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archéologique du centre de la
France
Colardelle Michel. Terminologie descriptive des sépultures antiques et médiévales. In: Archéologie du cimetière chrétien. Actes
du 2e colloque ARCHEA (Orléans 29 septembre-1er octobre 1994) Tours : Fédération pour l'édition de la Revue archéologique
du Centre de la France, 1996. pp. 305-310. (Supplément à la Revue archéologique du centre de la France, 11);
https://www.persee.fr/doc/sracf_1159-7151_1996_act_11_1_991
Michel COLARDELLE*1
Dans tout domaine scientifique, l'analyse repose sur • Aître : cimetière caractérisé par la présence de
un processus descriptif. Ce dernier nécessite une galeries qui servent tf ossuaires ; se rencontre au Moyen-
normalisation des termes à employer, de manière que les Âge et à l'époque moderne.
comparaisons puissent s'établir, d'une étude à l'autre,
sans risque de confusion. • Alvéole céphalique : dispositif destiné à loger la tête
Certes, le plan et la photographie constituent, en du corps inhumé pour la maintenir verticale, et
matière d'archéologie, la base documentaire principale. constitué de parois resserrées à cet effet. L'alvéole
Cependant l'étude ne peut se faire que grâce à une céphalique peut être interne à la structure principale (dallettes
terminologie incontestable, et l'expérience montre, en dressées latéralement, entaille ménagée dans
particulier pour le domaine funéraire, que l'imprécision l'épaisseur des parois sur toute la hauteur ou sur une hauteur
du vocabulaire est à l'origine de divergences supérieure à 8 cm dans le cas des sarcophages ou des
d'appréciation considérables qui rendent le débat difficile et tombes maçonnées) ou externe (logette nettement
l'utilisation des publications quasiment impossible. dégagée lorsque la sépulture est anthropomorphe).
C'est ce qui nous a conduit à proposer, pour les L'alvéole céphalique se différencie radicalement du
sépultures et nécropoles comprises entre le début de l'ère coussinet et de Y encoche céphalique.
chrétienne et l'époque post-médiévale, un lexique
descriptif. Bien entendu chacun des mots possède un • Annexefunéraire : salle fermée annexe à une église,
sens commun, trop large cependant pour convenir. Le ayant reçu des tombes, disposée parfois le long des
lexique précise donc le sens donné à chaque terme bas-côtés (mais à distinguer tes portiques), parfois d'une
utilisé pour la description des sépultures et des nécropoles, façon symétrique à l'extrémité orientale des bas-côtés
venant ainsi compléter la " chrono-typologie des (mais à distinguer des bras du transept).
sépultures " établie corrélativement par le groupe " Sud-Est "
du G.D.R. Il doit beaucoup au glossaire qui • Anthropomorphe : se dit d'un contenant de plan
accompagnait, sous la direction de Noël Duval, Naissance des tendant à épouser la forme du corps (ovale, rétréci aux
Arts chrétiens. Atlas des monuments paléochrétiens de pieds et à la tête, pourvu ou non d'un alvéole
France (Paris, Imprimerie Nationale, 1991, p. 387-404). céphalique), à l'exclusion des plans rectangulaire ou
trapézoïdal.
LEXIQUE
• Arcosolium : niche creusée dans un mur et
• Adsanctum, adsanctos : se dit des inhumations surmontée d'un arc, contenant une tombe privilégiée ou
pratiquées près du ou des " saints ", pour bénéficier de sa ou vénérée, visible ou non et destinée à marquer son
leur protection et capter ses ou leurs grâces spirituelles. importance ou faciliter, le cas échéant, sa vénération.
La volonté de se faire enterrer près des corps saints ou des Ce terme est appliqué uniquement pour l'époque
reliques2, généralement placées sous l'autel, fut à paléochrétienne à des aménagements similaires aux en-
l'origine de la densifïcation des sépultures à l'époque feux médiévaux.
paléochrétienne, et de leur pénétration dans l'église.
• Area (funéraire) : parcelle pourvue de limites
* Centre d'Ethnologie française, Musée National des Arts et (enclos), réservée à une ou plusieurs inhumations ou
Traditions Populaires, 6 avenue du Mahatma-Gandhi, 75116 incinérations, subdivision de la nécropole. On a tendance à
PARIS. voir dans ces areae, lorsque plusieurs sépultures s'y
1. Avec la collaboration de Claude RAYNAUD,Roger BOIRON,
Dominique CARRU, Isabelle CARTRON, Renée trouvent, des groupements familiaux, mais c'est peu
COLARDELLE, Michel FIXOT, Alexandrine GARNOTEL, Monique prudent car d'autres critères peuvent fonder les
JANNET, Yves MANNIEZ, Jean-François REYNAUD et Didier groupements. Le caractère familial d'une série de tombes est
PAYA.
2. Les mots en italiques renvoient à une autre définition du rarement démontrable ; seule pour l'instant
lexique. l'anthropologie peut parfois le prouver (caractères discrets).
306 Archéologie du cimetière chrétien.
• Atrium : cour bordée de portiques et pourvue d'un cercueil peut également avoir été assemblé "bois sur
bassin ou d'une fontaine. Lieu de passage du profane au bois " (chevillage, etc.), mais il est très rare de pouvoir le
sacré, il pouvait avoir la fonction d'accueillir les démontrer archéologiquement. Un cercueil dont
catéchumènes et les pénitents. Pour le haut Moyen- l'assemblage fixe ne pourrait être prouvé serait inclus dans
Âge, ce terme, très imprécis, désigne un espace la catégorie des coffrages de bois.
couvert — par exemple un portique — qui dans le cas d'une
église cimetériale peut avoir une fonction funéraire. • Chambre funéraire : grande tombe souterraine
destinée à recevoir une sépulture privilégiée dans la
• Basilique funéraire : voir église funéraire. perspective générale de l'imitation de la demeure du vivant.
Elle peut être constuite (maçonnée, dans le cas d'un
• Bâtière: voir triangulaire. mausolée ; en bois, dans le cas d'une sépulture
aristocratique de Gaule du nord ou de l'est) ; ou troglodyte
• Bisome : voir sépulture double. (catacombes). Elle est parfois surmontée d'une
superstructure bâtie.
• Bourrelets d'angles : bourrelets verticaux situés aux
quatre angles d'un sarcophage ou plus rarement d'un • Champ funéraire : terrain, hors habitat, où l'on
coffre maçonné. enterrait les morts. Terme général ou d'attente, à utiliser
en particulier lorsque les critères d'identification plus
• Brancard : " contenant " mobile de bois, destiné à précis manquent.
transporter et/ou à supporter le corps du défunt. Ce
dispositif est constitué sur le principe du cadre, quels que • Chapelle funéraire : située à l'extérieur, à l'intérieur
soient la longueur des longerons et le mode d'une église, dans le cimetière adjacent ou en tout autre
d'assemblage. lieu, chapelle construite à l'initiative et aux frais d'une
personne, d'une famille ou d'un groupe pour son ou
• Brandea : voir reliques. leur usage funéraire. On peut citer les chapelles
funéraires de familles seigneuriales, de corporations, de
• Bustum : sépulture primaire à incinération, le plus bourgeois ou de notables. Ce type de chapelles se
souvent individuelle, se caractérisant par la coïncidence multiplie à la fin du Moyen-Âge.
du bûcher et de la tombe dans la même fosse.
• Charnier : lieu d'exposition des corps en vue de leur
• Caveau: construction maçonnée souterraine putréfaction, collectif et à l'air libre (en existe-t-il durant
susceptible de recevoir plusieurs sépultures. Situé dans une les périodes antique et médiévale ?).
église ou un autre bâtiment qui lui est lié (salle capitu-
laire, cloître etc.), ou plus rarement à l'extérieur, le • Cimetière : terrain réservé aux morts, entourant une
caveau apparaît durant la deuxième partie du Moyen-Âge ou plusieurs églises, délimité par une clôture, des murs
(XIIIe siècle essentiellement). Certains dispositifs ou un fossé par exemple, et intégré à l'habitat groupé.
peuvent lui être associés : pourrissoirs, cales pour
maintenir le cercueil ou le corps au-dessus du fond, etc. • Coffrage : contenant statique du corps, complet ou
incomplet, en dalles, lauzes, tuiles, pierres d'appareil,
• Cella memoria : bâtiment privé (mausolée) destiné à moellons, galets ou planches de bois dont les éléments
abriter une ou plusieurs tombes, au niveau du sol ou (côtés, fond, couvercle) sont immobilisés par appui les
hypogée, et explicitement chrétien. Le ou les personnages uns sur les autres ainsi que par un bourrage de terre ou
qui y sont inhumés font l'objet d'une vénération (voir des calages (pierres, galets, tuiles, matériaux divers)
vénéré) particulière, pour des raisons diverses entre eux et les parois de la fosse. La section du coffrage
(donateurs, martyrs — voir martyrium — confesseurs, évê- peut être triangulaire ou quadragulaire, son plan
ques...) et suscitent donc une fréquentation plus large rectangulaire, trapézoïdal ou anthropomorphe. Le coffrage peut
que celle de la famille ou des proches du défunt. Ar- être mixte, ou maçonné.
chéologiquement cette fonction se manifeste par l'acco-
lement d'autres bâtiments funéraires ou religieux, ou • Collective: se dit d'une tombe aménagée pour
bien par la juxtaposition de sépultures plus denses plusieurs inhumations simultanées, à l'exclusion des
qu'ailleurs. inhumations successives.
• Cercueil : contenant mobile du corps, en bois, dont • Commune: se dit d'une fosse ouverte à l'avance
les éléments (côtés, fond, couvercle) sont rendus pour recevoir plusieurs inhumations échelonnées dans
solidaires par des clous ou des cornières métalliques. Le le temps. Difficile à prouver archéologiquement...
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• Complet : comporte fond, côtés et couvercle. • Entourage (de galets, de pierres...): alignement
d'éléments solides (galets, pierres, fragments de blocs
• Confession : caveau maçonné abritant un corps de mortier provenant d'une destruction, etc.)
saint, martyr ou confesseur, souvent titulaire de l'église, entourant de manière plus ou moins continue un squelette,
et situé sous le sanctuaire, parfois sous l'autel. L'accès et dénotant le plus souvent l'existence initiale
en est plus ou moins aisé (escaliers, couloirs) selon d'éléments de bois détruits auxquels ils ont servi de
l'intégration ou non à une crypte. calages.
• Hypogée : se dit d'un édifice dont le sol est situé à • Martyrium : édifice construit à l'emplacement du
un niveau inférieur à celui du terrain contemporain tombeau d'un martyr ou du lieu de sa passion. Par
environnant. extension, édifice commémoratif du même type. La
présence du tombeau ou d'un reliquaire, l'organisation
• Incinération : mode de sépulture comportant la architecturale facilitant la circulation des fidèles, les
crémation totale ou partielle du corps du défunt sur un tombes qui se pressent alentour, mais surtout un texte
bûcher (voir aussi bustum, ustrinum, urne cinéraire). sûr ou une épitaphe précise sont les critères
d'identification du martyrium.
• Incomplet : manquent un ou plusieurs éléments du
contenant (fond, côtés, couvercle). Cette qualification • Mausolée : édifice privé destiné à abriter une ou
concerne l'organisation de la tombe au moment de la plusieurs tombes, au niveau du sol ou hypogée, et
dernière inhumation, à l'exclusion de toute dépourvu d'installations liturgiques. S'applique à des
modification ultérieure (viol, accident, érosion, décomposition, monuments aussi bien païens que chrétiens.
etc.).
• Memoria : désigne tout monument du souvenir du
• Individuelle : se dit d'une tombe aménagée pour un défunt (édifice funéraire privé familial ou individuel,
seul défunt. tombe, autel, reliques). Ce terme, trop large, est
abandonné, suivant le cas, au profit de mausolée ou de cella
• Intercalaires : sépultures disposées de manière à memoria.
respecter l'emplacement d'autres aménagements
antérieurs (architectures, dispositifs liturgiques ou cultuels, • Mensa : table d'autel ou de repas. Dans un cimetière
inhumations) et dénotant par conséquent un souci d'en ou un édifice funéraire, désigne une structure prévue
préserver l'intégrité, soit qu'ils restent en fonction, soit pour un repas funéraire. Parfois, des trous en
que l'on prête attention à leur souvenir. communication avec la tombe permettaient de verser du vin et de
l'huile au moment des libations.
• Lauzes : pierres plates (longueur et largeur
supérieures à l'épaisseur) obtenues par délitage et • Mixte : utilise deux ou plusieurs matériaux (bois,
éclatement, en général dans du schiste. pierre, tuiles...).
• Libations : offrandes à la mémoire des morts, sous • Mobilier funéraire : artefacts ou offrande
forme de liquides. intentionnellement déposés avec le défunt, à l'exclusion
d'éléments mêlés au remplissage et donc fortuits.
• Linceul: pièce de tissu disposée de manière à L'inhumation habillée constitue un cas particulier du mobilier
envelopper le corps du défunt avant son inhumation, funéraire.
cousue ou fixée à l'aide d'épingles plus ou moins
spécifiques " épingles de linceul ", épingles à double • Moellons : pierres grossièrement taillées ou épan-
crochet, etc.). nelées identiques à celles utilisées couramment pour la
construction.
• Lit funéraire : couche surélevée, imitation ou
transposition du lit, destinée à supporter le corps dans un • Narthex : simple portique ou vestibule précédant
monument funéraire. la porte principale en façade occidentale. Nous
préférons éviter ce terme pour l'époque paléochrétienne en
• Loca sanctorum : lieux sanctifiés par le passage d'un Occident, afin de ne pas le confondre avec l'avant-
saint ou par la présence d'un corps saint. corps désigné par ce mot dans certaines églises
romanes.
• Logette céphalique: terme abandonné au profit
d'alvéole céphalique. • Nécropole : lieu d'inhumation à l'écart de l'habitat,
par opposition au cimetière. Ce terme doit, chaque fois
• Maçonné : le contenant statique du corps (pierres, que possible, être précisé : avec ou sans église, chrétien
tuiles, parfois bois) est consolidé par l'utilisation de ou païen, délimité ou non, de telle ou telle période...
mortier de chaux ou de mortier de tuileau.
• Offrandes funéraires : artefacts ou éléments
• Martyrial : se dit d'un culte lié à un martyr alimentaires dont les vestiges sont reconnus comme dépôt
(commémoration, pèlerinage, demande d'intercession...). Pour intentionnel destiné à accompagner le mort (voir
les édifices, voir martyrium. mobilier funéraire).
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• Orientation : sens dans lequel l'axe longitudinal de dans ce cas on pourra donner une fourchette dont le
la sépulture est disposé par rapport au nord magnétique, chiffre le plus bas constituera la distance minimale
énoncé dans l'ordre tête-pieds. possible) du sol contemporain de l'inhumation.
• Secondaire : se dit d'une sépulture qui a été • Tumulus : tertre de plus ou moins grande ampleur
déplacée pour une raison quelconque (voir réduction). destiné à marquer l'emplacement de la tombe,
Contraire : primaire. au-dessus d'elle (superstructure).
• Section : coupe transversale de la tombe. • Urne cinéraire : contenant solide (pierre, plomb,
céramique, verre) contenant les restes de l'incinération.
• Sépulture en tronc d'arbre : sarcophage creusé dans L'urne (en verre, par exemple) peut se trouver
un tronc d'arbre (donc monoxyle). Il n'est pas aisé de protégée par une autre plus solide (plomb ou pierre, par
différencier ce type de contenant du coffre de bois, sauf exemple).
dans les cas où des conditions de conservation
particulièrement favorables permettent de reconnaître à • Ustrinum : lieu, dans la nécropole, où l'on incinère
coup sûr son caractère monoxyle. les corps. Uustrinum se caractérise par le fait que les
restes humains, après la crémation, sont prélevés
• Simultanées : se dit d'inhumations dont la partiellement ou totalement pour faire l'objet d'une
simultanéité de dépôt est archéologiquement démontrée. sépulture secondaire (voir urne cinéraire).
• Stèle : en matériau dur (bois ou pierre), • Vénéré : se dit d'un tombeau privilégié contenant le
superstructure verticale placée aux pieds, à la tête voire au milieu corps d'un personnage réputé saint, martyr, confesseur,
de l'emplacement de la tombe. Cette stèle, épigraphe ou évêque, etc., objet de la vénération des fidèles.
anépigraphe, est le plus souvent abattue ou détruite. Archéologiquement, cette vénération peut se reconnaître à son
Dans ce dernier cas elle peut s'identifier par une emplacement par rapport au sanctuaire, ainsi qu'à la
structure en creux (trou de poteau). La croix (en pierre ; en présence d'installations liturgiques ou à celle d'autres
bois, mais il n'en a pas été retrouvé pour des raisons tombes qui se pressent contre elle (voir ad sanctum, ad
évidentes, alors que l'iconographie permet de savoir sanctos).
qu'elles étaient nombreuses) est l'une des variantes
formelles de la stèle. • Violation : acte délibéré de destruction partielle ou
totale de la tombe, dans le but de voler des objets ou
• Suaire : Synonyme de linceul (voir ce mot). dans celui de détruire son souvenir, à l'exclusion des
recoupements accidentels et des prélèvements de
• Successives : se dit d'inhumations pratiquées, à reliques.
intervalles variables, dans une même tombe en
superposant les corps ou en pratiquant des réductions. • Zone funéraire : synonyme de champ funéraire.