Directeur de recherche
M. Mehdi Mezaguer
Maitre de conférences
1
2
Sommaire
3
Liste des abréviations
CIRDI : Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements
4
AVANT PROPOS
« Quelque chose doit remplacer les gouvernements, et le pouvoir privé me semble l'entité
adéquate pour le faire. »
Cette phrase prononcée par David Rockefeller 1 dans le magazine américain Newsweek en
février 1999 est une citation que l’on retrouve beaucoup sur internet ou dans quelques médias
papiers concernant le traité transatlantique. Elle peut être prononcée, reprise sans cesse, sans
toutefois analyser les conséquences d’un tel propos. Cependant, elle traduit nettement
l’engouement et les inquiétudes que le public porte à propos du traité négocié entre l’Union
européenne et les Etats-Unis d’Amérique.
1
David Rockefeller est un homme d'affaires et milliardaire américain.
2
G. RAIMBAULT, Le dictionnaire de l’Union européenne, ellipse, 3ème édition, Paris, 2000, p.75.
3
J. SALMOND, sous la direction de, Dictionnaire de droit international public, Bruylant Bruxelles 2011, p. 1088.
4
Ibid., p. 1146.
5
Le public va reprendre les propos de David Rockefeller car il existe une certaine
appréhension des grandes multinationales. Le « pouvoir » de celles-ci pourrait justement être
renforcé par le traité transatlantique, notamment par l’inclusion d’un mécanisme de résolution
des différends entre investisseurs et Etats.
6
INTRODUCTION : DE L’ATLANTISME À SON
ABOUTISSEMENT : LE TRAITÉ TRANSATLANTIQUE.
Si l’on devait définir l’atlantisme, cela serait un courant politique qui est apparu au début
de la guerre froide. A la base, cela représentait une alliance militaire entre Etats adjacents à
l’océan Atlantique donc notamment les Etats-Unis, visant à se défendre contre l’URSS ainsi que
d’autres politiques de sécurité. Puis cette définition va basculer vers une coopération
économique, politique et culturelle.
Les deux blocs ont toujours été tentés de coopérer ensemble. Cela s’est concrétisé par des
organisations militaires, économiques etc… Mais l’état des relations n’as pas toujours été le
même qu’aujourd’hui. En effet, depuis l’indépendance américaine, l’Europe et les Etats-Unis ont
cherché des points de convergence avec difficulté (Section 1). Pour finalement y parvenir très
concrètement après la fin de la guerre froide et négocier depuis les années 90 un traité de libre-
échange entre les deux pôles (Section2).
7
Au début, lorsque l’indépendance est proclamée, il n’y a guère l’intention de créer un
partenariat concret et étroit entre les Pays européens et l’Amérique. Simplement créer une
certaine coopération. Après la guerre de sécession et le développement de l’économie américaine
capitaliste et libérale, l’Allemagne de l’autre côté développe une économie basée sur
l’interventionnisme d’Etat, ce qui va matérialiser les points de différences essentiels entre les
deux blocs.
Les Etats-Unis d’Amérique constatent dans ce contexte un frein à une potentielle alliance
de type politique et surtout économique. Entre 1945 et 1947, les Etats-Unis souhaitent avoir un
soutien géographique important pour contrebalancer l’Europe de l’Est. Mais pas seulement. Le
projet étant finalement de collaborer avec son voisin occidental. Une collaboration économique
notamment, et ceci sur le long terme. Le système étatsunien aura donc besoin d’une Europe unie
et solide5.
5
J-L. SAURON, Cours d'Institutions européennes : Le puzzle européen, Paris, Gualino, 4ème édition, 2010, p. 18.
8
Néanmoins, un homme va constituer un frein incontestable à une coopération entre
l’Europe et les Etats-Unis et va clairement établir un froid dans les relations atlantistes. Cet
homme, c’est le général Charles de Gaulle.
Cette idéologie fut éphémère. Après le retrait du pouvoir du général, la pensée atlantiste
va se développer. Les Etats-Unis voient dans le projet de construction européenne une
bienveillance particulière.
Va se développer tout au long de la période 1970 – 1990 une doctrine atlantiste, c’est-à-
dire la volonté d’imbriquer l’Europe et les Etats-Unis dans un grand ensemble économique. Ceci
va se manifester concrètement par des actes politiques et juridiques des deux côtés.
En 1990 est adoptée la déclaration transatlantique qui vise à accroître la coopération entre
les communautés européennes à l’époque et les Etats-Unis. Vont alors être organisés des
sommets biannuels en vue de remplir ces objectifs. Ainsi est adopté en 1995 le nouvel agenda
6
J-L. SAURON, Cours d'Institutions européennes : Le puzzle européen, Paris, Gualino, 4ème édition, 2010, p. 46.
9
transatlantique, visant notamment à accentuer la création d’un marché commun entre les deux
pôles. Ce nouvel agenda devait traiter de quatre grands aspects : la promotion de la paix, la
réponse aux défis mondiaux, l’extension du commerce et la construction de points
transatlantiques entre les acteurs. La volonté étant donc d’avoir un rôle considérable dans le
commerce mondial.
En 2007, le Conseil européen sous la présidence d’Angela Merkel va signer avec les
Etats-Unis l’accord du partenariat transatlantique portant sur la création du Conseil économique
transatlantique. C’est la première institution bilatérale qui a pour but, d’une part, d’accorder
l’harmonisation des réglementations et, d’autre part, justement d’ancrer l’intégration économique
transatlantique.
Par ailleurs, ce traité vise à créer une zone de libre-échange. Celle-ci est définie comme
une « Zone au sein de laquelle les marchandises circulent librement (absence de barrières
10
tarifaires et non tarifaires), chaque pays membre conservant son système douanier vis-à-vis des
pays tiers. 7 »
Les Etats-Unis ainsi que l’Union européenne sont membres de l’OMC. En outre, en
créant une zone de libre-échange, ils devront respecter les dispositions de l’OMC et notamment
du GATT.8
Il n’existe pas dans le monde un accord entre deux entités pesant de manière équivalente
sur le Commerce international. Pas même l’accord signé entre l’Union européenne et le Canada
en octobre 20139 (le Canada représente 2% du PIB mondial en 2012 alors que l’Union et les
Etats-Unis sont aux alentours des 22%.)10.
Ce traité est nécessaire pour les deux pôles. Il doit remplir des objectifs stratégiques mais
surtout économiques.
Finalement, le but du traité n’est pas de réduire les droits de douanes à l’importation. En
effet, ceux-ci sont déjà au plus faible entre les deux partenaires commerciaux. Cela est dû au fait
à la libéralisation progressive du commerce. Cela peut donc impliquer la suppression ou
abaissement de normes sociales ou de réglementations écologiques. Cependant il faudra sur le
long terme instaurer un processus de convergence réglementaire² entre les Etats-Unis et l’Union
européenne, processus qui pourrait être long.
7
Définition de « Zone de libre-échange », www.glossaire-international.com.
8
« Les parties (…) reconnaissent également que l'établissement d'une union douanière ou d'une zone de libre-
échange doit avoir pour objet de faciliter le commerce entre les territoires constitutifs et non d'opposer des
obstacles au commerce d'autres parties contractantes avec ces territoires. », Extrait de l’article XXIV du GATT
9
CETA : Comprehensive Economic and Trade Agreement.
10
E. FABRY, G. GARBASSO, R.PARDO, TTIP : Une négociation à la Pirandello, institut Jacques Delors, Synthèse, 23
janvier 2014, p. 1.
11
Barrière non tarifaire, glossaire-international.com.
11
croissance économique de l’UE et des Etats-Unis par un accroissement de leurs échanges
commerciaux »12.
Enfin, un des derniers enjeux est de promouvoir sur le marché mondial des normes
transatlantiques, c’est-à-dire des « nouvelles dynamiques de négociations bilatérales, régionales
ou multilatérales qu’il pourra susciter. »13. En résumé, ce traité devrait être bénéfique pour les
deux entités selon les experts économiques. De plus, cela renforcera leur poids mutuel sur le
commerce mondial ainsi que sur des perspectives internationales majeures.
Cependant « la bataille » engendrée pour voir surgir ce traité au grand jour est difficile.
Elle fût difficile avant la négociation et elle l’est encore aujourd’hui pendant toute la période de
négociation.
Or, lorsque les Etats-Unis considèrent l’Union européenne comme leur premier partenaire
partageant de nombreux points communs, ceci n’est pas une vérité incontestable. En effet
plusieurs points de divergences existent entre les deux modèles.
12
E. FABRY, G. GARBASSO, R.PARDO, TTIP : Une négociation à la Pirandello, institut Jacques Delors, Synthèse, 23
janvier 2014, p. 2.
13
Ibid., p. 3.
14
Le but était de libéraliser le commerce international et notamment sur l’agriculture.
15
Différend politique et commercial sur des aspects de droit de douanes relatifs à la vente de bananes, entre
l’Union européenne et les pays latino-américains, soutenus par les Etats-Unis.
12
également noter l’opposition Boeing/Airbus. En effet depuis 2004, l’ORD 16 est devenu « le
théâtre d’une bataille juridique et commerciale entre les deux régions. »17.
Il est éminemment établi que ces affaires traduisent des oppositions notables de modèles
économiques. Depuis 2003, les Etats-Unis et l’Union s’arrangent pour trouver des points de
convergence pour lutter contre les économies émergentes. Notamment la volonté de créer un
cadre commun pour les questions agricoles qui restaient jusque-là une opposition majeure entre
les deux blocs. Cet aspect trouvera ainsi application dans le champ de la convergence
règlementaire.
Jean Monnet affirmait que la rivalité économique entre les deux blocs ne doit pas nuire au
besoin d’une relation transatlantique. Ce besoin d’intégration croissante doit évoluer de manière
autonome par rapport aux relations politiques et diplomatiques. Il est alors nécessaire de citer
l’exemple des écoutes téléphoniques et de la NSA. Dans la mesure où le portable de la
Chancelière Allemande Angela Merkel a été source d’écoute et que d’autres entraves à la liberté
privée ont été constatées, il aurait été mesuré de riposter diplomatiquement. Or il n’en est rien.
Les négociations du traité continuent et ne sont pas prêtes de s’arrêter pour le moment.18
Finalement la NSA qui agissait en toute discrétion est à mettre en parallèle avec
l’ambiance générale des négociations du traité transatlantique. Celles-ci ont été fortement
critiquées sur l’aspect de la transparence. En effet, certains dysfonctionnements concernant
l'opacité des négociations se sont produits Il a fallu que le mandat de négociation se retrouve
officieusement sur internet pour que le Conseil autorise la publication de celui-ci des mois plus
tard.
16
Organe de règlement des différends.
17
V. CHERION, Analyse de l’action engagée par l’UE devant l’OMC à propos des subventions américaines accordées
à Boeing (dossiers DS 317 et DS 353).
18
D. WALAS, Le contexte historique et politique des relations UE/USA, Colloque sur : « Vers un partenariat
transatlantique renforcé : une nouvelle donne dans un monde en mutation ? », avril 2014, Université de Nice
Sophia-Antipolis.
13
compte toutes les réunions et les institutions crées entre les deux blocs, ce traité est négocié
depuis les années 1990. Celui-ci prévoit de créer une grande zone de libre-échange, autrement
appelé le grand marché transatlantique. Le but étant de proroger une certaine force commerciale
sur le marché mondial et ainsi pouvoir imposer des « normes transatlantiques » sur le long terme.
Les négociateurs ne sont pas n’importe quels acteurs économiques. L’Union européenne et les
Etats-Unis représentent un poids considérable sur le commerce international. En l’occurrence un
traité de libre-échange négocié entre les deux blocs aurait sans doute des conséquences
d’envergure importante sur le commerce mondial d’une part et, d’autre part, il y aura forcément
des impacts sur le commerce, les modes de consommation, de production et sur les structures des
pouvoirs et des politiques publiques. En effet, ces deux entités se disent partager des valeurs
communes, partager un même schéma occidental. Or, ces propos sont à mesurer. Effectivement,
les Etats-Unis et l’Union fonctionnent sur des cadres économiques ainsi que sur des cadres de
protections juridiques différents. Pendant que l’un acceptera la production et la consommation
d’OGM, il sera plus difficile pour l’autre de le permettre. Pendant que l’un pensera que l’on peut
vendre un produit dont les effets pourraient être nocifs pour la santé, l’autre refusera tant que
l’on n’aura pas prouvé son innocuité. Les mêmes normes ne sont alors pas partagées par les deux
entités. D’où la nécessité d’une convergence réglementaire du fait d’une multitude de différences
juridiques. Mais alors, dans la mesure où un traité d’une telle ampleur est négocié sur certains
aspects économiques ayant trait aux modes de production et consommation, les intéressés
seraient donc, en caricaturant, les producteurs et les consommateurs. Un accord de la sorte aurait
forcément des conséquences sur leur mode de vie économique. Il est alors reconnu que ces
catégories économiques ont un droit de savoir, un droit d’être au courant de négociations
internationales et de leurs impacts sur leur vie. Au sein de l’Union Européenne, la Commission
européenne a une compétence exclusive en matière de politique commerciale commune. Dès
lors, avec l’autorisation du Conseil, c’est la Commission européenne qui est chargée des
négociations avec les Etats-Unis. Cette institution est soumise comme toutes les autres au droit
de l’Union européenne et doit le respecter. Cependant, depuis que les négociations ont
commencé, il est clairement remarqué que la confidentialité et l’opacité sont les mots qui
reviennent le plus pour qualifier ces négociations. Une supposition peut alors être faite, celle
d’une certaine contradiction entre la politique de confidentialité menée par la Commission et
l’esprit des traités, c’est-à-dire garantir à tous citoyens européens une ouverture et une
transparence effective. En effet compte tenu de l’ampleur d’un tel traité, des anomalies
concernant la transparence devraient par nature être exclues nonobstant le fait que, par cette
14
confidentialité, les inquiétudes ont réussi à se propager dans l’esprit de beaucoup d’européens, ce
qui est inconciliable avec la volonté première des fondateurs de cette Union.
Les institutions de l’Union européenne doivent respecter les traités. Il existe des principes
spécifiques liés au fonctionnement des institutions, notamment les principes de transparence et
d’ouverture qui ont donné naissance au droit fondamental du droit d’accès aux documents. Ces
principes s’appliquent lorsque l’Union européenne va négocier un accord avec un Etat tiers. Le
droit primaire, le droit dérivé ainsi que la jurisprudence prévoient justement un équilibre entre
transparence et confidentialité pendant le processus de négociation. Alors tous ces principes
doivent s’appliquer lors de la négociation du TTIP19. La Cour de justice aura d’ailleurs un rôle
non négligeable dans ces négociations. (Chapitre 1).
Une transparence d’autant plus nécessaire au vu de cet accord négocié avec l’un des plus
gros partenaires économiques au monde. Le contenu du traité n’aura pas de conséquences de
petites envergures. Bien au contraire, il en aura sur le commerce mondial mais également sur les
citoyens. Comme évoqué précédemment, les deux partenaires n’ont pas les mêmes standards
normatifs. En les modifiant, cela pourrait avoir des impacts positifs ou négatifs sur les modes de
consommation et de production. L’opacité a pour effet d’augmenter les craintes concernant ce
traité. La connaissance du public de l’aspect du règlement des différends entre investisseurs et
Etats n’a fait qu’accroitre ces inquiétudes, dans la mesure où ces mécanismes présentent une
multitude de défauts. Ce manque de transparence sera alors pris en compte lors de la signature de
l’accord. Il est possible que celui-ci soit un accord mixte, c’est-à-dire un accord qui empiète sur
les compétences des Etats membres. Par conséquent, cela nécessite une approbation des
Parlements nationaux. Le Parlement européen aura également un rôle à jouer dans l’acceptation
de cet accord (Chapitre 2).
19
Transatlantic Trade and Investment Partnership.
15
CHAPITRE 1 : LE NÉCESSAIRE RESPECT DE L’OBLIGATION
DE TRANSPARENCE DANS LE CADRE DES NEGOCIATIONS
INTERNATIONALES DE L’UNION EUROPÉENNE.
Les premiers traités reconnaissaient la capacité juridique nécessaire pour exercer ses
fonctions et atteindre ses buts dans les relations internationales 20. Suite à une évolution
jurisprudentielle ainsi que de nouvelles compétences inscrites dans les traités, le traité de
Lisbonne vient pleinement reconnaitre la personnalité juridique de l’Union européenne 21 et ainsi
20
Traité de Paris instituant la Communauté européenne du charbon et de l'acier (CECA).
21
Article 47 TUE.
16
est habilitée à conclure des accords internationaux qui lient les institutions de l’Union et les Etats
membres22.
La répartition des compétences entre l’Union et les Etats membres vient s’appliquer sur le
plan international. Lorsque l’Union doit conclure un accord international, elle dispose d’une
compétence exclusive24 ou partagée25.
En ce qui concerne la compétence partagée avec les Etats membres, l’accord sera conclu
par l’Union et les Etats membres. Il s’agira alors d’un accord mixte qui nécessitera l’accord et la
ratification des parlements nationaux.
Enfin, le rôle du Parlement européen est revalorisé depuis le traité de Lisbonne et son
approbation est requise dans plusieurs types d’accords.
C’est donc par cette procédure que l’ouverture des négociations avec les Etats-Unis a été
enclenchée le 13 juin 2013 pour négocier le traité transatlantique.
22
JL. CLERGIE, A. GRUBER, P. RAMBAUD, L’Union européenne, Dalloz, 9ème édition, Paris, 2012, p. 833.
23
Procédure d’adoption des accords internationaux, www.europa.eu.
24
Article 3 TFUE.
25
Article 4 TFUE.
17
Paragraphe 2 : Le mandat de négociation concernant le Partenariat
transatlantique de commerce et d'investissement entre l'Union
européenne et les États-Unis d'Amérique.
Celui-ci nous apprend alors que l’accord contiendra exclusivement des dispositions
relatives aux questions commerciales et liées au commerce qui sont applicables entre les
parties26. Ce partenariat est fondé sur des valeurs communes entre l’Union européenne et les
Etats-Unis sur la protection et la promotion des droits de l’homme et de la sécurité
internationale.
Le mandat nous apprend alors que le partenariat garantira et protégera les valeurs
communes des deux pôles. Il reconnaitra par exemple le développement durable et facilitera le
respect des normes dans le domaine de l’environnement et le travail. Cependant, il y a une
différence de normes entre l’Union et les Etats-Unis27.
Le mandat qui avait donc été approuvé en juin 2013 avait fuité sur internet et les
institutions n’avaient pas l’intention de publier le mandat.
26
Conseil de l’Union européenne, Directives de négociation concernant un accord global sur le commerce et
l’investissement, entre l’Union européenne et les Etats-Unis d’Amérique, 9 octobre 2014, p. 3.
27
Cf. Chapitre 2.
28
Ibid., p. 4.
18
L’Union européenne et les Etats-Unis, deux entités pesant largement sur le commerce
international et négociant alors un traité de libre-échange entre eux, signifient que le contenu de
cet accord représentera un poids conséquent à l’international d’une part et aura donc des
conséquences pour tous les citoyens d’autre part. C’est pour cela que le fait de rendre ces
négociations opaques, traduit une certaine anomalie dans le fonctionnement des institutions.
C’est surtout avec cette négociation que le peuple et le politique ont voulu une
transparence accrue, ce qui a mis une certaine « pression » sur les institutions pour qu’elles
publient le mandat de négociation.
Mais alors, il est tout à fait normal de se demander si les institutions européennes ont agi
en respectant le principe de transparence, d’ouverture et d’accès aux documents compte tenu de
l’importance d’un tel traité.
Depuis l’ouverture officielle des négociations du traité en juillet 2013, il existe dans le
comportement des institutions européennes des anomalies dans le cadre du principe reconnu de
transparence
29
Commission européenne, Le Partenariat transatlantique sur le commerce et l’investissement : le volet
réglementaire, Bruxelles, septembre 2013.
19
Cependant, plusieurs informations au cours des années 2013 et 2014 mettent en relief un
certain trouble dans la transparence voulue par la Commission.
En effet d’une part, les représentants des gouvernements des Etats-membres ont eu du
mal à accéder librement aux documents relatifs à la négociation du traité. Ils seront autorisés à
les consulter uniquement dans des salles de lecture sans pouvoir les copier ou les emprunter ni
même avoir avec eux aucune sorte de support de prise de notes, dactylographié ou écrit.
D’autre part, la Commission européenne avait convoqué en novembre 2013 les délégués
des Etats membres de l’Union à une réunion qui consistait à expliquer comment contrôler et
coordonner la communication relative au traité transatlantique. Un document de travail interne
de la Commission30 appelait les Etats membres à travailler ensemble afin de lutter contre les
préoccupations de l’opinion publique qui craignait que le traité transatlantique puisse
dérèglementer les mesures de protections31.
« Dans cette attente, il est essentiel, du point de vue des opinions publiques européennes,
que la Commission européenne ne donne pas l’impression de cultiver le secret sur les
négociations qu’elle conduit pour le compte du Conseil. Même si la confidentialité des positions
de négociation facilite sans doute la tâche des négociateurs européens, il convient de rappeler
que l’article 218 du TFUE prévoit que « le Parlement européen est immédiatement et pleinement
informé à toutes les étapes de la procédure »32.
L’Italie, qui présidait le Conseil du 1er juillet 2014 au 31 décembre 2014 avait adressé une
lettre aux Etats-membres, leur demandant d’accepter que soit rendu public le mandat donné à la
Commission européenne. Lorsque Mathias Fekl avait tout juste endossé son nouveau rôle de
secrétaire d’Etat chargé du Commerce extérieur, celui-ci exigeait la publication du mandat de
négociation33.
30
Document qui avait fuité et avait été publié par le magazine danois « Notat » du 19 décembre 2013.
31
J. HILARY, Le partenariat transatlantique de commerce et d’investissement, Rosa-Luxemburg-Stiftung, Bruxelles,
mai 2014, p. 14.
32
Sénat Français, Rapport n°134 concernant le règlement des différends entre Etats et investisseurs dans les projets
d’accords commerciaux de l’Union (Cf. Bibliographie), 27 novembre 2014, p.7.
33
M. PERNIN, Été 2014 : des nouvelles du marché transatlantique (revue de presse), www.contrelacour.fr.
34
Le Médiateur, institué par l’article 228 du TFUE reçoit les plaintes des citoyens, des entreprises et des
institutions européennes et contribue à mettre au grand jour des cas de «mauvaise administration», c'est-à-dire
20
O’Reilly a joué un rôle relativement important dans la transparence des négociations. En effet,
dans deux courriers transmis le 29 juillet 2014 au Conseil de l’Union européenne et à la
Commission, la Médiatrice demandait d’accroitre la transparence relative aux négociations entre
les Etats-Unis et l’Union européenne.
Le travail de la Médiatrice a finalement porté ses fruits car, le 9 octobre 2014, le mandat
de négociation a été publié par le Conseil.
Il sera alors nécessaire de définir la transparence au regard des traités européens d’une
part et d’autre part la transparence dans les négociations internationales de l’Union avec des
Etats tiers ainsi que les restrictions prévues à cet effet.
lorsque des institutions, des organes ou des agences de l'UE ne respectent pas la loi, oublient les principes de
bonne administration ou enfreignent les droits de l'homme.
35
La Médiatrice européenne appelle la Commission et le Conseil à établir une approche plus proactive de la
transparence dans les négociations relatives au TTIP, 29 juillet 2014, www.europaforum.public.lu.
21
1049/200136 que le droit d’accès des documents a été perçu comme un droit fondamental de
l’individu.
En effet, le Cour a reconnu dans les affaires Turco, Access info et MyTravel que le droit
d’accès aux documents est lié au caractère démocratique de l’Union. De plus l’accès doit être
aussi large que possible et les exceptions, encadrées strictement.
Il existe alors pour les citoyens européens ainsi que pour les institutions un cadre
constitutionnel relativement bien fourni concernant la transparence et l’accès aux documents au
sein de l’Union, appuyé par le règlement 1049/2001 (I). Cependant, les institutions vont avoir
tendance à appliquer ce règlement textuellement sans prendre en compte les risques potentiels
d’un tel refus. Ce sera alors à la Cour de justice de l’Union européenne de trouver un équilibre
entre le principe de transparence d’ouverture et d’accès aux documents avec les restrictions
légitimes (II). La Cour va ensuite rendre un arrêt qui pourrait avoir des impacts sur la
négociation du traité transatlantique.
Désormais ces principes sont largement reconnus par le droit de l’Union et deviennent de
véritables droits. Ils ont cette spécificité d’être notamment liés à l’administration et au
fonctionnement des institutions (A). L’évolution va alors consacrer le droit d’accès aux
documents, celui-ci visant à améliorer la transparence. Le règlement 1049/2001 a consolidé ce
droit en précisant les principes et les restrictions des documents (B). Enfin, le Traité de Lisbonne
est venu apporter quelques modifications par rapport à ces principes démocratiques (C).
36
Parlement européen, Direction générale des politiques internes, Département thématique droit des citoyens et
affaires constitutionnelles, ouverture, transparence et accès aux documents et à l’information dans l’UE, 2013, p. 7.
37
Ibid., p. 9.
22
A/ Les principes spécifiques au fonctionnement des institutions
« Le présent traité marque une nouvelle étape dans le processus créant une union sans
cesse plus étroite entre les peuples de l'Europe, dans laquelle les décisions sont prises dans le
plus grand respect possible du principe d'ouverture et le plus près possible des citoyens. »38. Le
Traité de Lisbonne vient ancrer le principe d’ouverture dans l’Union Européenne mais ne fait
que consacrer l’existence d’un principe qui existait antérieurement. Principe rappelé également
dans plusieurs autres articles39.
Pèse alors sur les institutions une obligation selon l’article 11 §2 du TUE, celle
« d’entretenir un dialogue ouvert, transparent et régulier ». D’ailleurs l’article 15§1 du TFUE
« oblige » les « institutions, organes et organismes de l’Union à œuvrer dans le plus grand
respect possible du principe d’ouverture et ce afin de promouvoir une bonne gouvernance, et
d’assurer la participation de la société civile »40.
Le principe d’ouverture trouve aussi une illustration à l’article 41 de la Charte des droits
fondamentaux. Il attrait à la bonne administration : Ce droit comporte notamment le droit de
toute personne d’être entendue par les institutions avant qu’une mesure défavorable soit prise à
son encontre. Le §4 de l’Article 41 prévoit le droit de s’adresser et de recevoir une réponse dans
une des langues officielles de son choix.
38
Article 1er TUE.
39
Articles 10§3 TUE et 11§2 TUE.
40
Parlement européen, Direction générale des politiques internes, Département thématique droit des citoyens et
affaires constitutionnelles, ouverture, transparence et accès aux documents et à l’information dans l’UE, 2013, p.
10.
41
Ibid., p. 10.
42
CJUE, 1er juillet 2008, Royaume de Suède et Turco c. Conseil, Aff. C-39/05, pt. 59.
23
est susceptible de faire naître des doutes dans l’esprit des citoyens, non seulement quant à la
légalité d’un acte isolé, mais aussi quant à la légitimité du processus décisionnel dans son
entièreté. ».
Dans un second arrêt 43, « ce n’est que si une publicité adéquate est donnée aux activités
du pouvoir législatif, de l’exécutif et de l’administration publique en général qu’il est possible,
d’une part, d’exercer un contrôle effectif et efficace, également au niveau de l’opinion publique,
sur le fonctionnement de l’organisation du pouvoir et, d’autre part, de développer, dans les
rapports entre l’administration et les administrés, des modèles d’organisation assurant réellement
la participation de ces derniers ».
Ces fondements ont permis l’émergence du principe du droit d’accès aux documents,
droit inscrit dans la Charte des droits fondamentaux et normalisé par le règlement 1049/2001.
Le droit d’accès aux documents s’est imposé progressivement au sein de l’Union. Si les
traités n’en faisaient pas mention, la jurisprudence et les règlements y faisaient souvent
référence. Ce droit s’était tout de même fondé sur l’article 255 TCE (Article 15 TFUE) « qui
ouvrait aux citoyens un droit d’accès aux documents du Parlement, du Conseil et de la
Commission44.
43
CJCE, 7 décembre 1999, Interporc c. Commission, Aff. T-92/98, pt. 39.
44
Parlement européen, Direction générale des politiques internes, Département thématique droit des citoyens et
affaires constitutionnelles, ouverture, transparence et accès aux documents et à l’information dans l’UE, 2013, p.
12.
45
Ibid., p. 12.
24
pas véritablement encadré de manière précise le droit d’accès aux documents, le règlement est
venu consolider de façon effective les règles du droit d’accès aux documents qui sont donc liés
aux principes de transparence et d’ouverture.
Il a pour but de conférer un large accès des documents selon la Cour de justice 46 des
institutions en prévoyant bien entendu des exceptions strictement encadrées. En principe, « tous
les documents devraient être accessibles au public c’est-à-dire à « tout citoyen de l’Union ou
toute personne physique ou morale y résidant47 ».
Par ailleurs dans son article 3 a), le règlement définit la notion de « document » comme
« tout contenu quel que soit son support (un écrit sur support papier ou stocké sous forme
électronique, un enregistrement sonore, visuel ou audiovisuel) concernant une matière relative
aux politiques, activités et décisions relevant de la compétence de l'institution ».
En outre, les citoyens et institutions sont donc autorisés à accéder aux documents venant
des institutions. Mais à chaque principe son exception : Le règlement va venir les encadrer
strictement. Exemple de l’article 4 qui prévoit que les institutions refusent l’accès à un document
dans le cas où la divulgation porterait atteinte à la protection « de l’intérêt public, en ce qui
concerne la sécurité publique »48.
Le TFUE est venu apporter des modifications à propos du droit d’accès aux documents.
En effet, l’article 255 TCE, désormais article 15 du TFUE apporte des termes beaucoup plus
précis concernant les modalités d’exercice du droit d’accès aux documents49.
46
CJUE, 21 juillet 2011, Suède et MyTravel c. Commission, Aff. C-506/08 , pt. 73 et CJUE, 17 octobre
2013, Access Info Europ, Aff. C-280/11 pt. 28.
47
Parlement européen, Direction générale des politiques internes, Département thématique droit des citoyens et
affaires constitutionnelles, ouverture, transparence et accès aux documents et à l’information dans l’UE, 2013, p.14
48
Règl. (CE) n° 1049/2001, Article 4 1. a) tiret premier.
49
Parlement européen, Direction générale des politiques internes, Département thématique droit des citoyens et
affaires constitutionnelles, ouverture, transparence et accès aux documents et à l’information dans l’UE, 2013,p.13.
25
En effet celui-ci est considéré dans sa totalité dans un « système triptyque ouverture/
transparence/ accès aux documents »50 Alors l’article 15 oblige de manière plus précise les
institutions à respecter ces principes.
Avec toutes ces modifications portées par le traité de Lisbonne, le règlement 1049/2001
semble tomber en désuétude. En effet les principes et limites de l’article 15 TFUE doivent être
reconsidérés. Avec l’apport de la jurisprudence sur les questions des documents classifiés ou
documents relevant d’une négociation internationale entre l’Union et les Etats tiers, le règlement
ne prend pas en compte de manière détaillé ces aspects-là.
Avec tous ces éléments exposés, la structure constitutionnelle concernant le droit d’accès
aux documents et la vie démocratique des citoyens européens est relativement bien fondée.
Toutefois, dans le cadre du traité transatlantique, une question peut être posée : considérant le
cadre constitutionnel de l’Union, comment l’accès aux documents du traité transatlantique a pu
être restreint de la sorte ?
Le rôle du juge a été capital dans la construction des principes démocratiques de l’Union,
notamment dans les principes fondamentaux du droit d’accès aux documents. En effet, c’est par
les apports des arrêts de la Cour de justice que les principes d’ouverture, de transparence et
d’accès aux documents ont pu évoluer.
50
Parlement européen, Direction générale des politiques internes, Département thématique droit des citoyens et
affaires constitutionnelles, ouverture, transparence et accès aux documents et à l’information dans l’UE, 2013,p.13.
26
La Cour a également circonscrit la portée du règlement 1049/2001 pour équilibrer et
encadrer les principes et exceptions du droit d’accès aux documents.
C’est alors le recours au juge qui devient la seule voie de protection pour lutter contre ces
restrictions qui peuvent souvent paraitre injustes en ne respectant pas correctement le règlement.
Concernant les négociations internationales, la Cour et le Tribunal vont rendre des arrêts
importants concernant l’accès aux documents. Notamment deux décisions rendues par le
Tribunal dans les affaires In’t Veld 52.
51
Parlement européen, Direction générale des politiques internes, Département thématique droit des citoyens et
affaires constitutionnelles, ouverture, transparence et accès aux documents et à l’information dans l’UE, 2013, p.16
52
TPI, 4 mai 2012, Sophie In·t Veld c. Conseil, Aff. T-529/09 et TPI, 19 mars 2013, Sophie In·t Veld c. Commission,
Aff. T17301/10.
53
M. PERNIN, Négociations internationales et transparence : la CJUE condamne la Commission européenne,
www.contrelacour.fr.
27
En l’espèce, le Conseil refusait l’accès d’un avis du service juridique du Conseil
concernant l’ouverture de négociations relatives à un accord de lutte contre le terrorisme avec les
Etats-Unis.
Le Conseil s’était alors servi du règlement 1049/2001 comme base juridique en ce qui
concerne l’accès aux documents des citoyens et autres représentants politiques élus au Parlement
européen. Ainsi, le Conseil utilise l’argument du dommage hypothétique. En effet, pour les
pourparlers en cours, le Conseil européen va restreindre l’accès au document sur la base du
dommage hypothétique qui serait causé aux stratégies de négociation de l’Union et ceci
donnerait un important avantage à l’autre partie. Le Conseil doit en effet démontrer un préjudice
actuel et spécifique : « la seule crainte de divulguer une éventuelle position divergente au sein
des institutions quant à la base juridique d’une décision autorisant l’ouverture des négociations
au nom de l’Union ne saurait être suffisante pour en déduire un risque d’atteinte à l’intérêt public
protégé en matière de relations internationales »54.
Or, l’arrêt ne fait que confirmer ce que le tribunal a pu indiquer et celui-ci aura dans
l’avenir un impact direct sur les négociations internationales de l’Union européenne.
En quoi est-ce que cet arrêt vient équilibrer le droit d’accès à l’information avec un
niveau nécessaire de discrétion requis pour les processus de négociations internationales ?
D’une part, il va venir garantir du droit d’accès à l’information et, d’autre part, il vient
garantir un niveau nécessaire de discrétion requis pour les processus de négociations
internationales afin d’éviter les stratégies de négociation de base révélatrices d’autres parties aux
négociations.
La Cour vient rappeler que l’accès au document est un droit fondamental consacré par le
traité sur l’Union Européenne et la Charte des droits fondamentaux. Elle reconnait aussi qu’il
existe des exceptions à l’accès à tous les documents, notamment lorsque la divulgation porterait
atteinte à la protection de l’intérêt public en ce qui concerne la sécurité publique et les relations
internationales55.
Mais toutefois, selon la Cour, ces exceptions ne doivent être utilisées que dans des
circonstances exceptionnelles. En effet, « dès lors que de telles exceptions dérogent au principe
de l’accès le plus large possible du public aux documents, elles doivent être interprétées et
54
TPI, 4 mai 2012, Sophie In·t Veld c. Conseil, T-529/09, point 50.
55
Règl. (CE) n° 1049/2001, Article 4,1 a).
28
appliquées strictement »56. Elle ajoute : « cependant, la seule circonstance qu’un document
concerne un intérêt protégé par une exception au droit d’accès prévue à l’article 4 du règlement
n°1049/2001 ne saurait suffire à justifier l’application de cette dernière »57.
La Cour affirme alors que lorsque les exceptions sont utilisées de façon à restreindre
l’accès aux documents, ce doit être exclusivement pour des objectifs et des motifs non
hypothétiques. En outre, « lorsque l’institution concernée décide de refuser l’accès à un
document dont la communication lui a été demandée, il lui incombe, en principe, de fournir des
explications quant aux questions de savoir de quelle manière l’accès à ce document pourrait
porter concrètement et effectivement atteinte à l’intérêt protégé par une exception prévue à
l’article 4 du règlement n° 1049/2001 que cette institution invoque. En outre, le risque d’une telle
atteinte doit être raisonnablement prévisible et non purement hypothétique. »58.
Elle continue en indiquant que « lorsqu’une institution applique l’une des exceptions
prévues à l’article 4, paragraphes 2 et 3, du règlement n° 1049/2001, il lui incombe de mettre en
balance l’intérêt spécifique devant être protégé par la non-divulgation du document concerné et,
notamment, l’intérêt général à ce que ce document soit rendu accessible, eu égard aux avantages
découlant, ainsi que le relève le considérant 2 du règlement n° 1049/2001, d’une transparence
accrue, à savoir une meilleure participation des citoyens au processus décisionnel ainsi qu’une
plus grande légitimité, efficacité et responsabilité de l’administration à l’égard des citoyens dans
un système démocratique. ».
Cela signifie d’une part que lorsque l’institution estime que l’accès aux documents doit
être restreint parce que celui-ci pourrait porter atteinte à l’intérêt protégé, elle doit le démontrer
dans un souci d’effectivité du respect du principe de transparence et ceci de manière concrète.
Comme le souligne la Cour, le risque d’une telle atteinte doit être raisonnablement prévisible et
non purement hypothétique. En l’occurrence la Cour analyse au cas par cas les explications de
l’institution concernée. Ainsi elle vérifiera qu’il n’y a pas d’abus et que l’équilibre entre l’accès
aux documents et que le niveau nécessaire de discrétion requis pour les processus de
négociations internationales soit bien respecté.
56
CJUE, 3 juillet 2014, C-350/12 P, pt. 48 et CJUE, 17 octobre 2013, Conseil de l'Union européenne contre Access
Info Europe, C-280/11 P, pt. 30.
57
CJUE, 3 juillet 2014, C-350/12 P, pt. 51.
58
Idem., pt. 52.
29
D’autre part, la Cour invoque le fait que l’institution doit absolument peser sa décision de
restreindre l’accès à un document. La décision de recourir aux exceptions prévues à l’article 4 du
règlement doit être motivée et donc fondée sur une analyse concrète de la mesure. Cela pour
permettre une meilleure participation des citoyens au processus décisionnel.
Enfin, la Commission soutenait que les négociations doivent être tenues secrètes jusqu’à
ce que l’accord ait été signé par les parties et que le rôle du Parlement européen devrait être
limité à approuver ou rejeter l’accord dans son ensemble. Mais la Cour, dans son point 76
indique que « l’intérêt public relatif à la transparence du processus décisionnel serait vidé de son
contenu si sa prise en compte était, comme le propose la Commission, limitée au cas où la
procédure décisionnelle est mise à son terme »59.
L’arrêt rendu par la Cour doit avoir des conséquences sur les négociations internationales
et plus particulièrement sur le traité transatlantique. Cet arrêt ne fait que renforcer la position que
la Cour et le Tribunal avaient déjà établie auparavant. Néanmoins, la Commission ne prend pas
encore totalement la mesure des impacts de cet arrêt.
Les négociateurs du traité doivent donc concilier l’aspect de l’accès au grand public de
tous les documents du traité transatlantique et l’aspect de la restriction de ces documents
lorsqu’ils pourraient affecter les stratégies de négociation qui ne sont pas déjà connues par
l’autre partie aux négociations.
Par l’arrêt du 3 juillet 2014, la Cour réaffirme les principes d’ouverture et de transparence
et que ceux-ci sont le socle de la démocratie européenne. Alors l’attitude visant à cacher les
négociations du traité transatlantique et tous les aspects sensibles de celles-ci doit être bannie et
revenir à une certaine conformité avec le droit primaire et dérivé.
30
transatlantique et les documents secrets qui rentrent dans le champ d’application du règlement
1049/2001 doivent être une exception.
Les juges européens ont jugé que les documents se rapportant aux activités
internationales, dont le TTIP, ne doivent pas être systématiquement considérés comme exemptés
du principe de transparence.
Le mandat de négociation publié le 9 octobre 2014 fut une grande avancée dans le
processus de négociation. C’est d’ailleurs une première depuis que l’Union européenne négocie
des accords internationaux.
Mais cela peut être apparenté à une réponse contre une situation d’inquiétude et non une
mesure concrète prévue par les traités obligeant les institutions à agir dans la bienfaisance de
l’esprit des traités concernant la transparence.
De plus, on apprenait le 3 février 2015 que la Médiatrice européenne pourrait ouvrir une
enquête contre la Commission qui a refusé l’accès de documents du traité transatlantique à cinq
ONG60. Ceci remplirait d’ailleurs le rapport d’initiative auparavant rédigé par la Médiatrice
concernant ce traité.
Les ONG (Client Earth, Amis de la Terre Europe, la Fédération européenne des
Journalistes, l'Observatoire de l'Europe industrielle et le Bureau européen de l'environnement.)
arguaient que la Commission ne respectait pas la Convention d’Aarhus qui indique que les
autorités doivent donner au public l’accès aux informations liées à l’environnement.
Emily O’Reilly confie alors au site Euractiv qu’elle a reçu plusieurs plaintes au sujet du
traité transatlantique et qu’elle allait donc donner suite à une enquête. Ses recommandations ont
une influence sur les institutions et peut potentiellement les faire changer de voie en respectant
les traités de manière effective. « Elle a cependant exigé que la Commission et le Conseil fassent
la lumière sur les négociations, accusées d'être trop secrètes et trop influencées par les grandes
entreprises. ».
60
La Commission risque une enquête sur l'opacité des négociations du TTIP, 3 février 2015, www.euractiv.fr.
31
Si les négociateurs américains ne veulent pas que certains documents soient rendus
publics, cela ne justifie pas que ce soit la même chose du côté européen. Les institutions ont en
effet un devoir de transparence.
61
Textes de négociation de l’UE dans le cadre du TTIP, europa.eu.
62
Center for Economic Policy Reserch, centre d’étude proche des milieux bancaires basé à Londres.
63
Traité transatlantique: quand l'Europe en vante les effets positifs... mais oublie les impacts négatifs, 28
février2015, www.atlantico.fr.
64
M. VAUDANO, Extrait de « Docteur TTIP et Mister TAFTA : Que nous réserve vraiment le traité transatlantique
Europe/Etats-Unis ? », Les Petits Matins, 2015.
32
Il semble alors évident de vouloir analyser le contenu d’un tel traité et mesurer tous les
impacts possibles sur les citoyens ou les institutions nationales et européennes. La transparence
doit être effective compte tenu de l’ampleur de ce grand marché transatlantique à venir.
33
CHAPITRE 2 : LA NÉCESSITÉ D’UNE TRANSPARENCE
EFFECTIVE DANS LE CADRE DES NÉGOCIATIONS DU
TRAITÉ TRANSATLANTIQUE.
Cela traduit ainsi une volonté d’achever le traité transatlantique au plus vite sans même
prendre en compte tous les impacts de chaque aspect du traité sur les consommateurs ou les
pouvoirs publics.
Dans un second temps, cette transparence tant demandée depuis des mois pourrait
finalement revenir sur le devant de la scène avec les Parlements nationaux ainsi que le Parlement
européen. En effet, ceux-ci auront finalement le pouvoir de faire apparaitre ou non au grand jour
le traité transatlantique (Section 2).
34
Section 1 : Une substance du traité qui pourrait porter atteinte aux
protections réglementaires déjà établies.
Le mandat de négociation indique que les Etats-Unis et l’Union européenne partagent des
valeurs communes. Or, il existe pourtant de très grandes différences entre les deux pôles.
Notamment dans le cadre de la protection juridique des normes. La création de normes est basée
sur des préférences collectives et culturelles qui fait toute l’originalité des Pays. Les Etats-Unis
et l’Union européenne se sont construits sur des bases différentes et ne partagent pas toutes les
mêmes valeurs. C’est une chose fondamentale à prendre en compte avant d’achever le traité le
plus rapidement possible (I).
« L’harmonisation est le processus qui égalise les lois, régulations, standards et pratiques
de différents pays afin que les mêmes règles soient appliquées aux entreprises qui opèrent sur
35
leurs territoires. »65. Alors que la reconnaissance mutuelle est « fondée pour sa part sur un
principe d’équivalence qui permet à un pays d’accorder l’accès à son marché aux entreprises
d’un autre pays à condition que celles-ci respectent les standards en vigueur dans le pays
d’origine. »66.
Il existe une dissymétrie entre les normes américaines et les normes européennes. La
volonté des Etats-Unis a finalement toujours été d’anéantir les obstacles réglementaires
européens, notamment les normes sanitaires, phytosanitaires et environnementales. Les
agriculteurs américains considèrent par exemple que les normes qui existent en Europe
constituent une entrave à l’exportation. Cette restriction n’est pas pour autant discriminatoire car
elle s’applique à tous les Etats. Le but étant bien entendu de protéger le consommateur.
Le processus de créations de normes européennes est le fruit d’une évolution sur le long
terme exprimant les préférences collectives et culturelles en matière de santé ou d’éducation68.
Néanmoins, les préférences collectives et culturelles sont différentes d’un Etat à un autre,
ce en qui fait toute la spécificité des nations 69. Or il existe d’importantes différences entre les
Etats-Unis et l’Union européenne. Et celles-ci doivent absolument être prises en compte dans un
accord de libre-échange tel que le traité transatlantique. « La diversité culturelle doit être
65
E. FABRY, G. GARBASSO, R.PARDO, TTIP : Une négociation à la Pirandello, institut Jacques Delors, Synthèse, 23
janvier 2014, p. 4.
66
Ibid., p. 4.
67
Cf. Section 2 sur le mécanisme de règlement des différends.
68
Exemple de la directive REACH (Règlement sur l’enregistrement, l’évaluation, l’autorisation et les restrictions des
substances chimiques) de 2007 qui porte sur la protection de la santé humaine et de l’environnement liée à l’usage
de produit chimique.
69
H. BERTRAND, A. GAURON, J.L. MOYNOT, Traité commercial transatlantique : Déconstruire l’Europe, Note Lasaire
n°44, octobre 2014, p. 18.
36
comprise comme la liberté reconnue à chaque pays d’exprimer des préférences collectives
différentes et donc de refuser l’uniformisation de ces préférences par le commerce. »70.
Les producteurs américains de poulet et de dinde traitent les carcasses aviaires au chlore
avant de les vendre aux consommateurs. Ce procédé est interdit dans l’Union européenne depuis
1997 et le gouvernement américain a contesté cette décision au sein de l’organe de règlement des
différends.
Concernant les organismes génétiquement modifiés (OGM), l’Union paye depuis 2006
des pénalités de plusieurs centaines de millions d’euros pour son refus d’importer des OGM.
Cette biotechnologie est utilisée par les Etats-Unis depuis longtemps et l’Union européenne tente
d’utiliser le principe de précaution tant bien que mal pour restreindre la production et la
consommation de ces organismes génétiquement modifiés. En conséquence, le principe de
précaution représente une opposition entre les Etats-Unis et l’Union européenne.
Selon le site internet Europa, le principe de précaution est définit comme tel : « Le
principe de précaution permet de réagir rapidement face à un possible danger pour la santé
humaine, animale ou végétale, ou pour la protection de l'environnement. En effet, dans le cas où
les données scientifiques ne permettent pas une évaluation complète du risque, le recours à ce
principe permet, par exemple, d'empêcher la distribution ou même de retirer du marché des
produits susceptibles d'être dangereux. » 71.
70
H. BERTRAND, A. GAURON, J.L. MOYNOT, Traité commercial transatlantique : Déconstruire l’Europe, Note Lasaire
n°44, octobre 2014, p. 18.
71
Le principe de précaution est mentionné dans l’article 191 du TFUE.
72
Principe de précaution, www.europa.eu.
37
Ce principe est fondamental dans le système européen et est largement encadré. Il est
donc possible de retirer un produit du marché s’il existe un risque que ce produit soit dangereux,
même si les données scientifiques sont insuffisantes.
Cependant, les Etats-Unis ne sont pas des fervents utilisateurs de ce principe. Lorsque ce
principe est utilisé, la charge de prouver que le produit n’est pas dangereux pèse sur l’entreprise
désireuse de commercialiser celui-ci. Or, aux Etats-Unis, le gouvernement américain n’applique
pas ce principe car il soutient que les intérêts des entreprises prévalent.
L’Union européenne a toujours dû restreindre la vente des produits américains tels que le
bœuf aux hormones ou le poulet au chlore. Le gouvernement américain a déclaré 73 qu’il
profiterait des négociations du traité transatlantique pour pointer les réglementations
européennes concernant la restriction des exportations alimentaires américaines74.
S’il ne faut pas voir dans cette citation une destruction immédiate et radicale des mesures
de sécurité alimentaire, il est simplement possible de constater que la volonté est d’assouplir les
législations dans le cadre de cet accord de libre-échange.
Il est alors possible d’évoquer quelques exemples concernant les divergences des modes
de productions alimentaires entre l’Union européenne et les Etats-Unis : « plus de 90 % de la
viande bovine américaine est produite moyennant l’utilisation d’hormones de croissance bovines
dont l’effet cancérigène a été établi, l’UE introduisant dès 1988 des restrictions sur l’importation
de ce type de viande. Le gouvernement américain a déjà contesté ces restrictions par
73
J. HILARY, Le partenariat transatlantique de commerce et d’investissement, Rosa-Luxemburg-Stiftung, Bruxelles,
mai 2014, p. 11.
74
Courrier de Demetrios Marantis, représentant au commerce extérieur américain par intérim, à John Boehner,
porte-parole à la Chambre des représentants, 20 mars 2013.
75
« Transatlantic Trade and Investment Partnership (TTIP) : Note for the attention of the Trade Policy Committee
», Bruxelles : Commission européenne, 5 juillet 2013.
38
l’intermédiaire de l’OMC et les groupes d’entreprises appellent à les supprimer dans le texte du
TTIP, arguant qu’elles constituent des barrières commerciales « inutiles »76.
Par conséquent, avec ces différences sur certains points économiques et autres principes,
ainsi que la volonté de créer un organisme chargé de la coopération réglementaire, il existe des
risques à ce que les protections réglementaires s’affaiblissent. Celles-ci pourront d’ailleurs être
facilitées par le mécanisme de règlement des différends entre investisseurs et Etats car celui-ci
présente des caractéristiques spécifiques qui pourraient nuire par exemple au pouvoir souverain
d’un Etat à légiférer.
En général, ces mécanismes sont inclus dans des traités bilatéraux d’investissements. Le
traité va prévoir par exemple que l’investisseur initiera une procédure d’arbitrage contre l’Etat
d’accueil car ce dernier n’aurait pas respecté le traité. Le but de ce mécanisme est de garantir aux
76
J. HILARY, Le partenariat transatlantique de commerce et d’investissement, Rosa-Luxemburg-Stiftung, Bruxelles,
mai 2014, p. 21.
77
M. PERNIN, Hiver 2014 : des nouvelles du marché transatlantique (revue de presse), 1er mars 2015,
www.contrelacour.fr.
78
E. FABRY, G. GARBASSO , L’ « ISDS » dans le TTIP Le diable se cache dans les détails, Institut Jacques Delors, policy
paper, 13 janvier 2015, p. 3.
39
investisseurs étrangers « un cadre sûr et prévisible et un règlement du litige qui soit dépolitisé, de
manière à faciliter les décisions et les investissements »79.
Il faut noter que certains Etats comme le Venezuela se sont retirés du CIRDI. Par ailleurs,
l’Afrique du Sud voudrait se retirer des traités comportant un système de règlement des
différends entre investisseurs et Etat et ainsi renforcer leur juridiction nationale.
Il faut noter que les Européens représentent 62% des investissements directs étrangers
soit plus de 1600 milliards de dollars et les Etats-Unis, 38 %, soit plus de 1900 milliards de
dollars.
79
E. FABRY, G. GARBASSO, L’ « ISDS » dans le TTIP Le diable se cache dans les détails, Institut Jacques Delors, policy
paper, 13 janvier 2015, p. 3.
80
Avant Lisbonne, les Etats membres avaient une compétence pour la conclusion de traités bilatéraux
d’investissements notamment dans la protection des investissements et le traitement après l’établissement.
L’Union, quant à elle, était compétente pour l’accès aux marchés des investissements. Désormais, avec le traité de
Lisbonne, l’Union est cohérente sur la scène internationale concernant le commerce et l’investissement.
40
Pourtant, l’Union qui bénéficie de la compétence pour négocier l’ensemble des aspects
liés aux investissements directs étrangers, permettrait d’harmoniser les règles dans ce domaine-là
ainsi que les règles de procédure d’arbitrage. D’autant plus qu’il est clairement établi que cela
garantirait un cadre légal pour les investisseurs.
Toutefois, cette pratique démontre quelques failles. Ces mécanismes peuvent en effet
limiter le pouvoir souverain d’un Etat à légiférer. Certains Etats ont d’ailleurs renoncé à
l’inclusion de tels dispositifs dans les traités commerciaux. En outre, les sanctions financières
émises par le tribunal sont souvent très lourdes et vont en quelque sorte « forcer » l’Etat à retirer
ou modifier sa législation (A). Dans un second temps, ce système est par définition opaque car
les investisseurs ne désirent pas que le grand public soit au courant de différends concernant une
norme environnementale par exemple. De plus réside dans ce système des problèmes avec le
statut des arbitres (B).
La pratique des règlements des différends entre investisseur et Etat démontre que lorsque
les investisseurs déposent des plaintes, celles-ci sont souvent liées à un secteur impliquant une
intervention étatique comme le pétrole, l’agriculture ou les télécommunications, alors que les
investisseurs voudront en réalité écarter une législation qui ne satisfait pas leurs intérêts, par
exemple liée à l’environnement. Cela contraindrait l’Etat à respecter le traité d’investissement.
Notons qu’un tribunal arbitral ne peut obliger un Etat à retirer sa législation.
Lorsqu’un investisseur veut s’en prendre à la législation d’un Etat qui compromet ses
intérêts financiers et qui ne respecte pas le traité relatif aux investissements, celui-ci saisira le
tribunal arbitral. Mais, dans la mesure où le jugement du tribunal condamnerait l’Etat, la sanction
serait uniquement une compensation financière. En effet le tribunal ne peut pas demander à un
Etat qu’il retire ou modifie sa législation qui violerait l’accord81.
Or, il existe un risque : lorsqu’un Etat doit payer une compensation financière importante,
cela pourrait l’inciter à « retirer ou assouplir » sa réglementation. « On parlera alors de gel
81
E. FABRY, G. GARBASSO, L’ « ISDS » dans le TTIP Le diable se cache dans les détails, Institut Jacques Delors, policy
paper, 13 janvier 2015, p. 15.
41
82
réglementaire » : C’est-à-dire que les investisseurs étrangers ont une capacité indirecte à
influencer les législations83.
Une entreprise comme Petroleum a remporté 1.7 milliards de dollars contre l’Equateur,
ce qui présente 2% de son PIB. L’Etat va vouloir créer une protection juridique dans le domaine
sanitaire, social ou environnemental avec cependant le risque de modifier ces législations car
pèseront sur ces Etats des sanctions financières relativement élevées.
Il existe quelques exemples de dérives d’arbitrage privé entre investisseurs et Etats dont
l’objet était une mesure d’intérêt public adopté par un Etat.
Dans le domaine de la santé : dans sa décision, l’Australie voulait mettre en place des
paquets de cigarettes sans logo. Le cigarettier Philip Morris a bien sûr attaqué cette décision.
Il existe d’autres « failles » dans ce genre de système. Des anomalies qui peuvent nuire au
bon fonctionnement des arbitrages.
Dans un premier temps, le but des investisseurs est de recourir à une procédure
d’arbitrage qui soit indépendante et surtout dépolitisée. Il existe un risque quant à l’impartialité
des arbitres.
82
E. FABRY, G. GARBASSO, L’ « ISDS » dans le TTIP Le diable se cache dans les détails, Institut Jacques Delors, policy
paper, 13 janvier 2015, p. 15.
83
Par exemple, la Nouvelle-Zélande a suspendu sa décision de modification de la législation sur les paquets de
cigarette car elle attendait l’issue de la plainte déposée par Philip Morris contre le gouvernement australien pour
un changement de législation sur les cigarettes également.
84
Sénat Français, Rapport n°134 concernant le règlement des différends entre Etats et investisseurs dans les projets
d’accords commerciaux de l’Union, 27 novembre 2014, p.12.
42
Il n’existe pas au niveau international un code d’éthique universel pour les juges
d’arbitrage. La pratique du CIRDI démontre que pour la sélection des membres de panels, ce
sont de grands cabinets internationaux d’avocats qui vont choisir deux arbitres et ont donc une
influence dans le choix des arbitres. Ils pourront conseiller à leur client des arbitres qui
pourraient examiner favorablement leur cas85.
De même, selon l’Association internationale du barreau, l’arbitre doit révéler tout intérêt
personnel dans le résultat de l’arbitrage et doit prouver qu’il n’y a aucun doute quant à son
impartialité. Or, il n y a pas de contrôle effectif de cette impartialité. D’autant plus que les
arbitres sont directement rémunérés par les parties.
En outre, si un arbitre a des relations étroites avec l’entreprise qui assignera un Etat
devant le tribunal international, celui-ci réduirait ses chances de gagner et il devra alors payer
une compensation financière.
La Commission envisage tout de même d’introduire un code de conduite pour les arbitres
les obligeant à déclarer leurs intérêts et enfin un encadrement du coût des litiges.
Il existe donc un enjeu important dans ce système de règlement des conflits, celui d’une
transparence qui va finalement aller de pair avec toute cette négociation. En effet, « le besoin de
transparence est une revendication de plus en plus forte des sociétés civiles. Avoir un système
85
E. FABRY, G. GARBASSO, L’ « ISDS » dans le TTIP Le diable se cache dans les détails, Institut Jacques Delors, policy
paper, 13 janvier 2015, p. 17.
86
Sénat Français, Rapport n°134 concernant le règlement des différends entre Etats et investisseurs dans les projets
d’accords commerciaux de l’Union, 27 novembre 2014, p. 10.
43
plus transparent qui offre un cadre plus sûr et prévisible renforcerait la légitimité des processus
d’arbitrage. » 87.
La Commission européenne a tout de même inclut une clause de transparence pour ces
règlements des conflits dans les négociations avec le Canada et Singapour.
Selon ce rapport, ce mécanisme est un « dispositif de justice privé qui se banalise mais
occasionne des dérives inquiétantes »88.
« À l’heure actuelle, il y eu neuf plaintes entre les États-Unis et l’UE, toutes adressées par
des investisseurs américains (quatre à la Pologne, trois à la Roumanie, une à la République
tchèque et une à l’Estonie), et représentent 7% de toutes les plaintes adressées par des
investisseurs américains. »89.
87
E. FABRY, G. GARBASSO, L’ « ISDS » dans le TTIP Le diable se cache dans les détails, Institut Jacques Delors, policy
paper, 13 janvier 2015, p. 17.
88
Sénat Français, Rapport n°134 concernant le règlement des différends entre Etats et investisseurs dans les projets
d’accords commerciaux de l’Union, 27 novembre 2014, p. 10.
89
E. FABRY, G. GARBASSO, L’ « ISDS » dans le TTIP Le diable se cache dans les détails, Institut Jacques Delors, policy
paper, 13 janvier 2015, p. 11.
90
Sénat Français, Rapport n°134 concernant le règlement des différends entre Etats et investisseurs dans les projets
d’accords commerciaux de l’Union, 27 novembre 2014, p. 11.
44
La nouvelle Commission tente de rassurer le public sur cet aspect délicat. Le président
Juncker a déclaré : « Ma Commission n'acceptera pas que la compétence des tribunaux des États
membres de l’Union européenne soit limitée par des régimes spéciaux applicables aux litiges
entre investisseurs et États. L'État de droit et le principe de l'égalité devant la loi doivent
s'appliquer aussi dans ce contexte. Le mandat de négociation prévoit un certain nombre de
conditions qui doivent être respectées par ce type de régime, ainsi qu'une évaluation de la
relation avec les tribunaux nationaux. Il n'y a donc aucune obligation à cet égard : le mandat
laisse la question ouverte et nous sert de guide. » 91.
En effet, sur les 150 000 réponses à ce questionnaire, « la grande majorité, soit 97%,
communiquée via des plateformes en ligne ou des groupes d’intérêts, contenaient des réponses
négatives prédéfinies » concernant le mécanisme 92.
En résumé, le fait pour une entreprise étrangère d’assigner un Etat devant un tribunal
arbitral dont l’impartialité des arbitres seraient remise en cause et qu’il émettrait de lourdes
sanctions financières à l’encontre de cet Etat parce qu’il ne respecterait pas le traité en vue de
modifier sa législation, est une atteinte à la légitime souveraineté législative de l’Etat. C’est pour
cela que la transparence est nécessaire dans ces négociations. En effet, toute personne, toute
91
Lors de son discours d’intronisation devant le Parlement européen le 22 octobre 2014.
92
Accord transatlantique: "énorme scepticisme" en Europe sur les procédures d'arbitrage, 13 janvier 2015,
www.lalibre.be.
93
Bruxelles envisage l'option d'un tribunal public pour le TTIP, le 20 mars 2015, www.euractiv.fr.
45
institution doit être au courant de chaque apparence du traité, de chaque rubrique et ainsi pouvoir
analyser les impacts du traité sur tous les aspects de la vie quotidienne.
« On parle d’accord mixte, chaque fois qu’il apparait que « la matière d’un accord ou
d’une convention relève pour partie de la compétence (de l’un des) Communautés et pour partie
de celle des Etats membres »94, c’est-à-dire toutes les fois où la compétence de la communauté
pour participer à un accord international n’est pas exclusive et où, par conséquent, la
participation des Etats membres est soit obligatoire soit permise. »95.
Il faudra alors définir d’une part la notion d’accord mixte et d’autre part essayer
d’analyser si le traité transatlantique pourrait rentrer dans ce type d’accord.
94
Délibération 1/78 en vertu de l’article 103 du traité CEEA, Rec., 1978, p. 2151, par. 34 ; avis 2/91 du 19 mars
1993, rec., p. I-1061, par.36.
95
M. DONY, J.L. LOUIS, sous la direction de, Le droit de la CE et de l’Union européenne relations extérieurs, Jacques
ème
Mégret, 2 édition, Bruxelles, 2005, p. 167.
96
M. PERNIN, Hiver 2014 : des nouvelles du marché transatlantique (revue de presse), 1er mars 2015,
www.contrelacour.fr.
46
Le Conseil statue normalement à la majorité qualifiée. L’exception étant l’unanimité des
Etats-membres, selon l’article 207 TFUE, pour les domaines du commerce des services culturels
et audiovisuels, dans le domaine du commerce des services sociaux, d'éducation et de santé ou
lorsque les accords risquent de perturber gravement l’organisation de ces services au niveau
national et de porter atteinte à la responsabilité des Etats membres pour la fourniture de ces
services97.
Lors de négociations internationales entre l’Union et des Etats tiers, les accords sont
signés et conclus sur décision du Conseil de l’Union européenne et après approbation du
Parlement européen. Cependant, il existe des accords mixtes. Ceux-ci sont des accords dont le
contenu dépasse le champ des compétences de l’Union européenne conformément aux
dispositions des traités et « touche aux compétences des Etats membres. »98. Alors, une
approbation par les Etats membres est nécessaire pour que l’accord puisse entrer en vigueur.
Selon le principe d’attribution, l’Union n’est compétente que dans les matières prévues
par le TFUE dans son article 3. Les autres compétences non attribuées à l’Union appartiennent
aux Etats membres selon les articles 4 et 5 du TUE.
La caractéristique des accords mixtes nécessite 99 une « coopération étroite entre les
institutions de la Communauté et les Etats membres, tant dans le processus de négociation et de
conclusion que dans l’exécution des engagements assumés »100.
97
Sénat Français, Rapport n°134 concernant le règlement des différends entre Etats et investisseurs dans les projets
d’accords commerciaux de l’Union, 27 novembre 2014, p. 6.
98
Ibid p. 7.
99
M. DONY, J.L. LOUIS, sous la direction de, Le droit de la CE et de l’Union européenne relations extérieurs, Jacques
Mégret, 2ème édition, Bruxelles, 2005, p. 178.
100
Délibération avis 1/78 ; avis 2/91 ; 1/94 et 2/00.
47
Concernant la conclusion des accords mixtes, cela dépendra de la base juridique
applicable et nécessitera soit la majorité qualifiée soit l’unanimité. 101. Mais dans tous les cas,
l’accord mixte doit être signé par tous les Etats membres. L’ex-article 133 CE introduit par le
traité de Nice indiquait que les accords négociés dans le domaine des compétences partagées
entre l’Union et les Etats membres devaient être conclus conjointement par la Communauté et
les Etats membres. Le nouvel article 207 ne fait plus référence à la conclusion de tous les Etats
membres.
L’annonce faite par Cecilia Malmström indiquant que le traité transatlantique serait
potentiellement un accord mixte est due au fait que les contenus du traité pourrait interagir avec
les compétences des Etats membres. Notamment la rubrique sur les services publics 103. L’avenir
nous en dira plus sur le caractère mixte de l’accord et notamment la Cour de justice si elle se
prononce sur les accords entre Singapour et le Canada.
Avec la catéchistique spécifique de cet accord, il sera potentiellement possible que les
Parlements nationaux intègrent un grand rôle dans la signature de l’accord (I) de même que le
Parlement européen (II).
101
M. DONY, J.L. LOUIS, sous la direction de, Le droit de la CE et de l’Union européenne relations extérieurs, Jacques
Mégret, 2ème édition, Bruxelles, 2005, p. 184.
102
R. ROCHAS, Sur la question de la ratification nationale des accords conclus par l'Union européenne: Faut-il faire
une distinction entre accords purement commerciaux et les autres accords, 15 juillet 2014.
103
Le domaine des services publics rencontrera le même problème avec l’accord TISA ; Trade in Services
Agreement, ou Accord sur le commerce des services.
48
A/ Une rôle attendu par les Parlements nationaux lors de la
signature de l’accord transatlantique.
Les traités ne prévoient pas l’information des parlements nationaux dans le cadre d’une
négociation d’un accord commercial même si celui-ci est un accord mixte104.
Selon le Sénat français, cette situation « n’est pas tenable politiquement ». En effet le
processus de négociation, s’il est opaque, pourrait rendre plus difficile sa ratification.
Le Sénat soutient alors que la publication du mandat de négociation de juin 2013 est une
mesure importante pour la transparence mais celle-ci est intervenue au bout de quinze mois et
s’est créé alors un climat d’inquiétude. Le principe de transparence ainsi défini précédemment
aurait dû s’appliquer tout le long du processus de négociation pour pouvoir évaluer et analyser
tous les impacts probables du futur traité.
Dès lors, conformément aux traités européens, à l’issue le texte final devra être ratifié par
les parlements nationaux des États membres et obtenir l’approbation du Parlement européen.
Le parlement européen a toujours été désireux de coopérer de manière active dans les
négociations internationales. Au fur et à mesure des traités européens 106, les pouvoirs du
Parlement ont largement évolué. Le traité de Lisbonne étend ses pouvoirs dans le cadre de
104
Sénat Français, Rapport n°134 concernant le règlement des différends entre Etats et investisseurs dans les
projets d’accords commerciaux de l’Union, 27 novembre 2014, p.8.
105
B. RIETH, « Matthias Fekl : "Le Parlement français aura le dernier mot" », www.marianne.net, novembre 2014
106
J. RIDEAU, Droit institutionnel de l’Union Européenne, LGDJ, 6ème édition, 2010, p. 754.
49
l’approbation des accords internationaux. Ceci est prévu dans la procédure de l’article 218
TFUE107.
Il convient de rappeler que l’article 218 du TFUE prévoit que « le Parlement européen est
immédiatement et pleinement informé à toutes les étapes de la procédure ». Alors le Parlement
pourra remplir amplement son pouvoir d’approbation.
Techniquement le Parlement européen doit peser sur le contenu des accords avec ses
nouveaux pouvoirs institués par le traité de Lisbonne. C’est par des résolutions législatives ou
d’initiative que le Parlement fait entendre sa voix. 109. Une résolution adoptée en mars 2011 110 sur
« l’agriculture de l’Union européenne et le commerce international contenait une liste d’éléments
que voudrait voir le Parlement dans les accords commerciaux conclus par l’Union. De plus, cette
résolution faisait savoir qu’à titre de menace, son approbation est requise pour ce genre d’accord.
Par ailleurs, cette résolution fait entendre qu’il faut « garantir un meilleur contrôle du
respect des droits de l’homme, des normes sociales et des normes environnementales »111.
Depuis ses nouvelles prérogatives, le Parlement a approuvé quasiment tous les accords
internationaux négociés avec des Etats tiers à l’exception de quelques-uns. Notamment l’accord
SWIFT I mentionné précédemment. Le respect des principes démocratiques et des droits de
l’homme « manifestement pesé »112.
107
Article 218 § 6 a) et b) du TFUE : « Le Conseil, sur proposition du négociateur, adopte une décision portant
conclusion de l'accord. a) après approbation du Parlement européen dans les cas suivants et b) après consultation
du Parlement européen, dans les autres cas. Le Parlement européen émet son avis dans un délai que le Conseil peut
fixer en fonction de l'urgence. En l'absence d'avis dans ce délai, le Conseil peut statuer. ».
108
J. RIDEAU, Droit institutionnel de l’Union Européenne, LGDJ, 6ème édition, 2010, p. 755.
109
J. AUVRET-FINCK, sous la direction de, Le Parlement européen après l’entrée en vigueur du traité de Lisbonne,
Larcier, Bruxelles, 2013, p. 100.
110
Résolution du 8 mars 2011 sur l’agriculture de l’Union européenne et le commerce international,
P7_TA(2011)0083.
111
Idem, point T.
112
J. AUVRET-FINCK, sous la direction de, Le Parlement européen après l’entrée en vigueur du traité de Lisbonne,
Larcier, Bruxelles, 2013, p. 100.
50
L’autre exemple fondamental est l’accord ACTA113 où le 4 juillet 2012, le Parlement
européen rejette l’accord par 478 votes contre 39.
Par exemple en 2011, l’Union négociait un protocole « pêche » avec le Maroc, par un
refus d’approbation parlementaire, l’application provisoire ne devait plus s’appliquer et cela a
forcé la Commission à négocier un nouvel accord.
113
Anti-Counterfeiting Trade Agreement ou accord commercial anti-contrefaçon est un accord qui renforce les
droits de propriétés intellectuelles.
114
M. PERNIN, Été 2014 : des nouvelles du marché transatlantique (revue de presse), www.contrelacour.fr.
115
J. AUVRET-FINCK, sous la direction de, Le Parlement européen après l’entrée en vigueur du traité de Lisbonne,
Larcier, Bruxelles, 2013, p. 100.
51
CONCLUSIONS GENERALES
En résumé, la Commission européenne est tenue, comme toutes les autres institutions, de
respecter le droit primaire et dérivé. La Cour de justice l’a clairement indiqué. Lorsque l’Union
négocie un traité international, l’équilibre doit être parfaitement encadré entre la transparence et
de surcroit l’accès aux documents et la confidentialité légitime de certains documents. Le fait de
restreindre certains documents qui devraient pourtant être consultables, ne fait que renforcer les
inquiétudes vis-à-vis du traité transatlantique. Traité qui aura des impacts sur la vie des citoyens.
La Commission européenne reconnait que le traité ne sera pas prêt pour 2015 et sera
fortement ralenti en 2016 avec l’élection présidentielle américaine de 2016. Il est même possible
que celui-ci ne voit jamais le jour avec son contenu actuel. En effet certains Etats membres
pourraient le rejeter ou le Parlement européen pourrait tout simplement refuser de donner son
approbation.
Mais s'il était conclu, il pourrait modifier le cadre économique, géopolitique et juridique
de la zone transatlantique, faire évoluer les prérogatives de l'Union en matière d'édiction des
normes, donc la faire évoluer en une potentielle Union fédérale, à l'instar de celle des Etats-Unis.
Ce traité pourrait servir de base solide pour la conclusion des accords bilatéraux de libre-échange
des Etats-Unis et l’Union européenne actuellement en négociations avec les pays asiatiques mais
aussi de support à la reprise du cycle de Doha et pourrait ainsi voir le jour une nouvelle politique
mondiale du commerce international, ce qui si les pays en développement poursuivent à leur
tour, pourrait conduire à terme, à l'instauration d'un nouvel ordre mondial, global de libre-
échange.
52
BIBLIOGRAPHIE
I- Dictionnaires
53
- La Commission risque une enquête sur l'opacité des négociations du TTIP, 3 février
2015, www.euractiv.fr
- Traité transatlantique: quand l'Europe en vante les effets positifs... mais oublie les
impacts négatifs, 28 février2015, www.atlantico.fr
- La Médiatrice européenne appelle la Commission et le Conseil à établir une approche
plus proactive de la transparence dans les négociations relatives au TTIP, 29 juillet
2014, www.europaforum.public.lu
- La culture des OGM facilitée dans l'Union européenne, 14 janvier 2015,
www.lemonde.fr
- Accord transatlantique: "énorme scepticisme" en Europe sur les procédures d'arbitrage,
13 janvier 2015, www.lalibre.be
- Bruxelles envisage l'option d'un tribunal public pour le TTIP, le 20 mars 2015,
www.euractiv.fr
- www.glossaire-international.com
- www.europa.eu
54
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européenne: Faut-il faire une distinction entre accords purement commerciaux et les
autres accords, 15 juillet 2014
- D. WALAS, Le contexte historique et politique des relations UE/USA, Colloque sur :
« Vers un partenariat transatlantique renforcé : une nouvelle donne dans un monde en
mutation ? », avril 2014, Université de Nice Sophia-Antipolis
V- Documentation officielle
55
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la politique en matière d’investissement international après le traité de Lisbonne, 2010.
- Médiateur européen, TTIP: la Médiatrice salue la transparence accrue dans les
négociations commerciales internationales, Communiqué de presse, 28 janvier 2014
- Sénat Français, au nom de la commission des affaires européennes (1) sur la proposition
de résolution européenne de M. Michel BILLOUT et plusieurs de ses collègues, présentée
en application de l’article 73 quinquies du Règlement, sur le règlement des différends
entre investisseurs et États dans les projets d’accords commerciaux entre l’Union
européenne, le Canada et les États-Unis, Rapport n°134, 7 novembre 2014, Session
ordinaire de 2014-2015.
VI- Législation
VII- Jurisprudence
56
TABLE DES MATIERES
Sommaire .................................................................................................................................. 3
Avant-propos ........................................................................................................................... 5
57
CHAPITRE 1 : LE NECESSAIRE RESPECT DE L’OBLIGATION DE
TRANSPARENCE DANS LE CADRE DES NEGOCIATIONS INTERNATIONALES DE
L’UNION EUROPÉENNE..................................................................................................... 16
B/ Le principe du droit d’accès aux documents conforté par le règlement 1049/2001 ......... 24
Paragraphe 2 : Le rôle du juge européen dans l’équilibre des principes et restrictions du droit
d’accès aux documents ..................................................................................................... 26
Paragraphe 1er : Une différence notable de protection juridique entre les Etats-Unis et
l’Union européenne. ......................................................................................................... 35
58
B/ Un point de divergence entre les deux entités : Le principe de précaution .................... 37
A/ Des sanctions financières pouvant limiter la capacité des Etats à légiférer ..................... 41
Paragraphe 2 : Les rôles décisifs du Parlement européen et des Parlement nationaux quant à
la signature de l’accord ..................................................................................................... 48
A/ Une rôle attendu par les Parlements nationaux lors de la signature de l’accord
transatlantique ................................................................................................................... 49
Bibliographie .................................................................................................................. 53
59