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SEF 7605-1 Sémantique vériconditionnelle et

logique des prédicats

L3, Handout, 2017

1 Introduction
1.1 La sémantique, pourquoi et comment ?
1.1.1 Qu’est-ce que la sémantique ?
La sémantique est la discipline de la linguistique qui s’intéresse à l’interprétation
des expressions linguistiques.

• Les mots (i.e. Sémantique lexicale)

• Les syntagmes (i.e. Sémantique compositionnelle)

1.1.2 La sémantique, pourquoi ?


• Parce que toute description d’une langue qui n’inclut pas la sémantique est
incomplète

• Parce que c’est un domaine qui offre des pistes de recherche originales

• Parce que personne ne maîtrise nos langues que nous mêmes

• Parce qu’il y a très peu de sémanticiens africains

1
1.2 Compétence sémantique, intuitions et but de l’analyse sé-
mantique
1.2.1 Compétence sémantique et intuitions
La compétence sémantique (CS ) désigne la faculté qu’a tout individu d’interpréter
une infinité de phrases même sans les avoir entendues auparavant.
Cette connaissance est intuitive. Or puisque la tâche du linguiste est de décrire
cette compétence, il s’ensuit que le sémanticien décrit l’intuition du locuteur.
Il y a plusieurs ‘types’ d’intuitions que nous pouvons décrire. Noua allons en voir
quelques unes

1.2.2 Conséquence logique


Définition 1 (Conséquence logique). Soit deux phrases A et B, B est la con-
séquence logique de A ssi1 B est vrai toute fois que A l’est aussi.
On peut aussi dire dans ce cas : A entraine B
Notation 1. Soit deux phrases A et B,
Si A entraine B, on note A |= B
Exemple 1. Conséquence logique
A: Ali a un Citroen C4 Picasso.
B: Ali a une voiture.
A |= B

1.2.3 Felicity conditions


• Toutes les phrases ne sont pas appropriées à tous ;les contextes.
• Felicity conditions = conditions de bon usage.
Exemple 2. #2 Le roi de Côte d’Ivoire.
Raison: La Côte d’Ivoire n’a pas de roi.
Exemple 3. Emploi des proverbes et dictons (1)
Dialogue :
A: J’ai bien dormi cette nuit
B: # Qui veut voir le Pape se rend à Rome.
1
si et seulement si
2
Nous utilisons ce symbole pour signifier que cette phase est inappropriée dans ce contexte

2
Exemple 4. Emploi des proverbes et dictons (2)
Dialogue :
A: Un médecin m’a confié que les légumes, c’est bon pour la santé. Mais
mon ami gendarme me dit que c’est des mensonges de Blancs.
B: Aouli! C’est l’eau qui sort de la bouche du caïman qui est la plus fraiche.

1.3 Introduction à la Sémantique formelle


1.3.1 Présentation
La sémantique formelle désigne un ensemble de théories sémantiques (ou pro-
gramme de recherche en sémantique) qui utilise les outils logico-mathématiques.

1.3.2 Pourquoi une approche formelle


Il a souvent été clamé que le sens n’est pas quelque chose de calculable. Peut-être.
Mais, il n’est pas non plus arbitraire !
L’être humain perçoit le monde qui l’entoure et le sens des expressions linguis-
tiques suivant des protocoles précis descriptibles en termes d’algorithmes 3 . Il est
donc possible théoriquement d’écrire un algorithme qui servirait à dérire la façon
dont les Africains interprètent les énoncés de leurs langues.
De plus, si l’approche formelle ne nous immunise pas contre les erreurs, à tout
le moins, elle nous amène à produire des analyses qui se prêtent volontiers à des
vérifications empiriques (i.e. qui peuvent être validées ou invalidées par des ex-
périmentations).

2 Introduction à la sémantique vériconditionnelle


2.1 Le sens comme condition de vérité
cf. Frege 1892a

3
Les expressions linguistiques (qui se présentent la plupart du temps si ce n’est toujours la
forme d’énoncés verbaux ou non) sont traités de la meme facon que les autres stimuli que nous
recevons du monde extérieur (e.g. bruit de mot, klaxon, sonnerie, film, fumé, etc.). Saussure a
donc eu raison de les ranger dans une même categorie: les signes.

3
2.1.1 Dénotation
Proposition 1. La dénotation d’une expression linguistique peut être identifiée
à la première réaction que cette expression déclenche chez celui qui l’entend −
bien entendu en tenant pour acquis que celui-ci est un locuteur idéal de la langue
concernée 4 .

• Si je dis Drogba Didier, votre première réaction sera de penser à l’individu


designé par ce nom.

• Cet individu est appelé dénotation de Drogba Didier (en tant que nom pro-
pre)

• Que se passe-t-il quand je dis : ‘Salomon Kalou est plus fort que Didier
Drogba’ ?

– Certains diront : (c’est) Vrai

– D’autres : Faux

• Conclusion :

– Les noms propres ont pour dénotent des individus/objet du monde réel

– Les phrases dénotent des valeurs de vérité

2.1.2 Sens vs dénotation


Frege (1892a) distingue la dénotation du sens. Pourquoi ?

Les expressions sans dénotation (e.g. Le roi de France). Cette expression ne


désigne rien puisque la France n’a pas de roi − mais plutôt un président. Mais
elle a un sens.
4
Dénotation = référent

4
Les énoncés d’identité Ils ont la même dénotation mais pas le même sens.

(1) a. Abidjan est la perle des lagunes.


b. Abidjan est Abidjan.

• (1-a) et (1-b) ne donnent pas les mêmes informations (i.e. (1-b) ne nous dit
rien de nouveau)

• C’est quoi alors, le sens ?

• Le sens d’une expression linguistique peut être vu comme ce qui nous per-
met de retrouver son référent (sa dénotation)

2.1.3 Sens et conditions de vérité


• Si le sens d’une expression linguistique peut être vu comme ce qui nous
permet de retrouver son référent,

• Et si la phrase dénote une valeur de vérité, alors on peut avancer ce qui suit
:

Proposition 2. Le sens d’une phrase est l’ensemble de ses conditions de vérité.

De la proposition 2 découle le théorème suivant :

Théorème 1 (Le sens d’un mot). Le sens d’un mot est sa contribution aux condi-
tions de vérité des phrases qu’il intègre.

Mais au fait, c’est quoi les conditions de vérité ?

Définition 2 (Conditions de vérité). Les conditions de vérité d’une phrase désig-


nent la façon dont le monde doit être pour que cette phrase soit vraie.

Par exemple, la phrase (2) est vraie si et seulement s’il existe au moins une
personne appelée Sandrine et au moins une banane ; et que les choses soient telles
que la Sandrine en question a mangé la banane en question précisément le 07
janvier 2017.

(2) Sandrine a mangé une banane le 7 janvier 2017.

5
2.2 Créativité du langage et composition sémantique
Rappel : Tout locuteur d’une L donnée a la capacité d’interpréter une infinité de
phrases de L même sans les avoir entendues auparavant. Comment est-ce possible
?
L’homme applique une règle de composition sémantique (Frege 1892b) que nous
allons décrire maintenant.

2.2.1 La prédication est saturation


• De façon basique, la prédication sert à parler des individus.

– Dire à quelle catégorie ils appartiennent


Exemple 5. Yao est (un) infirmier (i.e. Il appartient à la catégorie des
infirmiers)
Exemple 6. Moussa est (un) chauffeur. (i.e. Il appartient à la catégorie
des chauffeurs)
– Dire quelles sont les relations qu’ils entretiennent et avec qui.
Exemple 7. Yao est le père de Aya. (i.e. Yao entretient une relation
de paternité avec Aya)

Nous avançons ce qui suit :

Conjecture 1 (Composition sémantique (1)). (cf. Frege 1892b)


La prédication consiste à saturer des concepts.

Terminologie
Saturer = remplir (les trous)
Saturation = action de saturer
Concept = ‘sens’ insaturé (i.e. avec des trous à l’intérieur)

Essai de démonstration de la conjecture 1. Représentons le sens le sens de (3-a)


par (3-b)

(3) a. Cauphy Gombo rit.

6
b.

On peut ainsi déduire le sens de rit en enlevant de (3-b).


On obtient ainsi quelque-chose comme (4).

(4)

On peut aussi noter (4) de façon ‘linéaire’ :

(5) RIT

(Re)construire (3-b), revient alors à saturer (i.e. remplir) (4) avec .


On peut aussi construire une autre proposition en remplissant (4) avec un autre
individu

ex:
On obtiendrait ceci :

(6)

Donc, la prédication consiste bien en une saturation de concept − ici RIT .

2.2.2 Les concepts comme fonctions


Notion de fonction

7
Figure 1: × 2 →

La Figure ci-dessus est la représentation d’une fonction − appelons-la f.


Une fonction peut donc être est comme quelque chose qui prend un élément dans
un ensemble donné et lui associe un élément d’un ensemble donné.

Concepts peuvent être vus comme des fonctions On pourrait aussi représenter
la fonction f comme ceci:

(7) f: ×2=

De même, dans (3-a), rit est le nom d’une fonction.

(8) rit : RIT

Si f prend un nombre, et lui associe son double ; rit prend un individu et lui asso-
cie une valeur de vérité. En voici un autre exemple.

8
Figure 2: est-footballeur : EST- FOOTBALLEUR

La fonction que dénote est-footballeur peut être représentée de cette comme


toutes les autres fonctions que nous avons vues jusqu’ici :

(9) est-footballeur : EST- FOOTBALLEUR

Un peu de notation Nous allons maintenant adopter une notation plus ‘choco’
pour nos fonctions.

i Nous allons remplacer ‘ ’ par une lettre en italique, en général x, y ou z.

ii Nous allons encadrer cette lettre par des ()

iii et mettre le tout a la fin du nom de la fonction.

Exemple 8. Exemples de fonctions

– f : f (x) = y

– est-footballeur : est-footballeur(x) = y où y = Vrai, y = Faux.

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2.2.3 Les concepts comme ensembles
Les concepts peuvent être aussi vus comme des ensembles. Par exemple, nous
avons traité le concept footballeur5 comme une fonction qui associe aux individus
une valeur de vérité. Mais il est aussi possible de le traiter comme un ensem-
ble : l’ensemble des footballeurs (i.e. l’ensemble des individus pour lesquels la
fonction footballeur renvoie la valeur ‘Vrai’)

2.3 Petit tutoriel sur les ensembles et les fonctions


2.3.1 Ensembles
Un ensemble est simplement un groupe d’objets. Tout la théorie des ensembles
est basée sur la notion d’appartenance. Parce que tout ce qu’il faut pour connaitre
un ensemble, c’est savoir qui est dedans et qui ne l’est pas.
Notation 2. Pour tout objet a et tout ensemble A, si a est dans A, on note a ∈ A ;
et on lit a appartient à A.
Il y a donc deux façons de décrire un ensemble.
Notation 3 (Notation en extension). Pour tout ensemble A qui contient exacte-
ment les éléments a, b, c et d, on note A = {a, b, c, d}

Exemple 9. Année = {Janvier, Février, Mars, ..., Décembre}


Remarque 1. Dans une définition en extension d’un ensemble,
• L’ordre ne compte pas.
Exemple 10. {a,b} = {b,a}

• Le nombre d’occurrence d’une unité ne compte pas non plus.


Exemple 11. {a,a,a} = {a}

Notation 4 (Notation en intension). Un ensemble A peut être également noté


comme suit : A = {x : critères à remplir pour appartenir à A} On lit A est
l’ensemble des individus x tels que x ...
Exemple 12. Année = {x : x est un mois de l’année.}
5
est-footballeur peut être réduit à footballeur puisque est est sémantiquement vide

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Relation et opérations sur les ensembles
Définition 3 (Inclusion). Quel que soit l’ensemble qu’on considère (appelons-le
A), il existe un ensemble B dont tous les éléments sont aussi des éléments de A.
Cet ensemble est appelé sous-ensemble de A ou partie de A.
On note B ⊆ A et on lit B est inclu dans A
Définition 4 (Union). Si on considère deux ensembles quels qu’ils soient - disons
A et B - il existe un ensemble C dont les éléments sont tous les éléments de A et
de B - soit tous éléments qui appartiennent soit à A soit à B.
Cet ensemble est appelé union de A et B.
On note C = A ∪ B et on lit A union B
Définition 5 (Intersection). Si on considère deux ensembles quels qu’ils soient -
disons A et B - il existe un ensemble C dont les éléments sont tous les éléments
qui appartiennent soit à A soit à B.
Cet ensemble est appelé intersection de A et B.
On note C = A ∩ B et on lit A inter B
Définition 6 (Produit cartésien (de deux ensembles)). Si on considère deux en-
sembles quels qu’ils soient - disons A et B - il existe un ensemble C qui est
l’ensemble des couples dont le premier élément appartient a A et le deuxième
a B.
C est le produit cartésien de A et B.
On note C = A × B et on lit A croix B
On peut aussi écrire C = {ha, bi | a ∈ A et b ∈ B}
Remarque 2. Dans cet genre d’ensembles, l’ordre compte. ha, bi =
6 hb, ai. Aussi
A × B 6= B × A.
De même, on peut construire le produit cartésien de n ensembles. Ainsi que
le produit cartésien d’un même ensemble n fois. Dans ce dernier cas, on parle de
souvent de puissance cartésienne ni eme de cet ensemble
Définition 7 (Puissance cartésienne (n-uplets)). Si on considère un ensemble quel
× ... × A} = An
qu’il soit - disons A - il existe un ensemble B tel que B = |A × A {z
n times
Avec An = {(x1 , x2 , ..., xn ) | xi ∈ A, 1 6 i 6 n}

Les éléments d’un tel ensemble sont appelés n-uplets. B est appelé puissance
n-ième de A.

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Une autre notation est possible : la notation en forme de mots.
Notation 5 (Notation en forme de mot). Si on considère un ensemble quel qu’il
× ... × A} = An
soit - disons A - il existe un ensemble B tel que B = |A × A {z
n times
Avec An = {x1 x2 ... xn | xi ∈ A, 1 6 i 6 n}

Relations Il arrive que les éléments d’un même ensemble, ou d’ensembles dif-
férents entretiennent une certaine relation. Par exemple, dans l’exemple 7, Yao
entretient une relation de paternité avec Aya. On dit que la relation de paternité
est définie sur l’ensemble H des humains. De même, si on considère l’ensemble
H des humains et l’ensemble V des voitures, il est facile de se rendre compte qu’il
existe des éléments de l’ensemble H qui sont en relation de possession avec un
ou plusieurs éléments de l’ensemble V (i.e. certains humains possèdent une ou
plusieurs voitures) On dit alors que la relation de possession est une relation de H
vers V.
Notation 6. Si x entretient avec y une relation R donnée, on écrira hx, yiR ou
x R y.
De façon formelle, une relation est un ensemble de couples
Définition 8 (Relation). Soit deux ensembles A et B, Si R est une relation de A
vers B, alors R ⊆ A × B.

2.3.2 Fonctions
Nous avons déjà vu de façon informelle qu’est-ce qu’une fonction. Nous allons
maintenant essayer de la caractériser un peu plus formellement, sans toutefois
entrer dans des considérations assez techniques.
Une fonction est un type particulier de relations. Seulement, à la différence
des relations que nous avons déjà vues, une relation fonctionnelle − ou fonction
− est une relation qu est construite de sorte à faire correspondre à un élément d’un
ensemble, un et un seul élément d’un (autre) ensemble.

Notation et terminologie
On considère la fonction f qui à chaque élément de l’ensemble
A = {k,g,b,a} associe la majuscule correspondante dans l’ensemble
B ={K,G,B,A}

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Notation 7.

f : A→B
x 7→ y ssi y est la majuscule correspondant à x

Terminologie
A est appelé domaine, domaine de définition ou encore ensemble de définition
de f
B est appelé co-domaine de f
x est appelé argument de f
y est appelé image de x par f.

Il est également possible de représenter f comme suit :


 
a 7→ A
 b 7→ B 
f := 
 g 7→ G 

k 7→ K

Les ensembles comme fonctions On sait aussi que tout ce qu’il faut pour con-
naitre un ensemble, c’est savoir qui est dedans et qui ne l’est pas.
Cette information peut être rendu par une fonction 6 qui associe aux éléments d’un
ensemble de référence, les éléments d’un ensemble binaire (e.g. {Vrai,Faux},
{Oui,Non} ou, plus couramment, {1,0}).

Définition 9 (Fonction caractéristique). La fonction caractéristique d’un ensem-


ble A donné est

χA : U → {1, 0}
x 7→ 1 ssi x ∈ A
x 7→ 0 ssi x ∈
/A

Exercice 1. 1. Représenter le concept de paternité en sachant que les concepts


sont des fonctions.

2. Définissez la fonction caractéristique de rire.


6
Pour une introduction aux fonctions, voir Roussarie, Notions de base: ensembles et fonctions,
§3, spécifiquement les pages 8 - 10.

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3 La logique des prédicats
La logique/calcul des prédicats est un langage formel. En tant que tel, il possède
un vocabulaire (i.e. constantes, variables, prédicats, connecteurs 7 ), une syntaxe
et une sémantique.
On utilise la logique des prédicats pour formaliser l’intuition des locuteurs en ce
qui concerne le sens des phrases de leur langue. Cela vient du fait que la logique
des prédicats a une sémantique précise, non ambiguë et bien connue. De ce fait,
elle oblige le chercheur à produire des analyses précises et testables.

3.1 Vocabulaire
3.1.1 Prédicats
Les prédicats sont des symboles représentant des concepts.

Arguments et arité d’un prédicat

Définition 10 (Argument). (cf. Roussarie 2016, ch. 2)


On appelle argument d’un prédicat, ce à quoi s’applique ou ce que concerne ce
prédicat.

Exemple 13. Dans l’exemple 5, Yao est l’argument de est beau


De même, dans l’exemple 7, Yao et Aya sont les arguments de est le père de

Définition 11 (Arité). On appelle arité d’un prédicat, le nombre d’arguments qu’il


nécessite.

Exemple 14. est le père de est un prédicat d’arité 2 ou prédicat binaire parce qu’il
prend 2 arguments.
infirmier est un prédicat unaire ou d’arité 1 parce qu’il prend un seul argument.
7
Pour la définition de ces concepts, voir Manuel de L. Roussarie, ch2.

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Application 1

• Les noms, les adjectifs non relationnels, les verbes intransitifs, sont des
prédicats unaires

• Les verbes transitifs sont des prédicats binaires

• Les verbes ditransitifs (i.e. qui admettent deux compléments d’objets)sont


des prédicats ternaires (i.e. d’arité 3)

Remarque 3. Les prédicats ont une arité fixe.

Remarque 4. Les clauses de l’Application 1 sont données à titre indicatif et seront


modifiées dans la deuxième partie de ce cours.

Exercice 2. Quel est l’arité des noms et des adjectifs relationnels (e.g. amoureux,
fils, mère) ?

Les prédicats dénotent des concepts Connaitre le sens d’un prédicat, c’est
pouvoir dire pour un individu donné s’il appartient ou pas à la catégorie dénotée
par ce prédicat. Par exemple, connaitre le sens du prédicat oiseau c’est savoir quel
individu peut être ou non appelé oiseau. Quand un enfant appelle oiseau tout ce
qui a des ailes, on dit qu’il n’a pas encore acquis le sens de ce mot, n’est-ce pas ?

Application 2
U = {A LI , M OUSSA
 , YAO , D IGBEU , A YA}
YAO 7→ 1
 D IGBEU 7→ 1 
 
R F(INFIRMIER) =  M OUSSA →
7 0 

 AYA 7→ 0 
A LI 7→ 1

Mais puisque nous avons vu que les concepts peuvent être aussi représentées par
des ensembles, nous pouvons avancer ce qui suit :

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Application 3

• Les prédicats unaires dénotent un ensemble d’individus

• Les prédicats binaires dénotent un ensemble de couples (i.e. des objets


comme ceci < a, b >)

• Les prédicats d’arité 3 dénotent un ensemble de triplets (i.e. des objets


comme ceci < a, b, c >)

Néanmoins, nous aurons au cours la représentation fonctionnelle des concepts,


dans la plupart des cas.

Exercice 3. On donne le prédicat CHAUFFEUR tel que R F(CHAUFFEUR) = {AYA ,


M OUSSA}, Donnez une repésentation fonctionnelle de ce prédicat.

3.1.2 Constantes et variables d’individus


Constante d’individu Les constantes sont des symboles avec une dénotation
stable (i.e. ils réfèrent toujours au même individu)

Application 4
Les noms propres se traduisent en logique des prédicats par des constantes
d’individu.

Remarque 5. En fait, on peut aussi les traduire par des prédicats unaires (cf.
Kleiber 1981, Akpoué 2016 voir 2e partie du cours).

Variable d’individu Les variables n’ont pas un référent unique, permanent,


préétabli. Ils ont une dénotation changeante, comme des ‘caméléons’.

Application 5
Les pronoms se traduisent souvent en logique des prédicats par des variables.

Définition 12 (Vocabulaire de LO (VLO ) (1)). VLO est le plus petit ensemble con-
tenant :

• Un ensemble de variables d’individus (i.e. {xi | i ∈ N })

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• Un ensemble de constantes d’individus (i.e. {A; B; C; ...})

• Un ensemble de prédicats (i.e. {INFIRMIER; RIRE; FOOTBALLEUR; ...})

• Un ensemble de symboles logiques (i.e. {→; ↔; ∨; ∧; ¬; =})

Définition 13 (Terme). Nous donnons des termes la définition suivante.

• Si α est un terme, alors α est une variable d’individu ou α est une constante
d’individu.

• Rien d’autre ne correspond à un terme.

3.2 Syntaxe
Règle 1 (Syntaxe de LO(1)). (voir aussi Restitution du cours de Dayal)

Sy1a. Si PRED est un prédicat n-aire et t1 , t2 , ..., tn sont des termes, alors
PRED (t1 , t2 , ..., tn ) est une formule bien formée.

Sy1b. Si A et B sont des formules bien formées, alors ¬A, [A ∨ B], [A ∧ B],
[A → B], [A ↔ B] et ¬A le sont aussi.

Sy1c. Si t1 et t2 sont des termes, alors t1 = t2 le sont aussi.

3.3 Sémantique
On interprète les formules de LOselon deux paramètres en général : un Modèle, et
une fonction d’assignation.
Un modèle peut être vu grosso-modo comme une sorte de copie mental du
monde. Il contient tout ce qu’il y a à savoir sur ce monde. Plus précisément, il
contient deux éléments :

• Un domaine contenant tous les individus dont on veut parler − appelons-le


U. Un tel ensemble est souvent nommé domaine de référence

• Une fonction qui retourne la dénotation des constantes et des prédicats −


appelons-la F.

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Définition 14 (Modèle). Soit un modèle M.
M = hU,Fi
où U est un ensemble d’individus et F une fonction telle que si α est une con-
stante, F(α) ∈ U ; et si α est un prédicat, F(α) ⊆ U n .
Le deuxième paramètre est une fonction d’assignation − appelons-la g. Elle
ressemble un peu à F sauf qu’elle s’occupe uniquement des variables.
Définition 15 (Fonction d’assignation). Pour tout modèle M= hU,Fi,
g est la fonction telle que si x est une variable, alors g(x) ∈ U.
Notation 8 (Valeur sémantique d’une expression). Soit A une formule,
a. JAK désigne la valeur sémantique de A.

b. JAKb,c désigne la valeur sémantique de A par rapport aux paramètres b et


c.
Règle 2 (Sémantique de LO (1)). (voir aussi Restitution du cours de Dayal)

Se1a. Si α est un prédicat ou une constante, JαKM,g = F(α)

Se1b. Si α est une variable, JαKM,g = g(α)


Règle 3 (Sémantique de LO (2)). (voir aussi Restitution du cours de Dayal)
Pour toutes formules A et B, tout prédicat n-aire PRED et tous termes PRED(t1 ..., tn );

Se2a. JPRED(t1 , ..., tn )KM,g = 1 ssi hJt1 KM,g , ..., Jtn KM,g i ∈ JPREDKM,g

Se2b. J[A ∧ B]KM,g = 1 ssi JAKM,g = 1 et JBKM,g = 1

Se2c. J[A ∨ B]KM,g = 1 ssi JAKM,g = 1 ou JBKM,g = 1

Se2d. J[A → B]KM,g = 1 ssi JAKM,g = 0 ou JBKM,g = 1

Se2e. J[A ↔ B]KM,g = 1 ssi JAKM,g = JBKM,g

Se2f. J¬AKM,g = 1 ssi JAKM,g = 0

Se2g. Jti = tj KM,g = 1 ssi Jti KM,g = Jtj KM,g

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Références & lectures supplémentaires
Laurent Roussarie. Manuel de sémantique formelle. 2016.

Georges Kleiber. Problèmes de référence. Descriptions définies et noms propres.


Klincksieck, 1981.

Josué Akpoué. Noms propres et parenté génétique dans les langues Kwa. Mé-
moire de maitrise, Université Félix Houphouët-Boigny, Abidjan, 2016.

Richard Montague. English as a formal language. 1970.

Paul Portner. What is meaning?: Fundamentals of formal semantics. 2005.

Glottlob Frege. Über sinn und bedeutung. pages 20 – 50, 1892a.

Glottlob Frege. Über begriff und gegenstand. 16:192 – 205, 1892b. Trad. fr.
Concept et objet, in Ecrits logiques et philosophiques (pp. 127–154), Paris :
Seuil, 1971.

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