Vous êtes sur la page 1sur 11

PARTIE B

TRAITEMENTS THERMIQUES DES


METAUX
CHAPITRE IV

DIAGRAMME D’EQUILIBRE DES ALLIAGES FER-CARBONE

Le fer est un métal de numéro atomique ZFe = 26 et de masse volumique ρ = 7,86 g/cm3. Il
fond à 1528°C. Sa résistance à la rupture en traction est très faible (3 MPa). C’est un métal
très ductile. Ces caractéristiques sont celles du fer chimiquement pur, produit au laboratoire, et
n’a pratiquement aucune application industrielle.

I- Structures cristallines et formes allotropiques

Le fer cristallise comme beaucoup de métaux dans le système cubique. Il présente plusieurs
variétés allotropiques. En chimie, ou, plus largement, en Science des Matériaux, le terme «
allotropie » désigne la propriété que possèdent certains corps (éléments ou composés) de se
présenter sous différentes variétés (généralement notées α, β, etc.). Ces différentes variétés
peuvent avoir des formes physiques, des arrangements atomiques ou moléculaires (types de
liaisons, structure cristalline), des densités... différentes. Toutefois, elles possèdent des propriétés
chimiques très proches. Les variétés du fer sont :
- Le fer α, stable de la température ambiante à 906°C, cristallise dans le système cubique centré
(paramètre de maille = 2,87 Å).
- Le fer γ, stable entre 906 et 1401°C, dont la maille est cubique à faces centrées (paramètre de
maille = 3,63 Å).
- Le fer δ, stable au-delà de1401°C, qui reprend la structure cubique centrée mais avec un
paramètre de maille de 2,93 Å).
En résumé, les transformations subies par le fer à l’état solide, sous l’effet de la température sont :

fer α ⇔ fer γ ⇔ fer δ


c.c. 906°C c.f.c. 1401°C c.c

Les alliages résultant de la combinaison du fer et du carbone sont les aciers et les fontes. Ces
produits ont de nombreuses applications industrielles et font partie des matériaux les plus utilisés
par l’homme. Ce qui justifie l’étude du diagramme de phase fer-carbone.

II- Solutions solides fer-carbone

Si on s’intéresse à la dissolution du carbone à l’état solide dans le fer, on constate l’existence de


solutions solides de différentes natures selon la température étant donné l’existence du fer sous
différentes variétés allotropiques : α, γ et δ :
- Le fer α ne dissout que 0,0 2% en masse de carbone à 727°C. La solution solide d’insertion du
carbone dans le fer α est appelée ferrite α. Elle a une structure cubique centrée.

- Le fer γ, peut dissoudre beaucoup plus de carbone : 1,7% en masse à 1148°C. La solution solide
d’insertion du carbone, de structure cubique à faces centrées est appelée austénite.

- Le fer δ, ne dissout au maximum que 0,09% en masse de carbone à 1495°C, donnant une
solution d’insertion de structure cubique centrée, appelée ferrite δ.
III- Diagramme simplifié Fer-Carbone

1- Le diagramme simplifié

Les aciers, les fontes blanches et les fontes grises sont des alliages fer-carbone. La teneur en
carbone des aciers et fontes blanches varie de 0 à 1,7% et de 1,7 à 6,7% pour les fontes grises.
Ces produits ont une grande application en industrie. Le diagramme simplifié fer-carbone est
représenté sur la figure 1.

Figure 1 : Diagramme fer – carbone ou fer – cémentite

On constate que :

- Ce diagramme ne comporte pas le domaine de la solution solide ferrite δ, qui existe à très
haute température et qui d’un point de vue économique, a peu d’intérêt.

- La zone étudiée du diagramme est très étroite se limitant à une fraction massique de 6,67%
de carbone. Les produits obtenus pour des fractions supérieures n’ont aucun intérêt
technologique.

2- Description et interprétation du diagramme

a- Les lignes du diagramme :

- Le liquidus simplifié est formé de deux branches AE et EC.


- Le solidus simplifié est formé des segments AB, DC et l’horizontale eutectique BED.
- Les lignes de transformation sont les branches obliques QS, BS, QP, OP et l’horizontale
eutectoïde PSR
- Le diagramme est limité vers les hautes teneurs en carbone, par la verticale CDR qui
correspond à 6,67% de carbone. C’est un composé défini, la cémentite, de formule Fe3C.
Vérification :

% massique de C dans Fe3C = et masses molaires MC = 12 et MFe = 56 g/mol,

Soit : % massique de C = soit, = 0,0667 soit 0,67% en masse de C.

b- Les phases :

Le diagramme met en évidence l’existence de trois phases et d’un composé défini. Les phases, en
équilibre dans les différents domaines sont :
- Domaine ABE : austénite + liquide
- Domaine ECD : cémentite + liquide
- Domaine ABSQ : austénite
- Domaine BSDR : austénite + cémentite
- Domaine QPS : austénite + ferrite
- Domaine OPQ : ferrite
- Domaine OPSR : cémentite + ferrite

c- Les points eutectiques :

(i)- Eutectique E (à 4,3% de carbone)


Cet eutectique est formé de cémentite D (6,67% de carbone) et d’austénite B (1,7% de
carbone).Grâce à l’application de la règle des moments, on peut calculer le rapport des
masses de ces constituants dans l’eutectique :

= = = =

Cet eutectique nommé lédéburite, est donc formé de 52% de cémentite et de 48% d’austénite. La
réaction eutectique est toujours un équilibre du type : liquide ⇔ solide 1 + solide 2 .
Aussi, dans notre cas la réaction le long du palier eutectique BED est :

liquide ⇔ austénite (sol.) + cémentite (sol.)

(ï)- Eutectoïde S (à 0,85% de carbone). Cet eutectoïde est formé de cémentite R (6,67% de
carbone) et de ferrite P (1,7% de carbone).Grâce à l’application de la règle des moments, on peut
calculer le rapport des masses de ces constituants dans l’eutectoïde :

= = = =

Cet eutectoïde nommé perlite, est donc formé de 12,4 % de cémentite et de 87,6% d’austénite.
La réaction eutéctoïde est toujours un équilibre du type : solide ⇔ solide 1 + solide 2.
Aussi, dans notre cas la réaction le long du palier eutectoïde PSR est :

austénite (s) ⇔ ferrite α (s) + cémentite (s)


Remarque : Rappelons que si le diagramme de phases indique la nature des phases en
présence à chaque température et pour chaque teneur en carbone, il ne renseigne pas sur la
microstructure de ces phases (taille et forme des grains). Pour cela, on a recours à
l’observation microscopique (figure 2).
On remarque alors une grande différence bien qu’on se situe dans un domaine très étroit de
teneur en carbone :
- L’austénite et la ferrite α, monophasées, ont une structure granulaire, plus grossière pour
l’austénite, alors que,
- la perlite, composé biphasé, a une structure lamellaire très fine, composée de lamelles
blanches de ferrite α, et de lamelles grises de cémentite, plus riche en carbone.

Ces différences microstructurales ont des conséquences importantes sur les performances
thermiques et mécaniques de ces composés.

Figure 2 : Microstructures des phases austénite (a), ferrite (b) et perlite (c)
CHAPITRE V

TRAITEMENTS THERMIQUES

INTRODUCTION

Les traitements thermiques appliqués aux métaux ont pour but de modifier leur microstructure
de manière à améliorer leurs caractéristiques (mécaniques notamment). Quand il s’agit de
modifier la microstructure, il est nécessaire de se référer aux diagrammes d’équilibre des
phases des alliages métalliques. En effet, ces diagrammes définissent l’état de ces alliages à
l’équilibre aux différentes températures et compositions, c’est à dire lorsqu’on leur laisse le
temps suffisant pour réagir. Lorsque ce temps est insuffisant, on peut facilement imaginer que
les transformations sont incomplètes et donnent parfois de nouveaux produits non définis sur
le diagramme d’équilibre. Parmi ces nouveaux produits, certains sont recherchés et retenus
pou leurs bonnes performances mécaniques, chimiques, physiques,...etc.

D’une manière générale, on désigne par traitement thermique, l’opération au cours de laquelle,
une pièce métallique est portée de la température ambiante à une température T plus élevée,
puis maintenue à cette température pendant une durée donnée avant d’être ramenée à la
température ambiante.
Il faut préciser que :
- les performances mécaniques d’un alliage s’améliorent lorsque la taille de ses grains devient
plus petite. On peut parvenir à ce résultat à l’aide d’un refroidissement rapide,
- un maintien prolongé à haute température, favorise la reconstitution de gros grains à partir
des petits. Suivi d’un refroidissement lent, on obtient un matériau moins résistant mais qui est
plus facile à mettre en forme (moins cassant, plus malléable).

Les effets des traitements thermiques dépendent donc de trois facteurs :


- de la température T du traitement,
- de la durée de maintien de la pièce métallique à la température T,
- de la vitesse de chauffe et de refroidissement.

Les traitements thermiques fondamentaux appliqués aux aciers sont la trempe, le revenu et le
recuit.

I- La trempe
La trempe d’un acier est une opération qui se déroule en deux étapes :
- on porte la pièce d’acier au rouge (on la chauffe à haute température),
- on la refroidit très rapidement, en la plongeant dans un bain d’eau, par exemple.

La conséquence la plus frappante de cette opération est l’augmentation sensible de la dureté de


l’acier.
Au niveau pratique, réussir cette opération, consiste à déterminer les facteurs de la trempe, à
savoir la température de chauffe et la vitesse de refroidissement.

a- Détermination de la température de la trempe

a1- Détermination directe


On entreprend une série d’essais où des échantillons de même composition sont portés à des
températures ϴ croissantes. Pour chaque échantillon, on procède à un refroidissement rapide
suivi d’une mesure de sa dureté.
On obtient alors pour chaque composition, une courbe dureté – température (H = f(ϴ)) qui
permet de déterminer la température optimale de la trempe :
Si on prend l’exemple d’un acier ordinaire à 0,85% de carbone, la courbe H = f(ϴ) a l’allure
représentée sur la figure 1.

Figure 1 : Evolution de la dureté en fonction de la température de trempe ϴ

Le tracé comprend trois parties distinctes : AB, BC et CD :

- Segment AB : de la température ambiante à ϴ1, légèrement supérieure à 721 °C, l’effet de la


trempe est nul. On n’observe en effet aucune évolution de la dureté de l’échantillon.

- Partie BC : de ϴ1 à ϴ2, on constate une augmentation considérable de la dureté.

- A des températures supérieures à ϴ2, segment CD, l’élévation de la température n’a plus
d’effet sur la dureté.

La température idéale de trempe doit être égale ou légèrement supérieure à ϴ2.


a2 – Détermination à l’aide du diagramme de phases Fe – C.

(i) – Points de transformation des aciers (figure 2)

Figure 2 : Points de transformation des aciers (Diagramme Fe – C)

Les lignes GS et SE ainsi que le palier PSK (cf. le diagramme Fe – C) ont été déterminés par
l’analyse thermique en cours du chauffage ou du refroidissement lents des aciers.
Ces lignes et ce palier constituent les lieux des points de transformation des aciers.
Nous allons nous intéresser à la transformation au cours du refroidissement au point eutectoïde
S de coordonnées (0,85 % C, 721 °C).

(ï) – Transformation martensitique

Au point S, l’alliage à 0,85 % de C est appelé acier eutectoïde.


Les alliages à teneur > 0,85 % sont appelés aciers hypereutectoïdes, ceux à teneur < 0,85 %,
aciers hypoeutectoïdes.

 Si le refroidissement est lent, au point S, nous aurons à 721 °C, la transformation :

austénite (s) → ferrite α (s) + cémentite (s)

 Si le refroidissement est brutal, la transformation précédente n’a pas lieu. Une nouvelle
réaction se produit, appelée transformation martensitique :

austénite → martensite

Ces deux constituants sont des solutions solides d’insertion du carbone dans le fer :
L’austénite est de structure CFC, où les atomes de C occupent quelques sites [6], au milieu
des arêtes ou au centre de la maille. La martensite obtenue par refroidissement rapide est de
structure CC où les atomes de C occupent également quelques sites [6], au milieu des arêtes
ou au centre des faces.

Comme nous l’avons vu dans le Chapitre IV, la ferrite α est une solution solide de structure
CC, qui dissout très peu de carbone (0,02 % en masse, au maximum). En comparaison à la
ferrite α, la martensite apparait comme une solution solide sursaturée en C.

Cette sursaturation a deux conséquences :

- une augmentation considérable de la dureté,


- cette amélioration est malheureusement accompagnée d’une grande fragilisation des aciers
qui deviennent cassants et ne s’apprêtent pas à l’étape de la mise en forme.

Aussi, la trempe est généralement suivie par d’autres traitements thermiques : le revenu ou le
recuit.

II – Autres traitements thermiques

On les pratique en général sur des aciers préalablement trempés. Le but de ces traitements est
de ramener la martensite, constituant hors équilibre, sursaturé en carbone, vers un état
d’équilibre physico-chimique.

a- Le revenu

Ce traitement consiste à porter la pièce en acier à une température inférieure à 721 °C, à la
maintenir pendant une certaine durée, puis la ramener très rapidement à température ambiante
(figure 3).

Figure 3 : Cycle thermique du revenu


Le résultat obtenu est une certaine diminution de la dureté en fonction du temps de maintien,
(figure 4).

Figure 4 : Evolution de la dureté en fonction de temps de maintien, à la température du


revenu

Parallèlement, on constate également une diminution de la fragilité (ou augmentation de la


ductilité) : la pièce a une meilleure aptitude à la mise en forme. La température du revenu ϴr et
la durée de maintien t sont déterminés expérimentalement.

b- Le recuit

Le cycle thermique d’un recuit comporte :


- un chauffage jusqu’à une température supérieure à 721 °C, dite température de recuit, Tr,
- un maintien isotherme, à Tr, de durée variable t et enfin,
- un refroidissement très lent jusqu’à l’ambiante.

L’effet du recuit est de ramener l’acier dans un état d’équilibre appelé état de recuit. Les
constituants ainsi formés sont à nouveau la ferrite α et la cémentite. Selon les valeurs des
facteurs Tr et t, ce traitement permet d’accéder aux valeurs maximales de la ductilité et
minimales des caractéristiques mécaniques. Ce traitement a également pour conséquences
l’homogénéisation de l’acier et son adoucissement par l’élimination de phases dures telles que
la martensite.

Vous aimerez peut-être aussi