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1. – INTRODUCTION
Pour le dimensionnement des poutres mixtes acier-béton sans enrobage, qui sont celles
le plus couramment utilisées dans les constructions mixtes, la partie 1.2 + DAN de
l’Eurocode 4 [1] propose des méthodes de calcul simplifiées pour vérifier la résistance
au feu. Ces méthodes concernent :
INC-CAL 1-01
2. – EXEMPLES D’APPLICATION
L = 6000 mm L = 6000 mm
q q
A B
L’exemple porte sur une poutre mixte continue dont les dimensions de section sont les
mêmes que celles utilisées dans la rubrique relative aux poutres mixtes sur deux appuis
simples [2]. Des barres d’armature de diamètre 12 mm avec un espacement de 100 mm
ont été introduites dans la dalle pour assurer la continuité au passage de l’appui central.
La longueur de cet appui est de 100 mm. Un raidisseur transversal d’épaisseur 10 mm
et de largeur 70 mm en acier S355 est soudé de chaque côté de l’âme. On se propose
d’évaluer la capacité portante de cette poutre pour une durée de résistance au feu de
30 minutes. La connexion de la poutre est supposée complète.
Échauffement de la poutre
L’échauffement de cette poutre a déjà été traité dans [2] ; pour mémoire, on a :
● θf 1 = 816 °C ⇒ fay,θf1 = ka, θ(θf 1)fay, 20°C = 0,102 × 355 = 36,21 MPa
● θw = 816 °C ⇒ fay,θw = ka, θ(θw)fay, 20°C = 0,102 × 355 = 36,21 MPa
● θf 2 = 743 °C ⇒ fay,θf2 = ka, θ(θf 2)fay, 20°C = 0,1784 × 355 = 63,33 MPa
La température des barres d’armature est inférieure à 400 °C, donc leur résistance n’est
pas à réduire.
Pour les sections sous flexion positive, le profilé en acier est entièrement en traction
(voir 3.1 de la rubrique [2]).
En ce qui concerne les sections sous flexion négative, il convient de savoir si l’âme et la
semelle inférieure sont en compression ; pour cela, il suffit de vérifier que :
bf1tf1fay,θf1 / γM, fi, a + hwtwfay,θw / γM, fi, a bf2tf2fay,θf2 / γM, fi, a + Asfsy, θs / γM, fi, s
en entendu que l’on adopte ici : γM, fi, a = γM, fi, s = 1,0.
INC-CAL 1-01
En introduisant les valeurs numériques dans cette relation, la partie gauche est égale à
129,7 kN alors que la partie droite est égale à 150 * 10,7 * 63,33 + 8 * 122 * π/4 * 500 554,0 kN.
La relation est donc satisfaite. En appliquant les critères donnés au paragraphe 2.1 de [3],
on obtient facilement les valeurs efficaces regroupées dans le tableau qui suit.
b f 1 = 150 mm η = 1,0
30 t f 1ε θ = 195,9 mm b f 1 d t w = 248,6 7,1 = 35,0
22t f 1ε θ = 143,6 mm 520εθ 520 × 0,610
( eff )
16η – 3
b f1 = 143,6 mm
Hauteur efficace = 0 mm, donc
l’âme doit être négligée dans le
calcul de M fi–,R
Le moment résistant sous flexion positive M+fi, Rd est identique à celui calculé dans [2] ; il
est égal à 55,21 kNm avec une largeur efficace b +eff = 6 000 * 0,8 / 4 = 1 200 mm.
Quant au moment résistant sous flexion négative M–fi, Rd, on a, selon le paragraphe 2.3 :
AS(red) = (bf 1tf 1fay,θf 1 / γM, fi, a + bf 2tf 2fay,θf 2 / γM, fi, a)/(fsy,θs / γM, fi, S)
= (150 * 10,7 * 36,21 / 1,0 + 150 * 10,7 * 63,33 / 1,0)(500 / 1,0) 326,8 mm2
Cette aire de section d’armature est inférieure à celle de 10 barres d’armature présen-
–
tées à l’intérieur de la largeur efficace b eff = 0,25 * (6 000 + 6 000) / 4 = 750 mm, ce qui
signifie que l’axe neutre doit être placé à l’interface acier-béton. D’où,
Rd = bf 1tf 1fay,θf 1(ha + hc – tf 1/2 – cs) / γM, fi, a + bf 2tf 2fay,θf 2(tf2 /2 + hc – cs) / γM, fi, a
–
M fi,
La capacité portante de la poutre peut être calculée selon le paragraphe 2.4 de [3], on a
ainsi :
β = (
1 + m – 1) / m = (
1 + 0,577 – 1) / 0,577 0,443
On rappelle que pour la poutre sur deux appuis simples avec une portée de 6 mètres, la
capacité portante était de 12,31 kN/m. La continuité se traduit donc par une augmen-
tation de plus 25 % de la capacité portante, toutes choses égales par ailleurs.
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Lorsque la connexion est complète, il n’y pas lieu de réévaluer le moment résistant
M +fi, Rd(red), ni la capacité portante de la poutre. En fait, on est assuré qu’une poutre mixte
non protégée en connexion complète reste automatiquement en connexion complète
en situation d’incendie du fait que les connecteurs sont nettement moins échauffés que
le profilé en acier.
Par ailleurs, la réaction à l’appui central pour cette capacité portante a la valeur suivante :
Afin que la poutre se ruine bien en flexion, il faut assurer que les ruines locales ne se
produisent pas avant la formation du mécanisme plastique de flexion. Il est donc néces-
saire de vérifier la résistance locale de la poutre.
15εθtw= 15εθtw=
66,3 mm 66,3 mm
tr=10 mm tr=10 mm
70 mm
Ame tw=7,1 mm
Raidisseur 70 mm
s=100 mm
Ara = 66,3*2*7,1+(70*2+7,1)*10=2412,6 mm2
Ncr = π2EI / (hr)2 = π2 * 210 000 * 2,656 × 106 / 3002 = 6,12 × 104 kN
= [100 + 5 * (10,7 + 15)] * 7,1 * 36,21 / 1,0 + 70 * 2 * 10 * 36,21 / 1,0 = 109,4 kN.
INC-CAL 1-01
disseur afin d’éviter une ruine locale au droit de l’appui central. L’épaisseur tr du raidis-
seur doit satisfaire :
Cet exemple concerne une poutre mixte à deux travées de portée 12,5 m chacune. La
dalle béton est une dalle mixte avec tôle mince profilée dont l’épaisseur totale est de
140 mm pour une hauteur d’onde de 59 mm.
L = 12500 mm L = 12500 mm
q q
A B
La durée de stabilité au feu demandée pour cette poutre est de 60 minutes. Afin d’assurer
cette stabilité, le profilé en acier IPEA500 est protégé sur son contour par un matériau de
protection d’épaisseur 20 mm, et les vides entre la tôle mince profilée et la semelle supé-
rieure du profilé métallique sont obstrués par le même matériau de protection.
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Échauffement de la poutre
L’échauffement de cette poutre a été également traité dans [2]. Au bout de 60 minutes
de feu, les températures calculées sont :
● θf 1 = 655 °C ⇒ fay,θf1 = ka, θ(θf 1)fay, 20°C = 0,338 × 355 = 119,99 MPa
● θw = 655 °C ⇒ fay,θw = ka, θ(θw)fay, 20°C = 0,338 × 355 = 119,99 MPa
● θf 2 = 497 °C ⇒ fay,θf2 = ka, θ(θf 2)fay, 20°C = 0,7866 × 355 = 279,24 MPa
6 Pour les sections en flexion positive, le profilé en acier est entièrement en traction
(voir 3.1 de la rubrique [2]).
Pour les sections en flexion négative, l’âme et la semelle inférieure sont en compres-
sion, lorsque :
bf1tf1fay, θf1 / γM, fi, a + hw tw fay,θw / γM, fi, a bf2tf2fay, θf2 / γM, fi, a + As fsy,θs / γM, fi, S
Numériquement, la partie gauche est égale à 863,6 kN et la partie droite à 1469,4 kN.
Donc la relation est satisfaite. Dans ce cas, la semelle inférieure et l’âme sont toutes les
deux en compression. En appliquant les critères donnés dans les tableaux 1 et 2 de [3],
on obtient les résultats portés au tableau ci-après :
b f 1 = 200 mm η = 1,0
30 t f 1ε θ = 271,4 mm b f 1 d t w = 426 8,4 = 50,7
22t f 1ε θ = 199,0 mm 520 ε θ 520 × 0,624
f1 f1
= = 25,0
donc b f1 22t f1ε θ 16η – 3 13
B-B 655 0,624 f1 655 0,624
520ε θ
b f1
( eff )
= 199,0 mm donc d t w f1
16η – 3
Hauteur efficace = 0 mm, donc
l’âme doit être négligée dans le
calcul de M fi,R
Quant au moment résistant sous flexion négative M –fi, Rd , on a selon le paragraphe 2.3 de
[3] :
AS(red) = (bf 1tf 1fay, θf 1 / γM, fi, a + bf 2tf 2fay,θf 2 / γM, fi, a)/(fsy,θs / γM, fi, S)
= (199 * 14,5 * 119,99 / 1,0 + 200 * 14,5 * 279,24 / 1,0) / (500 / 1,0) 2 312,2 mm2
Cette aire de section est supérieure à celle des 14 barres d’armature réparties sur la lar-
–
geur efficace b eff = 0,25 * (12 500 + 12 500) / 4 = 1 563 mm et valant 2 155,1 mm2, ce qui
signifie que l’axe neutre se trouve dans la semelle supérieure et que l’on peut adopter
INC-CAL 1-01
–
dans le calcul de M fi, Rd la pleine section efficace AS des armatures. Ainsi, on obtient
pour épaisseur de la zone comprimée de la semelle supérieure :
tf2, u = [(bf1tf1fay, θf1 / γM, fi, a + bf2tf2fay, θf2 / γM, fi, a) – Asfsy, θs / γM, fi, s ] / (2bf2fay, θf2 / γM, fi, a)
D’où :
Rd = bf1tf1fay, θf1(ha + hc – tf1 / 2 – cs) / γM, fi, a + bf2tf2fay, θf 2(tf2 / 2 + hc – cs) / γM, fi, a
–
M fi,
– [(bf1tf1fay, θf1 + bf2tf2fay, θf 2) / γM, fi, a – ASfsy, θs / γM, fi, s] × hc – cs + tf2, u / 2) / γM, fi, a
7
= 199,0 * 14,5 * 119,99 * (497 + 140 – 14,5 / 2 – 25) / 1,0
La capacité portante de la poutre peut être calculée selon le paragraphe 2.4 de [3], on a
ainsi :
β = (
1 + m – 1)/m = (
1 + 0,600 – 1) / 0,600 0,441
À température normale, cette poutre est en connexion partielle ; il est donc nécessaire
de contrôler la connexion sous condition d’incendie à 60 minutes pour une éventuelle
correction de la valeur M +fi, Rd (pour mémoire calculée en connexion complète). Pour
cela, conformément au paragraphe 2.5 de [3], on vérifie d’abord entre l’appui de l’extré-
mité et la section S1 se trouvant à 0,441 * 12 500 = 5 518 mm de cet appui si :
hub +eff fc, 20°C / γM, fi, c N1Pfi, Rd ⇒ 28,2 * 2 500 * 119,99 = 1 629,5 kN 28 * 72,9 = 2 041,2 kN ;
hub +eff fc, 20°C / γM, fi, c N2Pfi, Rd – ASfsy, θs / γM, fi, S
⇒ 28,2 * 2 500 * 30,0 / 1,3 = 1 626,9 kN 35 * 72,9 – 2 155,1 * 500 / 1,0 = 1 473,9 kN.
L’inégalité n’est donc pas satisfaite, ce qui signifie que le tronçon critique entre S1 et S2
est effectivement en connexion partielle.
INC-CAL 1-01
La force de traction dans le profilé, qui est aussi la force de compression de la dalle en
béton pour la section S1, a pour valeur :
N2 Pfi, Rd – AS fsy, θs / γM, fi, S = 35 * 72,9 – 2 155,1 * 500 / 1,0 = 1 473,9 kN.
hu(red) = (N2 Pfi, Rd – AS fsy, θs / γM, fi, S)(b +eff fc, θc / γM, fi, c) = 1 473,9 / (2 500 * 30 / 1,3) 25,5 mm.
M +fi,Rd(red) = bf1tf1fay,θf1(ha + hc – tf1 /2 – hu(red) /2)/γM, fi,a + hwtwfay,θw (ha /2 + hc – hu(red) /2)/γM,fi,a
+ bf2tf2fay,θf2 (tf2 / 2 + hc – hu(red) / 2) / γM, fi, a – 2bf2tf2,ufay,θf2(hc – hu(red) / 2 + tf2, u / 2) / γM, fi, a
Avec ce moment résistant M +fi, Rd(red) calculé, on peut recalculer la capacité portante
exacte de la poutre. On obtient :
β = (
1 + m – 1)/m = (
1 + 0,622 – 1) / 0,622 0,440
INC-CAL 1-01
15εθtw= 15εθtw=
78,6 mm 78,6 mm
tr=12 mm tr=12 mm
90 mm
Ame tw=8,4 mm
Raidisseur 90 mm
Nfi, Rd = Ara * fay, θ / γM, fi, s = 3581,6 * 119,99 / 1,0 = 429,8 kN.
= [150 + 5 * (14,5 + 21) ] * 8,4 * 119,99 / 1,0 + 90 * 2 * 12 * 119,99 / 1,0 = 589,3 kN.
Pour la poutre, il n’y a donc pas de risque de ruine locale puisque les résistances locales
à l’appui central sont toutes supérieures à la réaction au droit de cet appui.
valeur qui est nettement supérieure à l’effort tranchant exercé 256,2 / 2 = 128,1 kN
lorsque le mécanisme plastique en flexion de la poutre se produit.
3. – RÉFÉRENCES
[1] « Eurocode 4 – partie 1.2 : Comportement au feu des structures mixtes (acier +
béton) » et Document d’Application Nationale – XP ENV 1994-1-2 ; Indice de classe-
ment AFNOR P22-392, 1997.
[2] Zhao B. et Kruppa J. – « Évaluation de la résistance au feu des poutres mixtes non-
enrobées sur deux appuis simples » Revue Construction Métallique n° 3, 1999.