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Dans la deuxième partie de notre article sur le Yi Quan, nous continuons d'explorer notre réflexion sur la notion de
l'homme debout. La revue Arts Martiaux Traditionnels d'Asie est, à notre sens, la seule qui pousse une
investigation sur les Arts Martiaux Traditionnels.
Mener une investigation, c'est porter une réflexion profonde sur un sujet, une opinion, et donc, une attitude
constructive. Nos propos ne se situent pas en opposition aux excellents travaux et enseignements réalisés par des
experts tels que : llias Caliminzos, précurseur du Yi Quan en France, Shigeru Uemura, Jean Luc Lessueur ou Karim
Aoudia. Par contre, nous sommes très sceptiques quand des tendances ou des groupements se déterminent
comme les représentants du Yi Quan authentique.
Que cache ce penchant malsain, qu'ont parfois certains pratiquants, à se présenter comme seuls dépositaires du
message d'un maître ? Se définir ainsi, c'est nier toute la part de subjectivité, de créativité mais aussi d'erreur de
l'être humain, ce n'est pas reconnaître que chaque personne porte en elle un sens différent de l'enseignement
qu'elle acquiert, qu'elle soit d'ailleurs le fils ou la fille du fondateur.
Recevoir ou vivre un enseignement en l'intégrant à ce que nous sommes fondamentalement, est sans aucun doute
un signe de santé morale, car il est donné à l'homme le privilège de pouvoir donner un sens à ce qu'il fait, c'est
d'ailleurs ce que nous essayons d'élaborer dans le cadre de cet entretien. L'évolution d'un art se fera dans la
synergie et la considération des différentes approches qui le composent.
Nous reprenons notre discussion à la suite du dernier numéro où monsieur Jean-Paul Sagniez nous signalait qu'une
correction posturale ne pouvait se faire qu'en fonction des schémas d'hyper-tonicité.
G.A.: Pour que le lecteur comprenne bien, la motilité est le moteur de la mobilité. Par les postures, on arrive à un
travail subtil où l'on active cette motilité qui serait donc liée à la mémoire vibratoire de la cellule ?
J.P.S.: Exactement ! ainsi par la mise en vibration de la cellule, on la libère imperceptiblement d'informations dont
elle est porteuse. Le corps rentre à ce moment là dans une "acceptation" de quelque chose dont il ne pouvait pas
se libérer. C'est pourquoi afin que celle alchimie subtile et profonde s'opère à l'intérieur du corps, le temps est
toujours le facteur essentiel.
G.A.: Et d'après vous, à ce moment là, il y a une auto-correction possible ?
J.P.S.: En effet, car il y a une remise en mouvement d'une sensorialité. Tout individu quel qu'il soit, ne peut
évoluer que grâce à sa sensibilité.
G.A.: Il est important que nous synthétisions pour nos lecteurs. Ainsi, un enseignant qui transmet un apprentissage
de postures, doit pouvoir amener des corrections par la prise en considération des zones d hyper-tonicité, reflets de
différents schémas corporels. Ceci ne peut lui être possible que s'il a une profonde connaissance des chaînes
musculaires et articulaires. Quand il conduit un élève vers cette éducation corporelle, il l'amène à l'émergence d'une
vitalité cellulaire, qui se libère d'une mémoire vibratoire auto-régulatrice pour le corps et l'esprit. Cette approche en
profondeur permet de renouer avec "une source vive" où, d'une certaine manière, l'adepte se recrée tant
corporellement que psychiquement.
J.P.S.: C'est du moins ce que je pense.
G.A.: Bien! il est important que, dans le prochain numéro, nous approfondissions cette perspective d'ouverture
corporelle à sa sensibilité intérieure. Je tiens cependant à signaler à nos lecteurs que cette approche séquentielle
sur la cellule du corps humain, un grand maître de Kiko japonais Kôzô Nishino, l'a élaborée pour sa méthode de
respiration. Il existe un ouvrage français, mais également des documents en anglais sur sa démarche. Maître
Tokitsu introduisit une partie de son enseignement en France, après avoir été son élève pendant plusieurs années.
A suivre…