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Que sais-je ?
HISTOIRE
DES MONDIALISATIONS
AVANT 1820-1840 :
MONDIALISATION
ARCHAÏQUE
ET PROTOMONDIALISATION
I. – La mondialisation archaïque
Au cours des rencontres entre mondes culturels distincts 3, ce sont toutes
sortes d’individus, aux identités plus ou moins « métisses » qui incarnent
dans leur aventure personnelle l’histoire des mondialisations. À l’échelle
d’une minorité d’acteurs qui courent le monde, l’apprentissage de la
relativité des croyances se réalise aux XIIIe et XIVe siècles. La liste est longue
de ces hommes du passé qui naviguaient existentiellement entre plusieurs
univers politico-culturels et dont, hélas ! le parcours et les traces ont été
rarement consignés par les chroniqueurs du temps sensibles avant tout à la
grande geste politique et religieuse du monde. On rencontre, parmi ces
hommes porteurs d’idées et de compétences nouvelles, les diplomates (les
califes abbassides au IXe siècle envoient des ambassadeurs en Russie ou à la
cour de Charlemagne), les missionnaires-diplomates (à partir du XIIIe siècle,
on assiste à une succession de moines envoyés vers la Chine pour convertir
les élites mongoles avec l’arrivée en juillet 1246 du franciscain Giovanni di
Piancarpino, puis l’ambassade du dominicain André de Longjumeau
en 1250-1251), les marchands (comme ce Tunisien musulman, installé à
Calicut, qui comprend le castillan et qui, par chance, guide Vasco de Gama
en 1498), les espions (le jeune Juif issu de Pologne qui, finalement, se mit
au service de Vasco de Gama en trahissant son commanditaire indien), les
mercenaires, les captifs (de Cervantès aux 1 000 marins de Plymouth qui
sont capturés en 1625 par les corsaires barbaresques), les renégats (à Alger
en 1568, il y a 10 000 convertis à l’islam). Mais certains de ces individus
sont aussi les agents de logiques plus générales et collectives qui président
aux contacts entre civilisations distinctes durant la mondialisation
archaïque, logique politique de l’empire, logique économique des réseaux
marchands, logique religieuse du prosélytisme. Le plus souvent, c’est à un
emboîtement plus ou moins abouti de ces mouvements de fond auquel on
assiste.
Mais ces circulations empruntent quelques routes privilégiées. Le
meilleur symbole de cette mise en contact d’espaces distants fut la route de
la soie ouverte au IIe siècle av. J.-C. quand plus d’une douzaine de caravanes
quittèrent la Chine et traversèrent chaque année les déserts d’Asie centrale
vers la Mésopotamie et la Syrie. La paix mongole entre 1250 et 1350
favorisa les échanges sur les routes caravanières grâce à l’instauration d’un
système de routes et de relais ; ce dernier fut unifié en Chine où il existait
plus de 14 000 relais à la fin XIIIe siècle, et il prolongeait les caravansérails
de Perse et d’Asie. D’autres routes, océaniques cette fois, par lesquelles
transitent produits de luxe, idées et croyances, jouent également un rôle clé.
Avant la montée de l’espace atlantique à partir du XVIe siècle, l’océan
Indien, véritable lac en vertu de son système de double mousson qui assure
un aller-retour aisé entre l’Afrique orientale ou le golfe Persique et l’Inde,
s’offre ainsi comme la plaque tournante de la « mondialisation archaïque ».
Durant les presque cinq mille ans que durent les deux premières grandes
phases de mondialisation, on peut opposer le caractère multipolaire de la
mondialisation archaïque au jeu plus restreint d’acteurs à partir du
e
XVII siècle avec la progression agressive des Provinces-Unies et de
e
La fin du XIX siècle voit ainsi l’éclosion de toute une série
d’organismes de standardisation, de l’Union télégraphique internationale
en 1865 (lors de son congrès de 1875 à Saint-Pétersbourg, elle s’accorde sur
les tarifs du télégramme ainsi que sur le secret de la correspondance), de
l’Union postale universelle en 1874 (le timbre postal date de la
décennie 1840 en Angleterre), de l’Organisation météorologique en 1878 à
l’Organisation internationale de standardisation en 1946 (30 000 experts
en 2006). Ce sont là des techniciens, des scientifiques qui président et
dirigent ces organismes et non des diplomates, et les États suivent leurs
recommandations. Avantage décisif pour les particuliers, ils
approfondissent leur vie individuelle grâce à leur abandon confiant en la
bonne marche de ces organismes garants de la sûreté (les chemins de fer
sont par exemple correctement organisés) et de la fiabilité de leurs
opérations techniques quotidiennes.
Parallèlement se généralisent à la fin du XIXe siècle les grandes
associations scientifiques. L’âge d’or des grands congrès « internationaux »
scientifiques (170 congrès entre 1905-1914) bat son plein. S’y martèle
constamment la perspective d’un monde uni grâce à la science propagatrice
de normes communes dont celles, sociales, de la sociabilité savante
caractérisée par l’informalité, l’égalité et un ethos cosmopolitique,
intériorisées, précisément, dans le cadre de ces congrès où se « respire le
même air international ». Jamais, avant l’explosion de la Première Guerre
mondiale, les savants n’auront véhiculé avec une telle intensité ce projet
d’unité scientifique via les instruments bibliographiques, les liaisons
interbibliothèques, la rationalisation de l’espace bibliothécaire interne, le
rêve d’une langue universelle (l’ésperanto). Le chimiste allemand, Wilhelm
Ostwald (1853-1932), les Belges, Paul Otlet (1868-1944) et Henri La
Fontaine (1854-1943) développent une réflexion systématique sur les
procédures matérielles qui assureraient la bonne communication
scientifique, préfiguration de l’harmonie communicationnelle généralisée.
Au début du XXIe siècle, cette perspective globale et normalisatrice est
réapparue violemment sous une autre forme, celle de la comparaison et du
classement systématiques des différents établissements universitaires épars
à travers le monde. Le classement élaboré par l’université de Shanghai à
partir de 2003 a instillé dans les systèmes universitaires nationaux le
ferment de la concurrence internationale, là du moins où il n’était pas
encore très présent. Capter une part des trois millions d’étudiants à
l’étranger à l’heure actuelle (100 000 seulement en 1950) devient l’un des
objectifs majeurs des meilleures universités dans le monde, solidement
adossées à ces classements de référence. Parfois, ces grands établissements
prestigieux (qui restent occidentaux) installent des antennes en Asie, là où
les flux d’étudiants demeurent inépuisables ; Harvard, l’INSEAD de
Fontainebleau, l’ESSEC ont un établissement délocalisé à Singapour, la
Sorbonne, l’INSEAD et Harvard en ont un autre à Abu Dhabi. Les
enseignants et les étudiants à l’intérieur de ces structures d’excellence
mondiale sont de plus en plus cosmopolites. L’INSEAD, école de
management célèbre pour son MBA (3e cycle pour des personnes ayant déjà
eu une expérience professionnelle de haut niveau), emploie
145 enseignants, issus de 36 pays ; et son directeur est indien.
e
À un moindre titre, la culture populaire universelle au XX siècle s’est
forgée par la diffusion mondiale de la musique rock, de la bande dessinée
ou par la création de grands parcs de loisirs. L’ouverture du rock aux sons
du monde entier, depuis la chanson des Beatles en 1965 (Norvegian Wood)
accompagnée par un sitar jusqu’à la vogue de pop coréenne au début des
années 2010, traduit la plasticité de cet idiome musical protéiforme
(influence également des rythmes caraïbes un peu plus tard) qui a été
associé, de surcroît, à un mode de subjectivation séduisant (la figure du
rebelle adolescent). La bande dessinée au XXe siècle fut également un
medium universel à partir de trois centres de production majeurs, États-
Unis, espace franco-belge, Japon 4. Les premiers diffusèrent leurs comics en
Europe (succès de l’Avventuroso en 1935- 1936 en Italie, Espagne et
France, puis en Europe orientale) ou les productions Disney grâce à la
publication du Journal de Mickey dans l’entre-deux-guerres. La bande
dessinée « franco-belge » qui prend son essor après 1945 s’inspire d’ailleurs
fortement de l’Amérique en s’appuyant parfois sur des personnages issus de
cet univers (Lucky Luke en 1946, Blueberry en 1963). Mais de son côté,
Astérix fut longtemps la BD la plus vendue en Allemagne, et les 24 albums
de Tintin se vendent aujourd’hui encore à plus d’un million d’exemplaires
par an. Enfin, la montée internationale du manga japonais à la fin du
e
XX siècle, sa large diffusion aux États-Unis (moitié de la consommation de
LES INTERPRÉTATIONS
DE LA MONDIALISATION-
GLOBALISATION
tenté d’imposer leurs produits culturels, leurs valeurs, bien que des
organismes culturels internationaux culturels, la Coopération intellectuelle
en 1921 (rattachée à la SDN) et l’Unesco en 1946 (rattachée à l’ONU)
soient venus tempérer un peu cet unilatéralisme culturel étatique et
entrepreneurial des puissances hégémoniques. Mais que le monde arabe
(300 millions de personnes) n’ait traduit que 35 000 livres entre 1985 et
2009, soit de 1 500 à 2 000 livres par an, atteste le retard éditorial eu égard
à la faiblesse matérielle de la chaîne traductrice (absence de grandes
maisons d’édition, peu de librairies, peu de bons traducteurs). Si un pays
comme la Grèce traduit 20 fois plus que l’ensemble arabe, il est évident que
nous nous trouvons en face de logiques d’hégémonie économique que
certains qualifieront d’impérialisme.
IV. – Hybridation
La théorie de l’hybridation (ou du métissage) du monde relève surtout
de théoriciens rattachés à certaines sciences sociales, surtout anglo-
saxonnes (le modèle politique et culturel du multiculturalisme joue un rôle
important), et rassemblées principalement autour des cultural studies. Dans
l’ensemble, il s’agit d’une vision positive de la mondialisation-globalisation
dans laquelle les cultures circulent, les individus franchissent plutôt
allègrement les frontières, et surmontent même, parfois, les pires
contraintes, en s’inventant une identité « métisse », à l’instar de certains des
hommes/femmes pris dans l’histoire de l’esclavage atlantique et de ses
lendemains temporels aux XIXe et XXe siècles. L’anthropologue américain,
James Clifford, parle ainsi de cultures voyageuses (traveling cultures), les
philosophes Gilles Deleuze et Félix Guattari évoquent les identités
« nomades » et l’écrivain antillais Patrick Chamoiseau célèbre les lieux
comme « paysages mouvants » tandis que le sociologue Ulf Hannerz élit le
terme de « créolisation ». Dans un univers de déplacements constants
permis par les technologies, qu’ils soient physiques ou mentaux (regarder
un programme d’une chaîne par satellite), l’hybridation culturelle
incarnerait le destin d’une part croissante de l’humanité dans un entre-deux
indécidable, des « interstices » où les formes de vie se recombineraient en
permanence au sein de nouvelles pratiques sociales. Des jeunes Marocaines
pratiquant la boxe thaï, des rappeurs coréens, des élèves mexicaines en toge
grecque dansant dans le style d’Isidora Duncan, Shakespeare joué sur le
mode du théâtre japonais Kabuki par le Théâtre du Soleil à Paris : le monde
culturel est celui du mélange et du syncrétisme des références. Pour l’être
hybride, la question clé ne serait plus le classique « d’où êtes-vous ? », mais
plutôt « entre quoi êtes-vous ? ».
E E
Chapitre II - LES DEUX MONDIALISATIONS-GLOBALISATION DES XIX ET XX SIÈCLES
I. – Convergence
IV. – Hybridation
V. – Glocalisation
Chapitre IV - LE RÔLE DES ÉTATS DANS LA MONDIALISATION-GLOBALISATION
e
I. – L’État négocie la mondialisation au XIX siècle
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
www.quesaisje.com
1. GEMDEV, Mondialisation. Les mots et les choses, Paris, Karthala, 1999.
2. Philippe Moreau-Defarges, La Mondialisation, Puf, « Que sais-je », 2012.
3. Traduction partielle du titre évocateur d’Arjun Appadurai, anthropologue indo-américain,
Modernity at Large. Cultural Dimension of Globalization, University of Minnesota Press, 1996,
et traduit fort platement, Après le colonialisme, Paris, Payot-Rivages, 2005.
4. C’est ce que l’on appelle l’histoire « mondiale » (ou world history) et qui a donné lieu,
en 1990, à la création d’un Journal of World History. Sur ce mouvement dont les travaux
fondateurs datent des années 1960 aux États-Unis, voir le dossier de la revue, Le Débat, « Écrire
l’histoire du monde », mars-avril 2009, no 154. Deux courants dominent. Pour l’un, l’histoire du
monde résulte de l’interpénétration des civilisations via des épisodes violents parfois, mais le
plus souvent à travers les moyens pacifiques des migrations et de toutes autres formes
d’échanges ; pour l’autre, le monde se construit forcément par la domination et débouche sur un
« système monde » avec une division du travail entre centre et périphérie. Pour le premier
chapitre, nous suivons surtout la première de ces interprétations.
1. Ces notions de mondialisation archaïque et de protomondialisation sont tirées de l’ouvrage
dirigé par A. G. Hopkins, Globalization in World History, New York-London, W. W. Norton and
Company, 2002.
2. Jack Goody, Le Vol de l’histoire. Comment l’Europe a imposé le récit de son passé au reste
du monde, Paris, Gallimard, 2010 [1996], p. 31.
3. Nous nous appuyons notamment sur le beau livre dirigé par Patrick Boucheron, Histoire du
monde au XVe siècle, Paris Fayard, 2009.
4. Nayan Chanda, Au commencement était la mondialisation. La grande saga des aventuriers,
missionnaires et marchands, Paris, CNRS Éditions, 2010 [2007], p. 150-151.
5. Tony Ballantyne, « Empire, Knowledge and Culture: from Proto-Globalisazation to Modern
Globalization », in A. G. Hopkins (ed.), Globalization in World History, op. cit., p. 116-140.
6. Jean-Michel Sallmann, Le Grand Désenclavement du monde. 1200-1600, Paris, Payot, 2011,
p. 110.
1. Armand Mattelart, Histoire de l’utopie planétaire. De la cité prophétique à la société
globale, Paris, La Découverte, 2009.
2. Jean-François Bayart, Le Gouvernement du monde. Une critique politique de la
globalisation, Paris, Fayard, 2004, chap. V : « Globalisation et subjectivation politique. Le
moment néo-libéral (1980-2004) ».
3. Voir l’ouvrage fondamental d’Akira Iriye et Pierre-Yves Saunier, The Palgrave Dictionary of
Transnational History. From the Mid-19th Century to the Present Day, London, Palgrave-
Macmillan, 2009. L’international, quant à lui, demeure le domaine essentiellement des acteurs
publics et fonctionne, dans l’ensemble, sur le mode du bilatéralisme quoiqu’il existe au
e
XX siècle de plus en plus d’organisations internationales multilatérales (SDN en 1919 et ONU
en 1945).
4. Sylvain Venayre, « le monde de la BD », in Pascal Ory (dir.), L’Art de la bande dessinée,
Paris, Citadelles-Mazenot, 2012.
5. Edward Said, L’Orientalisme. L’Orient créé par l’Occident, Paris, Le Seuil, 1980 [1978].
6. Ludovic Tournès, Sciences de l’homme et politique. Les fondations philanthropiques
américaines en France au XXe siècle, Paris, Classiques Garnier, « Bibliothèque des sciences
sociales », 2011, p. 121-125.
1. Nous renvoyons notamment à notre ouvrage, coécrit avec Laurent Martin, Histoire des
relations culturelles dans le monde contemporain, Paris, A. Colin, 2011.
2. Gilles Lipovetsky, Jean Serroy, La Culure-Monde. Réponse à une société désorientée, Paris,
Odile Jacob, 2008.
3. Frédéric Martel, Mainstream. Enquête sur la guerre globale de la culture et des médias,
Paris, Flammarion, 2010, p. 369-370.
4. Dean Mac Cannell, The Tourist, a New Theory of the Leisure Class, New York, Schocken
Books, 1989 [1976].
5. Pour C. A. Bayly, dans sa Naissance du monde moderne, op. cit., p. 136-137, l’avance
scientifique européenne sur la Chine ou le monde musulman à partir du XVIIIe siècle tient à des
facteurs organisationnels (la multiplicité des acteurs, universités aussi bien que réseaux
associatifs, telles les académies) et à la liaison de plus en plus étroite entre économie de marché
et science via le dépôt de brevets.
6. Claude Liauzu, L’Empire du Mal contre le Grand Satan. Treize siècles de guerre entre
l’Islam et l’Occident, Paris, A. Colin, 2005, p. 74.
7. Benjamin Barber, Djihad versus McWorld. Mondialisation et intégrisme contre la
démocratie, Paris, Hachette, « Pluriel » [1995], 2001. Le mot « intégrisme » est cependant
appliqué (trop) largement par Barber à toutes formes de revendications communautaires telles,
par exemple, les affirmations régionalistes en Europe.
8. Samuel P. Huntington, Le Choc des civilisations, Paris, Odile Jacob [1996] 2000.
9. Ibid, p. 320.
10. Claude Liauzu, op. cit., p. 119 sq. Cette dimension d’affrontement entre l’Occident et
l’Islam est rythmée par quelques grands événements politico-militaires qui composent une
longue histoire mémorielle dont Lépante (1571), la prise de Kazan au détriment des Tatars
(1552) ou le siège de Vienne (1683) composent les principaux jalons. Sur le terrain savant, les
travaux du grand historien belge, Henri Pirenne [Mahomet et Charlemagne en 1937], ceux d’un
Fernand Braudel ou d’un Pierre Chaunu dans les années 1950-1960 sont pleins de l’idée
(fausse) que l’Islam avait fermé la Méditerranée au Moyen Âge. Récemment, un médiéviste
français a cherché à dénier au monde arabe son rôle d’intermédiaire culturel entre l’Antiquité et
l’Occident médiéval. Voir Sylvain Gouguenheim, Aristote au mont Saint-Michel. Les racines
grecques de l’Europe chrétienne, Paris, Le Seuil, « L’Univers historique », 2008.
11. Jean Tardif, Joëlle Farchy, Les Enjeux de la mondialisation culturelle, Paris, Éditions Hors
Commerce, 2006, p. 65-66.
12. Georg Wilhelm Friedrich Hegel, La Raison dans l’histoire. Introduction à la philosophie de
l’histoire, Paris, UGE, [1840] 1965, p. 247.
13. Zbigniew Brzezinski, America in the technetronic age, Columbia University Occasional
papers, 1967, p. 22.
14. Les data centers accueillent chacun des milliers de serveurs. Google, par exemple, aurait
plus de 900 000 serveurs localisés (officiellement) dans 11 sites, surtout aux États-Unis ; mais,
sans doute, faudrait-il multiplier par deux ou trois ce chiffre. Ces installations coûtent chacune
au moins 300 millions de dollars, sont énergivores et gourmandes en espace (le site de Taïwan
s’étend sur 15 ha).
15. Paul Gilroy, L’Atlantique noir. Modernité et double conscience, Paris, Éditions Amsterdam,
[1993] 2010.
16. Gabrielle Talon, Al Jazeera. Liberté d’expression et pétromonarchie, Paris, Puf, 2011.
17. Cité par Olivier Mongin, La Condition urbaine. La ville à l’heure de la mondialisation,
Paris, Le Seuil, « Points », 2005, p. 146.
18. Arjun Appadurai confondrait sa situation d’acteur social à succès avec l’observation
sociologique qui, elle, conduit à plus de scepticisme ou de prudence.
19. Ulrich Beck, Qu’est-ce que le cosmopolitisme ?, Paris, Alto-Aubier, 2006 [2004], p. 186.
20. Michel Picard, Tourisme culturel et culture touristique, Paris, L’Harmattan, 1992.
21. Manuel Castells, La Galaxie Internet, Fayard, 2001, p. 292.
1. Jean-François Bayart, L’Illusion identitaire, Paris, Fayard, « L’espace du politique », 1996,
p. 47-50.
2. François Chaubet, Laurent Martin, Histoire des relations culturelles dans le monde
contemporain, op. cit., chap. 4, 5 et 10.
3. André Malraux, « Pour la Ve république », in La politique, la culture, Paris, Folio-essais,
1996, p. 307.
4. Alexandre Kazeroumi, Le Miroir des cheikhs, Paris, Puf, 2017.
5. Aihwa Ong, Flexible Citizenship. The Cultural Logics of Transnationality, Durham/Londres,
Duke University Press, 1999.
6. Bertand Badie, La Fin des territoires, Paris, Fayard, 1995.
1. Voir Jean-Pierre Warnier, La Mondialisation de la culture, Paris, La Découverte, « Repères »,
2007, p. 107, qui récuse précisément le titre donné à son ouvrage par son éditeur… On peut
noter en particulier l’étrange double sous-estimation analytique de la part de cet auteur, d’une
part de l’impact de la culture-monde produit par les industries culturelles (sous prétexte que la
réception en est fort différenciée), d’autre part de la conscience d’un monde unifié par le risque.
Le mépris affiché par l’auteur à l’égard du tourisme de masse (la « disneylandisation » du
monde) est un bon symptôme de cette difficulté à saisir les nouvelles capacités (psychologiques,
culturelles) produites par la diffusion d’une culture-monde (ou hyperculture) qui donne lieu,
certes, à une réception différenciée, mais qui renvoie alors à des phénomènes de glocalisation.
2. François Jullien, L’Écart et l’entre. Leçon inaugurale de la chaire sur l’altérité, Paris,
Galilée, 2012.