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CHAPITRE V : ETUDE DES PRECIPITATIONS

ET DES ECOULEMENTS

I. Genèse et typologie des pluies

II. Mesures de la pluie

III. Étude des pluies sur une surface

IV. Régimes des cours d’eau d’Afrique de l’Ouest et du centre

V. Hydrométrie et courbes de tarage

Par :
Harouna KARAMBIRI
Institut International d'Ingénierie de l'Eau et de l'Environnement (2iE) (Groupe EIER-ETSHER)
UTER Gestion et Valorisation de l'Eau et l'Assainissement
E-mail: harouna.karambiri@2ie-edu.org
I. Genèse et typologie des pluies

 Un nuage est composé de gouttelettes d’eau de 5 à 10


microns de diamètres, espacées de 1 mm environ.

 Puis pour passer de la condensation (fines gouttelettes) à la


précipitation, il faut une ascension de l’air car la température
diminue avec l’altitude :
 diminution de la température de 0,6°C par 100 mètres.

 Pour avoir une pluie, il faut que les gouttes de pluies soient
assez lourdes pour qu’elles puissent tomber (malgré le courant
ascendant) et assez grosses pour ne pas s’être complètement
évaporées avant d’arriver sur le sol.
Les grands types de pluies
Précipitations frontales ou
cyclonique : elles se forment au
Précipitations de convection : contact de deux masses d’air de
ascension d’air chaud, d’où caractéristiques différentes :
saturation de l’air - front chaud : précipitation
 durée courte et intensité longues étendues et peu
importante. intenses,
- front froid : précipitations
brèves peu étendues et intenses

D’après EPFL
Précipitations orographiques : IATE/HYDRAM
barrière montagneuse élève les
masses d’air. Le coté au vent reçoit
plus d’eau que le coté abrité.
Granulométrie des différents types de pluie :

Type de Intensité Diamètre moyen vitesse de


précipitation des gouttes chute
mm/h mm m/s
BRUINE 0.25 0.2 -
PLUIE LEGERE 1à5 0.45 2
PLUIE FORTE 15 à 20 1.5 5.5
ORAGE VIOLENT 100 3 8
Les régimes pluviométriques
On appelle régime pluviométrique la répartition de la hauteur des
précipitations entre les diverses périodes de l'année (en général le mois).
On distingue en zone intertropicale, 4 types de climat :
- Le climat équatorial guinéen
- le climat subéquatorial soudanien
- le climat équatorial sénégalais ou sahélien
- le climat de mousson (en Asie)
On peut aussi faire une classification basée sur le module pluviométrique
annuel Pan (hauteur de pluie moyenne annuelle) :

- Régime désertique : Pan ≤ 100 mm

- Régime subdésertique : 100 mm p Pan ≤ 300 mm


- Régime sahélien : 300 mm p Pan ≤ 750 mm
- Régime tropical sec ou soudanien : 750 mm p Pan ≤ 1200 mm
- Régime tropical humide : 1200 mm p Pan ≤ 2000 mm
- Régime équatorial pur : Pan f 2000 mm

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II. Mesures de la pluie

Méthodes qualitatives :
1) Existence d’une pluie : Oui / Non (permet de connaître le
nombre de jours de pluie, important en agriculture par exemple)
2) si pluie : heure de début / heure de fin (permet de connaître
le nombre de jours de pluie, la durée de chaque pluie et sa
position dans la journée)

Méthodes quantitatives :
1) Pluviomètre : hauteur de pluie (mm)
2) Pluviographe : intensité de pluie (mm/h)

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Le pluviomètre :
Seau assez grand (≈ 100 mm) pour
contenir l’ensemble des pluies
tombant en une journée. Ce seau est
surmonté d’une bague biseautée de
surface connue précisément : (la
norme impose 400 cm², mais il peut y
avoir d’autres surface de réception).

La lecture de la pluie s’effectue en mm et dixième de mm:


- soit à l’aide d’une éprouvette graduée
- soit directement (cas d’une graduation sur le seau)

Si P < 0,1 mm on dit qu ’il y a des traces de pluie (Tr)

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Norme d’implantation des postes de mesures
(pluviomètres et pluviographes) :

- hauteur au sol de la bague réceptrice : 1 mètre


- bague parfaitement horizontale,
- distance au premier obstacle supérieure à 2 fois
la hauteur de l’obstacle.

1m

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 Densité du réseau de mesures de pluie :
En se basant sur l'expérience acquise par l'IRD (ex. ORSTOM) en
zone intertropicale, le réseau pluviométrique minimum pourrait, tous
types d'appareils confondus (pluviomètres, pluviographes), respecter
les normes suivantes :

Surface (km²) Nombre


d'appareils
1 4
2 5
5 6
10 6-8
25 8-12
50 12-15
100 15-20
500 20-25
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Variante : le pluviomètre au sol (type snowdown)
En général, la pluie au sol est supérieure à
celle mesurée à 1 m du sol à cause du vent et
des effets aérodynamiques autour du seau.
 C'est la pluie au sol qui intervient dans les
processus hydrologiques au niveau du bassin.

D'après Karambiri (2003)


90
1:1
75 y = 1.27*x
r² = 0.98
Pluie au sol (mm)

60 n = 35

45
1999
30
2000
15
0
0 15 30 45 60 75 90
Pluie à 1 m(mm) 11
Protocole de lecture : il dépend du gestionnaire du poste

Exemple de l'ASECNA :

Deux relevés par jour, à 6h et 18h. La pluie journalière est la


somme des deux relevés et elle est comptabilisée pour le jour
précédant le relevé du matin.

Jour J Jour J+1

0H 6H 12 H 18 H 0H 6H 12 H 18 H

mesure mesure mesure mesure

Pluie du jour J

12
Le pluviographe : enregistrement en continu de la pluie qui
tombe (intensité de pluie).
Il se constitue :
- d’une bague réceptrice (400 cm² ou 2000 cm²)
- d’un mécanisme de mesure et d’enregistrement,
- d’un seau de contrôle.
Le mécanisme de mesure le plus utilisé sont les augets basculeurs :

Pluviographe
mécanique
(site de Tougou)

Pluviographe
automatique
(site de Tougou) 13
Fonctionnement des augets basculeurs : L'auget bascule
pour 20 cm3, soit
1) pluie 2) pluie 0.5 mm pour une
bague de 400 cm²

Pluie non pluie


3) 4)
comptée

Eau tombant
dans le seau

Rq :Erreur systématique de mesure : la lecture au seau permet de corriger cette erreur.


A chaque basculement:
un mécanisme d’horlogerie déplace
un bras d'une unité. Une plume
située à l’extrémité du bras inscrit ce
déplacement sur un papier spécial,
disposé sur un tambour dont la
vitesse de rotation est fixée :
- soit 1 tour par jour (changement du
papier tout les jours)
- soit 1 tour par semaine.
Lorsque la pluie cesse, le tambour
continue de tourner, le trait est alors
horizontal sur le papier.

Lorsque le trait arrive au bord du papier, un système renverse le


sens de déplacement de la plume.

Papier d'enregistrement = pluviogramme


Exemple de papier d’enregistrement

Il faut 100 mouvements de bas en haut du papier :


- H = 50 mm pour S = 400 cm²
- H = 10 mm pour S = 2000 cm²
- H = 20 mm pour S = 1000 cm²
2 méthodes de dépouillement des enregistrements :

1) on fixe un pas de temps (en général 5 minutes) et on comptabilise


la pluie tombée dans cet intervalle
2) on considère les plages sur lesquelles l’intensité de pluie (la
pente sur le papier) est constante.

Pluie cumulée

pluviogramme
DT

DP

Intensité de
pluie (I)
hyétogramme

I= DP/DT
Autres méthodes de mesures de la pluie :

Le radar météorologique :

Radar météorologique de Météo-France à


Radar MEDIAS-France, CNES Toulouse France
Bollène (Vaucluse)

Le radar météorologique émet des ondes électromagnétiques (longueur d'onde peut


varier de quelques millimètres à plusieurs centimètres) et reçoit en écho les images de
certaines cibles (généralement mobiles) (gouttes de pluie, flocons de neige, grêlons ...)
situées au sein de l'atmosphère. Le radar peut non seulement situer dans l'espace à
chaque instant les zones où se regroupent ces particules, mais aussi évaluer
l'intensité et l'évolution des précipitations auxquelles ces zones correspondent jusqu'à
des distances de l'ordre de 200 km. L'intensité des précipitations peut y être estimée
quantitativement au sein d'une zone plus restreinte (100 km). 18
Cumuls de pluie mesurés
12 et 13 novembre 1999

Échos radar le 08/09/2002


à Nîmes (France)

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Sources d’erreur :
1) Erreurs systématiques : perte d'eau lors du basculement
des augets
2) Erreurs d'observation : lecteur peu consciencieux, erreur de
lecture sur l'éprouvette (exemple : 23 mm au lieu de 2,3), erreur
due à l'évaporation, débordement éventuel du pluviomètre,
influence du vent, entonnoir encombré, seau percé, perte
d’eau lors du transvasement, papier mal posé, rotation en
panne, etc...
3) Erreurs de transcription ou de calcul
4) Erreurs d'impression
Contrôle des pluviogrammes

En cas de différence sensible entre les valeurs de pluie totale sur


( )
le pluviogramme et au seau ( Pseau − Ppluviogramme / Pseau f 2% ), il est
nécessaire de corriger les valeurs du pluviogramme en multipliant
par un cœfficient majorateur ou minorateur k :

Pseau Pseau : pluie totale recueillie dans le seau


k=
Ppluviogramme Ppluviogramme : pluie totale sur le pluviogramme

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III. Étude des pluies sur une surface

Pluie moyenne sur la surface S :

1ère approche : Moyenne arithmétique


N
1 Simple, mais donne le même poids à toutes les
Hm = ∑H i valeurs. Source d'erreurs, surtout si mauvaise
N 1
répartition des postes.
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2ème approche : Méthode des isohyètes

∑ S (H + H i +1 )/ 2
=
i i
Hm
∑S i

Rigoureuse et prend en compte toutes les


données disponibles (même hors du bassin).

3ème approche : Polygones de THIESSEN


- tracer les médiatrices entre stations
- définir les surfaces d’influence (Si)
de chacune des stations, par la
surface géométriquement la plus
proche d’une station

Hm =
∑ SH i i

∑S i
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La méthode des polygones de Thiessen a le gros avantage de déterminer
des cœfficients de pondération une fois pour toute, indépendamment des
événements pluviométriques.

4ème approche : Coefficient d'abattement spatial

Permet l'estimation d’une pluie surfacique (moyenne) à partir d’un seul


poste de mesure (cas d'absence d'observations) :

P1
Hm = A*P1

Formule de VUILLAUME :

A = 1 − 0.001 × (9 Log10 (T ) − 0.042 Pan + 152)× Log10 S

Avec T = période de retour (ans)


Pan = pluie moyenne interannuelle (mm)
S = surface (bassin versant) en km² 24
IV. Régimes des cours d’eau d’Afrique de l’Ouest
et du centre
On peut distinguer 3 régimes pour les cours d’eau d’Afrique de
l’Ouest et du Centre :

 le régime tropical pur (régime simple) : une saison des pluies


suivie d’une saison sèche.
L’hydrogramme annuel possède pour les petits bassins versants, une crue
rapide et très marquée et une décrue également rapide jusqu’à un débit
très faible voire nul.

 Le régime équatorial pur (régime double) : deux saisons des pluies


distinctes.
L’hydrogramme possède ici deux pointes de crue distinctes.

 Le régime tropical intermédiaire (régime complexe) :


Ce régime caractérise le fonctionnement des grands bassins versants
dont les affluents possèdent des crues décalées dans le temps. La crue
sur le cours d’eau principale en est atténuée.
Régime
tropical
pur

Régime
équatorial
pur

Régime
tropical
intermédiaire
V. Hydrométrie et courbes de tarage

Hydrométrie : méthodologie et
technique de la mesure des hauteurs
d'eau et des débits dans les cours
d'eau.

Section de contrôle : section pour


laquelle il existe une relation simple
entre H et Q (une seule relation
biunivoque Q=f(H)).
La section de contrôle peut être
constituée par un seuil naturel ou
artificiel, un rétrécissement du lit, un
brusque changement de pente
 écoulement est critique au
droit de la section de contrôle

Différents types de section de contrôle :


A) seuil, B) rétrécissement, C) changement de pente
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Station de mesure des débits : il faut une section de
contrôle et une mesure des débits (journalière ou en
continu).

La mesure des débits s’effectue à partir:

- de mesures de vitesses dans une section


- de volumes sur une durée,
- de hauteurs d'eau sur une section de contrôle
Mesures des hauteurs d'eau

 Limnimètre
Lecture directe et ponctuelle
 Limnigraphe
Enregistrement en continu
Limnimètre et limnigraphe
sur le Mouhoun à Boromo
(Burkina Faso)
 Thalimède

Mesure et mémorisation
en continu (data logger)
du niveau des eaux de
surface (ou des nappes
souterraines). Les
données sont directement
exploitables (ex. logiciel
HYDRAS) Téléchargement des données du thalimède
(site de Tougou, Burkina Faso)

 Capteur radar Kalesto


Mesure et mémorisation en
continu sans contact du niveau
des eaux de surface. Discret, il
élimine les problèmes d'absence
de mesure dus aux crues, à
l'envasement, aux matériaux
flottants ou à la prolifération de
végétaux et simplifie grandement
Exemple d'exploitation du capteur radar
les opérations de maintenance. Kalesto (www.ott-hydrometrie.fr)
 Les PCD
(Plateforme de Collecte
des Données)

 Les PCD collectent,


numérisent et transmettent
automatiquement (en
temps réel) les données
vers des postes de
réception
(télétransmission). PCD sur le Nakambé à Wayen (Burkina Faso)

 Plusieurs modes de transmission :


- Satellites géostationnaires (ex: METEOSAT)
- Satellites orbitaux (ex. ARGOS)
- Postes émetteurs/récepteurs VHF
- Radio BLU
- Réseau GSM
- Modem
Mesures des vitesses
Mesures des vitesses
 Jaugeage au moulinet ou au saumon
Mesure des champs de vitesses
Moulinet monté sur une perche
C31

C20

C2

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Saumon embarqué
Calcul des vitesses :
La vitesse de l'hélice est donnée par : V = aN + b
avec V : vitesse en m/s
N : nombre de tours par seconde (tr/s)
a et b : constantes de calibrage fournies par le constructeur

Calcul des débits :


Quelque soit la méthode utilisée, le calcul revient à une sommation
des débits élémentaires à travers la totalité de la section
d'écoulement.

 Méthode des paraboles

 Méthode des isotaches


Méthode des paraboles

Méthode des isotaches


 Jaugeage au flotteur
Mesure de la vitesse superficielle (ordre de grandeur)
Vmoy=0.8*Vsurface

 Jaugeage capacitif ou volumétrique


Mesure le temps de remplissage d'un récipient (convient aux très faibles
débits)
Q = ∆V/∆
∆T

 Jaugeage par déversoir de mesure

• Relation mathématique
Seuils déversants en V
précise entre la hauteur au-
(site de Katchari, Burkina Faso)
dessus du seuil et le débit.
• Méthode peu utilisée pour
les cours d'eau naturels.
 Jaugeage chimique
Mesure par dilution d'une concentration C d'un traceur injecté (NaCl par
exemple) à débit constant q :
Q : débit du cous d'eau C1 : concentration du produit injecté
Q = q*C1/C2 q : débit d'injection du produit C2 : concentration du prélèvement d'eau
 Jaugeage par sondes électromagnétiques (exemple : ADCP)

ADCP (Acoustic Doppler Current Profiler)

Les capteurs à ultrason Doppler, fixés sur un coté de l'écoulement, émettent un


signal ultrasonique dans le flux du liquide. Lorsque ce signal est réfléchi par les
particules solides ou les bulles d'air, sa fréquence se modifie proportionnellement
à la vitesse du fluide. L'ADCP permet de mesurer des profils verticaux de la
vitesse de l'eau, en utilisant l'énergie acoustique.

Transducer

Acoustic
pulse

Magnified view
of scatterers

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Courbes de tarage
La courbe Q(H) est établie
expérimentalement à partir des
différents jaugeages.
Généralement son expression est :
Q = a× H n
En fonction des conditions locales et des
différences de moyens utilisés pour réaliser
les mesures en basses et hautes eaux,
plusieurs courbes Q(H) peuvent être
définies en fonction des gammes de débit.
La courbe Q(H) peut évoluer dans le
temps en fonction des modifications de la
section de contrôle.
Il est donc impératif :
- d’effectuer des jaugeages régulièrement
- de conserver l’historique des jaugeages sur
la courbe de tarage choisie (positionnement
des couples (H;Q) avec la date de la mesure.
Les écoulements annuels

Les données hydrométriques sont disponibles généralement dans des


annuaires hydrologiques (par pays et/ou par grands bassins
hydrographiques) ou auprès des services hydrologiques.
Les principales grandeurs hydrologiques étudiées sont :
- le débit moyen journalier (m3/s),
- le débit moyen mensuel (m3/s),
- le module (débit moyen interannuel) (m3/s),
- le volume écoulé annuellement (Ve en m3),
- la lame d’eau écoulée annuellement (Le en mm),
- le débit spécifique moyen (l/s/km²),
- le coefficient d’écoulement annuel Ke= Le/P,
- le coefficient mensuel de débit (Qmois/module).

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