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par
Guillaume LÉTOURNEAU
Département de philosophie
Programme: Philosophie
Travail présenté à
Le 13 avril 2021
Avant de parler de la certitude qu’est « Je suis, j’existe » pour Descartes, je crois qu’il s’impose
d’examiner la première méditation afin de comprendre son cheminement. De façon très distincte
des autres méditations, elle décrit l’effort de Descartes dans sa remise en question des images
provenant de ses sens ainsi que des notions de bon sens. Ayant pour objectif de construire un
corps de vérité indubitable, il doit faire recours au doute comme outil pour déterminer si les
Les premières croyances à être éliminées sont celles qui dépendent des sens. Entre autres, tout ce
qui tient de la vue et du toucher, incluant la croyance de l’existence de son propre corps.
Pourquoi ne pouvons-nous pas être certains de cette existence? Car le point peut-être soulevé que
nos rêves peuvent être suivis avec la même confiance, le menant à la conclusion qu’il est
impossible de distinguer la différence entre une fausse et une véritable perception sensorielle. Il
Selon lui, même dans les rêves, il est impossible de nier la première définition qu’il fait du terme
idée. Ce qu’il tente de réfuter est en fait la vérité des idées et par le fait même, ce qu’il appelle la
« réalité objective ». En d’autres mots, est-il concevable de penser sans aucun doute qu’une idée
découlant des sens représente une réalité véritable (« réalité objective »)? Cette logique lui
permet d’avancer sa deuxième conclusion de cette première méditation en disant qu’il nous est
impossible de savoir réelle et sans équivoque l’idée reçue par le biais des sens. Il compare ces
images-sens aux idées que l’on perçoit dans les rêves ou les fantasmes, nous assurant que dans
les deux cas, il nous est possible de se tromper sur les sons et les images (ex. : illusions).
Malgré tout, il existe pour Descartes une autre catégorie d’idées qu’il considère acquises de
façon innée. Ces idées constituent pour lui le domaine des mathématiques. Deux plus deux
égalent quatre de façon constante dans la réalité ou dans les rêves. Pourquoi? Car une équation
mathématique n’a pas besoin de référent dans le monde sensible pour se faire. Nous pourrions
donc penser, selon lui, que les nombres sont réellement autre chose qu’un simple mode de
pensée et qu’ils possèdent une « réalité objective ». Néanmoins, les gens peuvent faire des
erreurs concernant les mathématiques telles qu’ils peuvent en faire concernant les sons et les
vraisemblablement analogue à celle accordée aux images-sens, ce qui amène Descartes à faire sa
deuxième proposition de cette première méditation. Imaginons que les mathématiques ne sont en
fait qu’une illusion imposée aux gens par l’intermédiaire d’un démon malveillant ayant accès
aux esprits de la masse. Contrairement à la supposition qu’un corps divin comme Dieu soutient
la pensée, l’hypothèse du malin génie (démon malveillant) qui fausse les croyances ordinaires est
Sans avoir réellement fait de progrès concernant la connaissance véritable, Descartes termine sa
première méditation en possession d’un doute méthodique et rationnel. Il fournit une multitude
de raisons solides relatives à ses doutes au sein de chaque étape de son argumentation. Le doute
affirme selon lui qu’il nous est impossible de savoir quoi que ce soit avec certitude et prépare le
Descartes. Dans celle-ci, il tente de découvrir une base de certitude indubitable et que le doute ne
c) Les idées innées comme les mathématiques peuvent être falsifiés par l’idée du malin
génie.
L’admission a) est comme il a été démontré plus haut basé sur le fait que les sens ne sont pas
dignes de confiance. L’admission b) provient de la conclusion que l’imagination ne peut pas être
évoquée non plus comme guide dans la recherche de l’essence humaine. Comme nous l’avons vu
avec l’exemple des rêves, nous pouvons tout simplement imaginer toute sorte de choses qui ne
sont pas réelles. Il nous reste donc à comprendre la dernière étape de son argumentation à la fin
de sa première méditation ainsi qu’au début de la deuxième : l’hyperbole du malin génie (démon
malveillant).
Admettons à partir d’ici que toutes nos idées sont alors des hallucinations et qu’elles sont
causées par un malin génie ou une puissance surnaturelle. Il serait facile pour une entité toute
puissante de nous faire croire que nous sommes en plein milieu d’une action quelconque, même
si ce n’est pas vraiment le cas. Si cette expérience sensorielle que l’on vit présentement est
causée par ce malin génie, nous est-il possible de dire que nous savons ce que nous faisons à
l’instant? La simple possibilité de poser l’existence d’un tel démon suffit à Descartes pour
écarter pour de bon toute connaissance. En d’autres mots, il propose que nous ne puissions pas
être certains de toute connaissance qui a la possibilité d’être fausse. Si nous admettons alors la
possibilité qu’il existe une telle puissance et que nous sommes trompés par celle-ci, alors toute
connaissance que nous avons est fausse. Tout postulat qui peut être faussé par une telle exitance
l’abri du doute. Une connaissance véritable ne peut provenir des sens (a), de l’imagination (b) et
doit être affirmée considérant l’existence d’un malin génie (c). La conclusion à laquelle il en
« Je suis, j’existe, est nécessairement vraie, toute les fois que je la prononce, ou que je la conçois
Pour la première fois, Descartes respecte les critères qu’il a mis en place. La conclusion de sa
propre existence échappe à l’existence d’un malin génie, puisque même dans une situation ou
« je » se trouve trompé, il existe une nécessité d’exister pour que « je » sois trompé. Autrement
dit, si « je » n’existe pas, comment pourrais-je être trompé? Ici, la déception elle-même n’a plus
d’importance pour lui. L’important est que pour tromper, le malin génie requiert un sujet. Ce
sujet ici étant le « je » ou dans le texte « Descartes ». La tromperie doit nécessairement s’arrêter
à la certitude de l’existence de la personne qui est trompée. « Je » est une existence qui précède
peu trompé sur l’objet de la pensée, mais, pas sur le fait que « je » pense.
Il présente un jugement qui s’autovalide. L’idée du « soi-même » est un cas unique permettant
aux gens de rencontrer leur existence pondérée dans l’idée elle-même. Mais est-ce que cette idée
Contrairement aux autres idées mentionnées plus haut, le « soi-même » s’ouvre à l’évaluation
par nul autre concept que celui du « soi », ce qui permet à l’idée et l’existence qu’elle dépeint
d’être présentes chaque fois qu’on l’intellige. Pour emprunter l’expression de Descartes, dans un
acte rudimentaire « d’inspection de l’esprit » ( Descartes, René, 2011 p.87 ), on sait qu’on existe.
L’acte de douter l’a donc amené ici à sa première certitude métaphysique : « Je pense, j’existe ».
pour en venir à sa première certitude métaphysique. Une fois le travail de fond de la méditation
première présentée, il nous a été possible de mieux comprendre ce qu’il écarte de son
l’argument du malin génie qui devient le dernier critère d’une certitude indubitable et qui le
Descartes, René, Méditations métaphysiques, éd. par J.-M. et M. Beyssade, Paris, Flammarion, 2011.