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Covid-19 : Comment tenir le CA

et l’AG de votre association ?

Article mis à jour le 10 mars 2021 : Les dispositions dérogatoires liées au


contexte sanitaire pour organiser les CA et AG des associations sont prorogées
jusqu’au 31 juillet 2021 (Décret du 9 mars 2021)

Chaque année, le premier semestre est un moment riche dans le fonctionnement et


la vie statutaire des associations.

C’est la période où :
 les organes d’administration de l’association procèdent à l’arrêté des
comptes à soumettre au vote des assemblées générales,

 les dirigeants de la structure présentent en assemblée générale leur rapport


de gestion et d’activité de l’association,

 ils remettent le cas échéant leur mandat en jeu dans le cadre des élections,

 des projets importants doivent être soumis à approbation…


Oui mais… cette année encore, cette période si importante dans la vie statutaire de
votre association ne pourra peut être pas se dérouler comme d’habitude !

Le contexte sanitaire restant incertain, beaucoup continuent à


s’interroger sur la possibilité de pouvoir réunir leur AG et leur CA.

Les mesures de confinement imposées par le gouvernement en mars 2020 puis la


situation sanitaire dans laquelle nous sommes toujours, vous ont amené et vous
amènent encore à :

 annuler ou reporter à une date ultérieure indéterminée vos réunions


habituelles en présentiel,

 et envisager, pour certains, la réunion de vos instances statutaires de manière


dématérialisée.
Vous avez été nombreux à nous solliciter sur ce thème, afin de savoir ce que vous
pouvez mettre en place pour permettre à votre association d’assurer la continuité
des prise de décisions collectives durant cette période de crise sanitaire.
 

Pour information, le fonctionnement des


assemblées générales et organes délibérants
des associations a été assoupli en ce temps
de crise sanitaire
Actuellement, le régime est en vigueur jusqu’au 31 juillet 2021.

Une ordonnance du 2 décembre 2020 entrée en vigueur le 3 décembre


est venue modifier l’ordonnance n° 2020-321 du 25 mars 2020 portant
adaptation des règles de réunion et de délibération des assemblées et
organes délibérants des personnes morales et donc des associations.
Ces dispositions ont été précisées par un décret du 18 décembre 2020
qui est venu modifier et proroger un décret du 10 avril 2020 pour
adapter le fonctionnement de certaines instances délibératives au
contexte créé par l’épidémie de covid-19.

Un décret n°2021-255 du 9 mars 2021 est venue proroger les mesures


dérogatoires jusqu’au 31 juillet 2021.

Voici une synthèse des dispositions en vigueur jusqu’au 31 juillet


2021.

Concernant les Assemblées Générales (AG) :

 Il est possible, dans certains cas, d’organiser des AG « à huit


clos » : l’organe compétent pour convoquer une AG (ou son délégataire – la
délégation est établie par écrit précisant la durée pour laquelle elle est
consentie ainsi que l’identité et la qualité du délégataire) peut valablement
décider que l’AG se tient sans que les membres et les autres personnes ayant le
droit d’y assister ne soient présents physiquement ou par conférence
téléphonique ou audiovisuelle mais seulement si, à la date de la convocation de
l’assemblée ou à celle de sa réunion, une mesure administrative limitant ou
interdisant les déplacements ou les rassemblements collectifs pour des motifs
sanitaires fait obstacle à la présence physique à l’assemblée de ses membres. Le
PV de la réunion précise alors la mesure administrative dont il s’agit.

 La présence des membres par visioconférence est toujours possible et la


prise de décision par consultation écrite et le vote par correspondance sont
autorisés : sans qu’une clause des statuts ou du contrat d’émission ne soit
nécessaire à cet effet ni ne puisse s’y opposer, l’organe compétent pour
convoquer une AG (ou son délégataire) peut décider que :

o sont réputés présents pour le calcul du quorum et de la majorité les


membres des assemblées qui participent par une conférence téléphonique ou
audiovisuelle permettant leur identification.

o les décisions relevant de la compétence des assemblées sont prises par


voie de consultation écrite de leurs membres. Dans ce cas, le texte des
décisions proposées, un bulletin de réponse et les documents nécessaires à
l’information des membres de l’assemblée sont adressés à chacun d’eux par
écrit.

o les membres de l’assemblée peuvent voter par correspondance. Dans


ce cas, le texte des décisions proposées, un bulletin de vote et les documents
nécessaires à l’information des membres de l’assemblée sont adressés à
chacun d’eux par écrit, au plus tard en même temps que la convocation de
l’assemblée.
Dans ces 2 cas, les instructions de vote peuvent être adressées par
message électronique si l’organe compétent le permet.
Et cela, quel que soit l’objet de la décision sur laquelle l’assemblée
est appelée à statuer.
 Les membres doivent être informés des changements au moins 3 jours
avant l’AG : lorsqu’il est fait application des dispositions susmentionnées et
que tout ou partie des formalités de convocation de l’assemblée ont été
accomplies préalablement à la date de cette décision, les membres de l’AG et les
autres personnes ayant le droit d’y assister en sont informés par tous moyens
permettant d’assurer leur information effective 3 jours ouvrés au moins avant
la date de l’assemblée, sans préjudice des formalités qui restent à accomplir à
la date de cette décision. Dans ce cas, la modification du lieu de l’assemblée ou
des modes de participation ne donne pas lieu au renouvellement des formalités
de convocation et ne constitue pas une irrégularité de convocation.

 Aucune nullité de l’assemblée n’est encourue du seul fait qu’une


convocation n’a pas pu être réalisée par voie postale (alors que l’association
est tenue de procéder à la convocation de l’assemblée par voie postale) en raison
de circonstances extérieures à cette personne ou entité.

Concernant les CA ou Bureau :

La présence des membres par visioconférence et la prise de


décision par consultation écrite sont toujours possibles : sans
qu’une clause des statuts ou du règlement intérieur soit nécessaire à
cet effet ni ne puisse s’y opposer :
 sont réputés présents aux réunions des organes collégiaux d’administration,
de surveillance ou de direction, leurs membres qui y participent au moyen d’une
conférence téléphonique ou audiovisuelle permettant leur identification et
garantissant leur participation effective.

 les décisions des organes collégiaux d’administration, de surveillance ou de


direction peuvent être prises par voie de consultation écrite de leurs membres
dans des conditions assurant la collégialité de la délibération.
Et cela quel que soit l’objet de la décision sur laquelle l’organe est
appelé à statuer.

Enfin, les documents et informations demandés par un membre


avant l’AG peuvent lui être communiqués par mail : si une
association est tenue de faire droit à une demande de communication
d’un document ou d’une information à un membre d’une assemblée
préalablement à la tenue de celle-ci (en vertu des dispositions qui lui
sont applicables), cette communication peut être valablement
effectuée par message électronique, sous réserve que le membre
indique dans sa demande l’adresse électronique à laquelle elle peut
être faite
Ces dispositions s’appliquent aux assemblées et aux réunions des
organes collégiaux d’administration, de surveillance et de direction
tenues jusqu’au 1er avril 2021, sauf prorogation de tout ou partie des
dispositions jusqu’à une date fixée par décret en Conseil d’Etat et qui
ne peut être postérieure au 31 juillet 2021.
Ordonnance modifiée n° 2020-321 du 25 mars 2020 portant
adaptation des règles de réunion et de délibération des assemblées et
organes dirigeants des personnes morales et entités dépourvues de
personnalité morale de droit privé en raison de l’épidémie de covid-
19
Décret n° 2020-1614 du 18 décembre 2020 portant prorogation et
modification du Décret n° 2020-418 du 10 avril 2020 et du décret n°
2020-629 du 25 mai 2020 pour adapter le fonctionnement de
certaines instances délibératives au contexte créé par l’épidémie de
covid-19
Décret n° 2021-255 du 9 mars 2021 prorogeant la durée
d’application de l’ordonnance n° 2020-321 du 25 mars 2020, du
décret n° 2020-418 du 10 avril 2020 et du décret n° 2020-629 du 25
mai 2020
 

Ceci étant dit, il nous parait également essentiel de faire


le point sur les règles applicables en temps ordinaire.
Sans prétendre à l’exhaustivité, mais pour vous aider à y voir plus clair dans ce que
vous pouvez faire et comment, nous vous proposons un rappel des règles et des
possibilités qui s’offrent à vous, dans une perspective de limitation des risques,
sur le plan juridique, pour votre association.

Réunion de vos instances : la réponse est


dans vos statuts (en temps ordinaire)

La loi du 1er juillet 1901 régissant les associations ne contient aucune disposition
imposant une consultation des membres de l’association et des modalités
particulières de réunion des instances statutaires.

Pour autant, certaines associations ont une obligation légale de tenir des assemblées
générales et de disposer d’un organe d’administration.

Pour les autres, ce sont seulement leurs statuts qui leur imposent de réunir de tels
organes.

 La première question à se poser  :


Quelles sont les dispositions statutaires applicables dans votre
association ?

Ainsi, ressortez vos statuts et règlement intérieur et vérifiez leur rédaction.


Les modalités de convocation des
instances

Les organes collégiaux d’une association sont convoqués et se réunissent selon les
modalités fixées par les statuts et le règlement intérieur en vigueur dans
l’association.

Les textes statutaires applicables dans votre association imposent bien souvent :

 la convocation et la réunion de l’organe d’administration, souvent


dénommé Conseil d’Administration
 la convocation et la réunion de l’organe délibérant, souvent
dénommé Assemblée Générale.
Il est fréquent que ce soit l’organe d’administration qui doive, lors d’une réunion,
convoquer l’organe délibérant, fixer sa date, son ordre du jour.

De telles obligations peuvent être assorties de délais.


C’est ainsi que bon nombre d’organismes sans but lucratif doivent en principe
réunir leur assemblée générale dans les six mois suivant la fin du dernier exercice
comptable, soit avant le 30 juin de chaque année pour les structures dont
l’exercice repose sur l’année civile.
Ce sera par exemple le cas des associations réglementées comme les
associations reconnues d’utilité publique (ARUP) ou encore les fédérations
sportives, les associations tenues d’établir des comptes annuels, de désigner au
moins un commissaire aux comptes et de publier leurs comptes au Journal Officiel,
les associations tenues de transmettre à leurs financeurs des comptes approuvés…

Les points à l’ordre du jour des réunions de


vos instances
Les organes statutaires peuvent être amenés à délibérer sur plusieurs points fixés
dans les textes statutaires ou les sujets à voter sont adaptés à l’actualité de
l’association et à ses projets.

Ainsi, bien souvent, le conseil d’administration de l’association doit se réunir au


printemps afin notamment d’arrêter les comptes à soumettre à l’approbation de
l’AG, éventuellement fixer l’ordre du jour et la date de l’AG ainsi que préparer les
résolutions qui seront soumises à son vote.
L’assemblée générale annuelle de l’association qui se réunit avant l’été, doit
habituellement, chaque année :

 se prononcer sur le rapport d’activité, le rapport de gestion ou encore le


rapport moral ou financier relatif au dernier exercice clos

 approuver les comptes du dernier exercice clos qui auront été arrêtés au
préalable par l’organe d’administration

 décider l’affectation du résultat

 donner quitus aux administrateurs pour leur gestion

 voter le cas échéant le budget de l’exercice en cours (sauf à ce que cela


relève de la compétence de l’organe d’administration)

 élire de nouveaux administrateurs

 ainsi que délibérer sur tous les points à l’ordre du jour.


Certaines années, à l’occasion de la réunion d’une assemblée générale ordinaire
annuelle, les dirigeants en profitent pour convoquer également une assemblée
générale extraordinaire afin de procéder à une modification des statuts, ou statuer
sur la fusion de l’association avec une ou plusieurs autres structures,…

Les modalités de réunion des instances


Les modalités de réunions des différentes instances de l’association sont
déterminées dans les statuts et le cas échéant le règlement intérieur.

Habituellement, vos instances se réunissent en présentiel. Il s’agit du mode de


réunion « par défaut » et le plus répandu dans les associations. Les textes des statuts
sont rédigés dans cet esprit de réunion physique.
Mais vous savez qu’il est aujourd’hui possible, avec les nouvelles techniques de
l’information et de la  communication, de se réunir de façon dématérialisée.
On parle alors d’assemblées générales en ligne (avec consultation écrite), des votes
à distance (votes électroniques), des visioconférences ou encore des procédés de
signature électronique.

Un certain nombre de prestataires proposent d’ailleurs leurs services pour vous


aider à organiser de telles réunions dématérialisées de manière sécurisée, 
notamment pour assurer la sincérité des votes et un décompte incontestable.

Mais, attention, la validité juridique de ces modalités dépend de ce qui est écrit
dans vos statuts, sauf autorisation exceptionnelle par la loi (cf. plus loin dans cet
article).
Les réunions dématérialisées sont-elles prévues par vos statuts?

Pour ceux qui ont récemment modifié leurs textes statutaires, ceux-ci prévoient
peut-être la possibilité de réunir de manière dématérialisée les organes statutaires, y
compris les assemblées générales.

Dans ce cas, cette période de confinement, qui interdit toute réunion physique de
vos instances, est l’occasion d’expérimenter et mettre en pratique ces modalités
de réunion particulières.
Pour les autres, pour qui la possibilité de se réunir de façon dématérialisée n’est pas
prévue par les statuts, vous vous demandez certainement si vous pouvez tout de
même organiser des réunions ou des votes à distance.
A l’heure actuelle, la jurisprudence est claire sur le sujet :

L’organisation de réunions d’instances statutaires de façon


dématérialisée n’est possible que si elle est prévue dans les statuts.

A titre d’exemple, il a été jugé qu’une décision ne peut pas être adoptée par une
consultation écrite des membres, sans tenue d’une assemblée générale, lorsque les
statuts n’ont pas expressément prévu de pouvoir remplacer la réunion effective de
l’assemblée par une consultation par correspondance (1).
Ainsi, pour toutes les associations dont les statuts sont silencieux sur la possibilité
de réunir vos instances à distance ou de mettre en place un vote par
correspondance, sachez que la mise en place de telles modalités de vote serait
irrégulière, et ferait donc peser un risque de nullité des délibérations prises par
vos instances.

La nullité comme conséquence d’une


irrégularité

Si une irrégularité a été commise, elle sera annulable si elle est expressément
sanctionnée par la nullité dans les statuts ou si l’irrégularité a eu une incidence sur
le déroulement et la sincérité de la consultation (2).
Pour autant, et si cela peut vous rassurer, une décision d’assemblée générale (et de
toute autre instance statutaire) doit être considérée comme valable tant qu’elle
n’est pas annulée par les juges (3).
Et l’annulation de délibérations d’une instance statutaire doit être demandée par
une personne ayant qualité pour agir (par exemple un membre de l’association, qui
peut être considéré comme victime de l’irrégularité). Cette personne, victime de
l’irrégularité, peut décider de renoncer à une action en nullité.
Le délai pour agir en justice en nullité d’une décision d’une instance est de 5
ans à compter du jour où la personne ayant qualité pour agir a connu ou aurait dû
connaître l’irrégularité (4).
Toutefois, s’agissant des résolutions qui doivent faire l’objet d’une déclaration en
préfecture (modifications statutaires, changements d’administrateurs, création d’un
nouvel établissement…) le délai pour agir est de 5 ans à compter de la date à
laquelle cette formalité est accomplie (5).

La régularisation d’une irrégularité est


possible

Une irrégularité n’entraîne pas la nullité des délibérations lorsqu’elle a été


régularisée en temps utile (6).
Ainsi, une nouvelle assemblée peut régulariser, dans des conditions régulières,
une décision irrégulière prise lors d’une réunion précédente (7) ; cependant, elle ne
saurait se contenter d’approuver le procès-verbal de l’assemblée irrégulière (8).

Questions / Réponses
***

Que se passe-t-il si nos instances statutaires délibèrent de


façon dématérialisée alors que ce n’est pas prévu par les
statuts ?
Si vous entrez dans le champ des mesures exceptionnelles des ordonnances du 25
mars 2020, les délibérations seront valables car la loi rend inopérantes les
dispositions des statuts.

Le risque de nullité pourrait toujours venir de membres qui pourraient user de leur
qualité à agir pour saisir le tribunal judiciaire afin qu’il prononce la nullité des
délibérations prises dans des conditions qu’ils estimeraient irrégulières ; les
personnes ayant qualité pour agir pouvant toutefois renoncer à une telle action.

Selon nous, en cette période de crise, et excepté s’il y a de fortes tensions dans
l’association, en définitive, ce risque parait assez faible.
En tout état de cause, les délibérations de vos organes seront valables tant qu’un
juge ne les aura pas déclarées nulles.

En outre, pour éviter qu’un juge prononce la nullité de l’assemblée générale, il


conviendra de disposer des preuves suffisantes sur les moyens techniques mis en
oeuvre. De plus, il sera possible de ratifier la décision a posteriori, c’est-à-dire de
faire à nouveau voter, de manière régulière, l’assemblée générale lorsque vous
pourrez à nouveau la réunir. Il s’agira alors de confirmer les décisions prises dans
cette période exceptionnelle.
Ce processus de ratification de la décision prise, reconnu depuis longtemps par la
jurisprudence (9) et inscrit dans le code civil (10), permettra le cas échéant de
couvrir le risque de nullité de vos délibérations votées de manière dématérialisée.

***
Que se passe-t-il si l’assemblée générale de mon
association n’a pas pu pas se réunir avant le 30 juin
2020 ?
Pour les associations ayant une activité économique et l’obligation, à ce titre,
d’établir des comptes annuels et de les soumettre, avec le rapport de gestion, à
l’approbation de l’assemblée générale au plus tard dans les six mois de la clôture de
l’exercice, ce délai de six mois ne peut être prolongé, en principe, qu’à la demande
du représentant légal de l’association, par ordonnance du président tribunal
judiciaire statuant sur requête (11).
Un assouplissement, par mesures gouvernementales, a été prévu s’agissant de
l’approbation des comptes de l’exercice 2019 compte tenu de la situation
exceptionnelle que nous rencontrons.
La Loi n° 2020-290 du 23 mars 2020 d’urgence pour faire face à l’épidémie de
covid-19 a prévu dans son article 11 la possibilité pour le gouvernement de prendre
par ordonnance des mesures.
Ainsi, l’Ordonnance n° 2020-321 du 25 mars 2020  (*) rend régulière la tenue
des conseils d’administration et assemblées générale dans des conditions
exceptionnelles, sous réserve de respecter les règles prévues par les statuts et le cas
échéant celles fixées par ladite ordonnance.
***

Mon association est Reconnue d’Utilité Publique et doit


soumettre à son assemblée générale de 2020 une
modification statutaire et ratifier une décision relative à
l’acquisition et l’aliénation d’un bien immobilier. 
Comment faire ?
En tant qu’association RUP, votre association est soumise à une autorité de tutelle.
Cette autorité de tutelle examinera en détail les modalités de vote des instances
statutaires de l’association avant de donner leur approbation pour les décisions qui
le nécessitent.

Pour votre structure, si elle n’a pas encore prévu dans ses statuts la possibilité de
voter de manière dématérialisée, le recours à un procédé de vote dématérialisée
peut en principe venir remettre en cause son projet, qui pourrait ne pas avoir
l’approbation des autorités de tutelle.

L’Ordonnance du 25 mars 2020, rendant régulières les réunions des conseils


d’administration et assemblées générales tenues à distance sous réserve des moyens
techniques utilisés, peut être utilisée car elle prévoit que les règles sont applicables
quels que soient les points à l’ordre du jour.
Pour l’heure, ce que le Bureau des Associations et Fondations du Ministère de
l’intérieur pourrait exiger comme preuves sur les modalités de tenue de ces
instances n’est pas connu.

En fonction du nombre de membres dans l’association, il convient de mesurer la


qualité des moyens techniques mis en œuvre et d’anticiper les preuves susceptibles
d’être fournies. Nous ne manquerons pas de vous tenir informés des évolutions sur
ce point.

*  *  *

Quelles différences fait-on entre réunion en visio ou


audio-conférence, vote à distance, vote en ligne ou
consultation écrite ?
Tous les termes ne sont pas clairement définis et il convient de distinguer :

 La notion de présence : au lieu d’être physiquement présent à une réunion,


les personnes peuvent participer par conférence
téléphonique ou audiovisuelle sous réserve des moyens techniques utilisés.
Pour que de telles modalités de réunions soient reconnues valables pour vos AG
et vos CA, il faut que les moyens techniques mis en œuvre :

o permettent l’identification des membres présents

o garantissent la participation effective des membres

o transmettent au moins la voix des participants

o satisfassent à des caractéristiques techniques permettant la


retransmission continue et simultanée des délibérations.

 La consultation écrite qui n’est pas une réunion mais une manière de


soumettre au vote des délibérations, par exemple par mail ou via des outils en
ligne (comme des outils de sondage). Ce mode de délibération est autorisé
explicitement par l’ ordonnance du 25 mars 2020 pour tous les CA et les AG.
Dans tous les cas, il conviendra de disposer des preuves suffisantes sur les moyens
techniques mis en œuvre afin de limiter les risques de remises en cause des
décisions prises.

*  *  *

Dans le cadre d’une réunion à distance, comment peut-


on procéder au vote ?
Lors des réunions physiques, les votes ont lieu à main levée ou par scrutin secret.

En réunion par conférence téléphonique ou audiovisuelle, il convient


d’adapter l’expression des participants selon leur nombre et la nécessité du
caractère secret du vote ou non.
Pour les votes en direct au cours de la réunion mais secrets, il convient de disposer
d’outils techniques proposant les fonctionnalités adaptées.
Dans tous les cas, il conviendra de disposer des preuves suffisantes sur les moyens
techniques mis en œuvre afin de limiter les risques de remises en cause des
décisions prises.

*  *  *

Pendant la crise sanitaire, pouvons-nous faire délibérer


notre AG par consultation écrite ?
Oui. Dans sa version initiale, l’ordonnance n°2020-321 du 25 mars 2020 ne le
permettait pas mais désormais, jusqu’au 1 avril 2021, l’ordonnance du 25 mars
2020 modifiée permet la prise de décision des AG par voie de consultation écrite
des membres si ce n’est pas prévu dans les statuts de l’association.
*  *  *

Pendant la crise sanitaire, pouvons-nous faire délibérer


notre CA par consultation écrite ?
Oui, l’ordonnance n°2020-321 du 25 mars 2020  dont les dispositions sont
applicables jusqu’au 01/04/2021 permet à une association de faire délibérer
son organe d’administration par voie de consultation écrite des administrateurs
dans des conditions assurant la collégialité de la délibération.
Vous pouvez donc faire délibérer votre CA soit dans le cadre d’une réunion à
distance par conférence téléphonique ou audiovisuelle, soit par voie de consultation
écrite.

*  *  *

Pendant la crise sanitaire, pour une réunion de CA ou


d’AG organisée à distance, quels documents doit-on
établir et conserver ?
Afin de limiter les risques de remises en cause des décisions prises par les
instances, dans ces conditions si exceptionnelles, il parait essentiel de conserver
des preuves des modalités de prises de décisions.
Il conviendra en particulier de pouvoir démontrer la qualité des moyens techniques
mis en œuvre, c’est-à-dire :

 s’assurer que l’ensemble des membres disposent techniquement de la


possibilité de délibérer sous une forme dématérialisée (téléphone, ordinateur
compatible avec le logiciel utilisé…)

 disposer d’une justification des présences, des votes émis : impressions


d’écran, enregistrement des échanges, trace de messages dans les outils de
« chat »…

 mentionner l’outil utilisé dans le PV et conserver une fiche de présentation


de l’outil,

 …
En outre, comme pour toute réunion de vos instances, il s’agira de :

 s’assurer que tous les membres ont été convoqués

 respecter le quorum (s’il existe) et les règles de majorité statutaires

 s’assurer de la comptabilisation des mandats de représentation.


Pour plus de sécurité, vous pouvez même demander aux organes de l’association de
valider ces modalités de vote exceptionnelles avant toute prise de décisions.

***

Comment trouver un outil ou un prestataire pour


l’organisation de nos CA et AG à distance ?
Il s’agit surtout de trouver un prestataire ou un logiciel adapté à la taille de
l’instance, qui respecte les règles en matière de protection des
données personnelles et présente des garanties techniques.
Avant d’avoir recours à un outil en particulier, nous vous invitons à étudier les
conditions d’utilisation de l’outil en tenant compte des recommandations de la
CNIL.
Si les solutions pour les CA sont assez simples à trouver compte tenu de la taille de
l’instance, qui ne dépasse pas bien souvent une vingtaine de membres, pour les AG,
en fonction du nombre de membres que vous avez, la mise en place d’une réunion
en ligne peut être compliquée.

***

Pour aller plus loin sur la préparation de votre AG : Préparer votre AG en toute
sécurité juridique : la check-list
Vous souhaitez être accompagné durant cette période particulière afin de sécuriser
votre processus décisionnel ou pour tout complément d’information, écrivez-nous
par e-mail.

Les dispositions exceptionnelles

Ordonnance n° 2020-321 du 25 mars 2020 portant adaptation des règles de


réunion et de délibération des assemblées et organes dirigeants des personnes
morales et entités dépourvues de personnalité morale de droit privé en raison de
l’épidémie de covid-19
Décret n° 2020-1614 du 18 décembre 2020 portant prorogation et modification
du Décret n° 2020-418 du 10 avril 2020 et du décret n° 2020-629 du 25 mai 2020
pour adapter le fonctionnement de certaines instances délibératives au contexte
créé par l’épidémie de covid-19
Décret n° 2021-255 du 9 mars 2021 prorogeant la durée d’application de
l’ordonnance n° 2020-321 du 25 mars 2020, du décret n° 2020-418 du 10 avril
2020 et du décret n° 2020-629 du 25 mai 2020

Références citées dans l’article


1. 1ère civ. 25-1-2017 n° 15-25561
2. 1ère civ. 27-2-2013 n° 11-29039
3. CA Paris 9-10-2014 n° 13/10693
4. Article 2224 du code civil
5. Cass, 2e civ. 6-9-2018 n° 17-19.657
6. CA Lyon 10-2-2015 n° 13/06697
7. CA Colmar 16-10-2013 n° 12/02507 ; CA Paris 26-6-2014 n° 13/13388
8. CA Versailles 30-6-2011 n° 10/03018
9. Cour de cassation, 1ère chambre civile, 2 décembre 1975, n°74-14400
10. Article 1156, alinéa 3 du code civil
11. Article R 612-2 du code de commerce modifié

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