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DIEU ME PARDONNE CʹEST SON MÉTIER…

Bolivie : « Comment nous avons remis Barbie à la France »

24 OCT

Voici un article du Monde diplomatique qui raconte au moment du procès Barbie comment se comporta
en Bolivie le tortionnaire de Jean Moulin, il y demeura un nazi anticommuniste servant la dictature à la
tête d’un commando de SS qu’il avait recréé. Il faut bien voir que les dictatures sud-américaine
bénéficièrent de ces cadres anticommunistes que les Etats-Unis avaient sauvé du châtiment pour en faire
les agents de leur domination en Amérique latine. Tous les dictateurs bénéficièrent de ces gens-là et
Pinochet, les autres ordures du plan Condor surent s’appuyer sur eux et aussi certains Français ayant
travaillé en Algérie pour terroriser leurs peuples. Si nous avons quelques illusions sur la démocratie que
promet à Cuba, au Venezuela, au Nicaragua, en Bolivie et ailleurs ces gens-là, en Amérique latine ils n’ont
pas la vision « démocratique » de la « responsable du secteur international » du PCF qui de fait s’affirme le
soutien de ces gens là (note de Danielle Bleitrach).

À l’heure où s’ouvre a Lyon le procès de Klaus Barbie, paraît un livre intitulé : « Comment j’ai piégé
Barbie » (1 (hEps://www.monde-diplomatique.fr/1987/05/A/40050#nb1)). Son auteur, Gustavo Sanchez
Salazar, est l’homme qui captura l’officier nazi en Bolivie et le remit au gouvernement français.

Ancien vice-ministre de l’intérieur bolivien, il retrace dans son livre l’activité politique de Barbie en Bolivie

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depuis que le tortionnaire SS s’y installa en 1951 sous le faux nom de Klaus Altmann. Il raconte, en
particulier, comment Barbie créa en 1964 le commando paramilitaire « les Fiancés de la mort » composé de
quelques anciens nazis comme Joachim Fiebelkorn, Herbert Köplin, Hans Juergen, Manfred Külmann et
d’un Français, vétéran de la guerre d’Algérie, Maurice Leclerc. Ce groupe était au service des dictateurs
boliviens. Au point que l’un de ceux-ci, le général Garcia Meza, en viendra à nommer Klaus Barbie
« colonel honoraire de l’armée bolivienne »…

Gustavo Sanchez Salazar a raconté, dans un entretien, dans quelles circonstances il remit Barbie à la
France.

(hEps://www.monde-diplomatique.fr/1987/05/A/40050#partage)

« Comment nous avons remis Barbie à la France »


↑ (hEps://www.monde-diplomatique.fr/1987/05/A/40050#tout-en-haut) (hEps://www.monde-
diplomatique.fr/1987/05/A/40050#partage)

Au début, Barbie n’était pour nous qu’un Allemand d’origine douteuse qui collaborait avec les
gouvernements les plus réactionnaires de mon pays, en particulier en matière de répression et dans
l’organisation de groupes paramilitaires. Ensuite, lorsque Serge et Beate Klarsfeld déterminèrent avec
précision que ce conseiller des dictateurs Barrientos et Banzer n’était autre que Klaus Barbie « le boucher
de Lyon » et qu’il avait été condamné à mort deux fois en France, par coutumace, pour ses crimes atroces
durant la guerre, nous décidâmes de le démasquer, de nous emparer de lui et de faire justice.

La France avait sollicité formellement son extradition : le président Pompidou avait personnellement écrit
au général Banzer qui s’était résigné à faire arrêter Barbie. En prison, il vivait comme un prince, il y
recevait ses amis et commandait dans les meilleurs restaurants des repas somptueux. La Cour suprême
finit pas décréter sa mise en liberté et refusa de l’extrader.

C’est alors que Serge Klarsfeld comprit qu’on ne parviendrait à rien par la voie légale et il commença à
imaginer un enlèvement semblable à celui d’Eichmann en Argentine. L’idée, bien entendu, n’était pas de le
tuer ni de le maltraiter, mais simplement de le traduire devant un tribunal.

En 1972, Serge Klarsfeld prit contact avec Régis Debray. Celui-ci pensait que je devais m’occuper de
l’opération à partir du Chili où j’étais alors en exil. Je suis allé à Paris le 20 octobre 1972. Nous avons mis au
point le plan, réuni les fonds nécessaires et, en décembre 1972, nous nous sommes retrouvés à Santiago-
du-Chili.

Régis prit contact avec certains de ses amis qui faisaient partie du gouvernement de Salvador Allende et
qui acceptèrent de faciliter l’acheminement de Barbie vers l’Europe. Nous pensions le séquestrer en février,
pendant les fêtes du carnaval en Bolivie, le faire sortir du pays par le col du Desaguadero où confluent les
frontières de Bolivie, du Chili et du Pérou. Mais des difficultés surgirent qui nous obligèrent à retarder
l’action : le renversement de Salvador Allende nous empêcha définitivement de meEre à exécution notre
plan.

Dix ans plus tard, une fois la démocratie rétablie en Bolivie, le président Siles Suazo me nomma vice-
ministre de l’intérieur. Je fis arrêter Barbie. Je savais que je ne pouvais le garder longtemps prisonnier ; que
ses amis de l’Internationale noire obtiendraient sa libération et le feraient à nouveau disparaître. Le
président Siles informa le gouvernement d’Allemagne fédérale qu’il s’apprêtait à expulser Barbie. Les
Allemands réagirent très mollement. Je pense qu’ils n’en voulaient pas.

J’ai alors appelé mon ami Régis Debray qui était conseiller du président MiEerrand. Je lui dis que nous

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avions arrêté Barbie et qu’il nous fallait l’expulser au plus vite sinon il nous échapperait encore une fois. Il
me demanda un délai de quelques heures, le temps de consulter François MiEerrand. C’était normal, mais
je lui dis que s’il y avait des problèmes je convoquerais le jour même une conférence de presse pour
annoncer publiquement que ni la France ni l’Allemagne ne voulaient se charger du criminel de guerre
Barbie.

Une heure après, Régis me rappela pour me dire que le gouvernement français était d’accord. Que le
président MiEerrand allait envoyer le soir même son avion présidentiel à Cayenne, en Guyane, où nous
remeErions à l’équipage le « paquet ». Ce que nous avons fait.

J’aimerais que le procès qui s’ouvre en France meEe en relief quelque chose d’essentiel : que Barbie
continua de se comporter en nazi tout le temps après la guerre. D’abord sous la protection des services
d’intelligence américains et ensuite en collaborant ouvertement avec les successives dictatures boliviennes.
Il fut ici conseiller en torture et en assassinat. À ce titre, il fit exécuter certains leaders politiques
importants, comme le dirigeant socialiste Marcelo Quiroga Santa Cruz…

Propos recueillis par Mario Brulzi, parus dans El Periodista de Buenos-Aires, 6 mars 1987.

(1 (hEps://www.monde-diplomatique.fr/1987/05/A/40050#nh1)) En collaboration avec Elizabeth Rejman,


préface de Gilles Perrault, Éditions Messidor, Paris, 1987, 95 F.

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Publié par histoireetsociete le octobre 24, 2019 dans Amérique latine, Etats-Unis, INTERNATIONAL

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