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Éléments Finis

4ème année ENSAM (2018-2019)

Université Moulay Ismail

Mohamed Berrada Mohammed Hadda

ENSAM de Meknès
Université Moulay Ismail

M . BERRADA @ ENSAM . UMI . AC . MA M . HADDA @ ENSAM . UMI . AC . MA


Table des matières

1 Introduction à la méthode des éléments finis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5


1.1 Rappels sur les espaces fonctionnels 5
1.1.1 Espace de Hilbert . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
1.1.2 Dérivée au sens faible . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
1.1.3 Espace de Sobolev H 1 (Ω) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
1.1.4 Espace H01 (Ω) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
1.2 Formulation variationnelle 8
1.2.1 Solution forte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
1.2.2 Exemple 1D . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
1.2.3 Exemple 2D . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
1.2.4 Existence et unicité de la solution . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
1.3 Approximation interne 11
1.3.1 Définition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
1.3.2 Estimation d’erreur a priori . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
1.4 Principe de la méthode des éléments finis 12
1.5 Exemple 1D 13
1.6 EDP elliptique 16
1.6.1 Le laplacien . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
1.6.2 Les conditions aux limites . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
1.6.3 Interprétation physique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
1.6.4 Exemples . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18

2 Éléments finis de Lagrange . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23


2.1 Maillage 23
2.1.1 Définitions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
2.1.2 Elément de référence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
2.1.3 Maillage affine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
2.2 Espaces polynômiaux 25
2.2.1 Polynômes Pk . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
2.2.2 Polynômes Qk . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
2.3 Eléments finis de Lagrange 26
2.4 Fonctions de base locales 26
2.5 Elément fini de référence 27
2.6 Exemples 28
2.6.1 Eléments finis de Lagrange Pk en dimension 1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
2.6.2 Eléments finis de Lagrange Pk en dimension 2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
2.6.3 Eléments finis de Lagrange Pk en dimension 3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
2.6.4 Eléments finis de Lagrange Qk en dimension 2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
2.6.5 Eléments finis de Lagrange Qk en dimension 3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
2.7 Du problème globale aux éléments locaux 32
2.8 Exemple en dimension 2 33
1. Introduction à la méthode des éléments finis

1.1 Rappels sur les espaces fonctionnels


1.1.1 Espace de Hilbert
Définition 1.1.1 Une norme sur un R−espace vectoriel E est une application, notée k · k, de E
dans R+ qui vérifie
 kxk = 0 ssi x = 0
 kλ · xk = |λ |kxk, ∀λ ∈ R, ∀x ∈ E
 kx + yk ≤ kxk + kyk ∀x, y ∈ E
L’espace E est dit, dans ce cas, espace vectoriel normé.

Une norme induit une distance de la façon suivante : d(x, y) = kx − yk ; (E, d) est un espace
métrique.
Définition 1.1.2 Un espace de Banach est un espace vectoriel normé complet pour la distance
issue de sa norme.

Définition 1.1.3 Un produit scalaire sur un espace vectoriel E est une forme bilinéaire, notée
h·, ·i, de E × E dans R qui satisfait :
 hx, yi = hy, xi
 hx, xi ≥ 0,
 hx, xi = 0 ⇒ x = 0
p
Un produit scalaire sur E permet de définir une norme de la façon suivante : kxk = hx, xi.
Définition 1.1.4 Un espace depHilbert est un espace de Banach dont la norme découle d’un
produit scalaire unique kxk = hx, xi.

Définition 1.1.5 — Espace L2 (Ω). Soit Ω un ouvert de Rd , d ∈ N∗ . On définit l’espace des


fonctions de carré integrable L2 (Ω)
Z
L2 (Ω) = {v : Ω → R, v2 dx < ∞}

6 Chapitre 1. Introduction à la méthode des éléments finis
Z
L’espace L2 (Ω) muni du produit scalaire hu, viL2 = uvdx est un espace de Hilbert.
Ω p
La norme associée au produit scalaire h·, ·iL2 est notée kvkL2 = hv, viL2 .

Théorème 1.1.1 — Inégalité de Cauchy-Schwartz. Soient u, v ∈ L2 (Ω). On a l’inégalité

|hu, vi| ≤ kukkvk

c-à-d Z Z Z
u(x)v(x) dx ≤ ( |u(x)|2 dx)1/2 ( |v(x)|2 dx)1/2

Ω Ω Ω

1.1.2 Dérivée au sens faible


Définition 1.1.6 — Espace D(Ω). Soit Ω un ouvert de Rd . L’espace des fonctions tests sur Ω,
noté D(Ω), est l’ensemble des fonctions infiniment dérivables a support compact inclut dans Ω

D(Ω) = {v ∈ C∞ (Ω), supp(v) ⊂ Ω}.

On rappelle que supp(v) = {x ∈ Ω/v(x) 6= 0}.


En 1-D, soient u ∈ C1 (]0, 1[) et ϕ ∈ D(]0, 1[). Par intégration par partie, on a
Z 1 Z 1
0
uϕ =− uϕ 0 + [uϕ]10 .
0 0

Or ϕ(0) = ϕ(1) = 0 donc


Z 1 Z 1
u0 ϕ = − uϕ 0 ,
0 0
ou encore hu0 , ϕiL2 = −hu, ϕ 0 iL2 .
Le terme −hu, ϕ 0 iL2 a un sens dès que u ∈ L2 (]0, 1[), ce qui permet de définir u0 .
Ceci s’étend aisément au cas multidimensionnel, en effet si Ω est un ouvert de Rd et en notant ∂i u
la ii eme dérivée partielle de u, par intégration par partie (formule de Green), on a
Z Z Z
∂i u ϕ = − u∂i ϕ + uϕ(ei .n),
Ω Ω ∂Ω

n est la normale locale sur ∂ Ω. Le dernier terme dans cette égalité est nul car ϕ est à support
compact. Ainsi, on a
h∂i u, ϕiL2 = −hu, ∂i ϕiL2 ∀ϕ ∈ D(Ω).
Le terme −hu, ∂i ϕiL2 a un sens dès que u ∈ L2 (Ω). Donc le terme h∂i u, ϕiL2 a aussi un sens sans
que u ne soit nécesairement de classe C1 . Dans ce cas encore, on peut définir ∂i u. On dit alors que u
est dérivable au sens faible.
Définition 1.1.7 Soit u une fonction définie sur Ω. On dit que u est dérivable au sens faible si il
existe des fonctions gi (i ∈ {1, · · · , d}) telles que

hgi , ϕiL2 = −hu, ∂i ϕiL2 ∀ϕ ∈ D(Ω).

On note ∂i u = gi la ieme dérivée faible.

 Exemple 1.1 En 1-D, la fonction u : x 7→ |x| n’est pas dérivable au sens classique, cependant la
fonction 
−1 si x < 0
v(x) =
+1 si x ≥ 0
est la dérivée faible de u. 
1.1 Rappels sur les espaces fonctionnels 7

R Si u ∈ C1 (Ω), alors les dérivées usuelle et faible de u coïncident.

1.1.3 Espace de Sobolev H 1 (Ω)


Définition 1.1.8 — Espace de Sobolev d’ordre 1. Soit Ω ⊂ Rd . L’espace de Sobolev d’ordre
1 sur Ω est donné par :

H 1 (Ω) = {v ∈ L2 (Ω), ∂i v ∈ L2 (Ω), i = 1, · · · , d}

où ∂i v = ∂∂xvi est la ieme dérivée partielle au sens faible.


Le produit scalaire associé à H 1 (Ω) est

hu, viH 1 = hu, viL2 + h∇u, ∇vi(L2 )d

d
où h∇u, ∇vi(L2 )d = ∑ h∂i u, ∂i viL2 .
i=1
L’espace H 1 (Ω) muni du produit scalaire hu, vi1 est un espace de Hilbert.

La norme induite par le produit scalaire h·, ·iH 1 sur H 1 est notée k · kH 1
p
kukH 1 = hu, uiH 1 .

R En physique ou en mécanique, l’espace H 1 (Ω) est appelé espace d’énergie au sens où


il est constitué des fonctions d’énergie finie (c-à-d kukH 1 (Ω) < ∞). Ces fonctions peuvent
éventuellement être "singulières" ce qui a un sens physique possible (concentration ou
explosion locale de certaines grandeurs).

1.1.4 Espace H01 (Ω)


En 1-D, si I =]a, b[, on a H 1 (I) ⊂ C0 (I), dans ce cas u(a) et u(b) sont bien définis.
Dans le cas où Ω ⊂ Rd , d > 1, H 1 (Ω) n’est pas inclu dans C0 (Ω), pourtant le résultat de densité
C1 (Ω) = H 1 (Ω) permet de définir la fonction u sur le bord ∂ Ω. Le théorème suivant précise bien
ce prolongement :

Théorème 1.1.2 — Trace d’une fonction. Pour Ω un ouvert borné de frontière “assez réguliè-
re”, on a
γ : v ∈ H 1 (Ω) 7→ v|∂ Ω ∈ L2 (∂ Ω)
est une application linéaire continue.
En particulier, ∃C > 0, ∀v ∈ H 1 (Ω), ||v|∂ Ω ||L2 (∂ Ω) ≤ C||v||H 1 (Ω) .

R L’opérateur γ n’est pas surjective sur L2 (∂ Ω). L’image de γ est un espace de Sobolev
fractionnaire appelé H 1/2 (∂ Ω) et qui est un Hilbert pour la norme

kgkH 1/2 (∂ Ω) = inf kukH 1 (Ω)


u∈H 1 (Ω), γu=g

Définition 1.1.9 — Espace H01 (Ω). On définit l’espace

H01 (Ω) = {v ∈ H 1 (Ω), v|∂ Ω = 0} = kerγ.


8 Chapitre 1. Introduction à la méthode des éléments finis

Le produit scalaire associé à H01 (Ω) est

hu, vi0 = h∇u, ∇viL2 .

L’espace H01 (Ω) muni du produit scalaire h·, ·i0 est un espace de Hilbert.

Théorème 1.1.3 — Inégalité de Poincaré. On a l’inégalité suivante :

∃K(Ω), ∀u ∈ H01 (Ω), kukL2 ≤ K(Ω)kuk0

où k · k0 est la norme associée au produit scalaire h·, ·i0 .


On en déduit que la norme k · kH 1 est équivalente à la norme k · k0 sur H01 (Ω).

R L’inégalité de Poincaré n’est pas vraie pour les fonctions de H 1 (Ω), mais reste vraie pour
V = {v ∈ H 1 (Ω)/v = 0 sur Γ0 ⊂ ∂ Ω}, où Γ0 est une partie du bord de mesure non nulle.

Théorème 1.1.4 — Densité. On a les résultats de densité suivants :


k·kL2
— D(Ω) = L2 (Ω)
k·k0
— D(Ω) = H01 (Ω)
k·kH 1
— D(Ω) = H 1 (Ω)

1.2 Formulation variationnelle


1.2.1 Solution forte
Soit Ω un ouvert borné de Rd . On considère le problème aux limites suivant :

−∆u(x) = f (x), x ∈ Ω
(EQ)
u(x) = 0 x ∈ ∂ Ω (condition de Dirichlet)

Définition 1.2.1 Supposons f ∈ C0 (Ω). Une solution forte de (EQ) est une fonction u ∈ C2 (Ω)
qui satisfait (EQ) au sens usuel.

Si f 6∈ C0 (Ω) alors u 6∈ C2 (Ω) et donc (EQ) n’a pas de solution forte. Dans ce cas, (EQ) admet-elle
d’autres solutions ? sous quelles conditions ? et dans quelle espace fonctionnelle ? Ceci sera illustré
à travers les deux exemples qui suivent.

1.2.2 Exemple 1D
Considérons l’équation
−u00 (x) + u(x) = f (x), x ∈]0, 1[

(1.2.1)
u(0) = u(1) = 0 (condition de Dirichlet)
En multipliant (ED) par une fonction v(x), assez régulière dans un premier temps, et en integrant
sur [0,1] : Z 1 Z 1
(−u00 (x)v(x) + u(x)v(x)) dx = f (x)v(x) dx
0 0
Par integration par parties :
Z 1  Z1 Z 1
0 0 0 0
u (x)v (x) dx − u (1)v(1) − u (0)v(0) + u(x)v(x) dx = f (x)v(x) dx (1.2.2)
0 0 0
1.2 Formulation variationnelle 9

Si on suppose que la fonction v vérfie la condition de Dirichlet v(0) = v(1) = 0, on obtient donc
Z 1 Z 1 Z 1
u0 (x)v0 (x) dx + u(x)v(x) dx = f (x)v(x) dx (1.2.3)
0 0 0

qui a un sens dès que u, v ∈ H01 (]0, 1[) et f ∈ L2 (]0, 1[).


On aura alors la formulation variationnelle (dite aussi formulation faible) :

Trouver u ∈ H01 (]0, 1[) tel que


R1 0 0
R1 R1 (1.2.4)
0 u (x)v (x) dx + 0 u(x)v(x) dx = 0 f (x)v(x) dx, ∀v(x) ∈ H01 (]0, 1[)

La solution de la formulation variationnelle est appelée solution faible.

R Contrairement au problème aux limites de départ, la formulation variationnelle ne fait


apparaître que la dérivée d’ordre 1 de la fonction u(x) (et de v(x)) et demande donc moins de
régularité.

Exercice 1.1 1. Montrer que les intégrales de la formulation variationnelle (1.2.4) sont bien
définies.
2. On note par a(u, v) = 01 u0 (x)v0 (x) dx + 01 u(x)v(x) dx et L(v) = 01 f (x)v(x) dx.
R R R

(a) Montrer que a est une forme bilinéaire.


(b) Montrer que L est une forme linéaire.


1.2.3 Exemple 2D
Considérons l’équation

−∆u(x) + u(x) = f (x), x ∈ Ω
(1.2.5)
∇u · n = 0 x ∈ ∂ Ω (condition de Neumann)

où n est la normale extérieure au bord ∂ Ω.


En multipliant par une fonction v(x) et en integrant sur Ω :
Z Z Z
−∆u(x)v(x) dx + u(x)v(x) dx = f (x)v(x) dx. (1.2.6)
Ω Ω Ω

Par la formule de Green et puisque ∇u · n = 0 sur ∂ Ω :


Z Z Z
∇u(x)∇v(x) dx + u(x)v(x) dx = f (x)v(x) dx. (1.2.7)
Ω Ω Ω

On obtient la formulation variationnelle :

Trouver u ∈ H 1 (Ω) telR que


R R 1 (1.2.8)
Ω ∇u(x) · ∇v(x) dx + Ω u(x)v(x) dx = Ω f (x)v(x) dx ∀v ∈ H (Ω)

Exercice 1.2 1. Montrer que les intégrales de la formulation variationnelle (1.2.8) sont bien
définies. R R R
2. On note par a(u, v) = Ω ∇u(x) · ∇v(x) dx + Ω u(x)v(x) dx et L(v) = Ω f (x)v(x) dx.
(a) Montrer que a est une forme bilinéaire.
(b) Montrer que L est une forme linéaire.

10 Chapitre 1. Introduction à la méthode des éléments finis

La formulation variationnelle d’un problème aux limites s’écrit d’une façon générale sous la forme
suivante
Trouver u ∈ W tel que
(1.2.9)
a(u, v) = L(v) ∀v ∈ V

où W et V sont deux espaces fonctionnels, a une forme bilinéaire et L une forme linéaire.

1.2.4 Existence et unicité de la solution


Soient V et W deux espaces de Hilbert.
Définition 1.2.2 Une forme linéaire L sur V est dite continue sur V si et seulement si ∃C, |L(u)| ≤
CkukV , ∀u ∈ V .

Définition 1.2.3 Soit a une forme bilinéaire sur W × V . La forme a est dite continue si et
seulement si ∃M, |a(u, v)| ≤ MkukW kvkV , ∀u, v ∈ W ×V .

Définition 1.2.4 Une forme bilinéaire a sur V × V est dite cœrcive (ou V-elliptique) si et
seulement si ∃α > 0, a(u, u) ≥ αkukV2 ∀u ∈ V .

Théorème 1.2.1 — Lax-Milgram. Soient V un espace de Hilbert, a une forme bilinéaire conti-
nue et coercive sur V , et L une forme linéaire continue sur V . Alors

∃!u ∈ V, tel que a(u, v) = L(v), ∀v ∈ V

Si la forme bilinéaire a est symétrique, on introduit alors la fonctionnelle d’énergie


1
J(v) = a(v, v) − L(v)
2

Théorème 1.2.2 Supposons a symétrique. Alors, sous les hypothèses du théorème de Lax
Milgram, le problème de minimisation suivant

trouver u ∈ V tel que J(u) = min J(v)


v∈V

admet une unique solution qui est également la solution du problème variationnel précédent.

J est quadratique et ∇J[u](v) = a(u, v) − L(v).


Pour l’exemple 2D, on a
J(v) = 21 Ω ∇v(x) · ∇v(x) dx + 21 Ω v(x)v(x) −
R R R
Ω f (x)v(x)
= 21 k∇vk2 + 12 kvk2 − Ω f (x)v(x)
R

Pour que J(v) < ∞, il faut


k∇vk2 < ∞ ⇒ ∂i v ∈ L2 (Ω), i = 1, · · · , d
kvk2 < ∞ ⇒ v ∈ L2 (Ω)
k f k < ∞ ⇒ f ∈ L2 (Ω)
2

Autrement dit v ∈ H 1 (Ω) et f ∈ L2 (Ω).

R Le théorème de Lax-Milgram donne des conditions suffisantes de l’existence et de l’unicité


de la solution, mais pas des conditions nécessaires.
1.3 Approximation interne 11

Exercice 1.3 On considère les formes linéaires et bilinéaires dans les exercices (1.1 et 1.2).
1. Montrer qu’elles sont continues.
2. Montrer que les formes bilinéaires sont cœrcives.


1.3 Approximation interne


1.3.1 Définition
On considère un problème aux limites dont la formulation variationnelle est la suivante

Trouver u ∈ V tel que
(FV )
a(u, v) = L(v) ∀v ∈ V

où V est un espace de Hilbet, en générale de dimension infinie.


Sous réserve d’existence et d’unicité de la solution u de (FV ), par exemple sous les hypothèses
du théorème de Lax-Milgram, on cherche une solution approchée uh de u dans un sous-espace de
dimension finie, noté Vh . Le problème (FV ) devient sous sa forme discrète :

Trouver uh ∈ Vh tel que
(DS)
a(uh , v) = L(v) ∀v ∈ Vh

L’espace Vh est un fermé de V , car de dimension finie, et V est un Hilbert donc Vh l’est aussi. D’où
l’existence et l’unicité de uh solution de (DS).
L’espace Vh est construit à l’aide d’un maillage de Ω et le paramètre h représente la taille maximale
des cellules qui composent le maillage (h>0). La dimension de Vh représente le nombre de degrés
de liberté (les inconnues).
Le principe de l’approximation interne repose sur le fait que lorque h → 0, la dimension de Vh
devient de plus en plus gros et approchera de mieux en mieux l’espace V
Définition 1.3.1 Les espaces (Vh )h>0 forment une approximation interne de V si :
1. ∀h > 0, Vh ⊂ V
2. ∀v ∈ V, ∃(vh ) ⊂ (Vh ) telle que kv − vh kV → 0.

1.3.2 Estimation d’erreur a priori


Soient u et uh solutions de (FV ) et (DS) respectivement, on a alors a(u, v) = L(v), ∀v ∈ V et donc
en particulier a(u, v) = L(v), ∀v ∈ Vh , et a(uh , v) = L(v), ∀v ∈ Vh . Par différence, on en déduit que

a(u − uh , v) = 0, ∀v ∈ Vh .

Pour a(·, ·) symétrique, il s’agit d’un produit scalaire sur V . La solution uh peut être alors interprétée
comme la projection orthogonale de u sur Vh au sens du produit scalaire a(·, ·).

Lemme 1.3.1 — Lemme de Céa. On a l’estimation d’erreur suivante


M
ku − uh kV ≤ inf ku − vkV .
α v∈Vh

Démonstration
On a :
a(u − uh , u − uh ) = a(u − uh , u − v + v − uh )
= a(u − uh , u − v) + a(u − uh , v − uh )
12 Chapitre 1. Introduction à la méthode des éléments finis

Or v − uh ∈ Vh . Donc a(u − uh , v − uh ) = 0. On a donc :

a(u − uh , u − uh ) = a(u − uh , u − v), ∀v ∈ Vh . (∗)

a étant cœrcive, il existe α > 0 tel que a(u−uh , u−uh ) ≥ αku−uh kV2 . Par ailleurs, a étant continue,
il existe M > 0 tel que a(u − uh , u − v) ≤ Mku − uh k · ku − vkV . En réinjectant ces deux inégalités
de part et d’autre de (*) et en simplifiant par ku − uh k, on obtient

M
ku − uh kV ≤ inf ku − vkV .
α v∈Vh

1.4 Principe de la méthode des éléments finis


Soit u la solution du problème variationnel

Trouver u ∈ V, a(u, v) = L(v), ∀v ∈ V.

On cherche une approximation uh de la solution u dans un sous-espace Vh de dimension N qui


vérifie
Trouver uh ∈ Vh , a(uh , v) = L(v), ∀v ∈ Vh .

Si (ϕi )1≤i≤N est une base de l’espace Vh , alors le problème est

Trouver u ∈ V, a(u, ϕ j ) = L(ϕ j ), ∀ j ∈ {1, · · · , N}.

La solution uh s’écrit dans cette base :

N
uh = ∑ ui ϕi
i=1

et le problème discret devient alors :

N
Trouver u1 , u2 , · · · , uN ∈ R tels que ∑ ui a(ϕi , ϕ j ) = L(ϕ j ), ∀ j ∈ {1, · · · , N}.
i=1

La forme matricielle de ce problème est :


    
a(ϕ1 , ϕ1 ) · · · a(ϕN , ϕ1 ) u1 L(ϕ1 )
.. ..   .. ..
=
   
 . .  . . 
a(ϕ1 , ϕN ) · · · a(ϕN , ϕN ) uN L(ϕN )
| {z } | {z } | {z }
A X b

qui a la forme générale


AX = b

La matrice A est a priori une matrice pleine, mais avec un choix convenable des fonctions de base,
elle devient creuse. Il est alors important de choisir des fonctions de base qui rendent A creuse
et qui sont facile à manipuler pour calculer les intégrales nécessaires pour la construction de la
matrice A. En effet, si on choisit ϕi et ϕ j de tel sort que supp(ϕi ) ∩ supp(ϕ j ) est de mesure nulle,
alors a(ϕi , ϕ j ) = 0.
1.5 Exemple 1D 13

1.5 Exemple 1D
On présente ici le cheminement de la méthode des éléments finis à travers un problème en dimension
1. Soit à résoudre
−u00 (x) + u(x) = f (x), ∀x ∈]0, 1[

(Pb)
u(0) = α, u(1) = β (condition de Direchlet)

où f ∈ L2 (]0, 1[) et β ∈ R.

Étape 1 : La formulation variationnelle


Le point de départ de la méthode des éléments finis consiste à trouver une formulation variationnelle
du problème (Pb). Ici le problème variationnel est

Trouver u ∈ W tel que
a(u, v) = L(v) ∀v ∈ H01 (]0, 1[),


1. W = {v ∈RH 1 (]0, 1[), v(0) = α, v(1) = β } est l’espace admissible,
2. a(u, v) = 01 (u0 v0 + uv)dx,
3. L(v) = 01 f vdx
R

Exercice 1.4 1. Montrer que la forme linéaire L donnée ci-dessus est continue sur V .
2. Montrer que la forme bilinéaire a donnée ci-dessus est continue et est cœrcive sur V .


Étape 2 : Construction de l’espace d’approximation Vh de H 1 (]0, 1[)


L’espace admissible W est un sous espace de H 1 (]0, 1[). On construit alors un espace d’approxima-
tion Vh de H 1 (]0, 1[) tel que
1. Vh ⊂ H 1 (]0, 1[), on suppose alors que Vh ⊂ C0 ([0, 1]),
2. la matrice A doit être creuse,
3. la base de Vh doit être facile à définir.
b−a
On pose h = N−1 avec N ∈ N et N ≥ 2. Les N points définies par

xi = (i − 1) × h, i = 1, · · · , N

constituent le maillage et h s’appelle le pas du maillage.

Ki
x
0 xi xi+1 1
F IGURE 1.5.1 – Maillage en dimension 1.

On définie l’espace d’approximation de H 1 (]0, 1[) par

Vh = {vh : [a, b] → R, vh ∈ C0 ([a, b]), vh|[xi ,xi+1 ] ∈ P1 , i = 1, · · · , n − 1}

où P1 est l’espace des polynômes de degré inférieur ou égal à un.


14 Chapitre 1. Introduction à la méthode des éléments finis

Lemme 1.5.1 Les fonctions de Vh sont entièrement définies par leurs valeurs aux nœuds xi ,
i = 1, · · · , n.

On a vh|[xi ,xi+1 ] (x) = αx + γ, et on suppose connaître les valeurs de vh aux deux nœuds xi et xi+1
(vh (xi ) = vi et vh (xi+1 ) = vi+1 ), alors α et γ seront définies d’une manière unique.

Lemme 1.5.2 L’espace Vh est de dimension n et les fonctions ϕi ∈ Vh vérifiant ϕi (x j ) =


δi j , i, j ∈ {1, · · · , n} (symbole de Kronecker) forment une base de Vh .

Ces fonctions sont appelées fonctions chapeaux en raison de leur graphe (Figure ??) et on a

n
∀vh ∈ Vh , vh (x) = ∑ vi ϕi (x).
i=1

Les coefficients vi , i ∈ {1, · · · , n} sont les degrés de liberté de la fonction vh . Ces coefficients nous
permettent de déterminer vh d’une façon unique. On peut alors écrire la fonction vh

 
v1
 v2  et v0 (x) = [ϕ10 ϕ20 · · · ϕn0 ] v̂

v(x) = [ϕ1 ϕ2 · · · ϕn ] 
| {z } ···  | {z }
φ̂ T vn BT
| {z }

x0 x1 xk-1 xk xk+1 xN xN+1

F IGURE 1.5.2 – Fonction chapeau.

Exercice 1.5 Montrer que les fonctions ϕi , i ∈ {1, · · · , n} sont données par
 x−xi−1
 h si x ∈ [xi−1 , xi ],
xi+1 −x
ϕi (x) = h si x ∈ [xi , xi+1 ],
0 sinon.


1.5 Exemple 1D 15

Étape 3 : Calcul de la solution approchée


Soient u, v ∈ Vh qu’on représente par leurs coordonnées û et v̂, respectivement, dans la base des
fonctions chapeaux. On a alors

a(u, v) = [0,1] u0 v0 + uv
R

= [0,1] [BT û]T [BT v̂] + [φ̂ T û]T [φ̂ T v̂]


R
 
Z Z 
T
= ûT BB + φ̂ φ̂ T  v̂
 

 [0,1] [0,1] 
| {z } | {z }
S M

et Z 
ˆT
R
L(v) = [0,1] fv = f v̂
[0,1]
| {z }
LT
Pour introduire les conditions aux limites, on considère l’approximation de l’espace admissible qui
est donnée par
Wh = {v ∈ Vh / v(0) = α et v(1) = β }
∼ {v̂ = [v1 , v2 , · · · , vn ] ∈ Rn / v1 = α et vn = β }
∼ {v̂ = [v1 , v2 , · · · , vn ] ∈ Rn / Cv̂ = g}
où    
1 0 ··· 0 α
C= g=
0 0 ··· 1 β
L’espace d’approximation associé à H01 (]0, 1[) est

Wh0 = {v ∈ Vh / Cv̂ = 0}

La forme matricielle 
Trouver u ∈ Wh telle que
ûT [S + M]v̂ = LT v̂, ∀v̂ ∈ Wh0
Les deux nœuds correspondants à une condition aux limites de type Dirichlet imposée sont L1 =
{1, n}. On note par L2 la liste complémentaire (L2 = {2, 3, · · · , n−1}). On aura alors û(L1 ) = Cû = g
et v̂(L1 ) = 0 ∀v ∈ Wh0 .
On introduit la matrice
N = S+M
Par une permutation de lignes et de colonnes, on trouve alors la forme matricielle équivalente :
 T     T  
û(L1 ) N(L1 , L1 ) N(L1 , L2 ) 0 L(L1 ) 0
=
û(L2 ) N(L2 , L1 ) N(L2 , L2 ) v̂(L2 ) L(L2 ) v̂(L2 )

Le système simplifié devient

N(L2 , L2 )û(L2 ) + N(L2 , L1 )û(L1 ) = L(L2 )

ou encore
N(L2 , L2 )û(L2 ) = L(L2 ) − N(L2 , L1 )g

Exercice 1.6 Calculer les coefficients de la matrice N pour un nombre de nœuds n = 4. 


16 Chapitre 1. Introduction à la méthode des éléments finis

Exercice 1.7 Programmer la méthode des éléments finis pour le problème en dimension 1
précédent. 

Opérateur d’interpolation :
Soit (ϕi )0≤i≤N+1 une base de l’espace Vh . On convient d’appeler opérateur d’interpolation la
transformation linéaire Π qui à une fonction v définie sur Ω assez régulière associe la fonction de
Vh définie par
N
Πv = ∑ v(xi )ϕi
i=1

Πv est l’unique fonction de Vh qui prend les mêmes valeurs que v aux nœuds du maillage.

1.6 EDP elliptique


1.6.1 Le laplacien
Soit la fonction u définie sur un domaine Ω ⊂ Rn . On définit une EDP elliptique linéaire par
n n
Lu= ∑ ai j (x)uxi x j (x) + ∑ bi (x)uxi (x) + c(x)u(x),
i, j=1 i=1

où A = (ai j ) est une matrice symétrique (puisque uxi x j = ux j xi ), définie positive.


On s’intéresse au problème modèle suivant :

−∆u = f dans Ω (1.6.1)


2 2 2
où f est une fonction définie sur Ω et ∆ est le Laplacien L = −∆. En 3D, ∆u = ∂∂ xu2 + ∂∂ yu2 + ∂∂ zu2 .
Cette EDP représente le problème de la chaleur stationnaire et doit être complétée par des conditions
aux limites.

1.6.2 Les conditions aux limites


Nous considérons le problème de la chaleur (1.6.1)

−∆u = f

Condition de Dirichlet
Il s’agit d’imposer des valeurs aux bords. La température est imposée sur toute ou partie de la
frontière de mesure non nulle u(x) = g(x) sur ∂ Ω. Si g(x) = 0, alors la condition de Dirichlet est
dite homogène. Si g(x) varie en fonction de x, la condition est dite non homogène. Pour le problème
de Dirichlet homogène, on multiplie l’EDP par une fonction v suffisamment régulière et on intègre
sur le domaine. A l’aide de la formule de Green, on obtient la formulation faible

u ∈ HR01 (Ω) tel que



Trouver
∀v ∈ H01 (Ω)
R
Ω ∇u · ∇v = Ω f v,

Pour la condition de Dirichlet non homogène, on suppose que g est suffisamment régulière (par
exemple g ∈ H 1/2 (∂ Ω) ou g ∈ C1 (∂ Ω)) pour qu’il existe un relèvement ug de g dans H 1 (Ω) (i.e
ug ∈ H 1 (Ω) tel que ug|Γ = g). On pose V = {v ∈ H 1 (Ω), v = ug + φ et φ ∈ H01 (Ω)}. La formulation
faible est alors

φ ∈ HR01 tel que


 
Trouver u ∈ V tel que Trouver
ou
∀v ∈ H01 (Ω) ∀v ∈ H01 (Ω)
R R R
Ω ∇u · ∇v = Ω f v, Ω ∇φ · ∇v = Ω ( f + ∆ug )v,
1.6 EDP elliptique 17

Condition de Neumann
Il s’agit d’imposer des gradients aux bords. Un flux de température est imposé sur toute ou partie
de la frontière de mesure non nulle. La condition de Neumann s’exprime comme suit ∇u.n = g(x)
sur ∂ Ω. Elle est dite homogène si g(x) = 0 et non homogène si g(x) varie en fonction de x. Pour
le problème de Neumann non homogène on multiplie l’équation par une fonction v suffisamment
régulière et on intègre sur le domaine. A l’aide de la formule de Green, on obtient

u ∈ HR 1 (Ω) tel

Trouver que
∀v ∈ H 1 (Ω).
R R
Ω ∇u · ∇v = Ω f v + ∂ Ω g(x)v(x),

Condition mixte Dirichlet-Neumann


Il s’agit d’imposer des valeurs sur une partie du bord et un flux sur l’autre partie : u(x) = gD (x) sur
ΓD et ∇u ·~n = gN (x) sur ΓN avec ΓD ∪ ΓN = ∂ Ω et ΓD ∩ ΓN = 0. / On pose V = {v ∈ H 1 (Ω), v|ΓD =
gD }. La formulation faible du problème est alors

Trouver
R
u ∈ VR tel queR
Ω ∇u · ∇v = Ω f v + ΓN gN (x)v(x), ∀v ∈ V.

Condition de Robin
Il s’agit d’une relation linéaire entre les valeurs et les gradients aux bords ∇u · n + β u = g où β et g
sont données sur Γ. La formulation faible est alors
1 (Ω) tel que

Trouver u∈H
∀v ∈ H 1 (Ω).
R R R R
Ω ∇u · ∇v + Γ β uv = Ω f v + Γ g(x)v(x),

1.6.3 Interprétation physique


Lois de conservations
Soient Ω ⊂ Rd , ω(t) ⊂ Ω, U(t) une grandeur définie par sa densité spécifique (massique) u(x,t)
Z
U(t) = ρ(x,t)u(x,t)dx, ρ : la densité volumique.
ω(t)

La variation de U(t) est conditionnée par :


R
— un apport extérieur volumique : ω(t) ϕU dx R
— un apport surfacique sur la frontière de ω : − ∂ ω(t) jU · nds
On écrit alors
dU
Z Z
= ϕU dx − jU · nds
dt ω(t) ∂ ω(t)

donc
Z   Z Z

(ρ(x,t)u(x,t))) + div (ρ(x,t)u(x,t))) dx = ϕU dx − div( jU )dx
ω(t) ∂t ω(t) ω(t)

En utilisant la conservation de la masse :


∂u
ρ + ρ∇u(x,t) · v(x,t)) = ϕU − div( jU )
∂t
Si le milieu est immobile alors la vitesse euleurienne v = 0 et si on se place en régime stationnaire
alors ∂∂tu = 0. On obtient donc
ϕU = div( jU )
18 Chapitre 1. Introduction à la méthode des éléments finis

Loi de comportement
Elle précise le comportement du milieu. Le choix le plus simple est celui de considérer que le flux
est proportionnel au gradient
jU = K(x,t).∇u(x,t).
Donc
ϕU = div(K(x,t).∇u(x,t))

1.6.4 Exemples
Exemple en thermique
Soit Ω un ouvert (connexe) Rd . On cherche à déterminer la répartition de la température T à
l’intérieur de Ω.
La conservation de la chaleur à l’intérieur d’un (sous-)ouvert quelconque ω ⊂ Ω : la chaleur cédée
par ω est égale à la chaleur émise par les sources thermiques (notées q) contenues dans ω. On note
par φ (x) le vecteur flux de chaleur, le taux de chaleur traversant un élément de surface est −φ .n.
L’équation du bilan de chaleur à travers le bord du domaine considéré s’écrit donc :
Z Z
−φ .nds + q(x)dx = 0.
∂ω ω

On utilise la formule de divergence flux (dite aussi d’Ostrogradsky en 3D ou de Gauss en 2D) :


Z
(divx φ − q) dx = 0,
ω

puisque l’intégrale est indépendante du volume ω d’intégration, on obtient

divx φ = q(x), ∀x ∈ Ω.

La loi de comportement reliant le flux de chaleur φ à la température T est donnée (pour un régime
de température "pas trop élevées" par la loi de Fourier : le flux de chaleur est proportionnel au
gradient de la température. Pour un milieu hétérogène (6= homogène) et anisotrope (6= isotrope),
cette loi est donnée par
φ = −KgradT
où K(x, y, z) est le tenseur de conductivité thérmique

−divx KgradT = q(x), ∀x ∈ Ω.

On peut l’écrire aussi


d  
∂ ∂T
− ∑ Ki j = q, dans Ω
i, j=1 ∂ xi ∂xj
La matrice K est symétrique définie positive, d’après le 2nd principe de la thermodynamique. Elle
est donc diagonalisable.  
k11 (x) k12 (x) k13 (x)
K(x) =  k12 (x) k22 (x) k23 (x) 
k13 (x) k23 (x) k33 (x)
elle s’écrit alors dans la base des vecteurs propres :

kˆ11 0
 
0
K̂ =  0 kˆ22 0 
0 0 kˆ33
1.6 EDP elliptique 19

Pour Ω isotrope alors K(x) = k(x)I est diagonale (k11 = k22 = k33 = k(x) > 0), si de plus Ω est
homogène alors k = cst. On obtient dans ce cas l’EDP :

q
−∆x T =
k

appelée équation de Poisson si q 6= 0 et de Laplace sinon.

Électrostatique
L’électrostatique est le régime stationnaire (ou permanent) en électromagnétisme où les courants
sont nuls. Dans ce cas, les équations de Maxwell s’écrivent :

divD = ρ,
dans Ω,
rotE = 0

où ρ est la densité de charge, E est le champ électrique et D est l’induction électrique. On ajoute
une loi de comportement, par exemple
D = εE

où ε est la permittivité diélectrique du milieu.


L’équation rotE = 0 implique l’existence d’une fonction scalaire ϕ, le potentiel électrique, tel que
E = −gradϕ. On obtient l’équation :

−div (εgradϕ) = ρ.

La condition aux limites (domaine limité par un conducteur parfait) est donnée par E ∧ n = 0 sur
∂ Ω... condition de Dirichlet.

Hydrogéologie
Écoulement del’eau dans le sous-sol. Les roches constituent un milieu poreux. Deux grandeurs :
la vitesse u (dont le flux donne le débit à traves une surface) et la charge piezométrique H (une
hauteur d’eau ou une pression, au facteur multiplicatif ρg près). Deux lois :
Conservation de la masse : pour un milieu incompressible et saturé : divu = 0.
Loi de Darcy : L’écoulement est produit par les gradients de charge :

u = −KgradH,

où K est la conductivité hydrolique.


Souvent couplé à une équation modélisant le transport d’un polluant par cet écoulement.

Écoulement irrationnel
Écoulement d’un fluide parfait incompressible(divu = 0), supposé de plus irrationnel (rotu = 0). Il
existe un potentiel ϕ tel que u = ∇ϕ. On obtient donc l’équation de Laplace :

∆ϕ = 0,

avec des conditions aux limites u.n = 0 sur Γ1 (une paroi) (condition de glissement) et u.n = ψ sur
Γ2 (surface de contact)
∂ϕ
∂n = 0 sur Γ1 ,
∂ϕ
∂n = ψ sur Γ2 .
20 Chapitre 1. Introduction à la méthode des éléments finis

Élasticité linéaire isotrope


Les modèles d’élasticité linéaire correspondent en général à des déplacements infinitésimaux. Ils
sont très importants pour la pratique, car les conditions de fonctionnement de nombre de structures
doivent être telles que leur réponse reste dans le domaine élastique.
Soit Ω ⊂ R3 un domaine représentant un solide soumis à un chargement f (force volumique). Le
but est de trouver le champs de déplacement u induit par ce chargement à l’équilibre. On note
σ ∈ R3,3 le tenseur des contraintes dans Ω, alors les conditions d’équilibre s’écrivent

∇ · σ + f = 0, dans Ω.

On introduit le tenseur des déformations linéaires ε(u) ∈ R3,3


1
ε(u) = (∇u + ∇ut ).
2
Dans le cadre de l’élasticité linéaire isotrope, les tenseurs des contraintes et des déformations sont
reliés par la relation (équation de comportement)

σ = λ tr(ε)I + 2µε,

où λ et µ sont les coefficients de Lamé et I la matrice identité. La relation peut s’écrire aussi

σ = λ (∇ · u)I + µ(∇u + ∇ut ).

On obtient donc
−µ∆u − (λ + µ)∇(∇ · u) = f .
Le système d’équation représentant la formulation forte est alors


 ∇ · σ + f = 0, dans Ω (équilibre)
σ = λ (∇ · u)I + µ(∇u + ∇ut ) dans Ω (loi de comportement)


 u=0 sur ΓD (bord fixe)
σ ·n = g sur ΓN (contrainte imposée)

avec ΓD et ΓN forment une partition de ∂ Ω.


La formule de Green permet d’écrire
Z Z Z
(∇ · σ (u)) · v = σ (u) : ∇v − v · σ (u) · n,
Ω Ω ∂Ω

Or σ (u) : ∇v = σ (u) : ε(u), on obtient donc


Z Z Z
σ (u) : ε(u) − v · σ (u) · n = f ·v
Ω ∂Ω Ω

On considère l’espace H 1 (Ω)3 qui exprime essentiellement l’hypothèse d’une énergie de déforma-
tion finie. On note V = {v ∈ H 1 (Ω)3 ; v = 0 sur ΓD } l’ensemble des déplacements cinématiquement
admissibles. La formulation variationnelle du problème est alors :

Trouver uR∈ V tel que
R
a(u, v) = Ω f · v + ΓN g · v, ∀v ∈ V.

La forme bilinéaire a est donnée par


Z Z Z
a(u, v) = σ (u) : ε(v) = λ∇·u∇·v+ 2µε(u) : ε(v).
Ω Ω Ω
1.6 EDP elliptique 21

Modes propres de vibration d’une membrane


Problème spectral associé (τ > 0)

−τ∆ψ = λ ψ, ψ = 0 sur ∂ Ω (SP)

La formulation faible
Trouver ψ ∈ H01 (ω)

et λ ∈ R tels que
∀v ∈ H01 (Ω).
R R
Ω τ∇ψ · ∇v = λ Ω ψv,

Théorème 1.6.1 Il existe une suite croissante (λn )n>0 de réels vérifiant

∀n > 0, λn > 0 et λn → ∞

et une base (hilbertienne orthonormée) (ψn )n>0 ∈ H01 (Ω) de L2 (Ω) telles que (λn , ψn ) est solution
du problème spectral (SP).
Les λn sont les valeurs propres et les ψn sont modes propres de l’opérateur τ∆.
2. Éléments finis de Lagrange

2.1 Maillage
2.1.1 Définitions
Définition 2.1.1 En dimension 1, un domaine est un intervalle ouvert borné. En dimension
d ≥ 2, on convient d’appeler domaine un ouvert borné connexe de Rd de frontière Γ assez
régulière.

Définition 2.1.2 Un maillage éléments finis d’un domaine Ω de Rd est la discrétisation de ce


dernier en un nombre d’éléments recouverants l’integralité du domaine sans chevauchement. Il
est souvent noté Th .

Un maillage Th est constitué d’éléments notés K. Les éléments sont d’habitude choisis de forme
rectangulaire ou prismatique mais rien n’interdit de choisir des formes plus complexes.
On suppose toujours que pour tout couple d’éléments Ki et K j , i 6= j, l’intersection Ki ∩ K j est
— soit vide soit un sommet en 1D,
— soit vide soit un sommet soit un coté en 2D,
— soit vide soit un sommet soit un coté soit une face en 3D.

F IGURE 2.1.1 – Maillage conforme (à gauche) et maillage non conforme (à droite).


24 Chapitre 2. Éléments finis de Lagrange

Un élément est caractérisé par :


— son diamètre hK = max kx1 − x2 kd où k · kd est la norme euclidienne de Rd ,
x1 ,x2 ∈K
— sa rondeur ρk (le diamètre du plus grand cercle contenue dans K).
La taille maximale des éléments constituant le maillage est donnée par h = max hK et caractérise la
K∈Th
finesse du maillage.

a3

a1 a2

F IGURE 2.1.2 – Diamètre et rondeur d’un élément

2.1.2 Elément de référence


Définition 2.1.3 Un élément de référence K̂ est une partie compacte, connexe, d’intérieur non
vide de Rd qu’on suppose être le segment unitaire en dimension 1, le simplexe ou le carré
unitaire en dimension 2 et le simplexe, le cube ou le prisme unitaire en dimension 3. (voir figure
2.1.3)

1D 2D 3D

Segment unitaire

Simplexe unitaire Simplexe unitaire

Carré unitaire Cube unitaire

Prisme unitaire

F IGURE 2.1.3 – Eléments de référence

Les éléments K du maillage Th peuvent être obtenus à partir de l’élément de référence K̂ et de


transformations bijectives TK envoyant K̂ dans K :

K = TK (K̂).

2.1.3 Maillage affine


2.2 Espaces polynômiaux 25

Définition 2.1.4 Lorsque toutes les transformations TK sont affines, on parlera de maillage
affine.

F IGURE 2.1.4 – Transformation affine du simplexe unitaire de sommets (0,0), (0,1) et (1,0)

R En dimension 2, lorsque l’élément de référence K̂ est le simplexe unité, un maillage affine


sera également appelé triangulation.

2.2 Espaces polynômiaux


2.2.1 Polynômes Pk
On notera Pk l’espace vectoriel des polynômes en les variables x1 , x2 , · · · , xd à coefficients réels et
de degré total inférieur ou égal à k.
— En dimension 1, nous avons
Pk = {p(x) = ∑ αi xi , αi ∈ R}, dim(Pk ) = k + 1.
0≤i≤k

— En dimension 2,
(k + 1)(k + 2)
Pk = {p(x1 , x2 ) = ∑ αi j x1i x2j , αi j ∈ R}, dim(Pk ) = .
0≤i+ j≤k 2

— En dimension 3,
(k + 1)(k + 2)(k + 3)
Pk = {p(x1 , x2 , x3 ) = ∑ αi jl x1i x2j x3l , αi jl ∈ R}, dim(Pk ) = .
0≤i+ j+l≤k 6

2.2.2 Polynômes Qk
On notera Qk l’espace vectoriel des polynômes à coefficients réels de degré inférieur ou égal à k
par rapport à chaque variable x1 , x2 , · · · , xd .
— En dimension 1, nous avons
Qk = Pk .
— En dimension 2,
Qk = {q(x1 , x2 ) = ∑ αi j x1i x2j , αi j ∈ R}, dim(Qk ) = (k + 1)2 .
0≤i, j≤k

— En dimension 3,
Qk = {q(x1 , x2 , x3 ) = ∑ αi jl x1i x2j x3l , αi jl ∈ R}, dim(Qk ) = (k + 1)3 .
0≤i, j,l≤k
26 Chapitre 2. Éléments finis de Lagrange

2.3 Eléments finis de Lagrange


Définition 2.3.1 — Unisolvance. Soient Σ = {a1 , · · · , an } n points distincts de Rd et P un
espace fonctionnel réel de dimension finie. On dit que Σ est P-unisolvant ssi ∀{αi ∈ R, 1 ≤ i ≤
n}, ∃!p ∈ P tel que p(ai ) = αi , i = 1, · · · , n.

Définition 2.3.2 Un élément fini de Lagrange est un triplet (K, P, Σ) tel que :
— K est un élément géométrique de Rd , compact, connexe et d’intérieur non vide ;
— P est un espace de fonctions définies sur K à valeurs dans R ;
— Σ = {a1 , · · · , an } est un ensemble de n points distincts de Rd tel que Σ est P-unisolvant.

 Exemple 2.1 Le triplet (K, Σ, P) définie par


— K = [0, 1],
— Σ = {0, 1},
— P = P1 .
est un élément fini de Lagrange. 

2.4 Fonctions de base locales


Définition 2.4.1 — Fonctions de base locales. Les fonctions de base locales de l’élément
fini de Lagrange (K, Σ, P) sont les n fonctions de P telles que pi (a j ) = δi, j pour 1 ≤ i, j ≤ n.
Toutes fonctions f de P peut s’écrire
n
f = ∑ f (ai )pi .
i=1

Exercice 2.1 Montrer que, pour l’élément fini de l’exemple précédent, les fonctions de base
locales sont 
p1 (x) = 1 − x,
p2 (x) = x.


1-x x

0 1
F IGURE 2.4.1 – Base P1 sur l’élément [0, 1].

Définition 2.4.2 — Interpolée. Soit (K, Σ, P) un élément fini de Lagrange et v ∈ C(K, R).
l’interpolée de v est la fonction Πv ∈ P définie par
n
Πv = ∑ v(ai )pi .
i=1
2.5 Elément fini de référence 27

F IGURE 2.4.2 – Interpolée P1 (en trait pointillé) d’une fonction régulière (en trait continu).

R Une condition nécessaire (mais pas suffisante) pour que (K, Σ, P) soit un élément fini de
Lagrange est que dim P = card Σ.

Exercice 2.2 Soit (K, Σ, P) un triplet constitué d’un élément, d’un ensemble de nœuds et d’un
espace de polynômes, tel que
dim P = card Σ.
Montrer que si ∃! f ∈ P, tel que f = 0 sur Σ, alors (K, Σ, P) est un élément fini de Lagrange. 

Exercice 2.3 Soient (K̄, Σ̄, P̄) un élément fini de Lagrange, K un élément d’un maillage élément
fini et F une bijection de K̄ dans K. On pose Σ = F(Σ̄) et P = { f : K → R; f ◦ F ∈ P̄}.
Montrer que (K, Σ, P) est un élément fini de Lagrange. 

2.5 Elément fini de référence


Définition 2.5.1 Deux éléments finis (K̄, Σ̄, P̄) et (K, Σ, P) sont affine-équivalents ssi il existe
K̄ → K
une fonction affine TK inversible TK : telle que
x̄ 7→ x = Bx̄ + b
— K = TK (K̄),
— ai = TK (āi ), i = 1, · · · , n,
— P = { p̄ ◦ TK−1 , p̄ ∈ P̄}.

Définition 2.5.2 — Elément fini de référence. On appelle famille affine d’éléments finis une
famille d’éléments finis tous affine-équivalents à un même élément fini (K̂, Σ̂, P̂), appelé élément
fini de référence.

Proposition 2.5.1 On note (θ̂i )1≤i≤n les fonctions de base locales de l’élément fini de référence
(K̂, Σ̂, P̂). Les fonctions de base locales de l’élément (K, Σ, P) sont alors {pi = θ̂i ◦ TK−1 , 1 ≤ i ≤ n}
Les figures 2.5.1 et 2.5.2 montrent quelques exemples de transformations affines.

R Ces transformations géométriques sont linéaire et donc inversible même en dimension su-
périeure à 1. Toutefois, des transformations non linéaires de l’élément de référence sont
possibles, il faut alors être prudent car il est possible que dans certaines situations, la transfor-
mation ne soit pas inversible.
28 Chapitre 2. Éléments finis de Lagrange

F IGURE 2.5.1 – Segment unitaire K̂ = [0, 1]

F IGURE 2.5.2 – Simplexe unitaire de sommets (0,0), (0,1) et (1,0)

2.6 Exemples
2.6.1 Eléments finis de Lagrange Pk en dimension 1
Le domaine est un intervalle ouvert borné [a, b]. Le maillage du domaine est constitué de segments
Ki = [xi , xi+1 ], i = 0, · · · , N où {x0 , x1 , · · · , xN+1 } est une subdivision de [a, b]. On note hi = xi+1 −xi .
L’élément de référence : L’élément de référence en dimension 1 est le segment K̂ = [0, 1].

Exercice 2.4 Montrer que la transformation affine de K̂ dans Ki est TKi (x̂) = xi + hi x̂. 

Exercice 2.5 Soit le triplet (K, Σ, P) définie par


— K = [0, 1],
— Σ = {0, 1/2, 1},
— P = P2 .
1. Montrer que (K, Σ, P) est un élément fini de Lagrange.
2. Déterminer les fonctions de base locales de cet élément.


Proposition 2.6.1 Le triplet (K, Σ, P) définie par :


— K = [xi , xi+1 ],
— P = Pk ,
— Σ = {xi + kj hi , j = 0, · · · , k}
est un élément fini de Lagrange dit de type Pk .
L’élément fini de Lagrange de référence (K̂, Σ̂, P̂) de type Pk est alors définie par :
— K̂ = [0, 1],
— P̂ = Pk ,
— Σ̂ = { kj , j = 0, · · · , k}
Les fonctions de base locales : les fonctions de formes locales peuvent être déterminées à l’aide
des polynômes d’interpolation de Lagrange.
2.6 Exemples 29

Définition 2.6.1 — Polynômes d’interpolation de Lagrange. Les polynômes d’interpolation


de Lagrange Lik , 0 ≤ i ≤ k, sont donnés par

∏ (x − a j )
j6=i
Lik (x) = , 0 ≤ i ≤ k,
∏ (ai − a j )
j6=i

constituent une base nodale locale (vérifiant Lik (a j ) = δi j ) dans le cas 1D.

Le tableau suivant montre les éléments finis de Lagrange de référence en dimension 1 de type P1 ,
P2 et P3 . Les deux fonctions de forme locales pour k = 1 sont alors θ̂1 (x̂) = 1 − x̂ et θ̂2 (x̂) = x̂.
Lagrange P1 Lagrange P2 Lagrange P3

{0, 1} {0, 1/2, 1} {0, 1/3, 2/3, 1}

1
1 − x̂ (2x̂ − 1)(x̂ − 1) 2 (3x̂ − 1)(3x̂ − 2)(1 − x̂)
9
x̂ 4x̂(1 − x̂) 2 x̂(3x̂ − 2)(x̂ − 1)
9
x̂(2x̂ − 1) 2 x̂(3x̂ − 1)(1 − x̂)
1
2 x̂(3x̂ − 1)(3x̂ − 2)

Exercice 2.6 Déterminer les fonctions de base locales des éléments finis de Lagrange
([xi , xi+1 ], {xi , xi+1 }, P1 ) et ([xi , xi+1 ], {xi , (xi + xi+1 )/2, xi+1 }, P2 ). 

2.6.2 Eléments finis de Lagrange Pk en dimension 2

Le maillage du domaine est constitué de L triangles Ki , i = 1, · · · , L


L’élément de référence : L’élément de référence en dimension 2 de type Pk est le triangle K̂ de
sommet â1 = (0, 0), â2 = (1, 0) et â3 = (0, 1).

Exercice 2.7 Soit K un triangle de sommets a1 = (x1 , y1 ), a2 = (x2 , y2 ) e a3 = (x3 , y3 ). Montrer


que la transformation affine TK de K̂ dans K est donnée par
 
x1 + (x2 − x1 )x̂ + (x3 − x1 )ŷ
TKi (x̂, ŷ) =
y1 + (y2 − y1 )x̂ + (y3 − y1 )ŷ


Proposition 2.6.2 Le triplet (K̂, Σ̂, P̂) définie par :


— K le simplexe unitaire,
— P = Pk ,
— Σ = {âi = ( ik1 , ik2 ), 0 ≤ i1 , i2 ≤ k et i1 + i2 ≤ k}
est un élément fini de Lagrange dite de type Pk .

Les fonctions de base locales : Le tableau suivant montre les éléments finis de Lagrange de réfé-
rence en dimension 2 de type P1 , P2 et P3 . Les trois fonctions de forme locales pour k = 1 sont
alors θ̂1 (x̂) = 1 − x̂1 − x̂2 , θ̂2 (x̂) = x̂1 et θ̂3 (x̂) = x̂2 avec x̂ = (x̂1 , x̂2 ).
30 Chapitre 2. Éléments finis de Lagrange

Lagrange P1 Lagrange P2 Lagrange P3

1
θ̂1 (x̂) = 1 − x̂1 − x̂2 θ̂i (2θ̂i − 1), 1 ≤ i ≤ 3 2 θ̂i (3θ̂i − 1)(3θ̂i − 2), 1≤i≤3
9
θ̂2 (x̂) = x̂1 4θ̂i θ̂ j , 1 ≤ i < j ≤ 3 2 θ̂i (3θ̂i − 1)θ̂ j , 1 ≤ i, j ≤ 3, i 6= j
θ̂3 (x̂) = x̂2 27θ̂1 θ̂2 θ̂3

2.6.3 Eléments finis de Lagrange Pk en dimension 3


Le maillage du domaine est constitué de L simplexes de R3 , Ki , i = 1, · · · , L
L’élément de référence : L’élément de référence en dimension 3 de type Pk est le simplexe K̂ de
sommet â1 = (0, 0, 0), â2 = (1, 0, 0), â3 = (0, 1, 0) et â4 = (0, 0, 1).

Exercice 2.8 Soit K un simplexe de R3 de sommets a1 = (x1 , y1 , z1 ), a2 = (x2 , y2 , z2 ), a3 =


(x3 , y3 , z3 ) et a4 = (x4 , y4 , z4 ). Montrer que la transformation affine TK de K̂ dans K est donnée
par  
···
TK (x̂, ŷ, ẑ) =  · · · 
···


Proposition 2.6.3 Le triplet (K̂, Σ̂, P̂) définie par :


— K̂ le simplexe unitaire de R3 ,
— P̂ = Pk ,
— Σ̂ = {âi = ( ik1 , ik2 , ik3 ), 0 ≤ i1 , i2 , i3 ≤ k et i1 + i2 + i3 ≤ k}
est un élément fini de Lagrange dite de type Pk .
Les fonctions de base locales : Le tableau suivant montre les éléments finis de Lagrange de réfé-
rence en dimension 3 de type P1 , P2 et P3 . Les quatre fonctions de forme locales pour k = 1 sont
alors θ̂1 = 1 − x̂1 − x̂2 − x̂3 , θ̂2 = x̂1 , θ̂3 = x̂2 et θ̂4 = x̂3 .
Lagrange P1 Lagrange P2 Lagrange P3

1
θ̂1 = 1 − x̂1 − x̂2 − x̂3 θ̂i (2θ̂i − 1), 1 ≤ i ≤ 3 2 θ̂i (3θ̂i − 1)(3θ̂i − 2), 1≤i≤3
9
θ̂2 = x̂1 4θ̂i θ̂ j , 1 ≤ i < j ≤ 3 2 θ̂i (3θ̂i − 1)θ̂ j , 1 ≤ i, j ≤ 3, i 6= j
θ̂3 = x̂2 27θ̂1 θ̂2 θ̂3
θ̂3 = x̂3
2.6 Exemples 31

2.6.4 Eléments finis de Lagrange Qk en dimension 2


Le maillage du domaine est constitué de L rectangles Ki , i = 1, · · · , L
L’élément de référence : L’élément de référence en dimension 2 de type Qk est le rectangle unitaire
K̂ de sommet â1 = (0, 0), â2 = (1, 0), â3 = (1, 1) et â4 = (0, 1).

Exercice 2.9 Soit K un rectangle de sommets a1 = (x1 , y1 ), a2 = (x2 , y2 ), a3 = (x3 , y3 ) et


a4 = (x4 , y4 ). Montrer que la transformation affine TK de K̂ dans K est donnée par
 
x1 + (x2 − x1 )x̂ + (x4 − x1 )ŷ
TK (x̂, ŷ) =
y1 + (y2 − y1 )x̂ + (y4 − y1 )ŷ


Proposition 2.6.4 Le triplet (K̂, Σ̂, P̂) définie par :


— K̂ le rectangle unitaire,
— P̂ = Qk ,
— Σ̂ = {âi = ( ik1 , ik2 ), 0 ≤ i1 , i2 ≤ k}
est un élément fini de Lagrange dite de type Qk .
Les fonctions de base locales : Le tableau suivant montre les éléments finis de Lagrange de réfé-
rence en dimension 2 de type Q1 , Q2 et Q3 . Les quatre fonctions de forme locales pour k = 1 sont
alors θ̂1 = L01 (x̂1 )L01 (x̂2 ), θ̂2 = L11 (x̂1 )L01 (x̂2 ), θ̂3 = L11 (x̂1 )L11 (x̂2 ) et θ̂4 = L01 (x̂1 )L11 (x̂2 ).

Lagrange Q1 Lagrange Q2 Lagrange Q3

Li1 (x̂1 )L j1 (x̂2 ), Li2 (x̂1 )L j2 (x̂2 ), Li3 (x̂1 )L j3 (x̂2 ),


0 ≤ i, j ≤ 1 0 ≤ i, j ≤ 2 0 ≤ i, j ≤ 3

2.6.5 Eléments finis de Lagrange Qk en dimension 3


Le maillage du domaine est constitué de L cubes Ki , i = 1, · · · , L
L’élément de référence : L’élément de référence en dimension 3 de type Qk est le cube unitaire K̂
de R3 .
Exercice 2.10 Soit K un cube de R3 de sommets ai = (xi , yi , zi ), i = 1, · · · , 8. Montrer que la
transformation affine TK de K̂ dans K est donnée par
 
....................
TK (x̂, ŷ, ẑ) =  .................... 
....................


Proposition 2.6.5 Le triplet (K̂, Σ̂, P̂) définie par :


— K̂ le cube unitaire de R3 ,
32 Chapitre 2. Éléments finis de Lagrange

— P̂ = Qk ,
— Σ̂ = {âi = ( ik1 , ik2 , ik3 ), 0 ≤ i1 , i2 , i3 ≤ k}
est un élément fini de Lagrange dite de type Qk .
Les fonctions de base locales : Le tableau suivant montre les éléments finis de Lagrange de réfé-
rence en dimension 3 de type Q1 , Q2 et Q3 .

Lagrange Q1 Lagrange Q2 Lagrange Q3

Li1 (x̂1 )L j1 (x̂2 )Lk1 (x̂3 ), Li2 (x̂1 )L j2 (x̂2 )Lk2 (x̂3 ), Li3 (x̂1 )L j3 (x̂2 )Lk3 (x̂3 ),
0 ≤ i, j, k ≤ 1 0 ≤ i, j, k ≤ 2 0 ≤ i, j, k ≤ 3

2.7 Du problème globale aux éléments locaux


On considère le problème variationnel suivant

Trouver u ∈ V tel que
a(u, v) = f (v), ∀v ∈ V

Soit Th un maillage du domaine Ω composé de Ne éléments finis (Ki , Σi , Pi ), i = 1, · · · , Ne et Nh le


nombre total de nœuds de Th .
L’espace d’approximation Vh de V est

Vh = {v ∈ V, v|Ki ∈ Pi , i = 1, · · · , Ne }

Le problème approché se ramène à la recherche des valeurs de uh aux nœuds (ai ) (les degrés de
liberté)
On doit définir une fonction de base ϕi par degré de liberté ai de telle sorte que
— ϕi|K j ∈ Pj , ∀1 ≤ i, j ≤ Ne
— ϕi (a j ) = δi j
L’espace Vh est alors
Vh = vect{ϕ1 , · · · , ϕNh }
La restriction ϕi|K est une fonction de base locale de l’élément K.
La fonction de base ϕi est construite comme réunion des fonctions de base locales sur les éléments
du maillage dont ai est un nœud, ce qui fait le lien entre les calcules élémentaires et le problème
global.

ai
Le support d’une fonction
de base
2.8 Exemple en dimension 2 33

La définition de ces fonctions de base n’est possible que si le maillage est conforme : L’intersection
entre deux éléments est soit vide, soit réduite à un sommet ou une arrête en dimension 2 (ou à un
sommet, une arrête ou une surface en dimension 3)

2.8 Exemple en dimension 2


On considère le problème de Poisson suivant :

−∆u = f , x ∈ Ω
u = 0, x ∈ ∂ Ω

où Ω = [0, 1]2 .
On note Th le maillage (Figure) de Ω
4 3

3
Elément nœuds
5

1 1, 2, 5
4 2

2 2, 3, 5

3 3, 4, 5
1
4 1, 4, 5
1 2

1. Donner la formulation variationnelle du problème


2. On considère l’espace d’approximation de H 1 (Ω) par MEF suivant Vh = {v ∈ H 1 (Ω), v|Ki ∈
P1 }
Soit (ϕi )1≤i≤n la base nodale de Vh
(a) Quelle est la dimesnion n de Vh
(b) Donner la forme matricielle du problème en précisant l’espace d’approximation admis-
sible
3. Déterminer les fonctions de la base nodale locales de chaque élément de Th
4. Calculer les matrices de rigidité élémentaires
5. Calculer la matrice de rigidité globale
6. Calculer le second membre élémentaire puis global
7. Calculer la solution approchée

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