Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
UN PROJET
DE JOSEPH DE MAISTRE
POUR L’UNION DES PEUPLES (1>
sédons. Que d 'au tres que leur génie appelle aux contem pla
tions m étaphysiques cherchent dans la nature même des
choses les preuves de notre doctrine. Que d ’autres enfin (et
plaise à Dieu q u ’il en existe beaucoup !) nous disent ce q u ’ils
ont appris de cet E sprit qui souffle où il veut, comme il veut
et quand il veut ». L'appel à l’inspiration directe exprimé
dans cette dernière phrase, n'est pas ce qu’il y a ici de moins
remarquable.
Ce projet ne fut jamais appliqué et on ne sait même pas si
le duc de Brunswick put en prendre connaissance ; il n'est
pourtant pas aussi chimérique que certains pourraient le
penser, et m us le croyons très propre à susciter des réflexions
intéressantes, aujourd'hui aussi bien qu'à l’époque où il fut
conçu ; c’est pourquoi nous avons tenu à en donner d ’assez
longs extraits. En somme, l’idée générale qui s’en dégage
pourrait: être formulée ainsi : sans prétendre aucunem ent
nier on supprim er les différences et les particularités natio
nales, dont il faut au contraire, en dépit de ce que prétendent
les internationalistes actuels, prendre conscience tout d ’abord
aussi profondément que possible,il s ’agit de restaurer l’unité,
supranationale plutôt qu'internationale, de l’ancienne Chré
tienté, unité détruite par les sectes multiples qui ont « dé
chiré Ii robe sans couture », puis de s’élever de là à l’uni
versalité, en réalisant le Catholicisme au vrai sens de ce mot,
au sens où l’entendait également Wronski, pour qui ce
Catholicisme ne devait avoir une existence pleinement effec
tive que lorsqu’il serait parvenu à intégrer les traditions
contenues dans les Livres sacrés de tous les peuples. Il est
essentiel de rem arquer que l’union telle que l’envisage J o
seph de Maistre doit être accomplie avant tout dans l’ordre
purem ent intellectuel ; c’est aussi ce que nous avons to u
jours affirmé pour notre pari, car nous pensons q u ’il ne peut
y avoir de véritable entente entre les peuples, surtout efitre
ceux qui appartiennent à des civilisations différentes, que
celle qui se fonderait sur des principes au sens propre de ce
m ot. Sans cette base strictem ent doctrinale, rien de solide
UN P R O JE T DE J O S E P H D E MAISTRE 105
R e n é G uenon
REMARQUES
SUR LA TRADITION CHINOISE
L Cf. M ayer’s Chinese Marusal, p, 384, T’oung Pao XXVIII, 1U31 (p, 4G6-4G9)
et île rb . J. Allen, P ‘an Kou dansChina Revient. Vol. XIV, p. 31-28.
2, les Vestige s des principaux Dogmes Chrétiens ■
f'our plus de dé tails voir
tires des anciens livres chinois duPère de Pré m are et surtout ses Recherches
sur les Temps antérieurs à ceux dont parle le Chou King, basées su r le La Shr
de Lo Pt, qui date de la dynastie Sang. Cf. égalem ent Ed, CUavannes. L o t
Mémoires Historiques de Se-ma T’sien, vol, I (p, 17-22), et C, W arn e r Dict. o f
-Chinese Mgthology et Myths and Legends o f China.
T R A D IT I O N C HINOIS E IO 9
1. On n o tera que les souverains de toutes les périodes lége ndaire s ré- .
aident dans les régio ns qui constituent maintenant les provinces de Shen
du Shan Si. é,u Ho Nan et du Shan Tung, c’est-à-dire les régions avoisi
n a n te s du Fleuve Jaune.
2. CT. 1’. de Prémare, V e s tig e s d e s p r in c i p a u x D o g m e s, p. 42t. A ceux qui
s'é tonnera ie nt de notjB voir utiliser les ouvrages du Père de Prém are, nous
nous born e ro n s à faire r e m a r q u e r que nul n’a repris ses tra v a u x s u r les
tem ps a n térieurs à ceux dont parie le Afiou K tn g et en particulier su r les p é
riodes a n té r ie u r e s à Fo Hi. Maigre c ertaines e r re u r s de perspective, com
préhensibles par l’époque où H écrivait, ses travaux sont plus in té res sa n ts
qu'on ne p o u r r a it le croire à pre m ière vue, ne serait-ce que p o u r les textes
qu'ils contiennent.
TRADITION* C H IN O IS E I II
ÏI
' 1. Cf, Nï. Granet, D a n s e s e t L é g e n d e s , pp. 64, 396 et 458 ; £d. Biot, Le
T c h e o u Li, t. Il, p. 104, 110 et lljB.
n 8 ÉTUDES TRADITIONNELLES
Lao Tsï était un maître qui aim ait l’obscurité, qu'il eut un
fils qui devint général à la cour de Wei et dont les descen
dants existaient encore sous les Han.
Bien plus tard, sous l’influence du Bouddhisme, une foule
de légendes firent leur apparition dans lesquelles, à défaut
d'une biographie proprement dite, ce qui, au point de vue
doctrinal, est bien secondaire, on discerne sans peine des
allusions à l'origine non-humaine du Taoïsme. Ces légendes
donnent à Lao Tsï une naissance miraculeuse à l’instar des
Souverains légendaires et des ancêtres des fondateurs des
trois Dynasties. Sa mère le porta 72 ans, certains disent
82 ans, dans son sein après l'avoir conçu sans l'intervention
d'un époux, à la vue d ’une étoile filante, esprit vital du Ciel,
et sans cesser d ’être vierge. Elle le mit au monde par le côté
/gauche, certains précisent sous son bras gauche, à l’ombre
d'un prunier, symbole d ’imm ortalité, d ’où son nom Li qu'il
se décerna lui-même, étant doué comme Huang Ti de la
parole dès sa naissance. M ontrant l'arbre il dit : Li sera
mon nom de famille. Il vint au monde avec des cheveux
blancs, des oreilles longues et la face d ’un vieillard, d ’où
son nom de Lao Tsï, qui signifie aussi bien vieux Maître
qu’enfant vieillard, son prénom Er, oreille, ou Chung Er
oreilles longues, et son titre posthum e ou plutôt son pseu
donyme Tan, oreille longue. On le représente souvent
m onté sur un buffle noir et on le dépeint avec une protu
bérance au sommet du crâne, deux autres aux ailes du
front, une grande raie sur celui-ci, une bouche carrée et
autres détails extraordinaires. On dit qu'il q u itta l'E m pire
chinois sur un char tiré par un buffle noir et qu'il se dirigea
vers le Thibet, certains disent vers le m ont K'un L u n ,
d'autres vers l'Inde et m ourut à l'âge symbolique de
8 î ans en 523. On prétend aussi q u ’il eut douze disciples,
deux directs, les autres posthumes, et que Y n Hi, le gar
dien de la passe, céda son livre à Wen Tsï l'un des premiers
écrivains Taoïstes.
Certains ont soutenu que Lao Tsï n 'a jamais existé,
12 2 ÉTUDES T R A D IT IO N N E L L E S
1 . C f . F u n g Y u L a n , o. c . , p . 1 7 0 - 1 7 2 .
2. C ' e s t c e q u e d i t l’A b b é d u P a i Y u n n K o a n a u P è r e W i é g e r : " E n t r e -
n o u s , v o u s e t n o u s , n o u s f û m e s v o i s i n s à l’o r i g i n e . N o u s , T a o ï s t e s , n o u s s a
v o n s cel3 C f. h i s t o i r e d e s c r o y a n c e s e n C h in e , p . 150. O u p e u t v o i r u n
* s i g n e d e s t e m p s ,, d a n s l e f a i t q u ' i l n e s e m b l e p l u s y a v o i r d e s T a o ï s t e » ,
d e c ette e n v e rg u re .
T R AD IT IO N CHINOISE Î 23
(À suivre)
JACQUES LlO NN ET. i.
médiaire d’un envoyé chargé d'une telle mission, sous la forme de Notifica
tions { . t k h b t t r , s i k h a b a r ) ou sous la forme de Li vres { K u i u, sing. K i t â b l et
de Eeui ilôts (Caou/'j. ici. la recommandation du Sheikh ei-Akbar se rapporte
avant tout à l'enseignement divin existant dans la révélation faite an Pro
phète et confiée aux détenteurs de ta tradition. Cet enseignement est ce que
désigne le terme k h a b a r surtout eu opposition avec le f i k r , la spéculation
rationnelle, dont il sera question dans la suite du traité,
t. Les caractères de t a m i ! i et l u n d i s sont des catégories conceptuelles
négatives que ta raison i e i - a q i ) par sa fonction spéculative et réflexive (eè/î.ér)
petit établir en mode valable. car cites consistent proprement dans la néga
tion de tonte conception rationnelle affirmative.
2. Rappelons ici les fl points de Sa foi qui sont : AUah, Ses Anges, Ses
Livres, des Unvoyés, le Jour Dernier et la Prédestination. Les A k h b à r trans
mis de la part do Dieu au sujet de ces 6 points constituent la base doctrinale
de ia foi.
:i. Cette dernière, sous le rapport de ia connaissance intuitive reste auxi
liaire et de forme purs ment négative.
4. Ou notera ici le caractère d'affinité naturelle entre la foi et la connais
sance intuitive.
5. La fonction dissociative do la réflexion ( e l - i i k r ) et 1s caractère incertain
de l'opinion ten-uarhor) sont naturellement divergents du caractère synthé
tique et affirmatif de la foi. L’usage de la spéculation rationnelle quant à la
substance et aux raisons propres de la foi. est dissolvant de celle-ci.
fl. ■*L'Œdde la Certitude „ est le degré de l'intuition Initiatique. Suivant le
rapport sous lequel sont envisagées les choses ici, cet " Œil „ correspond
donc à 1'“ Œil „ du Cœur ., i a v r i u - l - q u a l b ) . Rappelons ici qu'il y a trois degrés
ne la Certitude ; 1° La Science de la Certitude { I l m u i - Y a q i n } qui est U certi
tude théorique ; 2° L'Œil de la Certitude t , A ; ; n u i - Y a q i n ) qui est îa certitude
intuitive, mais procédant d'une connaissance encore distinctive d’on sujet
et d’un objet ; 3° La Réalité même do la Certitude (H a q q u l - Y a q i n ) qui est
ia certitude de la réalisation par soi et en soi dô ia Vérité du connu
{it a h a q q u q ).
LE L I V R E DES I N S T R U C T IO N S I 27
Sache, mon frère, que toutes les intelligences, tant celles des
anges que celles des hommes, et même l'Intellect Prem ier
(d~Aql el- Awwal) qui est le premier être existencié dans le plan
de l'Inventaire et de l'Inscription (aiamu-t-tadivtni wa-i~
tastîr) (2), connaissent leur insuffisance et leur ignorance à
l'égard de l’Essence de leur Créateur, et smit conscientes
q u ’elles ne savent, au sujet de cette Essence Transcendante,
" figure „ des oiseaux est d’aiileurs désignée par le t e r m e t w / a h qui est de
la même racine que t a h a y y u ’ de notre texte- Le souffle ( n a f k h ) viviiicateur
de Jé su s c orrespond à la grâce divine.
1. Cî. le hadith rappelé au sujet des sciences inscrites par le Calante su r
la Table Gardée.
; 2. Cette mention sommaire se r a p p o rte à toute la discipline initiatique
né c e ssa ire p our l'acquisition des qualités et des vertus spirituelles.
9
130 ÉTU D E S T R A DITION NELLES
M uhy e d - D în I bn A rabî
Traduction et notes de M. ,V a l s a n .
la promesse sont ceux pour qui il est écrit «j'ai dit: vous êtes
des dieux >>(SL Jean, X, 34), et qui, ayant mangé à la fois les
fruits de l’arbre de science et ceux de l’arbre de vie, vérifient
la parole de Jéhovah : « Voici que l'homme est devenu comme
l'un de nous >>(Genèse, III, 22}, parole qui est aussi celle de
l’antique serpent.., (1). Ce sont ceux qui suivent le Christ
au Thabor, puis sur la montagne du Crâne, là où, selon l'in
comparable parole de Maître Eckhart, « Dieu lui-même rend
l’esprit >>...
Nous avons souligné plus haut que le Saint-Esprit était
particulièrement en rapport avec l'aspect initiatique du
Christianisme, et cela ressort également du fait que, sur les
sept dons du Saint-Esprit, quatresont purement intellectuels :
dons de Sagesse, d’intelligence, de Science et de Conseil On
remarquera que si, dans cette énumération, les dons de Sagesse
et d’intelligence doivent sans doute être rapportés au do
maine de la Connaissance métaphysique ou Connaissance
pure, ceux de Science et de Conseil, par le fait même qu’ils
sont distingués des précédents, doivent se rapporter au
domaine des connaissances cosmologiques, c'est-à-dire aux
divers aspects de la connaissance du monde et de l’homme.
Il n'est pas douteux que si le Nouveau Testament con
tient, notamment dans l'Evangile de saint Jean, les prin
cipes (et seulement les principes) d’une connaissance méta
physique et ontologique, que s’il renferme, dans toutes ses
parties, une description de l’attitude spirituelle selon la voie
chrétienne, l'aspect de « science », ainsi que nous l'avons déjà
souligné dans un précédent article, y est fort peu développé,
sauf dans l'Apocalypse qui, se rapportant à la dernière partie
du cycle, apparaît ainsi comme le dernier chapitre du récit
qui commence par la Genèse et décrit, pour un certain cycle
humain et pour une certaine « humanité », tout ce qu'il lui
a s p i r a n t s à l ’i n i t i a t i o n d e v a i e n t ê t r e p r é a l a b l e m e n t d e b o n s C a t h o l i q u e s q u i ,
p a r c o n s é q u e n t , a v a i e n t d é j à r e ç u t o u s le s s a c r e m e n t s c o n f é r é s a u x Ü dèie»
a y a n t a t t e i n t l ’â g e a d u l t e .
l. O n p e u t p e u t - ê t r e e n t r e v o i r i c i l ’u n e d e s r a i s o n s d e ï ’e s p è o e d e r é p r o
b a t i o n q u i , d u p o i n t d e v u e e x o t é r i q u o , s ’a t t a c h e à i ’i n i t i a t i o n e t à l a r e
c h e r c h e de la C o n n aissan c e .
E SO T E R ISM E C H R É T IEN *37
1. P a u l V u l l i a u d : La Kabbale juive; to m e H, c h . X IX .
138 É TU D E S TRA D IT IO N N EL L ES
D a n s l e n ° d e m a i d e Masonic Light, n o u s m e n t i o n n e r o n s u a
c o u rt article, c o n sa c ré à une q u estio n des plus .im portantes :
l’e m p l o i d e ia l a n g u e h é b r a ï q u e d a n s l e s m o t s s a c r é s e t les m o t s
d e p a s s e d e la M a ç o n n e r i e . C e t a r t i c l e m e t b i e n e n l u m i è r e l ' i m
p o s s i b i l i té de t r a d u ir e r i g o u r e u s e m e n t les t e r m e s d 'u n e la n g u e
sa c ré e . L 'a u c e u r e h o i s i t c o m m e e x e m p l e s les d e u x m o t s S/io/om
e t Z ' d o k o l g q u ’o n r e n d h a b i t u e l l e m e n t p a r « p a i x » e t >< c h a
r i t é ü. O r , l e p r e m i e r n e s i g n i f i e p a s s e u l e m e n t a b s e n c e d e
g u e r r e , n ia is e n c o r e intégrité", p e r f e c t i o n , s a n t é d u c o r p s et d e
l ’â m e , H a r m o n i e , p r o s p é r i t é ; e t Z ’d o k o h n e s i g n i f i e p a s s e u l e
m e n t c h a r i t é , m a i s a v a n t t o u t j u s t i c e , e t e n c o n s é q u e n c e l es-
r è g l e s t a l m u d i q u e s c o n s i d è r e n t la c h a r i t é n o n pas c o m m e
u n e œ u v r e « s u r é r o g a t o i r e », m a i s b i e n c o m m e u n e œ u v r e d e
s t ric t e é q u i t é , les b ien s q ue t o u t h o m m e possède, ne lui a p p a r
t e n a n t pa s e n p r o p r e , m a i s é t a n t u n s i m p l e d e p o t q u e D i e u lui
a confié.
— L e n° de la m i - é t é r e p r o d u i t q u e l q u e s e x t r a i t s g l a n é s
d a n s u n e p u b l i c a t i o n a n t i m a ç o n n i q u e q u ; v i e n t d e v o i r le j o u r
a u C a n a d a . C e s e x t r a i t s d o n n e n t , s u r l ' o r g a n i s a t i o n d e la M a
ço n n erie internation ale, des re n se ig n e m e n ts tellem ent s e n s a
t i o n n e l s q u e n o u s n e r é s i s t o n s p a s a u d é s i r d ’e n f a i r e p r o f i t e r 1
n o s l e c t e u r s . « L a M a ç o n n e r i e n e c o m p t e p a s ?M d e g r é s , m a i s
b i e n 34 ; b e a u c o u p d e M a ç o n s n ’e n s a v e n t r i e n , l e f a i t é t a n t
re n u s t r i c t e m e n t s e c r e t , m ê m e à l ’é g a r d d e s t i t u l a i r e s d u
33° d e g ré . Ce 3qe d e g ré est c o n s t i t u é p ar ies m e m b r e s de
l ’ O r d r e d e s B m i t , B r i t ' n , O r d r e q u i c o m p t e 5o m e m b r e s , d o n t
3o s o n t J u i f s . . . C h a c u n e d e s g r a n d e s d é n o m i n a t i o n s d u P r o
testantism e e t d e l’ E g l i s e O r t h o d o x e , a u s s i bien q u e de-
l ' I s l a m , a sa p r o p r e M a ç o n n e r i e p o u r la d i r i g e r : a i n s i l ' E g l i s e
a n g l i c a n e est d o m i n é e p a r i e s O i d - f e l k m s ; les m é t h o d i s t e s et
l e s p r e s b y t é r i e n s s o n t d o m i n é s p a r l ’O r d r e d e s O r a n g i s t e s ; la
M a ç o n n e r i e g r e c q u e esc d o m i n é e p a r les * C h e v a l i e r s do
P y t h ï a s » ; la M a ç o n n e r i e a / a b o - p e r s a n e e s t d o m i n é e p a r le
M y s t i c S h n n e ; l a M a ç o n n e r i e é g y p t i e n n e e s t d o m i n é e p a r le
K a m a k T e m p l e . L a M a ç o n n e r i e c o n t r ô l e e g a l e m e n t les c o m
p a g n i e s d ’a s s u r a n c e s , p a r l ’ i n t e r m é d i a i r e d e P * O r d r e I n d é
p e n d a n t d e s F o r e s t i e r s s>. E l l e i n f l u e s u r l a p o l i t i q u e m o n d i a l e -
a u m o y e n d ’u n S u p r ê m e C o n s e i l q u e d i r i g e u n Président,
assisté de 4 M inistères. Ce S u p rê m e C o n seil a p o u r e m b lè m e
u n s e r p e n t m y s t iq u e . L e P r é s i d e n t est ju if. L e s 4 m in is tè re s ,
s o n t -, l e m i n i s t è r e d e l a H a i n e , d i r i g é p a r u n r a b b i n ; l e m i
n is tè r e d e la R e l i g i o n , c h a r g é d e s c é r é m o n i e s s a c r i l è g e s du
c u l t e m a ç o n n i q u e , y c o m p r i s l e s m e u r t r e s r i t u e l s , l ’a d o r a t i o n
d e 8 a a l e t l e s p i r i t u a l i s m e a v a n c é (sic) ; l e m i n i s t è r e d e la-
14 o ÉTU D E S T RADIT ION NEL L ES
— D a n s le n° de se p te m b re , n o u s tr o u v o n s q u e l q u e s notes
s u r l a c a r r i è r e m a ç o n n i q u e d e D a n i e l O ’C o n n e l , le « L i b é r a
t e u r i r l a n d a i s », q u i , n o n s e u l e m e n t s u t r e n d r e u n e â m e à s a
patrie o p p r i m é e , m ais e n c o r e fut ie véritable artisan de
R k a c t e d ’é m a n c i p a t i o n » d e i 8 a g , p a r l e q u e l t o u s l e s c a
t h o l i q u e s d u R o y a u m e - U n i r e ç u r e n t la p l é n i t u d e des d roits
civ ils et p o l i ti q u e s , a p p a r t e n a i t e n effet à la F r a n c - M a ç o n n e r i e .
I l j o u a d ’a i l l e u r s u n r ô l e m a ç o n n i q u e a c t i f : i n i t i é e n 1 7 9 9 à la
L o g e n ° 1 8 9 d e D u b l i n , i l e n d e v i n t l e P r é s i d e n t l ’a n n é e s u i
v a n t e . U f u t m e m b r e f o n d a t e u r d ’u n e L o g e d e T r a i e e e t a f f i l i é
LES R E V U E S 141
d ’u n e L o g e d e L i m e r i c k . M a is en i83S, a y a n t eu c o n n a i s
s a n c e d e s c o n d a m n a t i o n s p o n t i f i c a l e s p o r t é e s c o n t r e l ’O r d r e ,
il s e r e t i r a v o l o n t a i r e m e n t d e l a M a ç o n n e r i e , à l a q u e l l e il
av ait a p p a r te n u p e n d a n t p r e s q u e 4 0 a n s . — D a n s le m ê m e n°,
e s t a n n o n c é e l ’é l e c t i o n , c o m m e G r a n d - M a î t r e d e l a G r a n d e
L o g e U n i e d ’A n g l e t e r r e , d u c o m t e d e S c a r b r o u g h , a n c i e n
G r a n d - M a î t r e de ia G r a n d e L o g e d e D i s t r i c t d e B o m b a y .
— D a n s le S y m b o l ' . i m e d e j u i n i o 5 i , n o u s s i g n a l e r o n s u n b e l
« H o m m a g e à R e n é G u e n o n u p a r M . G. d e S a i n t - J e a n . —
V i e n n e n t e n s u i t e trois é t u d e s s u r les r a p p o r ts du R o s i c r u c i a -
n i s m e e t de ia M a ç o n n e r i e , s i g n é e s r e s p e c t i v e m e n t d e M M . L e
page, B ern ard E. Jo n e s (étude extraite du F r e e m a s o n 's G u id e
and C o m p e n d i u m ) et G . - H . Luquet. Dans cette dernière
é t u d e , q u i e s t d e b e a u c o u p la p l u s l o n g u e , M . L u q u e t a n a l y s e
l e s d i v e r s t e x t e s s u r l e s q u e l s o n a t e n t é d e s ’a p p u y e r p o u r
p r o u v e r e u e les R o s i c r u c i e n s o n t jo u é un rôle lors du p a s s a g e
d e la M a ç o n n e r i e o p é r a t i v e à l a M a ç o n n e r i e s p é c u l a t i v e . C e
s o n t divers p o è m e s , o p u s c u l e s , lettre s et a r t i c l e s de j o u r n a u x ,
q u i s ’é c h e l o n n e n t d e 1 6 3 8 à i j 3 o . S ’ il s e m b l e b i e n , c o i n m e l e
a i t M. L u q u e t , q u e c h a c u n de c e s é c r i t s p n s à p a rt ne p r o u v e
p a s g r a n d ’ c h o s e , il e s t t o u t d e m ê m e é t r a n g e d e v o i r , d a n s s i x
d e s n e u f t e x t e s a n a l y s é s , le n o m d e s F r a n c s - M a ç o n s r a p p r o
c h é de c e lu i des R o s e - C r o i x et, d a n s un s e p ti è m e texte, de
celui des K ab b aiiste s. Ce faisceau de c o ïn c id e n c e s est digne
d ’ e x a m e n , si l’ o n s o n g e à l ' h a b i t u d e d e s r o s i c r u c i e n s d e p r o
c é d e r p a r a l l u s i o n s , d ’a t t i r e r l ’a t t e n t i o n p o u r l a d é t o u r n e r
e n s u i t e , de j e t e r e u x - m ê m e s le d i s c r é d i t s u r l e u r s p r o p r e s
o u v r a g e s . L e h u i t i è m e d e s n e u f t e x t e s é t u d i é s , q u e M. L u q u e t
a n a l y s e l o n g u e m e n t , e s t i n t i t u l é L o n g L i v e r s ( c e q u ’o n p o u r r a i t
t r a d u s r e p a r : « C e u x q u i s o n : d o u é s d e l o n g é v i t é ») , p u b l i é
à L o n d r e s e n 1 7 2 3 , s o u s le nom d ’Eu genius Phiiaiethes'
j u n i o r . C ’ e s t l a t r a d u c t i o n d ’ u n t r a i t é h e r m é t i q u e d ’A m a u l d
d e V i l l e n e u v e , t r a d u c t i o n d é d i é e ■< a u x G r a n d - M a s t r e , M a î t r e s ,
S u r v e i l l a n t s et F r é t é s de la tr ès a n c i e n n e et tr ès h o n o r a b l e
F r a t e r n i t é d e s F r a n c s - M a ç o n s d e G r a n d e - B r e t a g n e e t d' 1 r-
i a n d e ». S u r l ’ i d e n t i t é d e i ’a u t e u r d e c e t o u v r a g e , d u r e s t e f o r t
i n t é r e s s a n t , v o i c i c e q u e n o u s d i t M . L u q u e t . >< En* s ' a p p e l a n t
E u g e n i u s P h i i a i e t h e s l e j e u n e , il a t o u t P a i r d e v o u l o i r s e
p l a c e r s o u s le p a t r o n a g e d ’ u n E u g e n i u s P h i i a i e t h e s p l u s a n
c i e n , E n fait, d e s li vre s i m p r i m é s d e i 6 5 o à i 6 5 y é t a i e n t s i
g n és E u g e n i u s P h i i a i e t h e s . S o n vrai n o m fut T h o m a s V a u g h a n .
M a i s la q u e s t i o n se c o m c l i q u e . D e s o u v r a g e s d u m ê m e g e n r e
q u e c e u x d ’E u g e n i u s P h i i a i e t h e s o n t été p u b l i é s à A m s t e r d a m
et à L o n d r e s d e r6 6 4 à 1 6 7 8 p a r u n c e r t a i n E i r e n a e u s P h ü a
l e t h e s , « A n g l a i s d e n a i s s a n c e e t c o s m o p o l i t e d e r é s i d e n c e »,
q u ’ o n n ’e s t p a s p a r v e n u à i d e n t i f i e r . D i v e r s a u t e u r s o n t c o n
f o n d u c e s d e u x P h i i a i e t h e s , et iis s o n t d ' a u t a n t p lu s e x c u
s a b l e s q u ’à c e q u ’o n d i t , E i r e n a e u s l u i - m ê m e a u r a i t p r i s p o u r
u n d e s e s o u v r a g e s l e p r é n o m d ’ E u g e n i u s . Il n ’y a u r a i t d o n c
r i e n d e s u r p r e n a n t à c e q u ’E u g e n i u s P h i i a i e t h e s l e j e u n e a i t
c o m m i s l a m e m e c o n f u s i o n , e t , b i e n q u e s e p l a ç a n t s o u s le
s i g n e d ’E u g e n i u s , s e s o i t i n s p i r é à la f o i s d ’É u g e n i u s e t
d ’ E i r e n a e u s ». E n s o m m e , t o u t a é t é f a i t , e t m ê m e t r è s b i e n
T AO ÉTU D E S TRADITION NELLES
f a i t , p o u r « b r o u i l l e r l e s p i s t e s », e t l ’ o n n e s ’y r e t r o u v e g u è r e . . .
C e u x , q u i v o u d r o n t d ’a u t r e s r e n s e i g n e m e n t s s u r l e s d e u x ( o u
s u r les trois) P h i l a i e t h e s , « j e u n e s » o u n o n , et qui a p p a r u r e n t
çà et là s o u s les n o m s de G e o r g e S t a r k e y , D r Z h e i l , C h i l d e ,
C a r n o b i u s , p o u r r o n t c o n s u l t e r le T h e o s o p h is m e de R e n é G u é -
n o n ( p . 53) e t a u s s i Y H i s t o i r e e t D o c t r i n e s d e s R o s e - C r o i x d e
S é d i r ! o . 3 5 7 ). Q u o i q u ’ il e n s o i t , L o n g L i v r e s d u t a v o i r u n
c e r t a i n r e t e n t i s s e m e n t d a n s l e m o n d e m a ç o n n i q u e d ’a l o r s ,
c a r M . L u q u e t n o u s a p p r e n d q u e c i n q a n s p l u s t: r d , u n h a u t
dignitaire de la M a ç o n n e r i e g a llo is e , E d w a r d O a k l e y , ht,
d e v a n t l a L o g e l o n d o n i e n n e « A u x t r o i s C o m p a s ». u n d i s
c o u r s q u i fut im p r im é e n su ite d an s un d o c u m e n t officiel, et
o ù il r e p r e n a i t n o n s e u l e m e n t les i d é e s ri e L o n g L i v e r s ,
« m a i s j u s q u ’à d e s p a s s a g e s t e x t u e l s , e n t r e g u i l l e m e t s ». S i
g n a l o n s au ss i trois p o i n ts d o n t M. L u q u e t ne parle p a s, m a i s
q u ' é v i d e m m e n t il n e p e u t i g n o r e r . D ’a b o r d , s ’ il e s t b i e n v r a i
q u e L o n g L i v r e s ne fait a u c u n e m e n t m e n t i o n d e s R o s e - C r o i x ,
c e t o u v r a g e n ’e n e s t p a s m o i n s ■< s i g n é » p a r e u x , c a r , d a n s
u n e p a r t i e d e la p r é f a c e q u i p r é c è d e c e l l e q u e M . L u q u e t a
t r a d u i t e , il e s t p a r i é d e c e r t a i n e s p e r s o n n e s « d o n t l e n o m
d o i t ê t r e r a y é p o u r t o u j o u r s d u l i v r e M . ». fl s ’a g i t b i e n é v i
d e m m e n t d u ,( L i v r e M . » d e s R o s e - C r o i x , q u ’o n a i n t e r p r é t é
p a r L i b e r M u n d i ou m ê m e p a r M u n i s L i b a n et q u i e s t le s e u l
l i v r e d a n s l e q u e l i l s c o n s e n t a i e n t à l i r e , e u x q u i n ’é c r i v e n t
point. Ensuite, il e s t f a i t m e n t i o n d e L o n g H v e r s e t d u
f Frère » Eugcnius P h i l a i e t h e s d a n s un oMvrage é d i té à
L o n d r e s e n r 7 c 3 « à l ' u s a g e d e s L o g e s » et i n t i t u l é E b r ie L it ts
E n c o m i u r r i Q E l o g e d e l ’ i v r e s s e »}. E n f i n , d i v e r s a u t e u r s o n t
p e n s é q u ’ E u g e n i u s P h i l a i e t h e s é t a i t u n c e r t a i n R o b e r t S a m ’o e r ,
q u i v i v a i t d a n s l ’e n t o u r a g e d u d u c d e M o n t a g u , s u c c e s s e u r d e
D c s a g u l i e r s c o m m e G r a n d - M a î t r e d e s « M o d e r n e s ».
— D a n s le n ° de s e p t e m b r e - o c t o b r e - n o v e m b r e , a r t i c l e de
M. j C o r n e l o u p , i n t i t u l é « L e C e n t r e d u M o n d e ». L ’a u t e u r ,
d o n t o n s ait les t e n d a n c e s r a t i o n a l i s t e s , r e c o n n a î t tr è s f r a n
c h e m e n t q u ’e n l ' e s p a c e d ' u n e g é n é r a t i o n , u n e é v o l u t i o n s ’ e s t
p r o d u i t e d a n s les m i l i e u x « c u ltiv é s » : alo rs q u ’a u d é b u t de
n o t r e s i è c l e , les « s p i r i t u a l i s t e s » y é t a i e n t c o n s i d é r é s c o m m e
a e s « o r i g i n a u x » o u m ê m e c o m m e d e s » f a i b l e s d ’e s p r i t » , c e s o n t
m a i n t e n a n t les m a t é r i a l i s t e s q u i f o n t f i g u r e d ’ « a t t a r d é s » et d e
m i n i h a b e n l e s . M . C o r n e l o u p e s t d ’a i l l e u r s a u s s i s é v è r e p o u r
les « f o r c e n é s d u s c i e n t i s m e » q u e p o u r les « m o u s q u e t a i r e s
d u n é o - s p i r i t u a l i s m e ». M a i s il e s t v i s i b l e q u e s e s s y m p a t h i e s
v o n t t o u t d e m ê m e a u x p r e m i e r s : e n e f f e t , il s ' a t t a q u e d a n s
s o n é t u d e à l a c o n c e p t i o n t r a d i t i o n n e l l e s e l o n l a q u e l l e l ’h o m m e
e s t l e « c e n t r e d u m o n d e », e t U « m e t e n f a c e c e q u e n o u s
s a v o n s a u j o u r d ’ h u i : q u e l ’h o m m e n ’e s t q u ’u n e i n f i m e m o i s i s
s u r e » (Grc) E t il a j o u t e : « L a p l u s h u m b l e a b e i l l e , l a p l u s
chétive f o u r m i , p e u t c r o i r e q u ’e l l e e s t f a i t e à l ’i m a g e de
l ’ E t r e S u p r ê m e q u i l u i a d i c t é s o n d é c a l o g u e e n c r é a n t l ’u n i
v e r s s p é c i a l e m e n t p o u r q u e s o n e s p è c e y p r o s p è r e », N o u s
n o u s d e m an d on s v raim en t ce que pourrait être un D é c a lo g u e
p o u r a b e i l l e s et p o u r f o u r m i s . M a is n o u s é t o n n e r o n s san s
d o u t e M . C o r n e l o u p e n l u i d i s a n t q u e si c e s e s t i m a b l e s i n -
LES REVUES 143
L â G éra n t ; P a u l C h a c o r n a c .