Palladio eft
celui qui certainement a entendu le mieux les
formes pyramidales dont nous voulons parler.
Entre nos Architectes François, Jules Hardouin
Manfard & M. Boffrand font ceux qui s'en font
acquittés avec le plus de fuccès. Debroffe & Le
Mercier ont auffi donné des preuves de l'excel-
lence de l'Art dans cette partie de l'Architecture;
le premier au Luxembourg, r à Saint -Gervais; le
fécond à la Sorbonne, au Château de Richelieu:
auffi rien de plus agréable que ces productions
rien de fi charmant que celles de Palladio dans
les bâtiments qu'il a fait élever à Bologne, à
Vicence; en un mot, rien de fi intéreffant que les
Invalides le Château de Çlagny par Hardouin,
& ceux érigés par M. Boflhmd
Allemagne en Lorraine,
en & ailleurs; mais voyons plus
ticuliérement ce que l'on par-
peut concevoir par une
Architecture véritablement agréable.
Ce qu'on entend par une Architecture, agréable..
Pour que la décoration d'un bâtiment fok véri-
tablement agréable il faut qu'elle ibit flifcepdble
des formes pyramidales dont nous
venons de
parler, & qu'elle préfente dans fon ordonnance
rous les agréments que peuvent permettre les
regles de l'Art & l'affociarion de la Sculpture
avec l'Architeaure que les formes élégantes
puifienr entrer pour quelque chofe dans la
pofition de fes parties & de fes détails &com-
que
la convenance de l'édifice puiffe les autorifer. Une
maifon d'une Architecture agréable eu
celle oû l'on apperçoit dans la distributionencore
exté-
rieure & dans la diverfité de la hauteur des
pa-
villons, des avant-corps & des ailes,
<çii offre à l'œujl du Spectateur quelqueune variété
chofe
d'intéreffant & .oû il remarque des proportions
exactes fans fervitude agréables fans frivolité
& enfin riches fans confuiion. Le
genre agréable
eft le propre d'une Nlaifon. de Plaifance d'une
jolie Maifon de Campagne le petit Château
de M. de la Boiffiere rue de Clichy
M. Le Carpentier offre très-bien dans par les
dedans & dans les dehors, l'image de
voulons peindre ici; mais il faut favoir ce que nous
qu'en gé-
néral l'agrément dont nous parlons en: beaucoup
plus du reffort de l'intérieur que de l'extérieur des
bâtiments, parce que la varieté des matieres dont
on revêt les différentes pieces des appartements
Ia. légéreté qui eft de leur reffort & l'affemblage
des divers Arts qui s'y trouvent raflemblés offrent
naturellement & fans avoir recours à la prodiga-
lité de la Sculpture, quelque chofe d'agréable qui
fetisfair l'œuil, même des moins connoiffeurs eu
Architecture. On doit encore favoir que dans les
pieces de parades il faut que la dignité l'emporte
fur l'agrément, & que la fymétrie fuffit prefque
toujours dans les appartements privés; mais que
fur-tout dans les dehors il faut éviter la répéti-
tion déplacée ou la futilité des contours, Ia fri-
volité ou la pefanteur des ornements, qui bien-
loin de produire le genre agréable dans la déco-
ration extérieure, comme quelques-uns fe le per-
luadent, ne produisent que des compositions
hazardées que tout Artifte habile fait profcrire
& qu'il regarde avec la plfrs grande indifférence
fans vouloir s'y prêter, ni en perpétuer l'efpece;
parce que tout ce qui lui paroît contraire à la
convenance des lieux des temps & des perfon-
nes pour lesquelles il bâtit, lui femble toujours
produire plutôt la médiocrité de l'Art, que fes
fuccès. Paflbns maintenant à ce que ncus appe-
lons convenance
en Architecture.
De la Convenance en Architecture-,
On dit qu'un bâtiment a de la convenance
lorfqu'on a remarqué que fa difpofition extérieure
& les principales parties de fa décoration font abfo-
lument relatives a l'objet quia donné lieu à ériger
l'édifice, lorfque fefprit de convenance y préfide,
que la bienféance( k ) y eft exactement obfervée,
que 1 Ordonnateur a prévu dans toute (on ordon-
nance, le ftyle & le caractère dont il devoit faire
choix, pour exprimer particulier dans
en
Lflemenr de nos Temples de la décencefembel-
Palais des Rois, de la magnificence; dans dans les
les édi.
publics de la grandeur dans les
monuments
élevés à la gloire des grands, de la fomptuofité;
dans les promenades, de l'élégance; dans les bâ-
timents érigés pour la fureté, de la folidité;
dans
ceux élevés pour l'agrément, de la légéreté; dans
la demeure des riches particuliers, de la beauté;
'dans les maifons à loyer, de la
les dedans des appartements decommodité; dans
la variété. Cer-
tainement un Architecture
convenable, telle que
nous 1 entendons, doit avoir pour objet de pein-
dre aux yeux des étrangers,
la valeur, ou l'opulence, ou la dignité, ou
ou l'économie. Qu'on
y prenne garde, c'eft vouloir s'en tenir à la
rou-
tine; c'eft vouloir méconnoîtrela poé1ie de l'Art,
que de négliger ce coloris de l'Architecture un
édifice doit, au premierregard, s'annoncer
qu'il efl. La Porte Saint-Denis, pour ce
par exemple,
Tarede triomphe du Trône fintérieur de la
Sorbonne & du Val-de-Grâce, l'ancien Château de
Saint-Germain-en-Laye,celui de Clagny, celuide
Maifons l'Orangerie de Verfailles les Ecuries
du même Palais, s'annoncent pour
ce qu'ils font;
ils préfentent chacun féparément
cet efprit de con-
venance que nous recommandons & affurent à
nos Architectes François, cette réputation accor-
dée à fi jufle titre à ceux de la Grèce & de
l'ancienne Rome, qui font
parvenus à fe faire
admirer & imiter parce que leurs produaions
étoientvraies; diftincHon particuliere qu'il ne faut
pas confondre, & dont nous allons parler pour
enfeigner l'arc de démêler les expreflîons & les
caraâeres répandus dans les divers édifices'anti-
ques & modernes.

Du Ale vrai en Architecture-


On dit métaphoriquement, Cette Architecture
eft vraie lorfqu'on veut défigner celle qui
ferve dans toutes fes parties le üyle qui luicon-eft
propre, fans aucune efpece de mélange; celle qui
préfente un caraâere décidé qui
met chaque
membre à fa place qui n'appelle que les
orne-
ments qui lui font néceffaires pour l'embellir;
celle où l'on évite une variété déplacée qui
tient du centrale, & où la fimétrie & la régu-
larité font préférées; enfin une Architecture vraie
eft celle qui plaît aux yeux, par l'idée qu'on s'efl:
formée du genre de l'édifice, & qui
ne tenant
ni du préjugé national ni de l'opinion parti-
culiere de l'Arrifte paroît puifée dans le fond
propre de l'Art & qui par cette raifon ne per-
met à l'Architeâe* ni la prodigalité dans les orne-
ont précédés. Expliquons ce que
par le vraiffemblable qui peut fe nous entendons
caraaere vrai qui feul à ce
& qui doit être regardé peut produire l'unité,
le premier mérite

la
en

quefois franchi les vrais principes


de FAr- celle
remarque que la réalité des proportions combinée
avec 1 aparence de ces mêmes proportions, con-
court à faire admirer le fronufpice d'un Temple,
la décoration d'une place publique ou la façade
d'un bâtiment: la réalité par les grandeurs géométra-
les, l'apparence pardeshauteurs variées & relatives
à l'effet de l'optique en forte qu'avec le fecours
de ces moyens, mis en œuvre par la théorie de
l'Arc, l'édifice vu d'un point de diftance déter-
miné, puiffe plaire également, & aux connoif-
feurs & au vulgaire. Enfin
une Architefture vraif-
femblable, telle que nous l'entendons eft plutôt
le fruit du raifonnement & de la méditation de
l'Architecte, que l'application ftriâe des préce-
ptes, la vraiffemblance étant quelquefois préfé-
rable à une vérité qui rebute fouvent plus qu'elle
ne fatisfàit par exemple l'angle faillant d'un
avant-corps, l'encoignure d'un bâtiment, un tru-
meau, un pied-droit trop peu confidérables en
apparence, n'en offrent pas moins à la réflexion la
folidicé réelle de l'édifice mais ces différentes
parties péchant contre la vraiffemblance leurs
apparences bleffent l'œiiil de l'examinateur, & par
cette raifon doivent être rejetées. Un édifice
quoique bâti avec fureté n'en paroît moins
choquant parce qu'on a cru pouvoir
pas
la vraisemblance dont nous parlons. Cette y négliger
qualité
eft préférable en bien des occafions à la réalité, &
a ce caractère vrai que nous venons cependant
de regarder comme le premier méritç de l'Archi-
tecture, mais dont-on peut s'écarter quelquefois
pour donner encore plus de beauté à fa produ-
ilion. Ce mot, beauté\ nous avertit de paffer à
ce que nous entendons par une belle Archite-
Ce qu'on entend par une belle Architecture.
On dit communément qu'une Architeaure
belle, lorfqu'on veut exprimer eh
aux autres nia
fir qu'on a reffenti au premier afpeâ le
ou Ion a été frappé d'une heureufed'un édifice
difcofi£
dans le rapport des maffes la répartition
parties la divifion des détails & où des
l'on s'efr
apperçu que l'Architeae avoit fu marier enlembfe
la variété d'un flyle puifé dans les préceptes
l'Arc, avec la vraisemblance le fruit de fon de
bon
goût & de fon expérience. Une belle Architefture
eft encore celle dans la compofition de laquelle
reconnoît un ftyle fage (l) & où cependant on
on
a pris foin d'affocier une excellente Sculpture,
des ornements d'un beau choix une grande
fe&on dans la main d'œuvre, de la précifion per-
lappared, & de fattention dans la qualité dans
de la
matière en forte que l'Architeûe les Artifles
& les Artifans femblent avoir
& les autres à élever concouru les uns
un chef-d'œuvre. Les Châ-
teaux de Maifons & de Blois par François Man-
fard le périftile du Louvre,
par Perrault; la
porte Saint-Denis, par François Blondel, pré-
fentent ce bel effet
cette nobleffe & cette unité
dont nous allons parler.
De la noblejfe des formes en Architecture.

On peut dire cette Architecture eft d'un Style


noble, lorfque le choix de fon ordonnance laine
voir dans tout fon jour une Architecturetraitée en
grand & d'un goût impofant, vraiment digne de
nos Temples de nos édifices publics de la réfi-
dence des Têtes couronnées, & de l'habitation des
hommes du premier ordre celle qui tenant aux
regles de l'Art, préfente une grande compofition
fans être coloffale une ordonnance affortie
au
motif qui a donné lieu à l'entreprife celle qui par le
choix de l'ordre, tel que le Corinthien ou le Com-
pofite, amene fur la fcene l'application d'une certaine
quantité d'ornements qui néanmoins n'y paroif-
fent appelés que par la néceflité celle qui exem-
pte de petites parties grandit pour ainfi dire
l'imagination de l'admirateur, par le fpeâacle in-
iéreffant que lui offrent retendue des bâtiments
leur forme pyramidale, la grandeur des
cours
la relation des i1fues; affociation qui contribue
plus qu'on ne s'imagine à embellir l'édifice &
a donner une idée avantageufe des talents de l'or-
donnateur & du goût du propriétaire. La dif-
pofition extérieure de Verfailles du côté Paris
l'avant-cour du Château de Meudon, la régula-
rité des bâtiments, & des dépendances qui pré-
cédent le Château de Maifons font certainement
des beautés du premier genre qui contribuent
beaucoup à donner ce caractère de noblefle &
de dignité dont nous parlons, bâtiments de
aux
Verfailles, à celui de Meudon, & à relever l'éclat
de la belle ordonnance d'Architecture du Châ-
teau de Maifons, qui, plus qu'aucune autre,
représente ce caractère d'unité dont nous allons
faire ici un article particulier.

De l'unité en Architecture.
L'unité dans l'ordonnance d'un bâtiment eil une
des principales beautés de l'Architecture les Grecs
<wit excellé dans cette partie ils devoient à la verité
beaucoup aux Egyptiens mais ces derniers n'a-
voient pour ainfi dire qu'ébauché l'Art il falloir
des peuples de favants des hommes de génie,
des Princes généreux pour multiplier l'espèce des
monuments, pour donner occafion aux dévelop-
rnents des regles de l'Art pour perfectionner
bon goût de l'Architecture* Ces beautés conf-
iantes, ces découvertes heureuses, cette variété
d'édificesétoicnt reiervées aux Citoyens d'Athènes.
L'ancienne Rome a vu n?itre fans doute plus
d'un chef-d'œuvre mais ces productions pour
la plupart plus grandes que feveres plus com-
pliquées, plus chargées d'ornements étoient au-
tant d'obftacles pour leurs Architectes & autant
de moyens qui les écarcoient des lois fondamen-
tales de l'unité dont nous parlons. Les Artifles
de la nouvélle Italie ont encore dégénéré en per-
dant de vue les originaux; ils ont préféré à l'unité,
à la belle Simplicité ( ) la pénétration des corps,
la mutilation des membres d'Architecture le con-
traite desformes. Auffi, à l'exception de quelques
édifices facrés élevés depuis que la chrétienté y
a établi fon empire il faut chercher l'Archite-
aure Romaine dans les entrailles de Rome. Peut-
être la France en imitant les procédés des Grecs
& des anciens Romains a furpaffé les produ-
étions qui fe font élevées depuis dans cette Ville
autrefois fi fuperbe du moins pouvons-nous dire
qu'elle s'eft frayée une nouvelle route en cher-
chant à fuivre l'antique dans l'ordonnance des
dehors de fes édifices; & que non-feulement elle
a perfec'lionné l'arc de bâtir proprement dit
mais qu'elle a créé pour ainfi dire un art de la di-
Aribution en forte que par cette triple unité elle
s'en acquife le droit de prééminence fur toutes les
productions de ce genre mifes en œuvre par les
nations les plus floriffantes de l'Europe.
En bon Citoyen nous convenons de cet
avantage mais en Artifte impartial nous fom-
mes forcés d'avouer que nous négligeons encore
trop fouvent l'unité qui fait ici notre objet, malgré
la quantité de chefs-d'œuvre que nous ont laiilés
pour exemples les Lefcoi les Dclorme les Man-
fard, les Debrojfe les Lemcrcier les François
Blondel, les Perrault les Bullet &c. qu'il
nous refle peut-être au moins ces trois points de
réunion à perfectionner, pour donner à notre
Architecturece dernier degré de fupériorité qui
feul peut la rendre véritablementrecommandable.'
Offrons ici s'il nous eft pomme, les princi-
paux traits qui felon nous, caractérisent l'unité
dans l'Architecture. L'unité confifte dans' fart de
concilier dans fon projet la folidité la commo.
dité l'ordonnance fans qu'aucunes de
ces trois
fe
parties détraifent; à n'admettre jamais plufieurs
genres ni diâérentes expreffions dans fa décorx
non, à n'y placer aucun membre d'Architeâure
ni de Sculpture qui ne foit puifé dans la même
fource, à éviter de faire parade dans un même
étage de plufieurs ordres de diamètres & de cara-
ûeres différents à faire en forte que les entable-
ments, commencés modillonaites, ne deviennent
jamais denticaaires dans une même décoration
( m); à n'affeâer jamais d'interrompre, fans une
néceffité abfolue le niveau des architraves & des
corniches des frontons ni les différents étages
apparents d'un bâtiment à moins qu'on ait re-
connu cette licence indifpenfable dans la déco-
ration extérieure de fon. ordonnance en faveur de
quelque fujétion intérieure, tenant à la folidité
ou à la commodité; à ne point abufer de trop
de richeffe dans les avant-corps, & de trop de
fimplicité dans. les arrieres-corps d'un édifices; à
ne point faire ufage de trop de mouvement dans
les plans lorfque la fimplicité des façades femble
défapprouverl'abus des reffauts des avant-corps?
& des arrieres-corps dans fa difpofitioa générale;
à éviter trop d'inégalité dans la hauteur des com-
bles de la façade d'un principal corps de logis a
nepas croire que pour éviter la monoronie, il faille
changer la forme ni la proportion des ouvertures
dans le même étage d'un bâtiment à prendre
garde de mettre trop d'inégalité dans les trumeaux
des façades, quoique cette'inégalité paroiffe au-
torifée en apparence par la réitération des corps
qui la Subdivisent a prendre foin dans les ailes
d'un bâtiment quoique plus baffes que le prin-
cipal corps de logis de rappeler le même genre
d'Architecture, qai regne dans l'étage auquel ce!les-
ci fervent de continuité en un mot à faire en
forte que depuis la principale iffue jufqu'à la porte
du veflibule on reconnoiffe le même efprit
la même exprefîîon le même ftyle malgré les
gradations les nuances qu'on doit obferver né-
celfairement entre les dépendances les parties
acceffoircs & l'objet principal de Fédifice. Ces
différentes parties doivent être variées mais l'uni-
té générale que nous venons de recommander
ne doit pas fouffrir de cette variété dont nous
allons parler.
De la variété en Architecture.
Une Architecture variée eft appelée ainfi, lors-
que dans la façade d'un bâtiment d'habitation on
apperçoit, fans déroger aux lois de l'unité, une
différence louable dans les formés des ouvertures
& dans l'inégalité des encoignures comparées
avec les trumeaux, les écoinçons. Il faut que la
réitération des avant-corps & des pavillons auto-
rife cette variété. Pourvu qu'elle foit toujours
foutenue par le fond du ilyle de l'ordonnance,
elle eft préférable à
une répétition monotone,
que fourenic l'égalité; des vides & des
pleins dans l'ordonnance d'un bâtiment public
dontl'économie, la folidité & la {implicite doivent
décider le caractère mais dans un grand Hôtel,
dans la maifon d'un riche particulier, cette,exaûi-
tude devient plutôt une Réalité qu'unebeauté de
fimétrie. Il faut pour plaire, obferver dans les
compofitions des façades de ces bâtiments un jeu,
un mouvement une variété intéreflante fans
pour cela affe&er de placer des ordres dans
les avant-corps, de les fupprimer dans les arrié-
res -corps; ce feroit alqrs faire parade d'une
variété mal entendue (n ). Il faut nécefiairement
dans ceux-ci des pilaftres dans ceux-là des colon-
nes ( o) par la raifon que l'entablement deye-
nant commun à ces différents corps il eft né-
ceffaire de conferver une certaine unité dans'la
hauteur de chaque étage car autrement il
feroit à craindre d'Introduire' plutôt une dHpa-
rité frappante, que la variété que nous, re-
commandons ici. Au refte il. faut, favoir;,que
cette variété eft incontéftablement plus du reffort
des dedans que des dehors parce que' les dé-
corations des pièces d'un appartement doivent
néceffairement être différentes entr'elles & for-
donnance des façades, être une. Ileflmême^nécef-
faire que les appartements de parade de-fodiétè»
privés,. différent .entr'eux, -que la décoration
intérieure de la demeure des Grands celle des
particuliers celle du Prélat du Magistrat de
l'Homme de guerre, foient traités d'un ftyle ( p )
& d'une manière affortie à ces différents ordres de
Citoyens, variété que la convenance impofe né-
ceffiurement que le goût autorité & qui eu:
préférable à beaucoup u'égards, à cette routine
de l'Art qui tâit placer induîinûement les mêmes
ornements, les mêmes fymboles & les mêmes allé-
gories dans les édifices de genres différents. Cette
uniformité n'annonce rien de libre dans la compofi
tion, aucune forte d'abondance dans les formes, ni
cet efprit qui met chaque partie à fa place. Trai-
tons en particulier de ces trois différents objets
& commençons par expliquer ce que nous enten-
dons par une Architecture libre.

Du caraztcn libre en Architecture.


On dit Cette compofition eft d'un ftyle libre
aifé facile pour exprimer une ordonnance qui
ne tient rien de la fervitude de l'arc, mais ou
néanmoins l'on a fu éviter dans la cécaration
tout écart qui témoigne plutôt l'effort de limai,
nation de lArtifte que la production d'un
éclairé celui-ci accoutumé à bien voir, génie
fans contrainte a fes befoins les véritablesapplique
de l'Architecture élevées parles Architeaes beautés
précédé; il fait y ajouter ou en retrancherquil ont
les parties toutes
qui ne font point du reffort de fon
projet. Une compofition libre eft celle qu'on
mine fans embarras que l'on conçoit telle exa- fans
aucune difficulté, où l'on remarqueque les mafles
ont non-feulement engendré de belles parties
mais en général une ordonnance Simple vraie,
vraisemblable; enfin que l'on croit facile,
que tout y eft diftinû, qu'aucun détail n'eftparce
perflu, que les ornements y font amenés fu-
rellement, fans faite, fans efforts natu-
en un
une compofition qui, par la beauté de fonmot, en-
femble, annonce la production d'un grand Maître;
car rien n'eft fi difficile que de parvenir à ce degré
de perfection. La décoration de la
des Feuillants porte de la
cour offre ce caractère; rien de fi
aifé en apparence, rien de fi difficile à imiter
que ce chef d'oeuvre de François Manfard. Cette
porte eft bien différente du portail de fEglife qui lui
eft oppofée celui-ci offre plus d'abondance dans
fa compofition plus de richeffe mais
tecture moins vraie, moins libre & beaucoupune Archi-
moins
bien entendue. Paffons à préfent à
ce que nous
amendons par une Architecture abondante.
Ce qu'on appelle al-ondan.ee. dans la compofit.oa
d'un ouvrage
Trop d'abondance c'eft-à-dire trop de
corps,
trop de reffaurs, de membres & d'ornements dans
ladécoration, eft peut-être toute auiïï prciudi-
diciable au fuccès ae la belle Architecture
1'affedhtion d'une trop grande fimplicité. il fkur que
favoir nabufer de rien dans une maifun parti-
culiere, par exemple, malgré l'économie dont
doit ufer on peut répandre on
une forte d'intérêt
dans fa décoration extérieure & intérieure: qu'on
y prenne garde, une corniche, une plinthe pla-
cées à propos, un chambranle mbilitué à
deau, un reHaut, une table ô;enr un ban-
ies nus, re :n-
plifient les efpaces empêchent la décoration de
paraître pauvre, en il doit être (.e même pour ce qui
concerne la trop grande abondance dont nous
voulons parler ici. Pour rendre fe» composions
riches, il ne faut pas les charger jmqu'à -excès
de membres d'Arcluteûure & d'oinemenis
réels
ou feints il fufiit d'appeler à iôi, tout ce qu'il
etl nécefîaire de placer convenablement dans la
façade d'un bâtiment d'impurtance aufli-bien
que dans l'intérieur de fes appartements. Une dé-
coration qui montrera tout
que la convenance
exige, fera toujours belle, ce toujours affez riche;
trop de divifions une trop grande multiplicité
0 angles, de retours, de
contours, de cadettes
de rofaces de bas-reliefs, accablent
la compofi-
tion,&détournentl'attentiondu fpe&ateur; Je
des le Brun, des le ?au:re en: retre
paiTé. Malgré les
chefs-£oeuvre
que nous ont laiffés pour couples
ces deux Artiftes il faut convenir
de£= étoient un peu trop chargés que leurs
trop confus
trop compofés, trop compliqués; le propre de la
bonne Architeâure, eil d'être de tous les
Il n'en: qu'un bon genre, dont il ne faut temps.
jamais
s'écarter on peut faire fimple, & plaire; lorsqu'on
veut faire riche, il ftut attendre les grandes entre.
prifes autrement, dans les bâtiments particuliers
c'eA manquer fon but, que de faire conMer la
richefie dans la multiplicité des détails, dans la
variété des contours, & dans la quantité des
or-
nements. La décoration extérieure du dôme des
Invalides, la décoration intérieure de l'Eglise de
Saint Louis du Louvre la décoration du Chœur
de Notre-Dame l'intérieur de la Chapelle de
Verfailles la plupart des plafonds des grands
appartements de ce même Palais ceux du Châ-
teau de Vincennes, fefcalier de l'Hôtel de Luynes
à Paris la galleric du Château de Richelieu
ont
un caraâere d'abondance & de richeSe, peut être
porté trop loin au contraire les façades des
Hôtels de Duras, de Torcy, de Seignelai, refca-
lier des Tuileries, l'intérieur de fEglife de Saint
Louis dans lIle font plus pauvres que fimples.
Pour éviter ces deux excès il iaudroit fans
doute imiter les décorations extérieures & in-
térieures des Eglifes des Dames de Sainte Marie à
Chaillot, & de l'Annonciade à Saint-Denis, les
dehors de l'Hôtel de Thiers à Paris, le frontif-
pice du Noviciat des Jéfuites l'intérieur de Il-
glife de l'Oratoire, la nef du Val-de-Grâce, fans
y comprendre les compartiments de fa voûte;
l'ordonnance du périftile du Louvre celle de la
porte de S. Denis, les grands & petits apparte-
ments de l'Hôtel de Touloufe. Toutes ces' pro-
ductions, ne préfentent de fécondité, d'abondan-
ce, de riche1tes, que ce qu'il en faut relative-
ment à leur deftination particuliere. D'ailleurs on
n'y remarque aucune inconféquence. Comme ce
défaut efl de tous les abus le plus condamnable
nous allons traiter en particulier de ce que nous
entendons par une Architecture conféquente.
De la nécejjîtt de rendre confêquenu les diffé-
rentes productions de l'Architecture.
On dit qu'une Architecture eft conféquente
quand toutes les parties qui la compofenc rendent
raifondes préceptes de l'ar:,des vues du propriétaire,
L des intentions de l'Arcliiteûe lorfque tout y
paroît réfléchi, relatif, raifonnable; que les licen-
ces y font mzfquées avec art qu'on a fu éviter
d'allier dans l'ordonnance d'une même façade le
genre antique & le moderne; que les membresd'Ar-
chitecture adoptés par les plus grands Maîtres,
occupent les premieres places & fe font apper-
ceyoir dans tout leur jour.
Une Architecture inconféquente, au contraire,
eft celle ou l'on abufe de la légèreté, quand le
caraûere principal eft viril ou de l'expreifion
ruflique, quandl'efprit de convenance a fait choifir
l'ordre Corinthien lorfque dans une façade qui
n'a que deux étages, on fait l'un foubaffemenr
l'autre attique (q ); qu'on met
en œuvre un ordre
Dorique, fans autres trigliphes que ceux placés à
plomb des colonnes &
non ati-deffus des entre-
colonnements (r) qu'on donne une proportion
Toicane il l'ordre Ionique ( s Enfin lorfqu'on
abuie oe l'application des frontuns
la gallerie du Louvre du côre de l'eau; comme à
des ni.
cher comme dans l'intérieur de la Sorbonne
des cariatides comme frontifpice du Bureau
des Marchands Drapiersau& ailleurs; des combles
comme au Château de Meudon; des pleins à la
place des vides comme à l'Hôtel d'Elbœuf; des
ornements délicats- appliqués à l'ordre ruttique
comme aux guichets du Louvre, &c. en un mot,
quand on néglige toute efpece d'exaftitude, fans
laqueile néanmoins fauroit compter fur le
on ne
Juccès de les oeuvres. Mais
voyons ce que nous
croyons devoir entendre par une Architeûure
exacte proprement dite.

De, la nécejfîcé de l'exactitude dans


l'Architecture.
L'Architecture exaûe eft celle qui dans fa
décoration n'admet rien qui ait befoin d'exeufe;
celle qui, non-feulement approche le plus de la
lévériré des préceptes de fart mais où la
encore
qualité de la matière & la précifion de la main
d'oeuvre, contribuent à rendre
toutes fes parties
plus exactes encore. Cette confidéradon doit en-
gager l'Architecte avant de déterminer fon projet,
a prendre connoiffance des différents matériaux
qu'il doit employer, & à bien connoître la
capa-
cité des Artifles qui doivent travailler fous fes.
ordres pour que de-là il puiffe parvenir à déci-
der le ftyle & fexpreffion qu'il doit donner à fa
décoration; car fouventla difette des matieres fait
la loi pour le choix du caraâere qu'on doit
donner à fa compofition. Indépendamment de
la beauté des proportions & de la légéreté du ci-
feau des Artifles combien de chefs-d'œuvre dans
la Grèce & dans l'Iralie ne font parvenus à notre
connoiffance, que par la folidité des marbres qu'on
y a employés. Qu'on y réfléchiffe, fi après avoir
fiûvi les excellents préceptes on prend foin de n'em-
ployer que des matieres d'élite, fi l'on affocie à ces
matières l'art de l'apareil que nous poffédons au-
jourd'hui, on élèvera bientôt chez nous des monu-
ments dignes d'entrer en paralleleavec ceux d'Athê-
nes. L'intérieur du dôme des Invalides, la Chapelle
de Verfailles, la Fontaine de Grenelle en font des
preuves certaines (r). Qu'euffe été de la porte S.
Denis, du Château de Maifons du périflile du
Louvre, fi leur ftrucrure eût été de pareilles ma-
tieres, ou plutôt toute de marbre puifque malgré
la pierre affez commune avec laquelle ont été
ronftruits ces édifices ils n'en font pas moins des
chefs-d'oeuvre que la poflérité régrétera de n'avoir
plus fous les yeux, & qui cependant ne fervent
pas toujours de modeles à nos jeunes Architectes;
modèles qui néanmoins devroient leur apprendre
combien l'exactitude a d'attraits quand on fait allier
enfemble la théorie de Part avec la pratique de
la main d'oeuvre & qu'à ces deux objets fi in-
térenants, on fait joindre une fymétrie raifon-
nable, objet de .article fuivant.
De la néccjjuè de. la fymétrie ions

La fymétrie doit être regardée


des principales beautés de l'Architeâurecomme une
elle doit
être commerce comme l'ennemie du contrarie-
du moins elle ton», pour ainfi dire les formes ou
contraires, quand on en obligé d'en admettre
dans les dehors d'ôtre régulières dans leurs
côtés
oppofés. La lymétrie dédommage non-feulement
d'une implicite nécetfaire dans la foulure des
bâtiments particuliers, mais elle aide à fàire
loir la nchefie répandue dans les façades d'un va-
bâtiment d'importance. La fymétrie fans affeta-
tion eftamie de l'œuil: tantôt elle rappelle les
diftances les plus éloignées; tantôt elle autorife
le rapprochement d'un corps
avec un autre. La
fymétne, telle que nous l'entendons, n'eft point
monotone, comme quelques-uns fe le perfuadent
elle mené prefque toujours à la Simplicité &
nous préferve nécenairement des écarts de notre
imagination. Combien de bâtiments,
a négligé la fynu'trie dont parce qu'on y
parlons ne nous
offrent que des productions nouscontraires à la régu-
larité qu'exige la bonne Architeaure. Citons quel-
ques exemples la largeur des pavillons du Châ-
teau de Paffy, du côté des Jardins, efl diffem-
niable: la hauteur des pavillons des façades laté-
rales du Luxembourg eft inégale n'a placé
qu'une aile à l'Hôtel de Belle-lfle on du côté
de la riviere l'ordonnance de la façade vue
du Pa:
lais des Tuileries, du côté des jardins, eft dans
Ci longueur coinpofee de deux genres d'Architec-
turc la plus grande partie de celle des balleries
du Louvre, du côté de l'eau eft de genres diffé-
rents. Tous ces édifices ont d'autres beautés fins
doute; mais il ne pèchent pas moins contre les
règles de la fymétrie. On connoît à la vérité les
Sources qui autorifenc ces divers mouvements
peut-être portent-elles chacune leur exeufe légi-
time mais ces excufes ne peuvent que fatisfaire
nos
contemporains; la poflLrité n'aura-t-elle pas droit
d'en penfer tout autrement? D'ailleurs il ne faut pas
fe le diffimuler de tels exemples fans être des
au-
torités, trouvent des imitateurs qui ignorant pour
la plupart les motifs des Architectes qui les ont mis
en œuvre font entrer dansleurs compofitions ces
erreurs de néceffité mais qui n'étant pas les mê-
mes dans leurs nouvelles productions, convertiflent
en abus les excuses des grands Maîtres. Nous di-
fons plus ici, il
ne fuffit pas qu'une fiçade foi: ré-
guliere il faut que lorfque l'édifice fe trouve ifolé,
tous fes afpeûs foient fymétriques pour avoir
droit de fe faire admirer; autrement, n'étant fatis-
fait que de certains détails,
on eft mécontent de
trouver plufieurs belles parties qui, réunies enfem-
bles, n'en préfentent
pas moins un tout mal afforti,
& dont fouvent le ftyle de l'Archite£hire & les
fymboles de la Sculpture, préfentent
autant de
dopantes. Mais voyons ce
que nous entendons
ici par une Architecture &
lique.
une Sculpture fymbo-
Ce que c'eji qu'une Architecture & une Sculpture
fymbolique.

On dit, en parlant d'un bâtiment,


teâureeftlymboJique, quand le tlyle que fon Archi-
ûerile fa décoration paroît puifé dans le
motif qui
a fait ériger l'édifice; lorfque les ordres rufliques,
foûdes, moyens ou délicats, feulement
preffion de chacun d'eux s'y ou fex-
trouve placée cun-
valablement; loriqi:e la Sculpture paroît appelée
dans l'ordonnance des façades dans l'ultérieur
des appartements, pour fervir ou d'interprcre à
chxted ure, pour embellir fon ordonnance, l'Ar-
dans le feul deffem de l'enrichir. Nous & non
flus d'une fois, une belle Architeâurel'avons dit
fe fuffit
a elle-même. L'Architecte doit commencer les
nus de fa décoration & en être content,par avant
de chercher à placer des
ornements; ceux-ci
vent naître du fein propre de l'Architecture;doi-
autrement ils ne ieront regardés que comme ou
ceflbire importun. Un ordre Tofcan dans lesun ac-
vrages Militaires un Dorique dans les édifices ou-
facrés un Ionique dans les maifons
de plaifance,
un Corinthien dans les Palais des Rois enfin
un Compofite dans les Fêtes publiques, font
tant de fymboles capables de caraâérifer l'or- au-
donnance des différents bâtiments élevés
fûreté, futilité, l'agrément, l'habitation pour la
& la ma-
gmficence. Qu'à chacun de divers caractères
appliqués aux fins différentesces
de l'arc de bâtir on
ajoute par le miniftere de la Sculpture, quelques
ornements puifés dans l'hiftoire facrée ou profane,
onparviendra àrendre fans doute rArcbiteâureplus
énergique. Au refte il faut favoir n'en pas abufer,
dans la crainte de n'introduiredans fes productions
que des ornements qui ne foient qu'ornements pro-
prement dits; pour donner à ces derniers le droit
de plaire, il faut que l'Architecte ait une connoif-
fance fuffifante de FHiftoire qu'il foit bon deffi-
nateur, homme de goût. Cette derniere qualité
lui efl: néceffaire pour difcerner avec choix l'u-
Cage qu'il doit faire des différents genres d'Ar-
chiteâure & de Sculpture qu'il eu: dans le cas de
mettre en oeuvre, & pour les amener fur la fcene
à raifon du befoin de la dignité & de l'opu-
lence des diverfes perfonnes qui confient leurs
intérêts à fes foins confiance qui tantôt doit
lui faire choifir le ftylemâle ou léger, le caraûere
naïfou terrible autant de diftinâionsparticulieres
dont nous allons,parler.

De.la différence qu'il y a entre le cara&ere


mâle, firme ou viril dans l'Architecture.

On peut concevoir par une Architecture mâle;


celle qui, fans être pefante conferve dans font
ordonnance un caractère de fermeté afforti à la
grandeur des lieux & au genre de l'édifice; celle
qui eft fimple daus fa compofition générale, fage
dans fes formes, & peu chargée de détails dans fes
ornements celle qui s'annonce par des plans
rectilignes, par des angles droits par des corps
avancés qui portent de grandes ombres celle qui,
deftinée aux marchés publics, aux Foires aux
Hôpitaux & fur tout aux Edifices Militaires
doit être compofée de belles maffes, dans lef-
quçlles on prend foin d'éviter les petites parties,
le chétif & le grand ne pouvant aller ensemble.
Souvent on croit faire une Architecture mâle, on
la fait lourde maflive matérielle
on prend le
mot pour la choie. On croit faire du neuf, & l'on
ne ramené fur la fcêne que la charge des belles
productions des Michel-Ange des le Brun, des
le Pautre, fans le douter que les Debrofles,
les Hardouin Manfard les François Blondel
nous ont laiffé des exemples immortels en ce
genre, dans la compoiition la grandeur & la
folidité du Palais du Luxembourg, des Ecuries &
de l'Orangerie de Verfailies, dans la porte triom-
phale de S. Denis productions admirables qui,
Micontettablement, doivent fervir d'autorités pour
l'ordonnance des divers édifices qui exigent le
caractère mâle dont nous voulons parler.
Une Architecture ferme diffère d'une Architecture
mâle par fes maffes l'Architecture ferme
annonce
moins de pefanteur, mais néanmoins dans fes par-
ties; dans fa divifion, elle présente des formes déci-
dées dont les furfaces & les angles font droits;,par-
tout elle montre une certitude, une articulation
qui impofe, qui frappe, & qui fatisfàit les yeux
intelligents. Les ouvrages de François Manlard,
de le Veau, de le Mercier, portent affez généra-
lement ce caractère de fermeté, dans les Châteaux
de Maifons, de Vincennes & de Richelieu
ductions qui moins mâles que les précédentes,pro- ont
auffi quelque chofe de plusintéreffant, & font plus
du reffort des bâtiments d'habitation.
Quoiqu'il paroiffe qu'une Architecture virile
diffère peu des deux précédentes, il eft cependant
vrai qu'on peut donner ce nom à celle dans l'or-
donnance de laquelle préfide' l'ordre Dorique,.
Une Architeaure mâle confidérée féparément, une.
Architecture ferme proprement due n'exigent
fouvent que l'exprefiïon ruiHque ou lblicie & non
la préfence de l'ordre dont nous parlons mais
loriqu'une fois cet ordre cil préient dans la dé-
coration des fàçades, il faut s'attendre qu'il ne to-
lere aucun détail aucun] acceffoire qui ne foit
puifé dans fa virilité lorfqu'il prcnde uaris l'or-
donnance de l'édifice il ne veut l'ouvrir aucune
efpece de mclange,il eft même jaloux de communi-
quer fon caractère aux autres ordres qu'on lui affo-
cie fouvent dans les différents étages du bâtiment
c'eft ce qu'on remarque au Palais du Luxembourg,
au Château de Maifons au Portail de S. Gervais
ailleurs.
Si donc nous croyons qu'il foit néceffaire d'ob-
ferver ces différentes nuances dans la claffe des
bâtiments qui doivent annoncer dans leur ftruc-
ture & dans leur ordonnance, un caractère qui
tienne à l'expreifion Tofcane & Dorique,
voyons
fi les mêmes confidérations
ne doivent pas
l'Architeâe à les obferver lorlqu'il s'agita porter
d'une
Architecture élégante, délicate ou légere, qui nous
indique affez précifément les exprellions ionique,
Corinthienne & Compofite.

De la differencs qu'on doit concevoir


entre
l'Architecture, légère élégante ou délicate.

Une Architecture légère quoique de même genre


que l'élégante ou la délicate préfente néanmoins à
fidée des nuances différentes qu'il eft bon de
ne
pas confondre. Par une Architecture légere, on
entend particulièrement celle dont les ordres dé-
licats ont déterminé l'Architecte à donner à ion
édifice m tfyle relatif à ces mêmes ordres; celle
dont les profils le faire des ornements 8r Ydt*
preffion délicate des moulures font relatifs
î'expreffion Corinthienne celle ou l'on remarque,
que la proportion des ouvertures des portes fis
des croifées s'accorde avec la plus petite lar-
geur des trumeaux qui en déterminent les pleins:
aflbrtiment effenciel fans lequel une décoration
de ce genre ne fauroit plaire, & paroîtra toujours
conçue par un génie inconféquent. 11 faut fa-
voir cependant ne pas abufer de la légéreté dont
nous parlons. De même qu'on prend quelquefois
le lourd pour le mâle on produit ibuvent une Ar-
chiteâure maigre pour une Architecture légere,
& l'on s'éloigne prefque toujours du but qu'on fe
doit propofer. Nous pourrions citer beaucoup de
bâtiments où l'on eft tombé dans ces défauts de
relation. En vain ces imperfections font-elles ba-
lancées par de grandes beautés le Connoiffeur
eft toujours fâché de voir ces beautés défaflbrties;
au lieu qu'on éprouve une véritable fatistaûioa
quand on examine le périfüle du Louvre ou fon
remarque une légéretéintéreffante, non-feulement
dans l'application de l'ordre Corinthien, mais enco-
re dans la difpofition de fes enrrecolonements, dans
la difùibution de fes ornements, & dans la har-
'dieffe de fon exécution: exemple célèbre qui nous
prouve bien qu'il ne faut introduire dans tes com-
pofitions qu'une délicateffe réfléchie., qui ne nuife
en rien au caraâere propre'de l'édifice; autrement
on ruque de ne préfenter aux yeux des fpec-
tateurs qu'une Architecture de fantaiûe, qu'une
décoration arbitraire, plus propre à la décoration
de nos théâtres qu'à être appliquée dans l'ordon-
nance de nos édifices.
Une Archite&ure élégante a une autre figninV
canon; on devroit entendre par ce mot une Ar-
chite&ure qui, commela précédente, eft a la vérité
relative à l'expreffionde Tordre Corinthien,mais qui
oâre dansfa composition une plus grande quantité
de percés, un certain Jeu, un certain mouvement
dans fon ordonnance, chofes qui ne fe rencontrent
point dans la précédente;parce que l'élégance dont
nous voulons parler,eft plus du reffort de la décora-
tion intérieureque de celle des dehors que le ftyle
proprement dit de l'une, n'eil pas celui de l'autre
quoique tous les deux foient puifés dans la mê-
me fource. Or c'eft de cette différence d'appli-
cation de l'Architecture des dehors à celle des
dedans que doivent n'aître les différentes nuan-
ces, cette fine/Te de goût, ce tact de l'art qui con-
tribuent au fuccès des divers œuvres de l'Ar-
titte. Néanmoins il faut convenir que lorfque dans
la décoration intérieure on ufe avec modération
d'une forte d'élégance, elle peut contribuer à
procurer de la variété aux différentescompofitions
de l'Architeâe la décoration extérieure du Châ-
teau de Trianon, par exemple; peut être confi-
dérée comme une Architecture élégante, quoi-
que l'ordre Ionique feul y préfide; parce que la
difpofition générale de les bâtiments, la colon-
nade qui les unit, la richeffe des matieres dont
on s'eft fervi & la diftribution dés ornements
qu'on y a employés, la caractérilent telle, & qu'il
n'y manique peut-être que la liiblHrution de l'ordre
Compofite pour en faire un modele parfait en
ce genre. Mais il faut prendre garde que le bâti-
ment que nous citons n'efr. qu'une habitation ac-
ceffoire à un plus grand édifice & que ce que
nous approuvons à Trianon pourroit devenir ail-
leurs un défiut de convenance, peut-être le plus
grand de tous les d;.tauts qu'on puiffe introduire
i'
dans Architecture.
Une Architecture délicate tient fans doute de
très-pris aux deux précédentes cependant elle
a cck de particulier, qu'elle ne regarde guere
que les parties de détails. On dit, ces membres,
cetze moulure, cette Sculpture font délicates, lors-
qu'on les voit exécutées avec foin; quand les pre-
miers font exacts & précis la dernière traitée
avec efprit & qu'on la remarque délicate, fans
fécherefle, & d'une touche moeieufe fans pefan-
teur. Une Archite&ure délicate conlidérée du
côté de la conitruûion, eft celle qui, femblable
aux plus ballets productions gothiques, offre peu
de matiere dans fa ftru&ure mais une fabrique
induilrieufe propre à la conftruciion des voûtes,
des pannaches des trompes, des voufTures clei-
tinées à la conftruâion de nos temples de nos
édifices publics & à la refidence des grands. Une
Architecture délicate, enfin, eft encore celle qui
devant être vue de près dans les dedans, ou a
un point de diftance peu éloigné dans les de-
hors, doit avoir peu de relief, être prononcée
avec goût, & propre à recevoir des ornements
méplats', coulants, doux, fuaves àfufage des bas
reliefs en marbre ou en bronze, aux triées, aux
chapiteaux ou toute autre production qui appar-
tient de droit à la Sculpture proprement dite,
mais dont la propriété eff d'embellir l'ordonnance
de nos bâtiments ce qui contribue fouvent à
feconder l'Architeae, lorsqu'il veut peindre aux
yeux, felon les occafions qui fepréfentent à lui,
une décoration ou champêtre,ou naive, dont nous
allons traiter en particulier.
Ce qu'on doit entendre par uue Architz'durt
C/iampttre.
Nous entendons par une Architecture cham-
pêtre, proprement dite, celle qui pareil relative
il l'utilité de l' Agriculture par les différentes
matieres de fa confhrudion par la fimplicité de
fon ordonnance, par fes ornements de Sculpture
fymbolifés avec les attributs de flore, de Po-
mone, ou des autres Divinités des forets & des
bois celle qui, riante dans fa décoration,
comme.
de dans fa diflribution folide dans fa Aruâure,
tient du genre pattoral & qui mariée fans affec-
tation avec les différentes parties qui embelliffent
les jardins de propreté préfente
un afpeft agréa-
ble ou ruftique, felon l'objet particulier qui donne
lieu à ces différents genres d'Architecture. Telles
font les retraites que les grands font élever à
l'écart dans leur maifon de plaifance, les Belvc-
ders, les Kiofques & autres pareilles productions,
qui pour la plupart confinâtes avec le blocage,
la brique ou le caillout«ige s'allient
par un con-
traiteheureux, avec la culture des arbres l'effet
féduifant des eaux, les allégories du Dieu des
Jardins celle qui ayant peu d'ouvertures de
portes & de croises annonce dès les dehors
un azile intériettr, recœuilli frais & tranquile
entremêlé de portiques naturels & artificiels
ainfi que fe
remarquent les douze pavillons de
Marly, le petit Château de la Ménagerie à Ver-
failles, le pavillon de l'Aurore à Sceaux, le petite
bâtiment & les Jardins de Silvie (a) à Chantilly:
celle enfin qui, toute compofée de treillage &
de verdure, conferve néanmoins dans Va forme
générale les proportions de fArt & présente à
l'œuil des fpeûatcurs cette variété enchantf.refle
qu'on voit répandue avec tant de choix & de goût
àjy.s les différentes maifons de campagne des an-
virons de cette capitale où fouvent un genre
nalf, mais riant, annonce dans leur compofition
un curaderc auquel il ne manque peut-être qu'une
exprenion plus décidée pour en faire autant de
chefs-d'œuvre mais peignons ici ce que nous en-
tendons par une Architecture naïve.
Du caractère naïf' en Architecture.
Par une Architecture naïve, on entend celle qui
par fon ordonnance laiffe voir une exprefüon
vraie, naturelle, & fans autre prétention que celle
du genre qui lui eft propre celle qui ne tenant,
ni de l'écart de l'imagination de l'Artifle ni de la
prodigalité des ornements, préfente une Simplicité
louable, qui plait à tous les yeux celle qui belle
par la diftribution de fes membres, paroît plus
belle encore parce qu'elle fe fuffit à elle-même,
& Semble n'avoir befoin du fecours de la Sculpture
que 'pour en relever l'éclat celle qui, dans fes
allégories, n'offre rien que de voilé, de décent,
même dans l'intérieur des appartements car qu'on
y prenne garde, nous n'entendons pas parler ici
lentement je l'Architecture, qui n'a pour objét
que 1 ordonnance des tàçades, mais de toutes les
efpcces de décorations confiées
auteOe aux foins de fAr-
qui comme tel doit préfider à la
Sculpture a la peinture, à la ciféiure, à la do-
rure, aux ameublements, & généralement à tout
ce que les Arts de goût peuvent
belhliements a nos demeures. Une procurer d'em-
Architecturé
naïve enfin eft celle qui, fans confufion,
naturellement parce que la raifon n'exige, ni plaie
plus
d'intérêt, ni plus de richefle dans fon ordonnance.
La décoration d'une jolie maifon
de campagne,
d'un petit Trianon, d'une ménagerie
d'une laiterie,
d'une faiiànderie, ibnt
autant de petits bâtiments
particuliers ou l'expreffion naïve doit préfider
dans 1 extérieur, dans l'intérieur, dans
la difpoü-
tion dans la fituation & dont
les dehors fur-
féminin, & traité d'un ftyle
analogue à leurs ufage,
fans autre fecours
que les regles de l'Art qûil
faut réduire dans la plus
grande fimplicité.
Du genre féminin cn ArchiteSurc.
On appelle une Architecture féminine,
lexpreihon eft puifee dans lesproporrions celle dont
de l'or-
dre Ionique expreiïion plus naïve, plus couce
moins robufte que celle de l'ordre Dorique
&&
pour cela doit être placée convenablement qui
avec choix, dans la décoration des édifices. Une
Architecture féminine, prife mauvaife part fe
roit celle qui au iieu d'êtreenvirile,
felon que le
genre de l'édifice fembleroit l'exiger, préfemeroic
au contraire une ordre Ionique, à la vérité,
bien moins convenable mais
que le précédent, à cau^
de fufage & de la deftination particuliere du M.
liment. On appelleroit encore une Architeûure
féminine prife en mauvaife part, celle qui au-
lieu d'indiquer des corps redhlignes, par:e
le ftyle de 1 Architeftureferoit folide oifriroit que
des
avant-corps compofés de parties finueufes; celle
qui répandroit une incertitude dans les maties,
S: dans les détails qu'on fe fcroit propofé d'admirer
dans l'édifice, S: qui pour cette raifon doit être
rejetée de tout monument Mil;taire de tous les
édifices élevés à la gloire des Héros, à la demeure
des Princes &c. Mais elle peut être appliquée
convenablement à la décoration extérieure d'une
jolie maifon de campagne, d'un petit Trianon;
dansl'intérieur des appartementsd'une Reine, d'une
Impératrice, dans les bains les fontaines & autres
édifices confacrés aux Divinités Maritimes ou Ter-
reüres, dont on auroit puifé la dédicace dans l'Hif-
toire facrée ou profane.
Ceâ de cette application judicieufe des ordres,
que naît le véritable caraaere de la bonne Archi-
teûure & des allégories qui en font la fuite les
Païens n'ont pas, ou ont très-peu négligé dans leurs
monuments, cette convenance intéreffante d'où
dépend quoi qu'on en dife, le fuccès des produc-
uons d'un Architecte. Qu'on parcoure l'Hiftoire
des Grecs, comme nous l'avons déjà rapporté,
on verra qu'ils ne confacroient guere leur ordre
Dorique, qu'à Jupiter à Mars, à Hercule; leur
ordre Ionique qu'à Cibele à Junon à Proferpine;
l'ordre Corinthien, qu'à Vefta, à Flore, à Hébé;
& que fi dans la fmte on a appliqué ces trois or-
dres, ainfi que le Tofcan & le Compofite, iridif
tintement à toutes les efpeces de bâtiments, cette
inconféquencea pluscontritué qu'on ne s'imagine.
à donnera l'Architecture dt la monotonie dans l'or-
donnance, & tout enfemble de l'in Jéciiion aaa-. les
détails défauts qui niaient au caraÛcre de chaque
bâtiment, parce qu'alors on n'a imité qu'imparfai-
tement les chefs-d'œuvre des Grecs & des Romains
fans fe rappeler que ces Peuples de Savants avoient
expreffément fait coniifter la beauté de l'ordon-
nance de leurs édifices dans le ilyle l'exprcilion.
& la convenance que leur importent les diffé-
rents motifs qui leur failbient mettre la main à
l'oeuvre.
Pour arriver à de tels fuccès nous recomman-
dons à nos Eleves de remonter à la fource de fArr,.
& de ne jamais oublier que lorfque l'eiprit de
convenance leur aura fait faire choix d'un ordre
plutôt que d'un autre toute l'ordonnance de
leur décoration doit y être conforme, fans en ex-
cepter même les ornements qu'autrementleurs
productions deviendroient inférieures aux chefs-
d'œuvre de ces grands Maîtres & peut être
même fort au-deffousde celles des modernes dont
les ouvrages déja moins parfaits que ceux d'A-
thênes & de Rome, les conduiroient infenfiblement
a la médiocrité.
L'Architecture a fes mystères comme les autres
Arts il faut y être initié pour les connoître, les
fuivre & les bien appliquer: tantôt il convient des
les voiler, tantôt il eft bon de les expofer au grand
jour mais pour ne pas confondre ce^qu'on peur
fe permettre ou ce qu'on doit fe défendre abfo-
lument à cet égard traçons dans un article par-
ticulier ce.que nous entendons par les myfteres
de l'Art ou plutôt par une Architecture myftérr
rieufe.
Ce qu'on doit entendre
par une ArckiteBurc
myjiincuje.
On pourroit appeler ainfi
une Archireûure oit
Ion sappercevroit que l'Architecte,
loin de
parade & d'etaler aux yeux tout ce qu'il fait defaire
fon
Art a pénétré dans les myileres,
pour ne mettre
en oeuvre que les regles les plus approuvées, ou

cence & de la retenue les principaux


de la religion celle où dans Jet
L
^rchitekSS
taire, il a ufé d'adreffe
pour mafquer aux
mis la fiction des magafins enne-
à poudre, les pdE
t
cipales les dégagements, les
ouvertures qui
auroient pu leur annoncer les endroits les plus
un fort, &c. celle ou dans l'Arcloiteâure civile,,
il a pris loin de placer à l'écart
géquentation des grands appartements; & loin de la
& autres petites pieces deflinées les bains
fommeil, au
^ecœuniement, celle oit, dans la au diftribution des
jardins de propreté du
parc il a fu ménagerdes.
allées couvertes qui conduifent à une petite habita-
fZll^-V iffues écartées qui
annoncent le fi-
lence& la difcrétion. Enfin l'Arcbiteclure
ideufe, quand lArchiteûe fait jeter eft myfté-
nieux fur toutesles produSions des un voile Lé-.
Arts agréables&
des Arts de goût, qu'il appelle à lui
«mon de fes appartements à deffeinpour la déco-
de ne préfen»
ter aux yeux aucun objet qui tienne de la licence &
du cléréglement des mœurs qu'en un mot, il préfère
par-tout la limplicite à la prodigalité, la grandeur
lamultiplicité des détails, rien notant fi véritable-
ment intéreuant que de montrer de la fermeté, de
la hardiefïe quelquefois même du terrible felon
le genre de la décoration & le motif qui détermine
à tel ou tel genre de bâtiment. Mais pour pein-
dre à l'idée ce que nous entendons par ces trois
différentes expreffions traitons dans trois arti-
cles féparés ce que nous concevons par une
grande Architecture, par une Architecture hardie;,
en6n par ce que fon doit concevoir par une Ar-
chitecture terrible.

Ce qu'on peut appeler une grande Architecture.


Par une grande Architecturé, on entend 'ôrdi-
nairement celle qui comprend toute la hauteur
qu'on pouvoit lui donner, relativement à celle de
l'édifice il n'importe de quel genre par exemple
dans le frontifpice d'un temple en ne faiiànt
ufage que d'un feul ordre, comme à la nouvelle
Eglife de Sainte Genevieve dans un. bâtimenr.
d'habitation en ne plaçant auffi qu'un feul ordre
dans le bel étage, & convertiffant l'étage à rez-de-
chauffée en foubaffement, comme au périftile dru
Louvre. On dit en général qu'une Architeûure
eft grande lorsqu'on la compare avec une autre
de même genre, mais dans laquelle on a préféré
la réitération des ordres élevés les uns au-deffus
des autres [x)> au lieu d'un feul qui auroit g.:andi.
ion ordonnance, par la fupprefiion de plufieurs
entablements & de leurs accetroires. On te trompe
fouvent luriqu'on croit avoir fait granceT
chitec'lure, parce qu'on une
y a obfervé de grandes
mufles, mais qui Ce trouvent divifées
hauteurs par plufieurs petits ordres dans leurs
& qu'on a
auffi dmié inconüdérement leur largeur
trop grande quantité de reflkuts. Le portail par une
Gervais, annonÇefansdoute grand édifice,de S.
il ne préfente qu'une moyenneunArchitefture. L'A*,
mais
chiteaure & les maffes du portail des
Minimes
offrent plus d'unité; contraire, la maire géné.
xale du bâtiment de au l'Hôtel de Tingry, du côté
de la cour » PrI0k naine Ces ordres
dArchiteâure font peut-êtreparce que coloffaiut. Sa-
voir montrer de la grandeurtrop dans fss compo-
firion fans les rendre gigantesques
eft le com-
ble de la perron. Le
de la porte
triomphale de S. Denis, àmonument
Paris, eft peut-être le
témoignage le plus frappant de la beauté
réelle
que peut produire ce que nous appelons ici
grande Architecture.. une

Ce que Ce? qu'une Architecture, hardie.

On fe fertdu terme de hardie Archite£hire,


en
briqua* s agit de parler de la décoration
des fa-
çades d'un bâtiment élevé fur les deffins
d'un
grand Maître, ou fon
ni ne remarque rien de com-
mun,, petite maniere ni imitation fervile où
tout paroît tracé par un génie heureux; où
tout annonce de grands traits un caractère de
fublimité qui frappe rame & la porte à la plus
grande admiration. On dit La façade du périftile
du Louvre eft construite d'une grande maniere,
d'une manière hardie, en conquérant la maniere
ingénieufe de fa ftruâure. On dit encore de l'O-
rangerie de Versailles, que ce monument eft d'une
exécution hardie, principalement lorfqu'on veut
parler de Fimmenfité de fon entreprife, fans avoir
égard à la beauté de fon ordonnance, à fa fitua-
tion & à fa dif'pofition.
Hardie fe dit aufli d'une Architeaure qui, par
rapport à fa ftruâure loin de cacher le myftere
de l'Art, annonce au contraire toutes les reffour-
ces que peut procurer dans la conftruâion la
connoiffance de la coupe des pierres & fin-
duflrie d'un appareil réfléchi. Une conftruâion
hardie eft encore celle qui par rapport à l'éco-
nomie de la matiere paroît élégante dans fes
points d'appuis fvelte dans la courbure de fes
voûtes & légere dans la proportion de fon or-
donnance. Néanmoins il faut favoir ne pas abu-
fer de la hardieffe de fArt jufqu'à la témérité;
fouvent elle étonne plus qu'elle ne fatisfait parti-
culièrement les voûtes des rampes de nos efcaliers,
celles de nos Eglifes de nos édifices publics,
les plates-bandes de nos entrecolonnements ne
doivent offrir qu'une hardieffe raifonnable. Pour
y parvenir il faut néceffairement, aux regles
du calcul aux loix de la pefanteur annoncer
vifiblement le foin qu'on a pris d7affortir la réfif-
tance des pieds-droits à la pouffée des voûtes;
en forte qu'à la folidité réelle on reconnoiffe une
folidité apparente qui tranquilife le vulgaire, &
rende néanmoins raifon aux Connoiffeurs de la
capacité & de l'expériencede l'Architeâe.
Ce qu'on doit entendre
par une Architecture
terrible.
On peut entendrepar une Architectureterrible
celle dont fexpreffion ibrte femble
fon ordonnance extérieure, la furetéannoncer par
des dedans
de l'édifice, parce qu'elle offre à fon premier
afpecï une folidité réelle & apparente, non-feu-
lement par la fermeté defes membres mais
encore
par le choix des matieres qu'on y a employées;
celle qui par de grandes faillies & de profonds
enfoncements donne à connoître dans les bâti-
ments militaires les précautions que l'Ingénieur
a prifes pour faire échouer la témérité de l'Enne-
mi celle qui, entourée de basions, de tours
& de foirés efcarpés laine voir à peine dans fes
façades de petites ouvertures, mais de hautes &
épaiues murailles, revêtues de membres d'Archi-
tecture, portant de grandes ombres & traitées
avec fierté celle qui, plus pesante, plus ra-
courcie encore que la proportion Tofcane, paroit
plus propre dans nos décorations théâtrales à
peindre à l'idée le féjour du Tartare Va être
mife en exécution fi ce n'ell pour l'ufage des
frontifpices des Maifons de Force, des Prifons,
des Cachots, où une Architeâure terrible contri-
bue, en quelque forte, à annoncer dès les dehors,
le défordre de la vie des hommes détenus dans.
l'intérieur & tout enfemble la férocité néceflaire
a ceux prépofés pour les tenir aux fers. Au
refte, il ne faut pas abufer du caractère terrible
dont nous parlons pris en bonne
caraâere produit affez fouvent une partexpreiSon
ce
convenable; mais lorsqu'il paroit contraire au
genre de l'édifice il ne préfente plus qu'une Ar-
chireSure rebutante que des corps ridiculement
lourds pelants qui ne laiflent vuir que des parties
mal amorties un genre foldntefquc, une pefan-
teur gigantefque; enfin un ftyle où les principes
de fart femblent erre anéantis fôus le poids de
l'ignorance de TArtifle pendant qu'on s'attendoit
à remarquer un caractère grave, régulier, fimple,
héroïque plus capable d'annoncer l'importance du
monument, que fa vafte étendue ou ion inutilité.
Après avoir parlé de la maniere de reconnoître
les vraies beautés de l'Arc, panons à préfent aux
moyens de démêler les licences employées dans
quelques-uns de nos bâtiments par les Artiftes
Subalternes.

Ce que c'ejl qu'une Architecture naine.

On entend ordinairement par une Archite-


Sure naine, celle qui beaucoup trop petite
relativement à la grandeur de l'édifice préfente
plutôt le modele d'un bâtiment, que fon exécu-
tion réelle celle dont l'Architecture ne pouvant
être d'un plus grand module, à caufe de la defû-
nation du bâtiment auroit dû être fans ordres
dans fes façades, ceux-ci offrant toujours en petit
ce qui ne devroit jamais être employé qu'en
grand, dans les temples, les édifices publics, les
palais, les grands hôtels, &c. Croira-t-ontoujours
produire de prétendus chefs-d'œuvre parce
qu'on faura employer plufieurs colonnes & placer
quelques pilafîres dans fes compofitions ? Le petit
ordre de la porte de la Chambre des Comptes
celui de l'Hôtel de Bouillon préfentent autant
d'Archite&ures naines, eu égard aux motifs qui
ont fait élever ces édifices. Ne concevra -r- on
jamais que l'étude recommandons des
que
ordres d'Architecture, a nous
moins pour objet d'en
conseiller l'application dans nos bâtiments d'habi-
tation, que d'apprendre à puifer les proportions,
de l'Art dans leurs fources ? Croira-t-on
quils peuvent feuls produire de vraies toujours
beautés
dans nos façades? Ceux qu'on fait
y
d'ailleurs pour la plupart fi négligés entrer font
dans l'exé-
cution, qu'ils rebutent plutôt qu'ils ne fe font
admirer.
Nous pouvons le remarquer ici, les ordres du
portail de Saint-Gervais ceux du portail du Val-
de-Grâce font dans ce L'ordre Corinthien de
cas.
la Chapelle, de Verfailles, & celui du périflile du
Louvre, font à la vérité d'une affez belle exécu-
tion mais nous fommes obligés de convenir
les feuls chefs d'oeuvre que
en ce genre, font les
colonnes Ioniques d'un des pavillons des Tuile-
ries du côté du jardin; celles des trois ordres du
Château de Maifons, & l'ordre pilaire Corin-
thien de fintérieur du Val-de^Grâce. C'eil donc
aux pieds de ces feuls chefs-d'œuvre qu'on peut
apprendre chez nous à connoitre tout
ce que.
nous devons aux découvertes des Grecs, per-
feâionnées chez les Romains,
concernant les
ordres d'Architecture. Ceft enfin d'après
tés du premier mérite, qu'on ces beau-
peut perfecobn-
la
ner partie de la décoration de nos bâtiments,
quoiqu'on n'ait pas toujours occafion d'y employer
ces mêmes ordres leurs différentes expreffions
luffifant fouvent feules fans avoir
recours, à la
prodigalité des ornements ni à la frivolité des dé-
tails dont nous allons faire fentix l'abus dans l'ar-
ticle fuivant.
Ce que c'efl qu'une ArckiteSure frivole.

Sous le nom d'Architecture frivole on entend


celle qui eft tantôt chimérique, fans autre raifon
que l'incapacité de l'Ardue tantôt plus chiméri-
que encore parce qu'elle ne laine voir dans fes
parties ni liaiibn ni commencement, ni fin; telle
a-peu-prés qu'on a vu plufieurs années celle de
nos décorations intérieures, où la frivolité de la
fculpture & le chantournement de l'Architecture
ne préfentoient que .des compofitions 1ingulieres,
hafardées & jamais des beautés d'enfemble qui
puiffent fatisfaire l'œuil des hommes de goût &
telle qu'on voit encore aujourd'hui, quoique dans
un autre genre à la vérité celle compofée par
quelques jeunes Artifles, qui, faute d'une certaine
expérience, & pour n'avoir puifé dans leurs voya-
ges d'Italie que les écarts du Boromini viennent
a leur retour en France, élever à Paris des bâ-
timents qui, pour n'être pas d'une ordonnance
auffi frivole que les précédents ne font pas moins
des exemples, qui infenfiblement portent atteinte
aux regles de la véritable Architeûure inconfé-
quence, incertitude irréfolution à laquelle l'Ar-
chitecture ne devroit jamais être fujette., & que
les grands Maîtres ont fu éviter avec',foin dans
leurs productions. Lepréjugé, renthoufiafine, une
mode paffagere ne devroient jamais déterminer le
ftyle de l'ordonnance extérieure des édifices d'im-
portance. Ces édificesdevantêtre deilinés un jourà
annoncer à lapoftérité les chefs-d'œuvred'un fiecle
éclairé la gloire de la Nation & le favoir pro-
fond des Architectes qui fleurüfent dans cette Ca,
pitale, exigentun tout autre fairs que la décoration
intérieure des appartements celle-ci peut être trai-
tte avec moins de févérité que celle des dehors,
mais pour cela elle ne doit jamais être, ni médiocre
ni fnvole l'art doit confifter à placer ingénieu-
iémenr certains contraft.es fans interrompre les
liailbns qui feules peuvent mettre d'accord les
parties avec le tout trop de retenue, trop de
pefanteur dans les corps reâilignes détruifent
fouvent l'agrément qu'on y doit rencontrer; il faut
y apporter une variété raifonnable certaine-
ment la décoration d'un appartement de parade,
d'un appartement de fociété d'un appartement
privé, doivent s'annoncer différemment les uns
doivent être graves ceux-ci avoir de l'élégance,
ceux-là de la fimplicité. Un écart heureux dans
cette partie de la décoration peut quelquefoisfe
hafarder mais il n'en faut jamais abufer dans les
premiers autant qu'il eft pofitble il faut y
montrer de la magnificence fans fafte dans les
autres du génie fans enthoufiafme, de la retenue
fans froideur; mais par-tout annoncer le fruit
d'une étude réfléchie, & non celui d'un travail
précipité; en un mot, il faut ne sy permettre
quelques libertés que pour parvenir à une diver-
fité intéreffante dans les formes encore eft -il
bon d'avoir égard au fexe, aux moeurs à la di-
gnité des propriétaires, fans quoi on s'éloigne
prefque toujours de l'efprit de convenance on
ne produt que des licences ou, ce qui eft pire
encore, ce genre frivole que nous condamnons
& que nous ne devons regarder que comme
une fingularité, une bizarrerie, permife tout.au
plus dans les ameublements, les porcelaines, les
bronzes, &c.
Ce que c'eft. qu'une ArddteSurc licencieufè.
Nous venons de condamner la frivolité dans
l'Architecture l'Architecture licencieufè mérite
le même fort. On appelle ainfi une production
lorfqu'on s'apperçoit qu'au mépris de l'An un
jeune Artifte n'imite dans fes compofitions que
les écarts des Architeâes fubalternes parce que
les abus lui paroiifent plus faciles à faifir que
les vraies beautés de l'Architecture qu'il faut
une étude laborieufe, une excellente judiciaire,
pour fuivre, pour connoitre fexcellent, le fubli-
me, & qu'il eft plus aifé, dans fes premiers eflais
d'appliquer indistinctement tout ce qu'on a vu,
tout ce qu'on a remarqué d'où il réfulte prefque
toujours des projets mal conçus fans afforti-
ments, & qui s'éloignent de la véritable per-
feûion, les licences étant toujours des licences.
Il eft vrai que celles qu'un Artifte éclairé emploie-
par néceffité font toute autre chofe qu'on les
examine de près on s'apperçoit prefque tou-
jours qu'elles émanent du fond propre de l'Art j
qu'il ne les a employées que comme acceffoires,
pour procurer plus de beauté aux maffes de fon
édifice de commodité aux dedans de fon bâti-
ment ou pour des rdifons effencielles de folidité
qui échappent prefque toujours dans un examen
précipité qûenfin par-tout il prouve qu'il a fu
racheter les licences qu'il a mifes en oeuvre, par
des beautés fans nombre qui annoncent fon in-
telligence, fa fagacité & Son expérience. Hardouin
Manfard, quenous avons déjà cité avecéloge, mais
qu'il ne faut pas toujours Suivre, eft peut-être celui
de nos Architeâes François, qui a mis le plus de
licences en oeuvre; mais auffi en-11 celu
qui x
montré le plus de génie dans les productions
de notre Art pendant la plupart de fes
imitateurs au lieu de que
ces licences permîtes en
certaines occafions ne
nous ont montré que
des compoficiom diffemblables dont nous allons
parler.
Ce que c'ejl qu'une Architecture diJfemblabU.

On appelle une Architecture diûemblable,celle


qui manquant d'une fymétrie néceilaire dans
parties oppofées, ne montre qu'une irrébularité
mal entendue, au lieu d'une correfpondance
le genre de fédifice lembloit exiger; celle oit que
l'on
remarque un caraâere particulier dans le princi-
pal corps de logis, un autre dans les ailes du
même bâtiment; ou, ce qui ett pire encore,
entre lavant-corps les arriéres-corps, & les pa-
villons d'une façade, quoique tous également
ronnés par un même entablement par cou-
baluftrade une mê-
me & par une même continuité de
combles. Une Architecture diffemblable eft
celle où, fans aucune excufe légitime, encore
n'a pas
chérché à éviter d'allier enfemble le on gothique,
l'ancien & le moderne. Nous difons, fans excufe
légitime; car il peut arriver, lorfqu'il s'agit d'une
restauration où l'on fe trouve forcé d'allier
un
nouveau genre avec l'ancien, que cette difparité
devienne tolérable. Nos plus grands Maîtres
peu-
vent nous fervir d'autorité à cet égard François
Manfard & François Blondel, par exemple, ont
en
ufé ainfi l'un à l'Hôtel de Carnavalet, l'autre à la
porte S. Antoine mais au moins faut-il favoir
qu'une pareille diffemblance ne peut jamais être
regardée comme un objet d'imitation, quoique le
motif qui a déterminé cette disparitédans les restau-
rations de ces deux édifices talle beaucoup d'hon-
neur aux Architeûes qui les ont reiiaurés. Une
Architeâure diffemblable eft encore celle où
règne dans les membres & dans les ornements une
diiparité frappante entre la Sculpture & l'Archi-
teàure (.y)'» ou entre le ityle grave de l'une & le
genre frivole de l'autre diiionance qui n'eu: jamais
penr.iie dans aucune espèce d'ordonnance exté-
rieure mais feulement dans les décorations arabes-
ques, deftinées à embellir les lambris de certaines
pieces particulières. On voit de ces arabesques au
Château de la Ménagerie à Verfailles elles y font
plus convenablementplacées, fans doute, que dans
les plafonds des grands appartements de Meudon
&dans la plupart de nos nouveaux Hôtels élevés
à Paris depuis quelques innées, ou l'on a négligé le
choix des moulures & des ornements, qui alors ne
produifent plus que des comportions de ikntaiue.
Ce n'eft pas at'fez de fe tranfporter fur les
lieux, ce n'eft pas affez de vifiter la demeure des
grands il faut réfléchir fur l'ordonnance des fa-
çades, il en faut parcourir les dedans repafler
dans les dehors, fe rappeler le motif qui les a
fait élever, envifhger de quelle éfpece elt l'édi-
£ce, le genre d'appartement, par qui il doit être
habité. On croit tout favoir parce qu'on a par-
couru & qu'on a apperçu à la hâte l'extérieur
& l'intérieur de la plupart de nos bâtiments
cependant à peine les connoît-on par leur nom;
on fè diffimule le vrai motif qui les a fait élever;
& faute d'un examen réitéré
on ignore le bon
effet que doit produire leur imitation
enfin ce que peut faire naître l'cf prit de on ignore
conve-
nance, la belle fimplicité, la régularité & la fy-
métrie. La plupart de nos jeunes Artiftes hazar-
dent fouvent dans leurs effais mélange mal
afforti, qui bleue plutôt les yeuxunqu'il ne les fa-
tisfait ils oublient de fe dire
ce que Socrate
répétoit fouvent: Cc quc je fais c'ejl que jc ne fais
rien cependant à entendre le plus grand nombre,
ils lavent tout excepté
ce que Socrate favoit
ils fe croient la fcience infufe, & confondent fen-
thoufiafme avec ce qu'on appelle le véritable ef-
prit de Fart, fans réfléchir que la plupart de leurs
compofitions ne font que le réfultat des penfées
d'autrui, & que le vrai favoir confifte dans un'
enchaînement infini d'idées neuves qu'en un mot;
c'eft la fcience qui conduit à l'imitation &
que
Tefprit feul crée & invente. François Manfard étoit
fans doute plus favant
que Hardouin
celui-ci a peut-être mis infiniment plus de génie
mais

dans fes productions d'où il faut conclure qu'à


l'étude de fart il faut joindre le génie le goût
de la chofe; autrement on n'offriroit des com-
posions féveres, à la vérité, maisque froides ou
des décorations amphibologiques,
vagues ou bar-
bares nous allons parler en particulierde chacune
de ces dernieres.

Ce que eefl qu'une Architecture amphibologique.

On appelle amphibologique, une ordonnance.


dans laquelle on remarque féparement la compo-
fition de l'Architecte d'avec l'ouvrage du Sculpteur,
du Menuifier, du Marbrier, du Fondeur, tante d'a-
voir été conduite par le mêmeelprir celle qui laifib,
l'éd:iice en
par fon caraûere équivoque, tiourer ü Château,
facré, public ou particulier; fi c'eft un
une maifon de plaifance un Hôtel ou quelques-
unes de leurs dépendances parce que tous les
diferétion,
genres y font confondus fans choix, fans
fans convenance celle clue défaprouve l'Amateur
éclairé & qui induit en erreur l'élevé en vain celui-
ci cherche-t-il à fe rendre compte des intentions de
l'Architeûe; il ne trouve rien dans fes œuvres qui
puiffe le guider ni lui offrir aucune autorité capable
de l'affermir dans les préceptes de fArt. Une
Arcliiteûure amphibologique eft encore celle dont
le ftyle eu douteux, les fymboles obfcurs, ou celle
dont l'Auteur par une trop grande abondance d'i-
dées, & ne fachant s'arrêter à aucune, fe con-
tente de tracer avec trop de célérité fes pen-
fées dans le cabinet, pour paffer rapidement à
l'exécution, fans avoir muri fes idées, médité fon
projet, & l'avoir communiqué à -des yeux intel-
ligents enfin fans l'avoir lai!fé repofer dans fcn
porte feuille & l'en avoir retiré à plus d'une
reprife pour en retrancher les fuperfluités, les
parties Yagues &c.
Ce qu'on entend par une Architecture vague.
On donne le nom de vague, à l'ordonnance
d'une décoration, lorfque dans fes malfes l'Auteur
a lailié à defirer une cerraine quantité de mem-
bres que le choix de cette ordonnance fembloit
exiger, ou celle qui, fans néceffité offre des
nus', des repos trop confidérables, démentis .par
le caraâere de l'édifice celle qui dans Ces détails
paroi/Tant indécife, n'offre rien qui puifle dédom-
mager de cette indécifion parce qu'on ne remar-
que ni dans la compositiondes façades du bâtiment,
ni dans la décoration intérieure des appartements,
rien qui annonce dans l'Architecte les premiers
éléments de l'Art quoiqu'il ait cru produire un
chef-d'œuvre pour avoir fuivi Vignole il ne s'eft
point douté qu'il ne fuffit pas de ces connoif-
lances préliminaires, & que faute d'en avoir faifi
les préceptes^, il n'en eft encore qu'à la routine de
l'Art routine qui, fans s'en apercevoir, lui fait
employerindiftinûement, & dans tous fes projets,
de petirs ordres couronnés par des corniches air-
chitravées, & élevés fur des piédeftaux trop con-
sidérables enfin des ouvertures d'une proportion
vicieuse, trop fimple ou trop compofée, d'une mau-
vaife forme; des trumeaux fans relation avec
les vides; de petites niches de grandes baluf-
tradesj en un mot, une production qui n'offre
qu'un affemblage inconféquent & barbare.

Ce qu'on ente;:d par une Architecture Barvare.


On dit Cette Architecture eu: d'un ftyle
barbare, lorfque dans fes divifions on remarque
des parties mal afforties, qui paroiffent étrangères
au caractère de l'édifice; on donne encore ce nom
à celle où au lieu d'une ordonnance puifée dans
les belles productions de l'antiquité on apper-
çoit que l'Auteur a préféré les ordonnances mifes
Gots ou au-iieu
œuvre par les judideufement vu.
par les Grecs,
en
ments employés fi
il a fait choix de ceux de
l'Italie, du temps de la
décadence de cet Empire, ou des nôtres avant
celle qui n ufIrant
le règne de François premier préfente
des profils licencieux, ne que des
que archivoltes
entablements des architraves, des
fans rap-
& des chambranles mutilés, tronquas,
port dans les mânes, fans proportion dans leurs
partie, & fans choix dans leurs ornements encelle un
contraires au goût oe l'Art:
mot, abfolument orgueuil
enfin où le jeune Artifte par un fol
préfere au vrai beau une fingularité préfomptueuie
fineularité dont on ne peut deviner ni la
railon, ni
produc-
le motif, parce qu'elle n'annonce dans ces naturel
tions ni cette judiciaire, ni ce fentiment
& qui feul peut
que fétude peut perfectionner,
faire éviter tous les différents genres d'abus.

De l'abus en Architecture.
quelque-
En Architecture les licences peuvent.
fois être regardées comme des reffources
les abus
dont nous voulons parler ne peuvent jamais être
envifagés que comme les médiocrités de 1 Art. Par
exemple l'ordonnance d'une décoration réelle ou
exprimer
feûice eft appelée telle, quand on veut
l'abus qu'en a fait l'Architeâe paree qu'il en igno-
roit les regles, ou parce qu'il fe croyoit au-defius
des préceptes. Tous les jours on dit, Cette com-
pofition eft abufive lorsqu'on remarque que 1 Au-
immodéré de l'application de
teur a fait un ufage
certains membres d'Architeaure & de plufieurs
bâtiment qui par
genres d'ornements, dans un
économie & nar l'abfence des ordres, devoit être
J-ple; ou qu'au contraire il a anode trop de
iinylicité dans un édiijce de quelque imporrance
dans la décoration duquel les ordres auraient
ruilonnableaient entrer pour pu
embellir l'ordon-
nant, & lui donner un air deendignité; lodqu'on
s'aperçoit que dans Tes plans il a mal-â-propw
atfocié les formes circulaires
j'î-ï avec les re£bn<ui.
oit un iryle tout-à-fait grave auroit dû .être
préfère, a c.uiie de l'efpece du
monument; quand
on remarque que fans aucun motif euenciel il a fait
pénétrer les corps les uns dans les
autres, qu'il a
munie ceux-ci, engagé ceux-là, & négligé les cor-
reipondances neceffaires à observer la partie.
du milieu de l'édifice, fes extrémitésentre
& fes parties
intermédiaires quand enfin, faute de goût, de
jugement & d'expérience, il ne laifle apercevoir
dans fes productions qu'un affemblage bizarre qui
ne préfenre a fes contemporains que l'imitation
d'une mode paffagere, & à la poitérité
exemples à éviter. que des

'De la mode en Architecture'.


La mode en Archite&ure eft ordinairement
fioérée par les grands Maîtres con-
comme la fource
de toutes les viciflitudes de l'Art c'eft elle qui
tour-à-tour pefanre frivole ou délicate, fe plie à
1 opinion de l'Amie & goût Peuvent mal af
furé du propriétaire ceitauelle qui
de confiant dans Ces regles de certainne montre rien
dans fes
formes ni de véritablement intéreffant dans fes-
détails l'Architeaure qui lui efî foumifen'eft
que
trop ordinairement dépourvue de la vraisemblance
qui lui eu néceîTaire, & ne lailfe à l'esprit de l'exa-
minateur qu'une idée vague des beautés- de l'arr
qu'il voudroit admirer, pendant quil ne peut tout
de
plus fourire de la fingulantc du genle
au que
l'Artifte parce qu'il ne remarque dans fes produc-
à pcme du
tions que des objets futiles, dignes
Théâtre. Une Architecture à la mode, cil encore
celle qu d'après l'exemple de la
multitude, eit au-
fans
jourd'hui maflive fans motif, demain légère
objet grave fans nécefîité, fimple fans conve-
nance, mais feulement parce que c'eft le ton du
jour, & fans autre raifon déterminée fesde la part
doutes
de l'ordonnateur que fes caprices ou ail-
fur les regles de l'Art. Nous le prouverons être
leurs, la mode eftle tyran du goût, & ne peut mal-
fubaltemes mais
que le partage des Artiftes
heureufement ce font ceux-ci qui fe trouvant en
exemple
plus grand nombre, contribuent par leur
à détruire ou au moins à éloigner nos jeunes
Eleves de l'imitation des chefs-d'œuvredes anciens,
de ce qu'ont produit de plus excellent nos mo-
de nos
dernes, & de ce que produifent encore Artiftes
jours nos plus habiles Archifeaas. Ces
génie propre de lArt,
peu inftruirs manquant du
aflerviflenr leurs produûions aux productions d'au-
trui, & ne nous préfentent que des compofitions
froides & ftériles autant dimperfecdons dont nous
allons parler.
Ce que d.eft qu'une
qui eft froide ou flérilc.

Une Architeaure aifervie eft celle où l'on


produite préerfé-
remarque que TArrifte qui fa
des anciens, femble
ment affujetti aux procédés
ignorer les découvertes ingénieufes des moder-
ne celle où Ton reconnoît que pour réunir la
«cotation extérieure de fes façades à la r«W
larité des dedans, il n'a fu faire
aucun
facrifice
que faute de connoître les reifources de fon Art,
tour le gêne tour l'embarraffe
que dans fa dé-
coration il n'a fu parvenir à ajufter
ture de proportion Dorique une ouver-
ou Corinthienne
en altérant un peu les principales dimenfions
pour les ajullcr avec les entrecolonnements fixés
par le véritable ftyle de 1 ordonnance celle
l'on s'apperçoit qu'inftruit des préceptes ou
A.t il n'en favoir pas aflez néanmoins
de fon
concilier avec le goût & la diverfité des pour les
quoi peut employer légicimement dans les moyens
diffé-
rentes produ&ons du reffort de l'Archireaurc.
La fervitude dont
nous venons de parler jete
néceffairement une certaine froideur dans les pro-
duûions de lArafte: fes compofitions
font cfuel-
quefoisréguheres, mais prefq«e toujours
toncS; on ne peut les défaprouver abrolumen mono-
mais elles manquent effenciellement
plaire. Néanmoins de l'art de
une Architecte aflervie peut
iaasfiure le ConnoûTeur
par les regles qui s'y
trouvent obiers mlis une compofition froide
proprement dite, dépbît à tous les
ce femble celle yeui;
qui généralement a trop
c'eft
peu de
relief, relativement à l'étendue du bâtixent
lejpreffion de ordre qui préfide & à
«non; ccile ou l'on a introduit dans fa déco-
lorfque la grandeur de l'édifice des pilaftres,
& le point de
caftonce d'oit il devoit être
auger lappiicataon des colonnesapperçu fembloit
[a); celle dans
laquelle on a a&Ûé des repos & des nus dé-
places celle qui par ton afpeû ne préfente
rien de fatisfaiianr lorlqu'on avoit lieu de s at
tendre rencontrer une décoration intéreffanie,
la diftribution exté-
un certain mouvement dans
rieure, une matiere traitable dans la conitruftioii
& dans la main d'oeuvre un faire une touche
incertaine anal gue au genre de l'édifice.
Une Architecture froide ( b ) peut cependant
être régulière; une Architecture ftérile, au con-
traire, nous paroît tout-à-fait à rejerer ce feroit
fa compo-
par exemple celle qui, pauvre dansindéterminée
iition n'offriroit qu'une répartition
& mal entendue dans fes détails & dans fes orne-
m2nts noyés pour ainfi dire & épars dans des
maffes trop considérables celle qui dénuée de
vraifiemblance ne montreroit pas aflez de mou-
vement dans l'étendue de fes façades pourMai- an-
noncer, au premier afpeû un Palais une
Plaifance, &c.
fon Royale, une belle Maifon de
celle enfin qui indécife dans fes retours, dans fes
angles, dans fes profils, prouveroit l'inexpérien-
ce de l'Architeae, & qu'il manque
de ce ienti-
grands
ment délicat qui détermine le Succès des
Maîtres pendant que les autres incertains fur
la route qu'ils doivent tenir prennent les parties
Unes pour des repos, les disparités pour des op-
pofitions, & les altérations pour de la fimplicité.
Ce qu&figrùjU l'altératiorc
en Architecture.
On dit Cette Architecture paroît altérée
qu'on s'apperçoit de quelques mutilations W
oelles dans fes parties, qui ne femble être effen-
rdée par aucune exclue légitime. Ce auto-
qu'on ne pmife fhpprimer quelques n'eu me
membres
dans laie corniche à deflein de la rendre
ûmpk ou pour donner moins de haureur plus
entablement mais fans nécefiké il un
colonne faire pénétrer fes chapireauxengager une
impofte, convertir un chambranle arafer uù
enfin retondre une bafe en bandeau
de nuire à la voie publiqueou parce que l'on craint
dans
à lefpace des lieux dans l'intérieurles dehors ou
cefl faire parade d'une incertitude d'un bâtiment;
dont on doit
le garantirabfolument, dût-on être obligé
de chan-
ger fon plan ou le ftyle de fon ordonnance. On
appelle encore une Architeûure altérée
celle
qui par négligence ou faute de favoir les princi-
pes de Art, manque de quelques parties effen-
caelles a l'expreffion de l'ordre qui
préfide dans
les façades, tels que les trigliphes dans
Doriques, les modillons dans la cornichelesCorin-fiifes
thienne, les cannelures fouvent néceffaires
dans
les f"uu des colonnes; inadvertances
q-ai ne peu-
vent être tolérées & qui quoiqu'employées
fourent par nos prédéceffeurs
d'exemples à nos Elevés, le mérite ne peuvent iervir
de l'Art ne
contant pas dans limitation des chofes médio-
cres, mais de celles avouées par l'autorité des
temps & le fuffrage des Connoiffeurs. Autrement
on s'abandonne à la licence on fait des membres
méplats ou il faudroit du relief,
on prêtera la
futilité au raifonnement ou au contraire on pré-
fente une ordonnance pauvre & dénuée de vraif-
femblance lorfqu'on auroit dû produire quelque
chofe de divin.

Ce qu'en entend par une Architecture méplate.


On dit Cette Archirechire eft méplate, a trop
faillie
peu de relief, pour exprimer fon manque de
& le défaut qu'elle occafionne à la décoration d'un
bâtiment .qui doit être vu dans un certain point
d'éloignement. Peut-être les deux ailes du Châ-
teau de Vincennes, la décoration des galleries
baffes du Château des Tuileries du côté des jar-
dins, celle de la Fontaine des Saints-Innocents,
font-elles dans ce cas. Il y faut prendregarde, trop
peu de relief nuit au caractère de l'Architeûure
lui ôte cette plénitude qui fait tout le mérite de la
décoration extérieure, en lui communiquant cette
certitude ( c ) cette articulation ( d ) qui lui pro-
cure tout fon effet. Dans les dedans c'eft autre
chofe il y faut éviter trop de dureté une Ar-
cûitetture tendre dégagée une Sculpture
moeleuie doivent avoir la préférence
un moin-
dre efpace, une lumière tempérée, ordin^^ent
des matières plus pracieufes doivent
guid-r le
génie & le crayon de l'Artkle. Les façades
du
Chareau d'Iffy
jV f),
de fon Mon
les décorations de fon vetli-
le relief
oc fi bien entendu ont celui convenable. Rien
qui règne dans
les dehors & les dedans que
des Eglifes de fAn-
nonçiade à Sainr- Denis, & de Sainte -Marie à
«-aaillor. Pour avoir voulu faire la
plus grande
partie de I'Archite&ire & de la Sculpture de la
Chapelle de Vergues tendres douces de
peu
de relief, on l'a peut-(^tire faite maigre, fecfa-,
aride. Le grand fecret de l'Architecture eft de fé
montrer belle dans tous fes afpecrs celui de
1 Architeûe de demêler le caractère & 1 expref-
fion qu il convient de donner à chaque
édifice;
ces connoiffancesne font pas faites
des Artifles
pour le com-
mun il n'appartient qu'à l'Architeâe
éclairé à l'Amateur initruit de favoir
apprécier
de tels chefs-d'oeuvre. Combien ignorent les four-
ces du beau ? combien ne faut-il pas d'étude pour
arriver à l'excellent ? combien de propriétaire
n'efliment dans leurs Architeûes que l'activité ?
combien enfin de nos jeunes Emules ne s'attachent
qu'à la multiplicité des entreprises & en négligent
les détails fans fe douter que de ces nuances
fines & délicates, dépend le fuccès de leurs pro-
ductions. Perfonne ne l'ignore c'eil la belle Ar-
chitecture qui a illuftré la Grece l'Italie & la
France. Ce font les monuments qu'elle érige en-
core, qui attirent en foule l'Etranger chez les
Nations ou les Beaux-Arts font en vigueur. C'eû
la belle Architecture enfin qui forme les grands
Articles & qui éclaire la poftérité fur les moyens
d'égaler de furpaifer même les grands Maîtres qui
les ont précédés.
Ce qu'on entend par une ArckiteSurefutile.
Une Architecture futile, femblable à l'Archite-
ûure frivole, eft celle qui furchargée de mem-
bres d'Architecture déplacés & d'une multitude
d'ornements mefquins ne préfente dans l'Ar-
due qu'un génie refferré & non cette fagacité
qui enfante les chefs-d'oeuvre celle qui affamée
atténuée, coudée n'offre que les imperfeflions
de fArt affamée parce qu'elle n'eft ni affez
faillante, ni affez nombreuse, que fes profils -font'
mutilés fes membres en général épars & en par-
ticulier foibles & défafforris atténuée, parce que fes
détails tiennent trop du travail de l'Artifan & que
de ferme qu'ils auroient dû paroître ils font deve-
nus maigres décharnés, découpés, cernés cou-
dée enfin lorfque devant être re&ligne, elle ne
préfente rien que d'obcus elle n'offre que des jar-
rets, des obliquités qui choquent la vraisemblance;
autant d'imperfections qui rendent l'ordonnance
de plufieurs de nos bâtiments infipide langui£..
fante, déiagréable & marquent au coin de u futi-
lité, non-feulement la plus grande partie de leur
décoration intérieure, mais encore leur façade
où l'on apperçoit des ornements de Sculpture
penchés inclinés, renverfés, ondulés. Ce contra-
ûe ne laiffe voir que les écarts d'un Artifte en
fecond & non la compofitiond'un chef éclairé,
qui loin de faire parade des licences de fon Art,
s'applique à ne les mettre en œuvre que lorf-
que la.néceflité le requiert & pour relever l'éclat
des beautés de tes productions.
Ce qu'on, entend par une Ardûteilure pauvre.
On dit enfin Cette compofition d'Architefhire
eti pauvre, pour défigner une ordonnance qui ne
remplit ni l'intention du propriétaire, ni l'objet
que l'Architecte auroit dû fe propofer; celle oit
l'on s'apperçoit à la vérité qu'il avoit intérêt de
faire fimple, mais dont il a abufé faute de bien
connoître les refîburces de l'Art, & parce qu'il
ignoroit qu'une décoration fimpie peut être belle.
Une décoration pauvre eft toujours choquante,
parce qu'elle fuppofe la fuppreiSon de quelque
parties effencieiles au caraâere de l'édifice. Com-
bien n'eft-on pas forcé de convenir, à l'afpeâ de
plufieurs de nos bâtiments, que leurs arrières-
corps paroifîent pauvres en les comparant avec
les pavillons ou les avant-corps de-leurs façades, &
que les uns & les autres le font encore, relati-
vement à la convenance de l'édifice que leurs
entablements leurs corniches même fonr appau-
vries, parce qu'il leur manque quelques membres
utiles à leur expreffion qu'on eft forcé d'en dire
autant de leurs croifées, de leurs niches de leurs
baluftrades de leurs attiques de leurs foubafle-
ments pour faire entendre que chacune de ces
différentes parties eft dénuée des membres princi-
faux que le caraûere de l'ordre auroit dû inïpirer
a l'Artifte. On dit encore Cetre ordonnance eft
d'une compofition pauvre, quoiqu'on y ait employé
des ornements; mais comme ils y font déplacés,
d'un genre trivial, d'une exécution médic-:re, ils
déplacent, rebutent, & ne peuvent s'attirer au-
cune'efpece de confidération de la part des hom-
mes inftruits.
Sans doute il eft difficile d'arriver au premier
degré de la perfeûion mais du moins
ne doit-
on pas négliger la relation qu'il doit y avoir entre
l'Architecture & la Sculpture & fe reffouvenir
qu'il ne faut jamais confondre les genres » c'eft-
à dire, le pauvre pour le fimple, le lourd
pour
le mâle, le décharné pour le fvelte le difparat
pour le varié fi l'on veut mériter un jour un
rang diftingué parmi les Architeûes du premier
ordre.
CHAPITRE V.
D U GOUT D E L'ART,
Ou maniere d'éviter tout ce qui peut y être
contraire.
CHACUN fait
que le goût eft quelque chofes
de réel' la difficulté eft de le définir. Quel eft-
il en effet? En quoi confifte-t-il ? De quoi dépend-
il ? Eft-il fufceptible, ou non, de principes ? Enfin,
eft-ce une qualité de l'efprit ou une affeâion de
l'ame? Quoi qu'il en foit, difons qu'on fe fert du
terme de goût, pour exprimer en général le
dernier degré de perfection que le goût, comme
nous l'entendons, eft le Juge-né des beaux Ans,
qui n'ont été réduits à des principes confrants &
pofitifs, que pour lui plaire; qu'en un mot, le
goût de ces mêmes Arts n'eu: point fàcHce mais
naturel qu'il eft en nous mais qu'il fe peut per-
fectionner, & qu'alors il devient.le flambeau qui
fert de guide aux Artiftes dans toutes leurs'-pro-
duâions.
On peut divifer le goût en goût naturel & en
goût acquis. Le premier n'eft point une connoif-
fance théorique, mais ,un Sentiment des regles
mêmes que l'on ne connoît pas,; c'eft lui qui
nous caufe le plailir que nous éprouvons à faf-
pe£t d'un bon ouvrage de l'art, fans autre fecours
que le fentiment le fecond eft celui qui procure
à rame des fenfarions dont fefprit peut fe rendre
compte. Cette dernière efpece- de goût peut
être
être changée, modifiée ou augmentée par le goût
naturel en forte qu'on peut dire q-e le goût
acquis pour fe perfectionner a beibin du goût
naturel.
Le goût peut auffi fe divifer en goût actif &
en goût paffif; l'un eft le partage de l'Artifte,
l'autre celui de l'Amateur l'Artiite doit nécèédi-
reménr chercher, par le recours des préceptes, à
mettre dans fes productions l'arrangement des par-
ties le plus convenable l'Amateur n'a beibin
que de favoir démêler la beauté du travail & de
l'ordonnance connoiffances qui lui fuffifent pour
fentir le bon & le médiocre, & pour distinguer
l'un & l'autre. De-là il eit aifé de conclure que
le goût de l'Artifle devient plus difficile à ac-
quérir, puifque les connoiffances fuffifent à l'A-
mateur, & que l'Artifte doit opérer. Mais l'on peut
dire aufli que le goût féparé des préceptes eil in-
fufffant, & que ces deux fources différentes doi-
vent fe réunir dans leurs émanations. De-là vient
qu'on les confond ordinairement, fans confidérer
qué c'eft cette union qui conduit à la fupériorité,
& que celle-ci feule a droit de fe faire fentir &
approuver par les perfonnes, même les moins ver-
fées dans la connoiffance des beaux Arts.
Au refte le goût acquis s'eft établi une forte
de prééminence dans les L>eaux Arrs, parce qu'en
les perfectionnant, il s'eft perfectionné lui-même
enforte que, fans ceffer. d'être naturel, il eft de-
venu plus parfait que le goût naturel; d'où il s'en-
fuit que fi tous les Artiftes s'appliquoient à dé-
velopper & à étendre le goût qu'ils ont reçu de
la nature, ils auroient des regles fûtes pour par-
venir à l'excellence de leur Art.
Il en eft peut-être du goût comme des autres
Tome. I. Ff
parties de l'Art; d'abord, la plupart des Peuples
ont aimé des productions imparfaites parce que
leur goût acquis n'étoit pas affez perfeâionné pour
leur faire fentir les défauts de femblables produc-
tions. Dans des fiecles plus éclairés, le goût s'efl
gâté dans plus d'un Empire, où néanmoins les
Arts avoient joui d'une forte de célébrité, parce
que la multitude de leurs Citoyenss'étant ennuyée
d'une beauté trop uniforme, les Artiftes pourleur
plaire ont cru devoir prendre des routes écar-
tées. Enfin fon voit encore chez des Nations
voifines, où la Peinture & la Sculpture font né-
gligées, les autres Arts languir ou rester dans la
médiocrité le défaut de culture des uns nuifant
néceffairement au progrès des autres. Mais fans
nous arrêter ici à citer une foule d'exemples, où
nous pourrions trouver de pareilles caufes, con-
traires au bon goût en général, paffons à ce qui
regarde le goût de l'Architeàure proprement
dite.
Le goût de l'Architeâutre ne peut s'acquérir
que par la comparaifon des chefs-d'œuvre des
grands Maîtres. Ce n'eft point à la feule théorie
qu'il faut avoir recours pour faire éclorre le
génie. Il eft vrai qu'elle lui prépare la voie, mais
c'eft l'enthoufiafme, qui en lui faifant franchir les
obflacles, l'élevé jusqu'au comble dé la perfection.
Les feuls préceptes n'ont jamais fait un homme
de génie. Les efprits froids ont quelquefois
produit des ouvrages réguliers: mais l'enrhou-
fiafme a fait éclore des chefs-d'œuvre qui, quoi-
que moins féveres, n'en. ont pas moins mérité les
éloges de la poftérité. Les feuls préceptes obfer-
vés par un homme fans génie, ne produifent que
de mauvaifes copies au-lieu que les ouvrages de
.goût perdent moins à l'imitation, parce qu'ils
forcent, pour ainfi dire l'imaginationde celui qui
entrevoit le but de l'ArtiAe & l'entraînent à une
forte d'admiration qui lui échauffe le génie. En un
mot, s'il faut du goût & de lenthoufiafme pour
développer aux autres les principes des beaux
Arts il en faut fans doute auffi pour Sentir la
jufleffe& l'étendue de ces mêmes principes.
C'eft particulièrement en Architecture que le
goût doit donner rame à toutes les productions dé-
pendantes de cet Art c'eft par le fecours du goût
qu'on faifit ces rapports, ces convenances, qui
fatisfont la raifon d'un fpeâateur éclairé. Lui feul,
en donnant feffor au génie de l'Architecte, l'élevé
au-deffus même des préceptes, & le conduit à ce
jugement, qui eft pour les talents le plus haut
degré de perfection. Il. a fait naître dans l'Archi-
teâure ces difeuffions délicates, qui ont pour
objet l'imitation de la nature, & d'autant plus
difficiles à faifir pour l'Architecte, que la nature,
en lui offrant dans fon. fein les matieres néceffaires
à l'Art de bâtir, ne lui préfente le plus fouvenç
dans fes afpe&s que des objets indéterminés.
Le goût fert encore à éclaircir des doutes qui
fans lui, lahTeroient l'Ardfte en fufpens. S'agit-il
de faire un choix pour la décoration? il fixe, le
genre, regle la forme, aligne les grandeurs &
détermine Fexpreffion. Dans la diftribution il
fournit des moyens pour concilier l'ordonnance
extérieure avec les dedans; il décrit les contours
d'un parterre, d'un bofquet enfin dans la con-
ftruffion, il .offre à l'Architecte des reflburces
pour réunir. à la folidité là. mieux concertée la
beautés & la variété des. formes.
Pour accraérir ce août, il faut fuppofer. dans
1 Architecte la réunion du fentiment & de fefprit.
Le premier eft excité par les objets fenfibles &
f?ir fon rapporr au Second. Tous deux réunis
tôrment dans l'Anifte le jugement qui le conduit
au goût de l'Art. Or, il eft facile de concevoir
que fi l'Architecte s'attache à étudier les préceptes
de ion Art, le goût & les préceptes l'amèneront
infenfiblement à difcerner les lois de la conve-
venance, le choix des proportions & la beauté
de l'ordonnance. Les préceptes alors allumeront
le génie, qui fera nourri &. entretenu par le
goût.
Le goût de l'Architecture doit donc avoir pour
baie la connoiffance des préceptes de l'Arc con-
neiflknee qui embraffe à la fois la théorie & la
pratique du bâtiment. Mais il peut arriver que
l'Architecture la mieux combinée dans fes parues,
foir encore imparfaite, fi elle ne préfente aucun
autre objet diftinâif; c'eft-à-dire un caractère par-
ticulier. En effet, que penieroit-on d'un édifice
fomptueux qui n'annonceroitnullement fufage au-
quel il eft deftiné ? Les frais immenfes, comparés
avec l'inutilité apparente, ne feroient concevoir
qu'une composition peu réfléchie & donneroient
de l'ordonnateur une idée qui lui feroit peu favo-
rable.
Le goût feul, le goût peut faire valoir les pré-
ceptes les plus approuvés, & déterminerleur choix
& leur application autrement on pourroit pro-
duire des comportions régulieres, mais monoto-
nes. L'œuil veut à rafpeâ d'un bâtiment, voir
les rapports généraux réunis avec une fymétrie
refpective. En un mot, le fentiment intérieur &
le jugement veulent être fatisfaits de la conve-
nance du fiyle & des ornements l'œuil & le
£011 Si la même
bltfs des mêmes que
Le goût venï être tcu.Iii'é. Pour cet effet, on
doit confulter la nature Un Architecte peut dif
pofer de routes les richeffes que lui offre le fpec-
tacle de i':inivers tour lui appartient mais il
en doit faire un ufage prudent, & fe reffouvenir
que généralement parlant toutes fes produc-
tions doivent retracer la dignité, ou l'opulence
des perfonnes qui le mettent en oeuvre qu'elles
doivent être ûmples & réfléchies qu'il faut qu'elles
portent l'empreinte de la retenue que dans l'Ar-
chitecture principalement, il doit y avoir un point
d'union, où fe rapportent les parties les plus éloi-
gnées enforte qu'une feule une fois connue
indique toutes les autres. Tout ce qui fent l'ef-
fort, fatigue l'efprit un Architeâe ne caufe
guère impunément de l'embarras au fpeûateur.
Si la nature eft mal faifie l'Artifte loin de fa-
tisfaire notre goût n'excite, que des regrets
en nous dérobant l'excellence de FArt qu'il lui
falloit concilier avec la nature. Mais pour les réu-
nir, il faut fâvoir démêler l'analogie qu'ils ont en-
tr'eux, & fe rappeler qu'elle a été le premier mo-
dele des anciens, tandis que les modernes femblent
avoir dégénéré ce qui donne à leurs produâions
un air de contrainte qui trahit l'art & 'met tout
l'avantage du côté des productions qui tiennent
de plus près à la nature.
Il faut l'avouer, les Grecs, doués d'un heureux
génie, avoient faifi, avec jufteffe, les traits efîfcn-
ciels qui la caraûérifent ils ne tarderent pas à
comprendre qu'il. ne- fuffifoit pas d'imiter mais
qu'il falloit encore choifir. Jufqu'à eux, les ouvra.-
ges de fArt n'avoienr guere été recommandables
que par l'énormité des maffes & par l'immemité
des entreprifes mais ces Peuples plus éclairés
crurent qu'il valoit mieux plaire à l'efprh que
d'étonner les yeux, & jugerent que l'unité & les
proportions devoient être la bafe de tous les ou-
vrages de fArt.
Aufli, lorfque les Arts exilés de chez eux fe
réfugièrent en Italie, on alla dans la Grcce fouiller
jufques dans les tombeaux, & l'on vit bientôt à
Rome reparoître l'antiquité dans toute fa fplen-
deur. Or. fit plus on étudia leurs Auteurs on
y trouva des règles établies, des principes ex-
pofés, des exemples retracés en un mot, l'imi-
tation de l'antiquité fut pour les Romains ce que
la nature avoit été pour les Grecs. Ceux-là com-
prirent bientôt quel étoit le but de cette imitation,
par laquelle on fe propofoit de plaire de remuer,
de toucher ce qui fervit de regle à leurs tra-
vaux, & de guide à leur génie.
N'en doutons point, c'eft dans les anciens chefs-
d'œuvre qui nous reflent de ces deux Nations,
particulièrement dans ceux de la Grèce, qu'on re-
marque ce vrai goût, ce je ne fais quoi de libre
& d'original qui fe rencontre rarement dans les
ouvrages modernes. La nature & l'antiquité ont
donc feules le droit de faire éclôre un heureux
génie, & de le conduire au terme de fon Art.
Or, nous avons les mêmes moyens qu'avoient
les Romains, nous pouvons coniulter la nature
& l'antiquité. Confidérons la premiere, & nouç y
reconnoîtrons cet ordre admirable joint à une
variété infinie; nous y remarquerons des rapports
juftes entre les parties & le tout, entre les caufes
& les effets; nous la verrons iimple dans fes
moyens mais fans monotonie; riche dans fa pa-
rure, mais fans affeftation féconde en reffources
mais fans s'embarraffer elle-même. Voilà comme
il faut rappliquer aux beaux Arts, particulièrement
à l'Architecture, & ne jamais l'outrer par des com-
portions bifarres qu'elle défavoue. Pour avoir
mal connu cette vérité, combien d'Artifies fe font
abufés en faifant choix du défordre de la nature,
au lieu de fes beautés ? Combien n'avons-nous
pas vu d'arriftes qui, pour n'avoir confulté, ni la
nature, ni le climat, ont voulu bâtir au milieu
de Paris, comme on faifoit dans l'ancienne Rome ?
Il faut du goût pour bien imiter; autrement
les plus beaux modeles dégénerent entre les mains
des Copiées. D'ailleurs les meilleures productions
demandent à être appréciées car fans vouloir
parler des Egyptiens, dont le goût pour l'Architec-
ture, dans fes commencements,étoit affez incer
tain les Grecs & les Romains auxquels nous
applaudifions, ont auffi eu, dans leur début, leurs
incertitudes quoiqu'ils aient enfuite porté l'Art à
un degré de perfection, ignoré de leurs prédé-
ceffeurs.
Il faut donc du choix dans l'imitation des ou-
vrages mêmes de ces Nations, autrefois fi célè-
bres. Perfonne n'ignore que les premieres produc-
tions des Grecs fe reffentent affez de fenthou-
fiafme de leurs Ecrivains qui, avant la conquête
de l'Afie par Cyrus n'avoient encore rien écrit
en profe qui pût donner une idée jufte de l'Ar-
chitecture: enforte que leurs Architectes, guidés
par ce même enthouuafme, commencerent par
s'éloigner de cette belle fimplicité qui, après plu-
fieurs fiecles, a produit les chefs-d'œuvre d'A-
thênes.
Les Architectes d'Italie, d'abord plus imitateurs
que créateurs, parurent contraints dans leurs pro-
ductions, foit qu'ils n'attifent pas le génie ries
grecs foit que ceux-ci, tranf plantés chez une Na-
tion viâorieufe euffent perdu de vue leurs pré-
ceptes avec leur liberté & fi l'on a vtt quelque-
fois chez les Romains leurs Architectes s'écarter
de cette imitation, ce ne fitt que pour rendre
leurs monuments plus vaftes, plus étendus & non
pour fuivre cette belle fimplicité, l'effence propre
de la belle Architecture.
Il en eft, je crois, des ouvrages des anciens
comme de ceux des modernes de tout temps, il
«'eu: introduit des licences dans les Arts c'efl: le
• propre de l'humanité, de fe croire tout permis
& il ne feroit pas furprenant que la renommée
nous eût tranfmis la gloire d'anciens édifices, qui
n'auroient eu d'autre mérite que l'antiquité. D'ail-
leurs, ne fait-on pas que chez prefque toutes les
Nations, peu d'Artistes ont cultivé les lettres que
la defeription des édifices des anciens a été le
partage des Hiftoriens, & que la plupart de ceux-
ci, ignorant à la fois & les préceptes & le goût
de fArt, ont négligé, dans leurs écrits, de nous
faire connoitre ce que les Architectesavoient pro-
duit, foit de génie, foit d'imitation. Aujourd'hui
encore, la plupart de nos jeunes Artiftes ne né-
gligent-ils pas tous les jours de fe rendre compte
cle la fource où nos prédéceffeurs ont puifé leurs
découvertes De-là toutes ces licences qui «pren-
nent faveur chez le plus grand nombre, parce
quelles femblent dor.ner plus de liberté aux hom-
mes fans doctrine & gêner moins ceux qui font
éclairés de-là le peu «Pufage qu'on fait de
l'esprit de comparaifon on applique indiftinâe-
les mêmes
ment les mêmes ordonnances & différents orne-
ments aux bâtiments de genres on a
inventions qui à leur
recours à de nouvelles
détruites par d'autres nouveau-
tour fe trouvent incertains
tés infenfiblementnos éleves devenant pré-
fur les regles, & irréfolus dans le choix des
de facrifier à la va-
ceptes, ne craignent plus
riété des formes & à la multiplicité des détails, la
dignité fi recommandable dans les monuments
facrés la bienféance qui doit être obfervée dans
les édifices publics, & la fimplicité qui eft le par-
Trop peuinftruits
tage des bâtiments d'habitation. ré-
des regles fondamentales de leur Art, ils fe
voltent contre une imitation fage & mefurée.ofent Par-
venant enfin à oublier leur foibleffe, ils
près les productions
tout, au-lieu de fuivre' de atteindre. En un mot,
de ceux qu'ils ne peuvent
Fimpreffion que les ouvrages des grands Maîtres
devroit faire fur leurs efprits, s'efface &lors même
Grands
par la libéralité des
que l'Architefture Particuliers,
& l'opulence des pourroit rentrer
dans tous fes droits, elle voit fes préceptes negh-
gés, la témérité prendre la place du favoir, Se
la plupart ôffrir a leurs Maîtres, au lieu despre-
duàions que le vrai goût leur infpireroit, précifé-
contraire.
ment ce qui lui eft le plus
Peur éviter de tels inconvénients, cherchons
émanent du goût, & parcourons
ces beautés qui enfeigné
ce qui nous eft par là théorie & la pra-
tique de l'Art; joignons-y l'étude des beautés de
la nature. N'oublions pas non plus que la meil- celt
leure maniere de perfectionner notre goût,
de comparer enfemble les édifices de même genre,
•enfuite ceux de genre différent. Peut-être ces divers
découvrir les vrais
moyens nous conduiront-ils à
principes du goût du moins fera-t.il facile de
convaincre nos jeunes Architeétcs qu'un édifice
qui, dans fa fixuâure raffembleroit toutes ces'
différentes parties auroit également le droit de
plaire aux connoiffeurs & au vulgaire puifqu'au
moyen de cette réunion, on y trouveroie d'ac-
cord les maffes les parties & les détails le fpeâa-
teur y remarqueroit auffi le foin qu'on auroit pris
d'éviter la liaifon du pefant avec le délicat, ainfi
que la profufion de la Sculpture dans une Archi-
teciure fimple & grave, fattention que l'on auroit
eue de réunir la folidité, la commodité & la beauté:
il verroitqu'à ces parties effencielles & primitives on
a fu en allier d'autres non moins eftimables telles
,le la régularité & la fymétrie, dans ladiftribution;
l^CB^mie & la perfeâion. des matieres, dans la
coaftfcaion; la févérité de fexpreffion & l'enchaî-
nemenWjes rapports, dans la décoration: tous objets
mtérefla&s fans lefquels on ne fauroit arriver à
un véritable fuccès.
Pour tâcher de faire mieux fentir en quoi con-
fifle la nature du goût, il ne fera pas inutile de
donner quelques maximes., que lui feul nous paroît
avoir établies. Du moins fi nous n'avons pu le
définir exactement, effayons de développer ce qui
lui eu le plus contraire.

Le goût guidé par le raifonnement, exige


l'miitation de l'Architecture antique, préférable-
ment à la gothique la.. plus ingénieufe. La pre-
miere plus réguliere & plus conséquente, occupe
rame. fans partager l'attention & ne laiffe pas
d'être affez fufceptible de variété, pour obtenir le
fuffrage des hommes intelligents. Ce neft pas que
les.Goths, s'ils eunent montré plus de choix dans
leurs ordonnances, & fur-tout plus de goût dans
leurs ornements, n'euffent mérité d'être imités par
leurs fucceffeurs mais leurs productions font pref-
que toujours une forte d'énigme pour l'œiiil qui
les examine enforte que le Spectateur fe trouve
embarraffé pour en démêler les beautés défaut
qui certainementne fe rencontre pas dans l'Archi-
te&ure des Grecs & des Romains.
Le goût dont il s'agit exige que les façades
d'une certaine étendue, ainfi que les lieux vaftes,
foient compofés de grandes parties le petit & le
coloffal ne pouvant aller enfembïé. Ce même
goût veut encore que toutes les parties d'une
décoration aient du rapport entr'elles & foient
de même genre il défend de placer au même
étage ou dans la même pièce, des membres d'Ar-
chiteâure ou des ornements de Sculpture ruiti-
que, entremêlés d'autres ornements d'une expref-
fion délicate; quoique les uns & les autres exa-
minés féparément foient. approuvés par les pré-
ceptes de l'Art. En général il faut que les or-
donnances Tofcanes aient peu d'ornements, & que
les Corinthiennes au contraire n'en foient jamais
dépourvues la beauté d'un édifice confiftant dans
raccord des maffés, qui forment fa. décoration, &
dans celui des parties qui en dépendent. En un mot,
on defire dans un édifice de voirrégner, avecl'ordre,
une diverfité louable, fans laquelle on n'apperçoit
que monotonie, où. l'on voudroit remarquer des
formes affez fimples pour être apperçues d'un
feul coup d'œuil & affe? variées pour être exa.
miriées avec plaiûr.
Lie goût de l'Architecture- fe manifefte parti-
dans la: manière de profile^ elle
eft de tous les befoins d'un Archifc&e le plus
eflenciel il n'eft jamais dilpeni'é de montrer
fon habileté en ccrto prutie. Pour acquérir ce
degré de perfcûion la fcience des Mathémati-
ques, une théorie profonde des préceptes, l'étu-
de des meilleures Auteurs, routes ces cormoiflan-
ces font infuffifantes fans le goût & l'expérience.
L'art de profiler ne dépend pas du génie. Celui-ci
.peut bien concevoir les regles fondamentales de
l'Art & les fuivre juCqu'à un certain point mais
le goût feul a droit de les choiiir en un mot,
c'eft ce goût qui doit être le modérateur du génie
Je l'Architecte. Il rte s'agit pas non plus d'inno-
ver, il faut le goût propre à la chofe; il faut un
efprit de méditation fans contrainte une imagi-
nation réglée fans fervitude il faut que l'Artile
fache avoir égard à la qualité de la matiere, pour
donner à fes profils une expreflîon qui lui foit
analogue. Il faut qu'il prévoie le point de diftance
d'où les moulures doivent être apperçues; qu'il
confidere le volume d'air qui doit les environner,
& qu'il s'attache au genre de l'Archite&ure qui
les amene fur la fcêne afin de pouvoir leur
procurer ce cara&ere de fermeté ou de légèreté,
cette richeffe ou cette fimplicité, fi propres à ren-
dre les parties dépendantes de l'enfemble enfin
qu'il ofe fe permettre quelquefois un ftyle parti-
culier que le goût feul autorife dans cette partie
de l'Architecture.
Le goût femble s'oppofer à l'application des
ordres d'une exprefhon différente dans une même
façade; un feul ordre paroît y fuffire. Il y a
plus c'eft peut-être une erreur d'en admettre
où ils ne peuvent avoir un certain diamêtre d'ail-
leurs les ordres ne doivent jamais être amenés,
édifices
ce femble que pour la décoration des
publics St des Palais des Rois les bâtiments par-
ticuliers n'en doivent retenir que Fexpreflion;
autrement c eft vouloir affocier des parties qui
doivent annoncer de la grandeur, avec des étages
auxquels la convenance & l'économie obligent de
donner peu d'élévation. Qu'on examine les ouvra-
ges des grands Maîtres, on verra que tous ont
été fimples, même dans leurs produ&ions les plus
importantes & qu'il n'appartient qu'aux Artiftes
médiocres, d'avoir recours à la profufion. Or c'efl:
montrer la médiocrité dans tout fon jour que
d'affeaer dans des maifons de vingt toifes de face,
d'élever les uns fur les autres, plufieurs petits
ordres qui contribuent à rendre encore plus
petite la décoration extérieure fans parler de
l'attention qu'un Architecte doit avoir pour l'efprit
de convenance, le premier inérite & de l'Archi-
te&e & de l'Architecture.
Le goût femble s'oppofer encore à l'emploi
des ordres coloffaux, dans l'ordonnance des bâti-
ments deftinés à l'habitation des particuliers, & il
édifices
ne les tolere que dans la décoration .des à
ficrés. il eft d'autres moyens de parvenir pra?
tiquer pluiieurs étages les uns fur les autres
dans les maifons ordinaires, fans fe fervir d'un
ordre qui embraffe plufieurs rangs de croifées.
Les exemples connus que nous avons en ce genre,
fondé
ne doivent ni ne peuvent faire loi. Le goût
fur la raifon n'accepte ni fyftême ni opinion
particulière il doit être un: & il nous ièmble
que c'efl; s'écarter de cette unité que de faire
parade dans les dehors, d'une grande ordon-
nance, que l'on fent ne pouvoir fe concilier avec
nefuffir
les dedans. Nous l'avons déjà obfervé il
pas de faire ce que les autres ont fait; il faut
réfléchir fur ce qu'on doit imiter. On a tout tenté;
il ne s'agit plus que de chercher à approprier à
nos besoins, tout ce que nos prédéceffeurs ont
produit d'eilimable. Il ne nous refle enfin qu'à
faire marcher à cô:é des préceptes, les lois que
le goût impofe & à faifir la nature dans fes diffé-
rents afpe&s pour l'approprier à l'Architecture,
& par ce moyen parvenir à l'excellence de fArt.
Le goût dont nous parions exige qu dans
toute efpece de décoration, relative à l'Archi-
tecture, celle ci tienne le premier rayîg &
donne le ton à toutes les productions es Arts
qu'elle s'affocie. Certainement ce n'eft pas a quan-
tité des ornements qui. augmente la b auté des
édifices, ce font feulement ceux qui, pu' lés dans la
nature offrent des beautés réelles. Tout ce qui
n'eft fait que pour l'agrément a droit de pa-
roître médiocre dès qu'il eft déplacé le goût
eft mécontent lorsqu'on lui lame à défirer. Uibns
donc des ornements avec fobriété & fouve-
nons-nous que c'eft l'art de les appliquer qui
fait tout leur mérite qu'il en eit de l'Archite-
Qure comme de la Poéfie que tout ornement
qui n'eft qu'ornement, eft de trop qu'ils ne doi-
vent jamais paroître potliches, ni déplacés dans un
édifice, mais amenés dans la composition de l'en-
femble pour embellir l'Archite&ure & non pour
l'accabler, Tenfevelir ou la défigurer qu'il faur
que les ornements pour être approuvés portent
l'empreinte de la néceffité; qu'il en eft des orne-
ments des MeûTonniers comme des ornements
Gothiques; qu'ils fatiguent lés yeux par leur con-
fufion & que l'œuil ne pouvant fe fixer fur aucun
ils déplaifent par l'endroit même qu'on avoit choifi
pour les rendre agréable; qu'enfin rArcbite&ure,
choix dé
par la beauté de fes proportions & le
fon ordonnance, fe fuffit à elle-même; que le
goût, fruit du raifonnement de l'Archite&e doit
guider fon crayon, ainfi que fon génie pour
lui faire diflribuer fes ornements avec fobriété
qu'il doit lui faire choifir avec leur expreflîon la
plus convenable, leur relief & leurs fymboles &
lu faire établir dans fa décoration, des repos &
des intervales qui contribuent à faire valoir les
ornements fans nuire à la dignité de fArchite-
fture.
Le goût acquis exclut toute efpece de mode,
dans rArchiteûure comme autant d'obflacles
à fa perfection & à fes progrès. La nouveauté
femble ne devoir être permife que pour les
chofes de pur agrément. L'homme de goût,
lorsqu'il s'agit des Arts utiles, fait réfifter au
torrent, & abandonne au vulgaire cet efprit de
vertige que l'Artifte fuperficiel décore du nom
de génie, de feu & d'invention. C'efl la mode,
ce tyran du.goùt, qui a varié à l'infini l'efpece,
le genre & la forme des ornements, & qui nous
les a fait placer affez long-temps indifcrétement
& fans distinction dans les Edifices facrés, dans
les Palais des Rois, dans les demeures du Prélat,
du Magiftrat, du Savant & de l'homme privé.
C'eft la mode, la reffource des Artifans merce-
naires & fans principes qui leur a fait employer
jufqu à l'excès ce mêlange confus de lignes finueu-
fes & de lignes droites dans les plans & dans
les élévations. N'en doutons point c7eit l'excel-
lence de l'Art, ou la médiocrité des productions
qu'entraîne la mode, qui fatisfait fâme ou qui
lui fait éprouver ce dégoût., qu'on reffent à leur
j
afpeâ lorfqu on n'y remarque qu'une confàfioa
rebutante écarts d'autant plus dangereux, qu'ils ont
eu des imitateurs pires encore que leurs modèles
ce qui vraiffemblablement fe fut perpétué à l'infini,
fi de nos jours plufieurs Architectes célèbres n'a-
voient fait tous leurs efforts, pour reflituer à leur
Art les vraies beautés que 'la mode & le caprice
lui avoient fait perdre depuis le commencement
de ce fiecle.
Le bon goût défend l'application des fron-
tons, où ils ne paroiflent pas néceffaires il
condamne leur multiplicité & rejeté ceux qui
font enroulés, coupés, interrompus trop élevés
ou trop furbaifiés. Il prononce de même fur
l'emploi des niches & femble n'autorifer les uns
& les autres, que dans la décoration des fron-
tifpices de nos Temples. Le goût étayé des pré-
ceptes de l'Art, n'admet jamais les baluftrades fur
la partie fupérieure d'un bâtiment lorfque celui-ci
fe trouve couvert par des combles. Il exige une
application réfléchie des étages eri foubaffement
& de ceux qu'on appelle attiques; il Supprime les
tables faillantes ou rentrantes, par-tout où la fim-
plicité doit être préférée il exclut les tours ron-
des ou creufes & même la réitération des avant-
corps î& des arrière-corps, dans les ordonnances
Toièanes ou Doriques il veut que le mouve-
ment du plan foit relatifà l'exprefSon, qui pré-
fide dans la décoration des façades il condamne
aufiî toute efpece d'ornement arbitraire indifé-
rent ou profane, dans la décoration des monu-
ments élevés à la piété; il rejeté toute Sculpture
qui a trait à l'aviliffement ou à la fervitude de
l'humanité il blâme les ornements taillés fouvent
fans réferve dans les moulures des entablements des
façades, & préfere dans un édifice régulier, les
baluftrades
baluftrades aux balcons de fer il s'oppofe a tous
les encorbellements qui foutiennenrdes fardeaux,
& leur fubftitue des colonnes ou autres corps
d'Architeâure qui montent de fond. Ami de la
commodité, il veut qu'on entre il couvert dans les
veflibules qu'on pratique des cours fpacieufes
& aérées, qui feules peuvent procurer de la làlu-
brité aux bâtiments d'habitation il s'oppofe en-
core à l'élévation fouvent inutile des portes
qui donnent entrée à nos hôtels & aux mai-
fons de nos riches Particuliers il regarde
comme autant de licences condamnables, l'appli-
cation des colonnes jumelles ainfi que celle des
colonnes ovales enfin il défapprouve les porte-
à-fâux apparents amenés dans l'Architecture par
inadvertance ou par une négligence qu'aucune
beauté effencielle ne racheté.
Le goût veut autïi que l'intérieur du bâti-
ment ioit afforti à l'importance des dehors que
chaque appartement porte un caraâere analogue
à fon ufage que les ornemenrs foient graves
dans les pieces deflinées à traiter des affaires pu-
bliques qu'ils aient moins de févérité dans celles
qui font confacrées à la Société, & qu'ils foient
encore plus riants dans celles qui font devinée
au repos ou à la retraite des Maîtres. Le domaine
du goût s'étend jttfqu'au choix des étoffes, à la
forme des meubles, à l'efpece des matieres réelles
ou fèintes à l'application de la dorure, à l'unité
des tons à l'airortiment du bois du marbre
du ihic ou du plâtre du fer & du bronze. Il
s'oppofe fouvent à l'usage des trumeaux de glace
placés entre deux croifées, & tolère à peine l'usage
de la peinture coloriée, dans les voûtes ou les
plafonds des iallons des galleries &c. Il con-
damne enfin expreffément la répétition des mêmes
allégories dans la décoration des bâtiments de
genres différents en un mot, l'effet que produit
néceffairement le goût, c'eft de nous ramenerpar
la voie du fentiment, aux premiers préceptes de
l'An & de réclamer contre tout ce que la vraif-
femblance & fefprit de convenance défavouent.
CHAPITRE VI.
Application de l'ordre Toscan,
A LA DÉCORATION d'une
porte
DE Ville LiBRE.
Nous avons cru devoir attendre pour faire
appliquer à nos Eleves l'ordre Toscan à l'Archi-
tecture qu'ils eullènt acquis non feulement «»•
les connoiilànces de cet ordre dont il eft traité
au commencement de ce volume, mais auffi qu'ils
eutfenc lu avec attention les définitions ou le
raifonnement de fArt qui viennent après, & qui
doivent en être regardées comme la fuite. A *ft
préfcnt expliquons-leur les procédés dont nous
nous ibmmes iervis pour rendre l'ordonnance de
cette porte, conforme à l'expreffion ruilique de
cet ordre & diibns Que lorfqu'une fois on a
cru devoir le faire entrer dans la décoration des
bâtiments Civils, Militaires ou Navals, il faut
néceffairemenc que la difpofirion & la propor-
rion géniale des mafies du bâtiment foient rufti-
ques, c'clt-à-dire que ia largeur, la hauteur &
la faillie des avant-corps & des arriere-corps fe
reffentent de l'expreffion racourcie de cet ordre
autrement on rifqueroit d'allier enfemble les con-
traires, ce qui arriveroit indifpenfablement,fi rori
plaçoit cet ordre fur des nus qui par leurs
divifions fembléroient appartenir plutôt aux
ordres moyens & délicats, qu'au Tofcan propre-
ment dit. Ce n'eft donc point. ,affez lorfqu'on
veut réunir dans un projet de cette cfpcce, d avoir
fait choix de cet ordre il iaut encore que ion
caraâcrc ru'ftique fe retrouve dans toutes les par-
ties de la décoration non-feulement pour ce qui
concerne l'Architetturc, mais encore pour ce qui
regarde les ornements de Sculpture qui y peu-
vent entrer. Pour indiquer la route qu'il convient
d'obferver en pareilles circonftances, nous allons
donner le plan les élévations & la coupe du pru-
jet d'une porte, devinée fervir de limites à une
ville libre ou de commerce, & rendre compte des
précautions qu'il faut apporter pour conferver dans
fon tout ou dans fes parties cette unité & cette
analogie que nous recommandons.

Plan Dv rez-de-chaussée ET DE LA
plate- forme SUPÉRIEURE d'une
PORTE DESTINÉ£ .4 servi DE r
LIMITES A ^EXTRÉMITÉ DU FaU-
BOURC d'une Ville LIBRE.
Planche XIX.
Le plan du rez-cie-chàuffée figure I en faifant
voirl'épaifleur du mur F, M, qui détermine celle
.de ce bâtiment, indique auffi la variété qui regne
dans l'ordonnance de ces deux faces oppofées
différence qui provient de la richeffe qu'on a cru
devoir donner à celle du côté du faubourg fur
celle du côté de la ville parce qu'elle doix -en
être confidérée comme le frontifpice & comme
telle offrir une décoration intéreffante. Expliquons
les rapports qu'ont entr'etuc toutes les différentes
carnés de cette porte, pour que d'après ce pro-
cédé général, on puiffe parvenir à composer teile
d'Architecture en ce
ou telle autre ordonnance
genre.
Toute l'étendue A, B, longueur prefcrite par
la difpofition du lieu eit divif'ée en douze parties,
d'un toife chacune fi% de ces parties lont pour
l'avant -corps C D qui elles-mêmes font par-
tagées en trois fçavoir une pour la largeur
de la porte E, & une pour chaque pile F, F.
divifés
Les arrieres-corps A, C, D B, font auffi
chacun en trois parties une pour les corps angu-
laires G, G; une pour la largeur des niches H, H.;
& une pour chaque pied droit I ,1. Ces damiers
font encore divifés en deux, dont chaquemoitié
détermine la largeur des renfoncements a,a qui
contiennent la niche avec fon chambranle .ces
niches H, ont de profondeur la moitié de leur lar-
l'epàifleur du
geur. Dans ravant corps toute de la
isnr F M çA égale à la largeur porte E,
ou ce qui eft la
même chofe égale à la fixieme
partie de la longueur totale A, B.
L'épaiffeur des murs des arriere corps vers
les niches, n'en a que la moitié. Les colohnes
IC de l'avant-corps pratiquées du côté. du feu-
bourg, font adoflees au corps intermédiaire C ,X>
& leurs faillies déterminées
par celles des retraites
qui regnent tout au pourtour & au pied du bâti-
ment.
Nous n'avons point placé de colonnes.du côté

de la ville, mais feulement, des corps cl'Archite-


âure M, dont la largeur égale la moitié de-: celle
de la pile P P. A la place des niches, nous
des tables
avons pratiqué dans les arrière-corps,
renfoncées inarquées N ,.& dans lefquelles noas
.en avons inféré de faiHantes, ,-àfin de procura^.
à cette façade un plus grand caraûere de fermeté,
autorifé ici par fabfence de l'ordre.
Dans le maflif de l'avant-corps de cette porte-,
nous avons, pour plus d'économie pratiqué, d'un
côté, un efpace vide marqué L & qui peut icrvir
utilement pour un dépôt; de l'autre côté nous
avons placé un eicalier à noyau qui monte fur
la plate-forme, fervant de couverture à la partie
Supérieure de ce bâtiment. La figure Il, offre le
plan de cette plate- forme conduite en dalles de
pierre & ou l'on a marqué le caniveau
a qui
conduit les eaux dans la descente 0 pratiquée
dans les deux piles placées aux extrémités de cet
édifice, pour de -là venir fe répandre dans une
gargouille pofée fur le fol du pavé du côté du
faubourg.
.Elévation DE LA FAÇADE du CÔT.É
DU FAUBOURG.
Planche XX.
Ce que nous venons de dire en décrivant la
planche précédente regarde également toutes les
largeurs exprimées dans cette façade c'eft-à-dire,
celles'de l'avant corps du corps intermédiaire
celles des arriere-corps, de la porte & des niches
toutes parties déterminées d'après le plan dont
nous venons d'expliquer les principales dimen-
fions. Voyons à préfent les rapports que la hau-
teur doit avoir avec la largeur de cet édifice.
Toute la hauteur de ce bâtiment, depuis F jufqu'à
Q i efl: à A B, à-peu-près comme un efi à deux;
la largeur du corps intermédiaire C D, eft égale
FQ, plus l'attique R qui s'élève an-deflus.
Pour parvenir enfuite au détail & après avoir
élevé fur le touteE, la façade AB, favant-
corps CD, la perte niches H, les
les corps
de refend G, les colonnes K, &c. il faudra fixer
la hauteur de la retraite F au quart de celle
de l'ordre, qui ayant 3 pieds de diamêtre, aura,
comme Tofcan, 21 pieds de hauteur. L'entable-
ment I, auraauâi le quart de la hauteur de Tordre,
& tous deux fcront affujettis aux mefures parti-
culieres de Vignole que nous avons expliquées au
commencement de ce volume.
Les niches H auront de hauteur deux fois &
un quart leur largeur leurs chambranles a la
fixieme partie de celle des niches les alètes
des niches quarrées qui les renfermentb la moi-
tié du pied droit depuis l'angle de la niche H
jusqu'au corps de refend C. La porte E, a de
hauteur deux fois fa largeur &c. Cette porte,
dans fa partie fupérieure eft de forme furbaiffée
au -lieu d'être plein cintre & à la place d'un
impofte & d'un archivolte nous n'avons fait
ufage que d'une feuillure cette forme & ce genre
d'ordonnance ayant quelque chofe de plus ferme
& de plus analogue à l'ordre Tofcan qui préfide
ici; d'ailleurs il faut remarquer que le fut des
colonnes étant chargé de boffages alternatifs, ce
genre fembloit exiger ce caraâere fimple, qui ne
pourroit guère fe fupporter dans les portes des
autres ordres. Les boffages alternatifs -appliqués
aux colonnes, ont chacun un module de hauteur,
ainfi que leurs intervales;leur faillie fur le fût,
etl de trois minutes. La largeur de l'entreco-
lonnement eft, à fa hauteur comme neuf eft
à quatorze cette proportion racourcie conve-
nant à un ordre dont toutes les parties de l'or*
donnance doivent annoncer une expreffion mfti-
que. La hauteur du claveau L eft égale à la
largeur des pieds droits M, & lune & l'autre ont
neuf douzièmes du diamètre de l'ordre. La largeur
de la feuillure N doit avoir la fixieme partie de
celle du pied droit M, & de profondeur la moitié
de là largeur. Sur les arrière corps de cette fa-
çade nous avons converti la corniche de l'enta-
blement I en plinthe marquée 0 parce
que
ces arrière -corps ne iervant que d'accotement à
l'avant-corps principal de ce bâtiment il
nous
a femblé nécefihire d'en fimpiirler le couronne-
ment. Au-defllis de cette plinthe 0, nous n'avons
fait régner qu'un iode P affujetti la hauteur
-de la retraite Q qui fôutient l'attique marqué
QRS cet attique iert a faire pyramider la partie
majeure du bâtiment qui dans tous les cas
,doit fe faire remarquer, foit par un allez grande
faillie, foit par une plus grande élévation que le
reftede la façade. A l'imitation des anciens,
nous n'avons donné à la hauteur de cet attique,
.que le quartt de la colonne & de l'entablement
:pris eniemble. Nous avons divifé la hauteur de-
:cet arrique en huit, nous en avons donné trois
,à la retraite Q,
quatre au dé R & une à la
-.tablette S. Au milieu de cet attique eft adaptée
une table faillante devinée à recevoir une infcri-
ption cette table préémine fur l'attique ? & fon
étendue eit déterminée par la largeur de l'entre-
xolonnement. Au-deffus de cette table régne un.
ïfocle couronné des armes du Roi, ce qui s'obferve
•affez; généralement dans ces occafions
comme
une dédicace offerte au Prince par fes Sujets.
Dans. tous les cas, il faut avoir attention que
cette Sculpture foit compofée d'un caràûere niâljg
analogue à l'expreffion placées dansles niches &
claveau de
des ornements qu'on remarque fur le

autrement
riVuntuffoïde forme circulaire

maniere large,& être éle-


vent être drapées d'une forme qiuuv
vées chacune fur un piédouche d'une Pour
xée, tel qu'il fe remarque dans cette planche.de lion,
claveau nous avons défigné une peau ,allégorie
attribut de la Force & de la ValeuriL
néanmoins qui conviendroit plutôt une porte
porte de ville de
'de ville de Guerre qu'à une
Commerce il ne falloit ici qu'un boflage aune,
avec
deux contre -clefs, orné tout au plus .d« .Leurs
agraffe d'un galbe peu reflenu
devons obferver qu en général la
nous jamais
;placée fur des corps liges ne^réuffit
il faut un corps
]bien que pour l'autorifer
:faillant, Jqùm archivolte un chambrank,
membres
&c. Or. comme on a fuppnméces à l'édifice, on
^pour procurer plus dé fimplicite auffi là
devoit par là même raifon fupprimer elle
Sculpture. de ce claveau autrement ne
qui loin
^préfente qu'une richeffe i»difcrete équivoque.
Se fymboïfer l'Architecture, -la rend
Cette remarque tpie nous faifons fur nous-mêmes.
apprendra à nos jeunes Artiftes qu'ils doivent;
lorfqu'ils ê font trompés revenir fur leurs
pas avec
cette rrunchUe qui honore les hommes à ralerus;
Au refte, les ornements que nous désignons ne font
pas les feus qu'on puiife employerici. M-iis nous
perfiftons à croire que quelque choix qu'on
puiffe faire il faut que leurs formes & leurs en
expreflions foient non-feulement relatives à l'ordre
Tofcan mais encore aux différents motifs qui
font élever les bâtiments & que ce raifonnement
appartient directement à l'Architecte lui feul
doit créer fes œuvres, & les Sculpteurs
ne doi-
vent qu'opérer fous fes yeux. Qu'on juge par-là,
combien il faut d'étude, de connoiffances & de
talents à un tel ordonnateur..
Elévation- DU CÛTÉ de la Ville.
Planche XXL
Les principales dimeniions de cette façade font
les mêmes que dans la précédente & n'en di-
ferent que parce que l'ordre eft abfent raifon
pour laquelle on y remarque beaucoup plus des
Simplicité l'avant-corps étant feulement compofé
de deux corps d'Architecture C., boffagés &
miculés. Au-lieu d'un attique, cet avant-corps ver-
eft
terminé par un fronton cintré & marqué A
beaucoup plus propre à couronner une ordon-
nance ruftique qu'un fronton triangulaire
auffi obfervons nous que c'eft dans. ces, cas
feulement qu'il en faut faine ufage ainfi
que des arcades furbaiffées qui fe remarquent
dans les deux façades de cette porte. Cette obfer-
vation nous paroît vraie, malgré la multiplicité des.
édifices où fon les a placés indiftinâ:ementdans les
ordonnances Ioniques Corinthiennes& Compofites.
Derrière ce fronton regne le même altique dont
ici
nous avons parlé précédemment, & qui le voit
enB.
Pour dédommager cet avant-corpsde fabfencede
l'ordre nous avons fait régner des bouages alterna-
tifs, S: nous les avons chargés de vermiculures. On
auroit pu ne placer ces boflages que fur les corps
C, qui Soutiennent les extrémités du fronton &
laitier liffes ceux des pieds droits, de l'arcade &
des claveaux mais d'un autre côté ce genre
d'ornement ruftique, continué ainfi contribue à
détacher cette partie capitale de deflus les corps
intermédiaires D, où il ne regne que des refends,
& qui fymétriient avec ceux des angles E,
placés aux extrémités de cette façade. Au-lieu des
niches quarrées qui fe remarquentdans la planche
XX, nous n'avons mis dans les arrière-corps de
celle-ci que de grandes tables faillantes mar-
quées F, les accotements des avant-corps où les
ordres font fupprimés devant être tenus plus fim-
ples que lorsqu'on y fait préfider les ordres. Dans
ces tables nous avons fufpendu des trophées rela-
tifs au commerce; mais il faut les favoir com-
pofer de grandes parties les charger de peu de
détails, ainfi que le blâfon repréfentant les Armes
de la Ville de Paris, placé dans le tympan du
fronton, & dont la Sculpture indéterminée doit
être traitée avec encore plus de fermeté, & nous
ofonsledire, plus de rudeffe que celle placée du
côté du faubourg; on ne doit jamais oublier que
la préfence ou fabfence de l'ordre doit décider
les changements néceflaires à répandre & dans
les membres de l'Architecture ,.& dans les orne-:
ments de la Sculpture defünés à lembellilfemenc
des façades.

Façade latérale ET COUPE PRISE sur


tA PROFONDEUR DU BATIMENT.
Planche XXII.
La figure I offre la façade latérale de cette
porte & fait voir le retour du mur de l'arriere-
corps A la coupe de celui de clôture B la
faillie de ravant-corps E du côté de la ville, &
celui F placé du côté du faubourg. La préfé-
rence que nous avons donnée aux bocages alter-
natifs fur les boffages continus diftribués dans
la hauteur du fut des colonnes, & le rapporc
que ces boffages doivent avoir avec le module
de Tordre ont déterminé ici la. hauteur des affifes
que forment les refends qui regnent au tour de
ce bâtiment autrement il auroit fallu & dans
cette façade latérale & dans celle du côté de la
ville où l'ordre ne préfide pas ne placer que
quatorze refends au-lieu de quinze; parce que
nous penfons que l'àbfence de l'ordre exige né-
ceffairement de donner à tous les membres de la
décoration un peu plus de pefanteur; mais comme
ce bâtiment fe trouve, pour ainfi dire ifolé de
toute part, & que par cette raifon il a fallu que
les bouges & les refends fuffent réduits à une
hauteur commune, nous avons préféré alors de
faire les affifes un peu trop baffes, plutôt que
de les élever aux dépens de la relation qu'elles
doivent avoir avec la liaùteur des bôffages des
colonne, parce que lé mur de clôture B étant
'beaucoup moins élevé que tout le irefte du bâtit
ment, on fe feroit aperçtt dc cette difparité
qu'il fout éviter avec foin. Si cependant ces
refends, réduits au-deffous d'un module fe con-
tredifoient trop avec le cara&ere de fermeté
répandu dans la façade il ne faudroit pas héfiter
de faire les boffages des colonnes continus parce
qu'alors pouvant devenir pairs au-lieu d'impairs
on pourroit leur donner une hauteur afforue au
ftile de l'ordonnance. Nous recommandons à nos
Eleves de prendre garde à cette remarque pour
qu'ils apprennent à fentir combien il leur eft im-
portant de ne négliger aucunes parties des détails,
lorsqu'ils commencent ci. compofer puifque c'efî
du rapport des membres d'Architecture comparés
les uns avec les autres non-feulement que les
bâtiments les plus fomptueux tiennent tout leur
éclat mais encore que les bâtiments les plus
fimples tirent leur principal relief & leurs plus
grandes beautés.
La figure 11, nous donne la coupe de cette
porte prife dans le milieu de l'avant-corps des
deux façades on remarque dans fa partie fupé-
rieure le profil des dalles en recouvrement mar-
quées B qui fervent de couverture à l'épaifleur
de ce bâtiment. Au-deifus de ces dalles nous au-
rions dû exprimer l'élévation de la lanterne qui
éclaire l'cicaîier pratiqué de fond en comble pour
arriver fur cette terraffe, & auquel la porte marquée
A, donne entrée aufli bien qu'à une piece C defti-
née à fervir de magafin pour des uftenfiles à
l'usage des incendies. Non -feulement cette lan-
terne auroit fait un affez mauvais effet dans ce
deffin mais il auroit fallu l'exprimer auffi dans les
élévations & comme elle ne- peut fe remarquer
den-bas, nous n'avons pas cru devoir la placer
ici; nous nous femmes feulement contentés de
l'indiquer dans le plan planche XIX, figure I I;
cet objet d'utilité n'étant d'ailleurs fufceptible
d'aucune décoration. Le magafin C qui s'étend
au-defius de la porte dans toute la longueur
du bâtiment, reçoit le jour par des barbacan-
nes horifontales, pratiquées au-deffus de la cor-
niche de l'entablement, qui ne pourroient s'ap-
percevoir d'en-bas le point de distance C étant
établi à cinquante-un pieds de la façade du bâti-
ment, moitié du produit de la fomme de la lon-
gueur de fédifice, qui eft de foixante-douze pieds,
avec celui de la hauteur de l'entablement élevé de
trente pieds du fol opération qui donne le rayon
vifuel D,E, qui, prolongé jufqu'en F,mafque
entièrement la hauteur de cette barbacanne.
Nous finiflbns ici ce premier volume pour com-
prendre dans le fuivant les trois ordres Grecs &
le Compofite R.omain. Tout ce qui vient d'être dit
ne doit encore être regardé par nos Eleves que
comme les premiers éléments de l'Arr, éléments
qu'il étoit néceffaire d'acquérir & dont nous leurr
recommandons l'étude avant de pafier à la théorie
dont nous allons parler.
ERRATA.
Pages. 37 Lignes.
20 n'avolcété, de été.
n'avoir
id. ii cnrt'autres cnti'autrcs.
id. note o. toilicme uoifieme.
fon fils,
,i xi fou fil»,
Id. puplia, publia.
s; quels.
.g il quelles, Fu-Kien.
'4 note g. «MCica,
68 17 mortiers, agens.
77 ii a reçu, ont reçu.
coiifiiinecs, confumés.
94 1 Saint-Autoine.
sol note*. Saiiuc-Antolne Jean-l>»iil l'anini.
note e. Jean-Laul PaÛmi M- Patte.
10f note g. M. Pare,
l'humanité.
,i4 iv
ii7 J4
l'humainice
Autres Arts, autres Arts.
facultés l'elprit humain, faculrés de l'efprit humain.
,17 ilS les Michel-Anges,Ici Ber- les Michel-Ance les Bct-
i3o
s nms, niu.
27 de l'Hiitoire des Belle¡- del'Hiftoire. dcs Belles-'
Lettres, Lettres.
1.4 1 niaifou.deTofcane, maiConTofcanc.
11 Primatices Primatice.
les uelormet lesDelorme.
uiio
,So 18
note r.
7
les
le
de h
colonnes Trajannes les colonnes Trajane.
le dé b.
qu'il ne faut pas toujours.
iç9 17 qu'il ne faut toujours.
ie le cailloir p, lalifteau platte- le tailloir d la platte-
bande d le j bande ? et le lifteau p.
réduite à un même.
note*, réduit à un diamètre, Planche XV.
id. note y. PUnche XVI, du eilindre d, e.
x< du cilindre 1% e,
37 ce chapiteau été imité, ce chapiteau ayant etc.
s89 xo Planche XX, Planche XVI11.
itf Planche XX, Planche XVIlI.
314
3 it
6 beaucoup de ûillies
s
beaucoup de faillie.
»lM<*eXVn.
}i, j Planche XIX,
3x5 note corniches fimplifiés corniches limpliùees.
14 Planche XX, ,planche XVIIL
335 les ftatucs ne. dévoient.
33 j .0 la lutuc ne devoir.
id. xtf pleins plein.
id. s8 les Debroflès les Debrofle.
dern. Planche XtX, Planche XVII.
dyramidales, pyramidales.
14
14 un Architecture, une Atchitefture.
400 note o. de Berry de Ber;i.
les Oebrofiè.
7 les Dcbroflêt,

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