Vous êtes sur la page 1sur 3

Exemple d'une analyse de texte

L'objet d'analyse est la première partie de l'ouvrage de F. de Saussure "Cours de


linguistique générale" intitulée "Principes généraux". La première édition du "Cours de
linguistique générale" date de 1916 (aux Éditions Payot). Il a été préparé pour édition par deux
disciples de F. de Saussure – Ch. Bally et A. Sechehaye.
Le premier chapitre "Nature du signe linguistique" se compose de 3 paragraphes ayant
chacun son numéro et son propre titre1. Le premier paragraphe "Signe, signifié, signifiant"
introduit le sujet, le thème principal de l'extrait. C'est le signe linguistique qui est présenté par F.
de Saussure comme une entité psychique à deux faces, ces deux faces, ce sont le concept et
l'image acoustique. Ces deux éléments sont intimement unis et s'appellent l'un l'autre.
F. de Saussure propose de nommer le total par le terme signe et de remplacer concept et
image acoustique par signifié et signifiant, respectivement, pour éviter toute ambiguïté
terminologique. Ces derniers termes ont l'avantage de marquer l'opposition qui les sépare soit
entre eux, soit du total dont ils font partie.
Les deux autres paragraphes qui sont aussi mis en relief graphiquement abordent les
sous-thèmes suivants:
§ 2. "Premier principe: l'arbitraire du signe". Dans ce paragraphe F. de Saussure affirme
que le lien unissant le signifiant au signifié est arbitraire, puisque nous entendons par signe le
total résultant de l'association d'un signifiant à un signifié. Pour le prouver l'auteur cite des
exemples. Ainsi l'idée de 'sœur' n'est liée par aucun rapport intérieur avec la suite de sons s-ö-r
qui lui sert de signifiant. Saussure précise que le signifiant est arbitraire par rapport au signifié, il
ne dépend pas du libre choix du sujet parlant. Dans ce sens il convient de dire qu'il est immotivé.
L'auteur signale deux objections qu'on pourrait faire à l'établissement de ce premier
principe: ce sont les onomatopées et les exclamations. Selon F. de Saussure ces unités
linguistiques ne peuvent pas démentir le caractère arbitraire du signe linguistique car elles sont
d'importance secondaire, et leur origine symbolique est contestable.
§ 3. "Second principe: caractère linéaire du signifiant". Dans ce paragraphe F. de
Saussure constate que le second principe est évident mais on néglige normalement de l'énoncer:
le signifiant étant de nature auditive se déroule dans le temps et a les caractères qu'il emprunte au
temps: a) il représente une étendue et b) cette étendue est mesurable dans une seule dimension:
c'est une ligne.
L'isotopie sémantique du texte analysé est assurée par:
La répétition lexicale: p. ex. le mot signe est répété 22 fois, fréquents sont les termes
signifié et signifiant.
Les synonymes : on trouve dans le texte les synonymes (y compris contextuels) du mot
signe, tels que: unité, entité, mot, nom, terme, total. Les synonymes du mot signifiant dans le
texte sont: terme, image, élément, nom, mot. Les synonymes du mot signifié sont: concept, sens,
élément, terme, objet, chose, idée. Dans les cas où les synonymes désignant les mêmes notions
coïncident il convient de les désigner comme signe, signifiant, signifié. F. de Saussure utilise
beaucoup d'autres synonymes pour faire mieux comprendre le sujet essentiel: arbitraire, libre,
spontané; attache, lien, combinaison, unité, total; principe, thèse, règle; procédé, moyen;
remplacer, substituer; primordial, fondamental, important; innombrable, incalculable.
Les périphrases: unité linguistique, une entité psychique, la combinaison du concept et
de l'image acoustique, l'association d'un signifiant et d'un signifié.

1 Par souci de simplicité et d'allégement rédactionnel on présente une analyse abrégée de texte
On trouve dans le texte analysé beaucoup d'antonymes logiques qui représentent
l'opposition du sens: signifiant – signifié, visuel – acoustique, opposition – lien, évidence –
illusion, concret – abstrait, psychique – matériel, complexe – simple.
Tous les procédés cités, en se répétant plusieurs fois, relient ce texte en un tout
indivisible.
Parmi les moyens de cohésion lexicaux signalons ceux qui créent la prospection et lient
la rétrospection au présent. Ce sont:
1. Les adverbes: enfin, en effet, plutôt, en outre, aussi, sans doute, exactement, seulement, ainsi,
parmi lesquels les adverbes d'opposition: non seulement, mais, en outre, d'ailleurs,
cependant.
2. Mots et propositions intercalés: ce n'est qu'en tant que, c'est-à-dire, il est clair, il est vrai,
d'ailleurs, nous voulons dire, pour ainsi dire.
3. Les verbes à l'impératif: insistons, comparez, citons, signalons, proposons. Par l'intermédiaire
de ces verbes est marquée la présence de l'auteur qui propose au lecteur de suivre sa pensée.
4. Les mots déictiques: ce, celle, y, où, voici, voilà.
Les moyens linguistiques qui soulignent la présence de l'auteur sont :
− Le pronom personnel de la 1e personne du singulier je et les pronoms personnels conjoints,
par ex: "j'accentue une syllabe", "il me semble qu'on ait..." .
− Le pronom personnel de la 1e personne du pluriel nous: nous pouvons nous parler, nous
proposons, nous nous en contentons, nous ne savons pas, etc.
− Le pronom indéfini on qui prédomine dans le texte: on pourrait, on verra, on oublie, on peut
donc dire, on désigne, on s'est servi, on est tenté, on sait, on a vu.
− Les déterminatifs possessifs du singulier et du pluriel: nos images acoustiques, nos sens,
notre propre pensée.
− Les pronoms personnels conjoints: "nous donne le témoignage", "ne nous dit pas, sont pour
nous".
Parmi les moyens grammaticaux de cohésion citons avant tout le système temporel. Dans
le texte sont utilisés : le Présent de l'indicatif: il n'est pas... ; les éléments sont unis ; font partie ;
on oublie, on sait ; le Passé composé: on s'est servi ; les exclamations ont commencé. Le
système temporel exprime les rapports de la simultanéité, l'antériorité, la postériorité.
Quant aux modes, dans le texte sont employés l'Impératif (exemples cités plus haut), le
Conditionnel: l'ambiguïté disparaîtrait, on pourrait s'appuyer, le présent du subjonctif: qu'on se
souvienne, que nous cherchions, la langue ne soit qu'un système.
F. de Saussure utilise la mise en relief pour mettre accent sur quelque idée: p. ex. c'est
après bien des détours qu'on les découvre; c'est cette règle qui oblige; c'est seulement dans ce
sens... .
La cohésion du texte analysé est assuré également par les moyens graphiques:
L'auteur cite des exemples qui sont écrits entre parenthèses: (arbor), (qu'on pense au
Chinois qui salue son empereur en se prosternant neuf fois jusqu'à terre).
F. de Saussure utilise les parenthèses quand il veut expliquer sa pensée ou donner une
information plus développée: (on verra plus bas qu'il n'est pas au pouvoir de l'individu de rien
changer à un signe une fois établi dans un groupe linguistique).
Outre les parenthèses on trouve dans le texte les guillemets: p. ex. il faut éviter de parler
des "phonèmes"; s'il nous arrive de parler "matérielle". Il y a également les guillemets dans les
parenthèses: (fouet dérivé de fagus "hêtre").
Les titres des paragraphes et du chapitre sont imprimés en caractère gras. Les exemples
(arbor, fouet, glas, pipio) et les notions clés (signifié, signifiant, signe, les onomatopées, les
exclamations) sont imprimés en italique.
Le texte contient aussi des images et des schémas pour illustrer les idées de l'auteur.
Pour que ses idées soient plus claires l'auteur mentionne l'habitude des Chinois de saluer
leur empereur en se prosternant neuf fois jusqu'à terre (habitude fixée par une règle) pour, par
comparaison, expliquer le caractère conventionnel du signe linguistique. Outre cela, en
expliquant la différence entre le signe linguistique et le symbole F. de Saussure cite l'exemple du
symbole de la justice, la balance, qui ne pourrait pas être remplacé par n'importe quoi à cause
d'un lien naturel existant entre le signifiant et le signifié.

Vous aimerez peut-être aussi