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Introduction des joueurs

I-Arech Brâm (Laurent)


Arech Brâm reprend ses esprits brutalement. Il ouvre les yeux. Quelque chose les brûle. Il ne lui faut que
quelques secondes pour se rendre compte qu'il est sous l'eau. Glaciale.
Il est en train de couler comme une pierre, entraîné par le poids de son armure de plaques melnibonéenne.
Comme par réflexe, Arech commence à psalmodier en Haut Idiome, le langage secret et magique de ses
ancêtres. Il prie de recevoir l'Etreinte de Straasha et d'en sortir vivant.
Rien ne se passe. Il est bien trop faible pour faire appel à la magie.
Arech Brâm va donc mourir.
Noyé... Une bien belle façon finalement de ne faire plus qu'un avec l'océan, un beau sacrifice pour le
Seigneur Straasha.

Il regarde la flèche en argent qu'il tient serré dans sa main. Elle semble lui montrer une direction. Quelle
ironie...

Avec une vitesse incroyable, il se remémore la suite des évènements qui le conduisirent dans ces eaux
glacées avant de fermer les yeux sur sa vie.

Tout commença à Imrryr , la Cité Qui Rêve Capitale de l'Empire de Melniboné. Du monde.
Arech était chez lui, profitant de la chaleur de son palais, durement soumis à une tempête hivernale. Une
esclave annonça la venue inattendue du Seigneur des Cavernes des Dragons, Dyvim Tvar, Premier Prince-
Dragon et Commandant en chef des armées impériales. Il n'était pas venu seul.
Le Prince Héritier Elric de Melniboné s'était déplacé en personne.
Malgré son air maladif, son teint blafard, ses cheveux blancs et l'iris de ses yeux rouge sang, l'héritier au
Trône de Rubis semblait animé ce soir là par un élan irrésistible.

A peine installés, il prit la parole:


-“Prince Brâm, sachez que de sombres rumeurs proviennent du Quartier des Etrangers.
Les trois derniers mois, cinq temples d'Arkyn se sont effondrés. Pour chacun d'eux, la même catastrophe s'est répétée.
Alors que le sol demeurait stable, les pierres de ces édifices se fracturaient dans de grands craquements. En moins de
dix minutes, les bâtiments s'écroulaient dans un nuage de poussière. Le Temple d'Or en Vilmir fut le premier détruit.
Les suivants, les deux temples de Cadsandria, s'écroulèrent le même jour. Un mois plus tard, ce fut le temple de Menii
et le dernier en date est l'unique temple d'Arkyn à Dhakos.
Les adorateurs du Chaos se réjouissent en clamant la fin de la Loi proche, quant aux partisans de celle-ci, la
consternation règne dans leurs rangs.
Par ailleurs des “ miracles ” nous ont été rapportés par des marchands de Royaumes fidèles aux Seigneurs de la Loi.
A plusieurs reprises des larmes dont coulé sur le visage de statues représentants Arkyn! L'interprétation de ces signes
divise les prêtres de la Loi en de multiples factions.
Pire encore, des catastrophes naturelles secouent les Jeunes Royaumes. Un raz de marée a déferlé sur les côtes de
Shazaar et de Jharkor. Des séismes bouleversent les Collines Mortes, une tornade a dévasté la plaine de Bakshaan,
des volcans déversent leurs flots de lave dans les profonde vallées de Myrrhyn et nous allons nous-mêmes devoir faire
face à l'une des pires tempêtes de notre immémoriale histoire.
Il semblerait que le déclin de la puissance d'Arkyn a comme libéré les Seigneurs Elémentaires du joug de la Loi. Ceux-
ci retrouvent leur liberté des premiers âges et en usent. ”

Elric se tut et regarda Dyvim Tvar qui parla à son tour:


“ Nos devins nous ont donné le nom du responsable de tous ces évènements. Cet humain n'appartient pas à ce plan
d'existence mais y a résidé très longtemps. A de nombreuses reprises, il s'est déjà opposé magiquement à nos plus
grands sorciers. Nous voulons qu'il meure. Les oracles vous ont tous désigné pour cette quête. De plus, vos destins,
seraient indissociablement liés. Pour finir, nos récents rapports nous ont démontré que cet homme est en possession
d'un artefact extrêmement puissant que nous désirons. Cet objet est un cristal de la taille d'un poing, émettant une
lueur verte. Tuez cet homme et ramenez-nous ce cristal. Il s'appelle Scyd et porte un masque sculpté en tête
d'éléphant. ”

Elric tendit alors une petite flèche en argent à Arech:


“ La flèche a désormais reçu l'ordre de chercher l'homme que vous allez devoir pourchasser. Lorsque vous la
lâcherez, elle indiquera toujours la direction dans laquelle il se trouve et une fois cet homme éliminé, la flèche
pointera vers notre direction ou vers la meilleure route pour nous atteindre. Partez sur le champ, suivez cette flèche
et marchez vers votre destinée... ”

Quelques heures plus tard, la flèche menait effectivement le Prince Brâm jusqu'aux quais d'Imrryr où un
étrange navire paraissait l'attendre. C'était un bateau de bonne taille, tout entier façonné du même bois
sombre, aux formes baroques et insolites, avec des ponts élevés à l'avant et à l'arrière, et sans la moindre
apparence de sabords de nage. Ce n'était pas normal pour un navire conçu à Melniboné ou dans les Jeunes
Royaumes. Doté d'un seul mât, le bateau semblait éclairé d'une lueur rougeâtre. Lorsqu'Arech s'approcha
du vaisseau, deux étranges jumeaux en descendirent. Ressemblant à des Melnibonéens, celui qui paraissait
aveugle se présenta comme le Capitaine et son frère comme le timonier. Le Capitaine annonça être averti de
la quête d'Arech et lui proposa ses services.
Arech, sans même réfléchir, accepta la proposition du Capitaine et le suivit à bord. Le pont était
complètement désert. Le Capitaine lui servit un vin délicieusement chaud et épicé dans le but de l'aider à
supporter le voyage.
Arech sombra rapidement dans un sommeil agité d'une multitude infinie de fractions de rêves différents,
comme s'il partageait au même instant les songes de toutes les créatures du Multivers capables de rêver.

Lorsqu'il se réveilla, il était seul, en armure, sur une petite barque noire, perdue dans l'immensité d'un
océan. Il sentit qu'il tenait toujours la flèche en argent. Arech était extrêmement fatigué, incapable du
moindre mouvement et se rendormant régulièrement.
L'aube approchait. Mais je jour ne semblait pas vouloir se lever en dépit de l'ascension régulière du soleil.
Sa luminosité se limitait à une pâleur cadavérique; le soleil perdait toute son énergie. L'aurore persista
ainsi plusieurs heures durant, le ciel conservait une teinte violette fort intense. La mer quant à elle, voyait
sa surface agitée de vaguelettes se brisant les unes contre les autres comme si mille courants se disputaient
la maîtrise de l'océan. D'ailleurs la barque fut elle-même la proie de ces courants. Dans les airs, les vents
connaissaient les même perturbations et changeaient rapidement de direction et de force. Les nombreuses
mouettes volaient dans tous les sens, piaillant aux quatre coins de l'horizon.
Au fil de la matinée, les premiers symptômes d'une tempête s'accentuèrent. Vers midi, alors que le soleil
avait atteint le zénith, sa luminosité augmenta et le ciel s'éclaircit brusquement. L'astre solaire devint le
centre d'une spirale gigantesque occupant tout le ciel. Celle-ci se composait de nuages aux teintes vives,
dorées ou rougeoyantes, qui apparaissaient lentement dans les cieux. Plus tard, une fois constituée, la
spirale commença à tourner sur elle-même, très lentement. Les vents se firent de plus en plus fort. Aux cris
déchirants des mouettes se mêlèrent des bruits lointains, bruissements métalliques ou chants discordants
issus d'un chœur aux voix plus qu'aiguës. Ces vents, devenus chauds et secs, portaient une odeur inconnue
désagréable et acide. La mer se mit à bouillonner, alors que sa température était toujours aussi froide. Des
poissons, de toutes espèces, bondissaient hors des eaux.
Il devint de plus en plus difficile de diriger la malheureuse barque et une immense angoisse assaillait Arech
qui se laissait dériver.
Avant la tombée de la nuit, la tempête avait encore empiré. La spirale rouge et or emplissait tout le ciel et
tournait de plus en plus rapidement. Des rafales de pluie balayaient l'océan, alors que les vents avaient
acquis la force de tornade. L'odeur acide se renforçait, rendant l'air nauséabond. Les mouettes se laissaient
tomber dans les flots où elles disparaissaient, englouties, tandis que les poissons continuaient leur ballet
macabre jusqu'à l'épuisement. Les derniers rayons de lumière éclairaient une mer où flottaient une
multitude de poissons morts. Des épaves et des débris étranges remontaient à la surface.
Une grande tige forgée dans un métal étrange vint percer le fond de la barque qui se disloqua rapidement.
La dernière chose qu'Arech put distinguer avant le grand plongeon, fut, étincelant sous l'écume, une
gigantesque citadelle d'acier. Quelque chose heurta violemment le crâne du Melnibonéen qui perdit
connaissance.

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