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Aiôn, le Temps absolu
Peu avant sa mort, G. Zuntz avait publié une petite brochure (!)
dans laquelle il défendait, à propos d'Aiôn, un point de vue proche
de celui que j'avais essayé de développer dans plusieurs articles (2).
Parmi les documents figurés auxquels on a donné le nom d'Aiôn, le
savant professeur d'Heidelberg distingue ceux qu'il considère comme
valables et ceux qui, selon lui, ont été abusivement identifiés comme
tels. Les historiens, en effet, ont pris l'habitude de reconnaître l'image
d'Aiôn sur une foule de documents que le regretté M. Le Glay, avec
sa compétence et son souci de précision habituels, a recensés dans un
catalogue comportant 58 numéros (3). Il résume parfaitement l'ensem-
ble des opinions en distinguant un Aiôn âgé et barbu, un Aiôn jeune,
imberbe, parfois ailé, figuré avec le cercle zodiacal et les Saisons,
«symbole du renouvellement perpétuel du Temps et de l'Univers avec le
retour attendu de l'âge d'or», enfin l'Aiôn mithriaque, parfois léonto-
céphale. Le problème est en effet très complexe et très discuté car il
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6 L. FOUCHER
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AIÔN, LE TEMPS ABSOLU 7
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8 L. FOUCHER
à la Lune de croître et de d
d'où des confusions, sinon d
ainsi (I7) : «Aux 111e et IV
des païens pouvait être au
dessus du monde, ou le So
la dignité d'«Allgott», ou
Dieu suprême». Au milieu
Aiôn est toujours immuab
se fonder pour lier le ren
il s'agit d'un papyrus ma
appelé ò narfjp zoo nalivy
tout le reste : il intervertit
père à un dieu «né de lui-
ce mot, cependant, n'impl
peut se fonder sur ce seul
et Eniautos.
Aiôn a-t-il pénétré à Rome et dans les provinces occidentales ? Je
ne le crois pas et j'ai cherché à démontrer qu'il y était pratiquement
inconnu. On ne peut se fonder sur l'inscription d'Eleusis : qu'un certain
Quintus Pompeius, pérégrin ayant récemment bénéficié de la citoyen-
neté romaine, originaire de la partie orientale, fidèle des mystères
d'Eleusis, ait honoré, à titre privé, son dieu Aiôn et sculpté sa statue
«pour la domination de Rome et la permanence des mystères», ne
prouve absolument pas que ce dieu était connu à Rome ; on pourrait
citer d'autres inscriptions célébrant une divinité parfaitement inconnue
des Romains et invoquée, par flagornerie, pour la domination éter-
nelle de YVrbs, ou, plus tard, pro salute imperatori (19). D'après un
texte, très tardif, de Jean Lydus (20), l'augure M. Messala, qui fut consul
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AIÔN, LE TEMPS ABSOLU 9
lorsqu'il voit, dans Janus la force qui maintient ensemble l'Univers, mais il ne fai
aucune allusion à Aiôn... nam tibi par nullum Graecia numen habet (F. I, 90).
(21) Macrobe, Saturnales I, 9, И.
(22) N'est-il pas étonnant, par exemple, qu'en racontant la naissance d'Aphrodit
Jean Lydus écrive... ànò zœv Kpóvov ¡irjôéœv, tovtéotiv aitò rov Aîœvoç ? De Men
iv, 61 II n'en est pas à une confusion près !
(23) Apulée, De Platone et eius dogmate 201 ; Platon, Timée 37 d 5.
(24) Dans ses opuscules philosophiques, Apulée n'emploie aeternitas qu'une seule
fois et comme nom commun avec son sens habituel en latin classique ( De Mundo
337). En revanche, dans YAsclepius qui date du IVe s. et est la traduction d'un ouvrag
grec antérieur de deux siècles, Aiôn est traduit par aeternitas ; A. J. Festugière a
remarqué ( RHlï [n. 9], p. 166, n. 1) qu'il n'est pas facile d'identifier le mot grec tradui
par le texte latin : et, comme aïcov est lui-même amphibologique, on a affaire à un
double ambiguïté : l'original était-il aiœv et alors dans quel sens ? ou âOavaoía, aiôóxrjç
ôia/uovrj ? D'ailleurs aeuum paraît tombé en désuétude.
(25) Apulée, De deo Socratis 138 ; De Platone 248, De Mundo 290, 360. Tertul-
lien, Apol. VIII, 4 : J. P. Waltzing, Commentaire..., Aeuitas : De Platone 206. Paris
1931, p. 66.
(26) Censorinus, De die natali 16, 3; 16, 6 ; 41, 15; 42, 5; G. Freyburger,
Censorinus auteur du de die natali dans REL 70, 1992, p. 215-227.
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10 L. FOUCHER
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AIÔN, LE TEMPS ABSOLU 1 1
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AIÔN, LE TEMPS ABSOLU 13
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AIÔN, LE TEMPS ABSOLU 1 5
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AIÔN, LE TEMPS ABSOLU 1 7
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18 L. FOUCHER
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AIÕN, LE TEMPS ABSOLU 19
(83) F. Gnecchi, I medaglioni romani, Milan, 1912, III, 21, n° 105, pl. 147, 3, 4.
J. M. C. Toynbee, Roman Medallions, New York, 1944 ( Numismatic studies, n° 5),
p. 92 ; G. M. A. Hanfmann, Season Sarcoph. [n. 75], n° 79, p. 142.
(84) F. Gnecchi [n. 83], p. 15, n° 54, pl. 48, 9 ; G. M. A. Hanfmann, Season
Sarcoph. [n. 75], n° 80.
(85) F. Gnecchi [n. 83], p. 60, n° 75, pl. 48, 9 ; G. M. A. Hanfmann, Season
Sarcoph. [n. 75], n° 82 et 83.
(86) F. Gnecchi [n. 83], p. 85, n° 12, pl. 101, 10 ; G. M. A. Hanfmann, Season
Sarcoph. [n. 75], p. 437, fig. 142.
(87) F. Gnecchi [n. 83], p. 91, n° 38, pl. 105, 7 ; G. M. A. Hanfmann, Season
Sarcoph. [n. 75], n° 438, p. 173.
(88) RIC. V, II, p. 80, n° 598 ; G. M. A. Hanfmann, Season Sarcoph. [n. 75],
n° 440, p. 173.
(89) F. Gnecchi [n. 83], III, p. 66, n° 12, pl. 105, 72 ; G. M. A. Hanfmann, Season
Sarcoph. [n. 75], n° 439, p. 177.
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20 L. FOUCHER
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AIÔN, LE TEMPS ABSOLU 21
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22 L. FOUCHER
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AIÔN, LE TEMPS ABSOLU 23
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24 L. FOUCHER
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AIÔN, LE TEMPS ABSOLU 25
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26 L. FOUCHER
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AIÔN, LE TEMPS ABSOLU 27
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28 L. FOUCHER
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AIÔN, LE TEMPS ABSOLU 29
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30 L. FOUCHER
Annus ne se rencontrent qu
siècles plus tôt : Nonnos n'a p
du Génie de l'Année, dont le
le nom de Lycobas (133) et d
que (l34).
Vers la fin du vie s., on construisit à Gaza des thermes d'hiver dont
la coupole fut décorée par des figures qui représentaient une tabula
mundi et pouvait avoir quelque ressemblance avec la mosaïque cosmo-
logique de Mérida, mais adaptée aux croyances de l'époque. Un étu-
diant de la célèbre école de rhétorique de Gaza eut à composer, en
quelque sorte comme examen de fin d'études, une description de cette
œuvre (l35). Les tentatives pour reconstituer ce document ont abouti
à des solutions différentes (l36). Aiôn y est décrit comme un homme
dans la force de l'âge, âng>i0aXrjç, portant un vêtement de couleur pour-
pre qui laisse nu le buste et recouvre le bas du corps jusqu'aux pieds ;
il est considéré comme «le semeur des années tourbillonnantes», comme
«un père primordial» qui préserve, «dans un cours harmonieux, silen-
cieux, et cependant transcendental la vie et la durée du monde».
Je constate donc que les textes et les documents mentionnant la
nom d'Aiôn viennent tous de la partie orientale de l'Empire, que ce
dieu reste une entité personnifiée qui paraît ne jamais avoir fait l'objet
d'un culte et que je crois avoir été pratiquement inconnu à Rome et
en Occident. J'admets que la notion d'Aiôn a dû évoluer pendant plus
de six siècles ; peut-être tend-il vers une «sublimation» comme le dit
N. Belayche ; mais je continue à affirmer que, sur les œuvres d'art,
seul le personnage barbu et chenu identifié par une inscription doit
être considéré comme Aiôn.
Louis Foucher.
(133) Nonnos DE PANOPOLIS VII, 16 ; XI, 486 ; XII, 19, 65 ; XL, 372.
(134) P. Chuvin, Nonnos III [n. 10], p. 36-37.
(135) P. Friedländer, Johannes von Gaza und Paulus Silentiarius, Kunstbeschr
bung Justinianischer Zeit, Berlin-Leipzig, 1912 ; G. Krahmer, De Tabula mundi
Joanne Gazaco descripta, Dissert. Halle, 1920, p. 1-64.
(136) Voir M. H. Quet, La mosaïque cosmologique de Mérida, Paris, 1981, p. 2
et pl. IX.
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