Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
migrations internationales
Marotel Geneviève. Les marbriers de Carrare : culture migratoire et expansion économique. In: Revue européenne des
migrations internationales, vol. 9, n°1,1993. pp. 95-112;
doi : https://doi.org/10.3406/remi.1993.1051
https://www.persee.fr/doc/remi_0765-0752_1993_num_9_1_1051
Abstract
The marble workers from Carrara : Migratory cultural habits and economic development
Geneviève MAROTEL
Certain socio-occupational groups often overlooked by the sociology or history of migrations on the
grounds that they are archaic or atypical and therefore not representative call for a new methodological
approach. The one proposed here would broaden the question of the dynamics of cultural identity by
linking it to the occupational and economic sphere (know-how and its reproduction) and to mobilities
(taken in their broadest spatio-temporal sense) in a long-term context. Within such a perspective, this
article presents the initial results of a study on the community of marble workers from Carrara
(Tuscany). It describes the various forms of exchanges and the territorial, cultural, and socio-
occupational continuities established over time between the marble region of Carrara and its countless
extensions throughout Europe and the entire world. These processes constitute a veritable turnaround
of an emigration often prompted by poverty or political exile into networks of wealth and notoriety.
These are characterized by a combination of communal withdrawal and openness, and the analysis
brings out the place that is left for the « outsider ».
Resumen
Los Marmolistas de Carrara : Cultura migratoria y expansion económica
Geneviève MAROTEL
Para algunos grupos socio profesionales todavía poco estudiados por la sociología o la historia de la
migraciones, considerados con demasiada rápidez como arcáicos o atipicos y no representativos, se
puede adoptar una nueva perspectiva. Esto supone que se ensanche y articule la cuestión de las
dinámicas de identidades a la esfera profesional y económica (los tactos y su reproducción) y a las
movilidades (tomadas en su extensión espacio temporal más amplia), y por fin de situar esta
problemática en la larga duración. De acuerdo con estas perspectivas metodológicas, el artículo evoca
los primeros resultados de una investigación sobre la comunidad de los profesionales del mármol de
Carrara y sus numerosas extensiones a escala europea y mundial — verdadera inversión de la
emigración, más a menudo venida de la miseria o del exilio político, hacia redes que son ahora
portadoras de riqueza y de notoriedad — y subraya el lugar que estos procesos, que conjugan
apertura y repliegue de la identidad, dejan al « Otro-extranjero ».
Riassunto
I marmisti di Carrara : Tradizione della migrazione e sviluppo economico
Geneviève MAROTEL
Per alcuni gruppi socio-professionali ancora poco studiati dalla sociologia o dalla storia delle
migrazioni, e considerati troppo frettolosamente arcaici o atipici e non rappresentativi, può essere
adottata una nuova prospettiva. Essa presuppone di allargare e di articolare la questione delle dinamiche
d'identità alla sfera professionale e economica (le competenze e la loro riproduzione) e alle mobilità (intese
nell'accezione spaziotemporale più larga), e infine di situare questa problematica nella lunga durata. In
accordo con tale riflessione metodologica, l'articolo riporta alcuni risultati di una prima ricerca sulla
comunità dei professionisti del marmo della zona di Carrara (Toscane). Esso esamina le diverse forme di
scambi e le continuità territoriali, culturali e socio-professionali stabilitesi nel corso del tempo tra la zona
marmifera di Carrara e le suc innumerevoli propaggini su scala europea e mondiale — vero e proprio
ribaltamento dell'emigrazione, spesso scaturita dalla miseria o dall'esilio politico, in reti di relazioni portatrici
di richezza e notorietà —, e sottolinca il posto che questiprocessi, che congugano ripiegamento d'identità e
apertura, lasciano all'« Altro-straniero ».
95
Revue Européenne
des Migrations Internationales
Volume 9 - N° 1
1993
expansion économique
Geneviève MAROTEL
QUESTIONS DE MÉTHODE
Les marbriers carrarais n'avaient a priori que fort peu de chances d'attirer sur
eux l'attention des sociologues ou des historiens des migrations. Trois ordres de
facteurs se conjugent en effet pour menacer d'invisibilité une communauté dont les
pratiques circulatoires s'avèrent pourtant, nous le verrons, remarquables par leur
ancienneté, leur diversité, leur ampleur, et leurs effets culturels et économiques. Le
premier renvoi aux sources statistiques qui, outre leur incapacité chronique à
témoigner de la diversité et de la complexité du mouvement, sont généralement
trop agrégées et hétérogènes pour permettre d'appréhender de manière détaillée et
fiable les phénomènes ici en jeu : à seul titre d'exemple, en Italie ou ailleurs, les
marbriers se trouvent ainsi assimilés aux CSP du bâtiment, du commerce ou des
métiers d'art ; à l'étranger, les entreprises d'origine italienne ne peuvent être
différenciées des entreprises nationales ; quant à l'appréhension des territoires locaux,
elle est implacablement soumise à des critères administratifs ou politiques qui
excluent toute prise en compte des dynamiques socio-économiques et identitaires,
et a fortiori toute observation fine des logiques du changement social.
96 Geneviève MAROTEL
:
— les mobilités spatiales, prises dans leur acception spatio-temporelle la plus
large (migrations de longue durée ou définitives, mobilités résidentielles et
quotidiennes, déplacements professionnels,...),
:
breuses pierres dites marbrières. Les contraintes spatiales liées à la localisation des
gisements et les fluctuations des goûts (l'économie marbrière est largement
assujettie à la demande) imposent d'emblée des circulations internationales importantes,
tant de la matière première que de certaines catégories de main-d'œuvre
(extraction, techniciens spécialisés, commerciaux notamment). La polysémie de la notion
de Marbres fait aussi écho à l'évolution générale des figures, des savoirs et des
pratiques professionnelles : carriers, « entrepreneurs-marbriers », techniciens,
négociants, sont de plus en plus tenus de connaître, d'extraire, de transformer, de
ventre des produits très divers.
Cette matière, en outre très contraignante par son poids et son volume,
impose aujourd'hui comme hier un processus de production divisé en plusieurs
phases (extraction, transformation, transports), chacune d'entre elle étant à son
tour subdivisée en diverses étapes plus ou moins nombreuses ou complexes selon la
localisation des gisements, les types de produits fabriqués et leur destination, le
développement des infrastructures et des savoir-faire locaux, etc. Chacune de ces
phases se déroule dans un environnement très particulier, et au premier abord il
semble que la matière soit le seul lien commun entre les mondes si contrastés que
sont les carrières, les studios de sculpture artistique, les ateliers d'artisans, les
scieries industrielles qui débitent les blocs en tranches pour le bâtiment et la
décoration, ou les marbreries funéraires. A ces diverses phases correspondent des
savoir-faire très spécialisés, des structures et des hiérarchies professionnelles
spécifiques, également variables selon les contextes locaux.
« Après la guerre, disons plutôt à partir des années 50, l'émigration c'était fini,
et beaucoup de Carrarais sont revenus ici. Le marché a beaucoup changé, on a
commencé à aller partout dans le monde pour chercher du marbre, ouvrir des
carrières, former des gens dans tous ces nouveaux pays. De plus en plus c 'était des
techniciens qui partaient de Carrare. (...) C'est comme un cercle vicieux, on a
besoin de le faire mais la concurrence est de plus en plus forte et ici, beaucoup
pensent que c'est un danger pour Carrare d'exporter nos machines comme on le
fait, d'apprendre aux pays qui se développent très vite. (...) En même temps, il y a
de plus en plus de commerciaux d'ici qui voyagent, les Carrarais sont obligés de
devenir des managers. Si vous allez à Toronto, vous en trouverez une vingtaine de
Geneviève MAROTEL
chez nous qui se bagarrent pour aller chercher un contrat là-bas. Et c'est un
exemple, vous en trouverez partout, aux États-Unis, dans les Pays Arabes, au
Japon. Ils se volent les clients, c'est une vraie guerre finalement, avec les étrangers
mais surtout entre nous ».
« Je pense à nos jeunes managers qui jouent à se faire mal comme des
gamins : tiens, celui-là a pris l'exclusivité sur l'Onyx du Pakistan ? bon, alors moi,
je vais au Brésil pour le granit Azul. Moi, au contraire, je prends les onyx de l'Iran
et les granits russes. Alors moi, je vais au Portugal et en Finlande et je fais table
rase. Moi, au contraire je prends les marbres de la Macédoine et de la Grèce. Moi,
je pourrais bien aller au Canada et en Inde ; alors moi, je vais en Afrique du sud et
en Chine populaire... Et partout suivent les experts en carrières, les techniciens
spécialisés en matériel pour scier et polir... guerres sur les affrètements, sur les
transports, sur la gestion des déchets,... ».
Les mutations survenues au cours du XXe siècle sont plus complexes que ne le
laissent entendre ces citations de deux professionnels carrarais, qui ont toutefois le
grand mérite de souligner d'emblée l'ampleur et l'évolution des mobilités carra-
raises, et de les mettre en perspective avec les changements importants qui
— données historiques et économiques le confirment — affectent l'économie
marbrière internationale depuis quelques décennies. A peine exagérée, la seconde
exprime aussi le rapport — au demeurant assez brutal et vertigineux — de
familiarité et d'« instrumentation » que certains entrepreneurs carrarais sont capables
d'entretenir avec les richesses souterraines dispersées dans le monde entier (bien
que la réalité ne soit pas toujours si rose, ni si... monolithique, nous y reviendrons).
Au passage, ces citations dévoilent ainsi la complexité des interactions identitaires
en jeu, sur l 'arrière-scène des rapports professionnels et commerciaux : pour la
communauté carraraise, dans son fief italien comme en tous les lieux qu'elle
investit, le conflit n'est pas seulement l'expression de la nouvelle donne mondiale et une
arme contre le concurrent compatriote ou étranger ; il est aussi, et
traditionnellement, l'un des vecteurs fondamentaux de la cohésion culturelle et sociale du
groupe, l'envers indispensable des solidarités culturelles et professionnelles, tout
aussi manifestes et profondément ancrées dans son histoire collective.
:
— les facteurs migratoires : selon les cas, ils peuvent être de nature
économique, politique ou plus strictement professionnelle (stratégie de
développement, réponse à une demande extérieure,...). Ainsi, même en période de crise
économique et politique comme ce fut le cas entre la fin des années 20 et la
seconde guerre mondiale, l'émigration n'est pas toujours contrainte et de nature
compensatoire. Les dates de la première implantation en France varient elles-
mêmes beaucoup : si l'on peut repérer, jusqu'à la seconde guerre mondiale, des
mouvements migratoires collectifs plus marqués, et un très net ralentissement
des flux depuis cette époque, nous avons aussi constaté des cas d'installation très
récents ;
— les profils professionnels : compétences et activités varient souvent dans
le temps, et il est impossible de les classifier une fois pour toutes. En outre, et
dans une même période, l'émigration peut concerner des secteurs et types
d'activités très différents : main-d'œuvre, artisans très qualifiés, entrepreneurs-
commerçants, etc. ;
— la durée : mouvements ponctuels, migrations longues ou définitives ;
Si quelques-uns des cas que nous avons étudiés s'apparentent, au moins par
certains traits (dates de départ d'Italie, migration individuelle puis familiale,
insertion culturelle et économique progressive), au modèle dominant de
l'émigration italienne en France (8), il est clair qu'au-delà des grandes tendances
s'élaborent aussi des réalités spécifiques.
Ici très schématisés, ces deux exemples n'ont rien d'exceptionnel, bien au
contraire. Il faut insister sur le fait que cette capacité de mobilisation à l'échelle
internationale ne se limite pas aux seuls secteurs de la commercialisation et de la
distribution, mais caractérise l'ensemble du cycle productif.
:
de transformation de la matière. Elles ont permis l'apprentissage d'autres
techniques, la découverte de nouveaux matériaux, l'instauration de liens avec les
clients ou associés de demain. Selon de nouvelles modalités, les voyages
d'aujourd'hui reproduisent ces mécanismes, réactivent ou élargissent ces réseaux, en
transfèrent les potentialités vers Carrare et vers de nouveaux territoires. Les
alliances provisoires ou durables permettent ainsi d'accéder à des ressources
mobilisées de façon collective : les mobilités des uns viennent se conjuguer aux
sédentarités des autres.
C'est après cette phase initiale, marquée par d'évidentes capacités entrepre-
nariales, par une volonté acharnée de réussir et par la capacité à saisir les
opportunités offertes, que vient s'inscrire et porter tous ses fruits la décision
d'une « délocalisation » à Carrare. Certes, et comme pour les nombreux «
étrangers » qui s'y implantent, l'insertion y est difficile ; elle n'est jamais achevée, et
nécessite le lent et douloureux apprentissag du fonctionnement, des hiérarchies,
des codes internes de la société locale. Malgré ces difficultés, les frères T sont
devenus des acteurs à part entière du dispositif carrarais, qui a su leur laisser
place. Il n'est donc pas indispensable (en dérogation aux analyses qui prévalent
sur les formes actuelles du développement italien) d'être issu de sa mouvance
pour bénéficier de ses ressources.
Sont-ils réellement « partis de rien » ? Oui, si l'on s'en tient aux savoir-faire
et aux ressources strictement économiques. Non, si l'on considère le rôle esentiel
Les marbriers de Carrare culture migratoire et expansion économique
:
qu'ont joué les liens familiaux dans l'histoire du développement de l'entreprise
parisienne puis de celle de Carrare. Outre le rôle des frères cadets, c'est la famille
élargie qui participe au fonctionnement de l'entreprise parisienne, aujourd'hui
devenue une des plus dynamiques et florissantes de la région. Cette capacité de
mobilisation et de déploiement de la cellule familiale, souvent signalée dans
d'autres secteurs de l'artisanat ou de la petite et moyenne entreprise comme
élément structurant du nouveau « modèle italien », peut être sans conteste
assimilée à une forme de capital initial qui, sans cesse réactivé par les mobilités,
progressivement renforcé par la formation permanente des uns et des autres, a
largement contribué au développement complémentaire des deux entreprises.
Cette forme d'expansion a pour exactes limites celles de la mobilisation familiale.
d'abord passés à Gênes puis, de là, venus à Carrare. Issue de ces premières
lignées de tailleurs de pierre lombards, la corporation des maîtres marbriers se
fermera progressivement et deviendra de plus en plus jalouse de ses intérêts,
avant que ne s'instaurent d'autres mouvements. Les étrangers sont toujours
présents à Carrare, mais exercent d'autres fonctions : se heurtant à la mainmise
de la corporation, les représentants des Fabriques religieuses se font plus rares,
ont souvent recours à des intermédiaires ou se déplacent vers les zones
périphériques du dispositif (Seravezza), également riches en marbres, pour « échapper
au quasi-monopole auquel est arrivée la corporation carraraise ». Quant aux
artistes, « venus à leur compte ou au service d'un client, laïque ou ecclésiastique
soucieux de confort ou de gloire d'outre-tombe, (ils) pullulent déjà. Génois ou
Lombards de Gênes, artistes de Naples ou de Sicile, Florentins de Toscane et
bientôt de Rome ou de l'étranger, ils ont pour trait commun de n'appartenir à
aucun de ces vastes organismes qu'étaient les Fabriques religieuses. Ils
travaillent associés dans une « bottega » à la génoise ou viennent seuls, comme un
Michel-Ange. Tous exécutent des commandes particulières, nonplus à l'échelle
de la cité mais à celle d'une famille ou d'un individu de marque ».
:
l'une des plus importantes du dispositif. L'Italie devient au cours du XIXe siècle
une terre de conquête pour le capitalisme industriel qui se développe en Europe.
Des réseaux se constituent peu à peu, initiateurs des futurs consortiums, et
transversaux aux territoires, aux nationalités. Associé à des industriels français
ou anglais (nombreux à cette époque en Toscane), Henraux sera l'un des
pionniers de ce capitalisme naissant.
Mais les étrangers ne seront pas les seuls acteurs de la révolution industrielle
carraise : tout au long du XIXe siècle se constitueront et se renforceront des
dynasties capitalistes locales ; elles « relèveront le défi » et « suivront l'exemple »
des étrangers, selon la terminologie chère aux historiens carrarais évoquant cette
époque. Ces entrepreneurs deviendront à leur tour très actifs dans les profondes
mutations en cours, tant techniques que commerciales et socio-économiques.
:
sans cesse amenés à innover, à s'adapter à de nouvelles techniques et à de
nouveaux matériaux, et certains des studios de la zone se transforment, à
l'occasion de telle ou telle commande, en de véritables laboratoires expérimentaux.
Ces échanges, là encore, ne vont pas sans tensions ni conflits...
Un autre regard peut donc être porté sur des groupes trop souvent
considérés comme « intégrés », et sur les logiques de fonctionnement et de
développement de dispositifs productifs dits locaux : il suppose d'élargir la question des
dynamiques identitaires (proximités ethniques et socio-culturelles) à la sphère
professionnelle et économique (les savoir-faire, les systèmes productifs) et aux
mobilités ; enfin de situer ce questionnement dans une perspective historique.
110 Geneviève MAROTEL
(1) Cet article s'appuie sur les résultats d'une recherche menée en 1990-91, grâce à un financement
conjoint INRETSI/MELTE :
MAROTEL (G.), (1991). Territoires du marbre : pratiques circulatoires internationales de
professionnels italiens du bâtiment, rapport de Recherche INRETS, Arcueil.
(2) Voir notamment :
CAMPANI (G.), (1988). Les réseaux familiaux, villageois et régionaux des immigrés italiens en
France, thèse, Nice.
CATANI (M.), CAMPANI (G.), PALIDDA (S.), (1986). Les scaldini de Paris : un métier transmis de
génération en génération depuis la première guerre mondiale, Chryseis-CNRS, Paris.
CORTI (P.), (1990). Paesi d'emigranti. Mestieri, itinerari, identità collettive, Franco Angeli, Milano.
NOIRIEL (G.), (1988). Histoire de l'émigration en France, XIXe, XXe siècles, Le Seuil, Paris.
SORI (E.), (1991). « Un bilancio délia più récente storiografia italiana sull'emigrazione », Studi
sull'emigrazione. Un'analisi comparata. Atti del convegno storico internazionale sull'emigrazione.
Biella, 25-27 sett. 1989, Milano.
PIEMONTE Regione, (1988). Migrazioni attraverso le Alpi occidentali. Relazioni tra Piemonte,
Provenza e Delfinato dal Medioevo ai nostri giorni, Colloque international de Cuneo, juin 1984 ;
Torino.
(3) Sur les districts industriels italiens, voir notamment :
BRESSO (M.), (1985). « Autonomie et diversification du travail », L'autonomie sociale aujourd'hui,
Actes du colloque de Biviers, nov. 1983, Presses Universitaires de Grenoble, 1985, Grenoble.
BAGNASCO (A.), (1989). « Développement régional, société locale et économie diffuse », et
BECCATINI (G.), (1898). « Les districts industriels en Italie », in La flexibilité en Italie, débats sur
l'emploi, Syros, Paris.
(4) TARRIUS (A.), (1989). Expériences pour une anthropologie du mouvement : d'une sociologie des
transports à une anthropologie de la mobilité spatiale, Paradigme, Caen.
TARRIUS (A.), MAROTEL (G.), PERALDI (M.), (1988). L'aménagement à contre-temps,
L'Harmattan, Paris.
(5) TARRIUS (A.), (1992). Les fourmis d'Europe : migrants riches, migrants pauvres et nouvelles
villes internationales, L'Harmattan, Paris.
(6) Une recherche sur la communauté des mosaïstes frioulans a été menée parallèlement et dans des
perspectives proches :
DI BENEDETTO (M.), (1991). Mobilités et savoir-faire : les itinéraires et trajectoires d'élites
professionnelles italiennes du bâtiment. Thèse, Aix-Marseille IL
(7) Sur le marbre, ses caractères géophysiques, ses techniques de travail et son histoire, voir le
passionnant ouvrage (qui doit faire l'objet d'une réédition prochaine), de :
MANNONI (L.) et (T.), (1984). Le marbre, matière et culture, SAGEP, Gênes.
(8) MILZA (P.), (sous la direction de), (1986). Les Italiens en France de 1914 à 1940, Collection de
l'Ecole française à Rome, Rome.
(9) KLAPISH-ZUBER (C), (1969). Les maîtres du marbre, Carrare, 1300-1600, Ephess, Paris.
Les marbriers de Carrare culture migratoire et expansion économique 111
:
Les marbriers de Carrare : Culture migratoire et expansion économique
Geneviève MAROTEL
The marble workers from Carrara : Migratory cultural habits and economic development
Geneviève MAROTEL
Geneviève MAROTEL
Para algunos grupos socio profesionales todavia poco estudiados por la sociolo-
gia o la historia de la migraciones, considerados con demasiada râpidez como arcâicos
o atipicos y no representativos, se puede adoptar una nueva perspectiva. Esto supone
que se ensanche y articule la cuestiôn de las dinàmicas de identidades a la esfera
profesional y econômica (los tactos y su reproducciôn) y a las movilidades (tomadas
en su extension espacio temporal mâs amplia), y por fin de situar esta problemâtica en
la larga duraciôn. De acuerdo con estas perspectivas metodolôgicas, el articulo evoca
los primeros resultados de una investigaciôn sobre la comunidad de los profesionales
del mârmol de Carrara y sus numerosas extensiones a escala europea y mundial
— verdadera inversion de la emigraciôn, mâs a menudo venida de la miseria o del
exilio politico, hacia redes que son ahora portadoras de riqueza y de notoriedad — y
subraya el lugar que estosprocesos, que conjugan apertura y repliegue de la identidad,
dejan al « Otro-extranjero ».
2
I' Geneviève MAROTEL
Geneviève MAROTEL
Per alcuni gruppi socio-professionali ancora poco studiati dalla sociologia o dalla
storia delle migrazioni, e considerati troppo frettolosamente arcaici o atipici e non
rappresentativi, pub essere adottata una nuova prospettiva. Essa presuppone di allar-
gare e di articolare la questione delle dinamiche d'identità alla sfera professional e
economica (le competenze e la loro riproduzione) e aile mobilità (intese nell'accezione
spaziotemporale più larga), e infîne di situare questa problematica nella lunga durata.
In accordo con tale riflessione metodologica, I'articolo riporta alcuni risultati di una
prima ricerca sulla comunità dei professionisti del marmo della zona di Carrara
(Toscane). Esso esamina le diverse forme discambie le continuità territoriali, culturali
e socio-professionali stabilitesi nel corso del tempo tra la zona marmifera di Carrara e
le suc innumerevoli propaggini su scab europea e mondiale — vero e proprio ribal-
tamento dell'emigrazione, spesso scaturita dalla miseria o dall'esilio politico, in reti di
relazioni portatrici di richezza e notorieia — , e sottolinca ilposto che questi processi,
che congugano ripiegamento d'identità e apertura, lasciano all'« Altro-straniero ».