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1 Introduction
1.1 La sémantique, pourquoi et comment ?
1.1.1 Qu’est-ce que la sémantique ?
La sémantique est la discipline de la linguistique qui s’intéresse à l’interprétation
des expressions linguistiques.
• Parce que c’est un domaine qui offre des pistes de recherche originales
1
1.2 Compétence sémantique, intuitions et but de l’analyse sé-
mantique
1.2.1 Compétence sémantique et intuitions
La compétence sémantique (CS ) désigne la faculté qu’a tout individu d’interpréter
une infinité de phrases même sans les avoir entendues auparavant.
Cette connaissance est intuitive. Or puisque la tâche du linguiste est de décrire
cette compétence, il s’ensuit que le sémanticien décrit l’intuition du locuteur.
Il y a plusieurs ‘types’ d’intuitions que nous pouvons décrire. Noua allons en voir
quelques unes
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Exemple 4. Emploi des proverbes et dictons (2)
Dialogue :
A: Un médecin m’a confié que les légumes, c’est bon pour la santé. Mais
mon ami gendarme me dit que c’est des mensonges de Blancs.
B: Aouli! C’est l’eau qui sort de la bouche du caïman qui est la plus fraiche.
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Les expressions linguistiques (qui se présentent la plupart du temps si ce n’est toujours la
forme d’énoncés verbaux ou non) sont traités de la meme facon que les autres stimuli que nous
recevons du monde extérieur (e.g. bruit de mot, klaxon, sonnerie, film, fumé, etc.). Saussure a
donc eu raison de les ranger dans une même categorie: les signes.
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2.1.1 Dénotation
Proposition 1. La dénotation d’une expression linguistique peut être identifiée
à la première réaction que cette expression déclenche chez celui qui l’entend −
bien entendu en tenant pour acquis que celui-ci est un locuteur idéal de la langue
concernée 4 .
• Cet individu est appelé dénotation de Drogba Didier (en tant que nom pro-
pre)
• Que se passe-t-il quand je dis : ‘Salomon Kalou est plus fort que Didier
Drogba’ ?
– D’autres : Faux
• Conclusion :
– Les noms propres ont pour dénotent des individus/objet du monde réel
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Les énoncés d’identité Ils ont la même dénotation mais pas le même sens.
• (1-a) et (1-b) ne donnent pas les mêmes informations (i.e. (1-b) ne nous dit
rien de nouveau)
• Le sens d’une expression linguistique peut être vu comme ce qui nous per-
met de retrouver son référent (sa dénotation)
• Et si la phrase dénote une valeur de vérité, alors on peut avancer ce qui suit
:
Théorème 1 (Le sens d’un mot). Le sens d’un mot est sa contribution aux condi-
tions de vérité des phrases qu’il intègre.
Par exemple, la phrase (2) est vraie si et seulement s’il existe au moins une
personne appelée Sandrine et au moins une banane ; et que les choses soient telles
que la Sandrine en question a mangé la banane en question précisément le 07
janvier 2017.
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2.2 Créativité du langage et composition sémantique
Rappel : Tout locuteur d’une L donnée a la capacité d’interpréter une infinité de
phrases de L même sans les avoir entendues auparavant. Comment est-ce possible
?
L’homme applique une règle de composition sémantique (Frege 1892b) que nous
allons décrire maintenant.
Terminologie
Saturer = remplir (les trous)
Saturation = action de saturer
Concept = ‘sens’ insaturé (i.e. avec des trous à l’intérieur)
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b.
(4)
(5) RIT
ex:
On obtiendrait ceci :
(6)
7
Figure 1: × 2 →
Concepts peuvent être vus comme des fonctions On pourrait aussi représenter
la fonction f comme ceci:
(7) f: ×2=
Si f prend un nombre, et lui associe son double ; rit prend un individu et lui asso-
cie une valeur de vérité. En voici un autre exemple.
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Figure 2: est-footballeur : EST- FOOTBALLEUR
Un peu de notation Nous allons maintenant adopter une notation plus ‘choco’
pour nos fonctions.
– f : f (x) = y
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2.2.3 Les concepts comme ensembles
Les concepts peuvent être aussi vus comme des ensembles. Par exemple, nous
avons traité le concept footballeur5 comme une fonction qui associe aux individus
une valeur de vérité. Mais il est aussi possible de le traiter comme un ensem-
ble : l’ensemble des footballeurs (i.e. l’ensemble des individus pour lesquels la
fonction footballeur renvoie la valeur ‘Vrai’)
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Relation et opérations sur les ensembles
Définition 3 (Inclusion). Quel que soit l’ensemble qu’on considère (appelons-le
A), il existe un ensemble B dont tous les éléments sont aussi des éléments de A.
Cet ensemble est appelé sous-ensemble de A ou partie de A.
On note B ⊆ A et on lit B est inclu dans A
Définition 4 (Union). Si on considère deux ensembles quels qu’ils soient - disons
A et B - il existe un ensemble C dont les éléments sont tous les éléments de A et
de B - soit tous éléments qui appartiennent soit à A soit à B.
Cet ensemble est appelé union de A et B.
On note C = A ∪ B et on lit A union B
Définition 5 (Intersection). Si on considère deux ensembles quels qu’ils soient -
disons A et B - il existe un ensemble C dont les éléments sont tous les éléments
qui appartiennent soit à A soit à B.
Cet ensemble est appelé intersection de A et B.
On note C = A ∩ B et on lit A inter B
Définition 6 (Produit cartésien (de deux ensembles)). Si on considère deux en-
sembles quels qu’ils soient - disons A et B - il existe un ensemble C qui est
l’ensemble des couples dont le premier élément appartient a A et le deuxième
a B.
C est le produit cartésien de A et B.
On note C = A × B et on lit A croix B
On peut aussi écrire C = {ha, bi | a ∈ A et b ∈ B}
Remarque 2. Dans cet genre d’ensembles, l’ordre compte. ha, bi =
6 hb, ai. Aussi
A × B 6= B × A.
De même, on peut construire le produit cartésien de n ensembles. Ainsi que
le produit cartésien d’un même ensemble n fois. Dans ce dernier cas, on parle de
souvent de puissance cartésienne ni eme de cet ensemble
Définition 7 (Puissance cartésienne (n-uplets)). Si on considère un ensemble quel
× ... × A} = An
qu’il soit - disons A - il existe un ensemble B tel que B = |A × A {z
n times
Avec An = {(x1 , x2 , ..., xn ) | xi ∈ A, 1 6 i 6 n}
Les éléments d’un tel ensemble sont appelés n-uplets. B est appelé puissance
n-ième de A.
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Une autre notation est possible : la notation en forme de mots.
Notation 5 (Notation en forme de mot). Si on considère un ensemble quel qu’il
× ... × A} = An
soit - disons A - il existe un ensemble B tel que B = |A × A {z
n times
Avec An = {x1 x2 ... xn | xi ∈ A, 1 6 i 6 n}
Relations Il arrive que les éléments d’un même ensemble, ou d’ensembles dif-
férents entretiennent une certaine relation. Par exemple, dans l’exemple 7, Yao
entretient une relation de paternité avec Aya. On dit que la relation de paternité
est définie sur l’ensemble H des humains. De même, si on considère l’ensemble
H des humains et l’ensemble V des voitures, il est facile de se rendre compte qu’il
existe des éléments de l’ensemble H qui sont en relation de possession avec un
ou plusieurs éléments de l’ensemble V (i.e. certains humains possèdent une ou
plusieurs voitures) On dit alors que la relation de possession est une relation de H
vers V.
Notation 6. Si x entretient avec y une relation R donnée, on écrira hx, yiR ou
x R y.
De façon formelle, une relation est un ensemble de couples
Définition 8 (Relation). Soit deux ensembles A et B, Si R est une relation de A
vers B, alors R ⊆ A × B.
2.3.2 Fonctions
Nous avons déjà vu de façon informelle qu’est-ce qu’une fonction. Nous allons
maintenant essayer de la caractériser un peu plus formellement, sans toutefois
entrer dans des considérations assez techniques.
Une fonction est un type particulier de relations. Seulement, à la différence
des relations que nous avons déjà vues, une relation fonctionnelle − ou fonction
− est une relation qu est construite de sorte à faire correspondre à un élément d’un
ensemble, un et un seul élément d’un (autre) ensemble.
Notation et terminologie
On considère la fonction f qui à chaque élément de l’ensemble
A = {k,g,b,a} associe la majuscule correspondante dans l’ensemble
B ={K,G,B,A}
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Notation 7.
f : A→B
x 7→ y ssi y est la majuscule correspondant à x
Terminologie
A est appelé domaine, domaine de définition ou encore ensemble de définition
de f
B est appelé co-domaine de f
x est appelé argument de f
y est appelé image de x par f.
k 7→ K
Les ensembles comme fonctions On sait aussi que tout ce qu’il faut pour con-
naitre un ensemble, c’est savoir qui est dedans et qui ne l’est pas.
Cette information peut être rendu par une fonction 6 qui associe aux éléments d’un
ensemble de référence, les éléments d’un ensemble binaire (e.g. {Vrai,Faux},
{Oui,Non} ou, plus couramment, {1,0}).
χA : U → {1, 0}
x 7→ 1 ssi x ∈ A
x 7→ 0 ssi x ∈
/A
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3 La logique des prédicats
La logique/calcul des prédicats est un langage formel. En tant que tel, il possède
un vocabulaire (i.e. constantes, variables, prédicats, connecteurs 7 ), une syntaxe
et une sémantique.
On utilise la logique des prédicats pour formaliser l’intuition des locuteurs en ce
qui concerne le sens des phrases de leur langue. Cela vient du fait que la logique
des prédicats a une sémantique précise, non ambiguë et bien connue. De ce fait,
elle oblige le chercheur à produire des analyses précises et testables.
3.1 Vocabulaire
3.1.1 Prédicats
Les prédicats sont des symboles représentant des concepts.
Exemple 14. est le père de est un prédicat d’arité 2 ou prédicat binaire parce qu’il
prend 2 arguments.
infirmier est un prédicat unaire ou d’arité 1 parce qu’il prend un seul argument.
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Pour la définition de ces concepts, voir Manuel de L. Roussarie, ch2.
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Application 1
• Les noms, les adjectifs non relationnels, les verbes intransitifs, sont des
prédicats unaires
Exercice 2. Quel est l’arité des noms et des adjectifs relationnels (e.g. amoureux,
fils, mère) ?
Les prédicats dénotent des concepts Connaitre le sens d’un prédicat, c’est
pouvoir dire pour un individu donné s’il appartient ou pas à la catégorie dénotée
par ce prédicat. Par exemple, connaitre le sens du prédicat oiseau c’est savoir quel
individu peut être ou non appelé oiseau. Quand un enfant appelle oiseau tout ce
qui a des ailes, on dit qu’il n’a pas encore acquis le sens de ce mot, n’est-ce pas ?
Application 2
U = {A LI , M OUSSA
, YAO , D IGBEU , A YA}
YAO 7→ 1
D IGBEU 7→ 1
R F(INFIRMIER) = M OUSSA →
7 0
AYA 7→ 0
A LI 7→ 1
Mais puisque nous avons vu que les concepts peuvent être aussi représentées par
des ensembles, nous pouvons avancer ce qui suit :
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Application 3
Application 4
Les noms propres se traduisent en logique des prédicats par des constantes
d’individu.
Remarque 5. En fait, on peut aussi les traduire par des prédicats unaires (cf.
Kleiber 1981, Akpoué 2016 voir 2e partie du cours).
Application 5
Les pronoms se traduisent souvent en logique des prédicats par des variables.
Définition 12 (Vocabulaire de LO (VLO ) (1)). VLO est le plus petit ensemble con-
tenant :
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• Un ensemble de constantes d’individus (i.e. {A; B; C; ...})
• Si α est un terme, alors α est une variable d’individu ou α est une constante
d’individu.
3.2 Syntaxe
Règle 1 (Syntaxe de LO(1)). (voir aussi Restitution du cours de Dayal)
Sy1a. Si PRED est un prédicat n-aire et t1 , t2 , ..., tn sont des termes, alors
PRED (t1 , t2 , ..., tn ) est une formule bien formée.
Sy1b. Si A et B sont des formules bien formées, alors ¬A, [A ∨ B], [A ∧ B],
[A → B], [A ↔ B] et ¬A le sont aussi.
3.3 Sémantique
On interprète les formules de LOselon deux paramètres en général : un Modèle, et
une fonction d’assignation.
Un modèle peut être vu grosso-modo comme une sorte de copie mental du
monde. Il contient tout ce qu’il y a à savoir sur ce monde. Plus précisément, il
contient deux éléments :
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Définition 14 (Modèle). Soit un modèle M.
M = hU,Fi
où U est un ensemble d’individus et F une fonction telle que si α est une con-
stante, F(α) ∈ U ; et si α est un prédicat, F(α) ⊆ U n .
Le deuxième paramètre est une fonction d’assignation − appelons-la g. Elle
ressemble un peu à F sauf qu’elle s’occupe uniquement des variables.
Définition 15 (Fonction d’assignation). Pour tout modèle M= hU,Fi,
g est la fonction telle que si x est une variable, alors g(x) ∈ U.
Notation 8 (Valeur sémantique d’une expression). Soit A une formule,
a. JAK désigne la valeur sémantique de A.
Se2a. JPRED(t1 , ..., tn )KM,g = 1 ssi hJt1 KM,g , ..., Jtn KM,g i ∈ JPREDKM,g
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Références & lectures supplémentaires
Laurent Roussarie. Manuel de sémantique formelle. 2016.
Josué Akpoué. Noms propres et parenté génétique dans les langues Kwa. Mé-
moire de maitrise, Université Félix Houphouët-Boigny, Abidjan, 2016.
Glottlob Frege. Über begriff und gegenstand. 16:192 – 205, 1892b. Trad. fr.
Concept et objet, in Ecrits logiques et philosophiques (pp. 127–154), Paris :
Seuil, 1971.
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