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Etudes Arabes
2008
grand--mères
A mes grand
Às minhas avós Maria e Alice
nəhdi hhādī
ādī--r-rīsāla li ddəkr
ādī əkrāā-ḥn
əkr ḥnānī
ānī--ya zz--zōz,
ānī
əlli ḍḍūūṛūf
ūf--hum mā
mā--xəll
əllāt
āt--hum
āt hum--š yyətԑəllmu
ətԑəllmu lələ--gṛāya u lləə-ktība
REMERCIEMENTS
J’exprime ma reconnaissance à tous mes informateurs et amis libyens, pour toute leur
aide, pour avoir passé de nombreuses heures à répondre à mes questions. Un très grand
merci à Adnan qui est venu à Paris à deux reprises pour m’aider pendant la rédaction de
ma thèse.
Je remercie tout ceux qui m’ont aidé à élaborer ce travail et plus particulièrement
Alexandrine BARONTINI, qui a accepté de relire cette thèse au fur et à mesure et qui m’a
fait part de ses remarques et suggestions, ainsi que Christine VASCO. Je remercie
Ahmed EL HABIB, Ali MOUHOUB et Khaled OULD-KACI pour m’avoir aidé à transcrire
une partie de mon corpus.
Je remercie tous les amis qui m’ont accompagné et soutenu pendant la rédaction de
cette thèse.
Enfin, je remercie tous les organismes qui m’ont aidé pendant mes recherches.
Mon premier voyage à Tripoli, en novembre 2002 a été, en partie, financé par mon
équipe de recherche, le Centre de Recherche et d’Études en Arabe Maghrébin
(CRÉAM, INALCO). Ensuite, l’obtention d’une aide au voyage de l’Ecole Doctorale de
l’INALCO m’a permis d’effectuer mon deuxième séjour, en février 2005. Enfin, pour
mon troisième séjour, en novembre 2006, j’ai bénéficié d’une aide à la mobilité
internationale Aires Culturelles du Ministère délégué à la Recherche.
Depuis que j’ai débuté mes recherches sur l’arabe libyen, j’ai également obtenu trois
allocations de courte durée de l’Institut de Recherche sur le Maghreb Contemporain
(IRMC, Tunis), qui m’ont permis de séjourner à Tunis, pendant trois semaines, en
octobre 2001, septembre 2004 et octobre 2006, où j’ai pu effectuer d’importantes
recherches bibliographiques, notamment à l’Institut des Belles Lettres Arabes (IBLA).
MEMBRES DU JURY
Jérôme LENTIN
Professeur des Universités
INALCO, Paris (France)
Patrice POGNAN
Professeur des Universités
INALCO, Paris (France)
// transcription phonologique
[] transcription phonétique
√ racine
C consonne
C̣ consonne emphatique
v voyelle brève
v̄ voyelle longue
v̆ voyelle ultra-brève
> devient
< vient de
~ alterne avec
Ø morphème zéro
M. masculin
F. féminin
SG. singulier
PL. pluriel
1 première personne
2 deuxième personne
3 troisième personne
INTRODUCTION
Mes recherches sur l’arabe de Tripoli ont été initiées en octobre 2000, lorsque j’ai
proposé à ma directrice de recherche, Dominique CAUBET, de préparer un mémoire de
maîtrise sur les parlers arabes de Libye. Ce qui a motivé ce choix, c’est que j’entamais
une cinquième année d’études à l’Institut National des Langues et Civilisations
Orientales, à Paris, en arabe maghrébin, sans avoir jamais appris d’arabe libyen, alors
que les autres parlers arabes du Maghreb y sont enseignés (l’arabe ôassānīya de
Mauritanie, l’arabe marocain, l’arabe algérien, l’arabe tunisien, ainsi que le maltais). Or,
la Libye fait aussi partie du Maghreb, non seulement d’un point de vue géographique,
mais aussi d’un point de vue linguistique 1 ; en effet, la frontière entre les parlers arabes
maghrébins et les parlers arabes orientaux se situe en Egypte 2. J’étais donc curieux de
savoir ce qu’était l’arabe de Libye et j’ai eu envie, à ce moment-là, de consacrer mon
premier travail de recherche à l’étude d’un de ses parlers 3.
Mon travail de maîtrise a été d’effectuer la synthèse de documents qui traitent du parler
arabe de Tripoli, de réaliser un état des lieux d’après ces publications, en m’appuyant
sur un questionnaire de dialectologie du Maghreb élaboré par Dominique CAUBET 4.
J’ai également analysé ce parler en le comparant avec plusieurs parlers arabes
maghrébins de type bédouin 5. Pour ce travail de maîtrise, je me suis concentré sur la
Tripolitaine pour rédiger une étude de référence à partir des documents qui étaient
publiés.
Les parlers arabes de Libye ont été très peu étudiés et il m’a semblé urgent et important
de remettre l’arabe libyen à l’ordre du jour et de poursuivre l’étude de ces parlers. En
effet, en ce qui concerne la Tripolitaine, les principaux ouvrages ont été publiées entre
1894 et 1939 ; il s’agit des études de Hans STUMME (1894 et 1898), d’Eugenio
GRIFFINI (1911), d’Alfredo TROMBETTI (1912) et d’Antonio CESÀRO (1939). En ce qui
concerne la Cyrénaïque, il s’agit des travaux d’Elpidio IANNOTTA (1933), de Torquato
CUROTTI (1933), d’Ester PANETTA (1943) et de Jonathan OWENS (1984). Plus
récemment, en 2001, des documents qui concernent les parlers du Fezzân, appartenant à
William et à Philippe MARÇAIS, ont été édités. En 2004, Jean-Loïc LE QUELLEC a
publié une méthode d’arabe libyen. Enfin, la phonologie et la morphologie du parler des
Juifs de Tripoli ont été décrites par Sumikazu YODA (2005), qui a effectué des enquêtes
linguistiques en Israël, auprès de personnes originaires de Tripoli.
Depuis que j’ai initié mes recherches sur l’arabe libyen, j’ai toujours tenté d’obtenir les
documents qui s’y rapportent ; la bibliographie sur l'arabe libyen que j'ai constituée
depuis 2000, comporte actuellement 150 références, dont j'ai réussi à acquérir près de
90 % des titres. Certains de ces documents sont rares. J’ai notamment acheté chez des
antiquaires, en Italie, plusieurs livres, publiés pendant l’occupation italienne de la
Libye.
1
Voir Ph. MARÇAIS 1977 : V.
2
Voir BEHNSTEDT 1998.
3
Voir PEREIRA 2001 et PEREIRA 2003.
4
Voir CAUBET 2001.
5
Voir W. MARÇAIS 1951 et Ph. MARÇAIS 1957.
1
Le terrain libyen
J’ai, dès le début de mes recherches, été confronté à la difficulté d’obtenir un visa et
d’accéder au terrain libyen. L’obtention de mes deux premiers visas a été extrêmement
lente et difficile. Alors que j’ai commencé à étudier l’arabe libyen en octobre 2000, je
n’ai eu la possibilité d’aller en Libye pour la première fois qu’en novembre 2002, invité
par l’Institut Culturel Français de Tripoli. A l’institut, j’ai très rapidement rencontré des
jeunes Tripolitains, qui sont devenus mes amis et mes informateurs et j’ai pu
commencer mes enquêtes de terrain. J’ai, ensuite, eu l’opportunité de rejoindre, en
septembre 2003, un de mes informateurs à Gênes, en Italie, pendant dix jours et j’ai pu
ainsi effectuer des enregistrements et poursuivre mes recherches. Je n’ai pu retourner en
Libye, une deuxième fois, qu’en février 2005, grâce à l’aide de mes amis, et c’est à ce
moment-là que j’ai véritablement obtenu un corpus assez consistant pour initier mon
travail de thèse. En janvier 2006, j’ai commencé la rédaction de ma thèse de doctorat et,
depuis, j’ai eu l’opportunité de retourner à Tripoli en novembre 2006.
J’ai été confronté à de grandes difficultés d’accès au terrain, mais j’ai eu la chance, dès
mon premier voyage à Tripoli, de rencontrer des informateurs qui sont devenus des
amis et qui m’ont présenté à leurs amis. Depuis, ils m’accompagnent dans ce travail, en
m’apportant leur aide constante. Ils m’ont accueilli au sein de leur groupe, m’ont fait
partager leur vie, m’autorisant à les enregistrer et ils n’ont jamais cessé de m’aider. J’ai
pu, grâce à eux, avec eux, non seulement étudier le parler arabe de Tripoli – leur langue
maternelle – mais aussi apprendre à vivre comme eux, à leur rythme, dans une ville et
une culture que je découvrais en même temps que sa langue. Je me suis ainsi retrouvé
dans une situation idéale pour réaliser mes enquêtes de terrain. De plus, lorsque j’étais à
Paris, ils ont toujours accepté de répondre aux questions que je leur ai posées par e-mail,
sur le chat ou au téléphone. Un de mes informateurs est même venu à Paris, à deux
reprises, pour m’aider pendant la rédaction de ma thèse.
La thèse de doctorat que je présente aujourd’hui est donc l’aboutissement de huit années
de recherches sur l’arabe de Tripoli et sur l’arabe de Libye. C’est la langue maternelle
de mes amis tripolitains que je décris.
Ce travail de thèse de doctorat est une description du parler arabe de Tripoli qui se
divise en deux grandes parties : une partie concernant la phonologie, la morphologie et
la morphosyntaxe, puis une partie concernant les catégories grammaticales.
2
et de qualité, d’affirmation et de négation), les conjonctions de coordination et de
subordination, les prépositions, les pronoms personnels, les interrogatifs, les
démonstratifs, les relatifs et les indéfinis. De plus, j’ai examiné l’expression de la
possession.
La deuxième partie est consacrée aux catégories grammaticales et elle traite plutôt de
questions de linguistique générale. On étudie les catégories de la modalité et de l’aspect
verbal. L’étude de la modalité est effectuée dans le cadre d’une théorie de l’énonciation,
élaborée par Antoine CULIOLI (1976, 1984, 1990 et 1999). Elle s’inspire largement de
l’analyse fournie par BOUSCAREN & CHUQUET (1987) pour l’anglais et de celle qu’a
réalisée Dominique CAUBET (1993) pour l’arabe marocain, qui rappelle qu’il s’agit
« d’une linguistique qui met au premier plan l’ancrage des énoncés dans la situation
d’énonciation, avec ses deux coordonnées, le sujet énonciateur et le moment de
l’énonciation » (CAUBET 1989 : 28). Il s’agit, en effet, d’une linguistique qui étudie les
langues en situation. Quant à l’étude de l’aspect verbal, elle s’appuie sur les travaux de
Marcel COHEN (1924) et de David COHEN (1984 et 1989), sur l’ensemble du
sémitique ; j’ai également consulté le travail de typologie des aspects verbaux de
Nicolas TOURNADRE (2004).
Au niveau linguistique, les parlers arabes de Libye font partie de l’ensemble des parlers
dits maghrébins, mais lorsqu’on étudie les parlers arabes de Libye, du fait de sa
situation géographique – à l’extrême Est du Maghreb – il faut élargir l’analyse
comparative aux parlers égyptiens et aux parlers de l’aire tchado-soudanaise. Pour ce
faire, j’ai systématiquement consulté, pour ce qui concerne les parlers égyptiens, les
travaux de TOMICHE 1964, WOIDICH 2006 (Le Caire), ainsi que DROP & WOIDICH
2007 (ilBaôariyya) ; j’ai également consulté ROTH 1979 (Abbéché), ZELTNER &
TOURNEUX 1986 (Ulâd Eli) et JULLIEN DE POMMEROL 2000, pour les parlers du
Tchad ; puis, la thèse de MUSTAPHA (1986), ainsi que l’article d’AHMED & MILLER
(1986) pour les parlers soudanais.
3
La méthode de travail
Lors de mon premier voyage à Tripoli, en novembre 2002, j’ai réalisé des
enregistrements de conversations à bâtons rompus d’une durée de trois heures, mais j’ai
surtout enquêté au moyen du questionnaire de dialectologie du Maghreb élaboré par
Dominique CAUBET, qui m’a permis d’avoir un canevas pour débuter mon étude. Ce
séjour initial m’a surtout permis de rencontrer mes premiers informateurs et de me
familiariser avec mon terrain d’enquête.
Mon voyage à Gênes, en septembre 2003, a duré dix jours et m’a permis de retrouver un
de mes informateurs que j’ai enregistré. Il a produit trois monologues d’environs quinze
minutes chacun, que j’ai transcrits et traduits sur place avec lui.
Mon troisième et dernier séjour à Tripoli a été effectué en novembre 2006. Ce séjour
m’a permis de démarrer l’étude de l’expression des modalités. J’ai notamment préparé
un questionnaire de départ, basé sur l’étude de Dominique CAUBET pour le Maroc et sur
celle de Martine VANHOVE pour le maltais, dont je me suis inspiré afin d’orienter les
énoncés de mes informateurs.
Pendant chacun de mes séjours à Tripoli, je prenais constamment des notes au vol dans
les conversations de la vie quotidienne. J’avais toujours un carnet sur moi, sur lequel
j’ai noté du vocabulaire, des expressions, des proverbes, des comptines, des anecdotes,
des blagues, etc. Cette prise de note au vol m’a permis d’obtenir de nombreux énoncés
produits de façon naturelle. Cela a été possible parce que j’ai été intégré au sein de mon
groupe d’amis, qui ont compris quelle était ma recherche et qui m’ont accordé leur
confiance.
De plus, mon informateur principal est venu à Paris, pendant dix jours en juin 2007 et
en mai 2008. Avec lui, j’ai relu toute la thèse et nous avons vérifié ensemble tous les
énoncés et tous les exemples cités dans cette étude.
Tout au long de ce travail, j’ai effectué des vérifications et j’ai obtenu la réponse à de
nombreuses questions, en communicant avec mes informateurs par e-mail, par textos,
sur le chat et lors de conversations téléphoniques.
Les informateurs
Il me reste à présenter mes informateurs tripolitains sans qui ce travail n’aurait pas pu
être réalisé. Je commencerai par mon informateur principal.
4
ԑədnān « kāska » est né à Dublin, en Irlande, en 1978, où il a habité jusqu’à l’âge de
deux ans. Il a ensuite vécu en Ecosse, jusqu’à l’âge de six ans, où il a été scolarisé la
première année de l’école primaire (1984-1985). En1985, lorsqu’il avait six ans, ses
parents décident de retourner en Libye. Ils vivent depuis, dans un quartier situé à l’Est
de Tripoli : sūg-əž-žumεa. A Tripoli, il a fréquenté l’école de sūg-əž-žumεa pendant trois
ans, jusqu’en 1988, puis l’école de tāžūra, jusqu’à son entrée à l’Université en 1996. Il a
ensuite fait des études d’ingénieur, à l’université əl-fātaô de Tripoli, de 1996 à 2001. En
novembre 2001, il a obtenu un diplôme d’ingénieur en énergie mécanique. Ensuite,
entre 2001 et 2003, il a voyagé (en Slovaquie, République Tchèque, Irlande et Grande
Bretagne). Il est retourné à Tripoli en 2003, où il a enseigné les mathématiques et les
sciences physiques au lycée. Depuis 2004, il travaille comme ingénieur pétrophysique
en Libye et il vit entre Tripoli et des champs pétrolifères du désert libyen. Bien qu’il ait
parlé anglais lorsqu’il était tout petit, ԑədnān considère que sa langue maternelle est
l’arabe de Tripoli. Il dit qu’il parle °üābəlsi, qu’il nomme lui-même en anglais
Tripolitanian. Il précise que, lorsqu’il était petit et qu’il vivait en Ecosse avec sa
famille, sa mère lui apprenait, par ailleurs, l’arabe littéral. ԑədnān connaît plusieurs
langues : l’arabe de Tripoli, l’arabe littéral et l’anglais. Il a également suivi des cours de
français à l’Institut Culturel Français de Tripoli, à raison d’un mois par an pendant trois
ans, entre 2002 et 2005. Par ailleurs, il va souvent (plusieurs mois par an) faire des
formations en ingénierie aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, qui lui permettent de
pratiquer la langue anglaise et d’approfondir ses connaissances en anglais. ԑədnān est
l’aîné d’une fratrie de sept enfants composée de quatre garçons et trois filles. Ses deux
frères jumeaux ḥasan et ḥusēn, ainsi que sa sœur fūzīya sont également nés en Ecosse ;
ses deux autres sœurs et son petit frère sont nés à Tripoli. Son père est né en 1947 à sūg-
əž-žumεa (Tripoli). A Tripoli, il a obtenu un diplôme en aéronautique. Il est allé, après
son mariage, approfondir sa formation en Ecosse, pour devenir ingénieur en
aéronautique. De retour en Libye, il a travaillé, jusqu’à sa retraite, pour la compagnie
aérienne Libyan Arab Airlines. Il parle l’arabe de Tripoli, l’arabe littéral, l’anglais et
connaît un peu le français. Sa mère est née en 1956 dans l’ancienne médina de Tripoli.
Elle a étudié à Tripoli, où elle est devenue professeur de mathématiques 6. Lorsqu’elle
était en Ecosse, elle enseignait l’arabe littéral. Elle a également enseigné le français à
Tripoli, avant l’interdiction de l’enseignement des langues étrangères dans les écoles
publiques, en 1984. Elle parle l’arabe de Tripoli, l’arabe littéral, l’anglais et le français.
nīzāṛ « nīzzu » est né à Tripoli en 1977. Il a fait toute sa scolarité à Tripoli : de 1984 à
1989, il a fréquenté l’école primaire aḍ-ḍamān ; de 1989 à 1992, il est allé au collège ԑli
ḥaydar as-sāԑāti ; de 1992 à 1995, il était inscrit au lycée ԑli wrīyət ; puis de 1995 à
2000, il a étudié à l’université al-fātaô. A l’université, il a étudié l’ingénierie
informatique. Il a toujours vécu à Tripoli : jusqu’en 1990, il a vécu dans le quartier ḥay
dimašq et depuis 1990, il vit dans le centre ville de Tripoli. Actuellement, à l’instar de
ԑədnān, il travaille comme ingénieur pétrophysique en Libye et il vit entre Tripoli et des
champs pétrolifères du désert libyen. A la maison, ils parlent en arabe libyen, qu’il
nomme lui-même en anglais Libyan Arabic, mais il préfère le terme εəübi sans adjectif
pour désigner la langue qu’il utilise quotidiennement. nīzāṛ connaît plusieurs langues :
l’arabe de Tripoli, l’arabe littéral et l’anglais. Il a également suivi des cours de français
6
A Tripoli, les mathématiques sont enseignées en arabe littéral.
5
à l’Institut Culturel Français de Tripoli et il comprend le berbère. nīzāṛ est l’aîné d’une
fratrie de quatre enfants. Il a trois sœurs, nées en 1979, 1982 et 1983. Ses deux parents
sont nés en 1946. Ils ont fait des études d’ingénieurs à l’Université de Tripoli.
Actuellement, son père est ‘manager’ à l’Institut libyen pour le pétrole et sa mère est
femme au foyer. Ses parents parlent anglais ; sa mère parle également le berbère (qu’il
nomme amaziāīya).
6
où elle enseigne également l’anglais et l’informatique. muḥyī-d-dīn parle l’arabe de
Tripoli, l’arabe de Derna, l’arabe littéral et l’anglais. En effet, bien qu’il soit né et qu’il
ait toujours vécu à tripoli, il connaît également le parler arabe de Derna, ville côtière de
l’Est libyen, d’où sont originaires ses parents.
həytəm est né à Tripoli en 1980, où il a fait des études supérieures en économie. Il est
allé en Ecosse, pendant une année, en 2005, où il a obtenu un diplôme supérieur en
marketing international. Son père, âgé de 72 ans, est né à Misurata. Il est linguiste,
polyglotte. Il a obtenu un doctorat de philosophie. Il effectue actuellement des
recherches sur l’égyptien ancien et sur l’akkadien. Il est, par ailleurs, secrétaire général
de l’académie d’arabe de Libye. Sa mère est née dans la médina de Tripoli. Elle était
professeur de mathématiques, mais elle est actuellement institutrice dans une école
maternelle. həytəm parle l’arabe de Tripoli, l’arabe littéral, l’anglais et le français qu’il a
appris à l’Institut Culturel Français de Tripoli.
ԑli est né en 1985 à Tripoli. Ses parents sont originaires de Zantan, mais ils sont nés à
Tripoli. Il est étudiant en 6e année au département de français de l’Université naûü de
Tripoli.
mḥəmməd est né en 1984 à Grenoble (France), où il a vécu jusqu’à l’âge de 6 ans ; il vit
depuis à Tripoli. Sa famille est originaire de Ghadamès, où ses parents sont nés. Il est
étudiant de français au département de français de l’Université nəṣṛ de Tripoli.
Je n’ai pas pu rédiger une biographie de toutes les personnes rencontrées à Tripoli qui
m’ont permis de rédiger ce travail de thèse, mais d’autres informateurs ont été mis à
contribution dans mes enquêtes : ṛəḍwān « məgrūḍa », xāləd « əl-xuḍḍāṛ », mḥəmməd
« əl-mu », ԑəbd-əl-īlāh « ԑābūda », šərfi « blundi », wālīd « ən-nīgṛo », əs-snūsi, sāmi
« wəld-əl-hərra », muṣṭfa « ’uffa », ԑəbd-əl-fəttāḥ, ulād-əl-büēüīka « les garçons de la
cabane » (furžāni, l-bū-ԑēši w əl-krēkši), ūlād-tāžūa « les garçons de Tajoura » (ḥfīḍ,
sāləm, sumԑa, ḥākīm, mḥəmməd əl-būxa), ūlād-funduq-bāb-al-žadīd « les garçons de
l’Hôtel Bab-al-Jadid »…
7
Les noms des informateurs principaux sont mentionnés sur la carte suivante, à l’endroit
où ils vivent à Tripoli.
Tripoli
8
PHONOLOGIE ET PHONÉTIQUE
On examinera les phonèmes vocaliques et les phonèmes consonantiques, ainsi que les
réalisations phonétiques de ces derniers dans le parler arabe de Tripoli.
On traitera notamment des réalisations consonantiques qui n’apparaissent que dans des
conditions déterminées, c’est-à-dire les allophones liés à l’emphatisation, à la
sonorisation et à l’assourdissement. On présentera également les différents allophones
vocaliques, en fonction du contexte consonantique.
Soucieux d’être le plus précis possible, les transcriptions phonétiques sont notées avec
l’alphabet phonétique international.
I. Les voyelles
Le tableau suivant présente les différents phonèmes vocaliques du parler arabe de
Tripoli :
Basse /ā/
C’est dans des travaux qui concernent le parler arabe de Tripoli de la fin du 19e et du
début du 20e siècle, réalisés à partir des données de ces auteurs, que j’ai été amené à
élaborer une phonologie des voyelles brèves de l’arabe de Tripoli (PEREIRA 2001 ;
PEREIRA 2003), en m’appuyant sur l’étude de David COHEN qui concerne le système
des voyelles brèves dans les dialectes maghrébins (COHEN 1970b) 1.
Dans l’ouvrage de Hans STUMME (1898), on relève quinze timbres vocaliques et dans
celui d’Antonio CESÀRO (1939), on en trouve sept. La phonologie n’existait pas à leur
époque et les auteurs indiquaient très précisément les différentes prononciations des
voyelles.
1
A ma connaissance, l’auteur qui établit pour la première fois une phonologie de l’arabe de Tripoli est
Stephen GEIST, dans une maîtrise soutenue en 1980, où il a écrit : « Il semble qu’il n’y ait dans le parler
de Tripoli qu’une opposition d’aperture, a [s]’opposant aux autres voyelles. Nous n’avons pu trouver de
paires distinctives qui permettent d’affirmer l’identité phonologique des voyelles brèves i et u. D’une
manière générale à un ancien a correspond a, aux anciens i et u correspond ə » (GEIST 1980 : 11). Or, les
paires minimales qui permettent d’opposer les phonèmes vocaliques brefs sont en contradiction avec ce
qu’il affirme, puisqu’il donne des paires minimales où il oppose le /a/ au /ə/, au /u/, au /o/ et au /i/
(GEIST 1980 : 12).
9
J’en ai conclu que les phonèmes vocaliques brefs étaient au nombre de deux : /ə/ et /u/.
David COHEN précise :
L’arabe de Tripoli a, tel que le décrit David COHEN, la phonologie d’un ‘parler de
sédentaire’.
Dans sa description du parler arabe des Juifs de Tripoli, Sumikazu YODA (2005),
indique que le judéo-arabe de Tripoli ne possède qu’un phonème vocalique bref /ə/ :
« The most striking fact of TJ vocalism is the existence of only one short vowel,
viz. the phoneme ə » (YODA 2005 : 31) 2.
Mais il précise que le fait qu’il n’existe qu’un seul phonème vocalique bref ne signifie
pas que cette voyelle ait un timbre unique ; au contraire, YODA a relevé dix allophones
de /ə/, dont les différents timbres sont déterminés par le voisinage consonantique 3 :
« The uniqueness of the short vowel phoneme in TJ does not mean that any short
vowel is always pronounced with the same timbre. On the contrary we can
recognize a large number of timbres in normal utterances. But when we examine
these timbres closely, we notice that they are not phonologically distinctive but
are determined simply by consonantal environments […] ; in other words they
are mere allophones of ə. It is, however, very difficult to define stricly which
environment prefers which timbre, because (1) the timbre is determined by the
nature of both the preceeding and following consonants, (2) it can be also
influenced by remote (namely not immediately adjacent) consonants »
(YODA 2005 : 32).
2
Il n’existe qu’un seul phonème vocalique bref /ə/ dans le parler arabe des Juifs d’Alger décrit par Marcel
COHEN, qui précise que « là où les règles de distribution syllabique du parler n’ont pas amené la
disparition complète des voyelles brèves de l’arabe classique ă, ĭ, ŭ, elles sont régulièrement […]
représentées par une voyelle unique ; il y a donc confusion absolue du timbre » (COHEN 1912 : 116).
3
YODA décrit très précisément (pp. 33-41) les dix allophones de ə, en précisant bien dans quel contexte
consonantique les allophones sont réalisés.
10
A l’instar de ce que j’ai observé dans mes travaux précédents, dans le parler arabe de
Tripoli contemporain, il y a deux phonèmes vocaliques brefs : /ə/ et /u/, dont les
différentes articulations phonétiques seront ici détaillées, par rapport à l’environnement
consonantique.
/u/ : /ə/ /kunna/ [ˈkʊnːa] « nous avons été » : /kənna/ [ˈkənːa] « bru »
/ôužüa/ [ˈħoʒᵲa] « chambre » : /ôəžüa/ [ˈħaʒᵲa] « pierre »
/tuεbān/ [ˈtʊʕbɐːn] « serpent » : /təεbān/ [ˈtɐʕ bɐːn] « fatigué »
/xušš/ [ˈxoʃː] « entre » : /xəšš/ [ˈxəʃː] « il est entré »
/ûubb/ [ˈᵴʉb̴ː] « verse » : /ûəbb/ [ˈᵴɑb̴ː] « il a versé »
ʊ]
1.2.1. La voyelle pré-fermée mi-postérieure arrondie [ʊ
Le /u/ est réalisé [ʊ] lorsqu’il n’est pas au contact d’une consonne pharyngale, vélaire,
uvulaire ou emphatique.
11
/qubba/ [ˈqobːa] « coupole »
/εuqda/ [ˈʕoqda] « nœud (psychologique) »
ʉ]
1.2.3. La voyelle fermée centrale arrondie [ʉ
Le /u/ est prononcé [ʉ] lorsqu’il est dans un contexte emphatique.
4
Au sujet des allophones de /ə/, voir la description réalisée par Sumikazu YODA (2005 : 40), où il décrit
finement onze allophones de /ə/, dans tous les contextes consonantiques, pour le parler des Juifs de
Tripoli.
12
/sləx/ [ˈslax] « il a écorché »
/āəlla/ [ˈāalːa] « fruits, bénéfices »
/nəāüa/ [ˈnaɣᵲa] « bouderie »
/ldəā/ [ˈldaɣ] « il a été piqué »
/ləqb/ [ˈlaqə̆b] « patronyme »
/ôəqq/ [ˈħaqː] « vérité »
ɑ]
1.3.3. La voyelle basse postérieure non arrondie [ɑ
Le /ə/ est prononcé [ɑ] lorsqu’il est au contact d’une consonne emphatique.
ʊ]
1.3.5. La voyelle pré-fermée mi-postérieure arrondie [ʊ
Le /ə/ est prononcé [ʊ] lorsqu’il est au contact de la semi-consonne bilabiale /w/. Dans
les exemples suivants, on note que /ə/ est réalisé [ʊ] lorsqu’il est entre la semi-consonne
/w/ et la labiale /l/ et lorsqu’il est entre l’alvéolaire sifflante /z/ et la semi-consonne
/w/ 5.
5
Sumikazu YODA précise, pour le judéo-arabe de Tripoli, que le /ə/ est prononcé [ʊ] lorsqu’il se trouve
entre le /w/ et une labiale ou lorsqu’il se trouve entre /w/ et une consonne pleine : « plain consonant […]
č, t, d, s, z, š, ž, l, n, k, g, r, ’ » (YODA 2005 : 33-40).
13
/wəld/ [ˈwʊld] « garçon, fils »
/mətzəwwəž/ [məˈdzʊwːəʒ] « marié »
En effet, lorsque le phonème /ə/ est dans d’autres contextes, il peut être articulé [o].
ʉ]
1.3.7. La voyelle fermée centrale arrondie [ʉ
Le /ə/ est prononcé [ʉ] lorsqu’il est au contact de la semi-consonne /w/ et lorsque le mot
contient une consonne emphatique.
6
Sumikazu YODA précise que le /ə/ est articulé [o] lorsqu’il est entre le phonème /w/ et une consonne
uvulaire ou emphatique, ou bien lorsque le /ə/ est située entre une consonne uvulaire, emphatique, labiale
et /w/ (YODA 2005 : 33-40).
14
/ûāəyyəü/ [ˈᵴɣɨj̴ːəᵲ] « il a rendu petit »
/zəyyə°/ [ˈᵶɨj̴ːəᵵ] « il a pété »
/xəyyəü/ [ˈxɨj̴ːəᵲ] « il a choisi, trié »
1.4. Synthèse
Le tableau suivant récapitule les voyelles brèves examinées.
Voyelles brèves
Phonèmes Réalisations / Allophones
/u/ [ʊ], [o], [ʉ]
/ə/ [ɐ], [a], [ɑ], [ə], [ʊ], [o], [ʉ], [ɪ], [ɨ]
/ī/ : /ū/
/fīl/ [ˈfɪːl] « éléphant » : /fūl/ [ˈfʊːl] « fèves »
/ī/ : /ā/
/dīb/ [ˈdɪːb] « loup, chacal » : /dāb/ [ˈdɐːb] « il a fondu »
/ī/ : /ē/
/žīb/ [ˈʒɪːb] « apporte » : /žēb/ [ˈʒeːb] « poche »
/ī/ : /ō/
/līm/ [ˈlɪːm] « oranges » : /lōm/ [ˈloːm] « blâme »
7
Cf. CANTINEAU 1960 : 111-112.
8
Les voyelles /ī/, /ū/, /ā/, /ē/ et /ō/ qui se trouvent en syllabe ouverte finale sont phonologiquement
longues, mais on ne notera jamais la longueur (le macron) lorsqu’elles sont dans cette position.
15
/ū/ : /ā/
/gūl/ [ˈgʊːl] « dis » : /gāl/ [ˈgɐːl] « il a dit »
/ū/ : /ē/
/ûūf/ [ˈᵴʉːᵮ] « laine » : /ûēf/ [ˈᵴeːᵮ] « été »
/ū/ : /ō/
/dūg/ [ˈdʊːg] « goûte » : dōg [ˈdoːg] « goût »
/ā/ : /ē/
/žāb/ [ˈʒɐːb] « il a apporté » : /žēb/ [ˈʒeːb] « poche »
/ā/ : /ō/
/lām/ [ˈlɐːm] « il a blâmé » : /lōm/ [ˈloːm] « blâme »
/ē/ : /ō/
/lēn/ [ˈleːn] « jusqu’à ce que » : /lōn/ [ˈloːn] « couleur »
16
ʊː ]
2.3.1. La voyelle pré-fermée mi-postérieure arrondie [ʊ
Le /ū/ est réalisé [ʊː] lorsqu’il n’est pas au contact d’une consonne pharyngale, vélaire,
uvulaire ou emphatique.
ʉː ]
2.3.3. La voyelle fermée centrale arrondie [ʉ
Le /ū/ est prononcé [ʉː] lorsqu’il est dans un contexte emphatique.
17
/tlātīn/ [tlɐːtɪːn] « trente »
/dəffāl/ [dəˈfːɐːl] « cracheur »
/wəšwāš/ [wəʃˈwɐːʃ] « moustiques »
/šəryāna/ [ʃɐrˈjɐːna] « sonnerie »
ɑː]
ɑː
2.4.3. La voyelle basse postérieure non arrondie [ɑː
En contexte emphatique, le phonème /ā/ est prononcé [ɑː].
9
L’imāla de deuxième degré peut aller jusqu’à faire avoir, à la voyelle /ā/, une prononciation [ɪː], voire
[ɪːə] comme à Malte, dans [ˈkɪːən] (*kān) « il a été » et [ˈbɪːəb] (*bāb) « porte ».
18
*ôna [ˈħne] « nous »
Ce phénomène d’imāla qui touche certains *-ā finaux est très fréquent dans les parlers
de l’Est maghrébin, mais plus précisément dans les parlers de type Sulaym, d’après les
classifications des dialectlogues arabes.
William Marçais, dans sa classification des parlers arabes, souligne que cela est une
caractéristique des parlers de type Sulaym :
19
« le second [groupe] qu’on désignera comme groupe S occupe un territoire
étendu, mais discontinu allant de la pointe du Sud tunisien que limitent de part et
d’autre l’Algérie et la Tripolitaine, pour rester le long du littoral sur une
profondeur variable […]. Dans le groupe S, elle atteind surtout la voyelle
considérée en finale libre, passant à ê et même par une diphtongaison
secondaire, à îa » (W. MARÇAIS 1950 : 214).
3. Le phonème /ē/
Le phonème /ē/ est réalisé voyelle mi-ouverte antérieure non arrondie [eː]. Il est la
réduction de l’ancienne diphtongue *ay, mais on le trouve également dans des
emprunts.
La réduction de l’ancienne diphtongue *ay en /ē/ est, dans les parlers arabes
maghrébins, une caractéristique propre aux parlers de type bédouin 10.
3.2. Emprunts
On trouve également la réalisation [eː] dans certains emprunts :
4. Le phonème /ō/
Le phonème /ō/ est articulé voyelle moyenne supérieure postérieure arrondie [oː]. Il est
la réduction de l’ancienne diphtongue *aw, mais on le rencontre aussi dans certains
emprunts.
10
Voir W. MARÇAIS 1950 : 207.
20
*lawn /lōn/ [ˈloːn] « couleur »
*yawm /yōm/ [ˈjoːm] « jour »
*ôawš /ôōš/ [ˈħoːʃ] « maison »
*šawka /šōka/ [ʃoːka] « épine »
*bawsa /bōsa/ [ˈboːsa] « bisou »
La réduction de l’ancienne diphtongue *aw en /ō/ est, dans les parlers arabes
maghrébins, une caractéristique propre aux parlers de type bédouin 11.
4.2. Emprunts
On trouve également la réalisation [oː] dans certains emprunts :
5. Synthèse
Le premier tableau résume les phonèmes vocaliques longs étudiés, ainsi que leurs
différentes réalisations dans le parler arabe de Tripoli. Le deuxième tableau récapitule
toutes les réalisations vocaliques de l’arabe de Tripoli.
Voyelles longues
Phonèmes Réalisations / Allophones
/ī/ [ɪː], [ɨː]
/ū/ [ʊː], [oː], [ʉː]
/ā/ [ɐː], [aː], [ɑː], [eː]
/ē/ [eː]
/ō/ [oː]
Les anciennes diphtongues *ay et *aw sont respectivement réduites à [eː] et [oː] dans le
parler arabe de Tripoli, trait propre aux parlers de type bédouin au Maghreb.
11
Voir W. MARÇAIS 1950 : 207.
21
Point d’articulation
Antérieur Central Postérieur
Haute [ɨ] / [ʉ]
Haute inférieure [ɪ] [ʊ]
Moyenne supérieure [e] [o]
Aperture
Moyenne [ə]
Basse supérieure [ɐ]
Basse [a] [ɑ]
/ə/ : /ī/
/lhəd/ « il a galopé » : /lhīd/ « galop »
/ûāəü/ « il a rapetissé » : /ûāīü/ « petit »
/yəsmən/ « il grossit » : /yəsmīn/ « jasmin »
/ə/ : /ū/
/f°əü/ « il a déjeuné » : /f°ūü/ « déjeuner »
/hüəb/ « il a fui » : /hüūb/ « fuite »
/ə/ : /ā/
/ktəb/ « il a écrit » : /ktāb/ « livre »
/žbəl/ « montagne » : /žbāl/ « montagnes »
/ûāəü/ « il a rapetissé » : /šāāü/ « petits »
/āəšš/ « il a escroqué » : /āāšš/ « escroc »
/ə/ : /ē/
/žət/ « elle est venue » : /žēt/ « je suis venu »
/mšət/ « elle est allée » : /mšēt/ « tu es allé »
/šən/ « quoi » : /šēn/ « laid, vilain »
/ə/ : /ō/
/nəbt-a/ « je l’ai remplacé » : /nōbt-a/ « son tour »
/u/ : /ī/
/°üug/ « routes » : /°üīg/ « route »
/u/ : /ū/
/žumla/ « phrase » : /žūml-a/ « ses phrases »
/u/ : /ā/
/ôubb/ « amour » : /ôābb/ « qui aime »
22
/üukba/ « genou » : /üākba/ « qui monte »
/ôufüa/ « trou » : /ôāfüa/ « qui creuse »
/u/ : /ō/
/bust-a/ « je l’ai embrassé » : /bōst-a/ « son baiser »
On n’a pas trouvé de paire minimale permettant d’opposer /u/ : /ē/ dans le parler arabe
de Tripoli.
23
II. Les consonnes
Le tableau ci-contre intitulé Tableau des phonèmes consonantiques du parler arabe de
Tripoli (Libye) récapitule tous les phonèmes consonantiques du parler arabe de Tripoli,
qui seront étudiés, par rapport à leur point d’articulation et à leur mode d’articulation.
1. Les labiales
On étudiera les bilabiales et les labiodentales. On traitera aussi de la question de la
vélarisation des labiales et son évolution dans le parler arabe de Tripoli.
/b/ : /m/
/bāt/ [ˈbɐːt] « il a passé la nuit » : /māt/ [ˈmɐːt] « il est mort »
/žbəl/ [ˈʒbəl] « montagne » : /žməl/ [ˈʒməl] « chameau »
/ôbāb/ [ˈħbɐːb] « amis » : /ômām/ [ˈħmɐːm] « pigeons »
/b/ : /w/
/bēn/ [ˈbeːn] « entre » : /wēn/ [ˈweːn] « où »
/ôbāl/ [ˈħbɐːl] « cordes » : /ôwāl/ [ˈħwɐːl] « états »
/xə°ba/ [ˈxad̴b̴a] « fiançailles » : /xə°wa/ [ˈxaᵵw̴a] « pas »
/îbēb/ [ˈd̴b̴eːb̴] « petit lézard » : /îwēw/ [ˈd̴w̴eːw̴] « un peu de lumière »
/m/ : /w/
/müa/ [ˈᵯᵲa] « femme » : /wüa/ [ˈw̴ᵲa] « derrière »
/ôāməl/ [ˈħaːməl] « enceinte » : /ôāwəl/ [ˈħaːwəl] « il a essayé »
/ôəlm/ [ˈħəlm] « rêve » : /ôəlw/ [ˈħəlw] « douce, sucrée, jolie »
/b/ : /ë/
/bāb-a/ [ˈbɐːbɐ] « sa porte » : /ëāëa/ [b̴ɑːˈb̴ɑ] « papa »
/zəbb/ [ˈzəbː] « bite » : /¢əëë/ [ˈᵶɑb̴ː] « putain, merde »
/b/ : /ú/
/bāb-a/ [ˈbɐːbɐ] « sa porte » : /úāúa/ [ᵯ̴aːˈᵯa] « maman »
/ë/ : /ú/
/ëāëa/ [bɑːˈb̴ɑ] « papa » : /úāúa/ [ᵯɑːˈᵯɑ] « maman »
/ëëēya/ [ˈb̴ːeːja] « son petit père » : /úúēya/ [ˈᵯːeːja] « eau »
12
En se basant sur les enseignements d’André MARTINET, dans la mesure du possible, « on s’efforcera de
prouver l’indépendance de deux unités phonologiques en question dans les positions les plus
caractéristiques : dans le parler qui nous servira d’illustration, pour les consonnes, à l’initiale, à l’intérieur
avant et après l’accent » (MARTINET 1961 : 41).
24
/ẉ/ : /ú/
/ā-hẉa/ [aːhʉ̆ˈwʧa] « celui-ci » : /ā-húa/ [aːhʉ̆ˈᵯa] « ceux-ci, celles-ci »
b) Emphatisation
On trouve une réalisation emphatique [b̴] liée à des contagions d’emphase et à la
propagation de cette dernière dans tous les sens au sein du mot 13, comme dans les
exemples suivants :
13
Au sujet de la propagation de l’emphase, David COHEN indique, dans son étude du parler des Juifs de
Tunis, qu’ « une caractéristique importante de l’emphase est sa faculté d’extension à d’autres phonèmes
du mot. Les voyelles immédiatement ou médiatement en contact sont arrondies et assombries, tandis que
les plus fermées d’entre elles tendent à s’ouvrir légèrement, le timbre u se rapprochant de celui de o et
celui de i (d’une manière moins nette) de celui de ę. Les consonnes subissent aussi, même à distance une
contagion d’emphase qui est à l’origine de la série nouvelle d’emphatiques que présente le tableau
[Tableau des réalisations consonantiques du parler (classées d’après le point d’articulation), page 11]. Ce
phénomène a été reconnu dans la plupart des parlers modernes » (COHEN 1975 : 14). Dominique CAUBET
précise quant à elle que « le phénomène ne se limite pas à un phonème. En effet, l’emphase dépasse le
niveau du phonème pour affecter la voyelle contiguë, la syllabe ou le mot tout entier. […] D’une part, le
timbre de la voyelle qui précède ou qui suit la consonne emphatique est affecté ; la voyelle ouverte recule
vers l’arrière ; les voyelles fermées se rapprochent du centre […] D’autre part, la consonne qui précède la
consonne emphatique, ou celle qui la suit (ou les deux) peuvent être affectées […] On note cependant une
contamination beaucoup plus forte des consonnes qui précèdent, comme si on anticipait la production
d’une consonne emphatique. En arabe marocain, on constate une tendance à l’extension régressive de
l’emphase. L’emphase peut aussi porter sur tout le mot ; ce n’est cependant pas obligatoire, et l’unité
25
/bəûla/ [ˈb̴ɑᵴɫ̴a] « un oignon »
/bəüüa/ [ˈb̴aᵲːa] « dehors »
/bə°°ānīya/ [b̴̴ɑᵵːaːˈᵰɪːja] « couverture »
/bə°n/ [ˈb̴̴ɑᵵᵰ] « ventre »
/üubε/ [ᵲʉb̴ɑ̆ʕ] « quart »
/üə°°əb/ [ˈᵲɑᵵːɑb̴] « il a humidifié »
/tüāb/ [ˈᵵᵲɑːb̴] « terre »
c) Assourdissement
Lorsque /b/ précède et est au contact direct d’une consonne sourde, il est articulé
occlusif bilabial sourd [p] ou occlusif bilabial sourd emphatique [p̴], résultat d’une
assimilation régressive et de l’assourdissement, voire de l’emphatisation, de /b/ par une
consonne sourde :
d) Emprunts
On trouve une réalisation [b] dans de nombreux termes empruntés au turc 14, à
l’italien 15 et à l’anglais 16, mais ces [b] peuvent être d’origines diverses.
Ils peuvent provenir d’un /b/, d’un /p/ ou d’un /v/ de l’italien, comme dans les exemples
suivants :
minimale qui est affectée est la voyelle qui suit ou qui précède directement le phonème emphatique »
(CAUBET 1993 I : 3).
14
Les Ottomans ont occupé la Libye pendant plus de trois siècles et demi, de 1551 à 1911. Au sujet des
emprunts au turc, voir TÜRKMEN 1988.
15
L’occupation italienne a duré quarante ans de 1911 à 1951. Au sujet des emprunts à l’italien, voir
ABDU 1988.
16
Des termes anglais ont été empruntés aux soldats britanniques, américains et australiens présents en
Libye, pendant la Seconde Guerre Mondiale. D’autres termes sont empruntés plus récemment à l’anglais ;
il s’agit de vocabulaire lié aux nouvelles technologies (informatique, téléphonie mobile).
26
viaggio « voyage » /byāžu/ [ˈbjaːʒʊ] « voyage, excursion »
Cependant, certains locuteurs, notamment ceux qui connaissent des langues étrangères
(généralement l’anglais, le français ou l’italien), prononcent la bilabiale occlusive
sourde [p] des emprunts récents et on entend parfois [ˈgrʊːp] « groupe » ou
[plɐːjˈstɐːjʃən] « console de jeux ».
Par contre, dans les emprunts anciens, le phonème /p/ de la langue d’origine est toujours
prononcé [b] ou [b̴], comme dans [b̴aːˈb̴ʉːᵲ] « bateau », [ˈsɪːbja] « seiche », [ˈkʊbri]
« pont », [ˈbʊfta] « homosexuel ».
27
Dans sa description du parler des Juifs de Tunis, David COHEN précise que
Dans le parler arabe de Tripoli, j’ai en effet relevé une réalisation emphatique [b̴] dans
des noms de parenté et dans un juron fabriqué à partir du nom d’une partie sexuelle ; ce
qui est en accord avec les considérations des auteurs précédents.
/b/ : /ë/
/bāb-a/ [ˈbɐːbɐ] « sa porte » : /ëāëa/ [b̴ɑːˈb̴ɑ] « papa »
/zəbb/ [ˈzəbː] « bite » : /¢əëë/ [ˈᵶɑb̴ː] « putain, merde »
/ë/ : /ú/
/ëāëa/ [bɑːˈb̴ɑ] « papa » : /úāúa/ [ᵯɑːˈᵯɑ] « maman »
/ëëēya/ [ˈb̴ːeːja] « son petit père » : /úúēya/ [ˈᵯːeːja] « eau »
Ce phonème apparaît dans le nom de parenté /ëāëa/ « papa » réalisé [b̴ɑːˈb̴ɑ], dans son
diminutif /uëëēya/ [ˈb̴ːeːja] et dans son pluriel /ëëāhāt/ [b̴ːɑːˈhɑːt] et il s’agit en effet
d’une emphase affective qu’on retrouve dans un nom de parenté.
Elle apparaît également dans le terme [ˈᵶɑb̴ː] « putain, merde ». A l’origine, la forme
[ˈᵶɑb̴ː] est une réalisation emphatique de /zəbb/, dont la pharyngalisation était liée à une
emphase expressive, qui touche les noms obscènes et des termes liés à la sexualité –
notamment lorsque ces derniers sont employés comme une insulte. Cependant, dans le
parler arabe de Tripoli actuel, à l’opposition phonétique [ˈzəbː] : [ˈᵶɑb̴ː] correspond une
opposition de sens : respectivement « bite » : « putain, merde ». Cette opposition de
sens permet d’opposer les phonèmes /b/ et /ë/. On trouve la forme [ˈᵶɑb̴ː] dans les
exemples suivants :
19
On admet également l’existence du phonème /ú/ (voir en 1.1.4.) et du phonème /¢/ (voir en 3.1.3.b).
28
/l-ə¢-zəëë/ [ɫaˈᵶːɑb̴ː] « putain de (beaucoup) »
Ce dernier exemple, qui est en fait une locution adverbiale /l-ə¢-¢əëë/, permet
d’exprimer le haut degré avec une connotation obscène, comme dans :
b) Emprunts
[b̴] apparaît également dans des emprunts. Cela est dû, d’une part, à l’expressivité
nécessaire pour produire un terme emprunté 20 et, d’autre part, au besoin de conserver
des timbres vocaliques qui se rapprochent de ceux des langues d’emprunt, tels que le
[a], le [ɑ] et le [o].
20
En ce qui concerne la pharyngalisation des emprunts : cf. NAÏM 1998 et CAUBET 1993 I : 4.
29
/mumkən/ [ˈmʊmkən] « peut-être »
/māεūn/ [maːˈʕoːn] « récipient »
/mlīô/ [ˈmlɪːħ] « bien »
/šəms/ [ˈʃəms] « soleil »
/īmāzīāən/ [ɪːmɐːˈzɪːɣən] « Berbères »
/gəεməz/ [ˈgaʕməz] « il s’est assis »
/ôšūmi/ [ˈħʃʊːmɪ] « timide »
/xəmsa/ [ˈxamsa] « cinq »
/tyəmməm/ [ˈtjəmːəm] « il a fait ses ablutions avec du sable »
/səmmān/ [səˈmːɐːn] « cailles »
/gəssəm/ [ˈgəsːəm] « il a divisé »
/kmām/ [ˈkmɐːm] « manches »
/ləmm/ [ˈləmː] « il a rassemblé »
/εāmm/ [ˈʕaːmː] « commun, général »
/šīšma/ [ˈʃɪːʃma] « robinet »
/mākyāta/ [mɐːˈkjaːta] « café avec du lait et de la mousse »
/sīmāfru/ [sɪːˈmaːfrʊ] « feux tricolores »
/māsāğ/ [mɐːˈsɐːd͡ʒ] « message, texto, SMS 21 »
Les quatre derniers exemples sont des termes empruntés respectivement au turc çesme
« fontaine, source » 22, à l’italien semaforo « feux tricolores » et machiàtto « café avec
un nuage de lait, avec de la mousse », ainsi qu’à l’anglais message « message ».
b) Emphatisation
On trouve l’allophone [ᵯ] de /m/ en contexte emphatique, résultat d’une assimilation
régressive et progressive, au sein du mot, comme dans les exemples suivants :
ú/
1.1.4. Le phonème /ú
On examinera la prononciation [ᵯ] de ce phonème, notamment dans les emprunts 23.
21
SMS – Short Message Service.
22
On trouve également le terme
[češme] en persan avec le même sens.
23
Le /ú/ est également lié à la labiovélarisation. Cf. 1.3. Vélarisation des labiales ci-après.
30
/úāúa/ [ᵯɑːˈᵯɑ] « maman »
On la trouve également géminé en début de mot, comme dans les exemples suivants :
b) Emprunts
On rencontre également la bilabiale sonore nasale emphatique dans des termes
empruntés, pour les mêmes raisons que /b̴/, i.e. lié à l’expressivité nécessaire pour
produire un terme emprunté, mais aussi au besoin de conserver des termes vocaliques
de la langue d’emprunt.
31
b) Emphatisation
On trouve le [wʧ] dans le démonstratif suivant ; il s’agit d’une forme pharyngalisée :
L’allophone [wʧ] de /w/ est également lié à des contagions d’emphase, par assimilation,
comme dans les exemples suivants :
1.1.6. Synthèse
Le tableau suivant récapitule les bilabiales étudiées :
Bilabiales
Phonèmes Réalisations / Allophones
/b/ [b], [b̴], [p], [p̴]
/ë/ [b̴]
/m/ [m], [ᵯ]
/ú/ [ᵯ]
/w/ [w], [wʧ]
1.2. Labiodentales
Dans le parler arabe de Tripoli, on trouve les deux phonèmes /f/ et /v/. On oppose les
paires minimales suivantes :
/f/ : /v/
/səyyəf/ [səˈjːəf] « il a été forcé » : /səyyəv/ [səˈjːəv] « il a sauvegardé »
/fəlfla/ [ˈfɐlfɐ̆la] « un poivron » : /vəlvla/ [ˈvɐlvɐ̆la] « valve »
32
/šlāfṭi/ [ˈʃɫɑːᵮᵵɨ] « péquenaud »
/gərfa/ [ˈgɐrfa] « cannelle »
/rfəε/ [ˈrfaʕ] « il a soulevé »
/zəεfān/ [zaʕˈfaːn] « énervé »
/nftəô/ [ə̆nˈftaħ] « il s’est ouvert »
/ûəffəü/ [ˈᵴəᵮːəᵲ] « il a sifflé »
/tuffāô/ [tʊˈfːaːħ] « pommes »
/müāyəf/ [ˈᵯᵲaːjəf] « nostalgique »
/rdīf/ [ˈrdɪːf] « mauvais garçon »
b) Sonorisation
Une réalisation sonore [v] de /f/ est le résultat d’une assimilation régressive par une
consonne sonore, lorsque /f/ la précède, en contact direct, comme dans les exemples
suivants :
c) Emphatisation
On relève une réalisation emphatique [ᵮ] de /f/.
Il peut également s’agir d’une emphatisation liée à des besoins d’expressivité, comme
dans l’insulte suivante :
33
b) Emprunts
Le phonème /v/ peut provenir d’un /v/ de l’italien :
Pour certains emprunts, la réalisation fricative labiodentale sonore [v] alterne avec
l’articulation des consonnes de l’arabe qui lui sont proches : la semi-consonne bilabiale
sonore [w], la fricative labiodentale sourde [f]. On entend ainsi, dans le parler arabe de
Tripoli, les diverses formes suivantes :
Il existe des emprunts, pour lesquels on ne prononce jamais le son [v] ; ce son a été
ramené au son arabe le plus proche. Ces emprunts proviennent de l’italien :
1.2.3. Synthèse
Le tableau suivant récapitule les labiodentales examinées.
Labiodentales
Phonèmes Réalisations / Allophones
/f/ [b], [b̴], [p], [p̴]
/v/ [v]
34
labiovélarisation, caractéristique de certains parlers nomades du Nord de l’Afrique, qui
touche également les phonèmes /b/ et /f/ 24.
Cette réalisation a été relevée par les auteurs précédents (Hans STUMME 1898, Eugenio
GRIFFINI 1913, ainsi que Sumikazu YODA 2005), mais elle est rare aujourd’hui dans le
parler arabe de Tripoli. En effet, la forme couramment employée actuellement à Tripoli
pour dire « eau » est ṃṃēya [ˈᵯːeːjːa] ; l’élément furtif w a disparu.
Le tableau suivant compare certains termes, tels qu’ils ont été transcrits par les auteurs
précédents, avec ceux usités actuellement à Tripoli [colonne PEREIRA (2002-2008)].
Les auteurs précédents, à l’exception de YODA, n’ont pas noté les labiales
emphatiques ; ils ne les notaient jamais dans leur ouvrage, mais on peut inférer du
timbre des voyelles notées å [ɑ] et o [ʉ], qu’il s’agit bien de réalisations emphatiques.
On note une évolution, lorsqu’on compare les données des auteurs précédents, avec les
formes relevées aujourd’hui à Tripoli : on remarque que le w furtif qui suivait les
labiales n’est plus articulé.
24
Il peut également concerner les phonèmes /k/ et /g/. Voire CANTINEAU 1960 : 30.
25
Les informateurs de YODA ont quitté la Libye entre 1948 et 1967 et vivent en Israël. On peut considérer
que leur parler est semblable a celui qui était employé à Tripoli au moment de leur départ.
35
Or, ce w furtif représentait un phonème en activité et il a disparu, à la suite de son
assimilation avec les labiales, en laissant une marque. Sa disparition a, en effet, été
compensée par la gémination et l’emphatisation de la consonne labiale, d’où le passage
de ë w à ëë, de ó w à óó et de ú w a úú. Cette gémination et cette emphase représentent
la semi-consonne du radical ou de la morphologie 26.
« dans les dialectes modernes de l’arabe, on peut poser le principe suivant : les
spirantes interdentales sont conservées telles quelles, c’est-à-dire t, d, ö, dans
les parlers de nomades ou d’anciens nomades ; elles sont passées aux occlusives
correspondantes t, d, î, dans les parlers sédentaires » 28.
26
David COHEN a relevé ce même phénomène dans le parler ôassānīya de Mauritanie (1963 : 4), parler
de type bédouin, mais également dans le parler des Juifs de Tunis (1975), parler citadin préhilalien. En ce
qui concerne la morphologie du parler arabe de Tripoli, le /w/ entre dans la formation du pluriel et du
diminutif de substantifs qui ont une voyelle longue après la première consonne radicale au singulier. A la
suite de cette évolution, on note l’apparition d’un nouveau schème de pluriel et de diminutif, où le /w/
n’est pas articulé, mais où on réalise la gémination et l’emphatisation de la labiale.
Pour le pluriel, on trouve les exemples suivants :
/mūs/ « couteau » > */mwās/ > */úúwās/ > úúās [ᵯːaːs] « couteaux »
/fəmm/ « bouche » > */fwām/ > */óówām/ > óóºú [ˈᵮːɑːᵯ] « bouches »
Pour le diminutif :
/me/ « eau » > */mwēya/ > */úúwēya/ > úúēya [ˈᵯːeːjːa] « eau »
/bu/ « père » > */bwēy/ > */ëë ēy/
w
> ëëēy [ˈb̴ːeːj] « petit papa »
/fəmm/ « bouche » > */fwēm/ > */óó ēm/
w
> óóēú [ˈᵮːeːᵯ] « petite bouche »
27
Voir CANTINEAU 1960 : 44.
28
A ce sujet, voir également William MARÇAIS 1950 : 207 et Ph. MARÇAIS 1957 : 221, 225 et 230.
29
Cependant, les locuteurs prononcent toujours les interdentales lorsqu’ils citent le Coran (arabe
classique) et, la plupart du temps, lorsqu’ils empruntent des termes de l’arabe standard. Pour les termes
empruntés à l’arabe standard, on note parfois qu’il y a une confusion des fricatives interdentales avec les
dentales occlusives. Ainsi, on trouve [maŧalan] qui alterne avec [matalan] « par exemple », [ŧakanāt] avec
[takanāt]. Le nom arabe de la Libye est :
ه ر ار! ا" ! ا! اراآ ا$
% ا/al-žamāhīrīya l-
36
En effet, la fricative sourde interdentale ŧ est confondue avec la dentale sourde occlusive
et réalisée [t] :
Par ailleurs, il n’existe plus qu’une seule emphatique /î/, résultat de la confusion de ®
avec î :
/t/ : /d/
/tāb/ [ˈtɐːb] « il s’est repenti » : /dāb/ [ˈdɐːb] « il a fondu »
εarabīya l-lībīya š-šaεbīya l-’ištirākīya l-εu®mā/ (que je traduis par : La Grande République Des Masses,
Arabe, Libyenne, Populaire et Socialiste) où le dernier terme est tantôt prononcé [ˈʕʉð̴ᵯa], tantôt
[ˈʕʉd̴ᵯa].
30
Voir COHEN 1963 : 11.
31
Il oppose ce système à « celui que connaissent la plupart des parlers de nomades » et au « système
représenté en Egypte et dans des parlers de citadins d’Orient » (COHEN 1963 : 11).
37
/kəttəb/ [ˈkəttəb] « il a fait écrire » : /kəddəb/ [ˈkəddəb] « il a menti »
/t/ : /°/
/tāb/ [ˈtɐːb] « il s’est repenti » : /°āb/ [ˈᵵɑːb̴] « il a mûri »
/tərša/ [ˈtɐrʃa] « cul » : ṭəṛša [ˈᵵɑᵲʃa] « sourde »
/t/ : /n/
/tūta/ [ˈtʊːta] « une mûre » : /nūna/ [ˈnʊːna] « clitoris »
/ôətta/ [ˈħatːa] « aussi, jusqu’à » : /ôənna/ [ˈħanːa] « grand-mère, henné »
/zēt/ [ˈzeːt] « huile » : /zēn/ [ˈzeːn] « beauté »
/d/ : /°/
/dāb/ [ˈdɐːb] « il a fondu » : /tāb/ [ˈᵵɑːb̴] « il a mûri »
/tāədda/ [ˈtɣədːa] « il a déjeuné » : /tāə°°a/ [ˈᵵɣəᵵːɑ] « il s’est couvert »
/šədd/ [ˈʃədː] « il a tenu » : /šə°°/ [ˈʃɑᵵː] « bord de mer, plage »
/d/ : /î/
/dəmm/ [ˈdəmː] « sang » : /ḍəmm/ [ˈd̴ɑᵯː] « il a pris dans ses bras »
/bəεd/ [ˈbaʕd] « après » : /bəεî/ [ˈb̴ɑʕd̴] « quelques »
/ôədd/ [ˈħadː] « quelqu’un » : /ôəîî/ [ˈħɑd̴ː] « chance »
/d/ : /n/
/dūda/ [ˈdʊːda] « un ver » : /nūna/ [ˈnʊːna] « clitoris »
/žəbd-a/ [ˈʒəbdɐ] « il l’a tiré » : /žəbna/ [ˈʒəbna] « fromage »
/žədd-a/ [ˈʒədːɐ] « son grand-père » : /žənna/ [ˈžənːa] « paradis »
/fədd/ [ˈfədː] « il a eu marre » : /fənn/ [ˈfənː] « art »
/î/ : /n/
/îāî/ [ˈd̴ɑːd̴] « nom de la lettre » ض: /nāî/ [ˈᵰɑːd̴] « il s’est levé »
/fəîî/ [ˈᵮɑd̴ː] « il a réglé, résolu » : /fənn/ [ˈfənː] « art »
/°/ : /n/
/°āü/ [ˈᵵaːᵲ̴] « il a volé » : /nāü/ [ˈᵰaːᵲ] « feu »
/tāə°°a/ [ˈᵵɣəᵵːɑ] « il s’est couvert » : /tāənna/ [ˈtɣənːa] « il a chanté »
/°/ : /î/
/°əüf/ [ˈᵵɑᵲᵮ] « morceau » : /îəüf/ [ˈd̴ɑᵲᵮ] « circonstance »
/ôə°°/ [ˈħɑᵵ̴ː] « il a posé » : /ôəîî/ [ˈħɑd̴ː] « chance »
/Ń/ : /d/
/bīŃa/ [ˈbɪːt͡sa] « pizza » : /b-īd-a/ [ˈbɪːdɐ] « avec sa main »
38
/Ń/ : /n/
/kāŃu/ [ˈkɐːt͡sʊ] « bite » : /kānu/ [ˈkɐːnʊ] « nous avons été »
/bīŃa/ [ˈbɪːt͡sa] « pizza » : /bī-na/ [ˈbɪːna] « avec nous »
Les cinq derniers exemples sont des termes qui ont été empruntés respectivement au
turc erişte « pâtes, nouilles, vermicelles », à l’italien triciclo « tricycle » et biscotti
« biscuits », ainsi qu’à l’anglais teck « teck (bois) ».
b) Sonorisation
L’articulation [d] de /t/ est le résultat d’une assimilation régressive et de la sonorisation
de /t/ en [d], par une consonne sonore, lorsque /t/ précède et est au contact d’une telle
consonne, comme dans les exemples suivants :
32
Philippe MARÇAIS a relevé une réalisation affriquée à appendice sifflant [t͡s] de /t/ : « la dentale t, qui
est articulée avec affrication ts, […] parfois en Libye, comme à Tripoli » (MARÇAIS 1977 : 8). Mais cette
prononciation n’a pas été mentionnée par les autres auteurs. Elle ne concerne aujourd’hui à Tripoli que
celle du phonème /Ń/ des emprunts à l’italien. La prononciation affriquée [t͡ʃ] (č) existe dans le parler arabe
des Juifs de Tripoli (cf. 3.2.3).
39
c) Emphatisation
Une réalisation emphatique [ᵵ] est liée à des contagions d’emphase comme dans :
Elle est également liée à la pharyngalisation des emprunts. Il peut s’agir d’emprunts à
l’italien :
40
b) Assourdissement
Une réalisation sourde [t] est liée à l’assimilation de la consonne sonore par la consonne
sourde, comme dans :
c) Emphatisation
Une réalisation emphatique est liée à des contagions d’emphase comme dans :
b) Sonorisation
Il existe un allophone [d̴] de /°/, résultat de l’assimilation de la dentale sourde par une
consonne sonore qui la suit directement :
41
c) Désemphatisation
On trouve un allophone [t] de /°/, lorsque /°/ précède la voyelle longue /ī/, comme dans
les exemples suivants :
Dans d’autres mots de la même racine, on trouve la réalisation emphatique [ᵵ] de /°/.
Manfred WOIDICH, dans son étude du parler arabe du Caire, précise que seul le /i/ final
de nisba désemphatise un /ü/ qui le précède directement : « Die Nisba-Endung /-i/
deemphatisiert unmittelbar vorangehendes /ü/ » (WOIDICH 2006 : 25). On le retrouve
également à Tripoli, comme dans l’exemple suivant :
Dans cet exemple, on remarque que le /i/ final a désemphatisé le /ü/, mais on remarque
également, dans les exemples, que le /ī/ médial a désemphatisé le /°/ initial.
d̴]
a) La dentale sonore occlusive emphatique [d̴
On la trouve dans les exemples suivants :
42
Ces deux derniers exemples sont de créations lexicales à partir de Don Juan 33.
b) Assourdissement
/î/ s’accommode en [ᵵ] devant une consonne sourde, résultat d’une assimilation
régressive, comme dans :
/Ń/ a le statut de phonème dans le parler arabe de Tripoli, puisqu’on a opposé des paires
minimales, qu’il est important de rappeler :
/Ń/ : /d/
/bīŃa/ [ˈbɪːt͡sa] « pizza » : /b-īd-a/ [ˈbɪːdɐ] « avec sa main »
/Ń/ : /n/
/kāŃu/ [ˈkɐːt͡sʊ] « bite » : /kānu/ [ˈkɐːnʊ] « nous avons été »
/bīŃa/ [ˈbɪːt͡sa] « pizza » : /bī-na/ [ˈbɪːna] « avec nous »
/Ń/ : /s/
/kāŃi/ [ˈkɐːt͡sɪ] « bite » : /kās-i/ [ˈkɐːsɪ] « mon verre »
33
Ce terme est employé par mes informateurs tripolitains ; l’un d’entre eux, Adnan, dit l’avoir lui-même
inventé à partir du personnage Don Juan de l’œuvre de Molière, qu’il a lue en arabe.
34
Dans le terme pizza, le phonème de l’italien /z/ est une dentale affriquée sonore à appendice sifflant
[d͡z] alors qu’à Tripoli, il a une réalisation sourde [t͡s].
43
/tmənyək/ [ˈtmənjək] « il s’est moqué »
/žüāna/ [ˈʒᵲaːna] « grenouille »
/žəbna/ [ˈʒəbna] « fromage »
/xānəb/ [ˈxaːnəb] « voleur »
/bərnāməž/ [bɐrˈnaːməʒ] « programme »
/ûənnən/ [ˈᵴəᵰːəᵰ] « il a senti mauvais »
/šəryən/ [ˈʃərjən] « il a sonné »
/εyūn/ [ˈʕjʊːn] « yeux »
/fənn/ [ˈfənː] « art »
/îunn/ [ˈd̴ʉᵰː] « opinion »
/šən°a/ [ˈʃɑᵰᵵa] « valise, sac (à main) »
/bənzīna/ [bɐnˈzɪːna] « essence »
/bānāni/ [baːˈnaːni] « bananes »
/sərdīna/ [sɐrˈdɪːna] « sardine »
/məkrūna/ [mɑˈk̴ᵲʉːᵰa] « pâtes »
/nāys/ [ˈnaːjs] « super, bien »
/sōnāys/ [soːˈnaːjs] « génial »
Les six derniers exemples sont des emprunts, respectivement au turc çanta « sac,
cartable », à l’italien benzina « essence », banane « bananes », sardina « sardine » et
maccheroni « macaroni », ainsi qu’à l’anglais nice et « bien », so nice « tellement bien,
génial ».
b) Emphase
Une réalisation emphatique [ᵰ] est liée à la contagion d’emphase, comme dans les
exemples suivants :
c) Vélarisation
La dentale /n/ s’accommode en vélaire nasale [ŋ], quand elle est au contact des
postpalatales /g/ et /k/, de l’uvulaire /q/, des vélaires /x/ et /ā/, de la labiodentale /f/ et de
l’emphatique /û/ :
44
/zəngi-dəôdəô/ [ˈzɐŋgi ˈdaħdaħ] « bascule (balançoire) »
d) Assimilations
Par ailleurs, le /n/ s’accommode en bilabiale [m] devant les labiales /b/ et /f/, résultat
d’une assimilation :
35
Cependant, dans d’autres exemples, le /n/ s’accommode également en [m] devant /f/, comme cela est
précisé en d).
45
1. /nb/ > [mb]
Le phonème /n/ peut également être assimilé par les prépalatales liquides /l/, /r/ et /ü/ qui
le suivent :
2.9. Synthèse
Le tableau suivant récapitule les dentales examinées.
Dentales
Phonèmes Réalisations / Allophones
/t/ [t], [d], [ᵵ]
/d/ [d], [t], [d̴]
/°/ [ᵵ],[d̴], [t]
/î/ [d̴], [ᵵ]
/Ń/ [t͡s]
/n/ [n], [ᵰ], [ŋ], [m], [l], [r], [ᵲ]
3. Sifflantes et chuintantes
On distingue les alvéolaires (sifflantes) des prépalatales (chuintantes).
46
3.1. Alvéolaires
Le parler arabe de Tripoli possède le phonème /s/ et sa correspondante emphatique /û/,
ainsi que /z/ et sa correspondante emphatique /¢/. On oppose les paires minimales
suivantes :
/s/ : /û/
/sēf/ [ˈseːf] « épée » : /ûēf/ [ˈᵴeːᵮ] « été »
/səbb/ [ˈsəbː] « il a insulté » : /ûəbb/ [ˈᵴɑbː] « il a versé »
/bās/ [ˈbɐːs] « il a embrassé » : /bāû/ [ˈb̴ɑːᵴ] « bus »
/məss/ [ˈməsː] « il a touché » : /məûû/ [ˈᵯɑᵴː] « il a sucé »
/s/ : /z/
/smān/ [ˈsmɐːn] « gras » : /zmān/ [ˈzmɐːn] « époque »
/bōsa/ [ˈboːsa] « un bisou » : /mōza/ [ˈmoːza] « une banane »
/bəss/ [ˈbɐsː] « seulement » : /bəzz/ [ˈbɐzː] « seins »
/û/ : /z/
/ûāü/ [ˈᵴɑːᵲ] « il est survenu » : /zāü/ [ˈᵶɑːᵲ] « il a visité »
/ûəbb/ [ˈᵴɑbː] « il a versé » : /zəbb/ [ˈzəbː] « bite »
/nəggəû/ [ˈᵰəg̴ːəᵴ] « il a diminué » : /nəggəz/ [ˈnəgːəz] « il a sauté »
/s/ : /¢/
/səbb/ [ˈsəbː] « il a insulté » : /¢əëë/ [ˈᵶɑb̴ː] « putain, merde ! »
/û/ : /¢/
/ûəbb/ [ˈᵴɑbː] « il a versé » : /¢əëë/ [ˈᵶɑb̴ː] « putain, merde ! »
/z/ : /¢/
/fāzu/ [ˈfɐːzʊ] « ils ont gagné » : /fā¢u/ [ˈᵮɑːᵶʉ] « vase, pot »
47
/ksād/ [ˈksɐːd] « ennui, situation précaire »
/εəksa/ [ˈʕaksa] « squat »
/gəssəm/ [ˈgəsːəm] « il a divisé »
/εəssās/ [ʕaˈsːɐːs] « gardien »
/āməs/ [ˈɐːməs] « hier »
/kābūs/ [kɐːˈbʊːs] « cauchemar »
/žəss/ [ˈʒəss] « il a découvert, il a pris sur le fait »
/māss/ [ˈmɐːsː] « qui touche »
/kīsa/ [ˈkɪːsa] « sac »
/sībya/ [ˈsɪːbja] « seiche »
/kāsku/ [ˈkɐːskʊ] « chevelu »
/krīsməs/ [ˈkrɪːsməs] « Noël »
/māws/ [ˈmaːws] « souris (d’ordinateur) »
Ces cinq derniers exemples sont des emprunts, respectivement au turc kese « sac », à
l’italien seppia « seiche » et casco « casque », ainsi qu’à l’anglais Christmas « Noël » et
mouse « souris ».
b) Emphatisation
/s/ a un allophone [ᵴ], lié à la contagion d’emphase, comme dans :
48
/muûûāûa/ [ᵯʉˈᵴːɑːᵴa] « paille »
/šəxû/ [ˈʃɑxᵴ] « individu »
/gāüəû/ [ˈg̴ɑːᵲəᵴ] « acide »
/üuûû/ [ˈᵲʉᵴː] « appuie »
Ces trois derniers exemples sont des emprunts à l’italien zinco « zinc », zigzag
« zigzag » et miseria « misère ».
b) Emphatisation
Une réalisation emphatique [ᵶ], allophone de /z/, est liée à des contagions d’emphase,
comme dans les exemples suivants :
La réalisation [ᵶ] est également liée à une emphase expressive, dans les expressions
familières, les insultes :
49
/zūfri/ [ˈᵶʉːᵮᵲɨ] « mauvais garçon »
/ûāgāε l-ə¢-¢əëë/ [ᵴaːgˈ̴aːʕ ɫaˈᵶːɑb̴ː] « il fait un putain de froid »
/z/ : /¢/
/fāzu/ [ˈfɐːzʊ] « ils ont gagné » : /fā¢u/ [ˈᵮɑːᵶʉ] « vase, pot »
/s/ : /¢/
/səbb/ [ˈsəbː] « il a insulté » : /¢əëë/ [ˈᵶɑb̴ː] « putain ! »
/û/ : /¢/
/ûəbb/ [ˈᵴɑbː] « il a versé » : /¢əëë/ [ˈᵶɑb̴ː] « putain ! »
On trouve également, à Tripoli, des exemples où l’ancien î de la racine √îb° est réalisé
alvéolaire fricative sonore emphatique [ᵶ] :
Ces termes ont vraisemblablement été empruntés à une variété d’arabe oriental, dans
laquelle l’ancien î a une réalisation [ᵶ].
C’est le système que David COHEN 36 a décrit comme étant celui représenté en Egypte
et dans des parlers de citadins d’Orient et qui réduit a une organisation binaire toute la
série des dentales :
t d s z
° î û ¢
Cela n’a cependant pas été relevé dans le parler de Tripoli actuel.
36
COHEN 1963 : 11.
37
LE QUELLEC 2003 : 128.
50
Il faut également tenir compte de la prononciation [¢] d’origine turque mentionnée par
Jean CANTINEAU 38. Hans STUMME 39, dans son étude du parler arabe de Tripoli a relevé
une prononciation sifflante de l’interdentale ŧ et de l’emphatique î ; il a supposé que ces
réalisations étaient d’origine turque :
« […] beruht vielleicht auf türkischer Aussprache die Wiedergabe des ضmit z
in zâb°y und des ثmit s in εosmân » (La confusion dans la prononciation du ض
avec le z dans zâb°y et du ثavec le s dans εosmân serait peut-être d’origine
turque) 40.
Nada TOMICHE 41, dans son étude du parler arabe du Caire, précise également que « ¢
représente ظclassique venu par la voie des emprunts au turc » propose l’exemple ¢ºëẹ°
« officier » comme étant une variante de îºëẹ°, qui est de racine √îb°.
A Tripoli, contrairement à l’exemple relevé par Nada TOMICHE, le terme de racine √îb°
qui veut dire « officier » est /îābə°/ et son pluriel /îəbbā°/, respectivement prononcés
[ˈd̴ɑːb̴əᵵ] et [d̴əˈbːɑːᵵ].
3.1.5. Synthèse
Le tableau suivant récapitule les alvéolaires (sifflantes) examinées.
Alvéolaires (sifflantes)
Phonèmes Réalisations / Allophones
/s/ [s], [ᵴ]
/û/ [ᵴ]
/z/ [z], [ᵶ]
/¢/ [ᵶ]
3.2. Prépalatales
On examinera les prépalatales fricatives chuintantes /š/ et /ž/ et les prépalatales
affriquées à appendice chuintant /č/ et /ğ/. On oppose les paires minimales suivantes :
/š/ : /ž/
/šre/ [ˈʃre] « il a acheté » : /žre/ [ˈʒre] « il a couru »
/ôəšš/ [ˈħaʃː] « il a tondu l’herbe » : /ôəžž/ [ˈħaʒː] « il a fait le pèlerinage »
/č/ : /š/
/kānčālu/ [kɐːnˈt͡ʃɐːlʊ] « portail » : /kān šālu/ [kɐːnˈʃɐːlʊ] « s’ils avaient fait sur eux »
/č/ : /ž/
/sərč/ [ˈsərt͡ʃ] « recherche informatique » : /sərž/ [sərʒ] « selle »
38
CANTINEAU 1960 : 41.
39
STUMME 1898 : 202.
40
Toutes les traductions de l’italien, de l’allemand, de l’anglais et de l’arabe littéral vers le français faites
au long de cette étude sont mes traductions personnelles.
41
TOMICHE 1964 : 25.
51
/ğ/ : /š/
/ğun°a/ [ˈd͡ʒʉᵰᵵɑ] « joint » : /šun°-a/ [ˈʃʉᵰᵵɑ] « ses valises »
/ğun°āt/ [d͡ʒʉᵰˈᵵɑːᵵ] « joints » : /šun°āt/ [ʃʉᵰᵵˈɑːᵵ] « valises » 42
Les sept derniers exemples sont des emprunts, respectivement au turc şişe « bouteille »,
şerit « cassette » et kaşık « cuillère », à l’italien cemento « ciment » et biscotti
« biscuits », ainsi qu’à l’anglais Shell 43 et t-shirt.
b) Sonorisation
/š/ a un allophone sonore [ʒ], lorsqu’il précède une consonne sonore, comme dans :
42
On trouve également, à Tripoli, le pluriel šnā°i. Par ailleurs, le duel de šən°a « valise » est, à Tripoli,
šun°ēn « deux valises, deux sacs », formé à partir de la forme du pluriel šun° « valises ».
43
Shell – Groupe industriel pétrolier.
52
/tbəšbəš/ [ˈdbəʒbəʃ] « il bruine »
/əšgər/ [ˈaʒgər] « blond »
b) Assourdissement
/ž/ a un allophone [ʃ], résultat de l’assourdissement de /ž/ au contact d’une consonne
sourde, comme dans :
c) Assimilation
On assiste à l’assimilation de /ž/ par la dentale /n/, lorsque /n/ précède le /ž/, et à sa
réalisation affriquée [d͡ʒ] (à premier élément dental [d] et à deuxième élément [ʒ]),
comme dans :
53
/nži/ [ˈnd͡ʒɪ] « je viens »
/nžīb/ [ˈnd͡ʒɪːb] « j’apporte »
/nžəô/ [ˈnd͡ʒaħ] « il a réussi »
Cependant, dans le corpus, on rencontre une seule exception, qui n’est pas régulière :
avec /žəww/ [ˈʒowː] « ambiance », le /l/ de l’article n’est pas toujours assimilé, comme
dans :
Mais, à côté de ces exemples, on trouve les exemples suivants, où le /ž/ est toujours
assimilé :
/šīn əž-žəww/
[ˈʃɪːn əˈʒːowː]
quoi l’-ambiance
« Comment ça va ? / Quel temps fait-il ? Comment est l’ambiance ? »
/ž-žəww mlīô/
[ˈʒːowː ˈmlɪːħ]
l’-ambiance bonne
« Ça va bien. / Il fait beau. »
44
STUMME 1998 : 206.
45
MARÇAIS & FARÈS 1931 : 231.
54
3.2.3. Le phonème /č/
On traitera de la réalisation [t͡ʃ] de /č/ dans le parler arabe de Tripoli.
b) Suffixe -ği
On trouve aussi la réalisation [d͡ʒ] dans le suffixe -ği [d͡ʒɪ], emprunté au turc -çe, servant
à former des noms de métiers ou d’occupation 48. En turc, le premier élément du suffixe
est la prépalatale sourde affriquée à appendice chuintant [t͡ʃ], qu’on retrouve sous la
forme [d͡ʒ] dans le parler arabe de Tripoli, comme dans les exemples suivants :
46
[d͡ʒ] peut également être un allophone de /ž/, lorsque /n/ précède la prépalatale /ž/, comme cela a été
précisé en 3.2.2.d.
47
A Tripoli, il n’y a pas de différence de nombre entre /ğībō°u/ et /ğībō°i/ ; ce sont deux termes au
singulier.
48
A ce sujet, voir également BOUCHERIT 2002 : 13.
55
/būxāği/ [bʊːˈxaːd͡ʒɪ] « buveur de būxa 49 »
/üōöāği/ [ᵲoːˈk̴aːd͡ʒɪ] « amateur de rock’n’roll »
/gəhwāği/ [gɐhˈwɐːd͡ʒɪ] « cafetier »
50
/kəεkāği/ [kaʕkɐːd͡ʒɪ] « pédophile, sodomite »
/rāndālāği/ 51 [rɐːndɐːˈlaːd͡ʒɪ] « pédophile, sodomite »
52
/üōbānği/ [ᵲoːb̴aːnd͡ʒɪ] « carotteur, escroc »
Plus rarement, dans le parler arabe de Tripoli, on trouve le suffixe sous la forme -ži,
réalisée [ʒɪ], comme dans :
3.2.5. Synthèse
Le tableau suivant récapitule les prépalatales (chuintantes) examinées.
Prépalatales (chuintantes)
Phonèmes Réalisations / Allophones
/š/ [ʃ], [ʒ]
/ž/ [ʒ], [ʃ], [d͡ʒ]
/č/ [t͡ʃ]
/ğ/ [d͡ʒ]
49
La būxa est de l’eau de vie de figues.
50
kəεka est un biscuit en forme de cercle, métaphore de l’anus.
51
Formé à partir de l’emprunt à l’italien rondella « rondelle » lexicalisé dans le parler arabe de Tripoli
sous la forme rāndāla avec le sens métaphorique d’ « anus ».
52
Formé à partir de l’emprunt à l’italien rubando « volant, dérobant » (gérondif de rubare « voler,
dérober »).
53
Au sujet des altérations conditionnées des chuintantes et des sifflantes dans les dialectes arabes, voir
CANTINEAU 1960 : 59-64 et TAINE-CHEIKH 1986 : 413-435.
56
3.3.1. Perte de chuintement par assimilation et métathèse
On examinera la perte de chuintement du /ž/, assimilé par les sifflantes /s/, /û/ et /z/,
mais également le phénomène de métathèse qui touche la suite z – ž.
a) Assimilations
La chuintante /ž/ est assimilée par les éléments sifflants /s/, /û/ et /z/. On trouve une
réalisation sifflante [z], là où, en arabe ancien, on trouvait un phonème d’articulation
chuintante [ʒ] ou [d͡ʒ]. Cela se produit lorsque la chuintante ž et les sifflantes s, û ou z se
trouvent au sein du même mot.
b) Dissimilation
Lorsque les chuintantes /š/ et /ž/ se trouvent au sein du même mot, on note que, dans la
suite š – ž, le /š/ est articulé [s], résultat d’une dissimilation.
54
A Tripoli, sfənz a le sens de « beignet », mais on trouve également une forme sfənž avec le sens
d’ « éponge ».
57
c) Métathèse
Lorsque la chuintante ž et la sifflante z se trouvent au sein du même mot, on peut
observer que la suite z – ž peut être inversée en ž – z, résultat d’une métathèse. Cela ne
se produit qu’avec les termes de la racine √zwž.
3.3.2. Evolution
Le tableau suivant récapitule les différentes altérations de la chuintante /ž/, la
dissimilation, ainsi que la métathèse relevées dans le parler arabe de Tripoli
d’aujourd’hui.
Combinaisons Altérations
s–ž s–z
ž–s z–s
Assimilation de ž par z ž–û z–û
z–ž z–z
ž–z z–z
Dissimilation š–ž s–ž
Métathèse z–ž ž–z
58
YODA : ğins > *žəns > zəns, mağlis > *məžləs > məzləs, šams > *šəms > səms
(YODA 2005 : 74) 55.
La dissimilation de /š/ en [s] était plus fréquente, lorsque /š/ et /ž/ se trouvaient dans le
même mot, comme dans les exemples suivants ; aujourd’hui, seuls les termes de racine
√šžl semblent être concernés :
Aujourd’hui, à Tripoli, on note une évolution par rapport aux études des auteurs
précédents. Les altérations conditionnées ne concernent plus le /š/ ; elles concernent
uniquement le /ž/. Les exemples mentionnés en 3.3.1. ci-dessus alternent tous avec les
formes qui n’auraient pas subi d’altérations, qui sont, d’ailleurs, plus couramment
employées 56.
Peut-être cela est-il dû à l’influence de l’arabe standard, qui, variété prestigieuse perçue
comme la norme, aurait influencé le parler des jeunes Tripolitains, auprès de qui les
enquêtes linguistiques ont été réalisées, dont la prononciation de certains termes
auraient été ‘corrigée’, ‘rectifiée’ ?
Il est cependant des termes pour lesquels on ne trouve pas d’alternance dans la
prononciation, tels que /zōz/ « deux », /nzāû/ « poires » et /εzūz/ « vieille femme », qui
sont toujours prononcés, respectivement, [ˈzoːz], [ˈᵰᵶɑːᵴ] et [ʕăˈzʊːz].
/l/ : /r/
/lī-ya/ [ˈlɪːja] « pour moi » : /rīya/ [ˈrɪːja] « poumon »
/gəbl/ [ˈgɐbə̆l] « avant » : /gəbr/ [ˈgɐbə̆r] « tombeau »
/l/ : /ü/
/la/ [ˈla] « non » : /üa/ [ˈüa] « il a vu »
/lā-hi/ [ˈlɐːhɪ] « elle n’est pas » : /üā-hi/ [ˈᵲaːhɪ] « la voici, elle est »
/ôəml-a/ [ˈôaml-ɐ] « il l’a porté » : /ôəmüa/ [ôɑᵯᵲa] « rouge »
/l/ : /y/
/lābəs/ [ˈlɐːbəs] « vêtu » : /yābəs/ [ˈjɐːbəs] « sec »
55
On rappellera ici que les informateurs de YODA ont quitté la Libye entre 1948 et 1967 et vivent en
Israël. On peut donc considérer que leur parler est semblable a celui qui était employé à Tripoli au
moment de leur départ.
56
Les formes ayant subi les altérations seraient, d’après mes informateurs, plutôt employées par les
personnes âgées et dans le parler de certains quartiers ‘populaires’. Seule une enquête sociolinguistique
fine permettrait de le vérifier.
59
/būl/ [ˈbʊːl] « urine » : /bū-y/ [ˈbʊːj] « mon père »
/r/ : /ü/
/dār/ [ˈdɐːr] « il a fait » : /dāü/ [ˈdaːᵲ] « salle, pièce »
/ü/ : /y/
/üəbb-i/ [ˈᵲɑb̴ːɨ] « mon Dieu » : /yəbbi/ [jəbːɪ] « il veut »
/žāü/ [ˈʒaːᵲ] « voisin » : /žāy/ [ˈʒɐːj] « venant, suivant »
4.1.2. Emphatisation
Il existe un allophone [ɫ], réalisation emphatique de /l/, lié à des contagions d’emphase,
au sein du mot, comme dans les exemples suivants :
60
/ûəlla/ [ˈᵴɑɫːa] « il a prié »
Cette emphase est également liée à une emphase expressive et affective, comme dans :
4.1.3. Dissimilations
On assiste, à Tripoli, à la dissimilation de l en m, lorsque, à l’initiale du mot, l précède
et est au contact de b, dans l’adverbe de temps suivant 57 :
4.1.4. Assimilations
Le /l/ de l’article /əl/ « le, la, les » s’assimile aux consonnes solaires : t, °, d, î, n, s, û, š,
z, ž, l, r, ü, comme dans les exemples, suivants 58 :
On note également des assimilations au sein du mot. Le /l/ peut être assimilé par le /n/
lorsqu’il précède et est au contact de ce dernier :
Il peut également être assimilé par le /t/ qu’il précède, comme dans :
Ces assimilations ne sont pas systématiques et on ne les relève que dans quelques mots.
57
Au sujet des altérations inconditionnées de /l/, voir CANTINEAU 1960 : 53.
58
Il existe une exception qui concerne le /ž/ (cf. 3.2.2.d)).
61
A Tripoli, il existe un exemple, où le /l/ est assimilé par le /k/ qu’il précède, dans
l’adverbe suivant :
De plus, dans cet exemple, on note l’harmonisation du timbre des voyelles en [ʊ].
/r/ : /ü/
/dār/ [ˈdɐːr] « il a fait » : /dāü/ [ˈdaːᵲ] « pièce »
/žāri/ [ˈʒɐːrɪ] « qui court » : /žāü-i/ [ˈʒaːᵲɨ] « mon voisin »
En effet, en présence d’une autre emphatique au sein du mot, l’opposition entre les deux
phonèmes est neutralisée et la réalisation de la vibrante est, dans ce cas-là, toujours
réalisée emphatique [ᵲ], comme dans les termes suivants :
[ˈᵯᵵəᵲ] « pluie »
[ˈᵲb̴ɑᵵ] « il a noué »
[ˈᵲᵵɑb̴] « mou »
[ᵲg̴ɑᵴ] « il a dansé »
[ᵲʉːˈᵵʉːb̴a] « humidité »
[ˈᵵᵲʉːᵮ] « morceaux »
[ˈp̴ᵴaːᵲa] « plaisanterie »
[ˈᵵɑᵲʃa] « sourde »
[ˈᵵʉᵰʒ̴ᵲa] « marmite »
[ˈg̴ʉᵵᵲa] « goutte »
59
A la suite de William MARÇAIS (1908 : 25 / Saïda) et de Marcel COHEN (1912 :53-54 / Alger Juif),
David COHEN, dans son étude du parler arabe des Juifs de Tunis (1975 : 26-29), a fait un exposé succinct
de l’ensemble de la question qui concerne les phonèmes /r/ et /ü/ ; question qu’il avait déjà bien engagée
dans sa description du parler ôassānīya de Mauritanie (1963 : 24-27). Ses considérations ont servi de base
à l’analyse des deux phonèmes /r/ et /ü/ du parler arabe de Tripoli.
62
La présence du [ᵲ] est également favorisée par l’influence des voyelles /u/, qui, comme
le souligne Philippe MARÇAIS 60, dans sa description du parler arabe de Djidjelli, « crée
toujours une ambiance d’articulation postérieure dans la syllabe dont elle est le centre ».
[ᵲʉb̴ăʕ] « quart »
[ˈk̴ᵲʉᵯb̴] « chou »
[ˈħʉᵮᵲa] « trou »
[ˈħʉʒ̴ᵲa] « chambre »
[ˈᵯʉᵲə̆ʃ] « verre »
[wʧ̴ʉˈᵲa] « derrière »
[wʧʉ̆ˈᵲəg̴] « feuilles »
[ˈwʧʉᵲːa] « il a montré »
[ˈᵲaːᵴ] « tête »
[ˈᵮaːᵲ] « rat »
[ˈᵲaːʒəl] « homme »
[ˈᵰaːᵲ] « feu »
[ˈd̴aːᵲ] « pièce »
[xjaːᵲ] « concombres »
Par contre, la voyelle [ɪː] et la semi-consonne [j] semblent avoir une action
désemphatisante. Le [r] non emphatique apparaît lorsque le phonème est en contact
immédiat avec [ɪː] ou les diphtongues comportant [j] :
[ˈrɪːħa] « odeur »
[ˈrɪːja] « poumon »
[ˈgrɪːb] « proche »
[bɐːˈrɪːd] « poste »
[ftɐːˈrɪːʃ] « miettes »
[ˈrjɐːga] « salive »
[ʃɐrˈjɐːna] « sonnerie »
[strɪjːəħ] « il s’est reposé »
[ʒɐˈrːɐːj] « courant »
60
Ph. MARÇAIS 1952 : 67.
63
Le [r] de certains verbes concaves et défectueux est lié au fait que leur voyelle de la
conjugaison préfixale soit un [ɪː] :
L’influence désemphatisante du [ɪː] est flagrante dans les oppositions singulier : pluriel
(ou pluriel : singulier) à alternance vocalique /ī/ – /ā/ :
L’opposition /r/ : /ü/ est, dans le parler arabe de Tripoli, bel et bien une opposition
phonologique. On a mentionné plusieurs paires minimales qui prouvent l’existence de
deux phonèmes distincts. Un environnement emphatique, la présence d’un [aː], d’un [ʊ]
ou d’un [w] favorisent l’existence du /ü/ ; la présence de [ɪː] ou de [j], celle de /r/.
64
/māyōlīka/ [mɐːjoːˈlɪːka] « carrelages vernis »
/kōmbyūtər/ [koːmˈbjʊːtər] « ordinateur »
/mākyāž/ [maːˈkjaːʒ] « maquillage »
Les six derniers exemples sont des emprunts, respectivement, au turc yok « ne, non, pas,
il n’y a pas » 61, sini « grand plateau », à l’italien bigliardi « billards » et maiolica
« majolique, barbotine », à l’anglais computer « ordinateur » et au français maquillage.
4.3.2. Emphatisation
On trouve le [j̴] dans le démonstratif suivant ; il s’agit d’une forme pharyngalisée :
L’allophone [j̴] de /j/ est également lié à des contagions d’emphase, par assimilation,
comme dans les exemples suivants :
4.4. Synthèse
Le tableau suivant récapitule les prépalatales liquides étudiées.
Prépalatales liquides
Phonèmes Réalisations / Allophones
[l], [ɫ], [m], [k], [t], [ᵵ], [d], [d̴], [n],
/l/
[s], [ᵴ], [z], [ʒ], [r], [ᵲ], [k]
/r/ [r]
/ü/ [ᵲ̴]
/y/ [j], [j̴]
5. Postpalatales et uvulaire
Les phonèmes groupés ici appartiennent à deux séries articulatoires différentes et ils
auraient dû, pour des raisons de cohérence, être traités sous des rubriques différentes.
Cependant, les phonèmes /g/ et /q/ sont liés historiquement et linguistiquement. Il est
donc préférable, pour ne pas nuire à la clarté de l’exposé, de ne pas les séparer dans
cette étude.
61
On ne le trouve que dans l’expression la wāla yōk « non, rien du tout », comme dans l’exemple
suivant : - klēt ?
tu as mangé
- la wāla yōk !
non ou pas
« - Tu as mangé ?
- Non, rien du tout ! »
65
5.1. Paires minimales
Le parler arabe de Tripoli possède les phonèmes /k/ et /g/, ainsi que le phonème /q/. On
oppose les paires minimales suivantes :
/k/ : /g/
/kəlb/ [ˈkəlb] « chien » : /gəlb/ [ˈgəlb] « cœur »
/kūl/ [ˈkʊːl] « mange » : /gūl/ [ˈgʊːl] « dis »
/üukba/ [ˈᵲʉk̴b̴a] « genou » : /üugba/ [ˈᵲʉg̴b̴a] « cou »
/bāki/ [ˈbɐːkɪ] « pleurant » : /bāgi/ [ˈbɐːgɪ] « monnaie »
/tkərkəb/ [tkərˈkəb] « il est tombé et s’est retourné » : /tgərgəb/ [dgərˈgəb] « tu te masturbes »
/ôəkk/ [ˈħakk] « il a gratté » : /ôəgg/ [ˈħagg] « vérité, prix »
/k/ : /q/
/kānūn/ [kɐːˈnʊːn] « fourneau, poêle 62 » : /qānūn/ [qaːˈnʊːn] « loi »
/üā-ki/ [ˈᵲaːki] « te voici » : /üāqi/ [ˈᵲaːqi] « développé »
/g/ : /q/
/stəgûa/ [ˈstɑk̴ᵴɑ] « il est parti » : /stəqûa/ [ˈstɑqᵴɑ] « il s’est renseigné »
/nəggāl/ [nɐˈgːɐːl] « copieur, tricheur » : /nəqqāl/ [naˈqːaːl] « téléphone portable »
/ôəgg/ [ˈħagː] « prix » : /ôəqq/ [ˈħaqː] « vérité »
62
kānūn est également le nom du douxième mois du calendrier kadhafien.
66
/šəkk/ [ˈʃəkː] « il a douté »
/kāšīk/ [kɐːˈʃɪːk] « cuillère »
/kuüba/ [kˈ̴ʉᵲb̴a] « virage, coude (plomberie) »
/mīksər/ [ˈmɪːksər] « mixeur »
Ces trois derniers exemples sont des emprunts, respectivement au turc kaşık « cuillère »,
à l’italien cùrva « courbe, virage » et à l’anglais mixer « mixeur ».
5.2.2. Sonorisation
Une articulation sonore [g] est le résultat d’une assimilation régressive et de la
sonorisation de /k/ par une consonne sonore qui suit directement ce phonème, comme
dans les exemples suivants :
5.2.3. Emphatisation
La réalisation emphatique [k̴] de /k/ est liée à des contagions d’emphase, comme dans
les exemples suivants :
Cette prononciation peut également être liée à une emphase expressive, une emphase
affective, qu’on retrouve dans l’insulte suivante :
Dans le parler arabe de Tripoli, l’ancien qāf est majoritairement représenté par le
phonème /g/, situant ce parler parmi les parlers de type bédouin 64.
63
Voir CANTINEAU 1960 : 68 et 70, W. MARÇAIS 1950 : 207 et 211, Ph. MARÇAIS 1957 : 221 et 229,
TAINE-CHEIKH 1999 : 13 et 30.
64
Cependant, l’ancien qāf est réalisé uvulaire occlusive sourde [q] dans le parler arabe des Juifs
originaires de Tripoli, décrit par Sumikazu YODA, qui précise, dans son étude, que les Juifs d’Afrique du
Nord parlent un parler de type citadin préhilalien. Il indique également que la différence entre le parler
arabe des Juifs et celui des Musulmans de Tripoli n’est pas seulement une différence de vocabulaire mais
est liée au type de parler : le parler des Juifs étant un parler de type sédentaire, alors que celui des
Musulmans est de type bédouin (YODA 2005 : 1-4).
67
dessus, mais on trouve également de nombreux termes pour lesquels l’articulation
sonore [g] de l’ancien qāf alterne avec la réalisation sourde [q]. Par ailleurs, on a relevé
la prononciation sourde [q] dans de nombreux termes empruntés à l’arabe standard qui
sont lexicalisés dans le parler arabe de Tripoli, termes religieux, administratifs, liés à
l’enseignement et aux nouvelles technologies.
Les quatre derniers exemples sont respectivement des emprunts à l’italien gommista
« vulcanisateur de pneus » et garage « garage », ainsi qu’à l’anglais group « groupe » et
game « jeu ».
b) Assourdissement
Lorsque le phonème /g/ précède une consonne sourde, il est articulé occlusif postpalatal
sourd [k], comme dans les exemples suivants :
68
c) Emphatisation
La réalisation [g̴] est liée à la contagion d’emphase, comme dans les exemples suivants :
5.4. Synthèse
le tableau suivant récapitule les postpalatales et l’uvulaire examinées.
Postpalatales et uvulaire
Phonèmes Réalisations / Allophones
/k/ [k], [g], [k̴]
/g/ [g], [k], [g̴]
/q/ [q]
6. Vélaires
Dans le parler arabe de Tripoli, on oppose les deux phonèmes suivants : /ā/ et /x/. On
oppose les paires minimales suivantes :
69
/ā/ : /x/
/āēü/[ˈɣeːᵲ] « moins » : /xēü/ [ˈxeːᵲ] « bien »
/āāli/ [ˈɣɐːlɪ] « cher » : /xāli/ [ˈxaːlɪ] « mon oncle »
/āle/ [ˈɣle] « il est devenu cher » : /xle/ [ˈxle] « il a émigré »
/āəbbəü/ [ˈɣɑb̴ːəᵲ] « il a fait de la poussière » : /xəbbəü/ [ˈxɑb̴ːəᵲ] « il a informé »
/nəāüa/ [ˈnaɣᵲa] « bouderie » : /nəxüa/ [ˈnaxᵲa] « je chie »
ɣ]
6.1.1. La vélaire fricative sonore [ɣ
On la trouve dans les exemples suivants :
6.1.2. Assourdissement
On assiste à l’assourdissement de /ā/ en [x], résultat d’une assimilation régressive,
lorsque /ā/ précède et est au contact d’une consonne sourde, comme dans les exemples
suivants :
70
/xədd/ [ˈxadː] « joue »
/xāləε/ [ˈxaːlaʕ] « grossier »
/xde/ [ˈxde] « il a pris »
/rxām/ [ˈrxaːm] « marbre »
/nəxla/ [ˈnaxla] « palmier »
/šəxûi/ [ˈʃɑxᵴɨ] « personnel, individuel »
/bāxīl/ [baːˈxɪːl] « avarice »
/sxūn/ [ˈsxoːn] « chaud »
/dəxxən/ [ˈdəxːən] « il a fumé »
/šuxxāx/ [ʃʊˈxːaːx] « pisseur »
/sləx/ [ˈslax] « il a écorché »
/xūx/ [ˈxoːx] « pêches »
/šəxx/ [ˈʃəxː] « il a pissé »
6.3. Synthèse
Le tableau suivant récapitule les vélaires étudiées.
Vélaires
Phonèmes Réalisations / Allophones
/ā/ [ɣ], [x]
/x/ [x]
7. Pharyngales
Le parler arabe de Tripoli possède les deux pharyngales /ô/ et /ε/. On oppose les paires
minimales suivantes :
/ô/ : /ε/
/ôəbb-a/ [ˈħabːɐ] « il l’a aimé » : /εəbba/ [ʕaˈbːa] « il a rempli »
/sāôa/ [saːħa] « place, cour » : /sāεa/ [saːʕa] « heure, montre »
/°āô/ [ˈᵵɑːħ] « il est tombé » : /°āε/ [ˈᵵɑːʕ] « il a obéi »
/šbəô/ [ˈʃbaħ] « il a vu » : /šbəε/ [ˈʃbaʕ] « il a été rassasié »
71
/mətôəf/ [ˈmatħaf] « musée »
/žəôš/ [ˈʒəħʃ] « bardot »
/üāôa/ [ˈᵲaːħa] « repos »
/ûəôüa/ [ˈᵴɑħᵲa] « désert »
/sôāb/ [ˈsħaːb] « nuages »
/mbəôôəü/ [ˈmbaħːaᵲ] « Nord »
/kəôôāôa/ [kaˈħːaːħa] « toux »
/nāzəô/ [ˈnɐːzaħ] « à sec, tari »
/°yāô/ [ˈᵵj̴ɑːħ] « chute »
/°uüô/ [ˈᵵʉᵲ̴ăħ] « partie, jeu »
/ûəôô/ [ˈᵴaħː] « vérité »
Le /ô/ ne subit pas d’altération particulière dans le parler arabe de Tripoli 65.
7.2.2. Assourdissement
Lorsque le phonème /ε/ est au contact de /h/ ou de /ô/, il est articulé pharyngale fricative
sourde [ħ], comme dans les exemples suivants :
65
Au sujet des altérations du /ḥ/ dans les parlers arabes, voir CANTINEAU 1960 : 74.
72
1. /εh/ > [ħː]
Dans ces deux premiers cas, on note également que le /h/, au contact de /ε/ est
également articulé [ħ].
7.3. Synthèse
Le tableau suivant récapitule les pharyngales examinées.
Pharyngales
Phonèmes Réalisations / Allophones
/ô/ [ħ]
/ε/ [ʕ], [ħ]
8. Laryngales
Le parler arabe de Tripoli possède les deux laryngales /h/ et /’/. On oppose la paire
minimale suivante :
/h/:/’/
/shəl/ [ˈshɐl] « il a facilité » : /s’əl/ [ˈsʔɐl] « il a demandé »
73
/shər/ [ˈshər] « il a veillé »
/gəhwi/ [ˈgɐhwɪ] « marron »
/žəbha/ [ˈʒɐbha] « front »
/žāhəl/ [ˈʒɐːhəl] « illettré, idiot »
/bāhi/ [ˈbɐːhɪ] « bien, bon »
/m°əhhəü/ [ˈᵯᵵɑhːəᵲ] « circoncis »
/dəhhāb/ [dɐˈhːɐːb] « orfèvre »
/küəh/ [ˈk̴ᵲɑh] « il a détesté »
/wəžh/ [ˈwʊʒɐ̆h] « visage »
/līhlīh/ [lɪːhˈlɪːh] « trop »
Dans le parler arabe de Tripoli, le /h/ ne connaît pas d’altérations particulières. Il peut,
cependant être assimilé au contact de /ô/ et /ε/ comme cela a été vu précédemment en
7.2.2.
Dans le parler arabe de Tripoli – et d’après les auteurs précédents, notamment Jean
Cantineau (1960 : 84-85) et William Marçais (1908 : 5-9) – à part quelques rares
exemples, le /’/ est absent : soit il a été affaibli, a disparu, soit il a été remplacé par une
semi-consonne w ou y 67.
66
Cf. CANTINEAU 1960 : 84.
67
En ce qui concerne l’évolution des formes anciennes hamzées, voir notamment COHEN 1963 : 42-48 et
COHEN 1975 : 36-40. Voir également YODA 2005 : 82-88.
74
8.3. Synthèse
Le tableau suivant récapitule les pharyngales examinées.
Pharyngales
Phonèmes Réalisations / Allophones
/h/ [h], [ħ]
/’/ [ʔ]
9. Conclusion
Dans cette partie consacrée à l’étude de la phonologie et de la phonétique du parler
arabe de Tripoli, les phonèmes vocaliques brefs, les phonèmes vocaliques longs, ainsi
que les phonèmes consonantiques ont été examinés ; et, pour chaque phonème identifié,
on a décrit toutes les réalisations phonétiques, notamment tous les allophones qui
n’apparaissent que dans des conditions déterminées : on a présenté les allophones des
phonèmes vocaliques, en fonction des contextes consonantiques ; on a traité des
allophones consonantiques liés à l’emphatisation, à la sonorisation et à
l’assourdissement.
En effet, la phonologie des voyelles brèves de l’arabe de Tripoli oppose un /ə/ (qui est le
résultat de la confusion des anciens *a et *i) et un /u/ et ceci est une caractéristique des
parlers de sédentaires ; en revanche, la réduction des anciennes diphtongues *ay et *aw
respectivement en /ē/ et /ō/ est un trait propre aux parlers de nomades.
Aussi, le parler arabe de Tripoli se caractérise par ses phonèmes nouveaux /ë/, /ú/, /¢/,
/v/, /Ń/, /č/, /ğ/, /q/ et /’/, dont certains sont liés à une emphase psychologique et dont les
autres ont été empruntés au système d’autres langues, mais ils sont, dans l’arabe de
Tripoli contemporain, parfaitement phonologisés, complètement intégrés au système
phonologique du parler, puisqu’on oppose pour tous ces phonèmes nouveaux des paires
minimales.
75
Enfin, le vocalisme du parler arabe de Tripoli se caractérise par l’imāla qui touche
certains /a/ finaux (anciens *ā final), les faisant passer à [e].
Ces deux dernières particularités sont propres aux parlers de l’Est maghrébin (parlers E
de la classification de Jean CANTINEAU).
En ce qui concerne les diverses altérations conditionnées auxquelles sont sujet le /š/ et
le /ž/, on remarque, dans l’arabe de Tripoli contemporain, qu’elles n’ont plus toujours
lieu ; cela doit être lié à la connaissance de l’arabe standard, de la variété écrite, qui
influence les locuteurs. Ces derniers modifieraient la prononciation de certains termes
en se basant sur leur forme écrite. En effet, l’influence de l’arabe standard est de plus en
plus forte ; aujourd’hui, les emprunts se font de plus en plus à l’arabe standard et à
l’anglais, alors qu’auparavant, on empruntait au turc et à l’italien.
76
Semi-
Occlusives Affriquées Fricatives Liquides
consonnes
Sourdes Sonores Sourdes Sonores Sourdes Sonores Nasales Latérales Vibrantes Sonores
– / + Emphase – + – + – + – + – + – + – + – + – + – +
Bilabiales /b/ /ë/ /m/ /ú/ /w/
Uvulaire /q/
– / + Emphase – + – + – + – + – + – + – + – + – + – +
p b ë m ú w ẉ
Bilabiales
[p] [p̴] [b] [b̴] [m] [ᵯ] [w] [w̴]
f ó v
Labiodentales
[f] [ᵮ] [v]
ŧ ñ ®
Interdentales
[θ] [ð] [ð̴]
t ° d î Ń n ù
Dentales
[t] [ᵵ] [d] [d̴] [t͡s] [n] [ᵰ]
s û z ¢
Alvéolaires
[s] [ᵴ] [z] [ᵶ]
č ğ š ž l õ r ü y ỵ
Prépalatales
[t͡ʃ] [d͡ʒ] [ʃ] [ʒ] [l] [l̴] [r] [ᵲ] [j] [j̴]
k ö g
Postpalatales
[k] [k̴] [g] [g̴]
x ā ŋ
Vélaires
[x] [ɣ] [ŋ]
q
Uvulaire
[q]
ô ε
Pharyngales
[ħ] [ʕ]
’ h
Laryngales
[ʔ] [h]
En arabe tripolitain, des règles strictes déterminent la nature des syllabes et ces règles
sont liées à la quantité vocalique, mais également à l’accentuation.
De nombreux auteurs ont déjà étudié la structure syllabique de plusieurs parlers arabes
maghrébins et il apparaît que ces parlers ne supportent pas de voyelle brève en syllabe
ouverte 1.
I. Structure syllabique
On distingue deux types de syllabes : les syllabes ouvertes et les syllabes fermées. On
distingue également les syllabes brèves et les syllabes longues. Les syllabes brèves sont
des syllabes ouvertes à voyelle brève ; les syllabes longues sont les syllabes ouvertes à
voyelles longues et toutes les syllabes fermées (voir COHEN 1975 : 73).
1. Syllabes ouvertes
Les syllabes ouvertes, dans le parler arabe de Tripoli, se terminent pas une voyelle
longue ou par une voyelle brève.
Il existe un type de syllabe ouverte composée d’une seule voyelle longue v̄. Une telle
syllabe ne se trouve qu’à l’initiale du mot 2.
v̄ : ā-ne « moi »
ā-səm « nom »
ī-mām « imam »
ī-mā-zī-āən « Berbères »
ī-gūl « il dit »
ā-hẉa « celui-ci »
ā-hỵa « celle-ci »
La syllabe ouverte à voyelle longue peut avoir une ou plusieurs consonnes initiales.
Cv̄ : me « eau »
bu « père »
mā-ši « allant »
ğī-bū-°u « blouson »
óā-¢u « vase »
1
A ce sujet, voir W. MARÇAIS 1902 : 46-54, W. MARÇAIS 1908 : 49-68, M. COHEN 1912 : 140-164,
Ph. MARÇAIS 1952 : 72-105, D. COHEN 1975 : 72-83.
2
Dans cette étude, v = voyelle brève, v̄ = voyelle longue, C = consonne.
77
sme « ciel »
āde « déjeuner »
nse « il a oublié »
ā°a « couverture »
Dans le parler arabe de Tripoli, les syllabes ouvertes peuvent également se terminer par
une voyelle brève, dans des cas bien précis : dans ce cas, on parle de syllabe brève. En
effet, on ne trouve des voyelles brèves qu’en syllabes ouvertes accentuées et à l’initiale
du mot. L’accent frappe la première syllabe du mot, favorisant le maintien de la voyelle
brève en syllabe ouverte 3.
Cv : bə́-°ən « ventre »
üú-bəε « quart »
ôə́-lu « joli, doux, sucré »
də́-ôi « œufs »
yə́-ktbu « ils écrivent »
mə́-knsa « balai »
2. Syllabes fermées
Les syllabes fermées se terminent par une, deux ou trois consonnes. On a relevé
quatorze types de syllabes fermées dans le parler arabe de Tripoli.
Dans les exemples précédents, la voyelle brève initiale est souvent une voyelle
prothétique qui précède un groupement de trois consonnes et qui permet de les articuler.
v̄C : īd « main »
On trouve des syllabes qui se terminent par une voyelle brève et une seule consonne. A
l’initiale, elles peuvent comporter une, deux ou trois consonnes.
3
Voir Ph. MARÇAIS 1977 : 32.
78
CCCəC : stzəd-tu « vous êtes nés »
stgəî-na « nous nous sommes rendu compte »
Il existe des syllabes dites ‘doublement fermées’ : elles se terminent par une voyelle
brève et deux consonnes.
On trouve également un type de syllabe ‘triplement fermée’ : elle se termine par trois
consonnes ; à l’initiale, elle comporte une seule consonne.
Aussi, il existe des syllabes dites ‘surfermées’ 4. Elles se terminent par une voyelle
longue et une consonne. A l’initiale, elles peuvent comporter une, deux ou trois
consonnes.
4
Ce terme est utilisé par David COHEN, dans son étude du parler des Juifs de Tunis (COHEN 1975 : 73),
pour distinguer les syllabes qui se terminent par une voyelle longue et une consonne (dite surfermée) des
syllabes qui se terminent par deux consonnes (dites doublement fermées).
79
CCv̄C : °wīl « long »
kbāü « grands »
sxūn « chaud »
Enfin, on a relevé une syllabe qui se termine par une voyelle longue et deux consonnes :
‘surfermée’ et ‘doublement fermée’.
3. Modifications syllabiques
Etant donné qu’il est impossible pour une voyelle brève de se maintenir en syllabe
ouverte si elle n’est pas accentuée, la structure syllabique des mots est instable. Cela se
manifeste notamment lorsque l’adjonction d’un suffixe vocalique transforme une
syllabe fermée en syllabe ouverte. On distinguera le cas des mots monosyllabiques de
celui des mots plurisyllabiques, pour lesquels la mutation de la structure syllabique est
plus complexe.
Les formes *ktə-bət et *fhə-mu sont impossibles, parce qu’elles amèneraient la présence
d’une voyelle brève en syllabe ouverte (non accentuée) : *ktə- et *fhə-. Alors, on assiste
au phénomène de ressaut ; on observe en effet la permutation de la voyelle brève pour
permettre la conservation de syllabes fermées kət-bət et fəh-mu.
80
Il s’opère également lorsqu'on pourvoit un masculin de schème C1C2əC3 de l’indice de
féminin ou du singulatif -a(t) :
Le parler arabe de Tripoli admet la chute pure et simple de la voyelle de la syllabe finale
qui se trouve ouverte. La première voyelle du groupe est accentuée.
Cela concerne également les mots de type ancien mv̆C1C2v̆C3a(t), qu’on retrouve dans
le parler arabe de Tripoli sous la forme məC1C2C3a(t) ; l’accent permet le maintien la
première voyelle du mot :
Ou, enfin, les noms féminins de type C1əC2C3a(t), lorsqu’on leur suffixe un pronom
vocalique :
81
/məknsa/ [ˈmɐkɐ̆nsa] « balai »
/xədmt-i/ [ˈxadə̆mtɪ] « mon travail »
Dans le parler arabe de Tripoli, la voyelle de l’indice -ət est allongée pour être
conservée.
4. Le schème C1əC2C3
Ce schème nominal est caractérisé par la présence d’une voyelle brève entre la première
et la deuxième consonne radicale. Certaines consonnes exercent une action phonétique
qui détermine la répartition syllabique 5. Il s’agit notamment des consonnes liquides,
labiales, laryngales et pharyngales. L’accent frappe la voyelle qui est entre C1 et C2.
Dans certains cas, une voyelle épenthétique, voyelle brève de disjonction, permettra de
disjoindre C2 et C3 et facilitera leur articulation, comme cela est indiqué en transcription
phonétique. Au Maghreb, ce schème est beaucoup plus important dans les parlers arabes
de type bédouin que dans les parlers de type sédentaire 6.
5
Le rôle de certaines consonnes sur la structure syllabique des parlers arabes maghrébins a déjà été
souligné par les auteurs précédents. A ce sujet, voir W. MARÇAIS 1902 : 46, W. MARÇAIS 1908 : 49,
M. COHEN 1912 : 140, Ph. MARÇAIS 1952 : 112-115, D. COHEN 1963 : 175-176), D. COHEN 1975 : 79,
Ph. MARÇAIS 1977 : 32-34.
6
Voir, par exemple, la structure syllabique du parler arabe des Juifs de Tunis, parler de type sédentaire
citadin préhilalien (D. COHEN 1975 : 78-83).
82
εənz [ˈʕanz] « chèvre »
kənz [ˈkɐnz] « trésor »
7
Au sujet des ‘consonnes fortes’, voir D. COHEN 1963 : 175-176.
83
4.6. C3 est une semi-consonne /w/ ou /y/
Lorsque C3 est une semi-consonne, le schème est C1əC3w ou C1əC2y ; la voyelle est
placée entre C1 et C2 et elle porte l’accent et la semi-consonne est souvent sous la forme
vocalique, respectivement u ou i.
5. Conclusion
Dans le parler arabe de Tripoli, on ne trouve pas de voyelle brève en syllabe ouverte
non accentuée.
De plus, le schème nominal C1əC2C3 est très important dans le parler arabe de Tripoli et
dans les parlers de type bédouin, qui ont gardé ce schème pour des mots qui dans les
parlers préhilaliens se trouvent sous la forme C1C2əC3. On entend aussi de nombreuses
voyelles brèves de disjonction entre C2 et C3 et cela est beaucoup plus important dans
les parlers dits de type bédouin que dans les parlers dits de sédentaires.
Ces caractéristiques sont liées à l’accent d’intensité qui, dans le parler arabe de Tripoli,
frappe la voyelle de la première syllabe du mot en maintenant des voyelles brèves en
syllabes ouvertes.
II. Accent
Dans le parler arabe de Tripoli, l’accent de mot peut porter soit sur la syllabe finale, soit
sur la pénultième.
8
A ce sujet, voir Ph. MARÇAIS 1977 : 24-34.
84
L’accent porte sur la syllabe finale, lorsque celle-ci est doublement fermée, c’est-à-dire
qu’elle se termine par une voyelle brève et deux consonnes.
L’accent porte sur la syllabe finale quand elle est surfermée, c’est-à-dire qu’elle est
simplement fermée et comporte une voyelle longue.
Il existe trois démonstratifs dans le parler arabe de Tripoli qui se terminent par une
syllabe ouverte accentuée.
L’accent frappe la pénultième syllabe quand la syllabe finale est simplement fermée.
85
Diverses formes dérivées d’une même racine permettent d’illustrer la relation de la
place de l’accent avec la structure syllabique :
3. Imāla
L’accent de mot peut avoir une influence sur le timbre du -a final et lui faire subir
l’imāla 9.
4. Conclusion
Dans le parler arabe de Tripoli, il y a un fort accent de mot, bien marqué, qui respecte
les règles précises qui ont été examinées.
Cet accent fort permet notamment de maintenir des voyelles brèves en syllabe ouverte.
De plus, l’accent va influencer le timbre du -a final, qui subit une imāla de premier
degré et est réalisé [e].
9
A ce sujet, voir CANTINEAU 1960 : 120.
86
MORPHOLOGIE VERBALE
On traitera des conjugaisons de tous les types de verbes trilitères (sains, sourds,
assimilés, concaves et défectueux) à la première forme et aux formes dérivées. On
distinguera les verbes de racine trilitère des verbes de racine quadrilitère. On examinera
également les verbes anciennement hamzés de racine (√’kl, √’xñ, √’hl et √’ns), ainsi
que les verbes bilitère ba « il a voulu », üa « il a vu » et že « il est venu » (dont la racine
comportait une hamza, respectivement √’by, √r’y et √žy’). Enfin, on analysera des
formes verbales doublement dérivées. Pour tous ces types de verbes, dans la mesure du
possible, on donnera la conjugaison suffixale, la conjugaison préfixale, les impératifs et
les participes.
1
Dans certains parlers citadins préhilaliens, il n’y a pas de distinction de genre à la deuxième personne du
singulier, comme dans le parler des Juifs d’Alger décrit par Marcel COHEN (1912 : 177). On trouve
également cette confusion des genres à la deuxième personne du singulier dans le parler arabe de
Djidjelli, parler préhilalien (Ph. MARÇAIS 1952 : 143). On note cette confusion des genres également dans
les parlers préhilaliens villageois du Maroc, parlers žbāla (ou montagnards) (MOSCOSO 2003 : 63), ainsi
que dans le parler arabe d’Anjra (VICENTE 2000 : 61). Toutefois, dans le judéo-arabe de Tripoli, on
distingue le genre à la deuxième personne du singulier, à la conjugaison suffixale ; on emploie le suffixe
-č à la deuxième personne du masculin singulier et le suffixe -či à la deuxième personne du féminin
singulier, comme dans les exemples suivants : kčəbč « tu as écrit (masculin) » et kčəbči « tu as écrit
(féminin) » (YODA 2005 : 146).
87
En revanche, il n’y a pas de distinction de genre aux trois personnes du pluriel, à la
conjugaison suffixale et à la conjugaison préfixale 2.
2
Le parler arabe de Tripoli s’oppose aux parlers du Fezzân et de Cyrénaïque, où la distinction de genre
est conservée à la deuxième et à la troisième personne du pluriel de la conjugaison suffixale et préfixale.
A ce sujet, voir Ph. MARÇAIS 2001 : 109 et CAUBET 2004 : 78-79 (Fezzân) ; PANETTA 1943 : 186 et
OWENS 1984 : 108 (Cyrénaïque). Au Maghreb, ce phénomène concerne également les parlers du Sud
tunisien. William MARÇAIS précise que cela touche précisément les parlers Sulaym, notamment les
parlers des Marâzîg et du Nefzâoua (W. MARÇAIS 1950 : 215 ; BORIS 1951 et 1958 ; Ph. MARÇAIS 1977 :
37). Le tableau suivant propose des exemples relevés chez ces auteurs :
SUD TUNISIEN PL.2.f. jîten « vous êtes venues » tebken « vous pleurez »
PL.3.f. jan « elles sont venues » yansan « elles oublient »
88
huitième forme, ils se construisent, avec une voyelle d’appui qui porte l’accent 4 et qui
est du même timbre que la voyelle du radical du verbe, par un phénomène d’haromine
vocalique régressive : əktəb « écris (masculin) », úšüub « bois (masculin) », əlga
« trouve (masculin) », əšri « achète », əmšu « allez », əltfət « retourne-toi ». Pour les
impératifs des verbes des autres formes dérivées, l’accent porte sur une autre syllabe et
concerne une autre voyelle du mot.
Dans les conjugaisons qui suivront, on a parfois marqué l’accent - lorsque cela semblait
important 5.
Participes
Dans le parler arabe de Tripoli, les participes varient en genre et en nombre ; on oppose,
pour le singulier et pour le pluriel, un masculin à un féminin. La distinction de genre au
pluriel est une caractéristique des parlers de type bédouin 6, plus conservateurs. En effet,
dans les parlers sédentaires préhilaliens, le genre est confondu au pluriel 7.
Le tableau suivant présente les schèmes des participes actifs et des participes passifs des
différents types de verbes trilitères à la première forme verbale.
A la première forme verbale, le participe actif se caractérise par la présence d’un ā long
entre la première (C1) et la deuxième consonne de la racine (C2). Le participe passif se
caractérise par la présence du préfixe m- et de la voyelle longue ū entre C2 et C3, à
l’exception du participe passif des verbes défectueux dont C3 est une semi-consonne.
En ce qui concerne les participes actifs des verbes sourds, on ne trouve pas de voyelle
entre C2 et C3 qui sont identiques et réalisées géminées. Dans les participes des verbes
concaves, C2 est toujours sous la forme y. Dans ceux des verbes défectueux, C3 est
4
Sur le même modèle que le schème d’élatif əC1C2əC3 : əkbəü « plus grand », əûāəü « plus petit », əbεəd
« plus loin », əgüəb « plus près », ou bien d’adjectif de couleur ou de caractéristique physique au masculin
singulier : əôməü « rouge », əšgəü « blond », əkwəs « qui louche, qui a un strabisme divergent ».
5
Pour tout ce qui touche à la structure syllabique et à l’accentuation des verbes, voir le chapitre qui
concerne les questions de structure syllabique et d’accentuation.
6
On retrouve, par exemple, cette caractéristique dans le ôassānīya de Mauritanie (D. COHEN 1963 : 60),
dans le parler arabe de Saïda (W. MARÇAIS 1908 : 125) et dans le parler des ’Arbâε (DHINA 1938 : 337),
qui sont des parlers maghrébins de type bédouin.
7
Cf., par exemple, YODA 2005 : 152 (Tripoli juif) et Ph. MARÇAIS 1952 : 209 (Djidjelli).
8
Le participe actif est le nom d’agent ; il désigne la personne qui réalise l’action exprimée par le verbe.
9
Le participe passif désigne l’action exprimée par le verbe dans son état réalisé.
89
toujours la semi-consonne y, qu’on retrouve sous la forme i, en position finale, au
masculin singulier.Au participe passif, on ne trouve pas de voyelle longue ū entre C2 et
C3 .
Aux formes dérivées et pour les verbes quadrilitères, les participes actifs et passifs sont
confondus en une même forme 10. Cela est dû à la confusion des phonèmes vocaliques
brefs /a/ et /i/ sous une forme unique /ə/ ; dans un état plus ancien de la langue, une
opposition phonologique permettait d’opposer un participe actif à voyelle brève i avec
un participe passif à voyelle brève a. Les participes des formes dérivées et des verbes
quadrilitères sont également variables en genre et en nombre ; on oppose un masculin à
un féminin, au singulier et au pluriel.
SAIN, ASSIMILÉ
& CONCAVE DÉFECTUEUX SOURD
90
du radical ; il en résulte une séquence de trois consonnes semblables (C2C2C3), qui,
phonétiquement, se réduit à deux. De plus, on n’a pas relevé de verbe sourd à la
troisème et à la huitième forme. A la sixième forme, on n’a relevé qu’un seul exemple
de racine sourde √ôbb qui ne se conjugue qu’aux personnes du pluriel.
11
Un verbe sain est un verbe dont aucune des consonnes radicales n’est une semi-consonne w ou y
(exemple : lεəb « il a joué » √lεb).
91
Exemple 2 : šüəb (u) « il a bu »
De plus, le radical est de type C1vC2C3, sans disjonction de C2 et de C3, même aux deux
premières personnes du singulier et du pluriel, là où dans d’autres parlers arabes on
observe la disjonction des deux consonnes radicales semblables C1vC2C3 passant à
C1vC2vC3. Cela concerne également les participes actifs 14.
12
Un verbe sourd est un verbe dont la deuxième et la troisième consonne de la racine sont identiques
(exemple : ôəbb « il a aimé » √ôbb).
13
Par analogie avec les verbes défectueux.
14
Voir Ph. MARÇAIS 1977 : 43
92
PARTICIPE ACTIF PARTICIPE PASSIF
SG.m. üādd məüdūd
SG.f. üādda məüdūda
PL.m. üāddīn məüdūdīn
PL.f. üāddāt məüdūdāt
15
Un verbe assimilé est un verbe dont la première consonne de la racine est une semi-consonne w ou y
(exemples : wûΩl « il est arrivé » √wûl et ybəs « il a séché » √ybs).
16
Dans le parler arabe de Tripoli, le passage des anciennes diphtongues *aw et *ay à ū et ī ne concerne
que la conjugaison des verbes assimilés et la formation de leurs participes passifs ; dans les autres cas, ces
diphtongues sont respectivement réduites à ō et ē. D’ailleurs, dans le cas des verbes assimilés
précisément, il semblerait que les réalisations [w] et [y] des phonèmes /w/ et /y/ soient en distribution
complémentaire avec les réalisations vocaliques [ū] et [ī]. A ce sujet, David COHEN ajoute, dans son étude
du parler ôassānīya de Mauritanie, que « phonologiquement, dans la plupart des cas, w et y ne peuvent
être tenus pour des phonèmes indépendants des phonèmes vocaliques fermés » (COHEN 1963 : 63).
93
PARTICIPE ACTIF PARTICIPE PASSIF
SG.m. wāgəf mūgūf
SG.f. wāgfa mūgūfa
PL.m. wāgfīn mūgūfīn
PL.f. wāgfāt mūgūfāt
Dans la formation des participes (actifs et passifs) des verbes concaves, C2 est toujours
/y/.
17
Un verbe concave est un verbe dont la deuxième consonne de la racine est une semi-consonne w ou y
(exemple : xāf « il a eu peur » √xwf et bāε « il a vendu » √byε).
94
Exemple 1 : bān (ā) « il est apparu » (√byn)
95
PARTICIPE ACTIF PARTICIPE PASSIF
SG.m. gāyəl məgyūl
SG.f. gāyla məgyūla
PL.m. gāylīn məgyūlīn
PL.f. gāylāt məgyūlāt
La formation du verbe défectueux dans le parler arabe de Tripoli est commune à celle
des parlers type bédouin. En effet, on ne trouve pas les formes reconstruites à voyelle
longue, innovation propre aux parlers préhilaliens.
En ce qui concerne les participes des verbes défectueux, C3 est toujours la semi-
consonne /y/, qu’on retrouve sous la forme /i/ en position finale au masculin singulier.
18
Un verbe défectueux est un verbe dont la troisième consonne de la racine est une semi-consonne y
(exemple : mše « il est allé » √mšy). Il n’existe pas de verbes défectueux de racine √C1C2w dans le parler
arabe de Tripoli. Philippe MARÇAIS précise qu’ « on constate que tous les verbes qui, en arabe classique,
avaient une voyelle u de l’inaccompli ont été versés dans la catégorie des verbes à voyelle i. On ne
signale que de rares survivances, ici et là, comme ôba-yəôbu "marcher à quatre pattes (enfant)", jāa-yəjāu
"vagir", dba-yədbu "trottiner" » (Ph. MARÇAIS 1977 : 49). Cependant, ces verbes n’existent pas dans
l’arabe de Tripoli.
19
Cf. W. MARÇAIS 1950 : 212, D. COHEN 1963 : 105-106 et Ph. MARÇAIS 1977 : 48.
96
Exemple 1 : lge (a) « il a trouvé » (√lgy)
97
Formes
Schème Préfixation Infixation Gémination
dérivées
2e C1əC2C2əC3 C2
3e C1āC2əC3 -ā-
5e tC1əC2C2əC3 t- C2
6e tC1āC2əC3 t- -ā-
7e nC1C2əC3 n-
8e C1tC2əC3 -t-
9e C1C2āC3 -ā-
10e stəC1C2əC3 st-
1.2.1. La 2e forme
La deuxième forme se caractérise par la gémination de la deuxième consonne de la
racine trilitère (C1əC2C2əC3 et C1əC2C2a). Dans le parler arabe de Tripoli, la deuxième
forme donne aux verbes les valeurs suivantes 20 :
– Valeur intensive 21, exprimant une action exercée sur plusieurs objets, une action
exercée de façon répétée, une action habituelle, ou une action violente : qəlləm « il a
coupé », nəggəz « il a sauté », həddəm « il a détruit », kəssər « il a cassé », xəbbəš « il a
griffé », nəffəx « il a soufflé », xərrəb « il a détruit », ləwwəô « il a lancé », fəlla « il a
épouillé », ûəffəü « il a sifflé », xəllə° « il a mélangé », bəzzəε « il a renversé, il a
éjaculé », zəyyə° « il a pété », ôərrək « il a remué, brassé, mélangé », εəwwəm « il a eu
une pollution nocturne », °əyyəô « il a démoli, abattu ».
– Valeur causative, exprimant l’idée que le sujet fait faire l’action exprimée par le verbe
à la première forme : °əlləε « il a fait sortir » (°ləε « il est sorti »), xəššəš « il a fait
entrer » (xəšš « il est entré »), gəεεəd « il a fait rester » (gεəd « il est resté »), kəttəb « il
a fait écrire » (ktəb « il a écrit »), fəkkər « il a fait penser » (fkər « il a pensé »), bəkka
« il a fait pleurer » (bke « il a pleuré »), yəbbəs « il a fait sécher » (ybəs « il a séché »),
wəûûəl « il a fait parvenir » (wûəl « il est arrivé »), rəkkəb « il a fait monter » (rkəb « il
est monté »), səkkət « il a fait taire » (skət « il s’est tu »), wəüüa « il a fait voir, montré »
(üa « il a vu »), gəüüa « il a fait lire » (güe « il a lu »), dəkkər « il a fait penser » (dkər
« il a mentionné »), °əyyəô « il a fait tomber » (°āô « il est tombé »), məyyəl « il a fait
pencher, décliner » (māl « il a penché »), εəwwəm « il a fait nager » (εām « il a nagé »).
– Valeur factitive, exprimant l’idée de mettre dans un état, indiquant que le sujet amène
quelque chose à l’état exprimé par l’adjectif : bəεεəd « il a éloigné », gərrəb « il a
approché », səmmən « il a engraissé », mərrəî « il a rendu malade », εəbba « il a
rempli », həwwən « il a facilité, allégé », ôəššəm « il a humilié », ûəggəε « il a
congelé », xəmmər « il a fermenté », bəwwəx « il a cuit à la vapeur », səxxən « il a
réchauffé », wəssəε « il a élargi », nəggəs « il a réduit », səlləô « il a réparé », ûəāāər
« il a rendu petit », °əwwəl « il a allongé », gəûûər « il a raccourci », îəεεəf « il a
affaibli », təεεəb « il a fatigué », °əhhər « il a circoncis », °əyyəb « il a cuisiné », ôəîîər
« il a préparé », kəmməl « il a terminé », zəyyən « il a décoré », ôəlla « il a sucré,
20
L’analyse des différentes valeurs verbales se base sur l’étude de Philippe MARÇAIS concernant les
valeurs verbales dans le parler arabe de Djidjelli (Ph. MARÇAIS 1952 : 175-207).
21
A propos de la valeur intensive de la deuxième forme dans les parlers arabes, mais plus précisément sur
la coexistence de premières et de deuxièmes formes sémantiquement équivalentes en arabe, voir LENTIN
1991.
98
adouci », ôərrər « il a libéré », səkkər « il a enivré », fəyyəg « il a réveillé », žəwwəε « il
a affamé ».
– Valeur dénominative : xəbbəz « il a fait du pain » (xubz « pain »), məlləô « il a salé »
(məlô « sel »), εəššəš « il a fait son nid » (εəšš « nid »), gəyyəl « il a fait la sieste »
(gāyla « sieste »), ûəyyəf « il a passé l’été » (ûēf « été »), səbbəs « il a fumé » (səbsi
« cigarette »), dəxxən « il a fumé » (duxxān « fumée »), gəôôbət « elle a fait la pute »
(gəôba « pute »), mə°°üət « il a commence à pleuvoir » (m°ər « pluie »), fə°°əü « il a
rompu le jeûne » (f°ūü « premier repas »), gəššər « il a épluché » (gəšra « écorce,
peau »), kəssəd « il s’est ennuyé » (ksād « ennui »), kəffən « il a enveloppé dans un
linceul » (kəfn « linceul »), bəûûəü « il a plaisanté » (bûāüa « plaisanterie »), āənna « il a
chanté » (āne « chanson »), ûənnən « il a senti mauvais » (ûənna « mauvaise odeur »),
səžžəl « il a enregistré » (səžl « registre »), xəyyəü « il a choisi, il a fait le tri » (xēü
« bien »), səmma « il a nommé » (āsəm « nom »), îəyyəg « il a goûté » (îōg « goût »),
xəyyə° « il a cousu » (xē° « fil »), kərrəš « il a pris du ventre » (kərš « ventre »), tərrəš
« il a pris des fesses, il a eu un gros derrière » (tərša « fesses »), ləbbən « il a blanchi, il
a peint à la chaux » (lbən « lait fermenté »), zəwwəü « il a falsifié » (zōü « malice,
ruse »), ôərrər « il a eu un érythème » (ôrār « érythème, irritation »), ûədda « il s’est
rouillé » (ûde « rouille »), εəûûəd « il a pétri » (εûīda « bouillie, purée »), xəlləl « il a
confit dans le vinaigre » (xəll « vinaigre »), ôəwwət « il a pêché » (ôūt « poissons »).
– Passage de l’adverbe au verbe : bəkkər « il s’est levé tôt » (bəkri « tôt »).
– Idée de mouvement : üəwwəô « il est retourné », wəlla « il est revenu », bəôôər « il est
allé vers le Nord », gəbbəl « il est allé vers le Sud », šərrəg « il est allé vers l’Est »,
āərrəb « il est allé vers l’Ouest », gəlləε « il a ôté », wəxxər « il a reculé », yəssər « il est
allé à gauche », yəmmən « il est allé à droite », səyyəb « il a quitté, il a cessé de »,
ôəwwəl « il a déménagé ».
99
1.2.1.2. Le verbe sourd
L’adjonction des suffixes vocaliques provoque la disparition de la voyelle brève de la
deuxième syllabe du radical ; il en résulte une séquence de trois consonnes semblables,
qui se réduit à deux. Cela concerne la conjugaison suffixale, la conjugaison préfixale,
l’impératif et les participes.
100
CJ. SUFFIXALE CJ. PRÉFIXALE IMPÉRATIF PARTICIPES
S G. 1. həwwənt nhəwwən
SG.m. mhəwwən
2.m. həwwənt thəwwən həwwən
2.f. həwwənti thəwwni həwwni
SG.f. mhəwwna
3.m. həwwən yhəwwən
3.f. həwwnət thəwwən
PL.m. mhəwwnīn
PL. 1. həwwənna nhəwwnu
2. həwwəntu thəwwnu həwwnu
PL.f. mhəwwnāt
3. həwwnu yhəwwnu
1.2.2. La 3e forme
Cette forme se caractérise par l’infixation de la voyelle -ā- après la première consonne
de la racine trilitère (C1āC2əC3 et C1āC2a). On n’a pas trouvé de verbe sourd à la
troisième forme dans le parler arabe de Tripoli. La troisième forme donne aux verbes les
valeurs suivantes 22 :
– valeur conative, exprimant « l’effort, que l’objet sur quoi il porte soit envisagé ou non,
expressément désigné ou non » (Ph. MARÇAIS 1952 : 185) : εāwəd « il a répété,
recommencé », sāməô « il s’est excusé », wāza « il a choisi », nāda « il a appelé, il a
crié », ôāwəl « il a essayé », εāhəd « il a promis ».
22
Voir Ph. MARÇAIS 1952 : 185, Ph. MARÇAIS 1977 : 60, D. COHEN 1963 : 60.
101
– valeur causative, liée à la valeur conative-transitive (Ph. MARÇAIS 1952 : 185) : gābəl
« il a confronté ».
– valeur de participation, impliquant que l’action soit accomplie avec, en compagnie de,
à l’égard de (Ph. MARÇAIS 1952 : 185) : žāwəb « il a répondu à », ôārəb « il a
combattu », sāfər « il a voyagé », üāža « il a attendu », nāqəš « il a débattu », sāεəd « il
a aidé », üāfəg « il accompagné », bārək « il a béni », wāfəg « il a été d’accord », wāûəl
« il est entré en contact avec ».
23
On n’a pas trouvé de verbe concave de racine √C1yC3 à la troisième forme verbale dans le parler arabe
de Tripoli.
102
1.2.2.4. Le verbe défectueux
Exemple : üāža (i) « il a attendu » (√üžy) 24
1.2.3. La 5e forme
La cinquième forme se caractérise par la préfixation de t- et par la gémination de la
deuxième consonne de la racine (tC1əC2C2əC3 ou tC1əC2C2a). La cinquième forme
donne aux verbes les valeurs suivantes 25 :
– valeur réfléchie :
tšəbbət « il s’est accroché à », tməāāə° « il s’est agrandi, il s’est étiré », tāə°°a « il s’est
couvert », thədda « il s’est calmé », tôəddər « il s’est gardé de », tkəlləf « il s’est chargé
de », tüəbbəε « il s’est assis en tailleur », tfərrəg « il s’est dispersé, il s’est
mélangé (parmi les gens) », tmərrəā « il s’est roulé dans la boue, dans la terre », tāəššəš
« il s’est attristé (à cause d’une mauvaise nouvelle) », txəbba « il s’est caché », tzəwwəž
« il s’est marié », twəssəx « il s’est sali », tüəyyəô « il s’est reposé ».
24
A Tripoli, on n’a pas trouvé de verbe défectueux de racine √C1C2w.
25
Ph. MARÇAIS 1977 : 58-60 et Ph. MARÇAIS 1952 : 187.
103
fendu », tdərrəb « il s’est entraîné », tkəbbər « il a fait le grand, il s’est pris pour un
grand ».
– valeur médio-passive, exprimant « la notion de l’action exercée par le sujet pour lui-
même » (Ph. MARÇAIS 1952 : 188) : tεəlləm « il a appris », tsəlla « il a trouvé le moyen
de se divertir », tfəkkər « il s’est souvenu », tfərrəž « il a contemplé, il s’est distrait à
regarder », tôəmməl « il a supporté », tfəssəô « il s’est diverti », tməttəε « il a profité,
joui », tkəlləf « il a coûté », twəffəg « il a réussi », tyəssər « il a acquis des ressources »
tyəggən « il a été sûr de », twəkkəl « il s’en est remis à Dieu », tεəddəb « il a souffert, il
a eu de la peine », tšəbbəh « il a fait comme si, il a feint », tnəkkəs « il est retombé
malade, il a eu une rechute », tnəhhəd « il a soupiré », twəôôəm « il a eu des envies »,
twəžžəε « il a eu mal », tšənnəž « il a paniqué ; il a eu une crampe ».
– valeur dénominative :
tüəyyəs « il a maîtrisé, il a mené, il est devenu le chef » (üāyəs « chef »), tôəyyəl « il a
usé de ruse » (ôīla « ruse »), tôəbbəb « il a été mis en grain » (ôəbba « un grain »),
tgəddəd « il a été mis à sécher (viande) » (gəddīd « viande séchée »), tšə°°ər « il a été
malin, rusé, dégourdi » (šā°ər « malin, rusé, dégourdi »), tšərrəm « il a retroussé ses
manches, il a proposé son aide, il a été déterminé à faire quelque chose » (šərm
« manche »), trəžžəl « il s’est mis sur ses pieds, il a improvisé un rôle » (ržəl « pied »),
tšəmməs « il a pris un bain de soleil » (šəms « soleil »), tôəmməm « il a pris un bain, il a
pris une douche » (ôəmmām « bain »), thənna « il s’est réjoui de, il a pris du plaisir à »
(hne « bien-être, bonheur »).
104
1.2.3.2. Le verbe sourd
L’adjonction des suffixes vocaliques provoque la disparition de la voyelle brève de la
deuxième syllabe du radical ; il en résulte une séquence de trois consonnes semblables,
qui se réduit à deux. Cela concerne la conjugaison suffixale, la conjugaison préfixale,
l’impératif et les participes.
105
CJ. SUFFIXALE CJ. PRÉFIXALE IMPÉRATIF PARTICIPES
S G. 1. tzəwwəžt nətzəwwəž
SG.m. mətzəwwəž
2.m. tzəwwəžt tətzəwwəž tzəwwəž
2.f. tzəwwəžti tətzəwwži tzəwwži
SG.f. mətzəwwža
3.m. tzəwwəž yətzəwwəž
3.f. tzəwwžət tətzəwwəž
PL.m. mətzəwwžīn
PL. 1. tzəwwəžna nətzəwwžu
2. tzəwwəžtu tətzəwwžu tzəwwžu
PL.f. mətzəwwžāt
3. tzəwwžu yətzəwwžu
1.2.4. La 6e forme
La sixième forme se caractérise par la préfixation de t- et par l’infixation de la voyelle
-ā- après la première consonne de la racine trilitère (tC1āC2əC3 ou tC1āC2a). La sixième
forme constitue, d’une manière générale, le réfléchi-passif de la troisième forme.
Philippe MARÇAIS précise que « parmi les valeurs diverses de ce thème, prédomine
l’expression de l’acte accompli au prix d’un effort concerté ou de plusieurs efforts
coordonnés. La notion d’effort peut se teinter d’une nuance dépréciative et passer à celle
de simulation » (Ph. MARÇAIS 1952 : 190), mais elle leur donne, d’après lui, plus
précisément les valeurs suivantes 26 :
26
Voir Ph. MARÇAIS 1952 : 190 et Ph. MARÇAIS 1977 : 60.
106
– « L’action envisagée est l’œuvre d’un seul et même agent » : tεāfa « il s’est remis,
rétabli, de sa maladie », tôāwəl « il s’est transformé », tmāwət « il a fait le mort », tnāsa
« il a fait semblant d’oublier », tāāfəl « il a fait comme s’il ne savait pas ».
27
On n’a pas trouvé d’exemple, dans le parler arabe de Tripoli, de verbe assimilé à la sixième forme dont
la première lettre de la racine est la semi-consonne y.
107
CJ. SUFFIXALE CJ. PRÉFIXALE IMPÉRATIF PARTICIPES
S G. 1. twāfəqt nətwāfəq
SG.m. mətwāfəq
2.m. twāfəqt tətwāfəq twāfəq
2.f. twāfəqti tətwāfqi twāfqi
SG.f. mətwāfqa
3.m. twāfəq yətwāfəq
3.f. twāfqət tətwāfəq
PL.m. mətwāfqīn
PL. 1. twāfəqna nətwāfqu
2. twāfəqtu tətwāfqu twāfqu
PL.f. mətwāfqāt
3. twāfqu yətwāfqu
Exemple 2 : on n’a relevé qu’un seul exemple de verbe concave dont C2 est un /y/ ; il
n’est utilisé qu’aux personnes du pluriel : tεāyru « il se sont critiqués » (√εyr)
108
A la conjugaison préfixale et à l’impératif, la voyelle du radical du verbe défectueux est
-a (par rapport à celle de la troisième forme qui est -i).
1.2.5. La 7e forme
Cette forme s’obtient par la préfixation de n- au radical du verbe composé des trois
consonnes de la racine (nC1C2əC3 ou nC1C2e). Il constitue le réfléchi et / ou le passif de
la première forme 28 :
nwləd « il est né », n°fe « il s’est éteint, il est fatigué », nftəô « il a été ouvert, il s’est
ouvert », nfətôət « elle a perdu sa virginité », nεme « il est devenu aveugle », nôə°° « il a
été mis », ngām « il a été enlevé », nžāb « il a été apporté », nôsəb « il a été compté »,
nāsəl « il a été lavé », nāəûû « il s’est étouffé (avec de la nourriture) », nāləg « il a été
bloqué », nxləε « il a été effrayé », nksər « il s’est cassé », nžrəô « il s’est coupé,
blessé ; il a été blessé, coupé », nfgər « il s’est appauvri », nfləg « il s’est déchiré, il
s’est fâché », ndərr « il a été blessé », ngtəl « il a été tué », ntgəb « il a été troué,
perforé, il est devenu dépendant (d’une drogue) », ngtəε « il a été coupé, il a cessé d’être
en contact », nôrəg « il a été brulé », nεžən « il a été pétri, il a été mélangé, il a été
tabassé », nšāəl « il a été occupé », ndməā « il s’est ouvert le crâne », nxləg « il a été
créé », nîüəb « il a été frappé », nxnəb « il a été volé », nεüəf « il a été (re)connu », nzād
« il est né, il a été mis au monde », ngle « il a été frit, il a attrapé un coup de soleil »,
nûəbb « il a été versé, il a fraudé », ngləb « il s’est retourné, il s’est renversé, il a
changé », nfləg « il s’est désintégré, il n’a pas abouti (projet) ».
28
Voir Ph. MARÇAIS 1952 : 193 et Ph. MARÇAIS 1977 : 62.
109
CJ. SUFFIXALE CJ. PRÉFIXALE
S G. 1. ndərrēt nəndərr
2.m. ndərrēt təndərr
2.f. ndərrēti təndərri
3.m. ndərr yəndərr
3.f. ndərrət təndərr
PL. 1. ndərrēna nəndərru
2. ndərrētu təndərru
3. ndərru yəndərru
29
On n’a pas trouvé de verbe concave de racine √C1wC3 dans l’arabe de Tripoli à la septième forme.
30
On n’a pas trouvé de verbe défectueux de racine √C1C2w dans l’arabe de Tripoli à la septième forme.
110
CJ. SUFFIXALE CJ. PRÉFIXALE
S G. 1. nεmēt nənεma
2.m. nεmēt tənεma
2.f. nεmēti tənεmi
3.m. nεme yənεma
3.f. nεmət tənεma
PL. 1. nεmēna nənεmu
2. nεmētu tənεmu
3. nεmu yənεmu
1.2.6. La 8e forme
Cette forme se caractérise par l’infixation d’un -t- entre la première et la deuxième
consonne de la racine trilitère (C1tC2əC3 ou C1tC2a/e).
Cette forme fournit également une valeur médio-passive, l’agent étant intérieur au
procès : štāəl « il a fonctionné », xtāü « il a choisi », ltfət « il s’est retourné », šthe « il a
désiré », štāg « il a regretté (quelqu’un ou quelque chose), il a été nostalgique ».
31
Voir Ph. MARÇAIS 1977 : 63.
111
CJ. SUFFIXALE CJ. PRÉFIXALE IMPÉRATIF PARTICIPES
S G. 1. ltəffēt nəltəff
SG.m. məltəff
2.m. ltəffēt təltəff ltəff
2.f. ltəffēti təltəffi ltəffi
SG.f. məltəffa
3.m. ltəff yəltəff
3.f. ltəffət təltəff
PL.m. məltəffīn
PL. 1. ltəffēna nəltəffu
2. ltəffētu təltəffu ltəffu
PL.f. məltəffāt
3. ltəffu yəltəffu
32
On n’a pas trouvé de verbe assimilé de racine √yC2C3 dans l’arabe de Tripoli à la huitième forme.
33
Ce verbe a également été relevé dans le parler arabe des Marâzîg par Gilbert BORIS, qui donne les
formes suivantes : ttəfǻg, yéttefeg, yẹttéfgu, avec le sens de « se mettre d’accord sur, convenir de » ;
l’auteur précise que ce verbe est « très rare » (BORIS 1958 : 673).
112
1.2.6.5. Le verbe défectueux
Exemple : rtxa « il est devenu flagada, il s’est relaxé, il s’est assoupli (son caractère) »
(√rxy) 34. La voyelle du radical du verbe défectueux à la conjugaison préfixale et à
l’impératif est -a, à la huitième forme.
1.2.7. La 9e forme
Cette forme est caractérisée par l’infixation de la voyelle longue /ā/ entre C2 et C3. Elle
permet de former des verbes exprimant l’acquisition d’une qualité. Cette forme verbale
est peu productive. On n’a relevé que trois verbes qui ne sont employés qu’aux
troisièmes personnes de la conjugaison suffixale. Il s’agit de trois verbes de racine
concave : √ṭwl (ṭwīl « long » et ṭwāl « il est devenu long »), √šyn (šēn « laid » et šyān
« il est devenu laid ») et √ḍyg (ḍəyyəg « étroit » et ḍyāg « il est devenu étroit »).
CJ. SUFFIXALE
√ṭwl √šyn √ḍyg
S G. 1. – – –
2.m. – – –
2.f. – – –
3.m. ṭwāl ḍyāg šyān
3.f. ṭwālət ḍyāgət šyānət
PL. 1. – – –
2. – – –
3. ṭwālu ḍyāgu šyānu
Ces trois verbes sont notamment employés dans des contructions figées.
wəžh-ək šyān.
visage-ton il est devenu laid
« Tu as maigri du visage. »
34
On n’a pas trouvé de verbe défectueux de racine √C1C2w dans le PAT à la huitième forme.
113
xēṛ-ha l-bənt šyānət ?
bien-son la-fille elle est devenue laide
« Que lui arrive-t-il à cette fille, elle s’est enlaidie ? »
xāṭṛ-i ḍyāg.
souffle-mon il est devenu étroit
« Je n’en peux plus. »
– Valeur désidérative, exprimant « l’idée qu’on demande ou qu’on veut que soit réalisée
la notion exprimée par la racine » (Ph. MARÇAIS 1977 : 65) ou, comme le précise
Marcel COHEN « exprimant les idées de chercher à, tendre vers » (M. COHEN 1912 :
234) : stəüžəl « il a été virile », stəεməl « il a utilisé », stəysər « il a facilité », stəsləm
« il s’est islamisé, il s’est fait Musulman », stəε°əf « il a concilié », stəāfər « il (Lui) a
demandé le pardon », stəržəε « il a recouvré, il a récupéré », stəbrək « il a tiré bon
augure », stənšəg « il a inhalé, il a flairé, il a senti », stəgbəl « il a accueilli », stlədd « il
a apprécié », stdəll « il a utilisé comme guide, comme repère (dālīl) », sthəll « il a
commencé, débuté (hīlāl « croissant de lune, début de mois) », stəwdəε « il a confié, il a
déposé (banque) », stəwžəb « il a eu pour conséquence, il a rendu nécessaire, il a
engendré », stəwhəb « il a demandé à quelqu’un de lui donner quelque chose », stεān
« il a demandé l’aide de, il a eu recours à », stεād « il a récupéré », stεār « il a
emprunté », stəqsa « il s’est informé », stəεfa « il a souhaité ne pas être chargé de, il a
été débarrassé d’une obligation », stəwla « il s’est emparé de (par la force) », stəwfa « il
en a eu assez de », stāəll « il a tiré profit », stənfəε « il a tiré profit de, il a bénéficié
de », stəāna « il s’est enrichi », stəôla « il a profité, il s’est diverti ».
35
Cf. M. COHEN 1912 : 234, Ph. MARÇAIS 1952 : 197-200 et Ph. MARÇAIS 1977 : 65.
114
stāžəε « il a eu mal, il a ressenti de la douleur », stgāî « il s’est réveillé, il s’est rendu
compte, il a réalisé », stgām « il a été dans le droit chemin », stənža « il s’est nettoyé,
lavé (après être allé aux toilettes) », stəgsa « il est parti », stəbla « il a été maudit »,
stəb°a « il a trouvé long ».
36
Par analogie avec les verbes anciennement hamzés: stāhəl (√’hl) « il a mérité, il a gagné » et stānəs
(√’ns) « il a été à l’aise, il s’est habitué ». Philippe MARÇAIS indique que cela serait une caractéristique de
certains parlers bédouins : « dans certains parlers bédouins, la première radicale w se mue en ā : stāôəš
"éprouver de la nostalgie" » (Ph. MARÇAIS 1977 : 66).
37
D’après mes informateurs, les verbes qu’on retrouve sous la forme stəwC2əC3 seraient des verbes qui
auraient été introduits dans le parler arabe de Tripoli plus récemment, empruntés à l’arabe littéral.
115
stəwla (√wly) « il s’est emparé de (par la force) »
stəwfa (√wfy) « il a eu assez de »
116
CJ. SUFFIXALE CJ. PRÉFIXALE IMPÉRATIF PARTICIPES
S G. 1. stεənt nəstεīn
SG.m. məstεīn
2.m. stεənt təstεīn stεīn
2.f. stεənti təstεīni stεīni
SG.f. məstεīna
3.m. stεān yəstεīn
3.f. stεānət təstεīn
PL.m. məstεīnīn
PL. 1. stεənna nəstεīnu
2. stεəntu təstεīnu stεīnu
PL.f. məstεīnāt
3. stεānu yəstεīnu
Il existe des verbes quadrilitères dont les quatre consonnes radicales sont différentes
(C1əC2C3əC4). David COHEN fait remarquer que le quatrième élément a souvent été
rajouté à une base trilitère ; ce procédé d’étoffement des racines (bilitères augmentés
38
Cf. Ph. MARÇAIS 1977 : 68, CESÀRO 1939 : 241, STUMME 1898 : 246, YODA 2005 : 185.
117
d’une troisième consonne et trilitères étoffés par une quatrième radicale) est courant
dans les langues sémitiques 39 : gaεməz « il s’est assis », šəlāəm « il a roulé un patin »,
fərkəs « il a été confus », hədrəz « il a bavardé, discuté », zəlbəô « il a trompé », εətfəz
« il a écrasé », šəryən « il a sonné », kəlkəs « il a klaxonné », dəārəg « il a caché »,
εəkrəš « il a froissé », gərgəb « il s’est masturbé ».
39
Mentionné par Dominique CAUBET , voir CAUBET 1993 (I) : 53.
40
Cf. CAUBET 1993 (I) : 56.
41
Cf. STUMME 1898 : 246.
118
CJ. SUFFIXALE CJ. PRÉFIXALE IMPÉRATIF PARTICIPES
S G. 1. zəlbəôt nzəlbəô
SG.m. mzəlbəô
2.m. zəlbəôt tzəlbəô zəlbəô
2.f. zəlbəôti tzəlbôi zəlbôi
SG.f. mzəlbôa
3.m. zəlbəô yzəlbəô
3.f. zəlbôət tzəlbəô
PL.m. mzəlbôīn
PL. 1. zəlbəôna nzəlbôu
2. zəlbəôtu tzəlbôu zəlbôu
PL.f. mzəlbôāt
3. zəlbôu yzəlbôu
119
– en ce qui concerne les participes, ce verbe se construit comme les verbes assimilés ; la
disparition de la première lettre de la racine a été compensée par l’adjonction d’une
semi-consonne w.
3.1.1.1. La 1e forme
Exemple : kle « il a mangé », yākəl « il mange »
3.1.1.2. La 8e forme
Exemple : yəttākəl et yətkəl « il se mange, il est mangeable »(√’kl). Ce verbe n’est
employé qu’aux troisièmes personnes.
On note, dans le parler arabe de Tripoli actuel, que yəttākəl alterne avec yətkəl et que
təttākəl alterne avec tətkəl. Ces deux formes ont eu une évolution différente à partir de
la racine √’kl.
Les formes yəttākəl et təttākəl seraient construites par analogie avec la forme yākəl, où
le /ā/ compense la disparition de la hamza 42.
Quant aux formes yətkəl et tətkəl, elles procèderaient de la racine hamzée √’kl, dont le ’
aurait disparu, à la suite de la disparition de la hamza dans le parler ; en effet, lorsqu’il
42
Dans cette hypothèse, la hamza est deux fois présente et traitée différemment : *(i)’ta’kal > ttākəl, où ’t
> tt et où a’ > ā.
120
était à l’initiale du mot, dans une syllabe non accentuée, le ’ a disparu et l’accent
concerne, en effet, la seconde syllabe du groupe : yət-kəl et tət-kəl 43 :
43
En ce qui concerne l’évolution des formes anciennement hamzées, voir notamment COHEN 1963 : 42-
48 et COHEN 1975 : 36-40. Voir également YODA 2005 : 82-88. Par ailleurs, dans le parler arabe des Juifs
de Tunis, David COHEN a relevé « un vestige » d’un ancien verbe à la huitième forme, où le morphème -
t- apparaît normalement comme l’une des trois consonnes de la racine : tkəl « il a compté sur » (COHEN
1975 : 126).
44
David COHEN précise, dans son étude du parler des Juifs de Tunis, que « des verbes très usités
provenant de racines originellement à première consonne hamza ont la forme st + ā + CVC »
(COHEN 1975 : 131). Nada TOMICHE, dans son étude du parler arabe du Caire, a relevé les formes ’estáhal
« il a mérité », yestāhəl et précise que « le coup de glotte intérieur du classique [’ista’hala] explique
l’allongement de la voyelle à l’inaccompli dans le parler » (TOMICHE 1964 : 141).
121
CJ. SUFFIXALE CJ. PRÉFIXALE IMPÉRATIF PARTICIPES
S G. 1. stāhəlt nəstāhəl
SG.m. məstāhəl
2.m. stāhəlt təstāhəl stāhəl
2.f. stāhəlti təstāhli stāhli
SG.f. məstāhla
3.m. stāhəl yəstāhəl
3.f. stāhlət təstāhəl
PL.m. məstāhlīn
PL. 1. stāhəlna nəstāhlu
2. stāhəltu təstāhlu stāhlu
PL.f. məstāhlāt
3. stāhlu yəstāhlu
45
On retrouve ce verbe dans le parler arabe de Takroûna avec le sens de « consentir, devenir consentant,
agréer, accepter et admettre » (W. MARÇAIS et A. GUÎGA 1958a : 14), alors que d’autres auteurs insistent
sur le fait que ce verbe, notamment en arabe littéral, a le sens de « décliner une offre, dénier, rejeter une
proposition, refuser, opposer un refus » (STUMME 1898 : 239 et YODA 2005 : 190). De plus, ce verbe
existe dans des parlers marocains, notamment dans le parler de Meknès et dans celui de Aït-εza (région
de Taroudant), mais sous une forme emphatique ḅa, yḅi, avec le sens de « vouloir » (enquêtes
personnelles).
122
CJ. SUFFIXALE CJ. PRÉFIXALE
S G. 1. bēt nəbbi
2.m. bēt təbbi
2.f. bēti təbbi
3.m. ba yəbbi
3.f. bət təbbi
PL. 1. bēna nəbbu
2. bētu təbbu
3. bu yəbbu
Mes remarques se rapprochent de celles d’Antonio CESÀRO qui indique que le verbe
vouloir est particulier : à la conjugaison suffixale, il est employé sous la forme be (et se
conjugue comme že et üa), mais est employé uniquement à la forme négative ; à la
conjugaison préfixale, il peut être employé à la forme affirmative et à la forme négative,
et la consonne b est redoublée. L’impératif et les participes ne sont pas attestés.
« Das verbum prim. hamz. und tert. j [’abā] imp. [ya’bī] oder [ya’bā] des
Klassischen schliesst mit dem verbum tert. j [baāā] impf. [yabāī] des
46
où /ā/ aurait été assimilé par /b/.
123
Klassischen einen interessanten Kompromiss zur Wiedergabe des Begriffes
wollen, im Begriffe sein im Dialekte (im Klass. heisst أaber nicht wollen!) »
(STUMME 1898 : 239).
« This verb [ba] is used only in the perfect in the negative form and means "did
not want", and may correspond to CA ’abā although its meaning is "to refuse"
which is contrary to the meaning of TJ […], or CA baāā which often appears in
a reduced dialectal form, cf. yabi ~ yaba in Benghazi Muslim dialect […] or also
in Najdi Arabic » (YODA 2005 : 190).
CJ. SUFFIXALE
S G. 1. üēt
2.m. üēt
2.f. üēti
3.m. üa
3.f. üət
PL. 1. üēna
2. üētu
3. üu
Sumikazu YODA, dans son étude sur le parler des Juifs de Tripoli précise que
124
CJ. SUFFIXALE CJ. PRÉFIXALE IMPÉRATIF
S G. 1. žēt nži
2.m. žēt tži tεāla
2.f. žēti tži tεāli
3.m. že yži
3.f. žət tži
PL. 1. žēna nžu
2. žētu tžu tεālu
3. žu yžu
Formes
doublement Schème Préfixation Infixation Gémination
dérivées
8e & 2e C1təC2C2əC3 -t- C2
10e & 2e stC1əC2C2əC3 st- C2
Cette double dérivation est probablement liée à des questions de structure syllabique et
au besoin de maintenir la voyelle brève de la première syllabe ; parce qu’on ne peut pas
avoir de voyelle brève en syllabe ouverte non accentuée, la gémination de C2 permet la
47
Je remercie Jérôme LENTIN, pour ses précieux conseils concernant les formes doublement dérivées.
125
fermeture de la première syllabe du verbe et le maintient de la voyelle brève entre le -t-
infixé et C2 : *btv̆-sv̆mt > btəs-səmt.
48
La forme stāüāô existe dans le dicton suivant, obtenu à Tripoli en novembre 2002, cité par un de mes
informateurs :
əl-bāb əlli iži mənn-a r-rīô
la-porte REL. il vient de-lui le-vent
sədd-a u stāüīô
ferme-le et repose-toi
« La porte par où le vent entre, ferme-la et repose-toi ».
Selon mon informateur, on n’utilise pas stāüīô mais stüəyyəô, ni sədd mais səkkər « ferme », dans le
parler arabe de Tripoli et ces formes n’existent que dans ce dicton...
49
Ce verbe est très courant dans les parlers arabes d’Egypte. Il a d’ailleurs été relevé dans le parler arabe
du Caire par Nada TOMICHE : ’estaüåỵỵåH « il s’est reposé », yestaüåỵỵåH et elle précise qu’il s’agit
d’une forme curieuse qui maintient la 2e radicale en la géminant (TOMICHE 1964 : 141).
126
CJ. SUFFIXALE CJ. PRÉFIXALE IMPÉRATIF PARTICIPES
S G. 1. stüəyyəôt nəstüəyyəô
SG.m. məstüəyyəô
2.m. stüəyyəôt təstüəyyəô stüəyyəô
2.f. stüəyyəôti təstüəyyôi stüəyyôi
SG.f. məstüəyyôa
3.m. stüəyyəô yəstüəyyəô
3.f. stüəyyôət təstüəyyəô
PL.m. məstüəyyôīn
PL. 1. stüəyyəôna nəstüəyyôu
2. stüəyyəôtu təstüəyyôu stüəyyôu
PL.f. məstüəyyôāt
3. stüəyyôu yəstüəyyôu
4. Conclusion
Les conjugaisons de tous les types de verbes de racine trilitère (sains, sourds, assimilés,
concaves et défectueux), à la forme simple et aux différentes formes dérivées, ont été
étudiées. Les verbes de racine quadrilitère, ainsi que les verbes dont la racine comporte
(ou comportait) une hamza ont également été traités. De plus, on a examiné des verbes
doublement dérivés : une forme croisant la huitième et la deuxième forme, puis une
forme croisant la dixième et la deuxième forme.
Dans la conjugaison des verbes, le parler arabe de Tripoli se rapproche des parlers de
type bédouin du Maghreb, parlers conservateurs.
127
La septième forme à n- préfixé est employé pour exprimer le passif réfléchi de la
première forme 50.
La dixième forme verbale est bien représentée, comme dans les parlers de type
bédouin 51. De plus, on trouve, à la dixième forme, des verbes assimilés où la première
consonne radicale w se mue en ā, caractéristique propre à certains parlers bédouins au
Maghreb 52.
50
Il s’agit plus précisément d’une caractéristique des parlers bédouins de type Sulaym, alors que dans les
parlers de type Hilal, « on retrouve la forme dialectale à t initial qui est aussi celle des parlers
sédentaires » Cf. W. MARÇAIS 1950 : 215.
51
Cf. Ph. MARÇAIS 1977 : 65.
52
Cf. Ph. MARÇAIS 1977 : 66.
128
MORPHOLOGIE NOMINALE
1. Le genre
Dans le parler arabe de Tripoli, comme dans l’ensemble des parlers arabes, il y a deux
genres : le masculin et le féminin. Dans certains cas, l’opposition masculin / féminin
apparaît sans équivoque : lorsqu’on oppose un mâle à une femelle, i.e. un être animé
du sexe masculin à un être animé du sexe féminin ; mais également lorsqu’on oppose
l’individu au groupe, la portion à l’ensemble, le fait isolé au fait général, le nom
d’unité au collectif : le féminin caractérise l’unité et le masculin désigne la généralité.
Dans d’autres cas, l’opposition masculin / féminin est ambiguë : alors que les
substantifs masculins n’ont pas d’indice spécifique, il existe des substantifs féminins
caractérisés morphologiquement par le suffixe -a(t) ou le suffixe -t et des substantifs
féminins qui ne sont pas pourvus d’indice caractéristique.
1
Il est donc préférable de se référer à la thèse d’ABDU (1988) sur les emprunts à l’italien et à l’article
de TÜRKMEN (1988) concernant les emprunts au turc.
129
- des substantifs désignant des êtres animés du sexe féminin : umm « mère », ԑənz
« chèvre », ԑzūz « vieille femme », ԑṛūs « fiancée ».
- des adjectifs désignant des états propres aux femmes ou aux femelles : ḥāməl
« enceinte », ḥāyəḍ « ayant ses règles ».
- des parties doubles du corps : ԑēn « œil », īd « main », wdən « oreille », ržəl
« pied », fəxd « cuisse », kətf « épaule » 2.
- des substantifs désignant des organes du corps ou des notions se rapportant à l’être :
nəfs « âme, souffle », bəṭn « ventre », ṣənn « dent », dəmm « sang », ṛās « tête », ṛūḥ
« âme », mōt « mort ».
- des noms se rapportant aux éléments de la nature : šəms « soleil », mṭəṛ « pluie »,
nāṛ « feu », (’)əṛḍ « terre », žhənnəm « enfer », sme « ciel », rīḥ « vent ».
- des noms de lieux et d’objets de la vie familières : dāṛ « chambre, pièce », trīg
« chemin, route » 4.
2
kətf s’accorde au féminin, mais également au masculin dans le parler arabe de Tripoli d’aujourd’hui.
3
Ces trois noms d’animaux s’accordent à la fois au féminin et au masculin.
4
Dans le parler arabe de Tripoli, ce terme est toujours réalisé [trɪːg] sans emphase.
5
Pour un historique de ce marqueur d’après les enseignements de David COHEN, voir CAUBET 1993 I :
63-65.
130
Le suffixe -a(t) permet d’opposer le féminin et les femelles au masculin et aux mâles.
MASCULIN FÉMININ
kəlb « chien » kəlba « chienne »
səlf « beau-frère » səlfa « belle-sœur »
ԑəmm « oncle » ԑəmma « tante »
ġūl « ogre » ġūla « ogresse »
ṣāḥəb « ami » ṣāḥba « amie »
kātəb « écrivain » kātba « écrivaine »
mūdīr « directeur » mūdīra « directrice »
kbīr « grand » kbīra « grande »
māləḥ « salé » mālḥa « salée »
SUBSTANTIF DIMINUTIF
ԑsəl « miel » ԑsēla « un peu de miel »
lbən « lait fermenté » lbēyna « un peu de lait fermenté »
dhəb « or » dhēba « un peu d’or »
mṭəṛ « pluie » mṭēṛa « une petite pluie »
6
Collectif désigne des groupes ou collections d’individus ou d’objets considérés comme un ensemble
(CAUBET 1993 I : 66) ; le collectif s’accorde au singulier.
7
Dominique CAUBET parle de « discrétisation de certains continus-quantifiables » : on prélève une
certaine quantité à partir d’un « substantif continu » non subdivisable en éléments ; on fait subir à un
« continu une opération de discrétisation » et le « passage à la catégorie du discontinu » (CAUBET
1993 I : 62, 65-66).
131
šəms « soleil » šmēsa « un peu de soleil »
1.2.5. Singulatif
Pour les noms d’action, le suffixe -a(t) permet d’opposer le nom d’action abstrait au
nom désignant l’acte unique.
2. Le singulier
On examinera les schèmes bilitères, les noms trilitères et les noms quadrilitères. On
étudiera notamment les formes dérivées par adjonction de voyelles longues et les
singuliers formés au moyen de préfixes et de suffixes.
132
2.1. Les schèmes bilitères
Les schèmes bilitères sont peu nombreux et peu productifs dans le parler arabe de
Tripoli (mais également dans l’ensemble des parlers arabes maghrébins) 8. Dans la
plupart des cas, les termes qui illustrent ces schèmes proviennent d’anciennes racines
trilitères qui comportaient une hamza ; on les retrouve sous une forme abrégée,
tronquée, en arabe de Tripoli, à la suite de la chute de la hamza. On examinera les
schèmes bilitères suivants : C1v, C1vC2, C1C2a(t), v̄C2 et vC1C2.
2.1.4. Le schème v̄
vC
̄ 2
Ce schème fournit le substantif féminin īd « main ».
8
Cf. Ph. MARÇAIS 1977 : 91.
9
On rappellera ici que, dans ce travail, les voyelles longues en position finale sont toujours notées sans
le macron (cf. Phonologie 2.1.).
133
schèmes dont la voyelle brève est après C2, les schèmes concaves, ainsi que les
schèmes défectueux. On étudiera également les schèmes réguliers et les schèmes
concaves à suffixe -a(t).
- Lorsqu’elle est en première position, la consonne /ԑ/ attire la voyelle juste après
elle ;
- C1əC2C3 est le schème des nominaux dont C1 est une semi-consonne /w/ ou
/y/ ;
- Les consonnes liquides /l/, /n/, /r/ et /ṛ/ ont tendance à maintenir la voyelle
avant elles, ou à l’attirer à cette place ;
- A l’instar des consonnes liquides, les labiales /m/, /b/ et /f/ ont tendance à
maintenir la voyelle avant elles, ou à l’attirer à cette place ;
- Les termes dont la deuxième consonne radicale est une vélaire /x/ ou /ġ/, une
pharyngale /ԑ/ ou /ô/, une laryngale /h/ ou une consonne emphatique ont
également tendance à attirer la voyelle de sorte que cette dernière soit placée
avant elles ;
- Lorsque C3 est une semi-consonne (C1əC2w ou C1əC2y), la voyelle est placée
entre C1 et C2 et elle porte l’accent. De plus, la semi-consonne est souvent sous
la forme vocalique.
10
Voir, par exemple, la structure syllabique du parler arabe des Juifs de Tunis, parler de type sédentaire
citadin préhilalien (D. COHEN 1975 : 78-83).
11
Le rôle de certaines consonnes sur la structure syllabique a été étudié dans le chapitre consacré à la
structure syllabique (cf. Structure syllabique 4.). Les auteurs précédents ont également souligné cela ; à
ce sujet, voir W. MARÇAIS 1902 : 46, W. MARÇAIS 1908 : 49, M. COHEN 1912 : 140, Ph. MARÇAIS
1952 : 112-115, D. COHEN 1963 : 175-176, D. COHEN 1975 : 79, Ph. MARÇAIS 1977 : 32-34.
134
Ce schème fournit des substantifs masculins et féminins, ainsi que des noms d’action.
– Adjectifs : ṣəԑb « difficile », səhl « facile », ḥəlu « doux, sucré, bien, bon ».
– Noms d’action : Ce schème permet d’opposer un verbe et son nom d’action ; on n’a
relevé que des verbes à la première forme.
135
sge « il a irrigué » səgi « fait d’irriguer (irrigation) »
ẓbəṭ « il a su » ẓəbṭ « fait de savoir (précision) »
fhəm « il a compris » fəhm « compréhension »
ṣbəṛ « il a patienté » ṣəbṛ « fait de patienter (patience) »
bne « il a construit » bəni « fait de construire (construction) »
ԑṭe « il a donné » ԑəṭi « fait de donner (don) »
šre « il a acheté » šəri « fait d’acheter (achat) »
bde « il a commencé » bədi « fait de commencer (commencement) »
rme « il a jeté » rəmi « fait de jeter (jet) »
ġle « il a bouilli » ġəli / ġəlu « fait de bouillir »
ԑfe « il a pardonné » ԑəfu « fait de pardonner (pardon) »
– Substantifs masculins : ṣubḥ « matin », ṛubԑ « quart », ḍuhṛ « midi », ġumṛ « bras,
brassée », quṭṛ « diamètre », ṭuṛḥ « partie, jeu », mušṭ « peigne », ṣubԑ « doigt », buṛž
« tour », ḍuṛs « molaire », dulԑ « côte », furn « four ».
12
Dans le parler arabe de Tripoli, ḥəzn alterne avec ḥuzn « tristesse ».
136
2.2.1.1.3. Le schème sourd C1əC2C3
Ce schème fournit des collectifs, un adjectif, ainsi que des substantifs masculins, un
substantif féminin et un nom d’action.
137
2.2.1.2.1. Le schème régulier
régulier C1C2əC3
Ce schème fournit un très grand nombre de nominaux. Il permet de former des
collectifs, des substantifs masculins et féminins et des noms d’action. On notera que
dans la plupart des exemples relevés, C3 est une liquide /l/, /n/, /r/ ou /ṛ/, ou une labiale
/m/ ou /b/. En effet, tel que cela a été précisé en 2.2.1.1.1., les consonnes liquides /l/,
/n/, /r/ et /ṛ/ et les labiales /m/, /b/ et /f/ ont tendance à maintenir la voyelle avant elles,
ou à l’attirer à cette place ; donc, les mots dont C3 est une liquide ou une labiale sont
généralement formés sur le schème C1C2əC3.
– Collectifs : ԑnəb « raisins », fžəl « radis », wṛəg « feuilles », tməṛ « dattes », nməl
« fourmis », nḥəl « abeilles », bṣəl « oignons », bgəṛ « bovins », nxəl « palmiers »,
rdəġ « boue », ḥžəṛ « pierres », lḥəm « viande », dhəb « or », rzəm « liasse », ԑdəs
« lentilles ».
– Substantifs masculins : gful « serrure », kḥul « poudre noire pour maquiller les
yeux ».
138
2.2.1.3. Le schème régulier à voyelle brève et à suffixe -a(t)
On examinera les schèmes réguliers C1əC2C3a(t) et C1uC2C3a(t), ainsi que les schèmes
sourds C1əC2C3a(t) et C1uC2C3a(t).
– Adjectifs : ḥəmṛa « rouge », kəḥla « noire », ṣəfṛa « jaune », xəḍṛa « verte », zəṛga
« bleue, brune », šəgra « blonde », ṭəṛša « sourde », ḥəlwa « douce, sucrée, jolie,
bonne », səmṛa « brune », həbla « folle », ԑəmya « aveugle », məlsa « lisse ».
– Noms d’unité : Le suffixe -a(t) permet de former un nom d’unité à partir d’un
collectif : bəṣla « un oignon », dəḥya « un œuf », nəxla « un palmier », nəḥla « une
abeille », nəmla « une fourmi », kərma « un figuier », gəmla « un pou », ḥəžṛa « une
pierre », wəṛga « une feuille », təmṛa « une datte », bəgṛa « une vache ».
– Noms d’action : Ce schème fournit des noms d’action de verbes à la première forme.
139
hbəl « il a perdu la raison » həbla « fait de perdre la raison (folie) »
ġləṭ « il a fait une erreur » ġəlṭa « fait de fauter (faute, erreur) »
rԑəš « il a tremblé » rəԑša « fait de trembler (tremblement) »
ԑgəd « il a noué » ԑəgda « fait de nouer (nœud) »
nġəṛ « il a boudé » nəġṛa « fait de bouder (bouderie) »
tԑərrək « il s’est querellé » ԑərka « fait de se quereller (querelle) »
140
– Substantifs féminins : fəḍḍa « argent », ḥənna « henné, grand-mère », žənna
« paradis », kənna « belle-fille », ṣənna « parfum, odeur », ṣəḥḥa « santé », təkka
« cordon », səkka « rail », ԑəkka « pépin, tuile, emmerdement », gəṣṣa « histoire »,
ԑəmma « tante paternelle », bənna « goût, saveur », ġəṣṣa « douleur dans la gorge,
dégoût, rancœur, amertume », gəšša « paille », stəkka « paquet, cartouche (de
cigarettes) ».
– Nom d’action : Ce schème fournit les noms d’action de verbes sourds à la première
forme.
Substantifs masculins : ṛās « tête », bāb « porte », ԑām « an, année », xāl « oncle
– Substantifs
maternel », fāṛ « souris », bāl « esprit », žāṛ « voisin », kās « verre », ḥāl « état ».
141
2.2.1.4.2. Le schème concave C1īC3
Ce schème est représenté par des substantifs masculins, des collectifs et des noms
d’action.
– Substantifs masculins : bīr « puit », ṭīn « argile », dīb « loup », dīn « religion », ṭīz
« vagin », rīḥ « vent ».
Substantifs masculins : ṭūl « longueur », nūԑ « type, sorte », sūg « marché », ṣūf
– Substantifs
« laine », ġūl « ogre », zūṛ « mensonge », ԑūd «bâton », mūs « couteau », nūṛ
« lumière ».
– Collectif : fūl « fèves », tūt « mûres », ḥūt « poissons », xūx « pêches », dūd
« vers ».
– Substantifs masculins : žēb « poche », kēf « plaisir, ivresse », ṣēf « été », tēs « bouc,
homosexuel », xēṭ « fil », ḥēṭ « mur », dēl « queue », ḍēf « invité », sēl « inondation »,
xēṛ « bien », ġēm « nuage », sēf « épée », tēk « tableau de bord en bois », zēt
« huile ».
142
Substantif féminin : ԑēn « œil, source ».
– Substantif
– Noms d’action
d’action : Les noms d’action correspondent à des verbes concaves dont la
voyelle de la conjugaison préfixale est la voyelle longue /ī/.
– Substantifs masculins : tōr « taureau », yōm « jour », lōn « couleur », ṣōt « voix »,
ôōš « maison », lōô « bois », bōy « homosexuel », sōṭ « fouet ».
– Noms d’action : Les noms d’action correspondent à des verbes concaves dont la
voyelle de la conjugaison préfixale est la voyelle longue /ū/.
13
Dans le PAT, mōt « mort » est de genre masculin et féminin ; le même informateur fait l’accord
tantôt au masculin, tantôt au féminin.
143
lām « il a blâmé » lōm « fait de blâmer (blâme) »
dāg « il a goûté » dōg « fait de goûter (goût) »
dām « il a duré » dōm « fait de durer (longue durée) »
bāl « il a uriné » bōl « fait d’uriner (urine) »
štāg « il a été nostalgique » šōg « fait d’être nostalgique (nostalgie) »
– Substantifs féminins : xāla « tante maternelle », ṭāga « cul », ṭāṣa « verre », nāga
« chamelle », sāԑa « heure », ḥāža « chose, affaire », ġāba « forêt, jungle », ḥāṛa
« médina, vieille ville », ḥāla « condition », fāṛa « souris (femelle) ».
– Noms d’action : Les noms d’action correspondent à des verbes concaves dont la
voyelle de la conjugaison préfixale est la voyelle longue /ī/.
– Noms d’unité : līma « une orange, un citron, un agrume »,, rīša « une plume ».
– Noms d’action : Les noms d’action correspondent à des verbes concaves dont C2 est
la semi-consonne /y/.
144
VERBES NOMS D’ACTION
ԑāš « il a vécu » ԑīša « fait de vivre (vie) »
ġār « il a été jaloux » ġīra « fait d’être jaloux (jalousie) »
ġāb « il a été absent » ġība « fait de parler dans le dos de quelqu’un »
– Noms d’unité : fūla « une fève », tūta « une mûre »,, tūma « une tête d’ail »,, ḥūta
« un poisson »,, xūxa « une pêche »,, dūda « un ver »,, fūṭa « une serviette ».
– Noms d’action : Les noms d’action correspondent à des verbes concaves dont C2 est
la semi-consonne /y/.
– Substantifs féminins : zōža « épouse », mōḍa « mode », tōka « tour, fois », nōba
« tour, fois ».
145
– Noms d’unité : lōza « une amande », šōka « une épine, une arrête », mōža « une
vague », mōza « une banane ».
– Noms d’action : Les noms d’action correspondent à des verbes concaves dont C2 est
la semi-consonne /w/.
146
VERBE NOM D’ACTION
šwe « il a fait griller » šwa « grillade »
Substantifs masculins : ġde « déjeuner »,, šte « hiver », hne « tranquillité », sme
– Substantifs
« ciel »,, rḍe « satisfaction », ġle « cherté », hbe « cendre ».
– Noms d’action : Les noms d’action correspondent à des verbes défectueux. Les noms
d’action sont identiques aux verbes conjugués à la troisième personne du masculin
singulier de la conjugaison suffixale.
147
2.2.1.6.4. Les schèmes défectueux à suffixe -a(t) : C1C2īya(t)
Ce schème sert à la formation de substantifs et d’un adjectif féminins.
Adjectifs masculins : gāṛəṣ « acide », ḥāməḍ « acide », nāfəԑ « utile », nāžəḥ « à sec,
– Adjectifs
tari », lāzəm « nécessaire », yābəs « sec, dur, rassis », xāləԑ « mal poli, grossier »,
xātər « épais », ḍāləm « injuste », fāṛəġ « vide », māləḥ « salé », bārəd « froid »,
wāsəԑ « large », ԑāməṛ « plein », ġāṛəg « profond », kāməl « entier », kāsəḥ « dur »,
ԑāyəb « boiteux ».
148
2.3.1.1.2. Le schème C1ūC2əC3
Ce schème fournit un substantif et un adjectif masculin.
2.3.1.1.3
2.3.1.1.3. Le schème C1ōC2əC3
Ce schème ne fournit qu’un substantif masculin et un collectif. La voyelle longue /ō/
est la réduction de la diphtongue *əw.
2.3.1.1.5
2.3.1.1.5. Le schème sourd C1āC2C3
Ce schème fournit des substantifs et des adjectifs masculins. Ces substantifs sont
construits sur le schème du participe actif des verbes sourds de la première forme
verbale.
– Substantifs masculins : šābb « jeune homme », ḥāžž « pèlerin, vieux monsieur », ġāšš
« escroc ».
– Adjectifs masculins : ḥāṛṛ « chaud, épicé, fort »,, ԑāmm « général »,, xāṣṣ
« particulier ».
2.3.1.1.6
.3.1.1.6. Le schème concave C1āyə
āyəC3
Ce schème fournit un substantif masculin et des adjectifs masculins construits sur le
schème du participe actif des verbes concaves de la première forme verbale.
14
On trouve également la forme ṣubԑ à côté de ṣūbəԑ ; le premier a pour diminutif ṣbēԑ et le second
ṣwēbəԑ « petit doigt ».
149
– Substantif masculin : ṛāyəs « chef, leader, meneur ».
– Adjectifs masculins : ġāyəb « absent », üāyəb « caillé », xāyəf « peureux »,, tāyəb
« repenti »,, ṭāyəb « cuit ».
– Substantifs masculins : kāwi « cautère », ṣāri « mât », zāhi « content », šāhi « thé »,
qāḍi « juge », bāgi « monnaie », sāԑi « facteur ».
– Adjectifs masculins : ԑāli «haut », fāḍi « vide », wāti « prêt », tāni « second,
deuxième », xāli « vide », ġāli « cher », rāqi « développé », bāhi « bien », lāhi
« occupé », dāfi « tiède », tāli « suivant ».
– Adjectifs féminin : nāfԑa « utile », nāžḥa « à sec, tarie », lāzma « nécessaire », yābsa
« sèche », xālԑa « mal polie, grossière », xātra « épaisse », gāṛṣa « acide », ḍālma
« injuste », lāsga « collée », fārġa « vide », mālḥa « salée », bārda « froide », wāsԑa
« large », ԑāmṛa « pleine », ġārga « profonde ».
150
– Substantifs féminins : sībya « seiche », šīšma « robinet ».
2.3.1.2.5. Le schème
schème sourd C1āC2C3a(t)
Ce schème fournit des substantifs et des adjectifs féminins :
– Substantif féminin : ḥāžža « pèlerine, vieille dame »,, šābba « jeune femme ».
– Adjectifs féminins : ḥāṛṛa « chaude, épicée, forte »,, ԑəmma « générale », xāṣṣa
« particulière ».
151
– Substantifs féminins : sāgya « rigole », sānya « potager », žābya « réservoir d’eau »,
xābya « cageot en plastique », ԑāfya « feu », bāmya « gombos », dāhya « fine mouche,
homme débrouillard, astucieux ».
– Adjectifs féminins : wātya « prête », bāhya « bonne », ԑālya «haute », fāḍya « vide »,
tānya « seconde, deuxième », xālya « vide », ġālya « chère », rāqya « développée »,
lāhya « occupée », dāfya « tiède ».
2.3.2. Les schèmes formés par adjonction d’une voyelle longue après C2
Au singulier, l’adjonction d’une voyelle longue après C2 sert essentiellement à la
formation de noms d’action. Ce schème est surtout affecté à la formation de pluriels.
152
– Collectifs : džāž « poules », žṛān « grenouilles », žṛād « sauterelles », ḥmām
« pigeons », byāḍ « charbon », ršād « pierres », nžāṣ « poires », sḥāb « nuages ».
– Substantifs masculins : ḥlīb « lait », rbīb « beau-fils », bhīm « idiot, animal », rdīf
« mauvais garçon », wṣīf « Noir », ṭbīb « médecin », dgīg « farine », ḥdīd « fer », ԑrīs
« jeune marié », xrīf « automne ».
– Substantifs masculins : flūs « argent », xrūf « ovin », sbūl « maïs », frūx « poussin »,
grūb « groupe ».
153
– Adjectif masculin : sxūn « chaud ».
– Noms d’action : La plupart des noms d’action formés sur ce schème caractérisent des
verbes exprimant un mouvement ou une attitude du corps (Ph. MARÇAIS 1977 : 85).
154
– Noms d’unité : žṛāna « une grenouille », žṛāda « une sauterelle », nžāṣa « une
poire ».
– Noms d’action : Ce schème fournit des noms d’action de verbes sains et défectueux.
– Adjectifs féminins : mlīḥa « bien, bonne », grība « proche », bԑīda « loin, lointaine »,
gdīma « ancienne », ṣġīra « petite », ḍԑīfa «faible, maigre », ṭwīla « longue », ġrīga
« profonde », ġlīda « épaisse », mrīḍa « malade », nḍīfa « propre », bṣīra « aveugle »,
kbīra « grande », rxīṣa « bon marché », ԑzīza « chère », ždīda « neuve, nouvelle »,
xfīfa « légère ».
– Noms d’unité : dgīga « une minute », zbība « un raisin sec », ḥdīda « un morceau de
fer, un bracelet ».
– Nom d’action : Ce schème fournit des noms d’action de verbes sains. Il est beaucoup
moins productif que le schème masculin correspondant.
155
– Substantifs féminins : flūka « barque », ԑzūza « vieille femme », ԑrūsa « mariée »,
ԑdūwa « ennemie », ḥkūma « jugement ».
– Nom d’action :
2.3.3.1.1.
2.3.3.1.1. Les schèmes non suffixés
On traitera du shème C1əC2C2əC3 et du schème C1uC2C2uC3.
156
2.3.3.1.1.1.
2.3.3.1.1.1. Le schème C1əC2C2əC3
Ce schème très peu productif fournit un substantif et des adjectifs masculins.
2.3.3.1.1.
2.3.3.1.1.2.
1.2. Le schème C1uC2C2uC3
Ce schème fournit des substantifs masculins.
2.3.3.1.
2.3.3.1.2.1.
1.2.1. Le schème C1əC2C2C3a(t)
Ce schème fournit un substantif et des adjectifs féminins.
2.3.3
2.3.3.2. Les schèmes formés par gémination de C2 et adjonction d’une voyelle longue
entre C2 et C3
On examinera les schèmes non suffixés ainsi que les schèmes suffixés en -a(t)
2.3.3
2.3.3.2.1.
2.1. Les schèmes non suffixés
On examinera les schèmes non suffixés suivants : C1əC2C2āC3, C1əC2C2īC3,
C1əC2C2ūC3, C1uC2C2āC3.
2.3.3
2.3.3.2.1.1.
.1.1. Le schème C1əC2C2āC3
Ce schème est très productif. Il est le « type intensif par excellence » (Ph. MARÇAIS
1977 : 105). Il fournit des adjectifs dénotant une qualité permanente, de noms de
professionnels ou artisans, des noms de choses et d’instruments, ainsi que des
collectifs ».
157
gonfle, emmerdeur », nəġġāṛ « boudeur », ləԑԑāb « joueur », ṭəmmāԑ « ambitieux »,
zəbbāl « fauteur de troubles ».
2.3.3
2.3.3.2.1.2.
1.2. Le schème C1əC2C2īC3
Ce schème est peu productif et fournit des substantifs masculins.
2.3.3
2.3.3.2.1.3.
2.1.3. Le schème C1əC2C2ūC3
Ce schème fournit des substantifs masculins, notamment des noms d’animaux, ainsi
que des collectifs.
2.3.3
2.3.3.2.1.4.
2.1.4. Le schème C1uC2C2āC3
Ce schème fournit des collectifs et des substantifs masculins.
158
asculins : duxxān « fumée », kullāb « coupe-ongles, pince », suxxān
– Substantifs masculin
masculins
« chaleur », dukkān « boutique », šuxxāx « pisseur », xullāṣ « peigne », zukkāṛ
« joueur de flûte (avec outre), de cornemuse ».
– Noms d’action :
Ce schème fournit des noms d’action de verbes à la première forme et à certaines
formes dérivées.
159
2.3.3
2.3.3.2.2.
2.2.2.
2.2. Le schème C1əC2C2īC3a(t)
Ce schème fournit un substantif féminin.
2.3.3
2.3.3.2.2.
2.2.4
2.4. Le schème C1uC2C2āC3a(t)
Ce schème fournit des substantifs féminins ainsi que des noms d’unité.
2.3.4
2.3.4. Les schèmes à adjonction de deux voyelles longues
Les schèmes à adjonction de deux voyelles longues ne sont pas productifs dans le
parler arabe de Tripoli. Ils ne semblent pas l’être non plus dans les parlers arabes
maghrébins.
Philippe MARÇAIS, quant à lui, dans l’Esquisse grammaticale de l’arabe maghrébin n’a
pas traité ce type de schème dans son chapitre qui concerne la morphologie nominale
160
et parle de noms inclassables : « Les noms considérés comme inclassables sont ceux
qui sortent des normes et qui ne sont généralement pas susceptibles d’être même
apparentés à des schèmes identifiables. Beaucoup sont d’origine étrangère » et ajoute
que « l’étude de ces noms, qui sont nombreux et divers selon les dialectes, relève de la
lexicographie » (Ph. MARÇAIS 1977 : 114).
L’étude qui suit concerne essentiellement les emprunts à l’arabe littéral lexicalisés
dans le parler arabe de Tripoli ; on trouve également quelques emprunts au turc, à
l’italien, à l’anglais, au français et au persan 15.
La présence de deux voyelles longues dans les termes suivants est liée à des questions
de structure syllabique du parler arabe de Tripoli. En effet, les voyelles brèves en
syllabe ouverte non accentuée de l’arabe littéral, pour qu’elles puissent être
maintenues à leur place, se retrouvent ici sous la forme de voyelles longues ; par
ailleurs, les voyelles des termes empruntés sont intégrées dans le parler arabe de
Tripoli sous la forme de voyelles longues.
2.3.4
2.3.4.1. Les schèmes non suffixés
Les schèmes non suffixés examinés sont les suivants : le schème C1āC2āC3, C1āC2īC3,
le schème C1āC2ūC3, le schème C1īC2āC3, le schème C1ēC2āC3, le schème C1īC2ūC3, le
schème C1ēC2ūC3 ainsi que le schème C1ūC2āC3.
2.3.4
2.3.4.1.1. Le schème C1āC2āC3
Ce schème fournit des substantifs masculins.
2.3
2.3.4.1.2. Le schème C1āC2īC3
Ce schème fournit des substantifs et des adjectifs masculins.
15
En ce qui concerne les emprunts à l’italien, qui sont très nombreux dans le parler arabe de Tripoli, on
peut consulter l’étude de ABDU (1988) et l’article de TÜRKMEN (1988) pour ce qui concerne les
emprunts au turc.
161
– Adjectifs masculins : bāxīl « avare », bāṣīt « simple », ḍārīr « aveugle », sārīԑ
« rapide », ġārīb « étrange », ḥāzīn « triste », xābīr « expert », rāzīl « mal élevé,
grossier ».
2.3
2.3.4.1.4. Le schème C1īC2āC3
Ce schème fournit des substantifs masculins.
2.3
2.3.4.1.6. Le schème C1īC2ūC3
Ce schème fournit des substantifs masculins :
2.3
2.3.4.1.7. Le schème C1ēC2ūC3
Ce schème fournit un collectif.
2.3
2.3.4.1.8. Le schème C1ūC2āC3
Ce schème fournit un substantif masculin.
162
2.3.4.2. Les schèmes suffixés en -a(t)
2.3.4
On examinera les schèmes suivants : C1āC2āC3a(t), C1āC2īC3a(t), C1āC2ūC3a(t),
C1īC2āC3a(t), C1īC2īC3a(t), C1ēC2ūC3a(t), C1ūC2āC3a(t), C1ūC2īC3a(t) et C1ūC2ūC3a(t).
2.3.4
2.3.4.2.4. Le schème C1īC2āC3a(t)
Ce schème fournit des substantifs féminins.
2.3.4
2.3.4.2.5. Le schème C1īC2īC3a(t)
Ce schème fournit un substantif féminin.
2.3.4
2.3.4.2.6. Le schème C1ēC2ūC3a(t)
Ce schème fournit un nom d’unité.
16
mdīna alterne avec mādīna.
163
2.3.4
2.3.4.2.7. Le schème C1ūC2āC3a(t)
Ce schème fournit un substantif féminin.
2.3.4
2.3.4.2.9. Le schème C1ūC2ūC3a(t)
Ce schème fournit un substantif féminin.
2.4.2
2.4.2.1.
4.2.1. Les schèmes non suffixés
On examinera les schèmes C1əC2C3əC4, C1uC2C3uC4, C1C2əC3C4.
164
2.4
2.4.2.1.1. Le schème C1əC2C3əC4
Ce schème fournit des substantifs masculins et un collectif.
2.4
2.4.2.1.3
.1.3. Le schème C1C2əC3C4
Ce schème fournit des substantifs masculins :
2.4
2.4.2.2.1.
.2.1. Le schème C1əC2C3C4a(t)
Ce schème fournit des substantifs féminins et des noms d’unité.
165
2.4.2.2.3. Le schème C1C2əC3C4a(t)
Ce schème fournit un nom d’unité.
– Substantif masculin : būrdīm « plat dont la viande est cuite à l’étouffée dans un
trou ».
2.4
2.4.3.2.2. Le schème C1āC2C3ēC4
Ce schème fournit un substantif masculin.
2.4.4.1.1.
2.4.4.1.1. Le schème C1əC2C3āC4
Ce schème fournit des collectifs et des substantifs masculins.
166
– Substantifs masculins : ṛumḍān « Ramadan », fuṛṭāṣ « chauve », muržān « corail »,
ԑuṣbān « tripe farcie avec de la viande et des légumes », muṣṛān « intestins », sulṭān
« sultan », guṣgāṣ « curieux ».
2.4
2.4.4.1.5. Le schème C1uC2C3āC4
Ce schème fournit des substantifs masculins.
2.4
2.4.4.1.6. Le schème C1uC2C3īC4
Ce schème fournit un substantif masculin.
167
schèmes suffixés en -a(t)
2.4.4.2. Les schèmes
On examinera les schèmes C1əC2C3āC4a(t), C1əC2C3ūC4a(t) et C1əC2C3īC4a(t).
168
2.5. Les préfixes
On examinera le préfixe ə- ; il est employé dans la formation des noms de couleur et
de difformités / caractéristiques physiques mais on verra également qu’il entre dans la
formation du comparatif et du superlatif. De plus, on a deux préfixes déverbatifs,
c’est-à-dire qu’ils servent à former des nominaux à partir de verbes : des participes,
des noms d’action ; il s’agit des préfixes m- et t-.
2.5.1. Le préfixe ə-
2.5.1.
On examinera les schèmes əC1C2əC3 et əC1C2a.
2.5.1.1.
2.5.1.1. Le schème əC1C2əC3
Ce schème est celui des noms de couleur et de caractéristiques au masculin ; ilfournit
également un substantif féminin. Le préfixe est fortement articulé puisqu’il porte
l’accent du mot.
– Noms de couleurs : əḥməṛ « rouge », əzṛəg « bleu », əṣfəṛ « jaune », əkḥəl « noir »,
əswəd « noir », əxḍəṛ « vert », əbyəḍ « blanc », əsməṛ « brun », əšgər « blond ».
2.5.1.2.
2.5.1.2. Le schème əC1C2a
Ce schème fournit le nom d’une caractéristique physique, à partir d’une racine
défectueuse.
2.5.2. Le préfixe m-
2.5.2.
Le préfixe m- entre dans la formation des noms de lieux, des noms de temps et des
noms d’instruments ; il permet également de former les noms d’action de la troisième
et de la sixième forme verbale, ainsi que les participes passifs de la première forme
verbale et les participes de toutes les formes verbales dérivées. On n’étudiera pas ici
les participes qui ont été traités dans la partie consacrée à la morphologie verbale ;
cependant, on examinera certains termes formés sur les schèmes des participes, mais
169
ayant un autre sens que celui de participe, notamment des adjectifs et des noms
d’instruments.
2.5.2
2.5.2.1. Les schèmes non suffixés
On examinera les schèmes suivants : mvC1C2əC3, mC1əC2C3, mC1āC3, mC1āC2əC3,
mvC1C2āC3, məC1C2īC3 et məC1C2ūC3.
2.5.2 mvC1C2əC3
2.5.2.1.1. Le schème mv
Ce schème fournit des noms de lieux et des noms d’instruments au masculin :
2.5.2.1.2.
2.5.2.1.2. Le schème mC1əC2C3
Ce schème fournit un nom d’instrument.
2.5.2.1
2.5.2.1.3.
2.1.3. Le schème mC1āC3
Ce schème fournit un nom de lieu.
2.5.2.1.
2.5.2.1.4
2.1.4. Le schème mC1āC2əC3
Ce schème fournit des substantifs masculins et un adjectif masculin.
170
– Adjectif masculin : mṛāyəf « nostalgique ».
2.5.2.1.5.
2.5.2.1.5. Le schème mC1āC2a
Il s’agit du schème qui permet de former les noms d’action des verbes défectueux à la
troisième forme.
2.5.2.1.
2.5.2.1.6
2.1.6. Le schème mvC1C2āC3
Ce schème fournit un collectif, des substantifs et des adjectifs masculins, des noms
d’instruments et des noms de lieu.
Adjectifs masculins : mumtāz « excellent »,, məštāg « nostalgique »,, məlyān « plein,
– Adjectifs
rempli ».
2.5.2.1.
2.5.2.1.7 məC1C2īC3
2.1.7. Le schème məC
Ce schème fournit un substantif et un adjectif masculins.
2.5.2.1.
2.5.2.1.8
2.1.8. Le schème məC
məC1C2ūC3
Ce schème est le schème du participe passif des verbes sains de la première forme, qui
sont devenus des substantifs ou des adjectifs masculins.
171
– Substantif masculin : məšṛūb « boisson », məktūb « destin », məgṛūn « fusil à deux
canons, union de deux choses », məԑṛūf « don, bienfait », məs’ūl « responsable ».
2.5.2
2.5.2.2.1. Le schème mv
mvC1C2C3a(t)
Ce schème fournit des noms de lieux et un nom d’instrument.
2.5.2.2.2.
2.5.2.2.2. Le schème mC1əC2C3a(t)
Ce schème fournit des noms de lieu.
– Noms de lieu : mxədda « oreiller (endroit où l’on pose la joue xədd », mḥəṭṭa
« gare ».
2.5.2.2.3.
2.5.2.2.3. Le schème mC1āC3a(t)
Ce schème fournit un nom d’instrument et un nom de lieu.
2.5.2.2.4.
2.5.2.2.4. Le schème məC
məC1C2āC3a(t)
Ce schème fournit un nom d’unité et des adjectifs féminins.
172
– Adjectifs féminins : mumtāza « excellente »,, məštaga « nostalgique »,, məlyāna
« pleine, remplie ».
2.5.2
2.5.2.2.5
.2.5. Le schème məC
məC1C2īC3a(t)
Ce schème fournit un adjectif féminin.
2.5.2
2.5.2.2.6 məC1C2ūC3a(t)
.2.6. Le schème məC
Ce schème fournit des adjectifs féminins.
2.5.3. Le préfixe t-
2.5.3
Le préfixe t- n’est utilisé que dans la formation de noms d’action.
2.5.3.1.
2.5.3.1. Le schème təC
təC1C2īC3
Ce schème sert à la formation de noms d’action de verbes à la deuxième et à la
cinquième forme.
173
VERBES NOMS D’ACTION
II gəṭṭəṛ « il a coulé, fuit » təgṭīr « fait de couler, fuir, distillation »
ġəmməs « il a saucé » təġmīs « fait de saucer, de manger avec le pain »
ṭəyyəb « il a cuisiné » təṭyīb « fait de cuisiner, cuisson »
ṣəwwəṛ « il a photographié » təṣwīṛ « fait de photographier »
səžžəl « il a enregistré » təsžīl « enregistrement »
ṣəlləḥ « il a réparé » təṣlīḥ « réparation »
ṣəġġəṛ « il a rapetissé » təṣġīṛ « diminutif »
ṣəwwət « il a voté » təṣwīt « fait de voter, vote »
2.5.3.
2.5.3.2
3.2. Le schème təC
təC1C2īC3a(t)
Ce schème suffixé en -a(t) permet notamment de former le nom d’action marquant un
acte unique pour les verbes de la deuxième et de la cinquième forme. On oppose donc
deux types de noms d’action, l’un marquant l’action abstraite et l’autre marquant l’acte
unique : təṣwīṛ « fait de photographier » et təṣwīṛa « une photographie » (CAUBET
1993 I : 101).
2.5.3.
2.5.3.3
3.3. Le schème tC1əC2e
Ce schème fournit des noms d’action de verbes défectueux à la deuxième forme.
2.5.3.
2.5.3.4
3.4. Le schème tC1əC2C3īC4
Ce schème fournit des noms d’action de verbes quadrilitères.
174
tbəšbəš « il bruine » tbəšbīš « bruine »
tmənyək « il s’est moqué » tmənyīk « fait de se moquer »
tdəhwəṛ « il s’est promené » tdəhwīr « promenade »
2.6.1. Le suffixe -i
2.6.1.
Ce suffixe est appelé nisba dans la tradition grammaticale arabe. Il permet de former
des adjectifs et des substantifs masculins.
Le suffixe -i permet d’indiquer une origine géographique à partir d’un nom propre.
175
ḥšūma « honte » ḥšūmi « timide »
šəxṣ « individu » šəxṣi « individuel, privé »
Il permet de former des adjectifs substantivés : gəbli « vent chaud du Sud avec du
sable », šlāfti « péquenaud », l-fōgi « le haut », l-ōṭi « le bas », zūfri « mauvais
garçon ».
De plus, certains substantifs ont une terminaison en -i, sans qu’il s’agisse
apparemment d’un suffixe ; ce sont souvent des emprunts : līmūni « aluminium »,
təbrūri « grêle », smītri « grand froid », sfīngri « grand froid », zənbūԑi
« pamplemousse ».
176
žbəl « montagne » žbālīya « montagnarde, Berbère »
ṭābīԑa « nature » ṭābīԑīya « naturelle »
ԑāṛāb « Arabes » ԑəṛbīya « Arabe, arabe »
177
šəṛg « Est » šəṛgāwi « de l’Est »
ġəṛb « Ouest » ġəṛbāwi « de l’Ouest »
178
2.6.9. -ži / -ği
2.6.9.
Ce suffixe est d’origine turque (du turc -çe). Il sert à former des noms de métiers ou
d’occupation : būxāği « buveur de būxa (eau de vie de figues) », kuṛmāži
« Kormadji », ṛōḳāği « amateur de rock’n’roll », gəhwāği « cafetier », kəԑkāği
« pédophile », ṛōbānği « carotteur, escroc », mənyākži « moqueur ».
179
3. Le nombre
Il existe trois nombres dans le parler arabe de Tripoli : le singulier, le duel et le
pluriel 17. Les schèmes de singulier ayant été étudiés au chapitre précédent, on va
maintenant examiner le duel et le pluriel.
3.1. Le duel
Dans le parler arabe de Tripoli, le duel se construit en suffixant le morphème -ēn aux
substantifs. A Tripoli, à l’instar de ce qu’on observe dans les parlers de type bédouin,
le duel est très largement employé pour toutes les catégories de substantifs 18 : ktābēn
« deux livres », bābēn « deux portes », ḥōšēn « deux maisons », məftāḥēn « deux
clés », bəntēn « deux filles ».
Dans les parlers préhilaliens (citadins et ruraux), le duel apparaît en régression et est
résiduel, cantonné à certaines catégories de substantifs : unités de temps et de mesure,
noms de nombre et certaines parties doubles du corps (Ph. MARÇAIS 1977 : 115 ;
CAUBET 1993 I : 108-109).
Lorsqu’on suffixe le morphème de duel -ēn, suffixe à initiale vocalique, à des noms
qui se terminent par le suffixe -a(t), on note la réapparition du -t du suffixe -a(t) :
səyyāṛtēn « deux voitures », xəṭwtēn « deux pas », gəhwtēn « deux cafés ».
Les termes empruntés au turc, à l’italien et même plus récemment à l’anglais peuvent
également revêtir la forme du duel : kāšīkēn « deux cuillères », ṭūḅūwēn « deux
tubes », sīmāfrōwēn « deux feux tricolores », māṛšābēdīyēn « deux trottoirs », ḅāltēn
« deux pelles », ṃōḅāylēn « deux téléphones portables ».
De plus, pour compter deux choses, on peut également employer une construction au
moyen du nom de nombre zōz « deux » suivi de la notion comptée au pluriel 19
: zōz
ktābāt « deux livres », zōz ḥyāš « deux maisons », zōz mfātīḥ « deux clés », zōz
gūmīstīya « deux vulcanisateurs ».
17
Comme le souligne Dominique CAUBET, tous les nominaux ne sont pas réductibles à un
fonctionnement binaire (singulier / pluriel) ou ternaire (singulier / duel / pluriel) ; il existe, en effet,
toute une série de nominaux qui n’ont qu’une seule forme possible : le singulier. Il s’agit notamment
des collectifs, des substantifs « continus quantifiables » et des noms d’action abstraits (CAUBET 1993 I :
107-108). Dominique CAUBET précise cependant qu’il existe des pluriels « intensifs » pour les collectifs
et les continus quantifiables, mais ils sont utilisés pour marquer l’intensité, généralement associés avec
un quantificateur exclamatif (CAUBET 1993 I : 108, 121-122).
18
Le duel n’est cependant pas utilisé dans la flexion verbale, pronominale et adjectivale.
19
On n’emploie jamais tnēn ~ tnīn à l’état construit.
180
Par ailleurs, certains termes ne peuvent pas être employés au duel, notamment les
substantifs qui se terminent déjà par un suffixe. Cela concerne, par exemple, tous les
noms qui se terminent par le suffixe -ği, emprunté au turc (< -çe), servant à former
des noms de métiers ou d’occupation : zōz gəhwāğīya « deux cafetiers », zōz
ṛōbānğīya « deux escrocs », zōz ṛōkāğīya « deux rockeurs », zōz būxāğīya « deux
buveurs d’eau de vie de figues ».
3.2. Le pluriel
Il existe trois moyens de former le pluriel en arabe. On distingue les pluriels externes,
formés par adjonction d’un suffixe au nom, des pluriels internes, formés par
modification interne du schème, des pluriels mixtes, qui sont une combinaison des
deux.
– Adjectifs masculins : bāhi > bāhyīn « bons », māləḥ > mālḥīn « salés », ġāli >
ġālyīn « chers », ḥəlu > ḥəlwīn « doux, sucrés, bons, jolis », fəṛḥān > fəṛḥānīn
« contents », məštāg > məštāgīn « nostalgiques », kāməl > kāmlīn « complets,
entiers », ԑəṭšān > ԑəṭšānīn « assoiffés », žīԑān > žīԑānīn « affamés ».
20
Certains des substantifs et des adjectifs formés sur ce schèmes ont un pluriel suffixé en -a(t) ; la plupart
ont deux pluriels, suffixé en -īn et en -a(t).
181
– Participes actifs masculins : šāṛəb > šāṛbīn « buvant », gāԑəd > gāԑdīn « restant »,
bāyən > bāynīn « apparaissant », wākəl > wāklīn « ayant mangé », māši > māšyīn
« allant », mgəԑməz > mgəԑmzīn « assis », lāsəg > lāsgīn « collés ».
– Participes passifs masculins : məktūb > məktūbīn « écrits », məftūḥ > məftūḥīn
« ouverts », mətzəwwəž > mətzəwwžīn « mariés », mkəssəṛ > mkəssṛīn « cassés ».
– Diminutifs : les pluriels de diminutifs se forment en -īn pour les adjectifs : ḥlēw >
ḥlēwīn « un peu jolis », ṣġēyər > ṣġēyrīn « un peu petits », sxēyən > sxēynīn « un
peu chauds », smēyən > smēynīn « un peu gras, gros », gṣēyər > gṣēyrīn « un peu
courts », ԑṛēyəḍ > ԑṛēyḍīn « un peu forts, costaus, corpulents ».
– Participes doubles du corps : īd > īdēn « mains », rəžl > rəžlēn « pieds ».
– Adjectifs : xəwwāf > xəwwāfa « peureux », gəffāṣ > gəffāṣa « avares », səkkaṛ >
səkkāra « buveurs d’alcool ».
182
– Ethnonyme : ṭṛābəlsi > ṭṛābəlsīya « Tripolitains ».
– Substantifs en -ži / -ğī : gəhwāği > gəhwāğīya « cafetiers », ṛōbānği > ṛōbānğīya
« escrocs », ṛōkāği > ṛōkāğīya « rockeurs », būxāği > būxāğīya « buveurs d’eau de
vie de figues », kəԑkāği > kəԑkāğīya « pédophiles ».
– Substantifs et adjectifs féminins en -a(t) : məṛṛa > məṛṛāt « fois », kəlma > kəlmāt
« mots », səyyāṛa > səyyāṛāt « voitures », ṭəyyāṛa > ṭəyyāṛāt « avions », ġunnāya >
ġunnāyāt « chansons », ḥāža > ḥāžāt « choses », šārīka > šārīkāt « entreprises,
firmes », lūġa > lūġāt « langues, idiomes », ḥdīda > ḥdīdāt « bracelets », ԑše >
ԑšāwāt « dîners », ġde > ġdāwāt « déjeuners », ġṭa > ġṭāwāt « couvertures » ; dans
ces deux derniers exemples, le suffixe est rattaché au radical par la semi-consonne /w/.
– Substantifs masculins : ktāb > ktābāt « livres », nəqqāl > nəqqālāt « téléphones
portables », mԑāš > mԑāšāt « salaires », lsān > lsānāt « langues », žnān > žnānāt
« jardins », fṛāš > fṛāšāt « lits », ḥəmmām > ḥəmmāmāt « bains, salles de bain,
toilettes », nhāṛ > nhāṛāt « jours, journées », xēṛ > xēṛāt « biens » ; ce suffixe permet
également de former un pluriel de pluriel qui comporte une voyelle longue /ā/ entre C2
et C3 : yōm > īyām > īyāmāt « jours, suite de plusieurs jours, période de temps ».
183
– Emprunts : ğunṭa > ğunṭāt « joints », məlyāṛ > məlyāṛāt « milliards », ṭūbu >
ṭūbūwāt « tubes »,kānčālu > kānčālūwāt « portails », ğībōṭu > ğībōṭūwāt
« blousons », mōbāyl >mōbāylāt « téléphones portables », ḅāla > ḅālāt « pelles ».
– Noms d’unité : ԑənza > ԑənzāt « chèvres », ḥāywāna > ḥāywānāt « animaux »,
ḥmāma > ḥmāmāt « colombes, pigeons », nəmla > nəmlāt « fourmis », bəgṛa >
bəgṛāt « vaches », sḥāba > sḥābāt « nuages ».
– Diminutifs : les diminutifs forment leur pluriel au moyen du suffixe -āt pour les
substantifs et pour les adjectifs féminins : īdēya > īdēyāt « petites mains », lḥēma >
lḥēmāt « morceaux de viande », bnēya > bnēyāt « petites filles », šԑēra > šԑērāt
« des tout petits cheveux », zrēf > zrēfāt « petites enveloppes », žrēw > žrēwāt
« chiots », ԑbēd > ԑbēdāt « des personnes noires », wlēd > wlēdāt « petits garçons »,
ṭṛēf > ṭṛēfāt « petits morceaux », ṣūbəԑ > ṣwēbԑāt « petits doigts », rfēf > rfēfāt
« petites étagères », ktēyəb >ktēybāt « petits livres », xrēyəf > xrēyfāt « petits
agneaux », ṣġēyra > ṣġēyrāt « toutes petites », sxēyna > sxēynāt « un peu chaudes »,
smēyna > smēynāt « un peu grosses », gṣēyṛa > gṣēyṛāt « un peu courtes »,
ԑṛēyḍa > ԑṛēyḍāt « corpulente, costaude ».
suffixe -ān
3.2.1.5. Le suffixe
Ce suffixe permet de former des pluriels de substantifs trilitères masculins.
3.2.1.6. Le suffixe -t
Ce suffixe permet de former le pluriel d’un substantif masculin : xu > xūt « frères ».
3.2.2.1.1.
3.2.2.1.1. Pluriels
Pluriels internes à vocalisme bref
On traitera des schèmes suivants : C1C2vC3, C1C2a, C1C2i, C1əC2i et C1ūC3.
184
3.2.2.1.1.1. Le schème C1C2vC3
Il permet de former le pluriel de substantifs féminins et d’adjectifs de schème C1C2īC3.
– Substantifs : zənga > znəg « rues », tṛīg > ṭṛug « routes », kubba > kbəb
« pelotes », gubba > gbub « dômes », məsḥa > msəḥ « houes », žubba > žbub
« jellaba en tissu fin portée sur les vêtements pour sortir ».
3.2.2.1.1.2. C1C2a
Ce schème fournit le pluriel d’un adjectif masculin : gwi > gwa « forts ».
3.2.2.1.1.3. C1C2i
3.2.2.1.1.3
Ce schème fournit un seul pluriel : ləḥya > lḥi « barbes ».
3.2.2.1.1.4. C1əC2i
3.2.2.1.1.4
Ce schème fournit un pluriel : əԑma > ԑəmi « aveugles ».
3.2.2.1.1.5. C1ūC3
3.2.2.1.1.5
Ce schème fournit le pluriel de noms de couleurs et de difformités physiques dont C2
est la semi-consonne /w/ : əswəd > sūd « noirs », əԑwəṛ > ԑūṛ « borgnes », əḥwəl >
ḥūl « qui ont un strabisme convergent ». Il permet également de former le pluriel de
ṛās > ṛūs « têtes », dont C2 est une ancienne hamza.
3.2.2.1.1.6
3.2.2.1.1.6. C1īC3
Ce schème fournit le pluriel d’un nom de couleur dont C2 est la semi-consonne /y/ :
əbyəḍ > bīḍ « blancs ».
3.2.2.1.2.
3.2.2.1.2. Pluriels internes à vocalisme long
On examinera les schèmes suivants : C1ūC2əC3, C1C2āC3, C1wāC3, C1yāC3, C1C2ūC3,
C1yūC3, C1C2īC3, C1C2āC3i, C1wāC3i et C1yāC3i.
3.2.2.1.2.1. C1ūC2əC3
Ce schème fournit le pluriel de substantifs féminins : mdīna > mūdən « villes »,
žumla > žūməl « phrases ». Il fournit également le pluriel de noms de couleurs et de
caractéristiques physiques : əḥməṛ > ḥūməṛ « rouges », əzṛəg > zūṛəg « bleus »,
əxḍəṛ > xūḍəṛ « verts », əṣfəṛ > ṣūfəṛ « jaunes », əkḥəl > kūḥəl « noirs », əsmər >
185
sūmər « bruns », əšgər > šūgər « blonds », əṭṛəš > ṭūṛəš « sourds », əhbəl > hūbəl
« fous ».
3.2.2.1.2.2
3.2.2.1.2.2. C1C2āC3
Ce schème permet de former les pluriels de substantifs construits sur les schèmes
C1əC2C3, C1C2əC3 et C1āC2əC3 au singulier. Il permet également de former le pluriel de
substantifs féminins avec ou sans marque. Enfin, il permet de former le pluriel
d’adjectifs dont le singulier est sur la forme C1C2īC3.
– Substantifs masculins : durž > drāž « tiroirs », məlḥ > mlāḥ « sels », kəlb > klāb
« chiens », wəld > wlād « garçons, enfants », kəbš > kbāš « béliers », ḥəbl > ḥbāl
« cordes », gəfṣ > gfāṣ « cages », āləf > ālāf « milliers », žəns > žnās « genres »,
šābb > šbāb « jeunes », žbəl > žbāl « montagnes », ḥbīb > ḥbāb « amis », ṣāḥəb >
ṣḥāb « amis », žənb > žnāb « côtés, flancs ».
– Substantifs féminins : gəḥba > gḥāb « putes, prostituées », bənt > bnāt « filles »,
kəlma > klām « mots », wdən > wdān « oreilles », mḥəšša > mḥāš « serpes ».
– Adjectifs : mlīḥ > mlāḥ « biens, bons »,, kbīr > kbāṛ « grands, âgés »,, ṣġīr > ṣġāṛ
« petits, jeunes », ṭwīl > ṭwāl « longs ».
3.2.2.1.2.3
3.2.2.1.2.3. C1wāC3 et C̣1C̣1āC3
Ce schème permet de former les pluriels des noms trilitères dont C2 est une semi-
consonne /w/ : lōn > lwān « couleurs », dōṛ >dwāṛ « cercles, étages ».
3.2.2.1.2.4
3.2.2.1.2.4. C1yāC3
Ce schème fournit le pluriel de substantifs masculins et féminins dont C2 est une semi-
consonne /w/ ou /y/ : bīr > byāṛ « puits », rīḥ > ryāḥ « vents », dāṛ > dyāṛ
« pièces », ḥōš > ḥyāš « maisons », yōm > īyām « jours », nāga > nyāg
« chamelles ».
186
3.2.2.1.2.5
3.2.2.1.2.5. C1C2ūC3
Il correspond majoritairement à des substantifs masculins et féminins de racine
C1əC2C3 : žəḥš > žḥūš « bardots », durža > drūž « escaliers », ṭəṛf > ṭṛūf
« morceaux », gəlb > glūb « cœurs », kənz > knūz « trésors », dərs > drūs
« leçons », zəṛf > zṛūf « enveloppes », sərž > srūž « selles », ḥəṛb > ḥṛūb
« guerres », nəfs > nfūs « âmes », wəḥš > wḥūš « sauvages », wəžh > wžūh
« visages », dəġt > dġūt « pressions », ḍəhṛ > ḍhūṛ « dos », bəṭn > bṭūn « ventres ».
Il permet également de former le pluriel d’un substantif dont C1 était une hamza et a
disparu : əṣl > wṣūl « origines ».
Enfin, on a relevé un substantif de schème C1C2əC3 qui forme son pluriel sur le
schème C1C2ūC3 : šhəṛ > šhūṛ « mois ».
3.2.2.1.2.6
3.2.2.1.2.6. C1yūC3
Ce schème permet de former le pluriel de substantifs dont C2 est la voyelle longue /ē/ :
ԑēn > ԑyūn « yeux », ṭēṛ > ṭyūṛ « oiseaux », dēl > dyūl « queues », sēf > syūf
« épées », xēṭ > xyūṭ « fils », ḥēṭ > ḥyūṭ « murs », zēt > zyūt « huiles, une grande
quantité d’huile ».
Il permet également de former le pluriel de ṛās > ṛyūs « têtes », dont C2 est une
ancienne hamza.
3.2.2.1.2.7
3.2.2.1.2.7. C1C2īC3
Ce schème peu productif permet notamment de former le pluriel de noms d’animaux :
ḥmāṛ > ḥmīr « ânes, idiots », məԑza > mԑīz « chèvres » et le pluriel de substantifs
masculins : ԑəbd > ԑbīd « Noirs », ḍəṛs > ḍṛīs « molaires ».
3.2.2.1.2.8
3.2.2.1.2.8. C1C2āC3i
Ce schème sert principalement à former le pluriel de substantifs trilitères féminins de
schème C1əC2C3a(t) : ləfԑa > lfāԑi « serpents », bəlġa > blāġi « babouches »,
zənga > znāgi « rues », məԑna > mԑāni « sens, significations », kəswa > ksāwi
« robes », dəԑwa > dԑāwi « prières », fətwa > ftāwi « fatwas, avis juridiques »,
gəhwa > ghāwi « cafés », yəbṛa > ībāṛi « aiguilles », ḥənna > ḥnāni « grand-
mères ».
187
D’autres substantifs sont de schème singulier C1vC2C3i : səbsi > sbāsi « cigarettes »,
kursi > kṛāsi « chaises ».
3.2.2.1.2.9
3.2.2.1.2.9. C1wāC3i
Ce schème permet de former le pluriel de substantifs comportant une voyelle longue
après C1 : ṣāri > ṣwāri « mâts », ḥōli > ḥwāli « haïk », ṭāṣa > ṭwāṣi « verres »,
sāgya > swāgi « rigoles », ԑāfya > ԑwāfi « feus », xābya > xwābi « outres »,
žābya > žwābi « réservoirs d’eau », dūwa > dwāwi « conversations, discours »,
sānya > swāni « jardins », žəww > žwāži « ambiances », ṭāgīya > ṭwāgi
« casquettes », ṣūnīya > ṣwāni « plateaux », sānya > swāni « fermes », šāh > šwāhi
« chèvres ».
3.2.2.1.2.10
3.2.2.1.2.10. C1yāC3i
Ce schème sert à former le pluriel d’un nom d’unité : lēla > lyāli « nuits ».
3.2.2.1.3.1. C1vC2C2āC3
Ce schème permet de former le pluriel de singuliers comportant une voyelle longue /ā/
entre C1 et C2 : ṛākəb > ṛukkāb « passagers », ḍābəṭ > ḍəbbāṭ « officiers », ṣāyəԑ >
ṣəyyāԑ « voyous, fourbes, vauriens », sākən > sukkān « habitants », tāžəṛ > tužžāṛ
« commerçants », kātəb > kuttāb « écrivains ».
3.2.2.1.3.1. C1wəC2C2i
Ce schème permet de former le pluriel de žwāna > žwənni « joints ».
3.2.2.2.1. C1C2āwəC
āwəC3
On n’a relevé que deux exemples : žnāḥ > žnāwəḥ « ailes », dəlza > dlāwəz
« testicules ».
188
3.2.2.2
3.2.2.2.2. C1C2āyəC
āyəC3
Ce schème fournit le pluriel de substantifs caractérisés par la présence d’une voyelle
longue entre C2 et C3 au singulier : dgīga > dgāyəg « minutes », ԑzūz > ԑzāyəz
« vieilles femmes », ḍbāṛa > ḍbāyəṛ « épices », šāṛīḥa > šṛāyəḥ « tranches,
lamelles ».
3.2.2.2
3.2.2.2.3. C1wāC2əC3
Ce schème fournit le pluriel de substantifs caractérisés par la présence d’une voyelle
longue entre C1 et C2 : šāṛəԑ > šwāṛəԑ « rues », xātəm > xwātəm « bagues, sceaux »,
ḥāfəṛ > ḥwāfəṛ « sabots », žāməԑ > žwāməԑ « mosquées », šāṛəb > šwāṛəb
« lèvres », ṛōšən > ṛwāšən « fenêtres », kāġəṭ > kwāġəṭ « papiers ».
3.2.2.2
3.2.2.2.4. C1wāyəC
wāyəC3
Ce schème fournit le pluriel d’un mot de racine trilitère dont C2 est une semi-
consonne : ḥāža > ḥwāyəž « affaires, vêtements ».
2.2.5. C1C2āC3əC4
3.2.2.
3.2.2.2.5.
Ce schème caractérisé par la présence d’une voyelle longue entre C2 et C3 et par une
voyelle brève entre C3 et C4 concerne les substantifs composés de quatre consonnes
qui, au singulier, ne comportent pas de voyelle longue : məškla > mšākəl
« problèmes », mədrsa > mdārəs « écoles », muknsa > mkānəs « balais », mənžəl >
mnāžəl « faucilles ».
3.2.2.2.6. C1C2āC3īC4
Ce schème caractérisé par la présence d’une voyelle longue entre C2 et C3 et par une
voyelle longue /ī/ entre C3 et C4 concerne les substantifs composés de quatre
consonnes qui, au singulier, comportent une voyelle longue entre C3 et C4 : šəxšīr >
šxāšīr « chaussettes », bərmīl > brāmīl « tonneaux », məskīn > msākīn « pauvres »,
məftāḥ > mfātīḥ « clés », dukkān > dkākīn « boutiques », bərrād > brārīd
« théières », məṣmāṛ > mṣāmīṛ « clous », fənžān > fnāžīn « tasses », bəṛṛāka >
bṛāṛīk « cabanes, baraques », bəṭṭānīya > bṭāṭīn « couvertures », səllūm > slālīm
« échelles », kəmmūn > kmāmīn « beaucoup de cumin », ṣəndūg > ṣnādīg « boîtes »,
ԑəṣfūṛ > ԑṣāfīṛ « oiseaux », sərdūg > srādīg « coqs », gəṭṭūs > gṭāṭīs « chats ». Ce
schème est caractéristique des parlers de type bédouin au Maghreb et s’oppose au
schème comportant une voyelle brève entre C3 et C4 des parlers citadins et ruraux
préhilaliens (Ph. MARÇAIS 1977 : 123).
189
3.2.2.2.7. C1C2āwīC4
Ce schème permet de former le pluriel des nominaux singuliers où C3 est une semi-
consonne /w/ : təṣwīṛa > tṣāwīṛ « photographies, images », sərwāl > srāwīl
« pantalons » ; mais il permet également de fabriquer un pluriel de pluriel qui
comporte une voyelle longue /ā/ entre C2 et C3 : bənt > bnāt > bnāwīt « filles ».
3.2.2.2.8. C1C2āyīC4
Ce schème permet de former le pluriel des nominaux singuliers où C3 est une semi-
consonne /y/ : məlyōn > mlāyīn « millions »
3.2.2.2.10. C1yāC3īC4
On n’a relevé qu’un seul exemple : šēṭān > šyāṭīn « diables ».
190
3.3.3.1.2. Le schème C1C2vC3C3a(t)
Ce schème se caractérise par la gémination de C3 et la suffixation de -a(t). Il sert
notamment à former le pluriel de noms d’animaux. Il permet de former le pluriel de
singuliers de schème C1C2əC3 : ḥnəš > ḥnəšša « serpents » ; mais également de schème
C1C2āC3 : ḥṣān > ḥṣunna « chevaux », ġzāl > ġzəlla « gazelles (personnes) » ; mais
aussi de schème C1īC3 : dīb > dyəbba « loups » ; ainsi que le pluriel d’un singulier de
schème C1āC2īC3 : dālīl > ’dəlla « preuves ».
3.3.3.1.6
3.3.3.1.6. C1C2ūC3a(t)
Ce schème caractérisé par la voyelle longue /ū/ après C2 et la suffixation de -a(t)
permet de former le pluriel de substantifs trilitères à vocalisme bref de schème
C1əC2C3 : gəṛd > gṛūda « singes ». Il permet également de former le pluriel de
singuliers de schème C1C2əC3 : gžəṛ > gžūṛa « tiroirs », bḥəṛ > bḥūṛa « mers »,
bġəl > bġūla « mulets », fḥəl > fḥūla « étalon ».
191
3.3.3.3. Les pluriels mixtes à suffixe -ān
On examinera les deux schèmes suivants qui se différencient par la nature de la
voyelle qui est entre C1 et C2 : C1vC2C3ān et C1īC3ān.
3.3.3.3.1. C1vC2C3ān
Ce schème permet de former le pluriel mixte de singuliers qui comportent une voyelle
longue entre C2 et C3 : xṛūf > xəṛfān « agneaux », blād > bəldān « pays », ġdīr >
ġudrān « flaques », ԑṛīs > ԑəṛsān « fiancés ». Il permet également de former le pluriel
de singuliers dont le schème comporte une voyelle longue /ā/ après C1 : fārəs > fursān
« chevaliers, cavaliers », wādi > wudyān « rivières ».
3.3.3.3.2. C1īC3ān
Il sert à former le pluriel mixte de mots de schème concave : kās > kīsān « verres »,
fāṛ > fīrān « rats », žāṛ > žīrān « voisins », bāb > bībān « portes », bāṭ > bīṭān
« aisselles », kāṭ > kīṭān « costumes », fās > fīsān « haches », tōr > tīrān
« taureaux », ԑūd > ԑūdān « morceaux de bois ».
3.3.3.4.1.1.
3.3.3.4.1.1. mC1āC2əC3
Le préfixe m- entre dans la formation de pluriels mixtes. On a relevé un schème
caractérisé par la préfixation d’un m- et l’infixation d’une voyelle longue /ā/ entre C1
et C2 : šīx > mšāyəx « vieux monsieurs », xānəb > mxānəb « voleurs ».
3.3.3.4.1.2. mC1əC2C3əC3
Ce schème permet de former le pluriel de noms péjoratifs : rdīf > mərdəf « mauvais
garçons », ԑbīd > məԑbəd « Noirs » 21.
3.3.3.4.1.3
3.3.3.4.1.3. mC1əC2C2C3a(t)
Ce schème à préfixe m- est caractérisé par la gémination de C2 et la suffixation de
-a(t) : əhbəl > mhəbbla « fous », mībūn > mwəbbna « homosexuels ».
21
Ce terme est employé avec un sens péjoratif.
192
3.3.3.4.1.4.
3.3.3.4.1.4. māC1īC3
On a relevé un exemple permettant d’illustrer ce schème à préfixe m- : ṣāyəԑ > māṣīԑ
« mauvais garçons ».
193
4. Les degrés de comparaison
On examinera le fonctionnement du comparatif et du superlatif pour les adjectifs, celui
du diminutif pour les adjectifs.
4.1.1.2
4.1.1.2. Les adjectifs en C1C2īC3[a(t)] et C1āC2īC3[a(t)]
Exemples : kbīr « grand, âgé » > əkbəṛ « plus grand, plus âgé », sārīԑ « rapide,
vite » > əsrəԑ « plus rapide, plus vite ».
194
4.1.1.3. L’adjectif
L’adjectif en C1C2ūC3[a(t)]
On n’a relevé qu’un seul exemple : sxūn « chaud » > əsxən « plus chaud ».
4.1.1.5
4.1.1.5. Les adjectifs de racine sourde
Exemples : mərr « amer » > əmərr « plus amer », xfīf « léger » > əxəff « plus
léger », bnīn « succulent » > əbənn « plus succulent », ḥāṛṛ « fort, épicé » > əḥəṛṛ
« plus fort, plus épicé ».
195
š-šənṭa mtāԑ-i əxəff mən mtāԑ-ək.
la-valise de-moi plus léger de de-toi
« Ma valise est plus légère que la tienne. »
196
4.1.1.8. Le changement lexical
On emploie parfois un comparatif qui a une racine différente de celle de l’adjectif. Il
s’agit en fait d’un archaïsme ; l’adjectif correspondant n’est plus utilisé. Exemples :
bāhi, mlīḥ « bien, bon » > əḥsən, xēṛ « mieux ».
197
4.2. Le superlatifs
Le superlatif s’exprime au moyen du schème de comparatif əC1C2əC3 employé comme
premier terme d’une annexion. On examinera également une construction au moyen de
l’exclamatif ma, suivi du schème de comparatif et d’un pronom suffixe.
4.2.1
4.2.1. Premier terme d’une annexion
Le comparatif est employé comme premier terme d’une annexion directe, dans une
construction au moyen de la préprosition fi « dans ». On lui annexe un deuxième
terme qui n’est pas déterminé.
On peut également lui annexer un nom pluriel déterminé au moyen de l’article əl-.
198
f-əġləb-lə-ḥyān āne nhərwəl.
dans-plupart-les-temps moi je fais du jogging
« La plupart du temps, je fais du jogging. »
ma əḥlā-ha !
quoi plus belle-elle
« Comme elle est belle ! »
« les diminutifs servent, en premier lieu, à désigner une taille inférieure pour
les substantifs ; mais, leur emploi ne se limite pas à cela, et touche en réalité à
la dimension modale. Surtout employés par les femmes ou les enfants petits, les
diminutifs doivent souvent s’analyser au niveau du discours : ton
condescendant, langage s’adressant aux petits enfants, évaluation péjorative de
la qualité pour les adjectifs, ou encore complicité, c’est, en fait, d’un type de
discours qu’il s’agit » (CAUBET 1993 I : 132) 22.
Dans cette étude, on traitera des schèmes de diminutifs de trilitères, ainsi que des
schèmes de diminutifs de quadrilitères. De plus, on étudiera quelques schèmes
‘irréguliers’. Enfin, on examinera les suffixes -əš et -ək.
22
Pour une étude des valeurs et des emplois du diminutif, voir Ph. MARÇAIS 1952 : 386-389.
199
diphtongue *ay. Ce schème est associé aux schèmes de singulier C1əC2C3, C1uC2C3,
C1əC2C3 et C1uC2C3. Ce schème de diminutif, très fréquent dans le parler arabe de
Tripoli, est caractéristique des parlers de type bédouin du Maghreb.
– C1əC2C3 > C1C2ēC3 : ḥəbl > ḥbēl « une petite corde », kəlb > klēb « un petit
chien », gəlb > glēb « un petit cœur », kənz > knēz « un petit trésor », zərf > zrēf
« un petite enveloppe », ṭəṛf > ṭṛēf « un petit morceau », kəfn > kfēn « un petit
linceul »,wəžh > wžēh « un petit visage », ḍəhṛ > ḍhēṛ « un petit dos », wəld >
wlēd « un petit garçon », ḥəlu > ḥlēw « un peu doux, sucré », fəlu > flēw « un petit
poney », žəru > žrēw « un petit chiot », ԑəbd > ԑbēd « Noir, Noirot ».
– C1uC2C3 > C1C2ēC3 : ṣubԑ > ṣbēԑ « un petit doigt », ṛuṭb > ṛṭēb « un peu mou »,
nuṣṣ ~ nufṣ > nfēṣ 23 « une petite moitié ».
– C1əC2C3 > C1C2ēC3 : ԑəšš > ԑšēš « un petit nid, un petit squat », žəww > žwēw
« un peu d’ambiance », ḍəww > ḍwēw « un peu de lumière », rəff > rfēf « une petite
étagère ».
– C1uC2C3 > C1C2ēC3 : ḍubb > ḍbēb « un petit lézard ». On a également relevé
l’exemple muxx > muxēx « cervelet » ; une voyelle ultra-brève de disjonction u sépare
C1 de C2.
– C1əC2C3 > C1C2ēC3a(t) : šəms > šmēsa « un peu de soleil », kəbd > kbēda « un
petit foie », wədn > wdēna « une petite oreille », bəṭn > bṭēna « un petit ventre »,
šəԑṛ > šԑēṛa « un peu de cheveux », ġəṛs > ġṛēsa « une petite plantation », ԑənz >
ԑnēza « une petite chèvre ».
– C1C2əC3 > C1C2ēC3a(t) : mṭəṛ > mṭēṛa « un peu de pluie, une petite pluie », dhəb >
dhēba « un peu d’or, un or de mauvaise qualité », lbən > lbēna « un peu de lait
fermenté », žbən > žbēna « un peu de fromage ».
23
/nfēṣ/ est articulé [mfeːs] et est surtout utilisé pour indiquer un demi-litre de būxa « eau de vie de
figues ».
200
– C1əC2C3a(t) > C1C2ēC3a(t) : wəṛga > wṛēga « une petite feuille », təmṛa > tmeṛa
« une petite datte », nəmla > nmēla « une petite fourmi », bəṣla > bṣēla « un petit
oignon », gəmla > gmēla « un petit poux », nəḥla > nḥēla « une petite abeille »,
bəgṛa > bgēṛa « une petite vache », zəhṛa > zhēṛa « une petite fleur », kərša > krēša
« un petit estomac », kəḥla > kḥēla « un peu noire », zəṛga > zṛēga « un peu bleue »,
ḥəmṛa > ḥmēṛa « un peu rouge ».
– C1uC2C3a(t) > C1C2ēC3a(t) : gubba > gbēba « une petite coupole », guffa > gfēfa
« un petit couffin », ḥukka > ḥkēka « une petite canette ».
ēyəC3 : gəfṣ > gfēyəṣ « une petite cage », kəbš > kbēyəš « un petit
– C1vC2C3 > C1C2ēyəC
bélier », žəḥš > žḥēyəš « un petit bardot », burž > brēyəž « une petite tour ».
ēyəC3 : ktāb > ktēyəb « un petit livre », bṣāt > bṣēyəṭ « un petit
– C1C2v̄C3 > C1C2ēyəC
tapis », ġzāl > ġzēyəl « une petite gazelle », kbīr > kbēyər « un peu grand », ṣġīr >
ṣġēyər « un peu petit », ytīm > ytēyəm « un petit orphelin », xrūf > xrēyəf « un petit
agneau », sxūn > sxēyən « un peu chaud ».
201
– C1C2ūC3 > C1C2ēyC3a(t) : ԑṛūs > ԑṛēysa « une petite fiancée », ԑzūz > ԑzēyza « une
petite vieille dame ».
a(t) > C1C2ēyC3a(t) : ršāda > ršēyda « une petite pierre », ḥmāma >
– C1C2v̄C3a(t)
ḥmēyma « une petite colombe », ṣġīra > ṣġēyra « toute petite », flūka > flēyka « une
petite barque », sxūna > sxēyna « un peu chaude », gṣīṛa > gṣēyṛa « un peu courte »,
ḥṣīṛa > ḥṣēyṛa « une petite natte », ytīma > ytēyma « une petite orpheline ».
202
4.3.2.1. C1C2ēC3əC4
Ce schème caractérisé par la présence de la voyelle longue /ē/ entre C2 et C3 et par une
voyelle brève entre C3 et C4 permet de former le diminutif des substantifs masculins
composés de quatre consonnes qui, au singulier, ne comportent pas de voyelle longue :
mənžəl > mnēžəl « une petite faucille », dəftər > dfētər « un petit cahier », ԑəgrəb >
ԑgērəb « un petit scorpion », təԑləb > tԑēləb « un petit renard », fundug > fnēdəg
« un petit hôtel ».
4.3.2.2. C1C2ēC3C4a(t)
Ce schème permet de former le diminutif des substantifs féminins à vocalisme bref :
bəndga > bnēdga « un petit fusil », səlsla > slēsla « une petite chaîne », fəstka >
fsētka « une petite pistache », fəlfla > flēfla « un petit piment », ṭunžṛa > ṭnēžṛa
« une petite marmite », mədrsa > mdērsa « une petite école », məktba > mkētba
« une petite bilbiothèque », məškla > mšēkla « un petit problème », mədrsa > mdērsa
« une petite école », məknsa > mkēnsa « un petit balai ».
4.3.2.3. C1C2ēC3īC4
Ce schème caractérisé par la présence d’une voyelle longue /ē/ entre C2 et C3 et par
une voyelle longue /ī/ entre C3 et C4 concerne les substantifs composés de quatre
consonnes qui, au singulier, comportent une voyelle longue entre C3 et C4 : šəxšīr >
šxēšīr « une petite chaussette », bərmīl > brēmīl « un petit tonneau », məskīn >
msēkīn « un pauvret », məftāḥ > mfētīḥ « une petite clé », dukkān > dkēkīn « une
petite boutique », bərrād > brērīd « une petite théière », məṣmāṛ > mṣēmīṛ « un petit
clou », fənžān > fnēžīn « une petite tasse », səllūm > slēlīm « une petite échelle »,
ṣəndūg > ṣnēdīg « une petite boîte », ԑəṣfūṛ > ԑṣēfīṛ « un oisillon », sərdūg > srēdīg
« un coquelet », gəṭṭūs > gṭēṭīs « un chaton ». Ce schème est caractéristique des
parlers de type bédouin au Maghreb et s’oppose au schème comportant une voyelle
brève entre C3 et C4 des parlers citadins et ruraux préhilaliens (Ph. MARÇAIS 1977 :
123).
4.3.2.4. C1C2ēC3īC4a(t)
Ce schème permet de former le diminutifs de substantifs féminins quadrilitères
comportant une voyelle longue entre C3 et C4 au singulier : bəṛṛāka > bṛēṛīka « petite
cabane, baraque », bəṭṭānīya > bṭēṭīna « petite couverture ».
203
4.3.2.5. C1wēC3əC4
Ce schème sert à former le diminutif de nominaux masculins comportant une voyelle
longue après C1 : rōšən >rwēšən « une petite fenêtre », māžən > mwēžən « une petite
citerne », xātəm > xwētəm « une petite bague ».
4.3.2.6. C1wēC3īC4
Ce schème sert à former le diminutif de nominaux masculins comportant une voyelle
longue après C1 et après C2 : kānūn > kwēnīn « un petit fourneau, une petite poêle »,
kāšīk > kwēšīk « une petite cuillère », māԑūn > mwēԑīn « un petit récipient »,
mīzān > mwēzīn « une petite balance », dūlāb > dwēlīb « une petite armoire ».
4.3.2.7
4.3.2.7. C1wēC3īC4a(t)
Ce schème sert à former le diminutif de nominaux féminins comportant une voyelle
longue après C1 et après C2 : ṭāḥūna > ṭwēḥīna « une petite meule, moulinette »,
ṣūnīya > ṣwēnīya « un petit plateau », zētūna > zwētīna « une petite olive ».
4.3.2.8
4.3.2.8. C1C2ēC3i
Ce shème est caractéristique des substantifs à finale -i : səbsi > sbēsi « une petite
cigarette », kursi > krēsi « une petite chaise ».
4.3.2.9. C1wēC3i
Ce shème est caractéristique des substantifs à finale -i et comportant une voyelle
longue entre C1 et C2 au singulier : kūti > kwēti « un petit paquet, étui à cigarettes »,
ḥōli > ḥwēli « un petit haïk ».
4.3.3.1. īC1ēC2əC3
Ce schème caractérisé par la présence d’une voyelle longue /ī/ avant C1 et d’une
voyelle longue /ē/ entre C1 et C2 permet de former le diminutif des adjectifs de
couleur.
– Noms de couleur : əḥməṛ > īḥēməṛ « un peu rouge », əṣfəṛ > īṣēfəṛ « un peu
jaune », əsməṛ > īsēməṛ « un peu brun » ; seuls ces trois diminutifs de noms de
couleurs sont employés.
204
4.3.3.2. Les noms de parenté
Certains noms de parenté forment leur diminutif sur des schèmes particuliers. Tous ces
schèmes sont caractérisés par la présence d’une voyelle longue /ē/ : bənt > bnēya
« une petite fille », umm > ṃṃēma « une petite maman, une grand-mère », xu >
uxēy « un petit frère », uxt > uxēya « une petite sœur ». Le diminutif de père est
caractérisé par la gémination et l’emphatisation de la consonne labiale initiale : bu >
ḅḅēy « un petit père ». Cette gémination et cette emphatisation est liée au phénomène
de labviovélarisation et à son évolution dans le parler arabe de Tripoli 24.
24
A ce sujet, voir 1.3. Vélarisation des labiales, dans la partie consacrée à la phonologie.
25
Philippe MARÇAIS a relevé le suffixe -əš dans les parlers montagnards du Constantinois (Djidjelli), de
l’Oranie (Nedroma) et du Maroc (Ph. MARÇAIS 1977 : 114).
205
5. Les noms de nombre
Les cardinaux à l’état absolu et à l’état construit, les ordinaux et les différents emplois
des noms de nombres seront ici étudiés.
5.1.
5.1. Les cardinaux
Les noms de nombre ont une forme différente selon qu’ils sont employés à l’état
absolu ou à l’état construit.
5.1.1.
5.1.1. L’état absolu
On traitera des cardinaux de un à dix, puis de onze à dix-neuf. Ensuite, on étudiera les
dizaines, les centaines, les milliers et, enfin, les millions et les milliards.
5.1.1.1.
5.1.1.1. Les nombres de 1 à 10
1 wāḥəd
2 zōz ~ tnēn ~ tnīn
3 tlāta
4 əṛbԑa
5 xəmsa
6 sətta
7 səbԑa
8 tmānya
9 təsԑa
10 ԑəšṛa
5.1.1.2.
5.1.1.2. Les nombres de 11 à 19
Les noms de nombre cardinaux de onze à dix-neuf ont une forme particulière. Les
formes actuelles, qu’on trouve dans le parler arabe de Tripoli et dans les parlers arabes
de type maghrébin, sont le résultat d’une contraction des noms d’unités suivis du nom
de la dizaine ԑəšṛ, qu’on trouve sous la forme réduite -āš, si on les compare avec
l’arabe classique. De plus, les noms de nombre sont emphatisés 26.
11 ḥḍāš
12 ṭnāš
13 tluṭṭāš
26
L’origine de ces formes de onze à dix-neuf est traité dans le paragraphe consacré à l’état construit des
noms de nombre.
206
14 əṛbəԑṭāš
15 xəmsṭāš
16 suṭṭāš
17 səbԑṭāš
18 tumnṭāš
19 təsԑṭāš
5.1.1.3
5.1.1.3.
1.1.3. Les dizaines
Le suffixe -īn sert à former tous les noms des dizaines. Les unités précèdent les
dizaines et les noms de nombre composés se forment à l’aide de la conjonction de
coordination u ~ w « et » qui se place entre l’unité et la dizaine.
20 ԑəšrīn
21 wāḥəd u ԑəšrīn
22 tnīn u ԑəšrīn 27
23 tlāta u ԑəšrīn
24 əṛbԑa u ԑəšrīn
25 xəmsa u ԑəšrīn
26 sətta u ԑəšrīn
27 səbԑa u ԑəšrīn
28 tmānya u ԑəšrīn
29 təsԑa u ԑəšrīn
30 tlātīn
40 əṛbԑīn
50 xəmsīn
60 səttīn
70 səbԑīn
80 tmānīn
90 təsԑīn
5.1.1.4.
5.1.1.4. Les centaines
Les centaines précèdent les unités et les dizaines. Les noms composés se forment à
l’aide de la conjonction de coordination u ~ w « et », qui se place entre la centaine et
l’unité, puis entre l’unité et la dizaine.
27
On n’emploie jamais zōz « deux » dans les noms de nombre composés.
207
100 mīya
101 mīya u wāḥəd
102 mīya u tnīn
115 mīya u xəmsṭāš
176 mīya u sətta u səbԑīn
Pour dire deux cents, on emploie une forme au duel ; le morphème de duel étant -ēn.
On note la réapparition du t final de mīya(t) devant un suffixe.
200 mīytēn
Les noms de centaines de trois cents à neuf cents se forment comme les noms à l’état
construit (cf. 5.1.2.3.).
300 təlt-mīya
400 əṛbəԑ-mīya
500 xəms-mīya
600 sətt-mīya
700 səbԑ-mīya
800 təmn-mīya
900 təsԑ-mīya
5.1.1.5.
5.1.1.5. Les milliers
Les milliers précèdent les centaines, les unités et les dizaines. Les noms composés se
forment à l’aide de la conjonction de coordination u ~ w « et », qui relie tous les
éléments.
2 000 ālfēn
208
Les noms de milliers à partir de trois mille se forment également comme les noms à
l’état construit (cf. 5.1.2.3.) ; entre trois mille et dix mille, on emploie la forme ālāf
« milliers » au pluriel.
28
3 000 təlt-ālāf ~ tlāt-ālāf
4 000 əṛbԑ-ālāf
5 000 xəms-ālāf
6 000 sətt-ālāf
7 000 səbԑ-ālāf
8 000 təmn-ālāf
9 000 təsԑ-ālāf
10 000 ԑəšr-ālāf
10 564 ԑəšr-ālāf u xəms-mīya w əṛbԑa u səttīn
11 000 ḥḍāšəl-ālf
12 000 ṭnāšəl-ālf
13 000 ṭluṭṭāšəl-ālf
14 000 əṛbəԑṭāšəl-ālf
15 000 xəmsṭāšəl-ālf
16 000 suṭṭāšəl-ālf
17 000 səbԑṭāšəl-ālf
18 000 ṭumnṭāšəl-ālf
19 000 təsԑṭāšəl-ālf
A partir de cent mille, le nom de nombre est un nom composé à l’état construit. On
emploie la forme mīyt- « cent » ; on voit réapparaître le t final de mīya(t).
28
On trouve la forme tlāt- dans le parler arabe de Benghazi (PANETTA 1943 : 165) et dans le parler
arabe des Juifs de Tunis (COHEN 1975 : 229).
209
856 701 təmn-mīya u sətta u xəmsīn ālf u səbԑ-mīya u wāḥəd
5.1.1.6.
5.1.1.6. Les millions
Lorsqu’on compte, les millions précèdent les milliers, les centaines, les unités et les
dizaines. Les noms composés se forment à l’aide de la conjonction de coordination u ~
w « et », qui relie tous les éléments. On se sert de l’emprunt məlyōn dont le pluriel est
mlāyīn.
Mais on peut également employer une construction au moyen du numéral zōz « deux »
ou tnīn « deux ».
Lorsqu’on compte deux millions, on peut accorder məlyōn au pluriel, uniquement dans
la construction au moyen du numéral zōz.
zōz mlāyīn
On peut ainsi compter, par exemple, deux millions cinq cent mille, de quatre façons
différentes.
Les noms de millions de trois à dix millions se forment comme les noms à l’état
construit (cf. 5.1.2.3.). On peut compter les millions de trois à dix de trois façons
différentes. Dans la construction avec les noms de nombre à l’état absolu, l’accord se
fait soit au singulier (məlyōn), soit au pluriel (mlāyīn) :
210
3 000 000 tlāta məlyōn tlāta mlāyīn
4 000 000 əṛbԑa məlyōn əṛbԑa mlāyīn
5 000 000 xəmsa məlyōn xəmsa mlāyīn
6 000 000 sətta məlyōn sətta mlāyīn
7 000 000 səbԑa məlyōn səbԑa mlāyīn
8 000 000 tmānya məlyōn tmānya mlāyīn
9 000 000 təsԑa məlyōn təsԑa mlāyīn
10 000 000 ԑəšṛa məlyōn ԑəšṛa mlāyīn
Dans la construction avec les formes réduites, l’accord se fait au pluriel (mlāyīn).
On peut ainsi compter, par exemple, quatre millions deux cent soixante-quinze mille
cent quatre-vingt-dix-huit, de trois façons différentes
Pour compter de onze millions à dix-neuf millions, on emploie les formes des dizaines
qui sont employées à l’état construit (cf. 5.1.2.4.). On emploie la forme məlyōn au
singulier.
211
13 000 000 ṭluṭṭāšəl-məlyōn
14 000 000 əṛbəԑṭāšəl-məlyōn
15 000 000 xəmsṭāšəl-məlyōn
16 000 000 suṭṭāšəl-məlyōn
17 000 000 səbԑṭāšəl-məlyōn
18 000 000 ṭumnṭāšəl-məlyōn
19 000 000 təsԑṭāšəl-məlyōn
Lorsqu’on compte les centaines de millions, les noms de nombres sont des noms
composés à l’état construit (cf. 5.1.2.6.).
5.1.1.7.
5.1.1.7. Les milliards
Comme pour les millions, pour compter les milliards, on utilise aussi une construction
synthétique. On se sert également d’un terme emprunté : məlyāṛ, dont le pluriel est
məlyāṛāt.
212
Mais on peut aussi employer la construction au moyen de zōz ou tnīn « deux », suivi
du nom de nombre au singulier.
zōz məlyāṛāt
Il existe, dans le parler arabe de Tripoli, quatre manières de compter, par exemple,
deux milliards cinq cent mille.
Pour compter de onze milliards à dix-neuf milliards, on peut aussi employer les formes
des dizaines qui sont utilisées à l’état construit (cf. 5.1.2.4.).
29
On ne dit pas *tnīn məlyāüāt.
213
11 000 000 000 ḥḍāšəl-məlyāṛ
15 000 000 000 xəmsṭāšəl-məlyāṛ
5.1.2.
5.1.2. L’état construit
A l’état construit, il n’y a qu’une seule possibilité : le nom compté suit directement le
nom de nombre, dans une construction synthétique. On étudiera, dans un premier
temps, le nombre un, puis le nombre deux, la construction de trois à dix et la
construction de onze à vingt. Ensuite, on traitera de la construction à partir de vingt
jusqu’aux centaines, puis les milliers, les millions et les milliards.
5.1.2.1.
5.1.2.1. Le nombre 1
Un se construit avec une marque Ø ; on emploie le mot compté seul.
1 Ø ktāb « un livre »
Ø šīša « une bouteille »
Pour insister sur l’unicité, on place le numéral wāḥəd « un » ou wāḥda « une », qu’on
accorde en genre, juste après le nom compté.
5.1.2.2.
5.1.2.2. Le nombre 2
Pour compter deux choses, on peut soit employer le duel, soit utiliser le nom de
nombre zōz « deux » à l’état absolu suivi de l’objet compté au pluriel.
5.1.2.2.1. Le duel
Le duel se construit en suffixant le morphème -ēn au nom.
214
ḥōšēn « deux maisons » (< ḥōš)
məftāḥēn « deux clés » (< məftāḥ)
bəntēn « deux filles » (< bənt)
Lorsqu’on suffixe le morphème de duel -ēn, suffixe à initiale vocalique, à des noms
qui se terminent par le suffixe -a(t), on note la réapparition du -t du suffixe -a(t).
Les termes empruntés au turc, à l’italien et même plus récemment à l’anglais peuvent
revêtir la forme du duel.
Par ailleurs, certains termes ne peuvent pas être employés au duel, notamment les
substantifs qui se terminent déjà par un suffixe. Cela concerne, par exemple, tous les
noms qui se terminent par le suffixe -ži ~ -ği, emprunté au turc (< -çe), servant à
former des noms de métiers ou d’occupation.
30
On n’emploie jamais tnēn ~ tnīn à l’état construit.
215
zōz ṛōkāğīya « deux rockeurs »
zōz būxāğīya « deux buveurs d’eau de vie de figues »
5.1.2.3.
5.1.2.3. Les nombres de 3 à 10
Lorsqu’on compte un objet de trois à dix, les noms de nombre à l’état construit
peuvent être utilisés sous deux formes différentes : une forme identique à celle des
noms de nombre à l’état absolu, ou bien sous une autre forme, où il y a réduction
vocalique, puis permutation de la voyelle, pour des raisons de structure syllabique (il
s’agit des formes utilisées dans la construction des centaines [cf. 5.1.1.4.], des milliers
[cf. 5.1.1.5.], des millions [5.1.1.6.]). Dans la construction de trois à dix, on appose le
nom compté au nom de nombre et l’objet compté est au pluriel.
A l’état construit, lorsqu’on emploie un nom de nombre composé qui se termine par
une unité comprise entre deux et dix, on accorde toujours la notion comptée au pluriel,
en suivant les règles d’accord étudiées ici ; c’est-à-dire qu’on accorde toujours l’objet
compté avec le dernier élément qui compose le nom de nombre.
5.1.2.4.
5.1.2.4. Les nombres de 11 à 20
Les noms de nombre de onze à dix-neuf prennent, à l’état construit, une forme
particulière, produit de la réunion et d’une contraction des noms d’unité et de ԑašara
« dix » (D. COHEN 1975 : 231). On comparera les formes de l’arabe de Tripoli actuel
avec celle de l’arabe littéral, variété d’arabe plus archaïque, qui permet une
comparaison diachronique 31.
31
On emprunte ici largement aux commentaires de Dominique CAUBET pour l’arabe marocain
(CAUBET 1993 I : 151).
216
ŧalāŧatu rağulin « trois hommes »
ث
ت ŧalāŧu binātin « trois filles »
En arabe littéral, les noms de nombre de onze à dix-neuf sont des noms composés,
dont la deuxième partie s’accorde en genre avec le substantif quantifié, alors que la
première partie est au genre opposé. La forme réservée aux substantifs masculins est
donc composée d’une première partie au féminin et d’une deuxième au masculin.
La forme réservée aux substantifs féminins est composée d’une première partie au
masculin et d’une deuxième au féminin.
ث ة ŧalaŧa ԑašaratan bintan « treize filles »
L’état absolu du parler arabe de Tripoli actuel procèderait d’une contraction à partir de
la forme de l’état construit réservée aux substantifs masculins. Par exemple :
A Tripoli, à l’état construit, le r réapparaîtrait sous la forme d’une autre liquide : l 32.
La liquide l se comporte comme l’article l- : lorsque l’objet compté commence par une
32
Dans d’autres parlers arabes de type maghrébin, elle réapparaît sous la forme d’une liquide n ou r. A
ce sujet, Ph. MARÇAIS a écrit : « Lorsque l’annexion est directe, le nom de la notion comptée est au
singulier, et un élément de liaison (sans doute vestige du r de ԑăšăr) unit le numéral au nom qui le suit.
Cet élément de liaison est
217
consonne solaire, la liquide l est assimilée par cette dernière ; lorsque l’objet compté
commence par une consonne suivie d’une voyelle, on place un ə avant la liquide : əl- ;
lorsque l’objet compté commence par un groupe de deux consonnes, un ə est placé
entre la liquide et le groupe de consonnes : lə-.
On inclue le nom de nombre vingt dans cette liste, car il y a une hésitation sur sa
construction. Il peut se comporter comme les dizaines de onze à dix-neuf : par
analogie avec la construction qui concerne les noms de nombre de onze à dix-neuf, on
insère l’élément -(ə)l- entre vingt et la notion comptée 33.
- ən dans la plupart des parlers algériens, citadins, ruraux et bédouins, et dans les parlers
tunisiens et, partiellement, libyens (au Fezzan) : ḥdāš-ən-bəqüa "onze vaches", ŧləṭṭāš-ən-məṛṛa
"treize fois" ;
- əl dans les villes marocaines, en Oranie (Tlemcen et Nédroma) et en Tripolitaine : °nāš-əl-ԑām
"douze ans", sə°°āš-əl-kās "seize verres" ;
- ər dans le Sud marocain, le Sud oranais, la région du Nord de Taza (au Maroc) et en
Cyrénaïque : ăübăԑ°āš-ər-yūm "quatorze jours", sbăԑ°āš-ər-jməl "dix-sept chameaux" ;
et l’on constate, ici et là, qu’il y a des cas d’assimilation de cet élément de liaison à la première radicale
du mot (notamment quand cet élément est əl-, identique à l’article défini) : ŧmən°āԑəš-əü-üājəl "dix-huit
hommes", °nāš-əs-sbūla "douze épis" » (Ph. MARÇAIS 1977 : 178).
33
Pour l’arabe marocain Dominique CAUBET a également relevé une hésitation sur la construction avec
le nombre 20, mais d’un autre ordre. En effet, au Maroc, on peut employer ԑəšrīn dans une construction
analytique : ԑəšrīn d-əl-ktūb et dans une construction synthétique ԑəšrīn ktāb « vingt livres » ; la
construction par simple juxtaposition du nom de nombre avec la notion comptée au singulier n’est
effective qu’à partir du nombre 21 (CAUBET 1993 I : 152-153).
218
ԑəšrīn-əs-səyyāṛa « vingt voitures »
5.1.2.5.
5.1.2.5. Les nombres de 20 à 99
Les substantifs quantifiés sont à l’état construit et au singulier. On appose le nom de la
notion comptée au singulier au nom de nombre.
5.1.2.6.
5.1.2.6. Les nombres de 100 à 999
A l’état construit, la forme féminine mīya(t) revêt la forme mīyt-, où le -t apparaît en
cas de liaison, dans une construction synthétique, où on appose le nom de la notion
comptée au nom de nombre.
Lorsque le nom de nombre se termine par un nombre compris entre deux et dix, alors
on accorde la notion comptée au pluriel comme cela a été examiné en 1.2.3.
219
103 mīya u tlāta ṭwāûi « cent trois verres »
mīya u təlt-ṭwāûi « cent trois verres »
107 mīya u səbԑa klāb « cent sept chiens »
mīya u səbԑ-klāb
Lorsque le nom de nombre se termine par une dizaine comprise entre onze et dix-neuf,
on emploie les formes particulières que prennent ces dizaines à l’état construit, tel que
cela a été étudié en 1.2.4. A partir de onze, l’objet compté s’accorde au singulier.
A partir de trois cents, les noms de nombre eux-mêmes sont des noms composés, à
l’état construit.
5.1.2.7.
5.1.2.7. Les milliers
A l’état construit, on juxtapose le nom de nombre et le nom de la notion comptée au
singulier. Lorsqu’on compte les milliers de deux à vingt, on accorde comme si on
comptait des unités ou des dizaines, tel que cela a été étudié précédemment.
Lorsque le nom de nombre se termine par un nombre compris entre deux et dix, alors
on accorde l’objet compté au pluriel, comme cela a été étudié en 1.2.3.
220
1003 ālf u tlāta ktābāt « mille trois livres »
ālf u təlt-ktābāt « mille trois livres »
1 007 ālf u səbԑa īyām « mille sept jours »
ālf u səbԑ-īyām « mille sept jours »
1010 ālf u ԑəšṛa ktābāt « mille dix livres »
ālf u ԑəšəṛ-ktābāt « mille dix livres »
Lorsque le nom de nombre se termine par une dizaine comprise entre onze et dix-neuf,
on emploie les formes particulières que prennent ces dizaines à l’état construit, tel que
cela a été étudié en 1.2.4. A partir de onze, l’objet compté s’accorde au singulier.
A partir de trois mille, les noms de milliers sont aussi des noms composés qui se
forment à l’état construit. Entre trois mille et dix mille, on emploie la forme ālāf
« milliers » au pluriel.
221
100 004 mīyt-ālf w əṛbəԑ-snīn « cent mille quatre ans »
mīyt-ālf u əṛbԑa snīn « cent mille quatre ans »
200 000 mīytēn ālf ԑām « deux cent mille ans »
300 000 təlt-mīyt-ālf ԑām « trois cent mille ans »
5.1.2.8.
5.1.2.8. Les millions
A l’état construit, on juxtapose le nom de nombre et l’objet compté.
On peut également employer les formes construites au moyen de zōz ou tnīn « deux »,
suivis du nom de nombre, puis de la notion comptée au pluriel.
A l’état construit, on n’emploie pas la forme au pluriel zōz mlāyīn employée à l’état
absolu.
Lorsqu’on compte les millions de trois à dix, les noms de nombre sont des noms
composés à l’état construit, tel que cela a été étudié pour l’état absolu, suivis de la
notion comptée au singulier.
222
ԑəšṛa mlāyīn žni « dix millions de Dinars »
ԑəšṛ-mlāyīn žni « dix millions de Dinars »
Lorsqu’on compte les millions de onze à dix-neuf, on emploie les noms de nombre
composés à l’état construit.
Si le nom de nombre utilisé se termine par un nombre compris entre deux et dix, alors
on accorde l’objet compté au pluriel, en suivant les règles d’accord étudiées avec les
noms de nombre compris entre deux et dix (cf. 5.1.2.3.).
Si ce nombre se termine par une dizaine comprise entre onze et vingt, alors, on
emploiera cette dizaine à l’état construit, avec les formes particulières, tel que cela a
été étudié en 1.2.4., suivi de la notion comptée au singulier.
223
Si le nom de nombre se termine par un nombre à partir de vingt, alors on juxtapose les
noms de nombre, en respectant l’ordre millions, milliers, centaines, unités, dizaines,
suivi de la notion comptée au singulier.
5.1.2.9.
5.1.2.9. Les
Les milliards
A l’état construit, on juxtapose le nom de nombre et la chose comptée.
A l’état construit, on n’emploie pas le pluriel məlyāṛāt employé à la forme absolue zōz
məlyāṛāt « deux milliards ».
A partir de trois milliards, on peut employer toutes les formes étudiées à l’état absolu,
suivies de la notion comptée au singulier, à condition qu’il ne s’agisse pas d’un nom
de nombre qui se termine par un nombre compris entre deux et dix.
224
8 563 500 712 tmānya məlyāṛ u xəms-mya u tlāta u səttīn məlyōn u
xəms-mīyt-ālf u səbԑ-mīya u ṭùāšəl-ktāb
« huit milliards cinq cent soixante-trois millions cinq
cent mille sept cent douze livres »
Si le nom de nombre utilisé se termine par un nombre compris entre deux et dix, alors
on accordera l’objet compté au pluriel, en suivant les règles d’accord étudiées avec les
noms de nombre compris entre deux et dix (cf. 5.1.2.3. et 5.1.2.4.).
3 000 000 002 tlāta məlyāṛ u zōz ktābāt « trois milliards deux livres »
Si ce nombre se termine par une dizaine comprise entre onze et vingt, alors, on
emploiera cette dizaine à l’état construit, avec les formes particulières, tel que cela a
été étudié en 1.2.4.
5.2.
5.2. Les ordinaux
Ce sont des adjectifs. Lorsqu’ils sont épithètes, ils sont placés après les substantifs et
ils s’accordent en genre, en nombre et en détermination avec le substantif qu’ils
qualifient.
225
l-yōm əl-ūwəl
le-jour le-premier
« Le premier jour »
s-sne t-tānya
l’-année la-deuxième
« La deuxième année »
š-šhūṛ əl-əwlīn
les-mois les-premiers
« Les premiers mois ».
l-məṛṛāt ət-tāltāt
les-fois les-troisièmes
« Les troisièmes fois »
5.2.1.
5.2.1. Les ordinaux de 1 à 11
Les adjectifs ordinaux de un à onze sont construits sur la même racine que les
cardinaux, sur le schème C1āC2əC3, à l’exception de « premier », « première »,
« premiers » et « premières » qui sont de racine √’wl, alors que le cardinal wāḥəd
« un » est de racine √’ḥd. De plus, ces derniers se construisent sur un schème différent.
Aussi, « sixième » et « sixièmes » sont formés sur la racine √sds et non pas sur la
racine √stt 34.
34
Dans de nombreux parlers arabes, on trouve la forme sātət de racine √stt ; elle n’est pas inconnue à
Tripoli, mais elle n’est pas employée dans le parler actuel.
226
Singulier Pluriel
Ordinal Masculin Féminin Masculin Féminin
1er əl-əwwəl ~ əl-ūwəl əl-əwla ~ əl-ūla əl-əwlīn ~ əl-ūlīn əl-əwlāt ~ əl-ūlāt
e
2 ət-tāni ət-tānya ət-tānyīn ət-tānyāt
e
3 ət-tālət ət-tālta ət-tāltīn ət-tāltāt
4e əṛ-ṛābəԑ əṛ-ṛābԑa əṛ-ṛābԑīn əṛ-ṛābԑāt
5e əl-xāməs əl-xāmsa əl-xāmsīn əl-xāmsāt
e
6 əs-sādəs əs-sādsa əs-sādsīn əs-sādsāt
7e əs-sābəԑ əs-sābԑa əs-sābԑīn əs-sābԑāt
8e ət-tāmən ət-tāmna ət-tāmnīn ət-tāmnāt
e
9 ət-tāsəԑ ət-tāsԑa ət-tāsԑīn ət-tāsԑāt
e
10 əl-ԑāšər əl-ԑāšra əl-ԑāšrīn əl-ԑāšrāt
11e əl-ḥāḍəš ~ lə-ḥḍāš əl-ḥāḍša əl-ḥāḍšīn əl-ḥāḍšāt
5.2.2.
5.2.2. Les ordinaux à partir de 11
A partir de onze, les ordinaux ne se construisent pas sur un schème spécifique ; on
emploie le cardinal déterminé au moyen de l’article l-.
11e lə-ḥḍāš
12e ṭ-ṭnāš
e
13 t-tluṭṭāš
e
20 l-ԑəšrīn
21e l-wāḥəd u ԑəšrīn
e
99 t-təsԑa u təsԑīn
100e l-mīya
e
165 l-mīya u xəmsa u səttīn
e
300 t-təlt-mīya
1000e l-āləf
Les ordinaux sont généralement employés comme épithètes, mais on peut également
les trouver comme attributs.
227
žāb ət-tāni f-əl-’imtiḥān.
il a répondu le-deuxième dans-l’-examen
« Il a été classé deuxième à l’examen. »
že t-tālət f-əl-ləԑba.
il est venu le-troisième dans-le-jeu
« Il a été classé troisième au jeu ».
5.3.
5.3. Les fractions
Les trois fractions les plus employées sont la moitié, le tiers, le quart et leurs
composés.
1/2 nuûû
1/3 təlt
1/4 ṛubԑ
2/3 təltēn
3/4 təlt-ṛbāԑ
nuûû-xubza
demi-pain
« un demi pain »
təlt-sāԑa
tiers-heure
« vingt minutes »
ṛubԑ-sāԑa
quart-heure
« un quart d’heure »
228
1/5 xums
1/6 suds
1/7 subԑ
1/8 tumn
1/9 tusԑ
1/10 ԑušṛ
5.4.
5.4. Les pourcentages
Les pourcentages s’expriment au moyen de la formule f-əl-mīya.
50 % xəmsīn f-əl-mīya
cinquante dans-le-cent
« Cinquante pour cent »
80 % tmānīn f-əl-mīya
quatre-vingt dans-le-cent
« Quatre-vingt pour cent »
3‰ tlāta m-əl-āləf
trois de-le-mille
« Trois pour mille »
229
5.5.
5.5. L’heure
Pour demander l’heure, on pose la question suivante :
gəddāš əs-sāԑa ?
combien l’-heure
« Quelle heure est-il ? »
s-sāԑa gəddāš ?
l’-heure combien
« Quelle heure est-il ? »
Pour répondre, on peut dire l’heure en débutant l’énoncé par s-sāԑa « l’heure », dans
un énoncé nominal, suivi des cardinaux, sans l’article l-.
s-sāԑa ṭnāš.
l’-heure douze
« Il est midi (ou minuit). »
Mais on peut également dire l’heure directement, sans employer s-sāԑa « l’heure ».
wāḥəd u xəmsa.
une et cinq
« Une heure cinq. »
Pour dire les heures pleines, on emploie le cardinal correspondant, de un à douze, i.e.
de wāḥəd à ṭnāš.
230
01h05 s-sāԑa wāḥəd u xəmsa
(l’-heure une et cinq)
s-sāԑa wāḥəd u xəms-dgāyəg
(l’-heure un et cinq-minutes)
A partir de la minute quarante, on soustrait les minutes à l’heure qui suit. Lorsqu’on
soustrait les minutes, on emploie les prépositions əlla ou ġēṛ « moins ».
231
08h40 s-sāԑa təsԑa əlla (~ ġēr) təlt
(l’-heure neuf moins tiers)
s-sāԑa tmānya w əṛbԑīn dgīga
(l’-heure neuf et quarante minute)
5.6.
5.6. Les jours de la semaine
En arabe de Tripoli, les jours de la semaine s’expriment, dans une construction
synthétique, au moyen du substantif yōm « jour » : yōm-əl- « le jour de… ». De plus,
les jours de la semaine ont presque tous (à l’exception de vendredi), une racine d’ordre
numéral ; le premier correspond au dimanche.
Dimanche yōm-l-əḥədd
Lundi yōm-ət-tnīn
Mardi yōm-ət-tlāt
Mercredi yōm-l-əṛbəԑ
Jeudi yōm-lə-xmīs
Vendredi yōm-əž-žumԑa
Samedi yōm-əs-səbt
5.7.
5.7. Datation
Pour demander la date, on pose la question suivante :
232
əl-yōm šīni ?
le-jour quoi
« C’est quel jour aujourd’hui ? / Quel jour sommes-nous ? »
A titre indicatif, voici la liste des mois de l’année, tels qu’ils sont employés dans le
parler arabe de Tripoli.
Janvier yānāyər
Février fəbṛāyər
Mars māṛəs
Avril ābrīl
Mai úāyu
Juin yūnyu
Juillet yūlyu
Août āġōûṭuû
Septembre səptāmbər
Octobre ōktōbər
Novembre nōvāmbər
Décembre dīsāmbər
Janvier wāḥəd
Février tnīn
Mars tlāta
Avril əṛbԑa
Mai xəmsa
Juin sətta
Juillet səbԑa
Août tmānya
Septembre təsԑa
Octobre ԑəšṛa
233
Novembre ḥḍāš
Décembre ṭnāš
Le gouvernement libyen a, par ailleurs, introduit, dans les années 1980, une nouvelle
série de mois de l’année, qui sont notamment employés dans les documents officiels
libyens et dans la presse libyenne.
234
PRONOMS PERSONNELS
1
Ce n’est pas le cas dans d’autres parlers arabe de Libye, notamment en Cyrénaïque et au Fezzân. En
Cyrénaïque, on trouve les formes ’intu « vous (masc.) » et ’intan « vous (fém.) », puis les formes hum
« eux » et hin « elles » (OWENS 1984 : 91). Ester PANETTA a relevé les formes suivantes dans le parler
arabe de Benghazi : éntu, éntum « vous (masc.) » et éntan « vous (fém.) », ainsi que humma, hum « eux »
et hénna, hen « elles » (PANETTA 1943 : 123). Au Fezzân, on distingue ¡ntŭm « vous (masc.) » de ¡ntĕn
« vous (fém.) » et h“m, h“mma « eux » de h¡n, h¡nna « elles » (Ph. MARÇAIS 2001 : 173-175). On
observe également cette distinction de genre dans les parlers du Sud tunisien : ntum, ántom « vous
(masc.) », nten, ánten « vous (fém.) » (BORIS 1958 : 15).
2
Dans la théorie de l’énonciation élaborée par Antoine CULIOLI, plutôt que d’utiliser les termes trop
chargés sémantiquement de sujet, complément d’objet, complément d’attribution, etc., on n’indique que
le positionnement de surface des termes ; on les appelle complément de rang 0 (C0), complément de rang
1 (C1) et complément de rang 2 (C2), etc. A ce sujet, voir CULIOLI 1976 : 94-100 et CAUBET 1993 II : 2.
235
āne wīyā-k « toi et moi »
āne wīyā-h « lui et moi »
āne wīyā-ha « elle et moi »
āne wīyā-kum « vous et moi »
āne wīyā-hum « eux et moi »
On distinguera les pronoms suffixés aux verbes, aux substantifs, aux prépositions, aux
différentes particules et les pronoms suffixés aux morphèmes de négation.
Les pronoms suffixés aux verbes ont deux types d’emplois. Ils ont une fonction
déictique lorsqu’ils font référence à des individus ou à des objets :
îəübāt-əh.
elle a frappé-le
« Elle l’a frappé. »
žāb-hum.
il a apporté-les
« Il les a apportés. »
3
En Cyrénaïque, on trouve la distinction de genre à la deuxième et à la troisième personne du pluriel.
Ester PANETTA (1943 : 125) a relevé les suffixes suivants à Benghazi : kam (2e masc.), kan (2e fém.), hum
(3e masc.) et hen (3e fém.) ; Jonathan OWENS (1984 : 92) a noté les formes –kam (2e masc.), -kan (2e
fém.), -hum (3e masc.), -hin (3e fém.).
236
Ils peuvent avoir une fonction anaphorique :
nəbbī-h yži.
je veux-le il vient
« Je veux qu’il vienne. »
xəft-a y°īô.
j’ai eu peur-lui il tombe
« J’ai eu peur qu’il tombe. »
237
SG. 3.f. nsēt-ha « je l’ai oubliée, tu l’as oubliée »
PL. 2. nsēt-kum « je vous ai oublié(e)s »
3. nsēt-hum « je les ai oublié(e)s, tu les as oublié(e)s »
SG. 2. -ək
3.m. -a, -əh
îərb-a u mše.
il a frappé-le et il est parti
« Il l’a frappé et est parti. »
wəllēt u lgēt-əh.
je suis revenu et j’ai trouvé-le
« Je suis revenu et je l’ai trouvé. »
238
əl-xāl fi xēü lēn yukbuü l-a wəld-uxt-əh.
l’-oncle dans bien jusqu’à ce que il grandis pour-lui fils-sœur-sa
« L’oncle va bien tant que ne grandis pas son neveux. »
Lorsque la forme verbale se termine par une voyelle, tous les pronoms suffixes sont à la
forme consonantique. On trouve les formes suivantes :
4
Pour des raisons de structure syllabique, lorsqu’on suffixe un pronom vocalique à un verbe à la
troisième personne du féminin de la conjugaison suffixale, la voyelle de l’indice de personne -ət est
allongée : -āt. En effet, suite à l’adjonction du suffixe, la voyelle brève de l’indice de personne est placée
en syllabe ouverte non accentuée : îəübət + ək > *îəü–bə–tək > îəübāt-ək « elle t’a frappé(e) ». Dans le
parler arabe de Tripoli, on allonge la voyelle dans le but de la conserver à cette place.
239
SG. 2. -ək > -k
3. -a, -əh > -h
Systématiquement, les voyelles finales des verbes sont allongées, lorsqu’on suffixe un
pronom.
5
Lorsqu’on suffixe le pronom de troisième personne du masculin -h à un verbe qui se termine par une
voyelle et qui est entouré du morphème discontinu de négation mā…š, le -h est assimilé par le /š/ du
morphème : *mā-nsū-h-š > mā-nsū-š-ši
ne-ils ont oublié-le-pas
« Ils ne l’ont pas oublié. »
La deuxième partie du morphème de négation est d’ailleurs toujours sous la forme ši, dans ces cas-là.
240
SG. 2. îüəbnā-k « nous t’avons frappé(e) »
3.m. îüəbnā-h « nous l’avons frappé »
3.f. îüəbnā-ha « nous l’avons frappée »
PL. 2. îüəbnā-kum « nous vous avons frappé(e)s »
3. îüəbnā-hum « nous les avons frappé(e)s »
ε°ā-hu l-i.
il a donné-le à-moi
« Il me l’a donné. »
gāl-hu l-ək.
il a dit-le à-toi
« Il te l’a dit. »
°ləb-hu mənn-hum.
il a demandé-le de-eux
« Il le leur a demandé. »
241
2.2. Les pronoms suffixés aux substantifs
Lorsqu’ils sont utilisés avec les substantifs, les pronoms suffixes marquent la
possession. La possession peut également être marquée avec la préposition mtāε « de »,
bien que cette tournure soit moins employée (cf. 2.4.2.b.). Les pronoms suffixés aux
substantifs sont semblables à ceux des verbes, à l’exception de la première personne du
singulier ; on ne trouve pas non plus, suffixé aux substantifs, la forme -hu de la
troisième personne du masculin singulier.
L’adjonction des pronoms suffixes, notamment des pronoms suffixes vocaliques, peut
entraîner des modifications morphologiques des substantifs.
242
PL. 1. ûāôəb-na « notre ami »
2. ûāôəb-kum « votre ami »
3. ûāôəb-hum « leur ami »
243
– Avec le schème C1əC2C2āC3a(t), où la deuxième consonne de la racine est géminée, la
voyelle du suffixe -a(t) chute si on suffixe un pronom à initiale vocalique :
C1əC2C2āC3t- ; elle est maintenue si on suffixe un pronom à initiale consonantique :
C1əC2C2āC3ət-.
244
SG. 1. -ya PL. 1. -na
2. -k 2. -kum
3.m. -h 3. -hum
3.f. -ha
Quant aux pluriels en -i, on leur suffixe les mêmes pronoms que les singuliers terminés
en -i, à initiale consonantique. On prendra en exemple le pluriel de °āûa « verre » :
°wāûi (cf. 2.2.3.b.).
245
2.2.4. Une forme renforcée
L’idée de possession peut être renforcée par un redoublement du pronom, en ajoutant le
pronom personnel indépendant après le pronom suffixe.
səyyāüt-i āne
voiture-ma moi
« ma voiture à moi »
bū-k ənta
père-ton toi
« ton père à toi »
6
On n’a pas trouvé de préposition se terminant par la voyelle -u dans le parler arabe de Tripoli.
246
SG. 1. bēn-i « entre moi »
2. bēn-ək « entre toi »
3.m. bēn-a / -əh « entre lui »
3.f. bēn-ha « entre elle »
PL. 1. bēn-na « entre nous »
2. bēn-kum « entre vous »
3. bēn-hum « entre eux, entre elles »
Lorsqu’on adjoint les pronoms suffixes du pluriel, on trouve également cette préposition
sous la forme bēnāt-.
Avec certaines prépositions, telles que mən « de » et εən « sur, de », on observe des
modifications morphologiques : les prépositions sont sous la forme mən- et εən-
lorsqu’on suffixe les pronoms à initiale consonantique et sous la forme mənn- et εənn-,
avec une gémination de la dernière consonne, lorsqu’on suffixe les pronoms à initiale
vocalique. Cela est lié au besoin de sauvegarder la voyelle brève de la préposition en
syllabe fermée.
247
SG. 1. mεā-y « avec moi »
2. mεā-k « avec toi »
3.m. mεā-h « avec lui »
3.f. mεā-ha « avec elle »
PL. 1. mεā-na « avec nous »
2. mεā-kum « avec vous »
3. mεā-hum « avec eux, avec elles »
a) La particule üā-
üa- est une particule d’origine verbale, dérivée de la troisième personne du verbe üa « il
a vu » ou de l’impératif üa « regarde », qui « joue le rôle d’un "présentatif" : c’est-à-dire
qu’il présente, constate l’actualité (ou l’imminence) d’un état ou d’une action ou d’une
existence, et en souligne la réalité » (Ph. MARÇAIS 1977 : 74), « marquant la
constatation expresse de l’existence : "je suis, tu es, etc.", ou plus exactement "me voici,
te voici précisément, etc." » (Ph. MARÇAIS 1977 : 194). Il se construit avec les pronoms
248
qu’on suffixe aux formes verbales qui se terminent par une voyelle. Cependant, à la
troisième personne du masculin singulier, on suffixe le pronom de forme -hu à la
particule üa-.
b) La particule hā- ~ ā-
hā- est un déictique, proche des démonstratifs tels que hāda « celui-ci », hādi « celle-
ci », hādi « ceux-ci, celles-ci » ou du déterminant nominal hā-l- « ce, cet, cette ». On
trouve également une série qui comporte l’amuïssement du h initial : ā-. Les pronoms
utilisés sont les mêmes que pour la particule üā-.
249
SG. 1. mtāε-i « mon, ma, mes, à moi »
2. mtāε-ək « ton, ta, tes, à toi »
3.m. mtāε-a / -əh « son, sa, ses, à lui »
3.f. mtāε-ha « son, sa, ses, à elle »
PL. 1. mtāε-na « notre, nos, à nous »
2. mtāε-kum « votre, vos, à vous »
3. mtāε-hum « leur, leurs, à eux, à elles »
En Libye, cette particule peut s’accorder avec l’objet possédé, bien que, dans l’usage,
cet accord ne soit pas obligatoire. Il existe une forme pour le féminin singulier mtāεt- et
une forme au féminin pluriel mtāεāt-, auxquelles on suffixe les pronoms personnels.
Voici le paradigme pour le féminin singulier :
La forme du masculin pluriel mtāεīn- n’est cependant pas en usage dans le parler arabe
de Tripoli contemporain, pour exprimer la possession ; en effet, dans l’arabe de Tripoli
actuel, mtāεīn est employé comme substantif, avec le sens de « parents, proches » 7.
2.5. La négation
Il s’agit de la négation dans les énoncés nominaux, lorsque le complément de rang 0 est
un pronom. On distingue les emplois avec le morphème discontinu de négation mā…š
de ceux avec la négation double lā-…lā-… Les morphèmes de négation se terminent
7
La forme au masculin pluriel mtāεīn a été relevée par Antonio CESÀRO : « hādôma mtā‘în-ī = questi
sono miei » [ceux-ci sont les miens] (CESÀRO 1939 : 48).
250
tous par la voyelle -a ; on suffixera donc des pronoms consonantiques. Voici les
pronoms pouvant être suffixés aux morphèmes de négation :
2.5.1. mā-…-š
On emploie le morphème discontinu de négation mā…š qui entoure le pronom. Les
pronoms suffixés sont identiques à ceux suffixés aux verbes se terminant par une
voyelle ; le pronom de troisième personne du masculin est de forme -hu.
251
PL. 1. üūô-na üās-na bāl-na
2. üūô-kum üās-kum bāl-kum
3. üūô-hum üās-hum bāl-hum
gult l-üūô-i...
j’ai dit à-âme-mon
« Je me suis dit… »
gtəl üūô-əh.
il a tué âme-son
« Il s’est suicidé. »
dəbbəü üās-ək !
débrouille tête-ta
« Débrouille-toi ! »
üudd bāl-ək !
détourne âme-ton
« Fais attention ! »
252
LES DEMONSTRATIFS
On distingue également deux espaces qui s’opposent : l’espace lié au sujet énonciateur
(l’ici) et l’espace lié à l’énonciateur et aux co-énonciateurs (le là-bas) ; ce dernier
renvoie aux limites de l’espace lié aux interlocuteurs. Comme le souligne Dominique
CAUBET, « il serait erroné de vouloir réduire cette différence à une distinction proche-
lointain [...]. Il faut tenir compte de la dimension modale : le fait que l’énonciateur
s’approprie un objet ou qu’il le rejette » (CAUBET 1993 I : 168).
Dans les parlers arabes, « les formes sont nombreuses et procèdent principalement des
éléments démonstratifs qui sont fondamentaux en arabe : h, ñ, k, éventuellement l »
(Ph. MARÇAIS 1977 : 197).
Bien que les auteurs précédents en aient mentionné quelques unes 1, on ne trouve plus,
dans le parler arabe de Tripoli contemporain, de formes comportant l’élément l.
Les formes du masculin sont caractérisées par la voyelle ā ; celles du féminin, par la
voyelle ī ; celles du pluriel, par la voyelle ū.
hā-ü-üāžəl °bīb.
celui-ci-l’-homme médecin
« Cet homme est médecin. »
1
Voir STUMME 1898 : 272 et GRIFFINI 1913 : 234 « hādôl, hādôla, hādōlâyä » ; TROMBETTI 1912 : 27
« hādōl(a), hādōlā-jä » ; quant à Antonio CESÀRO, il n’a pas relevé de formes comportant l’élément l
(CESÀRO 1939 : 58).
253
hā-l-bənt uxt-xāləd.
celle-ci-la-fille sœur-Khaled
« Cette fille est la sœur de Khaled. »
hā-s-səyyāüāt kwəyysāt.
celles-ci-les-voitures bonnes
« Ces voitures sont bonnes. »
hādā-lə-ktāb mlīô.
celui-ci-le-livre bien
« Ce livre est bien. »
hādā-ü-üāžəl ūstād-na.
celui-ci-l’-homme professeur-notre
« Ce monsieur est notre professeur. »
2
Pour ces formes, on marquera l’accent du mot, qui porte toujours sur la voyelle finale.
254
l-ôōš ā-hẉá kbīr.
la-maison voici-lui grand
« Cette maison est grande. »
– Une forme préposée au nom, composée de l’élément démonstratif féminin hādi, suivi
de l’article l-: hādī-l- « cette ».
hādī-l-bənt gnēyna.
celle-ci-la-fille mignonne
« Cette fille est mignonne. »
1.1.4. Le pluriel
Au pluriel, les formes sont plus nombreuses : trois formes préposées et quatre formes
postposées. Au pluriel, on ne distingue pas le genre.
– Des formes préposées au nom, composées d’un élément démonstratif pluriel hādu,
hādūma et hādūmāya, suivi de l’article l-: hādū-l-, hādūmā-l-, hādūmāyā-l- « ces » :
255
hādūmā-lə-bnāwīt mən lībya.
celles-ci-les-filles de Libye
« Ces filles sont de Libye. »
hādūmāyā-s-səyyāüāt kwəyysāt.
celles-ci-les-voitures bonnes
« Ces voitures sont bonnes. »
– Les éléments démonstratifs qui composent les forme précédentes sont utilisés dans les
formes postposées au nom déterminé au moyen de l’article l- :
256
1.2. L’espace lié à l’énonciateur et aux co-énonciateurs
L’espace lié à l’énonciateur et aux co-énonciateurs renvoie aux limites du visible, mais
il peut également marquer un éloignement affectif, donc modal.
Les déterminants démonstratifs qui concernent cet espace sont caractérisés par la
présence d’un k qui est à rattacher étymologiquement au pronom suffixe de deuxième
personne -(ə)k 3.
Il n’existe pas une forme invariable, comme pour l’espace lié à l’énonciateur. Ici, on
distingue le singulier du pluriel ; au singulier on distingue le masculin du féminin.
hādākā-lə-ktāb mā-εžəb-nī-š.
celui-là-le-livre ne-il a plu-me-pas
« Ce livre ne m’a pas plu. »
hādākāyā-l-wəld mā-yuskut-š.
celui-là-l’-enfant ne-il se tait-pas
« Cet enfant ne se tait pas. »
3
A ce sujet, voir l’étude de Wolfdietrich FISCHER Die Demonstrativen Bildungen der neuarabischen
Dialekte. Ein Beitrage zur historischen Grammatik des Arabischen. ’s-Gravenhage. 1959.
257
– Une forme préposée au nom, composée de l’élément démonstratif féminin hādīka,
suivi de l’article l-: hādīkā-l- « cette » :
hādīkāyā-l-bənt šēna.
celle-là-la-fille vilaine
« Cette fille-là est vilaine. »
1.2.3. Le pluriel
Au pluriel, on ne distingue pas le genre. On trouve quatre formes : deux formes
préposées au nom et deux formes postposées au nom.
258
əž-žūməl hādūka mā-tžū-š.
les-phrases celles-là ne-elles conviennent-pas
« Ces phrases-là ne conviennent pas. »
2. Les pronoms
On examinera les pronoms de l’espace lié à l’énonciateur et ceux de l’espace lié à
l’énonciateur et aux co-énonciateurs.
hāda wəld-i.
celui-ci fils-mon
« Celui-ci est mon fils / C’est mon fils. »
hādāya ûāôb-i.
celui-ci ami-mon
« Celui-ci est mon ami / C’est mon ami. »
259
hādi bənt-i.
celle-ci fille-ma
« Celle-ci est ma fille / C’est ma fille. »
hādīya ûāôəbt-i.
celle-ci amie-mon
« Celle-ci est mon amie / C’est mon amie. »
2.1.3. Le pluriel
Au pluriel, on ne distingue pas le genre. On trouve quatre formes : hādu, ā-huúá,
hādūma et hādūmāya « ceux-là, celles-là ».
hādu ūlād-i.
ceux-ci enfants-mes
« Ceux-ci sont mes enfants / Ce sont mes enfants. »
hādūma bnāwīt-i.
celles-ci filles-mes
« Celles-ci sont mes filles / Ce sont mes filles. »
hādūmāya ûôāb-na.
ceux-ci amis-nos
« Ceux-ci sont nos amis / Ce sont nos amis. »
260
Les pronoms démonstratifs de cet espace sont caractérisés par la présence d’un k qui
serait à rattacher étymologiquement au pronom suffixe de deuxième personne -(ə)k.
hādīkāy šēna.
celle-là vilaine
« Celle-là est vilaine. »
2.2.3. Le pluriel
Au pluriel, on trouve les quatre formes suivantes : hādūka, hādūkāy, hādūkāya et
hādūkumma « ceux-là, celles-là ».
hādūka °üābəlsīya.
ceux-là Tripolitains
« Ceux-là sont des Tripolitains / Ce sont des Tripolitains. »
261
hādūkumma səyyāüāt ûəôô !
celles-là voitures vérité
« Celles-là sont de vraies (très bonnes) voitures /
Ce sont de vraies (très bonnes) voitures. »
262
LES INTERROGATIFS
Il existe des pronoms interrogatifs simples, qui servent de base à la formation des autres
interrogatifs :
āš « que, quoi »
mən « qui »
wēn « où »
On peut combiner ces pronoms à des particules et à des prépositions et former toute une
série de pronoms et d’adverbes circonstanciels interrogatifs.
On examinera ces pronoms interrogatifs de base, ainsi que leurs dérivés et leurs
composés. On traitera également des adverbes interrogatifs āmta « quand », kīf
« comment », ainsi que de l’adjectif interrogatif āma « quel(s), quelle(s) », puis la
locution interrogative au moyen de xēü « bien ».
Dans le parler arabe de Tripoli, l’interrogatif de forme āš n’est pas utilisé en tant que
tel, mais on emploie de nombreux interrogatifs qui en sont dérivés ou qui en sont
composés.
On examinera l’interrogatif āš et ses composés, puis les dérivés de āš, šīn « que, quoi »
et škūn « qui », ainsi que leurs composés.
- b-āš lə-ôlīb ?
au moyen de-quoi le-lait
- b-dīnāü.
pour-Dinar
« - Pour combien il y en a de lait ?
- Pour un Dinar. »
1
Cf. Hans STUMME 1898 : 272.
2
Cf. D. COHEN 1975 : 225.
263
- xēü-ək mā-mšēt-š l-āmrīkya ?
bien-ton ne-tu es allé-pas en-Amérique
- b-āš yā-üāžəl ?
avec-quoi ô-homme
« - Qu’est-ce que tu as, pourquoi n’es-tu pas allé en Amérique ?
- Avec quoi, mec (avec quel argent) ? »
264
- l-āš əs-səyyāüa ?
pour-quoi la-voiture
- nəmšu kāεābi xēü ! blā-ha t-tədrīsa ε-əš-šāl 3 !
nous allons talons mieux sans-elle le-stationnement sur-la-station essence
« - Pour quoi (faire) la voiture ?
- C’est mieux si nous y allons à pieds ! Sans avoir à passer par la station essence ! »
gədd-āš üəqm-ək ?
combien numéro-ton
« C’est du combien ta pointure ? »
gədd-āš kubü-əl-bāb?
combien grandeur-la-porte
« Quelle est la taille de la porte ? »
Dans le parler arabe de Tripoli, l’interrogatif gədd-āš alterne avec kəm « combien » ?
kəm εumü-ək ?
combien âge-ton
« Quel âge as-tu ? »
3
Il s’agit d’un emprunt à l’anglais Shell, groupe industriel pétrolier.
265
On emploie également une locution pronominale composée de la préposition b- « pour »
et du pronom interrogatif gədd-āš ou kəm, quand on demande la valeur, le prix de
quelque chose.
b-gədd-āš lə-bûəl ?
pour-combien les-oignons
« C’est combien les oignons ? »
b-kəm ət-tuffāô ?
pour-combien les-pommes
« C’est combien les pommes ? »
L’interrogatif gədd-āš peut être renforcé par la préposition mən(n) « de, parmi ».
Ces trois pronoms interrogatifs sont employés isolément dans le parler arabe de Tripoli
avec le sens de « que, quoi, qu’est-ce que ». Le -u et le -i final seraient une trace des
pronoms personnels du masculin et du féminin, mais leur emploi est neutralisé dans le
parler actuel et ils sont employés indifféremment (à l’instar de mən, məni et mənu ; voir
en 2.1.).
šīn dərt ?
quoi tu as fait
« Qu’as-tu fait ? »
že nāfəε ?
il est venu Nafa
« Nafa est venu ? »
266
šīnu že nāfəε ?
quoi il est venu Nafa
« Est-ce que Nafa est venu ? »
Les pronoms interrogatifs šīn, šīni et šīnu peuvent être renforcés par le relatif əlli, mais
il ne s’agit plus de la même question.
267
təôt-šīnu bə-nôu°°-əh ?
sous-quoi FUT.-je pose-le
« Sous quoi vais-je le poser ? »
wüā-šīn wāgəf ?
derrière quoi debout
« Où te caches-tu ? »
škūn hūwa ?
qui lui
« Qui est-ce (lui) ? »
6
Ph. MARÇAIS 1977 : 200.
268
škūn əlli že ?
qui REL. il est venu
« Qui est-ce qui est venu ? »
269
ôdā-škūn mgəεməz ?
à côté de-qui assis
« A côté de qui es-tu assis ? »
gəddām-škūn ûāüət ?
devant-qui elle s’est produit
« Devant qui c’est arrivé ? »
- gəddāš yəlbəs ?
combien il porte
- w-əllāhi mā-ndri !
par-Dieu ne-je sais
- bāhi. gədd-škūn hākki ?
d’accord comme-qui ainsi
« - Il porte du combien ?
- J’en sais rien du tout !
- D’accord. Il est de la taille de qui à peu près ? »
mən mεā-k ?
qui avec-toi
« Qui est avec toi ? »
məni ykūn ?
qui il est
« Qui est-il ? »
7
L’emploie de mən, mənu ou məni est plus courant que celui de škūn « qui » (1.2.).
8
Dans mənu et məni, l’accent porte sur la première voyelle.
270
Le pronom interrogatif mən est souvent précisé par les pronoms personnels
indépendants.
mən hūwa ?
qui lui
« Qui est-ce ? »
mənu lli že ?
qui REL. il est venu
« Qui est venu ? »
271
2.2.3. εənd-mən « chez qui »
Il se compose de la préposition εənd « chez » et de l’interrogatif mən.
εlē-mən εābi ?
sur-qui étant à la charge, étant dépendant
« A la charge de qui es-tu ? De qui dépends-tu (financièrement) ? »
ôdā-mən gāεəd ?
à côté de-qui se trouvant
« A côté de qui es-tu ? »
272
gəddām-mən ûāüət ?
devant-qui elle s’est produit
« Devant qui c’est arrivé ? »
gəddām-məni gult-ha ?
devant-qui tu as dit-la
« Devant qui as-tu dit ? »
- gəddāš yəlbəs ?
combien il porte
- w-əllāhi mā-ndri !
par-Dieu ne-je sais
- bāhi. gədd-mənu hākki ?
d’accord comme-qui ainsi
« - Il porte du combien ?
- J’en sais rien du tout !
- D’accord. Il est de la taille de qui à peu près ? »
9
C’est-à-dire sūg-əž-žumεa, un quartier de Tripoli, connu pour son marché qui a lieu le vendredi.
273
La question peut porter sur la deuxième partie d’un état construit.
wəld-mən ənta ?
fils-qui toi
« Tu es le fils de qui, toi ? »
3.1. wēn « où »
Comme le précise Philippe MARÇAIS, wēn « où » procèderait du classique ’* أayna
« où » (Ph. MARÇAIS 1977 : 248).
wēn yā-üās ?
où ô-tête
« T’étais où mec (ça fait un bail qu’on s’est pas vu) ? »
274
mən-wēn žət əl-xəb°a hādi ?
de-où elle est venue la-trace celle-ci
« D’où provient cette trace ? »
āmta yəftôu ?
quand ils ouvrent
« Quand ouvrent-ils ? »
āmta ysəkkru ?
quand ils ferment
« Quand ferment-ils ? »
āmta nətlāgu ?
quand nous nous rencontrons
« Quand nous rencontrerons-nous ? »
l-āmta b-təgüa ?
jusque-quand FUT-tu étudies
« Jusqu’à quand as-tu l’intention d’étudier ? »
275
l-āmta b-tugεud εābi εle úúālē-k ?
jusque-quand FUT.-tu restes dépendant sur parents-tes
« Jusqu’à quand as-tu l’intention de rester dépendant de tes parents ? »
- kīf ?
comment
-zēy °āgət-l-ūûīf ! 10
comme cul-le-esclave noir
« - Comment ?
- Comme le cul de l’esclave noir ! »
10
A la question kīf ?, pour plaisanter, mes informateurs me répondent : zēy °āgət-l-ūûīf.
276
mən hādu zōz, āma wāôəd təbbi fī-hum ?
de ceux-ci deux quel un tu veux dans-eux
Parmi ces deux-là, lequel veux-tu ?
6.2. Le composé d’āma : f-āma « à quel(s), à quelle(s), dans quel(s), dans quelle(s) »
Il se compose de la préposition f- « dans » et de l’interrogatif āma.
xēü-ək ?
bien-ton
« Qu’est-ce que tu as ? Que t’arrive-t-il ? » 11
Cette expression se construit avec tous les pronoms personnels suffixes. On obtient le
paradigme suivant :
11
Cette expression est à rapprocher de l’arabe marocain mā l-ək (quoi pour-toi) et de l’arabe tunisien āš
bī-k (quoi avec toi) « Qu’est-ce que tu as ? Que t’arrive-t-il ? ».
277
xēü-a yûəyyəô hāda ?
bien-son il crie celui-ci
« Qu’est-ce qu’il a à crier celui-là ? »
12
Il s’agit d’une forme impersonnelle, mais qui a le sens de « Qu’est-ce qu’il t’arrive putain ? Laisse-moi
tranquille ! ».
278
LES RELATIFS
On examinera des pronoms relatifs simples et des pronoms relatifs composés. Ces
pronoms sont tous invariables en genre et en nombre. On étudiera également les
subordonnées relatives introduites par le relatif Ø.
1. Le relatif Ø
Dans le parler arabe de Tripoli, certaines propositions relatives ne sont pas introduites
par un pronom relatif 2. On parlera dans cette étude de relatif Ø. C’est le cas lorsque
l’antécédent n’est pas déterminé. L’antécédent peut être un animé ou un inanimé.
1.1. Ø relatif
Dans les énoncés suivants, l’antécédent est le sujet de la proposition relative. Il existe
une relation anaphorique entre l’antécédent et la marque de personne (le préfixe du
verbe) contenue dans la forme verbale conjuguée. Il s’agit de relatives déterminatives.
1
mən, škūn et šən sont également des pronoms interrogatifs ; il existe une parenté morphologique entre
les pronoms relatifs et les pronoms interrogatifs et cela semble se produire dans de nombreuses langues,
comme le précise Denis CREISSELS dans son Cours de syntaxe générale (2004, ch. 28, p. 14) : « Dans de
nombreuses langues (français, anglais, etc.), il y a des affinités évidentes entre relativisation et
interrogation : les inventaires de pronoms interrogatifs et de pronoms relatifs se recoupent largement,
pronoms interrogatifs et pronoms relatifs occupent une position comparable en début d’unité phrastique,
et dans les usages non standard qui admettent des interrogatives […]. L’explication de ces ressemblances
est à chercher dans le fait que les relatives peuvent être issues diachroniquement d’une réinterprétation de
subordonnées ayant initialement le statut d’interrogatives indirectes ».
2
On trouve également des subordonnées sans marqueurs ; cf. Conjonctions II.1.
279
On trouve des combinaisons avec les compléments prépositionnels.
3
On ne l’emploie pas lorsque l’antécédent est déterminé par l’article Ø- « un, une, des ».
280
2.1. əlli pronom relatif
Il entre dans la construction de relatives déterminatives.
Lorsque l’antécédent est différent du sujet du verbe de la proposition relative, il est alors
obligatoirement rappelé par un pronom anaphorique suffixé à ce verbe.
281
kull əlli bnā-h həddm-əh.
tout REL. il a construit-le il a détruit-le
« Tout ce qu’il a construit, il l’a détruit. »
təεṛəf əlli že ?
tu sais REL. il est venu
« Tu connais celui qui est venu ? »
Il introduit des relatives périphrastiques 5. Dans ces énoncés, étant donné que le verbe
de la relative ne s’accorde pas avec l’antécédent, des anaphoriques sont obligatoirement
suffixés aux verbes et rappellent l’antécédent.
4
Cf. RIEGEL, PELLAT & RIOUL 2005 : 486-488.
5
Cf. RIEGEL, PELLAT & RIOUL 2005 : 487-488.
282
Il introduit également des relatives indéfinies 6 :
Le pronom əlli à double statut se retrouve de la même manière dans les proverbes. Il
s’agit également de relatives indéfinies.
6
Cf. RIEGEL, PELLAT & RIOUL 2005 : 486-487.
7
Cf. CHAMBARD 2002 : 276, ASHIURAKIS 1993 : 156 ; voir également ABDELKAFI 1996.
283
əl-wəld əlli kunt mεā-h āməs xū-h
le-garçon REL. j’ai été avec-lui hier frère-son
« Le garçon avec qui j’étais hier est son frère. »
Par ailleurs, le pronom relatif əlli peut également être employé comme conjonction et
sert à former des complétives (Cf. Conjonctions : 2.1.2.). De plus, au moyen d’une
préposition et du relatif əlli, on construit des conjonctions circonstancielles de temps et
de manière (Cf. Conjonctions : 3.1.2.).
3. Le pronom relatif ma
Le pronom relatif ma est utilisé sans antécédent ; en tant que pronom, il a le double
statut d’antécédent et de relatif (CAUBET 1993 I : 175). Il renvoie à un inanimé.
mā-εənd-i ma nəεṭī-hum.
ne-chez-moi REL. je donne-leur
« Je n’ai rien à leur donner. »
fi ma yəndār ?
il y a REL. il se fait
« Y a-t-il quelque chose à faire ? »
284
la ṛgəd la xəlla mən yuṛgud !
ni il a dormi ni il a laissé qui il dort
« Il n’a ni dormi, ni laissé dormir les autres ! »
Les interrogatifs mənu et məni peuvent également être employés comme relatifs et se
substituer à mən.
5. Le pronom škūn
L’interrogatif škūn « qui » peut être employé comme relatif. Il est utilisé pour les
animés et est employé sans antécédent. Il a le double statut d’antécédent et de relatif.
təεṛəf škūn že ?
tu sais REL. il est venu
« Tu sais qui est venu ? »
A l’instar de mən, škūn permet, dans cet exemple, de « demander si on sait si quelqu’un
(quelconque) est venu ». Si on substitue, dans le même énoncé, škūn par əlli, le pronom
modifierait le sémantisme du verbe et on gloserait cet énoncé par « connais-tu celui
(cette personne) qui est venu ? ».
285
nəbbi nəεṛəf škūn əlli yəgdər ysāεəd-ni.
je veux je sais REL. REL. il peut il aide-me
« Je veux savoir qui pourrait m’aider. »
7. Synthèse
Le tableau suivant récapitule les différents relatifs simples examinés et rappelle leur
emploi en fonction du sémantisme de l’antécédent. On a également indiqué les formes
renforcées au moyen du relatif əlli, ainsi que les formes renforcées au moyen d’un
pronom personnel indépendant de la troisième personne du singulier ou du pluriel suivi
du relatif əlli.
286
1. Préposition + əlli
On combine une préposition et le pronom relatif pour obtenir un pronom relatif
composé qui introduit des subordonnées relatives où le relatif est à la fois relatif et
antécédent en position de circonstanciel.
Employé avec les prépositions zēy, mεa et l-, le pronom relatif composé a la fonction de
complément circonstanciel de manière.
8
m-əlli provient de mən əlli.
9
Cf. Conjonctions 3.1.2.c.
287
- mtāε mən əṭ-ṭāsa ?
de qui le verre
- ya mtāε nīzāṛ, ya mtāε nāfəε !
soit de Nizar soit de Nafa
-l-əlli hūwa, əl-məfrūḍ mā-yxəllī-hā-š hne !
à-REL. lui le-supposé ne-il laisse-la-pas ici
« - A qui est ce verre ?
- Soit à Nizar, soit à Nafa !
- A qui que ce soit (peu importe à qui il est), il est censé ne pas le laisser ici ! »
2. Préposition + ma
Combiné à la préposition zēy « comme », le relatif ma permet l’expression d’une
comparaison.
3. Préposition + šən
Dans l’énoncé suivant, on combine la préposition εle « sur » et le relatif šən et on
obtient un pronom relatif composé, qui a la fonction de complément d’objet indirect du
verbe dwe « il a parlé » qui se construit avec la préposition εle « de, sur ». L’antécédent
est un inanimé.
3. Synthèse
Le tableau suivant récapitule les pronoms relatifs composés au moyen d’une préposition
et d’un relatif. Ces pronoms sont employés indépendamment du sémantisme de
l’antécédent.
288
LES INDEFINIS
Dans ce chapitre consacré aux indéfinis, on étudiera des termes ou des constructions,
des locutions du parler arabe de Tripoli qui possèdent en commun le caractère de
l’indétermination. Ces termes appartiennent à diverses catégories : on trouve des
substantifs, des adjectifs, des relatifs. Certains termes ou constructions désignent des
êtres et des choses, indépendamment de toute considération d’ordre quantitatif. Pour
d’autres, on tiendra compte de la notion quantitative, qui se manifeste dans un gradient
d’indétermination allant de l’unicité (avec des valeurs que l’on pourrait gloser par
« quelqu’un », « un quidam », « quelque chose ») à la totalité (« tout », « tous »), en
passant par une série de pluralités indistinctes (« peu de », « quelques », « certains »,
« beaucoup de ») ; d’autre part, certains indéterminés impliquent une existence (« on »,
« quelqu’un », « quiconque »), alors que d’autres la nient (« personne », « rien »,
« aucun ») ; il en est encore qui expriment la différence (« autre ») ou l’identité
(« même »), l’isolement (« seul »), ou l’association et la réciprocité (« l’un l’autre »,
« les uns les autres ») 1.
1.1.1.1. bnādəm
On emploie la forme substantivée bnādəm ; il s’agit, à la base, d’un état construit
composé de bn « fils » et ādəm « Adam » : « Le fils d’Adam ».
1.1.1.2. əl-bnādəm
On peut faire précéder bnādəm de l’article əl-. Cela confirme le fait que bnādəm n’est
plus considéré comme une forme à l’état construit, où le premier terme ne saurait
comporter l’article défini əl-, mais comme un substantif qui peut être déterminé par
l’article əl-.
yətmənyək εəl-lə-bnādəm.
il se moque sur-le-fils-Adam
« Il se moque des gens, du monde. »
1
Cette analyse s’inspire de l’étude de l’indétermination dans Le parler arabe de Djidjelli par Philippe
MARÇAIS ; voir Ph. MARÇAIS 1952 : 472-474 et Ph. MARÇAIS 1977 : 209-211.
289
1.1.1.3. l-ənsān
Il s’agit du substantif ənsān « individu, homme », déterminé au moyen de l’article əl-.
1.1.1.4. əl-wāḥəd
wāḥəd
Cet indéfini se compose de l’article əl- « le » suivi du numéral wāḥəd « un » ; on peut le
gloser par « l’un, l’individu, le quidam ».
290
būrdīm kīf əl-būrdīm ? yəḥfṛu ḥufṛa f-ət-tṛāb.
Bourdim comment le-bourdim ils creusent trou dans-la-terre
Ωl-ḥufṛa hādi šīn yḥuṭṭu fī-ha ? yḥuṭṭu
le-trou celle-ci quoi ils mettent dans-elle ils mettent
fī-ha byāḍ…
dans-elle charbon
« Bourdim, comment (prépare-t-on) le bourdim ? On creuse un trou dans la terre.
Ce trou, que met-on dedans ? On y met du charbon... »
yəbbi šēy.
il veut chose
« Il veut quelque chose. »
lgēt šēy ?
tu as trouvé chose
« As-tu trouvé quelque chose ? »
1.1.3. Conclusion
Le tableau suivant récapitule les différents procédés (substantifs ou formes verbales
conjuguées) employés à Tripoli pour exprimer l’indétermination et désigner des êtres et
des choses, indépendamment de toute considération d’ordre quantitatif, en admettant
leur existence pure et simple.
291
animés) et à des formes augmentées composées de ces derniers. On peut gloser toutes
les formes étudiées par « quiconque, qui que ce soit ».
1.2.1.1. əyyī
əyyī-wāḥəd
wāḥəd
Le numéral wāḥəd précédé de l’indéfini əyyī- permet de considérer l’éventualité d’une
existence.
1.2.1.2. əlli
On peut également employer le relatif əlli qui renvoie à un antécédent animé.
292
əllī-humma, mūš îāüūüi yəlεbu l-kūra hne !
REL.-eux pas obligatoire ils jouent le-ballon ici
« Qui que ce soit, ils ne doivent pas jouer au ballon ici ! »
1.2.1.4. mən
Le relatif mən qui renvoie à un antécédent animé permet aussi de considérer
l’éventualité d’une existence.
1.2.1.5. kull-mən
La forme kull-mən se compose du nominal kull et du relatif mən. kull-mən est suivi d’un
verbe à la troisième personne du masculin singulier.
1.2.1.6. kull-əlli
La forme kull-əlli se compose du nominal kull suivi du relatif əlli ; il est employé pour
désigner un groupe de personnes au pluriel.
2
l-ḥufṛa est un lieu au bord de la mer où on va manger du poisson, à Tripoli.
293
kull-əlli žāyīn l-əl-ḥəfla, b-yənzlu f-əl-kābīr.
chaque-REL. venant à-la-fête, FUT.-ils descendent dans-le-grand
« Tous ceux qui viendront à la fête, séjourneront au grand hötel. »
1.2.2.1. əyyī-ḥāža
La forme əyyī-ḥāža est composée de l’indéfini əyyī- suivi du substantif ḥāža.
nəgbəl bi əyyi-ḥāža.
j’accepte pour quoi-chose
« J’accepte quoi que ce soit. »
1.2.2.3. məhma
Le pronom indéfini məhma est très courant dans le parler arabe de Tripoli.
əllī-hūwa, yəbbū-h !
REL.-lui ils veulent-le
« Quel qu’il soit, ils le veulent ! »
əllī-hīya, yāxəd-ha !
REL.-elle il prend-la
« Quelle qu’elle soit, il peut la prendre ! »
294
əllī-humma, nəšrī-hum !
REL.-eux j’achète-les
« Quels qu’ils soient, je les achèterai : »
1.2.2.7. kull-əlli
La forme kull-əlli est composée de kull et du relatif əlli et s’emploie pour les choses.
1.2.2.7. Synthèse
Le tableau suivant récapitule les différentes formes qui sont employées à Tripoli pour
exprimer l’indétermination et désigner des êtres et des choses, indépendamment de
toute considération d’ordre quantitatif, en considérant l’éventualité d’une existence.
L’indéfini əyyī- est employé avec le nominal wāḥəd « un, quelqu’un » et permet de
désigner un être ; il est aussi employé avec le nominal ḥāža « chose » pour désigner une
chose. Les relatifs sont très employés, seuls ou combinés : əlli peut être employé seul et
renvoyer à des animés (êtres) ; suivi des pronoms personnels indépendants, il peut
renvoyer à des animés ou à des inanimés (choses) ; mən renvoie toujours à des animés,
qu’il soit employé seul ou dans la locution kull-mən. Enfin, l’indéfini məhma est très
fréquemment employé dans le parler arabe de Tripoli pour désigner des choses.
2. Notion quantitative
Pour certains indéfinis, on tient compte de la notion quantitative, qui se manifeste dans
un gradient d’indétermination allant de l’unicité (avec des valeurs que l’on pourrait
gloser par « quelqu’un », « un quidam », « quelque chose ») à la totalité (« tout »,
« tous »), en passant par une série de pluralités indistinctes (« peu de », « quelques »,
« certains », « beaucoup de »).
295
2.1. Unicité
On distinguera l’unicité affirmée (« quelqu’un », « quelque chose ») de l’unicité niée
(« personne », « rien »).
2.1.1. Affirmée
On distinguera les formes utilisées pour les êtres de la forme employée pour les choses.
2.1.1.1.1. ḥədd
C’est une forme invariable, qui désigne toujours une personne. ḥədd peut être sujet :
ḥədd peut également être employé comme complément d’objet. Dans l’énoncé suivant,
il s’agit d’un complément d’objet indirect introduit par la préposition fi.
2.1.1.1.2. wāḥəd
wāḥəd
Contrairement à ḥədd, wāḥəd varie en genre et en nombre. On le trouve en position de
sujet :
296
mā-bēn əṭ-ṭalaba fi wāḥəd yəgṛa hālba.
quoi-entre les-étudiants il y a un il étudie beaucoup
« Parmi les étudiants, il y en a un qui étudie beaucoup. »
Au féminin :
2.1.1.1.3 flān
Il s’agit du substantif flān qui correspond à « un tel ».
On emploie également flān dans des expressions telles que flān bən-ԑəllān, flān wəld-
ԑəllān ou flān əl-fūlāni, qu’on peut gloser par « un tel ; un tel, fils d’un tel ».
297
yži flān əl-fūlāni w yġəyyər əl-qāwānīn.
il vient un tel le-tel et il change les-lois
« Un tel vient et change les lois. »
2.1.1.1.4. ən-nās
Il marque le pluriel « des gens » et peut être sujet ou complément d’objet.
2.1.1.3. Synthèse
Le tableau suivant récapitule les différentes formes qui permettent d’exprimer l’unicité
affirmée. Il s’agit de nominaux.
298
UNICITÉ AFFIRMÉE
ḥədd
flān, flāna
ÊTRES flān bən-εəllān / flān wəld-ԑəllān
« Quelqu’un » flān əl-fūlāni
wāḥəd, wāḥda, wāḥdīn, wāḥdāt
ən-nās
CHOSES
ḥāža
« Quelque chose »
2.1.2. Niée
Certaines formes sont utilisées pour nier les êtres, alors que d’autres sont employées
pour nier les choses.
2.1.2.1.1. ḥədd
ḥədd est le complément d’un prédicat qui est précédé du morphème de négation mā- ; il
est en fait utilisé comme deuxième élément de négation : mā…ḥədd « ne…personne ».
mā-ṛēt ḥədd.
ne-j’ai vu quelqu’un
« Je n’ai vu personne. »
ḥəttāā-wāḥəd
2.1.2.1.2. ḥətt wāḥəd
Dans une proposition négative, on peut également employer wāḥəd renforcé par ḥəttā- ;
ḥəttā-wāḥəd est utilisé comme deuxième élément de négation : mā…ḥəttā-wāḥəd
« ne…personne ».
299
əd-dāṛ hādi mā-fī-ha ḥəttā-wāḥəd.
la-pièce celle-ci ne-dans-elle même-un
« Il n’y a personne dans cette pièce. »
mā-ṛēt ḥəttā-wāḥəd.
ne-j’ai vu même-un
« Je n’ai vu personne. »
mā-nəε°ī-h šēy !
ne-je donne-lui chose
« Je ne lui donnerai rien ! »
mā-εənd-i šēy.
ne-chez-moi rien
« Je n’ai rien. »
mā-fi šēy.
ne-il y a rien
« Il n’y a rien. »
2.1.2.3. Conclusion
Le tableau suivant récapitule les formes et les procédés syntaxiques utilisés pour nier
l’unicité. On emploie des nominaux, compléments d’objets d’un prédicat précédé du
morphème de négation mā-.
UNICITÉ NIÉE
300
2.2. Pluralité
Il s’agit d’étudier une série de pluralités indistinctes : la paucité (« peu de »), une partie
indéterminée d’un ensemble (« quelques », « certains ») et l’abondance quantitative
(« beaucoup de ») ; on étudiera également la totalité : la totalité et l’intégralité
(« tout(e) », « tou(te)s », « tout le », « toute la », « tou(te)s les », « totalement ») ainsi
que la totalité distributive (« chaque », « chacun(e) », « chaque chose », « tou(te)s
les »).
2.2.1. Paucité
Pour indiquer la paucité, on emploie le diminutif de šēy : šwēya. Un nom non déterminé
suit šwēya en apposition.
De plus, šwēya peut être le premier élément d’une annexion dont le second est un nom
déterminé par l’article Ø. On voit ainsi apparaître le -t final de šwēya(t) ; cela ne se
produit que lorsqu’on lui annexe un mot.
Le terme šwēyət- sert parfois aussi à rendre l’idée de « quelques (peu de) ».
301
bəεḍ-ən-nās yḥussu fī-ha ’ākla hāmāžīya lī’ənn-na
certains-les-gens ils pensent PREP.-elle plat primitif parce que-nous
nāklu fī-ha b-īdē-na.
nous mangeons PREP.-elle avec-mains-nos
« Certaines personnes pensent que ce dont je suis en train de te parler est un plat
primitif parce que nous avons l’habitude de le manger avec les mains ».
hālbā-nās.
beaucoup-gens
« Beaucoup de gens. »
f lībya fi hālbā-səyyāüāt.
en Libye il y a beaucoup-voitures
« En Libye, il y a beaucoup de voitures. »
3
Voir Ph. MARÇAIS 1952 : 472.
4
Pour l’étude de l’expression de la totalité et de l’intégralité à Djidjelli, voir Ph. MARÇAIS 1952 : 472-
474 ; voir aussi Ph. MARÇAIS 1977 : 209-211.
302
On l’emploie suivi du pronom suffixe de la troisième personne du masculin singulier :
2.2.4.3. bukkull
Il s’agit d’une locution adverbiale *b-əl-kull, où kull, déterminé par l’article l-, est
précédé de la préposition b-. Dans le parler arabe de Tripoli, le /k/ a assimilé le /l/ de
l’article et les voyelles ont été harmonisées en [u]. Cette locution adverbiale sert à
exprimer les notions de totalité et d’intégralité. Il suit le terme qu’il désigne.
303
Ou implicitement, après un verbe :
Dans une phrase négative, il prend le sens de « pas du tout ». On le trouve également
après un adjectif :
Ou après un verbe :
mā-mšēt-š bukkull.
ne-je suis allé-pas totalement
« Je n’y suis pas du tout allé. »
mā-ykəllm-ək-š bukkul.
NEG.-il parle-te-NEG. totalement
« Il ne te parlait pas du tout ».
2.2.4.4. kāməl
Il s’agit du participe actif du verbe kməl « il a été entier accompli, complet » : kāməl
« entier, accompli, complet ». Il s’emploie indéterminé et s’accorde en genre et en
nombre avec le mot qu’il caractérise.
Et l’intégralité :
304
l-lēla kāmla w āne mā-ṛgədt-š.
la-nuit entière et moi NEG.-j’ai dormi-NEG.
« Toute la nuit et je n’ai pas dormi / Je n’ai pas dormi de la nuit. »
kull peut également être employé avec un duel ou un pluriel et désigner un ensemble
global d’unités.
yžu kull-yōmēn.
ils viennent chaque-deux jours
« Ils viennent tous les deux jours. »
ysāfər kull-təlt-snīn.
il voyage chaque-trois-ans
« Il voyage tous les trois ans. »
5
Pour une comparaison avec l’expression de la totalité distributive dans le parler arabe de Djidjelli, voir
Ph. MARÇAIS 1952 : 474 ; voir également Ph. MARÇAIS 1977 : 211.
305
wāḥəd peut s’accorder en genre ; on le trouve au féminin : kull-wāḥda.
2.2.6. Conclusion
Le tableau suivant récapitule les procédés employés pour exprimer la pluralité. On
emploie des quantificateurs (šwēya, bəεḍ, hālba, kull). Ils peuvent être employés dans
des constructions en apposition ou dans des annexions directes (à l’état construit), suivis
de noms déterminés au moyen de l’article əl-, indéterminés (précédés de l’article Ø) ou
avec des séquences où le deuxième terme de l’annexion est un pronom suffixe. On
trouve également la locution adverbiale bukkull.
PLURALITÉ
šwēya + Ø-substantif
PAUCITÉ
šwēyət-Ø-substantif
PARTIE INDÉTERMINÉE
bəεḍ-əl-substantif
D’UN ENSEMBLE
ABONDANCE
hālbā-Ø-substantif
QUANTITATIVE
kull-əl-substantif
əl-substantif + əl-kull
TOTALITÉ
kull-əh / -ha / -hum
& INTÉGRALITÉ
bukkull
kāməl / kāmla / kāmlīn / kāmlāt
TOTALITÉ kull + Ø-substantif
DISTRIBUTIVE kull-wāḥəd / wāḥda
3. Différence
Pour exprimer la différence, on peut employer tāni et āxəü. Ces termes permettent de
distinguer des êtres ou des choses par la nature et les qualités, mais ils permettent
également de qualifier un élément qui vient s’ajouter en surplus.
306
3.1. tāni « deuxième, autre »
On emploie l’ordinal tāni qui permet de dire « deuxième ». Il est utilisé comme adjectif
épithète ; de ce fait, il suit le nom qu’il qualifie et s’accorde avec ce dernier en genre, en
nombre et en détermination.
Au masculin pluriel :
Au féminin pluriel :
307
šən fi tāni ?
quoi dans autre
« Qu’est-ce qu’il y a d’autre ? »
Il peut être employé comme adjectif, après un nom avec lequel il s’accorde en genre et
en nombre.
3.3. Conclusion
Pour exprimer la différence, on emploie l’ordinal tāni. Lorsqu’il est employé pour
marquer une distinction, il est employé comme adjectif : il suit le nom qu’il qualifie et
s’accorde en genre, en nombre et en détermination. Pour indiquer un surplus, il est
toujours employé après un nom non déterminé. Il peut également être employé comme
pronom.
DIFFÉRENCE
NOM tāni (M.SG.)
NOM tānya (F.SG.)
DISTINCTION Adjectif
NOM tānyīn (M.PL.)
NOM tānyāt (F.PL.)
Pronom Ø-tāni
Ø-NOM Ø-tāni (M.SG.)
SURPLUS
Ø-NOM Ø-tānya (F.SG.)
Adjectif
Ø-NOM Ø-tānyīn (M.PL.)
Ø-NOM Ø-tānyāt (F.PL.)
4. Identité
On emploie nəfs- comme premier terme d’une annexion directe.
4.1. nəfs-
Il peut être suivi d’un nominal déterminé au moyen de l’article əl- :
308
hne fi lībya ksād hālba. kull yōm nəfs-əl-bəünāməž.
ici en Libye ennui beaucoup chaque jour même-le-programme
lāzəm nəlgu ôāžāt ndīrū-ha f-əl-εu°la.
nécessaire nous trouvons choses nous faisons-elle dans-le-congé
« Ici en Libye on s’ennuie beaucoup. C’est le même programme tous les jours. Il
faudrait que nous trouvions des choses à faire pendant les congés. »
Il peut également être suivi d’un pronom suffixe. Dans ce cas, la forme nəfs + pronom
suffixe suit un nom et le pronom suffixe renvoie à ce nom mentionné précédemment :
4.2. Conclusion
Le tableau suivant récapitule les constructions étudiées : nəfs- suivi d’un nom déterminé
ou nəfs- suivi d’un pronom suffixe, à l’état construit.
IDENTITÉ
Suivi d’un nom nəfs-əl-NOM
5. Isolement : b-ṛūḥ
Dans le parler arabe de Tripoli, pour indiquer l’isolement, on a recours à la locution
adverbiale b-ṛūḥ-. Cette locution est composée de la préposition b- et du nominal ṛūḥ,
auquel on suffixe les pronoms personnels. Elle permet d’exprimer l’absence de
compagnie, l’exclusivité et l’absence d’aide. On examinera également l’emploi de b-ṛūḥ
en construction paronomasique 6.
6
Voir Ph. MARÇAIS 1952 : 477 et Ph. MARÇAIS 1977 : 214.
309
xēü-kum mgəεmzīn b-üūô-kum ?
bien-votre assis avec-âme-votre
« Qu’avez-vous à être (là) assis tout seuls ? »
5.2. L’exclusivité
La locution adverbiale b-ṛūḥ permet d’indiquer l’exclusivité.
310
5.4. En construction paronomasique
b-ṛūḥ est employé dans deux membres de phrase et permet de noter la séparation
d’éléments d’un ensemble qu’il ne faut pas mêler, ou de noter la distinction d’êtres ou
de choses qu’il ne faut pas confondre 7.
5.5. Conclusion
Le tableau suivant récapitule les différents emplois de la locution adverbiale b-ṛūḥ-, en
distinguant toutes les nuances de la notion d’isolement que permet de rendre cette
locution.
ISOLEMENT
Absence de compagnie
Exclusivité b-ṛūḥ-PRONOM SUFFIXE
Absence d’aide
b-ṛūḥ-PRONOM SUFFIXE…
Construction paronomasique
b-ṛūḥ-PRONOM SUFFIXE
6. Réciprocité
Le substantif bəεḍ sert, dans des syntagmes prépositionnels, à exprimer la réciprocité 8.
6.1. fī-bəεḍ
On fait précéder bəεḍ de la préposition fī- « dans ».
7
Voir Ph. MARÇAIS 1952 : 477
8
Voir Ph. MARÇAIS 1952 : 479-480 et Ph. MARÇAIS 1977 : 212-213.
311
ône εənd-na yōm-əž-žumεa ksād hālba !
nous chez-nous jour-le-vendredi ennui beaucoup !
tgūl tlāt-īyām lāsgāt fī-bəεḍ !
elle dit trois-jours collés dans-portion
« Nous, le vendredi nous nous ennuyons beaucoup !
On dit : trois jours collés ensemble (les uns dans les autres) ! »
6.2. mεā-bəεḍ
bəεḍ est employé précédé de la préposition mεa « avec ».
nəmšu mεa-bəεḍ.
nous allons avec-portion
« Nous partons ensemble (l’un avec l’autre). »
mšēna mεā-bəεḍ-na.
nous sommes allés avec-portion-notre
« Nous sommes allés ensemble. »
žētu mεā-bəεḍ-kum.
vous êtes venus avec-portion-votre
« Vous êtes venus ensemble. »
6.3. Conclusion
Le tableau suivant récapitule les différents syntagmes prépositionnels permettant
d’exprimer la réciprocité dans lesquels sont employés le substantif bəεḍ..
312
RÉCIPROCITÉ
Précédé de la préposition fī- fī-bəεḍ
mεā-bəεḍ
Précédé de la préposition mεā-
mεā-bəεḍ-PRONOM SUFFIXE
313
LES PREPOSITIONS
On traitera des prépositions simples et des prépositions composées ; ces dernières sont
des constructions complexes : des combinaisons de plusieurs prépositions ou des
locutions prépositionnelles, composées d’une préposition et d’un nominal.
Cette préposition permet d’indiquer la localisation spatiale sans mouvement. Voici des
exemples, où la préposition est sous la forme f-.
sākən f-°üābləs.
habitant à-Tripoli
« Il habite à Tripoli. »
gāεəd f-dāü-əh.
encore dans-chambre-sa
« Il est encore / toujours dans sa chambre. »
hūwa f-əl-ôōš.
lui dans-la maison
« Il est dans la maison. »
Dans certains cas, elle permet de marquer une localisation avec déplacement.
žā-ni f-əl-ôōš.
il est venu-me dans-la-maison
« Il est venu me retrouver chez moi. »
yuskun fi lībya.
il habite en Libye
« Il habite en Libye ».
314
žēt f-əs-səyyāüa.
je suis venu dans-la-voiture
« Je suis venu en voiture. »
žēt f-əs-sāfīna.
je suis venu dans-le-bateau
« Je suis venu en bateau. »
Elle sert également à former des locutions temporelles exprimant les jours et les mois.
že li lībya f-māüəs.
il est venu en Libye en-mars
« Il est venu en Libye en mars. »
Les cardinaux permettent d’exprimer les mois de l’année. Suivie d’un cardinal, dans
une locution temporelle, cette préposition peut donc indiquer les mois de l’année 1.
že f-tnīn.
il est venu en-deux
« Il est venu en février. »
wûəl fi °nāš.
il est arrivé en douze
« Il est arrivé en décembre. »
Elle permet également de marquer l’aspect duratif et intensif du procès exprimé par un
verbe.
nušüub fi šāhi
je bois dans thé
« Je suis en train de boire du thé ».
1
Contrairement à ce qui se passe en arabe marocain (CAUBET 1993 I : 205), dans le parler arabe de
Tripoli, cette préposition ne permet pas de former des locutions temporelles qui indiquent l’heure. Pour
indiquer l’heure précise, on emploie une locution sans préposition (nətlāgu s-sāεa xəmsa « nous nous
retrouvons à cinq heures ») ; pour indiquer une heure approximative, on emploie des locutions avec les
prépositions mεa « avec » (cf. 1.5.) et εle « sur » (cf. 1.6.). De ce fait, lorsqu’on emploie la préposition f-
suivie d’un cardinal, on comprend qu’il s’agit des mois de l’année.
2
C’est une transcription de l’emprunt à l’anglais ph.D.
315
fi yōm-əž-žumεa nûəõõu f ûlāt-əž-žumεa.
dans jour-le-vendredi nous prions dans prière-le-vendredi
« Le vendredi nous faisons la prière du vendredi ».
fi xubza.
il y a pain
« Il y a du pain. »
La préposition est toujours sous la forme longue fi lorsqu’on lui suffixe les pronoms
personnels. Lors de l’adjonction des suffixes, la voyelle finale s’allonge : fī-.
Cette préposition peut également servir à une construction indirecte des verbes 4.
3
Dans le parler arabe de Tripoli, lorsqu’on suffixe le pronom personnel de troisième personne du féminin
singulier à la préposition fī-, on entend très fréquemment [fā-ha]. Philippe MARÇAIS précise que dans le
Cap Bon (Tunisie), on trouve également la forme fā-ha (Ph. MARÇAIS 1977 : 216-217).
4
Bien évidemment, ces listes ne sont pas exhaustives ; il s’agit de donner quelques exemples de verbes
qui se construisent avec les prépositions étudiées.
316
həyya nzīdu fī-h !
allons nous continuons dans-lui
« Allez, continuons (de faire ce que nous étions en train de faire) ! »
On peut parfois la trouver sous la forme bi, notamment devant un substantif non
déterminé.
kətbāt-əh b-əl-bīro.
elle a écrit-le avec-le-stylo
« Elle l’a écrit au stylo. »
žēt b-əs-sāfīna.
je suis venu par-le-bateau
« Je suis venu en bateau. »
žēt b-əl-mō°o.
je suis venu par-la-moto
« Je suis venu en moto. »
On suffixe les pronoms personnels à la forme longue bi. Lors de l’adjonction des
suffixes, la voyelle finale s’allonge : bī-.
317
SG. 1. bī-ya « par moi »
2. bī-k « par toi »
3.m. bī-h « par lui »
3.f. bī-ha « par elle »
PL. 1. bī-na « par nous »
2. bī-kum « par vous »
3. bī-hum « par eux, elles »
bdēt bī-h.
j’ai commencé par-lui
« J’ai commencé par lui. »
šrēt-a l-xū-y.
j’ai acheté-le pour-frère-mon
« Je l’ai acheté pour mon frère. »
mše l-tāžūra.
il est allé à-Tajoura
« Il est allé à Tajoura. »
gāl l-uxt-əh.
il a dit à-soeur-sa
« Il a dit à sa soeur. »
318
ôkā-ha l-wəld-əh.
il a raconté-la à-fils-son
« Il l’a racontée à son fils. »
šrēt-hū l-əh.
il a acheté-le à-lui
« Il le lui a acheté. »
a) La forme li
La préposition li « marque l’attribution, la destination, le mouvement, avec plus
d’instance » (Ph. MARÇAIS 1977 : 218) ; elle rend aussi le possessif.
- hādī-t-tīšərt li mənu ?
cette-le-t-shirt pour qui
- li xū-y ôussēn !
pour frère-mon Houcéne
« - Ce t-shirt est pour qui ?
- Pour mon frère Houcéne ! »
xəllī-ha li āədwa !
laisse-la pour demain
« Laisse ça pour demain ! »
Lorsqu’on lui suffixe les pronoms personnels, la préposition est sous la forme lē- ; le ē
est, dans les parlers maghrébins, le résultat de la réduction partielle de la diphtongue
*ay (du prototype *’ilay-), dans les parlers de type bédouin.
5
Philippe MARÇAIS précise qu’une forme li proche du prototype ancien est en usage devant des noms,
notamment dans les parlers de l’Est maghrébin, du Sud tunisien et de Libye et propose l’exemple
suivant : mša lī-l-bīr "il alla vers le puit" (Ph. MARÇAIS 1977 : 219).
319
SG. 1. lē-ya « pour moi »
2. lē-k « pour toi »
3.m. lē-h « pour lui »
3.f. lē-ha « pour elle »
PL. 1. lē-na « pour nous »
2. lē-kum « pour vous »
3. lē-hum « pour eux, elles »
šrēt-ha lē-h.
j’ai acheté-la pour-lui
« Je la lui ai achetée. »
b) La forme la
A Tripoli, on trouve également cette préposition sous la forme la 6 (proche du prototype
*’ilā). Cette préposition, lorsqu’elle est de forme la, permet notamment de marquer un
déplacement, une direction, ainsi qu’une limite temporelle et spatiale, avec le sens de
« jusqu’à ».
6
Philippe MARÇAIS précise qu’on trouve également cette forme dans les parlers du Nord constantinois et
donne l’exemple suivant : ôəttā-lā-wāôəd "absolument à personne" (Ph. MARÇAIS 1977 : 219).
320
xəllī-ha la āədwa !
laisse-la jusqu’à demain
« Laisse ça jusqu’à demain ! »
ugεud la āədwa !
reste jusqu’à demain
« Reste jusqu’à demain ! »
nəmši la bārīs.
je vais jusqu’à Paris
« J’irai jusqu’à Paris. »
1.4. mən « de »
Cette préposition marque une origine, un point de départ, une provenance. Elle peut
revêtir plusieurs formes : mən, mn- et m-.
Devant les noms à initiale vocalique et les noms déterminés au moyen de l’article əl-,
elle peut revêtir la forme mn-.
wəlla mn-āüžəntīna.
il est revenu de-Argentine
« Il est revenu d’Argentine. »
°ləε mn-əl-ôōš.
il est sorti de-la-maison
« Il est sorti de la maison. »
7
Un de mes informateurs m’a indiqué que ce proverbe rappelle le fait que, bien que nous vivions en
société, en communauté, chaque personne est indépendante sur terre et seule face à Dieu ; il est employé
lorsque quelqu’un a agi à la place de quelqu’un d’autre, ou a répondu à la place de quelqu’un d’autre,
pour rappeler que cela n’est pas correct, qu’on ne décide pas à la place de quelqu’un d’autre.
321
žu mn-əš-šərg.
ils sont venus de-l’Est
« Ils sont venus de l’Est. »
Mais il est plus fréquent de la trouver sous la forme réduite m-, lorsqu’elle précède un
nom déterminé au moyen de l’article əl-.
°ləε m-əl-ôōš.
il est sorti de-la-maison
« Il est sorti de la maison. »
Cette préposition permet de marquer un point de départ dans l’espace, une origine :
« de ».
Elle permet notamment d’évaluer une distance à partir d’un point de départ.
Elle permet d’indiquer la matière dont une chose est faite : « en, à partir de ».
322
Elle indique également une direction à suivre : « par ».
Pour des raisons de structure syllabique, lorsqu’on suffixe les pronoms personnels à
initiale vocalique à la préposition mən, cette dernière est sous la forme mənn- ; la
gémination du /n/ permet de maintenir la voyelle brève en syllabe fermée.
šrā-h mənn-əh.
il a acheté-le de-lui
« Il l’a acheté à lui (dans son magasin). »
xāf mən-hum.
il a eu peur d’-eux
« Il a eu peur d’eux. »
323
že mεa xū-h.
il est venu avec frère-son
« Il est venu avec son frère. »
8
Si on veut donner l’heure précise, on n’emploie pas de préposition.
Exemple : nətlāgu s-sāεa səbεa
nous nous retrouvons l’-heure sept
« Nous nous retrouvons à sept heures. »
324
nəîôək mεā-k !
je ris ec-toi
« Je plaisante (avec toi) ! / Je te taquine ! »
Lorsque cette préposition précède un nom déterminé au moyen de l’article l-, alors elle
est sous la forme εəl- ; de plus, le /l/ de la préposition εəl- est assimilé par les consonnes
solaires.
325
nfūt εle ûərt.
je passe sur Syrte
« Je passe par Syrte. »
Comme la préposition mεa, elle sert à marquer une heure approximative, mais son
emploi est plus rare.
nəmšu εəl-lə-ôîāš.
nous allons sur-la-onze
« Nous partons vers onze heures. »
- b-təmši l-bārīs ?
FUT.-INT.-tu vas à-Paris
-wullāhi, εle səεü-ət-tədkīra.
par-Dieu sur prix-le-billet
« - Tu as l’intention d’aller à Paris ?
- Non (par Dieu), à cause du prix du billet. »
Elle sert à construire des comparaisons avec l’adjectif et indique la non conformité
« trop, pas assez ».
326
On la trouve, dans cette locution adverbiale, avec un sens figuré.
māšya εəl-l-ôāšya…
allant sur-le-bord
« Pour l’instant, tout va bien… (mais ça risque de changer) »
nbəûûəü εlē-k !
je plaisante sur-toi
« Je plaisante avec toi ! »
nəîôək εlē-hum !
je ris sur-eux
« Je me moque d’eux ! »
nətfərrəž εət-t-təyyāüāt.
je regarde sur-les-avions
« Je regarde les avions. »
üəddēt εlē-k.
j’ai répondu sur-toi
« Je t’ai répondu. »
ôəqd εle-h !
haine sur-lui
« Il le déteste ! »
327
xi εlē-h !
pfff sur-lui
« Je lui crache dessus / je lui crache à la gueule ! »
328
PL. 1. təôt-na « sous / en dessous de nous »
2. təôt-kum « sous / en dessous de vous »
3. təôt-hum « sous / en dessous d’eux, d’elles »
təôt-ək flūs ?
sous-toi argent
« As-tu de l’argent sur toi ? »
εənd-i flūs.
chez-moi argent
« J’ai de l’argent. »
εənd-ha wlād.
chez-elle enfants
« Elle a des enfants. »
εənd-a səyyāüa.
chez-lui voiture
« Il a une voiture. »
9
üôēma est le diminutif du prénom εəbd-əü-üəômān.
329
1.10. bēn « entre »
La préposition bēn permet de marquer la localisation entre deux objets.
Avec les pronoms suffixes du singulier, la préposition est sous la forme bēn.
Il existe également une forme du pluriel bēnāt-, qui n’est utilisée qu’avec les pronoms
suffixes correspondant aux personnes du pluriel.
bēn-i u bēn-ək...
entre-moi et entre-toi
« (Ça reste) Entre nous... »
330
Elle a une valeur temporelle.
wûəlt gəbl-əh.
je suis arrivé avant-lui
« Je suis arrivé avant lui. »
331
tεāla li lībya bəεd əl-εīd !
viens en Libye après la-fête
« Viens en Libye après la fête ! »
že bəεd əl-εərs.
il est venu après le-mariage
« Il est venu après le mariage. »
10
Cette phrase est une āəšša « virelangue, phrase à caractère ludique ». Ce virelangue est construit pour
amener une personne à dire une obscénité ; en effet, lorsqu’on répète cette phrase plusieurs fois de suite,
on en vient à prononcer nəxüa wüa ôōš-na : « Je chie derrière notre maison. »
332
mədrəst-na wüa l-εīmāüa hādi.
école-notre derrière l’-immeuble celle-ci
« Notre école est derrière cet immeuble. »
Elle peut être employée avec une valeur de localisation temporelle, dans l’expression
suivante.
že wüā-y.
il est venu derrière-moi
« Il est entré derrière moi. »
d-duxxān wüā-h.
le-tabac derrière-lui
« Les cigarettes sont derrière lui. »
wüā-k trīs !
derrière-toi hommes
« Il y a toujours des gens sur qui tu peux compter ! »
333
SG. 1. gəddām-i « devant moi »
2. gəddām-ək « devant toi »
3.m. gəddām-a / -əh « devant lui »
3.f. gəddām-ha « devant elle »
PL. 1. gəddām-na « devant nous »
2. gəddām-kum « devant vous »
3. gəddām-hum « devant eux, devant elles »
ôōš-na gbālt-əl-məûüəf.
maison-notre en face de-la-banque
« Notre maison est en face de la banque. »
yuskun gbālt-hum.
il habite en face de-eux
« Il habite en face de chez eux. »
334
SG. 1. mgābəl-ni « en face de moi »
2. mgābl-ək « en face de toi »
3.m. mgābl-a / -əh « en face de lui »
3.f. mgābəl-ha « en face d’elle »
PL. 1. mgābəl-na « en face de nous »
2. mgābəl-kum « en face de vous »
3. mgābəl-hum « en face d’eux, en face d’elles »
nuskun žīht-°üābləs.
j’habite du côté de-Tripoli
« J’habite dans la région de Tripoli / du côté de Tripoli. »
yuskun žīht-lə-bôəü.
il habite du côté de-la-mer
« Il habite du côté de la mer. »
žīht-ôōš-na…
du côté de-maison-notre
« De notre côté… / Du côté de chez nous… »
yuskun žīht-ək.
il habite du côté de-toi
« Il habite de ton côté / vers chez toi. »
žīhət-na…
du côté de-nous
« Du côté de chez nous… »
335
hūwa zēy xū-h.
lui comme frère-son
« Il est comme son frère ».
A cette préposition, on suffixe les pronoms personnels qui sont suffixés aux verbes.
11
On emploie cette expression pour parler de quelqu’un qui prend de mauvaises décisions, pour
quelqu’un qui ne choisit pas en fonction des priorités, pour quelqu’un qui n’est pas responsable.
336
hūwa zēy-ni.
lui comme-moi
« Il est comme moi (on a les même goûts, les mêmes qualités, etc.). »
Suivie d’un nom d’action, cette préposition permet également de marquer une
interdiction.
bla îəôk !
sans rire
« Ne ris pas ! »
bla îəüb !
sans coup
« Ne (le) frappe pas ! »
bla žəri !
sans course
« Ne cours pas ! »
337
āədwa mā-nəmšī-š blā-hum !
demain ne-je vais-pas sans-eux
« Demain, je ne partirai pas sans eux ! »
Avec cette préposition, on ne peut pas employer les pronoms personnels suffixes, mais
elle peut être suivie des pronoms personnels indépendants.
12
Ce sont des noms d’équipes de football libyennes ; əhli a le sens de « local, national » et əttīôād a le
sens de « unité ».
338
PL. 1. ḍədd-na « contre nous »
2. ḍədd-kum « contre vous »
3. ḍədd-hum « contre eux, contre elles »
təlεəb ḍədd-i ?
tu joues contre-moi
« Tu joues contre moi ? »
xəššēt gəlb-lə-mdīna.
je suis entré cœur-la-ville
« Je suis entré au cœur de la ville. »
339
1.24. mkān « au lieu de, à la place de »
Cette préposition formée à partir du substantif mkān « lieu » indique la substitution et
s’emploie dans une construction à l’état construit, suivie d’un nominal ou d’un pronom
suffixe. Voici le paradigme :
340
b) mən-gəddām « de devant, par devant »
Cette locution se compose de la préposition mən et de la préposition gəddām « devant ».
Elle permet aussi d’indiquer l’origine d’un déplacement.
ôəwwəl mən-gəddām-i !
déplace de-devant-moi
« Pousse-toi de devant (moi) ! »
ôu°°-a mən-gəddām !
mets-le par-devant
« Mets-le devant ! »
d) mən-gəlb « de l’intérieur de »
Cette locution se compose de la préposition mən « de » et de la préposition gəlb « à
l’intérieur de ». Elle marque l’origine d’un déplacement.
e) mən-bəεd « depuis »
Cette locution composée des prépositions mən « de » et bəεd « après » permet de
marquer un point de départ temporel.
ôəwwəl mən-ôdā-y !
déplace de-à côté de-moi
« Sors / Pars / Dégage d’à côté de moi ! »
341
g) mən-bə-ôda « d’à côté de »
On trouve également une locution prépositionnelle composée de trois prépositions : mən
« de », b- « par » et ôda « à côté de ». Ici, la préposition b- n’a pas de sens particulier ;
son emploi est redondant. Cette locution permet de marquer l’origine d’un déplacement.
ôəwwəl mən-bə-ôdā-y !
déplace de-à côté de-moi
« Dégage d’à côté de moi ! »
h) mən-āēü « sans »
Cette locution se compose de la préposition mən « de » et de la préposition āēü « moins,
sans, sauf ». Elle permet de marque l’absence. Elle connaît les mêmes emplois que la
préposition bla « sans » (cf. 1.18). Elle se construit avec un substantif non déterminé.
Suivie d’un nom d’action, cette locution prépositionnelle permet également de marquer
une interdiction.
mən-āēü žəri !
sans course
« Ne cours pas ! »
mən-āēü îəôk !
sans rire
« Ne ris pas ! »
342
i) fōg-mən « au-dessus de, en haut de, sur »
Cette locution prépositionnelle se compose de la préposition fōg « sur » et de mən
« de ». Ici, mən ne marque pas un point d’origine. Cette locution a le même sens que la
préposition fōg, marquant la superposition (cf. 1.6.) ; l’emploi de mən est redondant.
j) təôt-mən « sous »
Cette locution prépositionnelle se compose des prépositions təôt « sous » et mən « de ».
L’emploi de mən est redondant ; cette préposition ne marque pas ici un point d’origine.
La locution a le même sens que la préposition təôt « sous », marquant la sub-position
(cf. 1.7.).
təôt-mən est surtout employée avec les pronoms suffixes. Voici le paradigme :
343
2.2.1. Les combinaisons de prépositions
On ne trouve que des combinaisons de prépositions ; en effet, on n’a pas relevé de
locutions prépositionnelles composées de la préposition la et d’un nominal.
žət lā-εənd-i.
elle est venue à-chez-moi
« Elle est venue à moi (l’opportunité) »
« J’ai eu une opportunité ».
xəššēt lā-gəlb-əz-zəôma.
je suis entré vers-cœur-la-foule
« Je suis rentré à l’intérieur de la foule ».
āne f-gəlb-əz-zəôma.
moi dans-cœur-la-foule
« Je suis en plein milieu de la foule ».
« Je suis en plein milieu d’un embouteillage. »
āne f-gəlb-əl-εāûīfa.
moi dans-cœur-l’-orage
« Je suis en plein milieu d’un orage. »
344
2.3.2. Les locutions introduites par f-
On examinera des locutions introduites par la préposition f-, suivie d’un nominal. Ce
nominal est déterminé par le nominal ou le pronom suffixe qui le suit, dans une
construction à l’état construit.
əmsəô-ha f-wəžh-i.
efface-la dans-visage-mon
« Je m’excuse à sa place. »
gāl-ha f-wəžh-i.
il a dit-la dans-visage-mon
« Il l’a dite en face de moi. »
345
āne f-üūô-umm-əz-zəôma.
moi dans-âme-mère-la-foule
«Je suis en plein milieu de la foule. »
a) bə-ôda « à côté de »
Cette locution prépositionnelle se compose de la préposition b- « par » et de la
préposition ôda « à côté de » et permet d’indiquer une localisation spatiale.
gəεməz bə-ôdā-y !
assieds-toi par-à côté de-moi
« Assieds-toi à côté de moi ! »
346
b) b-nəsba lī- « selon, d’après, en ce qui concerne, quant à »
Cette locution se compose de la préposition b-, du nominal nəsba « rapport, fonction,
comparaison », ainsi que de la préposition li « à, pour ». Cette locution a une valeur
appréciative, permettant d’apporter un jugement, un avis, un opinion.
sāməôt-ək εlē-εyūn-l-ūlād.
j’ai pardonné-te sur-yeux-les-garçons
« Je t’ai pardonné (par respect) pour les garçons. »
c) εlē-sābāb « à cause de »
Cette locution se compose de la préposition εle et du substantif sābāb « cause ».
347
š-šāüəε, səkkrū-h εlē-sābāb-əz-zəôma.
la-rue ils ont fermé-le sur-cause-la-foule
« La rue, ils l’ont fermée à cause de la foule. »
348
LES ADVERBES
On examinera les procédés de formation des adverbes de lieu, des adverbes de temps,
des adverbes de quantité et de qualité, des adverbes de manière et des adverbes
d’affirmation et de négation. On trouve des adverbes simples, entités lexicales isolées et
des locutions adverbiales.
tεāla hne !
viens ici
« Viens ici ! »
On trouve deux types d’adverbes. Les uns servent à désigner un objet se situant aux
limites de la vision (éventuellement pointés du doigt, du menton ou du regard) : āādi et
une forme augmentée āādīka 1 « là, là-bas ».
1
On retrouve l’élément k lié aux démonstratifs renvoyant aux limites de la vision et à la deuxième
personne.
349
šrēt-ha āādi fi bənāāzi.
j’ai acheté-la là à Benghazi
« Je l’ai achetée là-bas, à Benghazi. »
Les autres adverbes sont porteurs d’un mouvement centrifuge, qui peut être
accompagné d’un geste d’éloignement du sujet énonciateur (CAUBET 1993 I : 190) : il
s’agit des formes augmentées āādīkāy et āādīkāya 2 « là-bas, quelque part ».
āādīkāya f-əû-ûəôüa…
là-bas dans-le-désert
« Quelque part, là-bas, dans le désert… »
Comme les précédents, ces deux adverbes peuvent désigner les limites extrêmes de la
vision, mais ils sont aussi les seuls à pouvoir désigner l’extérieur du champs de vision :
l’ailleurs (CAUBET 1993 I : 190), désignant un lieu éloigné et imprécis, convenant
également pour ce qui n’est attribué ni à l’énonciateur, ni au co-énonciateur.
2
Cf. note 1. Il s’agit, comme pour les démonstratifs, de formes augmentées au moyen de l’élément -āy(a).
350
1.2.2. bεīd « loin »
L’adjectif bεīd a le sens de « lointain » ; l’adverbe a le sens de « loin ».
mšēna °ūl.
nous sommes allés tout droit
« Nous sommes allés tout droit. »
Dans l’énoncé suivant, il a le sens figuré de : « d’une seule traite, sans interruption ».
351
ə°ləε bəüüa !
sors dehors
« Sors (dehors) ! »
3
D’après Philippe MARÇAIS, la préposition l- revêt également les formes ila et əlya en Libye (Ph.
MARÇAIS 1977 : 219), mais il n’a pas relevé la forme lā- du parler arabe de Tripoli..
352
lā-āādi bəss !
à-là seulement
« Jusque-là seulement ! »
lā-āādīka bəss !
à-là-bas seulement
« Jusque là-bas seulement ! »
2.1.2. l- + préposition
Il s’agit de locutions adverbiales indiquant la localisation et le déplacement dans
l’espace, composés de la préposition l- suivie d’une autre préposition.
yuskun l-fōg.
il habite à-sur
« Il habite en haut. »
353
c) l-gəddām « devant, à l’avant, vers l’avant »
Cette locution adverbiale se composé de la préposition l- « à, vers » et de la préposition
gəddām « devant ». Elle marque le déplacement.
zīd l-gəddām.
continue à-devant
« Un peu plus vers l’avant / Continue vers l’avant. »
2.1.3. l- + nominaux
Il s’agit de locutions adverbiales indiquant la localisation et le déplacement dans
l’espace, composés de la préposition l- et d’un nominal (substantif, adjectif ou
participe).
- wēn εīûām ?
où Isam
- ā-hu l-dāxəl.
voici-lui à-entré
« - Où est Isam ?
- Il est à l’intérieur. »
354
xəššēna l-dāxəl.
nous sommes entrés à-entré
« Nous sommes entrés (à l’intérieur). »
ə°ləε l-bəüüa !
sors à-extérieur
« Sors (dehors) ! »
- wēn lə-knāsa ?
où le-balais
- ôə°°ēt-ha l-tāli.
j’ai mis-la à-dernier
« - Où est le balais ?
- Je l’ai mis derrière. »
355
yuskun l-ō°a.
il habite en bas
« Il habite en bas. »
təlgā-h l-ō°a.
tu trouves-le en bas
« Tu le trouveras en bas, au rez-de-chaussée ».
ənzəl l-ō°a !
descends en bas
« Descends (en bas) ! »
ôəwwəlt l-əl-wəs°.
je me suis déplacé vers-le-centre
« Je me suis déplacé vers le centre. »
zīd l-əl-gəddām.
continue vers-le-devant
« Continue vers l’avant. »
356
2.2.1. f-əl-wəs° « au milieu »
Cette locution adverbiale se compose de la préposition f- suivie de l’article défini əl- et
du substantif wəs° « milieu, centre ».
4
On peut trouver la préposition mən sous la forme m- lorsqu’elle précède l’article əl-.
357
xūd °āksi mən-āādi.
prends taxi de-là
« Prends un taxi à partir de là. »
ərkəb mən-tāli !
monte de-dernier
« Monte à l’arrière ! »
ôu°°-a mən-tāli !
mets-le de-dernier
« Mets-le à l’arrière / Mets-le derrière. »
358
šuft lə-ktābāt hādūka ? əε°ī-ni lə-ktāb əlli mə-l-ō°a.
tu as vu les-livres ceux-là donne-moi le-livre qui de-en bas
« Tu as vu ces livres-là ? Donne-moi le livre qui est en bas. »
5
On trouve la préposition εle sous la forme εəl lorsqu’elle précède l’article l-. De plus, le l de la
préposition εəl est assimilé, comme le l de l’article, à la première consonne du substantif, lorsque celle-ci
est « solaire ».
359
2.4.3. εəl-l-īmīn « à droite, sur la droite »
Cette locution adverbiale se compose de la préposition εle suivie de l’article défini l- et
du nominal īmīn « droite ».
- šīn l-ūmūr ?
quoi les-choses
- māšya εəl-l-ôāšya…
allant sur-le-bord
« - Comment ça va ?
- Ça va limite… / Je suis sur le brèche… »
360
2.4.7. εəl-l-ū°a « sur le sol, par terre »
Cette locution adverbiale se compose de la préposition εle, suivie du nominal ū°a « sol »
déterminé au moyen de l’article l- 6.
6
Il ne faut pas confondre l’adverbe l-ō°a et le nominal déterminé l-ū°a. Le premier est un adverbe
construit à partir de l’élatif ō°a de l’adjectif wā°i « bas », alors que le second est le substantif w°a « sol ».
361
II. Les adverbes de temps
On étudiera ici les procédés de formation des adverbes de temps. On examinera les
adverbes simples, puis les adverbes composés.
362
ône dīma nətlāgu f-əl-gəhwa hādi.
nous toujours nous nous rencontrons dans-le-café celle-ci
« Nous nous retrouvons toujours dans ce café. »
363
1.10. kīf « juste, à peine »
kīf mše.
juste il est allé
« Il vient juste de partir. »
nətlāgu bəεdēn.
nous nous rencontrons après
« Nous nous retrouvons après. »
- mšēt li āsya ?
tu es allé à Asie
- ābādān !
jamais
« - Es-tu allé en Asie ?
- Jamais ! »
364
2.1. Déterminant + nominal
L’article l-, un démonstratif, ou bien un pronom personnel suffixe permettent de
déterminer les nominaux entrant dans la formation des locutions adverbiales.
a) əl-yōm « aujourd’hui »
c) əl-lēla « ce soir »
nətlāgu l-lēla.
nous nous retrouvons la-nuit
« Nous nous retrouvons ce soir. »
365
a) hā-l-lēla ~ l-lēla hādi « cette nuit »
hā-l-lēla l-gəôba !
cette-la-nuit la-pute
« Cette nuit est une nuit de merde / Quelle nuit de merde ! »
On se sert également des déictiques de l’espace lié aux co-énonciateurs, « qui a pour
effet de rejeter dans le passé » (CAUBET 1993 I : 193). Il s’agit de locutions adverbiales
qui peuvent aussi être formés à partir de la préposition f- (cf. 2.2.2.).
e) (f-)hādākā-l-wəgt « à ce moment-là »
f-hādākā-l-wəgt že nīzāü.
dans-celui-là-le-temps il est venu Nizar
« Nizar est venu à ce moment-là. »
366
g) (f-)hādākā-l-εām ~ l-εām hādāka « cette année-là »
367
āne εumü-i ma mšēt li āsya.
moi vie-ma ne je suis allé à Asie
« Moi, je ne suis jamais allé en Asie. »
368
b) mən-gəbl « depuis longtemps »
Cette locution prépositionnelle se compose de la préposition mən et de la préposition
gəbl « avant ».
wûəlt mən-bəkri.
je suis arrivé de-tôt
« Je suis arrivé depuis un bon moment. »
nuît m-bəkri.
je me suis levé de-tôt
« Ça fait un moment que je me suis levé. »
d) mən-āədwīt-ha « le lendemain »
Cette locution adverbiale se compose de la préposition mən « de », du nominal āədwīt-
« lendemain » et du pronom suffixe -ha « son ».
e) mən-ždīd « de nouveau »
Cette locution adverbiale est se compose de la préposition mən « de » et de l’adjectif
ždīd « nouveau ».
369
f) mən hne u bəüüa « dorénavant, désormais »
Cette locution est composée de la préposition mən, du déictique locatif hne « ici », de la
conjonction de coordination u et du substantif bəüüa « extérieur ».
a) f-əl-āāləb « souvent »
c) f-əl-lēl « la nuit »
d) f-ər-rbīε « au printemps »
370
e) f-əû-ûēf « en été »
f) f-əl-xrīf « en automne »
f-əl-xrīf εəzz-əl-gərnī°.
dans-l’-automne splendeur-le-poulpe
« L’automne, c’est la meilleure époque pour manger du poulpe. »
« L’automne, c’est la saison du poulpe. »
g) f-əš-šte « en hiver »
h) f- + mois de l’année
Dans le parler arabe de Tripoli, lorsqu’on veut désigner les mois de l’année, on emploie
une locution adverbiale formée à partir de la préposition f- et des noms des mois du
calendrier grégorien, non déterminés.
371
a) b-əl-mεāwəd « à nouveau »
dār-ha b-əl-mεāwəd ?
il a fait-la avec-la-répétition
« Il l’a faite à nouveau ? »
bəεd-āudwa l-mubāüa.
après-demain la-partie de football
« La partie de football a lieu après-demain. »
372
2.2.5. yā-õõāh « juste, à peine »
Il s’agit de la locution interjective yā-õõāh, composée du vocatif yā- « ô » et du nominal
əõõāh « Dieu ». Cette locution adverbiale a le sens de « juste, à peine ».
yā-õõāh wûəlt.
ô-Dieu je suis arrivé
« Je viens juste d’arriver. »
373
təwwa kīf °ləεna m-əl-mā°āü.
maintenant juste nous sommes sortis de-l’-aéroport
« Nous venons tout juste de quitter l’aéroport. »
374
2.5. L’état construit
Il s’agit de locutions adverbiales formées à partir de deux nominaux et employées dans
une construction synthétique.
375
wūl-āməstēn tεəššēna εənd rəîwān.
premier-deux hier nous avons dîné chez Redouane
« Avant avant-hier, nous avons dîné chez Redouane. »
2.5.9. Saisons
Pour désigner les saisons, on peut combiner des nominaux, à l’état construit. On trouve
quatre constructions possibles, au moyen du pluriel īyām « jours » ou des substantifs
wəgt « jour » et fəûl « saison ».
īyām-ər-rbīε
jours-le-printemps
« Au printemps »
wəgt-əl-xrīf
temps-l’-automne
« En automne »
f-īyām-əû-ûēf
dans-jours-l’-été
« En été »
1
Philippe MARÇAIS, dans sa description du parler arabe de Djidjelli, indique que cet élément n peut être
le résultat de la dissimilation du premier l par le second ; il propose également de rapprocher ce n du
tanwin de la forme εāman ’awwala de l’arabe classique (Ph. MARÇAIS 1952 : 416).
376
f-fəûl-əš-šte
dans-saison-l’-hiver
« En hiver »
gāεəd mā-šəft-ā-š.
encore ne-j’ai vu-le-pas
« Je ne l’ai toujours pas vu / Je ne l’ai pas encore vu. »
377
gāεəd mrīî.
encore malade
« Il est encore / toujours malade. »
gāεdīn muüîa.
encore malades
« Ils sont encore / toujours malades. »
gāεda ûēf.
encore été
« C’est toujours / encore l’été. »
gāεda xrīf.
encore automne
« C’est encore / toujours l’automne. »
gāεəd f-ət-trīg.
encore dans-la-route
« Il est encore / toujours sur la route. »
māzāl üāgəd.
encore dormant
« Il est encore / toujours en train de dormir. »
A l’instar de gāεəd, cet adverbe peut également être associé à un prédicat non verbal,
dans des énoncés affirmatifs uniquement, avec le sens de « encore, toujours » ; en effet,
pour obtenir un sens négatif, on emploie l’adverbe mā-εād-š « ne…plus » (voir ci-
dessous en 2.6.3.).
2
En arabe marocain, il fonctionne comme un participe et s’accorde en genre et en nombre ; au singulier,
on trouve le masculin māzāl et le féminin māzāla, ainsi que le pluriel māzālīn (Ph. MARÇAIS 1977 : 264 et
CAUBET 1993 I : 196). En arabe tunisien et fréquemment dans les parlers de type bédouin, on trouve des
formes conjuguées : mā-zəlt, mā-zəlti, mā-zālət, etc. » (Ph. MARÇAIS 1977 : 264).
378
hīya māzāl mrīîa.
elle encore malade
« Elle est encore / toujours malade. »
māzāl rbīε.
encore printemps
« C’est encore / toujours le printemps. »
māzāl šte.
encore hiver
« C’est encore / toujours l’hiver. »
- gāεəd f-°üābləs ?
encore à-Tripoli
- māzāl ūsbūε !
encore semaine
« - Toujours à Tripoli ?
- Encore une semaine ! »
māzāl mā-kəmməlt-š.
encore ne-j’ai terminé-pas
« Je n’ai pas encore terminé. »
māzāl mā-°əlεət-š.
encore ne-elle est sortie-pas
« Elle n’est toujours pas sortie. »
3
Dans le parler arabe de Tripoli on rencontre souvent cet adverbe sous la forme [mā-εā-š] ; où le /d/ n’est
pas prononcé.
379
mā-εād-š nətôəmməl.
ne-plus je supporte
« Je n’en peux plus / Je ne supporte plus. »
mā-εād-š f-ət-trīg.
ne-plus dans-la-route
« Il n’est plus sur la route. »
mā-εād-š mlīôa.
ne-plus bonne
« Elle n’est plus bonne. »
380
III. Les adverbes de quantité / qualité
On étudiera ici les procédés de formation des adverbes de quantité / qualité. On
examinera les adverbes simples, les adjectifs utilisés comme adverbes, le cas d’un
adverbe redoublé et la locution adverbiale bukkull « tout ».
On n’examinera pas ici les adverbes interrogatifs. Ces derniers sont étudiés dans la
partie qui concerne les interrogatifs (cf. 1.1. et 1.3.).
mā-nuügud-š hālba.
ne-je dors-pas beaucoup
« Je ne dors pas beaucoup. »
L’adverbe hālba, peut être postposé à un substantif non déterminé, utilisé comme
déterminant quantificateur (cf. modalité 3, 4.1.).
nəgüa šwēya.
je lis peu
« Je lis peu. »
šwēya u nkəmməl.
peu et je termine
« Encore un peu et j’ai fini. »
Comme l’adverbe hālba, l’adverbe šwēya peut être postposé à un substantif non
déterminé, utilisé comme déterminant quantificateur (cf. modalité 3, 4.1.).
381
1.3. yāsər « assez »
L’adverbe yāsər peut se construire avec la préposition mən ou m- « de » 1.
yāsər m-əû-ûyāô !
assez de le-cri
« Assez crié ! »
yāsər m-lə-bke !
assez de-le-pleur
« Assez pleuré ! »
1
Cf. Modalité 1 (3.2.).
382
3. swa-swa « de le même façon, pareil »
Il s’agit d’une locution adverbiale composé de deux adverbes identiques. A Tripoli, on
n’a relevé qu’un exemple. L’adverbe swa a le sens de « exactement ».
mā-mšēt-š bukkull.
ne-je suis allé-pas entièrement
« Je n’y suis pas du tout allé. »
383
IV. Les adverbes de manière
Il existe trois procédés principaux permettant de former des adverbes de manière : on
trouve de nombreux adverbes simples, de nombreux adverbes suffixés en -ən ou -ān et
de nombreuses locutions adverbiales formées avec la préposition b-. Un déictique
employé en tant qu’adverbe et d’autres locutions adverbiales ont également été relevés
dans le parler arabe de Tripoli.
mumkən yži.
possible il vient
« Il vient peut-être. »
muôtaməl yži.
probable il vient
« Il est probable qu’il vienne. »
’iôtimāl yži
probabilité il vient
« Il vient probablement. »
384
dār-ha buntu fī-ya bāš ykən°ī-ni !
il a fait-la exprès dans-moi pour que il énerve-me
« Il l’a faite exprès pour m’énerver ! »
On retrouve cet adverbe dans les vers suivants, qui ont été récités par un des
informateurs.
1.3. Le déictique
Le démonstratif hākki ~ hēkke « ainsi, comme ça, de cette manière » est employé
comme adverbe de manière.
385
dīr-ha hēkke !
fais-la ainsi
« Fais-la de cette manière ! »
1
On retrouve ce procédé de formation en arabe littéral ; les adverbes sont en fait des substantifs
indéterminés au cas indirect, au moyen du tanwīn -an.
386
1.4.5. °əbεən « bien sûr, naturellement »
ədwi b-šwēya !
parle avec-un peu
« Parle doucement ! »
387
xēü-a yəmši b-šwēya ?
bien-son il va avec-un peu
« Qu’est-ce qu’il a à marcher doucement ? »
tətkəlləm b-žəddīyāt ?
tu parles avec-sérieux
« Tu parles sérieusement ? »
388
la, b-əl-εəks, l-ôāza l-bāhya ’əāla fə-°üābləs.
non avec-le-contraire la-chose la-bonne plus chère à-Tripoli
« Non, au contraire, les bonnes choses sont plus chères à Tripoli. »
ε°ā-hā-l-i b-əd-dərga.
il a donné-la-à-moi avec-la-cachette
« Il me l’a donnée en cachette. »
xəššēt b-əd-dərga.
je suis entré avec-la-cachette
« Je suis entré en cachette. »
389
2.1.10. b-əl-εāni « exprès »
εāni a le sens de « intention ».
2.2.2. εle kull ôāl « de toute façon, de toute manière, quoi qu’il en soit »
Cette locution adverbiale se compose de la préposition εle, du nominal kull employé
comme adjectif « tout » suivi du substantif ôāl « état ».
2
Dans le parler arabe de Tripoli, la réflexivité, s’exprime au moyen de ces substantifs, auxquels on
suffixe les pronoms personnels (cf. Les pronoms personnels, 2.6.).
390
εle kull ôāl nətlāgu lə-xmīs əúúāla.
sur tout état nous nous retrouvons le-jeudi alors
« De toute façon, nous nous retrouvons jeudi, alors. »
3
mbakebka est le nom d’un plat composé de viande, de légumes et de pâtes ; il s’agit d’une onomatopée
liée au bruit que fait la sauce épaisse en ébullition, lors de la préparation de ce plat. On trouve également
le verbe ëəöëəö « il a fait des bulles ».
391
2.3.1. bāl-ək ~ bāl-ək ši « peut-être »
Cette locution adverbiale se compose du nominal bāl « esprit » et du pronom personnel
suffixe de deuxième personne du singulier -ək.
bāl-ək yži
peut-être il vient
« Il vient peut-être. »
bāl-ək ši yži
peut-être il vient
« Il vient peut-être. »
392
āne bə-ndīr îōš w-əs-sālām…
moi FUT.-INT.-je fais douche et-la-paix
« Moi, j’ai l’intention de prendre une douche et puis c’est tout… »
393
V. Les adverbes d’affirmation et de négation
On examinera les différents adverbes d’affirmation et de négation employés dans le
parler arabe de Tripoli, mais également la mise en doute et la confirmation d’une
affirmation, ainsi que la contradiction.
1. L’affirmation
Dans le parler arabe de Tripoli, on emploie différents adverbes selon qu’il s’agisse de la
réponse positive à une question, de la réponse à un appel ou de la marque de l’accord.
šīnu tži ?
quoi tu viens
« Est-ce que tu viens ? »
1.1.1. L’adverbe
A Tripoli, on emploie l’adverbe suivant :
ēh !
oui
« Oui ! »
nži !
je viens
« Je viens ! »
yā-εədnān !
ô-Adnan
« Adnan ! »
1.2.3. L’adverbe āh
On peut également employer l’adverbe āh, mais il est d’un emploi familier et n’est pas
employé en famille. On peut le gloser par « oui, quoi, qu’est-ce qu’il y a, qu’est-ce que
tu veux ? ».
394
1.3. La marque de l’accord
Pour marquer l’accord, on peut employer les trois adverbes suivants : bāhi, māši et ōké
« oui, d’accord ».
- nəmšu mεa-bəεî !
nous allons ensemble
- māši !
d’accord !
« - Nous partons ensemble !
- Oui, d’accord ! »
1.3.4. bāh
L’adverbe bāh semble être une forme raccourcie de bāhi « bien » 1. Cet adverbe sert à
ponctuer le discours de l’autre. Il permet de montrer qu’on suit et qu’on est d’accord.
bāh ?
bien
« Et alors ? »
1
Les informateurs distinguent bien les deux forment et précisent qu’on ne peut pas substituer l’une par
l’autre. En effet, si on employait bāhi au milieu d’un discours, cela mettrait fin à ce dernier et serait perçu
comme une insulte, insinuant qu’on n’est pas intéressé par ce qui est dit (synonyme de xālāû) : « Ça y est,
c’est bon, ça suffit ».
395
Par ailleurs, lors d’une discussion, quand on veut savoir où on en est, on peut poser la
question suivante :
Lorsqu’on veut connaître la suite des événements, on peut poser la question suivante :
ēh, zīd !
oui continue
« Allez, continue / Vas-y ! »
žēt f-ət-təyyāüa.
Je suis venu dans-l’-avion
« Je suis venu en avion. »
ûəhh ?
vérité
« C’est vrai ? »
rəsmi ?
authentique
« C’est vrai ? »
žəddīyāt ?
sérieux
« Sérieusement ? »
b-žəddīyāt ?
avec-sérieux
« Sérieusement ? »
wuõõāhi ?
par-Dieu
« Par Dieu / Vraiment ? »
b-əl-ôəgg ?
par-la-vérité
« Vraiment ? »
396
lāla ?
non
« Non (c’est pas vrai) ? »
2.2. La confirmation
La confirmation se fait au moyen de la locution adverbiale suivante :
wuõõāhi !
par-Dieu
« Je te jure ! »
Cette locution peut être renforcée par d’autres adverbes ou locutions adverbiales :
wuõõāhi rəsmi !
par-Dieu authentique
« Je te jure, c’est vrai ! »
wuõõāhi ûəôô !
par-Dieu vérité
« Je te jure, c’est la vérité ! »
wuõõāhi b-žəddīyāt !
par-Dieu avec-sérieux
« Je te jure, sérieusement ! »
qāsaman bi-llāh !
jurant par-Dieu
« Par Dieu, je le jure ! »
3. La négation
A la question suivante, on peut répondre par un adverbe ou par une forme verbale.
šīnu tži ?
quoi tu viens
« Est-ce que tu viens ? »
3.1. L’adverbe
L’adverbe de négation est la « non ».
Mais pour renforcer la négation, on peut prononcer un coup de glotte en fin de mot :
lā’ ; on peut également redoubler l’adverbe : lāla.
mā-nəgdər-š nži !
ne-je peux-pas je viens
« Je ne peux pas venir ! »
397
4. La contradiction
On peut répondre de façon contradictoire à une assertion ou à une injonction négative.
La contradiction est marquée par l’adverbe la « non ».
- mā-fī-š xubza !
ne-il y a-pas pain
- la, fi !
non il y a
« - Il n’y a pas de pain !
- Si, il y en a ! »
- mā-təmšī-š !
ne-tu vas-pas
- la, māši !
non allant
« - Tu n’iras pas
- Si, j’irai ! »
- klēt ḥāža ?
tu as mangé chose
- la wāla yōk !
non non non
« - As-tu mangé quelque chose ?
- Non, rien du tout ! »
2
Au sujet de la négation wāla dans les parlers arabes d’Egypte, voir WOIDICH 2006 : 55, 342-345 (Le
Caire) et DROP & WOIDICH 2007 : 109-110 (ilBaḥariyya).
398
LES CONJONCTIONS
I. La coordination
On examinera des conjonctions de coordination simples 1, des conjonctions de
coordination multiples (où le même élément est répété plusieurs fois), ainsi que des
locutions conjonctives. Certaines de ces conjonctions font partie de ce que Marcel
COHEN, dans son étude du parler des Juifs d’Alger, a défini comme étant des
« articulations du discours », parce qu’elles « sont conjonctions et non adverbes en tant
qu’elles n’apportent pas une précision de sens, mais servent d’articulation au discours »
(M. COHEN 1912 : 369) 2.
1. La conjonction u ~ w « et »
On trouve cette conjonction de coordination sous deux formes, selon l’initiale du mot
qui suit : une forme vocalique u et une forme semi-consonantique w.
Cette conjonction s’articule en voyelle u, lorsqu’elle précède un mot qui commence par
une consonne.
Si le mot qui suit est à initiale vocalique, alors elle prend la forme semi-consonantique
w.
1
Dans cette étude, on distinguera les conjonctions simples des conjonctions multiples et des locutions
conjonctives. Certaines conjonctions sont abordées, ici, comme étant (désormais) des conjonctions
simples, bien qu’à l’origine, elles soient des locutions conjonctives (tel que wīyā- < wa + ’iyā-, lī’ənna <
li + ’ənna, ynšāõõāh < ’in + šā’a + õõāh…). Dans le parler étudié, il semble plus pertinent de ne pas
considérer qu’il s’agisse de l’agglutination d’éléments distincts, mais plutôt de les envisager comme des
entités lexicales à part entière.
2
D’autres « articulations du discours » ont été étudiées dans le chapitre qui concerne les adverbes de
manière (cf. 1.2. et 2.2.).
399
klēt hālba !
j’ai mangé beaucoup
w āne klēt əktəü mənn-ək !
et moi j’ai mangé plus que-toi
« J’ai beaucoup mangé !
Et moi j’ai mangé plus que toi ! »
Dans le parler arabe de Tripoli, cette conjonction peut également s’articuler en semi-
consonne suivie d’une voyelle wə, lorsqu’elle précède un mot qui commence par une
consonne.
3
būrdīm est un plat, dont la viande est cuite dans un trou, dans le sol, dans lequel on aura auparavant fait
brûler du charbon (cf. rdəm « il a enfoui dans le sol »).
400
On note un emploi particulier de cette conjonction suivie d’une forme verbale avec une
valeur d’inaccompli concomitant ; dans ce cas, il introduit généralement un pronom
personnel indépendant.
401
xū-y ôussēn yôəbb əl-kūüa.
frère-mon Houcéne il aime le-ballon
āməs w āne ndūü lgēt tīšərt mtāε fārīq-füənûa.
hier et moi je tourne j’ai trouvé t-shirt de équipe-France
fa šrēt-hu l-əh.
alors j’ai acheté-le à-lui
« Mon frère Houcéne aime le football. Hier, pendant que je faisais un tour, j’ai
trouvé un t-shirt de l’équipe de France, alors je le lui ai acheté. »
402
ənta ~ ənti wīyā-ha « toi et elle »
ənta ~ ənti wīyā-hum « toi et eux »
žāy wəlla la ?
venant ou pas
« Il vient ou pas ? »
že εədnān wəlla la ?
il est venu Adnan ou non
« Adnan est venu ou pas ? »
4
Gharyan est une ville du Djebel Nefoûssa.
403
ygūl ’ənn-a bəri lākən kull əl-’ədəlla îudd-əh.
il dit que-lui innocent mais toutes les-preuves contre-lui
« Il dit qu’il est innocent, or toutes les preuves sont contre lui ».
5
Cf. WOIDICH 2006 : 158. Il semblerait que cette conjonction de coordination ait été empruntée à une
variété d’arabe égyptien ; elle n’a d’ailleurs pas été relevée par les auteurs précédents (i.e. STUMME,
TROMBETTI, GRIFFINI et CESÀRO).
404
- šīn əž-žəww ?
quoi l’-ambiance
- mlīô l-əz-zəbb !
bien jusqu’à-la-bite
- mlīô l-əz-zəbb ?
bien jusqu’à-la-bite
- ēh əúúāla !
oui alors
« - Comment ça va ?
- Trop de la balle, ça claque sa mère !
- Ça claque sa mère ?
- Oui alors ! »
ya tgəεməz ya təmši !
soit tu t’assieds soit tu vas
« Soit tu t’assieds, soit tu pars ! »
405
- mtāε mən ə°-°āûa ?
de qui la-tasse
- ya mtāε nīzāü, ya mtāε nāfəε !
soit de Nizar soit de Nafa
- l-əlli hūwa, əl-məfrūî mā-yxəllī-hā-š hne !
à-qui lui le-supposé ne-il laisse-la-pas ici
« - A qui est ce verre ?
- Soit à Nizar, soit à Nafa !
- A qui que ce soit (peu importe à qui elle est), il est censé ne pas le laisser ici. »
la že la tnīn la tlāt !
ni il est venu ni deux ni trois
« Il n’est venu ni à deux heures ni à trois heures ! »
A Tripoli, on peut suffixer les pronoms personnels à la négation lā-… lā- « ni… ni… ».
Il s’agit de la négation double dans les énoncés nominaux.
406
āne lā-ni kbīr u lā-ni ûāīr.
moi pas-moi grand et pas-moi petit
« Je ne suis ni grand ni petit ».
407
- gāεdīn f-əl-ôōš əl-yōm ?
étants dans-la-maison le-jour
- la, wullāhi !
non par-Dieu
- məεnā-ha, nžī-kum āudwa.
signification-sa je viens-vous demain
« - Serez-vous à la maison aujourd’hui ?
- Non (par Dieu) !
- Donc, je passerai vous voir demain. »
Conclusion
Le tableau suivant récapitule les différentes formes des conjonctions de coordination qui
ont été relevées dans le parler arabe de Tripoli.
408
Conjonctions de coordination
u~w
copulatif
« et, avec »
fa
copulatif
« et, alors »
wīyā-
copulatif
« et, avec »
wəlla ~ āw
disjonctif
« ou, ou bien »
lākən
Conjonctions simples adversatif
« mais, or »
bəss
adversatif
« mais, cependant »
əúúāla consécutif
« alors, dans ce cas » conclusif
īdən consécutif
« donc » conclusif
ôāsīlu
conclusif
« bref, finalement »
ya…ya
disjonctif
« soit…soit »
yəmma…yəmma
disjonctif
« soit…soit »
la…la
copulatif
« ni…ni »
Conjonctions multiples
la…wāla
copulatif
« ni…ni »
məüüa…məüüa ~
məüüāt…məüüāt
disjonctif
« tantôt…tantôt,
parfois…parfois »
məεnā-ha
consécutif
« donc »
b-əl-εəks
adversatif
« au contraire »
Locutions conjonctives
f-əl-ôāqīqa
adversatif
« mais en fait »
f-əl-wāqəε
adversatif
« mais en réalité »
II. La subordination
On étudiera la subordination directe et la subordination au moyen de conjonctions de
subordination. On examinera les procédés de formation de ces conjonctions :
conjonctions simples et conjonctions composées.
1. La subordination directe
On trouve des subordonnées sans marqueurs pour le discours rapporté, les complétives
et certaines finales. Sinon, les subordonnées sont introduites par des conjonctions de
subordination ou des circonstanciels.
409
1.1. Le discours indirect
Dans le cas du discours indirect, le verbe principal est le plus souvent gāl « il a dit », à
la conjugaison suffixale. Le verbe de la subordonnée est à la conjugaison préfixale,
précédé du préverbe b-, donnant au verbe de la subordonnée une valeur de futur dans le
passé. On a une valeur de visée :
xəft-a y°īô.
j’ai eu peur-lui il tombe
« J’ai eu peur qu’il tombe ».
1.3. La finale
Il s’agit d’une proposition subordonnée finale sans marqueur, dont le verbe est à la
conjugaison préfixale.
410
2.1.1. ’ənna ~ ’ənn- « que »
La conjonction ’ənna sert à former les complétives. Sa présence n’est pas obligatoire et
on peut avoir une subordination directe. La forme ’ənn- est celle à laquelle on peut
suffixer un pronom personnel cataphorique qui annonce le sujet de la proposition
subordonnée.
6
On trouve également cet emploi de əlli dans le parler arabe du Caire ; cf. WOIDICH 2006 : 387.
411
marquant une limite à atteindre ou un franchissement de frontière » (CAUBET 1993 I :
233).
Dominique CAUBET ajoute que « la limite peut aussi être de type qualitatif /
quantitatif » ; dans ce cas-là, lēn « peut s’employer pour marquer une conséquence,
après un appréciatif de quantité », tel que hālba « beaucoup » ou la locution adverbiale
à connotation obscène exprimant le haut degré õ-əẓ-ẓəḅḅ du parler arabe de Tripoli. On
peut gloser cet emploi par « tellement que ».
412
2.2.3. mnīn « depuis que »
La conjonction mnīn introduit une subordonnée conjonctive circonstancielle de temps.
413
həyya nəmšu l-əš-šə°° mādām əž-žəww mlīô !
aller nous allons à-la-plage tant que le-temps bon
« Allons à la plage tant qu’il fait beau ! »
414
ləwkān nəlga, εādi !
si je trouve normal
« Si je le trouve, c’est normal ! »
« Si je le peux, je le ferai ! »
2.4. Le souhait
Le souhait s’exprime au moyen de la locution ynšāõõāh ~ ’in šā’a õõāh « si Dieu le veut,
pourvu que ».
Conclusion
Le tableau suivant récapitule les conjonctions de subordination simples.
415
3.1.1. Préposition, nominal, adverbe + relatif ma
Au moyen d’une préposition ou d’un nominal et du pronom relatif ma, on construit des
conjonctions circonstancielles de temps et de manière.
416
əwwəl-ma gult l-i nxləεt.
dès-que tu as dit à-moi j’ai été surpris
« Dès que tu me l’as dit, j’ai été surpris. »
417
wəgt-ma tži εādi.
lorsque tu viens normal
« Quand tu viendras, ça ira. »
418
¢bə°t-ha mən-āēü-ma ygūlu l-i.
j’ai su-la sans que ils disent à-moi
« J’ai l’ai sue sans qu’ils me disent. »
Conclusion
Le tableau suivant récapitule les conjonctions de subordinations formées au moyen du
pronom relatif ma.
419
Conjonctions de subordination construites au moyen du relatif ma
gəbl-ma « avant que »
bəεd-ma « après que »
gədd-ma « tant que,
Préposition + ma
autant que »
Circonstancielles
εlē-ma « tant que, autant que »
de
fōg-ma « après tout ce que »
temps
əwwəl-ma « dès que »
kull-ma « chaque fois que,
Nominal + ma
bien que »
wəgt-ma « quand, lorsque »
blā-ma « sans que »
Préposition + ma zēy-ma « comme, ainsi que,
Circonstancielles de la même façon que »
de Préposition + préposition + ma mən-āēü-ma « sans que »
manière f-εūî-ma « au lieu de »
Préposition + nominal + ma εlē-ôəsb-ma
« d’après ce que, selon ce que »
a) b-əlli « que »
Cette conjonction se compose de la préposition b « avec, par » et du relatif əlli. Elle sert
à former les complétives. Elle connaît les mêmes emplois que la conjonction ’ənna
examinée en 2.1. Sa présence n’est pas obligatoire et on peut avoir une subordination
directe, comme cela a été étudié en 1.
420
Elle peut également être utilisée dans des subordonnées conjonctives circonstancielles
de lieu.
Conclusion
Le tableau suivant récapitule les conjonctions de subordination construites au moyen du
relatif əlli.
421
kīf-ma gult l-ək : bəüüa !
comme-que j’ai dit à-toi dehors
« Comme que je te l’ai dis : dégage ! »
422
3.2.7. mnīn-ma « d’où, à l’endroit où, où que ce soit que »
Cette conjonction de subordination est composée de l’interrogatif mnīn « d’où » et du
relatif ma.
423
3.3.1. āēü bāš « seulement pour que, uniquement pour que, rien que pour que »
La préposition āēü « seulement » est combinée à la conjonction bāš « pour que ». Elle
introduit une circonstancielle de but.
- ε°ī-ni bīro !
donne-moi stylo
- εlāš ?
pourquoi
-āēü bāš nəktəb bī-h !
seulement pour que j’écris avec-lui
« - Donne-moi un stylo !
- Pourquoi ?
- Rien que pour écrire avec ! »
424
LA POSSESSION
425
C’est également le cas lorsque le deuxième terme est un nom de lieu :
hāda yōm-εēd.
celui-ci jour-fête
« C’est un jour de fête. »
2
mbakebka est le nom d’un plat composé de viande, de légumes et de pâtes ; il s’agit d’une onomatopée
liée au bruit que fait la sauce épaisse en ébullition, lors de la préparation de ce plat. On trouve également
le verbe ḅəḳḅəḳ « il a fait des bulles ».
426
1.5. Formes renforcées
Dans le parler arabe de Tripoli, on trouve une tournure qui consiste à placer dans un
rapport de dépendance, dans une séquence à l’état construit, un nom (l’objet possédé)
pourvu d’un pronom suffixe qui annonce le possesseur, directement suivi d’un nom ou
d’un syntagme nominal qui identifie ce possesseur. Il s’agit de formes renforcées, où le
possesseur est indiqué deux fois : annoncé par un pronom suffixe et répété, dans une
séquence à l’état construit, dans un complément déterminatif, sous une forme nominale.
Le pronom peut être suffixé au premier terme de l’annexion, comme on l’a vu dans
l’énoncé précédent et comme le confirme l’exemple suivant :
hādi səyyāṛt-ā-ṣāḥəb-xū-nāfəε.
celle-ci voiture-sa-ami-frère-Nafa
« C’est sa voiture à l’ami du frère de Nafa. »
Mais il peut également être suffixé à un autre des termes ; cela entraîne une nuance de
sens, puisqu’on n’insiste pas sur le même terme de la construction :
hādi səyyāṛt-ṣāḥb-ā-xū-nāfəε.
celle-ci voiture-ami-son-frère-Nafa
« C’est la voiture de son ami au frère de Nafa. »
427
ma šnā-zəkk-əmm-əh !
que laideur-cul-mère-sa
« Qu’est-ce qu’il est moche ! Il est moche comme le cul de sa mère ! »
A Tripoli, on a même relevé une annexion à sept termes, dans une forme renforcée :
hāda ḥōš-wəld-uxt-hā-ṣāḥbət-uxt-kārīma.
celui-ci maison-fils-sœur-sa-sœur-Karima
« C’est la maison de son neveu à l’amie de la sœur de Karima. »
1.8. Conclusion
Le tableau suivant récapitule les différents modes d’annexion directe étudiés.
3
Cf. pronoms personnels (2.2.2).
428
La construction synthétique est très couramment employée dans le parler arabe de
Tripoli. C’est une caractéristique des parlers de type bédouin au Maghreb, comme le
souligne Philippe MARÇAIS dans sa classification des parlers arabes maghrébins,
lorsqu’il précise qu’un parler bédouin se reconnaît notamment à l’expression fréquente
de la relation d’appartenance par le procédé de l’annexion directe (Ph. MARÇAIS 1957 :
230). En effet, à Tripoli, contrairement à ce qui se passe dans les parlers préhilaliens,
son utilisation n’est pas limitée à certains groupes de notions naturellement associées, à
l’usage des noms de parenté, à l’expression des parties du corps ou à des notions
d’appartenance à la personnalité, dans des complexes nom + adjectif déterminé ou
adjectif + nom déterminé, ou dans des compositions comportant une véritable recherche
oratoire : formules, proverbes, interjections, obsécrations et injures (Ph. MARÇAIS
1957 : 223 et 229 et Ph. MARÇAIS 1977 : 166-167).
Dans certaines séquences, les deux termes du rapport d’annexion indirecte peuvent être
à l’état déterminé :
4
La particule mtāε est d’un usage assez général au Maghreb, mais elle est plus particulièrement employée
dans l’Est maghrébin : en Libye, en Tunisie et dans l’Est algérien. Philippe MARÇAIS précise qu’elle était
déjà attestée au 12e siècle au Maghreb, ainsi qu’en arabe andalou (Ph. MARÇAIS 1977 : 168). Par ailleurs,
Philippe MARÇAIS a relevé la particule jna / jənt-, qui serait strictement libyenne, notamment en usage au
Fezzân, mais cette dernière n’est pas employée à Tripoli et est inconnue de mes informateurs tripolitains
(Ph. MARÇAIS 1977 : 168 et 170 ; Ph. MARÇAIS 2001 : 168). Dans le parler arabe des Juifs de Tripoli, on
emploie la variante ntāε de mtāε (YODA 2005 : 261-262).
429
gədd-ma sāfərt mā-šüubt-š gəhwa zēy mtāε bārīs.
tant-que j’ai voyagé ne-j’ai bu-pas café comme de Paris
« J’ai beau voyager, je n’ai pas bu de café comme celui de Paris. »
Dans le parler arabe de Tripoli, on note une ‘symétrie’, quant à la détermination des
deux termes en rapport d’annexion indirecte : soit ils sont tout deux déterminés (par
l’article əl- ou bien le deuxième terme est un nom propre), soit ils sont tout deux
indéterminés.
La forme du masculin pluriel mtāεīn- n’est cependant plus en usage dans le parler arabe
de Tripoli contemporain, pour exprimer la possession ; en effet, dans l’arabe de Tripoli
actuel, mtāεīn est employé comme substantif, avec le sens de « parents, proches » 5.
2.4. Remarques
On remarque que, même dans les parlers où l’annexion directe est courante et
prédominante, on préfère, dans certains cas, avoir recours à l’annexion indirecte.
L’annexion indirecte vient souvent couper des séquences d’état construit comportant
plusieurs compléments déterminatifs :
430
hūwa yəktəb f-əl-bī’əyčdi 6 mtāε-əh.
lui il écrit dans-le-doctorat de-lui
« Lui, il est en train de rédiger sa thèse de doctorat. »
Dans l’exemple suivant, cela évite notamment la confusion entre šāhī-ya « mon thé » et
le participe du verbe šha « il a désiré, il a eu envie », au féminin singulier šāhya
« désirant, ayant envie » :
On emploie la particule mtāε suivie du pronom interrogatif mən, məni ou mənu « qui »
dans des phrases interrogatives :
2.5. Conclusion
Le tableau suivant récapitule les différents modes d’annexion indirecte étudiés.
3. Au moyen de prépositions
Dans le parler arabe de Tripoli, les prépositions εənd, l- / lī- permettent également
d’exprimer l’appartenance.
3.1. εənd
La préposition εənd « chez » est utilisée comme prédicat de possession. Il existe un
paradigme qui est utilisé comme une conjugaison, au moyen des pronoms suffixes.
6
C’est une transcription de l’emprunt à l’anglais ph.D.
431
PL. 1. εənd-na « nous avons (chez nous) »
2. εənd-kum « vous avez (chez vous) »
3. εənd-hum « ils, elles ont (chez eux, chez elles) »
3.2. l- et lī-
La préposition l- est également employée pour exprimer la possession.
Suivie des pronoms suffixes, cette préposition est sous la forme lī- :
432
LE SYSTEME ASPECTUEL
Dans les langues sémitiques en général, les formes verbales ne se répartissent pas selon
des paradigmes de temps. En arabe, une forme verbale ne comporte pas de morphème
(élément grammatical) « temps » ; le procès énoncé par le verbe (i.e. l’action ou l’état
exprimé par la verbe) indique comment il est envisagé du point de vue de son degré
d’accomplissement. En arabe, on a recours à deux « conjugaisons » du verbe : la
conjugaison suffixale et la conjugaison préfixale, sans qu’on retrouve, dans la forme
verbale, de référence au temps de l’énonciation. Dans le parler arabe de Tripoli, on
distingue une conjugaison suffixale et une conjugaison préfixale, tel que cela a été
étudié auparavant (voir page 87). La conjugaison suffixale exprime un procès envisagé
comme révolu, achevé, « accompli » – et ce, à un moment quelconque du temps ; la
conjugaison préfixale énonce un procès envisagé comme non-achevé, en déroulement,
« inaccompli » – et ce, à un moment quelconque du temps. En effet, nous précise David
COHEN, chaque époque (le passé, le présent et le futur) est couverte par les deux
conjugaisons de l’arabe (COHEN 1989 : 12) ; naturellement, les distinctions temporelles
sont assurées par l’environnement contextuel et éventuellement par des éléments
auxiliaires (COHEN 1989 : 13). Ces deux types de conjugaison expriment l’opposition
entre deux aspects du procès.
David COHEN, dans son ouvrage L’Aspect verbal nous propose également une
définition. Selon lui (COHEN 1989 : 42) :
– « l’aspect porte fondamentalement sur la manière dont se présente le verbe lui-même
dans sa fonction de prédicat » (i.e. comme élément central de la phrase, celui par
rapport auquel tous les éléments de la phrase marquent leur fonction ; MOUNIN 2000 :
267). La définition de l’aspect proposée par David Cohen dans son ouvrage repose sur
une opposition formelle et sémantique dans les langues. Son expression la plus simple
réside dans la constatation qu’une relation prédicative a lieu en dehors de toute
considération d’ordre temporelle (VANHOVE 2005). A l’instar de Georges MOUNIN,
David Cohen oppose « aspect » à trois autres catégories : celles du « temps », du
« mode » et de la « voix ».
433
le moment du procès, dont il est question dans la phrase, au moment de l’énonciation
(c’est-à-dire le maintenant du locuteur) » (MOUNIN 2000 : 322) ;
– le mode correspond au « principe de classement des verbes selon les diverses façons
dont le locuteur peut concevoir et présenter le processus exprimé par le verbe. En
français on distingue ainsi l’indicatif, le subjonctif, le conditionnel, l’impératif, etc.
Dans : Il viendrait si…, l’action est envisagée par le sujet comme une éventualité »
(MOUNIN 2000 : 217) ;
– « on parle traditionnellement de voix lorsque les locuteurs d’une langue donnée ont à
leur disposition deux ou plus de deux formes de prédicat pour indiquer différents types
de relations qu’entretient le prédicat avec les participants de l’action. Le plus souvent on
distingue une voix active, lorsque la forme du prédicat verbal admet comme sujet le
participant actif du procès (tue dans : le chasseur tue le loup), et une voix passive,
lorsque la forme du prédicat admet comme sujet le participant passif (est tué dans : le
loup est tué par le chasseur) » (MOUNIN 2000 : 337-338).
Par ailleurs, on constate que les langues tendent à développer des systèmes plus
complexes, tant du point de vue des formes que des valeurs. Le besoin d’expressivité
tend à faire évoluer le système. Un système aspectuel à deux formes peut se dédoubler
sur le plan de la concomitance et fonder un système aspectuel dans lequel les deux
formes se scindent en deux « sous-aspects » (VANHOVE 2005 et SIMEONE-SENELLE
1986 : 58) :
– un accompli général et un accompli concomitant ou parfait
– un inaccompli général et un inaccompli concomitant ou progressif.
434
sur l’axe du temps. David COHEN insiste sur le fait que la notion de concomitance n’est
pas à proprement parlé une notion temporelle, ne relève pas du temps situé, qu’il soit
présent, passé ou futur. Les moments de l’énonciation et de l’événement peuvent en
effet être situés sur des points différents de l’axe temporel tout en étant exprimés par
une même forme verbale » (VANHOVE 2005).
Dans son étude sur la phrase nominale et le système verbal en sémitique, publié en
1984, David COHEN compare les données de « la langue classique » comme il la
nomme, « à celles qui nous sont connues dans les dialectes » et il précise « qu’on
constate pratiquement partout des différences significatives. Mais ces différences ne
sont pas partout de même nature ». Il dit que : « dans certains dialectes, elles se
manifestent en fait pour l’essentiel dans l’utilisation de certains verbes, spécialement
des verbes de mouvement ou d’attitudes, comme semi-auxiliaires pour l’indication de
divers modes de procès, l’inchoativité par exemple ou la durée ». Il ajoute que « pour
d’autres en revanche, les caractéristiques propres portent sur la nature même du
système. C’est dans le fonctionnement des oppositions aspectives que se révèle
l’innovation. Le premier groupe est celui des dialectes nomades, le second de ceux des
sédentaires. Ce sont ces derniers qui relèvent de l’étude entreprise ici, dans la mesure où
le système verbal y a pris sa forme actuelle par l’intégration de la proposition à prédicat
participial […]. L’essentiel est dans le croisement de l’opposition inaccompli : accompli
par l’opposition non-concomitant : concomitant » (COHEN 1984 : 278-279).
David COHEN présente ensuite, dans son étude, cinq systèmes dialectaux différents, du
plus simple au plus élaboré, du plus proche de celui du classique au plus distant (COHEN
1984 : 279-292 et CAUBET 1993 : 151-154).
1) Les systèmes les plus pauvres sont ceux qui ne réalisent la distinction non-
concomitant / concomitant que dans un seul des deux plans inaccompli ou accompli. Le
système oppose un inaccompli dédoublé à un accompli simple. Le système y est
constitué pour l’accompli par une forme unique, la conjugaison suffixale, sans
différenciation entre un concomitant (parfait) et un non-concomitant. L’inaccompli
présente une structure plus complexe. La conjugaison préfixale fournit l’expression de
l’inaccompli général, mais l’expression de la concomitance est assumée de deux
manières différentes. Pour certains verbes, surtout intransitifs, désignant essentiellement
des mouvements, c’est le participe actif qui est utilisé. Pour les autres, la forme est
complexe, constituée par la conjugaison préfixale précédée d’un auxiliaire qui lui-même
se trouve être à la forme participiale.
435
Inaccompli Accompli
Non-concomitant Conjugaison préfixale
Préverbe + Conjugaison Préfixale
Conjugaison suffixale
Concomitant (Participe actif verbes de
mouvement)
2) Certains dialectes offrent une illustration d’un système dans lequel l’opposition non-
concomitant : concomitant ne s’est réalisée que dans l’accompli alors que l’inaccompli
ne connaît pas la distinction concomitant : non-concomitant. Il en est du moins ainsi
pour l’immense majorité des verbes ; pour les verbes de mouvement cependant, le
participe semble pouvoir fournir une expression de la concomitance.
Inaccompli Accompli
Non-concomitant Conjugaison préfixale Conjugaison suffixale
(Participe actif verbes de
Concomitant Participe actif
mouvement)
3) Il existe un autre type de schéma dissymétrique, dans lequel pour la grande majorité
des verbes, l’accompli est dédoublé selon l’opposition non-concomitant : concomitant,
alors que l’inaccompli représente à la fois le non-concomitant et le concomitant. C’est
celui où apparaît une opposition de nature modale entre la conjugaison préfixale avec
préverbe et la conjugaison préfixale sans préverbe, celle-ci constituant la forme à la
fonction modale. On dit « qu’il y a emploi modal d’une forme verbale lorsqu’elle n’est
pas libre, c’est-à-dire quand elle n’apparaît que dans des phrases complétives ou
modales, qu’elle exprime un procès accessoire par rapport au procès principal (que le
verbe exprimant le procès accessoire soit ou non introduit par une conjonction).
Inaccompli Accompli
Modal Conjugaison préfixale
Non-concomitant
Préverbe + Conjugaison préfixale Conjugaison suffixale
(non-modal)
(Participe actif verbes de
Concomitant
mouvement) Participe actif
(non-modal)
Inaccompli Accompli
Non-concomitant Conjugaison préfixale Conjugaison suffixale
Concomitant Préverbe + Conjugaison Préfixale Participe actif
436
Inaccompli Accompli
Modal Conjugaison préfixale
Non-concomitant
Préverbe b + Conjugaison préfixale Conjugaison suffixale
(non-modal)
εam + Conjugaison préfixale
Concomitant
(Participe actif verbes de Participe actif
(non-modal)
mouvement)
On étudiera le système aspectuel du parler arabe de Tripoli, i.e. d’analyser les emplois
des formes verbales dans chacun des deux aspects : accompli et inaccompli ; on traitera
les emplois non modaux dans un premier temps, puis les emplois modaux.
1.1. Inaccompli
Dans l’inaccompli, le procès est saisi dans son déroulement, dans son non achèvement.
Dans un premier temps, l’inaccompli concomitant sera traité, puis, dans un deuxième
temps, l’inaccompli concomitant.
437
ü-übīε mən fumm-əl-bāb ybān.
le-printemps de pas-la-porte, seuil il apparaît
« Le printemps se manifeste dès le pas de la porte (On sait si une personne est bonne ou
mauvaise, dès les premiers instants où l’on fait sa connaissance) ».
1.1.1.2. Habitudes
C’est la conjugaison préfixale qui permet d’exprimer les habitudes.
Dans les énoncés suivants, le complément d’objet est introduit par la préposition fi. Ce
procédé syntaxique est caractérisé par l’utilisation d’un verbe à la conjugaison préfixale,
suivi de la préposition fi, suivi du complément d’objet et permet l’expression d’actions
habituelles ou qui se répètent 1.
1
Ce procédé syntaxique permet également l’expression de l’intensif / duratif (cf. 2b ci-après).
438
āudwa nəmši l bənāāzi.
demain je vais à Benghazi
« Demain je vais à Benghazi ».
439
zmān kān əl-wāzīr w əl-buwwāb yətāəddu
époque il a été le-ministre et le-portier ils déjeunent
mεa-bəεî-hum yəεni hūwa yəbda wāzīr u
avec-certains-eux il signifie lui il commence ministre et
l-buwwāb mtāε-a ygəεmzu f wəgt-lə-āde
le-portier de-lui ils s’assoient à, dans temps-le-déjeuner
yətāəddu mεa-bəεî-hum u bəεdēn l-wāzīr yəmši
ils déjeunent avec-certains-eux et ensuite le-ministre il va
l šuāl-a wāzīr u l-buwwāb yəmši
à, vers occupations-son ministre et le-portier il va
l šuāl-a buwwāb.
à, vers occupation-son portier
« Autrefois, le ministre et le portier déjeunaient ensemble ; c’est-à-dire, lui, ministre, il
s’asseyait avec son portier, à l’heure du déjeuner. Ils déjeunaient ensemble, puis,
ensuite, le ministre vaquait à ses occupations de ministre et le portier vaquait à ses
occupations de portier ».
1.1.2. Concomitant
C’est dans l’inaccompli concomitant que sont exprimés le progressif, l’actuel et le
prospectif, au moyen de la conjugaison préfixale et du participe actif. Aussi, des
moyens syntaxiques particuliers permettent l’expression de la concomitance en ajoutant
des valeurs précises, notamment le duratif, l’intensif.
1.1.2.1. Actuel
A Tripoli, la conjugaison préfixale et le participe actif permettent d’exprimer l’actuel.
Une construction syntaxique permet également de l’exprimer : on emploie le participe
actif gāεəd suivi d’un verbe à la conjugaison préfixale.
1.1.2.1.1. Progressif
La conjugaison préfixale peut exprimer la concomitance avec l’acte d’énonciation ou un
autre événement pris pour référence, la concomitance dans l’inaccompli, donc un
progressif.
nəübə° s-sbīdüo.
je noue les-chaussures de sport
« je suis en train d’attacher mes chaussures (je suis en train de faire mes lacets) ».
nbəûûər εlē-k.
je plaisante PREP.-toi
« Je suis en train de plaisanter avec toi ».
yətmənyək εlē-ya.
il se moque PREP.-moi
« Il est en train de se moquer de moi ».
440
1.1.2.1.2. Participe actif
Par ailleurs, il existe à Tripoli un autre procédé pour marquer la concomitance, avec une
valeur d’actuel. Pour certains verbes, l’expression de la concomitance se fait au moyen
du participe actif. Le participe actif s’intègre au système verbal pour exprimer une
notion aspectuelle. Ces verbes se regroupent sémantiquement ; il s’agit des verbes dits
d’état et des verbes de mouvement.
gāεəd āādi.
restant là-bas
« Il est là-bas ».
gāεda tṛāži.
étant en train de elle attend
« Elle est en train d’attendre ».
gāεdīn yāklu.
étant en train de ils dorment
« Ils sont en train de dormir ».
2
A Tripoli, ce verbe n’a pas le sens de « il est assis », qui se dit gəεməz.
441
1.1.2.2. Duratif / Intensif
Deux procédés syntaxiques permettent l’expression de l’intensif et du duratif :
- un verbe à la conjugaison préfixale suivi de la préposition fi ;
- le participe actif gāεəd suivi d’un verbe à la conjugaison préfixale, suivi de la
préposition fi.
nušüub fi šāhi
je bois PREP. thé
« Je suis en train de boire du thé ».
nušüub šāhi
je bois thé
« Je bois (généralement) du thé ».
3
On trouve également cette préposition sous la forme f(ə)-.
442
Mireille DAROT (1981 : 21) a également étudié cette structure syntaxique en arabe
tunisien et précise que dans ce parler « le verbe à l’aspect morphologique inaccompli
peut être précédé du participe présent "qaعad" (restant), l’ensemble : participe "qaعad"
+ verbe à l’inaccompli ayant une valeur d’inaccompli fortement actualisé. Si le verbe a
un C1 4, le C1 est précédé de la préposition fi = dans.
Cette préposition "fi" est employée devant le C1 pour l’inaccompli fortement actualisé
ou pour l’inaccompli dans le passé ».
1.1.2.3. Prospectif
David Cohen a défini cette valeur comme marquant « l’imminence ou le caractère
certain d’un procès donné métaphoriquement pour actuel » (1984 : 272). En effet, pour
les verbes de mouvement, le participe actif peut avoir cette valeur de prospectif : i.e. le
procès énoncé s’actualise dans le présent de l’énonciateur comme allant commencer à se
dérouler ; il est envisagé comme certain, faisant déjà partie de son présent.
Il faut également tenir compte de la valeur modale qu’exprime cette forme, comme le
souligne Dominique CAUBET pour l’arabe marocain (1986 : 106) : c’est une forme qui
exprime « un événement non encore commencé au moment de l’énonciation […]
considéré comme certain par l’énonciateur […]. Cette forme est donc toute désignée
pour être la marque d’une valeur où le sujet énonciateur est très fortement impliqué ; en
effet il pose comme actuel et comme certain un procès qui n’a pas encore commencé ».
rākəb fōg ?
montant haut, sur
« tu montes ? »
« tu es sur le point de monter ? »
Dans le parler arabe de Tripoli, plusieurs formes et procédés syntaxiques sont utilisés
pour exprimer l’inaccompli concomitant. L’actuel s’exprime au moyen de la forme
préfixale, du participe actif (verbes d’état) ou grâce au participe actif gāεəd suivi d’un
verbe à la forme préfixale. La préposition fi est employée pour exprimer l’aspect duratif
/ intensif : on emploie un verbe à la forme préfixale suivi de fi ; on l’exprime également
4
Il s’agit du complément de rang 1, dans le cadre de la théorie de l’énonciation. Plutôt que d’utiliser des
termes trop chargés sémantiquement de sujet, complément d’objet, complément d’attribution, on indique
que le positionnement de surface des termes, en les appelant complément de rang 0 (C0), complément de
rang 1 (C1) et complément de rang 2 (C2). Voir CAUBET 1993 II : 56.
443
au moyen du participe actif gāεəd, suivi d’un verbe à la forme préfixale suivi de fi. Le
participe actif des verbes de mouvement permet d’exprimer le prospectif.
1.2. Accompli
Comme pour l’inaccompli, on distingue le non concomitant et le concomitant. Dans
l’accompli non concomitant, le procès est considéré soit comme achevé, accompli à un
moment quelconque, sans référence au moment de l’énonciation (accompli général) ;
dans l’accompli concomitant, il est considéré comme résultatif, i.e. un procès dont
l’accomplissement s’implique dans le présent du locuteur (un parfait).
1.2.1.1. Aoriste
Dans l’accompli, la non concomitance est exprimée par la conjugaison suffixale qui a
une valeur d’accompli général, d’aoriste. L’accompli marque une situation advenue et
disparue, dont on n’envisage pas le déroulement et qui est non incidente à la situation
d’énonciation. Cette valeur est très fréquente dans un contexte de passé.
gəûûēt îwāfr-i.
j’ai coupé ongles-mes
« J’ai coupé mes ongles ».
mšēna l ôōš-žədd-i
nous sommes allés à, vers maison-grand-père-mon
u ltəmmu xāl-i u εəmm-i.
et ils se sont réunis oncle maternel-mon et oncle paternel-mon.
« Nous sommes allés chez mon grand-père et mes oncles se sont réunis ».
Dans le parler arabe de Tripoli, l’accompli non concomitant est exprimé par la
conjugaison suffixale, qui donne une valeur d’aoriste, d’accompli général au verbe.
1.2.2. Concomitance
La conjugaison suffixale et le participe actif permettent de marquer l’accompli
concomitant, i.e. l’état résultant de l’accomplissement d’un procès.
444
1.2.2.1. Conjugaison suffixale
La conjugaison suffixale a une valeur de parfait résultatif pour certains verbes
d’entendement, de mouvement, de perception, d’ingurgitation ; il s’agit des verbes que
Marcel COHEN (1924) a qualifié de « déponents-internes » et que David COHEN (1984)
appelle « verbes endocentriques ».
šbəεt.
« Je suis rassasié ».
nôüəgt
« Je me suis brûlé ».
fhəmt-ək.
j’ai compris-te
« Je t’ai compris ».
āne wākəl.
moi mangeant
« J’ai (déjà) mangé ».
445
təwwa mše.
maintenant il est parti
« Il vient de partir ».
təwwa wûəlna.
maintenant nous sommes arrivés
« Nous venons d’arriver ».
On retrouve cela en arabe tunisien, où l’accompli concomitant peut être marqué dans le
contexte par un actualisateur taw ou tawikay « juste, à l’instant même » et un verbe à la
conjugaison suffixale, comme l’a mentionné Marie-Claude SIMEONE-SENELLE (1986 :
70)
2. Emplois modaux
On parle d’emploi modal d’une forme verbale lorsque l’état exprimé par le verbe est
dépendant d’un autre procès. La dépendance à une forme verbale peut être implicite ou
explicite ; dans ce dernier cas, elle est marquée syntaxiquement (la proposition
complétive est alors introduite par une conjonction). Les emplois modaux de la
conjugaison préfixale, puis de la conjugaison suffixale seront examinés ; le participe
actif n’a aucune valeur modale.
446
2.1. Conjugaison préfixale
Les verbes à la conjugaison préfixale apparaissent en situation de dépendance d’un
autre verbe, ou en situation de dépendance d’un auxiliaire modal, ou bien en situation
de dépendance dans des subordonnées et dans l’expression du futur.
447
2.1.2. Verbes en situation de dépendance d’un auxiliaire
Quand la forme préfixale est précédée d’un auxiliaire, elle se trouve en position de
dépendance. Il s’agit essentiellement des auxiliaires inchoatifs et duratifs.
448
gāl l-i nīzāü b-yži.
il a dit à-moi Nizar FUT-il vient
« Il m’a dit que Nizar viendrait ».
xəft-a y°īô.
j’ai eu peur-lui il tombe
« J’ai eu peur qu’il tombe ».
449
nüāži fī-h lēn yūûəl.
j’attends PREP.-lui jusqu’à ce que il arrive
« Je l’attends / je l’attendrai jusqu’à ce qu’il arrive »
mā-εənd-i ma ngūl.
NÉG.-chez-moi REL. je dis
« Je n’ai rien à dire ».
mā-lge ma ydīr.
NÉG.-il a trouvé REL. il fait
« Il n’a rien trouvé à faire ».
450
bəεd-ma yənôə°° əl-lôəm,
après que il est mis la-viande
bəεd-ma yəttāklu hādūöāy-əl-lôēmāt əl-bāhyāt,
après que ils sont mangés ces-là-morceaux de viande les-bons
tôəss üōô-ək bə°n-ək mεəbbya.
tu sens âme-ton ventre-ton remplie
« Après que la viande est mise, après que ces bons morceaux de viande-là sont mangés,
tu sens que ton ventre est plein ».
2.1.4. Futurs
On étudie ici les emplois de la conjugaison préfixale en dépendance d’un verbe et des
particules marquant un futur.
2.1.4.2. préverbe b-
A Tripoli, le futur d’intention s’exprime au moyen de la conjugaison préfixale, précédée
du préverbe b-.
451
kunt b-nəmši l tūnəs,
j’ai été FUT.-je vais à, vers Tunis
mšēt l māl°a.
je suis allé à, vers Malte
« J’avais l’intention d’aller à Tunis, (mais) je suis allé à Malte ».
Pour le Fezzân, Dominique CAUBET (2004 : 89) précise que « le futur se forme au
moyen d’un préverbe b-/bī-, à rapprocher du verbe bª-ibí/ibbi ‘vouloir’ […]. Ce
préverbe marque aussi la volonté […]. Chez les Duwwāda […], le préverbe a aussi un
sens final ».
Dans les parlers orientaux, le préverbe b- semble avoir une « valeur durative de
l’inaccompli », indiquant « que l’action est en cours d’accomplissement » (TOMICHE
1964 : 106) 5.
ôā-nəstāôəš lībya.
FUT.-je me languirai de Libye
« La Libye va me manquer ».
təwwa yži
maintenant il vient
« il vient tout de suite, il est sur le point d’arriver ».
5
Au sujet de la particule b-, on peut également consulter le travail de Georg KAMPFFMEYER (1900).
452
Dominique CAUBET, dans une étude sur l’arabe marocain, précise que « ce futur
marque une plus grande imminence dans le temps, plutôt qu’une plus grande
implication de l’énonciateur. Ainsi, nous voyons qu’il y a des futurs plus axés sur le
temps et d’autres sur l’implication de l’énonciateur, c’est-à-dire sur la modalité »
(CAUBET 1986 : 122).
3. Conclusion
Le tableau suivant récapitule le système aspectuel du parler arabe de Tripoli et rappelle
les différentes constructions qui permettent l’expression de la non concomitance et de la
concomitance dans l’inaccompli et dans l’accompli.
453
Inaccompli Accompli
- conjugaison préfixale
- conjugaison suffixale
(verbes transitifs)
(verbes endocentriques)
- participe actif (verbes de
- participe actif (verbes
mouvements, de position
endocentriques)
Concomitant du corps et verbes d’état)
- procédés syntaxiques :
- procédés syntaxiques :
təwwa (+ kīf) + conjugaison
gāεəd + conjugaison
suffixale
préfixale (+ fi)
Pour l’expression de la non concomitance, on n’a pas besoin de distinguer les classes de
verbes ; ni pour les emplois modaux.
454
MODALITÉS
La modalité est une catégorie grammaticale qui recoupe plusieurs phénomènes dans les
langues. Pour cette raison, on parle plutôt de l’expression des modalités.
L’étude des modalités permet de poser deux types de relations : une relation de
l’énonciateur à la relation prédicative, c’est-à-dire la relation de l’énonciateur au
contenu propositionnel ; et également une relation intersubjective, c’est-à-dire la
relation entre l’énonciateur et son co-énonciateur.
Cette étude se situe dans le cadre de la théorie des opérations énonciatives élaborée par
Antoine CULIOLI. Il distingue quatre types de modalités 1, qu’il articule autour de deux
axes : les relations inter-subjectives et les problèmes de quantification et de
qualification.
Bien qu’on leur attribue des numéros, en réalité, les modalités se chevauchent et
appartiennent la plupart du temps à plusieurs types.
De plus, en travaillant sur les langues, on s’aperçoit qu’on ne peut pas considérer
chaque catégorie grammaticale séparément. A ce sujet, Antoine CULIOLI précise :
« notre travail consiste à opérer de façon transcatégorielle, une fois que nous avons
construit les catégories : c’est-à-dire qu’il ne faut pas avoir d’un côté l’aspect, de l’autre
la modalité et d’un autre encore la quantification avec des opérations complètement
1
Voir CULIOLI 1976 : 69-74 et CULIOLI 1984 : 80. Voir également BOUSCAREN & CHUQUET 1987 : 36-37
et CAUBET 1993 II : 65-66.
455
cloisonnées ; mais il faut montrer que nous avons des opérations transversales qui
établissent des relations transcatégorielles » (CULIOLI 1984 : 57).
Cette recherche se base sur l’étude effectuée par Dominique CAUBET (1993) pour
l’arabe marocain, qui se situe également dans le cadre des théories énonciatives,
élaborée par Antoine CULIOLI. Cela permet ainsi d’effectuer un travail de comparaison
entre deux parlers arabes, de type maghrébin.
2
Dans la théorie de l’énonciation élaborée par Antoine CULIOLI, plutôt que d’utiliser les termes trop
chargés sémantiquement de sujet, complément d’objet, complément d’attribution, etc., on n’indique que
le positionnement de surface des termes ; on les appelle complément de rang 0 (C0), complément de rang
1 (C1) et complément de rang 2 (C2), etc. A ce sujet, voir CULIOLI 1976 : 94-100 et CAUBET 1993 II : 2.
456
La modalité 1
I. L’assertion
L’assertion, positive ou négative, permet à l’énonciateur de se porter garant de ce qu’il
dit face au co-énonciateur. Du fait qu’il se porte garant du contenu de la relation
prédicative, il ne peut choisir qu’une seule valeur : soit la valeur positive, soit la valeur
négative.
1. L’assertion positive
L’énoncé assertif peut être un énoncé verbal ou un énoncé nominal.
kəmməlt.
j’ai terminé
« J’ai terminé. »
lə-m°əü tûubb.
la-pluie elle verse
« Il pleut. »
šrēt ôōš.
j’ai acheté maison
« J’ai acheté une maison. »
1
« Une relation prédicative, de façon simplifiée, résulte de la mise en relation d’un terme (nom) et d’un
prédicat représenté généralement par un verbe : le prédicat, au sens large, désigne le verbe et ses
compléments. Prédicat au sens étroit ne désigne que le verbe, qui est le vrai relateur utilisé pour mettre en
rapport deux termes » (BOUSCAREN & CHUQUET 1987 : 9).
2
Voir CULIOLI 1976 : 69-71, CULIOLI 1984 : 81, CAUBET 1993 II : 66-103, BOUSCAREN ET CHUQUET
1987 : 36-37.
3
Dans la théorie de l’énonciation élaborée par Antoine CULIOLI, plutôt que d’utiliser les termes trop
chargés sémantiquement de sujet, complément d’objet, complément d’attribution, etc., on n’indique que
le positionnement de surface des termes ; on les appelle complément de rang 0 (C0), complément de rang
1 (C1) et complément de rang 2 (C2), etc. A ce sujet, voir CULIOLI 1976 : 94-100 et CAUBET 1993 II : 2.
457
1.2. Enoncé nominal
Les énoncés nominaux suivants sont des relations de différenciation à valeur
d’attribution composées d’un prédicat non-verbal 4, précédé d’un repère prédicatif 5 (ou
C0).
hīya šēna.
elle laide
« Elle est laide. »
humma ûāāü.
eux petits
« Ils sont petits. »
2. L’assertion négative
Lorsqu’on définit l’assertion négative, on pose le problème de la portée de la négation.
Une assertion négative est une assertion où la négation porte sur le prédicat,
représentant de toute la relation prédicative (CAUBET 1993 II : 67). Elle concerne les
énoncés verbaux et les énoncés nominaux. Aussi, du point de vue de la forme du
morphème de négation, on distingue, un morphème discontinu et un morphème continu.
4
« L’énoncé nominal se définit, de manière négative, par la nature de son prédicat non-verbal ; ce peut
être un substantif, un adjectif, un groupe nominal, un pronom, un groupe prépositionnel, un adverbe, un
participe ou une préposition » (CAUBET 1993 II : 21).
5
Le repère prédicatif correspond au terme de départ, ou ce à propos de quoi il est prédiqué quelque chose
(BOUSCAREN & CHUQET : 1987 : 140).
458
û-ûāāü mā-yədwū-š zēy ëëāhāt-hum.
les-petits ne-ils parlent-pas comme pères-leurs
« Les jeunes ne parlent pas comme leurs parents. »
mā-žāb-hā-š.
ne-il a apporté-la-pas
« Il ne l’a pas apportée. »
mā-güət-hum-š.
ne-elle a lu-les-pas
« Elle ne les a pas lus. »
mā-gāl-hā-l-ī-š.
ne-il a dit-la-à-moi-pas
« Il ne me l’a pas dite. »
mā-ε°ēt-hū-l-ā-š.
ne-j’ai donné-le-à-lui-pas
« Je ne le lui ai pas donné. »
mā-nəmšī-š.
ne-je vais-pas
« Je n’irai pas. »
6
En effet, lorsque les compléments de rang 1 et 2 ne sont pas sous la forme pronominale, alors le
morphème discontinu n’entoure que le prédicat verbal et les compléments se trouvent après le syntagme
verbal : mā-güət-š əl-ktābāt. mā-ε°ēt-š əl-ktāb l-nāfəε.
ne-elle a lu-pas les-livres ne-j’ai donné-pas le-livre à-Nafa
« Elle n’a pas lu les livres. » « Je n’ai pas donné le livre à Nafa. »
459
mā-gāl-š āsm-əh.
ne-il a dit-pas nom-son
« Il n’a pas dit son nom. »
la, mā-fhəmt-š.
non ne-j’ai compris-pas
« Non, je n’ai pas compris. »
A Tripoli, la négation mā…šēy peut avoir une valeur modale et être ressentie comme
plus polémique dans certains contextes ; dans ce cas, il faut tenir compte des
phénomènes intonatifs. Mais elle garde le sens de « ne…rien », indiquant une quantité
nulle.
mā-nəε°ī-h šēy !
ne-je donne-lui chose
« Je ne lui donnerai rien ! »
460
məš bə-nžu l-bənāāzi.
nég. fut.int.-nous venons à-Tripoli
« Nous n’avons pas l’intention de venir à Benghazi. »
Dans le parler arabe de Tripoli, mūš et məš alternent. Il ne faut pas confondre le
morphème mūš avec mā-hū-š ; alors que mūš et məš permettent de nier toute la relation
prédicative, mā-hū-š est composé du morphème discontinu de négation mā…š qui
entoure le pronom affixe de troisième personne du masculin singulier -hū- et permet de
nier une relation d’identification (cf. 2.2.2.).
7
Il s’agit d’introduire des propriétés différentielles qui qualifient des éléments nominaux, c’est-à-dire des
propriétés de non-symétrie, dans des relations de différenciation, où l’un des termes sert obligatoirement
de repère à l’autre (CAUBET 1993 II : 59). « On distingue deux séries de valeurs qui établissent une
relation de différenciation entre deux termes : la localisation et l’attribution » (CAUBET 1993 II : 32).
8
« La localisation, en plus de la différenciation, suppose une spécification de la localisation par une
locution prépositionnelle ou adverbiale, qui constitue le terme repère. Les énoncés sont composés d’un
terme repéré, en position de C0, et d’une locution prépositionnelle ou adverbiale, terme repère, qui est en
fonction prédicative » (CAUBET 1993 II : 33). Outre la non-symétrie, la localisation est non-réflexive et
transitive (CAUBET 1993 II : 60).
461
ləhžət-°üābləs məš zēy ləhžət-bənāāzi.
parler-Tripoli pas comme parler-Benghazi
« Le parler de Tripoli n’est pas comme le parler de Benghazi. »
Voici une comparaison entre l’arabe marocain et l’arabe de Tripoli (CAUBET 1993 II :
70).
9
« La valeur d’attribution se caractérise par l’emploi en fonction prédicative d’un nominal (adjectif ou
substantif), qu’il s’agisse de l’appartenance (d’un élément à une classe), ou de l’inclusion (d’une classe
dans une autre) » (CAUBET 1993 II : 40). « L’attribution a en commun avec la localisation la propriété de
non-symétrie » (CAUBET 1993 II : 60).
462
MAROC TRIPOLI
- xt-ək qbīôa ! - uxt-ək šēna !
<sœur-toi-méchante> sœur-ta vilaine
-la, mā qbīôa š / mā qbīôa šēy ! - la, məš šēna !
<non-ne-méchante-pas/chose> non, pas vilaine
« - Ta sœur est méchante ! « - Ta sœur est vilaine !
- Non, elle n’est pas méchante (du tout) ! » - Non, elle n’est pas vilaine (du tout) ! »
La préposition εənd « chez » est utilisée comme prédicat de possession dans une
tournure prépositionnelle locative. Cette expression de localisation est verbalisée ; il
existe un paradigme qui est utilisé comme une conjugaison, au moyen des pronoms
suffixes.
10
L’opération d’identification est marquée par une copule non-verbale. Il s’agit des pronoms personnels
indépendants de troisième personne. Le pronom-copule met en relation deux termes identifiés qui doivent
être fortement déterminés. Le pronom-copule s’accorde en genre et en nombre avec le terme repéré (C0).
La relation d’identification implique la symétrie et la réflexivité (CAUBET 1993 II : 59).
463
SG. 1. εənd-i « j’ai (chez moi) »
2. εənd-ək « tu as (chez toi) »
3.m. εənd-a ~ εənd-əh « il a (chez lui) »
3.f. εənd-ha « elle a (chez elle) »
PL. 1. εənd-na « nous avons (chez nous) »
2. εənd-kum « vous avez (chez vous) »
3. εənd-hum « ils, elles ont (chez eux, chez elles) »
mā-εənd-ī-š flūs.
ne-chez-moi-pas argent
« je n’ai pas d’argent. »
mā-εənd-hā-š wlād.
ne-chez-elle-pas enfants
« Elle n’a pas d’enfants. »
mā-εənd-ā-š səyyāüa.
ne-chez-lui-pas voiture
« Il n’a pas de voiture. »
La préposition fi « dans » est utilisée comme situatif, avec le sens de « il y a ». Elle est
utilisée comme prédicat dans des relations de différenciation, avec la valeur de
localisation.
mā-fī-š xubza.
ne-il y a-pas pain
« Il n’y a pas de pain. »
mā-εənd-i šēy.
ne-chez-moi rien
« Je n’ai rien. »
mā-fi šēy.
ne-il y a rien
« Il n’y a rien. »
Conclusion
Une assertion négative est une assertion où la négation porte sur le prédicat, en tant que
représentant de toute la relation prédicative, tel que cela a été étudié jusqu’à présent,
c’est-à-dire qu’elle ne s’applique pas au repère prédicatif : « il s’agit d’une négation
exclusive, où l’on prend une valeur de la relation prédicative et on constate qu’elle ne
464
permet pas la validation de la relation » (CAUBET 1993 II : 70). Le tableau suivant
récapitule l’assertion négative.
Assertion négative
Morphèmes Enoncés à prédicat verbal Enoncés à prédicat non-verbal
mā…š entoure un prédicat verbal à la entoure les pronoms affixes : négation
conjugaison suffixale ou de la relation d’identification
préfixale non-préverbée entoure le situatif fi : négation de
l’existence mā-fī-š « il n’y a pas »
entoure la locution prépositionnelle
εənd-X : négation de la possession
mā-εənd-X-š « X n’a pas »
mā…šēy entoure un prédicat verbal à la entoure le situatif fi : indique une
conjugaison préfixale non- quantité existante nulle
préverbée : indique une entoure la locution prépositionnelle
quantité nulle εənd-X : indique une quantité possédée
nulle
mūš ~ məš précède un prédicat verbal à la nie une relation de différenciation
conjugaison préfixale (valeur de localisation et d’attribution)
préverbée en b- ou ôā-
précède un prédicat verbal à la
forme participiale
Pour permettre une comparaison avec le cas de l’assertion, on va évoquer des cas où la
négation porte sur un autre élément que le prédicat.
465
mūš üābīε əlli f-əl-kūžīna, hāda nāfəε.
pas Rabi REL. dans-la-cuisine celui-ci nafa
« Ce n’est pas Rabi qui est dans la cuisine, c’est Nafa. »
Dans les énoncés verbaux, on peut avoir une négation qui porte sur le C1, composé
uniquement du premier élément de négation mā. A Tripoli, on trouve mā employé seul,
dans les serments, notamment lorsqu’on emploie wullāhi « par Dieu » (CAUBET 1996 :
87).
- wēn əd-duxxān ?
où le-tabac
- la, wullāhi, mā-šrēt.
non par Dieu pas-j’ai acheté
« - Où sont les cigarettes ?
- Non, par Dieu, je n’ [en] ai pas acheté. »
466
Cependant, contrairement à ce qui a été présenté par Dominique CAUBET pour l’arabe
marocain, on ne trouve pas, à Tripoli, cette négation dans une optique contrastive. Voici
une comparaison entre l’arabe marocain et l’arabe de Tripoli (CAUBET 1993 II : 71).
MAROC TRIPOLI
- fīn əl-qəûbōü ? - wēn əl-lôəm ?
<où?-la coriandre> où la-viande
- mā šrīt qəûbōü, šrīt əl-məεdnūs ! - mā-šrēt-š lôəm, šrēt džāž !
<ne-j’ai acheté-coriandre-j’ai acheté-le persil> ne-j’ai acheté-pas viande j’ai acheté poulet
- Où est la coriandre ? - « Où est la viande ?
- Je n’ai pas acheté de coriandre, - Je n’ai pas acheté de viande,
j’ai acheté du persil ! j’ai acheté du poulet ! »
Conclusion
Le tableau suivant récapitule les cas où la négation porte sur un autre élément que le
prédicat.
467
La négation porte sur un élément de la relation
Morphèmes
La négation porte sur
məš ~ mūš wullāhi, mā- mā…š
énoncés nominaux :
məš + C0 + C1
le repère prédicatif
énoncés verbaux :
(C0)
məš + C0 + əlli +
verbe
énoncés verbaux : énoncés verbaux :
le deuxième terme énoncés nominaux :
wullāhi, mā mā + verbe + š
(C1) C0 + məš + C1
+ verbe + ØC1 + ØC 1
les circonstants məš + circonstants
la relation məš + relation
prédicative prédicative pré-
pré-assertée assertée
II. L’interrogation 11
L’interrogation a pour but, dans le cas le plus simple, de faire produire une assertion au
co-énonciateur (CAUBET 1993 II : 65). En utilisant l’interrogation, l’énonciateur ne
prend pas personnellement position entre le vrai et le faux. Il propose au co-énonciateur
de trancher, de valider. L’interrogation se rapproche ainsi de la modalité 4, modalité
inter-subjective.
11
Cf. CAUBET 1993 II : 72-88, notamment pour l’aspect théorique qui concerne l’interrogation, d’après
CULIOLI (1984 : 60-62).
12
« Dans le cadre de la théorie de l’énonciation, si l’on étudie les différentes étapes de la construction
d’une relation prédicative, on est amené à distinguer :
- le C0, ou sujet grammatical, trace en surface du premier argument de la relation primitive,
- du repère prédicatif (ou terme de départ), qui sert de repère à la relation primitive orientée,
- du repère constitutif qui, lui, permettra d’introduire une thématisation » (CAUBET 1993 II : 2).
468
Dans le cas du repérage direct par rapport à la situation d’énonciation, c’est le verbe qui
est en tête d’énoncé.
šīnu že nāfəε ?
quoi il est venu Nafa
« Est-ce que Nafa est venu ? »
Pour les énoncés nominaux, dans le cas du repérage direct par rapport à la situation
d’énonciation, c’est le prédicat qui est en tête d’énoncé.
šīnu fi mšākəl ?
quoi dans problèmes
« Est-ce qu’il y a des problèmes ? »
šīnu nāfəε že ?
quoi Nafa il est venu
« Est-ce que Nafa est venu ? »
469
šīnu nāfəε sāεd-ək ?
quoi Nafa il a aidé-te
« Est-ce que Nafa t’a aidé ? »
Pour les énoncés nominaux, le C0 est en tête d’énoncé et sert de repère prédicatif.
Il peut s’agir d’un énoncé verbal, ce qui donne en surface un ordre verbe – groupe
nominal.
13
Le choix d’un repère constitutif c’est le choix d’un « topic » ou d’un « thème ». Il doit être identifié,
connu, donc stable et fortement déterminé (CAUBET 1993 II : 58 et BOUSCAREN & CHUQUET 1987 : 143).
14
Pour une définition des valeurs référentielles, voir BOUSCAREN & CHUQUET 1987 : 145.
470
že nāfəε ? 15
il est venu Nafa
« Nafa est-il venu ? »
sāεd-ək nāfəε ?
il a aidé-te Nafa
« Nafa t’a-t-il aidé ? »
ôəûûəl vīza ?
il a obtenu visa
« A-t-il obtenu un visa ? »
εənd-ək xədma ?
chez-toi travail
« As-tu du travail ? »
fi mšākəl ?
dans problèmes
« Y a-t-il des problèmes ? »
š-šəgga šāīra ?
l’-appartement petite
« L’appartement est-il petit ? »
hīya εəüfāt-ək ?
elle elle a reconnu-te
« Elle t’a reconnu ? »
15
Cet énoncé est prononcé [ʒe naˈfaːːːʕ].
16
Cet énoncé est prononcé [xde ᵲɑbɪːʕ asːɪjːaːˈᵲaːːː].
471
əl-wəld üāgəd ?
l’-enfant dormant
« L’enfant dort ? »
- əl-fuûôa səεba !
le-classique difficile
- ûəεba l-fuûôa ?
difficile le-classqiue ?
- « L’arabe classique, c’est difficile !
- C’est difficile, l’arabe classique ? »
kbīra š-šəgga ?
grande l’-appartement
« Il est grand l’appartement ? »
Pour ce qui est de l’ordre des mots, on retrouve la distinction entre le repérage direct et
le choix du premier argument comme repère prédicatif.
ktəbt wāžb-ək ū?
tu as écrit devoir-ton INT.
« Tu as fait tes devoirs ? »
sāεd-ək nāfəε ū ?
il a aidé-te Nafa INT.
« Nafa t’a aidé ? »
əl-wəld üāgəd ū?
l’-enfant dormant INT.
« L’enfant, il dort ? »
17
L’interrogatif ū est-il à rapprocher de ’aw ( )أوou de wəlla « ou, ou bien » ? Il ne s’agit pas ici de
questions équi-polentes.
472
On emploie aussi le ū interrogatif avec les prédicats nominaux.
kbīra š-šəgga ū?
grande l’-appartement INT.
« L’appartement, il est grand ? »
ž-žəww mlīô ū?
l’-ambiance bien INT.
« Ça va ? »
εənd-ək flūs ū?
chez-toi argent INT.
« Tu as de l’argent ? »
fi bnāwīt ū?
il y a filles INT.
« Il y a des filles ? »
že εədnān wəlla la ?
il est venu Adnan ou non
« Adnan est venu ou pas ? »
wākəl wəlla la ?
ayant mangé ou non
« Tu as mangé ou pas ? »
473
Elle peut être suivie de la locution aspectuelle māzāl « pas encore ». L’emploi de māzāl
suppose l’emploi d’un prédicat dont la valeur aspectuelle est compatible avec la notion
de « pas encore ».
že nīzāü wəlla ?
il est venu Nizar ou bien
« Nizar est venu ou bien ? »
kəmməlt wəlla ?
tu as terminé ou bien
« Tu as terminé, ou bien ? »
Il peut s’agir d’un repérage direct par rapport à la situation d’énonciation, dans des
énoncés à prédicats verbaux et non-verbaux.
že nāfəε wəlla la ?
il est venu Nafa ou pas
« Nafa est-il venu, ou pas ? »
fi mšākəl wəlla la ?
dans problèmes ou non
« Y a-t-il des problèmes, ou pas ? »
474
šīnu nāfəε sāεd-ək wəlla la ?
quoi Nafa il a aidé-te ou non
« Est-ce que Nafa t’a aidé, ou pas ? »
kbīra wəlla la ?
grande ou non
« Elle est grande ou pas ? »
On peut jouer sur des oppositions sémantiques et opposer des notions entre elles.
475
gûīü wəlla °wīl ?
court ou long
« Il est court ou bien long ? »
A Tripoli, contrairement à ce qui est présenté pour l’arabe marocain (CAUBET 1993 II :
79), on ne peut pas employer le participe actif et la locution aspectuelle māzāl. On ne
peut employer cette locution aspectuelle qu’avec un verbe à la conjugaison suffixale.
2. Questions biaisées
« Les questions biaisées sont des questions où l’énonciateur privilégie la valeur positive
(demande de confirmation) ou la valeur négative (surprise). Les questions biaisées
supposent l’existence d’un préconstruit, en ce sens que l’énonciateur met en avant l’une
des deux valeurs » (CAUBET 1993 II : 79).
a) Le repérage direct
On suppose l’existence d’un préconstruit 18 et on demande la confirmation de ce qui
était prévu.
18
« On appelle préconstruit une relation prédicative posée comme validée, par rapport à un repère-origine
externe à l’énoncé en cours, et donc pas repéré directement par rapport à l’origine énonciative de cet
énoncé. On peut aussi parler d’une relation construite antérieurement ou présentée comme « déjà
construite » sans qu’il y ait d’interprétation strictement chronologique à donner à ces termes : il s’agit
bien plutôt d’un décalage de plans entre deux séries d’opérations, la seconde intervenant sur la première.
Les exemples de préconstruction sont multiples ; nous citerons parmi eux […] la prise en charge des
476
La demande de confirmation peut être positive.
sāεd-ək nāfəε ?
il a aidé-te Nafa
« Nafa t’a-t-il bien aidé ? » (il était prévu qu’il t’aide)
ügəd əl-wəld ?
il a dormi l’-enfant
« L’enfant a-t-il bien dormi ? » (il était prévu qu’il dorme)
ktəbt wāžb-ək ?
tu as écrit devoir-ton
« Tu as bien fait tes devoirs ? » (il était prévu que tu les fasses)
mā-xdā-š əs-səyyāüa ?
ne-il a pris-pas la-voiture
« Il n’a pas pris la voiture ? » (il était prévu qu’il ne la prenne pas)
mā-šāf-hā-š ?
ne-il a vu-la-pas
« Il ne l’a pas vue ? » (il était prévu qu’il ne la voie pas)
nāfəε sāεd-ək ?
Nafa il a aidé-te
« Nafa t’a-t-il bien aidé ? » (il était prévu qu’il t’aide)
əl-wəld ügəd ?
l’-enfant il a dormi
« L’enfant a-t-il bien dormi ? » (il était prévu qu’il dorme)
énoncés de façon générale, c’est-à-dire tout ce qui concerne la modalité à partir du moment où il y a, du
point de vue de l’énonciateur, « représentation détachée » et où l’on sort de l’assertion pure et simple ;
mentionnons par exemple les questions demandant confirmation, les assertions « contradictoires »
(contradictoires d’un préconstruit justement), les reprises concessives et bien sûr le domaine de la
modalité appréciative dans la mesure où l’appréciation (surprise, dégoût, valuation dans un sens ou dans
l’autre) doit d’abord « mettre à distance » l’objet sur lequel elle porte » (BOUSCAREN & CHUQUET 1987 :
156-157).
477
üābīε mā-xdā-š əs-səyyāüa ?
Rabi ne-il a pris-pas la-voiture
« Rabi n’a pas pris la voiture ? » (il était prévu qu’il ne la prenne pas)
nīzāü mā-šāf-hā-š ?
Nizar ne-il a vu-la-pas
« Nizar ne l’a pas vue ? » (il était prévu qu’il ne la voie pas)
a) Le repérage direct
Le verbe est en tête d’énoncé. La pseudo-particule se place à la fin de l’énoncé.
klēt, ûəôô ?
tu as mangé vérité
« Tu as bien mangé, hein ? » (il était prévu que tu manges)
478
On trouve également la demande de confirmation négative.
On trouve ûəôô (wəlla la) avec les énoncés nominaux. On trouve la valeur de
confirmation positive.
a) Le repérage direct
Le verbe est en tête d’énoncé ; il se place avant le groupe nominal.
479
že üābīε ?
il est venu Rabi
« Rabi est (vraiment) venu ? » (il avait dit qu’il ne viendrait pas)
mā-mšū-š l-tāžūra ?
ne-ils sont allés-pas à-Tajoura
« Ils ne sont (vraiment) pas allé à Tajoura ? »
(ils avaient dit qu’ils iraient sans faute)
lə-m°əü tûubb ?
la-pluie elle verse
« Il pleut (vraiment) ? » (ils faisait pourtant si beau tout à l’heure)
lə-m°əü mā-ûubbət-š ?
la-pluie ne-elle a versé-pas
« Il n’a pas plu ? » (j’ai pourtant cru qu’il pleuvrait)
a) Le repérage direct
Le verbe est en tête d’énoncé ; il se place avant le groupe nominal.
480
On retrouve la valeur positive.
šīnu že üābīε ?
quoi il est venu Rabi
« Est-ce que Rabi est (vraiment) venu ? » (il avait dit qu’il ne viendrait pas)
Conclusion
Le tableau suivant récapitule les marqueurs qui permettent d’exprimer les différents
types de questions. L’interrogation peut porter sur le repérage de la relation prédicative
par rapport à la situation d’énonciation, sans qu’il y ait recours à un repère prédicatif ;
sinon, l’interrogation peut passer par le choix d’un repère prédicatif.
481
Questions Marqueurs
Vraies questions : pronom interrogatif šīnu
l’interrogation – demande de réponse intonation seule
particule interrogative ū
question équi-polente au moyen de wəlla
Questions biaisées : intonation seule
l’interrogation – demande de confirmation ûəôô (wəlla la)
Questions biaisées : intonation seule
l’interrogation – réaction de surprise pronom interrogatif šīnu
III. L’injonction
L’injonction est l’anti-assertion par excellence et rejoint les modalités 4 inter-
subjectives, avec des valeurs allant de l’ordre, au souhait, à la prière, adressés au co-
énonciateur (CAUBET 1993 II : 65).
Certaines formes isolées n’ont pas de paradigme verbal correspondant. C’est ce que
David COHEN appelle des « impératifs déictiques » (D. COHEN 1979).
482
Il faut ajouter à ces impératifs la particule d’origine déictique hā- « voici », qui a le sens
de « tiens, prends », à laquelle on suffixe les pronoms de deuxième personne.
əftəô ər-rōšən !
ouvre la-fenêtre
« Ouvre la fenêtre ! »
əšôə° sərwāl-ək !
serre pantalon-ton
« Mets-toi au travail ! »
hāt lə-mfātīô !
passe les-clés
« Passe-moi les clés ! »
hā-k šūf !
voici-toi regarde
« Tiens, regarde ça ! »
Au féminin :
səkkri l-bāb !
ferme la-porte
« Ferme la porte ! »
19
La forme féminine hā-ki « tiens » est beaucoup plus rare et n’est employée que dans les parlers
féminins.
483
hāti lə-ktābāt !
donne les-livres
« Passe-moi les livres ! »
tεāli mεā-y !
viens avec-moi
« Viens avec moi ! »
hā-ki ôwāyž-ək !
voici-toi affaires-tes
« Tiens tes affaires ! »
Au pluriel :
hātu t-tdākər !
Donnez les-billets
« Donnez-moi les billets ! »
tεālu mεā-na !
venez avec-nous
« Venez avec nous ! »
hā-kum əd-duxxān !
tenez le-tabac
« Tenez les cigarettes »
20
yəõõāh est ressentie comme une interjection ; c’est, à la base, une locution interjective, qui débute par
l’interjection ya « ô » qui sert à apostropher :
yā-õõāh ! yā-εədnān !
ô-Dieu ô-Adnan
484
yəõõāh nəmšu !
allez nous allons
« Allez, allons-y ! »
həyya nəbdu !
allez nous commençons
« Allez, commençons ! »
a) La valeur de souhait
On trouve une valeur de souhait, de jussif, exprimée au moyen de la conjugaison
préfixale.
üās-əl-εədu yətdəgdəg !
tête-l’-ennemi il sera pilé
« Que la tête de l’ennemi soit fracassée ! »
On peut faire précéder les énoncés de la formule ’in šā’a õõāh ou īnšāõõāh « si Dieu le
veut ».
īnšāõõāh yənôüəg !
Si Dieu le veut il se brûle
« Si Dieu le veut, il se brûlera ! »
Les injures et les remerciements sont aussi des formes de souhaits, dont la réalisation
dépend du sujet sous-entendu C0 : əõõāh « Dieu ».
« Ô Dieu ! » « Ô Adnan ! »
485
yεənn 21 zəkk-əúú-əh !
il maudit chatte-mère-sa
« Qu’Il maudisse la chatte de sa mère ! »
yənεən 22 bū-k !
il maudit père-ton
« Qu’Il maudisse ton père ! »
- yəüôəm wāldē-k !
il accorde sa miséricorde parents-tes
- wāldē-na u wāldē-k !
parents-nos et parents-vos
« - Qu’Il accorde sa miséricorde à tes parents !
- A nos parents et à vos parents ! »
Dans les salutations et les remerciements, le sujet əõõāh « Dieu » (repère prédicatif) peut
également être exprimé.
b) Le discours indirect
On utilise également la conjugaison préfixale pour le discours indirect.
21
yεənn et yənεən < yəlεən (√lεn) « il maudit », après métathèse et assimilation du /l/ par le /n/.
22
Voir la note 13.
486
xəllī-hum yxuššu !
laisse-les ils entrent
« Qu’ils entrent ! »
mā-nəbdū-š !
ne-nous commençons-pas
« Ne commençons pas ! »
mā-nəmšū-š !
ne-nous allons-pas
« N’y allons pas ! » 23
mā-təftəô-š əl-bāb !
ne-tu ouvres-pas la-porte
« N’ouvre pas la porte ! »
mā-təmšū-š āādi !
ne-vous allez-pas là-bas
« N’allez pas là-bas ! »
23
Cet énoncé à également le sens de « nous n’irons pas ! », avec une valeur de refus. Il s’agit alors d’une
assertion assortie d’une relation inter-subjective de volonté forte (cf. en I., puis en 2., puis en 2.1.1.2.).
487
kān mā-təbbī-š tži mā-tžī-š !
si ne-elle veut-pas elle vient ne-elle vient-pas
« Si elle ne veut pas venir, qu’elle ne vienne pas ! »
bla îəôk !
sans rire
« Ne ris pas ! »
bla îəüb !
sans coup
« Ne (le) frappe pas ! »
bla žəri !
sans course
« Ne cours pas ! »
bla mənyīka !
sans moquerie
« Ne te moque pas ! »
bla flāôa !
sans idiotie
« Ne sois pas idiot ! »
bla kədb !
sans mensonge
« Ne mens pas ! »
mən-āēü žəri !
sans course
« Ne cours pas ! »
mən-āēü îəôk !
sans rire
« Ne ris pas ! »
488
3.2. yāsər « assez », marque d’injonction appréciative
On marque l’injonction appréciative au moyen de l’adverbe yāsər « assez » et du nom
d’action déterminé par l’article l- « le, la, les ». L’adverbe yāsər, de part son
sémantisme, ne peut s’appliquer qu’à des prédicats qui peuvent être quantifiés ; on a
ainsi affaire à une injonction qui permet de porter une appréciation sur la quantité du
procès. Le but est de faire cesser une activité, en arguant d’un trop plein (CAUBET
1993 II : 93). Il existe deux constructions possibles.
On obtient ainsi un prédicat conjugué ; le C0 est repris par le pronom suffixe. Ceci est
un signe de verbalisation de cette tournure adverbiale, puisqu’on a un paradigme, avec
des indices de personnes (C0).
yāsr-ək əl-ləεb !
assez-toi le-jeu
« Cesse de jouer ! »
yāsr-a û-ûyāô !
assez-lui le-cri
« Qu’il cesse de crier ! »
yāsər-ha lə-bke !
assez-elle le-pleur
« Qu’elle cesse de pleurer ! »
yāsər-kum əl-žəri !
assez-vous la-course
« Cessez de courir ! »
yāsər-hum əl-ləεb !
assez-eux le-jeu
« Qu’ils cessent de jouer ! »
Cette construction est à rapprocher de bāüāka ma / bāüāka ūma + verbe, qu’on retrouve
en arabe marocain, où apparaît un indice de personne (CAUBET 1993 II : 93-94).
489
yāsər m-əû-ûyāô !
assez de le-cri
« Assez crié ! »
yāsər m-lə-bke !
assez de-le-pleur
« Assez pleuré ! »
yāsər m-ət-təxbī° !
assez de-le-tapotement
« Assez tapoté ! »
Cette construction peut avoir une valeur de cohortatif. Le pronom suffixe rappelle le
sujet énonciateur (à la première personne) et marque son engagement dans le procès,
indiquant son souhait.
yāsər-ni m-ən-nəfx !
assez-moi de-la-prise de tête
« J’en ai assez de la prise de tête ! » (que j’en sois débarrassé)
yāsər-na m-əd-dəwša !
assez-nous de-le-bruit
« Nous en avons assez du bruit ! » (que nous en soyons débarrassés)
yā-rēt yži !
ah-pourvu il vient
« Ah pourvu qu’il vienne ! »
yā-üēt yəmšu !
ah-pourvu ils partent
« Ah pourvu qu’ils partent ! »
490
yā-üēt tənžəô !
ah-pourvu tu réussis
« Ah pourvu que tu réussisses ! »
On peut suffixer les pronoms cataphoriques à yā-üēt, qui rappellent le sujet du verbe. On
obtient le paradigme suivant :
yā-rēt-a yži !
ah-pourvu-lui il vient
« Ah pourvu qu’il vienne ! »
yā-üēt-hum yəmšu !
ah-pourvu-eux ils partent
« Ah pourvu qu’ils partent ! »
yā-üēt-ək tənžəô !
ah-pourvu-toi tu réussis
« Ah pourvu que tu réussisses ! »
5. Le regret
Le regret s’exprime dans des subordonnées introduites par la conjonction kān « si » et
au moyen de l’adverbe āēü « seulement », avec des verbes à la conjugaison préfixale ou
à la conjugaison suffixale. La conjugaison préfixale permet d’exprimer l’irréel du
présent ; la conjugaison suffixale permet l’expression de l’irréel du passé. On trouve
également des subordonnées à prédicat non-verbal.
491
kān āēü nəmšī mεā-k !
si seulement je vais avec-toi
« Si seulement j’allais avec toi ! »
On peut ajouter en fin d’énoncé l’adverbe bəss « seulement », qu’on peut ici gloser par
« au moins » et qui permet d’insister sur la valeur de regret.
Conclusion
Le tableau suivant récapitule les marqueurs de l’injonction et les différentes valeurs que
prennent ces formes : à Tripoli, on a recours à l’impératif et la conjugaison préfixale.
492
Injonction
Forme impérative
2e pers. : valeur d’ordre
Conjugaison préfixale
Impératif 1e pers. (həyya ~ yəõõāh + cj. préf.) : valeur de suggestion, d’exhortation
3e pers. : valeur de souhait (remerciements, injures, salutations)
3e pers. : discours indirect
3e pers. : xəlli, xəllu + pronom suffixe + conjugaison préfixale
mā + conjugaison préfixale + š
Impératif 1e pers. pl. : exhortation négative
négatif 2e pers. : interdiction
3e pers. : souhait, conseil, ordre
Injonctions négatives
bla ~ mən-āēü + nom d’action : interdiction, suggestion
yāsər-C0 + nom d’action : « cesser de »
yāsər + mən əl- + nom d’action : « assez »
Locutions
yāsər + C0 (1e pers.) + mən əl- + nom d’action : cohortatif
modales
yā-üēt (+ pr. sfx.) + conjugaison préfixale : souhait
kān āēü + conjugaison préfixale (+ bəss)
kān āēü + prédicat non-verbal (fi, εənd) : regret
xûāüa āēü kān + conjugaison préfixale
L’exclamation peut, d’une part, porter sur le prédicat pris comme représentant de la
relation prédicative ; elle peut, d’autre part, porter sur l’un des termes de la relation.
493
gəddāš-ma yəbki hā-l-wəld !
combien-que il pleure cet-l’-enfant
« Qu’est-ce qu’il pleure cet enfant ! »
gəddāš-ma tākəl !
combien-que tu manges
« Qu’est-ce que tu manges ! »
gəddāš-ma yərôi !
combien-que il moud
« Qu’est-ce qu’il bouffe ! »
gəddāš-ma yəlwi !
combien-que il courbe
« Qu’est-ce qu’il bouffe ! »
gəddāš-ma yləbbəz !
combien-que il déconne
« Qu’est-ce qu’il déconne ! »
gəddāš-ma yxəllə° !
combien-que il mélange
« Qu’est-ce qu’il se prend la tête, qu’est-ce qu’il rumine ! »
gəddāš-ma yεəžžən !
combien-que il pétrit
« Qu’est-ce qu’il se prend la tête, qu’est-ce qu’il rumine ! »
gəddāš-ma ykəddəs !
combien-que il entasse
« Qu’est-ce qu’il entasse (comme choses inutiles) ! »
« Qu’est-ce qu’il achète (comme choses qu’il n’utilisera pas) ! »
gəddāš-ma yəžri !
combien-que il court
« Qu’est-ce qu’il conduit vite ! »
gəddāš-ma bkət !
combien-que elle a pleuré
« Qu’est-ce qu’elle a pleuré ! »
gəddāš-ma kbəü !
combien-que il a grandi
« Qu’est-ce qu’il a grandi ! »
494
gəddāš-ma žre !
combien-que il a couru
« Qu’est-ce qu’il a conduit vite ! »
gəddāš-ma lεəb !
combien-que il a joué
« Qu’est-ce qu’il a joué ! »
gəddāš-ma kbīr !
combien-que grand
« Qu’est-ce qu’il est grand ! »
gəddāš-ma āālya !
combien-que chère
« Qu’est-ce qu’elle est chère ! »
gəddāš-ma kəddāb !
combien-que menteur
« Qu’est-ce qu’il est menteur ! »
Il est également utilisé avec des prédicats non-verbaux, notamment avec le situatif fi « il
y a » et le prédicat de possession εənd.
ma ôlā-h !
que beauté-sa
« Qu’est-ce qu’il est mignon ! »
495
ma ôlā-ha !
que beauté-sa
« Qu’est-ce qu’elle est mignonne ! »
ma šnā-h !
que laideur-sa
« Qu’est-ce qu’il est laid ! »
ma °wəl-ha !
que taille-sa
« Qu’est-ce qu’elle est grande ! »
ma šnā-dīn-əmm-əh !
que laideur-religion-mère-sa
« Qu’est-ce qu’il est moche ! Il est moche sa mère ! »
ma šnā-°īnt-əh !
que laideur-cul-son
« Qu’est-ce qu’il est moche ! Il est moche comme un cul ! »
ma šnā-zəkk-əmm-əh !
que laideur-cul-mère-sa
« Qu’est-ce qu’il est moche ! Il est moche comme le cul de sa mère ! »
ma kəbü-a l-ôōš !
que grandeur-sa la-maison
« Qu’est ce qu’elle est grande la maison ! »
ma ûāəü-ha š-šəgga !
que petitesse-sa l’-appartement
« Qu’est-ce qu’il est petit l’appartement ! »
ma kəbü-a hā-d-dullāb !
que grandeur-sa cette-l’-armoire
« Qu’elle est grande cette armoire ! »
24
Mot-à-mot « Qu’elle est longue et que ses cordes sont fines ! » ; se dit de quelque chose qui est difficile
et qui prend beaucoup de temps à être résolu.
25
Mot-à-mot « Qu’est-ce que tu es splendide, oh première femme de mon père ! » ; se dit quand on
regrette d’avoir fait quelque chose sur laquelle on ne peut pas revenir.
26
A ne pas confondre avec le déterminant interrogatif āma « quel(s), quelle(s) ».
496
əmma ôōs !
quel maison
« Quelle maison ! »
əmma səyyāüa !
quelle voiture
« Quelle voiture ! »
əmma məhbūl !
quel fou
« Quel taré ! »
əmma bəkkāy !
quel pleureur
« Qu’est-ce qu’il pleure ! »
əmma bnāwīt !
quelles filles
« Quelles nanas! »
əmma ôwēš !
quelle petite maison
« Quelle jolie petite maison ! »
əmma bnēya !
quelle petite fille
« Quelle jolie petite fille ! »
əmma wlēd !
quel petit garçon
« Quel joli petit garçon ! »
27
ôē-εle est sous la forme ôē-εəl lorsque le nom qui suit est déterminé par l’article l- « le, la, les ».
497
ôē-εəl l-ləεb !
eh-sur le-jeu
« Quel (bon) jeu ! Qu’est-ce qu’il joue bien ! »
ôē-εəl l-mākla !
eh-sur la-nourriture
« Quelle (bonne) bouffe ! Qu’est-ce que c’est bon ! »
ôē-εəl lə-bke !
eh-sur le-pleur
« Quels pleurs ! Qu’est-ce qu’il chiale ! »
ôē-εəl lə-bnāwīt !
eh-sur les-filles
« Quelles nanas ! Qu’est-ce qu’elles sont bonnes ! »
ôē-εəl l-muhəndəs !
eh-sur l’-ingénieur
« Quel (bon) ingénieur ! »
ôē-εle ləεb-nāfəε !
eh-sur jeu-Nafa
« Quel (bon) jeu (que celui de Nafa) ! Qu’est-ce que Nafa joue bien ! »
ôē-εle ômāü !
eh-sur âne
« Oh, quel idiot ! »
Dans les énoncés suivants, le terme en fonction prédicative est un adjectif. Il est
caractérisé, dans une relation d’attribution, par l’absence de déterminant.
gnēyən ûāôb-ək !
mignon ami-ton
« Il est mignon, ton ami ! »
gnēynīn l-ūlād !
mignons les-enfants
« Ils sont mignons les enfants ! »
wāsīm ûāôb-ək !
gracieux ami-ton
« Il est élégant ton ami ! »
Dans les énoncés suivants, avec les pronoms démonstratifs, le terme en fonction
prédicative est déterminé par l’article l- « le, la, les », dans une relation d’identification.
498
lə-ômāü hāda !
l’-âne celui-ci
« Quel idiot celui-là ! »
əl-āəbi hāda !
l’-imbécile celui-ci
« Quel imbécile, celui-là ! »
əš-šuüba hādi !
la soupe celle-ci
« Ça, c’est une soupe (délicieuse) ! »
əl-gəhwa hādi !
le-café celle-ci
« Ça, c’est un café (délicieux) ! »
499
1.6.2. Le repère constitutif est différent du repère prédicatif
Si le repère constitutif est différent du repère prédicatif, on a recours à une focalisation
avec une relative. Dans ce cas, on ne marque pas de pause après le repère constitutif. Le
repère constitutif est déterminé.
500
d’une locution adjectivale, qu’on place juste après lui et sur lequel porte l’accentuation
de l’énoncé.
501
Dans un niveau de langue plus familier, on emploie la locution adjectivale wəld-əl-
gəôba « fils de pute », avec une valeur positive ou négative, selon le contexte 28.
Aussi, on peut utiliser la locution adverbiale familière suivante, avec une connotation
obscène, placée juste après le terme en fonction prédicative, qui permet d’insister sur la
valeur de haut degré.
28
On peut comparer ces emplois de wəld-əl-gəôba, à ceux employés en espagnol, où on trouve aussi une
valeur positive de puta madre « sa mère la pute » (avec le sens de « super bien ») et une valeur négative
hijo de puta « fils de pute » (avec le sens de « quelqu’un de pas bien »).
502
šrēt bədla, šēy εžəb !
j’ai acheté costume, chose merveille
« J’ai acheté un de ces costumes, une merveille ! »
On peut également porter une appréciation en employant des complétives, sur lesquelles
porte l’exclamation. Ces complétives ne sont pas introduites par un marqueur. On fait
une pause entre le C1 et la complétive.
Conclusion
Les tableaux suivants récapitulent les différentes constructions des exclamatives, dans le
parler arabe de Tripoli, en distinguant les cas où l’exclamation porte sur le prédicat pris
comme représentant de toute la relation prédicative (tableau 1) et ceux où l’exclamation
porte sur un des termes de la relation (tableau 2).
503
L’exclamation porte sur le prédicat
+ conjugaison suffixale
+ conjugaison préfixale
Locution adverbiale gəddāš-ma
+ prédicat adjectival
+ prédicat non-verbal
Pronom exclamatif ma + prédicat nominal
Déterminant exclamatif əmma + prédicat substantival
Locution interjective ôē-εle + prédicat substantival
Mise en tête du prédicat nominal
Inversion de l’ordre des mots
Le C0 est en fonction prédicative
Thématisation 1 : Mise en tête du terme thématisé
le repère constitutif = le repère prédicatif C0 + pause (+ exclamatif) + prédicat + C1
Thématisation 2 : Focalisation + relative
le repère constitutif ≠ le repère prédicatif (exclamatif +) C1 + əlli + C0-prédicat
504
La modalité 2
Cette analyse se base sur l’étude effectuée par Dominique CAUBET pour l’arabe
marocain et se situe dans le cadre de la théorie des opérations énonciatives, élaborée par
Antoine CULIOLI. Dominique CAUBET a montré que la modalité épistémique, en arabe
marocain, est fortement grammaticalisée et qu’elle est rendue par des verbes de
modalité qui n’apparaissent qu’à une forme impersonnelle de troisième personne de la
conjugaison préfixale ou suffixale et par des adverbes. L’étude entreprise ici permettra
de montrer par quels moyens s’exprime, à Tripoli, la modalité épistémique, si elle est,
comme au Maroc, très grammaticalisée, ou plutôt lexicalisée.
1. La conviction
Dans le parler arabe de Tripoli, la conviction est marquée par des verbes ou des noms
verbaux qui, lexicalement, ont un sens modal :
1
Voir CULIOLI 1976 : 71-72, CULIOLI 1984 : 82-85, CAUBET 1993 II : 103-117, VANHOVE 1993 : 285-
312, VION 2001 : 215, BOUSCAREN et CHUQUET 1987 : 37.
2
Cette liste et celles qui suivront ne sont pas exhaustives ; il se peut, en effet, qu’il existe, dans le parler
arabe de Tripoli, d’autres marqueurs, qui ne sont pas apparus dans le corpus, ni pendant les enquêtes de
terrain, auprès des informateurs.
505
Les propositions subordonnées peuvent être introduites par la conjonction de
subordination ’ənn « que » à laquelle on suffixe un pronom cataphorique qui annonce
les sujets de ces dernières.
506
mā-εtəqədt-š āudwa nži l-əl-ôəfla.
nég.-j’ai cru-nég. demain je viens à-la-fête
« Je ne crois pas que je viendrai demain à la fête. »
Dans les exemples suivants les verbes modaux sont en contexte de passé. Cela est
clairement indiqué par les verbes des propositions introduites par la conjonction de
coordination lākən « mais », qui sont à la conjugaison suffixale, avec une valeur
d’accompli. Dans les propositions complétives, la concordance des temps donne aux
verbes à la conjugaison préfixale (précédés du préverbe b-) une valeur de futur dans le
passé.
507
mā-nəôsābū-š-ši 3 b-yži lākən že.
nég.-nous croyons-lui-nég. fut.int.-il vient mais il est venu
« Nous ne croyions pas qu’il aurait l’intention de venir mais il est venu. »
Dans les trois derniers exemples, le verbe kān « il a été » est à la conjugaison suffixale
en accord en genre et en nombre avec le sujet modal. Il situe l’énoncé en contexte de
passé : il marque le premier procès quant à l’aspect et donne une valeur d’action qui
dure dans le passé, d’imparfait.
2. La supputation ou quasi-certitude
La valeur de quasi-certitude ou de probabilité forte est marquée par une forme verbo-
nominale invariable : il s’agit du participe passif məfrūî « supposé, imposé » ; il est
indifféremment employé sous trois formes :
On trouve cette forme suivie d’un prédicat non-verbal, d’un participe actif et d’un verbe
à la conjugaison suffixale. On ne trouve pas d’énoncés où cette forme est suivie d’un
verbe à la conjugaison préfixale ; en effet, « la valeur de supputation ne peut pas être
associée à la conjugaison préfixale du verbe » (CAUBET 1993 II : 106). Il n’y a pas non
plus de forme négative avec cette valeur épistémique, que la négation porte sur le
prédicat principal ou sur la forme verbo-nominale modale.
3
On observe, dans l’exemples ci-dessus, que lorsqu’on suffixe le pronom de troisième personne du
masculin singulier –h à un verbe qui se termine par une voyelle (étymologiquement longue) et que ce
verbe est entouré du morphème de négation mā– et –š, alors le –h est assimilé par le /š/, qui est réalisé
géminé [šš] ; on voit par ailleurs dans ce cas-là toujours apparaître le deuxième morphème de négation
sous la forme /ši/. Cf. également mā-nəbbī-š ši « je ne le veux pas » (< *mā-nəbbī-h-š).
508
2.1. məfrūî + prédicat non-verbal
Cette valeur modale s’emploie beaucoup avec la relation de localisation.
La valeur épistémique n’est pas compatible avec la valeur de prospectif que peut
prendre le participe actif pour les verbes de mouvement. Les verbes de mouvement ont
une valeur d’actuel, de concomitant (CAUBET 1993 II : 106).
509
f-əl-wəgt hāda məfrūî mše lə-zwāüa.
en-le-temps celui-ci supposé il est allé à-Zouara
« En ce moment, il doit (déjà) être parti pour Zouara. »
3. La probabilité logique
Dans le parler arabe de Tripoli, la probabilité logique s’exprime au moyen de la forme
verbo-nominale muôtaməl « probable », invariable en genre et en nombre, qui donne
une valeur de probabilité logique ou de déduction : l’énonciateur effectue un calcul sur
les chances de validation de la relation prédicative. On trouve cette forme suivie d’un
prédicat non-verbal, d’un participe actif et d’un verbe conjugué à la conjugaison
suffixale ou préfixale.
510
L’auxiliaire ykūn « il soit » peut suivre la forme verbo-nominale ; il s’accorde en genre
et en nombre avec le sujet de la proposition complétive.
511
kān nəmšu l-tāžūra tawwa
si nous allons à-Tajoura maintenant
muôtaməl nəlgu xāləd āādi.
probable nous trouvons Khaled là-bas
« Si nous allons à Tajoura maintenant, il est probable que nous y trouvions
Khaled. »
« Si nous allons à Tajoura maintenant, nous devrions y trouver Khaled. »
4. Le possible
La valeur de possible est complexe. Elle revient à poser l’existence d’au moins deux
valeurs : l’envisageable, i.e. ce qui n’est pas impossible, marqué en arabe de Tripoli par
l’adverbe mumkən « possible » ; mais il existe également la valeur de faisable, avec la
conjugaison préfixale du verbe ykūn « il est, il soit, il sera ».
4.1. L’envisageable
L’adverbe mumkən « possible » marque, à Tripoli, la valeur de possible, d’envisageable.
L’adverbe mumkən peut être suivi d’un prédicat non-verbal, d’un participe actif ou d’un
verbe conjugué à la conjugaison suffixale ou préfixale.
mumkən peut être suivi du verbe ykūn « il soit » conjugué en accord avec le sujet de la
proposition complétive, ou du pronom personnel indépendant qui annonce le sujet de la
proposition complétive.
512
4.1.3. mumkən + verbes conjugués
Cette forme se rencontre suivie des conjugaisons suffixale et préfixale.
mumkən kəmməl.
possible il a terminé
« Il est possible qu’il ait (déjà) terminé. »
mumkən wûəl.
possible il est arrivé
« Il est possible qu’il soit (déjà) arrivé. »
mumkən mā-wəllā-š.
possible nég.-il est revenu-nég.
« Il est possible qu’il ne soit (toujours) pas revenu. »
4.2. La faisable
A Tripoli, la valeur de faisable est marquée par la forme préfixale ykūn « il est, il soit, il
sera ». On peut rendre cet emploi en français par « ça lui arrive d’être, il est
généralement ». La valeur de faisable permet de poser une alternative : quelque chose
peut se faire ou ne pas se faire.
Cette valeur est souvent renforcée par des locutions adverbiales allant dans le même
sens :
513
b-ûīfa εāmma d-dzīrīya ykūnu wāεrīn !
de-manière générale les-Algériens ils sont méchants
« D’une manière générale, les Algériens sont méchants ! »
514
4.2.3.2. La conjugaison préfixale
On l’emploie également avec la conjugaison préfixale, qui donne au verbe une valeur de
vérité générale.
5. L’éventuel
Les adverbes mumkən « peut-être » et bālək « peut-être » servent à marquer
l’éventualité. D’après Dominique CAUBET, « l’éventuel permet de poser deux valeurs
comme équiprobables : il se peut que / il se peut que ne pas ». Elle précise qu’ « il y a
une orientation qui tend plutôt du côté positif, si la relation prédicative est à la forme
affirmative, et plutôt du côté négatif, si la relation est à la forme négative, ce qui permet
une pondération » (CAUBET 1993 II : 112).
mumkən yži.
peut-être il vient
« Il se peut qu’il vienne. »
mumkən mā-yžī-š.
peut-être nég.-il vient-nég.
« Il se peut qu’il ne vienne pas. »
bālək že.
peut-être il est venu
« Peut-être qu’il est venu. »
bālək mā-žā-š.
peut-être nég.-il est venu-nég.
« Peut-être qu’il n’est pas venu. »
Comme le souligne Dominique CAUBET, « cette double série d’exemples montre à quel
point l’aspect exprimé par le verbe de la relation prédicative affecte la portée de la
modalité : si le prédicat est à la forme préfixale, on a une valeur d’éventualité ; par
contre, si le prédicat est à la forme suffixale, l’énonciateur émet un jugement sur la
probabilité que l’événement contenu dans le verbe se soit ou ne se soit pas produit »
(CAUBET 1993 II : 112).
515
mumkən hūwa l-mūdīr.
peut-être lui le-directeur
« Peut-être bien que c’est lui le directeur. »
bālək üāgəd.
peut-être endormi
« Il est peut-être bien en train de dormir. »
516
bālək ykūn gāüī-h lə-ktāb hāda.
peut-être il soit lisant-le le-livre celui-ci
« Il l’a peut-être bien (déjà) lu ce livre. »
Pour les verbes de mouvement, le participe actif prend la valeur de prospectif. Alors que
cette valeur était exclue des emplois avec les modaux épistémiques, il n’y a, avec les
adverbes, aucune contrainte d’emploi et cette valeur est possible ; en effet, la relation
prédicative n’est pas affectée (CAUBET 1993 II : 113-114).
bālək yži.
peut-être il vient
« Il va peut-être bien venir. »
517
mumkən tkūn təεüəf-ha.
peut-être tu sois tu connais-la
« Peut-être bien que tu la connais. »
bālək že.
peut-être il est venu
« Il est peut-être bien (déjà) venu. »
mumkən wûəl.
peut-être il est arrivé
« Il est peut-être bien (déjà) arrivé. »
6. Le doute
Dans le parler arabe de Tripoli, l’expression du doute se réalise en employant, à la
forme négative, les verbes ôsəb (yəôsāb) « il a cru, il a pensé (il croit, il pense) », îənn
(yîənn) « il a pensé (il pense) » ou twəqqəε (yətwəqqəε) « il a compté sur, il s’est
attendu à, il a espéré (il compte sur, il s’attend à, il espère) ». Lexicalement, ces verbes
ont un sens modal et sont notamment utilisés pour exprimer la conviction, lorsqu’ils
sont utilisés à la forme affirmative ; lorsqu’ils sont employés à la forme négative, ils
permettent de mettre en doute le contenu de la relation prédicative. Du point de vue de
la forme des énoncés suivants, il s’agit d’une assertion négative, i.e. « une assertion où
la négation porte sur le prédicat, en tant que représentant de toute la relation prédicative
[…]. Il s’agit du cas où c’est la relation prédicative qui est niée en bloc ; le morphème
négatif est discontinu et il entoure le verbe » (CAUBET 1993 II : 67).
518
mā-nətwəqqəε-š üūô-i nəmši lə-lībya.
nég.-je crois-nég. âme-mon je vais en-Libye
« Je ne crois pas que j’irai en Libye. »
7. L’impossible
Pour exprimer l’impossible à Tripoli, on a recours aux formes verbo-nominales
mūstāôīl « impossible » et mūstāôīla « impossible », employées indifféremment 4. On
emploie également l’adverbe qui marque la possibilité et l’éventualité à la forme
négative : məš mumkən, précédé du morphème de négation non-verbale məš.
4
Il ne s’agit pas, ici, d’une distinction entre le masculin et le féminin ; il s’agit de deux formes invariables
qui sont utilisées, sans distinction de genre.
519
On trouve également la valeur d’attribution.
520
mūstāôīl yži u mā-ygūl l-nā-š.
impossible il vient et nég.-il dit à-nous-nég.
« C’est impossible qu’il vienne et qu’il ne nous le disent pas. »
8. Conclusion
Le tableau suivant récapitule les moyens d’exprimer la modalité épistémique à Tripoli
et les compare avec ceux utilisés au Maroc, d’après Dominique CAUBET (1993 II : 103-
117) :
521
En arabe marocain, la modalité épistémique est fortement grammaticalisée et s’exprime
au moyen de verbes de modalité à une forme impersonnelle, ou par des adverbes.
522
La modalité 3
L’appréciation de l’énonciateur peut porter sur toute la relation prédicative, mais elle
peut ne porter que sur l’un de ses éléments. Elle peut, en effet, ne porter que sur le
prédicat verbal, au moyen d’adverbes ou de locutions adverbiales. Elle peut également
ne porter que sur le prédicat non-verbal, par l’intermédiaire d’adjectifs qualificatifs, de
locutions adjectivales, d’adverbes ou de substantifs. Elle peut, par ailleurs, ne porter que
sur l’un des arguments de la relation, au moyen d’adjectifs qualificatifs. Elle peut, aussi,
être contenue dans le déterminant nominal, au moyen de quantificateurs modaux. Enfin,
elle peut être exprimée en dehors du déterminant, au moyen d’adverbes, de locutions
adverbiales ou de verbes modaux.
mlīô ’ənn-a že !
bien que-lui il est venu
« C’est bien qu’il soit venu ! »
1
Voir CULIOLI 1976 : 72, CULIOLI 1984 : 85-86, CAUBET 1993 II : 117-126, BOUSCAREN et CHUQUET
1987 : 37.
523
1.2. Assertions négatives
Dans les exemples suivants, la relation prédicative est constituée d’un adjectif
qualificatif qui porte une appréciation sur la relation prédicative et d’un prédicat verbal
entouré du morphème discontinu de négation mā…š.
klēt hālba !
j’ai mangé beaucoup
w āne klēt əktəü mənn-ək !
et moi j’ai mangé plus que-toi
« J’ai beaucoup mangé !
Et moi j’ai mangé plus que toi ! »
Dans ce dernier exemple, la modalité appréciative est aussi contenue dans le sens du
prédicat verbal ; εəbbā-ha « il l’a remplie » a le sens métaphorique de « il s’est gavé ».
524
On emploie également des adverbes de manière.
təlbəs kwəyyəs !
elle s’habille bien
« Elle s’habille bien ! »
εāyəš b-εəgl.
vivant avec-sagesse
« Il vit sagement. »
De même, une locution adverbiale familière exprimant le haut degré avec une
connotation obscène permet l’expression d’un point de vue et de porter une appréciation
sur le prédicat verbal. Il s’agit, à Tripoli, de la locution l-əz-zəbb, qui est articulé avec
une emphase expressive [ɫɑᵶːɑb̴ː], contenant le terme zəbb « bite », comme dans
l’énoncé qui suit. On peut traduire cette formule par « trop, grave, putain de » et la
comparer à l’expression « sa mère » qu’on trouve dans les parlers jeunes en France et
qui exprime aussi le haut degré.
žuεt l-əz-zəbb !
j’ai faim pour-la-bite
« J’ai une putain de faim (j’ai faim ma mère) ! »
« Je crève la dalle ! »
2
yə°üəô est utilisé, dans le parler des jeunes garçons de Tripoli avec le sens de « il se fringue » ; ce verbe
est fabriqué à partir du terme °əüôa « vêtement traditionnel ». On parle également, à Tripoli, de °əüôāği
« qui s’habille bien », avec le suffixe –ği, d’origine turque (-çe), qui entre dans la construction des noms
de métiers ou de qualités physiques et morales.
525
əl-lūāa l-εarabīya l-fuûôa ûəεba.
la-langue l’arabe la-classique difficile
« La langue arabe classique est difficile. »
ûəôôt-a mətnəyyka !
santé-sa niquée
« Sa santé est foutue (il est en trop mauvaise santé) ! »
Dans l’exemple suivant, la modalité est contenue dans l’adjectif səhla « facile » et elle
se trouve renforcée par l’adverbe bukkull « complètement, tout à fait, très », qui apporte
une précision quant à la quantité du prédicat.
Dans l’énoncé suivant, la modalité est contenue dans la locution adjectivale, qui a une
valeur métaphorique.
On utilise aussi, à Tripoli, une locution adjectivale familière, exprimant le haut degré,
zēy zəbb-i « comme ma bite », qui a aussi une valeur métaphorique, avec le sens de
« très mauvais, foutu ».
3
A Tripoli, on trouve la locution adverbiale *b-əl-kull lexicalisée dans le parler contemporain sous la
forme bukkull, où le /l/ est assimilé par le /k/ et on note également, dans cette locution, une harmonie
vocalique en [u].
526
ûəôôt-a zēy zəbb-i !
santé-sa comme bite-ma
« Sa santé est foutue (il est en trop mauvaise santé) ! »
Il faut également signaler le rôle modal que peuvent jouer les diminutifs, apportant
tantôt une nuance péjorative ou affective, tantôt un jugement sur la quantité.
Les répétitions ont également une valeur appréciative, indiquant le haut degré :
Certains substantifs sont, dans certains contextes, également porteurs d’une appréciation,
à travers leur sens métaphorique. Ils peuvent avoir une valeur dépréciative et sont
employés comme termes injurieux.
hāda mībūn !
celui-ci pédéraste passif 4
« C’est quelqu’un sans dignité, de méprisable ! »
hāda bāəl !
celui-ci mulet (fig. homosexuel)
« C’est quelqu’un dépourvu de valeur, de capacités ! »
hāda ômāü !
celui-ci âne
« C’est un idiot, quelqu’un de sot ! »
hāda bhīm !
celui-ci âne
« C’est un imbécile, quelqu’un de brusque et sans manières ! »
4
Le terme mībūn ne semble pas avoir de sens premier. On retrouve, dans des textes datant de l’époque
anté-islamique, des explications quant à l’origine du terme mībūn. Il tirerait son origine du substantif
’ubna (
« )أprurit anal ». Ces textes précisent que les démangeaisons liées à ce trouble se soulageaient
de deux façons : soit par l’application de safran au niveau de l’anus, soit par la sodomie – ce qui
expliquerait le sens actuel de mībūn. Voir à ce sujet LAGRANGE Frédéric, « L’obscénité du Vizir »,
Arabica, Tome LIII-1, Leiden, Brill, 2006, pp. 54-107 (voir p. 78).
527
hādi həbüa !
celle-ci morceau de viande sans gras ni os
« C’est une très belle fille ! »
« C’est une très bonne affaire ! »
hādi kāŃāwīya 5 !
celle-ci phallique
« C’est trop bien / C’est super / Ça claque sa mère ! »
Sinon, un substantif, de par son sens, peut contenir une appréciation qualitative et
exprimer une modalité appréciative.
zəôma !
foule, encombrement
« Il y a beaucoup de gens ; il y a un embouteillage ! »
Enfin, dans les exemples qui vont suivre, le prédicat est un adjectif et il est nié. Le
morphème continu de négation məš 6 se place avant lui.
Dans les énoncés suivants, les marqueurs sont des adjectifs qualificatifs. L'adjectif
épithète s’accorde en genre, en nombre et en détermination avec le substantif qu’il
qualifie.
Si le substantif est déterminé par l’article l- 8, l’adjectif l’est également. De plus, dans
l’exemple suivant, le substantif est au féminin, ainsi que l’adjectif.
5
Cet adjectif est formé à partir de l’emprunt à l’italien kāŃu « bite ».
6
A Tripoli, la forme məš alterne avec la forme mūš.
7
Voir CAUBET 1993 II : 59.
528
əl-lūāa °-°üābəlsīya l-āûlīya !
la-langue la-tripolitaine l’-originale
« Le vrai parler de Tripoli ! »
Dans l’énoncé suivant, la modalité est contenue dans l’adjectif εāli « haut » et elle se
trouve renforcée par l’adverbe hālba « beaucoup », qui apporte une précision quant à la
quantité.
8
On trouve l’article l- également sous la forme əl- (en début d’énoncé ou lorsque le terme qui le précède
se termine par une consonne) ou lə- (lorsque le terme qu’il détermine commence par deux consonnes). De
plus, le /l/ de l’article est assimilé par les consonnes initiales solaires des termes qu’il détermine.
529
bnu məbna εāli hālba.
ils ont construit immeuble haut beaucoup
« Ils ont construit un immeuble très haut. »
Idem dans l’énoncé suivant, où l’adjectif āəbi « idiot » contient déjà la modalité et où
cette dernière est renforcée par mə¢bū°, utilisé comme adverbe, avec le sens
d’« exactement, précisément, carrément ».
Tel que le précise Dominique CAUBET (1993 II : 123), « l’appréciation qui est donnée
par ces marqueurs est tout à fait subjective, puisqu’une même quantité extralinguistique
(20 objets, par exemple), peut, selon les circonstances, être qualifiée de "beaucoup", de
"trop", de "peu" ou de "pas assez" par un énonciateur ».
530
A Tripoli, il faut tenir compte de l’accentuation de l’énoncé. Lorsque le quantificateur
est placé avant le nom, il détermine ce dernier et n’est pas accentué ; c’est le nom
déterminé qui porte l’accent, au sein du syntagme. Dans ce cas, šwēya peut se gloser par
« peu de » et hālba par « beaucoup de ».
hālba nās.
beaucoup gens
« Beaucoup de gens. »
Aussi, le quantificateur šwēya peut être employé à l’état construit : il précède le nom
qu’il détermine auquel il est lié par un état d’annexion ; on voit ainsi apparaître le -t
final de šwēya(t) qui n’apparaît que lorsqu’on lui annexe un mot.
Par contre, lorsque le quantificateur est placé après le nom qu’il détermine, c’est ce
dernier qui prend l’accent, au sein du syntagme ; l’énonciateur insiste sur le
quantificateur plutôt que sur le nom que celui-ci détermine et on traduit les
quantificateurs, respectivement, par « trop de » et « pas assez de ».
úúēya hālba.
eau beaucoup
« Trop d’eau. »
531
f °üābləs fi səyyāüāt hālba.
à Tripoli il y a voitures beaucoup
« A Tripoli, il y a trop de voitures. »
- təbbi sukkur ?
tu veux sucre
- εle üās-əl-kāšīk.
sur pointe-la-cuillère
« - Tu veux du sucre ?
- Un peu. »
- təεbān ?
fatigué
- εle üās-əl-kāšīk.
sur pointe-la-cuillère
« - Fatigué ?
- Un peu. »
a) Les adverbes
A Tripoli, des adverbes permettent de moduler une quantité extraite. Il s’agit, par
exemple, des adverbes təqrībən « à peu près », b-ə¢-¢əb° « précisément, exactement » et
yāsər « assez ».
9
Pour une définition de la « quantité extraite », voir CAUBET 1983 : 111 et CAUBET 1993 II : 279.
532
b-yugεud fi bənāāzi ūsbūε təqrībən.
FUT.-il reste à Benghazi semaine à peu près
« Il a l’intention de rester à peu près une semaine à Benghazi. »
On peut également utiliser des verbes modaux comme kfe (yəkfi) « il a suffit (il suffit) »
ou sədd (ysədd) « il a suffit (il suffit) », qu’on retrouve dans l’expression des modalités
inter-subjectives 10.
5. Conclusion
A Tripoli, les modalités appréciatives peuvent porter sur la relation prédicative toute
entière, ou bien sur n’importe quel élément de l’énoncé. Toutes ces modalités peuvent
être combinées pour moduler l’expression de l’appréciation. Comme l’a précisé Antoine
CULIOLI, bien que cette modalité appréciative puisse être partiellement liée à la
modalité 1 (modalité de l’assertion), à la modalité 2 (modalité épistémique), mais aussi
10
Voir à ce sujet CAUBET 1993 II : 126-148.
533
à la modalité 4 (modalité inter-subjective) – comme on l’a observé à travers cette
étude – elle forme véritablement « un domaine en soi » (CULIOLI 1985 : 86).
Les valeurs exprimées par ce type d’énoncé se rapprochent de celles présentes dans les
énoncés proposés par Dominique CAUBET pour l’arabe marocain, où la modalité est
contenue dans le déterminant nominal, dont les marqueurs, sont wāôəd-əl- et šī-
(CAUBET 1993 II : 121-123) – ces déterminants sont absents du parler arabe de Tripoli.
Ils permettent d’introduire des propriétés différentielles, déterminant qualitativement
des éléments.
On a, par ailleurs, rappelé le rôle des locutions adjectivales et des locutions adverbiales
dans l’expression de cette modalité, à Tripoli. On a vu qu’elles permettaient de qualifier
les prédicats verbaux, mais aussi les prédicats non-verbaux.
Il faut également tenir compte du choix du lexique employé par l’énonciateur. Certains
substantifs sont, dans certains contextes, porteurs d’une appréciation, à travers leur sens
métaphorique et leur sens figuré.
Enfin, un substantif, de par son sens propre, peut contenir une appréciation qualitative et
exprimer une modalité appréciative.
534
La modalité 4
1. L’obligation
A Tripoli, pour exprimer l’obligation, on a recours à différents marqueurs : un verbe
modal, des adverbes et des locutions à prédicat non-verbal.
1
On parle également de modalité radicale (BOUSCAREN & CHUQUET 1987 : 37).
2
Voire « les circonstances, la société… », tel que le souligne Dominique CAUBET (1993 II : 126).
3
Voir CULIOLI 1976 : 71-74, CULIOLI 1985 : 94-97, BOUSCAREN & CHUQUET 1987 : 37, CAUBET
1993 II : 126-148 et VANHOVE 1993 : 285-286.
535
Enfin, on trouve à Tripoli les locution b-əs-sēf εla [avec l-épée sur] « de force » et
āəûbən εən(n) « contraint et forcé, contre le gré », auxquelles on suffixe les pronoms,
qui annoncent le sujet de la complétive.
Dans cette étude, on distingue une obligation imposée de l’extérieur et une obligation
venant du sujet.
536
Dans ces exemples, les subordonnées sont introduites par la conjonction circonstancielle
kān « si ». Lorsqu’elle est associée, dans une subordonnée, à un verbe à la conjugaison
préfixale, la conjonction kān permet l’expression de l’irréel du présent.
b) La valeur de déontique
Cette valeur contient l’idée que c’est impossible autrement, qu’il n’y a pas
d’échappatoire.
537
hūwa gāl l-üūô-a îāüūüi yətεəlləm əl-ləhža l-lībīya
lui il a dit à-âme-son impérativement il apprend le-parler le-libyen
bāš yətfāhəm mεa n-nās.
pour que il se comprend avec les-gens
« Il s’est dit qu’il devait impérativement apprendre l’arabe libyen pour qu’il soit
compris des gens. »
e) La valeur de manque
Au moyen de la forme lāzəm on exprime ce qui est nécessaire à quelqu’un, donc ce qui
manque à quelqu’un.
lāzm-ək ôāža ?
nécessaire-te chose
« Il te manque quelque chose ? »
nəgûāt-ək ôāža ?
elle a manqué-te chose
« T’a-t-il manqué quelque chose ? »
tungû-ək ôāža ?
elle manque-te chose
« Il te manque quelque chose ? »
538
nāgû-ək ôāža ?
manquant-te chose
« Il te manque quelque chose ? »
2. Négation et obligation
L’interdiction peut être imposée de l’extérieur ; elle peut aussi venir du sujet. Pour
exprimer l’interdiction, on fait précéder le marqueur d’obligation du morphème continu
de négation mūš ou məš ; on l’exprime également au moyen de locution prédicatives
construites avec la préposition bla « sans » ou la préposition composée mən-āēü
« sans » ; on peut aussi employer des termes qui contiennent le sens de la valeur modale
(cf. 2.2.a : məmnūε « interdit »)
Dans cet énoncé, il s’agit d’une interdiction venant de l’énonciateur, qu’on peut gloser
par « je t’interdis de jouer au ballon ici ! »
Les exemples suivants marquent une interdiction que l’énonciateur se fait à lui-même,
c’est-à-dire qu’il s’oblige à ne pas faire quelque chose.
539
mūš lāzəm nεə°°əl bāš mā-tfūt-nī-š
pas obligatoire je m’attarde pour que ne-elle échappe-me-pas
ə°-°əyyāüa.
l’-avion
« Je ne dois pas m’attarder pour que je ne rate pas l’avion. »
bla îəôk !
sans rire
« Ne ris pas ! »
bla îəüb !
sans coup
« Ne (le) frappe pas ! »
bla žəri !
sans course
« Ne cours pas ! »
bla mənyīka !
sans moquerie
« Ne te moque pas ! »
bla flāôa !
sans idiotie
« Ne sois pas idiot ! »
bla kədb !
sans mensonge
« Ne mens pas ! »
mən-āēü žəri !
sans course
« Ne cours pas ! »
mən-āēü îəôk !
sans rire
« Ne ris pas ! »
540
L’interdiction s’exprime également au moyen de l’adjectif məmnūε « interdit » ;
məmnūε est le participe passif du verbe mnəε « il a interdit ». məmnūε se construit avec
la préposition εle « sur » suivie du sujet de la complétive (substantif ou pronom
cataphorique suffixé).
c) L’absence de manque
On exprime, à la forme négative, ce qui n’est pas nécessaire à quelqu’un, donc ce qui ne
manque pas à quelqu’un.
541
mūš lāzm-ək ôāža ?
pas nécessaire-te chose
« Il ne te manque rien ? »
3. La capacité
A Tripoli, pour exprimer la capacité, on a recours au verbe gdər (yəgdər) « il a pu (il
peut, il pourra) ». Ce verbe permet l’expression des différentes valeurs de capacité, de
réalisation, de possibilité et de permission. De plus, on emploie le verbe εüəf (yəεüəf) « il
a su ; il a été capable (il sait, il saura ; il est, il sera capable) » pour exprimer la capacité
de pratiquer des activités réflexes.
3.1. La capacité
Au moyen du verbe yəgdər « il peut », conjugué à la conjugaison préfixale, marquant la
valeur de générique, on a la valeur modale de capacité qu’on peut gloser par « il peut, il
est capable de ».
Dominique CAUBET précise, pour l’arabe marocain, que la forme du participe actif
qādər permet de marquer un lien très fort avec le sujet énonciateur et que du point de
vue modal, cela donne une valeur de capacité, à laquelle il faut ajouter une idée de
polémique ; en effet, cette forme permet de marquer l’opposition de l’énonciateur à une
assertion ou une question posée antérieurement par le co-énonciateur (CAUBET 1993 II :
133).
Or, à Tripoli, la forme du participe actif n’est pas possible et il faut prendre en compte
les phénomènes suprasegmentaux et paralinguistiques. En effet, c’est la forme préfixale
yəgdər « il peut » qui donne cette valeur de capacité, avec une idée de polémique, mais
l’opposition de l’énonciateur à une assertion ou à une question posée antérieurement par
le co-énonciateur est également contenue dans l’intonation, les gestes et les mimiques ;
l’énonciateur emploie un ton insistant et il hausse le ton, comme dans les exemples
suivants :
542
- nəbbi nôəwwəl ə°-°əwla āādi.
je veux je déplace la-table là-bas
- mā-təgdər-š tôəwwəl-ha b-üūô-ək !
ne-tu peux-pas tu déplaces-la avec-âme-ton
- ngūl l-ək nəgdər nôəwwəl-ha b-üūô-i !!!
je dis à-toi je peux je déplace-la avec-âme-mon
« - Je veux déplacer cette table là-bas.
- Tu ne pourras pas déplacer cette table tout seul !
- Je te dis que je peux déplacer cette table tout seul !!! »
- b-nuîüb-uk !
FUT.-je frappe-te
- mā-təgdər-š !!
ne-tu peux-pas
- māzāl nəgdər nnīk l-ək wəžh-ək !!!
encore je peux je nique à-toi visage-ton
« - Je vais te frapper !
- Tu ne pourras pas !!
- Je peux encore te niquer ta gueule !!! »
3.2. La réalisation
On distingue la valeur de réalisation effective et celle de réalisation éventuelle.
a) La réalisation effective
A la conjugaison suffixale, le verbe gdər « il a pu » a une valeur de réalisation effective
du procès (CAUBET 1993 II : 132), avec l’idée que la réalisation a pu s’effectuer. On
peut gloser cette valeur par « réussir, parvenir à faire quelque chose ».
gədru yšūfū-hum.
ils ont pu ils voient-les
« Ils ont pu les voir ; ils ont réussi à les voir. »
b) La réalisation éventuelle
La conjugaison préfixale donne aux verbes une valeur de réalisation éventuelle dans le
futur. A la conjugaison préfixale, le verbe yəgdər « il peut, il pourra » a une valeur de
réalisation éventuelle.
543
yəgdər yə°ləε.
il peut il sort
« Il pourra sortir. »
təεüəf tεūm ?
tu sais tu nages
« Sais-tu nager ; es-tu capable de nager ? »
yəεüəf ysūg.
il sait il conduit
« Il sait conduire ; il est capable de conduire. »
3.4. La possibilité
C’est la conjugaison préfixale du verbe yəgdər qui permet d’exprimer la possibilité. On
peut le traduire par « j’ai la possibilité de ».
544
təgdər tə°ləb mən xū-k ən-nəqqāl ?
tu peux tu demandes de frère-ton le-téléphone portable
« Te serait-il possible de demander le téléphone portable à ton frère ? »
3.5. La permission
On distingue la permission accordée et la proposition.
a) La permission accordée
Le verbe nəgdər, associé aux premières et aux deuxièmes personnes de la conjugaison
préfixale, permet l’expression de la permission accordée (CAUBET 1993 II : 132). On
peut le traduire par « j’ai la permission de ».
nəgdru nsəyyrū-kum ?
nous pouvons nous suivons-vous
« Est-ce que nous pouvons vous suivre ? »
b) La proposition
Associé à la première personne, le verbe yəgdər, à la conjugaison préfixale, permet
d’exprimer une proposition.
4. Négation et capacité
A Tripoli, pour exprimer la négation et la capacité, on utilise les marqueurs qui
permettent d’exprimer les valeurs de capacité (verbe gdər, yəgdər et verbe εüəf, yəεüəf),
mais à la forme négative, i.e. entourés du morphème discontinu de négation mā…š. De
plus, une locution à prédicat non-verbal permet d’exprimer le manque de capacité ; il
s’agit de mā-εənd-X-š žəhd « X n’a pas l’habilité, la capacité de ».
545
mā-nəgdər-š ngīm ə°-°əwla hādi b-üūô-i.
ne-je peux-pas je soulève la-table celle-ci avec-âme-mon
« Je ne peux pas soulever cette table tout seul. »
Pour indiquer l’absence de capacité de pratiquer une activité réflexe, on entoure le verbe
yəεüəf du morphème discontinu de négation.
mā-yəεüəf-š yεūm.
ne-il sait-pas il nage
« Il ne sait pas nager. »
546
mā-gədrū-š yəbnu ôōš.
ne-ils ont pu-pas ils construisent maison
« Ils n’ont pas pu construire une maison. »
4.4. L’impossibilité
A la forme négative, le verbe yəgdər, conjugué à la conjugaison préfixale, peut
également prendre la valeur d’impossibilité.
5. La volonté, l’envie
On distingue la valeur de volonté, d’intention et celle d’envie, de désir, de souhait.
547
5.1. La volonté, l’intention
Pour exprimer la valeur de volonté, d’intention, on a recours à différents marqueurs : le
verbe yəbbi « il veut » à la conjugaison préfixale ; l’utilisation du verbe yənwi « il a
l’intention de », de la forme verbo-nominale de même racine nāwi « ayant l’intention
de » ou bien d’une locution à prédicat non-verbal à partir du nom d’action nīya
« intention » ; aussi, le préverbe b- permet d’exprimer le futur d’intention.
a) Dans le parler arabe de Tripoli, le verbe yəbbi « il veut », s’emploie avec une valeur
modale de volonté. Il n’est utilisé qu’à la conjugaison préfixale, à toutes les personnes ;
en effet, à Tripoli, il n’existe pas une conjugaison suffixale de ce verbe, ni de participes
construits à partir de cette racine 4.
Pour étudier la valeur modale de volonté, il faut tenir compte des différentes valeurs
aspectuelles que peut prendre la forme préfixale yəbbi ; en effet, les valeurs aspectuelles
influent sur les valeurs modales 5.
La forme préfixale peut aussi être utilisée dans un contexte de passé, précédée du verbe
kān « il a été » à la conjugaison suffixale.
4
A la forme suffixale, on peut utiliser le verbe üād « il a voulu ». On peut aussi utiliser la forme mā-bā-š
« il n’a pas voulu », mais uniquement à la forme négative.
5
A ce sujet, pour l’arabe marocain, voir CAUBET 1993 II : 137.
548
kān yəbbi yətεəlləm əl-ləhža l-lībīya
si il veut il apprend le-parler le-libyen
lāzəm yətkəlləm mεa n-nās.
il faut il parle avec les-gens
« S’il veut apprendre l’arabe libyen, il faut qu’il parle avec les gens. »
La forme participiale peut également avoir une valeur de parfait, qu’on peut gloser par
« ayant pris la résolution de ».
On emploie aussi le nom d’action nīya « dessein, intention, volonté », dans une forme à
prédicat non-verbal, au moyen de la préposition εənd « chez », qui permet d’exprimer la
possession.
549
εənd-na nīya nεūmu u b-nəmšu bəεd
chez-nous intention nous negeons et INT.-nous allons après
yōmēn.
deux jours
« Nous avons envie de nager et nous avons l’intention d’y aller dans deux jours. »
6
En ce qui concerne les parlers du Fezzân, Dominique CAUBET (2004 : 89), en se basant sur le travail
de Philippe MARÇAIS (2001), précise qu’il y aurait un lien entre le préverbe b- et le verbe yəbbi : « le
futur se forme au moyen d’un préverbe b-/bī-, à rapprocher du verbe bª-ibí/ibbi ‘vouloir’ […]. Ce
préverbe marque aussi la volonté […]. Chez les Duwwāda […], le préverbe a aussi un sens final ».
550
āne nəbbi nəxdmu mεā-bəεî.
moi je veux nous travaillons ensemble
« Moi, j’ai envie que nous travaillions ensemble. »
zēy-ma təbbi.
comme-quoi tu veux
« Comme tu le souhaites. »
nəbbī-h yži.
je veux-le il vient
« J’ai envie qu’il vienne. »
6. Négation et envie
On distingue l’expression de la négation et la volonté, puis l’expression de l’absence
d’envie.
a) A Tripoli, pour exprimer une volonté négative, on emploie le verbe yəbbi, à la forme
négative, i.e. entouré du morphème discontinu de négation mā…š. Si le verbe est
employé dans un contexte de passé, c’est le verbe kān « il a été » – duquel dépend alors
le verbe yəbbi – qui est à la forme négative. De plus, il faut tenir compte des différentes
valeurs aspectuelles que peut prendre le verbe yəbbi, à la conjugaison préfixale, étant
donné que les valeurs aspectuelles influent sur les valeurs modales.
Dans les exemples suivant, le verbe est employé dans un contexte de passé.
551
mā-kunt-š nəbbi nži li lībya u ôətta ləw-kān
ne-j’ai été-pas je veux je viens à Libye et même si
mā-nəbbī-š nži îāüūüi ma nži.
ne-je veux-pas je viens impérativement que je viens
« Je ne voulais pas venir en Libye et même si je ne voulais pas venir, c’était
impératif que je vienne. »
b) De plus, pour nier la volonté, on emploie le terme nīya « intention » dans des
locutions à prédicat non-verbal : mā-εənd-X-š nīya « X n’a pas l’intention de » et mā-fī-
š nīya « il n’y a pas l’intention de ».
Aussi, l’énoncé nominal nīyt-X msəkkra « l’intention de X est fermée, X n’a pas
l’intention » contient la valeur modale de négation et envie.
7
Lorsqu’on suffixe le pronom de troisième personne du masculin singulier –h à un verbe qui se termine
par une voyelle (étymologiquement longue) et que ce verbe est entouré des morphèmes de négation
mā…š, alors le –h est assimilé par le /š/, qui est réalisé géminé [šš] ; on voit par ailleurs dans ce cas-là
toujours apparaître le deuxième morphème de négation sous la forme /ši/.
552
du morphème discontinu de négation mā…š), mais aussi des locutions à prédicat non-
verbal.
mā-nəbbī-š nākəl.
ne-je veux-pas je mange
« Je n’ai pas envie de manger. »
c) Pour exprimer le manque d’envie, on utilise également une expression qui contient le
substantif xā°əü « esprit, idée, pensée ». Il s’agit d’une forme invariable de participe de
racine √x°ü, à laquelle on suffixe des pronoms et qu’on entoure du morphème discontinu
de négation mā…š. Cela permet de former une pseudo-conjugaison :
mā-xā°əü-hā-š tsāfər.
ne-idée-son-pas elle voyage
« Elle n’a pas envie de voyager »
7. Le besoin
On distingue la valeur de besoin général, celle de besoin éventuel, celle de besoin actuel
et celle de besoin révolu.
553
7.1. Le besoin général
Le besoin général s’exprime au moyen du verbe yəôtāž « il a besoin », conjugué à la
conjugaison préfixale. En effet, la valeur de besoin général est associée à la conjugaison
préfixale et à la valeur aspectuelle de présent général.
nəôtāž nəxdəm ?
j’ai besoin je travaille
« Ai-je besoin de travailler ? »
təstôəgg flūs ?
tu as besoin argent
« As-tu besoin d’argent ? »
Dans ces énoncés, les verbes des subordonnées introduites par kān « si » sont à la
conjugaison préfixale et permettent l’expression de l’irréel du présent, alors que les
verbes des principales sont à la conjugaison préfixale et permettent l’expression d’une
éventualité dans le futur.
554
āne məstôəgg nəxdəm.
moi ayant besoin je travaille
« J’ai besoin de travailler. »
məstôəgg flūs ?
ayant besoin argent
« As-tu besoin d’argent ? »
8. Négation et besoin
On distingue la négation et le besoin général, la négation et le besoin éventuel, la
négation et le besoin actuel, ainsi que la négation et le besoin révolu.
mā-nəôtāž-š nəxdəm.
ne-j’ai besoin-pas je travaille
« je n’ai pas besoin de travailler. »
555
kān nkəmməl mā-nəstôəgg-š nwəlli li lībya.
si je termine ne-j’ai besoin-pas je retourne en Libye
« Si je termine, je n’aurai pas besoin de retourner en Libye. »
Comme en 7.2., les verbes des subordonnées introduites par kān « si » permettent
d’exprimer l’irréel du présent. Les verbes des principales sont à la conjugaison préfixale
et ont une valeur de futur, qui permet l’expression d’un besoin éventuel. Cette
éventualité est niée ; les verbes étant entourés du morphème discontinu de négation
mā…š.
9. Conclusion
A Tripoli, pour exprimer les modalités inter-subjectives, on a, d’une manière plus
récurrente, recours à des verbes modaux et, dans une moindre mesure, on emploie des
adverbes, des locutions adverbiales et des locutions à prédicat non-verbal. On a ainsi
affaire à une modalité fortement grammaticalisée. On emploie notamment des formes
556
participiales invariables (lāzəm [1] et xā°ər [6.2.c]), à partir desquelles se sont
développées des pseudo-conugaisons, qui se construisent avec les pronoms suffixes.
Aussi, dans l’expression de cette modalité, on a tenu compte des différentes valeurs
aspectuelles que peuvent prendre les différentes formes verbales et participiales. En
effet, dans l’expression de cette modalité, à l’instar de ce qu’on a rencontré en étudiant
la modalité épistémique, une valeur modale peut être liée a une valeur aspectuelle.
557
Ce deuxième tableau récapitule les façons d’exprimer la négation des modalités.
558
CONCLUSION
Dans l’introduction de cette thèse, j’ai indiqué combien il était urgent et important de
remettre l’arabe libyen à l’ordre du jour. A ma connaissance, personne d’autre ne
travaille sur le parler arabe de Tripoli contemporain et les travaux sur l’arabe libyen
manquent considérablement. Ces recherches sont importantes pour la communauté
scientifique, pour le développement des recherches dans le domaine de la dialectologie
arabe et pour la connaissance de l’arabe en général. Beaucoup de parlers arabes sont en
voie de disparition et il est urgent de les décrire ; surtout pour un pays comme la Libye,
où peu d’études ont été effectuées.
On sait que les données sociolinguistiques ont été très fortement bouleversées ces
dernières années. Au cours du 20e siècle, les parlers de Libye ont, en effet, connu une
évolution importante 1, en raison de l’accroissement de la population, du développement
des villes et des fortes migrations interrégionales. Les mouvements de population, de
par leur importance, ont produit un véritable brassage de la population, d’amplitude
variable selon les régions. Les villes de Tripoli, Benghazi et Sebha ont été les
principaux pôles d’attraction 2. C’est notamment depuis la découverte et l’exploitation
des gisements de pétrole, dans les années 1950, qu’on assiste à d’importants
mouvements de population et à de considérables changements liés à l’exode rural. Avec
la prospection du pétrole a commencé l’appel à la main d’œuvre salariée et, par
conséquent, la migration en masse des ruraux ; beaucoup de ruraux ont quitté le secteur
agricole et se sont installés dans les centres urbains 3. On sait précisément qu’entre 1964
et 1995, la population urbaine en Libye a été multipliée par quatre ; à Tripoli, la
population a crû de plus de 450 % 4.
Au niveau sociolinguistique, il faudrait enrichir cette étude avec des données recueillies
auprès de femmes et également s’intéresser aux éventuels parlers féminins ; en effet,
mes recherches pour cette thèse ont été effectuées avec des jeunes hommes. Cela n’a
pas été un choix ; en Libye, il est difficile pour un homme d’enquêter auprès de
femmes. J’ai cependant réussi à enregistrer la mère d’un de mes informateurs, ainsi
qu’une amie libyenne originaire de Benghazi, lorsqu’elle était de passage en France. A
partir du corpus que j’ai obtenu, je compte présenter une communication que je
présenterai lors des prochaines rencontres de l’Association Internationale de
Dialectologie Arabe qui se tiendront à Colchester, en Grande-Bretagne, en août 2008,
1
Au sujet de l’urbanisation et de l’évolution du parler arabe de Tripoli, voir PEREIRA 2007.
2
Voir BESSIS 1986 : 37.
3
Voir DJAZIRI 1996 : 52.
4
Voir FONTAINE 2004 : 167.
559
dans le cadre d’une recherche sur les parlers arabes féminins dirigée par Catherine
MILLER, Stephan PROCHAZCA et Angeles VICENTE.
Il serait également intéressant de poursuivre des recherches sur les langues en contact en
Libye ; je pense notamment au contact entre l’arabe et le berbère, d’autant plus que les
parlers berbères de Libye sont en voie de disparition. Les berbérophones sont
concentrés en Tripolitaine, dans la ville côtière de Zouara, à l’intérieur des terres dans
des villes du Djebel Nefoussa et dans l’oasis de Ghadamès. Il n’y aurait plus de
berbérophones à Aoujila et à Al-Jaghboub, à l’Est de la Libye, depuis le début du 20ème
siècle. Certains auteurs indiquent l’existence de groupes berbérophones dans les oasis
de la Joufra : à Houn, Sokna et Waddan 5. Depuis 2004, je suis membre d’un Projet
d’Action Intégrée entre mon équipe de recherche, le CRÉAM-LACNAD, et l’Université
de Fès et nous travaillons sur le contact entre l’arabe marocain et le berbère (au niveau
de la phonétique, de la morphologie, de la syntaxe et du lexique), au Maroc, dans le
région de Fès-Sefrou-Boulemane. Il me semble important d’élargir ces recherches à
l’échelle maghrébine.
Depuis octobre 2000, date à laquelle j’ai initié mes recherches sur l’arabe libyen, je
m’investis dans le but de proposer à la communauté scientifique, aux linguistes et
arabisants, aux étudiants en arabe et au public intéressé une étude originale, nouvelle et
actualisée sur l’arabe de Tripoli. Mon but est de poursuivre ma carrière dans ce domaine
et de contribuer au développement des connaissances de l’arabe libyen, pour qu’il
puisse être enseigné, à la place qui lui revient, aux côtés de l’arabe marocain, algérien,
tunisien et de l’initiation à l’arabe mauritanien, au maltais et au judéo-arabe.
5
LARCHER 2001 : 46-48 et SOURIAU 1986 : 40
560
TEXTES
Ωl-būrdīm
Ωl-būrdīm hādi ṭārīqa lli təṭyīb-Ωl-lḥəm w hāda nΩṭΩyybu fī-h f-Ωz-zrādi. kīf Ωl-
būrdīm ? yəḥfṛu ḥufṛa f-Ωṭ-ṭṛāb. Ωl-ḥufṛa hādi, šīn yḥuṭṭu fī-ha ? yḥuṭṭu fī-ha byāÜ.
yḥuṭṭu fī-ha lΩ-byāÜ. lΩ-fḥΩm, ngūlu lΩ-byāÜ ḥne ; ṭəbεən Ωl-lībīyīn mā-nḥΩbbū-š bəεÜ-
Ωl-kālmāt. yəεni kālmΩt-fḥΩm, kālma tžīb Ωl-kā’āba ; hākki ngūlu lī’ənn-a lōn-əh
’əswəd. fa kālmΩt-fḥΩm šwēya mΩš ḥəlwa. w lākΩn fḥΩm msΩmmyīn-əh lΩ-ṭṛābΩlsīyīn
msΩmmyīn-əh byāÜ mΩn lōn-əh ’əbyəÜ, mεā-’ənn-əh lōn-əh mūš ’əbyəÜ. zēy mātālān
εənd-na š-šəxṣ Ωl-’əεma mātālān ; u b-Ωl-εaṛabi l-fuṣḥa ygūl l-ha Ü-Üarīr ; u l-’əεma lli
hūwa mā-yešbəḥ-š. ḥne bΩ-ṭṛābΩlsi ngūlu l-əh lΩ-bṣīr ; lΩ-bṣīr məεnā-h Ωlli yšūf.
lākΩn ləmma ḥədd ygūl l-Ωk šəxṣ bṣīr Ωnta təfhΩm ’ənn-əh hūwa mā-yəšbəḥ-š zēy Ωl-
bΩṛṛād dīma ḥne εənd-na ḥəṛṛāṛa, dīma fi blād-na ləmma ngūlu suxxān u š-šēy s-sxūn
u l-ḥəṛṛāṛa hīya ’əṣlən šēy mā-nḥΩbbū-š-ši ḥne hālba lī’ənna ḥne žəww-na sxūn ’əṣlən
fa nsəmmu fī-h bΩṛṛād. fa εūmūmən ḥne nḥuṭṭu f-Ωl-byāÜ u nwΩllεu fī-ha n-nāṛ u
nsəkkṛu fī-ha. l-ḥufṛa hādīya nsəkkṛu fī-ha bi ṭəṛf-zīŋgu. u bəεdēn nḥuṭṭu fōg-əh Ωṭ-ṭṛāb
u nxəllu hā-n-nāṛ wālεa f-hādīkā-l-ḥufṛa, f-ūṣṭ-Ωl-ḥufṛa hādīkāy, f-ūṣṭ-Ωṭ-ṭṛāb l-ōṭa.
ḥufṛa εūmā-ha mtāε tΩsεīn sānti mtāε mītṛo u quṭṛ-ha yži nuṣṣ-mītṛo yəεni u məṛṛāt
’əktΩṛ yəεni. nḥuṭṭu fī-ha me u nxəllu fī-ha u bəεd mudda šīn yṣīṛ ? lΩ-byāÜ u ṛ-ṛmād u
kāda kull-əh yənzΩl l-ōṭa w ən-nāṛ tunṭfa b-ṛūḥ-ha lī’ənna msəkkaṛ εlē-ha. mā-fī-š
ōxōžīn yxušš l-ha. bəεd fətra tunṭfa lākΩn Ωl-ḥəṛṛāṛa lli f-ūṣṭ-Ωl-ḥufṛa hādi tkūn mūš
εādīya bukkull. Ωl-ḥəṛṛāṛa tugεud Ωl-dāxΩl f-ūṣṭ-Ωl-ḥufṛa. nāxdu f-lḥəm ḥətta hūwa
žāhΩz u mwətti bi Übāṛāt-əh bi-ḍbāyr-əh u kāda u yḥuṭṭu fī-h fi sīlvΩr. nḥuṭṭu fī-h f-Ωl-
wṛΩg hāda l-məεdāni. nḥuṭṭu f-Ωl-lḥam fī-h u nsəkkṛu fī-h. εlāš ? bΩss ġēṛ bāš mā-
yxušš l-ā-š Ωt-tṛāb. Ωl-būrdīm fī ḥətta lli mā-yḥuṭṭū-š fī-h f-ūṣṭ-Ωs-sīlvΩr. fi hālba
mūdīfkāt ndārΩt ždīda. fi hālba təεdīlāt hākki. l-qəsÜ kull-əh ’ənn-əh mā-yxušš l-ā-š Ωṭ-
ṭṛab. lākΩn yΩnḥəṭṭ u yΩndār. tΩnftəḥ əl-ḥufṛa ṭəbԑən ləmma tənftəḥ ṛudd bāl-Ωk təḥrg-
Ωk. u yəbda l-lḥəm hādūkāy mūžūd f-Ωs-sīlvΩr u ytləwwəh f-ūṣṭ-Ωl-ḥufṛa, l-lḥəm, u
ytsəkkΩṛ εlē-h tΩtsəkkΩṛ εlē-h ḥətta hīya u tsəkkΩṛ εlē-h b-Ωt-tṛab. w ənsā-h Ωl-lḥəm
hādāya bəṛṛa tzΩrrΩd əlεΩb nəggΩz əlεΩb Ωl-kāṛta. tεāla l-əh fi āxΩṛ-Ωn-nhāṛ bəεd-ma
ykūn lī-h sΩtta sāεāt ḥāža zēy hākki u ṭəllaε Ωl-lḥəm mΩn Ωl-ḥufṛa hādīkāy. u ’əḥlā-
lḥəm tākl-əh fi ḥyāt-Ωk Ωl-lḥəm hādākāy ṭāyΩb ŋgūlu ṭāyΩb εəs-s-ṣahd ṭāyΩb mΩn ġēr
nāṛ ṭāyΩb b-Ωl-ḥəṛṛāṛa bΩss lī’ənn-əh Ωl-ḥəṛṛāṛa tkūn mΩtžānsa ԑle l-lḥəm kull-əh fa
yṭīb ṭyāb mumtāz. Ωl-ḥəṛṛāṛa mā-tžī-š-ši mΩn žīha wāḥda ; təbda mΩn ğamīԑ-Ωl-žihād.
fa ykūn lādīd lādīd b-šəkl mūš ԑādi. yΩnsəll yṭīḥ ṭyāḥ m-lə-ԑÜām mtāԑ-əh mΩš lāsΩg f-
lə-ԑÜām u təbda tḥəwwΩl fī-h. yṭīḥ Ωl-lḥəm ṭyāḥ mΩ-lə-ԑÜām mtāԑ-əh tākl-əh zēy Ωz-
zΩbda. lākΩn Ωnta tΩnsā-h ԑādātən Ωnta ḥuṭṭ-əh u bəṛṛa. yəԑni mΩš ləmma tžūԑ tḥuṭṭ Ωl-
561
būrdīm, əwwΩl-ma tΩmši n-nāṛ. təbda mwəttī-ha mΩn Ωl-fəžr u əwwΩl-ma tΩmši b-
tΩtzərrΩd ḥuṭṭ Ωl-lḥəm l-ōṭa u bəṛṛa kūl, əlԑəb, xūd ṛāḥt-Ωk. bəԑdēn fi āxΩṛ-Ωn-nhāṛ
ṭəllaԑ Ωl-būrdīm u kūl-əh. mā-ԑād-š tfΩkkΩṛ fī-h yəԑni. kān tugԑud tfəkkəṛ fī-h əmta
yṭīb ydΩṛṛΩh l-Ωk kədb-Ωk.
Le bourdim
« la viande cuite à l’étouffée dans un trou »
Le bourdim c’est une façon de cuire de la viande et nous le préparons lors de pique-
niques. Comment se prépare le bourdim ? Ils creusent un trou dans la terre. Ce trou,
que mettent-ils dedans ? Ils y mettent du charbon. Ils y mettent le charbon. Le
charbon, nous l’appelons « le blanc » ; en fait, nous les Libyens, nous n’aimons pas
certains mots. C’est-à-dire que le mot charbon est un mot qui pose problème ; c’est ce
que nous disons, parce qu’il est de couleur noire. Le mot charbon n’est pas un très joli
mot. Alors, les Tripolitains appellent le charbon « blanc », bien qu’il soit de couleur
noire. Par exemple, cela concerne également les personnes aveugles ; en arabe littéral,
nous disons qu’une personne est aveugle (ḍarīr) ; aveugle (’aԑmā), c’est celui qui ne
voit pas. Nous, en tripolitain, nous disons qu’il a une bonne vue ; ça veut dire qu’il
voit bien. Mais lorsque quelqu’un te dit de quelqu’un qui voit bien, toi tu comprends
que cette personne est aveugle. Comme pour la théière ; étant donné qu’il fait toujours
chaud dans notre pays, parler de chaleur, de choses chaudes, c’est quelque chose que
nous n’aimons pas beaucoup, parce que le climat est chaud, à la base, alors nous
appelons une théière une glacière. Alors, généralement, nous mettons le charbon, nous
y allumons un feu et nous le fermons. Ce trou, nous le fermons avec un morceau de
zinc. Et ensuite, nous le recouvrons de terre et nous laissons le feu allumé dans le trou,
à l’intérieur du trou, au fond avec la terre. C’est un trou qui a quatre-vingt-dix
centimètres de profondeur et cinquante centimètres de diamètre à peu près et parfois
plus. Nous y mettons de l’eau et nous le laissons et après un certain temps, que se
passe-t-il ? Le charbon, les cendres et tout cela descendent au fond du trou et le feu
s’éteint de lui-même parce que nous l’avons recouvert. Il n’y a pas d’oxygène qui y
pénètre. Après un certain temps, il s’éteint et cette chaleur qui reste dans le trou est
vraiment particulière. La chaleur reste à l’intérieur du trou. Nous prenons la viande qui
est prête, préparée, assaisonnée avec des épices et ils l’enveloppent avec de
l’aluminium. Nous la mettons dans du papier métallique. Nous mettons la viande
dedans et nous les fermons. Pourquoi ? Uniquement pour que la terre n’y entre pas. Le
bourdim, il y a même des gens qui ne l’enveloppe pas dans l’aluminium. Il y a
beaucoup de modifications qui ont été faites. Il y a eu beaucoup de changements
comme ça. Le but c’est qu’il n’y ait pas de terre qui entre. On le met et il se fait. Le
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trou est ouvert, d’accord, et lorsqu’il est ouvert, fais attention à ne pas te brûler. Cette
viande se trouve donc dans l’aluminium et elle est déposée dans le trou, la viande, et
on le referme lui aussi et on le recouvre de terre. Puis, oublie-la cette viande, va pique-
niquer, jouer, sauter, jouer aux cartes. Reviens en fin de journée, sept heures plus tard
à peu près et sors la viande du trou. Et la meilleure viande que tu as mangé de toute ta
vie, c’est cette viande cuite, comme nous disons, cuite à l’étouffée, cuite sans feu,
cuite avec la chaleur seulement parce que la chaleur se propage sur toute la viande et
elle cuit très bien. La chaleur ne vient pas d’un seul endroit ; elle vient de partout.
Alors elle est délicieuse, succulente. Elle se détache des os et elle tombe ; elle n’est
pas collée aux os et elle s’en détache. La viande se détache des os et tu la manges
comme si c’était du beurre. Mais d’habitude, tu l’oublies, tu le prépares et tu t’en vas.
C’est-à-dire, tu ne prépares pas le bourdim quand tu as faim, quand tu prépares le feu.
Tu le prépares dès l’aube et dès que tu vas pique-niquer, tu mets la viande au fond du
trou et tu vas manger, jouer, te reposer. Ensuite, en fin de journée, sors le bourdim et
mange-le. N’y pense pas. Si tu restes à y penser pendant qu’il cuit, tu en seras écœuré.
əl-
əl-bāzīn
təwwa b-nhədrzu εlē ḥāža stāḥəšnā-ha hālba l-ḥəgg. stāḥəšna l-bāzīn. muškila fi īíālya
mā-fī-š bāzīn. hādi mākla lībīya maεṛūfa u gdīma šwēya. əl-bāzīn mākla ; ’əḥla-mākla
f-əd-dənya l-ḥəgg. baεḍ-ən-nās, hākki, yḥussu fī-ha mākla hāmāžīya wəlla lī’ənna
nāklu fī-ha b-īdē-na mubāšaratan, lākən b-sārāḥa āne ləmma nuġsəl īdē-ya kwəyyes b-
əl-uṃṃwēya yəεni, b-yithayyā’i l-i mumkən ykūnu ’ənḍuf mən-əl-kwāšīk ā-hṃa wəlla
lə-ḥdīd hāda lli nāklu bī-h. əl-bāzīn íəbεan ’asās-əh dgīg-əš-šεīr. yāxdu f dgīg-əš-šεīr.
yíəyybu fī-h f-əl-uṃṃwēya u yεəṣṣdu fī-h u bəεdēn iíəyybu l-əh əl-məṛga mtāε-əh, əí-
íbīxa mtāε-əh w íbīxt-əh məṛṛa tkūn b-əl-ḥūt, məṛṛa tkūn bə-lḥəm-lə-xrūf. əòòāh ləmma
yəbda xrēyef kīf mədbūḥ əòòāh. εūmūmən u bəεdēn εādatan l-mākla hādi təndār fi
εzūma. mā-tkūn-š əl-ḥōš b-ṛūḥ-ha εādatan tkūn mεa l-εēla l-kbīra. yəεni mšēna l-ḥōš-
žədd-i mātālān w ltəmmu xāl-i u εəmm-i u malmūmīn mεā-bəεḍ fa nāklu mεā-bəεḍ
bāzīn. əl-bāzīn yətkəl f ḥāža smā-ha l-gəsεa. əl-gəsεa εādatan hīya təgdər tsəmmī-ha
ṣūnīya kbīra mtāε lōḥ, məṣnūεa m-əl-lōḥ w yənḥəíí əl-bāzīn fī-ha w əl-bāzīn εle fīkra
šəkl-əh ġārīb šwēya, šəkl-əh zēy əl-gubba w bəεdēn iṣubbu fōg-əh əl-məṛga mtāε-əh w
lāzəm tkūn íunžəṛt-əl-məṛga wəlla māεūn-əl-məṛga lāzəm tkūn bā-ḥdā-k lī’ənna məṛṛa
məṛṛa təbbi tzīd u íārīqt-mākəlt-əh ndīru f-ḥāža smā-ha r-rəfs nərfsu fī-h. íəbεən ər-
rəfs mūš nərfsu b-rəžlē-na. f-əl-fuṣḥa ləmma tgūl yərfəs εādatan ər-rəfs, əl-ḥāyāwānāt
tərfəs b-rəžlē-ha lākən hāda məεna tāni. əlli hūwa nāxdu f-əl-bāzīn əlli hūwa mən
’asās-əh dgīg-əš-šεīr u nugεdu nxəllíu fī-h b-īdē-na mεā-l-məṛga lī’ənna hūwa yušṛub
f-əl-məṛga fa hādi εāmālīyət-ər-rəfs. bəεdēn yəbda d-dgīg hāda ruíb u səhl mākəlt-əh u
563
nāklu u íəbεan təbda l-εēla məlmūma u nəbdu nhədrzu fi mwāḍīε εāmma u mwāḍīε
txušš əl-εēla u kāda ḥatta l-žəww mtāε mākəlt-əl-bāzīn gnēyən yəεni… āne yfəkkər fī-
ya bi žəww ḥəlu hākki : əl-ləmma, t-thədrīz, lə-bṣāṛa məṛṛa məṛṛa w lākən εlē fīkṛa
mūš kull-wāḥəd yəεṛəf yərfəs əl-bāzīn kwəyyes lākən l-əṣl fi mākəlt-əh ər-rəfs lāzəm
yəεni hādi l-εādi yəεni fi bəεḍ-ən-nās əlli mā-yəεṛfū-š yərfsu b-sārāḥa. la, hūwa mūš
səhl ər-rəfs. ər-rəfs fəεlən ṣəεb lī’ənna məṛṛāt ənta təbda tərfəs fi əlli yətfətərš mənn-əh
fi lli mā-yəgdər-š itsəyíəṛ εlē-h lākən b-ḥukm āne εāwədt εlē-h mən… εle wālədt-i ž-
žbālīya íəbεan mən ž-žbəl w əž-žbālīya maεṛūfīn b-əl-mākla hādi lli idīru f bāzīn
kwəyyes u nākəl fī-h mεa žədd-i lli hūwa bū-wālədt-i u žədd-i bū-wālədt-i ṛāžəl kbīr u
sía f-əl-bāzīn yəεni f-ər-rəfs məš εādi fa ləmma ywərri fī-ya yəεni ləmma kunna ṣġāṛ
kān žədd-i yərfəs l-i u bəεdēn bdēt nətεəlləm mənn-əh b-šwēya b-šwēya fa təwwa
nuεtabər u nərfəs f-əl-bāzīn kwəyyəs bəss εūmūmən hīya məš… əl-mākla l-lādīda u l-
mākla ḥəlwa u b-əl-’iḍāfa hādi əl-žəww əlli mεā-ha žəww-əl-ləmma mgəεmzīn mεā-
bəεḍ nāklu mgəεmzīn εəl-l-ōía mūš w ḥne mgəεmzīn εle kṛāsi wəlla ḥāža məṛṛa məṛṛa
yži l-īdām məṛṛa məṛṛa nhədrzu məṛṛa məṛṛa wāḥəd ygūl nukta fa bəεd-ma ytəmm əl-
bāzīn yənḥəíí əl-lḥəm mtāε-əh εādatan mā-yənḥəíí-š əl-lḥəm mεa l-bāzīn f nəfs-əl-
wəgt bəεd-ma ytəmm yənḥəíí əl-lḥəm bəεd-ma yəttāklu hādukāy-əl-lḥēmāt əl-bāhyāt
tḥəss ṛūḥ-ək bəín-ək mεəbbya təεbāya mūš εādīya fi ḥāža mumtāza f-əl-bāzīn εādatan
bəεdēn yəngām əl-bāzīn tənžāb əl-fākha nəbdu nāklu fi hā-t-təffāḥ u fi hā-lə-εnəb w
lə-εnəb íəbεən kān f-əṣ-ṣēf lə-εnəb w əd-dəllāε əòòāh hā-d-dəllāε xəllī-na m-əd-dəllāε
b-ṛūḥ-ha bəεdēn əd-dəllāε əl-lībi ḥətta hūwa ’əḥsən dəllāε fi-d-dənya ḥne mīzət-lībya
εənd-na fī-h əš-šəms əl-ḥāṛṛa əš-šəms əl-ḥāṛṛa txəlli f-əl-fākha ḥəlwa hālba lākən ḥne
íəbεən təwwa gult l-ək əwwəl-ma tkəmməl wāžbət-əl-bāzīn tḥəss ṛūḥ-ək mā-εād-š
tḥəss ṛūḥ-ək b-tuṛgud mā-εād-š εənd-ək wēn tḥuíí ḥāža bəín-ək mεəbbya maẓbūí lākən
əεíī-ha sāεa b-əl-ktīr u bəín-ək təfḍa məṛṛa tānya lī’ənna l-bāzīn mukawwināt-əh bāṣīta
dgīg-əš-šεīr. dgīg-əš-šεīr fi bəín b-surεa yətḥāwəl li glōkōz yətḥāwəl li sukkuṛ w b-
surεa yəmtəṣṣ-əh əl-ğism fa hīya mākla ṣəḥḥīya bəṛdo mən nāḥyət… mā-txəllī-š ma…
sāhlət-əl-həḍm mā-tíəεb-ək-š u baεdēn nwēmət-əl-gāyla. əl-lībīyīn yḥəbbu igəyylu
xūṣūṣən f-əṣ-ṣēf. žəww-na íəbεən ḥāṛṛ nəww hālba u šəms fa mεa s-sāεa tnīn mεa s-
sāεa wāḥəd ənta εādatan nətġəddu l-lībīyīn mεa s-sāεa wāḥəd mā-nətġəddū-š mεa s-
sāεa ínāš məṛṛāt mεa s-sāεa tnīn lākən mεa s-sāεa wāḥəd hāda í-íābīεi u íəbεən kān əl-
bāzīn že fi yōm-əž-žumεa fi yōm-əž-žumεa nṣəòòu f ṣòāt-əž-žumεa fa εādatan mεa s-
sāεa tnīn nkūnu ṛəwwəḥna mn-əṣ-ṣòe tnīn, tnīn u nuṣṣ fa nəbdu nətġəddu bəεd-əṣ-ṣòe fa
ləmma nətġəddu bəεd-əṣ-ṣòe yəεni dīma tnīn, tnīn u nuṣṣ. mεa tlāta u ṛubε, nkūnu
kəmməlna. ž-žumεa íəbεən εənd-na εuíla ḥne mā-nəxdmū-š fa fuṛṣa təltəmm əl-εēla
fuṛṣa l-əl-bāzīn bəεdēn ngəyylu u yḥəbbu ygayylu l-lībīyīn b-ḥukm-məwḍūε-ən-nəww
hāda, məwḍūε-əš-šəms əl-gāyla hīya ’ənn-əh nuṛgdu mtāε sāεa sāεa u nuṣṣ mūš lāzəm
564
nuṛgdu nōm… nōm məẓbūí yəεni ġēṛ mužərrəd ’ənn-ək ənta təstərxi muddət-sāεa bəεd
əl-mākla bəεd lə-ġde.
Maintenant nous allons parler de quelque chose qui nous manque vraiment beaucoup.
La bouillie de farine d’orge nous manque. Le problème en Italie c’est qu’il n’y a pas
de bazine. C’est un plat libyen connu et un peu ancien. Le bazine est un plat ; le
meilleur plat au monde, vraiment. Certaines personnes trouvent que c’est un plat
primitif, car nous le mangeons directement avec les mains, mais honnêtement, moi,
lorsque je me lave bien les mains avec de l’eau, j’ai l’impression qu’elles sont plus
propres que ces cuillères-là, que ce métal avec lequel nous mangeons. Le bazine se fait
à partir de farine d’orge. Ils prennent de la farine d’orge. Ils la font cuire dans l’eau.
Ils la pétrissent et après ils lui préparent sa sauce. On le cuisine, soit avec du poisson,
soit avec de la viande d’agneau. Mon dieu lorsqu’on égorge le petit agneau, ah mon
dieu ! Bref. Ensuite, habituellement, on prépare ce plat quand on a des invités, pas à la
maison entre nous, mais plutôt avec les autres membres de la famille. Nous allons par
exemple chez mon grand-père. Mes oncles se réunissent et c’est tous ensemble que
nous mangeons la bouillie de farine d’orge. La bouillie de farine d’orge se mange dans
quelque chose qui s’appelle gəsԑa. La gəsԑa est un grand plat rond en bois. On met la
bouillie dedans. A propos, la façon avec laquelle on prépare la bouillie est un peu
étrange. On le dispose de telle sorte que ça ait la forme d’une coupole. Ensuite, on
verse la sauce dessus. Il faut que le récipient dans lequel se trouve la sauce soit placé à
côté de toi, parce que parfois tu veux en rajouter. Pour manger la bouillie, on a recours
à un procédé qui est le rΩfs (faire une boule de bouillie et la mélanger avec la sauce).
Ce n’est pas le même procédé qu’on utilise quand on parle des animaux. En arabe
littéral lorsqu’on emploie le mot rΩfs, on fait référence aux animaux qui ruent, qui
regimbent. Ici c’est un autre sens. Ici il s’agit de mélanger, avec les mains, la bouillie
avec la sauce, car la bouillie absorbe la sauce. C’est ça le rΩfs. Ensuite cette farine
devient malléable et est plus facile à manger. La famille est réunie et nous nous
mettons à discuter de choses en général ou bien sur un sujet qui concerne la famille.
Même l’ambiance liée au repas est sympathique. Moi ça me rappelle toujours des
ambiances agréables : la rencontre, les discussions, les plaisanteries parfois. Mais, à
propos, tout le monde ne sait pas bien s’y prendre pour manger la bouillie de farine
d’orge. A l’origine, pour le manger, on a recours au rΩfs. Honnêtement, il y a des gens
qui ne savent pas s’y prendre. Ce n’est pas facile. Tu commences par t’entraîner avec
les petits morceaux, mais tu n’y arrives pas. Mais en ce qui me concerne, c’est avec
mon grand-père, le père de ma mère, un vieil homme, que j’ai appris. C’est un
565
montagnard (un Berbère) et les montagnards ont la réputation de bien préparer ce plat.
Je le mange avec mon grand-père et lui c’est un professionnel du bazine. Lorsque nous
étions petits, il nous montrait. C’était lui qui faisait la boule de bazine pour nous et
c’est lui qui nous a appris petit à petit et maintenant on considère que je sais bien
manger le bazine. C’est un plat délicieux, c’est de la bonne nourriture, et l’ambiance
qui va avec, l’ambiance de la rencontre. On s’assoit ensemble et on mange assis
parterre. On ne s’assoit pas sur des chaises. Tantôt on apporte la sauce, tantôt on
discute, parfois il y en a un qui raconte une blague. Une fois la bouillie terminée, on
apporte la viande. Habituellement, on n’apporte pas la viande en même temps que la
bouillie. Une fois la bouillie terminée, on apporte ces petits morceaux de viande
succulents. Tu sens ton ventre plus que rempli. Il y a une chose excellente avec la
bazine, après que la bouillie est enlevée, on apporte les fruits et on se met à manger
ces pommes, ces raisins… Si c’est l’été, les raisins et les pastèques. Mon dieu ces
pastèques. Même les pastèques libyennes sont les meilleures pastèques au monde. Une
de nos caractéristiques en Libye, c’est notre soleil chaud. Le soleil chaud donne un
bon goût aux fruits. Mais nous, comme je viens de te le dire, avant que tu ne finisses
le repas tu sens que t’en peux plus, tu as envie de dormir, tu n'as plus de place. Ton
ventre est bien plein. Mais, laisse-lui au maximum une heure et ton ventre se videra à
nouveau, car les composants de la bouillie sont simples : c’est fait à partir de farine
d’orge et la farine d’orge dans le ventre se transforme très vite en glucose, se
transforme en sucre et l’organisme l’absorbe très rapidement. C’est de la nourriture
saine, facile à digérer. Ensuite c’est l’heure de la sieste. Les Libyens aiment faire la
sieste surtout en été. Il fait très chaud et très lourd. Nous les Libyens, nous déjeunons
à une heure. Nous ne déjeunons pas à midi. Parfois nous déjeunons à deux heures.
Mais l’habitude c’est de déjeuner à une heure. Si le repas de bouillie de farine d’orge
tombe un vendredi, le vendredi nous prions la prière du vendredi. Normalement, à
deux heures nous sommes de retour de la prière, à deux heures, deux heures et demie.
Nous déjeunons après la prière, toujours vers deux heures, deux heures et demie. A
trois heures et quart, nous avons fini. Le vendredi nous sommes en congé, nous ne
travaillons pas et c’est une occasion pour que la famille se réunisse autour d’un plat de
bouillie de farine d’orge. Ensuite, nous faisons une sieste. Les Libyens aiment faire la
sieste du fait de cette chaleur, pendant une heure, une heure et demi. Pas besoin de
dormir beaucoup. Il suffit que tu te relaxes pendant une heure, après le repas, après le
déjeuner.
566
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582
TABLE DES MATIERES
DEDICACE
REMERCIEMENTS
MEMBRES DU JURY
SIGLES ET ABREVIATIONS
INTRODUCTION 1
PHONOLOGIE ET PHONETIQUE 9
I. Les voyelles 9
1. Les voyelles brèves 9
1.1. Paires minimales 11
1.2. Le phonème /u/ 11
1.2.1. La voyelle pré-fermée mi-postérieure arrondie [ʊ] 11
1.2.2. La voyelle moyenne supérieure postérieure arrondie [o] 11
1.2.3. La voyelle fermée centrale arrondie [ʉ] 12
1.3. Le phonème /ə/ 12
1.3.1. La voyelle basse supérieure centrale [ɐ] 12
1.3.2. La voyelle basse antérieure non-arrondie [a] 12
1.3.3. La voyelle basse postérieure non-arrondie [ɑ] 13
1.3.4. La voyelle moyenne centrale [ə] 13
1.3.5. La voyelle pré-fermée mi-postérieure arrondie [ʊ] 13
1.3.6. La voyelle moyenne supérieure postérieure arrondie [o] 14
1.3.7. La voyelle fermée centrale arrondie [ʉ] 14
1.3.8. La voyelle pré-fermée inférieure antérieure non-arrondie [ɪ] 14
1.3.9. La voyelle fermée centrale non-arrondie [ɨ] 14
1.4. Synthèse 15
2. Les voyelles longues 15
2.1. Paires minimales 15
2.2. Le phonème /ī/ 16
2.2.1. La voyelle pré-fermée inférieure antérieure non-arrondie [ɪː] 16
2.2.2. La voyelle fermée centrale non-arrondie [ɨː] 16
2.3. Le phonème /ū/ 16
2.3.1. La voyelle pré-fermée mi-postérieure arrondie [ʊː] 17
2.3.2. La voyelle moyenne supérieure postérieure [oː] 17
2.3.3. La voyelle fermée centrale arrondie [ʉ] 17
2.4. Le phonème /ā/ 17
2.4.1. La voyelle basse supérieure centrale [ɐː] 17
2.4.2. La voyelle basse antérieure non-arrondie [aː] 18
2.4.3. La voyelle basse postérieure non-arrondie [ɑː] 18
2.4.4. Imāla – la voyelle mi-ouverte antérieure non-arrondie [e] 18
583
3. Le phonème /ē/ 20
3.1. L’ancienne diphtongue *ay 20
3.2. Emprunts 20
4. Le phonème /ō/ 20
4.1. L’ancienne diphtongue *aw 20
4.2. Emprunts 21
5. Synthèse 21
5.1. Voyelles longues 21
5.2. Réalisations vocaliques 21
6. Oppositions de quantité vocaliques 22
II. Les consonnes 24
1. Les labiales 24
1.1. Les bilabiales 24
1.1.1. Le phonème /b/ 25
a) L’occlusive bilabiale sonore [b] 25
b) Emphatisation 25
c) Assourdissement 26
d) Emprunts 26
1.1.2. Le phonème /ḅ/ 27
a) L’occlusive bilabiale sonore emphatique [b̴] 27
b) Emprunts 29
1.1.3. Le phonème /m/ 29
a) La bilabiale sonore nasale [m] 29
b) Emphatisation 30
1.1.4. Le phonème /ṃ/ 30
a) La bilabiale sonore nasale emphatique [ᵯ] 30
b) Emprunts 31
1.1.5. Le phonème /w/ 31
a) La semi-consonne bilabiale sonore [w] 31
b) Emphatisation 32
1.1.6. Synthèse 32
1.2. Labiodentales 32
1.2.1. Le phonème /f/ 32
a) La spirante labiodentale sourde [f] 32
b) Sonorisation 33
c) Emphatisation 33
1.2.2. Le phonème /v/ 33
a) La spirante labiodentale sonore [v] 33
b) Emprunts 34
1.2.3. Synthèse 34
1.3. Vélarisation des labiales 34
2. Dentales (et anciennes interdentales) 36
2.1. Les anciennes interdentales 36
2.2. Paires minimales 37
2.3. Le phonème /t/ 39
a) La dentale occlusive sourde [t] 39
b) Sonorisation 39
c) Emphatisation 40
2.4. Le phonème /d/ 40
584
a) La dentale occlusive sonore [d] 40
b) Assourdissement 41
c) Emphatisation 41
2.5. Le phonème /ṭ/ 41
a) La dentale sourde occlusive emphatique [ᵵ] 41
b) Sonorisation 41
c) Désemphatisation 42
2.6. Le phonème /ḍ/ 42
a) La dentale sonore occlusive emphatique [d̴] 42
b) Assourdissement 43
2.7. Le phonème /Ń/ 43
2.8. Le phonème /n/ 43
a) La dentale sonore nasale [n] 43
b) Emphase 44
c) Vélarisation 44
d) Assimilations 45
2.9. Synthèse 46
3. Sifflantes et chuintantes 46
3.1. Alvéolaires 47
3.1.1. Le phonème /s/ 47
a) L’alvéolaire spirante sourde [s] 47
b) Emphatisation 48
3.1.2. Le phonème /ṣ/ 48
a) L’alvéolaire spirante sourde emphatique [ᵴ] 48
3.1.3. Le phonème /z/ 49
a) /z/ est une alvéolaire spirante sonore 49
b) Emphatisation 49
3.1.4. Le phonème /ẓ/ 50
a) /¢/ est une alvéolaire spirante sonore emphatique 50
3.1.5. Synthèse 51
3.2. Prépalatales 51
3.2.1. Le phonème /š/ 52
a) /š/ est une prépalatale spirante sourde [ʃ] 52
b) Sonorisation 52
3.2.2. Le phonème /ž/ 53
a) /ž/ est une prépalatale spirante sonore 53
b) Assourdissement 53
c) Assimilation 53
d) Consonne solaire : une exception 54
3.2.3. Le phonème /č/ 55
a) La prépalatale affriquée sourde à appendice chuintant [t͡ʃ] 55
3.2.4. Le phonème /ğ/ 55
a) La prépalatale affriquée sonore à appendice chuintant [d͡ʒ] 55
b) Suffixe -ği 55
3.2.5. Synthèse 56
3.3. Altérations conditionnées des chuintantes et des sifflantes 56
3.3.1. Perte de chuintement par assimilation et métathèse 57
585
a) Assimilations 57
b) Dissimilation 57
c) Métathèse 58
3.3.2. Evolution 58
4. Les prépalatales liquides 59
4.1. Le phonème /l/ 60
4.1.1. La prépalatale liquide latérale /l/ 60
4.1.2. Emphatisation 60
4.1.3. Dissimilations 61
4.1.4. Assimilations 61
4.2. Les phonèmes /r/ et /ṛ/ 62
4.3. Le phonème /y/ 63
4.3.1. La semi-consonne prépalatale sonore [j] 63
4.3.2. Emphatisation 65
4.4. Synthèse 65
5. Postpalatales et uvulaire 65
5.1. Paires minimales 66
5.2. Le phonème /k/ 66
5.2.1. La postpalatale occlusive sourde [k] 66
5.2.2. Sonorisation 67
5.2.3. Emphatisation 67
5.3. Le phonème /g/ et le phonème /q/ 67
5.3.1. Le phonème /g/ 68
a) La postpalatale occlusive sonore [g] 68
b) Assourdissement 68
c) Emphatisation 69
5.3.2. Le phonème /q/ 69
a) L’uvulaire sourde occlusive [q] 69
5.4. Synthèse 69
6. Vélaires 69
6.1. Le phonème /ā/ 70
6.1.1. La vélaire fricative sonore [ɣ] 70
6.1.2. Assourdissement 70
6.2. Le phonème /x/ 70
6.2.1. La vélaire fricative sourde [x] 70
6.3. Synthèse 71
7. Pharyngales 71
7.1. Le phonème /ḥ/ 71
7.1.1. La pharyngale fricative sourde [ħ] 71
7.2. Le phonème /ε/ 72
7.2.1. La pharyngale fricative sonore [ʕ] 72
7.2.2. Assourdissement 72
7.3. Synthèse 73
8. Laryngales 73
8.1. Le phonème /h/ 73
8.1.1. La laryngale fricative sonore [h] 73
8.2. Le phonème /’/ 74
8.2.1. La laryngale occlusive sourde [ʔ] 74
8.3. Synthèse 75
586
9. Conclusion 75
MORPHOLOGIE VERBALE 87
1. Les verbes de racine trilitère 91
1.1. La première forme 91
1.1.1. Le verbe sain 91
1.1.2. Le verbe sourd 92
1.1.3. Le verbe assimilé 93
1.1.4. Le verbe concave 94
1.1.5. Le verbe défectueux 96
1.2. Les formes dérivées 97
1.2.1. La 2e forme 98
1.2.1.1. Le verbe sain 99
1.2.1.2. Le verbe sourd 100
1.2.1.3. Le verbe assimilé 100
1.2.1.4. Le verbe concave 100
1.2.1.5. Le verbe défectueux 101
1.2.2. La 3e forme 101
1.2.2.1. Le verbe sain 102
1.2.2.2. Le verbe assimilé 102
1.2.2.3. Le verbe concave 102
1.2.2.4. Le verbe défectueux 103
1.2.3. La 5e forme 103
1.2.3.1. Le verbe sain 104
1.2.3.2. Le verbe sourd 105
1.2.3.3. Le verbe assimilé 105
1.2.3.4. Le verbe concave 105
1.2.3.5. Le verbe défectueux 106
587
1.2.4. La 6e forme 106
1.2.4.1. Le verbe sain 107
1.2.4.2. Le verbe sourd 107
1.2.4.3. Le verbe assimilé 107
1.2.4.4. Le verbe concave 108
1.2.4.5. Le verbe défectueux 108
1.2.5. La 7e forme 109
1.2.5.1. Le verbe sain 109
1.2.5.2. Le verbe sourd 109
1.2.5.3. Le verbe assimilé 110
1.2.5.4. Le verbe concave 110
1.2.5.5. Le verbe défectueux 110
1.2.6. La 8e forme 111
1.2.6.1. Le verbe sain 111
1.2.6.2. Le verbe sourd 111
1.2.6.3. Le verbe assimilé 112
1.2.6.4. Le verbe concave 112
1.2.6.5. Le verbe défectueux 113
1.2.7. La 9e forme 113
1.2.8. La 10e forme 114
1.2.8.1. Le verbe sain 115
1.2.8.2. Le verbe sourd 115
1.2.8.3. Le verbe assimilé 115
1.2.8.5. Le verbe concave 116
1.2.8.6. Le verbe défectueux 117
2. Les verbes de racine quadrilitère 117
1.3.1. Icones onomatopéiques (C1əC2C3əC4, où C1=C3 et C2=C4) 118
1.3.2. Verbe quadrilitère sain 118
1.3.3. Forme quadrilitère dérivée 119
3. Les verbes irréguliers 119
3.1. Verbes anciennement hamzés 119
3.1.1. L’ancienne racine √’kl 119
3.1.1.1. La 1e forme 120
3.1.1.2. La 8e forme 120
3.1.2. L’ancienne racine √’xñ 121
3.1.3. L’ancienne racine √’hl 121
3.1.4. L’ancienne racine √’ns 122
3.1.5. Les verbes bilitères 122
3.1.5.1. L’ancienne racine √’by 122
3.1.5.2. L’ancienne racine √r’y 124
3.1.5.3. L’ancienne racine √žy’ 124
3.2. Formes doublement dérivées 125
3.2.1. Croisement de la huitième et de la deuxième forme 125
3.2.1.1. btəssəm « il a souri » (√bsm) 125
3.2.1.2. ttəûûəl « il est entré en communication » (√wûl) 126
3.2.2. Croisement de la dixième et de la deuxième forme 126
3.2.2.1. strəyyəô « il s’est reposé » (√ryô) 126
3.2.2.2. stənna « il a attendu » (ancienne racine √’ny) 127
4. Conclusion 127
588
MORPHOLOGIE NOMINALE 129
1. Le genre 129
1.1. Les nominaux féminins sans marque 129
1.2. Les substantifs féminins caractérisés par le suffixe -a(t) 130
1.2.1. Le féminin par opposition au masculin 130
1.2.2. Les noms d’unités 131
1.2.3. Valeur diminutive 131
1.2.4. Noms d’action 132
1.2.5. Singulatif 132
1.2.6. Pluriels de certains masculins 132
2. Le singulier 132
2.1. Les schèmes bilitères 133
2.1.1. Le schème C1v 133
2.1.2. Le schème C1vC2 133
2.1.3. Le schème C1C2a(t) 133
2.1.4. Le schème v̄C2 133
2.1.5. Le schème vC1C2 133
2.2. Les noms trilitères 133
2.2.1. Les schèmes réguliers à voyelle brève unique 133
2.2.1.1. La voyelle brève est entre C1 et C2 134
2.2.1.1.1. Le schème régulier C1əC2C3 134
2.2.1.1.2. Le schème régulier C1uC2C3 136
2.2.1.1.3. Le schème sourd C1əC2C3 137
2.2.1.1.4. Le schème sourd C1uC2C3 137
2.2.1.2. La voyelle brève est après C2 137
2.2.1.2.1. Le schème régulier C1C2əC3 138
2.2.1.2.2. Le schème régulier C1C2uC3 138
2.2.1.3. Le schème régulier à voyelle brève et à suffixe -a(t) 139
2.2.1.3.1. Le schème régulier C1əC2C3a(t) 139
2.2.1.3.2. Le schème régulier C1uC2C3a(t) 140
2.2.1.3.3. Le schème sourd C1əC2C3a(t) 140
2.2.1.3.4. Le schème sourd C1uC2C3a(t) 141
2.2.1.4. Les schèmes concaves 141
2.2.1.4.1. Le schème concave C1āC3 141
2.2.1.4.2. Le schème concave C1īC3 142
2.2.1.4.3. Le schème concave C1ūC3 142
2.2.1.4.4. Le schème concave C1ēC3 142
2.2.1.4.5. Le schème concave C1ōC3 143
2.2.1.5. Les schèmes concaves suffixés en -a(t) 144
2.2.1.5.1. Le schème concave C1āC3a(t) 144
2.2.1.5.2. Le schème concave C1īC3a(t) 144
2.2.1.5.3. Le schème concave C1ūC3a(t) 145
2.2.1.5.4. Le schème concave C1ēC3a(t) 145
2.2.1.5.5. Le schème concave C1ōC3a(t) 145
2.2.1.6. Les schèmes défectueux 146
2.2.1.6.1. Le schème défectueux C1C2a 146
2.2.1.6.2. Le schème défectueux C1C2e 147
2.2.1.6.3. Le schème défectueux C1C2i 147
2.2.1.6.4. Les schèmes défectueux à suffixe -a(t) : C1C2īya(t) 148
2.3. Les formes dérivées par adjonction 148
589
2.3.1. Les schèmes formés par adjonction d’une voyelle longue après C1 148
2.3.1.1. Les schèmes non suffixés 148
2.3.1.1.1. Le schème C1āC2əC3 148
2.3.1.1.2. Le schème C1ūC2əC3 149
2.3.1.1.3. Le schème C1ōC2əC3 149
2.3.1.1.4. Le schème C1īC2əC3 149
2.3.1.1.5. Le schème sourd C1āC2C3 149
2.3.1.1.6. Le schème concave C1āyəC3 149
2.3.1.1.7. Le schème défectueux C1āC2i 150
2.3.1.2. Les schèmes suffixés en -a(t) 150
2.3.1.2.1. Le schème C1āC2C3a(t) 150
2.3.1.2.2. Le schème C1īC2C3a(t) 150
2.3.1.2.3. Le schème C1ūC2C3a(t) 151
2.3.1.2.4. Le schème C1ōC2C3a(t) 151
2.3.1.2.5. Le schème sourd C1āC2C3a(t) 151
2.3.1.2.6. Le schème concave C1āyC3a(t) 151
2.3.1.2.7. Le schème défectueux C1āC2ya(t) 151
2.3.2. Les schèmes formés par adjonction d’une voyelle longue après C2 152
2.3.2.1. Les schèmes non suffixés 152
2.3.2.1.1. Le schème C1C2āC3 152
2.3.2.1.2. Le schème C1C2īC3 153
2.3.2.1.3. Le schème C1C2ūC3 153
2.3.2.1.4. Le schème concave C1yāC3 154
2.3.2.2. Les schèmes suffixés en -a(t) 154
2.3.2.2.1. Le schème C1C2āC3a(t) 154
2.3.2.2.2. Le schème C1C2īC3a(t) 155
2.3.2.2.3. Le schème C1C2ūC3a(t) 155
2.3.2.2.4. Le schème concave C1wāC3a(t) 156
2.3.2.2.5. Le schème concave C1yāC3a(t) 156
2.3.3. Schèmes formés par gémination de C2 156
2.3.3.1. Les schèmes formés par gémination de C2 156
2.3.3.1.1. Les schèmes non suffixés 156
2.3.3.1.1.1. Le schème C1əC2C2əC3 157
2.3.3.1.1.2. Le schème C1uC2C2uC3 157
2.3.3.1.2. Le schème suffixé en -a(t) 157
2.3.3.1.2.1. Le schème C1əC2C2C3a(t) 157
2.3.3.2. Les schèmes formés par gémination de C2 et adjonction d’une voyelle longue
entre C2 et C3 157
2.3.3.2.1. Les schèmes non suffixés 157
2.3.3.2.1.1. Le schème C1əC2C2āC3 157
2.3.3.2.1.2. Le schème C1əC2C2īC3 158
2.3.3.2.1.3. Le schème C1əC2C2ūC3 158
2.3.3.2.1.4. Le schème C1uC2C2āC3 158
2.3.3.2.2. Les schèmes suffixés en -a(t) 159
2.3.3.2.2.1. Le schème C1əC2C2āC3a(t) 159
2.3.3.2.2.2. Le schème C1əC2C2īC3a(t) 160
2.3.3.2.2.3. Le schème C1əC2C2ūC3a(t) 160
2.3.3.2.2.4. Le schème C1uC2C2āC3a(t) 160
2.3.4. Les schèmes à adjonction de deux voyelles longues 160
2.3.4.1. Les schèmes non suffixés 161
590
2.3.4.1.1. Le schème C1āC2āC3 161
2.3.4.1.2. Le schème C1āC2īC3 161
2.3.4.1.3. Le schème C1āC2ūC3 162
2.3.4.1.4. Le schème C1īC2āC3 162
2.3.4.1.5. Le schème C1ēC2āC3 162
2.3.4.1.6. Le schème C1īC2ūC3 162
2.3.4.1.7. Le schème C1ēC2ūC3 162
2.3.4.1.8. Le schème C1ūC2āC3 162
2.3.4.2. Les schèmes suffixés en -a(t) 163
2.3.4.2.1. Le schème C1āC2āC3a(t) 163
2.3.4.2.2. Le schème C1āC2īC3a(t) 163
2.3.4.2.3. Le schème C1āC2ūC3a(t) 163
2.3.4.2.4. Le schème C1īC2āC3a(t) 163
2.3.4.2.5. Le schème C1īC2īC3a(t) 163
2.3.4.2.6. Le schème C1ēC2ūC3a(t) 163
2.3.4.2.7. Le schème C1ūC2āC3a(t) 164
2.3.4.2.8. Le schème C1ūC2īC3a(t) 164
2.3.4.2.9. Le schème C1ūC2ūC3a(t) 164
2.4. Les noms quadrilitères 164
2.4.1. Schème à une voyelle brève 164
2.4.1.1. Le schème C1C2uC3C4 164
2.4.1.2. Le schème C1vC2C3i 164
2.4.2. Les schèmes à deux voyelles brèves 164
2.4.2.1. Les schèmes non suffixés 164
2.4.2.1.1. Le schème C1əC2C3əC4 165
2.4.2.1.2. Le schème C1uC2C3uC4 165
2.4.2.1.3. Le schème C1C2əC3C4 165
2.4.2.2. Les schèmes suffixés en -a(t) 165
2.4.2.2.1. Le schème C1əC2C3C4a(t) 165
2.4.2.2.2. Le schème C1uC2C3C4a(t) 165
2.4.2.2.3. Le schème C1C2əC3C4a(t) 166
2.4.3. Schème à voyelle longue entre C1 et C2 et entre C3 et C4 166
2.4.3.2.1. Le schème C1ūC2C3īC4 166
2.4.3.2.2. Le schème C1āC2C3ēC4 166
2.4.4. Les schèmes à une voyelle longue entre C3 et C4 166
2.4.4.1. Les schèmes non suffixés 166
2.4.4.1.1. Le schème C1əC2C3āC4 166
2.4.4.1.2. Le schème C1uC2C3āC4 166
2.4.4.1.3. Le schème C1əC2C3ūC4 167
2.4.4.1.4. Le schème C1əC2C3īC4 167
2.4.4.1.5. Le schème C1uC2C3āC4 167
2.4.4.1.6. Le schème C1uC2C3īC4 167
2.4.4.2. Les schèmes suffixés en -a(t) 168
2.4.4.2.1. Le schème C1əC2C3āC4a(t) 168
2.4.4.2.2. Le schème C1əC2C3ūC4a(t) 168
2.4.4.2.3. Le schème C1əC2C3īC4a(t) 168
2.5. Les préfixes 169
2.5.1. Le préfixe ə- 169
2.5.1.1. Le schème əC1C2əC3 169
2.5.1.2. Le schème əC1C2a 169
591
2.5.2. Le préfixe m- 169
2.5.2.1. Les schèmes non suffixés 170
2.5.2.1.1. Le schème mvC1C2əC3 170
2.5.2.1.2. Le schème mC1əC2C3 170
2.5.2.1.3. Le schème mC1āC3 170
2.5.2.1.4. Le schème mC1āC2əC3 170
2.5.2.1.5. Le schème mC1āC2a 171
2.5.2.1.6. Le schème mvC1C2āC3 171
2.5.2.1.7. Le schème məC1C2īC3 171
2.5.2.1.8. Le schème məC1C2ūC3 171
2.5.2.2. Les schèmes suffixés en -a(t) 172
2.5.2.2.1. Le schème mvC1C2C3a(t) 172
2.5.2.2.2. Le schème mC1əC2C3a(t) 172
2.5.2.2.3. Le schème mC1āC3a(t) 172
2.5.2.2.4. Le schème məC1C2āC3a(t) 172
2.5.2.2.5. Le schème məC1C2īC3a(t) 173
2.5.2.2.6. Le schème məC1C2ūC3a(t) 173
2.5.2.2.7. Le schème mC1āC2C3a(t) 173
2.5.3. Le préfixe t- 173
2.5.3.1. Le schème təC1C2īC3 173
2.5.3.2. Le schème təC1C2īC3a(t) 174
2.5.3.3. Le schème tC1əC2e 174
2.5.3.4. Le schème tC1əC2C3īC4 174
2.6. Les suffixes 175
2.6.1. Le suffixe -i 175
2.6.2. Le suffixe -īya(t) 176
2.6.3. Le suffixe -āni 177
2.6.4. Le suffixe -ānīya(t) 177
2.6.5. Le suffixe -āwi 177
2.6.6. Le suffixe -āwīya(t) 178
2.6.7. Le suffixe -ān 178
2.6.8. Le suffixe -āna(t) 178
2.6.9. -ži / -ği 179
3. Le nombre 180
3.1. Le duel 180
3.2. Le pluriel 181
3.2.1. Les pluriels externes 181
3.2.1.1. Le suffixe -īn 181
3.2.1.2. Le suffixe -ēn 182
3.2.1.3. Le suffixe -a(t) 182
3.2.1.4. Le suffixe -āt 183
3.2.1.5. Le suffixe -ān 184
3.2.1.6. Le suffixe -t 184
3.2.2. Les pluriels internes 184
3.2.2.1. Les schèmes trilitères 184
3.2.2.1.1. Pluriels internes à vocalisme bref 184
3.2.2.1.1.1. Le schème C1C2vC3 185
3.2.2.1.1.2. C1C2a 185
3.2.2.1.1.3. C1C2i 185
3.2.2.1.1.4. C1əC2i 185
592
3.2.2.1.1.5. C1ūC3 185
3.2.2.1.1.6. C1īC3 185
3.2.2.1.2. Pluriels internes à vocalisme long 185
3.2.2.1.2.1. C1ūC2əC3 185
3.2.2.1.2.2. C1C2āC3 186
3.2.2.1.2.3. C1wāC3 et C1C1āC3 186
3.2.2.1.2.4. C1yāC3 186
3.2.2.1.2.5. C1C2ūC3 187
3.2.2.1.2.6. C1yūC3 187
3.2.2.1.2.7. C1C2īC3 187
3.2.2.1.2.8. C1C2āC3i 187
3.2.2.1.2.9. C1wāC3i 188
3.2.2.1.2.10. C1yāC3i 188
3.2.2.1.3. Pluriel à redoublement de C2 188
3.2.2.1.3.1. C1vC2C2āC3 188
3.2.2.1.3.1. C1wəC2C2i 188
3.2.2.2. Les schèmes de pluriel quadrilitères 188
3.2.2.2.1. C1C2āwəC3 188
3.2.2.2.2. C1C2āyəC3 189
3.2.2.2.3. C1wāC2əC3 189
3.2.2.2.4. C1wāyəC3 189
3.2.2.2.5. C1C2āC3əC4 189
3.2.2.2.6. C1C2āC3īC4 189
3.2.2.2.7. C1C2āwīC4 190
3.2.2.2.8. C1C2āyīC4 190
3.2.2.2.9. C1wāC3īC4 et C1C1āC2īC3 190
3.2.2.2.10. C1yāC3īC4 190
3.3.3 Les pluriels mixtes 190
3.3.3.1. Les pluriels mixtes à suffixe -a(t) 190
3.3.3.1.1. Le schème C1vC2C3a(t) 190
3.3.3.1.2. Le schème C1C2vC3C3a(t) 191
3.3.3.1.3. Le schème C1C3āC3a(t) 191
3.3.3.1.4. Le schème C1wāC3a(t) 191
3.3.3.1.5. Le schème C1yāC3a(t) 191
3.3.3.1.6. C1C2ūC3a(t) 191
3.3.3.1.7. Le schème quadrilitère C1C2āC3C4a(t) 191
3.3.3.2. Les pluriels mixtes à suffixe -āt 191
3.3.3.3. Les pluriels mixtes à suffixe -ān 192
3.3.3.3.1. C1vC2C3ān 192
3.3.3.3.2. C1īC3ān 192
3.3.3.4. Le pluriel mixte à préfixe m- 192
3.3.3.4.1.1. mC1āC2əC3 192
3.3.3.4.1.2. mC1əC2C3əC3 192
3.3.3.4.1.3. mC1əC2C2C3a(t) 192
3.3.3.4.1.4. māC1īC3 193
4. Les degrés de comparaison 194
4.1. Les comparatifs 194
4.1.1. Le schème de comparatif 194
4.1.1.1. Les adjectifs en C1əC2C3[a(t)] 194
4.1.1.2. Les adjectifs en C1C2īC3[a(t)] et C1āC2īC3[a(t)] 194
593
4.1.1.3. L’adjectif en C1C2ūC3[a(t)] 195
4.1.1.4. Les adjectifs en C1āC2(ə)C3[a(t)] 195
4.1.1.4. Les adjectifs en C1əC2C2(ə)C3[a(t)] 195
4.1.1.5. Les adjectifs de racine sourde 195
4.1.1.6. Les adjectifs de racine concave 196
4.1.1.7. Les adjectifs de racine défectueuse 196
4.1.1.8. Le changement lexical 197
4.1.2. La construction analytique 197
4.2. Le superlatifs 198
4.2.1. Premier terme d’une annexion 198
4.2.2. ma + comparatif + pronom suffixe 199
4.3. Les diminutifs 199
4.3.1. Les diminutifs de trilitères 199
4.3.1.1. Le schème C1C2ēC3 199
4.3.1.2. Le schème C1C2ēC3a(t) 200
4.3.1.3. Le schème C1C2ēyəC3 201
4.3.1.4. Le schème C1C2ēyC3a(t) 201
4.3.1.5. Le schème C1wēC3 202
4.3.1.6. Le schème C1wēC3a(t) 202
4.3.1.7. Le schème C1wēC2əC3 202
4.3.1.8. Le schème C1wēC2C3a(t) 202
4.3.2. Les diminutifs de quadrilitères 202
4.3.2.1. C1C2ēC3əC4 203
4.3.2.2. C1C2ēC3C4a(t) 203
4.3.2.3. C1C2ēC3īC4 203
4.3.2.4. C1C2ēC3īC4a(t) 203
4.3.2.5. C1wēC3əC4 204
4.3.2.6. C1wēC3īC4 204
4.3.2.7. C1wēC3īC4a(t) 204
4.3.2.8. C1C2ēC3i 204
4.3.2.9. C1wēC3i 204
4.3.3. Les schèmes ‘irréguliers’ 204
4.3.3.1. īC1ēC2əC3 204
4.3.3.2. Les noms de parenté 205
4.3.4. Les suffixes -əš / -ək 205
5. Les noms de nombre 206
5.1. Les cardinaux 206
5.1.1. L’état absolu 206
5.1.1.1. Les nombres de 1 à 10 206
5.1.1.2. Les nombres de 11 à 19 206
5.1.1.3. Les dizaines 207
5.1.1.4. Les centaines 207
5.1.1.5. Les milliers 208
5.1.1.6. Les millions 210
5.1.1.7. Les milliards 212
5.1.2. L’état construit 214
5.1.2.1. Le nombre 1 214
5.1.2.2. Le nombre 2 214
5.1.2.2.1. Le duel 214
5.1.2.2.2. zōz « deux » + pluriel 215
594
5.1.2.3. Les nombres de 3 à 10 216
5.1.2.4. Les nombres de 11 à 20 216
5.1.2.5. Les nombres de 20 à 99 219
5.1.2.6. Les nombres de 100 à 999 219
5.1.2.7. Les milliers 220
5.1.2.8. Les millions 222
5.1.2.9. Les milliards 224
5.2. Les ordinaux 225
5.2.1. Les ordinaux de 1 à 11 226
5.2.2. Les ordinaux à partir de 11 227
5.3. Les fractions 228
5.4. Les pourcentages 229
5.5. L’heure 230
5.6. Les jours de la semaine 232
5.7. Datation 232
595
2.6. Les pronoms réfléchis 251
INTERROGATIFS 263
1. āš, ses composés et ses dérivés 263
1.1. Les adverbes interrogatifs circonstanciels composés de āš 263
1.1.1. b-āš « avec quoi, au moyen de quoi » 263
1.1.2. f-āš « dans quoi, en quoi » 264
1.1.3. εl-āš « sur quoi, pourquoi » 264
1.1.4. l-āš « à quoi, pour quoi » 264
1.1.5. mn-āš « de quoi, à partir de quoi » 265
1.1.6. gədd-āš « comme quoi (taille), combien » 265
1.2. Les pronoms interrogatifs šīn, šīnu, šīni 266
1.3. Les adverbes interrogatifs circonstanciels composés de šīn 267
1.3.1. f-šīn « dans quoi, en quoi » 267
1.3.2. εlē-šīn « sur quoi, pourquoi » 267
1.3.3. fōg-šīn « sur quoi » 267
1.3.4. təôt-šīn « sous quoi » 267
1.3.5. gəddām-šīn « devant quoi » 268
1.3.6. wüā-šīn « derrière quoi » 268
1.3.7. zēy-šīn « comme quoi » 268
1.4. Le pronom interrogatif škūn « qui » 268
1.5. Les composés de škūn 269
1.5.1. lī-škūn « à qui, pour qui » 269
1.5.2. εənd-škūn « chez qui » 269
1.5.3. mtāε-škūn « à qui, de qui » 269
1.5.4. ôdā-škūn « à côté de qui » 269
1.5.5. gəddām-škūn « devant qui » 270
1.5.6. gədd-škūn « comme qui (taille) » 270
2. mən et les composés de mən 270
596
2.1. mən, mənu, məni « qui » 270
2.2. Les composés de mən 271
2.2.1. mεā-mən « avec qui » 271
2.2.2. lī-mən « à qui, pour qui » 271
2.2.3. εənd-mən « chez qui » 272
2.2.4. mtāε-mən « à qui, de qui » 272
2.2.5. εlē-mən « sur qui, de qui » 272
2.2.6. ôdā-mən « à côté de qui » 272
2.2.7. gəddām-mən « devant qui » 272
2.2.8. gədd-mən « comme qui (taille) » 273
2.2.9. mən-εənd-mən « de chez qui, de la part de qui » 273
2.2.10. zēy-mən « comme qui » 273
3. wēn « où » et les composés de *ayn 274
3.1. wēn « où » 274
3.2. Les composés de *ayn 274
3.2.1. mn-īn ~ mən-wēn « d’où » 274
3.2.2. l-ēn « jusqu’à ce que » 275
4. L’interrogatif āmta ~ əmta et son composé 275
4.1. L’interrogatif āmta « quand » 275
4.2. Le composé d’āmta : l-āmta « jusqu’à quand » 275
5. L’interrogatif kīf « comment » 276
6. L’interrogatif āma et son composé 276
6.1. L’interrogatif āma « quel(s), quelle(s) » 276
6.2. Le composé d’āma : f-āma « à quel(s), à quelle(s), dans quel(s), dans quelle(s) » 277
7. xēü + pronom personnel suffixe 277
RELATIFS 279
I. Les pronoms relatifs simples 279
1. Le relatif Ø 279
1.1. Ø relatif 279
1.2. Ø à antécédent circonstanciel 279
2. Le pronom relatif əlli 280
2.1. əlli pronom relatif 281
2.2. əlli antécédent et relatif 282
2.3. əlli à antécédent circonstanciel 283
3. Le pronom relatif ma 284
4. Le pronom relatif mən (ainsi que les formes mənu et məni) 284
5. Le pronom škūn 285
6. Le pronom relatif šən (ainsi que les formes šīnu et šīni) 286
7. Synthèse 286
II. Les pronoms relatifs composés 286
1. Préposition + əlli 287
2. Préposition + šən 288
3. Synthèse 288
INDEFINIS 289
1. Existence indépendante de toute considération d’ordre quantitatif 289
1.1. Admission de l’existence pure et simple 289
1.1.1. Pour les êtres 289
1.1.1.1. bnādəm 289
597
1.1.1.2. əl-bnādəm 289
1.1.1.3. l-ənsān 290
1.1.1.4. əl-wāḥəd 290
1.1.1.5. 1e personne du pluriel 290
1.1.1.6. La 3e personne du pluriel 290
1.1.2. Pour les choses : šēy 291
1.1.3. Conclusion 291
1.2. Considération de l’éventualité d’une existence 291
1.2.1. Pour les êtres 291
1.2.1.1. əyyī-wāḥəd 292
1.2.1.2. əlli 292
1.2.1.3. əllī-hūwa, əllī-hīya, əllī-humma 292
1.2.1.4. mən 293
1.2.1.5. kull-mən 293
1.2.1.6. kull-əlli 293
1.2.2. Pour les choses 294
1.2.2.1. əyyī-ḥāža 294
1.2.2.3. məhma 294
1.2.2.6. əllī-hūwa ; əllī-hīya ; əllī-humma 294
1.2.2.7. kull-əlli 295
1.2.2.7. Synthèse 295
2. Notion quantitative 295
2.1. Unicité 296
2.1.1. Affirmée 296
2.1.1.1. Pour les êtres 296
2.1.1.1.1. ḥədd 296
2.1.1.1.2. wāḥəd 296
2.1.1.1.3 flān 297
2.1.1.1.4. ən-nās 298
2.1.1.2. Pour les choses 298
2.1.1.3. Synthèse 298
2.1.2. Niée 299
2.1.2.1. Pour les êtres 299
2.1.2.1.1. ḥədd 299
2.1.2.1.2. ḥəttā-wāḥəd 299
2.1.2.2. Pour les choses 300
2.1.2.3. Conclusion 300
2.2. Pluralité 301
2.2.1. Paucité 301
2.2.2. Partie indéterminée d’un ensemble 301
2.2.3. Abondance quantitative 302
2.2.4. Totalité et intégralité 302
2.2.4.1. kull-əl- + nom 302
2.2.4.2. kull- + pronom suffixe 302
2.2.4.3. bukkull 303
2.2.4.4. kāməl 304
2.2.5. Totalité distributive 305
2.2.6. Conclusion 306
598
3. Différence 306
3.1. tāni « deuxième, autre » 307
3.1.1. Se distinguer de quelqu’un ou de quelque chose par la nature et les qualités 307
3.1.2. Venir s’ajouter en surplus 307
3.3. Conclusion 308
4. Identité 308
4.1. nəfs- 308
4.2. Conclusion 309
5. Isolement : b-ṛūḥ 309
5.1. L’absence de compagnie 309
5.2. L’exclusivité 310
5.3. L’absence d’aide 310
5.4. En construction paronomasique 311
5.5. Conclusion 311
6. Réciprocité 311
6.1. fī-bəεḍ 311
6.2. mεā-bəεḍ 312
6.3. Conclusion 312
PREPOSITIONS 314
1. Les prépositions simples 314
1.1. f- / fi « dans, en, à » 314
1.2. b- / bi « par, au moyen de » 317
1.3. l- / li « à, vers, pour » 318
1.3.1. l- « à, vers, pour » 318
1.3.2. li ~ la « à, vers, pour » 319
a) La forme li 319
b) La forme la 320
1.4. mən « de » 321
1.5. mεa « avec » 323
1.6. εle « sur » 325
1.7. fōg « sur, au dessus de » 328
1.8. təôt « sous, au dessous de » 328
1.9. εənd « chez, auprès de » 329
1.10. bēn « entre » 330
1.11. gəbl « avant » 330
1.12. bəεd « après » 331
1.13. wüa « derrière » 332
1.14. gəddām « devant » 333
1.15. gbālt « en face de » 334
1.16. mgābəl « en face de » 334
1.17. žīht « du côté de » 335
1.18. zēy « comme » 335
1.19. bla « sans » 337
1.20. əlla « sauf, excepté » 338
1.21. ḍədd ~ ḍudd« contre » 338
1.22. gəlb « à l’intérieur de, au cœur de » 339
1.23. bədl « au lieu de, à la place de » 339
1.24. mkān « au lieu de, à la place de » 340
599
2. Les formes composées 340
2.1. Les locutions composées de mən 340
2.1.1. Les combinaisons de prépositions 340
a) mən-εənd « de chez, de la part de » 340
b) mən-gəddām « de devant, par devant » 341
c) mən-fōg « d’en haut (de), d’au-dessus de, sur » 341
d) mən-gəlb « de l’intérieur de » 341
e) mən-bəεd « depuis » 341
f) mən-ôda « d’à côté de » 341
g) mən-bə-ôda « d’à côté de » 342
h) mən-āēü « sans » 342
i) fōg-mən « au-dessus de, en haut de, sur » 343
j) təôt-mən « sous » 343
2.2. Les locutions composées de lā- 343
2.2.1. Les combinaisons de prépositions 344
a) lā-εənd « vers chez » 344
b) lā-gəlb « à / vers l’intérieur de » 344
2.3. Les locutions composées de f- 344
2.3.1. Les combinaisons de prépositions 344
a) f-gəlb « à l’intérieur de, en plein, au milieu de » 344
2.3.2. Les locutions introduites par f- 345
a) f-mkān « à la place de, au lieu de » 345
b) f-εūî « à la place de, au lieu de » 345
c) f-wəžh « à la place de, en face de, en présence de » 345
d) f-üūô-umm « à l’intérieur de, en plein, au milieu de » 345
2.4. Les locutions composées de b- 346
2.4.1. Les combinaisons de prépositions 346
a) bə-ôda « à côté de » 346
2.4.2. Les locutions introduites par b- 346
a) b-sābāb ~ b-sbəb(b) « en raison de, par la faute de, à cause de » 346
b) b-nəsba lī- « selon, d’après, en ce qui concerne, quant à » 347
2.5. Les locutions composées de εle 347
a) εlē-xā°əü « à cause de, en raison de, pour, par égard pour » 347
b) εlē-εyūn « à cause de, en raison de, pour » 347
c) εlē-sābāb « à cause de » 347
ADVERBES 349
I. Les adverbes de lieu 349
1. Les adverbes simples 349
1.1. Les déictiques 349
1.1.1. L’espace lié au sujet énonciateur 349
1.1.2. L’espace renvoyant aux limites de la vision 349
1.2. Les adjectifs utilisés comme adverbes 350
1.2.1. grīb « près » 350
1.2.2. bεīd « loin » 351
1.3. Les substantifs utilisés comme adverbes 351
1.3.1. °ūl « tout droit, directement » 351
1.3.2. bəüüa « dehors, vers l’extérieur » 351
1.4. Les prépositions utilisées comme adverbes 352
2. Les adverbes composés 352
600
2.1. Au moyen de la préposition l- 352
2.1.1. l(ə)- + adverbes 352
a) lə-hne « vers ici, par ici » 352
b) l-āādi ~ lā-āādi « vers là, jusque là » 352
c) l-āādīka ~ lā-āādīka « vers là-bas » 353
2.1.2. l- + préposition 353
a) l-fōg « en haut, vers le haut » 353
b) l-təôt « en bas, vers le bas » 353
c) l-gəddām « devant, à l’avant, vers l’avant » 354
2.1.3. l- + nominaux 354
a) l-dāxəl « dedans, à l’intérieur, vers l’intérieur » 354
b) l-bəüüa « à l’extérieur, vers l’extérieur » 355
c) l-tāli « derrière, vers l’arrière » 355
d) l-ō°a « en bas, au rez-de-chaussée » 355
2.1.4. l-əl- + nominal 356
a) l-əl-wəs° « vers le milieu » 356
b) l-əž-žənb « vers le côté, de côté » 356
c) l-əl-gəddām « vers l’avant » 356
2.2. Au moyen de la préposition f- « dans » 356
2.2.1. f-əl-wəs° « au milieu » 357
2.2.2. f-əž-žənb « sur le côté, du côté » 357
2.3. Au moyen de la préposition mən « de » 357
2.3.1. mən + adverbe 357
a) mən-hne « à partir d’ici » 357
b) mən-āādi « à partir de là, par là » 357
c) mən-āādīka « à partir de là-bas » 358
2.3.2. mən + l’adjectif tāli 358
2.3.3. mən + əl- + nominal žənb 358
2.3.4. mən + l-ō°a 358
2.4. Au moyen de la préposition εle « sur » 359
2.4.1. εlē-bəüüa « dehors, à l’extérieur » 359
2.4.2. εlē-ž-žənb ~ εəž-ž-žənb « sur le côté, de côté » 359
2.4.3. εəl-l-īmīn « à droite, sur la droite » 360
2.4.4. εəl-l-īûāü « à gauche, sur la gauche » 360
2.4.5. εəl-l-ôāšya « sur le bord » 360
2.4.6. εlē-l-wəs° « vers le centre » 360
2.4.7. εəl-l-ū°a « sur le sol, par terre » 361
II. Les adverbes de temps 362
1. Les adverbes simples 362
1.1. təwwa « maintenant » 362
1.2. gəbl « avant » 362
1.3. bəkri « tout à l’heure (passé) ; tôt, de bonne heure » 362
1.4. dīma « toujours, tout le temps » 362
1.5. āāliban « souvent, fréquemment » 363
1.6. glīləš « rarement » 363
1.7. āudwa « demain » 363
1.8. āməs « hier » 363
1.9. zmān « avant, jadis » 363
1.10. kīf « juste, à peine » 364
1.11. εāwəd « à nouveau » 364
601
1.12. məüüāt « de temps en temps, parfois » 364
1.13. bəεdēn « après, tout à l’heure (futur) » 364
1.14. bəεtāli « après, tout à l’heure (futur) » 364
1.15. ābādān « jamais » 364
2. Les adverbes composés 364
2.1. Déterminant + nominal 365
2.1.1. L’article əl- 365
a) əl-yōm « aujourd’hui » 365
b) əl-bāüəô « hier soir » 365
c) əl-lēla « ce soir » 365
d) s-sne « cette année » 365
2.1.2. Les démonstratifs 365
a) hā-l-lēla ~ l-lēla hādi « cette nuit » 366
b) l-məüüa hādi « cette fois-ci » 366
c) s-sne / s-sāna hādi ~ s-sne / s-sāna ā-hỵa « cette année » 366
d) l-εām hāda ~ l-εām ā-hẉa « cette année » 366
e) (f-)hādākā-l-wəgt « à ce moment-là » 366
f) (f-)hādīkā-l-məüüa ~ l-məüüa hādīka « cette fois-là » 366
g) (f-)hādākā-l-εām ~ l-εām hādāka « cette année-là » 367
h) (f-)hādīkā-s-sāna ~ s-sāna hādīka « cette année-là » 367
i) (f-)hādīkā-l-lēla ~ l-lēla hādīka « cette nuit-là » 367
j) (f-)hādākā-l-yōm ~ l-yōm hādāka « ce jour-là » 367
2.1.3. Les pronoms personnels suffixes 367
2.2. Les locutions adverbiales 368
2.2.1. A partir de la préposition mən « de » 368
a) mən-bəεd « après, ensuite » 368
b) mən-gəbl « depuis longtemps » 369
c) mən bəkri ~ m-bəkri « ça fait un moment, depuis un (bon) moment » 369
d) mən-āədwīt-ha « le lendemain » 369
e) mən-ždīd « de nouveau » 369
f) mən hne u bəüüa « dorénavant, désormais » 370
2.2.2. A partir de la préposition f- « dans » 370
a) f-əl-āāləb « souvent » 370
b) f-əl-gəddām « dorénavant, désormais » 370
c) f-əl-lēl « la nuit » 370
d) f-ər-rbīε « au printemps » 370
e) f-əû-ûēf « en été » 371
f) f-əl-xrīf « en automne » 371
g) f-əš-šte « en hiver » 371
h) f- + mois de l’année 371
2.2.3. A partir de la préposition b- « avec, par » 371
a) b-əl-mεāwəd « à nouveau » 372
2.2.4. A partir de la préposition bəεd « après » 372
a) bəεd-āudwa « après demain » 372
b) bəεd-āudwtēn « après après-demain » 372
2.2.5. yā-õõāh « juste, à peine » 373
2.3. Les redoublements d’adverbes 373
2.3.1. fī-sāε fī-sāε « vite, tout de suite » 373
2.3.2. b-surεa b-surεa « vite, tout de suite » 373
2.3.3. məüüa məüüa « de temps en temps, parfois » 373
602
2.4. La conjonction de deux adverbes différents 373
2.4.1. təwwa kīf « tout juste, à l’instant même » 373
2.4.2. εāwəd tāni « à nouveau, encore une fois » 374
2.4.3.šwēya tānya « dans un instant » 374
2.4.4. bəkri šwēya « tout à l’heure, il y a très peu de temps » 374
2.5. L’état construit 375
2.5.1. muεîəm-lə-wgāt « la plupart du temps » 375
2.5.2. f-əāləb-lə-wgāt « la plupart du temps » 375
2.5.3. f-nəfs-əl-ləôîa « au même moment » 375
2.5.4. f-nəfs-əl-wəgt « au même moment, en même temps » 375
2.5.5. wūl-āməs « avant-hier » 375
2.5.6. wūl-āməstēn « avant avant-hier » 375
2.5.7. εām-n-əwwəl « l’année dernière » 376
2.5.8. yōm-l-əwwəl « le premier jour » 376
2.5.9. Saisons 376
2.6. L’utilisation de verbes comme adverbes temporels 377
2.6.1. gāεəd « encore / pas encore, toujours pas » 377
2.6.2. māzāl « encore / pas encore, toujours pas » 378
2.6.3. mā-εād-š « ne…plus » 379
III. Les adverbes de quantité / qualité 381
1. Les adverbes simples 381
1.1. hālba « beaucoup, trop » 381
1.2. šwēya « peu, pas assez, trop peu » 381
1.3. yāsər « assez » 382
1.4. ôətta « même, aussi ; non plus » 382
2. Les adjectifs utilisés comme adverbes 382
2.1. glīl « moins, peu » 382
2.2. məgtūl « précisément, exactement » 382
3. swa-swa « de le même façon, pareil » 383
4. bukkull « entièrement, totalement ; pas du tout » 383
IV. Les adverbes de manière 384
1. Les adverbes simples 384
1.1. Les formes nominales adverbialisées 384
1.1.1. mumkən « peut-être, éventuellement, vraisemblablement » 384
1.1.2. muôtaməl « éventuellement, probablement » 384
1.1.3. ’iôtimāl « probablement » 384
1.1.4. buntu « exprès » 384
1.2. Les articulations du discours 385
1.2.1. ôəgga « justement » 385
1.2.2. bəss « à peine, seulement » 385
1.2.3. xālāû « assez, ça suffit » 385
1.3. Le déictique 385
1.4. La suffixation en -ən / -ān 386
1.4.1. təqrībən « à peu près » 386
1.4.2. xūûūûən « surtout » 386
1.4.3. xûēûən « spécialement » 386
1.4.4. εūmūmən « généralement » 386
1.4.5. °əbεən « bien sûr, naturellement » 387
1.4.6. εādātān « habituellement, généralement » 387
1.4.7. mātālān « par exemple » 387
603
2. Les formes composées 387
2.1. Les locutions en b- 387
2.1.1. b-šwēya « doucement » 387
2.1.2. b-žəddīyāt « sérieusement » 388
2.1.3. b-ûāüāôa « franchement » 388
2.1.4. b-əl-ôəgg « vraiment, véritablement » 388
2.1.5. b-əl-blāš « gratuitement » 388
2.1.6. b-əl-εəks « au contraire » 388
2.1.7. b-əs-sēf « de force » 389
2.1.8. b-ə¢-¢əb° « précisément » 389
2.1.9. b-əd-dərga « en cachette » 389
2.1.10. b-əl-εāni « exprès » 390
2.1.11. b-üūô- ~ b-nəfs- « (tout) seul » 390
2.2. Autres syntagmes prépositionnels 390
2.2.1. εəl-l-āqəll « au moins » 390
2.2.2. εle kull ôāl « de toute façon, de toute manière, quoi qu’il en soit » 390
2.2.3. īlāx « et cætera » 391
2.2.4. f-əl-āxīr ~ f-əl-’āxər « finalement, en fin de compte » 391
2.2.5. zēy təwwa « par exemple » 391
2.3. Expressions nominales 391
2.3.1. bāl-ək ~ bāl-ək ši « peut-être » 392
2.3.2. lā-budda « obligatoirement, absolument » 392
2.3.3. wullāhi « en fait » 392
2.3.4. w-əs-sālām « et puis c’est tout, c’est fini, ça suffit » 392
V. Les adverbes d’affirmation et de négation 394
1. L’affirmation 394
1.1. La réponse positive à une question 394
1.1.1. L’adverbe 394
1.1.2. La forme verbale 394
1.2. La réponse à un appel 394
1.2.1. L’adverbe nεām 394
1.2.2. L’adverbe āywa 394
1.2.3. L’adverbe āh 394
1.3. La marque de l’accord 395
1.3.1. bāhi « oui, d’accord » 395
1.3.2. māši « oui, d’accord » 395
1.3.3. ōké « oui, d’accord » 395
1.3.4. bāh 395
2. La mise en doute et la confirmation 396
2.1. La mise en doute 396
2.2. La confirmation 397
3. La négation 397
3.1. L’adverbe 397
3.2. La forme verbale 397
4. La contradiction 398
5. La quantité nulle : la wāla yōk 398
CONJONCTIONS 399
I. La coordination 399
1. La conjonction u ~ w « et » 399
604
2. La conjonction fa « et, alors » 401
3. La conjonction wīyā- « et, avec » 402
4. La conjonction wəlla / āw « ou, ou bien » 403
5. La conjonction lākən « mais, or » 403
6. La conjonction bəss « mais, cependant » 404
7. La conjonction əúúāla « alors, dans ce cas » 404
8. La conjonction īdən « donc » 405
9. La conjonction ôāsīlu « bref, en résumé, finalement » 405
10. La conjonction multiple ya…ya « soit…soit » 405
11. La conjonction multiple yəmma…yəmma « soit…soit » 406
12. La conjonction multiple la…la « ni…ni » 406
13. La conjonction multiple la…wāla « ni…ni » 406
14. La conjonction multiple məüüa…məüüa ~ məüüāt…məüüāt « tantôt…tantôt,
parfois…parfois » 407
15. La locution conjonctive məεnā-ha « donc » 407
16. La locution conjonctive b-əl-εəks « au contraire » 408
17. La locution conjonctive f-əl-ôāqīqa « mais en fait » 408
18. La locution conjonctive f-əl-wāqəε « mais en réalité » 408
Conclusion 409
II. La subordination 409
1. La subordination directe 409
1.1. Le discours indirect 410
1.2. La subjonction complétive 410
1.3. La finale 410
2. Les conjonctions simples 410
2.1. La subjonction complétive 410
2.1.1. ’ənna ~ ’ənn- « que » 411
2.1.2. əlli « que » 411
2.2. La subjonction circonstancielle 411
2.2.1. lēn « jusqu’à ce que, tant que » 411
2.2.2. ləmma « quand, lorsque » 412
2.2.3. mnīn « depuis que » 413
2.2.4. lī’ənna ~ lī’ənn- « parce que, puisque, étant donné que » 413
2.2.5. mādām « tant que, puisque » 413
2.2.6. lākən « alors que » 414
2.2.7. bāš « pour que » 414
2.3. La subjonction hypothétique 414
2.4. Le souhait 415
Conclusion 415
3. Les conjonctions composées 415
3.1. Préposition, nominal, adverbe relatif + relatif 415
3.1.1. Préposition, nominal, adverbe + relatif ma 416
a) Les conjonctions circonstancielles de temps 416
a.1. gəbl-ma « avant que » 416
a.2. bəεd-ma « après que » 416
a.3. gədd-ma « tant que, autant que » 416
a.4. əwwəl-ma « dès que » 416
a.5. kull-ma « chaque fois que, bien que » 417
a.6. εlē-ma « tant que, autant que » 417
a.7. wəgt-ma « quand, lorsque » 417
605
a.8. fōg-ma « après tout ce que » 418
b) Les subjonctions circonstancielles de manière 418
b.1. f-εūî-ma « au lieu de » 418
b.2. mən-āēü-ma « sans que » 418
b.3. blā-ma « sans que » 419
b.4. εlē-ôəsb-ma « d’après ce que, selon ce que » 419
b.5. zēy-ma « comme, ainsi que, de la même façon que » 419
Conclusion 419
3.1.2. Préposition + əlli 420
a) b-əlli « que » 420
b) m-əlli « depuis que ; auprès de celui qui » 420
c) zēy-əlli « comme celui qui » 421
Conclusion 421
3.2. Interrogatif + relatif ma 421
3.2.1. āš-ma « quoi que ce soit que » 421
3.2.2. kīf-ma « comme, ainsi que » 421
3.2.3. wēn-ma « où que, où que ce soit que » 422
3.2.4. əmta-ma « quel que soit le moment où, quand » 422
3.2.5. gəddāš-ma « quelle que soit la quantité que » 422
3.2.6. b-āš-ma « quel(le) que, quoi que » 422
3.2.7. mnīn-ma « d’où, à l’endroit où, où que ce soit que » 423
3.2.8. εənd-mən-ma « chez qui que ce soit que » 423
3.2.9 mεā-mən-ma « avec qui que ce soit » 423
3.3. Des locutions conjonctives 423
3.3.1. āēü bāš « seulement pour que, uniquement pour que, rien que pour que » 424
3.3.2. εlē-xā°əü « parce que » 424
3.3.3. ôətta ləw « même si » 424
LA POSSESSION 425
1. L’annexion directe : la construction synthétique (état construit) 425
1.1. L’annexion directe d’un nom déterminé 425
1.2. L’annexion directe d’un nom propre 425
1.3. L’annexion directe d’un nom indéterminé 426
1.4. L’annexion directe d’un pronom suffixe 426
1.5. Formes renforcées 427
1.6. L’annexion directe de plusieurs termes 427
1.7. Traitement de la finale -a(t) 428
1.8. Conclusion 428
2. La construction analytique (annexion indirecte) 429
2.1. mtāε + nom 429
2.2. mtāε + pronom suffixe 430
2.3. Au féminin mtāεt et mtāεāt 430
2.4. Remarques 430
2.5. Conclusion 431
3. Au moyen de prépositions 431
3.1. εənd 431
3.2. l- et lī- 432
606
1.1. Inaccompli 437
1.1.1. Non concomitant 437
1.1.1.1. Vérités générales 437
1.1.1.2. Habitudes 438
1.1.1.3. En contexte de futur 438
1.1.1.4. En contexte de passé 439
1.1.2. Concomitant 440
1.1.2.1. Actuel 440
1.1.2.1.1. Progressif 440
1.1.2.1.2. Participe actif 441
1.1.2.1.3. gāεəd + conjugaison préfixale 441
1.1.2.2. Duratif / Intensif 442
1.1.2.2.1. Verbes téliques 442
1.1.2.2.2. gāεəd + conjugaison préfixale + fi 442
1.1.2.3. Prospectif 443
1.2. Accompli 444
1.2.1. Non concomitance 444
1.2.1.1. Aoriste 444
1.2.2. Concomitance 444
1.2.2.1. Conjugaison suffixale 445
1.2.2.2. Participe actif 445
1.2.2.3. Passé proche 445
1.2.2.4. Passé immédiat 446
2. Emplois modaux 446
2.1. Conjugaison préfixale 447
2.1.1. Verbes en situation de dépendance d’un autre verbe 447
2.1.1.1. Dépendant d’un verbe à la conjugaison préfixale 447
2.1.1.2. Dépendant d’un verbe à la conjugaison suffixale 447
2.1.2. Verbes en situation de dépendance d’un auxiliaire 448
2.1.3. Verbes en dépendance dans les subordonnées 448
2.1.3.1. Le discours rapporté 448
2.1.3.2. Les complétives 448
2.1.3.3. Les finales 448
2.1.3.4. Les subordonnées finales introduites par bāš « pour que » 449
2.1.3.5. Les circonstancielles introduites par lēn « jusqu’à ce que » 449
2.1.3.6. Les circonstancielles introduites par ləmma « lorsque, quand » 450
2.1.3.7. Les relatives introduites par ma 450
2.1.3.8. Les circonstancielles introduites par les composés de ma 450
2.1.3.9. Irréel du présent 451
2.1.4. Futurs 451
2.1.4.1. Mode volitif 451
2.1.4.2. préverbe b- 451
2.1.4.3. Préverbe ôā- 452
2.1.4.4. Futur imminent 452
2.2. Conjugaison suffixale 453
2.2.1. Subordonnée introduite par ləmma « lorsque, quand » 453
2.2.2. En situation de dépendance 453
2.2.2.1. En situation de dépendance d’un auxiliaire 453
2.2.2.2. Irréel du passé 453
3. Conclusion 453
607
MODALITES 455
La modalité 1 457
I. L’assertion 457
1. L’assertion positive 457
1.1. Enoncé verbal 457
1.2. Enoncé nominal 458
2. L’assertion négative 458
2.1. L’assertion négative dans les énoncés verbaux 458
2.1.1. Le morphème réduit mā…š 458
a) Dans l’assertion directe 458
b) Dans une réponse non-polémique à une question 459
2.1.2. Le morphème mā…šēy 460
2.1.3. La morphème continu mūš ~ məš 460
2.2. L’assertion négative dans les énoncés nominaux 461
2.2.1. Le morphème mūš ~ məš 461
2.2.2. Le morphème mā…š 463
2.2.3. Le morphème mā…šēy 464
Conclusion 464
2.3. La négation porte sur un élément de la relation 465
2.3.1. La négation porte sur le repère prédicatif (C0) 465
2.3.2. La négation porte sur le sur le deuxième terme (C1) 466
2.3.3. La négation porte sur les circonstants 467
2.3.4. La négation porte sur une relation prédicative pré-assertée 467
Conclusion 467
II. L’interrogation 468
1. Vraie question : l’interrogation – demande de réponses 468
1.1. Le pronom interrogatif šīnu 468
1.1.1. Le repérage direct 468
1.1.2. Le choix d’un repère prédicatif 469
a) Repérage d’une relation prédicative 469
b) Choix du repère prédicatif 470
1.2. L’intonation seule 470
1.2.1. Le repérage direct de la relation prédicative 470
1.2.2. Le choix du premier argument comme repère prédicatif 471
1.2.3. Le choix du prédicat comme repère prédicatif 472
1.3. La particule interrogative ū 472
1.3.1. Le repérage direct 472
1.3.2. Le choix du premier argument comme repère prédicatif 472
1.4. La question équi-polente 473
1.4.1. La deuxième partie de la question 473
1.4.2. La première partie de la question 474
2. Questions biaisées 476
2.1. Question biaisée : l’interrogation – demande de confirmation 476
2.1.1. L’intonation seule 476
a) Le repérage direct 476
b) Le choix d’un repère prédicatif 477
2.1.2. ûəôô (wəlla la) ? 478
a) Le repérage direct 478
b) Le choix d’un repère prédicatif 478
608
2.2. Question biaisée : l’interrogation – réaction de surprise 479
2.2.1. L’intonation seule 479
a) Le repérage direct 479
b) Le choix d’un repère prédicatif 480
2.2.2. Le pronom interrogatif šīnu 480
a) Le repérage direct 480
b) Le choix d’un repère prédicatif 481
Conclusion 481
III. L’injonction 482
1. L’impératif, marque de l’ordre 482
1.1. La 2e personne : la forme impérative 482
1.2. Les autres personnes : la conjugaison préfixale 484
1.2.1. yəõõāh ~ həyya : la première personne du pluriel 484
1.2.2. La troisième personne 485
a) La valeur de souhait 485
b) Le discours indirect 486
c) xəlli, xəllu + conjugaison préfixale 486
2. L’impératif négatif : interdiction, prière, souhait 487
3. Les locutions modales, marques d’injonctions négatives 488
3.1. bla, mən-āēü, marque d’interdiction-suggestion 488
3.2. yāsər « assez », marque d’injonction appréciative 489
3.2.1. yāsər-C0 + nom d’action 489
3.2.2. yāsər (-C0) + mən əl- + nom d’action 489
4. Le souhait marqué par yā-üēt « ah pourvu que » 490
5. Le regret 490
5.1. kān āēü + conjugaison préfixale 491
5.2. kān āēü + prédicat non-verbal 492
5.3. xûāüa āēü kān + conjugaison suffixale 492
Conclusion 492
IV. Les exclamatives 493
1. L’exclamation porte sur le prédicat 493
1.1. L’utilisation de la locution adverbiale gəddāš-ma 493
1.2. L’utilisation du pronom exclamatif ma 495
1.3. L’utilisation du déterminant exclamatif əmma 496
1.4. L’utilisation de la locution interjective ôē-εle 497
1.5. La mise en tête du prédicat nominal 498
1.6. La thématisation de l’un des termes 499
1.6.1. Le repère constitutif est identifié au repère prédicatif 499
1.6.2. Le repère constitutif est différent du repère prédicatif 500
2. L’exclamation porte sur l’un des termes de la relation 500
2.1. L’exclamation porte sur le terme en fonction prédicative 500
2.2. L’appréciation porte sur le C1 502
Conclusion 503
La modalité 2 505
1. La conviction 505
1.1. Constructions avec les participes actifs 506
1.2. Constructions avec les verbes conjugués 506
1.2.1. La conjugaison suffixale 506
1.2.2. La conjugaison préfixale 506
1.2.2.1. La conjugaison préfixale nue 506
609
1.2.2.2. Avec le préverbe ôā- 507
1.2.2.3. Avec le préverbe b- 507
2. La supputation ou quasi-certitude 508
2.1. məfrūî + prédicat non-verbal 509
2.2. məfrūî + participe actif 509
2.3. məfrūî + conjugaison suffixale 509
3. La probabilité logique 510
3.1. muôtaməl + prédicat non-verbal 510
3.2. muôtaməl + participe actif 510
3.3. muôtaməl + verbes conjugués 511
3.3.1. La conjugaison suffixale 511
3.3.2. La conjugaison préfixale 511
4. Le possible 512
4.1. L’envisageable 512
4.1.1. mumkən + prédicat non-verbal 512
4.1.2. mumkən + participe actif 512
4.1.3. mumkən + verbes conjugués 513
4.1.3.1. La conjugaison suffixale 513
4.1.3.2. La conjugaison préfixale 513
4.2. La faisable 513
4.2.1. ykūn + prédicat non-verbal 514
4.2.2. ykūn + participe actif 514
4.2.3. ykūn + verbes conjugués 514
4.2.3.1. La conjugaison suffixale 514
4.2.3.2. La conjugaison préfixale 515
5. L’éventuel 515
5.1. Construction avec les prédicats non-verbaux 515
5.2. Construction avec les participes actifs 516
5.3. Construction avec les formes verbales conjuguées. 517
5.3.1. La conjugaison préfixale 517
5.3.2. La conjugaison suffixale 518
6. Le doute 518
7. L’impossible 519
7.1. Construction avec les prédicats non-verbaux 519
7.2. Construction avec les participes actifs 520
7.3. Construction avec les verbes conjugués 520
7.3.1. Avec la conjugaison suffixale 520
7.3.2. Avec la conjugaison préfixale 520
8. Conclusion 521
La modalité 3 523
1. La modalité porte sur la relation prédicative 523
1.1. Assertions positives 523
1.2. Assertions négatives 524
2. La modalité porte sur le prédicat 524
2.1. La modalité porte sur le verbe 524
2.2. La modalité est contenue dans le prédicat non-verbal 525
3. La modalité porte sur l’un des arguments de la relation 528
4. La modalité fait partie de la détermination nominale 530
4.1. La modalité est contenue dans le déterminant nominal 530
4.2. La modalité est exprimée en dehors du déterminant 532
610
a) Les adverbes 532
b) Les verbes modaux 533
5. Conclusion 533
La modalité 4 535
1. L’obligation 535
1.1. L’obligation est imposée de l’extérieur 536
1.2. L’obligation vient du sujet 536
a) La valeur de condition nécessaire 536
b) La valeur de déontique 537
c) La valeur de besoin impérieux 537
d) La valeur de condition nécessaire non-réalisée 538
e) La valeur de manque 538
2. Négation et obligation 539
2.1. L’interdiction est imposée de l’extérieur (l’interdiction-conseil) 539
2.2. L’interdiction vient du sujet 539
a) L’interdiction formelle (l’obligation de ne pas) 539
b) Le manque d’obligation (pas la peine de) 541
c) L’absence de manque 541
3. La capacité 542
3.1. La capacité 542
3.2. La réalisation 543
a) La réalisation effective 543
b) La réalisation éventuelle 543
3.3. Les activités réflexes 544
3.4. La possibilité 544
3.5. La permission 545
a) La permission accordée 545
b) La proposition 545
4. Négation et capacité 545
4.1. Manque, absence de capacité 545
4.2. Négation de la réalisation 546
4.3. Prédiction de non-réalisation 547
4.4. L’impossibilité 547
5. La volonté, l’envie 547
5.1. La volonté, l’intention 548
5.2. L’envie, le désir, le souhait 550
6. Négation et envie 551
6.1. Négation et volonté 551
6.2. L’absence d’envie 552
7. Le besoin 553
7.1. Le besoin général 554
7.2. Le besoin éventuel 554
7.3. Le besoin actuel 554
7.4. Le besoin révolu 555
8. Négation et besoin 555
8.1. Négation et besoin général 555
8.2. Négation et besoin éventuel 555
8.3. Négation et besoin actuel 556
8.4. Négation et besoin révolu 556
9. Conclusion 556
611
CONCLUSION 559
TEXTES 561
BIBLIOGRAPHIE 567
612
INDEX DE MOTS
613
bla, 283, 292, 322, 337,
337 342, 364, 373, əl- … hādūmāya, 256
388, 401, 419, 488, 493, 539, 540, əl-bāṛəḥ, 46, 322, 365,
365 392, 401
558 əl-bnādəm, 289,
289 291
blā-ma, 419,
419 420 əlla, 61, 99, 231, 232, 303, 338,
338 423
bnādəm, 289,
289 291 əl-lēla, 316, 365,
365 366, 464, 529
b-nəfs-, 390 (ə)lli, 267,
267 268, 271, 279, 280,
280 281,
b-nəsba lī-, 347 282, 283, 284, 285, 286, 287, 288,
b-sābāb, 346 291, 292, 293, 294, 295, 410, 411,
b-sbəb, 346 415, 420, 421, 468, 504, 523, 524,
b-sbəbb, 346 533, 537, 556
b-sēf ԑlē-, 557 əllī-hīya, 292,
292 294
b-surԑa b-surԑa, 373 əllī-humma, 292,
292 293, 294, 295
b-šwēya, 356, 359, 387,
387 388, 402 əllī-hūwa, 292,
292 294, 295, 432
bukkull, 62, 303, 304,
304 306, 381, 383,
383 əl-wāḥəd, 290,
290 291
439, 526, 546 əl-yōm, 233, 281, 283, 365,
365 367, 374,
buntu, 384,
384 385 405, 408
b-žəddīyāt, 388,
388 396, 397, 479, 480, əmta, 275,
275 374, 422
481 əmta-ma, 422
bԑīd, 16, 322, 350,
350 351, 495, 526 ən-nās, 198, 281, 294, 296, 298,
298 299,
ḍədd, ḍudd, 283, 338,
338 339 301, 302, 303, 338, 371, 438, 447
dīma, 290, 294, 316, 324, 362,
362 363, -əš, 199, 205
371, 401 əwwəl-ma, 416,
416 417, 420, 426, 450
əṃṃāla, 391, 404,
404 405, 409 əyyī-ḥāža, 294,
294 295
ēh, 394,
394 396, 405, 555 əyyī-wāḥəd, 292,
292 295
-ək, 199, 205 f(ə)-, 81, 195, 196, 198, 199, 228, 229,
əl- … ā-huṃá, 256 253, 261, 264, 267, 268, 269, 277,
əl- … ā-hẉá, 256 278, 282, 283, 287, 290, 291, 293,
əl- … ā-hỵá, 256 294, 296, 299, 301, 304, 307, 308,
əl- … hāda, 256 309, 314,
314 315, 316, 317, 325, 337,
əl- … hādāka, 259 341, 343, 344, 345, 346, 347, 349,
əl- … hādākāya, 259 350, 352, 354, 356, 357, 361, 363,
əl- … hādi, 256 366, 367, 368, 369, 370, 371, 372,
əl- … hādīka, 259 373, 374, 375, 376, 377, 378, 379,
əl- … hādīkāya, 259 380, 382, 384, 385, 386, 387, 389,
əl- … hādu, 256 390, 391, 396, 399, 400, 402, 404,
əl- … hādūka, 259 405, 408, 409, 411, 413, 414, 418,
əl- … hādūkāya, 259 419, 420, 421, 422, 431, 439, 451,
əl- … hādūma, 256 459, 466, 506, 509, 510, 512, 514,
614
515, 516, 519, 520, 529, 531, 532, f-nəfs-əl-wəgt, 309, 375
538, 550 fōg, 177, 267, 287, 288, 303, 328,
328 341,
f-ṛūḥ-umm, 345,
345 346 343, 353, 399, 418, 420, 443
fa, 401,
401 402, 404, 409 fōg-ma, 303, 418,
418 420
f-āma, 277 fōg-mən, 343
f-āš, 264 fōg-šīn, 267
f-əṣ-ṣēf, 371, 386 f-šīn, 267
f-əġləb-lə-wgāt, 198, 375 f-wəžh, 345
f-əl-ḥāqīqa, 408, 409 f-ԑūḍ, 345
f-əl-’āxər, 391 f-ԑūḍ-ma, 418,
18 420
f-əl-āxīr, 391 ġādi, 265, 310, 349,
349 350, 352, 357,
f-əl-ġāləb, 361, 370 362, 402, 441, 487, 512, 543
f-əl-gəddām, 370 ġādīkāy, 350
f-əl-lēl, 370 ġādīkāya, 350
f-əl-wāqəԑ, 408, 409 ġāliban, 363
f-əl-wəs°, 357 gāԑəd, 272, 314, 322, 351, 363, 377,
377
f-əl-xrīf, 371 378, 379, 382, 401, 402, 417, 418,
f-ər-rbīԑ, 370 424, 440, 441,
441 442, 443, 454, 461,
f-əš-šte, 371 540
f-əž-žənb, 357 gāԑdīn, 182
f-gəlb, 307, 344 gāԑəd, 182
fi, 198, 239, 248, 254, 259, 273, 274, gbālt, 334
334
279, 280, 281, 284, 290, 296, 297, gdər, 542, 543, 545, 546, 557, 558
299, 300, 301, 302, 305, 307, 308, ġēṛ bāš, 424
309, 314,
314 315, 316, 325, 327, 349, ġəṣbən ԑən(n), 536, 557
350, 360, 363, 364, 373, 381, 382, gəbl, 59, 325, 330,
330 331, 332, 362,
362 369,
384, 387, 390, 398, 400, 401, 404, 373, 416, 420, 473, 538
414, 421, 425, 438, 442, 443, 447, gəbl-ma, 325, 373, 416,
416 420, 473
448, 449, 450, 454, 461, 462, 463, gəddām, 268, 270, 272, 273, 322, 327,
464, 465, 466, 469, 471, 473, 474, 333,
333 334, 341, 351, 352, 354, 356,
475, 492, 493, 495, 515, 529, 530, 375, 444, 445, 485
531, 532, 533, 536, 537, 538, 544, gəddām-mən, 272,
272 273
552, 554, 556 gəddām-šīn, 268
fī-bəԑḍ, 311,
311 312, 313 gəddām-škūn, 270
fī-sāԑ fī-sāԑ, 373 gədd-āš, 265,
265 266
flān, 152, 296, 297,
297 298, 299 gəddāš-ma, 422,
422 427, 432, 493, 494,
f-mkān, 345 495, 499, 504
f-nəfs-əl-ləḥḍa, 309, 375 gədd-ma, 416,
416 420, 430
615
gədd-mən, 273 388, 399, 400, 406, 425, 427, 429,
gədd-škūn, 270 430, 431, 444, 458, 459, 460, 461,
gəlb, 66, 135, 187, 200, 339,
339 341, 344 462, 479, 487, 499, 501, 526, 528,
-ği, 55, 175, 179,
179 181, 215, 400 531, 532, 542, 546, 547, 549, 556
glīl, 205, 382 hādīka, 258,
258 261, 262
glīləš, 205, 363 hādīkā-l-, 258,
258 259, 309, 366, 367, 399
grīb, 153, 350 hādīkā-l-lēla, 367
ġudwa, 318, 362, 363,
363 372, 388, 395, hādīkā-l-məṛṛa, 309, 366
405, 408, 424, 439, 443, 452, 506, hādīkā-s-sāna, 367
507, 517, 540, 547, 550 hādīkāy, 261,
261 262
hā-, 248,
248 249, 253,
253 254, 255, 256 hādīkāya, 258,
258 259, 261, 262
ḥā, 294, 428, 452 hādīkāyā-l-, 258,
258 259
hāda, 194, 195, 196, 228, 249, 253,
253 hādī-l-, 255,
255 256, 403
254, 259, 260, 266, 268, 269, 270, hādīya, 259,
259 260, 399, 426
272, 273, 275, 276, 278, 281, 286, hādu, 255,
255 256, 260, 277, 281, 430,
300, 317, 320, 322, 326, 328, 336, 469, 515, 545, 554
368, 369, 372, 382, 389, 392, 399, hādūka, 258,
258 259, 261, 262, 359
400, 403, 406, 408, 411, 426, 428, hādūkā-l-, 258,
258 259
429, 431, 432, 439, 460, 462, 463, hādūkāy, 261,
261 262
466, 471, 499, 501, 502, 509, 510, hādūkāya, 258,
258 259, 261, 262
514, 517, 520, 526, 527, 528, 529, hādūkāyā-l-, 258,
258 259
533, 536, 550 hādūkumma, 261,261 262
hādāka, 198, 257,
257 261, 262, 308, 358, hādū-l-, 255,
255 256
367, 380 hādūma, 255,
255 256, 260
hādākā-l-, 257,
257 259, 366, 367 hādūmā-l-, 255,
255 256
hādākā-l-wəgt, 366 hādūmāya, 255255, 256, 260
hādākā-l-yōm, 367 hādūmāyā-l-, 255,
255 256
hādākā-l-ԑām, 367 hāk, 262
hādākāy, 261,
261 262, 308 hākki, 262,
262 270, 273, 278, 331, 385
hādākāya, 257,
257 261, 262 hā-l-, 249, 253,
253 254, 255, 256, 294,
hādākāyā-l-, 257,
257 259 326, 366, 389, 459, 491, 494, 500,
hādā-l-, 254,
254 256 543
hādāya, 259,
259 260 hālba, 269, 273, 297, 302, 305, 306,
hādi, 194, 195, 196, 249, 253,
253 255, 309, 312, 350, 362, 363, 365, 370,
259, 260, 265, 269, 271, 272, 273, 371, 381,
381 386, 400, 412, 414, 445,
275, 281, 287, 291, 299, 300, 302, 515, 524, 529, 530, 531, 532, 538,
303, 304, 316, 322, 323, 333, 341, 547, 552, 555
349, 351, 358, 363, 366, 376, 386, hā-l-lēla, 366
616
ḥədd, 283, 293, 296,
296 298, 299, 300, 305 294, 295, 296, 297, 300, 301, 302,
hēkke, 262,
262 385, 386 303, 305, 307, 309, 310, 311, 312,
ḥəttā-wāḥəd, 299,
299 300 318,
318 319, 320, 322, 324, 325, 326,
həyya, 317, 326, 413, 414, 484,
484 485, 330, 331, 332, 333, 334, 338, 341,
493 345, 346, 347, 351, 352, 353, 354,
hnāk, 350 355, 356, 357, 358, 359, 360, 361,
hne, 19, 104, 147, 195, 253, 258, 288, 362, 363, 364, 365, 366, 367, 369,
292, 293, 305, 309, 321, 322, 349,
349 370, 371, 372, 376, 377, 382, 383,
350, 352, 357, 370, 373, 406, 416, 386, 387, 388, 389, 390, 391, 392,
432, 446, 486, 530, 538, 539, 541 399, 400, 401, 402, 403, 404, 405,
īdən, 405,
405 407, 409 406, 407, 408, 410, 411, 413, 414,
īlāx, 391 415, 416, 417, 418, 419, 420, 421,
kāməl, 148, 181, 302, 304,
304 306 422, 424, 425, 426, 428, 429, 430,
kān, 18, 51, 261, 308, 310, 312, 331, 431, 432, 437, 438, 439, 440, 441,
345, 355, 362, 363, 370, 371, 373, 443, 444, 445, 446, 447, 449, 450,
395, 402, 414,
414 415, 429, 439, 440, 451, 452, 453, 459, 460, 461, 466,
446, 451,
451 453,
453 485, 486, 487, 488, 467, 470, 471, 472, 478, 479, 480,
491, 492, 493, 508, 512, 524, 530, 481, 483, 484, 486, 487, 489, 496,
533, 536, 537, 540, 541, 544, 545, 497, 498, 502, 506, 507, 509, 510,
548, 549, 551, 554, 555, 556 511, 512, 516, 517, 519, 520, 521,
kāna, 414,
414 415, 453 524, 525, 526, 528, 529, 531, 532,
kīf, 256, 263, 276,
276 289, 291, 364,
364 373, 536, 537, 538, 539, 543, 544, 545,
374, 421, 422, 446, 454 547, 549, 550, 552, 553, 554, 556
kīf-ma, 421,
421 422 la ~ lā
kull-, 11, 293, 294, 295, 302,
302 303, 305, préposition : 319,
319 320
306, 317, 338, 401, 402, 417, 418, négation : 250
420 la wāla yōk, 65, 398
kull-əl-, 302,
302 306 la…la, 406,
406 409
kull-əlli, 293,
293 294, 295 lā…lā, 251
kull-ma, 417,
417 420 la…wāla, 407,
407 409
kull-mən, 293,
293 295 lā-budda, 392,
392 535, 536, 557
l(ə)-, 7, 29, 37, 50, 54, 61, 99, 114, lā-ġādi, 352,
352 353
124, 176, 177, 196, 198, 217, 218, lā-ġādīka, 353
226, 227, 230, 232, 239, 241, 246, lā-gəlb, 344
252, 253, 254, 255, 256, 257, 258, lākən, 290, 302, 366, 389, 403,
403 404,
259, 260, 261, 264, 265, 271, 272, 409, 414,
414 415, 428, 467, 507, 508,
275, 276, 277, 278, 281, 282, 283, 514, 529, 548, 550, 552, 555
284, 287, 288, 290, 291, 292, 293, l-āmta, 275,
275 276
617
l-āš, 264,
264 265 lī-mən, 271
lāzəm, 49, 148, 292, 309, 310, 414, lī-škūn, 269
423, 424, 447, 449, 509, 515, 535,
535 l-lēla hādi, 366
536, 537, 538, 539, 540, 541, 547, l-lēla hādīka, 367
549, 557, 558 l-məṛṛa hādi, 366
lā-ԑənd, 344 l-məṛṛa hādīka, 366
l-bəṛṛa, 355 l-ō°a, 355,
355 356, 358, 359, 361
l-dāxəl, 177, 354,
354 355 l-tāli, 355
lə-hne, 352,
352 403 l-təḥt, 353
l-əl-gəddām, 356 l-yōm hādāka, 367
l-əl-wəs°, 356 l-ԑām ā-hẉa, 366
ləmma, 12, 54, 296, 312, 325, 329, l-ԑām hāda, 366
334, 339, 351, 367, 371, 390, 391, l-ԑām hādāka, 367
401, 402, 412,
412 415, 450, 453, 515 ma
lēn, 16, 20, 239, 275, 276, 411,
411 412, relatif : 284
415, 449, 450, 487 mā…š, 250, 251, 458,
458 459, 460, 461,
461
l-ēn, 275 463, 464, 465, 467, 468, 475, 487,
l-ənsān, 290,
290 291 524, 545, 546, 547, 551, 552, 553,
ləw-kān, 547,
547 552 555, 556
l-əž-žənb, 356 mā…šēy, 458, 460, 461, 463,
463 464, 465
l-fōg, 176, 353 mādām, 413,
413 414, 415
l-ġādi, 352 mātālān, 387
l-ġādīka, 353 māzāl, 303, 347, 378,
378 379, 418, 445,
l-gəddām, 354 474, 475, 476, 533, 543
li, 5, 6, 7, 22, 70, 102, 126, 201, 214, mā-ԑād-š, 308, 370, 378,
378 379, 380, 414,
250, 253, 254, 257, 259, 265, 267, 546
269, 271, 276, 280, 281, 283, 292, m-bəkri, 369
301, 315, 318,
318 319, 320, 328, 329, məṛṛa məṛṛa, 373
332, 339, 341, 343, 347, 352, 359, məṛṛa…məṛṛa, 407,
407 409
364, 365, 368, 369, 372, 398, 399, məṛṛāt, 364,
364 407, 409, 459, 513, 514
400, 414, 417, 420, 425, 427, 431, məṛṛāt…məṛṛāt, 407, 409
432, 449, 459, 466, 473, 502, 517, məḥtāž, 301, 531, 554, 556, 557, 558
519, 531, 532, 537, 547, 548, 549, məgtūl, 382
550, 552, 556 məhma, 294,
294 295
lī, 59, 269, 271, 301, 302, 303, 310, m-əlli, 287, 288, 420,
420 421
319,
319 347, 386, 399, 402, 412, 413, mən
415, 425, 431, 432, 438, 447, 509, préposition : 320
511, 514, 531, 533, 536, 541 interrogatif : 270
618
relatif : 284 mn-āš, 265
mən bəkri, 369 mnīn, 413,
413 415, 423
mən əž-žənb, 358 mn-īn, 274
mən hne u bəṛṛa, 370 mnīn-ma, 423
mən-ḥda, 341 mtāԑāt, 250, 430
mən-bə-ḥda, 342 mtāԑ-mən, 269,
269 272
mən-bəԑd, 341,
341 368 mtāԑ-škūn, 269
mən-fōg, 341 mtāԑt, 250, 430
mən-ġādi, 357, 358 mtāԑ, 196, 425, 429
mən-ġādīka, 352, 358 muḥtaməl, 384, 510, 511, 512, 521
mən-ġēṛ, 45, 275, 342,
342 418, 419, 420, mumkən, 30, 366, 384, 512, 513, 515,
488, 493, 539, 540, 558 516, 517, 518, 519, 520, 521, 541
mən-ġēṛ-ma, 418,
418 419, 420 mūš, 293, 304, 305, 310, 330, 403, 408,
mən-gəbl, 369 424, 425, 427, 428, 447, 460,
460 461,
mən-gəddām, 341 462, 465, 466, 467, 468, 475, 479,
mən-ġədwīt-ha, 369,
369 376 528, 537, 539, 540, 541, 542, 556,
mən-gəlb, 341 558
mən-hne, 352, 353, 357 muԑḍəm-lə-wgāt, 375
məni, 266, 270,
270 271, 274, 284,
284 285, mԑa, 247, 268, 271, 279, 280, 287, 297,
286, 431 298, 310, 312, 315, 323,
323 324, 325,
mənu, 266, 270,
270 271, 284,
284 285, 286, 326, 363, 376, 387, 395, 401, 416,
319, 320, 431, 432 423, 438, 440, 447, 529, 530, 537,
mən-wēn, 274,
274 275 538, 547, 549
mən-ždīd, 369 mԑā-bəԑḍ, 312,
312 313
mən-ԑənd, 273, 340 mԑā-mən, 271,
271 423
mən-ԑənd-mən, 273 mԑā-mən-ma, 423
məš, 92, 113, 166, 171, 258, 294, 305, nāwi, 548,
548 549, 557
320, 336, 350, 371, 385, 404, 411, nəfs-, 261, 305, 307, 308,
308 309, 336,
418, 421, 426, 428, 432, 460,
460 461, 366, 538
462, 463, 465, 466, 467, 468, 475, nəgdər, 280, 310, 397, 424, 461, 492,
479, 503, 506, 507, 516, 519, 520, 542, 543, 544, 545, 546, 547, 557
521, 526, 528, 539, 540, 541, 547, nəgdru, 541, 545, 557
556 nīya, 298, 301, 369, 389, 412, 431,
məstḥəgg, 554, 555, 556, 557, 558 531, 536, 547, 548, 549,
549 550, 551,
məԑnā-ha, 407,
407 408, 409 552, 557, 558
mgābəl, 334,
334 335 nԑām, 394
mkān, 152, 170, 283, 284, 307, 340,
340 Ø
345, 392, 480, 481 indéfini : 214
619
relatif : 279,
279 280, 286 404, 412, 445, 446, 452, 454, 465,
ōké, 395 486
ṣəḥḥ, 500,
500 501, 502, 503 təwwa kīf, 373
šən, 22, 44, 52, 279, 286,
286 288, 308, 403 u, 399
šēy, 291,
291 300, 301, 306, 381, 387, 388, ū, 472
424, 447, 460, 463, 464, 502, 503, w(ə), 399
542, 544 wṛa, 24, 268, 332,
332 333, 361
šīn, 54, 116, 263, 266,
266 267, 268, 290, wṛā-šīn, 268
291, 360, 363, 367, 385, 389, 396, wāḥəd, 182, 198, 206, 207, 208, 210,
405, 445 212, 214, 219, 221, 226, 227, 229,
šīni, 233, 266,
266 267, 268, 286 230, 231, 233, 290,
290 291, 292, 295,
šīnu, 266,
266 267, 286, 319, 330, 364, 387, 296,
296 297, 299, 300, 305, 306
394, 397, 428, 453, 468, 469, 470, wəgt-ma, 417,
417 418, 420
474, 475, 480, 481, 482, 517 wəlla, 26, 99, 318, 321, 331, 332, 337,
škūn, 263, 268, 269,
269 270, 271, 279, 350, 372, 386, 403,
403 409, 428, 432,
285, 286 445, 472, 473, 474, 475, 476, 478,
s-sāna ā-hỵa, 366 479, 482, 516, 527
s-sāna hādi, 366 wēn, 24, 46, 263, 268, 274,
274 275, 279,
s-sāna hādīka, 367 280, 350, 354, 355, 365, 384, 398,
s-sne, 226, 331, 365,
365 366, 371, 519 422, 466, 467, 510
stḥəgg, 555, 556, 557, 558 wēn-ma, 422
swa-swa, 383 w-əs-sālām, 392,
392 393
šwēya, 268, 301, 306, 325, 333, 347, wīyā-, 235, 236, 399, 402,
402 403, 409
355, 359, 360, 374, 381,
381 387, 399, wūl-āməs, 375,
375 376
492, 530, 531, 532, 538 wūl-āməstēn, 375,
375 376
šwēya tānya, 374 wullāhi, 326, 392,
392 405, 408, 414, 466,
tāni, 39, 150, 227,
227 228, 306,
306 307, 308, 468
353, 374, 492 xṣēṣən, 386
təḥt, 267, 268, 328,
328 329, 343, 353, 466, xālāṣ, 385,
385 395
554 xēṛ-, 277,
277 278, 290, 310, 356, 359, 388,
təḥt-mən, 343 390
təḥt-šīn, 267,
267 268 xəlli, 278, 290, 485,
485 486, 493
təgdər, 280, 282, 310, 417, 537, 543, xəllu, 485,
485 486, 493
544, 545, 547, 557 xūṣūṣən, 386
təgdru, 544, 557 yā-õõāh, 373,
373 484
təqrībən, 386,
386 532, 533 ya…ya, 405,
405 409
təwwa, 267, 278, 292, 293, 362,
362 373, yāsər, 382, 488, 489, 490, 493, 532,
374, 380, 382, 386, 391, 395, 402, 533
620
yəḥtāž, 554, 557, 558 ԑəl-l-ḥāšya, 327, 360
yəbbi, 60, 122, 123, 124, 266, 283, ԑəl-l-āqəll, 390,
390 536
286, 291, 297, 306, 337, 342, 406, ԑəl-l-īṣāṛ, 360
447, 485, 486, 548, 549, 550, 551, ԑəl-l-īmīn, 360,
360 389
552, 557 ԑəl-l-ū°a, 312, 361,
361 370
yəgdər, 282, 285, 286, 521, 542, 543, ԑənd, 44, 249, 261, 268, 269, 272, 279,
544, 545, 547, 557, 558 284, 287, 288, 290, 296, 298, 300,
yəgdru, 557 301, 303, 312, 329,
329 336, 340, 344,
yəmma…yəmma, 406, 406 409 359, 365, 369, 376, 389, 398, 405,
yənwi, 548, 549, 557 407, 408, 412, 416, 423, 424, 425,
yəstḥəgg, 554, 555, 557, 558 431, 432, 450, 451, 463, 464, 465,
yəԑṛəf, 305, 447, 542, 544, 545, 546, 469, 471, 473, 474, 475, 492, 493,
557, 558 495, 497, 499, 500, 510, 529, 531,
yōm-l-əwwəl, 369, 376 536, 544, 545, 546, 547, 549, 550,
zēy, 268, 273, 276, 287, 288, 335,
335 336, 551, 552, 553, 557, 558
337, 339, 379, 387, 390, 391, 416, ԑənd-mən, 272
417, 419, 420, 421, 426, 430, 450, ԑənd-mən-ma, 423
453, 458, 459, 462, 526, 527, 551 ԑənd-škūn, 269
zēy təwwa, 339, 391 ԑəž-ž-žənb, 359
zēy-əlli, 287, 288, 421 ԑl-āš, 264
zēy-ma, 288, 419,
419 420, 551 ԑle, 325
zēy-mən, 273 ԑle kull ḥāl, 390,
390 391, 404
zēy-šīn, 268 ԑlē-ḥəsb-ma, 419,
419 420
-ži, 56,
56 175, 179,
179 182, 183, 215 ԑlē-bəṛṛa, 359
žīht, 335 ԑlē-l-wəs°, 360
zmān, 47, 152, 293, 312, 363,
363 379, 440 ԑlē-ma, 417,
417 420
zōz, 57, 59, 180, 181, 206, 207, 210, ԑlē-mən, 272
213, 214, 215, 216, 219, 220, 222, ԑlē-sābāb, 347,
347 348
223, 224, 225, 229, 277, 386, 530 ԑlē-šīn, 267
ԑādātān, 387,
387 401 ԑlē-xā°əṛ, 347,
347 424,
424 467, 539, 540, 547
ԑām-n-əwwəl, 376 ԑlē-ž-žənb, 359
ԑāwəd, 18, 102, 364,
364 374, 414, 415 ԑlē-ԑyūn, 347
ԑāwəd tāni, 374 ԑūmūmən, 305, 386,
386 404
621