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Les principaux mouvements littéraires

Le XVIeme siècle : 1/ L’Humanime

Mouvement intellectuel et artistique européen né en Italie qui met l’Homme au centre de ses
préoccupations

Contexte historique :

. Renaissance
. Grandes découvertes (Nouveau Monde, Copernic …)
. Apparition du protestantisme et guerres de Religion
Grands principes :
. Rejet du Moyen Âge
. Admiration pour l’Antiquité
. Foi en l’Homme
Formes et genres :
. Le récit épique et burlesque
. L’essai
Thèmes dominants :
. Education et pédagogie
. Politique : le bon prince
. Religion et morale
. La connaissance des sciences et de nouveaux mondes
Auteurs et œuvres :

. Thomas More, Utopie (1516)

. Rabelais, Pantagruel (1532), Gargantua (1534)

. Montaigne, Essais (1580-1595)

Etudier la problématique de l’Humanisme pendant la Renaissance

Objectifs et compétences : .

. Comprendre les changements dans la vision de l’homme et du monde à la Renaissance.

. Analyser la place des sources antiques dans l’humanisme.

. Percevoir la dimension européenne et la modernité de l’humanisme

1
Texte  :

Le géant Gargantua écrit à son fils Pantagruel parti étudier à Paris  : dans sa lettre, il définit ce qu’est pour lui la
formation d’un humaniste.

Très cher fils,

[…] je t’engage à employer ta jeunesse à bien progresser en savoir et en vertu. Tu es à Paris, tu as ton précepteur
Epistémon : l’homme par un enseignement direct et de vive voix, la ville par de louables exemples, ont pouvoir de te
former.

J’entends et je veux que tu apprennes parfaitement les langues : premièrement le grec, comme le veut
Quintilien1 ; deuxièmement le latin ; puis le hébreu pour les saintes Lettres, le chaldéen et l’arabe2 pour la même
raison ; et que tu formes ton style sur celui de Platon le grec, sur celui de Cicéron pour le latin. Qu’il n’y ait pas
d’étude scientifique que tu ne gardes présente en ta mémoire et pour cela tu t’aideras de l’universelle encyclopédie
des auteurs qui s’en sont occupés.

Des arts libéraux 3: géométrie, arithmétique et musique, je t’en ai donné le goût quand tu étais encore jeune, à
cinq ou six ans ; achève le cycle, en astronomie, apprends toutes les règles, mais laisse-moi l’astrologie et l’art de
Lulle4, comme autant de supercheries et de futilités.

[…] Et quant à la connaissance de l’histoire naturelle, je veux que tu t’y adonnes avec zèle : qu’il n’y ait mer,
rivière, ni source dont tu ignores les poissons ; tous les oiseaux du ciel, tous les arbres, arbustes, et les buissons des
forêts, toutes les herbes de la terre, tous les métaux cachés au ventre des abîmes, les pierreries de tous les pays de
l’Orient et du Midi, que rien ne te soit inconnu.

Puis relis soigneusement les livres des médecins grecs, arabes et latins, sans mépriser les Talmudistes et les
Cabalistes5 et, par de fréquentes dissections, acquiers une connaissance parfaite de cet autre monde qu’est
l’homme. Et pendant quelques heures du jour, va voir les saintes Lettres : d’abord, en grec, le Nouveau Testament et
les Epîtres des apôtres puis, en hébreu, l’Ancien Testament.

En somme, que je voie en toi un abîme de science. […] Et je veux que, bientôt, tu mettes à l’épreuve tes progrès ;
cela, tu ne pourras pas mieux le faire qu’en soutenant des discussions publiques, sur tous les sujets, envers et contre
tous, et qu’en fréquentant les gens lettrés qui sont tant à Paris qu’ailleurs.

Mais – parce que, selon le sage Salomon 6, Sagesse n’entre pas en âme malveillante et que science sans conscience
n’est que ruine de l’âme – tu dois servir, aimer et craindre Dieu, et mettre en Lui toutes tes pensées et tout ton
espoir ; […]

Mon fils, que la paix et la grâce de Notre – Seigneur soient avec toi. Amen.

D’Utopie7, ce dix-septième jour du mois de mars, Ton père, Gargantua

François RABELAIS, Pantagruel, chap. VIII (1532),

édition en français moderne par Guy Demerson,

Editions du Seuil, 1973 et 1995

1
Rhéteur et pédagogue latin du 1er s. après J.-C.
2
Langues nécessaires à l’étude de l’Ecriture sainte
3
Les principales disciplines de l’enseignement
4
Philosophe scolastique du XIVe s., qui incarne la pensée obscure du Moyen Âge.
5
Commentateurs qui expliquent le sens caché de l’Ancien Testament
6
Roi, prophète, fils de David, particulièrement sage et juste.
7
Pays imaginaire ayant un gouvernement idéal rendant les gens heureux, imaginé par Thomas More.

2
2/ L’humanisme de la Renaissance

Les hommes du XVIe siècle pensent vivre un nouvel âge d’or, une renaissance. Ils rejettent le Moyen Äge et
redécouvrent la culture et la littérature de l’Antiquité gréco-latine, les « humanités », d’où leur nom
d’humanistes. Par sa croyance en l’homme, l’humanisme de la Renaissance marque aussi le début des
Temps modernes, inspire les Lumières et constitue encore aujourd’hui une référence morale et
intellectuelle.

2.1 Le contexte de la Renaissance

- Les progrès techniques de la navigation permettent les grandes découvertes : le monde connu change
brutalement de dimension. Les nouveaux pays suscitent l’admiration. Les richesses affluent en Europe et
permettent d’entretenir des artistes pour décorer palais et églises.

- L’imprimerie (inventée par Gutenberg vers 1450) met les textes anciens et la Bible (le savoir et la foi) à la
portée d’un public élargi. Copernic (1543) révolutionne l’astronomie : la Terre n’est plus le centre de
l’univers. La médecine progresse par la pratique de la dissection.

- L’Italie principale puissance économique européenne, devient dès le XVe siècle le foyer intellectuel et
artistique de l’Europe. Après la prise de Constantinople par les Turcs (1453), des manuscrits anciens sont
mis en sûreté en Italie par des savants, qui stimulent le retour aux sources de l’Antiquité. Les guerres
d’Italie (1494 -1559) permettent aux Français de découvrir l’art de vivre à l’italienne. Les poètes de la
Pléiade imitent les sonnets de Pétrarque (1304 – 1374). Léonard de Vinci (1452 – 1510) construit pour
François 1er les châteaux de la Loire.

- Les guerres de Religion se déchaînent de 1562 à 1598 (édit de Nantes). La lecture individuelle de la Bible
se généralise grâce à l’imprimerie. En France, les évangélistes souhaitent un retour de l’Eglise au
christianisme primitif. Rabelais en France, le Hollandais Erasme, l’Anglais Thomas More participent à ce
mouvement et échangent une correspondance. Luther (1483 – 1546), en Allemagne, proteste contre les
abus de l’Eglise. Après l’Allemagne et l’Europe du Nord, la Réforme protestante gagne la France avec
Calvin (1509 – 1564). Une partie de l’Europe change de religion.

2.2 Les valeurs de l’humanisme

. L’humaniste croit en l’homme pour édifier un nouveau monde. Il le met au centre de ses préoccupations,
faisant sienne la devise de l’écrivain latin Térence (194- 159 av. J.C.) : « Je suis homme et rien de ce qui est
humain ne m’est étranger ».

. Il rejette l’enseignement traditionnel médiéval, la scolastique, et invente une nouvelle pédagogie pour
éduquer l’homme dans toute ses dimensions (morale, intellectuelle, physique …)

. Il revendique sa liberté de penser et exprime sa vision d’une société idéale dans des utopies (Utopie de
Thomas More, 1516 ; l’abbaye de Thélème dans Gargantua de Rabelais, 1534) et des mondes de fantaisie
(Eloge de la folie d’Erasme, 1511)

. Animé d’un esprit d’ouverture et de tolérance, il concilie l’héritage païen et un christianisme ouvert, le
cosmopolitisme européen et une conscience nationale.

2.3 Renaissance et Humanisme


3
. Les humanistes de la Renaissance placent l’homme (plus que Dieu) au centre de leur réflexion. Ils
retiennent de l’Antiquité l’idée d’une harmonie nécessaire entre le corps et l’esprit.

. La découverte du Nouveau Monde leur enseigne la diversité des humains qu’ils accueillent avec curiosité
et tolérance, mais les guerres de Religion introduisent un doute sur l’homme et sur la « misère de notre
condition » (Montaigne).

.L’humanisme s’exprime dans des romans épiques et comiques (Rabelais), des utopies, des poèmes, des
essais (Montaigne).

2.4 Vers la sagesse lucide

.L’humanisme de la première moitié du XVIe siècle est plutôt optimiste à l’image des personnages
inventés par Rabelais dans Pantagruel (1532) et Gargantua (1534). Ces bons géants sont en quête de
sagesse, condamnant les guerres injustes qui ravagent leurs royaumes et s’ouvrent à de nouveaux mondes.

. La tragédie des guerres de Religion et les crimes de conquistadors tempèrent l’enthousiasme des
humanistes.

. Montaigne, dans ses Essais (1580 – 1595), fait le bilan des ses expériences : l’homme est instable, plein de
contradictions, mais Montaigne « aime la vie ».

2.5. Une langue moderne, des genres et des registres variés

. Les humanistes européens communiquent en latin mais ils cherchent aussi à enrichir leur langue
nationale pour mettre l’art, le savoir et la foi à la portée de leurs compatriotes.

. Les poètes de la Pléiade, Du Bellay et Ronsard, étoffent le français en retrouvant des termes anciens, en
empruntant aux dialectes provinciaux, en créant des mots à partir du latin ou du grec… (Défense et
illustration de la langue française de Du Bellay, 1549). Ils empruntent des formes poétiques aux anciens
((églogues, épîtres)…) et le sonnet à l’Italie.

Texte 1 :

Quand je danse, je danse ; quand je dors, je dors ; […]

Notre grand et glorieux chef-d’œuvre, c’est de vivre à propos. Toutes les autres choses, régner,
thésauriser1, bâtir, n’en sont, tout au plus, que de petits appendices et des accessoires2. […]

Je « passe » le temps quand il est mauvais et désagréable ; quand il est bon, je ne le veux pas « passer »,
je le goûte à nouveau, je m’y arrête.

Pour moi, donc ; j’aime la vie et la cultive telle qu’il a plu à Dieu de nous l’octroyer.

Montaigne, Essais, III , 13 (1580-1595), édition en français


moderne par A. Lanly ; Editions Honoré Champion, 2002.

[La] Nature est un doux guide, mais pas plus doux que sage et juste.

1
Amasser de l’argent
2
Des activités sans importance.
4
« Intrandum est in rerum naturam, et penitus quid ea postulet, pervidendum1. […] Je cherche partout la
piste de [la] Nature : nous l’avons brouillée de traces artificielles2 […]. Pourquoi démembrons-nous par un
divorce une construction dont les parties tissées entre elles se correspondent i étroitement et si
fraternellement ? Au contraire, renouons-la par des services mutuels. Que l’esprit s’éveille et vivifie la
pesanteur du corps, le corps arrête la légèreté de l’esprit et la fixe.

Montaigne, Essais, III , 13 (1580-1595), édition en français


moderne par A. Lanly ; Editions Honoré Champion, 2002.

3/ La pléiade :
Courant poétique formé par un groupe de sept poètes, dans la seconde moitié du XVIe siècle

Contexte historique :

. Renaissance et guerres de Religion


. Grandes découvertes (Nouveau Monde, Copernic …)
. Apparition du protestantisme et guerres de Religion
Grands principes :
. Renouvellement de la poésie française
. Volonté de lui donner des chefs –d’œuvre dignes des Grecs et des Latins
Formes et genres :
. Odes, sonnets
. Allégories, métaphores
. Lyrisme : rythme et musicalité
Thèmes dominants :
. L’amour
. La fuite du temps et la mort
. Le regret
. La mythologie
Auteurs et œuvres :

. Ronsard, les Amours (1552 – 1556)

. Du Bellay, Défense et illustration de la langue française (1549, manifeste) et Les Regrets (1558)

Texte 2 

Donc, si vous me croyez, mignonne,

1
« Il faut entrer dans la nature des choses et voir exactement ce qu’elle exige. » (Cicéron.(
2
Nous avons perdu sa trace.
5
Tandis que votre âge fleuronne1

En sa plus verte nouveauté,

Cueillez, cueillez votre jeunesse :

Comme à cette fleur, la vieillesse

Fera ternir votre beauté.

Ronsa
rd, Odes, I, 17 (1550-1552), éditions en français
moderne par P. de Nolhac et F. Joukovsky,
Garnier Frères, 1969.

1
S’épanouit comme une fleur.
6

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