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Biomasse et biocarburants

Biomasse et biocarburants

1- Introduction

Les chercheurs ont développé et amélioré les techniques d'utilisation de la biomasse et créé
trois générations de biocarburants.

La première génération de biocarburant consiste à utiliser directement la biomasse végétale,


alors que la deuxième génération met en œuvre, non plus les produits alimentaires, mais les sources
ligno-cellulosiques des plantes (tiges, feuilles, bois etc). La troisième génération utilise quant à elle
des micro-algues pour la production de biocarburant.

Outre une baisse de la dépendance vis-à-vis des pays producteurs de pétrole, l'utilisation de
biocarburant à plusieurs autres avantages. Tout d'abord, les biocarburants permettent une diminution
de la pollution puisque le bilan du rejet de CO2 est moins important ensuite, depuis la troisième
génération, il est possible de valoriser le CO2 pour produire les micro-algues. A l'inverse du pétrole,
les biocarburants sont des carburants renouvelables, c'est à dire qu'ils sont illimités dans le temps, ce
qui pourrait régler en grande partie le problème des énergies.

2- La première génération

Il existe différents types de biocarburants qui possèdent chacun une composition chimique
variable.

En effet, les biocarburants sont divisés en trois générations:

 ceux de premières générations


 puis ceux de deuxième génération
 et enfin ceux de troisième génération
1) Il y a deux grands types de biocarburants de première génération :
 Le diester issu d’huiles végétales de colza ou de soja. Il est utilisé en mélange avec du gazole
pour les moteurs diésel.
 Le bioéthanol provenant de plantes riches en sucre comme la canne à sucre ou la betterave
sucrière. On peut aussi l’obtenir à partir de plantes à forte teneur en amidon tel que le blé, le
maïs, la pomme de terre,… Il est utilisé pour les moteurs à essence.

Cette première génération peut diminuer les émissions de gaz à effet de serre dans
l’atmosphère (21%).

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Cependant on distingue 3 filières de première génération :

a) La filière huile

D’espèces végétales oléifères comme le colza, le palmier à l’huile, le tournesol, le jatropha ou


le ricin qui sont extraites des huiles. Ces huiles sont utilisées de différentes manières afin de produire
du biocarburant huileux. L’extraction d’huile végétale peut être faite par un simple pressage à froid
(écrasement) ou par voie chimique, ou une combinaison des deux méthodes, d’où l’on obtient de
l’huile végétale brute qui peut être utilisée directement dans les moteurs diésels adaptés. Les
triglycérides qui constituent les huiles végétales peuvent aussi être transformés en monoesters
méthyliques et en glycérol par une réaction de trans-estérification avec des molécules de méthanol (on
obtient des esters éthyliques avec l’éthanol). Les molécules plus petites du biodiésel ainsi obtenues
peuvent être utilisées comme carburant dans les moteurs à allumage par compression. Le biodiésel ne
contient pas de soufre, n’est pas toxique et est hautement biodégradable.

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b) La filière alcool

Elle est composée des biocarburants éthyliques tels que le bioéthanol qui s’obtient par la
fermentation éthanolique (la fermentation du sucre). Ce sucre provient de plusieurs espèces végétales,
comme la betterave sucrière, la canne à sucre, le blé, le maïs et l’ulve.

L’éthanol ou bioéthanol est un alcool qui peut remplacer partiellement l’essence. Pour la
production de l’éthanol en France, les betteraves et les céréales sont les principales ressources
utilisées. Au stade industriel, seul actuellement sont utilisées les voies sucrières et les amylacées.

Cependant pour optimiser les techniques et les coûts de traitement de la biomasse


lignocellulosique fait l’objet de travaux de recherche.

Les véhicules nécessitent une adaptation spécifique pour un bon fonctionnement à l’éthanol.

L’Ethyl-tertio-butyl-éther est un dérivé du bioéthanol, qui est obtenu par réaction entre
l’éthanol et l’isobutène que l’on utilise comme additif à hauteur de 15% à l’essence en remplacement
du plomb. On obtient l’isobutène lors du raffinage du pétrole.

Sur le plan technique l’Ethyl-tertio-butyl-éther est la meilleure façon d’incorporer de l’éthanol


au carburant. Il présente des avantages comme il n’y a pas de problème de volatilité, un gain d’indice
d’octane élevé et une parfaite tolérance à l’eau.

Le biobutanol ou butanol est fabriqué à partir d’avoine de betteraves et de canne à sucre. Il est
obtenu grâce à la bactérie Gram positive anaérobique Clostridium ocetobutylicum qui possède un
équipement enzymatique lui permettant de transformer les sucres en butanol (la fermentation
acétobutylique). D’autres molécules sont aussi produites : du dihydrogène, de l’acide acétique, de
l’acide propionique, l’acétone, l'isopropanol et l’éthanol. Le biobutanol est actuellement
commercialisé par les entreprises BP et Dupont. Il présente de nombreux avantages par rapport à
l’éthanol et on l’évoque de plus en plus souvent comme agrocarburant de substitution à l’heure du
pétrole cher. Les unités de production de l’éthanol peuvent être adaptées pour produire aussi le
biobutanol.

Le méthanol (ou alcool de bois) est obtenu à partir du méthane. Il est utilisable en
remplacement partiel (sous certaines conditions) de l’essence comme additif dans le gazole, ou à terme
pour certains types de piles à combustible. Mais par contre le méthanol est très toxique pour l’Homme.

c) La filière gaz

Elle comporte plusieurs biocarburants gazeux comme :

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Le dihydrogène qui n’est pas un carburant en soi, il est produit par extraction à partir
d’hydrocarbures fossiles pour procédés chimiques ; mais aussi à partir du méthane (reformage) ou
d’autres combustibles. Le dihydrogène peut également être extrait de l’eau via production biologique
par des algues (bioréacteur), ou en utilisant l’électricité (électrolyse), des produits chimiques (par
réduction chimique) ou la chaleur (thermolyse) ; ces méthodes de productions sont moins développées
par rapport à la production dérivée des hydrocarbures par voie chimique.

Le dihydrogène peut être généré à partir du gaz naturel avec un rendement d’environ 80% ou à
partir de d’autres hydrocarbures avec des degrés divers d’efficacité. C’est un élément le plus abondant
de l’univers (75% en masse et 90% en nombre d’atome). Il peut également être produit par voie
bactérienne.

Le méthane d’origine biologique ou biogaz carburant, est un gaz qui peut être utilisé en
remplacement de l’essence dans les moteurs à explosion. C’est le principal constituant du biogaz, issu
de la fermentation de matières organiques animales ou végétales riches en sucres (amidon, cellulose,
plus difficilement les résidus ligneux) par des bactéries méthanogènes qui vivent dans des milieux
anaérobiques (sans oxygène). Les principales sources sont les boues de stations d’épuration, les lisiers
d’élevages, les effluents des industries agroalimentaires et les déchets ménagers. Les gaz issus de la
fermentation sont composés de 65% de méthane, 34% de dioxyde de carbone et 1% de d’autres gaz
dont le sulfure d’hydrogène et le diazote. Le méthane est un gaz pouvant se substituer au gaz naturel
(ce dernier est composé de plus de 95% de méthane).

Le gazogène est une machine permettant de faire tourner n’importe quel moteur avec du bois
ou un combustible solide contenant du carbone. Il est basé sur une précombustion incomplète du
combustible aboutissant à un gaz riche en CO pouvant être brûlé dans un moteur à explosion.
Abandonné pour les transports, le principe est néanmoins utilisé à nouveau dans quelques petites
unités de cogénération, il permet d’utiliser par exemple des déchets de bois dans un groupe
électrogène avec un rendement convenable.

La filière BtL (Biomass to Liquid) est une voie dite thermochimique contenant 3 grandes
étapes : le conditionnement de la biomasse et la gazéification, le traitement du gaz de synthèse et la
synthèse du carburant. Certaines opérations ont déjà été testées dans un contexte industriel dans des
projets en utilisant comme matières premières du charbon et du gaz naturel. Le conditionnement
permettra de transformer grâce à deux voies principales : la pyrolyse et la gazéification, de la
ressource végétale en un matériau homogène et injectable dans un gazéifieur. La gazéification est une
opération thermique qui s’effectue en présence d'un réactif gazeux (vapeur d’eau, dioxygène), afin de
produire un gaz de synthèse contenant principalement du dihydrogène et du monoxyde de carbone
avec en plus des impuretés carbonés ou inorganiques et d’autres gaz. C’est le mélange qui est de nos
jours utilisé industriellement en combustion dans les centrales électriques au charbon (ou IGCC :

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Integrated Gaséification Combined Cycle) et qui le fut autrefois également pour la traction automobile
pour le gazogène. Pour produire du carburant liquide, les contraintes sont plus exigeantes sur la
composition chimique que sur la combustion directe : la gazéification de la biomasse s’effectue à une
température très élevée c’est-à-dire 1200°C à 1300°C et est suivie de différentes étapes de purification
du gaz de synthèse. Il faut apporter de la chaleur en brûlant une partie de la biomasse d’où provient un
faible rendement en masse du procédé au cours de ces opérations.

Comme pour l’instant aucune technologie spécifique de gazéification de la biomasse n’est


arrivée au stade industriel, alors il y a eu des solutions proposées qui sont issues des technologies
utilisées pour le gaz naturel, le charbon ou le pétrole. La réaction de synthèse Fisher-Tropsch
permettra ensuite de produire de l’essence, du gazole et du kérosène à partir du gaz de synthèse.

2-1- Les sources

Les biocarburants de première génération sont produits à partir de sucres, d'amidons ou


d'huiles végétales provenant de plantes comestibles. En fonction du climat, la source (plante) utilisée
pour produire les biocarburants de première génération peut varier.

Pour l'exploitation des sucres, la betterave sucrière est très largement utilisée en Europe, tandis
qu'il y a une forte utilisation de la canne à sucre au Brésil (production de 281 600 000 tonnes de canne
à sucre en 2003), l'utilisation du maïs est également importante. Le tableau 1. montre la production de
betteraves sucrière dans le monde pour, entre autre, la production de biocarburants.

L'amidon est également utilisé pour produire des biocarburants. On le retrouve dans les
graines de plantes telles que les graines de blé, d'orge ou encore de riz.

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Concernant l'exploitation des huiles (plantes oléagineuses) l'utilisation d'huile de colza, de soja
et de palme est fortement répandue.

Tableau 1 : Production de betterave sucrière dans le monde (Production en Tonnes : Chiffres 2003-
2004).

France 29 358 296 13% 29 419 000 12%


Etats Unis 27 744 296 12% 27 002 350 11%
Allemagne 23 756 060 10% 25 486 732 11%
Russie 19 383 640 8% 18 500 000 8%
Turquie 12 622 900 5% 13 965 000 6%
Ukraine 13 392 000 6% 13 660 000 6%
Pologne 11 739 509 5% 11 471 800 5%
Italie 9 726 000 4% 10 000 000 4%
Autres pays 85 113 483 37% 88 344 480 37%
Total 232 836 318 100% 237 849 362 100%

L'exploitation de ces « sources » d'énergies se fait sur des terres cultivables, et font donc une
concurrence directe aux produits destinés à l'alimentation. Afin d’obtenir une rentabilité maximale, ces
cultures sont souvent génétiquement modifiées (OGM) car elles ne sont pas soumises aux mêmes
restrictions que les composés alimentaires.
2-2- Les biocarburants
A l'aide de ces différentes sources, les biocarburants produits auront une nature variée. Les
trois principaux biocarburants liés à la première génération sont :
- Le biodiesel qui est un substitut du diesel. On l'obtient à l'aide de la transestérification de
l'huile végétale.
- Le bioéthanol qui est un substitut de l'essence. Le bioéthanol provient de la fermentation
des sucres ou de l'amidon.
- Le biogaz ou bio-méthane qui peut être produit à partir de la digestion du fumier liquide
et d'autres types d'alimentations digestes.
2-3- Procédés de conversion
a) Les biodiesels
Le biodiesel est produit à partir d'huile végétale (triglycéride) par une réaction chimique avec un
alcool (méthanol ou éthanol) et en présence d'un catalyseur (hydroxyde de sodium ou potassium). Ce
type de réaction est appelé trans-estérification. La réaction suivante montre ce principe :

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Principe de la trans-estérification

La trans-estérification va former un mélange d'ester méthylique (biodiesel) et du glycérol. Les


propriétés physiques des esters méthyliques ou éthyliques ressemblent fortement à celles du diesel. Le
tableau 2 compare différentes propriétés physiques du diesel et du biodiesel, ainsi que celles de l'huile
de colza. L'indice de cétane est la capacité pour un carburant de s'enflammer (de 0 à 100), plus cet
indice va être élevé, plus le carburant sera « efficace ».

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Tableau 2 : Comparaison de différentes propriétés physiques ( * 1 centistokes = 0,01 cm2.s-1)


T°C de Fusion (°C) Viscosité (cSt)* Densité Indice de cétane
Diesel -12 4,2 0,83 48/52
Ester méthylique # 7 0,88 49/50
Huile de colza <2 98 0,91 32/36

b) Les bioéthanols
Le bioéthanol est produit par fermentation du sucre provenant des cultures sucrières (canne à
sucre, betteraves, blé), ou provenant des cultures contenant de l'amidon (graines).
La structure de l'amidon est une longue chaîne de polymère de glucose. Ce polymère ne peut pas
être fermenté directement, la structure doit d'abord être cassée en des molécules de glucoses plus
petites puis dissoute dans de l'eau pour avoir une teneur en amidon entre 15 et 20 %. Ce mélange est
ensuite chauffé et traité avec une enzyme. Cette enzyme permet d'hydrolyser l'amidon en chaîne
courte de glucose et est appelée amylase (enzyme digestive).
La fermentation transforme alors les sucres ou l'amidon en éthanol et en dioxyde de carbone
grâce à des levures telles que la Saccharomyces. En théorie 51 % du glucose est convertie en éthanol,
le reste est utilisé par la levure comme source d'énergie ce qui diminue l'efficacité de 40 à 48 %.
c) Les biogaz
Le biogaz est un processus de digestion anaérobique (sans présence d'oxygène) de matière
organique (fumier, lisier, purin) par les micro-organismes qui vivent dans des milieux anaérobiques.
Le schéma 1 montre le processus de méthanisation et les différents microorganismes impliqués.

Figure 1 : Processus de méthanisation

L'intérêt de la méthanisation en milieu anaérobie est qu'il n'y a pas besoin d'un apport
d'oxygène ce qui permet une économie d'énergie. Cependant, le rendement de dégradation est plus
faible qu’en milieu aérobie.

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3- La deuxième génération
Les biocarburants de deuxième génération sont les successeurs des biocarburants actuels (dits de
première génération) et sont appelés à résoudre le problème de la compétition avec la production
alimentaire.
En n'utilisant que les parties non comestibles des plantes et les déchets agricoles,
les biocarburants à base de lignine et de cellulose devraient permettre de produire, sur la même surface
cultivée, à la fois des aliments et de l'énergie.
Le développement de cultures dédiées à base de végétaux très productifs et pouvant pousser dans
des zones peu fertiles est aussi une solution. C'est le cas par exemple du jatropha (Jatrophacurcas) et
du miscanthus géant (Miscanthus x giganteus).
Les chercheurs et ingénieurs tentent de parvenir à ce résultat par des procédés chimiques
(filière biomass to liquid) ou biologiques, notamment en ayant recours à des organismes
génétiquement modifiés capables de dégrader la cellulose (levures, bactéries).
La production de biocarburant à partir d'algues est une autre possibilité explorée.
La biomassealgale est en effet peu exploitée, et n'entre pas en concurrence avec les cultures pour
les terres arables et l'eau douce. Parfois qualifiés de biocarburants de troisième génération, les
biocarburants à base d'algues pourraient en outre être un moyen de valoriser les marées vertes.
3-1- Les sources
Les biocarburants de deuxième génération proviennent essentiellement de sources ligno-
cellulosiques.
Ce sont les matières les plus abondantes disponibles dans les plantes qui, par ailleurs, ne sont
pas comestibles.
Ces ressources peuvent être réparties en trois catégories :
- les cultures telles que le peuplier, le saule, l'eucalyptus ;
- les graminées pérennes (miscanthus, herbes) ;
- les résidus de l'industrie du bois et de l'agriculture (tiges, tronc d'arbres).
La biomasse ligno-cellulosique est divisée en trois types de structures :
 La cellulose (polymère de glucose cristallin), c'est la matière organique la plus
abondante sur la Terre (50 % de la biomasse).

Structure 1: Cellulose

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 L'hémicellulose (polymère formé de xylose, de mannose, de glucose et de galactose).

Structure 2: Hémicellulose

 La lignine (composé de poly-aromatique, diffère en fonction de l'environnement)

Structure 3: La lignine

3-2- Origines et potentiels


La lignocellulose est le premier constituant de la matière végétale. L'énergie que l'on pourrait
tirer des ressources lignocellulosiques est considérable. On estime que seule la moitié de la biomasse
végétale récupérable est effectivement utilisée. Ainsi, plus de 30 gigatonnes de matières sèches
supplémentaires pourraient idéalement être valorisées, pour un potentiel énergétique de 13,5 Gtep.
C'est plus que la consommation annuelle mondiale d'énergie primaire.

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Les ressources exploitables proviennent:


 des déchets agricoles : pailles de céréale, tiges, bagasse de cannes à sucre, etc… La
part de résidus dans les cultures est très variable. Globalement, une tonne de résidus
est produite pour une tonne pour l'alimentation.
 des déchets d'exploitation forestière : Il s'agit des branches, rameaux, feuilles et troncs
abîmés qui sont laissés en forêt. Pour une tonne de bois exporté hors forêt, une tonne
de déchets est laissée sur place.
 des déchets de l'industrie du bois (sciures, rebuts) et du papier (papiers usagés,
liqueurs noires).
Ces industries ont déjà l'habitude de valoriser énergétiquement leurs déchets.
 de cultures dédiées : Pour compléter les ressources, on peut imaginer des cultures
dédiés à fort rendement : plantes annuelles (triticale), cultures pérennes à rotation
rapide (miscanthus, peuplier, eucalyptus, saule).

Tableau 3 : production annuelle de biomasse lignocellulosique (tonnes matière sèche) et potentiel


énergétique (tonnes équivalent pétrole).
Ressources Production Monde Potentiel énergétique Monde
Résidus agricoles 5700 Mt m.s. 1,8 Gtep
Dont pailles 3000 Mt m.s. 0,9 Gtep
Résidus forestiers 2700 Mt m.s. 1 Gtep
Résidus bois (industrie) 916 Mt m.s. 0,3 Gtep
Maximum récupérable supplémentaire 31 Gt m.s. 13,5 Gtep

3-3- Caractéristiques
La biomasse lignocellulosique est composée de cellulose, d’hémicellulose et de lignine dans des
quantités variables. Elle contient aussi jusqu'à 10 % de substances minérales (cendres, silice) et son
taux d'humidité varie de 10% à 80%.
- La cellulose est composée de chaînes linéaires de glucose. Son hydrolyse donne donc
des glucoses facilement fermentables en éthanol. Mais ses fibres sont protégées par
l’hémicellulose et la lignine.
- L ’hémicellulose est composée de chaînes de différents sucres à 5 carbones (xylose,
arabinose) ou 6 carbones (glucose, galactose, mannose). Elle est facilement
hydrolysable. Par contre, les sucres à 5 carbones ne sont pas assimilables par les
bactéries habituelles.
- La lignine est formé d'alcools aromatiques et d'autres molécules organiques liés et
fortement réticulés. Ses composants ne sont donc pas fermentables.

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Tableau 4 : Composition de biomasse lignocellulosiques [Hydrolysis of lignocellulosic materials for


ethanol production.
Cellulose Hémi-cellulose Lignine
Bois dur 40-55% 24-40% 18-25%
Bois tendre 45-50% 25-35% 25-35%
Pailles 30-43% 22-35% 15-23%
Herbes 25-40% 35-50% 10-30%

3-4- Les biocarburants


Les biocarburants produits à l'aide de la deuxième génération sont identiques à ceux produits
avec la première génération. On y retrouve les bioéthanols synthétisés à partir du sucre extrait de la
source ligno-cellulosique et également les biogaz produits à partir du gaz de synthèse et transformés
soit en hydrocarbure (biodiesel, kérosène, bio-SNG (Synthétique Natural Gas)), soit en méthane (Bio-
DME (Diméthyle Ester)).
3-5- Procédés de conversion
Deux voies permettent de transformer la biomasse de seconde génération en biocarburant. Il est
possible de passer par un processus thermochimique ou par un processus biochimique.
a) Processus thermochimique
Le processus thermochimique est la conversion de la biomasse en biocarburant sans présence de
micro-organisme. L'avantage de ce processus est qu'il convertit tous les composants organiques de la
biomasse. Cette conversion inclue :
 la liquéfaction : Le principe de la liquéfaction est de mettre en solution la biomasse à l'aide
d'un solvant aqueux (eau) ou organique (coupes aromatiques pétrolières). La liquéfaction se
fait en général sous pression de 150 à 200 bars et se produit sous atmosphère réductrice (en
présence de H2 et de CO). En plus de la biomasse, on peut rajouter un catalyseur (les plus
intéressants sont les métaux alcalins, les alcalinoterreux sous forme de carbonates) et ainsi
permettre un meilleur rendement (63 %).

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La liquéfaction transforme la biomasse en biocarburant liquide et gazeux.

 la pyrolyse : La pyrolyse est la dégradation thermique de la biomasse par chauffage en


absence d'oxygène. La pyrolyse produit du charbon et des huiles qui permettent la
production de biocarburants. Le gaz produit lors de cette pyrolyse est utilisé pour produire la
chaleur utile pour la pyrolyse. Le schéma 2 montre le principe de la pyrolyse.

Figure 2 : Principe de la pyrolyse

 la combustion : C'est la réaction chimique entre le carburant et l'oxygène, il en résulte de


l'eau et du dioxyde de carbone. La combustion de la biomasse doit être effectuée dans un
endroit bien ventilé. Cette combustion va permettre de produire de l'électricité directement.

 la gazéification : La gazéification est la transformation de la biomasse en présence


d'oxygène, de vapeur d'eau et d'hydrogène. Cette technique va produire un mélange de gaz
appelé gaz de synthèse (CO, CO2, H2, CH4, N2). Un catalyseur peut être utilisé pour la
transformation de la biomasse en gaz de synthèse. On peut utiliser un catalyseur pour réduire
la température du procédé (900°C), en l’absence de catalyseur la transformation se déroule à
haute température (1300°C). La différence avec la pyrolyse réside essentiellement par la
présence de gaz de réaction (O2, H2O...).

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b) Processus biochimique
Comme pour la première génération, ce procédé permet, par fermentation des sucres, de
produire de l'éthanol. Cependant la source ligno-cellulosique ne fournit pas directement le sucre
exploité. Une étape de plus est nécessaire pour produire du bioéthanol.
La première étape constitue le prétraitement et permet d'isoler la cellulose des autres
constituants de la biomasse.
Cette cellulose va être transformée en glucose par hydrolyse grâce à des enzymes produits par
des micro-organismes tel que le trichoderma reesi.
Le glucose va ensuite pouvoir être fermenté pour former de l'éthanol selon la même technique
que lors de la première génération.
Enfin on déshydrate et distille l'éthanol pour le purifier.
Le schéma 3 récapitule les deux processus et les types d’énergies produites à l'aide de ces deux
voies.

Figure 3 : Récapitulation de la deuxième génération de biocarburant


 Les différentes étapes
Le principal produit de transformation biochimique de la biomasse ligno-cellulosique (BLC) est
l'éthanol obtenu par hydrolyse puis fermentation éthanolique.
La fabrication de ce qu'on appelle cellulose-éthanol (similaire au bio-éthanol produit à partir de
sucre ou d'amidon) se fait en quatre étapes, qui répondent chacune à un objectif et comportent des
difficultés technico-économiques spécifiques :
Tableau 5 : les étapes de transformation de la lignocellulose en éthanol
Etapes Objectifs Difficultés
Prétraitement Libérer la fraction hydrolysable de la BLC Rompre la structure de la BLC, sans dégrader les
sucres
Hydrolyse Transformer hémicellulose et cellulose en sucres Obtenir le meilleur rendement sans dégrader les
sucres
Fermentation Transformer les sucres en éthanol Transformer à la fois le glucose et les sucres en C5
Distillation Séparer l'éthanol du moût Obtenir la meilleure pureté Traiter les co-produits
Déshydratation

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 Le prétraitement
Le prétraitement vise à séparer et rendre accessible les constituants intimement liés et
cristallisés de la BLC : lignine, hémicellulose et lignine. Par action thermique et/ou chimique, la
structure de la lignine est détruite, l'hémicellulose est plus ou moins hydrolysée, et la structure de la
cellulose est modifiée. On retrouve ainsi dans la phase liquide la lignine solubilisée et les produits
d'hydrolyse de l'hémicellulose, et dans la phase solide la cellulose et les résidus de lignine et
d'hémicellulose. Selon le procédé retenu, ces phases sont, ou non, séparées.
Les enjeux sont de préparer l'hydrolyse de la cellulose, sans dégrader les sucres de
l'hémicellulose. Cette dégradation conduit à une baisse du rendement et à la formation d'inhibiteurs
(furfural surtout) de la fermentation.
Il existe plusieurs procédés, présentés dans le tableau suivant et décrits plus loin. Le choix
dépend en grande partie du substrat (paille, bois) et du procédé d'hydrolyse choisi. Les procédés qui
ont bénéficié des développements les plus prometteurs sont indiqués en gras.
Tableau 6 : les principaux procédés de prétraitement (en gras, les procédés exploités à l'échelle
industrielle)
Procédés physiques - Prétraitement mécanique
- Thermolyse
Procédés physicochimique - Thermohydrolyse
- Explosion à la vapeur
- Variantes : avec acides ou ammoniaque ou CO2
Procédés chimiques - Préhydrolyse à l'acide dilué ou en conditions alcalines
- Procédé Organosolv, ACOS
- Oxydation chimique ou biologique

 Les procédés physiques


Le prétraitement mécanique consiste au broyage de la BLC en fragments de moins de 2 mm.
Un broyage suffisamment intense pour rompre la structure de la lignocellulose consommerait trop
d'énergie pour une application industrielle, mais un broyage moins poussé peut être effectué avant
une hydrolyse acide.
La thermolyse, prétraitement à 250-300°C, offre d'assez bons rendements mais ne connaît pas
non plus de développement industriel.
 Les procédés physico-chimiques
La thermohydrolyse consiste en une cuisson à l'eau (200-230°C) sous forte pression (50 bar)
pendant 15 à 60 minutes. Elle offre de bons rendements et quelques attraits, mais la forte pression
rend les applications industrielles difficiles.

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L'explosion à la vapeur consiste à chauffer rapidement (180-270°C pendant quelques minutes)


le substrat par injection de vapeur saturée à haute pression (10-50 bar) puis à l'amener à pression
atmosphérique par une détente brutale, qui désintègre la matière.
Ce procédé a été développé industriellement (procédés Iotech et Stake) mais une partie des
pentoses et de la lignine est dégradée, d'où perte de rendement et formation d'inhibiteurs de
fermentation.
Conditions Avantages Inconvénients Développé par
180-270°C; Déstructuration intense Coûts d'équipements et de l'énergie Iotech, Stake (SunOpta)
10-50 bar qqs min Rapide production d'inhibiteurs

Des variantes ont été développées pour augmenter les rendements et éviter la formation
d'inhibiteurs : ajout d'acide, d'ammoniaque ou de CO2. La plus prometteuse est l'explosion à la
vapeur en condition acide. L'acide permet une hydrolyse de l'hémicellulose à des conditions moins
fortes (150-200°C, 16 bar, 2,5 minutes, 0,1N d'H2SO4) qui évitent la dégradation des sucres. Ce
procédé offre est adapté avant une hydrolyse enzymatique et est utilisé à l'usine de Iogen à Ottawa.
 Les procédés chimiques
La préhydrolyse à l'acide dilué vise à déstructurer la matière lignocellulosique. Les conditions
sont variables : 100°C à + de 200°C, 0.3 à 2 % d'acide sulfurique, jusqu'à 20 minutes.
L'hémicellulose est plus ou moins hydrolysée (jusqu'à 90%) et la formation de furfural possible
mais maîtrisable. Ce prétraitement est bien adapté pour l'hydrolyse enzymatique, et peut constitué la
première étape d'une hydrolyse acide.
Conditions Avantages Inconvénients Développé par
100-150°C; Réacteurs simples Durée NREL
P 10-15 min Conditions douces Corrosion
H2SO4 dilué Production d'inhibiteurs limitée

Le prétraitement en condition alcaline (8-12% de NaOH à 80-120°C pendant 30 à 60 minutes)


est également efficace sur les résidus agricoles. Cependant, une part importante de la masse sèche
est perdue et la récupération des co-produits est assez onéreuse.
Le procédé Organosolv consiste à l'extraction de la lignine et de l'hémicellulose par des solvants
organiques (éthanol, acétone). A 150-200°C et en conditions acides, la cellulose et l'hémicellulose
sont également hydrolysées (procédé ACOS (Acid Catalyzed Organosolv Saccharification)
développé par Dr Paszner). Ce procédé est prometteur mais son développement est freiné par le coût
et les difficultés liés au solvant.
Des procédés d'oxydation notamment par l'ozone sont également développés, mais restent
onéreux.

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Biomasse et biocarburants

4- La troisième génération
4-1- Les sources
Les biocarburants de troisième génération utilisent les micro-algues. Ce sont des organismes qui
peuvent être soit les eucaryotes (présence d'un noyau) tels que les chlorophycées, soit les procaryotes
(sans de présence de noyau) ou encore les cyanobactéries. On estime de 200 000 à 1 million d'espèces
différentes de micro-algues et dont seulement 30 000 ont été analysées.
Deux types de micro-algues peuvent être utilisés pour produire des biocarburants. Il y a tout
d'abord les micro-algues qui peuvent être cultivées en milieu autotrophe, c'est à dire que pour se
développer elles ont besoin de CO2 comme source de carbone et de la lumière comme source
d'énergie. Tandis que d'autres espèces de micro-algues peuvent être cultivées en milieu hétérotrophe,
elles n'ont besoins que de carbone organique comme source de carbone et d'énergie.
Ces micro-algues, comme la plupart des micro-organismes contiennent des lipides
(principalement des triglycérides). Ces lipides (matière grasse) permettront la production de
biocarburants, mais ne sont pas, en règle générale, produits en quantité suffisante et de manière
naturelle par les micro-algues. Il est également possible d'ajouter un stress à ces micro-organismes qui
permettra alors d'augmenter cette production de lipides. En effet, une carence en azote ou une
augmentation de l'intensité lumineuse va permettre d'augmenter la production de lipides. De ce fait, la
teneur en lipides augmente considérablement jusqu'à atteindre 80% de la matière sèche. Cependant ces
stress peuvent arrêter la croissance des micro-algues et causer la diminution de la teneur en lipide par
re-consommation de celle-ci. Le tableau 7 montre le contenu maximum de lipides par les micro-
algues.
Tableau 7 : Contenu maximum de lipides pour certaines espèces de micro-algues

Micro-algue Contenu max en lipides (% poids sec)


Batryococcus braunii 29-75
Chlorella protothecoides 15-55
Cyclotella DI-35 42
Dunaliella tertiolecta 71,4
Hantzschia DI-160 66
Nannochloropsis 31-68
Neochloris aleoabundans 35-54
Nitzschia sp 45-50
Phaeodactylum tricornutum 31
Pleurochrysis carterae 32-35

L'utilisation des micro-algues présentes plusieurs avantages :


 Il n'y a pas de compétition avec les surfaces agricoles végétales ou animales ;

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Biomasse et biocarburants

 Le haut taux de développement des micro-algues (leurs récoltes peuvent se faire à


partir de 10 jours) ;
 Le rendement en biomasse à l'hectare, ainsi que la teneur en huile est supérieurs à
ceux des plantes oléagineuses ;
 Ces micro-organismes ont besoin de CO2 comme source d'énergie ou de carbone, ce
qui diminue la concentration de CO2 dans l'atmosphère ;
 Les micro-algues produisent différents types de produits annexes tels que les
protéines, les vitamines et les oligo-éléments qui sont alors valorisés dans d'autres
domaines (cosmétique, pharmacie).
4-2- Les biocarburants
Plusieurs sortes de micro-algues peuvent être utilisés, et vont, de par leurs caractéristiques,
permettent de produire différents types de biocarburants.
Les micro-algues riches en lipides pourront former, après trans-estérification, du biodiesel. Ces
micro-algues peuvent également produire de l'hydrogène par hydrogènase. Certaines micro-algues
riches en sucre pourront former du bioéthanol après fermentation.
4-3- Les procédés de conversion
a) La culture des micro-algues
La production de micro-algues se fait selon deux méthodes, en fonction du type de microalgues
utilisées.
Il existe tout d'abord le dispositif de culture ouverte. Ce sont des bassins de type «champ de
course» d'une profondeur de quelques dizaines de centimètres. Le milieu dans laquelle se développent
les micro-algues est en déplacement continu grâce à des roues à aubes. L'image 1 montre une culture
type «champ de course».

Image 1 : Culture ouverte de type "champ de course"


Les éléments nutritifs sont apportés de manière continue permettant ainsi un développement
optimal des micro-algues. La source d'énergie est apportée directement par la lumière, ce qui permet le
processus de photosynthèse, l'apport du CO2 se faisant par bullage. Cependant ce système ouvert est

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Biomasse et biocarburants

sensible à toutes contaminations soit par des espèces locales qui trouvent dans ces bassins les critères
idéals pour se développer, soit par des espèces extérieures qui se nourrissent de ces micro-algues
(daphnies, copépodes).
Pour éviter ces contaminations, la culture dans des photobioréacteurs peut être utilisée. Pour ce
type de culture (fermée) l'utilisation de micro-algues autotrophes est nécessaire car elles arrivent, à
l'aide de l'énergie lumineuse, à créer leur propre substance organique. La réaction 2 montre le principe
de la photosynthèse qui permet de produire leurs propres éléments nutritifs :

Réaction 2 : Principe de la photosynthèse


Il est donc indispensables pour la croissance des micro-algues d'utiliser des parois
transparentes qui permettent de laisser passer une intensité lumineuse suffisante, un apport en CO2 est
également nécessaire. Pour éviter une température trop élevée au sein du photobioréacteur, il suffit de
réguler celle-ci à l'aide d'un système de pompage d'eau de mer, le milieu peut ensuite être déversé dans
un étang où la phase de stress est réalisée pour augmenter le taux de lipides. L'image 2 montre un
photobioréacteur utilisé pour la croissance des micro-algues.

Image 2 : Photobioréacteur

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