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Société d'Études Latines de Bruxelles

Aiôn, le Temps absolu


Author(s): Louis Foucher
Source: Latomus, T. 55, Fasc. 1 (JANVIER-MARS 1996), pp. 5-30
Published by: Société d'Études Latines de Bruxelles
Stable URL: https://www.jstor.org/stable/41537544
Accessed: 18-03-2020 22:55 UTC

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Aiôn, le Temps absolu

Peu avant sa mort, G. Zuntz avait publié une petite brochure (!)
dans laquelle il défendait, à propos d'Aiôn, un point de vue proche
de celui que j'avais essayé de développer dans plusieurs articles (2).
Parmi les documents figurés auxquels on a donné le nom d'Aiôn, le
savant professeur d'Heidelberg distingue ceux qu'il considère comme
valables et ceux qui, selon lui, ont été abusivement identifiés comme
tels. Les historiens, en effet, ont pris l'habitude de reconnaître l'image
d'Aiôn sur une foule de documents que le regretté M. Le Glay, avec
sa compétence et son souci de précision habituels, a recensés dans un
catalogue comportant 58 numéros (3). Il résume parfaitement l'ensem-
ble des opinions en distinguant un Aiôn âgé et barbu, un Aiôn jeune,
imberbe, parfois ailé, figuré avec le cercle zodiacal et les Saisons,
«symbole du renouvellement perpétuel du Temps et de l'Univers avec le
retour attendu de l'âge d'or», enfin l'Aiôn mithriaque, parfois léonto-
céphale. Le problème est en effet très complexe et très discuté car il

(1) G. Zuntz, Aion im Römerreich : die archäologischen Zeugnisse , Heidelberg,


1991. G. Zuntz est décédé à Cambridge le 4 avril 1992 à l'âge de 90 ans ; il avait
déjà abordé le sujet dans Aion Plutonios, Ein Gründungslegende von Alexandria dans
Hermes 116, 1988 ; Aion, Gott des Römerreichs dans AH AW, 1989, 2, p. 30-33.
(2) L. Foucher, Annus et Aiôn dans Aiôn, le temps chez les Romains , Paris, 1976
(Caesarodunum, X bis) p. 197-203 ; La représentation du génie de l'Année sur les
mosaïques dans Mosaïque romaine tardive , Paris, 1981, p. 3-10 et discussions p. 41-45 ;
Aiôn et Aeternitas dans La Mythologie clef de lecture du monde antique , Tours, 1986,
{Caesarodunum, XXI bis), p. 131-146 ; A propos d'Aiôn , à paraître dans les actes
du Congrès de Lyon, 1993, Mosaïque et culture dans le monde romain, Ier- Ve siècle.
(3) M. Le Glay, LI MC, I, sv AION p. 399-41 1. On y trouvera les sources littéraires
et la bibliographie ; y ajouter, outre G. Zuntz, J. H. Harris, Iconography and Context,
Pagan Gods and Schrines dans APH 59, 1981, p. 171-177 ; M. H. Quet, La mosaïque
cosmologique de Mérida, proposition de lecture , Paris, 1981 ; Aiôn, à propos d'un
livre récent dans REA 83, 1981, p. 97-108 ; F. Gury, Aiôn juvénile et l'anneau zodiacal :
apparition du motif dans MEFRA 96, 1984, 1, p. 8-28. N. Belayche, Aiôn : vers
une sublimation du temps dans Le temps chrétien de la fin de l'Antiquité au Moyen-
Age, me-xiie s. (col. CNRS, n° 604), Paris, 1984, p. 1 1-29. M. T. Marabini Moevs,
Penteteris e le tre Horai nella Pompé di Tolemeo Filadelfo dans Boll.d'Arte 42, 1987,
p. 1-36.

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6 L. FOUCHER

est difficile de déterminer


majuscule et y voir le no
désigner «la force vitale l
suite, «la durée de la vie»
«d'éternité» : le Temps éter
relatif et actuel, déterminé
de même, lorsqu'Euripide
on ne peut pas parler d'un
d'une filiation divine ; L. M
du temps» (6). On a cepend
fication à l'époque classiqu
apulien conservé à Karlsru
lu AIQN à côté d'un personn
d'Orphée et Eurydice évoq
examen du document, a co
et complété l'inscription e
le fils d'Amphiaros, meurtr
Le dieu Aiôn n'apparaît d
et il est mentionné jusqu'a
cette longue période, il a
ments, du climat philosop
ou moins nettes à diverses
de souligner la nature et l
l'inscription d'Eleusis (9), gr
moitié du ier s. av. n. è.,

(4) Hymne hom. à Hermès 42 e


(5) A. J. Festugière, Le sens ph
11, 1949, p. 172-189.
(6) Euripide, Les Hérac lides 9
majuscules !
(7) G. Hafner, CVA Karlsruhe , 2, 1952, pl. 64, 1-4. G. Zuntz, Aiôn [n. 1] p. 1 1-12 :
selon un procédé fréquent, une moitié du nom apparaissait à gauche du personnage,
l'autre moitié à droite.
(8) On peut même restituer le nom d'Eriphyle et l'Eurydice figurée à côté est sans
doute la fille d'Amphiaros. Voir à ce propos, J. M. Moret, Les départs des enfers
dans l'imagerie apulienne dans RA, 1993, p. 319.
(9) W. Dittenberger, Sylloge, III, n° 1125 ; O. Weinreich, Aion in Eleusis dans
ArRelW 19, 1916-1919, p. 174-190 ; A. J. Festugière, La révélation d'Hermès
Trismégiste , IV, Le dieu inconnu , Paris, 1954, p. 181-182 ; A. D. Nock, A Vision of
Mandulis Aion dans Harward theological Review 27, 1934, p. 82-83 = Essays on
Religion and the Ancient World , I, 1972, p. 382 ; N. Belayche [n. 3], p. 13.

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AIÔN, LE TEMPS ABSOLU 7

par sa nature divine, reste toujours identiquem


ensemble, est le monde unique, semblable à ce
n'ayant ni commencement ni fin, qui ne particip
qui produit la nature divine absolument étern
pas de commencement comme les immortels
lui attribuer une parenté ni évoquer sa naissance :
né de lui-même ; il ne saurait vieillir ; Aicòv ô na
кол yépœv , à la fois jeune et vieux, àyrjpaoç ,
saurait justifier l'interprétation d'après laquel
comme un jeune homme, tantôt comme un vi
Nonnos de Panopolis, qui le qualifie de noiKiXô
la même phrase, qu'il est toujours dans la for
qu'il porte des cheveux blancs (12). Il est l'âme
et coextensive à l'Univers» (13) : о zœv oÀcov ô
Aiœvœvaù eï ô Koa/ioKpàzœp, ' Pã , IJãv (14). Ses
sont fort complexes : ici, il paraît assimilé au R
l'Hélios gréco-égyptien est considéré à la fois com
émanation et une manifestation d'Aiôn (15).
En Egypte, Aiôn est invoqué comme le dieu
la kosmopoia de Leyde (l6) : «...Toi qui es le pl
as tout créé, qui es né de toi-même, qui vois t
vu. C'est toi qui as donné au Soleil toute sa gloire

(10) A. J. Festugière, RHTr [n. 9], p. 194, n° 15. Cette é


comme aòróyevoç ou aòzóonopoç (Nonnos 7, 73), a pu q
Dionys IX, 157), figure orphique, Protogonos, issu de l'œuf
orph. 8, 3), le dieu suprême ( Oracles sibylí. 8, 429 ; Orp
Aiôn, voir aussi Jean De gaza, Description du tableau d
Chuvin dans Nonnos de Panopolis III, Paris, 1992, p. 171.
(11) Synesios de Cyrene, Hymnes IX, 67 : cet évêque, d
est très cultivé et on peut lui accorder un certain crédit
paganisme, ce qui n'est pas le cas pour tous les Pères de l'É
(12) Nonnos de Panopolis, Dionysiaques VII, 22-25 : «s
flot traînant de sa barbe».
(13) A. J. Festugière, RHTr [n. 9], p. 142, 152, 181 ; R. Turcan, Le piédestal
de la colonne antonine, à propos d'un livre récent dans RA, 1975, p. 314.
(14) Sur le papyrus magique de Pans, K. Preisendanz, PGM , IV, 2197 ; N. Be-
LAYCHE [П. 3], p. 16.
(15) Sur les problèmes difficiles des rapports entre Aiôn et le Soleil, a basse epoque,
A. J. Festugière, RHTr [n. 9], p. 816, n° 6. P. Mastandrea, Un neoplatonica latino,
Cornelio Labeo , Leyde, 1979 (E PRO, 77). M. J. Vermaseren, Sotériologie dans les
payri graecae magicae dans U. Bianchi et M. J. Vermaseren, La soteriologia dei
culti orientali nell'impero romano , Leyde, 1982, p. 23-27.
(16) A. J. Festugière, RHTr' n. 9], p. 194, n° 15.

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8 L. FOUCHER

à la Lune de croître et de d
d'où des confusions, sinon d
ainsi (I7) : «Aux 111e et IV
des païens pouvait être au
dessus du monde, ou le So
la dignité d'«Allgott», ou
Dieu suprême». Au milieu
Aiôn est toujours immuab
se fonder pour lier le ren
il s'agit d'un papyrus ma
appelé ò narfjp zoo nalivy
tout le reste : il intervertit
père à un dieu «né de lui-
ce mot, cependant, n'impl
peut se fonder sur ce seul
et Eniautos.
Aiôn a-t-il pénétré à Rome et dans les provinces occidentales ? Je
ne le crois pas et j'ai cherché à démontrer qu'il y était pratiquement
inconnu. On ne peut se fonder sur l'inscription d'Eleusis : qu'un certain
Quintus Pompeius, pérégrin ayant récemment bénéficié de la citoyen-
neté romaine, originaire de la partie orientale, fidèle des mystères
d'Eleusis, ait honoré, à titre privé, son dieu Aiôn et sculpté sa statue
«pour la domination de Rome et la permanence des mystères», ne
prouve absolument pas que ce dieu était connu à Rome ; on pourrait
citer d'autres inscriptions célébrant une divinité parfaitement inconnue
des Romains et invoquée, par flagornerie, pour la domination éter-
nelle de YVrbs, ou, plus tard, pro salute imperatori (19). D'après un
texte, très tardif, de Jean Lydus (20), l'augure M. Messala, qui fut consul

(17) A. J. Festugière, RHTr[n. 9] p. 198.


(18) F. G. Kenyon, Greek Papyri in the British Museum , Oxlord, I, 1893, p. 1UU,
col. 14 1. 510 ; A. J. Festugière, RHTr [n. 9] p. 191.
(19) Je remercie mon collegue M. Sartre de m avoir propose quelques exemples :
à Acomia ( IGR , IV, 661), Thyatire ( IGR , IV, 1195) ou encore «Zeus Panamara et
Hécate de Lagina en raison des services rendus à la domination éternelle des Romains»
(allusion aux événements du temps de l'invasion de Labienus), L. Robert, Études
anatoliennes , Paris, 1937, p. 519.
(20) Jean Lydus, De mensibus IV, 1 (vie siècle) ; A. J. Festugière, RHTr [n. 9],
p. 176 ; A. D. Nock, Essays [п. 9], p. 392-394 ; R. Turcan, Janus à l'époque impériale ,
dans ANRW, II, 17, 1, p. 374-402 ; L. Foucher, Aiôn et Aet. [n. 2], p. 132. Ovide
{Fastes I, 101-104) a dû se souvenir de Messala (par l'intermédiaire de Verrius ?)

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AIÔN, LE TEMPS ABSOLU 9

en 53 av. n. è., aurait identifié Janus à Aiôn.


IVe s., connaissait le rôle que M. Messala attribu
pas d'Aiôn. Rien n'indique d'ailleurs qu'en 53 av
considéré, dans certains pays de langue grecque
et un Kosmocrator. Notons enfin les doutes d'A. D. Nock : Messala
a pu employer le mot aicbv en tant qu'abstraction philosophique car
il n'avait aucune connaissance d'une divinité honorée sous ce nom ;
d'autre part, Lydus, au vie siècle, paraît bien avoir recueilli des traditions
postérieures, et de différentes époques, émanant de milieux dans lesquel
on honorait Aiôn (22).
Le terme latin correspondant à aiœv, le temps absolu, est aeuum
et non pas aeternitas , qui certes n'a pas de fin, mais a un commencement
Or, aux trois premiers siècles de l'Empire, on ne trouve jamais le mo
aeuum personnifié pour désigner un grand dieu cosmique. Apulée, dans
le De Platone et eius dogmate reprend un passage du Timée (23) où
aiœv est employé au sens de durée infinie, il écrit : Tempus uero aeu
esse imaginem , si quidem tempus mouetur , perennitas fixa et immota
natura est . Pour lui aiœv est aeuum et non aeternitas (24). De même
Apulée emploie aeuum au sens de «durée de vie» (25) ; il emploi
également aeuitas (26) : ad aeuitatem temporis «pour toute la durée d
temps» ; mais il ne s'agit jamais d'un dieu ! Dans son De die natali ,
écrit en 238 (26), Censorinus donne d 'aeuum une définition qui peu

lorsqu'il voit, dans Janus la force qui maintient ensemble l'Univers, mais il ne fai
aucune allusion à Aiôn... nam tibi par nullum Graecia numen habet (F. I, 90).
(21) Macrobe, Saturnales I, 9, И.
(22) N'est-il pas étonnant, par exemple, qu'en racontant la naissance d'Aphrodit
Jean Lydus écrive... ànò zœv Kpóvov ¡irjôéœv, tovtéotiv aitò rov Aîœvoç ? De Men
iv, 61 II n'en est pas à une confusion près !
(23) Apulée, De Platone et eius dogmate 201 ; Platon, Timée 37 d 5.
(24) Dans ses opuscules philosophiques, Apulée n'emploie aeternitas qu'une seule
fois et comme nom commun avec son sens habituel en latin classique ( De Mundo
337). En revanche, dans YAsclepius qui date du IVe s. et est la traduction d'un ouvrag
grec antérieur de deux siècles, Aiôn est traduit par aeternitas ; A. J. Festugière a
remarqué ( RHlï [n. 9], p. 166, n. 1) qu'il n'est pas facile d'identifier le mot grec tradui
par le texte latin : et, comme aïcov est lui-même amphibologique, on a affaire à un
double ambiguïté : l'original était-il aiœv et alors dans quel sens ? ou âOavaoía, aiôóxrjç
ôia/uovrj ? D'ailleurs aeuum paraît tombé en désuétude.
(25) Apulée, De deo Socratis 138 ; De Platone 248, De Mundo 290, 360. Tertul-
lien, Apol. VIII, 4 : J. P. Waltzing, Commentaire..., Aeuitas : De Platone 206. Paris
1931, p. 66.
(26) Censorinus, De die natali 16, 3; 16, 6 ; 41, 15; 42, 5; G. Freyburger,
Censorinus auteur du de die natali dans REL 70, 1992, p. 215-227.

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10 L. FOUCHER

s'appliquer à aiá>v ...Est enim


eodem modo semper fuit et s
aeuum neque annorum nequ
finiti temporis modulo metir
non sunt brumalis unius in
né à Alexandrie vers 370, p
tifiable à Aiôn : c'est un vieil
immuables régissant l'Unive
Natura ; P. Chuvin note que
lèle celle ď Aiôn- Phy sis au d
de Panopolis où Aiôn, «paste
Physis «nourrice de tout ce
grotte l'Année (sans doute En
marquée par le consulat de
son origine, Claudien a fait
égyptien, âme du monde, pri
divine, un second dieu inter
l'échelle descendante établie d
Kosmos, Kronos, Genesis (28
Je me permettrai d'utiliser 1
significatif, en constatant q
qui ont parlé de Rome aux t
que, Aelius Aristide, Dion C
n'évoquent jamais un dieu A
pourtant féru de mytholog
à côté d'entités grecques bie
sistes et créées pour la circo
mort de son favori, il a don
d'Antinoopolis. On connaît la
lorsqu'il tente de prouver q
qui emporte au ciel Antoni
par personnifier le grand d
coextensive à l'Univers ; Aiô

(27) Claudien, De consulatu Stili


p. 386 ; P. Chuvin dans Nonnos, V
(28) Corpus Hermeticum XI, 2. A
suprême ; c'est sans doute la raiso
Zeus au chant VII de Nonnos.
(29) R. Turcan, Le piédestal [n. 13], p. 305-318.

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AIÔN, LE TEMPS ABSOLU 1 1

des pôles célestes, Kosmokrator» et, plus loin, «les dieu


consacrés dans le ciel, conformément à l'imagerie offic
exaltation sur les ailes d'Aiôn suggérait aussi que leurs
l'Empyrée et, qu'après dissolution des corps, leurs i
se fondre dans le monde immortel et radieux. C'est la doctrine de
Marc Aurèle». Certes ! Mais lorsqu'il ajoute en note (30) : «C'est l'idée
qu'il n'y a pas d'autre immortalité que celle du kosmos, de l'Aiôn,
du Logos» et il renvoie à plusieurs passages des Pensées de Marc-
Aurèle, le lecteur pourrait croire que, dans ces passages, l'Empereur
philosophe célèbre le rôle d'un Aiôn divinisé. Il n'en est rien et j'ai
relu toute l'œuvre de Marc-Aurèle pour constater que le mot aîœv
est toujours employé comme un nom commun. D'autre part Aiôn n'est
jamais figuré comme un jeune homme imberbe - j'y reviendrai bien-
tôt - : il ne s'agit donc pas de l'Aiôn Kosmokrator que Marc-Aurèle,
le successeur de l'empereur défunt, qui a présidé à l'inauguration de
la colonne, paraît avoir ignoré complètement et qui était pour ainsi
dire inconnu à Rome ; en tout cas rien n'indique qu'il y ait jamais
fait l'objet d'un culte public ou privé.
L'apport de G. Zuntz est fort intéressant : il refuse d'abord de re-
connaître Aiôn sur une trentaine de monuments que M. Le Glay (3I)
a classés sous les rubriques «Aiôn mithriaque non léontocéphale et
léontocéphale» : ces documents, statues ou reliefs, proviennent de
Mithraea mis au jour dans les différentes provinces de l'Empire ; le
dieu, nu ou habillé, se dresse parfois sur un globe ; il a sur la poitrine
un foudre, un œil ou un masque de Méduse ; son corps est entouré
par les replis d'un serpent ; divers attributs ou symboles peuvent le
caractériser : quatre ailes marquées du signe des Saisons, dans les mains,
une ou plusieurs clefs, des ankh, une ou des torches, un sceptre, des
pinces, un marteau, un coq, une pomme de pin, des pattes de lion,
un Cerbère à trois têtes, cinq protomés de lion, les signes du zodia-
que, les Dioscures. Chacun de ces attributs a fait l'objet de longs
commentaires et a été rattaché, plus ou moins artificiellement, à une
symbolique ou à des conceptions astronomiques d'Egypte ou d'Orient.
Le nom d'Aiôn a été donné à ce monstre par G. Zoega en 1808 (32).

(30) Note 11, p. 314.


(31) M. Le Glay, LIMC, I, p. 405-409, nu 24a-38.
(32) u. Zoega, Bassi relievi anî.di Koma , 11, I0U0, p. Jz, ъу ; repris dans ses лопапа-
lungen , Göttingen, 1817, p. 187, c. xxin.

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12 L. FOUCHER

F. Cumont a hésité : «Le di


dans l'imagination de Zoega
le dieu léontocéphale est enco
gréco-phénicien et au Zervâ
bien et du mal» (M). F. Legge
man : le mot ARIMANIV, qu
statue ďEboracum, York (An
S. Wikander (37) évoque des
dieu égyptien Bès. Pour J. D
d'Aiôn et d'Ahriman ; A. D
de Mésopotamie Nergal. J.
montée des âmes vers les plan
une sorte d'âme divine issue
U. Bianchi (42) revient à Ahri
Le point de départ de l'assi
texte d'Epiphane (vers 315-
Alexandrie dans la nuit du
grand temple, on veille tou
et de musique ; au chant du
une caverne souterraine et
civière ; ils lui font accomp
avec des flûtes, des tambour
sa caverne. Cette idole port
les deux mains et sur les d

(33) F. Cumont, Textes et monum


1896, p. 160, n° 474 ; II, p. 44.
(34) r. Cumont, Les mysteres de M
(35) F. Legge, The Lion-Headed G
Bibl. Arch ., 1912, p. 125 ; 1915, p.
(36) M. Le Glay, LIMC, I, n° 43
(37) S. Wikander, Études sur les m
(38) J. Duchesne-Guillemin, Orm
(39) A. D. H. Bivar, Mithraic Stud
(40) J. R. Hinnels, Mon. H. S. Ry
(41) J. Hansman, Etudes Mithriaq
(42) U. Bianchi, Mithraism and G
1975, p. 457, 465 ; voir aussi, R. C
1961 - 2, 1970, p. 129. R. L. Gord
Congress of Mithraic Studies (Man
p. 222.
(43) Epiphane, Panarion (la boîte à drogue) LI, 22 (= A du. haer.).

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AIÔN, LE TEMPS ABSOLU 13

Epiphane, que, ce jour précis, la vierge Korè avait don


à Aiôn. D'autre part, d'après le Pseudo-Callisthène (vers
patron d'Alexandrie, Aiôn Plutonios était appelé Agatho
Les cinq sceaux, cnppáyiôeç, ont été rapprochés de Vankh
rapport avec l'immortalité tandis qu'A. J. Festugière (4
aux protomés sculptés sur ces statues ou reliefs mithr
cependant tenir compte de quelques précisions apport
Nock í46) : à propos de la fête d'Alexandrie signalée par Ep
ci constate, après une analyse serrée des témoignages
prouve, jusqu'à cette date, l'existence d'une tradition d
genre propres à cette ville ni d'ailleurs dans aucun au
l'Egypte gréco-romaine ; cette fête en l'honneur d'Aiôn
une très récente innovation et le texte a dû être altéré
d'un scholiaste. Le témoignage de Damascius (47), au v
pas non plus être pris en considération pour identifier
premiers siècles. A. D. Nock note encore que Plutus
Déméter et non de Koré mais que cette dernière passe
la mère d'Iacchos dont on sait que l'image était prome
processions (48) : il est donc possible qu'à date tardive
de sa signification solaire, le nom d'Aiôn a été greffé sur
plus anciennes auxquelles le nom d'Iacchos était att
façons, il faut admettre qu'à date tardive, mais pas av
Aiôn a pu être confondu avec d'autres divinités comm
Sérapis, ou Adonis et même, dans la mesure où on peut fa
aux auteurs chrétiens, sous l'influence de magiciens et
tans qui cherchaient leur clientèle de dupes dans les m

(44) Pseudo-Callisthene I, 33, 2 ; cf. G. Zuntz, Aion Plutonios [


LAYCHE [П. 3], p. 14.
(45) A. J. Festugière, Les cinq sceaux de l'Aiôn alexandrin dans
tologue, 1950 = Études de religion grecque et hellénistique, Paris,
(46) A. D. Nock, Essays [п. 9], p. 388-391.
(47) Damascius, Dubitationes et Solutiones, ed. Ruelle, I, 317
p. 75.
(48) A. D. Nock, Essays [п. 9], p. 391 et notes 136-139. Sur la celebration des
fêtes païennes autour du solstice d'hiver, F. Cumont, Natalis Invidi dans CRAI, 1911,
p. 292. Sur les rapports, et les différences, entre ces fêtes païennes et les fêtes chrétiennes
de Noël et de l'Epiphanie, M. Meslin, La fête des kalendes de Janvier dans l'Empire
romain, Bruxelles, 1970, p. 109. Pour Nonnos de Panopolis, Dionys. XXXI, 48-69,
le premier Dionysos, fils de Perséphone porte au ciel le nom de Zagreus et, à Eleusis,
celui de Iacchos ; sur les confusions possibles, cf. P. Chuvin, dans Nonnos, Dionys.,
III, p. 16-19.

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14 L. FOUCHER

laires, et dans le cadre d'un


résies, on aurait considéré
même» et n'a pas de comm
ces confusions restent lim
gravaient des tabellae deuo
provinces occidentales, ne le
Le problème est encore c
seren (50), par le caractère
la religion nationale : «Osir
Soleil Fils. Dans la liturgie
au IVe s., on parle du rôle
Aiôn, le souverain des diad
purifications saintes». Il se
pas lui qu'on a portraituré av
et enveloppé par les replis d
Pour expliquer cette identif
en particulier à propos du re
on-Tyne (53) : on a voulu y
représenté par dieux demi-c
du serpent, du masque de lio
F. Cumont y a vu un Mit
Le Glay y reconnaissaient

(49) Outre A. J. Festugière, cf


History of Religions , Studies in th
(50) M. J. Vermaseren, Sotériol
(51) A. J. Festugière, RHTr , I,
Liturgie », Missoula, 1976, lignes 4
(52) M. P. Nilsson, The Syncret
p. 1-7 = Opuscula selecta , III, 1
Tempo nella religione mitriaca da
LIMC , I [n. 3], n° 17. M. L. West,
(53) Provient du mithraeum de
Cumont, Textes et mon., II, p. 3
Rei. Müh. I, p. 298, n° 860, fig. 2
(54) R. Eisler, Weltenmantel und
dans RM 27, 1912, p. 18, n. 5. N
Le dieu mithriaque léontocéphal
autres, sur ce document (note 53)
égyptienne du type léontocéphale
a été compliqué sous l'influence or
(55) F. Cumont, Mithra et Vorp
pò) и. Levi, Аюп dans Hesperia 13, 1944, p. 269-314 ; M. Le Glay, Sur les dieux
syriens du Janicule dans MEFR 60, 1948, p. 131-134.

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AIÔN, LE TEMPS ABSOLU 1 5

nature de Phanès, le Protogonos, et ses rapports avec d'aut


G. Zuntz (57) démontre que ce document de Modène, p
ceux qui, provenant de mithraea, présentent le monstre lé
n'est identifiable à Aiôn ; il rejette également l'assimila
Phanès. On notera en outre que, dans les Dionysiaca (58), H
la forme de Phanès pour remettre l'enfant Dionysos à
le note P. Chuvin (59) : «L'Hermès classique présente qu
communs avec Phanès (ailés et prophétiques) ; mais on
à la figure d'Hermès Trismégiste, le Thoth des Egyptiens.
orphiques et hermétiques se recoupent parfois, et, de f
confondu avec Agathodaimon est qualifié de npcoroyó
le Dialogue, 12, 8 i60)» ; mais ces divinités n'ont aucun
fondamentaux d'Aiôn. On remarquera d'ailleurs que Le
bell (61), lorsqu'il étudie la signification du serpent qui ent
mithriaque leontocéphale, ne parle pas d'Aiôn.
G. Zuntz refuse également le nom d'Aiôn à un jeune hom
avec ou non des ailes au niveau des tempes, accompagn
et du cercle zodiacal. Ces images sont recensées dans le
M. Le Glay sous la rubrique «Aiôn gréco-romain jeune
celui de D. Parrish (63) s. v. Annus. J'ai déjà cherché à d
s'agissait dì Eniautos- Annus (M) tel qu'il est décrit dans la

(57) G. Zuntz, Aiôn [n. 1], p. 18-19.


(58) Nonnos de Panopolis, Dionysiaca IX, 137, 159.
(59) P. Chuvin, Nonnos , IV, p. 24.
(60) Nock-Festugière, I, p. 177. Voir également : K. Preisend
Encycl. , 19, 2 sv Phanès , col. 1765 ; ailes , col. 1769. Sur certaines
les traditions, O. Kern, Orph.fragm ., p. 283, 309, 327 ; R. Reitzenste
1904, d. 22.
(61) Leroy L. Campbell, Mithriac Iconography and Ideology , Leyd
11), p. 21.
(62) M. Le Glay, LIMC , I, n° 10-24.
(63) D. Parrish ; LIMC , I, sv Annus , p. 799-800 ; il laut y ajouter la mosaïque
de Silin (Tripolitaine) : Omar al Mahjub, / mosaici della villa Romana di Silin dans
IIIe colloquio intemazionale sul mosaico antico , 1983, p. 302 et pl. en couleurs. Voir
également D. Parrish, Season Mosaics of Roman North Africa , Rome, 1984, p. 46-
50 : rapprochement avec Saturne très discutable.
(64) L. Foucher, Annus et Aion [n. 2J, p. 199-203. Je rappelle que M. r. JNilsson,
Symb. Ost. dans Oslo 24, 1945, à propos du relief de Modène, considérait que sur
les mosaïques étudiées par P. Boyancé dans MEFR 60, 1948, p. 129-151 et, en parti-
culier, sur la mosaïque de la tombe 101 de l'Isola Sacra, il fallait reconnaître non
pas Aiôn, mais Eniautos- Annus. Pour la procession dionysiaque d'Alexandrie, j'em-
prunte la traduction d'A. Burnand, Alexandrie la Grande , Paris, 1966, p. 30.

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16 L. FOUCHER

cession d'Alexandrie sous Pt


faisait partie du cortège qu
Dionysos : en tête, venaient
puis des Satyres tenant des
enfants, cinquante Satyres,
myde pourpre et bottines b
tenait un bâton de héraut e
marchait un homme qui dé
et masque tragiques, tenan
«l'Année». Il était suivi d'un
parée de beaucoup d'or et d'un
une couronne de persea et
l'appelait «Fête quinquennale
tragique, sa corne d'abondan
apparaît donc comme une s
tor favorisant le cycle saisonn
tions agricoles. Selon M. T. M
théâtral d'une mosaïque de Do
tion d'Athénée.
Annus était personnifié, ain
de quatre, dans un texte d'Ovi
au trône du Soleil ; on remarq
de Silin (68), au-dessus du gr
zodiacal à travers lequel pas
danse, un char du Soleil pré

(65) M. T. Marabini Moevs, Pente


elle prétend que le texte d'Athéné
des quatre Saisons, surtout quand
ne pouvait parler des quatre Saiso
les yeux tous les jours des tableau
de cet article, d'autre part, m'a fa
d'A nnus sur la mosaïque de Silin
de Gè-Tellus qui devait figurer sur
la mosaïque de Sentinum avec les q
d'Ostie.
(66) A. Merlin, R. Lantier, Cat. du Musée Alaoui 2e suppl. 1922, p. 14, n° 387 ;
J. Salomonson, La mosaïque aux chevaux de l'Antiquarium de Carthage, La Haye,
1965, p. 63-64, pl. XLV, 4 ; D. Parrish, LIMC, I, p. 800, n° 11.
(67) Ovide, Mét. II, 25. L'évocation de chacune des quatre Saisons occupe les
vers 27, 28, 29, 30.
(68) Cf. note 63.

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AIÔN, LE TEMPS ABSOLU 1 7

On peut également citer d'autres textes faisant all


personnifié (69). Un tableau de ce type était sans doute
lostrate (70) et il faut, à mon avis, mettre une maju
et aussi à Л/v car la Terre personnifiée apparaît aus
de cette scène (71) : Ai yàp ôfj "Qpai aôzoîç eïôeaiv êç zrjv
Çovánzovaai zàç хФаЯ> 'Eviavzòv ощаг èÀízzovci кол
eòçopei avzaiç zà 3 Eviavzov návza.
Le verbe sàìggeiv est employé par Euripide (72) dans
un dieu par des danses circulaires» et par Callimaque
dansant autour (d'un autel)». A propos de ce passag
ajoute, dans une note (74), que les Saisons, à l'époqu
au nombre de trois : Printemps, Eté-Automne, Hive
texte de řhilostrate ne laisse aucun doute ; le tablea
tous ceux de son temps, comportait bien les quatr
dirai pas aux Heures du Printemps : «ne foulez pas
roses»... Je ne dirai pas aux Heures de l'Hiver : «ne
la terre molle des sillons». Celles qui sont blondes
Heures de l'Eté) marchent sur la pointe des épis san
courber, tant elles sont légères, tant elles pèsent peu
C'est un spectacle charmant de vous voir, ô vignes,
dans leur vol les Heures de l'Automne». Eté et Automne sont nette-
ment distincts (75). Signalons une mosaïque de Kisamos (Crète) avec, au
centre, trois Horae dansant et aux angles les quatre saisons (76).

(69) Macrobe, Saturn. I, 21, 11 ; Claudien, Carm. I, 1-7 ; 266-279.


(70) Philostrate, Imag. II, 34 (Loeb, p. 269 ; La Galerie de tableaux , Pans, 1991 ;
traduction A. Bougeot, revu et révisé par F. Lissarrague, p. 1 17).
(71) Cf. note 65.
(72) Euripide, Herc. fur. 690 ; Iphigénie à Aulis 1480.
(73) Callimaque, Hymne à Délos 321.
(74) Note 207, p. 136.
(75) Les tableaux décrits par Philostrate, qui etaient encastres dans les murs d un
portique à quatre ou cinq étages, à Naples, «témoignaient du talent d'un très grand
nombre de peintres» et sans doute d'époques variées. G. M. A. Hanfmann, The Season
Sarcophagus in Dumbarton Oaks , Harward Univ. Pr., 1951, p. 112, a raison, à mon
avis, de voir la description de la procession de Ptolémée Philadelphe l'une des premières
évocations des quatre Saisons figurées sous une forme humaine. Les quatre Saisons
ont donc été représentées en même temps que les trois Horae archaïques, qu'on les
appelle Eunômia, Dikè et Eirénè, ou Thallo, Karpo et Auxo, ou d'un autre nom.
(76) S. Markoulaki, A Season Mosaic in W. Crete dans VI Coloquio I. M. A.,
1994, p. 182, fig. 4, 6. Sur la danse des Saisons, G. M. A. Hanfmann, Season Sarcoph.
[n. 75], catalogue, n° 40-45 (Trois Horae), 57-7 4 (quatre Saisons, femmes), 318-350
(Quatre Saisons, figures masculines).

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18 L. FOUCHER

G. Zuntz (77) reconnaît Ann


drien (78) daté de 119-121 : u
cercle zodiacal qu'il tient de
un globe surmonté du phénix
Outre Aiôn, on a voulu iden
Gury (79) a souligné sa resse
qui apparaît sur l'un des reli
à Rome. J. P. Martin (80) a r
rapport avec les émissions a
phénix seul : en 1 19, au déb
encore besoin d'affirmer la l
t-il, la légende Saec(ulum) au
obligatoirement longue, prés
se développant «suivant un r
marche des astres dans le ce
des douze mois de l'année, év
pourquoi le personnage ne ser
Apulée (8I) évoque «la Grand
la lune et les cinq planètes se
respectives». Comme dit M.
nouvel empereur est souvent
Age d'Or, le temps heureux q
L'idée de la rotation cosmiqu
le zodiaque ; celle du renouv
et le phénix».

(77) G. Zuntz, Aiôn [n. 1], p. 38.


et VI, 745 : annuus orbis, et perfe
solstitiali circumagitur orbe ; Varr
dum sol redit, uocatur annus ; Mac
annus orbis impletur. On ajoutera
met jamais en rapport avec Aiôn.
(78) Hadrien, cos. III, 121-122 ар.
р. 278, п° 312. R. Van den Broek, T
XXIV), p. 105, 428, pl. VI, 3 ; M. Le
(79) F. Gury, A ion juvenile [n. 3],
(80) J. P. Martin, Hadrien et le P
W. Seston, Paris, 1974, p. 336-337 ;
romain, Rome, 1982, p. 278.
(81) Apulée, De Piatone et eius dog
(82) M. Le Glay [n. 3], n° 22.

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AIÕN, LE TEMPS ABSOLU 19

C'est encore Annus qu'il faut reconnaître sur une sé


une d'Hadrien, connue par trois exemplaires en m
Annus est assis, en majesté dans un cercle zodiacal
placées les quatre Saisons. Un bronze d'Antonin
inscription : quatre figures féminines ayant chacu
Saison, marchent dans le cercle zodiacal que tient
assesseur un enfant qui s'avance avec une corne d'ab
voisins, à l'effigie de Commode (85) dont l'un porte l
Publica. Après les Antonine, les Saisons sont de sex
porte un sceptre comme sur un bronze de Sévère
la légende Temporum Felicitas : l'empereur, couronné
est assis sur le globe étoilé ; il pose la main sur le
traversent les quatre Saisons tandis qu'à l'arrière-
l'Année, tenant un sceptre, touche aussi le cercle. L
illustre un bronze de Gordien III, insistant aussi
l'empereur capable d'assurer la prospérité et le bon
le renouvellement continuel des Saisons. On le retrouve sur une mon-
naie de Probus (277-282), frappée à Siscia (88) avec la légende Nouus
Annus et, un peu avant, sur une de Tacite (275-276), on lit Aeternitas ;
il n'y a pas lieu de rapprocher cette légende d'Aiôn qui, lui, n'a ni
commencement ni fin : elle évoque, chez cet empereur proche de la
tradition sénatoriale, l'éternité de Rome ; d'autre part, comme le précise
G. M. A. Hanfmann (89), «l'éternité devient alors une vertu de l'em-
pereur, si bien que les courtisans s'adressaient à lui en l'appelant tua
aeternitas ».

(83) F. Gnecchi, I medaglioni romani, Milan, 1912, III, 21, n° 105, pl. 147, 3, 4.
J. M. C. Toynbee, Roman Medallions, New York, 1944 ( Numismatic studies, n° 5),
p. 92 ; G. M. A. Hanfmann, Season Sarcoph. [n. 75], n° 79, p. 142.
(84) F. Gnecchi [n. 83], p. 15, n° 54, pl. 48, 9 ; G. M. A. Hanfmann, Season
Sarcoph. [n. 75], n° 80.
(85) F. Gnecchi [n. 83], p. 60, n° 75, pl. 48, 9 ; G. M. A. Hanfmann, Season
Sarcoph. [n. 75], n° 82 et 83.
(86) F. Gnecchi [n. 83], p. 85, n° 12, pl. 101, 10 ; G. M. A. Hanfmann, Season
Sarcoph. [n. 75], p. 437, fig. 142.
(87) F. Gnecchi [n. 83], p. 91, n° 38, pl. 105, 7 ; G. M. A. Hanfmann, Season
Sarcoph. [n. 75], n° 438, p. 173.
(88) RIC. V, II, p. 80, n° 598 ; G. M. A. Hanfmann, Season Sarcoph. [n. 75],
n° 440, p. 173.
(89) F. Gnecchi [n. 83], III, p. 66, n° 12, pl. 105, 72 ; G. M. A. Hanfmann, Season
Sarcoph. [n. 75], n° 439, p. 177.

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20 L. FOUCHER

Les monnaies ornées du ph


descendante directe du père
à une nouvelle période sothiaq
par J. P. Martin Í90) : «L'oc
nouvelle, dont le début avait coïncidé avec la mort de Faustine,
l'assurance que tout était préparé pour sa succession par l'intermédiaire
de sa fille, ont permis, une nouvelle fois, l'utilisation de l'oiseau fabu-
leux». A la même date, sont frappées à Alexandrie des monnaies où
le mot AIQN apparaît à côté du phénix tourné à droite, la tête entou-
rée d'un nimbe à sept rayons (91). Cette émission marque un événe-
ment important pour la vie égyptienne : la coïncidence entre le début
de la crue du Nil, le lever du soleil et le lever de l'étoile Sothis (Si-
rius), événement qui, selon les astronomes, ne se reproduit que tous
les 1461 ans. On peut s'interroger sur la nature et la signification du
phénix qui n'apparaît jamais en association avec Aiôn dans les textes
hermétiques. Comme il renaît, de ses cendres ou autrement, il impli-
que le changement, voire la résurrection, mais il est très vite sembla-
ble à lui même : pour les uns, au bout de 1461 ans, ou de 500 ans,
il renaît, adulte, de ses cendres, selon d'autres, après une très brève
incubation et une très brève croissance, il redevient semblable. Il indi-
que donc la perpétuité malgré le renouvellement, ce qui convient
parfaitement à l'idéologie et à la propagande politique impériale. Il
a été connu assez tôt à Rome, mais aucun texte latin ne l'associe à
Aiôn (92). En tout cas, cette monnaie, frappée à Alexandrie, ne prouve
pas qu'Aiôn était alors très connu à Rome où il n'a jamais eu de culte
public ou privé : sur des monnaies des cités grecques de même époque,
survivent de vieilles divinités locales inconnues à Rome ; comme le
note G. M. A. Hanfmann (93) : «exotic gods such as the Egyptian Aion,
the Mithraic Chronus, or the Iranian Zervan have no direct bearing
upon the significance of this allegory».
Je considère donc, comme G. Zuntz, qu'il ne faut pas confondre
Eniautos-Annus avec Aiôn (94) : le beau jeune homme des mosaïques
datées des ne et nie s. est Annus et ne saurait être identifié à Aiôn,

(90) J. P. Martin, Providentia [n. 80], p. 312-314.


(91) BMC , Alexandria, pl. XXVI, 1004 ; M. Le Glay [n. 3], p. 404, n° 23.
(92) Ovide, Amours II, 6, 54 ; Métamorphoses XV, 392-402 ; Pomponius Mela,
De Chor. III, 8, 83-84.
(93) G. M. A. Hanfmann, Season Sarcoph. [n. 75], p. 177.
(94) G. Zuntz, Aiôn [n. 1], p. 38-39.

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AIÔN, LE TEMPS ABSOLU 21

qu'il tienne le cercle zodiacal par où passent ou vont


que celles-ci soient figurées aux angles d'un pave
est occupé par le génie de l'Année, en buste (95), en
ment évoqué par une corbeille remplie de fleurs et
On ne doit pas se fonder sur des textes tardifs orig
orientale de l'Empire ou d'Egypte pour expliquer les
exécutés à Rome et dans les provinces occidental
et les Sévères. On doit se défier aussi des textes
auteurs, faisant flèche de tout bois, entassent pê
de toutes sortes et une armée de démons (98) pour sa
naïve, ignorante et bigarrée. Je ne crois pas, par ex
assimiler IAQ à Aiôn et appeler de ce nom le per
gravé sur la tablette d'or de Ciciliano ("), où on
AAQNAE1 , alors que, sur une deuotionis tabella d'H

(95) Comme sur une grande mosaïque d'El Jem : L. Fou


procession dionysiaque à El Jem , Paris, PUF, 1963, p. 36-
IX, X ; К. Dunbabin, The Mosaics of Roman North Africa , O
fig. 160. Ou encore, sur un pavement de Thougga, С. Poi
gréco-romaine, /, Paris, 1965, p. 229, fig. 25 ; D. Parrish, An
(96) Nombreux exemples: M. Le Glay [n. 3], n° 11-
[n. 63], n° 5-11 auquel il faut ajouter un pavement récemm
J. M. Rouquette, Mosaïque du génie de l'Année dans Revue
92. J. Lancha, Quelques mosaïques figurées découvertes en
International Colloquium on Ancient Mosaics , 1 , 1994 (JRA
Je ne reviendrai pas sur le jeune génie portant des ailes au
cosmologique de Merida où Ton a voulu voir Aiôn : A. Al
und Aphrodisia dans Madr. Beitr. 6, 1979 ; M. H. Quet, La
de Merida , Paris, 1981, p. 110-184 ; Aiôn, à propos d'un li
1981, p. 97-108. J'ai cherché à démontrer, Aiôn et Aeternitas
personnifiées ne peuvent être assimilées. Depuis, G. Zun
propose de lire, au lieu d'AET(ernitas), AET^as aurea). Dan
répondu à d'autres arguments qui m'avaient été opposés :
(Aiôn n'est pas personnifié au vie s. av. п. е.), Etymologie , p.
p. 138-139.
(97) Sur une mosaïque de la «maison aux colonnes rouges» ď Acho lia ornée des
bustes des quatre Saisons, le centre est occupé par une corbeille remplie de fleurs
et de fruits M. Yacoub, Le Musée du Bardo , Tunis, 1969, p. 115, inv. 2812.
(98) Sur les deuotionis tabellae d'Hadrumète, on peut citer : Alimbeou, Coloum-
beu, Petalimbeu, Legise, Adonai, Sôbaôth, Semisila, Soeches, Cuigen, Gensen, Perflen,
Diarunco, Reasta, Bescu, Berebescu, Arurara, Bazagra.
(99) D. Faccenna dans NotSc , 1948, p. 306, fig. 9 ; M. J. Vermaseren, A Magical
Time God dans Mithraic Studies , Manchester, 1975, p. 447 ; M. Le Glay, Aiôn , [n. 3],
n° 27.
(100) A. Audollent, Defixionum tabellae , Paris, 1906, n° 171. Pour démontrer
que laco est assimilé à Aiôn, on utilise un argument spécieux : tous les deux sont

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22 L. FOUCHER

pu déchiffrer : laco Aßacod


IoKov laco Асов Aßacod : on
au dieu d'Abraham, d'Isaac e
Nous sommes sur un terrai
est inscrit à côté de l'imag
mûr et barbu. On le trouve d
de Carie, sur la frise sculpt
C. Iulius Zoilos, affranchi d
vécu dans le sillage de César,
neté (l01), C. Iulius Zoilos ret
se, il joue un rôle politique
épigraphiques et littéraires. U
par une frise de 19,20 m de l
chacune. Sur cette frise, sont
environ, identifiés par une
face A, bien conservée, mont
par un hermès barbu : Zoilos
et Polis. Sur les trois autres
sur la face B, Aiôn sur la f
D. Quelques éléments, une Mn
sont difficiles à situer. Aiô
est donc peu plausible, com
la notion de Roma aeterna
avec les Ludi saeculares de 1
rattacher Aiôn à Mnémé et
souvenir de C. Iulius Zoilos
divers. Aiôn est un homm
abondantes, la tête voilée,
quarts, vêtu d'un long man
sa tempe : on a voulu y voir

appelés ô KÓpioç rfjç olKoofiéor/


A. Delatte, Ph. Derchain, Les int
n° 152. Mais, si l'on veut reconna
tombe dans l'absurde.
(101) Sur la carrière de C. Iulius Zoilos, voir R. R. R. Smith, Aphrodisias, I. The
Monument of С. Julius Zoilos, Mayence, 1993, p. 4-13.
(102) R. R. R. Smith [n. 101], p. 61.
(103) G. Zuntz, Aiôn [n. 1], p. 22. A. Alfoi.di, Aiôn, [n. 96], p. 15.

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AIÔN, LE TEMPS ABSOLU 23

de Panopolis (l04), bien que plus de quatre siècles sépa


du poète. Il est également imprudent d'affirmer q
tenait un rouleau où étaient écrits les secrets du futu
Après avoir étudié les traits du visage, R. R. R. Sm
titre (106) : «The head combines the sophisticated for
Hellenistic philosopher portraits with a few ideal
from the head type of the elder Olympians. The resu
«portrait» study of age, concern, thought of Pronoia
On a voulu donner le nom d'Aiôn à un person
phage (107) : une tête barbue et ailée de vieillard re
scènes diverses ; les Danaïdes, Oknos et l'ânesse et
une larua squelettique appuyée sur une torche ren
à reconnaître Némésis, Kairos, Hypnos, Thanatos
C'est en comparant ce décor de cuve avec le vase ap
qu'on a cherché à y déceler, comme dit M. Le Glay
sur le Temps fondées sur les plus anciennes croyan
goriciennes». Compte tenu de la nouvelle lecture du
il y a lieu de retirer ce sarcophage énigmatique, peut-ê
de la liste des représentations d'Aiôn. Je laisserai
magiques, intailles, amulettes ou autres (109) où, p
nous avons vues, on accumule les symboles et les
divinités, ici Aiôn et Serapis, et où les inscriptions on
une valeur apotropaïque ou bénéfique.
Une mosaïque d'Antioche (ио), datée du milieu du ше
sur la gauche d'un cadre rectangulaire, un personn

(104) Nonnos, Dionysiaca 41, 179.


(105) R. R. R. Smith [n. 101], p. 46 et dessin fig. 9.
(106) R. R. R. Smith [n. 101], p. 47 ; M. Le Glay, Aiôn [n. 3
«le vêtement asiatique accuse ici le rapprochement avec le Bel-K
le Saturnus africain d'une part et le Kronos-Saturnus couché d
(107) M. Guarducci, Documenti del I secolo nella necropol
Pont. Acc., 1956-1957, p. 126, fig. 12 ; С. Gasparri dans RendLi
pl. I-IV ; M. Lawrence, The Velletri Sarcophagus dans AJA 6
doute de son authenticité et semble le tenir pour moderne. M
n° 5, p. 400.
(108) Vide supra note 7.
(109) M. Le Glay, Aiôn [n. 3], n° 8, 8a, 9.
(110) Doro Levi, Antioche-on-the-Orontes III , 1941, p. 11-12, plan IV, p. 176-177,
n° 110-111, pl. 50-51 ; Aiôn dans Hesperia 13, 1944, 269-272. M. Le Glay, Aiôn [n. 3],
n° 2, p. 400. N. Belayche [n. 3], p. 12.

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24 L. FOUCHER

ne reste que la tête : sa mous


courtes ainsi que sa chevelur
une grande roue circulaire où
Doro Levi évoque, à ce prop
représenté dans la roue tou
ment circulaire, est l'ancêtre
jamais s'arrêter. L'inscripti
il tourne son regard vers la
couverte d'un tapis somptu
sonnages, les Xpóvoi, comm
c'est-à-dire, de gauche à dro
tient une coupe, 'Eveorύ,
prendre des grains d'encens
installé devant la table et enf
et qui vient de boire à une
et immuable, qui n'a ni com
tient, est nettement séparé d
en rapport avec la destinée
Belayche (ll2), «il exprime l
a une valeur en soi, qui ne co
une conception d'ensemble
deux systèmes monothéistes
J'ai cru pouvoir, mais ce n
d'Aiôn à un buste placé au c
de la fin du 111e s. : il s'agi
sur l'épaule duquel retombe
parcouru par une ride transv
à gauche vers le ciel. Comm
courte et une chevelure ab
feuilles allongées. Cet hexa
culaires meublés par les v
Diana-Artémis-Séléné, les d
certains textes égyptiens e
absolu. Autour, comme les C

(1 1 1) Jean de Gaza I, 137.


(112) N. Belayche [n. 3], p. 12-1
(113) L. Foucher, Découvertes ar
p. 25, pl. IX-X ; Annus et Aiôn
p. 400.

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AIÔN, LE TEMPS ABSOLU 25

aussi dans des médaillons circulaires, évoquent le


cette hypothèse est exacte, car la ressemblance av
ne constitue pas une certitude, il faudrait expliqu
nements la notion d'Aiôn aurait pénétré en Byzacèn
ges commerciaux, immigrations ? le problème reste
La mosaïque dAiôn de Shabba-Philippopolis (l15
de Damas avait été datée par J. Charbonneaux, du
PArabe (244-249), fondateur de Philippopolis, et m
la célébration fastueuse du millénaire de Rome en
paraissaient justifier ce rapprochement : Aiôn porte
impérial agrafé sur l'épaule et drapé sur les jamb
entourée par un diadème royal d'origine hellénist
empereurs du 111e s., les traits du visage offrent de
les effigies monétaires, en particulier la patte de ch
virgule. Cet ingénieux rapprochement est plutôt sub
ne sont pas déterminants. J. Balty a sans doute rais
cette date «prématurée pour ce type de tableau all
tion et de composition infinement complexes», et el
même de l'œuvre n'exclut pas, par ailleurs, une
111e s. ; aussi bien est-ce cette solution que je pr
qui représente l'ordre immuable des choses, est placé
une barbe courte et tient la roue du temps au m
il contemple, avec sérénité et bienveillance, toute
la destinée humaine suggérée par les autres perso
l'humanité apparaît avec le protoplastos que Prom
deler avec de l'argile ; au-dessus, l'âme humaine, P
par Hermès. Au centre la Terre, Gé, assise sur le sol
bien remplies des karpoi tandis qu'au-dessus les activ
symbolisées par Geòrgia et Triptolème conduisant
Au-dessus d'Aiôn, les Tropai ailées portent les at
et accusent, elles aussi, l'opposition entre l'immutab
et les changements, lot de l'espèce mortelle. Le m

(114) Une épitaphe en grec, trouvée à Sousse (ancienne Had


jeune femme venue de Smyrně. L. Foucher, Hadrumetum , Pa
(115) E. Will, Une nouvelle mosaïque de Chabba- Philippo
Syrie 3, 1953, p. 27-48, fig. 2-2 ; A. J. Festugière, La mo
et les sarcophages au Prométhée dans Revue des Arts. Mu
p. 195-202 et fig. 1 ; J. Charbonneaux, Aiôn et Philippe l
1960, p. 253-272. M. Le Glay, Aiôn [n. 3], n° 3. J. Balty,
Orient I dans ANRW. ; II, 12, 2, p. 425.

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26 L. FOUCHER

ficatif : il est employé pour


à basse époque, toute sortes
pas les suivantes d'Aiôn, co
diquent les divisions : elles
par opposition au temps ab
vités humaines dont elles r
néo-Pythagoriciens, elles son
les changements, il faut en
humaines, comme le fait N
il imite Homère et présente
cos (ll8): «Je compare les g
feuilles... Ainsi les générati
l'une est domptée par la mo
après elle, une autre fleurit p
Influencé par son modèle q
lorsqu'il parle du temps qui s
blancs, ce qu'il ne fait jama
tableau appartient aussi au
tomber de la pluie sur la te
à gauche Notos et Euros, à d
mieux mieux. Les Vents on
conception tardive, les quatre
qué pour Zeus (12°). Nonnos

(116) Ovide, Mét. XV, 199-200 : Qu


Aspicis, aetatis peragentem imitam
G. M. A. Hanfmann, Season Sarco
of Aion with the Seasons is less sec
Aiôn as the force that produces th
de Smyrně X, 343, zérpaai yàp ju
faire allusion aux quatre âges de la
(117) Nonnos de Panopolis, Dion
(118) C'est P. Chuvin, dans son
«les vers 248-256 sont une amplifi
(119) Ainsi il emploie l'épithète na
et Hésiode. De toutes façons, on n
a un aspect exceptionnel, pour just
des Saisons sur des mosaïques créée
(120) Quintus de Smyrně 12, 18
(121) Nonnos de Panopolis 36, 422, tandis quen 11, 422, le char est attnbue a
Chronos ; voir F. Vian, dans l'édition de Nonnos, tome I, p. 182, qui ajoute : «Le char
d'Aiôn ou de Chronos paraît être d'origine orphique : cf. M. Mayer dans Roscher,
Myth. lex. s. v. Kronos , 1496-1998».

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AIÔN, LE TEMPS ABSOLU 27

mène le char de la sixième année en faisant rouler le tourbillon du


temps à la marche quadruple».
On trouve également Aiôn, identifié par une inscription, sur une
grande mosaïque décorant l'intérieur d'un U de triclinium, découverte
en 1983, à Nea Paphos par W. A. Daszewski (l22). Pour en parler
valablement, il faudra attendre la fin de la fouille et la publication
définitive de l'inventeur, en particulier ses vues sur les aspects philo-
sophiques : néoplatonisme, orphisme, conflit de l'âme et de la matière,
éventuellement le rôle de Julien l'Apostat dans le maintien de la culture
et de la religion païennes (l23). Au milieu, un grand panneau oblong
présente un concours de beauté remporté par Cassiopèe sur les Né-
réides ; au-dessus, deux tableaux : les amours de Zeus et de Lèda en
présence de Lacédémone et de l'Eurotas, l'enfance de Dionysos trans-
porté par Hermès auprès des Nymphes de Nysa. Au-dessous, un triom-
phe de Dionysos et le châtiment de Marsyas par Apollon. Aiôn apparaît
au centre, séparant le groupe des Néréides et monstres marins vaincus,
à droite, et Cassiopèe couronnée par Crisis habillée en Victoire, qui,
selon les commentateurs, symboliserait l'âme humaine, quand, libérée
de la matière, elle peut atteindre l'immortalité. Les dieux, qui désignent
l'élue, apparaissent en buste à la partie supérieure : peut-être Séléné,
Hélios à gauche, Zeus et Athéna à droite.
La tête d'Aiôn est placée à la même hauteur que les bustes des dieux
et, comme Zeus, elle est couronnée d'or et nimbée ; il porte la barbe
et la chevelure grisonnantes et même à moitié blanche d'un adulte
vieillissant. Son regard bienveillant, et sa main droite, sont dirigés vers
Cassiopèe victorieuse tandis que sa main gauche élève un sceptre d'or.
W. A. Daszewski a parfaitement défini le rôle d'Aiôn, qu'il dévelop-
pera plus longuement : «c'est dans le sens d'une hypostase divine, carac-
térisée par son immutabilité et donc, impartialité, qu'il figure sur la

(122) W. A. Daszewski, Dionysos der Erlöser. Griechische Mythen im spätantiken


Cypern, Mayence, 1985 ( Trierer Beiträge zur Altertumskunde, 2). J. P. Darmon, er
dans Bull. AIEMA 11, 1986, p. 378-380. A. Sadurska dans Archeologia, Varsovie,
1986 (1987), p. 212 ; W. A. Daszewski, Cassiopeia in Paphos : a Levantine Going
West dans Acts of the Intern. Archaeol. Symp. «Cyprus between the Orient and the
Occident, Nicosia, 1985, 1986, p. 457. J. Balty, Iconographie et réaction païenne dans
Mélanges P. Lévêque. I. Religion, Besançon-Paris, 1988, p. 17-32. M. Olszewski,
L'allégorie, les mystères dionysiaques et la mosaïque de la maison d'Aiôn de Nea-
Paphos à Chypre dans Bull. AIEMA 13, 1990-1991, p. 444-461. Comme l'indiquent
les mises au point Bull. AIEMA 14, 1993, p. 259 et 260, il faudra attendre l'achèvement
des fouilles et la publication définitive par W. A. Daszewski.
(123) W. A. Daszewski, Mises au point dans Bull, de l'AlEMA 14, 1993, p. 259.

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mosaïque de Paphos. Il repré


humaine - représentée pa
étapes pour se libérer des l
symbolisent les forces sauv
que dionysiaque triomphera
sur les Néréides, on consult
Nonnos, lorsqu'il parle de C
nelle.
L'édition et la traduction d
dans la collection Guillaum
par F. Vian et son équipe (l
la compréhension des œuvr
précautions : la date de l'œu
et 470, plutôt vers la fin d
que «les bases de cette chron
la variété et a beaucoup im
limaque et même à Claudien
des dissonances, des anoma
certaine fidélité aux tradition
intérêt parfois excessif pour
mythologiques, il pense sou
nom (127). D'autre part, qu
à Alexandrie, il semble assez
les textes hermétiques et mag

(124) W. A. Daszewski, Dionysos


(125) J. Ch. Balty, Une version
Mythologie gréco-romaine, Myth
inter, du CNRS, Paris, 1981), p. 95
sous la cathédrale d'Apamée : l'en
Textes et Images. Actes du colloqu
1984, p. 167.
(126) J. Chrétien (f), P. Chuvin, B. Gerlaud, J. Gerleau (f), N. Hopkinson, F. Vian.
Les notices qui précèdent chaque chant, les notes complémentaires qui les suivent
allient la clarté à une très riche érudition. Des indices parfaitement conçus facilitent
la tâche du lecteur. On consultera avec profit P. Chuvin, Chronique des derniers
païens, La disparition du paganisme dans l'Empire romain du règne de Constantin
à celui de Justinien, Paris, 1990 ; et Id., Mythologie et géographie dionysiaque.
Recherches sur l'œuvre de Nonnos de Panopolis, Clermont-Ferrand, 1991.
(127) Ainsi Cassiopèe, qui, chez Nonnos, est vaincue au concours de beauté, est
figurée, comme chez Aratos, dans le ciel, assise, les bras en croix et la tête en bas
«comme un plongeur» en châtiment de son impiété : XXV, 134-137, XXXIII, 296,
cf. tome IX, p. 247.

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AIÔN, LE TEMPS ABSOLU 29

Aiôn intervient neuf fois dans les Dionysiaques


vin (l28), qui ajoute : «il n'est pas toujours facile de
parle du dieu ou simplement du temps». Il représ
muable lorsqu'il joue un rôle en faveur de l'huma
Dionysos ou lors de la création des villes de Tyr et
immutabilité implique son impartialité. Zeus l'écou
lui révèle ses décrets suprêmes, l'appelle «Père, berge
rissables», donc dieu du Temps absolu qui se renouv
(VII, 72-73). Il est considéré comme le principe de
«l'âme du monde» (l29), comme «l'accoucheur du Mond
universel» (VI, 371). Il se place juste au-dessous
menace celui-ci d'abandonner son rôle de timonier
de la vie toujours renouvelée» (l30). P. Chuvin (131
l'opinion courante qui donne le nom d'Aiôn au jeun
des Saisons et aux figures mithriaques, commente
formes changeantes qui tient la clef des générati
rapprochant des figures mithriaques et orphiques ent
et tenant une clef. Je ne crois pas que l'emploi du mo
à justifier ce rapprochement, d'autant plus que P.
naît lui-même que Nonnos n'a pas adopté ce type
d'anneaux de reptile. La succession des génération
noiKÛôfioptpoç et n'est sûrement pas une allusion au
génie accompagné des Saisons. De même, l'express
XXXVI, 422, «Aiôn faisant rouler l'orbe du temp
ne me semble pas se rapporter aux Saisons, mais
âges de la vie. J'ajouterai que la série d'images où je v

(128) P. Chuvin, Nonnos III [n. 10], p. 67-71 ; 172-174.


(129) F. Vian, Préludes cosmiques dans les Dionysiaques de
(conférence faite à Florence et à Pise en mai 1992) cité par
[n. 10], p. 70.
(130) «Je dis adieu à la vie trop brève des mortels, de leur destinee je refuse le
céleste gouvernail, jamais plus je ne tiendrai les écoutes du monde. Qu'un autre des
bienheureux, plus puissant que moi, reçoive la barre de la vie toujours renouvelée ;
qu'un autre régisse le cours des années dont j'avais la charge» : VII, 35-39 traduction
P. Chuvin. On remarquera les termes de marine : oïijkoç , le gouvernail (on sait que
sur les bateaux antiques il y a deux timons de gouvernail) ; ovkézi kóg/iov пйаца
Kvßßpvrfoo) : Je ne dirigerai plus la manœuvre qui consiste à frapper les amarres du
vaisseau cosmique ; nrjôákiov : il s'agit de la pelle du gouvernail, celle qui plonge dans
l'eau par opposition à la mèche, le manche sur lequel sont articulées des manettes
{oïaÇ). Ajouter maintenant Nonnos V, Paris, 1995, p. 51-52.
(131) P. Chuvin, Nonnos III [n. 10], p. 68.
(132) P. Chuvin, Nonnos III [n. 10], p. 172.

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30 L. FOUCHER

Annus ne se rencontrent qu
siècles plus tôt : Nonnos n'a p
du Génie de l'Année, dont le
le nom de Lycobas (133) et d
que (l34).
Vers la fin du vie s., on construisit à Gaza des thermes d'hiver dont
la coupole fut décorée par des figures qui représentaient une tabula
mundi et pouvait avoir quelque ressemblance avec la mosaïque cosmo-
logique de Mérida, mais adaptée aux croyances de l'époque. Un étu-
diant de la célèbre école de rhétorique de Gaza eut à composer, en
quelque sorte comme examen de fin d'études, une description de cette
œuvre (l35). Les tentatives pour reconstituer ce document ont abouti
à des solutions différentes (l36). Aiôn y est décrit comme un homme
dans la force de l'âge, âng>i0aXrjç, portant un vêtement de couleur pour-
pre qui laisse nu le buste et recouvre le bas du corps jusqu'aux pieds ;
il est considéré comme «le semeur des années tourbillonnantes», comme
«un père primordial» qui préserve, «dans un cours harmonieux, silen-
cieux, et cependant transcendental la vie et la durée du monde».
Je constate donc que les textes et les documents mentionnant la
nom d'Aiôn viennent tous de la partie orientale de l'Empire, que ce
dieu reste une entité personnifiée qui paraît ne jamais avoir fait l'objet
d'un culte et que je crois avoir été pratiquement inconnu à Rome et
en Occident. J'admets que la notion d'Aiôn a dû évoluer pendant plus
de six siècles ; peut-être tend-il vers une «sublimation» comme le dit
N. Belayche ; mais je continue à affirmer que, sur les œuvres d'art,
seul le personnage barbu et chenu identifié par une inscription doit
être considéré comme Aiôn.

Louis Foucher.

(133) Nonnos DE PANOPOLIS VII, 16 ; XI, 486 ; XII, 19, 65 ; XL, 372.
(134) P. Chuvin, Nonnos III [n. 10], p. 36-37.
(135) P. Friedländer, Johannes von Gaza und Paulus Silentiarius, Kunstbeschr
bung Justinianischer Zeit, Berlin-Leipzig, 1912 ; G. Krahmer, De Tabula mundi
Joanne Gazaco descripta, Dissert. Halle, 1920, p. 1-64.
(136) Voir M. H. Quet, La mosaïque cosmologique de Mérida, Paris, 1981, p. 2
et pl. IX.

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