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DU MEME AUTEUR
Dédicace
2. La peur de la nuit
5. Lâches ou héros ?
2. Le sentiment d'insécurité
5. Le fisc: un épouvantail
3. La peur de la subversion
4. Un premier temps fort des peurs eschatologiques: la fin du XIVe siècle et le début du XVe siècle
7· - Satan
1. Montée du satanisme
3 Le « prince de ce monde »
2. La menace musulmane
2. La diabolisation de la femme
3. Le discours officiel sur la femme à la fin du XVIe siècle et au début du XVIIe siècle
4. Un danger pressant
CONCLUSION
1. L'univers de l'hérésie
4. Un projet de société
Notes
Index thématiquea
© Librairie Arthème Fayard, 1978.
978-2-213-65078-4
DU MEME AUTEUR
Vie économique et sociale de Rome dans la seconde moitié du xvie
siècle, 2 vol., Paris, De Boccard, 1957-1959.
L'Alun de Rome, Paris, S.E.V.P.E.N., 1962.
Naissance et affirmation de la Réforme, Paris, P.U.F., coll. « Nouvelle
Clio », 3e édition, 1973.
La Civilisation de la Renaissance, Paris, Arthaud, coll. « Les Grandes
Civilisations », 2e édition, 1973.
Le Catholicisme entre Luther et Voltaire, Paris, P.U.F., coll. « Nouvelle
Clio », 1971, 2e édition, 1978.
L'Italie de Botticelli à Bonaparte, Paris, A. Colin, 1974.
Rome au XVIe siècle, Paris, Hachette, 1976.
La Mort des pays de Cocagne, Paris, Publication de la Sorbonne, 1976.
Le Christianisme va-t-il mourir ?, Paris, Hachette, 1977.
Je tiens à exprimer ma gratitude à mes
auditeurs du Collège de France et aux
chercheurs de mon séminaire. Ils trouveront
dans ces pages mention des documents qu'ils
m'ont adressés ou indiqués et des enquêtes
qu'ils poursuivent. Ils ont donc contribué avec
moi à la réalisation de ce projet
historiographique.
INTRODUCTION
« Qu'ai-je besoin d'aller ... au-devant de qui ne s'adresse pas à moi [il s'agit de la
mort] ? ... Est-ce que l'honneur peut remettre une jambe ? Non. Un bras ? Non.
Enlever la douleur d'une blessure ? Non. L'honneur n'entend rien à la chirurgie ? Non.
Qu'est-ce que l'honneur ? Un mot. Qu'y a-t-il dans ce mot honneur ? Un souffle ...
Aussi je n'en veux pas. L'honneur est un simple écusson, et ainsi finit mon
catéchisme24. »
« ... Oncques homme ne craignit tant la mort, ny ne fit tant de choses pour y mettre
remède : et avoit, tout le temps de sa vie, prié à ses serviteurs et à moy comme à
d'austres que, si on le voyoit en cette nécessité de mort, que on ne luy dist, fors tant
seulement : « parlez peu » et que l'on l'esmust seulement à se confesser sans luy
prononcer ce cruel mot de la mort : car il lui sembloit n'avoir jamais cœur pour ouyr
une si cruelle sentence32. »
« ... La peur ou l'épouvante, qui est contraire à la hardiesse, n'est pas seulement une
froideur, mais aussi un trouble et un étonnement de l'âme qui lui ôte le pouvoir de
résister aux maux qu'elle pense être proches ... Aussi, n'est-ce pas une passion
particulière ; , c'est seulement un excès de lâcheté, d'étonnement et de crainte lequel
est toujours vicieux ... Et parce que la principale cause de la peur est la surprise, il n'y
a rien de meilleur pour s'en exempter que d'user de préméditation et de se préparer à
tous les événements, la crainte desquels la peut causer 50. »
« ... Les généraux galopaient dans l'effarement, et une telle tempête de stupeur
soufflait, emportant à la fois les vaincus et les vainqueurs, qu'un instant les deux
armées s'étaient perdues, dans cette poursuite, sous le grand jour, Mac-Mahon filant
vers Luné-ville, tandis que le prince royal le cherchait du côté des Vosges. Le 7 [août],
les débris du 1er corps traversaient Saverne, ainsi qu'un fleuve limoneux et débordé,
charriant des épaves. Le 8, à Sarrebourg, le 5e corps venait tomber dans le 1er comme
un torrent démonté dans un autre, en fuite lui aussi, battu sans avoir combattu,
entraînant son chef, le général de Failly, éperdu, affolé de ce qu'on faisait remonter à
son inaction la responsabilité de la défaite. Le 9, le 10, la galopade continuait, un
sauve-qui-peut enragé qui ne regardait même pas en arrière 58. »
« Un ... effet de la peur est l'objectivation. Par exemple, dans la peur de la violence,
l'homme au lieu de se jeter dans la lutte ou de la fuir, se satisfait en la regardant du
dehors. Il prend plaisir à écrire, lire, entendre, raconter des histoires de batailles. Il
assiste avec une certaine passion aux courses dangereuses, aux matches de boxe, aux
corridas. L'instinct combatif s'est déplacé sur l'objet 84. »
Omniprésence de la peur
En 1395, le baron d'Anglure revient de Jérusalem. C'est encore près des côtes de
Chypre que « soudainement » se lève une « grande et horrible fortune » qui dure
quatre jours. « Et en vérité il n'y avoir nul qui fist autre semblant fors que si comme
cellui qui bien voit devant lui qu'il lui -fault morir... Et sachez que nous oismes jurer a
plusieurs, que par plusieurs fois avoient été en plusieurs et diverses fortunes sur mer,
sur la damnation de leurs âmes, que onques en nulle fortune qu'ilz eussent eue n'orent
si grant paour d'estre periz comme a ceste fois98 . »
« ... Dire tout au long les périls de la mer, mal compris des humains : orages
soudains et terribles, traits de foudre embrassant le ciel, noires averses, nuits
ténébreuses, grondements de tonnerre ébranlant le monde, ce serait pour moi une
épreuve aussi grand que vaine, lors même que ma voix serait de fer101. »
« Une fois ainsi munis de tout ce qu'un tel voyage exige et requiert, nous préparons
notre âme à la mort, qui toujours rôde sous les yeux des marins 103. »
« Il est certain qu'entre les dangers qui se rencontrent au passage de cette vie
humaine, il n'y en a point de tels, de pareils ni de si fréquents et ordinaires que ceux
qui adviennent aux hommes qui fréquentent la navigation de la mer, tant en nombre et
diversité de qualités qu'ès violences rigoureuses, cruelles et inévitables, à eux
communes et journalières, et telles qu'ils ne sauraient assurer une seule heure du jour
d'être au nombre des vivants... Tout homme de bon jugement, après qu'il aura
accompli son voyage reconnaîtra que c'est un miracle manifeste d'avoir pu échapper
tous les dangers qui se sont présentés en la pérégrination d'icelui ; d'autant que, oultre
ce que disoient les Anciens de ceux qui vont sur la mer n'avoir entre la vie et la mort
que l'épaisseur d'une table de planche qui n'est que trois ou quatre travers de doigts, il
y a tant d'autres accidents qui journellement y peuvent subvenir, que ce seroit chose
épouvantable à ceux qui y naviguent de les vouloir tous mettre devant les yeux
lorsqu'ils veulent entreprendre leurs voyages 104. »
« O que troys et quatre foys heureulx sont ceulx qui plantent chous ! ... Quiconque
plante chous est par mon décret déclairé bienheureux ... Ha ! pour manoir déifique et
seigneurial, il n'est que le plancher des vaches ! » (Chap. XVIII.) Plus loin, revient
une variante du même thème (il n'est de plaisir que sur la terre ferme) : « Pleust à la
digne vertus de Dieu, se lamente Panurge, que à heure praesente je feusse dedans le
clos de Seuillé ou chés Innocent le pastissier, devant la cave paincte, à Chinon, sus
poine de me mettre en pourpoinct pour cuyre les petits pastez. » (Chap, xx.)
Dans La Tempête de Shakespeare, Gonzalo, au cœur du péril, déclare
préférer à l'océan la terre la plus ingrate : « A cette heure, je donnerais
bien mille arpents de mer pour une acre de terre stérile : une grande
lande, des sapins roux, n'importe quoi 107... »
Les démarches superstitieuses du compagnon de Pantagruel,
présentées ironiquement par Rabelais, étaient évidemment habituelles en
ces sortes de périls. Il invoque « tous les benoistz saincts et sainctes à son
ayde », proteste « de soy confesser en temps et lieu », récite à plusieurs
reprises le confiteor, supplie frère Jean de ne plus jurer en un tel danger,
fait voeu d'édifier une chapelle à saint Michel ou à saint Nicolas ou à l'un
et à l'autre, suggère de « faire un pèlerin », c'est-à-dire de tirer au sort
celui qui, au nom de tous, ira en quelque saint lieu remercier le ciel en
cas d'heureux dénouement (chap. XVIII-XXI). Les récits de « miracles »
et les ex-voto de beaucoup de sanctuaires ne sont-ils pas remplis de
promesses semblables dont Erasme croit devoir se moquer dans le
colloque Naufragium ?
Si Pantagruel, Frère Jean et Epistémon ont gardé leur sang-froid, ils
avouent pourtant avoir eu peur et Pantagruel assure, après Homère et
Virgile, que la pire des morts est d'être englouti dans les flots : « Je diz
ceste espèce de mort, par naufraige estre [à craindre], ou rien n'estre à
craindre. Car, comme est la sentence d'Homère, chose griefve, abhorrente
et dénaturée est périr en mer. » (Chap. xxi.) Gonzalo éprouve une
répulsion analogue pour la noyade : « Que la volonté d'en haut soit faite,
mais j'aimerais mieux mourir de mort sèche 108 ! » Si la mort en mer est
ressentie comme « dénaturée », c'est que l'océan a longtemps été regardé
comme un monde marginal, situé hors de l'expérience courante. C'est,
plus généralement encore, que l'eau dans ce qu'elle a de massif, de
puissant, d'incontrôlable, de profond et de ténébreux a, pendant des
millénaires, été identifiée comme un anti-élément, la dimension du
négatif et le lieu de toute perdition. « Tout un côté de notre âme nocturne,
écrivait G. Bachelard, s'explique par le mythe de la mort conçue comme
un départ sur l'eau109. » D'où le Styx des Anciens, « triste fleuve d'enfer »
(Marot, Complainte III), et la barque de Charon, navire des morts que
connaissent aussi les légendes celtiques et celles d'Extrême-Orient. Les
eaux profondes - mer, fleuve ou lac — étaient considérées comme un
abîme dévorant toujours prêt à engloutir les vivants. En témoigne, entre
mille autres preuves, cette ancienne chanson flamande attestée dès le
XIVe siècle :
« ... Les rivières gonflées débordent et submergent toutes les terres environnantes
avec leurs habitants. On pourrait voir, ainsi rassemblés sur les sommets, toutes sortes
d'animaux épouvantés et domestiques, en compagnie des hommes et des femmes qui
s'y sont réfugiés avec leurs enfants. Les campagnes submergées montraient des ondes
généralement couvertes de tables, de bois de lits, de barques, et de tous les expédients
inspirés par le besoin et la peur de la mort ; ils étaient chargés d'hommes et de femmes
avec leurs enfants, au milieu de lamentations et de gémissements, pleins d'épouvante
devant l'ouragan qui roulait les eaux en tempête avec des cadavres noyés. Tout ce qui
pouvait flotter était couvert d'animaux variés réconciliés et groupés en tas apeurés :
loups, renards, serpents, créatures de toutes sortes ... Ah ! que de gémissements ! ...
Que de bateaux retournés, entiers ou en pièces, au-dessus des gens qui se débattaient
avec des gestes et des mouvements éplorés, annonce d'une horrible mort 113. »
« PROSPÉRO : Dis-moi, mon brave esprit, s'est-il trouvé un homme assez ferme,
assez intrépide pour que la tourmente n'ait point affecté sa raison ?
« ARIEL : Pas une âme qui ne ressentît la fièvre des déments et ne se livrât à
quelque acte de désespoir 117. »
« ... J'ai fait flamboyer la terreur. Parfois je me divisais et brûlais de toutes parts :
sur le mât, sur la hune, sur les vergues, sur le beaupré, j'allumais des flammes
distinctes qui se rencontraient pour s'unir. Les éclairs de Jupin, précurseurs du terrible
tonnerre, ne sont pas plus instantanés ni plus fugitifs au regard 121. »
Ronsard, qui fit à quinze ans le voyage d'Ecosse, assure dans l'Hymne
des daimons que ceux-ci « ... se changent souvent en grands flambeaux
ardans / Perdus dessus une eau, pour conduire dedans / Le passant
foudroyé trompé de leur lumière / Que le meine noyer dedans l'onde
meurtrière » (Livre des hymnes, Ier). Aussi de nombreux marins,
notamment dans la Grèce moderne, s'efforçaient-ils de chasser ces feux
inquiétants à coups de fusil, ou par un bruyant charivari, ou mieux encore
par des cris de porcs, ces animaux qu'on croyait de nature diabolique
étant censés mettre en fuite les esprits malfaisants 122. Dans les contes
d'autrefois — et aussi dans la Légende dorée (au chapitre consacré à la
vie de saint Adrien) —, le diable apparaît encore souvent comme le
capitaine du « bateau fantôme » - navire qui a hanté l'imagination des
populations côtières et qu'on identifiait à l'enfer des marins123. On a
attribué à Giorgione une toile du début du XVIe siècle qui représente un
vaisseau fantôme monté par un équipage de démons.
De différentes façons la mentalité collective nouait des liens entre mer
et péché. Dans les romans médiévaux revient comme un topos l'épisode
de la tempête qui s'élève à cause de la présence d'un grand pécheur — ou
d'une femme enceinte, donc impure — à bord du navire assailli par les
flots, comme si le mal attirait le mal. Ce lieu commun littéraire
correspondait à une croyance profonde des populations. Encore en 1637,
l'équipage du Tenth Whelp refusa de quitter le port parce qu'il redoutait le
pire pour le bateau avec un capitaine réputé pour être un aboyeur de
blasphèmes 124. En outre, les marins, en dépit de leurs pèlerinages et de
leurs ex-voto, étaient souvent réputés mauvais chrétiens par les gens de
l'intérieur et les hommes d'Eglise. On les disait « mal ordonnables aux
vertus morales » (N. Oresme), voire « pas policés » du tout (Colbert).
Dans un manuel de confesseur anglais de 1344 cité et traduit par M.
Mollat, on lit :
Que l'océan soit l'itinéraire privilégié des démons, c'est ce que croit, au
début du XVIIe siècle, le célèbre et sinistre magistrat de Lancre, bourreau
du Pays basque. Il assure que des voyageurs, arrivant par mer à
Bordeaux, ont vu des armées de diables, chassés sans doute d'Extrême-
Orient par les missionnaires, se diriger vers la France128. Douterait-on du
caractère démoniaque de la mer qu'on en serait vite convaincu par la
multitude et l'énormité des monstres qui l'habitent et que décrivent à
l'envi « Cosmographies » et récits de voyages de la Renaissance. Pierre
Martyr d'Anghiera raconte au sujet de marins qui, en 1526, se rendaient
en Amérique : « Ils virent distinctement un poisson gigantesque qui
faisait le tour du brigantin et d'un coup de sa queue brisa en morceaux le
gouvernail du navire. » Et il conclut : « Ces mers, en effet, nourrissent
des monstres marins gigantesques129. » Relatant un voyage au Brésil en
1557-1558, Jean de Léry parle avec effroi des « horribles et
épouvantables baleines » qui risquent d'entraîner les navires par le fond.
L'une d'elles, « en se cachant fit encore un tel et si horrible bouillon, que
je craignais derechef qu'en nous attirant après soi, nous ne fussions
engloutis dans ce gouffre130 ». En 1555, l'évêque suédois Olaus Magnus
publie à Rome une Historia de gentibus septentrionalibus où il admet
l'existence d'immenses animaux marins que les équipages prennent pour
des îles et où ils abordent. Ils y allument des feux pour se réchauffer et
cuire leurs aliments. Alors les monstres s'enfoncent, engloutissant
hommes et navires. Ces îles animées et flottantes, inspirées de Béhemot
et de Léviathan, sont ainsi décrites par Olaus Magnus : « Leur tête, toute
couverte d'épines, est entourée de longues cornes pointues pareilles aux
racines d'un arbre déraciné 131. » Au XVIIIe siècle, un autre évêque
scandinave, Pontoppidan, identifiera ces monstres avec des poulpes
géants dont les bras sont aussi gros que les mâts des vaisseaux. En 1802,
un élève de Buffon parlera du Kraken, ou poulpe géant, comme de «
l'animal le plus immense de notre planète » 132, et il insistera sur son
agressivité : thème repris en 1861 par Michelet dans La Mer, en 1866 par
Victor Hugo dans Les Travailleurs de la mer, ouvrage qui popularise le
vocable « pieuvre », et en 1869 par Jules Verne dans Vingt Mille Lieues
sous les mers. Durable légende, née de la peur des monstres effrayants
qu'un élément aussi hostile que la mer ne pouvait manquer d'enfanter en
ses profondeurs.
Lieu de la peur, de la mort et de la démence, abîme où vivent Satan, les
démons et les monstres, la mer un jour disparaîtra quand toute la création
sera régénérée. Saint Jean prophétise dans l'Apocalypse (xx, 1): « Puis, je
vis un ciel nouveau, une terre nouvelle. Le premier ciel, en effet, et la
première terre ont disparu ; et de mer, il n'y en a plus. » La mer, danger
numéro un : telle était donc l'identification d'autrefois. D'où l'insistance
avec laquelle le discours littéraire comparait le destin de chacun d'entre
nous à un bateau en péril.
Priant Notre-Dame, Eustache Deschamps lui dit :
D'Aubigné se juge
Dans les Lusiades, Camoens s'est fait l'écho des craintes éprouvées par
les marins portugais aux approches du cap de Bonne-Espérance,
surnommé auparavant « cap des Tempêtes ». La fiction imaginée par le
poète ne serait pas née dans son esprit sans de nombreux récits oraux et
écrits relatifs au redoutable passage. Tandis que les navires progressent
vers celui-ci, voici que le cap se présente aux capitaines et aux équipages
comme une statue « difforme et gigantesque », « réplique du colosse de
Rhodes » — et annonce involontaire de celui de Goya dans la Panique. «
Son visage [est] sombre, ses yeux caves, son maintien terrible et
farouche, son teint pâle et terreux ; sa chevelure souillée de terre et
crépue, sa bouche noire et ses dents jaunes. » S'adressant aux marins
portugais, il les menace en ces termes :
« O gens plus téméraires que tous ceux qui dans le monde entreprirent de grandes
choses ! ... Vous franchissez aujourd'hui ces limites inviolables, vous osez pénétrer
dans ces mers lointaines, qui sont mon domaine et sur qui depuis si longtemps je
veille jalousement, sans qu'aucun vaisseau, parti d'ici ou d'ailleurs, vienne les
labourer.
« Vous venez percer les secrets mystères de la nature et de l'humide élément, qu'il
n'a été donné à nul mortel d'explorer ...
« Apprenez que des vents et des tempêtes furieuses rendront ces parages
redoutables à toutes les flottes assez audacieuses pour tenter après vous ce voyage. A
la première flotte qui franchira ces ondes indomptables, j'infligerai soudain un tel
châtiment que le mal sera pire que le danger...
« Vous verrez chaque année tant de naufrages et de désastres divers accabler vos
navires que la mort sera le moindre de vos maux 137. »
Il n'est donc pas excessif d'apercevoir avec Y.-M. Bercé derrière les
séditions antifiscales d'autrefois le heurt de deux cultures : l'une orale,
coutumière, sur la défensive, « prenant ses modèles dans un passé
immuable », l'autre écrite, moderne, envahissante, dangereusement
novatrice 146. Le papier timbré aurait-il paru aussi odieux si on n'avait pas
cherché à l'imposer à des populations largement analphabètes ? Les
mêmes structures mentales expliquent la révolte des « tard-avisés » du
Quercy en 1707 contre l'édit instituant des contrôleurs des actes extraits
des registres paroissiaux147. Si les séditions d'autrefois procédèrent à de
fréquents brûlements de papiers, n'est-ce pas parce que le peuple illettré
avait la peur et la haine de l'écriture ?
Les nouveaux impôts s'accompagnèrent non seulement d'une
paperasserie sans exemple dans le passé, mais encore de la mise en place
d'organismes de perception auxquels on n'était pas habitué : autant de
raisons de s'affoler. Pour la levée des tailles dans la France du XVIIe
siècle, des pays d'états furent réduits en pays d'élections et les officiers de
finances, traditionnellement attachés aux intérêts de leur ville ou de leur
province, furent progressivement dessaisis au profit de commis gagés,
révocables et à la nomination de l'intendant. Ainsi, dans l'opinion
générale, impôts nouveaux et « horsains » furent indissolublement liés.
Les commis et les gabeleurs de tout acabit apparurent comme des gens
qui venaient d'ailleurs pour pressurer une communauté à laquelle ils
n'appartenaient pas. En 1639, les « Nu-pieds » de basse Normandie se
rassemblèrent en armes pour défendre la patrie « oppressée des partisants
et gabeleurs » et « ne souffrir aucunes personnes incongneuz » dans les
paroisses 148. Le Manifeste de Jean Nudz-Piedz lançait dans sa troisième
strophe cette exclamation significative :
Et moy je souffriray ung peuple languissant
Dessoubz la tyrannie, et qu'un tas de Horzains
L'oppressent tous les jours avecques leurs partys149!
Les études récentes sur les séditions d'autrefois ont prouvé que
l'immense majorité d'entre elles avaient une dominante « misonéiste ».
Conservatrices et passéistes, elles faisaient parfois référence explicite —
ou plus souvent renvoyaient inconsciemment — au mythe de l'âge d'or
perdu, merveilleux pays de cocagne auquel on aurait aimé revenir et que
les millénaristes apercevaient de nouveau à l'horizon. Sous sa forme
atténuée, ce mythe faisait croire aux populations qu'il avait existé jadis un
Etat sans impôt ni tyrannie, par exemple au temps de Lous XII. C'est ce
qu'assurait Jean Nudz-Pieds aux révoltés normands de 1639 :
« L'élévation [n'avait] pas esté faite pour contrevenir à son autorité, mais seulement
pour obvier aux grande pilleries que faisoient ceux qui estoient commis pour la
gabelle et que ces faix leur estoient insupportables 152. »
« Premièrement, touchant notre foi, nous voulons que les hérésies de Luther,
Wyclif, Hus, Melanchthon, Oecolampade, Bucer ... et autres hérésies des anabaptistes
soient annulées et détruites dans ce royaume. Deuxièmement, que le siège de Rome
soit restauré comme autorité suprême de l'Eglise, en ce qui concerne le soin des âmes,
comme c'était l'habitude auparavant et que les évêques reçoivent de lui leur
consécration...
« Que les abbayes supprimées soient rétablies dans leurs maisons et dans leurs
biens ... Que les frères observants retrouvent à nouveau leurs maisons160... »
Les procès de sorcellerie des XVIe et XVIIe siècles font écho aux
affirmations du Malleus. Dans sa Démonomanie, Jean Bodin mentionne «
le jugement d'une sorcière qui était accusée d'avoir ensorcelé sa voisine
en la ville de Nantes » et qui fut brûlée169. Dans un dossier encore inédit
se rapportant à des maléfices jetés sur bêtes et gens dans la région de
Sancerre en 1572-1582 un des accusés, Jehan Cahouet, est ainsi mis en
cause : « Il est sorcier, mène et serre les loups où il veut et les faict
desvaller et venir des boys où ils sont, faict faire peste et dommage à ses
voisins pour faire manger leur bestial tant gros que menu ausd. loups, ou
faict mourir par sortilège ... tellement qu'il se fait craindre à sesd. voisins
170
. » Dans les épidémies démoniaques qui ont ravagé l'Europe aux XVIe
et XVIIe siècles, apparaissent au premier plan des relations de voisinage
hostile : entre deux villages proches ou entre clans rivaux à l'intérieur
d'une même localité. En 1555, on emprisonne à Bilbao pour sorcellerie
21 personnes de la même famille de Ceberio accusées par un groupe de
villageois qui leur étaient hostiles 171. Les comportements malfaisants
attribués aux voisins suspects devenaient alors des stéréotypes. Un
exemple entre mille : les gestes « diaboliques » de Claudine Triboulet,
qui finit par être condamnée à mort en 1632 par les juges du bailliage de
Luxeuil. Elle achète pour cinq francs un ciel de lit à une certaine Lucie
Coussin. Lorsque celle-ci prend ensuite sa bourse pour une emplette, elle
n'y trouve plus que de la poussière. Quelque temps après, Claudine
apporte un pain à Lucie qui, l'ouvrant à l'heure du repas, y découvre une
grosse araignée. Elle court en hâte chez le curé qui bénit le pain. Aussitôt
l'araignée meurt ... et disparaît. C'était donc le diable. Cependant, le jour
de la Saint-Laurent, Lucie mange une poire que Claudine lui a donnée :
bientôt « le gousier [la] brusle ». Il faut exorciser la malheureuse à
Besançon. Trop évidemment, Claudine est une sorcière 172.
Inutile de multiplier de telles anecdotes qui se répètent indéfiniment
les unes les autres de la Suisse 173 à l'Angleterre et de la France à
l'Allemagne. Eclairantes sont, en revanche, deux quantifications
apportées par A. Macfarlane : sur 460 inculpations pour maléfices devant
les Assizes de l'Essex entre 1560 et 1680, 50 seulement mirent en cause
des victimes n'habitant pas dans le même village que la personne qui les
avait, disait-on, ensorcelées. Et cinq dénonciations seulement
mentionnèrent une distance de plus de cinq milles entre accusateur et
accusé. Ainsi le pouvoir des jeteurs de sorts ne s'étendait pas au-delà de
quelques milles 174. Déjà le lucide Reginald Scot avait noté en 1584 que
leur rayon d'action magique était celui de leurs contacts sociaux175. Les
procès de sorcellerie éclairent donc pour nous d'une lumière violente —
et grâce aux périodes de crise — les tensions et suspicions qui
traversaient jadis en permanence une civilisation du « face à face » qui
enfermait de façon quasi obligatoire une ou plusieurs personnes par
village dans le statut d'être dangereux. On peut apporter à ce sujet une
preuve a contrario : dans la Nouvelle-France des XVIIe-XVIIIe siècles,
les procès de sorciers ont été rarissimes, contrairement à ce qu'on aurait
pu attendre avec une population rurale qui blasphémait beaucoup,
baignait tout autant que celle d'Europe dans une atmosphère de magie et
se trouvait par ailleurs soumise au regard soupçonneux d'un clergé
militant. Mais en Amérique les familes des immigrés français se
trouvaient séparées les unes des autres par de vastes étendues. Ici, le
voisin ne pesait pas. Au contraire, or recherchait sa présence, on tendait à
se rapprocher du colon le plus proche pour échapper aux pièges de la
solitude et des Indiens 176. Dénoncer et faire condamner un autre Français
d'Amérique, c'était s'affaiblir soi-même, s'isoler un peu plus au milieu
d'un univers hostile. En Europe au contraire a souvent joué, jusqu'à la
révolution industrielle et l'émigration massive vers les villes, un
phénomène de surpopulation rurale génératrice de conflits internes.
La suspicion à l'égard du voisin, qui semble avoir été à l'origine de tant
de dénonciations pour sorcellerie, a été une constante des civilisations
traditionnelles. Et peut-être comprendrons-nous mieux ce qui s'est passé
jadis dans notre Europe en lisant cet apologue chinois tiré du Lie-Tseu :
Parmi les gens que l'on connaissait bien dans le village, il y avait celui
ou celle qui soignait et que l'on allait trouver en cas de maladie ou de
blessure parce qu'il — ou elle — savait les formules et les pratiques qui
guérissent. Cette activité lui conférait puissance et autorité à l'intérieur de
l'horizon de sa notoriété. Mais une telle personne était suspecte à l'Eglise
parce qu'elle mettait en œuvre une médecine non authentifiée par les
autorités religieuses et universitaires et, si ses recettes échouaient, elle
était accusée par la rumeur publique : elle tenait son pouvoir de Satan,
elle s'en servait pour tuer au lieu de guérir. Elle risquait donc le bûcher
sur lequel périt — un cas entre beaucoup d'autres — la guérisseuse
écossaise Bessie Dulop en 1576178 ... Et. Delcambre a bien mis en relief la
suspicion qui pesait aux XVIe-XVIIe siècles sur les guérisseurs et
guérisseuses de Lorraine. La croyance des juges et du clergé à cet égard
finit, écrit-il, « par influencer le vulgaire : quiconque en Lorraine se
mêlait de soigner les malades par incantations ou pèlerinages ou les
guérissait avec une instantanéité d'allure supranaturelle, était suspecté par
ses voisins de pacte avec le diable 179. »
Ce regard de défiance pesait encore plus lourdement sur les sages-
femmes, situées au point de rencontre de deux interrogations menaçantes,
l'une formulée par l'opinion publique à son niveau le plus humble, l'autre
par les dépositaires du savoir. Parce que les conditions d'hygiène étaient
pitoyables et l'état de santé des populations souvent déficient, la mortalité
infantile était autrefois énorme et fréquents les décès d'enfants mort-nés.
Les parents n'en demeuraient pas moins étonnés et soupçonneux quand
l'accouchement se terminait mal. Que ces tragiques dénouements vinssent
à se multiplier dans un village ou un quartier, et aussitôt la suspicion se
dirigeait vers la sage-femme responsable. Mais, d'autre part, les
théologiens assuraient que Satan se réjouit lorsque des enfants meurent
sans baptême, puisqu'ils ne vont pas en paradis. Dans cette optique, les
sages-femmes ne constituaient-elles pas des auxiliaires privilégiées du
Malin ? D'autant plus que, dans leurs immondes mixtures, les sorcières
avaient coutume, croyait-on, de faire entrer des morceaux d'enfants non
baptisés. Ainsi, la sage-femme était-elle traquée de deux côtés. Au cours
des épidémies démoniaques, elle fut sans doute dans le village la
personne la plus menacée, le prochain le plus soupçonné. Dans le
Malleus, un chapitre entier explique « Comment les sages-femmes
sorcières infligent les plus grands maux aux enfants » :
« Rappelons encore ce qui apparut dans les aveux de cette servante passée en
jugement à Brisach : « Ce sont les sages-femmes qui causent les plus grands torts à la
foi. » On l'a d'ailleurs vu clairement par les aveux d'un certain nombre d'autres qui ont
ensuite été brûlées. Ainsi au diocèse de Bâle, dans la ville de Thann, une sorcière
brûlée avait avoué avoir tué plus de quarante enfants de la manière suivante : à leur
sortie du sein, elle leur enfonçait une aiguille sur le haut de la tête dans le cerveau.
Une autre encore, dans le diocèse de Strasbourg, avait avoué avoir tué plus d'enfants
qu'elle n'en pouvait compter. »
« Quant à la raison de tout cela, poursuit le Malleus, il est à présumer que les
sorcières font cela sous la pression des mauvais esprits et parfois contre leur gré. Le
diable sait en effet qu'à cause de la peine du dam et du péché originel ces enfants sont
privés de l'entrée au royaume des cieux. De plus, ainsi le jugement dernier est retardé,
après lequel les démons seront envoyés aux tourments éternels : le nombre des élus
étant atteint plus tardivement, au terme duquel le monde doit être consumé. Et puis ...
les sorcières ont à confectionner avec ces membres des onguents pour leurs usages
propres. Mais afin de porter à détester un crime aussi abominable, nous ne pouvons
passer sous silence ce qui arrive : quand elles ne tuent pas les enfants, elles les offrent
aux démons d'une offrande sacrilège. Dès que l'enfant est né, si la mère n'est pas elle-
même sorcière, la sage-femme porte l'enfant hors de la chambre sous prétexte de le
réchauffer ; puis l'élevant dans ses bras, elle l'offre au prince des démons Lucifer et
autres démons ; tout cela dans la cuisine, au-dessus du feu 180. »
« Attendu le fléau dont plusieurs sont affligés dans les églises par les nouëurs
d'aiguillettes, les pasteurs pour y pourvoir, remontreront vivement en leurs
prédications que la cause de ce malheur vient de l'infidélité des uns et de l'infirmité de
foi des autres et que de tels charmes sont détestables ; comme aussi la conduite de
ceux qui recourent aux ministres de Satan pour se faire délier, le remède qu'ils
cherchent étant pire que le mal qu'ils souffrent, auquel on ne doit remédier que par des
jeûnes, oraisons et par un amendement de vie. On ajoutera aussi au formulaire de
l'excommunication qu'on prononce publiquement avant la cène, après le mot idolâtre,
tous sorciers, charmeurs et enchanteurs. » (Synode de Montauban, 1594.)
« Sur la question..., s'il est licite de donner attestation à ceux qui se veulent marier
hors de leurs églises pour éviter les sortilèges et nouements d'éguillettes ? Le synode
est d'avis que cela ne doit pas leur être permis et qu'on les exhortera de ne donner pas
lieu à de telles choses qui procèdent d'incrédulité ou d'infirmité. » (Synode de
Montpellier, 1598184.)
« Faire mettre les nouveaux mariés tous nus et faire baiser à l'époux le gros doigt du
pied gauche de l'épouse et à l'épouse le gros doigt du pied gauche de l'époux191. »
« Percer un tonneau de vin blanc dont on n'a encore rien tiré et faire passer le
premier vin qui en sort dans la bague qui a été donnée à l'épouse le jour du mariage 192.
»
« Pisser dans le trou de la serrure de l'église où l'on a épousé193. »
« Dire pendant sept matins à soleil levant, le dos tourné du côté du soleil, certaines
oraisons 194. »
« Faire ce que faisait un certain promoteur de l'officialité de Châteaudun. Quand
deux nouveaux mariés lui venaient dire qu'ils étaient maléficiés, il les conduisait dans
son grenier, les attachait à un poteau face à face, le poteau néanmoins entre eux deux ;
les fouettait de verges à diverses reprises ; après quoi il les déliait et les laissait
ensemble toute la nuit, leur donnant à chacun un pain de deux sous et une chopine de
bon vin, et les enfermant sous clef. Le lendemain matin, il allait leur ouvrir la porte
sur les six heures et les trouvait sains, gaillards et bons amis195. »
« [C]'est un mal si sensible à la plupart de ceux qui en sont frappés, qu'il n'y a rien
qu'ils ne fassent pour en être guéris ; que ce soit Dieu ou le diable qui les en délivre,
c'est de quoi ils se mettent peu en peine pourvu qu'ils en soient délivrés 197. »
« Je suis encore de cette opinion, que ces plaisantes liaisons [les nouements
d'aiguillettes] de quoi notre monde se voit si entravé, qu'il ne se parle d'autre chose, ce
sont volontiers des impressions de l'appréhension et de la crainte. Car je sais par
expérience que tel, de qui je puis répondre comme de moi-même, en qui il ne pouvoit
choir soupçon aucun de faiblesse, et aussi peu d'enchantement, ayant ouï faire le conte
à un sien compagnon, d'une faiblesse extraordinaire, en quoi il était tombé sur le point
qu'il en avoit le moins besoin, se trouvant en pareille occasion, l'horreur de ce conte
lui vint à coup si rudement frapper l'imagination, qu'il en encourut une fortune pareille
; et de là en hors fut sujet à y réchoir, ce vilain souvenir de son inconvénient le
gourmandant et tyrannisant 201. »
Erasme ironise dans un de ses Colloques : " Pierre peut fermer la porte du ciel. Paul
est armé du glaive ; Barthélemy du coutelas ; Guillaume de la lance. Le feu sacré est à
la disposition d'Antoine. ... François d'Assise lui-même, depuis qu'il est au ciel, peut
rendre aveugles ou fous les gens qui ne le respectent pas. Les saints mal honorés
envoient d'horribles maladies 210.» » Un demi-siècle plus tard, Henri Estienne fait écho
à Erasme dans l'Apologie pour Hérodote : « ... Chacun [des] saincts peut envoyer la
mesme maladie de laquelle il peut guarir... Il est vray qu'il y a des saincts plus colères
et plus dangereux les uns que les autres : entre lesquels saint Antoine est le principal,
à cause qu'il brûle tout pour le moindre despit qu'on face à lui ou à ses mignons... Or
peut-on bien dire de ce sainct et de quelques autres des plus colères et des plus
dangereux, ce qu'un poète latin a dict généralement de tous les dieux : Primus in orbe
deos fecit timor211. »
« Informé des dégâts que les loups font chaque année dans les troupeaux de notre
terre et dans les sauvagines de notre chasse, nous ordonnons à nos mayeurs et
lieutenants de commander les habitants de leur ressort pour aller à la chasse aux loups
tant et quante fois que le temps se trouvera propre pendant l'hyver de cette année
1696220. »
Encore au XIXe siècle, des chasses collectives aux loups étaient
organisées dans le bas Berry. A la fin de la Première Guerre mondiale, le
département de l'Indre restait pour eux une région de passage221.
En France, la peur du loup ne fut jamais aussi forte qu'à la fin des
guerres de Religion. Les dévastations, l'abandon des cultures là où les
armées étaient passées, les disettes de la dernière décennie du XVIe siècle
eurent pour conséquence une véritable invasion de loups attestée
notamment par P. de L'Estoile : « La guerre estant finie entre les hommes,
écrit-il en juin 1598, commença celle des loups entre eux. Principalement
en la Brie, Champagne et Bassigny on contoit de cruels faits par lesdits
loups222. » En Bretagne, rapporte vers les mêmes moments le chanoine
Moreau, « C'est chose horrible à réciter ce qu'ils faisaient de maux »,
envahissant les rues de Quimper, tuant bêtes et gens en pleine rue, les
attaquant à la gorge « pour les empêcher de crier, et, s'ils avoient loisir,
ils savoient dépouiller sans endommager les habits ni leurs chemises
même, qu'on trouvoit tout entiers auprès des ossements des dévorés »...
Ce qui, ajoute l'auteur, « augmentoit de plus en plus l'erreur des simples
de dire que ce n'étoient point loups naturels, mais loups-garous ou
soldats, ou sorciers transformés223 ». Quelques années plus tard la
situation n'est pas moins inquiétante en Languedoc, à en juger par l'arrêt
du 7 janvier 1606 prononcé par le parlement de Toulouse :
« Veu la requeste presantée par le procureur général du roy concernant les murtres
et ravaiges faictz par les loups et bestes sauvaiges ayant tué plus de cinq cents
hommes, femmes et petitz enfans depuis troys mois dans les séneschaussées de
Tholose et Lauraguois, mesme dans le gardiage et faulxbourgz dudict Tholose, la
court enjoint à tous officiers du roy... d'assembler les habitants des lieux et faire
chasser les loups et austres bestes sauvaiges 224... »
« Glorieux saint qui, par le martyre que vous avez souffert, avez le bonheur de
posséder Dieu, de chanter ses louanges avec ses anges et archanges, de participer au
bonheur éternel et spirituel, nous vous intercédons et supplions de vouloir bien être
auprès du Sauveur Jésus-Christ notre interprète, que, par sa grâce toute puissante, il
nous préserve des terribles malheurs de la grêle, de l'orage, des tempêtes, des funestes
effets du tonnerre et autres fléaux destructeurs ; que, par votre sainte et puissante
protection, Dieu nous accorde la grâce d'être préservés de toutes les intempéries
contraires aux saisons et à toutes les productions de la terre, nos plus grandes
richesses si nécessaires en même temps à notre existence, de la peste de nos
troupeaux, également de nos moissons, récompenses que vous accordez au cultivateur
pour prix de ses veilles et de ses sueurs ; enfin que nos maisons restent immobiles à
toutes destructions affligeantes pour nous autres malheureuses créatures ; accordez-
nous, Seigneur, toutes ces grâces par votre saint pouvoir et par l'intercession de votre
bien-aimé et fidèle serviteur saint Donat. Ainsi soit-il. Réciter à l'intention du
bienheureux martyr sept Pater matin et soir et sept Ave. »
« Dieu a peuplé les quatre éléments de créatures vivantes. Il a créé les nymphes, les
naïades, les mélusines, les sirènes pour peupler les eaux ; les gnomes, les sylphes, les
esprits des montagnes et les nains pour habiter les profondeurs de la terre ; les
salamandres vivant dans le feu. Tout procède de Dieu. Tous les corps sont animés d'un
esprit astral duquel dépendent leur forme, leur figure et leur couleur. Les astres sont
habités par des esprits d'un ordre supérieur à notre âme, et ces esprits président à nos
destinées... Tout ce que le cerveau conçoit et accomplit procède des astres 231... »
« Le terrible et merveilleux signe qui a este veu sur la ville de Paris, avecque vent,
grand clarte et lumière, tempeste et fouldre, et aultre signe [21 janvier 1531]. »
« Les nouvelles et merveilleux signes advenus au royaulme de Naples de trois
soleils qui ce sont apparuz environ IV heures du matin [août 1531]. Et aussi une
femme aagee de IIII.XX et VIII ans [88 ans], laquelle a eu enfant. Aussi une jeune
folle de lage de sept ans laquelle gecte eau claire par ses mamelles. »
« Du serpent ou dragon volant, grand et merveilleux, apparu et veu par un chacun
sur la ville de Paris, le mercredi XVIII febvrier 1579, depuis deux heures apres midi,
jusques au soir. »
Le terrible et espouvantable dragon apparu sur l'isle de Malte, lequel avoit sept
testes, ensemble les hurlements et cris qu'il faisoit, avec la grande confusion du peuple
et de l'isle, et du miracle qui s'en est ensuivy, le 15 décembre 1608 235. »
Les malheurs présagés par les comètes étaient décrits à l'avance par de
nombreuses prophéties. Voici quelques-unes de celles qui circulèrent en
Allemagne protestante en 1604 :
« La nouvelle comète qui brille au ciel depuis le 16 septembre 1604 nous annonce
que le temps est proche où l'on ne trouvera plus une maison, pas un seul refuge où l'on
n'entende des plaintes, des lamentations, des cris de détresse car de terribles calamités
vont fondre sur nous ! La comète présage surtout la persécution et la proscription des
prêtres et des religieux. Les jésuites sont particulièrement menacés de la verge du
Seigneur. Dans peu de temps la disette, la famine, la peste, de violents incendies et
d'horribles assassinats jetteront l'épouvante dans toute l'Allemagne. » (Prophétie de
Paulus Magnus237.)
« Cette étoile prodigieuse nous présage de bien plus terribles calamités qu'une
simple comète, car elle surpasse en grandeur toutes les planètes connues, et n'a pas été
observée par les savants depuis le commencement du monde. Elle annonce de grands
changements dans la religion, puis une catastrophe sans précédent qui doit atteindre
les calvinistes, la guerre turque, de terribles conflits entre les princes. Des séditions,
des assassinats, des incendies nous menacent et sont à notre porte. » (Prophétie
d'Albinus Mollerus 238.)
« Le 12 aoust, matin, pendant qu'on estoit au presche advint une eclipse de soleil
fort petite, contre les prognostications des astrologues qui la faisoient fort grande,
avec des presages funestes de ses effects, en telle sorte qu'on n'a jamais attendu une
eclipse avec plus de consternation et d'effroy de la plupart du monde qui s'enfermoit
dans les maisons avec feux et parfums. Pour faire paroistre comme nous [les
réformés] debvions estre exempts de craintes soubs la protection de Dieu, je montai à
cheval pendant l'éclipse 241... »
« A l'occasion d'une éclipse qui arriva sur les neuf ou dix heures du matin le 12. du
mois d'aoust, il se fit de plus grandes sottises, non seulement en Provence, mais
encore par toute la France, l'Espagne, l'Italie et l'Allemagne, qu'on ait jamais entendu
raconter. Quelques-uns ayant fait courir le bruit que quiconque se trouveroit en la
campagne au point de l'eclipse, ne passeroit pas la journée, donnèrent occasion aux
plus crédules de se tenir enfermez dans leurs chambres. Les médecins même
authorisèrent ces fadaises, obligeant de tenir les portes et les fenêtres fermées, et de
n'avoir dans les chambres autre clarté que celle des chandelles..., et sur le bruit qui
couroit qu'en ce jour-là tout le monde devoit perir, on ne vit jamais tant de
conversions, tant de confessions générales et tant d'actes de pénitence : les confesseurs
eurent grand employ durant plusieurs jours auparavant, et dans cette fiction et peur
imaginaire, la seule Eglise profita dans les folies du peuple. Je n'approuve pas
pourtant ce qui se fit dans beaucoup d'églises de cette province, où l'on dit que le saint
sacrement fut tout ce jour-là exposé en évidence : les ecclésiastiques ayant approuvé
par une telle action la folle créance du petit peuple 242. »
« un tel effroy dans les cœurs que mesme quelques uns d'entre les sages sentirent
leur constance ébranlée ; chascun couroit au tribunal de la confession pour expier ses
péchés et il arriva là dessus une chose plaisante dans la ville de Lyon, car un curé
voyant qu'il estoit accablé par ses paroissiens, qui le demandaient en foule pour se
confesser, fut contraint de monter en chaire, et d'advertir le peuple qu'il n'avoit que
faire de tant se presser parce que l'archevesque avoit différé la solennité de l'éclipse
jusques au dimanche suivant243. »
Au cinq de la lune on verra quel temps tout le mois donnera... La lune est périlleuse
au cinq, au quatre, six, huict et vingt... la lune pasle fait la pluye et la tourmente,
l'argentive, temps clair et la rougeastre vente248.
Lune en decours ne seme point, ou rien ne viendra bien à point. Au plain
mesmement de la lune, ne seme jamais chose aucune249.
Ces avis valaient aussi pour les paysans anglais, auxquels les auteurs
de traités d'agriculture de la fin du XVIe siècle conseillaient de récolter
quand la lune décroît et de semer en sa phase de croissance250. Les
Européens de la Renaissance tenaient compte des phases de la lune pour
beaucoup d'autres opérations : se couper les cheveux ou les ongles,
prendre une purgation, pratiquer une saignée, partir en voyage, acheter ou
vendre, voire commencer un enseignement251. Dans l'Angleterre du XVe
siècle, c'était encore une imprudence de se marier — ou d'aller habiter
une nouvelle maison — quand la lune décroissait. L'Eglise médiévale
avait en vain lutté contre ces deux croyances 252. Ces comportements
magiques s'enracinaient dans l'expérience millénaire d'une civilisation
rurale. Mais ils avaient été théorisés par l'astrologie savante plus que
jamais en honneur à l'époque de Luther et de Shakespeare. Encore en
1660, un expert anglais assurait qu'un enfant né au moment de la pleine
lune ne serait jamais bien portant 253. Les gens instruits savaient que la
lune contrôle la physiologie féminine et plus généralement l'humidité du
corps humain ; elle gouverne donc le cerveau, la partie la plus humide de
notre être, et est ainsi responsable de la démence des tempéraments «
lunatiques254 ». L'expression savante de la crainte ancestrale de la lune, la
voici encore évidente dans les avis donnés à son fils par William Cecil,
ministre des Finances d'Elisabeth Ire, qui recommandait une particulière
prudence le premier lundi d'avril (anniversaire de la mort d'Abel), le
second lundi d'août (destruction de Sodome et Gomorrhe) et le dernier
lundi de décembre (jour de la naissance de Judas). K. Thomas reconnaît
dans l'énumération de ces trois interdits (encore respectés par certains
Anglais du XIXe siècle) la version déformée et « biblicisée » d'un conseil
formulé par Hippocrate qui désignait comme impropres pour les saignées
les calendes d'avril et d'août ainsi que le dernier jour de décembre, ces
tabous ayant été transmis à la civilisation médiévale notamment par
Isidore de Séville255.
Raisonner sur le pouvoir sinon de la lune, du moins de la plupart des
autres astres, établir un horoscope et donner des consultations fondées sur
la connaissance de la carte du. ciel nécessitaient un niveau d'instruction
que ne pouvaient avoir les devins et les devineresses des villages,
lesquels devaient pourtant répondre aux interrogations inquiètes des gens
des campagnes. Et il paraît certain que, même si le crédit de l'astrologie
s'est accru à la Renaissance dans les villes et auprès des élites, les
multiples pratiques populaires de divination avaient continué, égales à
elles-mêmes en quantité et en qualité, au long d'une immense durée qui
plonge en amont dans la nuit des temps et conduit en aval jusqu'au seuil
de l'âge contemporain. Aussi les directives de l'Eglise, qui visaient
plusieurs publics à la fois et plusieurs niveaux culturels, mais
s'adressaient notamment aux pasteurs chargés des populations rurales,
traitaient-elles autant et plus des autres formes de divination que de
l'astrologie elle-même. A cet égard encore, le livre de J.-B. Thiers
constitue un témoignage ethnographique d'une exceptionnelle
importance. Car ses énumérations, rédigées il est vrai, dans un langage
savant, laissent apercevoir la diversité des méthodes par lesquelles, à
l'étage le plus quotidien et le plus humble, on tentait de conjurer la peur
de ce qui est caché soit dans le présent soit dans le futur, la divination
rendant ce double service.
1. Les revenants
S'il y a, écrit-il, « peur juste et légitime des esprits qui hantent une maison,
troublent le repos et inquiètent de nuict », si donc « la peur n'auroit esté vaine et que le
locataire auroit eu quelque occasion de craindre, en ce cas le locataire demeurera
quitte des louages demandez, et non autrement, si la cause de la crainte ne se trouvoit
juste et légitime 268 ».
« Les vies des saints, écrit-il, sont remplies d'apparitions de personnes décédées ; et
si l'on voulait les ramasser, on en rempliroit de grands volumes 280. » Il ajoute plus loin
: « On pourroit entasser une foule de passages des anciens poètes, même des Pères de
l'Eglise, qui ont cru que les âmes apparoissoient souvent aux vivans... Ces Pères
croyoient donc le retour des âmes, leurs réapparitions, leur attachement à leur corps ;
mais nous n'adoptons pas leur opinion sur la corporéité des âmes 281... »
Ainsi, ce bénédictin « éclairé » est conscient du fait que beaucoup
d'écrivains chrétiens — certains même des plus éminents — n'avaient pas
vraiment rejeté l'antique conception de la survie d'une sorte de double.
Pour lui, au contraire, la mort institue une séparation totale entre le corps
et l'âme et celle-ci ne vient pas rôder là où le défunt a vécu. Mais ce
jugement catégorique une fois prononcé, don Calmet revient tout de
même pour l'essentiel — et parce qu'il croit au purgatoire — aux
opinions de Le Loyer et de Taillepied. « Encore qu'il y ait souvent, écrit-
il, beaucoup d'illusion, de prévention et d'imagination dans ce qu'on
raconte des opérations et des apparitions... des âmes séparées des corps, il
y a toutefois de la réalité dans plusieurs de ces choses et on ne peut
raisonnablement les révoquer en doute282... » Elles interviennent alors sur
l'ordre de Dieu ou du moins, si elles résultent de l'opération du démon,
avec la permission divine. Se trouvent donc à nouveau créditées par ce
biais toutes les apparitions soit des âmes du purgatoire réclamant des
prières, soit des âmes damnées venant appeler les vivants à la pénitence :
des thèmes qui, jusqu'à une époque récente, furent tellement familiers
aux prédicateurs 283.
Discours théologique sur les apparitions, le livre du bénédictin, comme
tous ceux écrits par ses prédécesseurs sur le même sujet, est aussi
éclairage ethnographique sur l'autre croyance aux revenants que l'Eglise
s'efforça de tansformer et qui restait vivante en pleine Europe classique.
On peut la résumer ainsi : pendant un certain temps après leur décès les
morts continuent à vivre d'une vie qui ressemble à la nôtre. Ils reviennent
sur les lieux où s'est déroulée leur existence, et parfois pour nuire. Don
Calmet nous fait comprendre par un cas limite la force que pouvait
encore revêtir cette conviction. Par lui nous connaissons en effet avec
beaucoup de détails l'épidémie de peur des revenants, et notamment des
vampires, qui se propagea à la fin du XVIIe siècle et au début du XVIIIe
en Hongrie, Silésie, Bohême, Moravie, Pologne et Grèce. En Moravie,
lit-on dans l'ouvrage, il est « assez ordinaire » de voir les défunts se
mettre à table avec des personnes de leur connaissance. Sans dire un mot,
ils font un signe de tête à l'un des convives qui meurt « infailliblement »
quelques jours après. On s'est délivré de ces spectres en les déterrant et
en les brûlant. En Bohême, vers les mêmes temps, on se débarrasse des
revenants qui désolent certains villages en exhumant les défunts suspects
et en leur passant à travers le corps un pieu qui les cloue au sol. En
Silésie, lit-on encore sous la plume de don Calmet, qui refuse d'ajouter
foi à ces contes macabres, on rencontre les spectres « de nuit et de jour »
; on aperçoit les choses qui leur ont appartenu se remuer et changer de
place, sans qu'il y ait personne qui les touche. Le seul remède contre ces
apparitions est de couper la tête et de brûler le corps de ceux qui
reviennent. En Serbie, les revenants sont des vampires qui sucent au cou
le sang de leurs victimes, lesquelles meurent de langueur. Quand on
déterre les morts soupçonnés d'être ces spectres malfaisants, on les trouve
comme vivants, avec un sang « vermeil ». Alors, on leur tranche la tête et
on replace dans la fosse les deux parties du corps en les recouvrant de
chaux vive.
Il est clair que ces vampires remplissaient ici un rôle de boucs
émissaires comparable à celui dévolu en d'autres coins d'Europe aux Juifs
durant la Peste Noire et aux sorcières dans les années 1600. Au total, ne
vaut-il pas mieux s'en prendre aux morts qu'aux vivants ?
Don Calmet raconte encore, en se servant d'une relation de Tourne-
fort, la panique qui s'empara des habitants de Mikonos à la fin de 1700.
Un paysan connu pour son caractère chagrin et querelleur avait été tué
mystérieusement. Sortant bientôt de son tombeau, il se mit à troubler la
paix de l'île. Dix jours après son enterrement, on le déterra publiquement
; un boucher, non sans mal, lui arracha le cœur qui fut brûlé sur la plage.
Mais le revenant continuait d'affoler la population. Les prêtres de l'île
jeûnèrent, organisèrent des processions. II fallut à nouveau exhumer le
cadavre qui, placé sur une charrette, hurlait et se débattait. Enfin, on le
brûla. Alors cessèrent ses « apparitions et infestations ». La crainte des
vampires existait toujours au XIXe siècle en Roumanie — le pays de
Dracula. Un voyageur anglais notait en 1828 : « Lorsqu'un homme a fini
ses jours de manière violente, on érige une croix au lieu où il a péri, afin
que le mort ne devienne point un vampire 284. »
Les faits rapportés par don Calmet ne constituent que le grossissement
d'une réalité largement répandue : la croyance à une nouvelle vie terrestre
des morts, au moins pendant un certain temps. Au début du XVIIIe siècle,
le très janséniste Mgr Soanen, visitant son petit diocèse de Senez,
découvre avec inquiétude qu'on pratique encore dans la montagne des
oblations de pain et de lait sur les tombes, dans l'année qui suit la mort
d'un parent 285. Un demi-siècle plus tôt, le père Maunoir avait inséré dans
son catéchisme en breton une demande et une réponse fort éclairantes : «
Que dites-vous... de ceux qui amassent des pierres autour du feu de la
Saint-Jean, disant un Pater devant elles, croyant que les âmes des
trépassés, leurs parents défunts, viendront s'y chauffer ? ... Ils pèchent286. »
Venant dans le Finistère en 1794, Cambry notera : « Tous les morts
[croit-on ici] ouvrent la paupière à minuit 287... Jamais dans le district de
Lesneven on ne balaie une maison la nuit ; on y prétend que c'est en
éloigner le bonheur, que les trépassés s'y promènent et que les
mouvements d'un balai les blessent et les écartent 288.» La Bretagne
constitue assurément un espace privilégié pour l'étude des revenants dans
la civilisation d'autrefois. « On n'a pas plus tôt cloué le cadavre dans sa
bière qu'on le rencontre, la minute d'après, adossé à la barrière de son
courtille » écrivait A. Le Braz dans La Légende de la mort 289 qui précisait
: « Le défunt garde sa forme matérielle, son extérieur physique, tous ses
traits. Il garde aussi son vêtement coutumier 290... » On admettait autrefois
dans cette province que la terre appartient, le jour, aux vivants et, la nuit,
aux morts. Mais peut-on alors parler de « revenants », se demandaient A.
Le Braz et Van Gennep ? En tout cas, on pensait en Bretagne que les
défunts constituent une vétritable société, désignée par un nom spécial,
l'« Anaon », pluriel pris comme singulier collectif. Ses membres habitent
au cimetière mais ils reviennent, à la faveur de l'obscurité, visiter les
lieux où ils ont vécu. C'est pourquoi on ne balaye pas les maisons à
minuit. Les âmes des trépassés se réunissent trois fois l'an : la veille de
Noël, le soir de la Saint-Jean et le soir de la Toussaint, défilant en longues
processions vers les lieux de rassemblement 291. Cette cohabitation avec
les défunts entraînait une certaine familiarité avec eux. Cependant, et en
même temps, les trépassés faisaient peur : il ne fallait pas aller de nuit
dans un cimetière et l'on attribuait un rôle considérable à l'« Ankou ».
Dernier mort de l'année dans une localité, celui-ci remplissait dans cette
paroisse et durant toute l'année suivante le rôle du lugubre moissonneur
qui fauche les vivants et les entasse dans une charrette délabrée aux roues
grinçantes292.
Tous ces faits ethnographiques et quantité d'autres qu'on pourrait
ajouter impliquent la durable survivance dans notre civilisation
occidentale d'une conception de la mort (ou plutôt des morts) propre aux
« sociétés archaïques », au sens où l'entend E. Morin. Dans ces sociétés,
les défunts sont des vivants d'un genre particulier avec qui il faut compter
et composer et, si possible, avoir des relations de bon voisinage. Ils ne
sont pas immortels, mais plutôt amortels pendant un certain temps. Cette
amortalité est la prolongation de la vie pour une période indéfinie, mais
pas nécessairement éternelle. En d'autres termes, la mort n'est pas
identifiée comme ponctuelle, mais comme progressive 293. Préfaçant et
résumant l'ouvrage de J.G. Frazer sur la Crainte des morts, Valéry
écrivait :
Or, ce qui était vrai récemment dans ces pays extra-européens l'a été
aussi, dans une certaine mesure au moins, dans notre Europe jusqu'à une
période relativement proche de nous. Certes, il faut préciser « dans une
certaine mesure », car le discours théologique sur les morts dont on a
retracé les grandes lignes s'efforçait — je reprends ici les distinctions d'E.
Morin — de transformer des « sociétés archaïques » en « sociétés
métaphysiques » qui acceptent l'idée d'une séparation radicale des vivants
et des défunts. Mais dans le vécu quotidien et les mentalités collectives,
souvent ces deux conceptions, théoriquement allergiques l'une à l'autre
— la survie du « double », d'une part, et la séparation totale de l'âme et
du corps, d'autre part —, ont en fait cohabité.
Parmi les comportements complexes, voire contradictoires entre eux,
qui entouraient un peu partout une agonie et un trépas, certains étaient
incontestablement commandés par une peur magique du nouveau défunt
et même du moribond. Ainsi la coutume, attestée en de multiples
endroits, qui consistait à jeter l'eau des récipients qui se trouvaient dans la
maison, ou du moins la chambre mortuaire. Que ce geste ait été identifié
comme non-chrétien par les hommes d'Eglise est prouvé par l'attitude de
l'Inquisition brésilienne qui considérait cette pratique comme l'indice que
les nouveaux-chrétiens étaient retombés dans le judaïsme295. Quelle était
la signification de cette coutume ? Pensait-on que l'âme, s'y étant lavée
avant de s'envoler, avait pollué le liquide de ses péchés ? Ou, qu'en
agissant ainsi on empêchait l'âme sur le départ de se noyer, ce qui aurait
pu arriver si elle avait essayé de boire ou de se mirer dans l'eau — raison
pour laquelle on voilait les miroirs ? Les deux explications ont sans doute
été acceptées conjointement, l'une ici, l'autre ailleurs. Il importait en tout
cas de faciliter le trépas de peur de voir l'âme du mourant s'attarder là ou
elle n'avait plus à demeurer. Dans le Perche, au temps du curé J.-B.
Thiers, on disposait le lit de l'agonisant parallèlement aux poutres du
plafond, car des solives en travers auraient pu faire obstacle à l'ultime
départ296. En Berry, on ouvrait largement les rideaux autour du lit du
moribond297. En Languedoc, on ôtait une tuile ou une ardoise du toit pour
permettre l'envolée de l'âme, ou encore, dans le même but, on versait sur
le visage du nouveau défunt quelques gouttes d'huile ou de cire 298. On a
pu aussi identifier des coutumes contradictoires au sujet des promenades
des revenants, les unes visant à leur faciliter le retour aux lieux qui leur
étaient familiers, les autres cherchant au contraire à les égarer loin de leur
maison et de leurs champs. Mais l'une et l'autre attitude postulaient la «
survie du double ». Dans le Perche, lorsque le convoi funèbre se rendait à
l'église, les participants plaçaient des croix aux carrefours afin que le
mort retrouvât le chemin de son logis 299. Dans le Bocage vendéen, on
mettait une pierre polie dans le cercueil : cette fois encore pour permettre
au défunt de retrouver sa route quand il reviendrait parmi ses proches 300.
Mais la coutume assez largement répandue dans la France d'autrefois de
déposer une pièce de monnaie dans le cercueil, ou même dans la bouche
du mort, avait probablement une signification inverse. Il ne s'agissait sans
doute pas de l'obole à Charon mais plutôt d'un rite d'achat des biens du
défunt. De cette façon l'héritage était acquis en bonne et due forme et
l'ancien propriétaire perdait tout motif de revenir le disputer aux vivants
301
. En Bretagne, une fois le cercueil déposé sur une « pierre des morts »,
on se hâtait de ramener à la ferme l'attelage qui avait conduit la bière
pour empêcher le nouveau trépassé de remonter sur la voiture et de
revenir au logis302. Est-ce que les lourdes pierres tombales de nos églises
et de nos cimetières n'ont pas constitué un moyen — souvent inefficace
— d'empêcher les morts de hanter le monde des vivants ? Et est-ce que
les vêtements de deuil n'étaient pas un geste de dissuasion à l'égard des
défunts ? Puisqu'on gardait leur souvenir de façon visible, quelle raison
avaient-ils de jalouser et de persécuter leurs parents restés sur terre ?
Les conduites dictées chez nous par la crainte des morts peuvent être
utilement rapprochées d'autres comportements de même signification
décelables en d'autres civilisations éloignées de la nôtre par le temps ou
l'espace. L.-V. Thomas cite à ce propos les coutumes suivantes :
« Dans l'ancienne Grèce, les fantômes avaient droit à trois jours de présence dans la
ville... Le troisième jour on invitait tous les esprits à entrer dans les maisons : on leur
servait alors une bouillie préparée à leur intention ; puis, lor squ'on estimait que leur
appétit était calmé, on leur déclarait avec fermeté : « Esprits aimés, vous avez mangé
et bu ; maintenant prenez la porte. »
« En Afrique..., pour inciter certains défunts à ne plus revenir, on mutile leur
cadavre avant l'inhumation, on leur rompt par exemple les fémurs, on leur arrache une
oreille, on leur coupe une main : par honte, par impossibilité physique, ils seront bien
forcés de rester où ils sont ; s'il s'agit de bons morts, il n'y a qu'un moyen : leur assurer
des funérailles dignes d'eux.
« En Nouvelle-Guinée, les veufs ne sortaient que munis d'un solide casse-tête pour
se défendre contre l'ombre de la disparue... Au Queensland, on rompait les os des
morts à coups de gourdin, puis on leur ramenait les genoux au niveau du menton ;
pour finir, on leur emplissait l'estomac de cailloux. C'est toujours la même peur qui a
incité certaines peuplades à placer de lourds blocs de pierre sur la poitrine des
cadavres, à clore hermétiquement de dalles pesantes les caveaux, à clouer de même
les urnes et les bières 303. »
« Une croix de cire blanche, signe du chrétien, symbole du défunt est placée au
domicile du noyé, sur une table recouverte d'un linge blanc. La petite croix repose en
général sur une coiffe. Deux cierges allumés encadrent la croix. Devant elle, une
assiette avec un rameau de buis qui trempe dans l'eau bénite. Le soir venu, la veillée
funèbre commence.
« Le lendemain, précédé de la croix, le clergé vient, comme pour la levée du corps.
Le parrain porte respectueusement la petite croix de cire reposant toujours sur la
coiffe qui lui sert de linceul. Derrière lui, les parents, les amis.
« Le funèbre cortège se rend lentement à l'église. On glisse la petite croix sur le
catafalque, et le service d'enterrement est célébré. A la fin de l'office, le prêtre va
déposer la croix de cire dans un coffret de bois situé sur l'autel des trépassés, dans le
transept. La cérémonie est terminée 311. »
Les revenants christianisés ont été très nombreux. Dans les Balkans,
on était persuadé que les excommuniés demeuraient sur terre tant qu'ils
n'avaient pas été réconciliés 318, et partout en Europe catholique on a cru
aux apparitions des âmes du purgatoire venant demander aux vivants des
prières, des quêtes, la réparation de torts commis par eux ou la réalisation
de vœux non accomplis. Séjour des âmes n'ayant pas encore atteint leur
destination définitive, le purgatoire devint le grand réservoir de
revenants.
Le christianisme a donc peu à peu pris en charge la croyance aux
spectres en lui donnant une signification morale et en l'intégrant dans une
perspective du salut éternel. Mais, entre le discours théologique sur les
apparitions et le vécu quotidien, un écart subsista, plus ou moins large
suivant les secteurs géographiques et les niveaux culturels. Van Gennep
avait raison d'écrire319 : « ... La conviction que le mort peut revenir chez
lui malgré toutes les précautions qu'on a pu prendre a été très forte en
France (et ailleurs) pendant des siècles, plus ou moins dans tous les
milieux, et ne s'est guère atténuée que depuis une centaine d'années, très
lentement dans les milieux ruraux, plus vite dans les villes et les centres
ouvriers 320. »
2. La peur de la nuit
Revenants, tempêtes, loups et maléfices avaient souvent la nuit pour
complice. Celle-ci, dans beaucoup de peurs d'autrefois, entrait comme
composante majeure. Elle était par excellence le lieu où les ennemis de
l'homme tramaient sa perte, au physique comme au moral.
Déjà, la Bible avait exprimé cette défiance envers les ténèbres
commune à tant de civilisations et défini symboliquement le destin de
chacun d'entre nous en termes de lumière et d'obscurité, c'est-à-dire de
vie et de mort. L'aveugle, dit-elle, qui ne voit pas « la lumière du jour »
possède un avant-goût de la mort (Tob., 3, 17 ; 11,8 ; 5,11s). Quand finit
le jour, alors surviennent les bêtes malfaisantes (Ps. 104,20), la peste
ténébreuse (Ps. 91,6), les hommes qui haïssent la lumière — adultères,
voleurs ou assassins (Job. 24,13-17). Aussi fait-il prier Celui qui créa la
nuit de protéger les hommes contre les terreurs nocturnes (Ps. 91,5).
L'enfer — le shéol — est évidemment le domaine des ténèbres (Ps.
88,13). Le jour de Yahvé sera en revanche celui de l'éternelle clarté.
Alors « le peuple qui marchait dans les ténèbres verra une grande lumière
» (Is. 9,1 ; 42,7 ; 49,9 ; Mich. 7,8s). Le Dieu vivant illuminera les siens
(Is. 60, 19s).
Le Christ lui-même doit traverser la nuit de sa passion. L'heure venue,
il se livre aux embûches de l'obscurité (Jn 11,10), dans laquelle s'enfonce
Judas (13,30) et se dispersent les disciples. Il a voulu affronter cette «
heure et le règne des ténèbres » (Lc. 22,53). Au moment de sa mort, un
manteau nocturne s'étend prématurément sur la terre (Mt. 27,45). Mais
depuis qu'est annoncé le message évangélique et que le Christ est
ressuscité, une espérance brille à l'horizon de l'humanité. Certes le
chrétien, dit saint Paul, se trouve encore « dans la nuit ». Mais « il
s'avance vers le jour tout proche qui y mettra fin » (Rom. 13,12). S'il ne
veut pas « se heurter aux montagnes de la nuit (Jn. 13,16), il doit
entendre l'appel du Christ à devenir « fils de lumière » (Jn. 12,96). Pour
veiller contre « le prince des ténèbres » (Eph. 6,12), il doit revêtir le
Christ et ses armes de lumière et rejeter les œuvres de ténèbres (Rom.
13,12s). Dieu nous aidera à nous libérer de la nuit. Déjà les apocalypses
judaïques avaient décrit la résurrection comme un réveil après le sommeil
de la nuit (Is. 26,19 ; Dan. 12,2), un retour à la lumière après la plongée
dans l'obscurité totale du shéol. Dans ce sillage, la liturgie catholique des
funérailles inclut cette prière : « Que les âmes des fidèles défunts ne
soient pas plongées dans les ténèbres, mais que l'archange saint Michel
les introduise dans la lumière sainte ! Fais briller sur eux la lumière sans
fin 321. »
La crainte de voir le soleil disparaître à jamais à l'horizon a hanté
l'humanité : à preuves, entre beaucoup d'autres, les croyances religieuses
des Mexicains avant l'arrivée des Espagnols. Pour les habitants de la
vallée de Mexico, à l'âge d'or de la civilisation de Teotihuacàn (300-900
ap. J.-C.), les dieux s'étaient réunis — à Teotihuacàn précisément — pour
créer le soleil et la lune. Pour ce faire, deux d'entre eux se jetèrent dans
un brasier, donnant ainsi naissance aux deux astres. Mais ceux-ci
demeuraient immobiles dans le ciel. Alors tous les dieux se sacrifièrent
pour les faire vivre de leur sang. Les Aztèques pensèrent ensuite qu'ils
devaient renouveler ce premier sacrifice et nourrir le soleil : d'où les
sacrifices humains. S'il ne recevait pas l' « eau précieuse » du sang
humain il risquait de s'arrêter de tourner. Aussi l'inquiétude était-elle à
son comble à chaque fin de « siècle », c'est-à-dire tous les cinquante-deux
ans. Le peuple attendait avec terreur de savoir si le soleil renouvellerait
son contrat avec les hommes. La dernière nuit du « siècle » se passait
dans la crainte, toutes lumières éteintes. L'espérance ne revenait que
lorsque l'astre apparaissait enfin, un prêtre ayant allumé le feu nouveau
sur la poitrine d'un sacrifié. La vie pouvait reprendre.
« Si le soleil ne revenait pas », cette angoissante interrogation des
Mexicains d'autrefois fournit le thème et le titre d'un roman de C.F.
Ramuz (1939). Pour les habitants d'un village valaisan qui tourne le dos
au soleil, celui-ci se cache derrière les montagnes du 25 octobre au 13
avril. Mais, cet hiver-là, il est encore plus absent que d'ordinaire. Il est
malade, il se refroidit et se rétrécit, « il n'a plus assez de vertu pour
dissiper le brouillard » — « un brouillard jaunâtre... — tendu d'une pente
à l'autre, comme une vieille serpillière, un peu au-dessus du village ». Le
jour est devenu « quelque chose de gris et de vague qui se détortille
lentement hors de la nuit de l'autre côté des nuées comme derrière un
carreau dépoli ». Cette permanence inaccoutumée de la brume conduit le
vieux Anzévui — qui sait lire les gros livres — à prophétiser la mort
prochaine du soleil. Il « vomira rouge, et puis il ne sera plus là » ; et
s'étendra définitivement la nuit qui est « la négation de ce qui est ». Le
roman de C.F. Ramuz322 évoque avec justesse la profonde tristesse qui
régnait autrefois dans les villages de haute montagne durant la longue
saison froide : les suicides y étaient fréquents. Encore aujourd'hui ils sont
plus nombreux durant les hivers anormalement longs et enneigés.
Mais la crainte d'une disparition du soleil n'est pas propre aux
Mexicains de jadis et aux Valaisans d'hier. G. Simenon parle comme
d'une évidence des « enfants qui ont peur du crépuscule » et qui se
posent, eux aussi, la question : « Et si le soleil ne revenait pas demain...
N'est-ce pas, ajoute-t-il, la plus vieille angoisse du monde 323 ? »
Cependant, les bébés, souvent, n'ont pas peur de l'obscurité. Inversement,
des aveugles qui ne connaissent pas la lumière du jour, sont tout de même
pris d'angoisse quand vient la nuit : preuve que l'organisme vit au rythme
de l'univers. Avec J. Boutonier, il est utile de distinguer
méthodologiquement peur dans l'obscurité et peur de l'obscurité, quitte à
inverser les propos de cet auteur324. La peur dans l'obscurité est celle
qu'éprouvaient les premiers hommes quand ils se trouvaient exposés la
nuit aux attaques des bêtes féroces sans pouvoir deviner leur approche
dans les ténèbres. Aussi devaient-ils éloigner par des feux ces « dangers
objectifs ». Ces peurs qui revenaient chaque soir ont sans doute
sensibilisé l'humanité et lui ont appris à redouter les pièges de la nuit. La
peur dans l'obscurité, c'est aussi celle que ressent tout d'un coup un
enfant qui s'est endormi sans difficulté, mais s'éveille ensuite une ou
plusieurs fois, pris de terreurs nocturnes. Les yeux ouverts, il semble
encore regarder les images épouvantables de son rêve. Cette fois, il s'agit
de « dangers subjectifs ». Et ceux-ci constituent peut-être la principale
explication des peurs qui nous envahissent la nuit. Même « pour bon
nombre d'adultes le malaise que développent en eux les ténèbres, s'il
existe, est fait de ce sentiment que quelque chose de redoutable va fondre
sur eux, sortant de l'ombre, ou les guette, invisible325 ». « Voici le moment
où flottent dans l'air // Tous ces bruits confus que l'ombre exagère », écrit
V. Hugo, auquel Musset répond dans Le Saule :
Même pour l'élite cultivée, elle est peuplée d'esprits redoutables qui «
égarent les voyageurs en riant de leur peine 339 ». Elle est le sinistre
rendez-vous des animaux les plus menaçants, de la mort et des spectres,
notamment ceux des damnés. « Quand la langue de fer de minuit a
compté douze », lit-on encore dans la même pièce de Shakespeare, alors
commence un temps inhumain :
« Dist une autre vielle : se un homme a telle destinée d'estre leu vvarou, c'est fort
[hasard] se son filz n'en tient, et, se filles a et nulz filz, volontiers sont Quauquemaires
343
.»
« Dist l'une des filleresses..., que qui s'en va couchier sans remuer le siège sur quoy
on s'est deschaussié, il est en dangier d'estre ceste nuit chevauchié de la Quauquemare
345
... »
Perrette Tost-Vestue dist que la chose que les Cauquemares craignent le plus, c'est
un pot qui boult jus du feu [retiré du feu346]. »
A quoi, une autre répond : « ... Qui doubte la Cauquemare qu'elle ne vienne de nuit
à son lit, il convient mettre une sellette [un siège] de bois de chesne devant un bon
feu, et se elle venue se siet dessus, jamais de là ne se porra lever qu'il ne soit cler
jour347... »
Quelqu'un d'autre assure qu'elle fut « quitte de la Quauquemare » depuis qu'on lui «
fist prendre VIII festus cueillis la nuict de Saint Jehan, et d'iceulx en faire IV petites
croix et les mettre aux quatre corons » du lit 348 ».
En revanche, une des devisantes qui n'a jamais été « abusée » par les «
luitons » ne sait comment se débarrasser de la Cauquemare. Et elle a ouï-
dire que « qui mout [trait] ses vaches le vendredy par entre deux jambes
par derrière, la Quauquemare le traveille tost 349 ». Vient en réponse une
recette infaillible :
« Il n'y a point de faulte, dist l'une des filleresses, qui veult estre quitte de la
Quauquemaire, si s'endorme les bras en croix, et qui se doute du luiton, si veste sa
chemise ce devant derrière350. »
« ... La clarté de la lune s'efface et devient pâle et obscure. Jadis celle-ci, par sa
trompeuse lueur, a aveuglé le troupeau de brebis tout entier ; de sorte qu'elles se sont
détournées de leur berger et de leur pâturage, et que, suivant la lumière de la lune et la
voix du lion qui les appelait, elles se sont égarées au milieu des bois et des déserts354. »
« En tout le pays de Bourgogne, écrit au XVIe siècle Tabourot Des Accords, mesme
es bonnes villes, à cause qu'elles sont peuplées de beaucoup de pauvres vignerons qui
n'ont pas le moyen d'achepter du bois pour se deffendre de l'injure de l'hiver, trop plus
rude en ce climat que du reste de la France, la nécessité, mère des arts, a apris ceste
invention de faire en quelque rue escartée un taudis ou bastiment composé de
plusieurs perches fichées en terre en forme ronde repliées par le dessus et à la
sommité ; en telle sorte qu'elles représentent la testière d'un chapeau, lequel après on
recouvre de force motes, et fumier, si bien lié et meslé que l'eau ne le peut pénétrer.
En ce taudis, entre deux perches du costé qu'il est le plus deffendu des vents l'on laisse
une petite ouverture de largeur par advanture d'un pied et de hauteur de deux pour
servir d'entrée, et tout à l'entour il y a des sièges composez du drap mesme, pour y
asseoir plusieurs personnes. Là ordinairement, les après soupées, s'assemblent les plus
belles filles de ces vignerons avec leurs quenouilles et autres ouvrages ; et y font la
veillée jusques à la minuit 358. »
Ainsi créait-on un espace chaud à la porte duquel la nuit s'arrêtait et où
un rite de sociabilité amical et sécurisant faisait échec, quelques heures
durant, aux menaces de l'ombre. Dans les campagnes il était d'usage un
peu partout d'organiser de telles veillées qui ont duré jusqu'au seuil de
notre époque 359. Les cérémonies de Noël et les feux de la Saint-Jean, les «
nuitées » des paysans bretons, les chahuts qui marquaient les soirs de
noces, les charivaris, les rassemblements de pèlerins venus d'assez loin et
qui, arrivés en fin de journée, attendaient l'aube dans — ou à proximité
de — l'église qui était le but de leur voyage : toutes ces manifestations
collectives constituaient autant d'exorcismes des terreurs de la nuit. En
outre, la Renaissance a vu s'accroître, à l'étage social le plus élevé, le
nombre des fêtes se déroulant après la tombée du jour. Montaigne, de
passage à Rome en 1581, y assiste à une joute nocturne donnée devant un
parterre aristocratique360. Th. Dekker évoque, quelques années plus tard,
les danses, « travestissements et mascarades », organisés à Londres pour
les grandes occasions dans les maisons des riches, le soir à la lumière des
torches361.
Il reste que la nuit est suspecte, ayant partie liée avec les débauchés,
les voleurs et les assassins. Aussi bien punissait-on de façon plus
rigoureuse ceux qui avaient attaqué quelqu'un après la fin du jour ou dans
un lieu écarté, car la victime pouvait alors moins bien se défendre et plus
difficilement obtenir du secours 362. De nos jours encore, le droit pénal
considère l'obscurité comme « circonstance aggravante » d'un forfait. Le
lien entre ténèbres et criminalité est d'ailleurs permanent et ressenti
comme tel. Dans un sondage I.F.O.P. de 1977, le manque d'éclairage est
cité comme facteur d'insécurité par 43 % du public dans les villes
françaises de plus de 100 000 habitants et par 49 % dans l'agglomération
parisienne. Saint Louis du Missouri a connu, un an après avoir mis en
place un important programme d'éclairage, une diminution de 41 % des
vols d'automobiles et de 13 % des cambriolages363.
Le poète anglais de la Renaissance, Th. Dekker, qui sait ce dont il
parle, fait de la nuit londonienne, au temps d'Elisabeth et de Charles Ier,
une description sans complaisance. Alors, tous les criminels, trop lâches
pour se montrer au soleil, « sortent de leurs coquilles ». Les boutiquiers,
qui ont tué le temps durant la journée, l'air revêche et morose dans leur
échoppe, entrent furtivement dans une taverne d'où ils reviennent
chancelants, — certains s'écroulent dans un ruisseau. Les apprentis,
malgré les engagements de leur contrat, se risquent à leur tour à une
escapade en direction du cabaret. Des jeunes mariés désertent le lit
conjugal. Des braillards s'attroupent autour du « constable » qui
appréhende un ivrogne. Des filles de joie apparaissent dans les rues
qu'elles arpentent jusqu'à minuit. Si les ténèbres sont suffisamment
épaisses, le grave puritain, qui n'oserait au clair de lune s'approcher d'un
lupanar, s'enhardit jusqu'à la maison d'une courtisane. Par les rues
obscures, les sages-femmes s'en vont présider à la naissance de bâtards
qu'elles feront ensuite disparaître de ce monde. La nuit est d'autant plus
dangereuse que souvent les hallebardiers du guet sont endormis à un
carrefour, ronflant bruyamment. En outre, on « sent » de loin leur
présence, car ils ont mangé des oignons pour se protéger du froid. Aussi
le Mal peut-il poursuivre, sans être inquiété, sa danse nocturne dans la
grande ville tandis que les galants sur le seuil des tavernes font la nique
aux soldats assoupis du guet 364. Th. Dekker dénombre à Londres un bon
millier de cabarets 365. Certains sont tenus par les Birdlime, à double ou
triple menton. Elles boivent liqueurs et eau-de-vie et portent au médius,
comme les prostituées qu'elles pourvoient en gibier, une bague à tête de
mort. Dans leurs maisons, ouvertes jour et nuit, elles offrent aux visiteurs
les fameux pruneaux cuits, symbole dans la littérature élisabéthaine de
l'infâme commerce des bas-fonds366. L'obscurité permet naturellement
l'activité des crocheteurs de serrures qui attaquent de préférence les
boutiques de drapiers et d'orfèvres, négociants aisés. Pour plus de sûreté,
il leur arrive d'acheter la complicité du guet ou du veilleur de nuit367.
Même à Paris au XVIIIe siècle, quelque 5 500 lanternes éclairant alors
les principales artères, il ne fera pas bon circuler hors des circuits balisés
par la lumière. L'Allemand Nemeitz, publiant en 1718 des « instructions
fidèles pour les voyageurs de condition » écrira à ce sujet :
« Je ne conseille à personne d'aller par la ville à la nuit noire. Car quoique le guet
ou la garde à cheval patrouille par toute la ville pour y empêcher les désordres, il y a
bien des choses qu'il ne voit pas... La Seine, qui traverse la ville, doit entraîner
quantité de corps morts, qu'elle rejette sur la rive dans son cours inférieur. II vaut donc
mieux ne s'arrêter trop longtemps nulle part et se retirer chez soi de bonne heure 368. »
« Déjà dans un précédent synode, pour couper court à ces abus ineptes et
scandaleux qui se produisaient très souvent dans les réunions de filanderies, nous
avions interdit ces réunions dans notre cité et le diocèse entier, sous les peines édictées
dans les statuts de ce synode. Nous savons que cette défense a été violée plusieurs
fois. C'est pourquoi nous renouvelons spécialement ces statuts, et nous défendons de
nouveau à tous nos sujets et de toute condition de tenir désormais ces réunions et
filanderies avec danses, folies et extravagances, d'y assister ou d'y comparaître sous
peine d'excommunication 371 ...»
Bien entendu, les écraignes continuèrent. Quant aux « veillées de
saints », au cours desquelles on se retrouvait dans une église ou dans un
cimetière, elles étaient souvent cause d'« esbatements », de « jeux », «
danses », viols et autres violences. Au point qu'à Notre-Dame de Paris
pour la veillée du 15 août, le chapitre faisait entrer dans l'église des
soldats chargés de sévir contre les fauteurs de désordres 372. R. Vaultier a
rassemblé plusieurs lettres de rémission relatives à des excès commis lors
des veillées religieuses, par exemple celles-ci :
1. Présence de la peste377
« Si l'on suit l'histoire de la peste dans une ville à cette époque..., on constate qu'elle
y faisait, tous les huit, dix ou quinze ans, de violentes poussées où toute la ville était
atteinte, perdant jusqu'à 20, 30 et même 40 % de sa population. En dehors de ces
paroxysmes, elle persistait à l'état semi-endémique, vagabondant capricieusement
d'une rue ou d'un quartier à l'autre, saisonnièrement, pendant un, deux et jusqu'à cinq
ou six ans de suite, puis s'éteignait pendant quelques années. Elle reparaissait alors
sous cette forme " atténuée " qui précédait souvent la forme " explosive " avant de la
suivre 382. »
« Il y eut, durant ces deux années [1348-1349], écrit le carme parisien Jean de
Venette, un nombre de victimes tel qu'on ne l'avait jamais entendu dire, ni vu ni lu
dans les temps passés387. » Et Boccace de préciser dans l'introduction du Décaméron
au sujet de Florence : « La cruauté du ciel, et peut-être celle des hommes, fut si
rigoureuse, l'épidémie sévit de mars à juillet [1348] avec tant de violence, une foule
de malades furent si mal secourus, ou même, en raison de la peur qu'ils inspiraient aux
gens bien portants, abandonnés dans un tel dénuement, qu'on a quelque sûre raison
d'estimer à plus de cent mille le nombre d'hommes qui perdirent la vie dans l'enceinte
de la cité. Avant le sinistre, on ne se fût pas avisé peut-être que notre ville en comptât
une telle quantité. Que de grands palais, que de belles maisons, que de demeures,
pleines autrefois de domestiques, de seigneurs et de dames, virent enfin disparaître
jusqu'au plus humble serviteur ! Que d'illustres familles, que d'imposants domaines,
que de fortunes réputées restèrent privés d'héritiers légitimes ! Que de valeureux
seigneurs, de belles dames et de gracieux jouvenceaux, auxquels non seulement la
Faculté, mais Gallien, Hippocrate et même Esculape auraient décerné un brevet de
robuste santé, prirent le repas du matin avec leurs parents, leurs camarades et leurs
amis et, le soir venu, s'assirent dans l'autre monde au souper de leurs ancêtres 388. »
« [La] maladie commençait par des maux de tête et des vomissements et une grosse
fièvre succédait... Les symptômes étaient, pour l'ordinaire, des frissons réguliers, un
petit pouls, mol, lent, fréquent, inégal, concentré, une pesanteur de tête si considérable
que le malade avait beaucoup de peine à la soutenir, paraissant saisi d'un
étourdissement et d'un trouble semblable à celui d'une personne ivre, la vue fixe,
marquant l'épouvante et le désespoir 403... »
« La pénurie devint si extrême que l'on ne trouvait plus de vivres, même avec de
l'argent... Aussi les pauvres mangeaient-ils du pain de son vermoulu..., des lupins, des
raves et des herbes de toute sorte. Les raves se vendaient 16 sous le stare et on n'en
trouvait même pas. Aussi voyait-on les pauvres, lorsque des étrangers amenaient des
raves dans leurs chariots, accourir en se bousculant pour en acheter ; on aurait dit des
chèvres affamées partant au pâturage... Suivirent des maladies atroces, incurables,
inconnues des médecins, des chirurgiens et de tout homme vivant qui continuèrent
pendant six, huit, dix et douze mois. Si bien qu'une infinité de gens moururent en
1629 404. »
Le rapprochement entre peste et feu, le voici encore dans les récits d'un
chanoine italien et d'un pasteur vaudois relatant, l'un et l'autre, la terrible
peste de 1630, véritable « orage d'afflictions ». Le prêtre de Busto-
Arsizio, dont on a déjà cité le témoignage, écrit avec emphase en jouant
sur le nom de sa ville (arsizio : roussi, brûlé) :
« Que de grands palais, que de belles maisons, que de demeures, pleines autrefois
de domestiques, de seigneurs et de dames, virent enfin disparaître jusqu'au plus
humble serviteur ! Que d'illustres familles, que d'imposants domaines, que de fortunes
réputées restèrent privés d'héritiers légitimes 430 ! »
Décrivant sur la base des meilleures sources la peste qui ravagea Milan en 1630,
Manzoni, dans Les Fiancés, note que l'épidémie, d'abord confinée dans les quartiers
pauvres, gagna ensuite le reste de la ville : « L'entêtement des incrédules céda enfin à
l'évidence, surtout lorsqu'on vit l'épidémie jusque-là concentrée dans le peuple, se
répandre et gagner de proche en proche des personnages plus connus 431. »
A Marseille, la contagion se répandit pareillement dans toute la ville en partant, il
est vrai, des quartiers les plus populeux. Le Dr Roux, tout en reconnaissant que les
pauvres furent les principales victimes, pouvait donc conclure : « Elle [la peste]
attaque indifféremment toute sorte de personnes, hommes, femmes, jeunes, vieux,
faibles, robustes et aisés, sans distinction 432. »
« L'image du saint martyr a aussi une clé suspendue à une flèche qui lui transperce
le cœur ; cette clé lui fut remise par le sénat municipal pendant la peste qui sévit voici
soixante-dix ans — Dieu nous protège de son retour — afin que le saint délivre cette
ville d'un si grand mal, comme il l'a fait depuis lors jusqu'à présent. Aussi personne
n'ose lui enlever cette clé 435. »
« Aux fatales nouvelles qui arrivaient des pays infectés, de ces pays qui forment
autour de [Milan] une ligne demi-circulaire, distante sur quelques points à peine de
vingt milles, sur quelques autres de dix seulement, qui ne croirait à une émotion
générale, à des précautions empressées, ou au moins à une stérile inquiétude ! Et
toutefois si les mémoires du temps s'accordent sur un point, c'est d'attester qu'il n'en
fut rien. La disette de l'année précédente, les exactions de la soldatesque, les chagrins
d'esprit parurent plus que suffisants pour expliquer cette mortalité. Dans les rues, dans
les boutiques, dans les maisons, on accueillait avec un rire d'incrédulité, avec des
moqueries, avec un mépris mêlé de colère celui qui hasardait un mot sur le danger, qui
parlait de peste. La même incrédulité, disons mieux, le même aveuglement, la même
obstination prévalaient au Sénat, au Conseil des décurions, auprès de tous les corps de
la magistrature 443. »
Les mêmes attitudes collectives reparurent à Paris lors du choléra de
1832. Le jour de la mi-carême, Le Moniteur annonça la triste nouvelle de
l'épidémie qui commençait. Mais on se refusa d'abord à croire ce journal
trop officiel. H. Heine raconte :
« ... Les plus riches, les nobles et la gentry de l'Ouest [de Londres, en 1665]
s'empressaient de quitter la ville avec leurs familles et leurs domestiques... Dans [ma]
rue..., on ne voyait que voitures et charrettes chargées de bagages, de femmes,
d'enfants, de domestiques 448. »
L'exemple donné par les riches était immédiatement suivi par toute une
partie de la population. Ainsi à Marseille en 1720 :
« ... Sitôt qu'on vit déménager certaines personnes de condition, une infinité de
bourgeois et autres habitants les imitèrent : il y eut alors un grand mouvement dans la
ville où l'on ne voyait plus que transport de meubles. » La même chronique précise
encore : « Toutes les portes de la ville ont peine à suffire à la foule de ceux qui
sortent... Tout déserte, tout abandonne, tout fuit 449. »
« La peste est, sans aucun doute, entre toutes les calamités de cette vie, la plus
cruelle et véritablement la plus atroce. C'est à grande raison qu'on l'appelle par
antonomase le Mal. Car il n'y a sur terre aucun mal qui soit comparable et semblable à
la peste. Dès que s'allume dans un royaume ou une république ce feu violent et
impétueux, on voit les magistrats abasourdis, les populations épouvantées, le
gouvernement politique désarticulé. La justice n'est plus obéie ; les métiers s'arrêtent ;
les familles perdent leur cohérence, et les rues leur animation. Tout est réduit à une
extrême confusion. Tout est ruine. Car tout est atteint et renversé par le poids et la
grandeur d'une calamité aussi horrible. Les gens, sans distinction d'état ou de fortune,
sont noyés dans une tristesse mortelle. Souffrant, les uns de la maladie, les autres de la
peur, ils sont confrontés à chaque pas soit à la mort, soit au danger. Ceux qui hier
enterraient aujourd'hui sont enterrés et, parfois, par-dessus les morts qu'ils avaient mis
en terre la veille.
« Les hommes redoutent jusqu'à l'air qu'ils respirent. Ils ont peur des défunts, des
vivants et d'eux-mêmes, puisque la mort bien souvent s'enveloppe dans les vêtements
dont ils se couvrent et qui à la plupart servent de linceul, en raison de la rapidité du
dénouement...
« Les rues, les places, les églises jonchées de cadavres présentent aux yeux un
spectacle navrant dont la vue rend les vivants jaloux du sort de ceux qui sont déjà
morts. Les lieux habités paraissent transformés en déserts et, à elle seule, cette
solitude inusitée accroît la peur et le désespoir. On refuse toute pitié aux amis, puisque
toute pitié est périlleuse. Tous étant à la même enseigne, à peine a-t-on compassion les
uns des autres.
« Toutes les lois de l'amour et de la nature se trouvant noyées ou oubliées au milieu
des horreurs d'une si grande confusion, les enfants sont soudain séparés des parents,
les femmes des maris, les frères ou les amis les uns des autres — absence désolante de
gens que l'on quitte vivants et qu'on ne reverra plus. Les hommes, perdant leur
courage naturel et ne sachant plus quel conseil suivre, vont comme des aveugles
désespérés qui butent à chaque pas sur leur peur et leurs contradictions. Les femmes,
par leurs pleurs et leurs lamentations, accroissent la confusion et la détresse, en
demandant un remède contre un mal qui n'en connaît aucun. Les enfants versent des
larmes innocentes, car ils ressentent le malheur à défaut de le comprendre 458. »
Coupés du reste du monde, les habitants s'écartent les uns des autres à
l'intérieur même de la ville maudite, craignant de se contaminer
mutuellement. On évite d'ouvrir les fenêtres de sa maison et de descendre
dans la rue. On s'efforce de tenir, enfermé chez soi, avec les réserves
qu'on a pu accumuler. S'il faut tout de même sortir acheter
l'indispensable, des précautions s'imposent. Clients et vendeurs d'articles
de première nécessité ne se saluent qu'à distance et placent entre eux
l'espace d'un large comptoir. A Milan, en 1630, certains ne s'aventurent
dans la rue qu'armés d'un pistolet grâce auquel ils tiendront en respect
toute personne susceptible d'être contagieuse 459. Les séquestrations
forcées s'ajoutent à l'enfermement volontaire pour renforcer le vide et le
silence de la ville. Car beaucoup sont bloqués dans leur maison déclarée
suspecte et désormais suryeillée par un gardien, voire enclouée ou
cadenassée. Ainsi, dans la cité assiégée par la peste, la présence des
autres n'est plus un réconfort. L'agitation familière de la rue, les bruits
quotidiens qui rythmaient les travaux et les jours, la rencontre du voisin
sur le pas de la porte : tout cela a disparu. D. Defoe constate avec stupeur
ce « manque de communication entre les hommes 460 » qui caractérise le
temps de la peste. A Marseille, en 1720, un contemporain évoque ainsi sa
ville morte :
« ... Pendant que les monceaux de cadavres, entassés toujours sous les yeux,
toujours sous les pas des vivants, faisaient de la ville tout entière un vaste tombeau, il
y avait quelque chose de plus funeste et de plus hideux encore : c'était la défiance
réciproque, la monstruosité des soupçons... On ne prenait pas seulement ombrage de
son voisin, de son ami, de son hôte : ces doux noms, ces tendres liens d'époux, de
père, de fils, de frère étaient des objets de terreur ; et, chose indigne et horrible à dire,
la table domestique, le lit nuptial, étaitent redoutés comme des pièges, comme des
lieux où se cachait le poison 462. »
« sans peur, sans crainte, sans émotion ; et en effet, tous les plus doctes tiennent que
la seule frayeur de ce mal est capable de le donner dans un air soupçonné. Cela vient
de l'imagination et du cœur effrayé qu'il est si faible qu'il ne résiste plus à ce venin 473
».
Même opinion encore sous la plume de l'érudit italien Muratori, qui
publie en 1714 un traité sur la façon de se gouverner en période de
contagion :
« L'appréhension, écrit-il, la terreur et la mélancolie sont, elles aussi, une peste, car
elles abattent notre optimisme [disordinando la fantasia] et disposent la masse des
humeurs à recevoir facilement et d'une certaine façon à attirer de loin le poison qui
règne [dans l'air], ainsi que l'expérience l'a montré en une infinité de cas 474. »
Des avis de ce genre expliquent qu'au XVIIe siècle, lors d'une épidémie
de peste, les magistrats de Metz ordonnèrent des réjouissances publiques
afin de redonner courage et entrain aux habitants décimés par la
contagion. Un tableau d'A. Mignette (musée de Metz) rappelle ces
festivités 476.
Mais jusqu'où faut-il pousser la bonne humeur ? A. Paré précise les
conseils cités plus haut en invitant les habitants d'une cité atteinte par la
peste à éviter la fréquentation des femmes et les excès de table :
« D'autant que par icelles [les femmes] les forces et vertus sont diminuées, et les
esprits se résolvent et affaiblissent, principalement tôt après le repas, pour ce qu'on
débilite l'estomac, et par ce moyen se fait une dité [= défaut de digestion], de laquelle
procède corruption et autres infinis accidents ; par quoi on peut conclure que dame
Vénus est la vraie peste si on n'en use avec discrétion. Aussi se faut garder de vivre en
oisiveté et manger et boire sans discrétion ; car telles choses engendrent aussi
obstructions et des humeurs vicieux, dont ceux qui font tels excès sont plus sujets à
prendre la peste 477. »
« Un docte allemand dit que la séparation des hommes et des femmes rend triste et
mélancolique et qu'il vit mourir dans une ville toutes les femmes séparées des
hommes et n'en connaît autre cause que la séparation 478. »
A Athènes au IVe siècle avant Jésus-Christ : « ... On chercha les profits et les
jouissances rapides, puisque la vie et les richesses étaient également éphémères... Le
plaisir et tous les moyens pour l'atteindre, voilà ce qu'on jugeait beau et utile. Nul
n'était retenu ni par la crainte des dieux, ni par les lois humaines : on ne faisait pas
plus de cas de la piété que de l'impiété, depuis que l'on voyait tout le monde périr
indistinctement ; de plus, on ne pensait pas vivre assez longtemps pour avoir à rendre
compte de ses fautes. Ce qui importait bien. davantage, c'était l'arrêt déjà rendu et
menaçant ; avant de le subir mieux valait tirer de la vie quelque jouissance 485. »
A Florence au XIVe siècle, Boccace, après avoir évoqué ceux qui, lors
de la Peste Noire, ne cherchaient que plaisir et distraction, commente
ainsi leur attitude :
« Rien de plus facile d'ailleurs. Chacun perdait tout espoir de vivre, et laissait à
l'abandon ses biens comme sa propre personne... ; le prestige et l'autorité des lois
humaines s'effritaient et croulaient entièrement. Les gardiens et les ministres de la loi
étaient tous morts, malades, ou si démunis d'auxiliaires que toute activité leur était
interdite. N'importe qui avait donc licence d'agir au gré de son caprice 486. »
Finalement, cette soif goulue de vivre était, elle aussi, provoquée par la
peur d'une échéance à laquelle on s'efforçait de ne pas penser en
s'étourdissant. L'exaltation incontrôlée des valeurs de la vie était une
façon d'échapper à l'insupportable obsession de la mort 488.
Autre tentation quand il semble que la peste ne s'arrêtera qu'après avoir
tué tout le monde : céder au découragement. Il est des spectacles
insoutenables qui finissent par ébranler les caractères les plus fermes.
Mgr de Belsunce, qui ne voulut point quitter Marseille en 1720 — et le
fit savoir —, qui vit mourir onze personnes dans sa maison, qui
confessait et consolait les moribonds « jetés hors de leur maison et placés
parmi les morts sur des matelas », connut pourtant la faiblesse et la peur
et, pendant quelque temps, cessa de sortir. Il écrivit le 4 septembre à
l'archevêque d'Arles :
« J'ai eu bien de la peine de faire tirer cent cinquante cadavres à demi pourris et
rongés par les chiens, qui étaient à l'entrée de ma maison et qui mettaient déjà
l'infection chez moi, de sorte que je me vois forcé d'aller loger ailleurs. L'odeur et le
spectacle de tant de cadavres dont les rues sont pleines, m'ont empêché de sortir
depuis un bon nombre de jours, ne pouvant soutenir ni l'un ni l'autre. J'ai demandé un
corps de garde pour empêcher qu'on ne mît plus de cadavres dans les rues qui
m'environnent 489. »
« Finalement, le lord-maire donna l'ordre de n'en plus faire [des feux dans les rues],
se fondant surtout sur ce que la peste était si violente qu'elle défiait évidemment tous
les efforts, et semblait plutôt augmenter que diminuer à mesure qu'on faisait
davantage pour la combattre. Ce découragement des magistrats venait en effet plutôt
de leur impuissance que de leur manque de courage... ; ils n'épargnaient ni leur peine
ni leur personne, mais rien n'y faisait, l'épidémie sévissait, les gens étaient terrifiés au
plus haut point de sorte qu'ils finirent par s'abandonner, comme j'ai dit, au désespoir
490
.»
« Tel sain, faisait déjà sa fosse ; d'autres s'y couchaient encore vivants ; et un
manœuvre des miens avec ses mains et ses pieds, attira sur soi sa terre en mourant. »
Et Montaigne de comparer ces enterrés vivants volontaires aux soldats romains «
qu'on trouva, après la journée de Cannes, la tête plongée dans des trous qu'ils avaient
faits et comblés de leurs mains en s'y suffoquant 494. »
« ... Ces terreurs, ces appréhensions du peuple l'amenèrent à une foule d'actes de
faiblesse, de folie et de perversité auxquels il n'avait pas besoin d'être encouragé 498. »
« A mesure que la désolation croissait en ces temps terribles, la stupeur du peuple
augmentait. Dans leur terreur, les gens accomplissaient mille actions aussi délirantes
que celles des malades dans leurs tortures, et il était très émouvant de les voir,
rugissant, pleurant, se tordant les mains dans la rue 499... »
Quel cauchemar que la vie dans une cité où la mort veille auprès de
chaque porte ! Le Journal de la peste de D. Defoe — notre meilleur
document sur une peste bien qu'il s'agisse d'un roman — est rempli de
scènes hallucinantes et d'anecdotes bouleversantes : des gens qui hurlent
quand pénètre dans une rue la charrette des morts ; un malade qui danse
nu dehors ; des mères « poussées au désespoir, au délire, à la folie » qui
tuent leurs enfants ; un pestiféré attaché à son lit qui se délivre en mettant
le feu à ses draps avec une chandelle ; un contagieux « fou furieux » qui
chante dans la rue comme s'il était ivre et qui se précipite sur une femme
enceinte pour l'embrasser et lui communiquer la contagion 500. Quoi
d'étonnant si dans les esprits ainsi traumatisés se développait la
propension à la morbidité ? Toujours à propos de la peste de Londres en
1665, Samuel Pepys parle de « la folie qui pousse le peuple de la ville
(parce qu'on le lui défend) à suivre les corps en foule, pour les voir
enterrer 501 ». Ainsi fait également, au moins une fois, le commerçant qui
est censé rédiger le récit de D. Defoe. Poussé « irrésistiblement » par la «
curiosité », il se rend près d'un « abîme » — une fosse — où on a déjà
entassé 400 personnes. Et il y va de nuit afin de voir jeter les corps, car
de jour il n'aurait vu que la terre fraîchement remuée 502.
5. Lâches ou héros ?
« Ils fuient les uns après les autres et l'on peut à peine trouver quelqu'un pour
soigner et consoler les malades. A mon avis, cette peur, que le diable met au cœur de
ces pauvres gens, est la peste la plus redoutable. Ils se sauvent, la peur trouble leur
cervelle, ils abandonnent leur famille. leur père, leurs parents ; c'est là sans aucun
doute le châtiment de leur mépris de l'Evangile et de leur horrible cupidité 513. »
« On peut dire à la honte des prêtres, chanoines et religieux retirés dans les
campagnes voisines que, depuis que nous avons perdu les véritables ministres du
Seigneur..., les trois quarts des pestiférés sont morts sans confession, au grand regret
de notre digne prélat 518. »
Les plus religieux des hommes d'Eglise — ceux qui restaient — ainsi
que les habitants demeurés sur place (souvent faute d'avoir pu partir)
étaient naturellement amers à l'égard des absents volontaires. En outre, ils
tentaient de croire ou de faire croire que la mort n'épargnait pas plus les
fuyards que les autres. Rédigeant en 1527 un traité sur la question —
doit-on, oui ou non, fuir la mort en temps de peste ? —, Luther affirme :
« Satan pourchasse celui qui fuit et frappe celui qui reste, de sorte que nul
ne lui échappe 519. » Dans le même esprit, une gravure anglaise du XVIIe
siècle montre des squelettes armés de flèches qui attaquent des personnes
entassées dans un carrosse et s'éloignant en vain d'une ville contaminée
520
. Le chanoine de Busto-Arsizio enseigne de son côté, en ouvrant
davantage l'éventail des punitions :
« ... L'homme agit mal qui veut échapper à la main de Dieu et à ses fléaux... Aucun
de ceux qui se sont enfuis de Busto en raison du danger de peste n'a pu s'en tirer à bon
compte... Les uns ont péri de male mort, les autres ont été châtiés leur vie durant par
de très longues infirmités, les autres ont été punis dans leurs biens, leurs affaires étant
allées de mal en pis : avertissement... donné par Dieu... de ne pas fuir les adversités
qu'envoie le ciel, car, finalement, tout se paie par la vie 521. »
Ecrivant d'Avignon en 1348, un chanoine brugeois relate : « ... Le père ne visite pas
son fils, ni la mère sa fille, ni le frère son frère, ni le fils son père ni l'ami son ami, ni
un voisin un voisin, ni un allié un allié, à moins de vouloir mourir immédiatement
avec lui 522... »
Soit maintenant le témoignage de Boccace : « Le désastre avait jeté tant d'effroi au
cœur des hommes et des femmes que le frère abandonnait le frère, l'oncle le neveu, la
sœur le frère, souvent même la femme le mari. Voici qui est plus fort et à peine
croyable : les pères et les mères, comme si leurs enfants n'étaient plus à eux, évitaient
de les aller voir et de les aider 523. »
Lors d'une peste qui frappe Brunswick en 1509, un contemporain écrit : « Nombre
de gens au cœur sans pitié chassent de leurs maisons leurs enfants et leurs
domestiques malades, les jettent à la rue, les abandonnent à leur malheureux sort 524. »
Le chanoine lombard qui vécut à Busto-Arsizio l'épidémie de 1630 affirme de son
côté que si un frère, une sœur, une mère ou un père tombe malade, les autres membres
de la famille fuient au loin « comme le diable fuit l'eau bénite et comme s'ils étaient
des païens ou des huguenots 525 ».
Mêmes comportements à Londres en 1665, selon D. Defoe : « ... C'était une époque
où le salut particulier occupait tellement l'esprit qu'on n'avait pas le temps de penser
aux misères des autres... L'instinct de conservation de sa propre vie semblait vraiment
le premier principe. Les enfants abandonnaient leurs parents, même quand ils les
voyaient languir dans la plus grande détresse, et on vit parfois, mais moins souvent,
des parents faire la même chose pour leurs enfants 526. »
Un spectacle identique se renouvelle à Marseille en 1720. A preuve ce témoignage
sur des enfants abandonnés : « C'étaient des enfants que des parents inhumalns, en qui
la frayeur du mal étouffait tous les sentiments de la nature, mettaient dehors et ne leur
donnait pour tout couvert qu'un vieux haillon, devenant par cette dureté barbare les
meurtriers de ceux à qui peu auparavant ils se glorifiaient d'avoir donné la vie 527. »
S'agit-il d'un topos qu'on répéterait de chronique en chronique ? Bien
plutôt, croyons-nous, du comportement de gens tenaillés par la peur qui
s'est renouvelé d'une ville à l'autre et d'un siècle au suivant, comme tous
ceux que nous décrivons au cours de la présente étude.
A la lâcheté des uns, s'ajoutait l'immoralité cynique de certains autres
— véritables pilleurs d'épaves —, quasiment assurés de l'impunité
puisque l'appareil répressif habituel s'était effondré. « Chacun, écrit
Boccace, avait licence d'agir au gré de son caprice 528. " La plupart des
méfaits étaient commis par ceux qu'à Milan on appelait les monatti. Ce
terme désignait les hommes qui enlevaient les cadavres des maisons, des
rues et des lazarets ; qui les charriaient vers les fosses et les enterraient ;
qui conduisaient les malades aux lazarets ; qui brûlaient ou purifiaient les
objets infectés ou suspects. Affranchis de toute surveillance, tels d'entre
eux exigeaient des rançons de ceux qui ne voulaient pas être conduits à
l'hôpital, refusaient d'enlever les cadavres déjà en putréfaction à moins
d'une forte somme et pillaient les maisons où ils entraient. Des forçats
ayant été requis à Marseille en 1720 pour remplir l'office de « corbeaux
», toutes sortes de bruits sinistres coururent sur leur compte : ils volaient
impunément dans toutes les maisons où ils allaient prendre des corps
morts ; pour ne pas revenir deux fois dans un même logis, ils jetaient
dans la funèbre charrette les agonisants à côté des cadavres, etc. Enfin,
dans toute ville contaminée, de faux « corbeaux » entraient dans les
maisons pour les mettre à sac et de multiples vols étaient commis dans
les logis abandonnés 529. Que la population ait exagéré l'horreur et le
nombre des méfaits commis en période de peste, la chose ne fait aucun
doute. D. Defoe ne croit pas qu'à Londres, en 1665, des infirmières aient
laissé mourir de faim, voire étouffé des contagieux qu'elles soignaient ni
que des gardiens d'une maison fermée par les autorités aient hâté la mort
de celui qui s'y trouvait malade. En revanche, il précise : « Mais qu'il y
ait eu beaucoup de vols et d'actions perverses en ce terrible temps, je ne
puis le nier, car la cupidité était si forte chez quelques-uns qu'ils auraient
couru n'importe quel risque pour piller 530. »
En face des pilleurs de morts ou de maisons abandonnées et de ceux —
beaucoup plus nombreux — qui cèdent simplement à la panique, voici
les héros qui dominent leur peur et ceux que leur mode de vie
(notamment dans des communautés religieuses), leur profession ou leurs
responsabilités exposent à la contagion et ne s'y dérobent pas. La Peste
Noire enlève tous les augustins d'Avignon, tous les cordeliers de
Carcassonne et de Marseille (dans cette ville ils étaient 150). A
Maguelone il ne reste que 7 cordeliers sur 160 ; à Montpellier, 7 sur 140 ;
à Santa-Maria-Novella de Florence, 72 sur 150. Les couvents de cet ordre
à Sienne, Pise et Lucques qui comptent moins de 100 frères en perdent
respectivement 49, 57 et 39. Des conseils municipaux sont pareillement
décimés. A Venise, 71 % des membres du Conseil sont emportés ; à
Montpellier 83 %, à Béziers 100 %, à Hambourg 76 %. Les médecins
sont évidemment particulièrement atteints par l'épidémie (à Perpignan, 6
médecins sur 8 décèdent en 1348) et aussi les notaires : à Orvieto, 24
meurent au cours de la Peste Noire et on ne trouve que 7 remplaçants
pour leur succéder 531. Impitoyable, l'épreuve écrase les uns et exalte les
autres. Jean de Venette fait l'éloge de religieuses parisiennes en 1348 :
Si les capucins, qui furent avec les jésuites les principaux agents de la
Réforme catholique, n'affrontèrent jamais une hostilité comparable à
celle dont souffrirent les membres de la Compagnie de Jésus, cela tient
notamment à leur dévouement durant les pestes, par exemple à Paris en
1580-1581. Les populations leur savaient gré de leur abnégation en ces
circonstances tragiques (et aussi durant les incendies). En France et
ailleurs, beaucoup de municipalités au XVIIe siècle favorisèrent
l'implantation des capucins dans l'espérance de disposer ainsi de
confesseurs et d'infirmiers en temps d'épidémie. Mais ces religieux
n'avaient pas le monopole du courage. En 1656, à Naples, tandis que
l'archevêque s'enfermait, 96 religieux camilliens sur 100 moururent de la
peste ; en 1743, à Messine, 19 sur 25. A plusieurs reprises le Journal de
D. Defoe adresse des compliments aux autorités de la Cité de Londres
obligées de faire face à l'épidémie de 1665. Au début de la contagion, le
lord-maire, les shérifs, les aldermen et les membres du conseil commun
firent savoir qu'ils ne quitteraient pas la ville, maintiendraient l'ordre,
distribueraient les secours et s'acquitteraient au mieux de leur charge. Ce
qu'ils firent sans excès inutiles :
« Les magistrats ne faillirent pas à leur tâche, ils furent aussi vaillants qu'ils avaient
promis de l'être. Le lord-maire et les shérifs étaient continuellement dans les rues, et
surtout où se rencontraient les plus grands dangers, et quoiqu'ils ne tinssent jamais à
voir les foules s'amasser autour d'eux, ils ne refusaient jamais, en cas d'urgence, de
recevoir les gens, d'écouter avec patience leurs plaintes et l'exposé de leurs griefs536. »
A Marseille, l'attitude de Mgr de Belsunce fut plus ostentatoire. On a
dit d'autre part qu'un moment il céda à la peur et, suivant son propre
aveu, connut une « faiblesse537 ». Il resta cependant au plein sens du terme
le pasteur de son troupeau et un exemple pour les Marseillais qui en
avaient bien besoin. Car la plupart des responsables avaient fui. Le
courage des autres n'en fut que plus grand, en particulier celui de quatre
échevins demeurés en la place et qui, sans se laisser arrêter par le « péril
évident », firent face à toutes les urgences à la fois : ravitaillement,
chômage, ordre public, nettoyage des rues, enlèvement des cadavres, etc.
538
. Quant aux prêtres et aux religieux qui n'avaient pas abandonné leur
poste, ils furent fauchés par la peste, soit 49 capucins, 32 observantins,
29 récollets, 22 augustins réformés, 21 jésuites et au total plus du
cinquième du clergé marseillais 539.
« Cette même année 1348, au mois d'août, écrit le carme Jean de Venette, on vit au-
dessus de Paris, vers l'ouest, une étoile très grosse et très brillante ... au crépuscule ...
Etait-ce une comète ou un astre formé d'exhalaisons et évanoui ensuite en vapeurs, je
laisse aux astronomes le soin d'en décider. Mais il est possible que ce fut le présage de
l'épidémie qui suivit presque aussitôt à Paris, dans toute la France et ailleurs 545. »
Boccace est, lui aussi, prudent : « Que la peste fût l'œuvre des influences astrales ou
le résultat de nos iniquités, et que Dieu, dans sa juste colère, l'eût précipitée sur les
hommes en punition de nos crimes, toujours est-il qu'elle s'était déclarée, quelques
années auparavant, dans les pays d'Orient 546. »
« Mais il est encore de plus grands criminels : plusieurs, sentant en eux le germe de
la maladie, se mêlent sans rien dire à leurs frères, comme s'ils espéraient se décharger
sur eux du poison qui les dévore. Pleins de cette idée, ils parcourent les rues, pénètrent
dans les maisons, vont même jusqu'à embrasser leurs enfants ou leurs domestiques
dans l'espoir de se sauver eux-mêmes. Je veux croire que le diable inspire de telles
actions, et que c'est lui seul qu'il faut en accuser ; mais on m'a dit aussi qu'une sorte de
désespoir envieux pousse quelquefois ces malheureux à propager ainsi la peste, qu'ils
ne veulent pas être les seuls à en être atteints... Le fait est-il vrai, je l'ignore. Mais,
réellement, si cela est, j'en viens à me demander si nous autres, Allemands, nous
sommes des hommes ou des démons562. »
Parce que, dans une cité attaquée par l'épidémie, on pouvait craindre
n'importe qui et n'importe quoi, parce que le mal demeurait mystérieux
sans céder devant la médecine et les mesures de prophylaxie, toute
parade semblait bonne. Le temps de « pestilence » voyait donc se
multiplier les charlatans et les vendeurs d'amulettes, de talismans et de
philtres-miracles. Ainsi à Londres en 1655564. Mais, rapporte D. Defoe,
beaucoup de médecins et de charlatans moururent. Alors, à qui se vouer ?
Restait la médecine de la religion. De façon constante l'Eglise, se référant
aux épisodes de l'Ancien Testament et notamment à l'histoire de Ninive,
présentait les calamités comme des punitions voulues par le Très-Haut
courroucé. Cette doctrine fut longtemps acceptée à la fois par la partie
éclairée de l'opinion et par la masse des gens. Beaucoup de civilisations
ont spontanément établi ce lien entre calamité terrestre et colère divine.
Le judéo-christianisme ne l'a pas inventé. Mais il est vrai que les hommes
d'Eglise et l'élite qu'ils entraînaient le renforcèrent de toutes les façons.
Les témoignages sont innombrables qui ont exprimé à travers les âges
ce discours religieux sur le malheur collectif selon lequel tout le monde
est coupable et non pas seulement quelques boucs émissaires. Luther, A.
Paré, saint Charles Borromée, D. Defoe, Mgr de Belsunce, pour ne
retenir ici que quelques noms significatifs, sont unanimes dans leur
diagnostic. Une peste est « un décret de Dieu, un châtiment envoyé par
lui » (Luther). Elle est « un des fléaux de l'ire de Dieu, [et] nous ne
pouvons sinon tomber en toute extrémité de maux, quand l'énormité de
nos péchés a provoqué sa bonté à retirer sa main favorable de nous et
nous envoyer une telle plaie » (A. Paré). Elle est « le jugement de Dieu »,
la « punition », écrit D. Defoe qui rappelle le texte de Jérémie V, 9 : «
Est-ce que je ne visiterai pas ceux-ci, dit le Seigneur, et d'une pareille
nation mon âme ne se vengera-t-elle pas 565 ? »
En France, le clergé reprit le même raisonnement lors de l'épidémie de
choléra en 1832. L. Chevalier rappelle quelques-uns de ces propos
cléricaux :
« Et d'autant plus que le mal est grand, écrit A. Paré, d'autant faut-il recourir
promptement au remède qui est seul et général : c'est que grands et petits de bonne
heure implorions la miséricorde de Dieu par confession et déplaisance de nos forfaits,
avec certaine délibération et propos de nous amender et donner gloire au nom de
Dieu569 »... Voici maintenant la potion prescrite par un prédicant anglican en 1613 : «
Premièrement jeûne et prie ; puis, prends un quart de repentance de Ninive, mélanges-
y deux pleines poignées de foi dans le sang du Christ avec toute l'espérance et la
charité dont tu es capable et verse le tout dans le récipient d'une conscience purifiée.
Ensuite, fais bouillir au feu de l'amour tant que la noire écume des passions
mondaines pue dans ton estomac — ce que tu jugeras par les yeux de la foi 570 ...» »
« L'épidémie qui ravage Marseille, écrivait La Gazette, n'a fait que rendre plus vif
le zèle religieux de ses habitants. Toutes les fois que le saint viatique est porté dans la
nuit, une foule de citoyens se fait un devoir de se rendre immédiatement à l'église
pour l'accompagner 574. »
A Marseille, dès novembre 1720, c'était une véritable « rage » : « Nous ne fûmes
pas moins étonnés, dans ce temps-là, de voir une quantité de mariages dans le peuple
... La fureur de se marier était si grande qu'un des mariés qui n'avait pas eu la maladie
du temps épousait fort bien sans difficulté l'autre de qui, à peine, le bubon était fermé ;
aussi voyait-on bien des mariages empestés 588. »
Souvent moins meurtrières que les épidémies mais plus fréquentes, les
séditions de toute nature marquaient par de soudaines violences les temps
forts d'une inquiétude collective qui, entre les explosions, demeurait
silencieuse voire souterraine. Soit l'Aquitaine dans ses plus larges
dimensions : Yves-Marie Bercé y dénombre, entre 1590 et 1715, de 450 à
500 révoltes populaires, précisant qu'il entend par ce terme la formation
d'une troupe armée réunissant dans son sein des participants venus de
plusieurs communautés d'habitat et se maintenant sur pied pendant plus
d'un jour590. Le XVIIIe siècle français — Révolution de 1789-1799 exclue
— fut plus calme. Néanmoins Daniel Mornet, dressant une liste — qu'il
avoue incomplète — des émeutes survenues en France de 1715 à 1787,
arrive sans effort à la centaine591. Georges Rudé, quant à lui, en identifie
275 dans la campagne anglaise entre 1735 et 1800592. On peut donc parler
dans la civilisation de l'Europe préindustrielle, à condition de ne pas
prendre l'expression au pied de la lettre, d'une « quotidienneté de la
révolte 592 ».
L'étude qui suit est bien, comme celle de G. Rudé, un éclairage dirigé
sur « la foule dans l'histoire », mais avec un objectif autre que celui des
historiens qui ont récemment travaillé sur ce thème. On ne reviendra pas
fondamentalement sur le problème controversé de la lutte des classes
dans les émeutes et révoltes d'autrefois. On ne posera pas la question de
savoir si la violence était proportionnelle à l'écart social entre les rebelles
et leurs adversaires. On ne décrira pas pour eux-mêmes les « rites de la
violence593 ». En revanche, la question posée dans ce chapitre et le suivant
est celle-ci : quel rôle jouait la peur dans les séditions de l'époque
préindustrielle ? Répondant au vœu jadis exprimé par G. Lefebvre594,
reprenant à nouveaux frais et grâce aux études récentes les travaux de G.
Le Bon 595, j'ai tenté ici en dehors de tout système préconçu une étude
comparative des frayeurs d'autrefois dans la mesure où elles conduisaient
à la sédition. Dans cette optique j'ai laissé de côté comme rares et peu
représentatifs de l'époque étudiée, les mouvements mûrement prémédités,
organisés et conduits suivant une stratégie élaborée. En revanche, entrent
de plein droit à l'intérieur de l'espace qu'on se propose d'éclairer les
révoltes populaires telles que les définit Yves-Marie Bercé, les « furies
tumultuaires » de tous ordres, et aussi les contre-sociétés agressives —
telle celle de Münster en 1535 — dont les ambitions et les actions étaient
tellement utopiques qu'elles n'avaient aucune chance de conduire à une
prise de pouvoir quelque peu durable. Nous nous attacherons donc
surtout aux éclats soudains, aux violences excessives, aux utopies
sanglantes et aux promptes débandades, les unes et les autres ayant pu
toutefois s'inscrire comme une séquence particulière dans le film
d'actions plus cohérentes d'opposition : ainsi les comportements aberrants
des chiliastes de Bohême à l'intérieur du camp taborite en 1419-1421.
Mais répétons que ces cohérences oppositionnelles étaient rares autrefois.
Deux séries d'exemples feront mieux comprendre le critère de
sélection retenu. A Lyon, au XVIIIe siècle, on voit naître une contestation
sociale de type moderne. Les ouvriers en soie ne se révoltent pas dans les
temps de disette ou de chômage. Leurs mouvements concertés,
particulièrement en 1744 et 1786, se produisent dans des périodes de
travail assuré et de relative prospérité durant lesquelles leur subsistance
et celle de leurs familles ne sont pas menacées. Une fois contre un
règlement qui les opprime, l'autre fois pour que les marchands n'aient pas
la liberté d'imposer leurs prix aux maîtres à façon, les ouvriers de la soie
s'organisent, se rassemblent, décident la grève. Ils ne commettent ni
pillage ni incendie et il n'y eut d'autres violences que de brefs
affrontements avec le guet. Néanmoins les autorités, quand elles se furent
ressaisies, réagirent sévèrement 596. A ces contestations conscientes
d'elles-mêmes, il faut opposer, toujours à Lyon au XVIIIe siècle, trois
émotions largement spontanées, celle dite « des bouchers » en 1714, la
courte mais brutale « émeute du collège de médecine » en 1768, et
l'attaque des barrières d'octroi en 1789. Dans ces trois cas, une foule qui
s'est rassemblée sans objectifs précis, accueille des rumeurs, les amplifie,
attaque des personnes, pille et saccage. Tel était le comportement habituel
des foules en colère et c'est lui qui nous retiendra, car la peur y était
beaucoup plus présente que dans l'action réfléchie des ouvriers en soie.
La distinction entre les deux types de contestation collective peut être
appliquée à l'étude des journées tragiques qui marquèrent en France la
période 1789-1799. En 1789, l'attaque de la manufacture Réveillon, la
prise de la Bastille, la Grande Peur (qui fut la concomitance d'une grande
variété d'alertes locales), la marche sur Versailles pour en ramener le roi ;
en 1792, les massacres de septembre, autant de mouvements qui furent
essentiellement impulsifs, traditionnels dans leurs motivations et leur
déroulement, dénués de programmation rationnelle, se développant
brutalement, s'éteignant rapidement et qui n'intégraient pas la prise en
charge du futur dans un plan de lutte cohérent. En revanche, les
insurrections du 10 août 1792 et des 31 mai-2 juin 1793 furent organisées
et encadrées par les sections parisiennes décidées à se débarrasser
successivement du roi et des Girondins. Cette analyse révèle le divorce
qui sépara, tout au long de la Révolution française et en dépit de
collusions et d'interférences momentanées, le petit peuple urbain et rural
des bourgeois de tous niveaux qui tirèrent parti des mouvements de
foules. D'un côté, on trouve l'irrationnel, le magique, les frayeurs les plus
diverses, le rêve de l'âge d'or, la vénération (vite abandonnée) pour la «
sainte guillotine » promue au rang de statue bénie et promenée dans les
rues comme jadis la châsse de sainte Geneviève ; de l'autre côté, des
projets politiques, le sens tactique, l'esprit d'organisation. Le clivage entre
ces deux univers semble être passé par la propriété privée. Tout se passe
comme si la possession d'un minimum de sécurité économique avait été
la condition nécessaire d'une rationalisation effective de la conduite
politique 597.
Une enquête historique sur le rôle de la peur dans les séditions
d'autrefois rencontre forcément le débat biologique qui oppose au sujet
de l'agressivité humaine ceux qui la croient innée à ceux qui la jugent
acquise. Existe-t-il, comme l'affirme K. Lorenz, un instinct de combat
dans le cerveau, ou bien, au contraire, l'idéal biblique du loup mangeant à
côté de l'agneau n'est-il empêché de se réaliser que par des « mauvaises
habitudes » et des frustrations ?
L'historien n'est pas biologiste et il ne résoudra pas par ses seules
forces un problème peut-être mal posé et qui déborde de toute façon son
champ d'investigation. Il peut en revanche apporter sa contribution au
débat et montrer, dossiers en main, que la plupart des séditions dans
l'Europe des XIVe-XVIIIe siècles étaient des réactions défensives
motivées par la peur d'un danger soit réel, soit partiellement imaginaire,
soit totalement illusoire (mais, bien sûr, non ressenti comme tel). Les
révoltes, variables en durée et en ampleur, constituaient alors des
réponses sécurisantes à des situations angoissantes. Une telle analyse
constitue évidemment un modèle partiellement transposable dans le
temps et l'espace.
En effet, le mouvement étudiant qui ébranla la France en 1968 peut,
me semble-t-il, s'expliquer par l'addition de deux peurs : l'une
conjoncturelle, l'autre à la fois moins précise et plus profonde. La
première se rapportait à l'avenir immédiat : les effectifs s'accroissant dans
les Universités, le nombre des laissés pour compte lors des examens et
des concours ne pouvait qu'augmenter. Ce n'est pas par hasard que la
flambée se produisit à la veille des échéances de l'année universitaire. De
plus en plus nombreux étaient ceux qui réalisaient qu'ils ne pourraient
jamais accéder aux carrières dont ils avaient rêvé. Pris de panique devant
cette perspective que chaque jour rendait plus évidente, les étudiants
demandèrent la suppression des concours et de la sélection, un contrôle
continu des connaissances substitué à la « loterie » de l'examen terminal,
l'usage des notes durant les épreuves écrites, la possibilité de travailler —
voire de composer — en équipe (ce qui supprimait le trac individuel). Ils
voulurent imposer à leurs professeurs de les épauler davantage, d'être
plus près d'eux, de ne pas maintenir entre enseignants et enseignés la
barrière du cours magistral. Se sentant mal préparés à la vie active et aux
renouvellements qu'elle exige maintenant de la plupart de nos
contemporains, ils désirèrent qu'on leur apprît à apprendre. Enfin, à
l'époque, ils déclarèrent souhaiter la cogestion des universités : grâce à
quoi ils pensaient pouvoir bloquer les mécanismes de sélection. Ces
revendications étaient celles de la plupart des étudiants, même de ceux
qui étaient peu politisés : c'était leur réponse à une inquiétude qui n'était
pas sans fondements et que leurs parents partageaient largement.
Mais une autre peur plus diffuse, moins concrètement exprimée
(depuis, elle a pris de plus en plus de consistance) s'additionnait à la
précédente. Ce sont les jeunes, dans le monde entier, qui ont, les
premiers, lancé le cri d'alarme devant les dangers et le matérialisme
inhumain de la croissance pour la croissance. Plus intéressés que les
adultes à ce que serait le destin de l'humanité demain et après-demain, ils
ont montré que notre civilisation fait fausse route, que technique et
bonheur ne sont pas synonymes, que les villes deviennent invivables, que
la pollution menace la terre d'asphyxie, que l'excès d'organisation et de
technocratie constitue une oppression envahissante. Ainsi, à l'inquiétude
pour les débouchés et l'avenir rapproché s'ajoutaient une peur globale et
une interrogation légitime sur le devenir de l'humanité. Dans la France de
1968, les deux prises de conscience, génératrices de panique et de refus,
se sont pratiquement faites en même temps.
Ce n'est pas seulement par ses causes, mais aussi par son déroulement,
que la bruyante contestation de mai 1968 éclaire de façon rétroactive598 les
séditions d'autrefois, telles que nous les analyserons bientôt. On trouve en
effet comme dénominateurs communs à celles-ci et à celle-là la violence
et la fête — l'une et l'autre profitant d'une relative vacance de pouvoir —,
l'iconoclasme, la revanche des muets, la prolifération de l'imaginaire,
l'éclatement soudain qui surprend tout le monde, les rassemblements
d'une ampleur imprévisible quelques jours plus tôt, la rapide
désagrégation d'une masse vite fatiguée et démobilisée et, enfin, après
l'épuisement d'une courte épopée, un sillage de mythe dans la mémoire
collective et une peur durable chez les gens en place. L' « effroi » de
1968, pour reprendre dans un de ses sens d'autrefois un terme qui était
souvent synonyme d'« émotion » populaire, a donc constitué la reprise
d'un comportement de foule rejoignant, par-delà les tactiques ouvrières et
la stratégie des révolutionnaires méthodiques, les conduites séditieuses
des hommes de jadis.
Doit-on parler alors de « Moyen Age moderne » et dire que la
modernité sécrète de nouveaux archaïsmes 599? N'est-ce pas plutôt la
révélation que la rationalité — superficielle — de notre civilisation, a
camouflé mais non détruit des réflexes collectifs qui n'attendent que les
occasions propices pour se remanifester ? Ce que prouve l'étude des
rumeurs qui continuent à circuler un peu partout dans nos villes du XXe
siècle. En ce domaine aussi, qui est voisin du précédent, il peut être utile
de remonter du présent vers le passé.
En 1946, la colonie japonaise des îles Hawaïi crut fermement pendant
près d'un an que les Américains avaient perdu la guerre en Asie et que le
gouvernement des Etats-Unis s'efforçait par tous les moyens de
camoufler la vérité 600. Depuis 1959 de nombreuses villes de France, en
particulier Orléans, ont été le théâtre de rumeurs insistantes dirigées
contre des propriétaires de magasins d'habillement féminin. Ces magasins
auraient servi d'antichambre à la traite des Blanches, les personnes visées
par ces bruits étant le plus souvent des Juifs installés de fraîche date. A
Dol-de-Bretagne en 1975, l'arrestation d'un apprenti coiffeur impliqué
dans une affaire de stupéfiant engendra bientôt un délire collectif : un
fabricant de meubles de la localité, dont l'entreprise avait connu un rapide
essor, fut accusé par l'opinion publique de cacher de la drogue dans les
pieds des tables et des chaises qu'il fabriquait. Les banques lui
mesurèrent le crédit, la clientèle lui tourna le dos, les fournisseurs
attendirent de plus amples informations avant de l'approvisionner. Les
cent vingt employés de l'usine durent descendre dans la rue pour protester
contre une rumeur qui, par ses conséquences, les menaçait de chômage 601.
L'analyse sociologique conduite par Edgar Morin et son équipe à
propos des événements d'Orléans en 1969 ne peut laisser indifférent
l'historien des rumeurs d'autrefois. Car rumeurs et séditions étaient
presque toujours liées ; et qui dit rumeur dit peur. Edgar Morin a montré
qu'une rumeur locale n'est que « la mince couche émergée d'un mythe qui
n'est ni local, ni isolé, ni accidentel » ; qu'elle est issue des profondeurs
d'un sous-sol inconscient ; qu'une fois lancée, elle se manifeste comme
une force « sauvage » capable de propagation stupéfiante. Suscitant à la
fois attirance et répulsion, elle récuse la vérification des faits, se nourrit
de tout, pousse des métastases en de multiples directions, s'accompagne
de processus hystériques, traverse les barrières d'âge, de classes sociales
et de sexe, les groupes féminins l'accueillant toutefois avec une
particulière faveur. Passant du statut de « on-dit » à celui de certitude, la
rumeur est une accusation qui dénonce des coupables chargés de crimes
odieux. A la fin du cycle, contrecarrée par diverses répressions, elle
s'éparpille en un grouillement de mini-rumeurs et de micro-mythes
dérivés et souterrains. Elle n'est pas morte pour autant. Rentrée dans
l'ombre, elle attend une nouvelle occasion pour refaire surface, au besoin
sous un autre masque 602.
Une troisième série d'enquêtes conduites sur des réalités
contemporaines ou relativement récentes peut, à son tour, aider à notre
connaissance des violences collectives d'autrefois. Il s'agit de l'étude des
millénarismes des XIXe et XXe siècles tendus dans l'attente d'un « grand
jour » et souvent doublés, comme jadis, d'une foi messianique en un
sauveur qui instaurerait une communauté heureuse, si possible au centre
d'une « terre sans mal 603 ». Ces mouvements peuvent être simplement
réformateurs ou véritablement révolutionnaires et donc contenir des
charges inégales d'agressivité ; ils peuvent provenir de déséquilibres
surgissant de l'intérieur dans une société donnée ou d'une désorganisation
sociale provoquée par des facteurs externes ; ils peuvent recruter des
adeptes à tous les niveaux sociaux — c'est le cas des millénarismes
modérés — ou n'être composés que d'éléments issus de la couche sociale
inférieure (la « classe paria » dont parlait Max Weber). Ils n'en révèlent
pas moins des dénominateurs psychologiques communs.
Quand David Lazzaretti, dans les années 1870, créa son mouvement
messianique et ses communautés agricoles dans les campagnes du sud de
la Toscane, les paysans de cette région — en général des petits
propriétaires — étaient traumatisés par toute sorte d'innovations qui
bouleversaient un équilibre traditionnel. L'unité italienne réalisée depuis
peu signifiait pour eux un nouveau réseau de communications, des
impôts différents de ceux du passé, une commercialisation inconnue
jusque-là des produits agricoles. Des mauvaises récoltes survenant dans
ce contexte achevèrent de créer le désarroi et la désorganisation des
rapports sociaux. Réagissant contre cette situation, Lazzaretti mit sur
pied, sous le nom de « Société des familles chrétiennes », des
communautés rurales très structurées. Mais il devint de plus en plus
agressif à l'égard de l'Etat italien et de l'Eglise officielle. Se donnant pour
le roi inspiré qui inaugurait le dernier âge du monde, il partit avec trois
mille des siens à l'assaut de la ville la plus proche pour y installer le
royaume de Dieu. Il fut tué par la troupe après un bref combat (1878604.
Au cours des XIXe et XXe siècles, le Brésil a vu naître beaucoup plus
de mouvements messianiques que l'Italie. Cela tient, explique Maria-
Isaura Pereira de Queiroz, à ce que les mouvements messianiques,
lorsqu'ils éclatent dans l'univers rural, constituent des mécanismes visant
à la réorganisation des sociétés paysannes. Plus la structure et
l'organisation de ces sociétés paysannes sont fragiles, plus il y a de
chances pour que des mouvements messianiques surgissent. Or, dans la
campagne brésilienne la désagrégation sociale sévit depuis longtemps à
l'état endémique 605. Soit encore la secte créée aux Etats-Unis par Father
Divine au lendemain de la crise de 1929 et qui existe toujours. Les
fidèles du leader noir apportent à celui-ci « leur argent, leurs services,
leurs pensées et leur amour ». En échange, dans les résidences ou «
royaumes » où ils habitent, ils sont nourris et habillés gratuitement, ou
presque. Dans ces paradis terrestres, Father Divine interdit de lire les
journaux, d'écouter la radio et de regarder la télévision 606. Le succès
initial de la secte s'explique par la recherche d'une sécurité à la fois
économique et psychologique à un moment où les conséquences de la
crise de 1929 perturbaient l'existence de beaucoup de gens de condition
modeste. Si la communauté dure encore aux Etats-Unis, c'est parce que
l'exode des campagnes vers les villes et celui des Noirs du sud vers le
nord du pays continuent de nourrir chez les personnes les plus
traumatisées par ces délocalisations le besoin de se réfugier à l'intérieur
de structures d'accueil protectrices et en même temps critiques vis-à-vis
d'une société qui les a abandonnées. Aussi, en se rassemblant dans des
communautés fortement organisées, s'adressent-elles à un Dieu qui les «
délivrera de l'oppression des dominateurs » et de « la ségrégation des
ségrégateurs ».
Mais les enseignements anthropologiques les plus suggestifs sur les
millénarismes d'autrefois nous viennent sans doute des études récentes
sur le culte mélanésien du cargo607. L'implantation politique et
économique des Européens et l'action missionnaire aux XIXe et XXe
siècles provoquèrent chez les populations de la Papouasie un choc
psychologique et une sorte de mise en question de leur identité, en même
temps que la montée de tensions souvent assez vives entre les indigènes
et les colonisateurs. D'où la naissance et le retour périodique du mythe du
cargo : le jour de la vengeance et du salut, un bateau à vapeur conduit par
les ancêtres, apporterait aux opprimés des fusils et toutes sortes de
nourritures et de biens terrestres. On se préparait à la venue du navire-
miracle dans une atmosphère d'intense excitation. Convulsions et
tremblements apportaient comme une compensation aux échecs et
frustrations de la communauté brimée. On n'avait plus peur de violer les
tabous de la morale quotidienne plus ou moins imposés de l'extérieur.
L'arrivée du « bateau du cargo » allait inaugurer le début d'une longue
période de bonheur, le triomphe d'une autre morale et l'établissement de
l'égalité entre sujets du nouveau royaume.
2. Le sentiment d'insécurité
Jean le Bon captif, les enfants royaux trop jeunes pour gouverner, les
meilleurs chevaliers occis ou pris : voilà soudain le vide dans l'existence
quotidienne d'un chacun, l'écroulement des protections ordinaires.
Devenus anxieux, ruraux et citadins sentent qu'ils doivent eux-mêmes
prendre en main leur destin et d'abord châtier les mauvais conseillers du
souverain et tant de nobles qui, au lieu de mourir à Poitiers, ont fui ou
trahi. Il n'est que juste de brûler leurs châteaux et de se souvenir des
rancœurs longtemps accumulées contre leur tyrannie 620.
Le lien chronologique, sinon constant du moins fréquent, entre
vacance du pouvoir et séditions ressort avec évidence d'une liste même
sommaire. La mort de Charles V en 1380 et l'avènement de Charles VI
qui n'avait que douze ans furent rapidement suivis de troubles urbains
dont les principaux éclatèrent en 1382 à Rouen («la harelle,» et à Paris
(émeute des « maillotins » 621. Le règne du roi dément — et comme tel
incapable de gouverner — fut encore marqué à Paris par l'agitation
cabochienne (1413). La grande révolte des paysans anglais se produisit
quatre ans seulement après la mort d'Edouard III, qui s'éteignit en 1377,
après un règne de plus de cinquante ans. Son fils, le Prince Noir, l'avait
précédé de quelques mois dans la tombe ; c'est donc son petit-fils Richard
qui lui succéda. Il était seulement âgé de quatorze ans lorsque « ches
meschans gens — les paysans — se commenchièrent à eslever... comme
Lucifer fist envers Dieu 622 ». La révolte de la Bohême coïncida avec la
mort du roi Wenceslas (1419) ; les guerres de Religion en France avec la
vacance quasi permanente du pouvoir qui commença avec le décès
inattendu d'Henri II et culmina avec l'assassinat d'Henri III. L'inquiétude
durant le règne de celui-ci fut continuellement entretenue par son absence
de descendance. Inversement, l'abjuration d'Henri IV produisit un choc
psychologique salutaire : la France eut le sentiment d'avoir à nouveau un
vrai roi. Quant à la Fronde, elle se produisit durant une régence.
C'est sans doute au début de la Révolution française que se firent le
plus nettement sentir les effets psychologiques perturbants d'un vide
politique. Reprenons brièvement le film des événements. En mai 1789,
les états généraux se réunissent sur convocation de Louis XVI. Mais, le
19 juin, le roi suspend leurs séances et, le 23, leur enjoint de ne plus
délibérer que séparément. Le 27, il revient sur cette décision et accepte
de les considérer désormais comme Assemblée nationale. En réalité, ce
n'est qu'une feinte puisqu'il rassemble des troupes et, le 11 juillet, renvoie
Necker. Six jours après, il le rappelle, ayant été instruit par les
événements de Paris. Les troupes retournent alors dans leurs casernes,
pour la plus grande inquiétude de la classe aisée. Le 4 août, l'Assemblée
vote la suppression (théorique) des droits féodaux. Mais le roi refuse de
contresigner la décision des députés. Conduit à Paris le 6 octobre par la
foule enfiévrée, il accepte alors les fameux décrets. En outre, pendant ces
dix mois chauds, les Français partagés entre d'immenses espoirs et de
vives appréhensions, ont assisté à la désagrégation de l'armée, à la fuite
des nobles les plus en vue, au remplacement des autorités locales
paralysées par de nouvelles municipalités hâtivement mises sur pied.
L'armature étatique de l'Ancien Régime s'est dissoute ; à quoi s'est
ajoutée la menace de la banqueroute. D'où un sentiment profond
d'insécurité dans un pays qui se crut ouvert aux brigands, aux complots,
aux armées étrangères. Il fallait d'urgence inventer les moyens d'une
autodéfense et éliminer les multiples ennemis dont on redoutait l'action.
Tel fut le climat qui permit la multiplication et la diffusion des frayeurs
locales connues sous le nom de Grande Peur623. On pourrait encore
appuyer la démonstration sur des exemples plus récents. Les nombreuses
agitations que connut la France en 1848 s'expliquent par la conjonction
d'une agression fiscale (impôt de 45 centimes) avec la vacance de la
légitimité (gouvernement d'une assemblée provisoire)624.
Le vide du pouvoir est un phénomène ambigu. Il laisse libre carrière à
des forces qui demeuraient comprimées tant que l'autorité était solide. Il
ouvre une période de permissivité. Il débouche sur l'espoir, la liberté, la
licence et la fête. Il ne sécrète donc pas que la peur. Il libère aussi son
contraire. Comment nier cependant la charge d'inquiétude qu'il recèle ? Il
crée un vertige ; il est rupture avec une continuité, donc avec la sécurité.
Il est porteur de lendemains incertains qui seront peut-être meilleurs ou
peut-être pires qu'hier. Il est générateur d'anxiété et de nervosité qui
peuvent aisément conduire aux agitations violentes.
« ... Il faut pénétrer dans les familles, briser les statues et les images des saints,
pulvériser les rosaires, décrocher les crucifix, confisquer les neuvaines et autres
machins, barricader les portes contre le curé, supprimer la liberté d'association pour
que personne n'aille dans les églises approcher les curés, supprimer la liberté de la
presse pour empêcher la publicité cléricale, détruire la liberté religieuse et enfin, dans
cette orgie d'intolérance satisfaite, proclamer un article unique : dans la République, il
n'y aura de garantie que pour ceux qui pensent comme nous 626. »
Dans la logique d'un tel programme, le président Calles (1924-1928)
décide en 1926 la fermeture des églises et l'expulsion des prêtres.
Pendant cinq mois les plus zélés des catholiques mexicains —
essentiellement des paysans — tentent, à force de pénitences et de
prières, d'obtenir du ciel qu'il amollisse le cœur du nouveau pharaon.
Mais il demeure endurci. Alors, menacés de perdre leur âme et malgré les
conseils de prudence de la hiérarchie et du Vatican, spontanément les
cristeros se soulèvent, puis s'organisent et, durant trois années, tiennent
en échec les troupes gouvernementales.
Inévitablement, les peurs légitimes qu'on vient d'évoquer face à des
dangers qui n'étaient que trop réels se doublèrent d'effrois suscités par
l'imagination collective. Dans les populations indigènes du Pérou central,
aux environs de 1560, le bruit se répandit que les Blancs étaient venus en
Amérique pour mettre à mort les Indiens dont ils utilisaient la graisse
comme médicament. Les Indiens fuyaient alors tout contact avec les
Espagnols et refusaient de les servir 627. Chez les Tarahumars du Mexique
qui se révoltèrent plusieurs fois contre les occupants, notamment en
1697-1698, les sorciers affirmaient que les cloches des églises attiraient
les épidémies, que le baptême contaminait les enfants et que les
missionnaires étaient des magiciens 628. Les cristeros, quant à eux, au
début de l'atroce répression antireligieuse, pensèrent que le jour du
Jugement était arrivé et qu'ils n'avaient pas affaire à « l'armée du
gouvernement, mais à celle de Lucifer lui-même 629 ».
« ... [Ils] conqueroient et roboient de jour en jour tout le pays entre le rivière de
Loire et le rivière de Sainne : par quoi nulz n'osoit aler entre Paris et Vendome, ne
entre Paris et Orliiens, ne entre Paris et Montargies, ne nulz dou pays n'i osoit demorer
; ains estoient toutes les gens dou plat pays afuioit à Paris ou à Orliiens... et ne demora
place, ville ne forterèce se elle n'estoit trop bien gardée, qui ne fust adonc toute robée
et courue... Et chevauçoient aval le pays par tropiaus, chi vingt, ci trente, ci quarante
et ne trouvoient qui les destournast ne encontrast pour yaus porter damage 630. »
« Cet Etat [le duché de Milan] est dans sa plus grande partie tellement détruit et
ruiné que déjà de nombreuses terres ont été abandonnées... Cette ruine provient de
tout ce qui pèse sur l'Etat : aussi bien les impôts extraordinaires... que le logement des
soldats. Ceux-ci sont une telle charge aux populations que c'est chose incroyable. Et
cela d'autant plus que leur comportement est sans pitié ni mesure, plein de cruauté et
de cupidité. » D'où « l'exaspération des sujets, voire leur extrême désespoir. » D'où «
la calamité et la destruction de certaines villes... comme Alexandrie, Tortone,
Vigevano avec leurs territoires, et de la majeure partie de la région de Pavie, en
particulier la Lomellina, où ... de nombreux habitants, après avoir perdu ce qui les
faisait vivre sont partis et se sont dispersés dans d'autres pays632 ».
Au milieu du XVe siècle, le roi René décrit en ces termes à Charles VII la situation
en Anjou : « Ainsi, pour la stérilité et souffreté de biens qui a esté en plusieurs années
passées et encore est en ceste présente et a, la plupart de ceulx qui à présent y sont
couschent sur la paille et sont nuz et descouvers, meurent eulx et leurs familles
comme de faim 655. »
La chronique de l'abbaye Saint-Cybard d'Angoulême rapporte que durant l'hiver
1481-1482, un peu partout, le « monde mourroit de faim et ne mangeoit que racines
d'herbes et de choux ; en ce temps on ne trouvoit que pouvres par les chemins et
brigands par les bois... Le pouvre peuple achetoit le bran 656 et le faisoit moudre avec
de l'avoine..., les autres mangeoient l'avoine toute pure ; encore on n'en pouvoit
trouver 657 ».
A Rome, au moment de la cruelle pénurie de 1590-1591, un rédacteur
de feuilles de nouvelles (avvisi) écrit : « Chaque jour on apprend que
quelqu'un est mort de faim. » Le pape Grégoire XIV ne sort plus de son
palais afin de ne pas entendre les clameurs de son peuple. Mais, au cours
d'une messe pontificale à Saint-Pierre, les assistants se mettent à crier et à
demander du pain 658. Voici encore la situation en Suisse en 1630, année
de récolte désastreuse :
« [Dans le pays de Vaud] les pauvres gens estoyent réduits à des extrémités
lamentables, aucuns moururent de faim, autres mangèrent du foin et des herbages des
champs. Le mesme estoit ès montagnes et villages voisins de Genève qui se servoyent
de son, de choux, de glands pour nourriture 659. »
« des milliers de pauvres, le long des haies, avec des visages noirs, livides, attenuez
comme des squelettes, la plupart s'appuyant sur des bâtons et se traînant comme ils
pouvaient pour demander un morceau de pain661 ». En 1694, nouvelle pénurie très
grave. Un chanoine d'Angers peut écrire : « La famine est si grande que plusieurs
meurent de faim, même dans cette ville d'Angers 662. »
5. Le fisc: un épouvantail
« Sire, nous frémissons d'horreur à l'objet des misères du pauvre paysant ; nous en
avons veu quelques uns, les années précédentes, se précipiter à la mort par désespoir
des charges qu'ils ne pouvoient porter, les autres que la patience retenoit plutost en la
vie que le plaisir ou les moyens de la conserver, couplez au joug de la charrue, comme
les bestes de harnois, labourer la terre, paistre l'herbe et vivre de racines que cet
élément sembloit avoir honte de leur desnier, ayant soutenu leur naissance, plusieurs
réfugiez aux pays estrangers ou provinces pour se soustraire à leurs imposts, des
paroisses abandonnées. Pour cela néanmoins, nos tailles n'ont point diminué, mais
accreu jusques au poinct d'avoir tiré la chemise qui restait à couvrir la nudité des corps
et empesché les femmes en plusieurs lieux, par la confusion de leur propre vergogne,
de se trouver aux églises et parmy les chrestiens. De sorte que ce pauvre corps,
espuisé de toute sa substance, la peau collée dessus les os et couvert seulement de sa
honte, n'attend que la miséricorde de Vostre Majesté 694. »
1. Les rumeurs
« ...Il s'est débité que l'objet de ces enlèvements d'enfants était qu'il y avait un
prince ladre [lépreux], pour la guérison duquel il fallait un bain ou des bains de sang
humain, et que, n'y ayant point de plus pur que celui des enfants, on en prenait pour
les saigner des quatre membres et pour les sacrifier, ce qui révolte encore plus le
peuple. On ne sait sur quoi sont fondés de pareils contes ; on a proposé ce remède là
du temps de Constantin, empereur qui ne voulut pas s'en servir. Mais ici nous n'avons
aucun prince ladre, et, quand il y en aurait, on n'emploierait jamais une pareille
cruauté pour remède. Le plus vraisemblable est qu'on a besoin de petits enfants pour
envoyer à Mississipi. Mais malgré cela il n'est pas à présumer qu'il y ait aucun ordre
du ministre pour enlever ici des enfants à leurs père et mère. On peut avoir dit à
quelques exempts que s'ils trouvaient des petits enfants sans père ni mère ou
abandonnés, ils pourraient s'en saisir : [il peut se faire] qu'on leur ait promis une
récompense et qu'ils aient abusé de cet ordre... D'ailleurs on ne conçoit rien à ce projet
: s'il est vrai qu'on ait besoin de jeunes enfants des deux sexes pour des établissements
dans l'Amérique, il y en a une assez grande quantité tant dans les enfants trouvés du
faubourg Saint-Antoine, que dans les autres hôpitaux 702. »
« Cette frayeur aurait gagné dans les provinces. On dit qu'à Toulouse on a presque
assommé des hommes qui vendaient des poupées, comptant que c'était un prétexte
pour prendre des enfants et l'on convient, à présent, que tous ceux qui ont été tués ou
bien maltraités dans les tumultes de Paris, l'ont été par méprise ou par soupçon 703... »
« La ditte paix [de 1570] faicte avec le huguenot admiral et ses admiralistes sembla
fort estre avantageuse pour la liberté huguenoticque, ce qui, à la vérité, est 723... »
« Des cete heure là [16 heures], il courut un bruit par Paris que le roy avoit mandé
le maréchal de Montmorency pour le faire venir à Paris avec un grand nombre de
cavalerie et d'infanterie ; que partant les Parisiens avoyent occasion de se prendre
garde ; mais ce bruit là estoit faux 724. »
D'après le récit d'un prêtre, dès les 29-30 août, des « mégères » auraient crié aux «
sbires » au cours d'une visite domiciliaire du collège de Navarre : « Courage, mes
amis ; il faut tuer sans pitié tous ces coquins d'aristocrates, tous ces voleurs qui
veulent nous tuer nous-mêmes. »
Le 2 septembre, des soldats disent à la foule qui regarde passer des voitures
remplies de prisonniers en route vers l'Abbaye : « Oui, ce sont vos ennemis, les
complices de ceux qui ont livré Verdun, ceux qui n'attendent que votre départ pour
égorger vos enfants et vos femmes. »
Mme Roland parle de la « répugnance » du « peuple » à « abandonner ses foyers en
laissant derrière lui des loups dévorants qui, bientôt déchaînés, se jetteraient sur ce
qu'il aurait abandonné de plus cher731 ».
Ces phrases, ce sont le plus souvent des hommes qui les prononcent.
Mais elles répercutent clairement des propos féminins répétés de foyer à
foyer : épouses et enfants vont se trouver sans défense ; leur vie est en
danger. Comment ne pas imaginer pareillement un rôle déterminant des
femmes lors des émeutes parisiennes, lyonnaises et toulousaines
survenues au milieu du XVIIIe siècle à l'occasion de prétendus vols
d'entants ? Qui redoute d'abord ces rapts sinon les mamans ?
Dès lors, on comprend mieux pourquoi si souvent les femmes jouaient
un rôle moteur dans les « émotions » provoquées par la cherté et la rareté
des grains. Elles défendaient, par une sorte de réflexe biologique, la vie
de leurs enfants et l'existence physique de leur foyer. « L'élément le plus
constant [des émeutes frumentaires], écrit Y.-M. Bercé, est la présence de
femmes. Jusque dans les embuscades paysannes la nuit sur les grands
chemins il y avait des femmes armées de pierres... Elles se jettent dans
les tumultes du pain cher sans autre programme que l'angoisse de l'avenir
et la justice des affameurs732. » Une attitude répétée à de nombreux
exemplaires lors des troubles qui marquèrent les débuts de la Révolution
française.
L'accroissement des impôts risquant de réduire à la mendicité et
menaçant dans son existence même une fraction de la population d'une
ville ou d'une province, ne nous étonnons pas de voir les femmes ouvrir
la voie aux émeutes antifiscales par des éclats publics. A Cahors en 1637,
elles brûlent publiquement le banc où s'assoient les élus à la cathédrale en
même temps que les meubles de leur auditoire733. A Agen en 1635, à Caen
en 1639, ce sont elles qui déclenchent l'émeute, ici en s'attaquant à un
archer des gabelles et là en assiégeant le logis du receveur des tailles 734. A
Montpellier en 1645, les ménagères qui manifestent contre le fisc sont
conduites par une virago qui déclare qu'il faut aller à la mort ou
exterminer les traitants qui enlèvent le pain de la bouche à leurs enfants
735
. A Limoges, en 1705, l'incendie des maisons des gabeleurs est allumé
par une « multitude de femmes, filles et enfants de la lie du menu peuple,
leurs maris et pères n'ayant aucunement paru 736 ». La peur de la gabelle
semble donc avoir été d'abord une obsession féminine. A preuve encore
cette anecdote : un dimanche de 1670, dans la petite église de Lannes,
dans les Pyrénées, le curé s'apprête à lire un mandement de l'évêque. « La
plupart du public qui estoit alors à la sainte messe crurent fermement
qu'il voulut publier tout à fait la gabelle et par ce moyen estre perdus ; le
public et surtout les femmes et filles qui estoient là commencèrent à crier
contre ledit curé 737. » Quant au mythique impôt sur la vie ce sont les
femmes d'abord et surtout qui y croient. A Montauban, en 1691, un
commis de finances ayant fait afficher un placard annonçant la vente de
nouveaux offices, « il se répandit un bruit parmi le menu peuple et
surtout parmi les femmes de la plus basse condition qu'on vouloit leur
faire payer 6 deniers pour chaque chemise qu'elles feroient blanchir, 10
sols pour chaque garçon dont elles accoucheroient et 5 sols pour chaque
fille 738 »... Suivit un début d'émeute avec participation de 200 ou 300
ménagères.
De multiples enquêtes ont récemment fait ressortir la variété des
mouvements séditieux auxquels les femmes prirent part dans la
civilisation préindustrielle. Ainsi dans l'Angleterre du début du XVIIe
siècle, elles participèrent largement aux rébellions contre les enclosures
et pour le maintien des communaux 739. Elles ne furent pas davantage
absentes des agitations violentes occasionnées par les dissensions
religieuses. A Edimbourg en 1637, la résistance au Prayer Book de
Charles Ier commença par une bruyante manifestation de la « canaille des
servantes » à Saint Giles' Church. Elles interrompirent la lecture du
doyen, lancèrent des tabourets en direction de l'évêque et, celui-ci s'étant
éclipsé, lapidèrent portes et vitraux. De même Crespin et l'auteur de
l'Histoire ecclésiastique des Eglises réformées attestent conjointement
que des femmes participèrent à toutes les furies iconoclastes qui
détruisirent les statues de saints au XVIe siècle en France et dans les
Pays-Bas 740. Doit-on dire qu'elles « transféraient » alors dans le domaine
religieux une activité séditieuse qu'elles exerçaient plus souvent contre
les accapareurs de grain et les agents du fisc ? L'explication fondamentale
me paraît autre : les femmes prenaient peur avant les hommes, qu'il se
soit agi de pain, d'impôts, d'enclosures, de voleurs d'enfants ou de
religion. C'étaient d'abord elles qui percevaient la menace, accueillaient
et diffusaient les rumeurs ; elles communiquaient l'angoisse à leur
entourage et poussaient par là même aux décisions extrêmes. Mieux,
elles les amorçaient en prenant l'initiative des gestes irréparables — des
gestes qui rassuraient puisqu'ils devaient intimider, voire anéantir
l'adversaire.
Certes, il existe un militantisme féminin qui a contribué, par exemple,
à transmettre aux générations du XIXe siècle l'idéologie des années
chaudes de la fin du XVIIIe. On songe ici, entre autres, à la veuve Babeuf
et à la veuve Lebas741. En notre temps il semble que des femmes soient les
véritables inspiratrices de la « bande à Baader ». Toutefois, mon propos
ici était de mettre en lumière non des actions continues mais des gestes
spontanés et ponctuels, qui se sont néanmoins répétés comme des
constantes à travers les âges au cours de mouvements séditieux non
prémédités. Or, il s'agit d'un comportement qui n'a pas disparu. L.
Pliouchtch révèle qu'en 1967, à Prilouki, en Ukraine, les miliciens
torturèrent et tuèrent un jeune ouvrier, sans armes, arrêté par erreur à la
sortie d'un bal. Quelques jours plus tard, comme le convoi funèbre passait
devant le poste de police, une femme cria : « A bas les S.S. soviétiques !
» D'autres femmes reprirent en chœur ce slogan, puis les hommes. La
foule se précipita alors à l'intérieur des locaux de la milice, les saccagea
et roua de coups les miliciens 742: illustration contemporaine de l'initiative
féminine dans les gestes de colère collective.
Les « rites de la violence » dans les soulèvements d'autrefois sont
maintenant bien connus et la recherche récente a fait justice des
accusations et pseudo-descriptions des nantis qui représentaient le peuple
révolté comme une « folle cohue », une « bête à mille têtes », une
populace débridée « sans ordre, ni chef » — qualificatifs qu'utilise au
XVIe siècle Guillaume Paradin pour caractériser les séditions lyonnaises
provoquées par la cherté des grains743. Décrivant le carnaval sanglant de
Romans en 1580, E. Le Roy-Ladurie y a vu une sorte de psychodrame
exemplaire, de « tragédie-ballet dont les acteurs ont joué et dansé leur
révolte ». A propos de ce « drame élizabéthain » il a marqué la
récurrence des fantasmes d'anthropophagie et du thème connexe de
l'échange des femmes 744 Inutile de reproduire ici ce qui a été bien dit
ailleurs. Reste en revanche à montrer en quoi et pourquoi la sédition était
un remède à la peur collective, surtout dans ces journées cyclonales où
jouait à plein la situation de foule et où s'opérait le saut dans la violence
avec l'espérance — voire la certitude — du salut par la force. Et d'abord,
pas de passage à la révolte sans accompagnement des bruits qui tout à la
fois impressionnent et exaltent — clameur de la foule, et surtout tocsin et
roulements de tambours. Signe et preuve qu'on est entré dans un temps
autre que celui des occupations habituelles, ils invitent à dépasser les
inerties, les monotonies et les interdits qui sont le tissu quotidien de la
vie. D'autre part, une collectivité prend confiance du seul fait qu'elle se
rassemble. D'où la multiplicité des « émotions » et séditions qui éclatent
à l'occasion des foires, des marchés, des fêtes patronales, des processions,
ou simplement de la messe dominicale. Lieux privilégiés de
regroupement, l'église paroissiale et son parvis — ou le cimetière voisin
— constituent souvent les épicentres d'où se propagent les « fureurs »
populaires. En outre, l'église est généralement un bâtiment solide parfois
fortifié : le cas échéant, elle sera un refuge. Elle est de toute façon au
cœur même de la vie collective. Il est toutefois un local autre que la
maison de Dieu où l'on se retrouve fréquemment : le cabaret. Aussi bien
les nouvelles, vraies ou fausses, se propagent-elles d'auberge en auberge.
Eglise paroissiale et cabaret sont, dans la société d'autrefois, les deux
pôles où se nouent les réseaux de sociabilité, surtout au niveau des
humbles. Du point de vue envisagé ici, ils sont plus complémentaires l'un
de l'autre que ne le laisse croire le discours clérical du temps toujours
agressif contre les estaminets.
La foule n'agit pas sans meneurs et n'acquiert d'assurance qu'entraînée
par eux 745. Or, qui sont ces hommes forts qui, tout à la fois, la font frémir
de peur en lui montrant les dangers qui la menacent et la rassurent en
l'engageant dans l'action ? Dans les villes, en général, des artisans, de
sorte que, derrière l'apparente incohérence des séditions urbaines il faut
apercevoir la vivante armature des corporations et des confréries de
métiers. Mais, parmi ces artisans, de l'insurrection cabochienne de 1413 à
la Révolution française, ne nous étonnons pas de trouver au premier rang
les aubergistes et les bouchers 746. L'émeute associe le vin et le sang : elle
a besoin de celui qui verse à boire et de celui qui donne la mort. Mais, à
la campagne comme en ville, il est d'autres meneurs dont on n'a peut-être
pas suffisamment souligné l'importance : les hommes d'Eglise au contact
du peuple. Parce qu'ils prêchent, ils sont ses vrais guides. Dans l'Europe
d'Ancien Régme, ceux qui par excellence tiennent la foule en main, la
font tour à tour trembler et espérer, pleurer et chanter, obéir ou se révolter
: ce sont ceux qui parlent au nom de Dieu.
Dire que les curés et les prêcheurs catholiques d'un côté, les prédicants
réformés de l'autre ont joué un rôle de premier plan dans les guerres de
religion du XVIe siècle semble une banalité. Pourtant, l'historiographie a
surtout relevé l'action des gouvernements et des grands, et nous ne
voyons pas assez que Catherine de Médicis, Coligny, Guillaume le
Taciturne ont plus suivi que commandé les événements747. Ceux qui ont
lancé — hélas ! — les chrétiens les uns contre les autres, en particulier
dans les villes, ce furent d'obscurs orateurs fanatisés, des militants qui
travaillaient en pleine pâte humaine parce qu'ils disposaient d'une chaire
et, sur le plan local, organisaient avec d'évidentes intentions agressives
des chants publics de psaumes ou des processions armées. Un historien
du siècle dernier a écrit avec raison à propos des troubles de Provence au
XVIe siècle : « Il n'est pas de séditions... dans lesquelles on ne voit des
moines cordeliers, capucins, carmes, dominicains, faire les motions les
plus atroces et porter les premiers coups dans les massacres 748 » Les faits
abondent qui corroborent cette affirmation. En 1560 à Rouen, des prêtres
suivis de leurs paroissiens défilent dans les rues pour la procession du
Corpus Domini. Des réformés qui sont aux fenêtres refusent de rendre
honneur au Saint-Sacrement. La foule catholique envahit et saccage leurs
maisons 749. A Toulouse en mars 1562, un chanoine prêche
fougueusement le carême, attaquant tour à tour les protestants et les
magistrats suspects et annonçant les effets prochains de la colère divine
750
. A Orange en février 1571, les sermons incendiaires des moines
mendiants ont par conséquence onze jours de massacre des huguenots751.
A Orléans, où arrive le 25 août 1572 la nouvelle de la Saint-Barthélemy
parisienne, la foule catholique est ameutée par « un certain prédicateur du
roy nommé Sorbin, ignorant et turbulent entre tous les docteurs de
l'Eglise romaine » et elle envahit les maisons des protestants 752. A
Bordeaux, dans un sermon prononcé pour la Saint-Michel de la même
année (20 septembre), le jésuite Ed. Auger s'étonne que la ville n'ait pas
encore suivi l'exemple de la capitale. Il accuse le gouverneur de
pusillanimité, lui reproche de « dormir près de sa putain », annonce la
venue de l'ange exterminateur. Ce sermon met le feu aux poudres : le
carnage débute le 3 octobre. Que de fois, au cours des conflits religieux
du XVIe siècle, les « aboyeurs » catholiques n'ont-ils pas taxé de mollesse
les tribunaux chargés de sévir contre les « luthériens », comparé
Catherine de Médicis à Jézabel ou Henri III à Achab parce qu'ils
laissaient s'introduire une nouvelle religion non moins pernicieuse que
celle de Baal, et rendu le protestantisme responsable des malheurs — tels
la défaite de Saint-Quentin — que Dieu courroucé envoyait à la France 753
!
Les prédicants réformés, bien entendu, n'étaient pas en reste et leur
responsabilité dans les « furies inconoclastes » et la mise à mort des «
idolâtres » a été capitale. Leur référence à cet égard était le Deutéronome
(XIII, 7-12) :
« Si ton frère, fils de ton père ou fils de ta mère, ton fils, ta fille, l'épouse qui repose
sur ton sein ... cherche à te séduire dans le secret en disant : " Allons servir d'autres
dieux... ", tu ne consentiras pas à sa parole, tu ne l'écouteras pas, ton œil sera sans
pitié... Oui tu devras le tuer, ta main sera la première contre lui pour le mettre à mort
et la main de tout le peuple continuera l'exécution. »
« [Les prédicants] pensent toutes choses leur être loisibles. rompent images,
prêchent ès églises, empêchent les catholiques, font ce que bon leur semble en irrision
et contemnement de la justice... ; ces nouveaux ministres, prédicants, briseurs
d'images et conducteurs de ces émotions, se montrent partout756. »
Aucun doute ne peut subsister sur le fait que les démolisseurs d'images
qui sévirent dans les Pays-Bas au cours de l'été 1566 avaient été
effectivement fanatisés. Un dossier qu'étudient actuellement Mme Deyon
et A. Lottin met en lumière cette évidente succession des sermons et des
violences iconoclastes. Car celles-ci furent précédées, de Valenciennes à
Anvers, d'une prédication massive, en plein air, aux portes des villes757.
Ces « prêches des haies commencèrent à la fin juin et culminèrent vers le
10 août — date du début des saccages —, électrisant des auditoires de
plus en plus nombreux, qui pouvaient atteindre 15 000 personnes.
Souvent les assistants étaient venus avec leurs armes, prêts à se laisser
entraîner par le prédicant à quelque action d'éclat. Un « discours des
commotions advenues d'entre le peuple t-multué en la ville d'Enghien »
relate :
« Que, le XXVIIe jour dudict mois d'aoust XVIeLXVI, du matin, se feist la première
presche au quartier d'Enghien, au lieu qu'on dist Heerhouwt ..., par quelque ministre
accompagné de grand numbre de peuple d'Audenarde, embastonnez de divers
instrumentz, comme aussy pluisieurs d'Enghien...
« Item, du Heerhouwt le peuple de ladicte presche avecq leur prédicant ou ministre
estoient venus à Herrynes et à l'église des Chartrois, où ils disnèrent, et par ceulx du
cloistre des Chartrois esté administré les biens et provisions y estans ; et au mesme
temps sacquagèrent l'église dudict Herrynes et Chartrois, ensemble deschirez les
libvres de leur librairye. »
Dans les Pyrénées, ce sont encore des curés qui mènent les révoltes
antifiscales du val d'Aran (1643), de la Soule (1661), du Lavedan (1665
et 1695761. En 1675, plusieurs prêtres se mettent à la tête des paysans
bretons en colère dans la région de Carhaix et de Gourin. Quelques-uns
seront condamnés aux galères dont l'un, Jean Dollo de Carhaix, «
convaincu d'avoir esté chef des révoltés et d'avoir fait signer à quelques
habitants de cette ville un brevet de capitaine des révoltés remply de son
nom 762 ». En 1680, l'intendant de Poitou écrit à Chamillard : « Vous ne
scauriez comprendre combien ces curés font du mal dans ce département
763
», car ils prêchent contre les tailles et les traites, cachent les meubles de
leurs paroissiens avant les saisies et incitent à la résistance. Intégrés à la
communauté paroissiale, ces prêtres en sont naturellement les porte-
parole et les chefs en période d'effervescence. Aussi leur attitude diffère-
t-elle — du moins avant le XVIIIe siècle — de celle des missionnaires de
l'intérieur. Certes ceux-ci — Eudes, Maunoir, Grignion de Montfort —
tonnent contre les riches et, lors des révoltes, jouent les conciliateurs.
Toutefois, messagers de la hiérarchie, ils recommandent l'ordre et la
soumission. « Endurez tout sans murmurer », tel est, dans l'un de ses
cantiques 764, le conseil de Grignion de Montfort, qui écrit ailleurs : « On
voit bien des pauvres souffrants // Mais peu de pauvres patients 765. » Et
encore : « ô médisance atroce // De mal parler des rois 766.» On sait depuis
les travaux de R. Mousnier et de ses élèves, le rôle des gentilshommes
dans les révoltes du XVIIe siècle ; mais il convenait aussi d'insister sur
celui des prêtres des paroisses. Et, il vaudrait la peine, dans la continuité
d'une histoire longue des mentalités transcendant les coupures
chronologiques et idéologiques, d'étudier systématiquement la place que
tinrent dans les événements révolutionnaires de 1789-1799 les anciens
prêtres et les bâtiments du culte même provisoirement désaffectés. On
pourrait enfin élargir à l'Amérique l'enquête sur les liens entre révoltes et
hommes d'Eglise. Le Mexique se révélerait alors un terrain d'étude
privilégié : Hidalgo et Morelos, qui dirigèrent les premiers soulèvements
en vue de l'indépendance (1810-1815), étaient chargés de paroisse et, en
outre, l'on connaît au moins six curés « agraristes » qui prirent la tête de
révoltes paysannes au Mexique entre 1827 et 1894767. Autrefois, le curé
était l'homme sécurisant d'une paroisse, celui qui, en cas de difficultés,
indiquait la route à suivre, fût-ce celle de la rébellion.
Il n'est plus à démontrer que l'émeute urbaine (suivie ou non d'une
rébellion plus longue) et l'effervescence qui marquait les débuts d'une
révolte paysanne revêtaient souvent dans la civilisation d'autrefois un
caractère festif et bachique 768. On y retrouvait l'atmosphère et les rites du
carnaval, le thème de l'inversion sociale que connaissaient les fêtes des
fous médiévales, le rôle prédominant des jeunes dont, nous le savons
maintenant, les groupements avaient dans la société traditionnelle une
fonction de police des mœurs. Dans la joie bruyante s'affirmaient
l'unanimité d'une conscience collective, la personnalité d'une commune
ou d'un quartier, la solidarité d'un groupe qui, par cette réaction
d'autodéfense, éloignait les cauchemars qui le hantaient. Cette libération
de la peur s'accompagnait d'une dévaluation soudaine de l'adversaire dont
on ne mesurait plus la force et les possibilités de réaction ultérieure. On
occupait un hôtel de ville, on tuait des gabeleurs, on refusait de payer
l'impôt, on refoulait un régiment comme si, derrière les hommes et les
institutions brutalement bafoués, il n'y avait pas un Etat, des forces
armées en réserve et la solidarité des possédants. Toutefois, les
exécutions des victimes ne se faisaient pas toujours — tant s'en faut —
dans l'anarchie qu'on a longtemps décrite. Souvent la foule en colère se
donnait bonne conscience et condamnait son antimoi en réitérant des
conduites judiciaires dont le modèle demeurait vivant au fond de la
conscience collective — processions punitives, jugements populaires
avant la mise à mort, exécutions publiques sur la grand-place ou, en tout
cas, dans l'endroit habituellement prévu à cet effet. Par cette revanche des
muets la masse des anonymes prenait pour un temps ses affaires en main,
se donnait du courage en s'institutionnalisant. En outre, de multiples
récits prouvent que les tueries étaient rarement aveugles et les pillages
moins fréquents qu'on l'a cru. Une population en colère se rassurait par
cette sorte de discipline interne plus ou moins consciemment respectée.
Fréquemment, l'émeute ne se contentait pas de tuer ses ennemis. Que
de fois durant la Révolution française n'a-t-on pas promené dans les rues,
au bout des piques, les têtes des victimes ! De même, à la Saint-
Barthélemy, Coligny mort fut castré, décapité, jeté à la Seine, puis
repêché et pendu par les jambes au gibet de Montfaucon ; de nombreux
protestants furent, lors du même massacre, une fois mis à mort, dénudés,
traînés dans les rues, basculés dans le fleuve. Ces affreuses mises en
scène sont à rapprocher des autodafés ou des bûchers où l'on brûlait en
effigie un condamné par contumace et de l'atroce mascarade déjà
mentionnée plus haut au cours de laquelle la municipalité protestante de
Bâle en 1559 fit déterrer le cadavre de l'anabaptiste David Joris mort
paisiblement trois ans plus tôt sous le nom de Jean de Bruges. On
défonça le cercueil, on en tira le défunt que l'on dressa contre un poteau.
A côté, on plaça les livres qu'il avait écrits et une effigie du dangereux
hérétique. Puis on brûla le tout 769. Durant la Révolution française, des
fanatiques sortiront pareillement les cadavres royaux de leurs tombeaux
de Saint-Denis et détruiront, à Anet, le corps encore intact de Diane de
Poitiers. Ces liturgies macabres aident à comprendre l'iconoclasme de
toutes les époques. A Saint-Gall en 1529, tous les autels furent détruits,
les images brisées à coups de hache ou de marteau :
« [Les huguenots de la ville] entrèrent furieusement aux églises, tant des paroisses
que des abbayes, hôpitaux, sans nulle exception. Et eux, là venus par grandes troupes,
armés et embastonnés, ont tiré jus [bas] les crucifix et images des saints, avec
plusieurs blasphèmes et plusieurs paroles infâmes, puis ont rompu et brisé les doxalles
[tribunes], orgues, clôtures des chapelles, autels, sièges, fonts de baptême, verrières,
puis ont brûlé les ornements desdites églises, tellement que l'or fondu en sortait en
plusieurs églises... Davantage ont déchiré et puis brûlé les gourdines (courtines),
nappes, serviettes et autres linges servant à l'office divin, brûlé et déchiré tous les
livres des églises, que c'était une grande pitié et désolation de voir ainsi ces lieux
consacrés et dédiés à Dieu être en tel état, profanés par ces méchants libertins et gens
sans nulle raison, et un grand crève-cœur aux catholiques 772. »
L'iconoclasme est-il une haine aveugle ? Ou bien plutôt un rite
collectif d'exorcisme ? Vitraux, statues, peintures, orgues même — ou
encore les cadavres dans leurs respectables tombeaux — représentaient
pour une foule en colère plus que des êtres inanimés. Ils conservaient
quelque chose du pouvoir tyrannique, voire diabolique, que la sédition
s'efforçait de détruire. Si l'on décapitait Louis XVI, tout en laissant
paisiblement dormir ses ancêtres dans de beaux monuments entourés de
respect, on n'avait pas tout à fait abattu la royauté. Celle-ci demeurait en
quelque façon menaçante. De même, pour les iconoclastes du XVIe
siècle, l'idolâtrie romaine et la puissance cléricale n'avaient point disparu
si leurs symboles demeuraient debout. En revanche, la statue mutilée, le
visage peint dont on a crevé les yeux, le cadavre transformé en pantin
ridicule sont désacralisés et dépouillés de leur pouvoir magique. En les
maltraitant de toutes les façons, la foule s'est prouvé à elle-même sa
propre puissance et a réduit l'ennemi à merci : il est devenu inoffensif et
pitoyable. Ainsi une furie iconoclaste révèle la profondeur d'une peur
collective et apparaît comme l'ultime moyen pour la conjurer.
3. La peur de la subversion
« Ces jours durans, raconte N. Versoris, les mauvais garsons se retirèrent en Paris
en grant nombre désirant de jour à aultre la venue des ennemis pour que, joinctz à
iceulx, ils pussent à plaisir piller, dérober et gaster la ville, de sorte que en ce temps
estoient plus craints les mauvais garsons de la ville que les ennemis 779. »
Cranmer écrivait en 1549 : « Les principaux responsables de tous ces troubles sont
des fainéants et des hommes de mauvaise nature qui ne possèdent rien ou pas grand-
chose par leur travail. » Et sir John Cheke déclarait aux révoltés du Norfolk, dans The
Hurt of Sedition (1549), que leur action « avait provoqué un tohu-bohu populaire, un
charivari de vagabonds et une levée en masse de voleurs 780 ».
Les vagabonds ne sont que des délinquants et des séditieux, c'est aussi
ce qu'affirme en 1659 un prévôt général des armées d'Italie :
« Parmi ces gens-là, vagabonds et Egyptiens, la fainéantise fait son étude pour
entrer dans les yvrogneries, paillardises, jeux, blasphèmes, querelles et séditions... Les
roues et les potences sont souvent chargées de ces monstres qui, refusant d'obéir au
précepte divin de travailler pour gagner leur vie à la sueur de leur front, tombent dans
des pauvretés honteuses et de là commettent des larcins, des sacrilèges et des meurtres
épouvantables 781. »
« ... Certes, tels larrons, bélistres et imposteurs, pour vivre en oisiveté, ne veulent
jamais apprendre autre art que telle mendicité, qui à la vérité est une école de toute
méchanceté, car tels personnages saurait-on trouver plus propres pour exercer
maquerellages, semer poisons par les villages et villes, pour être boutefeux, pour faire
trahisons et servir d'espions, pour dérober, brigander et toute autre méchante pratique
? Car outre ceux qui ont été meurtriers d'eux-mêmes et qui ont cautérisé et stigmatisé
leurs corps, ou qui ont usé d'herbes et drogues pour rendre leurs plaies et corps plus
hideux, il s'en est trouvé qui ont dérobé de petits enfants, et leur ont rompu les bras et
les jambes et crevé les yeux, coupé la langue, pressé et enfoncé la poitrine, disant que
la foudre les avait ainsi meurtris pour (les portans parmi le monde) avoir couleur de
mendier, et attraper deniers783. »
« Les pauvres sont des spectres hideux qui troublent le repos des particuliers,
interrompent la joye des familles et qui ruinent la tranquillité publique. Il faut faire
taire la clameur de ces misérables qui poursuivent les paisibles bourgeois jusque dans
leurs maisons et s'assemblent en de criminels mouvements 785. »
« L'attente de Dieu »
« Aussitôt après la détresse de ces jours-là, le soleil s'obscurcira, la lune perdra son
éclat, les étoiles tomberont du ciel et les puissances des cieux seront ébranlées. Et
alors apparaîtra dans le ciel le signe du Fils de l'homme, et toutes les races de la terre
se frapperont la poitrine ; et l'on verra le Fils de l'homme venir sur les nuées du ciel
avec puissance et grande gloire... Il placera les brebis à sa droite et les boucs à sa
gauche. Alors le roi dira à ceux de droite : " Venez les bénis de mon Père, recevez en
héritage le royaume qui vous a été préparé depuis la fondation du monde... " Alors il
dira à ceux de gauche : " Allez loin de moi, maudits, dans le feu éternel qui a été
préparé pour le diable et pour ses anges... ". »
Ces passages de l'évangéliste ont, plus que tous les autres, inspiré
l'iconographie du Jugement dernier sur les tympans des XIIe-XIIIe siècles.
Or, ils sont corroborés non seulement par des textes parallèles de saint
Marc (XII et XIII) et de saint Luc (XII), mais aussi par Isaïe (XXIV-
XXVII), par Ezéchiel (Ier ; VIII ; XXI; XXXVII : dans ce chapitre, sont
annoncés le rassemblement des os desséchés et la résurrection de la
chair), par Daniel (II ; VII ; XII), par de nombreux psaumes, notamment
le psaume 939 qui est proche du chap. xxv de saint Matthieu, par la Ire épître
aux Corinthiens, (xv, 52), par la Ire à Timothée (IV, 13-17) et enfin, bien
sûr, par l'Apocalypse dont les éléments complexes et même
contradictoires associent la promesse du millenium à la prophétie d'un
Jugement dernier que ne précéderait aucun temps préalable de paix sur la
terre avec le Christ revenu. De la confluence de ces prophéties 807 et de ces
images sortit une représentation de plus en plus enrichie et sans cesse
plus tragique, à mesure qu'on s'approche du XVIe siècle, du drame ultime
de l'histoire humaine. Les principales composantes en sont : les anges
dont les trompettes annoncent à la terre des cataclysmes terrifiants ;
l'apparition, au-dessus d'un arc-en-ciel, du Juge assis sur un trône
étincelant, l'épée à la bouche, entouré d'animaux fantastiques, de
chérubins, des apôtres et des vingt-quatre sages ; la résurrection de la
chair ; le livre de la vie et de la mort ; la séparation des élus et des
réprouvés, les premiers en robe blanche entrant dans l'éblouissante
Jérusalem céleste, les autres précipités dans les tourments de l'enfer.
Ce qui caractérise à partir du XIVe siècle l'iconographie et la littérature
consacrées au Jugement dernier, c'est l'accent mis : a) sur la variété et le
caractère épouvantable des épreuves qui s'abattront sur l'humanité — les
quinze signes de la fin du monde que Bède le Vénérable disait avoir lus
dans saint Jérôme ; b) sur la sévérité du Dieu-justicier — il faisait peur à
Luther et à la plupart des chrétiens conscients de sa génération ; dans un
Jugement dernier de Lucas de Leyde, il délègue à Satan le soin de tenir le
livre où sont inscrites les actions humaines (musée de Leyde) ; c) sur
l'atrocité des tourments infernaux, alors qu'au XIIIe siècle les artistes, le
plus souvent, nous arrêtaient au seuil du lieu des supplices. Or, avec ses
dominantes tragiques, « dans les cathédrales des grandes villes comme
dans les chapelles des villages alpestres les plus reculés, ce thème
impressionnant du Jugement dernier s'est partout répandu 808 » au XVe et
au XVIe siècle. Car aux œuvres grandioses d'Albi, d'Orvieto (Luca
Signorelli) et de la Sixtine, aux compositions de R. Van der Weyden (à
Beaune), de J. Van Eyck (musée de Léningrad) et de Memling (à
Gdansk), à la célèbre Apocalypse gravée par Dürer, répondent désormais,
partout disséminées, des représentations du Jugement dernier qui
attestent par leur nombre la dimension de cette peur. J. Fournée, étudiant
les vitraux de la cathédrale de Coutances consacrés à ce thème (seconde
moitié du XVe siècle), les compare à d'autres œuvres réalisées en
Normandie sur le même sujet : 3 sont des XII-XIIIe siècles, 6 du XIVe, 6
du XVe, 16 du XVIe, et 1 du début du XVIIe 809.
Les deux grandes visions eschatologiques qu'on vient de distinguer —
celle du millenium et celle du Jugement dernier — revêtent — au moins
dans leurs formulations les plus catégoriques — des significations bien
différentes. L'une peut être qualifiée d'optimiste puisqu'elle laisse
apercevoir à l'horizon une longue période de paix au cours de laquelle
Satan sera enchaîné en enfer. L'autre est de coloration bien plus sombre.
Certes, le Jugement final place définitivement les élus en paradis ; mais
qui peut dire d'avance qu'il sera compté parmi les brebis à la droite du
Souverain Juge ? Celui-ci apparaît dur et sévère. Le dernier jour de
l'humanité est bien celui de la colère : dies irae. Seconde distinction
essentielle : la conception du millenium a eu tendance à se teinter, en
Occident comme chez les adeptes mélanésiens du Cargo, d'une
coloration matérialiste, à la limite peu chrétienne, en particulier chez les
chiliastes révolutionnaires. Durant les mille ans du règne des saints,
souffrance, maladie, misère, inégalité, exploitation de l'homme par
l'homme auront disparu de la terre. Ce sera le retour à l'âge d'or —
éternelle aspiration humaine — que certains, à Tabor ou à Münster, se
représentaient comme un authentique pays de cocaïne. Ces éléments
concrets ne sont pas absents du millénarisme modéré du P. Vieira, jésuite
portugais qui, au XVIIe siècle, promet à son souverain l'empire du
monde810. Le Portugal de ce temps est en effet traversé de courants
messianiques qui se fondent sur les messages inspirés (les trovas) d'un
cordonnier du XVIe siècle et que répandent les moines d'Alcobaça. Au
temps de l'occupation espagnole (1580-1640), on se refuse à croire à la
mort du roi Sébastien, disparu811 à la bataille d'Alcaçar-Quivir (1578). Il
reviendra redonner gloire et liberté à son peuple. La révolution
anticastillane de 1640 exalte les espérances millénaristes. Désormais et
inlassablement au cours de sa longue carrière, Vieira (1608-1697) prédit
aux rois successifs de son pays un destin hors série. Comètes, tempêtes et
inondations lui paraissent annoncer le passage au millenium ,au cours
duquel le pape et le souverain du Portugal gouverneront ensemble un
monde pacifié, les Turcs ayant été vaincus et les Juifs amenés à la vraie
foi. Or, ce règne sera tout ensemble spirituel et temporel. Il créera, lui
aussi, un pays de cocagne, pour le plus grand profit de Lisbonne et du
Portugal. S'adressant à Jean IV, il lui assure que cet empire bienheureux
sera constitué « pour l'augmentation de la foi, pour la gloire de l'Eglise,
pour l'honneur de la nation portugaise, pour l'accroissement des biens de
la fortune et la plus grande abondance des biens de la grâce812 ». Dans un
autre texte, Vieira, se situant par avance dans le temps béni qu'il
prophétise, admire le dessein divin qui a choisi Lisbonne comme capitale
de la terre régénérée :
« De même que le monde fut renouvelé par le déluge, Dieu envoie ses tribulations
pour renouveler son Eglise à ceux qui seront dans l'arche ... Et voilà ce que dit notre
psaume: "Chantez un chant nouveau au Seigneur. " O vous que Dieu a choisis, ô vous
qui êtes dans l'arche [les Florentins], chantez un chant nouveau parce que Dieu veut
renouveler son Eglise ! »
« Sois assurée, Florence que si tes citoyens possèdent les vertus que j'ai décrites,
bénie tu seras, car tu deviendras vite cette Jérusalem céleste. »
« J'annonce ces bonnes nouvelles à la cité de Florence : elle sera plus glorieuse,
plus riche, plus puissante que jamais auparavant. D'abord glorieuse aux yeux de Dieu
comme à ceux des hommes, car toi, Florence, tu seras la réforme de toute l'Italie ;
chez toi commencera le renouveau qui rayonnera dans toutes les directions, puisque
c'est ici que se trouve le cœur de l'Italie. Tes conseils réformeront tout à la lumière de
la grâce que Dieu te donnera. Deuxièmement, Florence, tes richesses seront
innombrables et Dieu multipliera tout en ta faveur. Troisièmement, tu étendras ton
empire et tu jouiras ainsi de la puissance temporelle et de la puissance spirituelle 820...
»
Il écrivit dans une lettre datée de 1500 : « C'est moi que Dieu a choisi pour son
messager, me montrant de quel côté se trouvaient le nouveau ciel et la terre nouvelle
dont le Seigneur avait parlé par la bouche de saint Jean dans son Apocalypse et dont
Isaïe avait fait mention auparavant821. »
« ... La terre ne sera pas nue, aride et désolée après le Jugement dernier, car saint
Pierre a dit que nous attendons une nouvelle terre où la justice habite. Dieu, qui créera
une nouvelle terre et de nouveaux cieux, y mettra de petits chiens dont la peau sera
d'or et dont les poils seront de pierres précieuses. Il n'y aura plus d'animaux
carnassiers, ni de bêtes venimeuses comme les serpents et les crapauds qui sont
devenus malfaisants et nuisibles à cause des péchés de la terre. Ces bêtes, non
seulement cesseront de nous être nuisibles, mais elles deviendront aimables, jolies et
caressantes, afin que nous puissions jouer avec elles 823. »
« Et mesme je dedie et consacre cest œuvre [les Cent Sermons sur l'Apocalypse] à
vous tous qui estes espars par divers peuples et royaumes, qui seuls estes consacrez au
Seigneur Jésus le Fils de Dieu, attendans la venue d'iceluy en jugement, auquel
finalement nous serons pour certain delivrez de toutes oppressions ; et lors sera faite
indubitablement cette restauration attendue de tous temps et remplie de tout bonheur
et tant clairement et fermement promise et fidèlement annoncée tant par les prophètes
que par les apôtres 825. »
« Hâte, ô mon Sauveur, le temps de ton retour ; envoie tes anges et fais retentir les
terrifiantes et joyeuses trompettes. » Ailleurs revient la même espérance : « « O jour
béni ..., s'approche-t-il ce jour de joie et de bénédiction ? Oui, il vient à grands pas,
celui qui vient viendra, il ne tardera pas828. »
Quelques années plus tôt, R. Sibbes avait affirmé : « Nous devons tenir
pour une grâce le second retour glorieux du Christ 829. »
Ainsi, les deux attentes eschatologiques pouvaient être sources
d'espérance. Mais il est certain qu'elles furent plus souvent causes de peur
et que l'imagination se porta surtout sur les malheurs qui devaient
précéder soit le millenium, soit le Jugement dernier — lui-même
singulièrement redoutable. Qu'on s'attendît à l'un ou à l'autre, il était rare
qu'on n'accordât pas une place importante à l'Antéchrist. Pour certains, sa
venue sur terre était imminente. Pour d'autres il était déjà né. Cette figure
sinistre n'appartient pas à l'Apocalypse, encore qu'en se constituant dans
l'imagination collective elle ait été progressivement associée à «
Babylone la grande, repaire de démons » et à la « bête écarlate »
qu'évoque le livre des Révélations. En revanche, l'Antéchrist, soit comme
personnage individuel, soit comme personnage collectif, vient des épîtres
de saint Jean et de la seconde épître de saint Paul aux Thessaloniciens.
Jamais la chrétienté n'avait autant parlé de l'Antéchrist qu'à partir du
Grand Schisme. On vécut dans la hantise de l' « homme impie, l'être
perdu, l'adversaire, celui qui s'élève(ra) au-dessous de tout ce qui porte le
nom de Dieu ou reçoit un culte, allant jusqu'à s'asseoir en personne dans
le sanctuaire de Dieu, se produisant lui-même comme Dieu » — ainsi le
décrivait par avance saint Paul aux Thessaloniciens 830. La prédication —
en particulier les sermons de saint Vincent Ferrier et de Manfred de
Vercelli —, la diffusion de la Légende dorée qui, au chapitre de l'avent,
annonce quelles seront les impostures de l'ennemi de Dieu, le théâtre
religieux, les multiples Vie de l'Antéchrist que répandit l'imprimerie
naissante, la peinture831 et la gravure grâce à Signorelli et à Dürer
popularisèrent la crainte de ce puissant ennemi de Dieu et des hommes.
L'antijudaïsme aidant, tel prédicateur et telle Vie du mauvais Antéchrist
crurent pouvoir assurer qu'il devait naître — ou était déjà né — d'un «
paillard juif abominable » connaissant charnellement sa propre fille832.
D'autres, de plus en plus nombreux, à mesure que s'amplifiaient les
polémiques religieuses, identifièrent l'Antéchrist avec l'ennemi qu'ils
combattaient. Pour Wyclif, Jean Hus et Savonarole, ce fut le pape. Pour
la curie romaine, ce fut Savonarole, puis Luther. Pour les extrémistes qui
suivaient Müntzer l'Antéchrist avait deux visages : celui de Luther et
celui du pape. Pour Luther aussi, il avait deux noms : le pape et le Turc.
Comment, dans ces conditions, n'aurait-on pas redouté, même si l'on
espérait un millenium prochain, l'action de l'être démoniaque qui
multiplierait sur terre mensonges, crimes et sacrilèges ? L'avenir
immédiat était donc très sombre devant les hommes qui furent
successivement contemporains de Jean Hus, puis de la Réforme.
« Il y aura partout du sang. Il y aura du sang dans les rues, du sang dans le fleuve ;
les gens navigueront sur des flots de sang, des lacs de sang, des fleuves de sang ...
Deux millions de démons sont lâchés dans le ciel ... parce que plus de mal a été
commis au cours de ces dernières dix-huit années qu'au cours des cinq mille qui ont
précédé 869. »
« Luther a cru qu'en jetant l'épouvante dans les âmes il les attirerait plus facilement
à sa nouvelle doctrine et c'est pourquoi il a tant parlé du Jugement dernier et de
l'avènement de l'Antéchrist ... Si le vent souffle avec violence, si la tempête
bouleverse la mer, c'est l'annonce évidente du dernier Jugement, de l'avènement tout
proche de Jésus-Christ ! Or, tout ce qu'écrit Luther est lu avec avidité, on le reçoit
avec foi, avec vénération comme autant de messages apportés par un envoyé céleste
878
.»
« Veu donc que ces temps presens sont fort misérables et calamiteux, ce prophète
[Daniel] se doit entendre soigneusement lequel presche nous autres qui sommes nais
sur la fin du monde, et le faut contempler jusqu'au fond, afin qu'en ces maux présens
soyons munis comme d'un rempart et glacés de certaines consolations contre les flots
et tempestes qui nous menacent880. »
« Le monde est sur sa fin ... Il est comme un homme qui tire à la mort tant qu'il
peut. Maintenant donc, pourvoy à ta maison ..., renonce à la corruption ... et, ayant
mis à part en quelque lieu tes contemplations qui te sont tant fâcheuses, haste-toi de
vuider de ce monde. Car autres pires calamitez adviendront que celles que tu as vues
advenir 885. »
Bullinger († 1575), qui gouverna pendant de longues années l'Eglise de
Zürich, tout en se refusant à avancer une date, jugeait, lui aussi, que la
plénitude des temps était quasiment réalisée :
« J'estime qu'à présent il est tout clair par la très évidente doctrine de Notre-
Seigneur Jésus-Christ, par les responses non ambiguës des très saints prophètes de
Dieu et par l'apparente interprétation des apostres d'élite de Christ, finalement par la
notoire conférence des choses (lesquelles en partie, selon le témoignages des histoires
véritables, sont desja accomplies, en partie s'accomplissent journellement devant nos
yeux) que les prophéties des derniers temps sont desja accomplies, et pour cela que le
jour du Seigneur est prochain 886 ...»
A côté de la peste, les famines, les guerres, voire l'irruption des loups
étaient toujours interprétées par l'Eglise, et plus généralement par les
guides de l'opinion, comme des punitions divines : flèches acérées
envoyées du Ciel sur une humanité pécheresse. C'est ainsi que
Savonarole présenta aux Florentins les premiers épisodes des guerres
d'Italie. Des textes, très officiels, de traités de paix parlent le même
langage.
« Il est tout certain que le plus souvent ces créatures monstrueuses procèdent du
jugement, justice, chastiment, et malédiction de Dieu, lequel permet que les pères et
mères produisent telles abhominations en l'horreur de leur péché, parce qu'ils se
précipitent indifféremment comme bestes brutes où leur appétit les guide sans
observation de temps, de lieu ou aultres lois ordonnées de nature897. »
« Comment [Dieu] saurait-il endurer cela à la longue ? Il faut bien qu'en définitive
il sauve et protège la vérité et la justice, qu'il châtie le mal et les méchants, les
blasphémateurs venimeux et les tyrans. Sinon, il perdrait sa divinité et, pour finir ne
serait plus considéré un Dieu par personne si chacun faisait sans trêve ce dont il a
envie et méprisait sans vergogne et si honteusement Dieu, sa Parole et ses
commandements, comme s'il était un fou ou un pantin qui n'attacherait aucun sérieux
à ses menaces et à ses ordres ... Et dans un tel état de choses je n'ai d'autre réconfort ni
d'autre espoir, si ce n'est que le dernier jour est imminent. Car les choses sont
poussées à un extrême tel que Dieu ne pourra l'endurer davantage 901. »
« Les villes et villages estoyent tant et plus peuplez ; les estables estoyent remplies
de bestial qui portoit à force. Les arbres penchoyent d'abondance de fruicts, les
champs estoyent couverts de blez ... Les hommes vivoyent longuement907 »
« Nous pouvons aussi remarquer que les parties de l'année ne font plus leur devoir,
comme elles soulaient, la terre se lasse, les montagnes ne donnent plus telle
abondance de métaux, l'âge de l'homme diminue de jour en jour et non seulement la
vertu et force de nature, mais aussi la piété et l'honnêteté : tellement que nous pouvons
dire que le monde est en son déclin et approche de sa fin 909. »
« Le monde est sur sa fin. Et pourtant [= et donc], il est desja comme un homme qui
tire à la mort tant qu'il peut. A ceste cause son entendement et son cueur est du tout
amusé et addonné aux choses mortes, c'est-à-dire aux choses terriennes qui sont
comme choses mortes à comparaison des choses célestes ... Plus les hommes
approchent de leur sépulchre, et tant plus ils sont convoiteux des biens terriens qui ne
sont que terre comme eux. Et par ainsi tant moins ils en ont besoin, et tant plus ils en
désirent 910. »
« ... Autres pires calamitez adviendront que celles que tu as vues advenir. Pour ce
que d'autant que le siècle sera fait plus faible pour vieillesse d'autant seront les maux
multipliez sur ceux qui habitent en iceluy. Car vérité de plus en plus se recule, et
mensonge approche911. »
Il m'est advis de ce monde que je voye un vieil edifice ruineux, duquel l'arène [le
sable], le mortier et les pierres et toujours quelque petit quartier de muraille tombe
petit à petit. Que pouvons-nous plus attendre d'un tel édifice qu'une ruine soudaine,
voire à l'heure qu'on y pensera le moins912 ? »
« Il court des bruits de guerre, l'Evangile est prêché partout, quelques Juifs se
convertissent, l'Antéchrist se fait connaître, les diables sont furieux, le vice règne, le
zèle se refroidit, la foi s'affaiblit, les étoiles tombent. Toutes sortes de pestes ont fait
sonner la dernière trompette : et par des signes prodigieux on voit clairement qu'ils
annoncent l'approche du Fils de l'homme 937. »
« Nous voici tombés dans la profondeur de l'hiver. Le printemps est passé ; l'été a
eu sa saison ; l'automne a donné ses fruits. Maintenant l'hiver a secoué et fait tomber
les feuilles et ne nous a laissé que des arbres nus, dépouillés et stériles. Le dernier
mois de la grande année du monde est arrivé pour nous. Nous sommes en plein
décembre 938. »
A l'époque de la guerre civile, la chute du trône et la multiplication des
sectes en Angleterre parurent à de nombreux théologiens pessimistes les
preuves définitives que le démon était déchaîné et que le retour du Christ
ne pouvait plus tarder940.
A l'inverse de ce qui se passait en Angleterre et en Allemagne, il est
manifeste, malgré des remontées de peur comme celle de 1654, que la
Réforme catholique provoqua un reflux des angoisses et des attentes
apocalyptiques. Dans la mesure où la propagande protestante désignait
inlassablement le pape comme l'Antéchrist et l'Eglise romaine comme la
« bête » de l'Apocalypse, la riposte de l'adversaire ne pouvait que jeter le
doute sur ces affirmations trop péremptoires, voire tourner en ridicule un
catastrophisme permanent qui voyait dans tout prodige un signe avant-
coureur de la fin du monde. Le prédicateur catholique Georges Wizel,
précédemment cité, donna dès 1536 le ton de la réplique :
« Nous voyons tous les jours des escrits sortir de leur boutique qui prophétisent
ceste ruine papale, et de toute la papimanie (ce sont leurs mots). Ce sont des gens qui
ont perdu tant d'huile sur l'Apocalypse et Daniel ... C'est là où ils trouvent ... la ruine
infaillible de leur Antichrist, le banissement de la catholicité de la France, et mille
autres telles resveries 942. »
Satan
1. Montée du satanisme
« Presque partout, près de nous comme au loin, le nombre des possédés est si
considérable qu'on en est surpris et affligé, et c'est peut-être la vraie plaie par laquelle
notre Egypte et tout le monde caduc qui l'habite sont condamnés à périr971. »
« Il a de grandes cornes, ses cheveux sont tout hérissés, son visage est hideux, ses
yeux sont ronds et flamboyants, son nez long, de travers et, crochu, sa bouche,
démesurément grande, inspire l'horreur et l'effroi, son corps est entièrement noir. »
« Quand un auteur dramatique veut plaire au public, il faut de toute nécessité qu'il
lui montre beaucoup de diables ; il faut que ces diables soient hideux, crient, hurlent,
poussent des clameurs joyeuses, sachent insulter et jurer et finissent par emporter leur
proie en enfer, au milieu de rugissements sauvages ; il faut que le vacarme soit
horrible. Voilà ce qui attire le plus le public, voilà ce qui lui plaît davantage 972. »
« La vie des saints qui nous parlait jadis de l'amour et de la miséricorde divine, des
devoirs de la charité chrétienne, qui nous exhortait à les pratiquer, n'est plus de mode
aujourd'hui, et n'est plus en faveur comme par le passé auprès des bons et pieux
chrétiens. En revanche, tout le monde achète des livres de magie, des images ou des
rimes sur les sciences occultes et diaboliques 974. »
3 Le « prince de ce monde »
« L'autre cornu, écrit cet auteur, c'est le nom que nous donnons au diable. Un diable
assez particulier. Ce n'est pas le diable commun représenté sur les tables saintes que le
père Barnabé suspend à une corde en travers du chœur, pendant les retraites pour
expliquer le Jugement dernier. Vous savez bien ! Une espèce de bête rouge à longue
queue, acharnée à piquer le cuir des réprouvés hurlants. Non ! C'est un diable bien
humain, avec toute l'allure d'un bon Breton de basse Bretagne qui aurait mangé son
bien, un Juif errant qui traînerait ses chausses par le pays, adonné aux besognes nobles
: conclure les mariages, semer la réjouissance dans les repas de noces et les veillées,
saler le cochon...
« Au catéchisme, monsieur le curé nous le peint comme notre ennemi juré, celui
qui veut notre perte et arrive immanquablement à ses fins si nous cessons un moment
d'être sur nos gardes. " Qui est dans le miroir et qu'on ne voit jamais ? " interroge le
prêtre. Et nous de répondre en chœur : " Le diable ! " Eh bien, le diable en question,
dans les histoires de grand-père, rien ne lui réussit jamais 984. »
« Une beste bien fort terrible, tant par la grandeur démesurée de son corps que pour
sa cruauté..., sa force est en ses reins et sa vertu au nombril de son ventre; il estrainct
[il raidit] sa queuë comme un cedre, les nerfs de ses genitoires sont retortillez, et ses
os comme tuyaux et ses cartilages comme lames de fer... Autour de ses dents est la
peur : son corps est comme des escus de fonte, il est entassé d'escailles qui se pressent
l'une l'autre; il est armé de toutes parts et ne peut estre grappé d'aucun endroict 990. »
« Nous sommes corps et biens assujettis au diable et des étrangers, des hôtes, dans
le monde dont le diable est le prince et le dieu. Le pain que nous mangeons, le
breuvage que nous buvons, les vêtements dont nous nous servons, bien plus l'air que
nous respirons et tout ce qui appartient à notre vie dans la chair est donc son empire
994
.»
Trois quarts de siècle plus tard, Maldonado assure de son côté : « Il n'y
a point de puissance sur terre qui soit comparée à la sienne 995. » Dès lors,
« qui peut résister au diable et à la chair ? Il n'est même pas possible que
nous résistions au péché le plus insignifiant ». Luther, qui pose cette
question, reprend à son tour le texte de Job (chap. XL et XLI) : le démon,
dit-il, « regarde le fer comme de la paille et il ne redoute aucune force sur
terre 996 ». Semblable évaluation du pouvoir de Satan convenait
évidemment à la théologie de la justification par la foi qui postule un
homme exsangue affronté à la puissance perverse du Malin. Aussi Calvin
enseigne-t-il que c'est folie pour l'homme de venir seul « en combat
contre le diable si fort et si grand batailleur ».
« ... Par altération ou mutation des choses, ils font souvent des merveilles dont les
causes sont naturelles, mais incongnues à nous. Car ils voient les substances de toutes
les choses naturelles, en cognoissent les particulières proprietez, et les saisons plus
commodes de les appliquer, et n'ignorent enfin aucune sorte d'artifice ou d'industrie.
Par quoy ne faut s'ébahir si souvent se font plusieurs choses, que la seule opération de
Nature n'eust jamais faite, si par une artificielle application les démons ne l'eussent
aydée, se servant des agens naturels comme d'instruments et d'outils... Telles œuvres
toutefois ne sortent jamais des bornes et limites de la nature1001.»
Ces bases théoriques une fois établies, la liste des pouvoirs des démons
ne peut manquer d'être longue et inquiétante. Continuons sur ce sujet de
lire l'ouvrage de Del Rio, car il regroupe dans un ensemble cohérent les
éléments d'une science démonologique qui s'était développée au cours
des âges et atteint vers 1600 sa plus grande ampleur. Son texte parle
indifféremment des sorciers ou des diables, ces derniers déléguant leur
puissance à ceux qui ont conclu un pacte avec Satan.
Les magiciens peuvent donc faire mourir le bétail ou le rendre malade
par le moyen de poudres, graisses, clins d'œil, paroles, attouchements de
main ou de baguette. Ils suscitent des démons en forme de loups qui
entrent dans les troupeaux et bergeries « pour y gaster et dévorer le bétail
1002
».
Ils peuvent « dépeupler un champ de moissons et de fruits pour les
faire aller en un autre », et par le moyen de charmes appropriés détruire
toutes sortes de récoltes ou rendre les champs stériles 1003. Ils peuvent,
jetant en l'air certaines poudres que « le démon leur baille » faire naître
chenilles, locustes, sauterelles, limaçons, rats et autres vermines qui
minent et rongent les herbes et les fruits, à moins que ces pestes des
champs et des jardins ne « soient procréées de corruption et putréfaction
par le démon mesme1004 ».
Ils peuvent brûler des maisons, tirer des captifs de prison, « faire lever
les sièges de devant les villes, les faire prendre d'assaut, et causer les
victoires en batailles rangées », ou encore « élever les hommes aux
honneurs et dignitez 1005 ».
Le diable est capable de « battre et forger des pièces d'or et d'argent
telles qu'il voudra, voire ... produire la matière d'icelles ». Il connaît tous
les trésors du sous-sol, toutes les richesses « submergées en la mer »,
toutes les mines d'or et d'argent, toutes les cachettes de perles et de
pierres précieuses et « peut de tout cela prendre ce qui luy plaist sans
qu'aucun luy ose ou puisse résister : comme aussi beaucoup plus
finement et secretement qu'aucun homme peut-il tirer monnaye des
bourses et tarir les sachets remplis d'argent 1006 ».
Il existe des démons incubes et succubes, et de l'accouplement d'un
incube avec une femme peut résulter un être humain. Toutefois, comme
le Malleus 1007, Del Rio assure que, dans ce cas, le vrai père n'est pas le
démon, mais l'homme dont il a « supposé la semence 1008 » : bel exemple
de réalisation du « mouvement local ».
Comme les auteurs du Malleus également et la plupart des
démonologues de son temps, Del Rio croit que les sorcières peuvent être
véritablement transportées aux sabbats auxquels elles n'assistent pas
seulement « par illusion et fantaisie d'esprit ». Elles font alors le voyage «
tantost sur un bouc ou autre animal, tantost sur un baston ou manche de
balay, tantost sur une espèce d'homme forgée de l'air par le démon 1009 ».
Une question alors très discutée était celle de la lycanthropie : les
puissances infernales peuvent-elles métamorphoser véritablement des
hommes en bêtes, notamment en loups ? Le Malleus et Del Rio
répondent par la négative. Deux possibilités peuvent en revanche se
rencontrer. Ou bien le démon « par un mélange et trouble inégal des ...
humeurs, et par une excitation des vapeurs propres et convenables à son
entreprise » fera en sorte que « l'homme forge en son esprit telles
imaginations qu'il voudra lui envoyer ». Ou bien on se trouvera en
présence de vrais loups, mais possédés par le démon, et dans ce cas
n'espérons pas blesser ou capturer de telles bêtes 1010. A ces opinions
modérées, s'oppose celle, tout à fait catégorique de Jean Bodin qui,
s'appuyant sur les procès de plusieurs lycanthropes, affirme :
« Or, si nous confessons que les hommes ont bien la puissance de faire porter des
roses à un cerisier, des pommes à un chou et changer le fer en acier et la forme
d'argent en or, et faire mille sortes de pierres artificielles qui combattent les pierres
naturelles, doibt-on trouver estrange si Satan change la figure d'un corps en l'autre,
veu la puissance grande que Dieu luy donne en ce monde élementaire 1011 ? »
« ce que doivent faire les hommes et quand ; ou bien aussi que Dieu punira tel
peuple, que telle armée sera détruite par le glaive, par la famine et par la pestilence,
que tel sera tué par un tel, que tel prince sera chassé de son trône ; car il peut colliger
cela de la diligence et fidélité des conjurez, et de la négligence de se garder, ou de
découvrir telle entreprise 1017 ».
En fait Satan, d'une façon ou d'une autre, connaît les trois quarts de
l'avenir.
Voici maintenant ce qui a trait au jeu effrayant du diable et de la mort.
Car le Malin a coutume « aucunes fois » de « vestir » les corps des
trépassés et d' « apparoistre en iceux ». Son pouvoir est particulièrement
grand sur les cadavres enterrés en terre non consacrée. Mais, plus
généralement, son action sur les défunts s'explique par la puissance qui
lui a été donnée sur l'ensemble des « choses corporelles ». Il fera donc en
sorte, le cas échéant, que des cadavres ne pourrissent pas, que des cœurs
ou des corps entiers résistent au feu pendant quelque temps, que les
cheveux et les ongles de trépassés continuent de pousser 1018.
Les démons disposent donc d'une certaine autorité sur les cadavres.
Mais — question très grave — peuvent-ils « séparer vrayment l'âme
d'avec le corps, sçavoir est pour la mort » ; en d'autres termes, ont-ils
pouvoir de tuer ? Del Rio répond par l'affirmative : Asmodée n'a-t-il pas
étranglé les sept maris de Sara ? Satan n'a-t-il pas fait mourir tous les
enfants de Job ? Et « n'en tue-t-il pas tous les jours un grand nombre par
maléfices et sortilèges 1019 » ? Argumentation identique chez Maldonado.
A la question de savoir si les démons peuvent tuer les hommes, « Je
responds qu'ils le peuvent », et de citer à nouveau le sort des enfants de
Job et des sept premiers maris de Sara 1020. Soixante ans auparavant,
Luther avait enseigné dans le Grand Catéchisme :
« Le diable, puisqu'il n'est pas seulement un menteur, mais encore un meurtrier [cf.
Jn VIII, 4], attente sans cesse à notre vie même et décharge sa colère en nous causant
des accidents et des dommages corporels. De là vient qu'à plus d'un il rompt le cou ou
fait perdre la raison; certains, il les noie dans l'eau et nombreux sont ceux qu'il pousse
au suicide et à bien d'autres malheurs atroces. C'est pourquoi, sur la terre, nous
n'avons pas autre chose à faire qu'implorer sans cesse contre ce principal ennemi. Car
si Dieu ne nous sauvegardait pas nous ne serions pas, une heure durant, à l'abri de ses
coups1021. »
« Les démons en effet..., qui par leur force peuvent déplacer des corps, peuvent par
ce mouvement atteindre les idées et les humeurs, donc aussi la fonction naturelle, je
veux dire, la manière dont certaines choses sont vues par les sens et l'imagination 1024.
»
Soit, par exemple, un homme qui se trouve tout à coup sans verge. Nul
doute que les démons aient effectivement le pouvoir — avec la
permission de Dieu — d'enlever réellement le membre viril à l'une de
leurs victimes. Mais il peut tout aussi bien s'agir d'un maléfice opéré par
une sorcière et, dans ce cas, nous sommes en présence d'une « déception
»,
« le diable faisant remonter à la fantaisie et imagination les formes et les idées d'un
corps plat, sans membre viril, de manière à ce que les sens croient que c'est ainsi dans
la vérité des choses 1025 ».
Alors, « la déception ne vient pas du réel puisque la verge est bien en
place, mais des organes des sens 1026 ». Le Malleus n'a aucune peine à
expliquer par des « illusions » de ce genre des faits par ailleurs étonnants
: un homme qui apparaît soudain transformé en animal, une chose claire
qui devient obscure, une vieille femme tout à coup rajeunie, « tout
comme après les larmes la lumière apparaît différente de ce qu'elle était
auparavant 1027 ». Dès lors apparaissent relativement oiseuses les
discussions entre démonologues 1028 sur les loups-garous et les transports
aux sabbats, puisque ce que Satan ne réalise pas effectivement il
s'arrange pour faire croire qu'il le fait vraiment. L'important est alors de
s'armer de la prière pour exorciser et dissiper les « illusions » du grand
séducteur. Car croire à ces « illusions », aller grâce au diable en
imagination au sabbat, c'est pécher aussi gravement que d'y aller
réellement.
Les tableaux de J. Bosch sont l'illustration picturale de la croyance
générale de l'époque aux « jeux trompeurs » du diable. La multiplicité et
l'inépuisable cocasserie des êtres et des objets — séduisants ou horribles
— que Satan fait surgir dans l'univers du peintre flamand donnent la
mesure d'une angoisse collective : l'homme, croyait-on, se heurte sans
cesse aux pièges de l'enfer, et ceux-ci, même « illusoires », n'en sont pas
moins dangereux. Car ils désarçonnent la faiblesse humaine, égarant les
esprits les plus avertis. Aux compositions affolantes de J. Bosch, répond
un texte significatif de Luther :
« Par l'entremise de ses enchanteresses [les sorcières] Satan peut nuire aux enfants,
par l'angoisse du cœur en les aveuglant, en les dérobant, en faisant entièrement
disparaître un enfant et en prenant la place de l'enfant disparu dans le berceau...
« L'enchantement n'est ... rien d'autre qu'une machination et un jeu trompeur du
diable, soit qu'il abîme un membre, soit qu'il porte la main sur le corps [entier] ou,
qu'il l'enlève. Il peut aussi très bien faire cela à des vieillards. Il n'est donc pas
étonnant qu'il ensorcelle ainsi des enfants. Tout cela, en vérité, n'est cependant qu'un
jeu. Car ce qu'il a dérangé par ses maléfices, il peut le guérir à ce qu'on dit. Mais il ne
guérit en général qu'en paraissant restaurer l'œil ou un autre membre blessé. Car il n'y
avait pas de blessure, mais il se jouait des sens de ceux qu'il ensorcelait ou de ceux qui
voyaient ses victimes, au point qu'ils ne pensaient pas à une illusion...
« Si grande est la ruse de Satan et le pouvoir qu'il a de se jouer de nous! Qu'y a-t-il
là d'étonnant : un verre [coloré] ne change-t-il pas nos sensations et nos couleurs ? Il
se joue donc très facilement de l'homme par ses enchantements : ce dernier pense voir
alors quelque chose qu'il ne voit pourtant pas, entendre une voix, le tonnerre, une flûte
ou une trompette qu'il n'entend pourtant pas 1029. »
« Mais vos pères, bien qu'ils aient reçu le saint baptême, n'ont pas délaissé les
huacas et, en cachette, ils ont continué à adorer le démon. C'est à cause de ce péché
d'idolâtrie que les Indiens sont morts et non par excès de travail, car ils travaillaient
davantage au temps de l'Inca 1060... »
« ... comment tous leurs ancêtres, tous leurs souverains se trouvent maintenant dans
ce séjour de souffrances parce qu'ils ne connurent pas Dieu, ne l'adorèrent point, mais
qu'ils adorèrent le soleil, les pierres et autres créatures 1061 ».
« Dites-moi maintenant, mes fils, de tous ces hommes qui sont nés sur cette terre
avant que les Espagnols n'y prêchent le saint Evangile, combien se sont sauvés ?
Combien ? Combien sont allés au ciel ? — Aucun. — Combien d'Incas sont allés en
enfer ? — Tous. — Combien de reines ? — Toutes. — Combien de princesses ? —
Toutes. Car ils ont adoré le démon dans les huacas1062. »
Pour être plus convaincants, les missionnaires, comme les pères Le
Nobletz et Maunoir en Bretagne, présentaient à leurs auditeurs de grands
tabeaux où étaient figurés le paradis et l'enfer. Le premier accueillait les
Indiens convertis, le second leurs ancêtres et ceux qui s'obstinaient dans
l'idolâtrie. Effrayante acculturation! Elle traumatisa profondément des
groupes humains « dont tout le système religieux et socioculturel reposait
sur les liens de parenté et le culte des morts1063 ». Que cette acculturation
ait — au moins localement (par exemple, dans la région de Pazcuaro) —
atteint ses objectifs, c'est que S. Gruzinski a démontré brillamment grâce
à une lecture à la fois historique et ethno-psychiatrique des « visions »
d'Indiens du Mexique que les jésuites ont relatées dans leurs comptes
rendus des années 1580-1620 1064. Ce que prouvent ces délires (d'origine
alcoolique ou psychotique) qui s'expriment par des paroles et des images
chrétiennes, c'est que l'acculturation a dépassé l'étage du conscient pour
pénétrer dans les profondeurs de l'être humain. Il s'agit donc d'un test
beaucoup plus révélateur que l'adoption d'emprunts culinaires,
vestimentaires ou rituels à la religion des conquérants. Les délires de ces
Indiens renvoient aux sermons des missionnaires. 57 « visions » sur 99
comportent des éléments démoniaques ou répressifs. Le paradis apparaît
deux fois moins que l'enfer, les élus sont trois fois moins présents que les
damnés. En outre, l'ange gardien est aussi bien menaçant que
réconfortant et les saints et religieux peuvent prendre visages de
persécuteurs. Au total, 35 « visions » seulement sur 99 ne revêtent pas
une tonalité angoissante, tandis que les autres expriment une religion
dualiste qui met l'accent sur la menace et le châtiment. A l'évidence, les
visionnaires revivent des scènes qu'on leur a non seulement décrites du
haut de la chaire, mais rendues sensibles grâce à une technique audio-
visuelle — représentations de la crucifixion, des démons et des anges;
ostension de crânes, etc. Au besoin, les missionnaires payaient de leur
personne pour mieux convaincre leur public indien. Tel cet augustin,
Antonio de Roa, qui se soumettait au cours de ses prédications à toutes
sortes de mauvais traitements : s'humiliant pour des fautes fictives, se
faisant mettre nu, rouer de coups, et verser de la résine de pin sur ses
plaies. Après quoi on le chargeait d'une lourde croix qu'il portait en
foulant des braises. Et cela périodiquement. Les néophytes ne pouvaient
rester indifférents à de tels spectacles. Les relations jésuites notent qu'au
cours des sermons les Indiens culpabilisés se mettaient à crier, soupirer,
sangloter; ils se tapaient la tête contre les murs et le sol. Cette atmosphère
tragique refaisait surface dans les délires des Indiens qu'évoquent les
comptes rendus des missionnaires — délires qui retiraient au sorcier le
monopole exclusif de la communication avec l'au-delà. Car la confession
ultérieure que le visionnaire faisait au prêtre lui permettait une « lecture »
chrétienne de ce qu'il avait vu et entendu et en même temps lui servait de
rite salvateur et apaisant. La consolation venait après la crainte, et de la
même source. On aperçoit ainsi, par le biais d'une documentation insolite
et grâce au talent d'un habile chercheur, comment le discours chrétien
devenait assimilable et acceptable pour des mentalités indiennes en dépit
des obstacles linguistiques et conceptuels. Et on devine comment mythes
et rites chrétiens pouvaient se substituer chez les Indiens à ceux de la
période précoloniale. Il reste que, au niveau du conscient chez les
hommes d'Eglise, l'adhésion au christianisme devait obligatoirement
entraîner le reniement, si, pénible fût-il, de tout un passé religieux.
Une telle rupture, l'Eglise la jugeait nécessaire puisqu'il s'agissait d'un
combat entre Dieu et Satan entre lesquels il fallait obligatoirement
choisir. Or, dans cette lutte farouche Dieu intervenait par des miracles en
faveur des chrétiens. Son honneur était en jeu et il montrait en de
multiples occasions qu'il était plus fort que son adversaire : dès lors,
comment ne pas se convertir ?
Fco Lopez de Gomara explique : « La principale [cause] qui a le plus induit les
habitants de ce païs à laisser leurs abhominations a esté le saint sacrement de l'autel, la
présence duquel rendoit muet le diable, lequel auparavant les incitoit de bouche,
pressoit et menaçoit de s'eslever contre nos gens et de les sacrifier à son temple
comme ils avoient accoustumé : chose qui estonnoit grandement ces pauvres gens. La
représentation de la vraie croix en faisoit autant comme mesme confessa le diable,
estant requis pour quelle raison il ne comparaissoit plus. La vertu de l'eau beneiste y
profita grandement comme aussi feirent les bonnes prières de tout le peuple espagnol,
lesquels se mettans en bonne dévotion et faisans à la mode accoustumée des
processions pour supplier la Maiesté divine de leur envoier à leur nécessité de l'eau,
ou de la faire cesser, quand besoing estoit, ou pour appaiser les maladies dont eux ou
leurs bestes estoient griesvement affligez, impetroient ce qu'ils demandoient avec une
grande admiration de ce peuple indien, lequel pensoit autrement ces malheurs et
desastres leur advenir, suivant les promesses et menaces que leurs dieux leurs
faisoient pour ne vouloir massacrer ce peu de chrestiens qui estoient parmi eux et ne
vouloir plus suivre leur doctrine, enseignement et religion 1065. »
2. La menace musulmane
« Dans le passé nous avons été blessés en Asie et en Afrique, c'est-à-dire dans des
pays étrangers. Mais, maintenant, nous sommes frappés en Europe, dans notre patrie,
chez nous. Objectera-t-on que déjà, autrefois, les Turcs passèrent d'Asie en Grèce, les
Mongols eux-mêmes s'établirent en Europe et les Arabes occupèrent une partie de
l'Espagne après avoir franchi le détroit de Gibraltar. Mais jamais nous n'avions perdu
une ville ou une place comparable à Constantinople 1077 ».
C'est un futur pape qui parle ainsi. En réalité, dans l'Europe chrétienne,
tout le monde a-t-il eu peur des Turcs ? F. Braudel a fait ressortir
combien la conquête ottomane dans les Balkans avait été facilitée par une
sorte de révolution sociale. « Une société seigneuriale, dure aux paysans,
a été surprise par le choc et s'est écroulée d'elle-même 1078 ». De violents
troubles agraires avaient parfois précédé l'arrivée des envahisseurs. Au
début du moins, leur régime fut moins lourd que celui qui l'avait précédé,
les nouveaux seigneurs — les spahis — exigeant plus de redevances en
argent que de corvées. C'est plus tard, avec le temps, que la situation
paysanne redeviendra dure. Mais au XVe siècle et au début du XVIe, de
nombreux paysans émigrèrent vers les territoires contrôlés par les Turcs
dans les Balkans. Ils y trouvaient apparemment des conditions de vie
moins pénibles que dans les régions chrétiennes qu'ils abandonnaient 1079.
En outre, dans l'espace chrétien conquis par les Turcs, le gouvernement
ottoman « finit par créer des cadres où les peuples de la péninsule
[balkanique] prirent place, un à un pour collaborer avec le vainqueur et,
ici ou là, curieusement ranimer les fastes de l'Empire byzantin 1080 ». Dès
lors, comment éviter des conversions à l'islam ? Sur 48 grands vizirs, de
1453 à 1623, 33 au moins furent des renégats 1081. Dans l'est asiatique de
l'empire, les fonctionnaires furent de plus en plus des « reniés »
progressivement introduits dans la classe ottomane dominante 1082. C'est «
par milliers » que les chrétiens — prisonniers ou déserteurs — renièrent
leur foi pour passer à l'Islam. Certains, à la fin du XVIe siècle et au début
du XVIIe, défrayèrent la chronique : Occhiali, pêcheur calabrais, devenu
« roi d'Alger » sous le nom d'Euldj Ali; Cicala, « renié » silicien, capturé
enfant sur le navire de son père, corsaire chrétien, et qui fut amiral, puis
ministre de la Guerre du sultan. Mais à côté de ces cas illustres, combien
de faits plus obscurs mais significatifs, épars dans les chroniques du
temps : épidémies de désertion dans les garnisons espagnoles des
présides d'Afrique du Nord, nombre important des renégats portugais à
Ormuz et au départ de Goa, fuite de chrétiens siciliens en direction des
côtes barbaresques, expédition marocaine de 1591 vers Tombouctou
conduite par des reniés espagnols 1083. Jusqu'aux religieux qui sont pris
parfois par le vertige de la conversion à l'islam puisque, en 1630, on
conseillera au père Joseph de rappeler les capucins disséminés dans le
Levant « de peur qu'ils ne se fassent turcs 1084 ». Enfin, les techniciens
chrétiens ont aidé à la modernisation (partielle) de l'armée turque. Un
Français assurait en 1573, en exagérant toutefois et en oubliant le rôle des
Juifs : « Les Turcs ont, par les renégats, acquis toutes les supériorités
chrétiennes 1085. »
« Nous dormons d'un profond sommeil... Nous nous faisons la guerre entre nous et
nous laissons les Turcs libres d'agir à leur guise. Pour les motifs les plus futiles, les
chrétiens courent aux armes et se livrent des sanglantes batailles; et quand il s'agit de
combattre les Turcs qui jettent le blasphème à la face de notre Dieu, qui détruisent nos
églises, qui ne veulent rien moins qu'anéantir le nom chrétien, personne ne consent
seulement à lever la main. En vérité, tous les chrétiens de nos jours se sont dérobés,
tous sont devenus des serviteurs inutiles1088. »
Pie II mourut cinq ans plus tard à Ancône, découragé : il attendait les
contingents croisés qui ne venaient pas. Quelques années plus tôt — en
1456 —, l'université de Paris, se retranchant derrière la pragmatique
sanction, s'était opposée à la levée en France de la dîme pour la croisade
et le duc de Bourgogne avait gardé pour lui les sommes recueillies dans
ses Etats à cette occasion 1089. Attitude significative aussi, celle du clergé
espagnol en 1519 : Léon X et Charles Quint venaient de conclure un
accord offensif contre les Turcs conformément au projet de croisade
chrétienne décidé par le Ve concile de Latran. Ce traité prévoyait, comme
d'habitude en pareil cas, le prélèvement de dîmes. Le clergé d'Espagne
refusa unanimement de les payer, la chrétienté n'étant pas pour l'instant
attaquée. Rome mit le pays en interdit ; puis, à la demande de Charles
Quint, révoqua cette punition 1090. Ce n'est que plus tard dans le XVIe
siècle que la peur des musulmans s'empara des Espagnols.
Longue est la liste des cas de non-assistance aux nations chrétiennes
menacées par les Turcs. A deux reprises aux diètes de Spire et de
Nuremberg, en 1523 et 1524, des délégués hongrois vinrent implorer le
secours militaire de l'empire. A chaque fois, les Allemands répondirent
par une fin de non-recevoir, du moins dans l'immédiat 1091. Or, Belgrade
était tombée en 1521, et en 1526 ce fut le désastre de Mohacs. Il est vrai,
en contrepartie, que des Français contribuèrent en 1664 à la victoire de
Saint-Gothard et les Polonais de Jean Sobieski à la levée du siège de
Vienne en 1683. Il est vrai aussi que l'Europe chrétienne se sentit — un
peu — concernée par la longue résistance vénitienne à Candie (1665-
1669) et fit quelques gestes. Toutefois, les 6 000 Français envoyés bien
tardivement par Louis XIV (en 1669) se rembarquèrent presque aussitôt,
quand on avait le plus besoin d'eux. Par différents chemins
historiographiques on rejoint donc le diagnostic de M. P. Gilmore : en
Europe, furent indifférents au péril turc tous ceux qui n'étaient pas
directement menacés par lui 1092.
Cette menace qui donc l'a ressentie ? Au plan local, des populations
qui étaient en contact avec la violence musulmane; au plan général,
d'abord et surtout, les hommes d'Eglise pour qui la religion chrétienne
était en péril.
Les points chauds de l'affrontement à la fin du XVe siècle et tout au
long du XVIe se situèrent sur les côtes italiennes, aux frontières, voire à
l'intérieur de l'Empire et dans l'Espagne du Sud. En ces trois secteurs, la
peur des mahométans — Turcs ou Barbaresques — fut vécue aux
différents étages de la société. La prise d'Otrante en 1480 s'accompagna
du massacre de plusieurs milliers de chrétiens dans des conditions
abominables. Il existe sans doute un rapport entre ces horreurs et
l'insistance nouvelle de certaines écoles de peinture, notamment celle de
Sienne, sur le Martyre des Saints Innocents 1093. Le souvenir de ce carnage
ravivé par les continuelles incursions des navires ennemis explique qu'au
XVIe siècle on ait fébrilement équipé les côtes siciliennes et napolitaines
de tours et de forteresses.
En Hongrie, l'avance turque provoqua la panique. Après la défaite de
Mohacs, une bonne partie de la population de Bude (ville de 8 000
habitants) prit la fuite. Les paysans de la plaine s'efforçaient de cacher
leurs enfants quand les Ottomans arrivaient dans un village. Dans la
partie du pays occupée par les envahisseurs, de 5 à 10 % des habitants
auraient péri1094. On assurait en Allemagne que le sultan, après sa victoire
à Mohacs, avait fait planter devant sa tente 2 000 têtes en guise de
trophées et que 80 000 prisonniers avaient été massacrés 1095. A Vienne, on
attendait avec terreur l'arrivée des barbares. Lorsque les Turcs «
homicides et incendiaires » entrèrent à Linz en 1529..., les Strasbourgeois
s'affolèrent. Dans l'empire, récits et images dramatiques entretenaient la
peur. Les gravures d'E. Schoen (1530) montraient des marchés turcs où
l'on vendait des prisonnières chrétiennes nues, et des enfants empalés ou
coupés en deux par les soldats du sultan 1096. Les appréhensions
allemandes expliquent qu'en dépit des défiances réciproques, des
marchandages et des retards, les princes de l'empire, catholiques et
protestants, aient vaille que vaille fourni à leur souverain les secours
financiers et militaires dont il avait besoin pour faire face au danger turc.
« Au regard, Sire, de l'alarme de Grenade que je vous ay escript, ce n'a esté autre
chose que une peur qu'ilz ont eu des morisques naturelz du pais; lesquelz, parce qui
s'est vériffié, avaient intelligence avec le roy d'Alger ... Ce roy (d'Espagne) veult pour
bonnes et grandes considérations qu'ils s'habillent à l'espaignolle ... et veult davantage
qu'ils parlent espagnol et non algarainc. On parle d'oster toute la dite génération hors
du dit royaume et la transporter en Gallice et aux montagnes si escartez les ungs des
autres qu'ilz ne puissent conspirer cy après avec les Mores, et en leur lieu remectre des
Gaillegos et Montaignolz 1101... »
La révolte éclate à la suite de rixes entre morisques et vieux-chrétiens.
L'Albaïcin, la Grenade indigène, ne bouge pas. Mais le soulèvement se
propage dans la sierra Nevada et dure près de deux ans. Les insurgés, au
plus fort du combat, sont au moins 150 000 dont 45 000 en armes. Des
Barbaresques — 4 000 peut-être ? — combattent dans leurs rangs.
Cependant, en janvier 1570, Euldj Ali s'empare de Tunis et en juillet les
Turcs débarquent à Chypre : preuves évidentes de la connivence entre
tous les musulmans du pourtour méditerranéen. Pour les Espagnols,
l'ennemi est donc à la fois dehors et dedans, un et multiple. Pour réduire
la rébellion de la sierra Nevada (et empêcher qu'elle ne s'élargisse au
pays valencien), il faut envoyer un chef de guerre — don Juan d'Autriche
— et appeler des troupes de Naples et de Lombardie. Dès que le feu
s'éteint les autorités entreprennent la déportation vers la Castille de
quelque 70 ou 80 000 morisques : ceux des basses terres qui fournissaient
les révoltés en vivres 1102. L'opération s'effectue en novembre 1570 au
milieu du vent, de la pluie et de la neige. 20 000 déportés seraient morts
en chemin. En sens inverse, arrivent des vieux-chrétiens pour coloniser
les meilleures terres de l'ancien royaume de Grenade.
N'a-t-on pas déplacé le problème sans le résoudre ? Voici maintenant
des morisques au cœur même de l'Espagne : à Tolède notamment. Quant
à ceux, nombreux, qui vivent à Séville, ne sont-ils pas prêts à faciliter
d'éventuelles incursions anglaises ? A Valence, on a les mêmes
inquiétudes. De sorte que la victoire de Lépante (1571), si importante
qu'elle ait été en Méditerranée, n'a pas fait disparaître en Espagne la peur
du danger musulman. Le morisque reste inassimilable, car il est lié à un
monde infidèle, hostile au nom chrétien. Le constat de cet aveu
d'impuissance est la grande expulsion de 1609-1614 : environ 275 000
individus sur les quelque 8 millions d'habitants que comptait l'Espagne 1103
: 3,4 % de la population. Comme si la France actuelle se privait tout d'un
coup de 1 800 000 personnes. Il ne fallait rien moins que cela pour ne
plus avoir peur chez soi.
« Si, écrit le premier, nous désirons réussir dans notre entreprise d'arracher notre
gorge à l'étreinte turque, il nous faudra, avant de chasser la race exécrable des Turcs,
extirper de nos cœurs l'avarice, l'ambition, l'amour de la domination, la bonne
conscience, l'esprit de débauche, l'amour de la volupté, la fraude, la colère, la haine,
l'envie 1124... » Le second compare les chrétiens du XVIe siècle aux habitants de Ninive
et s'adressant aux pasteurs leur dit : « ... Prédicateurs, exhortons avec zèle ...
premièrement le peuple à la repentance 1125. »
En dépit toutefois de la communauté du diagnostic — et du remède par
la repentance —, Erasme et Luther se séparent sur plusieurs autres points.
Luther, lorsqu'il parle des Turcs, leur associe presque toujours le pape et
le diable, voire « le monde et la chair 1126 ». Pour lui, il existe une alliance
objective entre les uns et les autres — complot satanique qui attaque le
monde chrétien affaibli et pécheur à la fois par les armées ottomans,
l'idolâtrie romaine et toutes sortes de tentations corruptrices. Si quelqu'un
a éprouvé le sentiment que la chrétienté était une cité assiégée, c'est bien
Luther — et assiégée par les forces déchaînées de l'enfer. Aussi est-il
arrivé à la conclusion paradoxale, exprimée, en plusieurs écrits de 1529,
1539, 1541, que, seules, les armes spirituelles ont chance d'être efficaces,
puisqu'ils ne s'agit pas de combattre des hommes mais des démons :
Erasme n'a jamais été envahi par les angoisses obsidionales de Luther.
Néanmoins, la montée du péril turc l'a conduit à infléchir son pacifisme
intégral du début et à accepter, dans ce cas particulier, la nécessité d'une
guerre défensive, après avoir évidemment épuisé toutes les possibilités de
négociations et pris la résolution de se comporter en chrétiens, même
envers des ennemis aussi redoutables. Son traité De bello Turcis
inferendo (1530) exprime cette position à la fois nuancée et réaliste d'où
est absente la vision eschatologique de Luther1128. Il le rédige précisément
pour répondre à un écrit de Luther, Von Kriege wider die Turcken (1529).
Erasme était en relations épistolaires avec des humanistes d'Autriche, de
Hongrie et de Pologne et il fut vivement frappé par la défaite de Mohacs
et le siège de Vienne en 1529. En outre, l'entourage de Charles Quint lui
avait sans doute demandé de réagir publiquement contre le défaitisme de
Luther. Le débat entre les deux hommes au sujet des Turcs est en tout cas
révélateur pour nous dans la mesure où il fait ressortir quels milieux —
surtout intellectuels et religieux — étaient le plus sensibilisés à la menace
ottomane ; et il campe l'un en face de l'autre un Erasme très inquiet, mais
qui garde la tête froide, et un Luther chez qui l'angoisse atteint un niveau
panique : si la cité chrétienne est attaquée par Satan, Dieu seul peut la
défendre.
9.
« Dans ces régions, on rencontre des masses de Juifs qui ne sont pas méprisés ainsi
qu'ils le sont ailleurs. Ils ne vivent pas dans l'abaissement et n'en sont pas réduits aux
métiers vils. Ils possèdent des terres, s'occupent du commerce, étudient la médecine et
l'astronomie. Ils possèdent de grandes richesses et ne sont pas seulement comptés
parmi les honnêtes gens, mais parfois dominent ceux-ci. Ils ne portent aucun signe
distinctif, et on leur permet même de porter des armes. Bref, ils disposent de tous les
droits du citoyen1140. »
Le théâtre religieux a été, dans les villes tout au moins, l'un des grands
moyens de la catéchèse antijudaïque. Mystères et moralités, surtout aux
XIVe et XVe siècles, donnent aux spectateurs de multiples occasions de
détester les Juifs ou de se moquer d'eux. Parmi les mystères, les drames
du Christ sont ceux qui mettent le plus fréquemment en cause les
israélites. Ceux-ci tiennent en effet des rôles de premier plan dans les
scènes suivantes : 1° la dispute entre Jésus enfant et les docteurs; 2°
l'expulsion des vendeurs du Temple ; 3° la tentation de Jésus par les
pharisiens; 4° le conseil des Juifs qui décide la mort du Christ; 5° la
trahison de Judas; 6° l'arrestation de Jésus ; 7° Jésus devant le grand
prêtre; 8° les souffrances de Jésus en prison ; 9° le conseil des Juifs le
vendredi matin; 10° la flagellation et le couronnement d'épines; 11° le
chemin du calvaire et la mise en croix; 12° les tentatives des Juifs pour
empêcher la résurrection 1151. Tour à tour sont mis en relief l'aveuglement,
la méchanceté et la lâcheté des israélites : ils se perdent dans les
méandres de la casuistique talmudique, ils abreuvent Jésus de coups et
d'injures. Bien entendu, ils sont affligés de toutes les tares physiques et
morales et flétris de la pire façon. Ils sont « plus cruels que loups », «
plus poignans que l'escorpion », « plus orgueilleux qu'un vieil lyon », «
plus enragés que faulx chiens ». Ils sont « mauvais et fellons », «
paillards », « pute et perverse pro-génie » et pour tout dire « dyables
d'enfer » : ainsi s'exprime le Mystère de la Passion d'Arnoul Gréban
(avant 1452). Après avoir vu de telles scènes et entendu de telles
accusations, les assistants étaient évidemment tentés, au sortir du
spectacle, de faire un mauvais parti aux Juifs de leur ville, si ceux-ci
n'avaient pas déjà été expulsés. En 1338, les autorités de Fribourg-en-
Brisgau interdirent la représentation de certaines scènes antijuives. A
Francfort en 1469, elles protégèrent des maisons israélites pendant la
représentation d'un mystère 1152.
Dans le théâtre sacré les drames du Christ (dont les œuvres d'un
Jérôme Bosch offrent une transcription picturale) ne sont pas seuls à
accabler les Juifs. Des Jeux de la destruction de Jérusalem mettent
l'accent sur la vengeance du Seigneur punissant le peuple déicide. Des
Jeux de l'Antéchrist montrent les Juifs attendant le faux Messie qui
rétablira, croient-ils, l'ancienne splendeur d'Israël. Des Jeux du Jugement
dernier placent tous les Juifs en enfer. Des Allégories de la Mort en font
autant. Les drames hagiographiques accordent, eux aussi, large plage à
l'antijudaïsme. Dans le Mystère de l'assomption de... Marie (imprimé à
Paris vers 1518), quatre Juifs osent toucher le cercueil de la Vierge et
sont frappés soudain de cécité. Deux acceptent le baptême et guérissent.
Les deux autres s'obstinent et s'entre-tuent. Cette scène qui remonte aux
Apocryphes et avait été popularisée par la Légende dorée, s'est
diversifiée en plusieurs variantes, entre autres celle-ci : le cortège funèbre
de la Vierge, précédé par saint Jean portant la palme du paradis, est
troublé par l'attentat du prêtre juif Jéphonias qui tente de renverser le
cercueil de la Mère du Sauveur. L'archange Michel tranche d'un coup
d'épée ses mains sacrilèges qui restent attachées au cercueil. Le Juif
devenu manchot implore le pardon de la Vierge et, grâce à l'intercession
de saint Pierre, ses mains desséchées redeviennent vivantes et se
ressoudent aux moignons 1153. D'autres versions de la même histoire
mettent en cause non pas un seul Juif mais plusieurs. Ces récits
popularisés par le théâtre des Mystères se retrouvent dans l'iconographie.
Ainsi un retable d'origine flamande de la fin du XVe siècle ou du début du
XVIe qui orne le maître-autel de la chapelle de Kerdevot en Ergué-
Gaberic (près de Quimper) représente le miracle accompli par la Vierge
lors de ses funérailles et les mains coupées qui se ressoudent 1154. Quant
aux mystères consacrés au prêtre Théophile, ils montrent celui-ci, une
fois destitué de ses fonctions, concluant un pacte avec le diable par
l'entremise d'un Juif (ou quelquefois de plusieurs). Mais son repentir le
sauve. Portée à son tour au théâtre, la Légende de saint Silvestre met en
scène le saint discutant avec douze « pharisiens » qui abattent un taureau
par la seule force du Shem Hamephoras. Le saint le ressuscite grâce à un
signe de croix. Cette « dispute » n'est qu'un cas particulier d'un genre
souvent porté au théâtre entre les XIIIe et XVIIe siècles : celui des
controverses entre Juifs et chrétiens. Parfois très théoriques et abstraites,
ces « disputations » qui ne se déroulaient devant aucun arbitre,
contrairement aux autres débats de l'époque, étaient presque toujours
l'occasion de violentes invectives contre les rabbins et leurs disciples.
Les comédies n'ont ridiculisé que tardivement les Juifs : à partir du
XVe siècle et surtout du XVIe. Alors se multiplient les caricatures de
l'usurier israélite. L'antijudaïsme a donc glissé du théâtre religieux au
théâtre profane. L'odieux et haineux Shylock n'a été possible — et n'a été
rendu vraisemblable pour les spectateurs — qu'en raison de toutes les
injures que les mystères avaient auparavant lancées sur le peuple maudit.
Lorsque Chaucer rédige vers 1386 le Conte de la prieure, près de cent
ans se sont écoulés depuis l'expulsion des Juifs hors d'Angleterre et
quand Shakespeare écrit et fait représenter Le Marchand de Venise, trois
siècles ont passé depuis 1290. Les mystères ont été le plus souvent joués
en France devant des assistants qui n'avaient jamais vu d'israélites. Alors
que ceux-ci avaient pratiquement disparu de la plus grande partie des
Pays-Bas depuis la Peste Noire, un cantique flamand du XVe siècle
continue à appeler aux armes contre eux :
« Au temps où Dieu eut achevé sa tâche, il fut trahi par Judas, et vendu aux Juifs,
ces faux frères... Que Dieu les rende tous exécrables et les disperse dans le monde
entier... A juste titre, nous voulons les châtier ; on les écrasera; contre les Juifs, je crie
: "Aux armes! " 1155. »
Un siècle plus tard, Ronsard regrette que Titus ne les ait pas tous
anéantis :
Ainsi une culture « chrétienne » a peur d'un ennemi qui est le plus
souvent absent, mais vivant tout de même. Si lointain soit-il, il continue
de menacer. On le hait parce qu'on le craint. Et comment ne le craindrait-
on pas puisqu'il a tué un Dieu ?
Le discours théologique a donc puissamment et consciemment
alimenté l'antijudaïsme. Il a généralisé la haine des Juifs, qui n'avait été
longtemps que ponctuelle et locale. Un rôle essentiel dans ce processus
de création d'une mentalité nouvelle1157 a été joué par des prédicateurs
itinérants — donc surtout les moines mendiants — et plus généralement
par les membres du clergé les plus conscients de leurs responsabilités
pastorales. Dès le XIIIe siècle, mais surtout à partir du Grand Schisme, le
dynamisme « chrétien » s'est accompagné de la peur de cet éternel
revenant : Israël.
Des renseignements dispersés dans le temps et l'espace mais
concordants éclairent l'action directe ou indirecte des hommes d'Eglise
dans les « émotions » antijuives. Ainsi en Espagne : le jeudi saint 1331 à
Gérone, une trentaine de clercs et d'écoliers conduits par des chanoines
font irruption dans l'aljama (le quartier juif) et tentent d'y mettre le feu
. A Cervera, où un pogrom éclata à l'occasion de la Peste Noire en
1158
« Nous avons appris qu'en raison des prêches de maître Vincent et en particulier
parce qu'il déclare excommuniés ceux qui continuent à fréquenter les Juifs, certains
inconsidérément tentent et commettent divers méfaits et trament des complots contre
les israélites et l'aljama de cette ville. Nous vous demandons de prendre toute mesure
pour que les dits Juifs et l'aljama ne subissent ni dommage ni violence, notamment
durant la semaine sainte 1165. »
« Tous les jours, ils outragent, souillent et blasphèment Dieu, en la personne de son
Fils, le vrai Messie Jésus-Christ. Ils l'appellent un pécheur, un sorcier, un pendu. Ils
traitent de haria, de furie, la sainte Vierge Marie. Ils traitent d'hérétiques les apôtres et
les disciples. Et nous, chrétiens, ils nous considèrent comme de stupides païens 1172. »
Le Christ, écrit le Réformateur, n'a pas d'« ennemis plus venimeux, plus acharnés,
plus amers que les Juifs ». Celui « qui se laisse voler, piller, souiller et maudire par
eux n'a qu'à... ramper dans leur cul, adorer ce sanctuaire [et] se glorifier ensuite
d'avoir été miséricordieux... : ce dont Christ le récompensera le jour du Jugement
dernier par le feu éternel de l'enfer ». Lorsque Judas s'est pendu, « les Juifs ont peut-
être envoyé leurs serviteurs, avec des plats d'argent et des brocs d'or, pour recueillir sa
pisse avec les autres trésors, et ensuite ils ont mangé et bu cette merde, et ont de la
sorte acquis des yeux tellement perçants qu'ils aperçoivent dans les Ecritures des
gloses que n'y ont trouvées ni Matthieu ni Isaïe lui-même »... « Quand Dieu et les
anges entendent péter un Juif, quels éclats de rire et quelles gambades1174 ! »
« Observez tout ce que les Juifs ont souffert depuis près de quinze cents ans, et il
leur arrivera bien pire dans l'enfer... Il faut qu'ils nous disent pourquoi..., ils sont un
peuple rejeté de Dieu, sans roi, sans prophètes, sans temple; ils ne peuvent en donner
d'autres raisons que leurs péchés... ». « Jamais la colère de Dieu ne s'est manifestée
avec plus d'éclat que sur ce peuple. »
Puisque les Juifs détestent le vrai Dieu, ils sont « enfants du diable » et
auteurs de toute sorte de « sorcelleries ». Luther à travers eux retrouve
son grand ennemi : Satan, inspirateur du pape et général des Turcs. Nous
voilà donc plus que jamais au cœur de cette mentalité obsidionale qui fut
tellement répandue dans les milieux d'Eglise au début des Temps
modernes. La cité chrétienne est de tous côtés assaillie par Lucifer. Les
railleries antijuives de Luther, à l'instar des croisades armées contre les
Turcs, ne peuvent pas grand-chose contre les forces du mal :
« O Seigneur! je suis bien trop petit pour me moquer de pareils diables. Je voudrais
bien le faire mais ils sont bien plus forts que moi en raillerie, et ils ont un dieu qui est
passé maître en l'art de raillerie, il s'appelle le diable et le mauvais esprit... 1176 »
« J'ai vu les gens traînés par les cheveux aux fonts baptismaux. J'ai vu de près des
pères de famille, la tête couverte en signe de deuil, conduire leur fils au baptême,
protestant et prenant Dieu à témoin qu'ils voulaient mourir ensemble dans la loi de
Moïse. Des choses plus terribles encore ont été alors faites aux Juifs que j'ai vues de
mes propres yeux 1207. »
« Plutôt être malade si telle est la volonté divine, que guérir avec l'aide du diable,
par des moyens interdits. Faire appel aux médecins juifs, c'est couver des serpents
dans son sein, c'est élever des loups dans notre maison. » Ainsi s'exclame en 1652 le
clergé de Francfort. Et les pasteurs de Halle de renchérir cinq ans plus tard : « Plutôt
mourir en Christ qu'être guéri par un docteur juif et Satan 1216. » La médecine juive est
une magie.
« Il est par trop absurde et inconvenant que les Juifs, condamnés par Dieu à un
éternel esclavage à cause de leur péché, puissent, sous prétexte qu'ils sont traités avec
amour par les chrétiens et autorisés à vivre au milieu d'eux, être ingrats au point de les
insulter au lieu de les remercier et assez audacieux pour s'ériger en maîtres là où ils
doivent être des sujets. On nous a informé qu'à Rome et ailleurs ils poussent
l'effronterie jusqu'à habiter parmi les chrétiens dans le voisinage des églises sans
porter de signe distinctif, qu'ils louent des maisons dans les rues les plus élégantes et
autour des places dans les villes, villages et localités où ils vivent, acquièrent et
possèdent des biens-fonds, tiennent des servantes et des nourrices chrétiennes ainsi
que d'autres domestiques salariés et commettent divers autres méfaits à leur honte et
au mépris du nom chrétien 1224... »
« ... Nous avons été informés par les inquisiteurs, et par d'autres personnes, que le
commerce des Juifs avec les chrétiens entraîne les pires maux. Les Juifs s'efforcent de
leur mieux de séduire les [nouveaux] chrétiens et leurs enfants, en leur faisant tenir les
livres de prières juives, en les avertissant des jours de fêtes juives, en leur procurant
du pain azyme à Pâques, en les instruisant sur les mets interdits, et en les persuadant
de suivre la loi de Moïse. En conséquence notre sainte foi catholique se trouve avilie
et abaissée. Nous sommes donc arrivés à la conclusion que le seul moyen efficace
pour mettre fin à ces maux consiste dans la rupture définitive de toute relation entre
Juifs et chrétiens, et cela ne peut être atteint que par leur expulsion de notre royaume
1232
.»
Elle « a un visage de ténèbres, écrit Simone de Beauvoir, elle est le chaos d'où tout
est issu et où tout doit un jour retourner... Il fait nuit dans les entrailles de la terre.
Cette nuit, où l'homme est menacé de s'engloutir, et qui est l'envers de la fécondité,
l'épouvante 1263 ».
« Que les femmes soient soumises à leur mari comme au Seigneur ; en effet, le mari
est chef [ = la tête] de sa femme, comme le Christ est chef de l'Eglise, lui, le Sauveur
du corps. Or, l'Eglise se soumet au Christ ; les femmes doivent donc, et de la même
manière, se soumettre en tout à leurs maris» (Eph. v, 22-24.)
« ...Tu devrais toujours porter le deuil, être couverte de haillons et abîmée dans la
pénitence, afin de racheter la faute d'avoir perdu le genre humain... Femme, tu es la
porte du diable. C'est toi qui as touché à l'arbre de Satan et qui, la première, a violé la
loi divine 1277. »
« Tu oses rabaisser le mariage qui a été béni par Dieu ? direz-vous. Ce n'est point
rabaisser le mariage que de lui préférer la virginité... Personne ne compare un mal à
un bien. Que les femmes mariées tiennent fierté de prendre rang derrière les vierges. «
Croissez, multipliez et remplissez la terre » (Gen. I, 28). Qu'il croisse et se multiplie
celui qui veut remplir la terre. Ta cohorte à toi est dans les cieux. « Croissez et
multipliez... » : ce commandement s'est accompli après le paradis, après la nudité et
les feuilles de figuier qui annonçaient les folles étreintes du mariage 1279. »
Dans les milieux d'Eglise, on tint désormais pour évidente vérité que «
virginité et chasteté remplissent et peuplent les sièges du paradis » —
formulation du XVIe siècle. Mais, tout en exaltant la virginité féminine, la
théologie n'en continua pas moins de théoriser la misogynie foncière de
la culture qu'elle avait inconsciemment adoptée. Comment toutefois
concilier cet antiféminisme avec l'enseignement évangélique sur l'égale
dignité de l'homme et de la femme ? Saint Augustin y parvint grâce à une
étonnante distinction : tout être humain, déclara-t-il, possède une âme
spirituelle asexuée et un corps sexué. Chez l'individu masculin, le corps
reflète l'âme, ce qui n'est pas le cas chez la femme. L'homme est donc
pleinement image de Dieu, mais non la femme qui ne l'est que par son
âme et dont le corps constitue un obstacle permanent à l'exercice de sa
raison. Inférieure à l'homme, la femme doit donc lui être soumise 1282.
Cette doctrine, ultérieurement aggravée dans des textes faussement
attribués à saint Augustin lui-même et à saint Ambroise, passa avec ceux-
ci dans le fameux Décret de Gratien (vers 1140-1150), qui devint
jusqu'au début du XXe siècle la principale source officieuse du droit de
l'Eglise 1283 et où on peut lire :
« Cette image de Dieu est dans l'homme [= Adam], créé unique, source de tous les
autres humains, ayant reçu de Dieu le pouvoir de gouverner, comme son remplaçant,
parce qu'il est l'image d'un Dieu unique. C'est pour cela que la femme n'a pas été faite
à l'image de Dieu. » Gratien prend ensuite à son compte le texte du pseudo Ambroise :
« Ce n'est pas pour rien que la femme a été créée, non pas de la même terre dont a été
fait Adam, mais d'une côte d'Adam... C'est pour cela que Dieu n'a pas créé au
commencement un homme et une femme ni deux hommes ni deux femmes ; mais
d'abord l'homme, ensuite la femme à partir de lui 1284. »
Saint Thomas d'Aquin n'a donc pas innové en enseignant à son tour
que la femme a été créée plus imparfaite que l'homme, même quant à son
âme, et qu'elle lui doit obéir « parce que naturellement chez l'homme
abonde davantage le discernement et la raison 1285 ». Mais aux arguments
théologiques il ajouta, pour faire bonne mesure, le poids de la science
aristotélicienne : seul, l'homme joue un rôle positif dans la génération, sa
partenaire n'étant que réceptacle. Il n'y a véritablement qu'un seul sexe, le
masculin. La femme est un mâle déficient. Il n'est donc pas étonnant
qu'être débile, marqué par l'imbecillitas de sa nature — un cliché mille
fois répété dans la littérature religieuse et juridique — la femme ait cédé
aux séductions du tentateur. Aussi doit-elle demeurer sous tutelle 1286. « La
femme a besoin du mâle non seulement pour engendrer, comme chez les
autres animaux, mais même pour se gouverner : car le mâle est plus
parfait par sa raison et plus fort en vertu 1287. »
Saint Thomas d'Aquin s'efforça toutefois de désacraliser les interdits
relatifs au sang menstruel, adoptant sur ce sujet, à l'intérieur, bien sûr, du
système artistotélicien, une attitude qu'on pourrait qualifier de
scientifique. Pour lui, les règles sont le résidu du sang produit en dernier
par la digestion ; il sert à fabriquer le corps de l'enfant : Marie n'a pas
constitué autrement celui de Jésus 1288. Mais des tabous venus du fond des
âges ne se laissent pas facilement abattre par le raisonnement. De
nombreux auteurs ecclésiastiques (Isidore de Séville, Rufin de Bologne,
etc.) et les canonistes glossateurs du Décret de Gratien affirmèrent tout
au long du Moyen Age le caractère impur du sang menstruel, en se
référant souvent explicitement à l'Histoire naturelle de Pline. Selon eux,
ce sang chargé de maléfices empêchait la germination des plantes, faisant
mourir la végétation, rouillait le fer, donnait la rage aux chiens. Des
pénitentiels interdirent à la femme ayant ses règles de communier, voire
d'entrer à l'Eglise. D'où, plus généralement, l'interdiction aux femmes de
servir la messe, de toucher les vases sacrés, d'accéder aux fonctions
rituelles 1289.
Ainsi le Moyen Age « chrétien », dans une assez large mesure,
additionna, rationalisa et majora les griefs misogynes reçus des traditions
dont il était l'héritier. En outre, la culture se trouvait maintenant, dans une
très large mesure, aux mains de clercs célibataires qui ne pouvaient
qu'exalter la virginité et se déchaîner contre la tentatrice dont ils
redoutaient les séductions. C'est bien la peur de la femme qui a dicté à la
littérature monastique ces anathèmes périodiquement lancés contre les
attraits fallacieux et démoniaques de la complice préférée de Satan.
« La femme... est un vrai diable, une ennemie de la paix, une source d'impatience,
une occasion de disputes dont l'homme doit se tenir éloigné s'il veut goûter la
tranquillité... Qu'ils se marient, ceux qui trouvent de l'attrait à la compagnie d'une
épouse, aux étreintes nocturnes, aux glapissements des enfants et aux tourments de
l'insomnie... Pour nous, si c'est en notre pouvoir, nous perpétuerons notre nom par le
talent et non par le mariage, par des livres et non par des enfants, avec le concours de
la vertu et non avec celui d'une femme 1295. »
2. La diabolisation de la femme
« Pour se faire voir du monde [la femme qui ne se contente pas des vêtements qui
conviennent à son état] aura toute sorte de vains ornements : de grandes manches, la
tête pomponnée, la poitrine découverte jusqu'au ventre avec un fichu léger, au travers
duquel on peut voir tout ce qui ne devrait être vu de personne... C'est... dans un tel
dévergondage d'habits qu'elle passe, son livre d'heures sous le bras, devant une maison
où il y a une dizaine d'hommes qui la regardent d'un œil de convoitise. Eh bien, il n'y
a pas un seul de ces hommes qui ne tombe à cause d'elle dans le péché mortel 1299. »
« amazones du diable qui s'arment de pied en cape pour faire la guerre à la chasteté,
et qui, par leurs cheveux frisez avec tant d'artifice, par leurs mouches, par la nudité de
leurs bras, de leurs épaules et de leurs gorges, tuent cette princesse du ciel dans les
âmes qu'elles massacrent aussi avec la leur toute la première 1303 ».
« ... Les anciens sages nous ont aprins que toutesfois et quantes que l'homme parle
long temps avec la femme il procure sa ruyne et se destourne de la contemplation des
choses celestes et finalement tombe en enfer. Voyla les dangers qu'il y a de prendre
trop grand plaisir à jazer, rire et caqueter avec la femme, soit bonne soit mauvaise. Et
ie crois que c'est ce que veut conclure le paradoxe de l'Ecclesiastique qui dit que «
l'iniquité de l'homme est meilleure que la femme de bien 1321. »
« Et pour ce que la legerete de leur esprit [aux femmes] et de leur humeur donne
ordinairement beaucoup de travail aux confesseurs, l'une des meilleures précautions
qu'on puisse y apporter, c'est de cultiver davantage les âmes des maris, qui sont
chrétiens, que celles de leurs femmes : car la nature ayant donné plus de poids et de
fermeté à l'esprit de l'homme, il y a bien plus de profit de les instruire, veu mesme que
le bon ordre des familles et la piété des femmes dépend communément de la vertu des
hommes...
« Ne donnez jamais le tort au mary en presence de sa femme, fust-il le plus
coupable du monde ; mais dissimulant tandis qu'elle y est, prenez-le à part et engagez-
le à une bonne confession. C'est là que vous lui remontrerez ses obligations à la paix
et concorde mutuelle, vous gardant bien pourtant de vous montrer trop partisan de la
femme... Autrement si vous tancez le mary devant sa femme [comme elles sont
naturellement moqueuses et peu discrètes] elle ne cessera de le picoter et luy
reprocher la faute que vous avez reprise en luy..., tellement que le mary n'en sera que
plus despité et la femme insolente. Pour moy [en pareil cas]..., je représenterais aux
femmes le respect qu'elles doivent à leurs maris et leur proposerais les grandes peines
que Dieu prépare à l'immodestie, et arrogance de celles qui s'oublient d'un devoir si
saint et légitime : partant que c'est à elles de digérer et souffrir patiemment toutes les
fascheries, dont elles ne se plaignent que faute d'une deüe soumission d'esprit, comme
elles ne leur arrivent que par leur propre indiscrétion et désobéissance 1329. »
Ces lignes ont été lues à partir de la fin du XVIe siècle par des milliers
et des milliers de confesseurs qui furent les directeurs de conscience de
dizaines de millions de foyers. On voit quel mépris de la femme elles
véhiculaient — mépris qui camouflait la peur d'un être mystérieux et
inquiétant devant lequel devait jouer la solidarité masculine, c'est-à-dire
la connivence du prêtre et du mari.
b) La science médicale
« Quand ce docte Rabelais met en avant son sage-fol Panurge, qui interroge un
philosophe s'il se doit marier ou non, il luy respond ne l'une l'autre et tous deux
ensemble. C'est à dire, il faut avoir une femme comme si on n'en avoit point ; l'avoir,
di-je, telle que Dieu l'a mise au monde pour l'aide et société, et ne l'avoir est ne
s'appoltronner autour d'elle, ne s'enrouiller en une négligence, de laquelle naist un
amortissement de l'affection qu'on doit porter à Dieu, ne mettre sous ses piez la
volonté qu'on a de secourir son pays, de tenir main forte à la république, d'entretenir
ses amis, ne laisser ses études et affaires, pour toujours s'amuser à la chasse de la
femme 1331. »
« Car Nature prétend faire tousiours son ouvrage parfait et accomply : mais si la
matiere n'y est propre, elle fait le plus approchant du parfait qu'elle peut. Dont si la
matiere n'y est assez propre et convenable à former un filz, elle en fait une femelle qui
est [comme parle Aristote] un masle mutilé et imparfait. Ainsi donc on desire par cest
instinct naturel plus de filz que de filles, iaçoit que tout est bon [bien que tout soit
bon] 1340. »
« Il faut avouer que, comme une femme a perdu le monde, rien n'est plus capable
de nuire aux Etats que ce sexe, lorsque, prenant pied sur ceux qui les gouvernent, il les
fait souvent mouvoir comme bon lui semble et mal, par conséquent, les meilleures
pensées des femmes étant presque toujours mauvaises en celles qui se conduisent par
leurs passions, qui tiennent d'ordinaire lieu de raison en leur esprit... 1348 »
« C'est un sexe fragile, qui repute et tient souvent les suggestions demoniaques pour
divines... Davantage, elles abondent en passions aspres et vehementes, outre qu'elles
sont ordinairement de nature humide et visqueuse. Or est-il que l'humide s'esmeut
aisément, et reçoit diverses impressions et figures, elles ne cessent leurs mouvements
qu'à peine et bien tard, et les hommes entretiennent moins obstinément leurs
imaginations 1350. »
« Qu'on lise les livres de tous ceux qui ont écrit des sorciers, il se trouvera
cinquante femmes sorcières, ou bien demoniaques, pour un homme... Ce qui advient,
non pas par la fragilité du sexe à mon avis : car nous voyons une opiniastreté
indontable en la plupart... Il y aurait plus d'apparence de dire que c'est la force de la
cupidité bestiale qui a réduit la femme à l'extremité pour jouir de ces appetis ou pour
se venger. Et semble que pour ceste cause Platon met la femme entre l'homme et la
beste brute. Car on voit les parties visceralles plus grandes aux femmes qu'aux
hommes, qui n'ont pas les cupiditez si violentes : et au contraire les testes des hommes
sont plus grosses de beaucoup et par conséquent ils ont plus de cerveau et de prudence
que les femmes 1351. »
« La vérité est que la vieillesse n'est pas une cause idoine pour diminuer la peine és
delicts si execrables qu'elles ont accoustumé de commettre. Et d'ailleurs c'est un conte
de dire que toutes les sorcieres soient vieilles, car entre une infinité que nous avons
veu pendant notre commission au pays de Labourd, il y en avoit presqu'autant de
jeunes que de vieilles. Car les vieilles instruisent les jeunes 1237... »
« Il lui faut pour agir valablement (dans ce dernier cas) l'autorité supplétive de la
justice. On la considère comme incapable en soi et on l'assimile à un mineur. Quand
son mari ne peut renforcer sa capacité, il lui faut le secours de la puissance publique.
De même, si elle s'engage sans l'autorisation de son mari, non seulement son
engagement ne lie pas la communauté, ce qui est normal, mais il est absolument nul et
ne la lie pas elle-même1366. »
Ayant rappelé que les serfs « ne peuvent avoir ni autorité ni juridiction sur les
hommes libres, car ils ne sont que l'instrument, la propriété et la possession d'autrui »,
Thomas Smyth enchaîne aussitôt pour placer les femmes dans la même catégorie, car
« la nature les a créées pour qu'elles s'occupent du foyer et nourrissent leur famille et
leurs enfants, et non pour qu'elles occupent des fonctions dans une cité ou une
communauté nationale — pas plus qu'elle n'a créé pour cela les enfants en bas âge1370
».
Tels étant les principes, voici le vécu quotidien — l'éducation d'une fille — tel que
lady Jane Grey le décrivait à l'humaniste Robert Ascham († 1568) : « Quand je suis en
présence de mon père ou de ma mère, que je parle, me taise, marche, sois assise ou
debout, mange, boive, couse, joue, danse ou fasse n'importe quoi d'autre, je dois pour
ainsi dire le faire de façon aussi pondérée, grave et mesurée, oui, de façon aussi
parfaite que Dieu créant le monde, faute de quoi je suis vertement réprimandée,
cruellement menacée, et parfois pincée, égratignée, battue et maltraitée de bien
d'autres manières dont je ne parlerais pas à cause du respect que je leur dois — bref, si
injustement punie que je crois être en enfer 1371. »
« ... Les femmes sont... l'objet d'une haine singulière ; une foule d'écrivains
prennent à tâche de répandre contre le sexe féminin les calomnies les plus noires. Le
mariage est outragé, on lui fait une guerre ouverte... On prête volontiers l'oreille à tout
ce qu'on écrit contre elles [les femmes], on s'en délecte et ces petits livres et ces rimes
burlesques trouvent un grand débit ; on se les arrache dans les boutiques des libraires
1389
.»
Ainsi les gens qui savaient lire dans l'Allemagne d'alors — donc une
étroite minorité — s'arrachaient la littérature antiféministe qui était en
même temps grivoise, voire ordurière : influence inattendue de
l'imprimerie dont nous avons trop tendance à lier le destin à celui d'un
humanisme éthéré.
Revenant maintenant en France — mais l'expérience serait tout aussi
valable ailleurs — on peut tenter par un autre biais de pénétrer dans
l'antiféminisme collectif. Pour cela il n'est que d'ouvrir les recueils de
proverbes. A leur sujet, s'impose une remarque qui s'applique aussi aux
brochures allemandes de colportage. Les uns et les autres reflètent
incontestablement des sentiments populaires. Mais ils sont en même
temps des produits de la culture savante. Les clercs (au sens large),
lorsqu'ils composent des listes de proverbes, opèrent un tri dans les
maximes des Grecs et des Romains, lisent avec une certaine grille les
livres de l'Ancien Testament et, couchant par écrit les dictons quotidiens,
sont libres de les formuler à leur guise et d'en aggraver la virulence.
Toujours est-il que les recueils de proverbes, encore une fois grâce à
l'imprimerie, se multiplient à l'époque de la Renaissance. Et eux aussi, le
plus souvent, disent du mal de la femme. Rassemblant des sentences
venues de différents horizons, renforçant leur circulation dans le public,
ils accroissent de ce fait la violence de la misogynie collective.
Un chercheur actuellement aux prises avec ce matériau à la fois
polymorphe et fuyant calcule que sur dix proverbes français des XVe-
XVIIe siècles relatifs à la femme, sept en moyenne lui sont hostiles1390.
Ceux qui lui sont favorables mettent en relief les vertus de l'épouse bonne
ménagère, laissant d'ailleurs entendre qu'une telle perle est rare : « De
bonnes armes est armé qui à bonne femme est marié1391. » « Femme bonne
vaut une couronne 1392. » « Femme prudente et bien sage est l'ornement du
ménage 1393.» « Qui a femme de bien vit longtemps bien1394. » Telle n'est
pas cependant la note dominante. La transition avec la longue litanie des
dictons misogynes peut être fournie par cette sentence : « Si la femme
vaut, elle vaut un empire. Si est autre, au monde n'y a beste pire 1395. » Or,
« mal an et femme sans raison ne manquent en mille saison 1396 ». Le mari
avisé veillera donc à commander dans sa maison : « Ne souffre à ta
femme pour rien de mettre son pied sur le tien. Car lendemain la pute
beste le voudroit mettre sur ta teste 1397. » Mais peut-on vraiment se faire
obéir de son épouse ? « Ce que femme veut, Dieu le veut1398. » « Ce que
veut une femme est écrit dans le ciel1399. » Dans la vie de ménage,
l'homme aura de toute façon besoin du bâton : « Bon cheval, mauvais
cheval veut l'esperon. Bonne femme, mauvaise femme veut le bâton1400. »
Alors faut-il se marier ? E. Deschamps, ainsi que plusieurs proverbes, le
déconseillent formellement : « Qui a femme à garder n'a pas journée
assurée. » « Qui a femme, est marri 1401. » « Qui femm' a, nois'a 1402. » «
Qui entretient femme et dez, il mourra en pauvretez 1403. » « Se garde de
femme espouser qui veut en paix se reposer1404. »
Les défauts féminins justifient dans les recueils de dictons ces
avertissements désabusés. La femme est dépensière : « Tout ce que clerc
laboure, folle femme dévore1405.» » « Les femmes n'ayment que les
rubis1406. » En outre le luxe du vêtement cache souvent — ou révèle — la
laideur de l'âme : « Femme de riche vêtement parée à un fumier est
comparée. Qui de vert fait sa couverture, au descouvert appert l'ordure
1407
.» » Quant à la beauté, elle est suspecte et dangereuse : « Beauté -de
femme n'enrichit homme 1408. » « Belle femme mauvaise teste. Bonne
mule mauvaise beste1409.» « Dites une seule fois à une femme qu'elle est
jolie, le diable le lui répétera dix fois 1410. » Elle fatigue l'homme à force
de pleurer. Mais ses larmes ne sont pas sincères. « A toute heure chien
pisse et femme pleure1411. » « Femme rit quand elle peut et pleure quand
elle veut1412. » « Pleur de femme crocodille semble1413. » D'où l'accusation
de duplicité lancée contre elle : « Femme se plaint, femme se deult.
Femme est malade quand elle veut1414.» » « Femmes sont anges à l'église,
diables à la maison et singes au lit 1415. »
A une époque où, de haut en bas de la société, on exalte mais aussi on
redoute à l'extrême le pouvoir de la parole (songeons à la médisance qui
ternit l'honneur, à l'intérêt pour la rhétorique, à l'action des prédicateurs),
on s'inquiète vivement du bavardage féminin que les hommes doivent
s'efforcer de contrôler. « Deux femmes font un plaid, trois un grand
caquet, quatre un plein marché1416. » « Femme à son tour doibt parler
quand la poule va uriner 1417.» « Ne dire à ta fame ce que tu celer veus1418. »
« Une femme ne cèle que ce qu'elle ne sçait pas 1419. » D'où le mépris
qu'on affiche pour elle : « C'est grand miracle si une femme meurt sans
faire folie.1420. » « Femme est un cochet à vent qui se change et mue
souvent 1421. » « Femme seule est rien 1422.» « Le cerveau de la femme est
faict de cresmes de singe et de fromage de renard 1423. »
Le mépris est souvent doublé d'une véritable hostilité à l'égard d'un
être considéré comme trompeur, irrécupérable et maléfique. A cet égard,
les proverbes reprennent sous forme d'accusations lapidaires le discours
des célibataires (masculins) de l'Eglise. « Cœur de femme trompe le
monde, car en luy malice abonde1424. » « Femme et vin ont leur venin1425. »
« Femme est mère de tout dommage. Tout mal en vient et toute rage 1426. »
« L'œil de la femme est une araignée 1427. » « Une bonne femme, une
bonne mule, une bonne chièvre sont trois meschantes bestes 1428. » «
Femmes sont trop périlleuses, et par nature dangereuses 1429. » Aussi la
redoutable sagesse des sentences établit-elle un lien entre l'élément
féminin et le monde infernal : « Femme scet art avant le diable1430. » «
Femme plus volontiers devine que n'oyt la parole divine1431. » Or, combien
de devineresses de villages périrent à l'époque sur les bûchers ! Dès lors,
pourquoi l'homme regretterait-il la mort de son épouse ? Ce décès n'est-il
pas une faveur que Dieu fait au mari? « Deuil de femme morte dure
jusqu'à la porte1432. » « Dieu ayme l'homme quand il lui oste sa femme
n'en sachant plus que faire 1433. » Ce dernier dicton se trouve aussi sous
une forme plus catégorique et plus générale : « A qui Dieu veut ayder sa
femme meurt 1434. »
Même frayeur chez Du Bellay qui, à son tour, couvre une vieille
femme d'injures et de noirs griefs. Il la traite de « sorcière et maquerelle
», de « Gorgone », de « vieille enchanteresse » et, reprenant les thèmes
les plus communs de la littérature démonologique, précise :
Ces procès et ces mises à mort n'auraient évidemment pas été possibles
sans l'incitation répétée des autorités religieuses et civiles. La bulle
Summis disederantes de 1484, qu'on a appelée « le chant de guerre de
l'enfer », fut en effet suivie de plusieurs textes pontificaux allant dans le
même sens. En 1500, Alexandre VI écrit au prieur de Klosterneubourg et
à l'inquisiteur Institoris pour s'informer des progrès de la sorcellerie en
Bohême et Moravie1494. En 1513, Jules II ordonne à l'inquisiteur de
Crémone de sévir contre ceux qui adorent Satan et utilisent l'hostie dans
un but maléfique. En 1521, Léon X proteste, avec menace
d'excommunication et d'interdit, auprès du sénat de Venise qui
contrecarre l'action des inquisiteurs de Brescia et de Bergame contre les
sorciers. Ainsi agissent les papes de la brillante Renaissance italienne. A
son tour, Adrien VI ordonne aux inquisiteurs de Crémone et de Côme de
poursuivre la sorcellerie avec sévérité. Son successeur Clément VII
donne des consignes analogues au gouverneur de Bologne et au chapitre
de Sion. Comment ne pas être frappé par la répétition de ces injonctions
et par l'obsession satanique qu'elles sous-entendent ? Quant aux textes
tristement célèbres de Jean XXII et d'Innocent VIII, ils sont
solennellement repris et confirmés par des bulles de 1585 et 1623. A ces
consignes générales venues de Rome font écho, sur le plan local, des
décisions conciliaires. E. Brouette a calculé que dans les diocèses de
Cologne, Trèves, Cambrai, Malines, Tournai, Anvers, Namur, Metz et
Liège 17 conciles tenus entre 1536 et 1643 avaient appelé à la répression
de la sorcellerie. Du côté protestant, les foudres synodales atteignaient
pareillement les sorciers. Aux Provinces-Unies, 15 synodes échelonnés
de 1580 à 1620 portèrent condamnation contre eux et les
excommunièrent. De même firent en France les synodes de Montauban
(1594), Montpellier (1598) et La Rochelle (1607).
Mais le pouvoir civil a plus qu'épaulé l'Eglise dans la lutte contre la
secte satanique. L'obsession démoniaque, sous toutes ses formes, permit
à l'absolutisme de se renforcer. Inversement, la consolidation de l'Etat à
l'époque de la Renaissance donna une dimension nouvelle à la chasse aux
sorciers et aux sorcières. Les gouvernements marquèrent une tendance
croissante à s'annexer ou du moins à contrôler les procès religieux et à
sévir contre les infractions à la religion. Plus que jamais, l'Eglise se
confondit avec l'Etat, au bénéfice d'ailleurs de celui-ci. Mais l'urgence du
péril fit qu'elle ne put pas ou ne voulut pas s'opposer à cette annexion. La
création de l'Inquisition espagnole en 1478 n'est qu'une des nombreuses
illustrations de ce phénomène de phagocytose. Détail révélateur : lorsque
Charles Quint institua en 1522 une Inquisition d'Etat aux Pays-Bas, il
choisit un laïc, François Van der Hulst, membre du Conseil de Brabant,
pour diriger la recherche de « ceux qui seraient infectés du venin de
l'hérésie 1495 ». Deux docteurs en théologie lui étaient adjoints, mais
seulement à titre d'experts. Par la suite, l'empereur dut révoquer Van der
Hulst et composer avec Rome, mais le pape ne put jamais lui imposer
l'inquisiteur de son choix. L'absolutisme qui s'affirmait et la répression de
la sorcellerie, réagissant l'un sur l'autre, eurent pour résultat commun de
transformer la procédure criminelle. Le Moyen Age permettait la libre
défense de l'accusé et avait peu employé la torture dans les procès civils.
A l'époque de la Renaissance, la justice d'Etat adopta la procédure
inquisitoriale. En France, l'ordonnance de Villers-Cotterêts (1539), aux
Pays-Bas les ordonnances criminelles de Philippe II (1570) — pour ne
retenir que deux exemples probants — durcirent le droit pénal,
généralisèrent l'emploi de la question, entravèrent la défense du suspect,
renforcèrent l'arbitraire de la procédure. Une instruction écrite et secrète
se substitua au débat oral et public : ce qui laissait sans défense des
individus souvent illettrés placés en face de juges maniant l'écriture et
connaissant seuls le contenu du dossier. L'« intimidation » devint l'idée
maîtresse de la nouvelle procédure. Enfin, alors qu'au Moyen Age un
procès était en général considéré comme une affaire entre personnes
privées, il se transforma au début des Temps modernes en un conflit entre
la société et l'individu : d'où la sévérité, voire l'atrocité de sentences qui
se voulaient exemplaires 1496.
Une brève étude de la législation laïque dans l'empire, dans les Pays-
Bas et en Angleterre, permet de vérifier la dureté croissante de l'Etat à
l'égard de la sorcellerie, au XVIe siècle et au début du XVIIe siècle. Dans
l'empire, la Nemesis Carolina, « monument de justice criminelle »,
publiée par Charles Quint en 1532, consacre trois passages à la
sorcellerie. Le chapitre XLIV traite des enchantements et de ceux qui
utilisent livres, amulettes, formules étranges et objets suspects ou ont des
attitudes inhabituelles : on pourra les arrêter et les soumettre à la torture.
Le chapitre LII porte sur les interrogatoires : il faudra chercher à savoir
quand et comment les sorciers procèdent, s'ils se servent de poussière
empoisonnée ou de sachets magiques, s'ils fréquentent le sabbat et ont
conclu un pacte avec le diable. Le chapitre CIX, rappelant que le droit
romain (c'est-à-dire le Code de Justinien) vouait au feu les magiciens,
ordonne de les punir dès lors qu'ils ont nui au prochain1497.
« Si quelqu'un, lit-on dans la Nemesis, a fait quelque tort à autrui par sortilège ou
maléfice, il sera puni de mort, et même condamné au bûcher. Si quelqu'un a pratiqué
la sorcellerie sans nuire à autrui, il ne faudra le punir que dans la mesure où il a péché
et cette punition sera laissée à l'appréciation du juge. » (Art. CIX1498.)
« ... Entre aultres grands pechez, malheurs et abominations que ce miserable temps
nous apporte chacun jour à la ruyne et confusion du monde, sont les sectes des divers
malefices, sorcelleries impostures, illusions, prestiges et impietez que certains vrays
instrumens du diable, après les heresies, apostasies et atheysmes, s'advancent
journellement mectre en avant. »
« ... l'œil et bon regard pour tout diligemment enquester et informer de ces abuz et
crimes affin de descouvrir ceulx qui en seront entachez et coupables pour les chastier
et signamment enquérir contre ceulx ou celles qui pouvent estre les plus diffamez
d'estre devins, enchanteurs, sorciers, vaudois ou notez de semblables malefices et
crimes ; et s'ils en sçavent aucuns, qu'ils ayent à procéder rigoreusement contre eulx
par toutes les peines et chastoiemens severes et exemplaires en conformité desdites
lois divines et humaines sans y faire faulte, à peine de se prendre aux defaillans ;
partant que chacun s'en garde autant qu'il veult éviter l'indignation de Dieu et de
nous1504 ».
Ressortent de ce document plusieurs évidences. Le vocabulaire de
l'ordonnance glisse constamment du juridique au religieux et poursuit la
magie avant tout comme un péché, comparable à l'hérésie et à l'athéisme.
L'accent porte moins sur le tort occasionné au prochain — c'était encore
la dominante de la bulle Summis desiderantes — que sur le fait de
s'adonner à des pratiques interdites, parce qu'elles sous-entendent
l'intervention de « malings esprits ». Les juges sont invités à la sévérité et
le gouvernement ne tolérera pas leur défaillance. La délation est
encouragée, puisque les autorités s'informeront des « plus diffamez
d'estre devins, enchanteurs, vaudois, etc. », et « s'ils en sçavent aucuns,
qu'ils ayent à procéder rigoureusement contre eulx ».
Avec quelques atténuations de détails (par exemple, la réprobation de
pratiques telles que le bain des sorcières), l'ordonnance de 1592 fut
répétée par Philippe II en 1595 et en 1606 par les archiducs 1505.
Dans les îles Britanniques, comme sur le continent, la législation
contre la sorcellerie fut renforcée, voire instituée, dans la seconde moitié
du XVIe siècle et au début du XVIIe. « La révolution calviniste, note H.R.
Trevor-Roper, amena en Ecosse en 1563 la première loi contre la
sorcellerie inaugurant un siècle de terreur 1506.» » Le premier statut anglais
la condamnant date de 1542, il fut aggravé en 1563 par un « Act contre
les conjurations, enchantements et sorcelleries1507 ». Le gouvernement
était en effet préoccupé par la multiplication d'activités perfides qui
prenaient la forme de fausses prophéties, prédictions astrologiques et
conjurations diverses. L'Act déclarait crime l'invocation des malins
esprits pour quelque but que ce fût, même sans intention de provoquer un
maléfice. Toutefois, il échelonnait les peines en fonction de la gravité des
cas. Le crime n'était capital que si charmes, enchantements et maléfices
avaient provoqué mort d'homme. Si la victime était indemne, ou n'avait
été que blessée, ou si un animal seulement avait été tué, le coupable serait
puni d'un an de prison et de quatre expositions au pilori. La récidive, en
revanche, entraînait la mort. De même on prévoyait une peine réduite
dans le cas de pratiques magiques tendant à chercher des trésors,
retrouver des objets perdus, ou provoquer des amours coupables, la
récidive étant sanctionnée par la prison à vie et la confiscation des biens.
Cette relative clémence était, à l'époque, en retrait sur les exigences des
théologiens de l'Angleterre élisabethaine qui souhaitaient la mort de tous
les magiciens, même adonnés à la magie blanche. Le statut, plus
rigoureux, de 1604, adopta les normes continentales. A. Macfarlane a fait
ressortir dans le tableau ci-contre les aggravations apportées par l'Act de
1604 par rapport à celui de 1563 1508 :
En dépit de cette rigueur accrue, la torture (sauf durant la panique de
1645 dans l'Essex) semble avoir été peu utilisée en Angleterre où d'autre
part les condamnés étaient pendus et non brûlés.
Luxembourg 1606- 64
1650
Essex 1560- 25
1675
« C'était dans ces mêmes lieux [la basse Bretagne] une coutume reçue de se mettre
à genoux devant la nouvelle lune et de dire l'oraison dominicale en son honneur ; c'en
était une autre de faire le premier jour de l'an une espèce de sacrifice aux fontaines
publiques, chacun offrant un morceau de pain couvert de beurre à celle de son village
1573
.»
Des rites identiques sont signalés par K. Thomas dans les îles
Britanniques au début des Temps modernes1574. Un auteur anglais du XVe
siècle se désole de constater que « des gens rendent un culte au soleil, à
la lune et aux étoiles ». De fait, en 1453, un boucher et un laboureur de
Stanton (Hertfordshire) sont poursuivis pour avoir affirmé qu'il n'existe
pas d'autre divinité que le soleil et la lune. Au XVIIe siècle, quand le
puritain Richard Baxter arrive dans sa paroisse de Kidderminster, il
découvre que, parmi ses ouailles, plusieurs sont ignorantes « au point de
croire que le Christ est le soleil..., et le Saint-Esprit la lune ». W. Camden
rapporte, toujours au XVIIe siècle, que les « sauvages Irlandais » —
comme les Bretons évangélisés par Le Nobletz — s'agenouillent devant
la nouvelle lune et récitent le Notre-Père en son honneur, rite attesté aussi
dans le Yorkshire à la même époque. A Londres, en 1641, une secte de «
saturniens » et de « junoniens » rend un culte aux divinités planétaires.
Dans le Luxembourg des années 1590-1630, où sévit une dure
persécution de la sorcellerie, se maintient — il est vrai, déformé — le
souvenir de Diane, popularisée sous le nom de « Gene ». Encore au
XVIIIe siècle, de nombreuses statues de la déesse subsisteront dans le
duché. Du mélange qui résulta des alluvions religieuses successives,
témoigne en 1626 l'étrange prière que récite devant ses juges une femme
de la province, accusée de sorcellerie. Dans ce poème rythmé, qu'a
retranscrit Mme Dupont-Bouchat, il est tour à tour question (un peu
comme dans les cultes afro-brésiliens d'aujourd'hui) du Christ et de la
croix, de saint Jean et du diable, d'arbres, de feuilles et de champs fleuris,
de Marie et de déesses appelées « Enégies » (Euménides1575 ?). A ces
indications dispersées, il faut ajouter celles qui concernent les diables
populaires et dont on a parlé plus haut. Souvent ils ne sont pas le Satan
de l'Eglise, mais des divinités familières aussi utiles que nuisibles et que
les paysans cherchent à se rendre propices 1576.
Tous ces faits éparpillés dans le temps et l'espace et dont les enquêtes
au ras du sol ne manqueront pas d'allonger la liste éclairent, dans une
certaine mesure, le jugement de Freud qui affirma : « Les peuples
chrétiens sont mal baptisés. Sous un mince vernis de christianisme, ils
sont restés ce qu'étaient leurs ancêtres, des barbares polythéistes 1577. »
Diagnostic sommaire, assurément, mais que l'historien de l'Europe des
XVe-XVIIe siècles ne peut récuser d'un trait de plume et que confirme
encore, au moins sur le plan local, un regard même rapide sur la Lucanie
du début du XXe siècle 1578.
Mais christianisation incomplète, survivance d'un polythéisme de fait
et débris des religions anciennes ne signifient pas pour autant cultes
cohérents de la fertilité, maintien d'un paganisme conscient de lui-même,
organisations clandestines de liturgies a- et surtout antichrétiennes. La
seule certitude qu'apporte la documentation actuellement dépouillée est
celle d'un syncrétisme religieux qui, en particulier dans les campagnes, a
longtemps surimposé des croyances apportées par l'Eglise à un fonds plus
ancien. Mais les populations se regardaient comme chrétiennes et
n'avaient pas le sentiment d'adhérer à une religion condamnée par
l'Eglise. Et elles ont dû être très surprises par l'acculturation intensive
menée en Europe par les missionnaires des deux Réformes qui, eux,
virent du paganisme partout. Celui-ci était depuis longtemps un miroir
brisé, un univers éclaté. Il subsista assurément dans des noms déformés
de divinités et sous forme de mentalités et de comportements magiques,
mais sans panthéon tant soit peu organisé, ni prêtres (ou prêtresses), ni
corps de doctrine. Il était peut-être vécu, mais il n'était ni pensé ni voulu.
Alors, les sabbats ont-ils existé ?
Avec de nombreux historiens — notamment R. Mandrou, H.R. Trevor-
Roper, K. Thomas, N. Cohn — je penche pour la négative 1579. Tous les
auteurs qui affirment la continuité à travers le Moyen Age d'un culte
païen cohérent (lequel aurait tardivement revêtu des aspects sataniques)
s'appuient, comme Michelet, sur des documents très postérieurs des XVIe
et XVIIe siècles — ouvrages des démonologues et relations de procès. Et,
d'autre part, ils n'expliquent pas comment ni pourquoi des organisations
rituelles restées souterraines pendant mille ans réapparurent ensuite. Il est
étonnant que des inquisiteurs spécialisés du XIVe siècle tels que Bernard
Gui et Nicolau Eymerich n'aient pas mentionné les sectes lucifériennes à
un moment où elles auraient été en pleine activité. De plus, M. Murray et
ceux qui l'ont suivie — tout en la critiquant dans le détail — ont fait subir
aux documents anglais et écossais des XVIe-XVIIe siècles qu'ils ont
utilisés de sensibles mutilations. Dans les relations de procès, ils ont
gommé les détails invraisemblables pour ne conserver que ceux qui
donnaient une certaine cohérence aux réunions des prétendus sabbats. Or,
si on restitue cette documentation dans son intégralité, pourquoi éliminer
les vols sur des balais vers les assemblées nocturnes ou les
transformations en crapauds et maintenir l'adoration du bouc et le
cannibalisme ? Et encore, pourquoi rejeter comme légendaires les
meurtres rituels jadis attribués aux Juifs et les déclarer authentiques
quand il s'agit des sorcières ? En somme, toute une école historique s'est
refusée en la matière à la critique rigoureuse de la documentation. Celle-
ci — livres de démonologie et relations de procès contenant les aveux
des inculpés — provient toute de la culture dirigeante. Doit-on prendre
pour argent comptant l'imaginaire issu de sa peur ? Certes — nous
insisterons bientôt sur ce point — des gens d'autrefois ont, sans aucun
doute possible, utilisé des procédés magiques pour nuire à autrui. Mais,
dans de tels cas, les documents qui nous restent mettent en cause des
individus beaucoup plus que des groupes. Même dans l'Afrique du XXe
siècle, il paraît difficile d'établir- l'existence de groupes organisés de «
sorciers nocturnes » auxquels les populations croient toutefois
fermement1580.
« ... Les manans et habitants de nostre pays de Labourd nous ont fait dire et
remontré que despuis quatre ans déjà il s'est trouvé dans ledict pays ung si grand
nombre de sorciers et sorcières qu'il en est quasy infecté en tous endroicts dont ils
reçoivent une telle affliction qu'ils seront contraincts d'abandonner leurs maisons et le
pays, s'il ne leur est pourveu promptement de moyens pour les préserver de tels et sy
fréquents maléfices 1594. »
Notre époque est, hélas ! mieux armée qu'une autre pour opérer la
critique des aveux. Avec la torture, on peut tout faire avouer. Il est vrai
que, dans l'Angleterre des XVIe-XVIIe siècles, on l'a moins utilisée que
sur le continent. Mais la faim et la privation de sommeil sont aussi des
tortures capables de briser toute résistance. A quoi s'ajoutait le décalage
culturel entre juge et inculpé. Intimidé, comprenant parfois mal les
questions qu'on lui posait, celui-ci avait tendance à acquiescer aux
interrogations qui lui étaient adressées. Pourtant, en Angleterre par
exemple, des personnes vinrent d'elles-mêmes trouver les juges pour
s'accuser. D'autres avouèrent spontanément un commerce supéfiant avec
des esprits malins. D'autres encore, niant l'évidence, s'obstinèrent à
confesser des crimes qu'elles n'avaient pas commis. Comment faut-il lire
de telles confessions ? La réponse varie sans doute avec chaque cas. L'un
aura sombré dans un état de dépression aiguë — à l'époque, on parlait de
« mélancolie ». Tel autre aura cherché une publicité de mauvais aloi. Un
autre encore, qui nourrissait secrètement une sombre hostilité contre des
voisins, aura cherché à se libérer en l'exprimant 1601. Mais ces aveux
spontanés n'étaient recevables par les juges que libellés et traduits dans le
langage qui leur étaient familier, celui de la démonologie — un langage
que la prédication hebdomadaire avait certainement acclimaté
progressivement dans l'opinion. De façon probante, J.-C. Baroja apporte
à cet égard le témoignage d'un inquisiteur éclairé, Alonso de Salazar y
Frias, qui, dans les années 1610, tenta de démythifier la sorcellerie du
Pays basque. Dans ses Mémoires, Salazar signale l'importance capitale de
la suggestion collective due aux sermons. A Olagüe, près de Pampelune,
c'est — dit-il — après les prêches d'un religieux que les gens tombèrent
dans la plus aveugle crédulité. Ailleurs, ce sont les précisions contenues
dans l'édit de grâce de 1611 qui déclenchèrent chez. les jeunes des
confessions sur les aquelarres (assemblées nocturnes) et sur les vols
aériens vers le sabbat 1602. Ainsi sommes-nous renvoyés à l'univers des
théologiens et des juges.
Les uns et les autres exprimèrent leur peur de la subversion à l'aide
d'un stéréotype depuis longtemps constitué. Déjà les premiers chrétiens,
lorsqu'ils formaient des petites minorités dont les croyances et les
comportements paraissaient nier les valeurs de la civilisation gréco-
romaine, furent accusés de conspiration. Leurs réunions eucharistiques
furent représentées par leurs ennemis comme des orgies incestueuses où
l'on tuait et mangeait des enfants et où l'on adorait un âne 1603. Puis, le
christianisme étant arrivé au pouvoir, des accusations du même type
furent successivement reportées sur les montanistes de Phrygie (au IVe
siècle), sur les pauliciens d'Arménie (au VIIIe siècle), sur les bogomiles
de Thrace (au XIe siècle). En Occident, ces diffamations, assorties d'une
démonisation (les hérétiques poursuivis étant automatiquement dénoncés
comme adorateurs de Satan) jouèrent dès 1022 contre de pieux chanoines
d'Orléans, puis, tour à tour, contre les victimes de Conrad de Marbourg,
contre les cathares, contre les vaudois et contre les fraticelles. Plus un
groupe dissident se voulait austère, plus on accumulait sur lui les charges
outrancières (adoration collective du diable au cours de liturgies
nocturnes, infanticides, cannibalisme, sexualité débridée). On a vu aussi
que les Juifs, détestés et redoutés, furent l'objet de semblables
accusations 1604. De même encore, au XVIe siècle, les conventicules des
huguenots en France donnèrent souvent lieu, de la part de leurs
adversaires catholiques, aux pires interprétations. En somme, pour les
autorités, l'hérétique ne pouvait être qu'un déviant de la plus noire espèce.
Or, les sorciers et sorcières furent de plus en plus regardés comme des
hérétiques. On leur appliqua donc les accusations stéréotypées que
fournissait une tradition millénaire.
On peut saisir, grâce à deux documentations différentes mais
convergentes, comment des gens du peuple en arrivaient, au cours des
interrogatoires à avouer, avec ou sans torture, tout ce que souhaitaient
leurs juges ou confesseurs : transport au sabbat, assemblées diaboliques,
orgies sexuelles, etc.
Nous sommes en février 1657 à Sugny, au Luxembourg 1605. Une
certaine Pierrette Petit, soupçonnée d'être sorcière, est interrogée. On la
questionne d'abord sur des maléfices : a-t-elle « fait sécher » la vache
d'Henry Tellier ? A-t-elle soufflé son haleine dans la bouche de la femme
Bailly qui en serait morte ? A-t-elle voulu tuer sa voisine Isabelle Mergny
en lui donnant des poireaux et de la tarte ? Elle le nie. Deux jours plus
tard, l'interrogatoire reprend à nouveaux frais :
A propos d'un tel document, s'impose le commentaire pertinent de
Mme Dupont-Bouchat : si la question du juge est précise, l'accusée
répond par « oui » ou reprend presque textuellement les termes mêmes de
la question. Si, en revanche, on lui demande d'ajouter une précision, elle
déclare ne plus se souvenir de rien. « L'ajustement précis des réponses
aux questions, l'adhésion quasi automatique de la prévenue aux
accusations lancées contre elle par les juges, et, d'autre part, son absence
de mémoire lorsqu'il s'agit de donner une réponse plus personnelle,
permettent de saisir très concrètement une des phases capitales de
l'élaboration du mythe démonologique et sabbatique. Certes, les
villageois ont entendu parler du diable, par leur curé, à l'église. La
sorcière déclare spontanément que le diable vient la visiter lorsqu'elle
omet de se signer. Son démon a un nom savant : Belzébuth. Mais, pour le
reste, l'essentiel de ses réponses lui est suggéré par les juges. »
Voici maintenant un autre type de document qui éclaire le précédent :
c'est le « directoire du confesseur » que le père Maunoir, qui missionna
en Bretagne de 1640 à 1683, rédigea vers 1650 et auquel il donna le titre
significatif de La Montagne 1606. Car il crut que la « montagne » bretonne
était peuplée de sorciers, formant une organisation ou « cabale », et
constituait un lieu privilégié pour les sabbats. Il l'identifia comme une
vaste « synagogue ». En Bretagne, les procès de sorcellerie furent peu
nombreux. Quand Maunoir entreprit sa croisade les bûchers en France
étaient en train de s'éteindre. Aussi bien le rôle des missionnaires était-il
de convertir, non de punir. D'où la méthode que l'infatigable jésuite leur
conseilla pour provoquer les aveux et rompre le « charme du silence »
par lequel Satan essaie d'empêcher de parler ceux qui ont conclu un pacte
avec lui. « Ce pacte est si diabolique, écrit Maunoir dans son Journal
latin, que les pénitents ne peuvent se résoudre à se confesser sincèrement
; donc il faut que le confesseur les aide efficacement 1607. » L'erreur serait
de se fier aux confessions anodines. Car « il est d'expérience que ce genre
de pénitents [les sorciers] ne confessent d'eux-mêmes aucun des péchés
énormes qu'ils commettent si le confesseur ne les aide 1608 ».
Le missionnaire pourra déduire de plusieurs indices la culpabilité
présumée de la personne dont il entend la confession : si elle habite un
pays où l'on parle de sorcellerie et de maléfices ; si elle sait. mal son
catéchisme ; si elle ne possède point de chapelet ; si elle porte des
amulettes superstitieuses. Toutefois, ces « marques n'étant pas tout à fait
asseurées..., on peut interroger tout le monde 1609 ». Certes, Maunoir
recommande la discrétion mais en même temps de ne pas hésiter à
choquer ou rebuter le pénitent ; car si on n'interrogeait que sur la base de
graves soupçons, « on ferait encore plus de confessions mauvaises qu'on
en fait ». En pratique, le confesseur est persuadé que la sorcellerie est
partout, que tout pénitent est soupçonnable et que chaque confession
donne l'occasion d'un nouveau combat entre l'Eglise et Satan. Comment
sortir victorieux d'une telle joute, pour le plus grand bénéfice de la
victime du diable ? Tel est le problème du missionnaire qui traitera son
vis-à-vis comme un inculpé à qui il faut arracher l'aveu. Le missionnaire
est le commissaire de Dieu appelé à instruire des centaines de dossiers de
sorcellerie.
Pour les tirer au clair, il existe de bonnes recettes et d'abord de ne point
se lasser d'interroger. Car tel pénitent qui aura commencé d'avouer «
discontinuera, protestant qu'il ne veut dire certaine choses. C'est alors
qu'il faut que le confesseur se ranime en zèle ». Ou encore, le coupable
présumé, qui paraissait d'abord se taire, dira « quelque chose de commun
» ou de « différent de ce qu'on demande ». Alors « il faut renouveler
intérieurement la conjuration » et pousser inlassablement les questions
1610
.
Mais comment interroger ? Maunoir l'explique dans les parties II et III
de La Montagne, indiquant en même temps l'objectif à atteindre. Car
beaucoup des accusés du tribunal de la pénitence, en basse Bretagne, ont,
selon le missionnaire, participé au « mystère d'iniquité ». Ils ont conclu
un pacte avec Satan, adoré un démon aux pieds fourchus, participé à des
sabbats marqués par des orgies et des débauches sexuelles. Tels sont les
aveux à obtenir, souvent grâce à une approche oblique. Car il faut
interroger « progressivement », « tâcher d'entrer, non obstant lès
obstacles du démon, dans la conscience du pénitent » et il est bon que
celui-ci ne « s'aperçoive pas [d'abord] de ce qu'on veut lui demander ».
D'où le vague volontaire des questions où abondent des mots voilés tels
que « quelqu'un », « quelque chose », « un certain », etc. On ne révélera
donc qu'en fin d'interrogatoire qu'il s'agissait du diable et du sabbat. Mais
« induire doucement », cela signifie aussi apporter à l'accusé des
apparences d'excuses : « Il vous semblait que vous étiez quelquefois la
nuit dans une grande assemblée ? Ce vilain — entendez Satan — y était
comme assis qui s'y glorifiait ?... Pour vous, vous étiez peut-être comme
tout étourdi, hors de vous-même ; vous ne saviez pas bien ce que vous
faisiez ; vous faisiez comme les autres. » On facilitera donc l'aveu en
confondant veille et rêve. Si on croit que les pénitents ne disent pas tout,
« on pourra les attirer doucement — encore la méthode insinuante — leur
frayant le chemin en leur disant que les autres le faisaient, que c'était en
apparence et en esprit que cela se faisait, qu'ils étaient étourdis et comme
endormis »... La pensée profonde du confesseur est toutefois celle-ci : «
...Il est très probable que cela est réel, quoy qu'ils n'en soient pas toujours
asseurés à cause de leur enyvrement. » Et puis, dans « le songe » aussi, il
y a « opération du démon » et « péché de l'homme ».
D'autre part, dans l'esprit de Maunoir, comme dans celui des auteurs du
Malleus, existe un lien étroit entre fautes sexuelles et abandon à Satan.
C'est par la « porte de l'impureté » qu'on entre le plus facilement dans la
secte infernale. Dès lors, des questions sur les « nuitées » bretonnes —
banquets et danses nocturnes — sur les « mauvaises compagnies » et les
péchés de la chair permettent insensiblement de diriger l'interrogatoire
vers le sabbat. « Vous alliez quelquefois dans votre jeunesse jouer avec
des petits enfants ? Ils faisaient des choses déshonnêtes ? Il s'en trouvait
un — Satan évidemment — plus malicieux que les autres ? Vous ne le
connaissiez pas ? » Si la réponse est affirmative, suivra cette autre
question : « De quel côté était cela ? » Le confesseur songe, bien sûr, à
quelque lande écartée propice aux forfaits et aux assemblées diaboliques.
En outre, quel pénitent ne serait pas conduit à répondre par oui à
l'interrogation suivante : « Vous avez quelquefois de vilaines pensées et
de vilaines représentations ?... Il y a quelque chose qui vous dit de faire
de même ? » Evoquant les « nuitées » — quel paysan breton n'y avait pas
participé ou rêvé de s'y trouver ? — le confesseur est pareillement assuré
d'une réponse positive : « C'était un banquet où on mangeait du pain
blanc, du sucre, des chapons....Il y avait bien du monde, tous y faisaient
grande chère, burent tant qu'ils voulurent et puis dansèrent ? »
D'acquiescement en acquiescement, l'inculpé du confessionnal
s'enfonce à son insu dans le sombre chemin au bout duquel il découvrira
soudain Satan et le sabbat. La retraite lui est coupée. Car l'avalanche des
interrogations lui ôte la possibilité de se reprendre. De plus, les questions
formulées sur le mode affirmatif comportent déjà la réponse. Ebranlé,
conditionné, cerné de tous côtés, il se trouve face à quelqu'un qui paraît
en savoir plus que lui sur lui-même. Trois conseils convergents de
Maunoir éclairent cette tactique mûrement réfléchie : « Si [le pénitent]
répond de façon brusque qui donne quelque soupçon au confesseur, il
faut tâcher de l'attaquer d'un autre côté. » « Ne [lui] laissez pas trop de
temps pour réfléchir » et dites-lui : « J'en sais plus long que vous ne
pensez. »
Pour le confesseur, aucun doute n'est possible : ce compagnon suspect
qui a entraîné sa victime hors du droit chemin, ce maître des cérémonies
qui présidait banquets et danses au cœur de la lande, c'était Satan. Et
donc il devait avoir des pieds fourchus. C'est le signe infaillible auquel on
le reconnaît. D'où les questions insistantes et rusées sur les pieds de celui
qui est évidemment Lucifer :
« S'ils disent qu'ils n'ont pas vu les pieds, il faut leur demander s'ils voudraient les
avoir semblables, et s'ils répondent que non, il faut rabattre ainsi : — Eh bien,
comment étaient-ils donc puisque les vôtres ne sont pas de même ?... »
Autre interrogatoire du même type : « Comment ses pieds étaient-ils faits ? Avez-
vous vu ses bas et ses souliers ? » S'il dit que non, poursuivez : « Vous avez donc vu
ses pieds, comment étaient-ils ? Comme ceux d'un homme ou d'une bête ? Dites-moi
la vérité ! Voudriez-vous avoir des pieds comme eux ? »
4. Un danger pressant
« Et tout ainsi que Dieu envoye les pestes, guerres et famines par ministere des
malins esprits, executeurs de sa justice, aussi faict-il des sorciers, et principalement
quand le nom de Dieu est blasphémé, comme il est à présent partout, et avec telle
impunité et licence que les enfants en font mestier 1627. »
« comme quasi toutes les heresies sont tombées en sorcelerie, et souz la domination
de Sathan ; aussi avons nous occasion de nous condouloir de ce que nous voions, en
ce royaume et plusieurs autres lieux, la magie fort pulluler et multiplier 1632 ».
1. L'univers de l'hérésie
Ce conseil est repris par les auteurs du Marteau des sorcières. Que les
inquisiteurs, écrivent-ils, découragent les appels au pape, aillent eux-
mêmes rarement à Rome et, s'ils doivent tout de même s'y rendre, « qu'ils
s'arrangent pour en revenir le plus vite possible » ; sinon les hérétiques «
redresseront la tête, grandiront en mépris et en méchanceté » et «
sèmeront plus audacieusement des hérésies 1642 ».
Il existe une logique interne de la suspicion. Dans une situation d'état
de siège — en l'occurrence l'offensive démoniaque qui redouble de
violence avant les échéances apocalyptiques — le pouvoir politico-
religieux, qui se sent fragile, est entraîné à une surdramatisation et
multiplie comme à plaisir le nombre de ses ennemis de l'intérieur et de
l'extérieur. De façon significative, le Fortalicium fidei s'intitule « La
Forteresse de la foi : contre les hérétiques, les Juifs, les mahométans et
les démons ». Dans l'espace catholique, la sécession protestante ne fera
que porter à son paroxysme la peur de la subversion de la foi, déjà très
vive auparavant et la tendance à intégrer à l'univers de l'hérésie toutes les
catégories de suspects. On constate en effet que Juifs, musulmans et
idolâtres domiciliés dans des territoires relevant d'un prince chrétien ont
été progressivement assimilés à des hérétiques et donc punissables
comme tels. Le Fortalicium fidei dit, entre autres, du Talmud qu'il
contient « de multiples vanités, abominations et hérésies ». Convertis par
la force des choses, les israélites des pays ibériques deviennent suspects
d'hérésie dès lors qu'ils paraissent revenir à leur ancienne croyance. Un
exemple entre des milliers : en 1644, à Bahia, un « chrétien nouveau » est
condamné par l'Inquisition avec les attendus suivants :
« Etant baptisé, il est obligé de faire et de croire tout ce que fait et enseigne la
Sainte Mère Eglise de Rome. Or il fait le contraire, vivant à part de notre sainte foi
catholique 1643. »
En Espagne, l'autre minorité inquiétante, celle des musulmans, a été,
elle aussi, amenée de force au christianisme par décisions
gouvernementales. Mais le baptême n'a pas eu l'effet attendu : les coeurs
des morisques sont restés endurcis. Dès lors, ils sont devenus les pires
des hérétiques : ce qu'exprime, entre autres, le licencié en théologie Pedro
Aznar Cardona dans un ouvrage de 1612 justifiant leur expulsion :
« Ils étaient, dit-il, le poison et la gale et les mauvaises herbes dans le champ de
l'Espagne, les zorilles dévorantes, les serpents, les scorpions, les crapauds, les
araignées, les vipères venimeuses dont la morçure cruelle blessait et tuait beaucoup de
monde. Ils étaient les éperviers brigands et les oiseaux de proie qui vivent en donnant
la mort. Ils étaient les loups parmi les brebis, les faux bourdons dans la ruche, les
corbeaux parmi les colombes, les chiens dans l'Eglise, les gitans parmi les israélites, et
finalement les hérétiques parmi les catholiques 1644. »
« ... Il ne s'agit pas d'un simple mortel, il s'agit d'un démon, des plus rusés et même
pas d'un démon unique, mais d'une troupe diabolique... Cet Antéchrist possédait une
astuce incomparable pour simuler la vertu et dissimuler le vice avec une constance
parfaite 1658... »
« Ouvrez donc les yeux, chrétiens de toutes régions, et vous surtout, Tchèques,
Moraves et habitants des contrées voisines. Voici qu'un méchant hôte a surgi dans vos
parages ; sa cruauté est bien connue ; il fait planer la colère sur les âmes.
« L'hérésie s'est démultipliée. Elle avait péri pourtant avec les anciens hérésiarques,
et jamais l'on ne vit pareil fait dans le passé...
« Elle infeste la foule des chrétiens ; elle lève des guerres et des combats et
combine à cet effet rets et filets...
« Vous défendre contre les Turcs, bouter ces mécréants hors du pays, voilà qui est
fort louable...
« Il en faut rendre grâces aux puissants de ce monde. Mais qu'ils font peu de cas de
la sainte Eglise !
« Ils souffrent en ce pays de pires meurtriers, d'exécrables factieux de la loi. Qui
pourrait les dénombrer ?...
« Lorsque les païens tuent le corps, il n'abîment en rien l'âme. Les hérétiques
égorgent les deux.
« Qu'on mette fin à leurs progrès. Qu'il n'y ait plus qu'une chrétienté.
« Qu'on honore Dieu dans une seule foi1673 ! »
« La liste de 1583, écrit J.-M. de Bujanda, contient presque cinq fois plus de titres
[que celle de 1559]. Les ouvrages latins condamnés augmentent de 300 à 1 800... ; les
ouvrages allemands et flamands montent de 11 à 220 ; les volumes en français qui
étaient au nombre de 2 passent à 93, les livres italiens qui n'avaient pas de section
dans la liste de Valdès (1559) sont au nombre de 71 ; 6 titres portugais sont ajoutés
aux 12 déjà existants ; et enfin, au lieu de 170 livres castillans, on en compte 2071675. »
« ... Si tu veux extirper l'hérésie, écrivait-il en 1523, tu dois savoir comment faire
pour l'arracher avant tout du cœur et amener les hommes à s'en détourner par un
mouvement profond de la volonté. Par la force tu n'en viendras pas à bout, mais tu la
renforceras... Car si, par la force, on brûlait tous les Juifs et les hérétiques, on n'en
convaincrait ni n'en convertirait un seul par ce moyen 1680. »
Mais, après les violences de Th. Muntzer et la guerre des paysans et
tandis que princes et villes adhèrent en grand nombre à la Réforme, voici
que Luther change de ton, en vertu d'une autre logique contraire à la
première : le protestantisme est retour à l'Ecriture, éviction des «
nouveautés » — aussi bien les « superstitions » romaines que le «
sacramentarisme » de Zwingli. Inversement, « la méchanceté du monde »
se manifeste à la fois par « l'idolâtrie et l'hérésie1681 ». L'Etat n'a pas à
tolérer ces aberrations sataniques. Le Réformateur juge donc nécessaire
l'intervention de l'autorité civile pour faire cesser les « abominations »
telles que la messe. Sous la menace, le chapitre de la collégiale de
Wittenberg doit cesser, à la Noël 1524, la célébration de la messe. Deux
ans plus tard, Luther écrit au nouvel Electeur de Saxe, Jean : « En un
lieu, il ne doit y avoir qu'une seule espèce de prédication. » En 1527, il
demande à l'Electeur d'organiser des « visites ecclésiastiques » sur son
territoire. Désormais dans les Etats luthériens l'Etat contrôlera
l'organisation de l'Eglise, brisera les déviances religieuses, veillera à la
prédication de l'Evangile. Les « spiritualistes mystiques allemands »,
déçus par Luther, ont alors beau jeu de lui reprocher ainsi qu'aux autres
Réformateurs de l'époque d'avoir substitué à la papauté romaine « une
papauté nouvelle », un « pape de papier » (la Bible 1682. Pour
Schwenckfeld, Luther « nous a fait sortir d'Egypte et nous a conduits
dans le désert à travers la mer Rouge, mais il nous a laissés là, errant à
l'aventure, tout en s'efforçant de nous persuader que nous étions déjà dans
la Terre promise 1683 ». Un peu plus tard, Weigel reproche au « pape de
Wittenberg » d'avoir organisé un nouvel esclavage et de persécuter les
inspirés1684.
L'exécution à Genève de l'antitrinitaire Michel Servet (1553) et les
polémiques qui opposent alors quelques esprits iréniques comme
Castellion aux défenseurs de l'orthodoxie réformée (Calvin, Th. de Bèze,
etc.) donnent la mesure de la peur que ceux-ci éprouvent face à l'hérésie.
Castellion avait écrit, dès 1551, dans sa préface de la traduction latine de la Bible :
« Oh ! en quel temps sommes-nous ?... Nous serons sanguinaires et meurtriers par
zèle que nous avons en Christ, lequel, afin que le sang des autres ne dût être répandu,
il a épandu le sien. Par zèle de Christ, nous arracherons l'ivraie, lequel, afin que le blé
ne fût arraché, a commandé l'ivraie être laissée jusqu'à la moisson 1685. »
« Nous voyons qu'il n'y a presque aucune de toutes les sectes (qui sont aujourd'hui
sans nombre) laquelle n'ait les autres pour hérétiques : en sorte que si en cette cité ou
région tu es estimé vrai fidèle, en la prochaine tu serais estimé hérétique 1686. »
« Nos miséricordieux, qui prennent si grand plaisir à laisser les hérésies impunies...,
voudraient, de peur que l'Eglise de Dieu ne soit diffamée de trop grande rigueur, qu'on
donnât vogue à toutes erreurs... Or Dieu ne veut point qu'on épargne même ni les
villes ni les peuples, voire jusqu'à raser les murailles et exterminer la mémoire des
habitants, et fruster [sic] tout en signe de plus grande détestation, de peur que
l'infection ne s'étende plus loin 1687. »
Pour Th. de Bèze, qui, toujours en 1554, rompt des lances contre
Castellion à propos de Servet, l'hérésie est « le plus grand et le plus
outrageux » des crimes, et c'est une cruauté extrême que de laisser faire
les « loups » qui veulent « mettre en proie tout le troupeau de Jésus-
Christ ». Ce sont des « monstres déguisés en hommes ». Dès lors
s'impose l'action du bras séculier :
« La tyrannie est un moindre mal que d'avoir une licence telle que chacun fasse à sa
fantaisie et vaut mieux avoir un tyran, voire bien cruel, que de n'avoir du tout prince
quelconque, ou d'en avoir un sous lequel il soit permis à chacun de faire tout ce qu'il
veut... Ceux qui ne veulent point que le magistrat se mêle des affaires de la religion, et
principalement de punir les hérétiques, méprisent la Parole de Dieu expresse... et
machinent une ruine et destruction extrême à l'Eglise 1688. »
« Cette liberté de croire est mortelle pour l'Eglise ; elle en détruit l'unité faite de
l'unité de la foi. Les princes ne doivent donc en aucune façon, s'ils veulent être fidèles
à leur devoir, concéder cette liberté 1689. »
Le prince « doit dresser et entretenir de bons édits contre ceux qui par seule
opiniâtreté voudront résister à l'établissement de la vraie religion, comme nous voyons
de notre temps avoir été pratiqué en Angleterre, Danemark, Suède, Ecosse, une bonne
partie de l'Allemagne et de Suisse, contre la papauté, anabaptistes et autres hérétiques
1690
».
Cette lutte sans merci contre des ennemis clairement identifiés ne peut
être disjointe de celle qui fut conduite en même temps contre tout un
ensemble de comportements jugés répréhensibles, suspects ou
inquiétants. Les autorités civiles et religieuses décidèrent de discipliner
une société rétive qui leur parut vivre en marge des normes proclamées.
Le vécu leur sembla par trop différent du prescrit 1691. Entre les deux,
existait un fossé qu'il importait de combler.
C. Ginzburg, à la suite de M. Bakhtine, juge que, jusqu'à Rabelais et
Brueghel, la circulation entre culture d'en haut et culture des masses s'est
opérée dans les deux sens. Après quoi, se produisit une coupure qui mit
fin à de féconds échanges souterrains.
« La période suivante, écrit-il, fut au contraire marquée soit par une distinction sans
cesse plus rigide entre culture des classes dominantes et culture artisanale et rurale,
soit par l'endoctrinement à sens unique des masses populaires. On peut situer la césure
chronologique entre ces deux époques durant la seconde moitié du XVIe siècle, en
significative coïncidence avec l'aggravation des différences sociales sous l'impulsion
de la hausse des prix 1692. »
Ainsi une loi de janvier 1416 promulguée au Portugal par Jean Ier assure que : «
Depuis quelque temps certaines personnes, pour leurs péchés, sont tombées et
tombent dans le très grave péché d'hérésie, disant croyant et affirmant des choses qui
vont contre Notre-Seigneur Dieu et sainte mère l'Eglise sans craindre les grands
châtiments éternels et temporels prévus par le droit commun et par nos lois. » Onze
ans plus tard, le roi revient sur la nécessité d'une stricte punition des blasphémateurs,
car ils attirent sur le monde « famines », « pestes » et « tremblements de terre1698 ».
En France, Saint Louis n'avait pas manqué de sévir contre les
blasphémateurs. Sa législation fut constamment reprise par la suite, en
particulier sous Louis XIV (1666), mais avec une insistance significative
à la fin du XVe siècle et au cours du XVIe dans des textes signés
successivement de Charles VII (1460), Charles VIII (1490), Louis XII
(1510) et François Ier (1524, 1535 et 1544). Considérées comme
attentatoires à la majesté divine, les paroles blasphématoires furent
punies — en France et ailleurs — d'amendes de plus en plus lourdes à
mesure que se renouvelaient les récidives et de peines corporelles
'(pouvant aller jusqu'à la langue coupée) lorsque le coupable persévérait
dans ses comportements sacrilèges1699.
Casuistes et confesseurs des XVIe-XVIIe siècles ont unanimement jugé
que les deux grands péchés le plus fréquemment commis par leurs
contemporains étaient la luxure et le blasphème (le vol étant certes très
répandu, mais moins grave). Tel était bien le cas dans l'Espagne de
Charles Quint et de Philippe II. Le catalogue — incomplet — du tribunal
de l'Inquisition de Tolède, nous apprend B. Bennassar, avoue 644 procès
pour blasphèmes durant le seul XVIe siècle avec 600 condamnations.
Mais, à l'évidence, beaucoup de blasphémateurs n'étaient pas traduits en
justice, faute de témoins dénonciateurs 1700.
Sur la gravité que le blasphème revêtait au regard des autorités civiles
elles-mêmes, le cas vénitien est révélateur. Le 29 août 1500, des lettres
reçues à Venise annoncent que les Turcs ont occupé Modon. Aussitôt est
prise une loi aggravant les peines contre les blasphémateurs et les
sodomites. En août 1537, Corfou est assiégée ; en septembre, Malvoisie
est en mauvaise posture. Le 20 décembre, le Conseil des Dix crée une
magistrature spéciale, Gli Esecutori contro la bestemmia. Les coupables
de ce crime passeront désormais devant deux tribunaux : celui de l'Eglise
(Inquisition) et celui de l'Etat. En février 1695, un tremblement de terre
secoue Venise. Le 10 mars on publie un nouvel édit contre les
blasphémateurs. Ainsi pour les dirigeants le blasphème est plus qu'une
réaction de colère. Défi à Dieu, il attire sa juste vengeance sur la
collectivité. A Venise comme à Modène, les procès aux blasphémateurs
semblent avoir été surtout nombreux entre le milieu du XVIe siècle et le
milieu du XVIIe, soit au moment de la plus vive action de la Réforme
catholique. A Modène, qui a conservé à cet égard une riche
documentation, le tournant se situe vers 1570. Avant, l'Inquisition locale
s'occupe peu de blasphèmes. Après, et pour un siècle, ceux-ci viennent en
tête des chefs d'accusation.
Les délits, ainsi que les lois et appareils de répression énumérés ci-
dessus, nous ont surtout été apportés par les pays catholiques. Mais le
blasphème a tout autant sévi en pays protestant où il fut poursuivi avec
non moins de vigueur. Calvin essaya de faire passer à Genève une
législation contre les blasphémateurs et les « paillards ». Mais il dut
composer avec les résistances locales 1701. En Allemagne, les pasteurs et
théologiens luthériens du XVIe siècle éprouvèrent le sentiment —
parallèle à celui ressenti en France par J. Bodin — que jamais on n'avait
autant blasphémé qu'en leur temps.
« [La police] n'appartient pas seulement à ce que les hommes mangent, boivent et
soient sustentés en leur vie..., mais [aussi] à ce que l'idolâtrie, les blasphèmes contre le
nom de Dieu et sa vérité, et autres scandales de la religion ne soient publiquement mis
en avant et semés dans le peuple 1705. »
4. Un projet de société
Jamais la « police chrétienne » ne s'est faite aussi lourde en Europe
qu'une fois assises les deux Réformes — protestante et catholique —,
étant clair toutefois que le grand processus de « normalisation » évoqué
ici s'était déjà progressivement mis en marche au cours d'une longue
Préréforme. Soit maintenant la lutte contre les fêtes « païennes ». Elles
constituèrent un autre grand chapitre de l'action tenace et multiforme
pour christianiser la vie quotidienne par voie autoritaire et opérer de
façon radicale la nécessaire séparation — nécessaire aux yeux de l'élite
au pouvoir — entre sacré et profane. Cette action fut, comme celle contre
le blasphème, inséparable du combat conduit en même temps contre la
sorcellerie et tous les ennemis ouverts ou couverts du nom chrétien.
Satan s'était introduit dans les divertissements, les avait pervertis,
paganisés, s'en servant en outre pour confondre les hiérarchies et
bouleverser l'ordre social. Une dénonciation s'imposait. Les fêtes des
Fous et de l'Innocent disparurent progressivement au XVIe siècle, ne
subsistant plus au-delà que comme vestiges archaïques. Car ceux qui y
remplissaient des fonctions de parodie « profanoient les sacrements et les
dignités ecclésiastiques [et] se mocquoient des choses sacramentales » —
ainsi s'exprimait déjà en 1444 la Faculté de théologie de Paris 1706. La fête
des Brandons, le premier dimanche de carême, fut un peu partout
interdite. Car, déclarait une addition de 1683 aux Constitutions du
diocèse d'Annecy, ces « superstitions... ne sont qu'un débris honteux du
paganisme 1707 ». Le calendimaggio fut pareillement prohibé dans la
Lombardie de saint Charles Borromée au nom de la « décence » et parce
qu'on y confondait le sacré et le profane :
« Nous avons esté informé, écrivait l'austère archevêque, d'une mauvaise coutume
qui s'observe dans toute la province de Milan le premier jour du mois de may où l'on
célèbre la feste des saint Jacques et Philippe, apôtres, de couper des arbres
nouvellement fleuris et les porter comme en spectacle par les villes et par les champs
afin de les planter dans les rues et devant les maisons avec une forme de jeu et de
triomphe puéril.
« Nous avons trouvé que la chose estoit de conséquence et de telle nature qu'on la
devoit regarder comme une source empoisonnée et une pépinière de plusieurs maux.
Car il y a des gens là qui, pour avoir ce divertissement ridicule, négligent d'assister au
sacrifice de la messe un jour de feste et coupent le plus souvent des arbres dans les
fonds d'autrui, principalement dans les terres ou les bois de l'Eglise, ce qu'ils ne font
point qu'avec larcin et mesme avec violence et par voyes de fait injurieuses. D'où il
arrive grand nombre de péchez comme les querelles, les disputes, les reproches, les
haines, les inimitiez et quelquefois les batteries et les meurtres. Ces spectacles sont
ordinairement accompagnez de clameurs de la populace qui s'y amuse et du grand
bruit des instruments de guerre, du son des tambours et des trompettes ; ce qui trouble
grandement les divins offices et les sermons. Ensuite on se met à boire et la débauche
attire les ivrogneries, les paroles sales, les folâtreries impudentes et deshonnetes, les
allechemens et les engagemens aux œuvres de la chair avec une infinité de semblables
desordres qui deshonnorent le nom et la religion de Jésus Christ.
Ordre est donc donné au clergé d'exhorter « puissamment » les populations « en
leur représentant le grand péchez avec les torts et les dommages qu'ils font à leurs
corps et leurs âmes par l'observance de cette coutume pernicieuse qui tient encore des
superstitions du paganisme ; qu'il leur apprenne de passer ce jour-là en des exercices
de piété, à faire des prières et des processions, à chanter des hymnes et des psaumes...
au lieu de s'occuper à ces niaiseries dont ils font un spectacle à planter ces arbres dans
les rues avec une éfusion de fausse joie et de clameurs profanes 1708. »
« Ne se passe-t-il rien la nuit de Noël, la veille des morts ni dans d'autres temps qui
soit indiscret ? » (Art. 104.) N'entre-t-on pas [dans les églises] avec des chiens de
chasse, des oiseaux et des armes à feu ? » (Art. 105.) « Ne joue-t-on pas dans le
cimetière ? » (Art. 106.) « N'y fait-on pas des danses ? » (Art. 112.) « Ne fait-on pas
des festins de confréries les jours des patrons ? » (Art. 114.) « Dans la célébration des
mariages, ne se passe-t-il rien de contraire au respect dû à ce sacrement ? » (Art. 134.)
« Les secondes noces ne sont-elles point deshonorées par des tumultes, des cris et des
attroupements ridicules ? » (Art. 1351720.)
Bien que la législation civile ait continué en plusieurs pays à tolérer les
feux de la Saint-Jean et le carnaval (auquel l'Eglise tridentine tenta
d'opposer les « Quarante Heures »), cependant à partir du XVIe siècle
pouvoir ecclésiastique et pouvoir civil s'appuyèrent puissamment l'un sur
l'autre pour mieux surveiller la conduite religieuse et morale des
populations. En France, par exemple, des ordonnances sévères et
répétées, suivant celles d'Orléans (1560) et de Blois (1579), font plus que
jamais du roi le protecteur de l'Eglise. La royauté s'engage complètement
pour « prêter la main » à la religion. Elle légifère sur l'interdiction des
activités serviles et mécaniques les dimanches et fêtes d'obligation,
faisant reporter aux lendemains les foires et marchés. Elle veille à la
fermeture des cabarets durant les offices ; à ce qu'on ne joue pas à ce
moment-là aux quilles ou à la paume ; à ce que des rassemblements
indiscrets ne suivent pas la messe sur la place de l'église ou au cimetière.
Elle combat les danses publiques, les jeux de hasard, les banquets de
confréries, les fêtes patronales trop bruyantes, les dévotions suspectes.
Elle surveille les « récréations dangereuses » et censure le théâtre. Elle
appuie les évêques qui cherchent à diminuer le nombre des jours chômés
— autant d'occasions de scandales et d'ivrogneries. Elle impose un ordre
aux processions. Et finalement, à partir de Louis XIV, elle soumet à
autorisation les pèlerinages à l'étranger, prétextes au vagabondage, à des
désordres, à la fuite hors du royaume de la main-d'œuvre et de l'argent.
Bien sûr, entre le prescrit et le vécu, une marge a subsisté et des
résistances populaires ne manquèrent pas de contrecarrer les intentions
du pouvoir. Pourtant, cette parfaite concordance entre les deux
législations — civile et ecclésiastique - et la conjonction d'une
centralisation agressive avec le dynamisme conquérant des Réformes
religieuses créèrent autour des populations un réseau serré d'interdits,
beaucoup plus rigoureux que celui du passé.
Deux textes significatifs, retenus entre mille, nous aideront encore à
faire revivre la nouvelle atmosphère d' « ordre moral » qui s'abattit sur
l'Europe aux XVIe et XVIIe siècles. Voici d'abord en quels termes le
calviniste L. Daneau parle de la danse. A travers sa diatribe, on devine le
sentiment de tout le corps pastoral réformé et l'idée globale qu'il se fait de
la religion :
« Elle [la danse] incite à la volupté, ce qui est incompatible avec la religion, car
toutes les parties de la vocation chrétienne ne nous parlent que d'abstinence, de
mortification et les danses tranchent tous ces liens et donnent la liberté à la chair pour
l'affranchir de telles craintes, et sollicitudes et lui ouvrir une plaine salle de plaisirs
pour s'y épandre en toutes ses ailes..
« Entre tant de fautes qui se trouvent ensemble en la danse, le comble du mal est
que les hommes y sont mêlés aux femmes avec des inconvénients si grands et si
certains témoignages de paillardise et convoitises qu'on ne peut faire doute que la
danse ne soit de l'invention propre de Satan 1721... »
« L'église devant être la maison de Dieu et de la prière et donc un lieu sacré, nous
ne pouvons pas ne pas être ému [c'est l'évêque qui parle] par l'irrévérence du peuple
qui ne s'y comporte pas autrement que dans n'importe quel lieu où l'on traite d'affaires.
Sachant que exhortations et avertissements sont de peu de pouvoir à l'égard du peuple
s'il n'y a pas quelqu'un en personne pour blâmer et continuellement combattre son
impudence nous décidons ce qui suit : le curé ou son vicaire, avec l'accord des
gardiens de l'église, prêtres de la paroisse, nobles, juges s'il y en a, choisira trois
personnes, l'une parmi les prêtres, la seconde dans la confrérie de la Charité — s'il en
existe une — ou dans la population, la troisième également parmi les fidèles. Ils
seront de bonne renommée et hommes d'âge de façon à ce que les autres respectent
leurs cheveux blancs et ils devront accepter le choix qu'on aura fait d'eux au nom de la
sainte obéissance due à Dieu, à l'évêque et à leur propre curé. Ils seront appelés
portiers — ostiarii — de l'église en raison de l'office que nous leur imposons.
« En effet, les jours de fête ils observeront et noteront les noms des prêtres et
paroissiens absents des offices, s'enquéreront pourquoi et s'ils ne sont pas à passer le
temps au cabaret, dans des jeux ou dans d'autres occupations séculières. A l'intérieur
de l'église, ils veilleront à ce que chacun soit en son lieu et place et à ce que —
attitude dépravée et ambitieuse — des personnes du peuple n'occupent les premières
chaises à côté de l'autel devant les prêtres, derrière lesquels il convient que tous
s'assoient, au rang propre à sa qualité et condition. A cet égard, les ostiarii auront
autorité pour faire cesser, dans l'église, les habituelles querelles et désaccords de
préséance.
« En outre, ils observeront l'attitude des assistants, comment ils se comportent, du
plus petit au plus grand, s'ils ont la tête découverte, s'agenouillent au moment
opportun, s'ils participent à l'office avec les oreilles et avec l'âme, s'ils s'appliquent à
la prière. Avec révérence et modestie, les ostiarii feront des observations aux
contrevenants et les ramèneront à leur devoir. Et ils ne permettront pas sans bonne
raison aux fidèles de sortir de l'église avant la fin de la liturgie.
« Pour une meilleure efficacité d'une telle charge, nous décidons qu'à tour de rôle
l'un des trois se tiendra dans le chœur, un autre hors du choeur et le troisième à
l'extrémité de l'église afin qu'ils puissent voir et inspecter tous les assistants 1722... »
« Le libertinage des mendiants est venu jusqu'à l'excès par un malheureux abandon
à toutes sortes de crimes, qui attire la malédiction de Dieu sur les Etats, quand ils sont
impunis 1738. »
« On les fera travailler [les pensionnaires] le plus longtemps et aux ouvrages les
plus rudes que leurs forces et lieux où ils seront le pourront permettre 1741. »
« La fin principale pour laquelle on a permis qu'on ait retiré ici des personnes hors
des tracas de ce grand monde et fait entrer en cette solitude [l'hôpital général] en
qualité de pensionnaires, n'était que pour les retenir de l'esclavage du péché, d'être
éternellement damnés et leur donner le moyen de jouir d'un parfait contentement en
cette vie et en l'autre 1745... »
Introduction
1 MONTAIGNE, Journal de voyage, éd. M. Rat, Paris, 1955, p. 47-48.
2 P. 61. Rééd. de 1957.
3 L. FEBVRE, « Pour l'histoire d'un sentiment : le besoin de sécurité », dans Annales, E.S.C.,
1956, p. 244. Cf. aussi R. MANDROU, « Pour une histoire de la sensibilité » dans ibid., 1959, p.
581-588. Le petit livre de J. PALOU, La Peur dans l'histoire, Paris, 1958, concerne
essentiellement la période postérieure à 1789.
4 G. DELPIERRE, La Peur et l'être, Toulouse, 1974, p. 7.
5 FROISSART, Chroniques, éd. S. Luce, Paris, 1869. Ier, p. 2.
6 A. de LA SALE, Jehan de Saintré, éd. J. Misrah et Ch. A. Knudson, Genève, 1965, p. 29-30.
Pour tout ce qui suit, cf. mon article « Le Discours sur le courage et sur la peur à l'époque de
Renaissance », dans Revista de Historia (de São Paulo), n° 100, 1974, p. 147-160.
7 Livre IV, chant LII.
8 Les renseignements concernant l'édition au XVIe siècle dans L. FEBVRE et H.-J. MARTIN,
L'Apparition du livre, Paris, 1958, p. 429-432.
9 Cf. Collection des chroniques nationales françaises, éd. J.-A. Bucheron, Paris, 1826 et suiv.:
II, p. 17-18.
10 Ibid., XLII, p. xxxv.
11 Ed. G. Doutrepont et O. Dodogne, Bruxelles, 1935-1937 ; Ier, p. 207.
12 La Très joyeuse, plaisante et recreative hystoire du bon chevalier sans paour et sans
reproche, composée par le Loyal Serviteur, éd. M. Petitot, Paris, 1820, Ire série, XVI, 2, p. 133-134.
13 COMMYNES, Mémoires, éd. Calmette, 3 vol., Paris, 1924-1925, I, p. 23-26. Cf. J.
DUFOURNET, La Destruction des mythes dans les Mémoires de Commynes, Genève, 1966, p.
614.
14 La Très joyeuse ... histoire du bon chevalier..., 1, p. 307.
15 MODITAIGNE, Essais, Ier, chap. XVII (« De la peur »), éd. A. Thibaudet, Paris, 1965, p.
106.
16 Ibid. ; II, chap. XXVII (« Couardise, mère de la cruauté »), p. 357.
17 LA BRUYÈRE, Les Caractères (« Des grands »), éd. R. Garapon, Paris, 1962, p. 266-267.
18 CERVANTES, Don Quichotte, trad. L. Viardot, Paris, s.d., I, chap. XVIII, p. 126.
19 TIRSO de MOLINA, L'Abuseur de Séville don Juan, acte III, trad. P. Guenoun, Paris, 1968,
p. 159.
20 L'Ordre de chevalerie (1510), publié dans P. ALLUT, Etude historique et bibliographie sur
S. Champier, Lyon, 1899, p. 75-76.
21 Th. MORE, L'Utopie, éd. V. Stouvenel, Paris, 1945, p. 75.
22 Les Châtiments : « L'expiation ».
23 RABELAIS, éd. de La Pléiade, Paris, 1952, Quart Livre, chap. xix, p. 617.
24 SHAKESPEARE, Henry IV, Ire partie (acte V, scène Ire), éd. Garnier, 1961, t. II, p. 244-245.
25 Cf. à ce sujet, A. JOUANNA, « La Notion d'honneur au XVIe siècle », dans Revue d'histoire
moderne et contemporaine, oct.-déc. 1968, p. 597-623.
26 COMMYNES, Mémoires, éd. Calmette, Ier, p. 32-33.
27 MONTAIGNE, Essais, I, chap. XVIII, p. 107.
28 Ibid. ; I, chap. XVI, p. 101.
29 J. BURCKHARDT, La Civilisation de la Renaissance en Italie, éd. H. Schmitt et R. Klein,
Paris, 1966, Ier, p. 54-55.
30 COMMYNES, Mémoires, VI, p. 316.
31 Ibid., p. 288-291 et p. 322.
32 Ibid., p. 316.
33 Cf. notamment P. MURRAY-KENDALL, Louis XI, 1975, p. 430-435.
34 MONTAIGNE, Essais, II, chap. XI, p. 54.
35 E. DELANNOY, « La peur au combat », dans Problèmes, avril-mai 1961, p. 72.
36 ID., ibid. Cf. aussi J. DOLLARD, Fear in Battle, Yale, 1943.
37 Cf. M. BELLET, La Peur ou la foi, Paris, 1967.
38 Cité dans F. GAMBIEZ, « La peur et la panique dans l'histoire », dans Mémoires et
communications de la commission française d'histoire militaire, Ier, juin 1970, p. 98.
39 Interview du guide Fernand Parreau, de Servoz.
40 G. DELPIERRE, La Peur et l'être, p. 27.
41 Ibid., p. 8.
42 M. ORAISON, « Peur et religion », dans Problèmes, avril-mai 1961, p. 36. Cf. aussi du
même auteur Dépasser la peur, Paris, 1972.
43 J.-P. SARTRE; Le Sursis, Paris, 1945, p. 56.
44 Ch. ODIER, L'Angoisse et la pensée magique, Neuchâtel-Paris, 1947, p. 236.
45 P. DIEL, « L'Origine et les formes de la peur », dans Problèmes, avril-mai 1961, p. 106.
46 G. DELPIERRE, L'Etre et la peur, p. 17.
47 R. CAILLOIS, « Les masques de la peur chez les insectes », dans Problèmes, avril-mai 1961,
p. 25.
48 G. DELPIERRE, L'Etre et la peur, p. 75.
49 G. de MAUPASSANT, Œuvres complètes : Contes de la Bécasse, éd. 1908, p. 75.
50 DESCARTES, Les Passions de l'âme, I, art. 174 et 176, éd. P. Mesnard, s.d., p. 115-116.
51 G. SIMENON, Œuvres complètes, 1967: Ier, le Roman de l'homme, p. 32.
52 G. SOUSTELLE, « La " maladie de la frayeur " chez les Indiens du Mexique », dans Gazette
médicale de France, du 5 juillet 1972, p. 4252-4254.
53 J.-B. THIERS, Traité des superstitions qui regardent les sacrements, éd. d'Avignon, 1777, I,
p. 333 et 337.
54 M. ORAISON, « Peur et religion », dans Problèmes, avril-mai 1961, p. 38.
55 G. DELPIERRE, La Peur et l'être, p. 130.
56 M.-A. SECHEHAYE, Journal d'une schizophrène, Paris, 1969, notamment p. 19.
57 Ibid., p. 21.
58 E. ZOLA, La Débâcle, Paris, 1892, p. 64-65.
59 P. SALMON, « Quelques divinités de la peur dans l'antiquité gréco-romaine », dans
Problèmes, avril-mai 1961, p. 8-10, avec références.
60 R. CAILLOIS, « Les masques de la peur chez les insectes», dans ibid., p. 22.
61 L. KOCHNIZKY, « Masques africains véhicules de terreur », dans ibid., p. 61-62.
62 A. SAUVY, « Les peurs de l'homme dans le domaine économique et social », dans ibid., p.
17.
63 G. DEVEREUX, « La psychanalyse et l'histoire. Une application à l'histoire de Sparte »,
dans Annales, E.S.C., 1965, p. 18-44.
64 M. DOMMANGET, La Jacquerie, Paris, 1971, p. 14-15.
65 M. ELIADE, Histoire des croyances et des idées religieuses, Paris, 1976, I, p. 80.
66 Cf. toujours G. DELPIERRE, La Peur et l'être, p. 47-54.
67 Cf. G. LE BON, La Révolution française et la psychologie des foules, Paris, 1925, et
Psychologie des foules, Paris, rééd. de 1947. Cf. aussi G. HEUYER, Psychoses collectives et
suicides collectifs, Paris, 1973.
68 F. GAMBIEZ « La peur et la panique... », p. 102.
69 Voir plus loin, ch. V.
70 F. ANTONINI, L'Homme furieux: l'agressivité collective, Paris, 1970, p. 125-126.
71 R. MANDROU, Magistrats et sorciers en France au XVIIe siècle, Paris, 1968, notamment la
conclusion.
72 J'ai notamment utilisé, outre les ouvrages déjà cités : J. BOUTONNIER, Contribution à la
psychologie et à la métaphysique de l'angoisse, Paris, 1945, ouvrage fondamental ; Ch. ODIER,
L'Angoisse et la pensée magique, Neuchâtel-Paris, 1947 ; P. DIEL, La Peur et l'angoisse,
phénomène central de la vie et de son évolution, Paris, 1956 ; J. LACROIX, Les Sentiments et la
vie morale, Paris, 1968 ; le Dictionnaire de la douleur, par Fr. LHERMITE, etc., publié par les
Laboratoires Roussel, Paris, 1974 ; la plaquette intitulée L'Anxiété : de quelques métamorphoses
de la peur, publiée par les Laboratoires Diamant, 1er trimestre 1975 ; C. SPHYRAS, « L'Anxiété et
son traitement », dans la Provence médicale, mars 1975, p. 11-14 ; A. SOULAIRAC, « Stress et
émotion », dans Sciences et avenir, numéro spécial : « Cerveau et comportement », 1976, p. 27.
73 Dictionnaire de la douleur : art. « Douleur morale ».
74 Et pas seulement le langage courant. Dans une étude médicale, on lit : « ... L'angoisse et
l'anxiété sont toutes deux des manifestations émotionnelles traduisant un sentiment de peur. »
L'Anxiété, p. 8.
75 G. DELPIERRE, La Peur et l'être, p. 15.
76 Cf. notamment R. ZAZZO et autres auteurs, L'Attachement, ouvrage collectif, Neuchâtel,
1974.
77 G. BOUTHOUL, Traité de polémologie, Paris, 1970, p. 428-431.
78 K. LORENZ, L'Agression. Une histoire naturelle du mal, Paris, 1969 ; Essais sur le
comportement animal et humain, Paris 1970, et L'Envers du miroir. Une histoire naturelle de la
connaissance, Paris, 1976. Mêmes thèses dans I. EIBL-EIBESFELD, L'Homme programmé, Paris,
1976. Au sujet de ce débat, cf. aussi la revue internationale Agressologie publiée par H. LABORIT
et A. ADLER, Connaissance de l'homme, Paris, 1955 ; F. ANTONINI, L'Homme furieux...
79 Cf. notamment W. REICH, La Psychologie de masse du fascisme, Paris, 1972.
80 Cf. notamment J. DOLLARD et N.E. MILLER, Personality and Psychotherapy, New. York,
1950.
81 A. STORR, L'Instinct de destruction, Paris, 1973, p. 20. E. FROMM, La Passion de détruire,
Paris, 1976.
82 G. DELPIERRE, La Peur et l'être, p. 31-45.
83 E. MALE, L'Art religieux de la fin du Moyen Age en France, Paris, 1931, p. 154 et suiv., et
L'Art religieux après le concile de Trente, Paris, 1932, p. 147 et suiv.
84 G. DELPIERRE, La Peur et l'être, p. 55-56.
85 RONSARD, éd. G. COHEN, Œuvres complètes (La Pléiade), 1950, II, p. 334 (premier livre
des Poèmes) : « Homme ne vit qui tant haïsse au monde // Les chats que moy d'une haine
profonde. // Je hay leurs yeux, leur front et leur regard. // Et les voyant je m'enfuy d'autre part, //
Tremblant de nerfs, de veines et de membre... » Cf. H. NAÏS, Les Animaux dans la poésie
française de la Renaissance, Paris, 1961, p. 594-595.
86 Notamment Vie économique et sociale de Rome dans la seconde moitié du XVIe siècle, 2 vol.,
Paris, 1957-1959 (résumé dans Rome au XVIe siècle, Paris, 1975), et dans L'Alun de Rome, Paris,
1962.
87 Cité par G. DEVEREUX, « La psychanalyse appliquée à l'histoire », dans Annales, E.S.C.,
1965, p. 18.
88 A. BESANÇON, Histoire et expérience du moi, Paris, 1971; p. 66.
89 Prier et vivre en fils de Dieu (éd. salésiennes), p. 304-307. Je remercie le père Emile Bourdon
qui m'a redonné ce texte dont le souvenir me poursuivait' depuis mon enfance.
90 Eglise S. Anton, Madrid.
Chapitre premier
91 P. SEBILLOT, Légendes, croyances et superstitions de la mer, 2 vol., Paris, 1886, p. 39-73.
92 Ibid., p. 58-59.
93 Cette indication et d'autres du même genre sur « l'agressivité marine » dans J. TOUSSAERT,
Le Sentiment religieux en Flandre à la fin du Moyen Age, Paris, 1963, p. 365. Cette référence
rappelée par M. MOLLAT dans un exposé consacré par lui dans son séminaire, en 1977, aux
dangers de la mer. J'ai beaucoup utilisé cette conférence passionnante et j'en remercie vivement
son auteur. Très utile aussi sur le thème étudié ici J. BERNARD, Navires et gens de mer à
Bordeaux (vers 1400-1550), 3 vol., Paris, 1968: II, p. 715-764.
94 Cf. Chr. VILLAIN-GANDOSSI, « La mer et la navigation maritime à travers quelques textes
de la littérature française du XIIe au XIVe siècle », dans Revue d'histoire économique et sociale,
1969, n° 2, p. 150-192.
95 G. BACHELARD, L'Eau et les rêves, rééd. 1947, p. 230-231.
96 R. HUYGENS, Lettres de Jacques de Vitry, Leyde, 1960, p. 80-81.
97 JOINVILLE, Histoire de Saint Louis (historiens et chroniqueurs du Moyen Age), Paris (éd.
de La Pléiade), 1952, p. 347-348.
98 Le Saint Voyage de Jherusalem du seigneur d'Anglure, éd. F. BONNARDOT, Paris, 1878, p.
79-80.
99 Canon Pietro Casola's Pilgrimage to Jerusalem (1494), éd. M. NEWETT, Man-chester,
1907, p. 323.
100 Cf. H. PRESCOTT, Le Voyage de Jérusalem au XVe siècle, Paris, 1959, p. 119.
101 L. de CAMOENS, Les Lusiades, trad. R. Bismut, Lisbonne, 1954, V, 16, p. 129.
102 A. JAL, Archéologie navale, 2 vol., Paris, 1840 : II, p. 552.
103 L. de CAMOENS, Les Lusiades, IV, 86, p. 118.
104 Ouvrage signé « J.P. T. », Rouen, 1600. Cf. M.-Th. FOUILLADE et N. TUTIAUX, La Peur
et la lutte contre la peur dans les voyages de découvertes aux XVe et XVIe siècles, mémoire de
maîtrise dactyl., Paris I, 1972, p. 110-111.
105 L. de CAMOENS, Les Lusiades, VI, 80, p. 171.
106 Les Caractères ( « De la peur, ou du défaut de courage »).
107 SHAKESPEARE, Œuvres complètes (éd. de La Pléiade), II, 1965, p. 1476-1477.
108 Ibid., p. 1477.
109 G. BACHELARD, L'Eau et les rêves, p. 103.
110 Je remercie très vivement le père Witters qui m'a signalé et traduit cette chanson.
111 P.-G. d'AYALA, « Les imagiers du péril en mer », dans Courrier des Messageries
maritimes, n° 125, nov.-déc. 1971, p. 17-24.
112 P. SÉBILLOT, Légendes..., II, p. 317-318.
113 Léonard de Vinci par lui-même, textes choisis, traduits et présentés par A. CHASTEL, Paris,
1952, p. 195-196.
114 Fr. RUSSEL, Dürer et son temps (coll. Time-Life), 1972, p. 159.
115 B.N., Paris, rés. Z 855 et rés. D 4722. Cf. M. LECLERC, La Crainte de la fin du monde
pendant la Renaissance, mémoire de maîtrise dactyl., Paris I, 1973, p. 48-66.
116 M. FOUCAULT, Histoire de la folie à l'âge classique, Paris, éd. 1972, p. 23, et plus
généralement sur ce thème p. 22-24.
117 SHAKESPEARE, Œuvres complètes, II, p. 1481.
118 P. SÉBILLOT, Légendes..., I, p. 153.
119 J.-C. BAROJA, Les Sorcières et leur monde, Paris, 1972, p. 147.
120 P. SÉBILLOT, Légendes..., I, p. 173-175.
121 SHAKESPEARE, La Tempête, p. 1481.
122 N.-G. PLOITIS, « Le feu Saint-Elme en Grèce moderne », dans Mélusine, II, p. 117.
123 Cf. C. JOLICŒUR, Le Vaisseau fantôme. Légende étiologique, Québec (université Laval),
1970, notamment p. 136-139.
124 K. THOMAS, Religion and the Decline of Magic, Londres 1971, p. 92.
125 Bibl. de Corpus Christi Collège, Cambridge, ms. 148, f° 33v° ; et Londres, British Museum,
ms. 3120, f° 31.
126 SHAKESPEARE, La Tempête, p. 1481.
127 M.-Th. FOUILLADE et N. TUTIAUX, La Peur... dans les voyages de découvertes..., p. 59.
Je me suis également servi de ce travail pour ce qui suit.
128 J.-C. BAROJA, Les Sorcières..., p. 186.
129 P. MARTYR d'ANGHIERA, De Orbe novo, éd. Gaffarel, Paris, 1902, 2e décade, p. 142.
130 J. de LERY, Histoire d'un voyage faict en la terre du Brésil, éd. Paris, 1927, p. 138.
131 Cf. sur cette question R. CAILLOIS, « Du Kraken à la pieuvre », dans Courrier des
Messageries maritimes, n° 133, mars-avril 1973, p. 11-17.
132 DENYS-MONTFORT, L'Histoire naturelle, générale et particulière des mollusques, 6 vol.,
Paris, 1802. Les poulpes sont décrits t. II, p. 133-412, et t. III, p. 5-117.
133 C. JOLICŒUR, Le Vaisseau Fantôme..., p. 29.
134 J. GUYARD, Le Voyage d'Italie du père Cresp, thèse de IIIe cycle de Paris IV, 1971, ex.
dactyl., p. 32.
135 A. GRAF, Miti, leggende e superstizioni del Medio Evo, 2 vol., Florence-Rome, 1893: II, p.
363-375.
136 G.E. de ZURARA, Chronique de Guinée, trad. L. Bourdon, Dakar, 1960, p. 69-70.
137 L. de CAMOENS, Les Lusiades, V, p. 39-44. Allusions à Bartolomeu Dias qui découvrit le
cap en 1488 et à la tempête essuyée par la flotte de Cabral, en 1500, au retour du Brésil, près du
cap de Bonne-Espérance. B. Dias y périt.
138 J. LE GOFF, « L'Occident médiéval et l'océan Indien. Un horizon onirique », dans
Méditerranée et océan Indien. VIe colloque international d'histoire maritime, Paris, 1970, p. 243-
263.
139 A. DUCELLIER, Le Drame de Byzance, Paris, 1967, p. 169.
140 Cette opinion encore dans la seconde moitié du XVIe siècle dans BOAISTUAU, Histoires
prodigieuses, Paris, 1961, p. 52.
141 R. PILLORGET, Les Mouvements insurrectionnels en Provence entre 1596 et 1715, ex.
dactyl. (Paris IV), 1973, p. 712.
142 Cité dans Y.-.M. BERCÉ, Histoire des croquants. Etude des soulèvements populaires au
VIIe siècle dans le sud-ouest de la France, 2 vol., Paris-Genève, 1974: II, p. 636, M. FOISIL, La
Révolte des nu-pieds et les révoltes normandes de 1639, Paris, 1970, p. 150.
143 Cité dans Y.-M. BERCÉ, Histoire des croquants, Ier, p. 416.
144 R. MOUSNIER, Fureurs paysannes, p. 145.
145 Cité dans Y.-M. BERCÉ, Histoire des croquants..., p. 65. Cf. aussi M. FOISIL, La Révolte
des nu-pieds, p. 189.
146 Y.-M. BERCÉ, Histoire des Croquants, I, p. 205.
147 Ibid., II, p. 524-526.
148 M. FOISIL, La Révolte des nu-pieds, p. 189.
149 Ibid., p. 190.
150 Cité dans Y.-M. BERCÉ, Croquants et nu-pieds, Paris, 1974, p. 66.
151 Ibid., notamment p. 41-42, 66, 131-138, 152-153, 169-175. Pour 1789, cf. G. LEFEBVRE,
La Grande Peur, p. 45-46.
152 Ibid., p. 41.
153 G. LEFEBVRE, La Grande Peur, p. 111-113.
154 Y.-M. BERCÉ, Croquants et nu-pieds, p. 176.
155 Luther s'en prend aux « trois murs de la Romanité » dans l'Appel à la noblesse chrétienne
de la nation allemande (août 1520).
156 G. NIGRINUS, Apocalypsis, Francfort-sur-le-Main, 1593, p. 631, cité dans J. JANSSEN,
La Civilisation en Allemagne..., VI, p. 13.
157 Ch. PAILLARD, Mémoires historiques sur l'arrondissement de Valenciennes, publiés par la
Société d'agriculture, t. V et VI, Valenciennes, 1878-1879, 2 vol. Ici, V, p. 306.
158 A. FLECHTER, Tudor Rebellions, Londres, 1970, p. 34-35.
159 Ibid., p. 36.
160 Ibid., p. 128.
161 Ibid., p. 49.
162 H. HAUSER, La Prépondérance espagnole, 2e éd., 1940, p. 217.
163 LE Roux de LINCY, Le Livre des proverbes français, Paris, 1842, II, p. 289.
164 Ibid., id., et p. 358.
165 Ibid., p. 334.
166 M.-Chr. BRUGAILLÈRE et M. GERMAIN, Etude de mentalités à partir des proverbes
français (XIIIe-XVIe s.), mémoire de maîtrise dactyl., Paris I, p. 14-15. Même référence pour les
citations suivantes.
167 H. INSTITORIS et J. SPRENGER, Le Marteau des sorcières, trad. A. Danet, Paris, 1973, p.
399-400.
168 Ibid., p. 419-420.
169 J. BODIN, La Démonomanie des sorciers, Paris, 1580, liv. III, chap. 11.
170 Communication de Mlle M. Shamay à mon séminaire.
171 J.C. BAROJA, Les Sorcières..., p. 173.
172 Fr. BAVOUX, Hantises et diableries dans la terre abbatiale de Luxeuil, Monaco, 1956, p.
59-61.
173 Pour la Suisse, par exemple, voir les cas cités par COHN, Europe's Inner Demons, Sussex
Univ. Press, 1975, p. 240-241, d'après E. HoFFMANN-KRAYER, « Luzerner Akten zum Hexen-
und Zauberwesen », dans Schweizerisches Archiv für Volkkunde, vol. II, Zurich, 1899, p. 22-40,
81-122, 189-224, 291-325.
174 A. MACFARLANE, Witchcraft in Tudor and Stuart England, Londres, 1970, p. 168.
175 R. SCOT, The Discovery of Witchcraft, 1584, p. 374 de l'éd. de 1964 cité par A.
MACFARLANE, Witchcraft..., p. 168.
176 J'utilise ici une étude de J.L. PEARL « Witchcraft in New France : the social Aspect »,
1975, que l'auteur m'a dressée en manuscrit, notamment p. 11-12.
177 Chapitre VIII du Lie-Tseu (environ 300 av. J.-C.), trad. L. Wieger dans Les Pères du système
taoïste, p. 199. Information aimablement communiquée par mon collègue Jacques Gernet que je
remercie.
178 J.-C. BAROJA , Les Sorcières..., p. 145-146.
179 Et. DELCAMBRE, Le Concept de sorcellerie dans le duché de Lorraine au XVIe et au
XVIIe siècle, 3 vol., Nancy, 1948-1951, IV, p. 215-216.
180 H. INSTITORIS..., Le Marteau..., p. 404-405.
181 Et. DELCAMBRE, Le Concept..., II, p. 73.
182 H. INSTITORIS et J. ESPRENGER, Le Marteau..., p. 355-356.
183 E. LE ROY-LADURIE, « L'aiguillette », dans Europe, 1974, p. 134-146.
184 Textes cités par J. ESTÈBE, Protestants du Midi, 1559-1598 (thèse d'Etat), 2 vol. dactylo.,
Toulouse, 1977: II p. 549-550. Cf. aussi E. LE ROY-LADURIE, Les Paysans du Languedoc, 2
vol., Paris, 1966: Ier, p. 409.
185 P. de LANCRE, L'Incrédulité et mescréance du sortilège plainement convaincue..., 1622, p.
314.
186 J. BODIN, La Démonomanie..., 1580, p. 57.
187 H. BOGUET, Discours exécrable des sorciers..., éd. 1603, p. 78. Cf. R. MANDROU,
Magistrats et sorciers en France au XVIIe siècle, Paris 1968, p. 149.
188 Ch. BERTHELOT Du CHESNAY, Les Missions de saint Jean Eudes, Paris, 1968, p. 114.
189 J.-B. THIERS, Traité des superstitions qui regardent tous les sacremens éd. consultée ici de
1777, II, p. 509-515.
190 J. BODIN, Démonomanie..., p. 58-59.
191 J.-B. THIERS, Traité des superstitions qui regardent tous les sacremens, IV, p. 519. Ces
textes et les suivants cités à la suite de Fr. LEBRUN « Le Traité des superstitions de J.-B. Thiers.
Contribution à l'ethnographie de la France au XVIIe siècle », dans Annales de Bretagne et des pays
de l'Ouest, 1976, n° 3, p. 454.
192 Ibid., IV, p. 521.
193 Ibid., id.
194 Ibid., p. 522.
195 Ibid., id.
196 Ibid., p. 504.
197 Ibid., p. 518.
198 P. CRESPET, Deux Livres sur la haine de Satan, 1590, p. 17.
199 E. LE ROY-LADURIE, « L'aiguillette », p. 137-138.
200 J.-L. FLANDRIN, « Mariage tardif et vie sexuelle », dans Annales E.S.C., 1972, p. 1368.
201 MONTAIGNE, Essais, I, chap. xxi. Les arguments de Montaigne sont repris par un devisant
des Sérées de G. Boucimr, éd. Roybet, en 6 vol. (1873...), Ier, p. 87-90.
202 Voir plus loin.
203 Cette citation et la précédente dans les sermons de la seconde moitié du XVIIIe siècle, mais
comme témoins d'un « discours » qui avait été plus violent aux XVIe et XVIIe siècles. Cf. N.
PERIN, Recherches sur les formes de la dévotion populaire dans la région ardennaise à la fin du
XVIIe siècle. Thèse de 3e cycle dactyl., Nancy, 1974, I, p. 33.
204 J.-B. THIERS, Traité des superstitions... les sacremens, 1, p. 132-138.
205 J. DELUMEAU, « Les réformateurs et la superstition a dans Actes du colloque Coligny,
Paris, 1974, p. 451-487, avec les références des textes utilisés ci-dessous, notamment par B.
VOGLER, Vie religieuse en pays rhénan dans la seconde moitié du XVIe siècle (1556-1619), 3
vol., Lille, 1974, II, p. 815-839.
206 E. von KRAEMER, « Les maladies désignées par le nom d'un saint », dans
Commentationes humanarum litteratum, Helsinki, 1950, p. 1-148. Fr. LAPLANTINE, La
Médecine populaire des campagnes françaises aujourd'hui, Paris, 1978, p. 58.
207 Historia Francorum, IV, dans MIGNE, Patr. lat., LXXI, Paris, 1879, col. 281.
208 J. CHARTIER, Chronique de Charles VII, éd. Vallet de Viriville, I, Paris, 1858, p. 5-6.
209 Gargantua, II, éd. Lefranc..., Paris, 1912-1913, p. 365-366.
210 Coll. Peregrinatio..., trad. J. Pineau, La Pensée religieuse d'Erasme, Paris, 1923, p. 228.
211 H. ESTIENNE, Apologie pour Hérodote, 1566; éd. P. Ristelhuber, 2 vol., Paris, 1879: II, p.
324-326.
212 H. GAIDOZ, « L'étymologie populaire et le folklore », dans Mélusine, IV, col. 515.
213 C. LEBER, Collections des meilleures dissertations, notices et traités particuliers relatifs à
l'histoire de France, VII, Paris, 1838, p. 500-504.
214 Sur les feux de la Saint-Jean, cf. notamment A. VAN GENNEP, Manuel de folklore français
contemporain, 12 vol., Paris, 1943-1958. Ici, I, IV. 2, notamment p. 1818-1819.
215 J. DELUMEAU, « Les réformateurs et la superstition », dans Actes du colloque Coligny, p.
474-476.
216 B. SANNIG, Collectio sive apparatus absolitionum, benedictionum, conjurationum,
exorcismorum, Venise, 1779.
217 Cf. E. ROLLAND, Faune populaire de France, Paris, 1967, Ier, p. 105-106.
218 Cf. Ch. MARCEL-ROHILLARD, Le Folklore de la Beauce, VIII, Paris, 1972, p. 10.
219 MANSI XXI, p. 121 : Synodus compostellana, ann. 1114. Je remercie le père Chiovaro de
m'avoir signalé ce texte.
220 M.-S. DUPONT-BOUCHAT, La Répression de la sorcellerie dans le duché de Luxembourg
aux XVIe et XVIIe siècles, thèse (philo. et lettres), Louvain, 1977, ex. dactyl., I, p. 72-73. L'essentiel
de cette thèse doit être publié dans l'ouvrage collectif Prophètes et sorciers des Pays-Bas.
221 Cf. à ce sujet D. BERNARD, Les Loups dans le bas Berry au XIXe siècle et leur disparition
au début du XXe. Histoire et tradition populaire, Paris, 1977, surtout chap. VII et VIII.
222 P. de L'ESTOILE, Journal, éd. L.-R. Lefèvre, Paris, 1948, Ier, p. 527.
223 Mémoires du chanoine J. Moreau sur les guerres de la Ligue en Bretagne, publiés par
H.WAQUET, Quimper, 1960, p. 277-279.
224 Ph. WOLFF, Documents de l'histoire du Languedoc, Toulouse, 1969, p. 184.
225 Cf. R. MANDROU, Magistrats et sorciers..., notamment p. 149 et 162. Pour une
interprétation psychanalytique de la mythologie du loup-garou, cf. E. JONES, Le Cauchemar,
Paris, 1973, et N. BELMONT, « Comment on peut faire peur aux enfants » dans Topique, n° 13,
1974, p. 106-107.
226 M.-S. DUPONT-BOUCHART, La Répression..., Ier, p. 73.
227 Cf. E. ROLLAND, Faune populaire, I, p. 124.
228 Pour ces deux documents, successivement : a) Cinq Siècles d'imagerie française : cat.
expos. 1973 : musée des Arts et Traditions populaires de Paris, p. 90-91. Texte et gravure datent de
1820-1830 et sont imprimés à Paris ; b) A.D. Perpignan, G. 14 (liasse) : lettre de la curie
diocésaine signée du vicaire capitulaire Lléopart et dressée aux curés du diocèse. Texte en catalan
traduit par M. l'abbé E. Cortade qui a eu la gentillesse de me communiquer ce document.
229 Communication à mon séminaire. Une importante contribution de cet auteur à l'histoire de
l'astrologie est Le Signe zodiacal du Scorpion, Paris-La-Haye, 1976.
230 J. CALVIN, Œuvres françaises, éd. P. Jacob (Advertissement...), p. 112-115.
231 Cité par J. JANSSEN, L'Allemagne et la Réforme, éd. Paris, 1902, VI, p. 409-410.
232 Cf. Fr. PONTHIEUX, Prédictions et almanachs du XVIe siècle, mémoire de maîtrise, Paris
I, 1973, ex. dactyl.
233 Ibid., p. 75-76: prédictions de 1568. Et Un Couvent persécuté au temps de Luther. Mémoires
de Charité Pirkeimer, Paris, trad. H.-Ph. Heuzey, 1905.
234 M. LUTHER, Œuvres (éd. Labor et Fides), Genève, 1957 et suiv., VIII p. 103.
235 Tous ces titres de brochures dans J.-P. SEGUIN, L'Information en France avant le
périodique : 517 canards imprimés entre 1529 et 1631, Paris, 1964, p. 95-100.
236 ID., ibid.
237 Cité dans J. JANSSEN, La Civilisation en Allemagne, VI, Paris, 1902, p. 388.
238 Ibid., p. 388-389.
239 Ibid., p. 391.
240 E. LABROUSSE, L'Entrée de Saturne au Lion. L'éclipse de soleil du 12 août 1654, La
Haye, 1974, p. 5.
241 Cité dans ibid., p. 25.
242 Cité dans ibid., p. 26.
243 Cité dans ibid., p. 38. L'anecdote se retrouve dans les Pensées sur la comète de Bayle, § 51.
244 Cf. L. THORNDIKE, A History of Magic and Experimental Science, 8 vol., New York,
Londres, 1923-1958 : III (XIVe siècle) ; IV (XVe siècle) ; V et VI (XVIe siècle).
245 Cf. J. DELUMEAU, La Civilisation de la Renaissance, Paris, 1973, p, 393-402, 481-490 et
571.
246 J. BURCKHARDT, La Civilisation de la Renaissance en Italie, éd. Schmitt-Klein (Livre de
Poche) 1958: vol. III, p. 142-191.
247 Ces renseignements dans K. THOMAS, Religion and the Decline of Magic, Londres, 1971,
p. 355.
248 M. LEROUX de LINCY, Le Livre des proverbes..., I, p. 107 (Calendrier des bons
laboureurs, 1618).
249 ID., ibid. (Almanach perpétuel).
250 K. THOMAS, Religion..., p. 297.
251 Ibid., p. 297 et 616.
252 Ibid., p. 297 et 620.
253 Ibid., p. 296.
254 Ibid., p. 296.
255 Ibid., p. 616.
256 J.-B. THIERS, Traité des superstitions... les sacremens..., I, p. 153-229.
Chapitre 2
257 Cf. plus haut, p. 67.
258 RONSARD, Hymne des daimons, notamment V, p. 160-369.
259 L. FEBVRE, Le Problème de l'incroyance au XVIe siècle, éd. de 1968, p. 410-418. Au sujet
des revenants, cf. l'ouvrage fondamental de E. LEROY-LADURIE, Montaillou, Paris, 1975, p.
576-611.
260 N. TAILLEPIED, Traicté de l'apparition des esprits, à scavoir des âmes séparées,
fantosmes, prodiges et accidens merveilleux, Rouen, 1600. Ed. consultée, Paris 1616, p. 139. J'ai lu
le très beau livre de Ph. ARIÈS, L'Homme devant la mort, Paris, 1977, au moment où je remettais
le présent ouvrage à l'éditeur. Je compte m'en inspirer dans le tome qui suivra celui-ci. De toute
façon, Ph. Ariès a fait peu de place à la croyance aux revenants dans son étude, par ailleurs si riche
et si passionnante.
261 Communication d'H. PLATELLE au congrès des Sociétés savantes, Besançon, mars 1974.
262 Cf. J. LECLER, Histoire de la tolérance au siècle de la Réforme, 2 vol., Paris, 1955 : I, p.
225.
263 Y. CASAUX, Marie de Bourgogne, Paris, 1967, p. 318-319. Je remercie le père W Witters
d'avoir attiré mon attention sur cette anecdote.
264 Ces deux récits m'ont été signalés par R. Muchembled que je remercie : B. M. de Lille ; ms.
n° 795, fos 588v°-589r° (n° 452 du Catalogue des manuscrits de la B.M. de Lille, Paris, 1897, p.
307-310).
265 RONSARD, Œuvres complètes, éd. G. Cohen (éd. de La Pléiade), 1950, Ier, p. 451.
266 Du BELLAY, Œuvres poétiques, éd. H. Chamard, 1923, V, p. 132.
267 N. TAILLEPIED, Traicté de l'apparition des esprits..., p. 125-126.
268 P. LE LOYER, Discours des spectres, ou visions et apparitions d'esprits, comme anges,
démons et âmes se monstrans visiblement aux hommes, 2e éd. Paris, 1608 (t. II, liv. VI., chap. xv).
La 1re éd. sous un titre différent est de 1586.
269 E. MORIN, L'Homme et la mort, Paris, éd. de 1970, notamment p. 132-156.
270 P. LE LOYER, Discours des spectres..., p. 3.
271 N. TAILLEPIED, Traicté de l'apparition des esprits..., p. 19, 34, 41 et 49.
272 P. LE LOYER, Discours des spectres.., p. 27.
273 Ibid., p. 31.
274 L. LAVATER, Trois livres des apparitions des esprits, fantosmes, prodiges et accidens
merveilleux qui précèdent souventes fois la mort de quelque personnage renommé, ou un grand
changement ès choses de ce monde, s.l., 1571.
275 G. DUBY, L'An mil, Paris, 1967, p. 76.
276 N. TAILLEPIED, Traicté de l'apparition des esprits..., p. 109.
277 Ibid., p. 227, 240-241.
278 A. d'AUBIGNÉ, Œuvres complètes, éd. Réaume, Paris, 1873-1892, IV (« Misères »), p. 56.
279 Bibl. mazarine, ms. 1337, fos 90v° -91r°. Je remercie très vivement Hervé Martin, maître
assistant à l'université de Haute-Bretagne, qui a bien voulu me communiquer la copie qu'il a faite
de ce document.
280 Dom Augustin CALMET, Traité sur les apparitions des esprits et sur les vampires ou les
revenants de Hongrie, de Moravie, etc., 2 vol. L'édition consultée ici est celle de 1751 : I, p. 342.
281 Ibid., I, p. 388-390.
282 Ibid., I, p. 438.
283 Cf. par exemple G. BOLLEME, La Bibliothèque bleue, Paris, 1971, p. 256-264: « Dialogue
du solitaire et de l'âme damnée. » (XVIIIe siècle.)
284 A. CALMET, Traité sur les apparitions..., II, p. 31-151. Pour la Roumanie, cf. « L'homme
», Revue française d'anthropologie, juil-sept. 1973, p. 155, n° 2.
285 G. et M. VOYELLE, Vision de la mort et de l'au-delà en Provence, Paris, 1970, p. 27.
286 Quentiliou Jésus, trad. Sécard, p. 134.
287 CAMBRY, Voyage dans le Finistère, éd. Fréminville, Brest, 1836, p. 164.
288 Ibid., p. 173.
289 Ed. de 1945, Paris, p. XLIII.
290 Ibid., p. XLII.
291 Outre l'ouvrage de A. LE BRAZ, cf. A. VAN GENNEP, Manuel..., 1, II, Paris, 1946, p. 800-
801.
292 Y. BRESILIEN, La Vie quotidienne des paysans en Bretagne au XIXe siècle, Paris, 1966,
notamment p. 214-215.
293 L.-V. THOMAS, Anthropologie de la mort, Paris, 1976, p. 182, et aussi p. 23-45, 152, 301,
353, 511-518.
294 J.-G. FRAZER, La Crainte des morts, Paris, 1934, p. 9.
295 Confessions devant l'Inquisition de Bahia de « Doña Custodia [de Faria], Cristâ nova et de
Beatis Antunes Cristã nova no tempo da graça », 31 janvier 1952 : Primeira visitação do Santo
Officio as partes do Brasil; II, Denunçãoes da Bahia, 1591-1593 ; Sâo Paulo, 1925. Sur les Juifs
au Brésil, cf. A. NOVINSKI, Cristños Novos na Bahia, Sâo Paulo, 1972.
296 J.-B. THIERS, Traité de superstitions, I, p. 236 ; IV, p. 347. Fr. LEBRUN, « Le Traité.. », p.
455.
297 A. VAN GENNEP, Manuel..., 1, II, p. 674.
298 D. FABRE et J. LACROIX, La Vie quotidienne des paysans du Languedoc au XIXe siècle,
Paris, 1973, p. 144-145.
299 J.-B. THIERS, Traicté des superstitions, I, p. 236 ; Fr. LEBRUN, « Le traité... », p. 456
300 N. BELMONT, Mythes et croyances de l'ancienne France, Paris, 1973, p. 64.
301 Ibid., p. 63.
302 A. VAN GENNEP, Manuel..., 1, II, p. 791.
303 L.-V. THOMAS, Anthropologie..., p. 301. Cf. aussi p. 512 de ce même ouvrage.
304 Fr. LEBRUN, Les Hommes et la mort..., p. 460-461. Ph. ARIÈS, L'Homme devant la mort,
p. 289 et suiv.
305 Communication de Mme Decornod à mon séminaire.
306 L.-V. THOMAS, Anthropologie..., p. 301.
307 A. LOTTIN, Vie et mentalité d'un Lillois sous Louis XIV, Lille, 1968, p. 282.
308 J.-B. THIERS, Traité des superstitions, I, p. 239. Fr. LEBRUN, « Le traité... », p. 455.
309 Ibid., I, p. 185. F. LEBRUN, « Le traité... », p. 456.
310 G. WELTER, Les Croyances primitives et leurs survivances, Paris, 1960, p. 62-63.
311 Télégramme de Brest du 31 août 1958. Je remercie M. Mollat qui m'a communiqué ce texte.
312 A. LE BRAZ, La Légende de la mort, II, p. 1639.
313 C. JOLICŒUR, Le Vaisseau fantôme..., p. 20-21.
314 J. TOUSSAERT, Le -Sentiment religieux en Flandre à la fin du Moyen Age, Paris, 1963, p.
364-365.
315 A. MICKIEWICZ, Œuvres poétiques complètes, 2 vol., Paris, 1845, I, p. 70.
316 P.-Y. SEBILLOT, Le Folklore de la Bretagne, rééd. Paris, 4 vol., 1968 : II, p. 239-242.
317 Communications de M. Ludwik Stomma (à deux colloques tenus à Sandomierz et à
Varsovie en avril 1976) qui m'a autorisé à reproduire ce tableau. Je l'en remercie très sincèrement.
318 Cf. à cet égard le t. II de l'ouvrage de dom CALMET, Traité sur les apparitions...
319 A. VAN GENNEP, Manuel.... 1, II, p. 791.
320 J'aborde plus loin à la fin du ch. IX le problème de la possible liaison entre antisémitisme et
peur des revenants.
321 Tous ces rappels inspirés du Vocabulaire de théologie biblique (sous la direction de X.
LÉON-DUFOUR, Paris, 1971, c. 680-690 et 848-851.
322 Je remercie vivement le père Th. Rey-Mermet d'avoir attiré mon attention sur ce roman.
323 G. SIMENON, Œuvres complètes : I, Le Roman de l'homme, p. 27-29. Le père Fr.
Bourdeau a bien voulu me signaler ce texte. Je lui exprime ma gratitude.
324 J. BOUTONIER, Contribution..., p. 134-146.
325 Ibid., p. 139.
326 A. de MUSSET, Poésies complètes (éd. de La Pléiade), 1954, p. 154.
327 G. de MAUPASSANT, Contes de la Bécasse («La peur »), éd. L. Conard, Paris, 1908, p.
75.
328 « La Peur » parut dans Le Gaulois du 23 octobre 1882.
329 M. LEROUX de LINCY, Le Livre des proverbes, I, p. 113 (Comédie des proverbes, acte Ier).
330 Ibid., II, p. 32 (GRUTHER, Recueil).
331 Ibid., I, p. 113 (Almanach perpétuel).
332 Ibid., id. (Comédie des proverbes, acte I).
333 Ibid., I, p. 132 (BOUVELLES, Proverbes).
334 Ibid., id. (Adages françois).
335 Ibid., id. (Adages françois).
336 Ibid., id. (Adages françois).
337 L. de CAMOENS, Les Lusiades, IV, 1, p. 97.
338 SHAKESPEARE, Le Songe d'une nuit d'été (éd. de La Pléiade), p. 1197.
339 Ibid., p. 1161.
340 Ibid., p. 1203.
341 Ibid., p. 1184.
342 Ed. de la bibl. elzévirienne, Paris, 1855.
343 Ibid., p. 156.
344 Ibid., id.
345 Ibid., p. 35.
346 Ibid., p. 36.
347 Ibid., p. 37.
348 Ibid., p. 153.
349 Ibid., p. 154.
350 Ibid., id.
351 SHAKESPEARE, Le Songe..:, p. 1163-1164.
352 M. T. JONES-DAVIES, Un Peintre de la vie londonienne : Thomas Dekker, 2 vol., Paris,
1958 : I, p. 294.
353 L.-V. THOMAS, Anthropologie..., p. 24-25.
354 Cité et traduit dans Ch. SCHWEITZER, Un Poète allemand du XVIe siècle. Etude sur la vie
et les œuvres de H. Sachs, Paris, 1886, p. 65.
355 Voir plus haut, p. 41.
356 DANTE, L'Enfer, trad. A. Masseron, Paris, 1947, p. 16, 36, 50 et 69.
357 G. BUDÉ, De transitu hellenismi ad christianismum, trad. M. Lebel, Sherbrooke, 1973, p.
8, 74, 85, 194, 198.
358 E. TABOUROT DES ACCORDS, Les Bigarrures et Touches du Seigneur Des Accords,
avec les Apophtegmes du sieur Gaulard et les Escraignes dijonnoises, Paris, 1603, s.p (partie IV).
359 R. VAULTIER, Le Folklore pendant la guerre de Cent Ans d'après les lettres de
rémission..., Paris, 1965, p. 112-114.
360 MONTAIGNE, Journal de voyage, p. 109-110 (le jour du « jeudi gras » . festin du «
Castellian »).
361 M.T. JONES-DAVIES, Un Peintre..., I, p. 306.
362 R. PIKE, « Crime and Punishment in Sixteenth-Century Spain », dans The Journal of
European Economic History, 1976, n° 3, p. 694.
363 Réponses à la violence (rapport présenté par le Comité d'études sur la violence, la
délinquance et la criminalité), 2 vol., Paris, 1977 (Press Pocket) : II, p. 179.
364 M.T. JONES-DAVIES, Un Peintre..., Ier, p. 326.
365 Ibid., I, p. 392.
366 Ibid., I, p. 247.
367 Ibid., I, p. 258.
368 J.-C. NEMEITZ, Séjour de Paris, c.-a.-d. Instructions fidèles, publié dans A. FRANKLIN,
La Vie privée d'autrefois, 27 vol., Paris, 1887-1902: t. XXI, p. 57-58.
369 Ces renseignements dans ibid., t. IV, p. 5. Cf. B. GEREMEK, Les Marginaux parisiens aux
XIVe et XVe siècles, Paris, 1976, p. 27 et suiv. (avec bibliographie).
370 R. VAULTIER, Le Folklore..., p. 111-112.
371 Cité dans ibid., p. 113. Cf. CAMPION, « Statuts synodaux de Saint-Brieuc », dans la Revue
de Bretagne, 1910, p. 23-25.
372 Ibid., p. 123.
373 Ibid., p. 169-170.
374 Ibid., p. 170.
375 M.T. JONES-DAVIES, Un Peintre..., I, p. 215.
376 Ibid., id.
Chapitre 3
377 L'ouvrage fondamental sur cette question est maintenant celui de J.-N. BIRABEN, Les
Hommes et la peste en France et dans les pays européens et méditerranéens, 2 vol., Paris-La
Haye, 1975-1976. Pour ce qui concerne les attitudes collectives en temps d'épidémie, j'ai beaucoup
utilisé la thèse de médecine de Mme M.-Chr. DE-LAFOSSE, Psychologie des foules devant les
épidémies de peste du Moyen Age à nos jours en Europe, ex. dactyl., Rennes I, 1976.
378 Sur l'action de ces trois maladies au XVIIIe siècle dans l'ouest de la France, cf. Fr.
LEBRUN, Les Hommes et la mort en Anjou, Paris, 1971, p. 367-387, et J.-P. GouBERT, Malades
et médecins en Bretagne, 1770-1790, Paris-Rennes, 1974, p. 316-378.
379 Cf. J.-N. BIRABEN, Les Hommes..., I, p. 25-48 et 375-377 ; « La peste dans l'Europe
occidentale et le bassin méditerranéen », dans Le Concours médical, 1963, p. 619-625 et 781-790,
et J.-N. BIRABEN et J. LE GOFF, « La peste dans le haut Moyen Age », dans Annales, E.S.C.,
nov.-déc. 1969, p. 1484-1510.
380 E. CARPENTIER, « Autour de la Peste Noire : famines et épidémies au XVIe siècle », dans
Annales, E.S.C., nov.-déc. 1962, p. 1082. Cf. du même auteur : Une Ville devant la peste : Orvieto
et la Peste Noire de 1348, Paris, 1962.
381 S. GUILBERT, « A Châlons-sur-Marne au XVe siècle : un conseil municipal face aux
épidémies », dans Annales, E.S.C., nov.-déc. 1968, p. 1286.
382 J.-N. BIRABEN, « La peste... », dans Le Concours médical, 1963, p. 781.
383 H. DUBLED, « Conséquences économiques et sociales des mortalités du XIVe siècle,
essentiellement en Alsace », dans Revue d'histoire économique et sociale, t. XXXVII, 1959, p.
279.
384 J.-N. BIRABEN, Les Hommes..., Ier, p. 121.
385 Cf. notamment B. BENNASSAR, Recherches sur les grandes épidémies dans le nord de
l'Espagne à la fin du XVIe siècle, Paris, 1969, et P. CHAUNU, La Civilisation de l'Europe
classique, Paris, 1966, p. 214-223.
386 Compléter le livre de B. BENNASSAR par J.-P. DESAIVE, « Les épidémies dans le nord
de l'Espagne à la fin du XVIe siècle », dans Annales E.S.C., nov.-déc. 1969, 1969, p. 1514-1517.
387 BENAERTS et SAMARAN, Choix de textes historiques, la France de 1228 à 1610, Paris,
1926, p. 34-35. '
388 BOCCACE, Le Décaméron, trad. J. Bourciez, Paris, 1952, p. 15.
389 K.-J. BELOCH, Bevolkerungsgeschichte Italiens, 3 vol., Berlin-Leipzig, 1937-1961: II, p.
133-136 et p. 160.
390 G. FOURQUIN, Histoire économique de l'Occident médiéval, Paris, 1969, p. 324.
391 E. CARPENTIER, « Autour de la Peste Noire », dans Annales, E.S.C., nov.-déc. 1962, p.
1065.
392 Ibid., id. Le cas de Givry est réétudié et discuté par J.-N. BIRABEN, Les Hommes..., I, p.
157-162.
393 Cf. M. POSTAN et J. TITOW, « Heriots and Prices in Winchester Manors », dans English
Historical Review, 1959.
394 Y. RENOUARD, « Conséquence et intérêt démographique de la Peste Noire de 1348 »,
dans Population, III, 1948, p. 463.
395 J.-N. BIRABEN, « La peste... », dans Le Concours médical, 1963, p. 781.
396 J.-N. BIRABEN, Les Hommes..., I, p. 116. Cf. aussi D. DEFOE, Journal de l'année de la
peste, trad. J Aynard, Paris, 1943, p. 6, et F.P. WILSON, The Plague in Shakespeare's London,
Oxford, 1963, p. 212.
397 CARRIÈRE,-M. COURDURIE, F. REBUFFAT, Marseille, ville morte. La peste de 1720,
Marseille, 1968, p. 302.
398 G. GALASSO, Napoli spagnota dopo Masaniello, Naples, 1972, p. 46.
399 K.-J. BELOCH, Bevolkerungsgeschichte..., III, p. 359-360. J.-N. BIRABEN, Les
Hommes..., I, p. 186-189.
400 J.-N. BIRABEN, Les Hommes..., I, p. 198-218.
401 Cf. A. DOMINGUEZ-ORTIZ, La Saciedad espaftola en el siglo XVII, Madrid, 1963, p. 81.
P. CHAUNU, La Civilisation de l'Europe classique, Paris, 1966, p. 219.
402 J.-N. BIRABEN, Les Hommes..., I, p. 13-16. Ch. CARRIÈRE..., Marseille, ville morte.... p.
171-178.
403 Cité dans Ch. CARRIÈRE,..., p. 163.
404 Storia della peste avvenuta nel Borgo di Busto-Arsizio, 1630, publ. par J.W.S. JOHNSSON,
Copenhague, 1924, p. 15.
405 Cf. par exemple B. BENNASSAR, Recherches..., p. 51. Discussion approfondie sur la
question dans J.-N. BIRADEN, Les Hommes..., I, p. 147-154.
406 J.-N. BIRABEN, « La peste », dans Le Concours médical, 1963, p. 785.
407 BOCCACE, Le Décaméron, p. 9.
408 D. DEFOE, Journal de l'année de la peste..., p. 160.
409 Ch. CARRIÈRE..., Marseille, ville morte..., p. 165.
410 Storia... di Busto..., p. 29.
411 P. GILLES Histoire ecclésiastique des Eglises... autrefois appelées... vaudoises, Genève,
1644, p. 508-509.
412 Fco de SANTA-MARIA, Historia das sagradas congregaçoes des conegos seculares de S.
Jorge em alga de Venesa e de S. João evangelista em Portugal, Lisbonne, 1697, p. 271. Je
remercie M. Eugenio Dos Santos de m'avoir procuré des photocopies de cet ouvrage.
413 Ce rappel et ce qui suit d'après H. MOLLARET et J.-B. ROSSOLLET, « La peste, source
méconnue d'inspiration artistique », dans Jaarboek 1965 : Koninklijk Museum voor schone
Kunsten, Anvers, p. 61-67.
414 Cf. Légende dorée : 4 août.
415 E. CARPENTIER, Une Ville devant la peste..., p. 125 et pièce justificative n° III.
416 Maintenant à la Niedersachsische Landesgalerie de Hanovre. Surtout ici : H. MOLLARET
et J. BROSSOLLET, « La peste, source... », p. 61-67.
417 Nuremberg. Germanisches National Museum. Cf. aussi M. MEISS, Painting in Florence
and Siena after the Black Death, Princeton, 1951, p. 77.
418 Reproduction dans J. DELUMEAU, La Civilisation de la Renaissance, Paris, 1973, pl. 29,
p. 68-69. Bayerisches Staatsgemäldesammlung de Munich.
419 BENAERTS.... Choix de textes..., 1348-1610, p. 34-35.
420 Cité dans M. DEVÈZE, L'Espagne de Philippe IV, 1621-1665, II, Paris, 1971, p. 318.
421 D. DEFOE, Journal... de la peste, p. 135.
422 Ch. CARRIÈRE, ..., Marseille ville morte..., p. 163.
423 Ibid., p. 166.
424 J.-N. BIRABEN, « La peste », dans Le Concours médical, 1963, p. 620.
425 Ch. CARRIÈRE, ..., Marseille ville morte..., p. 163.
426 Cf. H. MOLLARET et J. BROSSOLLET, « La Peste, source... », p. 15-17.
427 B. BENNASSAR, Recherches..., p. 53.
428 D. DEFOE, Journal... de la peste, p. 83.
429 Ch. CARRIÈRE, ..., Marseille, ville morte..., p. 303-306.
430 BOCCACE, Le Décaméron, p. 15.
431 A. MANZONI, Les Fiancés, trad. R. Guise, Paris, 1968, 2 vol., II, p. 64.
432 Ch. CARRIÈRE, ..., Marseille, ville morte..., p. 304.
433 J. DELUMEAU, Le Catholicisme entre Luther et Voltaire, Paris, 1971, p. 241.
434 M. MEISS, Painting in Florence..., p. 77. Excellente étude locale du culte de saint
Sébastien de MM. ANTHONY et SCHMITT, Le Culte de saint Sébastien en Alsace, Strasbourg,
1977.
435 B. GUIDES, Breve relação da fondação do Colegio dos meninos orfâos de Nossa Senhra
da Graça, éd. Porto, 1951, p. 235. Texte aimablement communiqué par E. Dos Santos.
436 Cité dans M. DEVÈZE, L'Espagne de Philippe IV, 1621-1665, II, p. 318.
437 D. DEFOE, Journal... de la peste, p. 72.
438 Ch. CARRIÈRE, ..., Marseille, ville morte..., p. 86-87.
439 Texte de Fra Benedetto Cinquanta cité par R. QUAZZA, La Preponderanza spagnuòla,
Milan, 1950, p. 59.
440 E. CARPENTIER, Une Ville devant la peste..., p. 100.
441 S. GUILBERT, « A Châlons-sur-Marne... », dans Annales, E.S.C., nov.-déc. 1968, p. 1285.
442 A. MANZONI, Les Fiancés, II, p. 56 ; Ch. CARRIÈRE, ..., Marseille, ville morte..., p. 61.
443 A. MANZONI, Les Fiancés, II, p. 58.
444 Texte cité par L. CHEVALIER dans Le Choléra, la première épidémie du XIXe siècle
(bibliothèque de la révolution de 1848, t. XX), La Roche-sur-Yon, 1958, p. 5.
445 Ibid., p. 93.
446 J.-N. BIRABEN, « La peste... », dans Le Concours médical, 1963, p. 786.
447 BOCCACE, Le Décaméron, p. 18.
448 D. DEFOE, Journal... de la peste, p. 24-25.
449 Ch. CARRIÈRE, ..., Marseille, ville morte..., p. 66.
450 L. CHEVALIER, Le Choléra..., p. 15.
451 B. BENNASSAR, Recherches..., p. 52 et 58.
452 M. DEVÈZE, L'Espagne de Philippe IV, 1621-1665, II, p. 318.
453 D. DEFOE, Journal... de la peste, p. 66.
454 Ibid., p. 122.
455 Documents inédits en la possession de M. Jean Torrilhon qui me les a aimablement
communiqués.
456 H. Mollaret et J. BROSSOLLET, « La peste, source... », p. 30.
457 D. DEFOE, Journal... de la peste, p. 99.
458 Fco de SANTA-MARIA, Historia..., p. 270-272.
459 A. MANZONI, Les Fiancés, II, p. 105.
460 D. DEFOE, Journal... de la peste, p. 134.
461 Successivement Ch. CARRIÈRE, ..., Marseille, ville morte..., p. 104; puis L. CHEVALIER,
Le Choléra..., p. 131.
462 A. MANZONI, Les Fiancés, II, p. 77: texte de Ripamonti, De peste quae fecit anno 1630,
Milan, 1940, p. 81.
463 Ch. CARRIÈRE, ..., Marseille, ville morte..., p. 78-79.
464 D. DEPOB, Journal... de la peste, p. 70.
465 Ibid., p. 59.
466 Ibid., p. 145.
467 Ch. CARRIÈRE, ..., Marseille, ville morte..., p. 124.
468 Ibid., p. 109.
469 D. DEFOE, Journal... de la peste, p. 68.
470 Ch. CARRIÈRE, ..., Marseille, ville morte..., p. 82.
471 A. PARÉ, Œuvres, éd. de P. Tartas, Paris, 1969 (d'après l'éd. de 1585), III, p. VIIIcXLV. Sur
ce thème, J.-N. BIRABEN, Les Hommes..., II. p. 37-38.
472 LE MAISTRE, Conseil préservatif et curatif des fièvres pestilentes, Pont-à-Mousson, 1631,
p 62.
473 M. BOMPART, Nouveau Chasse-Peste, Paris, 1630, p. 6.
474 L.-A. MURATORI, Del governo della peste, e delle maniere di guardarsene, Modène,
1714, p. 329. Cf. aussi p. 328-336 et 408-415. Je remercie B. Bennassar d'avoir attiré mon
attention sur ce texte.
475 Cité par L. CHEVALIER, Le Choléra..., p. 45.
476 Cf. H. MOLLARET et J. BROSSOLET, « La peste, source... », p. 40-41.
477 A. PARÉ, Œuvres, III, p. VIIICXLIV-XLV.
478 M. BOMPART, Nouveau Chasse-Peste, p. 39.
479 THUCYDIDE, Guerre du Péloponnèse, II, chap. LII. Trad. J. Voilquin, Paris, 1966, Ier, p.
143.
480 BOCCACE, Le Décaméron, p. 10.
481 D. DEFOE, Journal... de la peste, p. 30-31.
482 Ch. CARRIÈRE, ..., Marseille, ville morte..., p. 110.
483 D. DEFOE, Journal... de la peste, p. 60-61.
484 J.-N. BIRABEN, « La peste... », dans Le Concours médical, 1963, p. 789.
485 THUCYDIDE, Guerre du Péloponnèse, II, chap. LIII, p. 143-144.
486 BOCCACE, Le Decaméron, p. 10.
487 Th. GUMBLE, La Vie du général Monk, trad. franç., Rouen, 1672, p. 265.
488 Cf. W.L. LANGER, « The Next Assignment », dans American Historical Review, janv.
1958, p. 298.
489 Ch. CARRIÈRE, .... Marseille, ville morte..., p. 102-103.
490 D. DEFOE, Journal... de la peste, p. 139-140.
491 Ibid., p. 141.
492 Ibid., p. 55, 71 et 98.
493 Ibid., p. 72.
494 MONTAIGNE, Les Essais, III, chap. XII (éd. Thibaudet, p. 290-291).
495 M. DEVÈZE, L'Espagne de Philippe IV, 1621-1665, II, p. 318.
496 D. DEFOE, Journal... de la peste, p. 58.
497 A. MANZONI, Les Fiancés, II, p. 77.
498 D. DEFOE, Journal... de la peste, p. 38.
499 Ibid., p. 86.
500 Ibid., p. 95, 131-143 et 144.
501 S. PEPYS, Journal, éd. H.W. Wheatley, V, p. 65 (3 sept. 1665).
502 D. DEFOE, Journal... de la peste, p. 57.
503 Cf. E. MALE, L'Art religieux de la fin du Moyen Age, Paris, 1908, p. 375 et suiv., et 423 et
suiv. ; J. HUIZINGA, Le Déclin du Moyen Age, p. 141-155 ; M. MEISS, Painting in Florence...,
chap. II ; A. TENENTI, La Vie et la mort à travers l'art du XVe siècle, Paris, 1952, et les
indications bibliographiques qui figurent dans W.L. LANGER, « The New Assignment », p. 297.
504 H. MOLLARET et J. BROSSOLLET, « La peste, source... », p. 70-76.
505 Ibid., p. 74.
506 Fr. VIATTE, « Stefano Della Bella : le cinque morti », dans Arte illustrata, 1972, p. 198-
210.
507 Sur tout cela, H. MOLLARET et J. BROSSOLLET, « La peste, source... », p. 13-26.
508 Cité dans J. ROUSSET, Anthologie de la poésie baroque française, Paris, 2 vol., 1968, II, p.
148.
509 Cf. U. RUGGERI, « Disegni del Grechetto », dans Critica d'arte, 1975, p. 33-42.
510 B. BENNASSAR, L'Homme espagnol, Paris, 1975, p. 187.
511 FREOUR..., « Réactions des populations... », dans Revue de psychologie des peuples, 1960,
p. 72.
512 BENAERTS, ..., Choix de textes..., p. 33-35.
513 Cité dans J. JANSSEN, L'Allemagne et la Réforme, VII, p. 106.
514 B. BENNASSAR, Recherches..., p. 56.
515 A. MANZONI, Les Fiancés, II, p. 75.
516 G. GALASSO, Napoli spagnuola..., p. 45.
517 Ch. CARRIÈRE, ..., Marseille, ville morte..., p. 87-88.
518 Ibid., p. 100.
519 Sümmtliche Werke (éd. Erlangen-Francfort), XXII, p. 327-336.
520 F.P. WILSON, The Plague..., p. 159.
521 J.W. JOHNSSON, Storia della peste..., p. 66-67.
522 Cité dans M. MOLLAT, Genèse médiévale..., p. 40.
523 BOCCACE, Le Décaméron, p. 11.
524 J. JANSSEN, L'Allemagne et la Réforme, VII, p. 412.
525 J.W. JOHNSSON, Storia della peste..., p. 27.
526 D. DEFOE, Journal... de la peste, p. 95.
527 Ch. CARRIÈRE, ..., Marseille, ville morte..., p. 79.
528 BOCCACE, Le Décaméron, p. 10.
529 Cf. notamment A. MANZONI, Les Fiancés, II, p. 73-76 ; Ch. CARRIERE, ..., Marseille,
ville morte..., p. 77, 93-94.
530 D. DEFOE, Journal... de la peste, p. 30-31 et 73-74.
531 Tous ces renseignements rassemblés par J.-N. BIRABEN, Les Hommes..., I, p. 175.
532 BENAERTS..., Choix de textes..., p. 34-35.
533 B. BENNASSAR, Recherches..., p. 56.
534 A. MANZONI, Les Fiancés. II, p. 76-77.
535 Tadino cité par A. MANZONI, Les Fiancés, II, p. 63-64.
536 D. DEFOE, Journal... de la peste, p. 149.
537 Ch. CARRIÈRE, ..., Marseille, ville morte.., p. 103.
538 Ibid., p. 88-98.
539 Ibid., p. 100.
540 J.W. JOHNSSON, Storia della peste, p. 13.
541 Cité dans M. MOLLAT, Genèse médiévale..., p. 42. Cf. aussi J.-N. BIRABEN, Les
Hommes..., II, p. 9-14.
542 P. MARCELLIN, Traité de peste, Lyon, 1639, p. 6.
543 M. BOMPART, Nouveau Chasse-Peste, p. 3.
544 Ch. CARRIÈRE, ..., Marseille, ville morte..., p. 161.
545 BENAERTS ..., Choix de textes..., p. 34-35.
546 BOCCACE, Le Décaméron, p. 8.
547 D. DEFOE, Journal... de la peste, p. 33-35.
548 Cf. E. WICKERSHEIMER, « Les accusations d'empoisonnement portées pendant la
première moitié du XIVe siècle contre les lépreux et les Juifs ; leurs relations avec les épidémies de
peste », IVe Congrès international d'histoire de la médecine (Bruxelles, 1923), Anvers, 1927, p. 6-
7.
549 Ibid., p. 1.
550 Ibid., p. 4-5.
551 A. LOPEZ de MENESES, « Una consecuencia de la Peste Negra en Cataluña: el pogrom de
1348 », dans Sefarad, Madrid-Barcelone, 1959, année XIX, fasc. Ier, p. 92-131. Cf. aussi A.
UBIETO-ARTETA, « La Peste Negra en la Peninsula Ibérica », dans Cuadernos de Historia,
Madrid, 1975, p. 47-67.
552 BENAERTS et SAMARAN, Choix de textes..., p. 33-35.
553 A. LOPEZ de MENESSES, « Una consecuencia... », p. 93.
554 B. BENNASSAR, Recherches..., p. 49.
555 R. BAEHREL, « Epidémie et terreur », dans Annales historiques de la Révolution
française, XXIII, 1951, p. 139.
556 J.W. JOHNSSON, Storia della peste..., p. 19.
557 D. DEFOE, Journal... de la peste, p. 21.
558 Anecdote reprise dans A. MANZONI, Les Fiancés, II, p. 70.
559 Cf. A. MANZONI, Les Fiancés, II, p. 171.
560 Toutes ces informations dans E.W. MONTER, « Witchcraft in Geneva », dans Journal of
Modern History, vol. XLIII, n° 1, mars 1971, p. 183-184.
561 R. BAEHREL, Epidémie et terreur..., p. 114-115.
562 Sämmtliche Werke (éd. Erlangen), XXII, p. 327-336.
563 D. DEFOE, Journal... de la peste, p. 126-127.
564 Ibid., p. 41.
565 Successivement, LUTHER, Sämmttiche Werke, XXII ; A. PARÉ, Textes choisis, p. 155 ; D.
DEFOE, Journal... de la peste, p. 63.
566 L. CHEVALIER, Le Choléra..., p. 19.
567 Mêmes références qu'à la note 190.
568 H. RENAUD, « Les maladies pestilentielles dans l'orthodoxie islamique », dans Bulletin de
l'institut d'hygiène du Maroc, III, 1934, p. 6.
569 A. PARÉ, Œuvres, III, p. VIIIeCXXIX.
570 T. VICARY, The English Mans Treasure, 1613, p. 223.
571 D. DEFOE, Journal... de la peste, p. 167.
572 Ibid., p. 62.
573 Ch. CARRIÈRE, ..., Marseille, ville morte..., p. 76.
574 L. CHEVALIER, Le Choléra..., p. 136.
575 Ce texte et les informations qui précèdent dans F.P. WILSON, The Plague in Shakespeare's
London, p. 138-139.
576 Cette identification et les renseignements qui suivent dans H. MOLLARET et J.
BROSSOLET, « La peste, source... », p. 97-99.
577 Cf. les distinctions de B. BENNASSAR, Recherches..., p. 55. Cf. aussi sur les processions,
J.-N. BIRABEN, Les Hommes..., II, p. 65-69.
578 A. MANZONI, Les Fiancés, II, p. 69.
579 J.W. JOHNSSON, Storia della peste..., p. 23.
580 Ch. CARRIÈRE, ..., Marseille, ville morte..., p. 123.
581 J. BLANCO-WHITE, Cartas de España, Madrid, 1972, p. 164-165. Je remercie B.
Benassar d'avoir attiré mon attention sur ce document.
582 J.-N. BIRABEN, Les Hommes..., II, p. 56-57.
583 Ibid., p. 71-72.
584 J.W. JOHNSSON, Storia della peste..., p. 23.
585 Cité dans H. MELLARET et J. BROSSOLLET, « La peste, source... », p. 79.
586 Cf. Vita sti Rochi, auctore Fr. Diedo, dans Acta sanctorum, août, III, p. 399-407, et Acta.
brevoria, auctore anonymo, ibid., p. 407-410. Références aimablement communiquées par le père
W. Witters.
587 D. DEFOE, Journal... de la peste, p. 167.
588 Ch. CARRIÈRE, ..., Marseille, ville morte..., p. 118.
589 BENAERTS..., Choix des textes..., p. 34-35.
Chapitre 4
590 Y.-M. Bercé, Histoire des Croquants..., II, p. 674-681.
591 D. MORNET, Les Origines intellectuelles de la Révolution française, Paris, 2e éd., 1934, p.
443-446.
592 G. RUDE, The Crow in History, 1730-1848, New York-Londres, 1964, p. 35. Cf. aussi
Violence and Civil Disorder in Italian Cities, 1200-1500, éd. L. Martines, Berkeley, 1972.
593 N.Z. DAVIS, Society and Culture in Early Modern France, Stanford (Cal.), 1975, p. 152-
187 avec bibliographie, p. 315-316.
594 G. LEFEBVRE, La Grande Peur de 1789, Paris, 1932, p. 61. Le livre de G. LEFEBVRE
est à compléter par les études de H. DINET, « La Grande peur en Hurepoix », dans Paris et Ile-de-
France, t. XVIII-XIX, Paris, 1970, p. 99-204, et « Les Peurs du Beauvaisis et du Valois, juillet
1789 », dans ibid., t. XXIII-XXIV, 1972-1973, p. 199-392. L'auteur insiste sur la diversité des
peurs et leur inégale répartition géographique. La concomitance des paniques autorise toutefois à
conserver l'expression « Grande Peur ».
595 G. Le BON, La Révolution française et la psychologie des foules, Paris, 1925, et
Psychologie des foules, Paris, éd. de 1947.
596 M. GARDEN, Lyon et les Lyonnais au XVIIIe siècle, Paris, p. 582-592.
597 J'utilise ici une analyse présentée à mon séminaire par Mme Laurence FONTAINE.
598 L'ouvrage de E.J. HOBSBAWN, Les Primitifs de la révolte dans l'Europe moderne (éd.
franç. 1963), permet lui aussi ce regard rétroactif.
599 E. MORIN, La Rumeur d'Orléans, Paris, 1969, p. 108.
600 R.-H. TURNER, « Collective behavior », dans Handbook of Modern Sociology, edited by
R.E.L. Faris, Chicago, 1964, p. 398.
601 Ouest-France, 7 mars 1975.
602 E. MORIN, La Rumeur..., condensé des p. 11-116.
603 Pour ne pas alourdir la bibliographie, je renvoie seulement à M.I. PEREIRA de QUEROZ,
Réforme et révolution dans les sociétés traditionnelles: histoire et ethnologie des mouvements
messianiques, Paris, 1968.
604 Ibid., p. 81-87. Cf. aussi E.J. HOBSBAWN, Les Primitifs de la révolte, p. 73-91.
605 Ibid., p. 139.
606 Ibid., p. 72-75. Cf. aussi H. CANTRIL, The Psychology of Social Movements, New York,
1948, p. 139-140.
607 Cf. surtout P. LAWRENCE, Le Culte du cargo, Paris, 1974, et P. WORSLEY, Elle sonnera
la trompette, Paris, 1977.
608 Cf. surtout J. MACEK, Jean Hus et les traditions hussites, Paris, 1973, R. FRIE-
DENTHAL, Hérétique et rebelle, Paris, 1977, et aussi M. MOLLAT et Ph. WOLFF, Ongles bleus,
Jacques et Ciompi. Les révolutions populaires aux XIVe et XVe siècles, Paris, 1970, p. 251-270.
609 Cf. la monographie de F. GRAUS, Mětskà chudina ν době pěedhugitokě (« Les Indigents
des villes à l'époque préhussite »), Prague, 1949.
610 Par exemple en Allemagne à la veille de la guerre des paysans. Cf. à ce sujet J. JANSSEN,
La Civilisation en Allemagne depuis la fin du Moyen Age jusqu'au commencement de la guerre de
Trente Ans, 9 vol., Paris, 1887-1914 : II, p. 439-446.
611 J. MACEK, Jan Hus..., p. 127.
612 Ibid., p. 139.
613 N. COHN, Les Fanatiques de l'Apocalypse, Paris, 1962, p. 243-260.
614 Ph. DOLLINGER, Histoire de l'Alsace, Toulouse, 1970, p. 212-213.
615 Fr. ENGELS, La Guerre des paysans en Allemagne, trad. E. Bottigelli, Paris, 1974, p. 55.
616 Cité dans N. CORN, Les Fanatiques..., p. 247-248.
617 Cité dans ibid., p. 268. Voir dans ce livre la bibliographie p. 336-337. Cf. aussi J. LECLER,
Histoire de la tolérance au siècle de la Réforme, 2 vol., Paris, 1955 : I, p. 213-215.
618 Expression de M. LE LANNOU dans le Déménagement du territoire, Paris, 1967.
619 J. FROISSART, Chroniques (ed. Société histoire de France, 1874), V, (1356), p. 60 et 71.
620 Cf. M. MOLLAT et Ph. WOLFF, Ongles bleus, Jacques et Ciompi..., p. 116-118.
621 Cf. notamment L. MIROT, Les Insurrections urbaines au début du règne de Charles VI,
Paris, 1906.
622 J. FROISSART, Chroniques, X (1381), p. 95.
623 Cf. G. LEFEBVRE, La Grande Peur de 1789. H. DINET, les deux longs articles cités à la
note 5.
624 Rapprochement établi par Y.-M. BERCE, Histoire des croquants, II, p. 694 et Croquants et
nu-pieds, Paris, 1974, p. 168.
625 N. WACHTEL, Le Vision des vaincus. Les Indiens du Pérou devant la conquête espagnole,
Paris, 1971, p. 272-273. Cf. aussi J. NEUMANN, Révoltes des Indiens Tarahumars (1626-1724),
trad., introd. et commentaires par L. Gonzalez, Paris, 1969, notamment p. 61.
626 Paroles du député Cravioto citées dans J.A. MEYER, Apocalypse et révolution au Mexique.
La guerre des cristeros 1926-1929, Paris, 1974, p. 42.
627 N. WACHTEL, La Vision..., p. 275-276.
628 J. NEUMANN, Révoltes..., p. 61.
629 J.-A. MEYER, Apocalypse..., p. 77.
630 J. FROISSART, Chroniques..., V (1357), p. 94-95.
631 Ch. PORTAL, « Les insurrections des Tuchins », dans Annales du Midi, 1892, p. 438-439.
632 F. CHABOD, « L'Epoca di Carlo V » dans Storia di Milano, IX, p. 392. Les populations
fuyaient notamment dans la Vénétie voisine.
633 Don J. VAISSETTE, Histoire générale du Languedoc, éd. de 1889, XII, col. 1280-1282.
634 H.J. von GRIMMELSHAUSEN, Les Aventures de Simplicius Simplicissimus, trad. de M.
Colleville, Paris, 1963, Ier, p. 59.
635 Lettre de Mme de Sévigné du 5 janvier 1576 dans P. CLÉMENT, La Police sous Louis XIV,
Paris 1886, p. 314. Cf. Y.-M. BERCÉ, Histoire des croquants..., I, p. 63.
636 Y.-M. BERCÉ, Histoire des croquants..., Ier, p. 63.
637 Ibid., id.
638 M. MOLLAT (sous la direction de), Histoire de l'Ile-de-France, Toulouse, 1971, p. 289.
639 Y.-M. BERCÉ, Histoire des croquants..., p. 549-550.
640 Ibid., p. 562.
641 Ibid., p. 549.
642 J. DELUMEAU, Vie économique et sociale de Rome dans la seconde moitié du XVIe siècle,
2 vol., Paris, 1957-1959 : II, p. 542-543. Cf. aussi F. BRAUDEL, La Méditerranée et le monde
méditerranéen à l'époque de Philippe II, 2 vol., Paris, 2e éd., 1966: II, p. 75-96.
643 G. ROUPNEL, La Ville et la campagne au XVIIe siècle. Etude sur les populations du pays
dijonnais, Paris, 2e éd., 1955, p. 12.
644 J. DELUMEAU, Vie économique..., II, p. 564.
645 J.-P. GUITON, La Société et les pauvres en Europe (XVIe-XVIIIe siècle), Paris, 1974, p. 27-
30.
646 F. BRAUDEL, La Méditerranée..., II, p. 81.
647 R. MOUSNIER, Fureurs paysannes. Les paysans dans les révoltes du XVIIe siècle (France,
Russie, Chine), Paris, 1967, p. 165. J.-P. GUTTON, La Société..., p. 31.
648 R. COBB, La Protestation populaire en France, 1789-1820, Paris, 1975, p. 315.
649 J. LEBEAU, Salvator mundi: l'exemple de Joseph dans le théâtre allemand du XVIe siècle,
2 vol., Neuwkoop, 1977 : I, p. 367 et 477.
650 R. MANDROU, Introduction à la France moderne, Paris, 1961, p. 28-35, et pl. p. 64.
651 P. GOUBERT, Louis XIV et vingt millions de Français, Paris, 1966, p. 167.
652 A.-M. PUIZ, « Alimentation populaire et sous-alimentation au XVIIe siècle. Le cas de
Genève et de sa région », dans Pour une histoire de l'alimentation (sous la direction de J.-J.
HEMARDINQUER), Paris, 1970, p. 143.
653 Ibid., p. 129 et 140.
654 Cf. MESSANCE, Recherches sur la population, 1756 : « Les années où le blé a été le plus
cher ont été en même temps celles où la mortalité a été la plus grande et les maladies plus
communes. » Cité par R. MANDROU, La France aux XVIIe et XVIIIe siècles, 3e éd. 1974, p. 99.
655 Arch. nat. P. 1341, fos 280 suiv. Cité dans M. MOLLAT (sous la direction de), Etudes... sur
la pauvreté..., II, p. 604.
656 Partie la plus grossière du son.
657 M. MOLLAT (sous la direction de), Etudes... sur la pauvreté..., II, p. 605.
658 J. DELUMEAU, Vie économique..., II, p. 622.
659 A.-M. Puiz, « Alimentation... », p. 131.
660 Fr. LEBRUN, Les Hommes et la mort..., p. 338.
661 Ibid., p. 339.
662 Ibid., p. 345.
663 H. PLATELLE, Journal d'un curé de campagne au XVIIe siècle, Paris, 1965, p. 90-94, cité
dans P. GOUBERT, L'Ancien Régime, 2 vol., Paris, 1969-1973 : I, p. 49-50.
664 A. MALET et J. ISSAC, XVIIe et XVIIIe siècle, Paris, 1923, p. 113, citant A. FEUILLET, La
Misère au temps de la Fronde et saint Vincent de Paul, Paris, 1868.
665 Ibid., id.
666 G. ROUPNEL, La Ville..., p. 32.
667 Cf. R. MANDROU, Introduction..., p. 34. Elle était fréquente en Europe centrale au Moyen
Age : F. CURSCHMANN, Hungersnöte im Mittelalter, Leipzig, 1900.
668 H. de VILLALOBOS, Somme de théologie morale et canonique, trad. franç. 1635, chap. x.
Excuses pour l'anthropophagie également chez AZPICUELTA, Abrégé du manuel..., trad. franc.
1602, p. 271, et chez E. SA, Les Aphorismes des confesseurs, trad. franc. 1601, article « Manger ».
669 P. GOUBERT, Beauvais et le Beauvaisis de 1600 à 1730, Paris, 1960, p. 76-77.
670 Cf. F. BRAUDEL, Civilisation matérielle..., Paris, 1967, Ier, p. 89-91.
671 A.-M. PUIZ, « Alimentation... », p. 130-131.
672 Fr. LEBRUN, Les Hommes et la mort..., p. 340.
673 G. GOUBERT, Beauvais..., p. 609.
674 Y.-M. BERCÉ, Histoire des croquants..., II, p. 538, et pour ce qui suit p. 538-548.
675 R. MANDROU, Introduction..., p. 34-35.
676 Cf. E. FAURE, La Disgrâce de Turgot, Paris, 1961, p. 195-293.
677 G. LEFEBVRE, La Grande Peur..., p. 105 ; cf. aussi p. 146-148. Les études de H. DINET
(cf note 5) confirment le grand nombre d'émeutes frumentaires dans la région parisienne en juillet
1789.
678 R. COBB, Terreur et subsistances, 1793-1795, Paris, 1965, p. 257-293.
679 C.S.L. DAVIES, Révoltes populaires..., p. 31-32.
680 Y.-M. BERCÉ, Histoire des croquants..., II, p. 690.
681 M. MOLLAT et Ph. WOLFF, Ongles bleus..., p. 190.
682 C.S.L. DAVIES, Révoltes populaires..., p. 53-54. A. FLECHTER, Tudor Rebellions, p. 17-
20.
683 C.S.L. DAVIES, Révoltes populaires..., p. 54.
684 Ibid., p. 53.
685 L. MIROT, Les Insurrections urbaines..., p. 3-4 et 87-94.
686 Y.-M. BERCÉ, Croquants et nu-pieds, p. 19-43.
687 M. FOISIL, La Révolte des nu-pieds et les révoltes normandes de 1639, Paris, 1970, p. 156-
158.
688 Ibid., p. 158-160.
689 Y.-M. BERCÉ, Histoire des croquants..., I, p. 403.
690 Ibid., p. 476.
691 R. MOUSNIER, Fureurs paysannes..., p. 123-156. Y.-M. BERCÉ, Histoire des croquants...,
p. 53-82.
692 Art. 5 du Code paysan.
693 Pour la Provence, cf. la thèse de R. PILLORGET, Les Mouvements insurrectionnels de
Provence entre 1596 et 1715, Paris, 1976.
694 B. PORCHNEV, Les Soulèvements populaires en France de 1623 à 1648, Paris, 1963, p.
427.
695 P. GOUBERT, L'Ancien Régime, II, p. 126.
696 Cité dans Y.-M. BERCÉ, Histoire des croquants..., I, p. 322.
Chapitre 5
697 A. FLECHTER, Tudor Rebellions, p. 38.
698 Ibid., p. 33.
699 Ibid., p. 49.
700 C. HEUYER, Psychoses collectives et suicides collectifs, Paris, 1973, p. 40. Cf. aussi F.
GAMBIEZ, « La peur et la panique dans l'histoire », dans Mémoires et communications de la
commission française d'histoire militaire, I, juin 1970, p. 115.
701 M. GARDEN, Lyon et les Lyonnais..., p. 585-586.
702 E.-J.-F. BARBIER, Journal d'un bourgeois de Paris. sous le règne de Louis XV, textes
choisis par Ph. Bernard, Paris, 1963, p. 218-219.
703 Ibid., p. 223.
704 J. KAPLOW, Les Noms des rois. Les pauvres de Paris à la veille de la Révolution, Paris,
1974, p. 55.
705 ALLETZ, Dictionnaire de police moderne pour toute la France, Paris, 1823, 4 vol. Ici, I, p.
22.
706 Tous ces renseignements dans Y.-M. BERCÉ, Histoire des croquants..., II, p. 622-624.
707 Ibid., id.
708 Y.-M. BERCÉ, Histoire des croquants..., Ier, p. 300.
709 Ibid., p. 317.
710 Ibid., p. 324.
711 M. FOISIL, La Révolte..., p. 156-178.
712 R. MOUSNIER, Fureurs paysannes, p. 138-140.
713 Y.-M. BERCÉ, Histoire des croquants..., I, p. 228.
714 Le Journal d'un bourgeois de Paris sous le règne de François Ier (1515-1536), éd. V.-L.
Bourrilly, Paris, 1920, p. 162.
715 Ibid., id.
716 Ibid., p. 164.
717 Ibid., p. 148.
718 R.H. TURNER, Handbook..., p. 397.
719 Ibid., p. 393.
720 A. STORR, L'Instinct..., p. 100-108.
721 A. METRAUX, Religions et magies indiennes d'Amérique du Sud, Paris, 1967, chap. III.
722 Récit de Tavannes cité dans J. ESTÈBE, Tocsin..., p. 137. Au sujet du massacre de la Saint-
Barthélemy qu'il faut replacer dans son véritable contexte, cf., l'ouvrage essentiel de Ph.
JOUTARD, J. ESTÈBE, E. LABROUSSE, J. LECUIR, La Saint-Barthélemy ou les Résonances
d'un massacre, Neuchâtel, 1976, notamment p. 22, 30, 33, 41, 45, 51 (à cette dernière page, figure
le rapprochement avec les massacres pratiqués par les Tupinamba).
723 Mémoires de Claude Haton publiés en 1857, cités dans J. ESTÈBE, Tocsin..., p. 82.
724 Mémoires de l'estat de la France sous Charles IX, s.l.n.d. (ouvrage protestant), p. 205.
725 G. LEFEBVRE, La Grande Peur, p. 87.
726 Fr. FURET et D. RICHET, La Révolution française, Paris, 1973, p. 135.
727 Encore que les émeutes aient été plus nombreuses que ne l'avait cru G. Lefebvre,
notamment dans le Hurepoix.
728 Ce renseignement et ceux qui suivent dans P. CARON, Les Massacres de septembre, Paris,
1935, p. 366.
729 Ibid., p. 367-368.
730 Ibid., p. 102.
731 Documents cités dans ibid., p. 450-451.
732 Y.-M. BERCÉ, Histoire des croquants, II, p. 543.
733 Ibid., I, p. 432.
734 Ibid., I, p. 324, et M. FOISIL, La Révolte, p. 271.
735 E. LE ROY-LADURIE, Les Paysans..., Ier, p. 497.
736 Y.-M. BERCÉ, Histoire des croquants, II, p. 585.
737 Ibid., II, p. 621.
738 Y.-M. BERCÉ, Histoire des croquants..., p. 73.
739 Cf. notamment N.Z. DAVIS, Society and Culture..., p. 27-28, 88, 146 et suiv., 175-183, E.P.
314. THOMSON, « The Moral Economy of the English Crowd in the Eighteenth Century », dans
Past and Present, févr. 1971, p. 115-117, et O. HUFTON, « Women in Revolution, 1789-1796 »,
dans ibid., nov. 1971, p. 39 et suiv.
740 N.Z. DAVIS, Society..., p. 88.
741 R. COBB, La Protestation populaire..., p. 158.
742 L. PLIOUCHTCH, Dans le carnaval de l'histoire, Paris, 1977, p. 155.
743 Cf. N.Z. DAVIS Society..., p. 154, et 315-316 pour les renvois bibliographiques à G. RUDE,
E.J. HOBSBAWN, E.P. THOMPSON, Ch. TILLY, E. LE ROY-LADURIE ; liste à laquelle il faut
ajouter Y.-M. BERCÉ. Guillaume PARADIN, Mémoires de l'histoire de Lyon, Lyon, 1573, p. 238.
744 E. LE ROY-LADURIE, Les Paysans..., I, p. 394-399.
745 Cf. les considérations toujours utiles à cet égard de G. LE BON, Psychologie des foules, éd.
de 1947, p. 78-92.
746 Sur le rôle des bouchers : M. MOLLAT et Ph. WOLFF, Ongles bleus..., p. 231.
747 Toutefois, problématique nouvelle qui rejoint la mienne dans N.Z. DAVIS, Society..., p.
152-156, 164-167, 170-180.
748 G. LAMBERT, Histoire des guerres de Religion en Provence, 1530-1598, rééd. Nyons,
1972, I, p. 146. Cf. aussi Ph. JOUTARD, ..., La Saint-Barthélemy..., p. 33 et D. RICHET, «
Aspects socioculturels des conflits religieux à Paris dans la seconde moitié du XVIe siècle », dans
Annales, E.S.C., 1977, p. 770-771.
749 N.Z. DAVIS, Society..., p. 165-166.
750 Histoire de Toulouse (sous la direction de Ph. WOLFF), Toulouse, 1974, p. 276.
751 J. ESTÈBE, Tocsin..., p. 98-99.
752 Mémoires de l'estat de la France..., p. 247.
753 N.Z. DAVIS, Society..., p. 167.
754 Ibid., p. 152-153 et 167.
755 Ibid., p. 165.
756 Cité dans P. BEUZART, La Répression à Valenciennes..., p. 25. Correspondance de
Marguerite de Parme avec Philippe II, I, p. 176.
757 Le dossier ci-dessous présenté par Mme Deyon et A. Lottin à mon séminaire doit fournir la
matière d'un livre (à paraître chez Hachette). Cf. aussi E. de MOREAU, Histoire de l'Eglise en
Belgique, Bruxelles : V, 1952, p. 122-128.
758 M. FOISIL, La Révolte..., p. 203-206.
759 Y.-M. BERCÉ, Histoire des croquants..., I, p. 369.
760 Ibid., I, p. 422-423.
761 Ibid., II, p. 666.
762 R. MOUSNIER, Fureurs paysannes, p. 146.
763 Y.-M. BERCÉ, Histoire des croquants..., II, p. 666.
764 M. GENDROT, Saint L.-M. Grignion de Montfort, Œuvres complètes, Paris, 1966 :
cantique CVIII, p. 1461.
765 Ibid., p. 1460.
766 Ibid., cantique CI, p. 1419.
767 Fr. CHEVALIER, L'Amérique latine, de l'indépendance à nos jours, Paris, 1977, p. 473.
768 Sur « l'enchevêtrement des aspects festifs et des aspects émeutiers », par exemple en France
en 1790, cf M. OZOUF, La Fête révolutionnaire, 1789-1799, Paris, 1976, p. 50.
769 Récit dans les Mémoires de Felix Platter. Cf. J. LECLER, Histoire de la tolérance au siècle
de la Réforme, 2 vol., Paris, 1955: I, p. 225-226.
770 Cités dans J. JANSSEN, L'Allemagne et la Réforme, VI, p. 9-10.
771 Ibid., p. 10.
772 P. BEUZAT, La Répression à Valenciennes..., p. 20.
773 G. LE MARCHAND, « Crises économiques et atmosphère sociale en milieu urbain sous
Louis XIV», dans Revue d'histoire moderne et contemporaine, 1967, p. 251.
774 Textes cités dans Fr. PONTIEUX, Prédictions..., mémoire de maîtrise, Paris I, 1973, p. 98,
et conservés à la B.N. Paris, respectivement rés. PS 149, 288, 215 et 217.
775 Cf. F. de VAUX de FOLETIER, Mille ans d'histoire des tziganes, Paris, 1970.
776 Cf. B. GEREMEK, « Les Hommes sans maître. La marginalité sociale à l'époque
préindustrielle », dans Diogène, avril-juin 1977, notamment p. 32.
777 Cf. P.A. SLACK, « Vagrants et vagrancy in England, 1598-1664 », dans Economie History
Review, 2e série, XXVII, 1974, p. 366. B. GEREMEK, « Les Hommes sans maître... », p. 45.
778 Sur tout cela, le livre capital de B. GEREMEK, Les Marginaux parisiens aux XIVe et XVe
siècles, Paris, 1976, p. 29-38 et 208-222. Cf. aussi M. MOLLAT, Les Pauvres au Moyen Age,
Paris, 1978, notamment, p. 235-303.
779 N. VERSORIS, Livres de raison de me N. Versoris (1519-1530), éd. G. Fagniez, Paris,
1885, p. 36 cité dans J.-P. GUTION, La Société et les pauvres: l'exemple de la généralité de
Lyon,'1534-1789, Paris, 1971, p. 229. Sur la montée de la peur des pauvres, cf. aussi M. MOLLAT
(sous la direction de), Etudes sur l'histoire de la pauvreté (Moyen Age-XVIe siècle), 2 vol., Paris,
1974: II, p. 542-546.
780 C.S.L. DAVIES, « Révoltes populaires en Angleterre », dans Annales, E.S.C., 1969, p. 46-
48.
781 Cité dans Y.-M. BERCÉ, Histoire des croquants, I, p. 251.
782 Cf. à ce sujet l'excellent article de B. GEREMEK, « Criminalité, vagabondage, paupérisme :
la marginalité à l'aube des Temps modernes », dans Revue d'histoire moderne et contemporaine,
XXI, juil-sept. 1974, p. 337-375.
783 A. PARÉ, Œuvres, éd., P. de Tartas, p. MLIII. Cité dans R. CHARTIER, « Les élites et les
gueux. Quelques représentations (XVIe-XVIIe siècle) », dans Revue d'histoire moderne et
contemporaine, p. 379.
784 B. GEREMEK, « Criminalité, vagabondage... », p. 357.
785 G. HERMANT, Discours chrestien pour le bureau des pauvres de Beauvais, 1654, p. 5.
786 Ces renseignements dans B. GEREMEK, « Criminalité, vagabondage... », p. 354-356 (avec
bibliographie) et dans E.M. LÉONARD, The Early History of English Poor Relief, Cambridge,
1900, rééd. Londres, 1965, p. 80 et suiv.
787 J.-P. GUTTON, La Société et les pauvres..., généralité de Lyon..., p. 200-201. Cf. aussi dans
M. MOLLAT, Etudes sur l'histoire de la pauvreté, II, p. 539-542 (la criminalité de groupes).
788 Ibid., p. 207-209.
789 Cité par J. KAPLOW, Les Noms des rois..., p. 229-230.
790 G. LEFEBVRE, La Grande Peur, passim, et H. DINET, « Les peurs du Beauvaisis et du
Valois », notamment p. 257-274.
Chapitre 6
791 Ed. POGNON, L'An mille, Paris, 1947, p. XIV.
792 G. DUBY, L'An mil, Paris, 1967, p. 9. Cf. aussi P. RICHÉ, « Le mythe des terreurs de l'an
mil », dans Les Terreurs de l'an 2000, Paris, 1976, p. 21-29.
793 L. GRODECKI,..., Le Siècle de l'an mil, Paris, 1973, p. 214.
794 Ibid., p. 192-194.
795 Poésie latine chrétienne du Moyen Age (IIIe-XVe siècle), textes recueillis, traduits et
commentés par H. SPITZMULLER, Tournai, 1971, p. 15, 23, 391, 447, 563.
796 Fr. RAPP, Réformes et Réformation à Strasbourg. Eglise et société dans le diocèse de
Strasbourg, Paris, 1974, p. 160.
797 J. HUIZINGA, Le Déclin du Moyen Age, 1967, p. 34.
798 E. MALE, L'Art religieux de la fin du Moyen Age en France, 1925, p. 440.
799 E. DELARUELLE, ..., L'Eglise au temps du Grand Schisme, Tournai, 1964, II, p. 827.
800 Dans l'attente de Dieu, Paris, 1973, p. 56. C'est à ce livre que j'ai emprunté le titre de ce
chapitre.
801 Préface à H. INSTITORIS et J. SPRENGER, Le Marteau..., p. 59.
802 Je résume ci-dessous la note 26 sur le livre XX de La Cité de Dieu dans Œuvres de saint
Augustin (éd. Bardy, trad. franç. Combes), Desclée de Brouwer, 1960, t. XXXVII, p. 768-770.
803 Cf. chap. 5.
804 Br.W. BALL, A Great Expectation, Leyde, 1975, notamment p. 2-3, 160-177.
805 Cf. l'article de J. Séguy, « Les non-conformismes religieux », dans l'Histoire des religions
de la Pléiade, II, p. 1229-1303.
806 Cf. plus haut, chap. 4.
807 Utile rappel de ces textes dans J. FOURNÉE, Le Jugement dernier d'après le vitrail de
Coutances, Paris, 1964, p. 29-58.
808 R. AUBENAS et R. RICARD, L'Eglise et la Renaissance, Paris-Tournai, 1951, p 364.
809 J. FOURNÉE, Le Jugement dernier..., p. 166-167.
810 Pour tout ce qui concerne le millénarisme portugais et le père Viera, cf. R. CANTEL,
Prophétisme et messianisme dans l'œuvre d'A. Viera, Paris, 1960, Les deux principaux ouvrages de
Viera sont Historia do futuro et Clavis prophetarum.
811 Le corps du roi Sébastien a été retrouvé à Rabat en 1957.
812 CANTEL, Prophétisme..., p. 101.
813 Ibid., p. 146.
814 Sur l'importance accordée aux prophéties de Daniel dans l'Allemagne du XVIe siècle, cf. J.
LEBEAU, Salvator mundi, I, p. 525-534.
815 Br.W. BALL, A Great Expectation, p. 29-30, 38-39 et 97.
816 D. WEINSTEIN, Savonarole et Florence; prophétie et -patriotisme à la Renaissance, Paris,
1973.
817 Ibid., p. 86.
818 Ibid., p. 89.
819 Ibid., p. 101.
820 Cité dans Ibid., p. 148-150, Prediche sopra Aggeo, déc. 1494.
821 M. MAHN-LOT, Christophe Colomb, Paris, 1960, p. 150. Au sujet des aspects
eschatologiques de la découverte et des missions en Amérique, cf. R. RICHARD, La « Conquête
spirituelle » du Mexique, Paris, 1933. M. BATAILLON, « Nouveau Monde et fin du monde »,
dans l'Education nationale, déc, 1952, n° 32 ; « Evangélisme et millénarisme au Nouveau Monde
», dans Courants religieux et humanisme à la fin du XVe et au début du XVIe siècle, Paris, 1959 ;
P.L. PHELAN, The Millenium Kingdom of the Franciscans in the New World, Berkeley, 1956: J.
LAFAYE, Quetzalcôatl et Guadalupe. Eschatologie et histoire du Mexique, Lille, 1972, Ier, p. 135-
190 ; « Le Messie dans le monde ibérique », dans Mélanges de la Casa de Velazquez, VII, 1971, p.
164-183.
822 Cf. M. BATAILLON et A. SAINT-Lu, Las Casas et la défense des Indiens, Paris, 1971,
particulièrement p. 41 et 262.
823 M. LUTHER, Propos de table, éd. G. Brunot, Paris, 1844, p. 276-279.
824 Ibid., p. 274-275.
825 H. BULLINGER, Cent Sermons sur l'Apocalypse de Jésus-Christ, édités par Jean Crespin,
Genève, 1558, préface.
826 Cité dans D. KORN, Das Thema des jüngsten Tages in der deutschen Literatur des 17.
Jahrhunderts, Tübingen, 1957, p. 16.
827 Ibid., p. 26-27.
828 Cité dans Br. W. BALL, A Great Expectation, p. 28-29. R. BAXTER, The Saints... Rest, p.
837 et 791.
829 Cité dans ibid. ; R. SIBBES, The Brides Longing for her Bridegroomes Second Coming,
1638, p. 34.
830 Respectivement i Jn II, 18, et IV, 3, et Paul, épître aux Thessaloniciens, II, 3-4.
831 Cf. A. CHASTEL, « L'Apocalypse en 1500 », dans Bibliothèque d'humanisme et
Renaissance, t. XIV (Mélanges A. Renaudet), 1952, p. 124-140. ,
832 J. CHOCHEYRAS, Le Théâtre religieux en Savoie au XVIe siècle, Genève, 1971, p. 24.
833 G. DUBY, L'An mil, p. 10.
834 E. DELARUELLE..., L'Eglise au temps du Grand Schisme..., II, p. 640.
835 J. PREUSS, Die Vorstellungen vom Antichrist im spâteren Mittelalter, Leipzig, 1906, p. 28.
836 J. JANSSEN, La Civilisation en Allemagne..., VI, p. 230-231.
837 D. KORN, Das Thema..., p. 64.
838 L'Attesa dell'età nuova nella spiritualità della fine del Medioevo, Todi, 1962,
communication d'E. DELARUELLE, p. 53. Republication dans E. DELARUELLE, La Piété
populaire au Moyen Age, Turin, 1975.
839 J. JANSSEN, La Civilisation en Allemagne..., VI, p. 231-232.
840 L. FEBVRE et H.-J. MARTIN, L'Apparition du livre, Paris, 1958, p. 181.
841 E. MALE, L'Art religieux de la fin du Moyen Age..., p. 442-443.
842 L. FEBVRE et H.-J. MARTIN, L'Apparition du livre, p. 381-382.
843 H. ZAHRNT, Dans l'attente de Dieu, p. 56-57.
844 R. GARCIA-VILLOSLADA, Racies historicas del luteranismo, Madrid, 1969, p. 236.
845 D. KORN, Das Thema..., p. 57.
846 E.-L. EISENSTEIN, « L'avènement de l'imprimerie et la Réforme », dans Annales, E.S.C.,
nov.-déc. 1971, p. 1355, corrigé par R. GARCIA-VILLOSLADA, Raices..., p. 286.
847 E. MALE, L'Art religieux de la fin du Moyen Age..., p. 444.
848 Ibid., p. 448.
849 Ibid., p. 156.
850 H. WOELFFLIN, Die Kunst Albrecht Dürers, Munich, 1905, p. 45.
851 J. LEBEAU, Salvator mundi..., I, p. 475. Sur les attentes apocalyptiques à l'époque de la
Renaissance, voir aussi l'important ouvrage de CI.-G. DUBOIS, La Conception de l'histoire de
France au XVIe siècle (1560-1610), Paris, 1977, p. 387-583.
852 G. FRANCASTEL, « Une peinture antihérétique à Venise ? », dans Annales, E.S.C., janv.-
fév. 1965, p. 16.
853 Ibid., id.
854 Ph. BRAUNSTEIN, « Artistes allemands et flamands à la fin du Moyen Age », dans
Annales, E.S.C., janv.-fév. 1970, p. 228.
855 P. de VOOGHT, L'Hérésie de Jean Hus, Louvain, 1960, p. 24-29.
856 Ibid., p. 347.
857 Ibid., p. 346.
858 Ibid., p. 78-79.
859 E. DELARUBLLE..., L'Eglise au temps du Grand Schisme..., II, p. 642.
860 Opera omnia, Venise, 1745, III, p. 138.
861 Ces renseignements et ceux qui suivent dans FAGES, Histoire de saint Vincent Ferrier, 2
vol., Louvain-Paris, 1901 : I, p. 320-335.
862 Ibid., p. 311-312.
863 Ibid., p. 324.
864 L. POLIAKOV, Histoire de l'Antisémitisme, 2 vol., Paris, 1961 : II, p. 166.
865 Ibid., p. 173.
866 Dans l'Angleterre du XVIIe siècle, on constate une concomitance (et sans doute une
interaction) entre attentes apocalyptiques chrétiennes et messianisme judaïque : Br. W. BALL, A
Great Expectation, p. 178-179.
867 Cf. D. WEINSTEIN, Savonarole et Florence, p. 343-345. Ce tableau se trouve au Fogg
Museum of Art, à l'université de Harvard.
868 Ibid., p. 361-364.
869 Cité dans ibid., p. 356.
870 D. CANTIMORI, Eretici italiani del Cinquecento, Florence, 1967, p. 11.
871 R. GARCIA-VILLOSLADA, Raices..., p. 235.
872 Luters Werke (éd. Weimar), VI, p. 454.
873 Ibid" XI, 2, P. 380. Cf. J. LEBEAU, Salvator mundi..., I, p. 527-528.
874 Ibid. ; Deutsche Bibel, VII, p. 416.
875 M. LUTHER, Propos de table, p. 275-276.
876 Ibid., p. 276. Cf. plus généralement sur cette question W. PEUCKERT, Die Grosse Wende;
das apokalyptische Saecudum und Luther, Hambourg, 1949.
877 J. JANSSEN, L'Allemagne et la Réforme, VI, p. 394.
878 Ibid., p. 395.
879 Cf. J. LEBEAU, Salvator mundi, I, p. 528-529, et II, p. 846-847.
880 Trois Livres des quatre empires souverains..., Genève, 1557, p. 114. Cité dans CI.-G.
DUBOIS, La Canception..., p. 439.
881 CI.-G. DUBOIS, La Conception..., p. 425.
882 Epîtres et Evangiles pour les cinquante et deux sepmaines de l'an (1523) : « Septième
dimanche après la Pentcoste. » Cf. J. BOISSET, « Les Epîtres et Evangiles pour les cinquante et
deux sepmaines de l'an par Lefèvre Etaples », dans Platon et Aristote à la Renaissance, Paris,
1976, p. 85.
883 J. CALVIN, Sermons sur les deux epistres de sainct Paul à Timothée, et sur l'epistre à Tite,
Genève, 1563, p. 502-503.
884 Christianismi restitutio, réimpression à Nuremberg en 1791 de l'édition de Vienne de 1553,
II, chap. Ier, p. 388-410, « De orbis perditione ».
885 Ouvrage publié à Genève en 1550. Ici, p. 203-207. Viret invite le chrétien à évacuer toute
préoccupation terrestre. « Monde à l'empire » signifie « monde qui empire ». Cf. Cl.-G. DUBOIS,
La Conception..., p. 443-465.
886 Deux Sermons de la fin du siècle et du jugement à venir de N.S.J.Ch., Genève (chez
Crespin), 1557, p. 38.
887 A. CHASTEL, « L'Apocalypse de 1500... », p. 131-136.
888 M. BATAILLON, Erasme et l'Espagne..., notamment p. 68-69.
889 R. ROUSSAT, Livre de l'estat et mutation des temps prouvant par authoritez de l'Ecriture et
par raisons astrologales la fin du monde estre prochaine, Lyon, 1550, p. 86.
890 G. PUELLI-MAFSTRELLI, Un grand prélat en Russie au XVe siècle: Gennadij,
archevêque de Novgorod, mémoire de maîtrise, Vincennes, 1970, p. 66.
891 A. PARE, Œuvres, II, p. VIIe. Dans son Catecismo cristiano (1558), Carranza se désole de
constater que la syphilis, envoyée par Dieu pour châtier les vicieux, ne provoque plus ni crainte ni
dégoût.
892 D. Du MONT, Corps universel diplomatique du droit des gens..., Amsterdam, 1728, V,
partie Ire, p. 35-41.
893 Fr. ISAMBERT, Recueil des anciennes lois françaises, Paris, 1829, XIV, p. 135.
894 J. BODIN, Démonomanie des sorciers, Paris, 1580, p. 12r°.
895 H. INSTITORIS et J. SPRENGER, Le Marteau des sorcières, p. 260.
896 E. FORSYTH, La Tragédie française de Jodelle à Corneille (1553-1660), Le thème de la
vengeance, Paris, 1962, p. 250. Cf. aussi J. TRENEL, L'Elément biblique dans l'œuvre poétique
d'Agrippa d'Aubigné, Paris, 1904, notamment p. 33-36.
897 Ed. de 1961, Paris, p. 23.
898 A. d'AUBIGNÉ, Les Tragiques, VI, vers 1075-1079.
899 Ibid., vers 1129-1130.
900 Ibid., vers 1131-1132.
901 E. DESCHAMPS, Œuvres complètes, VII, p. 114-115, ballade MCCXL.
902 M. LUTHER, Exhortation à la prière contre le Turc, éd. Labor et Fides, Genève, 1957 et
suiv., VII, p. 276.
903 Contribution de W. FRIJHOFF à Prophètes et sorciers aux Pays-Bas (à paraître).
904 E. PANOFSKY, Essais d'iconologie, Paris, 1967, p. 115-130.
905 GERSON, De Distinctione verarum visionum a falsis; Opera, I, p. 411. Cf. J. HUIZINGA,
Le Déclin..., p. 202.
906 P. VIRET, Le Monde à l'empire..., p. 207.
907 Cité dans E. DELARUELLE, L'Eglise au temps du Grand Schisme, II, p. 894-895.
908 Traicté de la cognoissance de Dieu, Paris, 1625, p. 59-60. Cf., comme pour le texte suivant,
Fr. LAPLANCHE, Religion, culture et société dans le discours apologétique de la théologie
réformée en France au XVIIe siècle (1576-1670), thèse IIIe cycle, Paris IV, 1975, p. 22 et 223.
909 G. PACARD, Théologie naturelle..., éd. de Niort, 1606, p. 458.
910 P. VIRET, Le Monde à l'empire..., p. 203-204.
911 Ibid., p. 207.
912 Ibid., p. 347.
913 T. MALVEIZDA, De Antichristo. On utilise ici l'édition complétée de Lyon, 1647, I, p. 106.
914 Ibid., p. 100-101.
915 Alphonse X « le Sage» (1221-1284) qui avait dirigé la rédaction des « Tables alphonsines ».
916 Chr. COLOMB, Œuvres, prés. et trad. par A. Cionanescu, Paris, 1961, p. 300. Reste ouverte
la question de savoir si Chr. Colomb attendait au bout des 7 000 ans plutôt le Jugement dernier ou
plutôt le millenium.
917 Cf. plus haut.
918 P. VIRET, Le Monde à l'empire..., p. 207.
919 R. ROUSSAT, Livre de l'estat et mutation..., p. 86.
920 P. 23-24.
921 P. 10.
922 Cf. ch. 2.
923 Ibid., E. LABROUSSE, L'Entrée de Saturne..., p. 7, n. 21.
924 Chr. HILL, Antichrist in Seventeenth-Century England, Londres, 1971, p. 25.
925 Ibid., p. 26.
135. Ibis., p. 26.
926 Br. W. BALL, A Great Expectation, principalement p. 115-125.
927 Ibid., p. 2.
928 D. KORN, Das Thema..., p. 57. Sur les craintes eschatologiques en Allemagne dans la
seconde moitié du XVIe siècle et au début du XVIIe, cf. J. JANSSEN, La Civilisation en
Allemagne..., VI, p. 394-402.
929 Cf. Cl.-G. DUBOIS, La Conception..., p. 510-516.
930 Chr. HILL, Antichrist..., p. 17, n. 5.
931 Ibid., p. 16.
932 DUPLESSIS-MORNAY, Le Mystère... (éd. de Saumur, 1611), p. 606.
933 H. SMITH, Sermons, 1631, p. 416: cité dans Chr. HILL, Antichrist..., p. 32.
934 Chr. HILL, Antichrist..., p. 17, n. 5.
935 Cité dans Br. W. BALL, A Great Expectation, p. 17.
936 Sur tout cela, ibid., p. 36 et 89-90.
937 Cité dans ibid., p. 90. W. ALEXANDER, Dooms-day, p. 25, dans Recreations with the
Muses, 1637.
938 Cité dans ibid., p. 96. Th. ADAMS, A Commentary ... upon the Divine second
939 Epistle ... written by the Blessed Apostle St. Peter, 1633, p. 1138.
940 Ibid., p. 100-101 et 106.
941 J. JANSSEN, La Civilisation en Allemagne..., VI, p. 395-396.
942 FI. de RAEMOND, L'Antichrist, Lyon, 1597, p. 132. Cité dans CI.-G. DUBOIS, La
Conception..., p. 528.
943 La 1re édition du De Antichristo de Malvenda parut en 1604. L'Apocalypse avec une
explication de Bossuet date de 1689.
Chapitre 7
944 J. LEVRON, Le Diable dans l'art, Paris, 1935, p. 14-18.
945 Cf. J. LE GOFF, La Civilisation de l'Occident médiéval, iconographies des p. 232-233.
946 Y. LEFÈVRE, L'Elucidarium et les lucidaires, Paris, 1954.
947 Ibid., p. 160-171.
948 E. MALE, L'Art religieux à la fin du Moyen Age, p. 468.
949 Ibid., p. 467-468. Il faut à cet égard corriger E. Mâle ; cf. Somme théologique, supplément à
la partie III, quaest. XCVII, art. II.
950 Ibid., p. 462-467.
951 Ibid., p. 468.
952 Sur l'infléchissement de l'art après la Peste Noire, cf. M. MEISS, Painting in Florence and
Sienna after the Black Death, Princeton, 1951.
953 E. MALE, L'Art religieux..., p. 468-469.
954 Ibid., p. 469-471.
955 Kunsthistorisches Museum de Vienne et Stedelijk Museum voor Schone Kunsten de
Bruges.
956 Musée d'art ancien de Lisbonne. Reproduction dans Encyclopaedia Universalis, V, p. 424-
425.
957 J. BALTRUSAITIS, Le Moyen Age fantastique, Paris, 1955, notamment p. 153, 164, 169,
187.
958 Ibid., p. 229-232.
959 Musée d'art ancien.
960 H. INSTITORIS et J. SPRENGER, Le Marteau..., p. 387.
961 Ibid., p. 385-386.
962 Ouvrage rédigé dans la première moitié du xve siècle. Cf. J. LEFEBVRE, Les Fols et la
folie. Etude sur les genres du comique et la création littéraire en Allemagne pendant la
Renaissance, Paris, 1968, p. 94 et 185.
963 Cf. ibid., notamment p. 112.
964 Ibid., p. 181-188.
965 H. INSTITORIs et J. SPRENGER, Le Marteau..., p. 127.
966 Cf. J. LEFEBVRE, Les Fols..., p. 90.
967 Ibid., p. 179-183.
968 Ces huit extraits dans l'éd. Labor et Fides des Œuvres de Luther, successivement : II, p. 152
; III, p. 105 et p. 194 ; II, p. 270 et 137 ; IV, p. 177, 198-199.
969 Cf. A. AGNOLEM, « Storia e non storia in Filippo Melantone dans Nuova Rivista Storica,
1964, XLVIII, nos 5-6, p. 491-528, et « Appunti sull' escatologia in Filippo Melantone dans
Bolletino della Società di Studi Valdesi, 1966, LXXXVII, n° 120, p. 7-17.
970 Cité dans J. JANSEN, La Civilisation en Allemagne..., VI, p. 448.
971 Ibid., p. 440.
972 Toutes ces informations sur le satanisme dans le théâtre allemand de l'époque dans Ibid., VI,
successivement p. 275, 289, 291, 297 et 309.
973 S. BRANT, Das Narrenschiff, rééd., Hildesheim, 1961, successivement : 1-9 ; 27 ; 26-30 ;
48 ; 62-69 ; 103 ; 72-88. Cf. aussi J. Lefebvre, Les Fols..., p. 98.
974 Cité dans J. JANSSEN La Civilisation en Allemagne..., VIII, p. 56.
975 H. INSTITORIS et J. SPRENGER, Le Marteau, introd., p. 17-19.
976 Ibid., VIII, p. 558, et Satan, coll. des Etudes carmélitaines, 1948 (n° 27), p. 653.
977 C.E. MIDELFORT, Witch Hunting in Southwestern Germany, 1562-1684, Stanford, Cal.,
1972, p. 69-70.
978 Cité dans J. JANSSEN, La Civilisation en Allemagne..., VIII, p. 558.
979 E. MALE, L'Art religieux à la fin du Moyen Age..., p. 471-475. A. TENENTI, La Vie et la
mort à travers l'œuvre du XVe siècle, Paris, 1952, p. 43-48.
980 R. MANDROU, Magistrats et sorciers en France au XVIIe siècle, Paris, 1968, p. 25-59. Cf.
aussi R. YVE-PLESSIS, Essai d'une bibliographie française méthodique et raisonnée de la
sorcellerie et de la possession démoniaque, Paris, 1900, et l'ouvrage collectif Satan des Etudes
carmélitaines, p. 352-385.
981 Cf. supra et J. DELUMEAU, « Les Réformateurs et la superstition », dans Coligny et son
temps, Paris, 1974, p. 447-448.
982 E.W. MONTER, « Patterns of Witchcraft in the Jura », dans Journal of Social History, vol.
V, n° 1, 1971, p. 20-22.
983 Cf. notamment CI. SEIGNOLLE, Les Evangiles du diable, Paris, 1964.
984 P.J. HELIAS, Le Cheval d'orgueil, Paris, 1975, p. 83-86.
985 J. CALVIN, Institution chrétienne, éd. J. Pannier, 1961, II, p. 248 (chap. v : « De la
pénitence »).
986 DEL Rio, Les Controverses et recherches magiques..., trad. franç., d'André Du Chesne,
Paris, 1611, p. 228, 277 et 552.
987 Comment. in Epist. ad. Eph., chap. II. Cf. D.T.C., IV « Démon », col. 402-403.
988 THOMAS D'AQUIN, Somme théologique, la, q.LXIII-LXIV. SUAREZ, De angelis (liv.
VII et VIII). D.T.C., IV, «Démons, col. 396, 399-400.
989 J. CALVIN, Institution..., II, p. 90.
990 MALDONADO, Traicté des anges et démons, trad. franç. de La Borie, Paris, 1605, p. 170
A.
991 P. de BÉRULLE, Traité des énergumènes, Paris 1599, chap. IL
992 Par exemple J. MALDONADO, Traicté des anges..., p. 170A-170B.
993 M. LUTHER, Œuvres, IV : Une missive touchant le dur livret contre les paysans (1525), p.
197.
994 Ibid., XV: Commentaire de l'épître aux Galates, p. 200-202.
995 J. MALDONADO, Traicté des anges..., p. 170B.
996 M. LUTHER, Œuvres, IV : De l'autorité temporelle..., p. 38-39.
997 J. CALVIN, Institution..., p. 190-191.
998 M. DEL Rio, Les Controverses..., p. 228.
999 J. MALDONADO, Traicté des anges..., p. 192A.
1000 M. DEL RIO, Les Controverses..., p. 145-147. Cf. aussi dans le Malleus, trad. A. Danet,
les p. 145-146.
1001 Ibid., id.
1002 Ibid., p. 166.
1003 Ibid., p. 167.
1004 Ibid., p. 168.
1005 Ibid., p. 168-170.
1006 Ibid., p. 172-173.
1007 H. INSTITORIS et J. SPRENGER, Le Marteau..., p. 172.
1008 M. DEL Rio, Les Controverses..., p. 186.
1009 Ibid., p. 193-196. Le Marteau..., p. 327-336 (contre le Canon episcopi).
1010 Ibid., p. 211 et 234. Le Marteau..., p. 245-246.
1011 J. BODIN, Démonomanie..., p. 102B.
1012 M. DEL Rio, Les Controverses..., p. 229.
1013 Ibid., p. 235.
1014 Ibid., p. 235.
1015 Ibid., p. 236.
1016 Ibid., p. 237.
1017 Ibid., p. 553-554..
1018 Ibid., p. 241.
1019 Ibid., p. 241.
1020 J.MALDONADO, Traicté des anges.... p. 216A.
1021 M. LUTHER, Œuvres, VII, p. 121.
1022 Cf. plus haut, pp. 39-40.
1023 E. LE ROY-LADURE, Histoire du climat depuis l'an mil, Paris, 1967, p. 155-156.
1024 H. INSTITORIS et J. SPRENGER, Le Marteau..., p. 233.
1025 Ibid., id.
1026 Ibid., p. 232.
1027 Ibid., p. 235.
1028 Cf. pour le XVe siècle J. HUIZINGA, Le Déclin..., p. 255-256. Martin Lefranc, auteur du
Champion des dames (1440), Gerson, Nicolas de Cusa attribuent au démon les « imaginations »
des sorcières ou les lésions cérébrales qui les rendent crédules.
1029 M. LUTHER, XV, Commentaire de l'épître aux Galates, p. 200-202.
1030 J. CALVIN, Institution..., Ier, p. 68.
1031 M. DEL RIO, Les Controverses..., p. 134-140.
1032 Cf. les références données dans le D.T.C., art. «Démon », c. 384-403.
1033 J. JANSSEN, La Civilisation..., VI, p. 437-438.
1034 Ibid., p. 451-452.
1035 D.T.C., IV, « Démon », c. 391 et 394.
1036 D.T.C., IV, « Démon », c. 399-40.
s
1037 Bibl. mazarine, ms 1337, f° 90 r°-v°. Je remercie à nouveau H. Martin de m'avoir
communiqué ce document.
1038 Jn XIII, 18 ; VII, 7; xv, 18-19 ;
1039 Ibid., III, 18 ; VII, 7; xv, 18-19 ; XVII, 9.
1040 II Cor. IV, 4.
1041 Jn I, 9-10; XI, 27.
Chapitre 8
1042 J. de ACOSTA, Historia natural y moral de las Indias, 1590, V ; I, p. 140. Pour tout ce
qui suit, je vais beaucoup utiliser P. DUVIOLS, La Lutte contre les religions autochtones dans le
Pérou colonial, Lima-Paris, 1972. Ici, p. 23 et 29.
1043 J. de ACOSTA, De Procuranda Indorum salute..., 1588, V ; IX, p. 558. P. DUVIOLS, La
Lutte..., p. 23.
1044 Cf. P. DUVIOLS, La Lutte..., p. 44, et V.D. CARRO, La Teologia y los téologos y juristas
espanoles ante la conquista de América, 2e éd. ; Salamanque, 1951, p. 405.
1045 CASAS (B. de Las), Apologética historia de las Indias, Madrid, 1909, chap. LXXIV et
suiv. P. DUVIOLS, La Lutte..., p. 45.
1046 MONTAIGNE, Essais: I, « Les cannibales»; III, « Des coches ».
1047 Son grand ouvrage est L'Histoire générale des choses de la Nouvelle Espagne.
1048 R. RICARD, La « Conquête spirituelle » du Mexique, Paris, 1933, p. 75-79.
1049 P. DUVIOLS, La Lutte..., p. 47.
1050 Ibid., p. 46.
1051 P. SARMIENTO de GAMBOA, Historia de los Incas, 1572 ; éd. A. Rosemblat, Buenos
Aires, 1947, p. 127-128.
1052 P. DUVIOLS, La Lutte, p. 47.
1053 Cité dans M. BATAILLON, « Las Casas, Aristote et l'esclavage », dans Platon et Aristote
à la Renaissance, Paris, 1976, p. 408.
1054 Cité dans Ibid., p. 417.
1055 Ibid., p. 48-49 ; J. de ACOSTA, De Procuranda..., V ; IX, p. 564.
1056 Ibid., p. 59-62.
1057 Fco LOPEZ de GOMARA, Histoire generalle des Indes occidentales..., trad. franç. de
1584, p. 178B.
1058 P. DUVIOLS, La Lutte..., p. 37-39.
1059 C'est la conviction de J. de Acosta ; P. DUVIOLS, La Lutte..., p. 67-72 ; R. RICARD, La
«Conquête»..., p. 46 et 335.
1060 P. DUVIOLS, La Lutte..., p. 278. Huaca désignait au Pérou tout ce qui était tenu pour
sacré, mais surtout les lieux sacrés — cimetières et sanctuaires.
1061 Ibid., p. 39.
1062 Ibid., p. 40.
1063 Ibid., p. 40. Cf. aussi R. RICARD, La «Conquête»..., p. 130-131.
1064 Pour tout ce qui suit, cf. S. GRUZINSKI, « Délires et visions chez les Indiens du Mexique
» dans Mélanges de l'Ecole française de Rome (M.A. ; Temps modernes), t. LXXXVI, 1974. 2, p.
446-480.
1065 Fco LOPEZ de GOMARA, Histoire générale..., p. 188A-188B.
1066 A. CALANCHA, Histoire du Pérou... et grand progrès de l'Eglise..., Toulouse, 1653, p.
329-330. Cf. P. DUVIOLS, La Lutte..., p. 129.
1067 Ces renseignements et ceux qui suivent dans R. RIÇARD, La « Conquête »..., p. 51-52.
1068 Ce texte et ceux qui suivent dans P. CIEZA, La Cronica del Perú, éd. Col. austral, Buenos
Aires, 1945, p. 146, 179, 224. Cf. P. DUVIOLS, La Lutte..., p. 96.
1069 Ibid., p. 107-108.
1070 Ibid., p. 192-193.
1071 PEREIRA, NUNO-MARQUES, Compendio narrativo do Peregrino da America...,
Lisbonne, 1760, p. 123. Cité dans un livre capital sur le sujet : Ed. HOORNAERT, ..., Historia da
Igreja no Brasil, Petropolis, 1977, p. 395-396. Il s'agit du t. II d'une vaste Historia general da
Igreja na America latina en cours de parution.
1072 Ibid., p. 192.
1073 H. INSTITORIS et J. SPRENGER, Le Marteau..., p. 127.
1074 P. ARRIAGA, La Extirpaciôn de la idolatria en el Perú, 1621, p. 2-3. P. DUVIOLS, La
Lutte..., p. 176-181.
1075 G. ATKINSON, Les Nouveaux Horizons de la Renaissance française, Paris, 1935, p 10.
Les Voyages en Terre sainte sont exclus de cette statistique.
1076 MONTAIGNE, Journal de voyage en Italie, éd. Dedeyan, Paris, 1946, p. 228.
1077 PIE II, Opera omnia, Bâle, 1571, p. 678.
1078 F. BRAUDEL, La Méditerranée..., II, p. 11.
1079 M.P. GILMORE, The World of Humanism, New York, 1952, p. 21.
1080 F. BRAUDEL, La Méditerranée... II, p. 15.
1081 Ibid., II, p. 29.
1082 Ibid., II, p. 32.
1083 Ibid., I, p. 66, et II, p. 33. Sur les « reniés », documents intéressants dans G. ATKINSON,
Les Nouveaux Horizons, p. 243-245.
1084 Ibid., II, p. 133.
1085 Cité dans Ibid., id.
1086 Ibid., id.
A. MONJO, La Poésie italienne, Paris, 1964, p. 217.
1088 Texte cité par L. von PASTOR, Histoire des papes, III, p. 73-74.
1089 R. AUBENAS et R. RICARD, L'Eglise et la Renaissance, Paris, 1951 (t. XV de l'Histoire
de l'Eglise, Fliche et Martin), p. 42.
1090 A. MAS, Les Turcs dans la littérature espagnole du siècle d'or, 2 vol., Paris, 1967: I, p. 18.
1091 V.-L. TAPIE, Monarchies et peuples du Danube, Paris, 1969, p. 75-76.
1092 M.P. GILMORE, The World of Humanism, p. 21.
1093 A. CHASTEL, Renaissance méridionale. Italie (1460-1500), Paris, 1965, p. 14.
1094 Ces renseignements m'ont été communiqués par I. HUNYADI que je remercie. Cf. le De
perditione regni Hungariae de SZEREMI-GYÖRGY, et la Turcia de GOELLNER.
1095 J. JANSSEN, La Civilisation en Allemagne..., III, p. 11.
1096 Mémoires de l'Europe (R. LAFFONT), Paris, 1971, II, p. 328 et 338.
1097 Sur tout cela, cf. F. BRAUDEL, La Méditerranée..., II, p. 118-131.
1098 Renseignements fournis par B. VINCENT au séminaire d'histoire maritime de M. Mollat.
1099 F. BRAUDEL, La Méditerranée..., II, p 121. H. LAPEYRE, Géographie de l'Espagne
morisque, Paris, 1960, p. 30
1100 F. BRAUDEL, La Méditerranée..., II, p. 359-370.
1101 Dépêches de M. de Fourquevaux..., 1565-1572, Paris, 1896-1964: I, p. 353-354 (8 mai
1568), citée dans B. VINCENT, « L'expulsion des morisques de Grenade », dans Mélanges de la
Casa de Velazquez, VI, 1970, p. 214.
1102 B. VINCENT, « L'expulsion des morisques... », Mélanges de la Casa de Velazquez, VI,
1970, p. 225 et 239.
1103 H. LAPEYRE, Géographie..., p. 204.
1104 P. GIOVIO, L'Histoire des empereurs de Turquie, Paris, 1538. G. ATKINSON, Les
Nouveaux..., p. 218.
1105 S. MUNSTER, La Cosmographie, éd. de Paris, 1552, p. 1206-1207. G. ATKINSON, Les
Nouveaux..., p. 179.
1106 P. BELON (Du Mans), Les Observations de ... singularités, Paris, 1553. G. ATKINSON,
Les Nouveaux..., p. 215.
1107 Cf. M. BATAILLON, Le Dr Laguna, auteur du « Voyage en Turquie », Paris, 1958 ; A.
MAS, Les Turcs..., I, p. 103-133.
1108 J. BODIN, La République, Paris 1576, p. 458 et 543; MONTAIGNE, Essais, I, (« Du
pédantisme » ; « Des destriers ») ; III ( « De la physionomie ») ; CHARRON, La Sagesse,
Bordeaux, 1601, vol. II, p. 841. G. ATKINSON, Les Nouveaux..., p. 367-368.
1109 MONTAIGNE, Essais, I ( « Du pédantisme »).
1110 CHARRON, La Sagesse, II, p. 831.
1111 J. ROGIER, R. AUBERT, M.D. KNOWLES, Nouvelle histoire de l'Eglise: III, Paris, 1968,
p. 316.
1112 Ibid., p. 315.
1113 Ibid., p. 316.
1114 Ibid., p. 319. Cf. d'autre part J. BÉRENGER, Finances et absolutisme autrichien dans la
seconde moitié du XVIIe siècle, 2 vol., Lille-Paris, 1975 ; I, p. 97-100.
1115 Cf. M. CYTOZSKA, « Erasme et les Turcs », dans Eos, LXII, 1974, p. 311-321.
1116 R. AUBENAS et R. RICARD, L'Eglise et la Renaissance, p. 41.
1117 Ibid., p. 63.
1118 J. JANSSBN, La Civilisation..., p. 11.
1119 Devons-nous porter la guerre aux Turcs? trad. J.-CI. MARGOLIN, dans Erasme. Guerre
et paix, Paris, 1973, p. 339-340.
1120 M. LUTHER, Propos de table, p. 66.
1121 J.-CI. MARGOLIN, Erasme. Guerre et paix..., p. 340 et 350.
1122 M. LUTHER, Œuvres, VII, p. 276. 81. HERMINJARD, Correspondance des
réformateurs..., 9 vol., Paris-Genève, 1866: IX, p. 26-27. G. ATKINSON, Les Nouveaux..., p. 307.
1123 Cf. Fr. LAPLANCHE, Religion, culture et société dans le discours apologétique de la
théologie réformée en France au XVIIe siècle (1576-1670). Thèse IIIe cycle, 2 vol., Paris-
Sorbonne, 1975: I, p. 35.
1124 J.-Cl. MARGOLIN, Erasme. Guerre et paix, p. 357.
1125 M. LUTHER, Œuvres, VII, p 280.
1126 Ibid., notamment p. 286 et 293.
1127 Ibid., p. 290.
1128 Article, peu convaincant de H. MECHOULAN, .< Le pacifisme de Luther ou le poids
d'une bulle », dans Mélanges de la Casa de Velazquez, IX, 1973, p. 723-729. La position de Luther
ne se comprend que restituée dans une eschatologie et une démonologie. En outre, Luther a usé sur
la question de formules contradictoires.
Chapitre 9
1129 4 vol., New York, Londres, 1906 et suiv. Ici I, p. 36. Ce livre est fondamental non
seulement pour l'étude de l'Inquisition espagnole, mais de l'Inquisition en général. Cf. aussi H.
KAMEN, Histoire de l'Inquisition espagnole, Paris, 1966.
1130 R. MUELLER, « Les Prêteurs juifs à Venise », dans Annales, E.S.C., nov.-déc. 1975, p.
1291
1131 A. SICROFF, Les Controverses des statuts de « pureté de sang en Espagne du XVe au
XVIIe siècle, Paris, 1960, p. 32-33.
1132 Prague Ghetto in the Renaissance Period (publ. du Musée juif d'Etat de Prague, 1965),
notamment p. 39 et 46.
1133 J.-P. SARTRE, Réflexions sur la question juive, éd. de 1961, p. 83.
1134 H. Ch. LEA History..., I, p. 50-68. Cf. aussi L. POLIAKOV, Histoire de l'antisémitisme, 4
vol., Paris, 1961 et suiv. Ici I, p. 53. Dans les pages qui suivent j'utiliserai beaucoup cet ouvrage
bien informé : I, Du Christ aux Juifs de cour; II, De Mahomet aux marranes.
1135 Ibid., I, p. 81.
1136 Ibid., I, p. 99.
1137 Cf. par exemple B. BLUMENKRANZ (sous la direction de), Juifs et judaïsme de
Languedoc, Toulouse, 1977 : t. XII des « Cahiers de Fanjeaux ».
1138 Ibid., II, p. 114-119 et 127-137.
1139 Cf. A.D. ORTIZ, La Clase social de los conversos en Castilla en la edad moderna,
Madrid, 1959.
1140 Cité dans L. POLIAKOV, Histoire de l'antisémitisme, I, p. 269.
1141 Ibid., p. 270.
1142 R. NEHER-BERNHEIM, Histoire juive de la Renaissance à nos jours, 2 vol., Paris, 1963:
er
I , p. 95.
1143 F. BRAUDEL, La Méditerranée..., II, p. 150-151.
1144 L. POLIAKOV, Histoire de l'antisémitisme, I, p. 58.
1145 Cité dans Ibid., p. 64-65.
1146 J. LE GOFF, La Civilisation du Moyen Age, p. 390.
1147 L. POLIAKOV, Histoire de l'antisémitisme, I, p. 122.
1148 Ibid., p. 331.
1149 J. ISAAC, L'Enseignement du mépris. Paris, 1962.
1150 Au sujet de l'exploitation des archives de l'Inquisition espagnole, cf. B. BENNASSAR, «
L'Inquisition espagnole, l'orthodoxie et l'ordre moral », dans Bulletin de la Société d'hisioire
moderne, 15e série, n° 19, 76e année ; n° 2 de 1977, p. 11-19.
1151 Pour tout ce développement, je suis H. PFLAUM « Les Scènes de Juifs dans la littérature
dramatique du Moyen Age ». dans Revue des études juives, LXXXIX, 1930, p. 111-134.
1152 Ibid., p. 115.
1153 L. REAU, Iconographie de l'art chrétien, t. II, Paris, 1957: La Bible. Nouveau Testament,
p. 612-613.
1154 Je remercie J.-Cl. Menou d'avoir attiré mon attention sur ce retable qui ne figure pas dans
la liste de L. Reau.
1155 Cité et traduit dans J. TOUSSAERT, Le Sentiment religieux en Flandre à la fin du Moyen
Age, p. 199.
1156 RONSARD, Œuvres complètes (éd. de La Pléiade), II, p. 674 (pièces posthumes).
1157 Cf. R. MANSELLI, La Religion populaire au Moyen Age, Paris-Montréal, 1975,
1158 L. POLIAKOV, Histoire de l'antisémitisme, II, p. 148.
1159 A. LOPEZ de MENESES, « La Peste Negra en Cataluna... », dans Sefarad, 1959, p. 110.
1160 Ibid., p. 101.
1161 Textes et faits cités dans L. POLIAKOV, Histoire de l'antisémitisme, II, p. 156-158.
1162 C. ROTH, The History of the Jews in Italy, Philadelphie, 1946, p. 247-248.
1163 Fca VENDRELL, « La actividad proselitista de San Vicente Ferrer durante el reinado de
Fernando I de Aragon », dans Sefarad, 1953, p. 94. Sur saint Vincent Ferrier et la bibliographie le
concernant, cf. E. DELARUELLE..., L'Eglise au temps du Grand Schisme, II, p. 639-642 et 1071-
1073.
1164 Fca VENDRELL, « La actividad... », p. 90.
1165 Ibid., p. 95.
1166 A. J. SARAIVA, Inquisiçâo e Cristâos-Novos, Lisbonne, 1969, p. 49-50.
1167 Cf. K.R. Slow, « The Church and the Jews », dans Bibliographical Essays in Medieval
Jewish Studies. The Study of Judaism, vol. II, 1975, p. 135.
1168 Sur cet ouvrage, cf. notamment M. ESPOSITO, « Notes sur le Fortalicium. fidel
d'Alphonse de Spina », dans Revue d'histoire ecclésiastique, 1948, p. 514-536. H. Ch. LEA, A
History..., I, p. 149-151.
1169 A ce sujet et pour tout ce qui suit, cf. C. ROTH, The History of the Jews of ltaly,
Philadelphie, 1946, p. 153-177.
1170 C. ROTH, The History of the Jews in Italy, p. 190.
1171 Sur l'attitude d'Etasme à l'égard des Juifs, cf. G. KISCH, Erasmus und die Judentum, Bâle,
1969, p. 10-47.
1172 Cité dans L. POLIAKOV, Histoire de l'antisémitisme, I, p. 231.
1173 M. LUTHER, Werke, éd. Weimar, vol. XI, 1900, p. 307-337.
1174 Ibid., vol. LIII, 1919, p. 412-553 et p. 573-649. Textes cités dans L. POLIAKOV, Histoire
de l'antisémitisme, I, p. 238. Sem Hamephoras est « le nom en clair » de Dieu (le tétragramme
consonantique YHWH muni des voyelles), qu'il est interdit aux fidèles de prononcer.
1175 Ce texte et ceux qui suivent dans Les Propos de table, éd. Brunet, p. 70-74.
1176 Shem Hamephoras, voir note 46.
1177 Contre les Juifs et leurs mensonges, chap. « Quod longe satius sit porcum quam talem
habere Messiam qualem Judaei optant ».
1178 Prague Ghetto..., p. 47.
1179 L. POLIAKOV, Histoire de l'antisémitisme..., Ier, p. 277.
1180 Ibid., p. 162-163.
1181 A. SICROFF, Les Controverses..., p. 31.
1182 B. BLUMENKRANZ, Histoire des Juifs..., p. 23.
1183 C. ROTH, The History..., p. 409-410.
1184 Cf. les textes rappelés dans J. ISAAC, L'Enseignement du mépris, p. 24-39.
1185 Cf. Enclyclopaedia Judaica, vol. VIII, col. 1040-1044, art. « Host, Desecration of ».
1186 L. POLIAKOV, Histoire de l'antisémitisme..., I, p. 115-116.
1187 Cf. Pl.-F. LEFÈVRE, « Le thème du miracle des hosties poignardées par les Juifs à
Bruxelles en 1370 », dans Moyen Age, 1973, p. 373-398. Sur le thème des profanations d'hosties
faussement attribuées aux Juifs au Moyen Age, cf. l'article de P. BROWE dans Römische
Quartalschrift, 1927, p. 167-198.
1188 Miracle de l'hostie: Uccello, éd. Labergerie, Paris, 1966.
1189 Jean MOLINET, Chroniques, éd. J. Buchon, Paris, 1828 : II, p. 590-593.
1190 L. POLIAKOV, Histoire de l'antisémitisme, II, p. 286.
1191 Ibid., p. 145. « Bouiller » a probablement ici le sens de frénétiquement.
1192 Ces panneaux ont été remontés dans la sacristie de l'église : cf. Inventaire général des
monuments et des richesses artistiques de la France: Finisfère, Carhaix, Plouguer, 2 vol., Paris,
1969 : II, p. 6.
1193 P. BROWE, « Die Hostienschändungen der Juden im Mittelalter », dans Römische
Quartalschrift, 1926, p. 169-171.
1194 G. TRACHTBNBERG, The Devil and the Jews, New Haven, 1943, p. 125.
1195 Cf. Encyclopaedia Judaica, t. IV, col. 1121-1131, art. « Blood Libel ».
1196 Réflexions sur la question juive, p. 82.
1197 Pour ce qui suit, cf. L. POLIAKOV, Histoire de l'antisémitisme, I, p. 76-80.
1198 B. BLUMENKRANZ, Histoire des Juifs..., p. 17.
1199 C. ROTH, The History... of Italy, p 247.
1200 Publié par K. von AMIRA, dans Neudrucke deutscher Literaturwerke des 16. und 17.
Jhdts, t. XLI, Halle, 1883.
1201 C. ROTH, The History... of Italy, p. 172-173.
1202 L. POLIAKOV, Histoire de l'antisémitisme, II, p. 196-197.
1203 Celui-ci quand il était encore le cardinal Ganganelli.
1204 Cité dans L. POLIAKOV, Histoire de l'antisémitisme, I, p. 67.
1205 Ibid., II, p. 157-158.
1206 C. ROTH, The History ... of Italy, p. 248.
1207 Cité dans L. POLIAKOV, Histoire de l'antisémitisme, II, p. 202.
1208 Conciliorum œcumenicorum decreta, éd. G. ALBERIGO, Bologne, 1973, p. 483.
1209 L. von PASTOR, Storia dei Papi, IX, p. 221-222. E. RODOCANACHI, Le Saint-Siège et
les Juifs, Paris, 1891, notamment p. 230 et suiv., p 274 et suiv.
1210 Cf. A. PACIOS-LOPEZ, La Disputa de Tortosa, Madrid-Barcelone, 2 vol., 1957. Le
premier volume est une analyse de la Disputa, le second une édition du compte rendu latin rédigé
par des notaires.
1211 C. ROTH, The History ... of Italy, p. 287-298.
1212 Conciliorum ... decreta, p. 265-267.
1213 O. DOBIACHE-ROJDESTVENSKY, La Vie paroissiale en France au XIIIe siècle d'après
les actes épiscopaux, Paris, 1911, p. 69. L. GENYCOT, Le XIIIe siècle européen, Paris, 1968, p.
269 et 385.
1214 B. BLUMENKRANZ (sous la direction de), Histoire des Juifs en France, Toulouse, 1972,
p. 31.
1215 V. ROBERT, Les Signes d'infamie au Moyen Age, Paris, 1889.
1216 Cités par L. POLIAKOV, Histoire de l'antisémitisme, I, p. 170.
1217 Conciliorum ... decreta, p. 483-484.
1218 PAGES. Histoire de saint Vincent Ferrier, I, p. 296-297.
1219 C. ROTH, The History ... of Italy, p. 162.
1220 C. ROTH, The History... of Italy, p. 186. F. BRAUDEL, La Méditerranée... II, p. 141-142.
A. MILANO, Storia degli Ebrei in Italia, Turin, 1963, p. 281.
1221 Cf. M. BOITEUX, « Les Juifs dans le carnaval de la Rome moderne (XVe-XVIIIe siècle)
», dans Mélanges de l'Ecole française de Rome (M.A.T.M.), t. LXVIII, 1976, 2, p. 746-747, 750-
751 et 762. Cf. aussi RODOCANACHI, le Saint-Siège et les Juifs. Le Ghetto de Rome.
1222 Cf. L. AURIGEMMA, Le Signe zodiacal du scorpion, Paris-La Haye, 1976, p. 63-64, pl.
24.
1223 Au sujet de l'offensive romaine contre le Talmud, cf. K.R. STOWE, « The Burning of the
Talmud in 1553, in the light of Sixteenth Century Catholic Attitudes toward the Talmud », dans
Bibliothèque d'humanisme et Renaissance, vol. XXXIV, 1972, p. 435-459.
1224 Bullarium ... Summorum rom. pontificium, Taur. editio, 1860...: VI, p. 498 et suiv.
1225 L. von PASTOR, Storia dei Papi, VI, p. 487-490.
1226 Ibid., VIII, p. 228-233.
1227 Des papes plus cléments que Pie V à l'égard des Juifs, Sixte Quint notamment, permettront
leur réinstallation en certaines villes, en particulier à Bologne.
1228 C. ROTH, The History ... of Italy, p. 309-328.
1229 E. de LAURIÈRE, Recueils d'édits et d'ordonnances royaux, 1723..., VII, p. 675.
1230 L. POLIAKOV, Histoire de l'antisémitisme, I, p. 135.
1231 C. ROTH, The History ... of Italy, p. 306-328.
1232 Cité dans L. POLIAKOV, Histoire de l'antisémitisme, II, p. 198. Cf. F. BAER, Die Juden
im christlichen Spanien, 2 vol., Berlin, 1926-1929: II, p. 404-408.
1233 Ces renseignements et ceux qui précèdent dans L. POLIAKOV, Histoire de
l'antisémitisme, II, p. 186-198. Cf. par ailleurs H. BEINART, Records of the Spanish Inquisition in
Ciudad Real: I (1483-1485), Jérusalem, 1974.
1234 A. BAIAO, Episodios dramaticos, da Inquisição portuguesa, 3 vol., Lisbonne, 1972-1973
· III, p. 152-156.
1235 L. von PASTOR, Storia dei Papi, VI, p. 489-490. C. ROTH, The History ... of Italy, p.
300-301.
1236 Pour ce qui suit, cf. P. CHAUNU, L'Espagne de Charles Quint, 2 vol., Paris, 1973 ; ici: II,
p. 479-505.
1237 Voir plus haut p. 274.
1238 A. SICROFF, Les Controverses..., p. 32-35.
1239 Traité incorporé dans El Fuero real de España, Salamanque, 1569. Cf. A. SICROFF, Les
Controverses..., p. 36-39.
1240 Ibid., p. 71-74.
1241 Ibid., p. 74-75. H. Ch. LEA, A History..., Ier, p. 150. Alonso de Espina attaquant
violemment les conversos, il est peu probable qu'il l'ait été lui-même, malgré les nombreux
ouvrages récents qui affirment son ascendance juive.
1242 Ibid., p. 102-135.
1243 Ibid., p. 156-167.
1244 Ibid., p. 167-170.
1245 Ibid., p. 177-178.
1246 Tout ce qui suit d'après Ibid., p. 63-139 et 270-284.
1247 H. Ch. LEA, A History..., II, p. 287.
1248 Voir à cet égard le Libro de las cinco excelencias del español de Fray Benito de Peñalosa y
Mondragón (Pampelune, 1629) : A. SICROFF, p. 291-297.
1249 F. BRAUDEL, La Méditerranée..., II, p. 154.
1250 Ibid., p. 153.
1251 Ibid., p. 142.
1252 J.-P. SARTRE, Réflexions sur la question juive, p. 17.
1253 R. LOEWENSTEIN, Psychanalyse de l'antisémitisme, Paris, 1952, p. 5-6.
1254 S. FRIEDLANDER, Histoire et psychanalyse, Paris, 1975, p. 165.
Chapitre 10
1255 Cité dans W. LEDERER, Gynophobia ou la Peur des femmes, Paris, 1970. p. 94. Je vais
beaucoup utiliser dans les pages suivantes ce livre d'un psychiatre américain, sans en adopter pour
autant tous les points de vue. Je me servirai aussi de l'ouvrage fondamental de Simone de
Beauvoir, Le Deuxième Sexe, Paris, 1949, 2 vol.
1256 W. LEDERER, p. 207 {citation de Zilboorg).
1257 S. FREUD, « Ueber die weibliche Sexualität », dans Ges. Werke, IX, p. 180.
1258 S. de BEAUVOIR, Le Deuxième Sexe, Paris, 1949, 2 vol. : I, p. 147.
1259 K. HORNEY, La Psychologie de la femme, Paris, 1969, principalement p. 106-120 et 135-
150.
1260 W. LEDERER, Gynophobia ..., p. 12.
1261 Ibid., p. 251.
1262 W. LEDERER, Gynophobia ..., p. 41.
1263 S. de BEAUVOIR, Le Deuxième Sexe, I, p. 241.
1264 W. LEDERER, Gynophobia..., p. 63-64.
1265 Ibid., p. 121-137.
1266 Le rapprochement est proposé par N.Z. DAVIS, Society and Culture..., p. 129.
1267 H. INSTITORIS et J. SPRENGER, Le Marteau..., p. 230-237.
1268 Ibid., p. 233-237 : « Les sorcières peuvent-elles empêcher l'acte de puissance génitale ? »
Cf. plus haut pp. 54-59.
1269 D. PAULME, La Mère dévorante, Paris, 1976, p. 225.
1270 M.-O. METRAL, Le Mariage. Les hésitations de l'Occident, Paris, 1977, p. 125.
1271 Le Deuxième Sexe, I, p. 153.
1272 Ces précisions soulignées dans l'important article de H.-M. LEGRAND, « L'ordination des
femmes au ministère presbytéral », dans Bulletin du secrétariat de la conférence épiscopale
française, n° 7, avril 1976, p. 6-7.
1273 J.-M. AUBERT, La Femme. Antiféminisme et christianisme, Paris, 1975, p. 48. Dans les
développements qui suivent, je vais beaucoup utiliser ce livre.
1274 Ibid., p. 20.
1275 Ibid., p. 99 et 100.
1276 H.-M. LEGRAND, « L'ordination... », p. 7.
1277 Cité dans Ibid., p. 191 : De cultu feminarum, dans Corpus christianorum, série latine,
œuvres de Tertullien, I, p. 343.
1278 Cf. le De virginibus, I, 1, chap. LVI (Patr. lat., XVI, 204), et D.T.C., V, 1922, art. « Femme
», col. 1336-1338.
1279 Lettre XXII à Eustochium reproduite dans La Femme. Les grands textes des Pères de
l'Eglise, textes choisis et présentés par Fr. QUÉRÉ-JAULMES, Paris, 1968, p. 19.
1280 M.-O. METRAL, Le Mariage. Les hésitations de l'Occident, p. 26. MÉTHODE
d'OLYMPE, théologien et évêque grec du IIIe siècle, Le Banquet, Paris, 1963, discours de
Marcelle.
1281 Ibid., p. 46.
1282 Sur l'antiféminisme de saint Augustin : K.E. BORRESEN, Subordination et équivalence.
Nature et rôle de la femme d'après Augustin et Thomas d'Aquin, Paris-Oslo, 1968, p. 25-114.
1283 J.-M. AUBERT, La Femme..., p. 88-89 où j'ai puisé les citations ci-dessous.
1284 GRATIEN, éd. Friedberg, I, 1254 et 1256.
1285 Somme théologique, Ier, q. 92, art. Ier, ad. 2 ; q. 93, art. 4, ad. Ier, et Commentaire des
sentences, II, dist. 21, 2, 1, ad. 2. A ce sujet, cf. La Femme (recueils de la Société Jean Bodin),
1962: XII, partie II, p. 75-79.
1286 Somme théologique, I, q. 99, art. 2 ; II, q. 149, art. 4 ; q. 165, art. 2.
1287 Contra gentiles, III, 123.
1288 Somme théologique, III, q. 31, art. 3. J.-M. AUBERT, La Femme..., p. 203.
1289 J.-M. AUBERT, La Femme..., p. 120 et 203. I. RAMING, Der Ausschluss der Frau von
priesterlichen Amt. Gottewollte Tradition oder Diskriminierung, Vienne, 1973, p. 80 et suiv.
1290 Cité par Y. LEFEVRE dans Histoire mondiale de la femme, II, Paris, 1966, p. 83.
1291 Cité dans Ibid., p. 82.
1292 Cité dans Ibid., p. 83.
1293 Cf. notamment E. LE ROY-LADURIE, Montaillou, village occitan, Paris, 1975.
1294 R. NELLI, L'Erotique des troubadours, Paris, 1963, notamment p. 292-294 et 304-312.
M.-O. METRAL, Le Mariage..., p. 113-145. M. ALBISTUR et D. ARMOGATHE, Histoire du
féminisme français du Moyen Age à nos jours, Paris, 1977, p. 38-41. Les conclusions de cet
ouvrage pour la période du Moyen Age et de la Renaissance rejoignent celles de ma propre
enquête. Cf. aussi pour le Moyen Age A. LEHMANN, Le Rôle de la femme dans l'histoire de la
femme au Moyen Age, Paris, 1951, et R. VERDON, La Femme dans la société aux Xe et XIe
siècles, thèse, Paris X, 1974.
1295 PÉTRARQUE, Des Remèdes de l'une et de l'autre fortune, cité dans Ibid., p. 213-214.
1296 A. BESANÇON, « Vers une histoire psychanalytique », dans Annales, B.S.C., 1969, p.
600.
1297 Cité et traduit par Ph. MONNIER, Le Quattrocento, 2 vol., Paris, 1924 : II, p. 198.
1298 Cf. notamment W.E. PEUCKERT, Die grosse Wende, Hambourg, 1948, p. 90 et suiv.
1299 A. GASTÉ, Michel Ménot : en quelle langue a-t-il prêché? ... Caen, 1879, p. 24-25. Cf.
aussi E. GILSON, «M. Ménot et la technique du sermon médiéval », dans Les Idées et les lettres,
Paris, 1932. p. 93-154.
1300 Cité dans A. SAMOUILLAN, Olivier Maillard, sa prédication et son temps, Paris, 1891,
p. 317.
1301 A. GODIN, Un émule d'Olivier Maillard et de Michel Ménot: frère Jehan Glapion, D.E.S.
dactyl., Lille, 1960.
1302 J. BODIN, La Démonomanie des sorciers, Paris, 1580, p. 176B.
1303 Cité par A. PIOGIER, Un orateur de l'école française, saint Jean Eudes, Paris, 1940, p.
276. Cf. Jean EUDES, Œuvres complètes en 11 t., Vannes, 1905-1909. Ici, V, p. 283-287.
1304 L. GRIGNION de MONTFORT, Œuvres complètes, éd. M. Gendrot, Paris, 1966, cantique
XXXIII, p. 1162.
1305 Panégyrique prononcé par le père Corbin, cité dans M. REINHARD, La Légende de Henri
IV, Paris, 1935, p. 77.
1306 Je remercie A. Danet d'avoir bien voulu attirer mon attention sur ce livre et pour ce thème.
J'ai consulté l'édition de Lyon, 1517 : Alvaro Pelayo écrivit aussi en 1344 un Collirium fidei
adversus haereses qui ne fut pas imprimé.
1307 M. DEL Rio, Les Controverses..., p. 526.
1308 H. SPITZMULLER, Poésie latine du Moyen Age (IIIe-XVe siècle), Paris, 1971, p. 617-621.
Cf. p. 1800-1802 de cet ouvrage l'article « Misogynie ».
1309 Introd. d'A. Danet au. Marteau des sorcières, notamment p. 64.
1310 H. INSTITORIS et J. SPRENGER, Le Marteau des sorcières, p. 198.
1311 Ibid., p. 201.
1312 Ibid., introd., p. 89.
1313 Ibid., p. 202.
1314 Ibid., p. 200. Pour ce qui suit, p. 200-210.
1315 Ibid., p. 207.
1316 Ibid., id.
1317 Ibid., p. 208.
1318 Expression d'A. DANET, Ibid., p. 58.
1319 Cf. supra p. 239.
1320 M. DEL Rio, Les Controverses..., p. 526.
1321 BENEDICTI, La Somme des pechez et remède d'iceux, 1re éd. 1584, éd. consultée ici,
Paris, 1595, p. 347.
1322 Ibid., p. 348.
1323 Titre italien : Avvertimenti per li confessori.
1324 Je remercie le père Daniel Olivier d'avoir attiré mon attention sur cette information :
Concilium tridentinum (Görres Gesellschaft), VIII, p. 622. L'ambassadeur du concile du duc de
Bavière déclare dans un discours devant les Pères (1562) : « In proxima visitatione per Bavariam
facta, tam frequens concubinatus repertus fuit, ut vix inter centum ter vel quatuor inventi sint, qui
aut manifesti concubinarii non fuerint, aut clandestina matrimonia non contraxerint, aut uxores
palam non duxerint. » Aussi, l'ambassadeur demande-t-il le mariage des prêtres pour limiter
l'hémorragie cléricale vers le protestantisme.
1325 Ed. consultée ici, Paris, 1665, p. 19.
1326 Ibid., id.
1327 Ibid., p. 95.
1328 Ibid., p. 96.
1329 Ibid., p. 239-243.
1330 V.-L. SAULNIER, Le Dessein de Rabelais, Paris, 1957.
1331 Texte cité dans M.A. SCREECK, « A further Study of Rabelais's Position in the Querelle
des Femmes », dans François Rabelais (t. VII des Travaux d'humanisme et Renaissance, p. 146).
1332 J. WIER, Histoires, disputes et discours des illusions et impostures des diables, des
magiciens infâmes, sorcières et empoisonneurs..., 1re trad. franç. 1569. Ed. utilisée ici, Paris, 1885:
I, p. 300-303.
1333 A. PARÉ, Œuvres, éd. P. de Tartas, Paris, 1969, en 3 vol., d'après l'édition de 1585: I, p.
xxv.
1334 Ibid., id.
1335 Ibid., I, p. CXXIIII.
1336 Ibid., III, p. IXeXXVII.
1337 Ibid., III, p. IXeXXXV.
1338 Ibid., III, p. IXeXL.
1339 Ibid., id.
1340 L. JOUBERT, Premiere et seconde partie des erreurs populaires et propos vulgaires
touchant la medecine et le regime de sante, refutez et expliquez. Ed. consultée ici. Lyon, 1601 : I,
p. 162-163.
1341 Ibid., p. 163-165.
1342 Dix en français, une en latin et une en italien.
1343 A. TIRAQUEAU, Tractatus varii, éd. de Lyon, 1587 : « De Poenis legum temperandis aut
remittendis », p. 273.
1344 Pour tout ce qui suit, A. TIRAQUEAU... : Ex commentaribus in Pictonum consuetudines :
sectio de legibus connubialibus et jure maritali, éd. de Lyon, 1586, principalement I, 12, 13, 15 et
16 et gl. 2, 4, 5 et 8.
1345 Dictionnaire de Droit canonique, fasc. XLI, col. 1255-1275.
1346 B. CHASSENEUZ, Commentarii in consuetudines ducatus Burgundiae fereque totius
Galliae, Lyon, éd. de 1624 ; rubrique « Foemina ». Cf. A. LAINGUI, La Responsabilité pénale
dans l'ancien droit (XVIe-XVIIIe siècle), Paris, 1970, p. 251-253.
1347 C. LE BRET, De la souveraineté du roy, de son domaine et de sa couronne, Paris, 1632, I,
4. Cf. La Femme (recueil de la Société Jean Bodin), II, p. 450.
1348 A. de RICHELIEU, Testament politique, éd. L. André, Paris, 1947, p. 300-301.
1349 N. REMY, Demonolatriae libri tres, Lyon, 1595, notamment p. 125-127.
1350 P. de LANCRE, L'Incredulité et mescreance du sortilege plainement convaincue..., Paris,
1622, p. 627.
1351 Réfutation des opinions de Jean Wier, p. 225. Elle suit dans l'édition de 1580 la
Démonomanie des sorciers.
1352 J. BOUTILLIER, Somme rurale, éd. de 1603, liv. II, titre II, p. 663.
1353 Ibid., p. 374.
1354 La Femme (recueil de la Société Jean Bodin), XII, partie II, p. 261.
1355 Ibid., p. 346.
1356 J. BODIN, Démonomanie des sorciers, p. 177B.
1357 La Femme, p. 287.
1358 Ibid., p. 245.
1359 Ibid., id., et Ph. de BEAUMANOIR, Couutumes de Beauvaisis, éd. A. Salman, Paris, 2
vol., 1899-1900 : II, § 1631.
1360 A. TIRAQUEAU, Tractatus varii, Lyon 1587 : « De poenis legum temperandis aut
remittendis », p. 273.
1361 Pr. FARINACCI, Praxis et theorica criminalis, 3 vol., 1606-1610: q. 98 (cause 10), nos 14-
15.
1362 Cf. A. LAINGUI, La Responsabilité..., p. 252-253. 109. P. de LANCRE, De
l'Incrédulité..., respectivement p. 627 et 41. Pour Jean Bodin, cf. plus haut p. 331.
1363 Voir à ce sujet la Ire partie du livre de M. ALBISTUR et D. ARMOGATHE, Histoire du
féminisme..., avec la bibliographie à la fin des chapitres.
1364 Cf. à cet égard La Femme (recueil de la Société Jean Bodin), XII, partie II, p. 244-252, et
J.-L. FLANDRIN, Familles, parenté, maison, sexualité dans l'ancienne société, Paris, 1976, p.
124.
1365 Biens assignés par le mari à sa femme pour qu'elle en jouisse si elle lui survivait.
1366 Fr. OLIVIER-MARTIN, Histoire du droit français des origines à la Révolution, Paris,
1948, p. 653.
1367 Ibid., p. 655.
1368 L'Ecole des femmes, acte III, scène III.
1369 J. BURCKHARDT, La Civilisation..., II, p. 343.
1370 Th. SMYTH, De republica anglorum, 1583, p. 18. Cité dans Histoire mondiale de la
femme, II, p. 417.
1371 Cité dans Ibid., id., et Cl. St. BYRHE: Elizabethan Life in Town and Country, Londres,
1961, p. 215.
1372 Je reprends l'expression de M. ALBISTUR et D. ARMOGATHE, Histoire du féminisme...,
p. 27 : « ... des femmes-alibis, c'est-à-dire des femmes qui autorisent les observateurs superficiels à
parler d'égalité générale entre les sexes ».
1373 G. de LORRIS et J. de MEUN, Le Roman de la Rose, éd. F. Lecoy, Paris, 1968-1973, 3
vol. Ici, II, p. 50-52, vers 9886-9898.
1374 N. GREVY-PONS, Célibat et Nature : une controverse médiévale, Paris (C.N.R.S.), 1975,
p. 43. Ch. V. LANGLOIS, La Vie en France au Moyen Age ; t. II, Paris, 1926, p. 241-290.
1375 E. DESCHAMPS, Œuvres..., VII, ballade MCCXCIII, p. 43.
1376 Ibid., V, ballade DCCCCLXVIII, p. 235.
1377 Ibid., ballade MXIX, p. 287.
1378 Ibid., ballade DCCCCLXXXII, p. 226.
1379 Ibid., VII, p. 108.
1380 Ibid., p. 109.
1381 Ibid., tout le vol. IX.
1382 Ibid., p. 53 et suiv.
1383 Ibid., p. 174 et suiv.
1384 Ibid., p. 176 et suiv.
1385 Ibid., p. 96-98.
1386 Ibid., vers 2857-2859.
1387 Cité dans La Femme dans la littérature française et les traductions en français du XVIe
siècle, textes choisis et présentés par L. GUILLERM-CURUTCHET, J.-P. GUILLERM, L.
HORDOIR-LOUPPE, M.-Fr. PIEJUS, Lille, 1977, p. 89-99.
1388 C. BEERMANN, Eine nützlich Osterpredig über die frommen Weiber, für alle Ständes-
Personen, 1593, p. 3-4. Cité dans J. JANSSEN, La Civilisation..., VI, p. 355-356.
1389 K. BEINHAUS, Predig auf das Fest der unschuldigen Kinder, 1617, cité dans Ibid., p.
355.
1390 Il s'agit de M. Daniel Rivière. Par «proverbes du XVIe siècle », j'entends des proverbes
faisant partie d'un recueil imprimé au XVIe siècle. Beaucoup de sentences remontaient
évidemment à un passé lointain.
1391 En attendant l'achèvement du travail de D. Rivière, j'emprunte ce dicton et les suivants au
Livre des proverbes français de LE Roux de LINCY, Paris, 2 vol., 1859. Ici, I, p. 221 (G.
MEURIER, Trésor des sentences).
1392 Ibid., p. 222 (GRUTHER, Recueil).
1393 Ibid., p. 224 (Encyclopédie des proverbes).
1394 Ibid., p. 229 (Encyclopédie des proverbes).
1395 Ibid., p. 231 (GRUTHER, Recueil).
1396 : Ibid., p. 278 (G. MEURIER, Trésor des sentences).
1397 Ibid., id. (G. MEURIER, Trésor des sentences).
1398 Ibid., p. 220 (MERY, Histoire des proverbes).
1399 Ibid., id. (La Chaussée).
1400 Ibid., p. 161 (G. MEURIER, Trésor des sentences).
1401 Ibid., p. 229. Ces deux proverbes dans Adages françois.
1402 Ibid., p. 230 (G. MEURIER, Trésor des sentences).
1403 Ibid., id. (Proverbes communs, xve siècle).
1404 Ibid., id. (BRUSCAMBILLE, Voyage d'Espagne, XVIIe siècle).
1405 Ibid., p. 231 (Proverbes communs).
1406 Ibid., p. 228 (Adages françois).
1407 Ibid., p. 222 (G. MEURIER, Trésor des sentences).
1408 Ibid., p. 220 (BOVELLES, Proverbes).
1409 Ibid., id. (G. MEURIER, Trésor des sentences).
1410 Ibid., p. 221 (Encyclopédie des proverbes).
1411 Ibid., p. 219 (Trésor des sentences).
1412 Ibid., p. 224 (id°).
1413 Ibid., p. 229 (BOVELLES, Proverbes).
1414 Ibid., p. 225 (GRUTHER, Recueil).
1415 Ibid., p. 225 (Moyen de parvenir, chap. intitulé « Exposition », XVIe siècle).
1416 Ibid., p. 221 (Trésor des sentences).
1417 Ibid., p. 222 (id°).
1418 Ibid., p. 228 (Anc. Prov., XIIIe siècle).
1419 Ibid., p. 231 (Adages françois).
1420 Ibid., II, p. 263 (id°).
1421 Ibid., p. 490 (HERBERS, Roman de Dolopathos, XIIIe siècle).
1422 Ibid., I, p. 225 (Prov. gallic., XVe siècle).
1423 Ibid., p. 227 (Adages françois).
1424 Ibid., p. 221 (Encyclopédie des proverbes).
1425 Ibid., p. 222 (Trésor des sentences).
1426 Ibid., p. 223 (Suite aux mots dorés de Caton).
1427 Ibid., p. 228 (Adages françois).
1428 Ibid., p. 231.
1429 Ibid., p. 225 (Suite aux mots dorés de Caton).
1430 Ibid., p. 224 (Prov. gallic., XVe siècle).
1431 Ibid., p. 223 (Suite aux mots dorés de Caton).
1432 Ibid., p. 222 (Trésor des sentences).
1433 Ibid., p. 221 (Adages françois).
1434 Ibid., p. 18 (id°).
1435 Pour tout ce qui suit, je m'inspire de son mémoire de maîtrise (Panthéon-Sorbonne 1975) :
La Conception de la femme dans l'estampe française du XVIe siècle, 2 vol. dactyl. Mme S.
MATTHEWS-GRIEGO prépare sur ce même thème une thèse de IIIe cycle.
1436 Musée Mayer Van der Bargh, Anvers. 184. Cf. sur tout cela (avec les références) J.
BAILBÉ, « Le thème de la vieille femme dans la poésie satirique du XVIe et du début du XVIIe
siècle », dans Bibliothèque d'humanisme et Renaissance, 1964, p. 98-119.
1437 SIGOGNE, Œuvres complètes, éd. Fleuret et Perceau, p. 216 (Satyre contre une dame).
1438 Cette indication et celles qui suivent à nouveau dans le mémoire de maîtrise de Mme S.
MATTHEWS-GRIEGO.
1439 RONSARD, Œuvres complètes, éd. G. Cohen (La Pléiade), I, p. 451.
1440 Du BELLAY, Œuvres poétiques, éd. H. Chamard, V, p. 132.
Chapitre 11
1441 La littérature sur la sorcellerie s'accroît rapidement. A la base, se trouvent J. HANSEN,
Zauberwahn, Inquisition und Hexenprozess im Mittelalter und die Enstehung der Gressen
Hexenverfolgung, Munich-Leipzig, 1900, et Quellen und Untersuchungen zur Geschichte des
Hexenwahns und der Hexenverfolgung im Mittelalter, Bonn, 1901, rééd. 1964. H. Ch. LEA,
Histoire de l'Inquisition au Moyen Age, 3 vol., Paris, 1900-1902, et Materials toward a History of
Witchcraft, 3 vol., New York-Londres, 1957. Par ailleurs, j'ai surtout utilisé R. MANDROU,
Magistrats et sorciers, Paris, 1968. E.W. MONTER, « Witchcraft in Geneva 1537-1662 », dans
Journal of Modern History, vol. XLIII, n° 1, mars 1971, p. 179-240 ; « Patterns of Witchcraft in
the Jura », dans Journal of Social History, vol. V, n° 1, 1971, p. 1-25, et Witchcraft in France and
Switzerland, Ithaca-Londres, 1976. A. MACFARLANE, Witchcraft in Tudor and Stuart England,
Londres, 1970. K. THOMAS, Religion and the Decline of Magic, Londres, 1971. J.-C. BAROJA,
Les Sorcières et leur monde, Paris, 1972. H.R. TREVOR-ROPER, De la Réforme aux Lumières,
Paris 1972. E. MIDELFORT, Witch Hunting in Southwestern Germany, 1562-1684. The Social
and Intellectual Foundations, Stanford, Cal., 1972. N. COHN, Europe's Inner Demons, Sussex
Univ. Press, 1975. J'ai aussi lu en manuscrit les contributions de Mme DUPONT-BOUCHAT et R.
MUCHEMBLED à un livre à paraître, Prophètes et sorciers dans les Pays-Bas. D'autres travaux
seront mentionnés en cours de route. Mises au. point très utiles sur la problématique de cette
question de P. CHAUNU, « Sur la fin des sorciers au XVIIe siècle », dans Annales, E.S.C., juil.-
août 1969, p. 985-911, et de F. SALIMBENI, « La Stregoneria nel tardo Rinascimento », dans
Nuova Rivista Storica, année LX, fasc. III-IV, p. 269-334. Importants articles aussi de F.
RAPHAEL « Conditionnements socio-politiques et socio-psychologiques du satanisme » dans
Revue des sciences religieuses, 1976, p. 112-156 et de A. SOMAN, « des procès de sorcellerie au
Parlement de Paris (1565-1640) », dans Annales, E.S.C., juillet-août 1977, p. 790-814.
1442 Cf. notamment pour ce rappel historique les deux ouvrages de J.-C. BAROJA, Les
Sorcières ..., p. 60-95, et N. COHN, Europe's ..., p. 16-59.
1443 J.-C. BAROJA, Les Sorcières ..., p. 76.
1444 N. COHN, Europe's..., p. 211. Texte dans Libri de synodalibus causis et ecclesiasticis, éd.
F. Wasserschleben, Leipzig, 1840, p. 354.
1445 Conciliorum œcumenicorum decreta, éd. Alberigo, p. 233-234.
1446 Sur les cathares, cf. notamment J. DUVERNOY, Le Catharisme: la religion des cathares,
Toulouse, 1976.
1447 J.-C. BAROJA, Les Sorcières ..., p. 93-94 ; N. COHN, Europe's ..., p. 24-31. Texte de la
bulle de 1233 dans W.G. SOLDAN et H. HEPPE, Geschichte der Hexenprozesse, 2 vol., Stuttgart,
1880: I, p. 161-163.
1448 H.R. TREVOR-ROPER, De la Réforme ..., p. 147. Texte dans J. HANSEN, Quellen ..., p.
17.
1449 THOMAS D'AQUIN, Quodlibet, XI, 10, et Comment. in Job, I.
1450 Tous ces faits rappelés avec références, dans N. CORN, Europe's ..., p. 74-98, et J.-C.
BAROJA, Les Sorcières ..., p. 100-101.
1451 Texte dans J. HANSEN, Quellen ..., p. 5-6.
1452 E. Ch. LEA, Histoire de l'Inquisition au Moyen Age, III, p. 560-180 ; J. HANSEN,
Quellen ..., p. 315.
1453 Cf. Le Manuel des inquisiteurs de Nicolau EYMERICH et Francisco PENA, introd., trad.
et notes de L. Sala-Molins, Paris, 1973, p. 66-71.
1454 E.W. MONTER, Witchcraft ..., p. 19 ; R. KIECKHAFER, European Witch-Trials : their
Foundations in popular and learned Culture, 1300-1500, Londres-Berkeley, 1976, p. 106-107.
1455 E.W. MONTER, Witchcraft ..., p. 20-21.
1456 J. HANSEN, Quellen ..., p. 438-472.
1457 E.W. MONTER, Witchcraft ..., p. 18.
1458 Ire édition imprimée : 1475.
1459 E.W. MONTER, Witchcraft ..., p. 24.
1460 P. VILLETTE, « La sorcellerie à Douai », dans Mélanges de sciences religieuses, 1961, p.
129.
1461 Contribution de Mme M.-S. DUPONT-BOUCHAT à l'ouvrage collectif, Prophètes et
sorciers ...
1462 W. MONTER, « Witchcraft in Geneva, 1537-1662 », dans Journal of Modern History, vol.
XLIII, n° 1, mars 1971, p. 187.
1463 Regroupement opéré par cet auteur dans Witchcraft in France and Switzerland.
1464 Erik MIDELFORT, Witch Hunting ..., p. 32, et « Witchcraft and Religion in Sixteenth
Century Germany », dans Archiv für Reformationsgeschichte, 1971, p. 267.
1465 A. MACFARLANE, Witchcraft ..., p. 61.
1466 G.F. BLACK, « A Calendar of Cases of Witchcraft in Scotland 1510-1727 », dans Bull.
New York Public Lib., XLI-XLII (1937-1938).
1467 E.W. MONTER, « Witchcraft in Geneva », p. 186.
1468 E.W. MONTER, Witchcraft in France ..., 1976, p 105.
1469 P. SCHWEIZER, « Der Hexenprozess und seine Anwendung in Zürich », dans Zürcher
Taschenbuch, n. F.25 (1902), p. 1-63. J. SCHACHER, Das Hexenwesen im Kanton Luzern, nach
den Prozessen von Luzern und Sursee (1400-1675), Lucerne, 1947, p. XI-XIII. A. KOCHER, «
Regesten zu den Solothurnischen Hexenprozessen », dans Jahrbuch für Solothurnische
Geschichte, 16 (1943), p. 121-140.
1470 E.W. MONTER, « Patterns of Witchcraft ... », p. 5.
1471 E.W. MONTER, « Witchcraft in Geneva », p. 187.
1472 R. MANDROU, Magistrats ..., p. 135, d'après le témoignage de Nicolas Rémy.
1473 Contribution de Mme M.-S. DUPONT-BICHAT à Prophètes et sorciers ...
1474 E. BROUETTE, « La sorcellerie dans le comté de Namur au début de l'époque moderne,
1509-1646 », dans Annales de la société archéologique de Namur, 48, 1953-1954, p. 390-410.
Satan (Etudes carmélitaines), 1948, p. 384-185.
1475 Contribution de R. MUCHEMBLED à Prophètes et sorciers ...
1476 J.L. PITTS, Witchcraft and Devil Lore in the Channel Island, Guernesey 1886, p. 28-32, et
G.R. ALLEINE, « Witch Trials in Jersey », dans Société jersiaise, 13, 1939.
1477 R. MANDROU, Magistrats ..., p. 135.
1478 S. CIRAC-ESTOPANAN, Los Procesos de hechiceria en la Inquisicion de Castilla la
Nueva, Madrid, 1942 : aucune exécution pour 307 procès pour sorcellerie. Je remercie très
vivement Mme Benassy d'avoir bien voulu consulter ce livre en Espagne pour moi.
1479 J. MICHELET, La Sorcière, éd. R. Mandrou, Paris, 1964, p. 24.
1480 H.R. TREVOR-ROPER, « The Persecution of Witches », dans Horizon, nov. 1959, p. 59.
1481 A. MACFARLANE, Witchcraft ..., p. 28-29.
1482 J.-C. BAROJA, Les Sorcières ..., p. 182-225.
1483 H.R. TREVOR-ROPER, De la Réforme ..., p. 181.
1484 Ibid., p. 207-208.
1485 R. MANDROU, Magistrats ..., p. 197-260. M. de CERTEAU, La Possession de Loudun,
Paris, 1970
1486 Ch. HANSEN, Sorcellerie à Salem, Paris, 1971.
1487 Ibid., p. 366.
1488 H.C. MIDELFORT, Witch Hunting ..., p. 89 et 96-98. N. COHN, Europe's..., p. 254.
1489 H.R. TREVOR-ROPER, De la Réforme ..., p. 193.
1490 Ibid., p. 200.
1491 H.C. MIDELFORT, Witch Hunting ..., p. 137. N. COHN, Europe's ..., p. 254.
1492 J.-C. BAROJA, Les Sorcières ..., p. 183-184.
1493 A. MACFARLANE, Witchcraft ..., p. 135.
1494 Tout ce qui suit d'après l'article de E. BROUETTE dans Satan (Etudes carmélitaines,
1948), p. 364-368, et M.A. PRATT, The Attitude of the Catholic Church towards the witchcraft
and the allied practices of sorcellery and magic, Washington, 1915, p. 94-95.
1495 L.-E. HALKIN, La Réforme en Belgique sous Charles Quint, Bruxelles, 1957, p. 39-40.
1496 Ce développement emprunté à R. MUCHEMBLED, Prophètes et sorciers ...,.
1497 E. POULLET, Histoire du droit pénal dans le duché de Brabant ..., dans mémoires
couronnés par l'Académie royale de Belgique, t. XXXV, Bruxelles, 1870, p. 48 et 418. J.H.
LANGBEIN, Prosecuting Crime in the Renaissance, England, Germany, France, Cambridge
(Mass.), 1974, p. 170.
1498 Texte dans Fr. von HOLTZENDORFF, Handbuch der deutschen Strafrechts, 4 vol., Berlin
1971-1977: I, p. 67 et suiv.
1499 H.R. TREVOR-ROPER, De la Réforme ..., p. 185.
1500 Ibid., id.
1501 BROUETTE, Satan ..., p. 384-385.
1502 Même situation en France où le Parlement de Paris, en faisant jouer la procédure d'appel, a
tenté de corriger les excès des tribunaux locaux : A. SOMAN, « Les procès de sorcellerie... », p.
809-812.
1503 Prophètes et sorciers...
1504 Je donne ce texte selon la copie qui avait été envoyée au Conseil de Luxembourg (A.E.L.,
Registrature du Conseil provincial, 1591-1599, f°565° à 58v°) et tel qu'il figure dans la
contribution de Mme DUPONT-BOUCHAT, Prophètes et sorciers... J'ai modernisé la ponctuation.
1505 Ibid.
1506 H.R. TREVOR-ROPER, De la Réforme ..., p. 182-185. Acts of the Parliament of Scotland,
II, p. 539.
1507 K. THOMAS, Religion ..., p. 442-443; A. MACFARLANE, Witchcraft ..., p. 14-17.
1508 Ibid., p. 15.
1509 H.R. TREVOR-ROPER, De la Réforme ..., p. 186.
1510 Ibid., id.
1511 E.W. MONTER, Patterns ..., p. 9-11.
1512 Ibid., id.
1513 E.W. MONTER, « Witchraft in Geneva ... », p. 185.
1514 Prophètes et sorciers...
1515 Ibid., p. 37.
1516 A. SOMAN, « Les procès de sorcellerie... », p. 796.
1517 Cf. L. OSBAT, « Sulle fonti per la storia del Sant'Ufficio a Napoli alla fine del Seicento »,
dans Ricerche di Storia sociale e religiosa, janv.-juin, 1972, p. 419-429.
1518 J.-C. BAROJA, Les Sorcières ..., notamment p. 205.
1519 , H.R. TREVOR-ROPER, De la Réforme..., p. 149.
1520 A. SOMAN, « Les procès de sorcellerie... », p. 798.
1521 J. BURCKHARDT, La Civilisation ..., III, p. 172.
1522 E.W. MONTER, « Witchcraft in Geneva... », p. 202-203.
1523 H.R. TREVOR-ROPER, « The Persecution of Witches », Horizon (nov. 1959), p. 59.
1524 E.W. MONTER, « Witchcraft in Geneva, 1537-1662 », dans Journal of Modern History,
mars, 1971, p. 185-186.
1525 E. MIDELFORT, Witch Hunting ..., p. 33. Le total = 2 953, est différent de celui (3 229)
donné dans le tableau de la p. 350 car l'auteur avait alors ajouté aux exécutions connues par les
procès d'autres mises à mort signalées par des sources diverses.
1526 A. REUSS, L'Alsace au XVIIe siècle, 2 vol., Paris, 1898 : II, p. 105.
1527 E.W. MONTER, « Witchcraft in Jura... », p. 13.
1528 E.W. MONTER, Witchcraft in France and Switzerland, p. 105-106.
1529 Les châtiments habituels ordonnés par l'Inquisition de Nouvelle-Castille étaient
l'admonestation publique ou privée, des jeûnes et prières, des coups de fouet (100 au maximum) et
l'exil : S. CIRAC-ESTOPANAN, Los Proceses..., passim.
1530 H.R. TREVOR-ROPER, De la Réforme ..., p. 189-203.
1531 J. MICHELET, La Sorcière, principalement l'introd. et les chap. XI-XII.
1532 A. MACFARLANE, Witchcraft ..., p. 155 (et tout le chap, x).
1533 E.W. MONTER, « Patterns of Witchcraft ... », p. 15.
1534 Prophètes et sorciers.
1535 Ibid.,
1536 A. SoMAN, « Les procès de sorcellerie... », p. 789.
1537 Prophètes et sorciers ...
1538 E.W. MONTER, Witchcraft in France and Switzerland, p. 119-120. Prophètes et sorciers
... Les .appelants qui s'adressent au Parlement de Paris entre 1565 et 1640 sont pour plus de la
moitié des hommes. Mais sans doute les femmes étaient-elles en général moins aptes à faire appel
que les hommes : A. SOMAN, « Les procès de sorcellerie... », p. 798.
1539 E.W. MONTER, Witchcraft in France and Switzerland, p. 123.
1540 Age moyen des appelants au Parlement de Paris, la cinquantaine : A. SOMAN, p. 799.
Mais, à l'époque, une femme de cinquante ans est vieille.
1541 E.W. MONTER, Witchcraft in France and Switzerland, p. 121 (statistique simplifiée).
1542 A. MACFARLANE, Witchcraft ..., p. 159 et 165.
1543 Prophètes et sorciers ...
1544 Cf. les notes, passim.
1545 On n'a pas fait figurer dans ce tableau les chiffres se rapportant aux appels au Parlement de
Paris entre 1565 et 1640, parce que tous les condamnés ne faisaient pas appel. Mais A. SOMAN,
corrigeant R. Mandrou, a montré que ces appels étaient souvent suivis d'une atténuation de la
peine. « Si l'on considère, écrit-il, toutes les 75 années, il y eut 115 exécutions, soit 24 % des 463
peines de mort en première instance et 10,5 % seulement du total des 1 094 », appels de sentences
prononcées pour sorcellerie ou magie : « Les procès de sorcellerie... », p. 794.
1546 E.W. MONTER, « Witchcraft in Geneva ... », p. 186.
1547 E.W. MONTER, « Patterns ... », p. 8.
1548 Ibid., id.
1549 A. MACFARLANE, Witchcraft ..., p. 135.
1550 E.W. MONTER, « Witchcraft in Geneva ... », p. 185.
1551 E.W. MONTER, « Patterns... », p. 7.
1552 Ibid., id.
1553 A. MACFARLANE, Witchcraft ..., p. 29 et 97 et carte p. 32.
Chapitre 12
1554 Dans le même sens, se prononce R. MUCHEMBLED dans Prophètes et sorciers ...,
introduction.
1555 K.E. JARCKE, « Ein Hexenprozess », dans Annalen der deutschen und ausländischen
Criminal-RechtsPflege, vol. Ier, Berlin, 1828, spécialement p. 450, et F.J. MONE, « Ueber das
Hexenwesen », dans Anzeigen für Kunde der deutschen Vorzeit, 8e année, Karlsruhe, 1839, surtout
p. 271-275 et 444-453. Pour tout ce qui suit, N. COHN, Europe's ..., p. 103-125.
1556 J. MICHELET, La Sorcière..., p. 19-20.
1557 Ibid., p. 129-135 (chap. XI).
1558 P. CHAUNU, « Sur la fin des sorciers... », dans Annales, E.S.C., juillet-août 1969, p. 907.
1559 E. LEROY-LADURIE, Les Paysans du Languedoc, I, p. 407.
1560 J. FAVRET-SAADA, « Sorcières et Lumières », dans Critique, avril 1971, p. 358. Le
manuscrit de mon ouvrage était déjà remis à l'éditeur quand a paru le livre de Mme J. FAVRET-
SAADA, Les Mots, la mort, les sorts. La sorcellerie dans le Bocage, Paris, 1977.
1561 Edition élargie en douze volumes, 1907-1915. N. COHN, Europe's ..., p. 108.
1562 Nombreuses réimpressions depuis.
1563 M. MURRAY, The God of Witches (rééd. de 1956), p. 54.
1564 Notamment en 1969 et 1973.
1565 M. SUMMERS, The History ... (éd. Londres, 1973), p. xiv.
1566 Turin, 1966.
1567 On trouve aussi les noms d'Abundia et Bensozia.
1568 C. GINZBURG, I Benandanti, p. 48-66 ; N. COHN, Europe's ..., p. 210-219. J. BAROJA,
Les Sorcières ..., p. 79-86. R. MUCHEMBLED me signale qu'en 1454 les autorités religieuses
d'Amiens rappelaient l'interdiction classique : « Nulla mulier se nocturnis horis equitare cum
Diana dea paganorum, vel cum Herodiade seu Bizazia, et in innumera mulierum multitudine
profiteatur. » Cf. Th. GOUSSET, Actes... de la province de Reims, 4 vol., 1842-1844. Ici, t. II, p.
700.
1569 G. BONOMO, Caccia alle streghe. La credenza nelle streghe dal secolo XIII al XIX con
particolare riferimento all'Italia, 2e éd., Palerme, 1971. E. de MARTINO, Morte e pianto rituale
nel mondo antico, Milan, 1958 ; Sud e magia, Milan, 1959 ; La Terra del rimorso, Milan, 1961 ; Il
Mondo magico. Prolegomeni a una storia del magismo, Turin, 1967. L. LOMBARDI-SATRIANI,
Antropologia culturale e analisi della cultura subalterna, Messine, 1968, et « Il Tesoro nascosto »,
introd. à Santi, streghe e diavoli. Il patrimonio delle tradizioni popolari nella società meridionale e
in Sardegna, Florence, 1971. G. de ROSA, Vescovi, popolo e magia nel Sud. Ricerche di storia
socio-religiosa dal secolo XVII al XIX secolo, Naples, 1971. C. GINZBURG, « Stregoneria e pietà
popolare. Note a proposito di un processo modenese del 1519 », dans Annali della Scuola normale
superiore di Pisa, s. II, XXX, 1961, p. 269-287. Cf. aussi G.E. BATTISTI, La Civiltà delle streghe,
Milan, 1964.
1570 Storia d'Italia, I : I caratteri originali, Turin, 1972; contribution de C. GINZBURG, p.
656-658. J. DEUJMEAU, Le Christianisme va-t-il mourir ? Paris, p. 193-194.
1571 Benedicti p. XIV, bullarium, t. I ; Opera omnia, XV, Prato, 1845, p. 233-234, et t. II, XVI,
1846, p. 319-322. Je remercie le père Willibrord Witters d'avoir attiré mon attention sur ces textes.
1572 J.-C. BAROJA, Les Sorcières ..., p. 262.
1573 A. de SAINT-ANDRÉ (dit le père VERJUS), Vie de Michel Le Nobletz, 1666, liv. V, chap.
III.
1574 K. THOMAS, Religion ..., p. 383-385.
1575 Prophètes et sorciers ...
1576 Cf. plus haut supra p. 242.
1577 S. FREUD, Moïse et le monothéisme, trad, franc., Paris, 1948, p. 140.
1578 CILENTO, « Luoghi di culto e religiosità popolare in Lucania », dans Ricerche di Storia
sociale e religiosa, nos 7-8, 1975, p. 247-265.
1579 Cf. notamment à ce sujet N. COHN, Europe's ..., p. 32-59 et 99-125, et K. THOMAS,
Religion ..., p. 512-519.
1580 A la suite de K. THOMAS, je renvoie ici à Witchcraft and Sorcery in East Africa, éd. J.
MIDDLETON et E.M. WINTER, 1963, p. 62-63 et 171-172.
1581 Sur les croyances aux maléfices que révèlent les procès de sorcellerie, cf. notamment K.
THOMAS, Religion ..., p. 441-449; A. MACFARLANE, Witchcraft ..., p. 153-184 ; N. COHN,
Europe's ..., p. 239-246 ; R. KIECKHEFER, European Witch Trials ..., p. 47-92 ; et auparavant E.
DELCAMBRE, Le Concept de sorcellerie dans le duché de Lorraine au XVIe et au XVIIe siècle,
Nancy, 3 vol., 1948-1951, notamment vol. II, et R. MANDROU, Magistrats ..., p. 96. Cf. aussi
Anagron nos 3-4 (1973) p. 63-79 et nos 7-8, p. 82-105.
1582 K. THOMAS, Religion ..., p. 448.
1583 B.N. Paris, réserve D.36 955. Confessionnal publié à Nantes en 1612, ici p. 21-25 : «
Examen de conscience sur le premier commandement. » Je dois cette traduction à M. Louis
Fleuriot, professeur à l'Université de Haute-Bretagne, que je remercie vivement.
1584 Cité par E. DELCAMBRE, Le Concept de sorcellerie ..., III, p. 213.
1585 K. THOMAS, Religion ..., p. 263-264.
1586 Cf. à ce sujet A. MACFARLANE, Witchcraft ..., p. 212-252 (avec bibliographie), et L.V.
THOMAS et R. LUNEAU, Les Sages dépossédés, Paris, 1977, notamment p. 124-129.
1587 L.V. THOMAS et R. LUNEAU, Les Sages ..., p. 126-127.
1588 DE MARTINO, Il Mondo magico, p. 135.
1589 Le Monde du sorcier (ouvrage collectif), Paris, 1966, p 16.
1590 Cf. plus haut pp. 49-52.
1591 K. THOMAS, Religion ..., p. 561.
1592 Ibid., p. 560.564 ; A. MACFARLANE, Witchcraft ..., p. 172-173 et 200-206 ; Prophètes et
sorciers ...
1593 J.-C. BAROJA, Les Sorcières ..., p. 229.
1594 Cité par R. MANDROU, Magistrats ..., p. 134.
1595 Prophètes et sorciers ...
1596 R. MANDROU, Magistrats ..., p. 135.
1597 H.R. TREVOR-ROPER, De la Réforme ..., p. 193-201.
1598 G. BONOMO, Caccia alle streghe ..., p. 291-300.
1599 A MACFARLANE, Witchcraft ..., surtout p. 138-142.
1600 Cité par H.R. TREVOR-ROPER, De la Réforme..., p. 202. F. SPEE, Advis aux
criminalistes ..., trad. franç. de 1660, p. 320.
1601 K. THOMAS, Religion ..., p. 518-519 ;
1602 J.-C. BAROJA, Les Sorcières ..., p. 215-216. La Relaction de Salazar a été publiée dans
l'Annuaire de Eusko Folklore, XIII, 1933, p. 115-130.
1603 Dans le développement qui suit, j'utilise beaucoup N. COHN, Europe's ..., p. 14-59, et
j'adhère pleinement à son point de vue.
1604 Voir plus haut supra pp. 287-291.
1605 Contribution de Mme DUPONT-BOUCHAT à Prophètes et sorciers ...
1606 J'utilise, dans les pages qui suivent, le mémoire de maîtrise de Mme PETITJEANS, La
Sorcellerie en Bretagne aux XVIIe et XVIIIe siècles, Rennes, 1969. Un exemplaire de La Montagne
retranscrit par un recteur breton en 1752 se trouve aux arch. dép. d'Ille-et-Vilaine (5Fb). La
méthode du père Maunoir reçut l'approbation de la Sorbonne.
1607 Le Journal latin de Maunoir, écrit à partir de 1671, n'est pas publié jusqu'à ce jour. Des
extraits s'en trouvent dans X.-A. SÉJOURNÉ, Histoire du vénérable serviteur de Dieu Julien
Maunoir de la Compagnie de Jésus, Paris-Poitiers, 1885, Cf. notamment p. 273-291.
1608 J. MAUNOIR, Histoire de Catherine Daniélou, rééd. Perrot, Saint-Brieuc: 1913, p. 185.
1609 J. MAUNOIR, La Montagne, partie IV, § 1.
1610 Ces conseils dans la première des cinq parties qui composent La Montagne.
1611 H.R. TREVOR-ROPER, De la Réforme..., p. 141.
1612 Ibid., p. 139.
1613 Ibid., p. 175-176.
1614 Ibid., id.
1615 Pertinentes remarques à cet égard de F. SALIMBENI, « La Stregoneria nel tardo
Rinascimento », p. 294-295. Sur néo-platonisme et magie à la Renaissance, cf. notamment L.
THORNDIKE, A History of Magic and experimental Science, 8 vol., New York, 1923-1958 ; D.P.
WALXER, Spiritual and Demonic Magic from Ficino to Campanella, Londres, 1958. E. GARIN,
L'Età nuova. Ricerche dt storia della cultura dal XII al XVI secolo. Naples, 1969, p. 385-500. W.
SHUMAKER, The Occult Sciences in the Renaissance, Amsterdam, 1972.
1616 Ici encore réflexions judicieuses de F. SALIMBENI, « La Stregoneria ... », p. 308. Cf.
aussi E. BATTISTI, L'Antirinascimento, Milan, 1962, p. 153.
1617 Je reprends ici et dans les pages suivantes certains thèmes de ma « Leçon inaugurale » au
Collège de France, publiée de nouveau dans Le Christianisme va-t-il mourir ?, Paris, 1977,
notamment p. 195.
1618 Cf. Th. SZASZ, Fabriquer la folie, Paris, 1976, notamment le chap. VII.
1619 Dictionnaire de Spiritualité..., III, 1, col. 131-132.
1620 A MACFARLANE, Witchcraft ..., p. 140.
1621 R. MANDROU, Magistrats ..., p. 134 et 146.
1622 Cité dans Prophètes et sorciers...
1623 Texte cité par R. MANDROU, Magistrats ..., p. 146, et tiré du Discours admirable d'un
magicien de la ville de Moulins ..., Paris, 1623 (bibl. Sainte-Geneviève).
1624 Cf. N. COHN, Europe's ..., p. 231.
1625 Texte traduit par A. Danet dans Le Marteau des sorcières, p. 117.
1626 Ibid., p. 127.
1627 J. BODIN, La Démonomanie ..., p. 122A.
1628 N. REMY, Demonolatriae libri tres, éd. de 1595, p. 125-127.
1629 H. BOGUET, Discours exécrable ..., éd. de 1627, p. 3B ; R. MANDROU, Magistrats ..., p.
134.
1630 BAVOUX, Hantises et diableries dans la terre abbatiale de Luxeuil ..., p. 129.
1631 Extrait du Journal latin cité dans le mémoire de maîtrise de Mme PETITJEANS, La
Sorcellerie en Bretagne ..., p. 140.
1632 CLAUDE de SAINCTES, Concile provincial des diocèses de Normandie tenu à Rouen [en
1581] ... par Mgr l'Illustrissime et Reverendissime Cardinal de Bourbon ..., Rouen, 1606, p. 12.
1633 Prophètes et sorciers ...
1634 Cette citation et les suivantes dans K. THOMAS, Religion ..., p. 455.
1635 Pour tout re qui suit, cf. J. BODIN, La Démonomanie ..., p. 165A-192B.
1636 H.R. TREVOR-ROPER, De la Réforme ..., p. 196-197 ; R. MANDROU, Magistrats ..., p.
138-140.
Conclusion
1637 Voir plus haut pp. 213-215.
1638 A son sujet, cf, R. MANDROU, Magistrats ..., p. 427-428.
1639 N. EYMERICH-Fco PEñA, Le Manuel des Inquisiteurs, introd., trad. et notes de L. Sala-
Molins, Paris-La-Haye, 1973, p. 56-59.
1640 Ibid., p. 59-60.
1641 Ibid., p. 152.
1642 H. INSTITORIS et J. SPRENGER, Le Marteau ..., p. 669.
1643 A. NOVINSKI, Cristâos Novos na Bahia, Sâo Paulo, 1972, p. 152-157.
1644 P. AZNAR-CARDONA, Expulsion justificada de los Moriscos españoles, Huesca, 1612,
II, f°s 62-63: cité dans L. CARDAILLAC, Morisques et Chrétiens. Un affrontement polémique,
1492-1640, Paris, 1977, p. 97.
1645 L. CARDAILLAC, Morisques ..., p. 104.
1646 Ibid., p. 125.
1647 Cf. plus haut p. 260.
1648 N. EYMERICH-Fco PENA, Le Manuel..., p. 135.
1649 ID., ibid.
1650 Cf. plus haut p. 348.
1651 N. EYMERICH-Fco PENA, Le Manuel ..., p. 68.
1652 H. INSTITORIS et J. SPRENGER, Le Marteau ..., p. 133-147.
1653 Ibid., p. 127.
1654 Ibid., p. 264-267.
1655 J. BODIN, La Démonomanie ..., p. 198 r° et v°.
1656 Ibid., p. 198 r°.
1657 R. KLEIN, Le procès de Savonarole, Paris, 1957, p. 27-29 et 55.
1658 Ibid., p. 349-350.
1659 Conciliorum œcumenicorum decreta, éd. G. Alberigo, p. 437.
1660 Ibid., p. 597.
1661 J'ai consulté l'édition de 1524 publiée à Paris.
1662 Ibid., f° v r°.
1663 Ibid., f° VIII r°.
1664 Ibid., f° VIII V°.
1665 Ibid., f° IX v°.
1666 Ibid., f° x r°.
1667 Ibid., f° x v°.
1668 Ibid., f° xv r°.
1669 Ibid., fos XVII r° à LXXVI r°.
1670 Ibid., fos LXXVI r° à LXXVII v°.
1671 Ibid., fos LXXVII v° à LXXXVIII v°.
1672 R. BELLARMIN, Opera omnia, éd. 1869 ; III, De laicis, p. 38. Cité dans J. de LA
SERVIÈRE, La Théologie de Bellarmin, Paris, 1909, p. 262.
1673 ROSENPLUT, Kancional, Olomouc, 1601, p. 598-600. Trad. franç. de Marie-Elisabeth
Ducreux qui a bien voulu attirer mon attention sur ce texte.
1674 J.-M. de BUJANDA, « La censure littéraire en Espagne au XVIe siècle », dans Canadian
Journal of History, avril 1972, p. 1-15 ; et « Los libros italianos en el indice español de 1559 »,
dans Bibliothèque d'humanisme et Renaissance, 1972, p. 89-104.
1675 J.-M. de BUJANDA, « La censure... », p. 12.
1676 Conciliorum œcumenicorum decreta, éd. Alberigo, p. 239 : « De diversiis ritibus in eadem
fide. »
1677 P.-M. GY, « La réforme liturgique de Trente et celle de Vatican II », dans La Maison-Dieu,
n° 128, 1936, p. 61-75.
1678 Introduction d'A. Danet au Marteau des sorcières, p. 65-67.
1679 H. STROHL, Luther, sa vie et sa pensée, Strasbourg, 1953, p. 154.
1680 M. LUTHER, Œuvres, IV, p. 39 (De l'autorité temporelle).
1681 M. LUTHER, Œuvres, VI, p. 215 (Commentaire sur le psaume CXVII, 1530).
1682 Pour tout ce développement, cf. J. LECLER, Histoire de la tolérance au siècle de la
Réforme, 2 vol., Paris, 1955. Ici, I, p. 180.
1683 Cité dans ibid., p. 189.
1684 Ibid., I, p. 195.
1685 Ibid., I, p. 323. Larges extraits de cette préface dans le Traité des hérétiques, Rouen, 1554.
1686 Ibid., I, p. 325-326. Traité des hérétiques, éd. A. Olivet, Genève, 1913, p. 24-25.
1687 Ibid., I, p. 319. Déclaration pour maintenir la vraie foy ..., p. 47-48. La polémique contre
Servet reparaît dans l'Institution chrétienne (éd. Labor et Fides), I, p. 102-109.
1688 Ibid., I, p. 332: Traité de l'autorité du magistrat en la punition des hérétiques, Genève,
1560, p. 311-312. 1re éd. en latin, Genève, 1554.
1689 R. BELLARMIN, Opera omnia ; III, De laicis, 20, p. 35. Cité dans J. de LA SERVIÈRE,
La Théologie de Bellarmin, p. 259.
1690 J. LECLERC, Histoire de la tolérance, I, p. 333 ; Du droit des magistrats sur leurs sujets,
s.l., 1574, p. 42.
1691 Je renvoie, à propos de ce thème historiographique, à ma « Leçon inaugurale » du Collège
de France, republiée dans Le Christianisme va-t-il mourir ? notamment p. 192.
1692 C. GINZBURG, Il Formaggio e i vermi, Turin, 1976, p. 146.
1693 Mme PIOZZA-DONATI travaille à une thèse d'Etat sur les blasphèmes et jurons italiens.
C'est à elle que j'emprunte dans les paragraphes qui suivent les éléments se rapportant à l'Italie. Je
lui exprime ma vive gratitude.
1694 Cf. supra, plus haut p. 385.
1695 H. BAQUERO-MORENO, Tensoes sociais em Portugal na Idade Média, Porto, 1976, p.
82.
1696 MONTESQUIEU, Œuvres complètes (éd. de La Pléiade), 1956, p. 1552. J. HUIZINGA,
Le Déclin du Moyen Age, Paris, éd. de 1967, p. 168. S. BONNET, A hue et à dia, Paris, 1973, p.
43.
1697 K. THOMAS, Religion ..., p. 170. Cf. Acts and Ordinances of the Interregnum, 1642-
1650, éd. C.H. FIRTH et R.S. RAIT, 1911, I, p. 1133-1136.
1698 H. BAQUERO-MORENO, Tensôes sociais ..., p. 84-85.
1699 Dictionnaire de théologie catholique, t. II, Paris, 1937, art. « Blasphème », col. 902-909.
L'édit de juillet 1666 dans ISAMBERT, Recueil des anciennes lois françaises, t. XVIII, p. 86-87.
R. MANDROU, Magistrats ..., notamment p. 496-499.
1700 B. BENNASSAR, L'Homme espagnol, Paris, 1975, p. 77.
1701 E. DOUMERGUE, Calvin. Ici, t. VII, p. 121-122.
1702 Cité dans J. JANSSEN, La Civilisation ..., VIII, p. 453. J. ANDREA, Christliche
Erinnerung nach dem Lauf der irdischen Planeten gestellt in Predigten, Tübingen, 1568.
1703 Cité dans J. JANSSEN, La Civilisation ..., VIII, p. 454. J.G. SIGWART, Eilff Predigten
von der vornehmsten und zu jeder Zeit in der Welt gemeinsten Lastern, Tübingen, 1603.
1704 Cité par J. JANSSEN, La Civilisation ..., VIII, p. 455. A. MuscuLus, Wiser den
Fluchteufel, 1562.
1705 J. CALVIN, Institution de la religion chrétienne, éd. Labor et Fides, liv. IV, ch. xx, p. 450.
1706 J.-B. THIERS, Traité des jeux et divertissements, 1686, p. 440. La Mort des pays de
cocagne (sous la direction de J. Delumeau), Paris, 1976, p. 15.
1707 A. VAN GENNEP, Manuel de folklore ..., t. I, IV, 2, p. 1818.
1708 Texte reproduit dans J. DESLYONS, Traités singuliers et nouveaux contre le paganisme
du Roy-Boit, Paris, 1670, p. 258-263.
1709 J. CALVIN, Opera omnia, XXXXVI, p. 32 (« Sermon sur l'harmonie des trois
évangélistes »), 1562; voir aussi Ibid. XXVII, p. 505 (« Sermon sur le Deutéronome »), 1562. Cf.
J. DELUMEAU, « Les réformateurs et la superstition », dans Coligny et son temps, Paris, 1974, p.
448-449.
1710 Cf. sur tout cela, A. VAN GENNEP, Manuel de folklore ..., t. I, IV, p. 1818-1819, Y.-M.
BERCÉ, Fête et révolte, p. 149-150 et p. 203, R. MUCHEMBLED, Culture populaire et culture
des élites dans la France moderne, Paris, 1978.
1711 Communications de A. Burguière et Fr. Lebrun au « colloque sur le charivari », avril 1977,
Paris.
1712 Cf. à cet égard les interdictions des synodes réformés, par exemple celui de 1617: J.
DELUMEAU (sous la direction de), La Mort des pays de cocagne, p. 119.
1713 Communication de A. BURGUIÈRE au « Colloque sur le charivari ».
1714 Y.-M. BERCÉ, Fête et révolte, p. 145-146.
1715 Ordonnances synodales du diocèse d'Annecy, t. XXIII, vol. II, p. 397-398. Je remercie le
père Witters d'avoir attiré mon attention sur ce texte (exposé à mon séminaire).
1716 A.D. du Vaucluse : 1.G.306 f° 404. Renseignement communiqué par Mme Olry.
1717 Dom BESSIN, Concilia rotomagensis provinciae, Rouen, 1717, II, p. 301, (indication du
père Witters).
1718 Ibid., p. 119 (indication du père Witters).
1719 A.D. VAUCLUSE : 1.G.305 f° 341. Renseignement communiqué par Mme Olry.
1720 Cité dans Y.-M. BERCÉ, Fête et révolte, p. 148. M. JOIN-LAMBERT, Annales de
Normandie, 1953, p. 247-274.
1721 L. DANEAU, Traité des danses ..., 1579, p. 16-33.
1722 Dom BESSIN, Concilia rotomagensis provinciae, II, p. 393 (indication du père Witters).
1723 CALVIN, Opera omnia, 10a, cité par Fr. WENDEL, Calvin, sources et évolution de sa
pensée religieuse, Paris, 1950, p. 51.
1724 Mémoire de 1536 cité dans J. LECLER, Histoire de la tolérance ..., I, p. 253.
1725 M. FOUCAULT, Histoire de la folie ..., p. 73, n. 1.
1726 Ibid., p. 74
1727 E. LE ROY-LADURIE, Les Paysans du Languedoc, I, p. 322.
1728 Sur tout cela, cf. J.-P. GUTTON, La Société et les pauvres ..., p. 122-157.
1729 M. FOUCAULT, Histoire de la folie ..., p. 70.
1730 J.-P. GUTTON, La Société et les pauvres ..., p. 104-108.
1731 Ibid., p. 113-115. A.H. DODD, Life in Elizabeth England, 3e éd., Londres, 1964, p. 130-
133.
1732 J. DELUMEAU, Rome au XVIe siècle, Paris, 1975, p. 98-99.
1733 Ces renseignements et ceux qui suivent réunis par J.-P. GUITON, La Société et les pauvres
..., p. 126-130.
1734 M. FOUCAULT, Histoire de la folie ..., p. 60-61 et 77.
1735 Ibid., p. 64-65 et 79-80.
1736 Cité dans J.-P. GUTTON, La Société et les pauvres ..., p. 104.
1737 Cité dans M. FOUCAULT, Histoire de la folie ..., p. 72.
1738 Cité dans Ibid., p. 186.
1739 Cité dans Ibid., p. 83.
1740 Cité dans Ibid., p. 60.
1741 Cité dans J.-P. GUTTON, La Société et les pauvres ..., p. 135.
1742 Ibid., id.
1743 Ibid., p. 133.
1744 M. FOUCAULT, Histoire de la folie ..., p. 88.
1745 Ibid., p. 88-89. COLLET, Vie de saint Vincent de Paul, 3 vol., Paris, 1818.
1746 J.-P. GUTTON, La Société et les pauvres..., p. 126 et 129-130.
1747 R. MANDROU, Magistrats ..., notamment, p. 158-179.
1748 K. THOMAS, Religion ..., notamment p. 641-663.
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