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Première partie (40 pts) Vous rédigerez une synthèse concise, objective et ordonnée des

documents suivants.
Document 1 : Philippe Martel, « Province, provincial », Littératures classiques, 2018.
Document 2 : Illustration anonyme tirée de Ces Provinciaux qui ont fait Paris, Nathalie
D’argent, 2008.
Document 3 : Alain Corbin, « Paris-province », Les Lieux de mémoire, 1992.
Document 4 : Marine Delatouche, « Monter à Paris ou les revers de l’installation de la
jeunesse rurale dans la capitale », Slate, 24 février 2020
Le corpus composé de 4 documents, soumis à notre analyse aborde avec intérêt la question
des stéréotypes attachés aux provinciaux en France à travers les siècles. Philippe Martel dans
le texte intitulé « Province, provincial » extrait de la revue Littératures classiques, publié en
2018 ainsi que celui de Alain Corbin, « Paris-province», tiré de Les Lieux de mémoire, paru
en 1992 font tous deux états de comment était représentés et considérés les provinciaux
pendant le XVII et XXe siècle. Une considération peu flatteuse et mise en exergue dans
l’illustration iconographique publiée vers 1899 de Charles Huard extraite de Toute la province
à Paris. Enfin le dernier document textuel de Marine Delatouche, titré le « Monter à Paris ou
les revers de l’installation de la jeunesse rurale dans la capitale », extrait de Slate, publié le 24
février 2020, nous rapporte les témoignages des 3 différents étudiants qui ont tous quitté leur
province natale pour venir étudier à Paris, faisant ainsi part des défis et des changements
personnels liés à la transition de la vie rurale à la vie urbaine. De ce fait, qu’est ce qui diffère
la province et ses habitants des grandes métropoles comme Paris ? D’une part, nous verrons
de quelles manières sont représentés les provinciaux depuis le XVII jusqu’à l’ère actuel. De
l’autre, nous évoquerons la question de l’exode rural notamment vers la ville capitale Paris.
L’ensemble des documents du corpus mettent en évidence la manière dont était représenté le
provincial du XVIe au XXe siècle, une représentation peu flatteuse qui s’en est même suivi
jusqu’ à notre époque.
Les provinciaux dans la littérature et au théâtre entre 1650 et 1670, notamment chez des
grands écrivains comme Molière et Voltaire, sont dépeints comme des personnages aux
caractéristiques ridicules et stéréotypées des « pecques provinciales » comme le dit Molière
dans Les précieuses ridicules, démontrant une perspective critique envers les habitants des
régions éloignées de la capitale.
Dans la « Province, provincial » de Philippe Martel ou dans « Paris-province » de Alain
Corbin, les écrivains illustrent l’idée de l’époque selon laquelle les habitants des provinces
étaient perçus comme moins sophistiqués, moins cultivés et moins raffinés que ceux vivant à
la cour ( Paris) ou les grandes villes. Les références à l’accent, au langage irrégulier et peu
poli, comme l’affirme Dominique Bouhours, ainsi qu’au mépris des gens de la cour envers
ceux de la province, soulignent bien les préjugés sociaux de cette époque.
C’est pourquoi, dans l’illustration de Charles Huard extraite de Toute la province à Paris, nous
pouvons clairement apercevoir un homme de la province d’un certain âge, visage fatigué et
peut être triste mais qui a l’air surtout surtout agacé à cause des regards insistants et des
moqueries des Parisiens sur sa personne. Cela renforce le fait que les petits nobles
provinciaux sont souvent tournées en dérision et leur attachement aux valeurs anciennes
souvent moqués par l’aristocratie parisienne : « Ils se sont probablement dit que j'étais moins
riche qu'eux et qu'ils étaient supérieurs à moi, en mode : “Toi, tu vis à la paysanne, t'es
encore dans l'ancien temps, moi je suis dans le tur-fu, je prends des Uber” » nous raconte
Juliette la jeune étudiante provinciale venue étudier à Paris.
A cela vient s’ajouter aussi une tradition lexicographique de l’époque qui illustrait les
préjugés persistants envers les provinces dans les dictionnaires. Dans l’ouvrage de Philippe
Martel, Alain Corbin relève la définition du terme "province" dans le Grand Larousse de
1976, qui la qualifie d'adjectif invariable avec une connotation familière et péjorative,
soulignant le contraste entre ses caractéristiques et le raffinement associé à la capitale. De
même, le Dictionnaire Quillet de 1960 privilégie une définition décrivant la province comme
étant gauche et maladroite. Le Petit Robert, quant à lui, cite Voltaire pour illustrer les
manières provinciales comme étant un peu gauches et démodées par rapport à celles de Paris.

Dans les lieux de la mémoire, Alain Corbin continue sa peinture caricaturale de l’homme
provincial en le décrivant comme vivant dans un espace limité tant sur le plan physique que
mental. Son horizon est restreint, des préoccupations sont modestes et ses interactions sociales
sont confinés à un petit cercle, où tout se sait où tout le monde se connait contrairement à
Paris. Ce contraste entre la ville capitale et la province se reflète bien dans les témoignages
rapportés de Marine Delatouche avec Juliette, Maëlle et Célia qui subissent un changement
brutal d’environnement en venant étudier en à Paris « […] La citadine par défaut… déplore
les « trop» de la vie parisienne –trop de gens, trop de pollution, trop de bruit, trop de stress,
trop de harcèlement sexuel– et ses « pas assez » –pas assez d'espaces verts, pas assez
d'humanité » ce qui les expose à une diversité sociale et culturelle radicalement différente.
De même, parmi les raisons diverses évoquées de l’exode rurale, pour les auteurs les
personnages provinciaux sont des prétentieux qui se caractérisent par leur désir de qualité et
de reconnaissance, une envie insensée à vouloir contrefaire un monde auquel ils
n’appartiennent pas réellement alors que leur mode de vie est tel qui leur est impossible de
pouvoir changer de vie.
Pourtant le parcours des jeunes étudiantes nous témoigne de leur envie de réussite : « Plus on
est diplômé, plus on habite loin de chez ses parents, et plus encore dans des grandes villes, là
où se concentrent les emplois correspondant aux études longues. » et surtout à s’adapter à leur
nouvelle vie « Je prends des masques. J'adopte le type de langage, un air supérieur, plus de
sérieux. » nous explique Célia.
Pour eux, l’exode rural n’est nul autre que la conséquence des inégalités sociales ( désir
d’étudier dans des bonnes conditions, d’avoir un bon poste, de sortir de la misère…) qui
oppose Paris ou les villes grandes villes des provinces. Et en plus, dans l’article de Marine
Delatouche, il est clair que la ville capitale comme l’ont dépeint les auteurs, n’est pas non plus
une ville par excellence.
Les témoignages des étudiants reflètent cette confrontation avec la réalité sociale de la
capitale. Maël exprime son étonnement face à la proximité entre les sans-abris et les
personnes très riches, soulignant ainsi les contrastes saisissants qui caractérisent la ville. De
son côté, Juliette critique les manifestations ostentatoires de richesse, soulignant la façon dont
cela renforce les clivages entre les différentes classes sociales, symbolisé par l'écart entre les
Champs-Élysées et le centre de Saint-Denis.

En conclusion, l'analyse du corpus de documents met en lumière l'évolution des stéréotypes


associés aux provinciaux en France à travers les siècles. De Molière à nos jours, en passant
par les observations de Voltaire et les définitions des dictionnaires, ces représentations ont
persisté, témoignant des préjugés sociaux et culturels profondément enracinés. Les
témoignages contemporains des étudiants venus des régions rurales et installés à Paris mettent
en évidence les défis d'adaptation et les contrastes sociaux criants entre la province et la
capitale. Si l'exode rural vers les grandes métropoles comme Paris est motivé par des
aspirations économiques et éducatives, il révèle également les inégalités persistantes qui
persistent au sein de ces villes. Ainsi, cette synthèse souligne la nécessité de dépasser les
préjugés géographiques et sociaux pour favoriser une meilleure compréhension et une
intégration harmonieuse entre les différentes régions de France

Deuxième partie (20 pts) Selon vous, la rivalité « Paris / province » est-elle toujours
d’actualité ? Vous répondrez à cette question d’une façon argumentée en vous appuyant
sur les documents du corpus, vos lectures et vos connaissances personnelles

La rivalité entre Paris et la province est un sujet complexe et multifacette qui a évolué au fil
du temps. Bien que cette rivalité ait ses origines historiques, elle continue d'exister sous
diverses formes, bien que peut-être moins prononcées ou visibles qu'auparavant.
Tout d'abord, il est important de reconnaître que la centralisation autour de Paris en France est
un phénomène bien établi, tant sur le plan économique que culturel et politique. Paris est le
centre névralgique du pays, concentrant une grande partie du pouvoir politique, des
institutions financières et des médias. Cette centralisation peut engendrer des sentiments de
marginalisation et de négligence parmi les habitants des autres régions, alimentant ainsi la
rivalité entre Paris et la province.
Dans le corpus documentaire, on peut retrouver des exemples illustrant cette rivalité. Par
exemple, des articles de presse peuvent mettre en avant les disparités économiques entre Paris
et les régions, soulignant l'écart de développement et d'opportunités. De plus, des études
sociologiques ont pu mettre en lumière les différences culturelles et sociales entre les
habitants de Paris et ceux des autres régions, renforçant ainsi les stéréotypes et les préjugés.
Cependant, il est également important de noter que cette rivalité peut être atténuée par
plusieurs facteurs. Par exemple, la décentralisation administrative et économique entreprise
par le gouvernement français ces dernières décennies a contribué à réduire certaines disparités
entre Paris et les autres régions. De plus, les progrès technologiques, tels que les
communications numériques et les réseaux sociaux, ont facilité les échanges et la
collaboration entre les habitants de différentes régions, atténuant ainsi les barrières
géographiques et culturelles.
Par ailleurs, il est important de reconnaître que la France est un pays diversifié, avec une
richesse culturelle et régionale importante. Les régions de province possèdent chacune leurs
propres caractéristiques distinctives, qu'il s'agisse de leur patrimoine historique, de leur
cuisine régionale ou de leurs traditions culturelles. Cette diversité contribue à enrichir le tissu
social et culturel de la France et peut atténuer les tensions entre Paris et la province en mettant
en valeur les spécificités régionales.
En conclusion, bien que la rivalité entre Paris et la province puisse encore exister sous
diverses formes, elle est aujourd'hui moins marquée et moins polarisée qu'auparavant. La
France évolue vers une meilleure reconnaissance de sa diversité régionale et vers une plus
grande décentralisation, ce qui contribue à atténuer les tensions entre la capitale et les régions.
Cependant, il reste important de rester vigilant face aux disparités persistantes et de continuer
à promouvoir une répartition plus équilibrée des ressources et des opportunités à travers le
pays.

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