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Synthèse

La croissance folliculaire
dans l’ovaire humain

Alain Gougeon hez la femme, la folliculogenèse débute représente entre 91 et 98 % de la population
Directeur de recherche lorsque des follicules de la réserve entrent folliculaire totale. Leur nombre diminue avec
INSERM en croissance ; elle se termine avec l’ovu- l’âge, à une vitesse, probablement variable d’un
INSERM U-1052 et
lation d’un seul follicule par cycle. Ce proces- individu à l’autre, qui s’accélère progressive-
ANIPATH, Faculté sus peut être divisé en 4 étapes principales : ment, notamment après 38 ans [3]. Lorsque la
de Médecine Laënnec, – activation des follicules au repos, ménopause survient, la réserve ovarienne ne
7, rue Guillaume Paradin, – début de la croissance folliculaire, contient plus que quelques centaines de folli-
69372 Lyon cedex 08, – sélection du futur follicule ovulatoire parmi cules.
Tél. 04 78 77 10 51,
E-mail : alain.gougeon@
une population de follicules sélectionnables
inserm.fr (≥ 2mm) et, Déplétion de la réserve par apoptose
– maturation du follicule préovulatoire. Tandis
Mots-clés : que les aspects morphologiques et dynamiques Chez la femme, l’apoptose, difficile à détec-
follicule ovarien,
de la croissance folliculaire humaine n’ont pas ter en raison de la disparition extrêmement
granulosa,
thèque interne, changé de façon substantielle au cours des rapide de l’ovocyte (Figure 1E), est respon-
facteurs de croissance, dernières années [1], des avancées significa- sable de l’épuisement de la réserve ovarienne
gonadotrophines, tives dans la connaissance des facteurs régulant surtout avant l‘âge de 30 ans [3]. La survie
stéroïdogenèse. la fonction ovarienne ont été réalisées grâce ou l’apoptose d’un follicule résulte d’une
à différentes techniques telles que la culture balance entre l’action de facteurs de survie
in vitro, l’utilisation de souris trangéniques, la (anti-apoptotiques) et de facteurs pro-apop-
génomique et la protéomique ainsi que l’ana- totiques. Les modèles de souris déficientes
lyse phénotypique de patientes porteuses de ou surexprimant bcl-2 et bax [4] montrent
mutations spontanées affectant la fertilité. que ces facteurs jouent, respectivement, un
L’une des avancées les plus spectaculaires réali- rôle clé dans la survie et l’atrésie des follicules
sées ces dernières années concerne le rôle joué ovariens. Toutefois en raison du grand nombre
par l’ovocyte qui agit comme une « horloge de de protéines impliquées dans l’apoptose, ces
la folliculogenèse » [2] en agissant sur l’acti- facteurs ne sont sans doute pas les seuls respon-
vation des follicules au repos, en accélérant la sables de l’appauvrissement de la réserve chez
croissance du follicule et en favorisant la matu- la jeune femelle dans des conditions physiolo-
ration terminale. Cette revue a pour objet de giques normales. De nouvelles investigations
rappeler les changements morphologiques et sont donc nécessaires.
fonctionnels affectant les follicules aux diffé-
rents stades de leur développement ainsi que Epuisement de la réserve
les régulations mises en œuvre. par activation des follicules
au repos
Initiation de la croissance
folliculaire Chez la femme, les follicules entrent en
croissance de façon continue depuis la vie
La réserve ovarienne fœtale jusqu’à la ménopause. La chronologie
précise des évènements conduisant à l’activa-
Les follicules au repos (Figures 1A, B, C) tion des follicules au repos n’est pas établie,
constituent la réserve ovarienne. Leur effec- mais il a été montré que cette activation n’est
tif, 250 000 à 500 000 par ovaire à la naissance, pas dépendante des gonadotrophines.

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En revanche, de nombreuses molé-
cules sont impliquées dans l’activa-
tion des follicules ou leur maintien au
repos. La liaison du ligand (Figure 2) à
son récepteur à domaine tyrosine kinase
active la voie PI3K et conduit à l’entrée
en croissance des follicules au repos.
Cette voie est régulée par des molécules
inhibitrices (Figure 2) dont la délétion
conduit à l’épuisement prématuré de la
réserve ovarienne lors de la stimulation
[5]. Certains facteurs locaux appartenant
à la famille du TGF-ß stimulent l’activa-
tion des follicules au repos, tandis que
l’AMH, issu des follicules en croissance,
la bloque, indirectement, en inhibant
des molécules activant la voie PI3K [6]
(Figure 2). La production d’AMH, peut
être stimulée par FOXO3 et FOXl2, ce
dernier permet la transformation des
CGs aplaties en CGs cuboïdales [7].
Chez la femme, une mutation de FoxL2
conduit à une insuffisance ovarienne
prématurée chez les patientes souffrant
d’un syndrome de BPES [8]. Avec l’AMH,
la SST, qui est un puissant inhibiteur de
la production d’AMPc dans la plupart
des cellules épithéliales, inhibe partiel-
lement l’activation des follicules de la
réserve dans l’ovaire de souris in vitro [9].

La croissance folliculaire
entre l’initiation et le petit
follicule antral (2 mm) :
la croissance folliculaire
basale

Aspects morphologiques

Chez la femme, le premier stade de la


croissance est le grand follicule primaire
(Figure 1D), dont les CGs possèdent
des FSHR. Dans le follicule secondaire
(Figure 1F), la thèque se vascularise et
quand elle se différencie en 2 parties,
la thèque externe et la thèque interne,
Figure 1. Follicules présents dans l’ovaire humain.
A à C : La réserve ovarienne (barre = 18 µm). A : follicule primordial, les CGs sont aplaties. B : follicule inter- qui contient des cellules stéroïdogènes
médiaire ou transitoire, mélange de CGs aplaties et cuboïdales. C: petit follicule primaire, une couche de CGs (Figure 1H), le follicule est appelé préan-
cuboïdales autour d’un petit ovocyte. tral (Figure 1G). Le follicule préantral
D à M : follicules en croissance. D: grand follicule primaire, une couche de CGs cuboïdales autour
d’un grand ovocyte (barre = 20 µm). E: follicule primaire atrétique (en haut à droite) dans lequel
constitue la première classe de folli-
l’ovocyte a disparu; un follicule primordial normal (à gauche) est présent (barre : 30 µm). F: folli- cules en croissance dans une classifi-
cule secondaire présentant 2 couches de CGs (barre = 40 µm). G : follicule préantral (classe 1) (barre = cation reposant sur l’aspect morpho-
75 µm). H: cellule épithélioïde (flèche) dans la thèque interne d’un follicule préantral (barre =18 µm). I: folli- logique et le nombre de CGs. Dans le
cule à antrum débutant (classe 2) (barre = 100 µm). J : petit follicule à antrum (classe 2) (barre = 90 µm). K : petit
follicule à antrum (classe 3), des follicules de la réserve sont présents à droite (barre = 160 µm). L : follicule à follicule à antrum, cavité remplie de
antrum (classe 4) (barre = 300 µm). M : follicule sélectionnable (classe 5) (barre = 530 µm). liquide folliculaire dont la composition

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Synthèse

est proche de celle du plasma sanguin, Voie P13K via les RPTK
les CGs entourant l’ovocyte constituent (c-kit, TrkB, GFR1α, IGFR, NGFR)
Molécules diverses
le cumulus oophorus (Figure 1, I à M).
Par accumulation de liquide folliculaire Famille du TGFβ
et par prolifération des CGs et cellules
de la TI, le follicule se développe à une KL, FGF2, KGF –
vitesse de plus en plus grande. Lorsque PTEN, PGGF,
Tsc1 &2 BDNF, NT4, BMP4, 7, SDF1
son diamètre atteint 2 mm, le folli-
FOXO3 GDNF, NGF, BMP15 E2, P4 Androgènes
cule est appelé follicule sélectionnable p27 Insuline... LIF
(Figure 1M). Chez la femme, le temps AMH GDF9 SST
nécessaire à un follicule en début de – + – + – +
croissance pour atteindre la taille de 2
mm est d’environ 5,5 mois (Figure 3).
Cette chronologie a été validée récem- Activation
ment puisque un follicule préovula-
toire a été observé 5 mois après auto
transplantation de fragments de cortex
ovarien congelés chez une patiente souf-
frant d’un arrêt prématuré de la fonction
ovarienne suite à une chimiothérapie
pour lymphome de Hodgkin [10]. Follicule au repos
Follicule en croissance
La croissance de l’ovocyte
Figure 2. Activation des follicules au repos.
En se liant à leur récepteur à domaine tyrosine kinase (RPTK) (en bleu), des facteurs locaux (PDGF, FGF2, KGF)
C’est au début du développement stimulent la production de KL, qui en se liant à c-kit, active la voie PI3K et conduit à l’entrée en croissance des
folliculaire que l’ovocyte croît le plus follicules au repos. Des neurotrophines (NT4, GDNF, NGF) et l’insuline agissent directement sur le follicule au
vite. Son diamètre passe d’environ repos en se liant à leur récepteur (TrkB, GFR1a, IGFR, NGFR ) et activent la voie PI3K. Cette dernière est régu-
40 µm dans le grand follicule primaire lée négativement par des facteurs de transcription (p27, FOXO3), des protéines (Tsc1 & 2) ou une phospha-
à environ 100 µm dans le follicule à tase (PTEN). Certains membres de la famille du TGF-ß (BMP4 et 7), en provenance de divers compartiments
antrum débutant. Après, sa croissance ovariens stimulent, in vivo, l’activation des follicules au repos, tandis que d’autres (BMP15, GDF9) la stimu-
lent in vitro. L’AMH qui maintient des follicules au repos, agit en réprimant la production de molécules (KL,
sera beaucoup plus lente puisqu’il
c-kit, FGF2, KGF) activant la voie PI3K. Tandis que le rôle stimulant des androgènes et du LIF pour provoquer
atteindra environ 140 µm dans le folli- l’activation des follicules de la réserve, et que celui de la SST et de SDF1 pour l’inhiber sont bien établis, l’ef-
cule ovulatoire. La croissance normale fet inhibiteur de l’E2 et de la P4 doivent être confirmés.
de l’ovocyte nécessite un équilibre entre
l’action stimulante du KL en provenance
des CGs et celle, inhibitrice, du GDF9, en bien moins grandes quantités. Cette se dérouler au moins jusqu’au stade
produit par l’ovocyte [11]. production d’androgènes, en réponse à sélectionnable (≥ 2mm) [1]. Toutefois,
LH, résulte de l’activité d’enzymes telles d’un point de vue quantitatif et qualita-
Différenciation et prolifération que la P450scc et la P45017a/lyase ; elle est tif elle est de moins bonne qualité que
des cellules de la thèque faible pendant la croissance folliculaire lorsque FSH est présente. Chez le singe,
interne basale. les androgènes stimulent le début de la
croissance folliculaire en se liant à leurs
C’est lorsque des cellules stéroïdo- Prolifération et différenciation récepteurs présents dans les CGs. Leur
gènes apparaissent dans la thèque, que des CGs effet pourrait passer par le KL, la BMP15,
la distinction entre thèque externe, le GDF9 et l’HGF [12], qui, avec d’autres
principalement constituée de cellules La FSH est le stimulant primaire de facteurs locaux (Figure 3) stimulent, in
du stroma et de fibroblastes, et thèque la croissance folliculaire. Pourtant, en vitro, la prolifération des CGs en absence
interne, renfermant les cellules produi- dépit de la présence des FSHR sur les de FSH. Ainsi, bien qu’en absence de
sant les androgènes, peut être faite. La CGs, les follicules d’un diamètre infé- FSH, la folliculogenèse puisse débuter
différenciation des cellules de la thèque rieur à 2 mm sont insensibles aux varia- en raison de l’action de facteurs locaux,
interne est sous le contrôle de facteurs tions cycliques des taux de FSH. De plus, elle ne peut être complète et conduire
locaux et/ou circulants (Figure 3). Chez en absence (souris déficientes en FSH ou à l’ovulation que lorsque ces facteurs
la femme, ces cellules possèdent des LHR FSHR, mutations invalidantes de FSHß locaux agissent en synergie avec FSH.
et synthétisent de l’androstènedione qui ou des FSHR chez la femme) ou quasi L’AMH inhibe la prolifération des
est le principal stéroïde aromatisable, absence de FSH (hypogonadisme, hypo- CGs induite par FSH, en synergie avec
tandis que la testostérone est produite physectomie), la folliculogenèse peut d’autres facteurs locaux (Figure 3) [13].

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Antrum-classe 3 Les follicules sélectionnables
0,5 - 0,9 mm et la sélection du follicule ovulatoire

Les follicules d’une taille supérieure


à 2 mm, appelés follicules sélection-
20 jours nables, sont présents à tous les stades
IGFBPs 15 jours
du cycle [1]. En fin de phase lutéale, leur
nombre est compris entre 3 et 11 par
Antrum-classe 4
ovaire chez des femmes âgées de 24 à
Stéroïdogenèse – 1-2 mm
33 ans. Ils sont très sensibles aux varia-
– Prolifération tions gonadotropes cycliques puisque
25 jours des CGs et TI leur qualité et leur vitesse de croissance
augmentent en réponse au pic intercycle
+ de FSH (fin de phase lutéale et début de
+ EGF EGF, TGFα, FGF2,
phase folliculaire) se produisant lors de
Thèque KL la régression fonctionnelle du CJ. La
interne KGF, HGF, KL,
GDF9 GDF9, BMP15, stimulation ovarienne illustre parfai-
IGF-1 TGF , Activine A, – 10 jours tement leur réceptivité à FSH élevée
Préantral - classe 1 androgènes AMH puisque après injection d’hMG ou de
0,15 - 0,2 mm FSH le nombre de follicules ponction-
~ 90 jours Classe 5
nés (en FIV) est proche du nombre de
Secondaire Sélectionnable 2-5 ans follicules sélectionnables observés en fin
0,06 - 0,15 mm de phase lutéale. Chez toutes les espèces,
ils se développent très vite, leurs besoins
métaboliques sont donc élevés, ce qui
GDF9 conduit à l’accumulation de radicaux
libres nécessitant l’action d’enzymes
– de détoxification [17]. Comme dans
+ les follicules plus petits, l’aromatase est
KL Croissance ovocytaire inhibée, et la concentration intrafolli-
culaire d’E2 est très faible, comparée à
celle des androgènes (Tableau 1). Cette
Figure 3. Facteurs impliqués dans la régulation de la croissance folliculaire basale. dernière résulte d’une balance entre l’ac-
Les différents types de follicules constitutifs de la croissance folliculaire basale, ainsi que leurs limites tion d’une concentration élevée d’ac-
de taille et leur classification sont mentionnés dans cette figure. Les temps de passage des follicules dans tivine qui diminue la production des
chaque classe montrent qu’environ 90 jours sont nécessaires pour qu’un grand follicule primaire atteigne le androgènes thécaux, et l’élévation du
stade préantral et que 70 jours seront nécessaires à ce dernier pour qu’il atteigne une taille d’environ 2 mm. nombre de LHR et de la pulsatilité de
Au début de la croissance basale, l’ovocyte se développe rapidement sous le contrôle du KL, lui même régulé
LH pendant le début de la phase folli-
négativement par GDF9, puis la thèque interne se différencie en réponse à l’action de facteurs locaux (KL,
EGF, GDF9) ou circulants (IGF-I). Pendant la croissance basale, la différenciation des CGs (et notamment la culaire [1]. Ainsi, lorsque le follicule
stéroïdogenèse) est inhibée par des facteurs locaux (en rouge), tandis que leur prolifération est stimulée par devient sélectionnable, ses GCs devien-
ces mêmes molécules et d’autres facteurs agissant de façon locale. L’AMH inhibe la prolifération des CGs en nent sensibles à FSH en termes de proli-
réprimant la synthèse de molécules stimulatrices (en italiques gras). En se liant à l’IGF-II, les IGFBPs régu- fération, mais pas en termes de produc-
lent négativement la stéroïdogenèse et la prolifération des CGs. tion d’oestrogènes.
C’est parmi ces follicules sélection-
nables que le futur follicule ovulatoire
Produit en abondance par les petits folli- laire, les CGs ne possèdent ni enzymes sera sélectionné, en fin de phase lutéale
cules [14], elle est sans doute respon- de la stéroïdogenèse, ni LHR , elles sont chez les femmes les plus âgées, en début
sable de leur faible vitesse de crois- indifférenciées. Ce sont les facteurs, qui de cycle chez les plus jeunes [18]. C’est
sance [1]. Lorsque la taille du follicule par ailleurs stimulent leur prolifération, alors le plus grand follicule, il se déve-
augmente, la production d’AMH dimi- qui répriment l’expression des protéines loppe plus rapidement que les autres, et
nue et entraîne l’augmentation de cette caractérisant l’état différencié des CGs contrairement aux follicules sélection-
vitesse, un effet sans doute amplifié par (Figure 3) En outre, la concentration nables, il synthétise de l’E2 (Tableau 1).
l’augmentation de la production d’an- élevée d’IGFBPs dans les petits follicules Le rôle du système IGF dans le proces-
drogènes par la thèque interne pendant [16] diminue la biodisponibilité des IGFs sus de sélection apparaît de plus en plus
le développement du follicule [15]. qui stimulent la prolifération et la diffé- clair [16]. L’IGFBP4, qui neutralise l’ac-
Au début de la croissance follicu- renciation des CGs. tivité biologique de l’IGF-II, la princi-

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Synthèse

Tableau 1. Evolution des concentrations (ng/mL) (± SEM) de stéroïdes présents StAR). En outre, les CGs, comme celles
dans le liquide folliculaire depuis le stade follicule sélectionnable jusqu’au stade du cumulus, se dissocient les unes des
du follicule préovulatoire après la décharge ovulante.
autres. Cette dissociation est induite
Follicule type E2 A + T +DHT 17a-OHP P4 Total par des molécules apparentées à l’EGF,
Atrétique (1-5 mm) 20 ± 5 794 ± 90 – 73 ± 13 887 produites en réponse à LH [25], mais
aussi par la Prostaglandine E [26], le
Sélectionnable 15 ± 5 638 ± 113 – 130 ± 45 783
GDF9 et la BMP15 [27]. L’activation des
Sélectionné 658 ± 38 487 ± 128 713 ± 318 417 ± 120 2275 récepteurs de la P4 apparus dans les CGs
Préovulatoire 1 1270 ± 161 542 ± 176 460 ± 112 440 ± 74 2712 entraîne un arrêt de leur prolifération.
Enfin, après la décharge ovulante,
Préovulatoire 2 2396 ± 348 203 ± 37 1002 ± 212 1228 ± 228 4829
l’ovocyte reprend sa méiose et est ovulé
Préovulatoire 3 2583 ± 228 287 ± 44 1812 ± 142 2464 ± 226 6146 au stade métaphase II.
Préovulatoire 4 1109 ± 142 79 ± 21 2034 ± 326 7773 ± 643 10995
Follicule préovulatoire, 1 : en mi-phase folliculaire quand les niveaux plasmatiques d’E2 s’élèvent ; Conclusion
2 : au moment du pic d’E2 ; 3 : entre le pic d’E2 et la décharge de LH ; 4 : après la décharge de LH.
Abréviations : E2 : oestradiol-17ß, A : androstènedione, T : testostérone, DHT : dihydro-testostérone, Il n’y a aucun doute que notre
17a-OHP : 17a-hydroxy progestérone, P4 : progestérone ;
connaissance de la folliculogenèse
ovarienne a considérablement progressé
pale IGF produite par les GCs préovu- possèdent moins de grands follicules au cours de ces dernières années. Tandis
latoires humaines, est dégradée par une antraux que les souris sauvages [21]. que le rôle de FSH et de LH comme
protéase, la PAPP-A, stimulée par le pic L’activité stéroïdogène devient stimulants primaires de ce processus
de FSH intercycle. FSH stimule donc, considérable. D’un coté, une produc- reste incontestable, le rôle joué par les
indirectement, son propre effet sur la tion croissante d’inhibine A stimule facteurs locaux est devenu de plus en
prolifération des CGs et leur stéroïdo- fortement la synthèse des androgènes plus documenté au cours de la dernière
genèse via l’action de l’ IGF-II. Ainsi, thécaux qui seront aromatisés en E2 par décade. Les CGs et la thèque interne,
le follicule sélectionnable possédant le les CGs des follicules > 10 mm où l’ex- mais aussi, et de façon plus surpre-
seuil de réponse à FSH le plus bas sera le pression de l’aromatase est stimulée par nante, l’ovocyte, produisent des molé-
premier à bénéficier de l’action de l’IGF- l’IGF-II et le NGF [22]. Avant la décharge cules qui influencent, de façon positive
II qu’il synthétise, sa vitesse de crois- ovulante, les CGs produisent de l’E2, ou négative, l’action des gonadotro-
sance s’accélérera et sa production d’E2 tandis que la thèque interne produit des phines. A cet égard, il est fascinant de
deviendra significative. Etant le premier androgènes et des progestines, après, les constater que nombre de fonctions folli-
à posséder des LHR sur ses GCs, il pourra CGs et la thèque synthétisent surtout culaires sont contrôlées par une balance
continuer à grossir et entamer sa matu- des progestines (Tableau 1). Le passage entre des facteurs inhibiteurs et stimu-
ration préovulatoire en dépit de la chute des stéroïdes dans la circulation géné- lants, parfois redondants. Toutefois,
de FSH, consécutive à l’augmentation de rale est favorisé par une vascularisation en dépit d’une meilleure connaissance
l’E2 et de l’inhibine A circulants. Le rôle intense induite par le VEGF produit de la folliculogenèse chez les rongeurs,
majeur joué par l’IGF et la PAPP-A dans par les CGs en réponse à LH [23]. de nombreux processus restent mal
la sélection a été confirmé par une forte L’apparition des LHR sur les CGs permet connus chez la femme, principalement
altération de la fertilité chez des souris à ces dernières de répondre à LH et à cause de l’impossibilité d’expérimen-
déficientes en IGF-I [19] et en PAPP-A compense la chute de FSH. Ainsi quand ter. Comprendre les causes de l’épuise-
[20]. LH est administrée avec de la rFSH, la ment de la réserve ovarienne par apop-
croissance folliculaire est accélérée, les tose ou par activation des follicules au
Maturation du follicule doses de FSH requises sont moindres et repos, ou bien élucider les mécanismes
préovulatoire le développement des petits follicules est moléculaires impliqués dans l’acquisi-
bloqué [24]. tion par les CGs de leur capacité maxi-
Pendant la phase folliculaire, le folli- Après la décharge ovulante, le folli- male à répondre à FSH, constituent,
cule préovulatoire se développe très rapi- cule préovulatoire est l’objet de trans- parmi d’autres, des challenges passion-
dement puisqu’ il passe de 6,9 ± 0,5 mm formations morphologiques et méta- nants pour améliorer la fertilité fémi-
à 18,8 ± 0,5 mm au moment de l’ovula- boliques profondes. La lame basale nine dans les années à venir. Ainsi, en
tion, ses CGs subissant d’importantes se rompt, permettant aux capillaires traitant in vitro des ovaires de souri-
transformations morphologiques dues sanguins d’envahir la granulosa et de ceaux nouveau-nés par un inhibiteur
à des modifications de l’organisation fournir aux CGs le cholestérol néces- de PTEN et un peptide stimulant la voie
du cytosquelette. Siège d’un métabo- saire à la synthèse des progestines. Cette PI3K, l’équipe de Hsueh [28] a activé
lisme intense il doit être protégé contre dernière est rendue possible par l’ex- les follicules au repos présents dans ces
les radicaux libres. Ainsi, les souris défi- pression d’enzymes de la stéroïdoge- ovaires. Transplantés sous la capsule
cientes en superoxyde dismutase 1, nèse (3ßHSD, P450scc , adrénodoxine et rénale de souris castrées et traitées par

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FSH, les follicules ont ovulé et fourni des Abréviations utilisées
ovocytes dont la fécondation a permis
l’obtention de petits viables. Appliquée à AMH : hormone anti-müllerienne LIF : leukemia inhibiting factor
des fragments de cortex ovarien humain, AMPc : 3’-5’ adenosine monophosphate NGF : nerve growth factor
cyclique NT4 : neurotrophin 4
cette technique a permis après trans-
BMP : bone morphogenetic protein P4 : progestérone
plantation dans des souris immunodé- BPES : blepharophimosis-ptosis P450scc : enzyme de clivage de la chaîne
ficientes, l’obtention d’ovocytes mûrs. epicanthus inversus latérale du cholestérol
Ainsi, pour la première fois une équipe CJ : corps jaune P45017a/lyase : 17a-hydroxylase/lyase
est parvenue à obtenir des ovocytes E2 : œstradiol-17ß PAPP-A : pregnancy-associated plasma
fécondables à partir de follicules primor- EGF : epidermal growth factor protein-A
diaux chez la femme, démontrant ainsi FGF2 : basic fibroblast growth factor PDGF : platelet derived growth factor
FIV : Fécondation in vitro PI3K : phosphatidylinositol 3 kinase
l’apport de la recherche fondamentale FOXL2 : Forkhead box L2 PTEN : Phosphatase and Tensin
chez les rongeurs à la clinique humaine. FOXO3 : Forkhead box O3 homolog 1
FSHR : récepteur de la FSH RPTK : récepteur à domaine tyrosine
Références CG : cellules de la granulosa kinase
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Médecine Clinique endocrinologie & diabète • n° 52, Mai-Juin 2011 21

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