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Annexe 1 : Étude sélective de la documentation sur les


indicateurs d’innovation
La présente annexe offre une étude sélective de la documentation existante sur les
indicateurs d’innovation et porte une attention particulière aux indicateurs touchant les
industries des ressources naturelles. Elle commence par évaluer les études générales sur
les indicateurs d’innovation menées par trois organismes : la Communauté européenne, le
Conference Board du Canada et l’OCDE, puis analyse plus en détail quatre études portant
spécifiquement sur les tendances d’innovation des industries des ressources naturelles.

A. Études sur l’innovation en général


1) L’approche de la Communauté européenne

Reinhilde Veugelers (2005), de la Commission de l’Union européenne et de


l’Université catholique Leuven, a fait une analyse des indicateurs appropriés à
l’évaluation et l’amélioration de la capacité à innover dans le contexte de la croissance de
l’Union européenne et des enjeux que cela comporte.

Veugelers utilise la notion de « capacité d’innovation nationale » (CIN), qu’elle


définit ainsi : non seulement la capacité d’un pays à créer de nouvelles idées, mais
également de commercialiser à long terme une gamme de technologies novatrices.
Comme l’indique Veugelers, les différences en croissance et en innovation entre les pays,
du point de vue de la CIN, ne reflètent pas que des différences en capital, en main
d’œuvre et en connaissances, mais également des divergences dans la diffusion des
connaissances ou dans l’efficacité du système d’innovation (voir la figure 1A). Elle
signale également que cette perspective permet de comprendre les lacunes de l’étude
distincte des indicateurs statistiques dans l’évaluation de la capacité nationale à innover;
il devient alors préférable d’adopter une approche systémique afin de mieux comprendre
les liens entre les indicateurs des sciences et de la technologie et le développement
socioéconomique. L’efficacité des systèmes d’innovation dépend d’un équilibre
harmonieux entre la capacité d’innover, la capacité de diffuser ces innovations et la
capacité de les adopter.

Mais utiliser la CIN rend difficile l’approximation empirique des divers cadres de
CIN de pays différents et de la diffusion des connaissances. Il est clair que comprendre
ces divers cadres peut nous éclairer sur l’efficacité relative des différents systèmes
d’innovation (l’Union européenne comparativement aux États-Unis, par exemple), sur le
plan qualitatif, sinon quantitatif. Par exemple, on a démontré que les principales
faiblesses de l’Europe en matière d’innovation sont centrées sur les « conditions
d’orientation selon les marchés » et sur les réseaux de connaissances. L’Europe crée,
dans ses universités et instituts de recherche, de vastes quantités de connaissances, et
forme un grand nombre d’employés qualifiés. Cependant, elle n’exploite ni ces
connaissances ni cette expertise au service des besoins économiques et sociaux.

En comparaison, comme l’indique Veugelers, les États-Unis dépassent l’Europe


en ce domaine, pour plusieurs raisons : un environnement plus concurrentiel; des liens

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plus étroits entre la recherche et l’industrie; des recherches de meilleure qualité grâce à
un système ouvertement concurrentiel d’universités privées et publiques et de
subventions de recherche arbitrées financées par le gouvernement; un vaste marché unifié
qui n’est pas gêné par une diversité de langues, de mœurs ou de normes; une application
plus forte des droits de propriété intellectuelle; des marchés financiers plus souples qui
rendent le capital de risque plus facilement accessible aux entreprises innovatrices; un
marché de l’emploi plus souple qui encourage la migration interne et l’immigration du
personnel hautement qualifié.

Figure 1A : Capacité d’innovation nationale : un cadre de référence intégré


• Infrastructure d’innovation commune : institutions, ressources et politiques
transversales
o Expertise technologique existante
o Soutien de la recherche fondamentale et de l’éducation supérieure
o Politique générale visant les sciences et la technologie

• Conditions particulières au secteur technologique


o Expertise spécifique à la technologie : personnel spécialisé en R.-D.
o Incitatifs à l’innovation: premiers utilisateurs, appropriation (DPI)
et résultats
o Concurrence du marché : rivaux (locaux), ouverture du marché
o Présence d’industries connexes ou de soutien (groupes d’activités)

• Qualité des liens entre les groupes d’activités et les facteurs communs
o Liens entre la recherche et l’industrie
o Efficacité des marchés de capitaux et du travail
Source : Veugelers (2005:8-9).

Dans le cadre de la stratégie de Lisbonne (2000) visant à faire de l’Union


européenne l’économie fondée sur les connaissances la plus dynamique et la plus
concurrentielle au monde, afin d’assurer une croissance économique durable, des emplois
plus nombreux et meilleurs et une plus grande cohésion sociale, un « tableau de bord
européen de l’innovation » (European Innovation Scoreboard, EIS) a été élaboré afin
d’attirer l’attention sur les facteurs incitatifs et les résultats de l’innovation (figure 2A).
De nombreux indicateurs peuvent avoir une dimension industrielle.

Veugelers insiste sur l’importance d’interpréter avec soin les comparaisons des
indicateurs d’innovation entre les industries, car des différences structurelles peuvent être
un facteur dans les divergences remarquées entre l’innovation manifestée par deux
industries. L’importance relative des divers secteurs varie également selon les pays. De
plus, les processus d’innovation et les innovations créées et adoptées par des industries
distinctes peuvent diverger considérablement. Ces divergences sont liées aux facteurs
suivants :

• Le potentiel d’application des nouvelles technologies est différent; le secteur des


TIC, par exemple, bénéficie d’un immense potentiel.

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• L’échelle des unités innovantes varie d’un secteur à l’autre; importante dans le
secteur automobile, par exemple, elle est plus petite dans celui de la machinerie.
• Les objectifs de l’innovation varient : certains secteurs préfèrent innover dans les
processus, d’autres dans les produits.
• Les sources d’innovation varient aussi : fournisseurs pour l’agriculture,
utilisateurs pour les logiciels et laboratoires de R-D propres à une organisation
pour les produits chimiques, par exemple.

Selon Veugelers, l’approche systémique sur l’innovation est centrée sur le plan
technologique et sectoriel; les indicateurs devraient donc également être mesurés sur ce
plan, car on peut en apprendre beaucoup par l’analyse de la performance en innovation
entre les secteurs. Elle signale toutefois que le manque de données sectorielles pour de
nombreux indicateurs constitue un gros problème.

Figure 2A : Tableau de bord européen de l’innovation


1. Ressources humaines

1.1 Diplômés en sciences et en génie (‰ du groupe d’âge 20-29 ans)


1.2 Population titulaire d’une éducation supérieure (% du groupe d’âge 25-64)
1.3 Participation à la formation continue (% du groupe d’âge 25-64)
1.4 Emploi en fabrication de produit de haute/moyenne technologie (% de la main d’œuvre)
1.5 Emploi dans les services de haute technologie (% de la main d’œuvre)

2. Création de connaissances

2.1 Dépenses publiques en R.-D. (DIRD - DIRDE)


2.2 Dépenses internes en recherche et développement des entreprises (DIRDE) (% du PIB)
2.3.1 Demandes de brevets de haute technologie soumises à l’OEB (par million d’habitants)
2.3.2 Demandes de brevets de haute technologie soumises à l’USPO (par million d’habitants)
2.4.1 Demandes de brevets soumises à l’OEB (par million d’habitants)
2.4.2 Demandes de brevets soumises à l’USPO (par million d’habitants)

3. Transmission et application des connaissances

3.1 Innovation interne des PME (% des PME, secteurs manufacturier et des services)
3.2 PME collaborant en innovation (% des PME, secteurs manufacturier et des services)
3.3 Dépenses en innovation (% du chiffre d’affaires, secteurs manufacturier et des services)

4. Financement, résultats et marchés de l’innovation

4.1 Part des investissements en capital de risque en haute technologie


4.2 Part du capital de risque de début de croissance selon le PIB
4.3.1 Part des ventes des PME de ‘produits nouveaux sur le marché’ (% du chiffre d’affaires,
PME des secteurs manufacturier et des services)
4.3.2 Part des ventes des PME de ‘produits nouveaux pour l’entreprise mais non sur le
marché’ (% du chiffre d’affaires, PME des secteurs manufacturier et des services)
4.4 Utilisation d’Internet
4.5 Dépenses en TIC (% du PIB)
4.6 Part de la valeur ajoutée à la fabrication, secteurs de haute technologie
4.7 Degré de volatilité des PME (% des PME des secteurs manufacturier et des services)

Source: Veugelers (2005:15-16).

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2) Indicateurs de mesure de l’innovation du Conference Board du Canada

En 2004, le Conference Board du Canada a publié Explorer le caractère de


l’innovation au Canada : Comparaison avec les pays les plus innovants au monde, une
étude préparée pour Industrie Canada dans le cadre de la Stratégie d’innovation du
gouvernement fédéral. Le cadre élaboré et utilisé par le Conference Board pour évaluer
l’innovation est très utile. Il sépare l’innovation en quatre secteurs : les connaissances, les
compétences, l’environnement d’innovation et l’innovation communautaire. La figure 3A
présente les 17 indicateurs qui forment ce cadre. Le Canada a obtenu une très bonne cote
parmi les 24 pays de l’OCDE : la 4e place, après les États-Unis, la Suède et la Finlande,
selon l’innovation dans l’économie en général.

Le Conference Board a appliqué ses 17 indicateurs à l’économie générale, mais


nombre d’entre eux peuvent également être applicables à une industrie en particulier. La
présente section de l’étude documentaire porte sur l’applicabilité des indicateurs
d’innovation relevés par le Conference Board aux industries des ressources naturelles.
Aux fins du présent rapport, ces indicateurs ont été répartis en trois catégories : les
indicateurs disponibles et pertinents au niveau industriel, du moins pour le Canada; les
indicateurs potentiellement disponibles et pertinents au niveau industriel; et les
indicateurs non pertinents au niveau industriel. Des 17 indicateurs de mesure relevés par
le Conference Board du Canada, cinq sont disponibles et pertinents au niveau industriel,
sept sont potentiellement disponibles et pertinents au niveau industriel, et cinq ne
conviennent pas à la dimension industrielle.

a. Indicateurs d’innovation disponibles et pertinents au niveau industriel

Cinq des 17 indicateurs entrent dans cette catégorie; nous les utilisons dans le
présent rapport pour évaluer la capacité à innover et les performances des industries des
ressources naturelles canadiennes.

1) L’indicateur des dépenses internes en R.-D. des entreprises (DIRDE) exprimé


en pourcentage du PIB est éminemment applicable au secteur des ressources naturelles,
car les données sur les dépenses d’entreprise en R.-D. sont recueillies et mesurées selon
l’industrie. Cet indicateur permet de comparer l’intensité de la R.-D. entre les industries
canadiennes et entre les industries des ressources naturelles de différents pays. Comme
les statistiques sur la R.-D. sont conformes aux définitions de la R.-D. exposées dans le
manuel Frascati (OCDE, 1963), ces évaluations de la R.-D. sont en théorie directement
comparables; des divergences entre les pays dans l’interprétation de certaines définitions
peuvent toutefois empêcher une comparaison directe.

2) Le Conference Board se sert des reçus et des paiements de la balance des


paiements technologiques comme indicateur de la diffusion des connaissances par le
transfert de technologie. Il soutient avec raison qu’il faut interpréter avec soin la balance
des paiements technologique, car un solde négatif n’indique pas obligatoirement une
faible capacité à la concurrence : il pourrait tout aussi découler d’une augmentation des
importations de haute technologie doublée d’une baisse des reçus. De même, un solde
positif peut indiquer un degré élevé d’autonomie sur le plan technologique, peu
d’importations de technologie, ou encore une faible capacité à intégrer des technologies

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étrangères. Cet indicateur, réparti par industrie, se trouve dans la base de données STAN
de l’OCDE, mais uniquement pour quelques industries des ressources naturelles.

Figure 3A : Indicateurs de mesure de l’innovation du Conference Board du Canada


(le rang du Canada est indiqué entre parenthèses, sur 12 sauf indication contraire)
Performances des connaissances
1) DIRD en % du PIB (7e)
2) DIRDE en % du PIB (8e)
3) Publication de rapports scientifiques par million d’habitants (5e)
4) Familles (trios) de brevets (8e)
5) Coopération universités-industries en R.-D. (2e de 10)
6) Balance des paiements technologique (5e de 10)

Performances des compétences


1) Niveau de scolarisation de la main d’œuvre (1ère)
2) Ressources humaines affectées aux sciences et à la technologie (7e)
3) Participation des adultes à la formation continue (6e de 6)

Environnement d’innovation
1) Environnement de réglementation général de l’économie (6e)
2) Imposition totale des entreprises en pourcentage du PIB (3e)
3) Générosité du régime d’imposition sur la R.-D. (3e)
4) Investissement en capital de risque (2e)
5) World Competitiveness Ranking (4e)
6) Risque pour la croissance de l’économie que constitue la relocalisation
des installations de R.-D. (7e)
7) Indice de confiance, investissement étranger direct (7e de 9)

Facteurs communautaires d’innovation


1) Abonnés à Internet, accès rapide (1ère).
Source : Conference Board du Canada (2004).

3) Le niveau de scolarité de la main d’œuvre a une influence sur les capacité d’un
pays à créer et à assimiler de nouvelles technologies. Les données sur le niveau de
scolarité par industrie pour le Canada sont disponibles à partir de l’Enquête sur la
population active et des recensements; elles sont toutefois plus difficiles à acquérir pour
d’autres pays.

4) La proportion d’employés affectés à des tâches liées aux sciences et à la


technologie est un autre indicateur de la capacité de la main d’œuvre à créer et à assimiler
de nouvelles technologies. Les données sur les tâches par industrie pour le Canada sont
disponibles à partir de l’Enquête sur la population active et des recensements; elles sont
toutefois plus difficiles à acquérir pour d’autres pays. Cependant, les évaluations du
personnel affecté à la R.-D. par industrie, selon les définitions de la R.-D. du manuel
Frascati, sont disponibles pour le Canada et certains pays de l’OCDE.

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5) Innover signifie apprendre continuellement; la proportion d’adultes en


formation continue constitue donc un indicateur d’innovation. L’Enquête internationale
sur l’alphabétisation des adultes nous fournit des données sur l’alphabétisation, et ces
données peuvent être disponibles par industrie. Les données sur la formation continue par
industrie sont disponibles pour le Canada, par l’intermédiaire de l’Enquête sur
l’éducation et sur la formation des adultes et de l’Enquête sur le lieu de travail et les
employés; ces données sont moins facilement accessibles pour d’autres pays,
particulièrement par industrie.

b. Indicateurs d’innovation potentiellement disponibles et pertinents au niveau industriel

1) Selon le Conference Board du Canada, les brevets constituent une autre mesure
de l’innovation, car ils sont liés à la création et à la diffusion des connaissances. Un
brevet fait partie d’une famille de trois brevets s’il est soumis en même temps à l’Office
européen des brevets, au Japanese Patent Office et au United States Patent Office.1 En
1999, le Canada détenait 16,5 familles de brevets par million d’habitants, ce qui est
sensiblement inférieur à la Suède (102), au Japon (90), à la Finlande (79), à l’Allemagne
(73), aux États-Unis (52), à la France (35) et à la Grande Bretagne (30). Il est difficile de
savoir si la faiblesse du Canada sur ce plan est applicable aux industries des ressources
naturelles canadiennes, car les données sur cette question par industrie ne semblent pas
être actuellement disponibles.

2) La coopération entre l’industrie et l’éducation supérieure favorise le transfert


d’idées, de connaissances et d’expertise du milieu universitaire vers l’industrie, ce qui en
retour favorise l’innovation. Le Conference Board évalue cet indicateur en calculant la
proportion de la R.-D. effectuée par les universités mais financée par l’industrie. Il existe
un autre indicateur potentiel : la proportion de la R.-D. financée par l’industrie mais
réalisée par les universités. On peut également utiliser les valeurs absolues de ces deux
indicateurs. Cet indicateur pourrait en théorie être disponible par industrie, car les
données pertinentes sont recueillies à ce niveau de regroupement.

3) Le rapport sur l’innovation du Conference Board du Canada indique que


l’environnement de réglementation de l’économie en général constitue un facteur qui
peut favoriser ou défavoriser l’innovation; il s’agit de facteurs comme les obstacles au
commerce et à l’investissement (restrictions au commerce et à l’investissement direct), la
réglementation économique (obstacles à la concurrence, contrôle étatique), et la
réglementation administrative (formalités administratives de toutes sortes). Selon le
questionnaire des indicateurs de réglementation de l’OCDE, le Canada se situait, en
1988, au 6e rang parmi 11 pays selon le caractère favorable à l’innovation de
l’environnement réglementaire. Il occupait un rang extrêmement favorable pour son
environnement administratif, un bon rang pour l’environnement économique, mais un
rang considérablement plus bas pour ses obstacles au commerce (dernier de 11). Des
données sur l’environnement réglementaire peuvent certes être recueillies par industrie au
Canada et dans d’autres pays, mais elles ne semblent pas être actuellement disponibles.

1
Stead (2001) signale que la plupart des brevets canadiens visent des inventions étrangères, et qu’un plus
grand nombre d’inventions canadiennes sont brevetées aux États-Unis qu’au Canada.

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4) Le Conference Board juge que le taux d’imposition des sociétés exprimé en


pourcentage du PIB est un indicateur d’innovation parce que des impôts plus bas laissent
à l’industrie des ressources plus importantes pour se livrer à des activités d’innovation,
même s’il reconnaît qu’un taux d’imposition élevé n’est pas,en soi, une mauvaise chose.
Il importe toutefois que les revenus d’impôt soient utilisés efficacement. En 2001, le
Canada a obtenu une bonne cote selon cet indicateur, avec le troisième plus bas taux
d’imposition des sociétés par rapport au PIB parmi 11 pays (facteurs : revenus d’impôt,
versements des employeurs à la sécurité sociale, et une partie des impôts fonciers et de la
taxe sur les produits et services). Des données sur l’impôt des sociétés peuvent être
recueillies par industrie au Canada et dans d’autres pays, mais elles ne semblent pas être
actuellement disponibles.

5) Les dépenses en recherche et développement (facteur crucial de l’innovation)


peuvent être touchées par les incitatifs fiscaux en R.-D. Par conséquent, le Conference
Board du Canada juge que la générosité des incitatifs fiscaux en R.-D. constitue un
indicateur d’innovation. Il a conclu que le Canada, en 2001, avait le troisième plus
généreux régime d’incitatifs fiscaux pour la R.-D. parmi 11 pays. Si les incitatifs
provinciaux avaient été comptés, le rang du Canada aurait probablement été encore
meilleur. Le Canada ne comporte pas d’incitatifs sectoriels à la R.-D.,2 mais cela ne
s’applique pas nécessairement aux autres pays. Le traitement fiscal général d’un pays sur
la R.-D. peut donc ne pas être applicable par industrie à tous les pays. Des données sur le
traitement fiscal de la R.-D. pouvant être comparées entre pays peuvent potentiellement
être recueillies, mais elles ne semblent pas être actuellement disponibles.

6) Le capital de risque est un élément crucial pour encourager la croissance de


nouvelles entreprises innovatrices. Par conséquent, le Conference Board du Canada
considère que l’accessibilité au capital de risque, défini comme le capital de risque en
proportion du PIB, constitue un indicateur d’innovation. Au cours de la période de 1998 à
2001, le Canada a obtenu le 2e rang de 11 pays selon cet indicateur. Les données sur le
capital de risque par industrie sont disponibles pour le Canada, car elles sont recueillies
par industrie. Il est toutefois difficile d’établir si des évaluations comparables existent
pour d’autres pays. Si du capital de risque est disponible pour les occasions intéressants
d’investissements dans n’importe quelle industrie, le choix de l’industrie où investir n’a
donc pas d’importance; l’évaluation nationale du capital de risque peut s’appliquer à
toutes les industries et donc rendre inutile une évaluation par industrie du point de vue de
l’accès au capital de risque (mais non du point de vue des industries qui présentent des
occasions d’investissement).

7) A.T. Kearney a établi un indice de confiance sur l’investissement étranger


direct (IED), selon l’opinion des dirigeants d’entreprises sur les possibilités intéressantes
d’investissement d’un pays au cours des trois prochaines années. Selon le Conference
Board du Canada, cet indice mérite d’être considéré comme un indicateur d’innovation,
car il juge que cette opinion reflète l’environnement général d’innovation d’un pays. En
2002, le Canada a obtenu le 7e rang de 9 pays. A. T. Kearny recueille les réponses des

2
Cela ne s’applique pas à l’aide financière gouvernementale (prêts et subventions) liée au développement
de nouveaux produits, car certaines industries, notamment les secteurs pharmaceutique et aérospatial,
bénéficient d’un traitement particulier.

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1000 entreprises les plus importantes de 42 pays et de 23 industries; cependant, nous


ignorons si les données par industrie sont disponibles pour le grand public.

c. Indicateurs d’innovation non pertinents au niveau industriel

1) L’indicateur le plus utilisé pour évaluer l’innovation est sans doute les
dépenses intérieures brutes de recherche et développement (DIRD) par rapport au PIB, et
le Conference Board l’inclut avec raison dans ses indicateurs d’innovation. Le rapport
DIRD/PIB s’applique à tous les secteurs de l’économie (entreprises, éducation
supérieure, gouvernement et organismes sans but lucratif); il ne peut donc pas être
appliqué à une industrie en particulier. Un indicateur semblable, les dépenses internes en
recherche et développement des entreprises (DIRDE), peut cependant s’appliquer au
niveau industriel plutôt que national.

2) Les données sur la publication de rapports scientifiques par habitant sont


disponibles par domaine ou par discipline scientifique, mais non par industrie. Il est vrai
que peu de rapports scientifiques sont publiés à la suite de recherches effectuées par le
secteur commercial, car la plupart des rapports de recherche publiés dans les périodiques
internationaux reconnus portent sur des travaux effectués par les universités, les
organismes gouvernementaux et les organismes sans but lucratif.

3) L’Institute for Management Development (IMD), de Suisse, publie un rapport


annuel intitulé World Competitiveness Yearbook (WCY) qui classe les pays du monde
selon une multitude de variables réparties en quatre grandes catégories : les performances
économiques, l’efficacité du gouvernement, l’efficacité des entreprises, et
l’infrastructure. Le Conference Board du Canada juge que les classements généraux de ce
rapport constituent des indicateurs d’innovation, car il croit que les quatre facteurs qui
forment cette mesure constituent l’environnement dans lequel l’innovation a lieu, et ont
donc une influence sur la perception interne et étrangère du Canada à titre de pays où
vivre et où investir. Le Canada a obtenu, en 2002, le 4e rang sur 11 pays. Comme les
données du WCY sont recueillies au niveau national, et non par industrie, cet indicateur
ne peut pas s’appliquer au niveau de l’industrie.

4) Une des variables du rapport World Competitiveness Yearbook de l’IMD est


une question du sondage qui demande aux dirigeants si la relocalisation des installations
de R.-D. met en péril la croissance de l’économie. Le Conference Board du Canada
compte cette variable comme un indicateur d’innovation, car il juge que des inquiétudes
sur la relocalisation sont étroitement liées aux questions de leadership, de confiance du
milieu commercial et de culture, ce qui rend cette question pertinente. En 2002, le
Canada a obtenu selon cette variable le 7e rang sur 11 pays. Comme les données du WCY
sont recueillies au niveau national, et non par industrie, cet indicateur ne peut pas
s’appliquer au niveau de l’industrie.

5) Le Conference Board du Canada donne un indice d’innovation


communautaire : le nombre d’abonnés à un accès rapide à Internet par 100 habitants. On
peut soutenir que cette technologie, qui encourage le développement et la diffusion
d’applications et de services avancés, pourra apporter aux collectivités de tout le Canada
de nouveaux avantages économiques et sociaux. En 2003, le Canada se classait au 1er

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rang de 11 pays. Comme cette variable se fonde sur les collectivités ou les ménages, il
n’existe aucune dimension ou subdivision par industrie.

3) Définitions industrielles de l’intensité technologique de l’OCDE

L’OCDE est l’organisme international à la fine pointe de la classification des


industries selon le niveau de technologie et de la définition de la haute technologie.3
Classifier les industries par niveau de technologie peut fournir une indication sur la
capacité d’innover de ces industries. Une étude du traitement des industries des
ressources naturelles par l’OCDE et de l’évolution de ce traitement est instructive. La
figure 4A est tiré d’un rapport de l’OCDE (1986) qui classe les industries selon le rapport
entre les ventes et les investissements en R-D;4 ce rapport a révélé que sur sept industries
des ressources naturelles, six avaient une faible concentration technologique, et une avait
une concentration moyenne. La figure 5A, tiré cette fois d’un autre rapport de l’OCDE
(1997), dresse un tableau légèrement différent. Quatre des industries des ressources
naturelles sont maintenant à concentration technologique moyenne, et deux seulement ont
encore une faible concentration.

Figure 4A : Niveaux d’intensité de la technologie de l’OCDE, 1986


Élevée Moyenne Faible

Aérospatiale Automobiles Carrières


Équipement informatique Produits chimiques Aliments, boissons, tabac
Électronique et composantes Autres produits manufacturés Construction navale
Médicaments Matériel non-électrique Raffinage du pétrole
Instruments Caoutchouc et plastiques Métaux ferreux
Matériel électrique Métaux non-ferreux Produits métalliques
Papiers, imprimerie
Produits du bois, meubles
Textiles

Source: Science and Technology Indicators, OECD, 1986 de Godin (2004: no.25:18).

Cette mise à jour des capacités technologiques des industries des ressources
naturelles entre 1986 et 1997 provient d’une redéfinition de la concentration
technologique, car la dernière tient compte de la diffusion de la technologie. En d’autres
termes, les industries qui utilisent une technologie intégrée ou une technologie incorporée
aux biens, comme les industries des ressources naturelles exigeantes en investissements,
sont jugées plus technologiques et donc plus innovatrices.

3
Selon Godin (2004a:23), « …La haute technologie est le parfait exemple d’une notion vague très utile
pour les beaux discours. Les officiels l’utilisent constamment sans la définir de façon systématique, mais
uniquement pour son prestige. » Une critique de la haute technologie est qu’on peut juger une entreprise
comme étant à forte concentration technologique si elle effectue des recherches, achète ou utilise des
produits de haute technologie ou emploie une main d’œuvre hautement qualifiée; c’est là une définition
trop large. En outre, la terminologie à ce propos n’est pas normalisée, et des définitions différentes mènent
à des résultats différents.
4
Voir Godin (2004a, p.15-16) pour de plus amples détails sur la définition.

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Figure 5A : Liste des industries technologiques de l’OCDE, 1997


Élevée

Aérospatiale
Produits pharmaceutiques
Équipement informatique et de bureau
Équipement de communications
Instruments médicaux, optiques et de précision

Moyenne-.élevée

Matériel électrique
Véhicules à moteur
Produits chimiques (sauf pharmaceutiques)
Matériel de transport et de chemins de fer
Machinerie et matériel

Moyenne-basse

Produits du pétrole et charbon


Caoutchouc et plastiques
Autres produits de minerai non-métallique
Réparation navale
Métaux de base
Produits métalliques fabriqués (sauf machinerie et matériel)

Basse

Fabrication de produits recyclés


Produits du bois
Papiers, produits du papier, imprimerie, édition
Aliments, boissons, tabac
Textile, produits du textile, cuir

Source: OECD, de Godin (2004:no 25:21).

B. Études de l’innovation dans les industries des ressources


naturelles

1) Étude de l’Association minière du Canada

En 2001, Global Economics Limited a mené, pour l’Association minière du


Canada (AMC), une étude de l’innovation dans le secteur canadien des mines. Ce rapport
porte surtout sur les tendances d’innovation de ce secteur, plus particulièrement des
répercussions de l’utilisation récente des technologies de l’information. La première
partie de ce rapport traite des résultats du sondage sur l’innovation de l’AMC, effectuée
en 1999 par The Impact Group. Dans ce sondage, on demandait entre autres pour quelles

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raisons les entreprises minières avaient, dans le passé, augmenté leurs dépenses en R.-D.,
et comment ces fonds avaient été distribués.

Le sondage montre qu’en général, les entreprises du secteur minier ont été
poussées à augmenter leurs investissements en R.-D. pour réduire les coûts, améliorer les
processus existants ou en développer de nouveaux. Le respect des règlements sur
l’environnement a été un autre incitatif important. Il en résulte une conséquence
intéressante : le développement de nouveaux produits est, pour le secteur minier, un motif
peu important de R.-D. Le rapport signale que le financement est la principale contrainte
aux dépense en R.-D., mais ne fournit toutefois pas de données concrètes à ce sujet. Les
entreprises du secteur minier ont habituellement accès à du personnel, à des installations
et à d’autres ressources en quantités suffisantes.

Dans la répartition de leurs dépenses en R.-D., les entreprises du secteur minier


consacrent peu de ressources à la recherche pure, ce qui n’est guère étonnant : la
commercialisation des résultats de ces activités peut prendre de longues années. C’est
pourquoi le développement accapare l’essentiel des dépenses en R.-D. La moitié environ
de ces dépenses ont été affectées à l’amélioration des processus existants ou au
développement de nouveaux processus; dix pour 100 des dépenses totales en R.-D. ont
été consacrées à l’amélioration des produits existants ou au développement de nouveaux
produits. Ces résultats confirment l’importance relative pour le secteur minier des
processus novateurs par rapport aux produits novateurs.

Le deuxième volet du rapport de l’AMC consiste en une étude des divers


indicateurs d’innovation. Selon le sondage de l’AMC sur l’innovation, les entreprises du
secteur minier consacrent en moyenne un pour 100 de leurs revenus à la R.-D.; il s’agit là
d’une moyenne qui comprend le quart des entreprises qui ne dépensent rien en R.-D. Ce
sondage a également révélé que 42 pour 100 des entreprises canadiennes du secteur
minier ont un centre consacré spécifiquement aux activités de R.-D. Aussi, plus de la
moitié des entreprises effectuent elles-mêmes la plupart de leurs recherches, et
uniquement le quart des entreprises font effectuer toutes leurs activités de recherche en
sous-traitance.

L’obtention de brevets peut également être un indicateur de résultats provenant de


dépenses en R.-D. Le sondage de l’AMC a indiqué que plus du tiers des entreprises
actives en R.-D. ont soumis des demandes de brevets en 1999, et que les entreprises du
secteur minier détiennent en moyenne 30 brevets, bien que certaines grandes entreprises
en détiennent la majorité. Deux tiers des entreprises ont acheté des droits d’utilisation de
technologies d’autres entreprises, ce qui leur donne accès à la meilleure technologie
existante sans détenir de brevet.

Une main d’œuvre hautement qualifiée favorise également les activités


innovatrices. Ce rapport signale que les industries des mines et des activités connexes à
l’extraction minière ont une proportion plus élevée d’employés ayant réussi au moins de
études postsecondaires que les industries manufacturières en général, et que le secteur
minier est au troisième rang, après le secteur des finances et le secteur public, dans la
proportion d’employés affectés aux tâches liées aux connaissances et à la gestion.

61
62

2) Rapports de recherche de Statistique Canada sur l’innovation dans les


secteurs des minerais de métaux et de la foresterie

Statistique Canada a publié deux rapports de recherche, rédigés par Susan Schaan
en 2002 et 2003 à partir de l’Enquête sur l’innovation de 1999, sur l’innovation et
l’utilisation des technologies de pointe dans l’extraction et le traitement des minerais
métallifères et dans le secteur des forêts (coupe, bois et papiers). Il s’agit du premier
sondage sur l’innovation ayant porté non seulement sur les industries manufacturières,
mais également certaines industries des ressources naturelles, plus précisément les
secteurs des mines et des forêts. (Les produits du bois et les pâtes et papiers ont déjà fait
l’objet d’une étude précédente sur les industries manufacturières.)

Ces études, sur l’innovation dans les secteurs des mines et des forêts, présentent
les résultats pour cinq indicateurs d’activités novatrices : Le premier indicateur est le
pourcentage d’innovateurs en processus et d’innovateur en produits parmi les entreprises
innovatrices (tableau 6A). Toutes les industries du secteur des forêts étudiées (cinq) ont
un pourcentage d’innovateurs en processus d’au moins 84 pour 100, ce qui dépasse la
moyenne de 82 pour 100 du secteur manufacturier en général. Cependant, ces mêmes
industries ont un pourcentage d’entreprises innovatrices en produits plus bas,
particulièrement dans l’exploitation forestière. Les industries des produits du bois et du
papier ont un pourcentage d’innovateurs en produits plus élevé.

Tout comme les industries du secteur forestier, les industries du secteur minier
sont bien plus susceptibles d’être des innovateurs en processus qu’en produits. Parmi les
entreprises innovatrices, les entreprises de fabrication de produits métalliques sont
innovateurs en processus à 86 pour 100, et toutes les entreprises d’extraction minière sont
innovatrices en processus (comparativement à 82 pour 100 dans le secteur
manufacturier). 85 pour 100 des entreprises innovatrices du secteur manufacturier sont
innovatrices en produits, mais ce pourcentage varie de 46 pour 100 en extraction de
minerai métallifère à 78 pour 100 en fabrication de produits métalliques. Schaan signale
que l’écart entre les innovateurs en produits et en processus s’amenuise lorsque le
minerai extrait par les entreprises minières est traité par les entreprises de fabrication de
produits métalliques.

62
63

Tableau 6A : Pourcentage d’innovateurs en processus et d’innovateurs en produits


pour certaines industries des secteurs forestier et minier ainsi que pour le secteur
manufacturier en général, Enquête sur l’innovation, 1999
pourcentage d’entreprises
innovatrices
Innovateurs Innovateurs
(produits) (processus)
Exploitation forestière 54 85
Scieries et conservation du bois 70 89
Bois verni, contreplaqué et bois de haute technologie 72 86
Autres produits du bois 79 84
Papiers 77 84

Minerais métallifères 46 100


Métaux de première fusion 77 89
Produits métalliques 78 86

Toutes les industries manufacturières 85 82


Sources : Schaan (2002), Schaan (2003).

Le deuxième indicateur d’innovation est le but de l’innovation, c’est-à-dire le


motif qui pousse les entreprises à innover; cela devrait être lié aux motifs des dépenses en
R.-D. L’amélioration de la qualité des produits est de loin la raison la plus souvent citée
pour innover, et ce quelle que soit l’industrie. Les résultats des industries de secteur
forestier (tableau 7A) sont comparables à ceux du secteur manufacturier en général : les
pourcentages vont de 79 pour 100 dans les secteur des autres produits du bois à 91 pour
100 en exploitation forestière; il est de 83 pour 100 dans le secteur manufacturier.
Augmenter la souplesse de la production est un autre motif fréquemment mentionné, tant
dans le secteur forestier que dans le secteur manufacturier. Il semble également qu’une
plus grande proportion d’entreprises du secteur forestier que du secteur manufacturier en
général innovent afin de réduire leur impact environnemental.

Hormis pour l’extraction minière, le motif d’innovation le plus important est le


même dans le secteur minier que dans le secteur forestier : l’amélioration de la qualité
des produits. 31 pour 100 seulement des entreprises en extraction minière citent cela
comme motif, contre 80 et 83 pour 100, respectivement dans les industries des métaux de
première fusion et des produits métalliques. De même, élargir la gamme des produits
n’est que rarement cité par les entreprises d’extraction minière, alors que ce motif l’est
souvent dans les deux autres industries du secteur minier. La principale motivation pour
les entreprises d’extraction minière semble être l’augmentation de la capacité de
production. (Ce motif importe aussi pour les deux autres industries du secteur minier
étudiées.)

Le troisième indicateur est le rôle de l’innovation dans la stratégie globale


d’entreprise des entreprises innovatrices. L’Enquête de 1999 (tableau 8A) montre que le
développement de nouveaux processus et produits n’est pas le moyen stratégique le plus
important pour assurer la réussite des entreprises innovatrices; c’est plutôt la satisfaction
des clients existants. Il découle également des résultats de cette enquête que le

63
64

développement de nouveaux produits et processus importe plus pour le secteur


manufacturier que pour le secteur forestier : dans ce dernier secteur, 72 pour 100 des
entreprises ont répondu que le développement de nouveaux produits et processus est
important, contre un pourcentage allant de 38 pour 100 en exploitation forestière à 64
pour 100 en scierie.

Tableau 7A : Motifs d’innovation pour les entreprises innovatrices des secteurs


forestier et minier ainsi que pour le secteur manufacturier en général
pourcentage d’entreprises innovatrices ayant choisi le motif indiqué
Améliorer
Améliorer Réduire la Élargir la Augmnter
la qualité l’impact souplesse gamme la capacité
des environne de la des de
produits mental production produits production
Exploitation forestière 91 57 47 N/D N/D
Scieries et conservation du bois 82 35 67 N/D N/D
Bois verni, contreplaqué et bois de haute
technologie 79 37 61 N/D N/D
Autres produits du bois 79 18 66 N/D N/D
Papiers 87 30 68 N/D N/D

Minerais métallifères 31 N/D 52 28 68


Métaux de première fusion 80 N/D 63 52 80
Produits métalliques 83 N/D 67 64 82

Toutes les industries manufacturières 83 25 67 72 75


Sources : Schaan (2002), Schaan (2003).

Tableau 8A : Facteurs de réussite pour les entreprises innovatrices d’industries


choisies des secteurs forestier et minier ainsi que pour le secteur manufacturier en
général
pourcentage d’entreprises pour lesquelles le facteur
indiqué est important
Toutes les entreprises Entreprises innovatrices
Développer de
nouveaux
Développer de produits
nouveaux produits Satisfaire les (biens ou
Satisfaire les (biens ou services) clients services) et
clients existants et processus existants processus
Exploitation forestière N/D N/D 93 38
Scieries et conservation du bois N/D N/D 95 64
Bois verni, contreplaqué et bois de haute technologie N/D N/D 96 59
Autres produits du bois N/D N/D 96 51
Papiers N/D N/D 98 61

Minerais métallifères 49 30 62 53
Métaux de première fusion 99 53 98 60
Produits métalliques 96 54 98 61

Toutes les industries manufacturières 96 64 97 72


Sources : Schaan (2002), Schaan (2003).

64
65

Ici encore, les résultats du secteur minier ressemblent beaucoup à ceux du secteur
forestier. Le facteur de réussite le plus important est la satisfaction des clients, non le
développement de nouveaux produits et processus. Le développement de nouveaux
produits et services est également mentionné plus rarement comme facteur important de
réussite que dans le secteur manufacturier en général (72 pour 100), contre un
pourcentage allant de 53 pour 100 en extraction de minerai métallifère à 61 pour 100 en
produits métalliques. Il semble donc que le développement de nouveaux produits et
processus compte moins pour la viabilité d’une entreprise du secteur des ressources
naturelles que du secteur manufacturier.

Le quatrième indicateur d’innovation consiste en la participation aux activités de


R.-D. (ces données ne sont toutefois disponibles que pour le secteur forestier). Trois
conclusions importantes découlent de l’Enquête de 1999 (tableau 9A). Tout d’abord, le
pourcentage d’entreprises innovatrices du secteur forestier actives en R.-D. est en
moyenne inférieur que dans le secteur manufacturier. 26 pour 100 seulement des
entreprises innovatrices en exploitation forestière sont actives en R.-D., contre 69 pour
100 dans le secteur des papiers, et 68 pour 100 dans le secteur manufacturier. La
deuxième conclusion est que les entreprises innovatrices du secteur forestier qui
effectuent de la R.-D. sont plus susceptibles de la faire faire en sous-traitance que leurs
homologues du secteur manufacturier. Et, finalement, parmi les entreprises qui effectuent
de la R.-D., un plus petit nombre d’entreprises du secteur forestier que d’entreprises du
secteur manufacturier qui possèdent une division de R.-D. distincte, à l’exception de
l’industrie des papiers.

Tableau 9A : Activités de R.-D. des entreprises innovatrices d’industries choisies du


secteur forestier ainsi que du secteur manufacturier en général
Pourcentage d’entreprises innovatrices qui effectuent l’activité
indiquée
Des entreprises actives en R.-D., % pour
lesquelles la R.-D. est :
effectuée par une effectuée en sous-
Actives en division spécialisée traitance par d’autres
R.-D. en R.-D. entreprises
Exploitation forestière 26 38 60
Scieries et conservation du bois 53 31 45
Bois verni, contreplaqué et bois de haute
technologie 64 41 46
Autres produits du bois 55 25 27
Papiers 69 53 37

Toutes les industries manufacturières 68 45 29


Sources : Schaan (2002), Schaan (2003).

Le dernier indicateur d’innovation est le pourcentage d’entreprises très


innovatrices qui vendent leurs produits à des entreprises choisies du secteur des
ressources naturelles. Cet indicateur nous montre que les produits provenant des
entreprises innovatrices du secteur manufacturier qui intègrent des innovations sont
utilisés par les entreprises minières et forestières et de foresterie. Le pourcentage
d’entreprises de chacun des secteurs très innovateurs qui vendent leurs produits est
comparable, d’une industrie à l’autre, qu’il s’agisse de foresterie, d’exploitation forestière

65
66

ou d’extraction minière. Si les biens achetés « contiennent » les mêmes efforts en


innovation dans les deux secteurs, il semble que tant l’un que l’autre introduit les
nouvelles technologies et processus élaborés par d’autres secteurs de l’économie grosso
modo à la même cadence. De plus, à peu près le même pourcentage d’entreprises
innovatrices du secteur des ressources naturelles ont acquis de la machinerie et du
matériel (MM) liés à l’innovation (tableau 10A). Mais comme le pourcentage
d’entreprises innovatrices varie selon l’industrie, le pourcentage de toutes les industries
qui ont acquis des MM liés à l’innovation varie également à l’intérieur des industries des
ressources naturelles. Il va en fait de 47 pour 100 (exploitation forestière) à 79 pour 100
(métaux de première fusion).

Tableau 10A : Industries qui ont indiqué le pourcentage le plus élevé d’entreprises
ayant acquis du matériel, de la machinerie ou tout autre type de technologie lié à
l’innovation
% d’entreprises ayant acquis du
matériel, de la machinerie ou tout
autre type de technologie lié à
l’innovation
toutes innovatrices
Exploitation forestière 47 90
Scieries et conservation du bois 75 90
Bois verni, contreplaqué et bois de haute technologie 70 94

Minerais métallifères 60 95
Métaux de première fusion 79 91
Sources : Schaan (2002), Schaan (2003).

Ce rapport sur le secteur minier comprend également les résultats de l’Enquête sur
le commerce électronique et la technologie (2000). Parmi les indicateurs présentés, on
trouve le pourcentages d’entreprises ayant utilisé de nouvelles technologies ou des
technologies améliorées. Les performances des industries du secteur minier sont en
moyenne plus ou moins égales à celles du secteur manufacturier en général, mais on
remarque quelques différence selon les industries. La moitié des industries minières (et
non uniquement l’extraction de minerai métallifère) ont utilisé des technologies nouvelles
ou améliorées, contre 59 pour 100 des industries de métaux de première fusion et 39 pour
100 en fabrication de produits métalliques; ce fut le cas de 51 pour 100 des entreprises
manufacturières en général. Et, de ces entreprises, 10 pour 100 seulement des entreprises
minières ont développé elles-mêmes la technologie exploitée, contre 20 pour 100 en
fabrication de produits métalliques et 38 pour 100 en métaux de première fusion (23 pour
100 du secteur manufacturier en général). La majorité des entreprises ayant utilisé des
technologies nouvelles ou améliorées l’on fait par l’achat de technologies du commerce
(tableau 11A).

66
67

Tableau 11A : Améliorations technologiques dans les industries minière,


manufacturière et des produits primaires du secteur des mines
% des entreprises ayant utilisé des technologies améliorées l’ayant
fait par :

% des
entreprises l’achat de l’adaptation ou
ayant utilisé droits la modification le
des d’utilisation importante de développement
technologies l’achat de de nouvelles technologies de nouvelles
améliorées technologies technologies existantes technologies
Minerais métallifères 50 68 12 46 10
Métaux de première fusion 59 52 10 59 38
Produits métalliques 39 73 20 44 20

Toutes les industries


manufacturières 51 71 15 51 23
Sources : Schaan (2002), Schaan (2003).

Le dernier indicateur d’innovation de ce rapport porte sur les activités


d’amélioration des compétences et de formation des entreprises du secteur minier.
L’Enquête de 2000 montre que 80 pour 100 environ (90 pour 100 dans l’industrie des
métaux de première fusion) des entreprises innovatrices ont effectué des activités de
formation liées à l’application de nouvelles technologies, et qu’un pourcentage semblable
croit que la formation est un élément important de la réussite d’une entreprise (tableau
12A). Une observation intéressante qui découle de cette enquête est que moins
d’entreprises innovatrices croient qu’il importe pour la réussite de l’entreprise
d’embaucher des diplômés universitaires que d’entreprises qui croient que l’embauche
d’employés expérimentés est importante. Et, en dernier lieu, il ne semble pas manquer de
personnel qualifié dans le secteur minier, car moins d’entreprises innovatrices de ce
secteur croient qu’il est difficile d’embaucher ou de retenir des employés qualifiés que
d’entreprises du secteur manufacturier.

Tableau 12A : Pourcentage d’entreprises innovatrices des industries minière,


manufacturière et des produits primaires du secteur des mines qui ont les opinions
ou sont actives dans les activités suivantes liées à la compétence et à la formation
L’embauche de L’embauche
La formation des diplômés d’employés
employés est A des activités de universitaires est expérimentés est La pénurie de
importante pour la formation avant important pour importante pour la personnel qualifié
réussite de l’introduction la réussite de réussite de fait obstacle à
l’entreprise d’une innovation l’entreprise l’entreprise l’innovation
Minerais métallifères 84 80 43 57 24
Métaux de première fusion 88 91 32 63 41
Produits métalliques 79 80 18 71 45

Toutes les industries manufacturières 82 81 23 70 37


Sources : Schaan (2002), Schaan (2003).

67
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3) Étude de Mohnen et Therrien sur l’innovation dans les industries des


ressources naturelles au Canada et en Europe

Pierre Mohnen, anciennement de l’UQAM, et Pierre Therrien, d’Industrie


Canada, ont étudié en 2001 les tendances en innovation au Canada et en Europe, selon
l’Enquête sur l’innovation canadienne de 1999 et les sondages de la Communauté
européenne de 1997-1998 sur l’innovation.5 Leur étude commence par évaluer à quel
point ces deux sondages peuvent être comparés; ils ont tous deux été inspirés par le
manuel d’Oslo et ont visé à produire des résultats pouvant être comparés sur le plan
international. Ils rectifient ensuite les résultats obtenus pour qu’ils soient plus facilement
comparables, puis comparent la position du Canada à celle de quatre pays européens, soit
la France, l’Irlande, l’Allemagne et l’Espagne. Quatre indicateurs d’innovation sont
utilisés pour comparer l’innovation d’industries particulières de pays différents : (1) le
pourcentages d’innovateurs; (2) le pourcentage des ventes de produits améliorés ou de
nouveaux produits; (3) le pourcentage d’innovateurs initiaux; et (4) le pourcentage des
ventes de produits améliorés ou de nouveaux produits pour les innovateurs initiaux.

Ce rapport ne traite pas spécifiquement de l’innovation dans les industries des


ressources naturelles, mais on y trouve des renseignements sur les performances en
innovation du secteur manufacturier des ressources naturelles, et les auteurs font même
une comparaison avec d’autres pays, même si les résultats pour l’Europe excluent les
industries des ressources naturelles primaires. Afin de s’assurer que les résultats soient
comparables entre les secteurs, les auteurs ont regroupé certaines industries, ce qui réduit
un peu la possibilité d’évaluer l’innovation par industrie de manière détaillée mais permet
par contre une meilleure comparaison sur le plan international. Quatre des dix industries
dont les indicateurs d’innovation sont étudiés dans ce rapport sont pertinentes à notre
propos : le bois, le coke, le caoutchouc et les métaux primaires. La première de ces
industries est un regroupement des industries des produits du bois et du papier. La
deuxième regroupe les industries des produits du pétrole et du charbon ainsi que
l’industrie chimique. L’autre comprend les industries des produits synthétiques et de
caoutchouc ainsi que les produits minéraux non métalliques. Et la quatrième est un
regroupement des industries des métaux de première fusion et des produits métalliques.

5
Il importe de ne pas oublier que les périodes différentes des deux études peuvent limiter un peu la
pertinence d’une comparaison des résultats. D’un autre côté, il est fort probable que la fréquence de
l’innovation soit assez stable si la période visée est courte.

68
69

Tableau 13A : Comparaison des indicateurs d’innovation dans les industries des
ressources naturelles du Canada et de l’Europe
Pourcentage d’innovateurs (% de toutes les entreprises)
Canada France Allemagne Irlande Espagne
# #
% # observ. % # observ. % # observ. % observ. % observ.
Bois 75 950 40 1,267 47 2,300 68 92 23 1,260
Coke 86 473 68 1,166 75 1,312 79 161 62 927
Caoutchouc 80 853 49 2,273 67 4,685 79 192 31 2,450
Métaux
primaires 76 1,376 31 4,638 59 6,487 68 213 25 2,685
Pourcentage de premiers innovateurs (% de toutes les entreprises)
Canada France Allemagne Irlande Espagne
# #
% # observ. % # observ. % # observ. % observ. % observ.
Bois 17 880 16 1,267 14 2,300 16 92 7 1,260
Coke 33 434 33 1,166 28 1,312 23 161 29 927
Caoutchouc 31 781 26 2,273 23 4,685 25 192 9 2,450
Métaux
primaires 20 1,286 14 4,638 15 6,487 28 213 8 2,685
Part des ventes de produits nouveaux ou améliorés (innovateurs seulement)
Canada France Allemagne Irlande Espagne
# #
% # observ. % # observ. % # observ. % observ. % observ.
Bois 24 535 24 505 30 1,076 20 63 47 284
Coke 20 361 23 793 39 977 28 127 34 570
Caoutchouc 29 608 27 1,106 49 3,156 28 151 46 767
Métaux
primaires 23 813 20 1,428 33 3,854 34 146 38 680
Part des ventes de produits nouveaux ou améliorés chez les premiers innovateurs
Canada France Allemagne Irlande Espagne
# #
% # observ. % # observ. % # observ. % observ. % observ.
Bois 28 133 25 207 32 331 22 15 56 90
Coke 22 128 26 386 34 364 39 38 34 270
Caoutchouc 29 224 32 596 53 1,084 32 47 50 217
Métaux
primaires 18 236 24 645 46 963 33 59 59 216
Sources : Mohnen et Therrien (2001).

Le pourcentage d’innovateurs désigne le pourcentage d’entreprises ayant


commercialisé un nouveau produit ou un produit amélioré au cours de la période visée
(1997-1999 pour le Canada et 1994-1996 pour les pays européens). Une proportion
considérablement plus grande des entreprises manufacturières du secteur des ressources
naturelles du Canada ont été innovatrices, comparativement à leurs homologues d’Europe
(tableau 13A). En fait, le Canada est en tête de file dans tous les secteurs. Le groupe du
coke est selon ce rapport le plus innovateur (86 pour 100 des entreprises), et le moins
innovateur est celui du bois (75 pour 100). L’avance du Canada est moins
impressionnante si l’on étudie les premiers innovateurs. Les premiers innovateurs sont
les entreprises qui mettent sur le marché un produit nouveau ou amélioré en première au
Canada ou en première mondiale pour le Canada, et en première sur le marché pour

69
70

l’Europe. Le nombre de premiers innovateurs au Canada est comparable à celui des


autres pays, mais comme il existe généralement moins d’entreprises au Canada, le
pourcentage de premiers innovateurs tend à être légèrement plus élevé.

Le pourcentage des ventes de nouveaux produits ou de produits améliorés des


entreprises novatrices canadiennes (un indicateur de la force d’innovation) est toutefois
moins impressionnant que la fréquence d’innovation. En fait, cet indicateur est inférieur à
celui des entreprises étrangères. Dans les industries du bois, du caoutchouc et des métaux
primaires, le Canada est avant-dernier, et se classe au dernier rang dans les industries du
coke. Cela porte à croire que les entreprises canadiennes sont moins en mesure de
transformer l’innovation (produits nouveaux ou améliorés) en revenus, particulièrement
en comparaison avec les entreprises allemandes et espagnoles. La part des ventes des
premiers innovateurs canadiens n’est pas plus reluisante. Cela n’est en fait pas étonnant,
car les produits nouveaux ou améliorés vendus par les premiers innovateurs ne sont pas
obligatoirement des innovations (nouveautés pour le monde ou le Canada) et, par
conséquent, ne donnent pas nécessairement à l’innovateur un avantage par rapport à ses
concurrents. Selon l’indicateur d’innovation choisi, les performances relatives du Canada
le classent en première ou en dernière place des cinq pays étudiés dans le rapport de
Mohnen et Therrien (2001).

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