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La Réduction Husserlienne
La Réduction Husserlienne
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1. Motivation de la réduction
par la théorie de la connaissance
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Jules Bednarski
Croyance existentielle.
L'objectivisme naturaliste n'est pas seulement entaché du préjugé de la
chose en soi, mais encore du préjugé de la croyance existentielle. Cette
croyance qui semble d'abord une évidence - selbsverständlich - appa-
raît, dans une analyse plus poussée, immotivée, non intuitive, naïve.
Dans l'attitude naturelle, la connaissance de toute réalité particulière
est acquise, vérifiée, modifiée ou mise en doute sur le fond d'une croyance
existentielle - Seinsglaube - d'une foi exercée et inéluctable en l'exis-
tence de cette réalité. Chaque acte de connaissance est « emprisonné »
dans la croyance ; on ne peut jamais l'objectiver, sans l'impliquer, sans
être compris en elle. Tout effort pour supprimer la croyance la met déjà
en œuvre. « Je peux mettre en doute et récuser les données du monde
naturel : cela ne change rien à la position (à la thèse) générale de l'atti-
tude naturelle 1. »
Cette croyance contamine non seulement les objets, mais aussi les
actes de connaissance qui leur sont corrélatifs. Chaque attitude de con-
science, en référant aux choses par les sensations, est posée dans l'exis-
tence mondaine. De plus, l'idée même de réalité empirique est « mon-
daine », puisque portée par la subjectivité empirique.
Non seulement les sciences de la nature, mais aussi celles de l'esprit
sont portées par la croyance existentielle. En effet les essences elles-
mêmes comme, par exemple, l'idée d'homme, d'esprit, de nature sont
posées dans une attitude de foi en leur existence.
La croyance ne se limite pas à l'objet actuel, tel que je le perçois main-
tenant, elle s'étend à tout horizon qu'il soit ou non conscient. On sait
comment des connaissances passées peuvent, à titre d'arrière plan, exer-
1. E. Husserl, Idées directrices pour une phénoménologie, trad, de l'allemand par
Ricœur, Gallimard, 1950, p. 95.
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cer leur influence sur le présent de notre vie. C'est ainsi que la croyance
existentielle, fût-elle actuellement inhibée, peut contaminer tout le plan
sous-jacent de notre conscience.
La croyance, comme le terme l'indique, est d'ordre dogmatique. Cela
résulte de sa nature mondaine et de son irrationnalité. Cette croyance,
étant d'ordre psychique - psychisches Erleben - est la foi qui porte
les éléments inexplorés intuitivement et qui, par conséquent, ne jouissent
pas de l'évidence première. La position des objets comme existant, im-
pliquée dans toute conscience objectivée, bien qu'incontestée dans l'at-
titude naturelle, n'est pas elle-même un objet d'intuition.
La croyance - comme le montre la réflexion sur l'acte de connaissance
- présente encore un défaut plus grave. Tout entière polarisée par
l'objet, elle le met en relation avec la conscience à la manière des êtres
entre eux. Elle « passe sur » les facteurs déterminants de la conscience,
elle les masque, en ne s'arrêtant qu'aux éléments qui nous déterminent.
En raison de son caractère transitif, de geradehin, elle laisse inaperçue
l'activité opérante, la source originaire de toute transcendance et de la
croyance elle-même.
Dans cette perspective, l'accès aux données absolues est fermé. On ne
perçoit pas que « la chose pensée » est sous-jacente à la chose admise
comme en-soi par la croyance.
Le monde.
1. Ibid., p. 89.
Manuscrit (Ms). 1930, BI 5 II, p. 3 ... ♦ jede Einzelmeinung schon i die » Welt als
unthematische Geltung voraussetzt ».
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1. Ibid., p. 89.
2. Ibid., p. 90. ^ _
4. E. Husserl, Erfahrung und Urteil, Hamburg, Laaassen & covens, ivw», p. ia/.
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cependant une présence confuse. Le monde n'est donc pas l'objet d'une
perception évidente, d'une intuition. La croyance existentielle, qui l'ad-
met, contient donc des éléments qui ne sont pas rationnellement effectués.
Mais l'homme, dans son orientation vers les choses, est insensible
aux difficultés théoriques qu'elle cache, car la structure de l'ego est telle
qu'il est porté à admettre les objets dont la réalité suppose toujours le
monde.
Puisque donc le monde prête sa validité aux choses au moment de
leur perception, et que lui-même ne porte pas le caractère d'évidence,
il s'ensuit que si la perception veut accéder aux choses elles-mêmes,
dans leur authenticité, avant toute contamination par une réalité étran-
gère, le monde doit être suspendu.
Une autre raison motive encore la réduction du monde. Si toute validité
objective ne se peut détacher du monde, si tout objet doit être compris
dans sa référence au monde, le moi dans son acte de connaissance est
aliéné de sa fonction active. Enfoncé dans l'orientation chosiste, absorbé
et oublié au profit de la validité mondaine, le moi vit uniquement pour
comprendre les choses. 11 doit se soumettre à l'horizon qui confère avant
lui son apport de significations. Ce qui est donc en jeu, c'est la capti-
vité (Befangenheit) du pouvoir de l'Ego retenu par la pression qu'exerce
la validité du monde K
II n'y a qu'une solution pour libérer le moi de son état latent : suppri-
mer la validité mondaine, faire un détour réflexif radical et regarder
l'objectivité à partir du moi avant qu'elle ne soit influencée par les élé-
ments transcendants.
1. E. Husserl, Idées directrices pour une phénoménologie, trad, par Ricœur, f 28.
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1. Ibid., § 40.
2. Ibid., p. 128.
3. Tran-Duc-Thao, Phénoménologie et matérialisme dialectique, Paris, éd. Minh-
Tan, p. 68.
4. E. Husserl. Idées directrices pour une phénoménologie, trad, par Ricœur, p. 134.
5. Ibid., p. 133.
6. Ibid., p. 141.
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1. Ibid.. v. 140-141
2. Ibid., p. 150.
3. Ms. 1933, B I 22 IV, pp. 16-26 ; p. 19 « Die Wahrnehmung ist das Evidenzbe
wusstsein, Bewusstsein von dem Selbstdasein, aber in einer in ihr selbsbeschlossenen
Relativität von Vorausgesetztem und Darufhingesetztem ».
4. E. Husserl, Idées directrices pour une phénoménologie, trad, par Ricœur, p. 151
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Évidence apodictique.
Par conséquent, pour radicaliser le savoir, il faut dégager le fonde-
ment rigoureux, incontestable et irréductible, qui justifierait la certi-
tude philosophique et la validité des sciences, qui fonderait toute affir-
mation sans exiger lui-même de fondement, qui serait libre de toute
énigme, de tout préjugé, du doute même fictif : bref, qui serait apodic-
tique. L'évidence apodictique se donne dans la conscience comme une
indubitabilité absolue *.
Elle ne peut pas être abolie puisqu'il n'y a aucun motif susceptible
d'annuler la certitude d'existence qu'elle donne.
L'impossibilité de nier, en raison de l'absence totale d'argument, est
donc le motif intrinsèque de l'évidence apodictique. L'inexistence même
d'un objet apodictique est inconcevable puisqu'il lui est intrinsèquement
nécessaire d'être posé ou pensé par la conscience.
Enfin, l'objet apodictique voit sa validité renforcée par l'intuition,
qui constate que tout converge vers son indubitable existence •.
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Réduction du monde.
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mais justifié et intégré à partir du principe actif opérant sur les données
intuitives.
Les synthèses sont immanentes puisqu'elles sont constituées par la
conscience qui est le sujet actif de leur être. Elles ne peuvent non plus
être considérées comme des entités métaphysiques, telles que les idées
platoniciennes par exemple, puisque leur motivation est fondée sur
l'expérience.
Si la chose se réduit à une unité de sens, issue de la visée motivante,
il s'ensuit que l'objectivité de toute transcendance ne s'explicite et ne
se justifie que par son rapport au sujet qui la structure. « Le monde des
« res » transcendantes se réfère entièrement à une conscience, non point
à une conscience conçue logiquement, mais à une conscience actuelle » K
Le monde des choses ne peut prétendre à l'existence que dans la mesure
où il est incorporé dans une unité subjective dont je suis actuellement
l'auteur. Ce monde est inséparable du sujet concret, il vaut par moi,
et ne devient conscient que par le moi qui, d'une façon permanente,
se trouve dans la réalité objectivée 2.
La transcendance doit être expliquée comme l'unité idéale, réalisant
la connexion ordonnée des esquisses, que le moi effectue selon les lois
de signification. La structure intrinsèque de l'objet se résout dans l'unité
des intentions qui le visent. Sans cette unité de conscience, l'objet est
impensable.
Expliquer notre comportement cognitif par une référence à la chose
en soi est donc un non-sens. « Une réalité absolue équivaut exactement
à un carré rond»*. Toute chose qui ne serait pas susceptible d'être effec-
tuée dans une motivation perceptive doit être rejetée.
Il est évident que l'être transcendant n'étant valable que par l'unité
de la pensée et n'existant que par l'accomplissement des connexions
motivées, et fondé par la conscience, n'est qu'un être relatif, privé de
toute subsistance. ... « l'ensemble du monde spatio-temporel... a en vertu
de son sens un être purement intentionnel ; il a, par conséquent, le sens
purement secondaire, relatif d'un être pour une conscience » *. C'est
un être qui s'épuise dans l'unité d'identité des apparences. Au-delà
de cette unité intentionnelle, il est un Rien 5.
1. Ibid.. d. 162.
2. Ms 1931, B I 5 III, p. 10. « Gibt es aber irgend ein Seiendes, gibt es Welt
man will Ueberwelt, die Sinn fiir mich hatte... ohne mein eigenes Sein,
Bewusstseinsleben und meine Bewusstseinsvermügen, durch die es für mic
und gewonnen hat ? ■•.
3. E. Husserl, Idées directrices pour une phénoménologie, trad, par Ricœu
4. Ibid., p. 164.
5. Ibid.
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Conclusion,
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1. E. Husserl, Idées directrices pour une phénoménologie, trad, par Ricœur, pp. 161,
182.
2. E. Husserl, Die Krisis der europâischenWissenschaften und die transzendentale
Phùnomenologie, Haag, M. Niihoff, 1954, §5 15, 28, 29, 30, 31, 34, 35.
3. Ibid., p. 130.
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Revue de méta. - N° 4, 1957. 28
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CONCLUSION GÉNÉRALE
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